IRM Cancer Endomètre
IRM Cancer Endomètre
IRM Cancer Endomètre
Mise au point
Résumé
Épidémiologie
Le cancer de l’endomètre est le quatrième cancer féminin après le poumon, le sein et les cancers
colorectaux. L’examen clinique ne permet pas une évaluation correcte de l’extension Le cancer de l’endomètre est au
locorégionale des cancers de l’endomètre et une stadification chirurgicale est recommandée par quatrième rang après le cancer des
la Fédération Internationale de Gynécologie et d’Obstétrique (FIGO) depuis 1988. Le pronostic poumons, du sein et les cancers colo-
dépend du grade histologique, de l’épaisseur de l’extension au myomètre et de l’extension rectaux. Le taux d’incidence standar-
ganglionnaire. La possibilité d’une chirurgie moins invasive, par voie basse éventuellement cœlio- disé à la population européenne est
assistée, chez ces patientes âgées, impose la connaissance la plus précise possible de l’extension de 13,6 pour 100 000 femmes [1]. Au
tumorale. L’IRM avec injection dynamique de contraste est alors largement supérieure aux autres plan épidémiologique, on considère
techniques pour apprécier l’extension au myomètre et aux organes de voisinage. L’évaluation
qu’il existe deux types de cancers de
ganglionnaire par IRM est équivalente au scanner, mais est souvent insuffisante pour éviter une
l’endomètre : un type œstrogéno-
stadification chirurgicale.
dépendant peu agressif et bien diffé-
La prise en charge des cancers de l’endomètre est nécessairement multidisciplinaire. L’IRM est
rencié (carcinome endométrioïde de
l’examen clé pour la planification des traitements.
grade 1 et 2) et un type œstrogéno-
Mots-clés : Cancer de l’endomètre. IRM. IRM dynamique. Bilan d’extension initial.
indépendant, plus agressif (carci-
nome endométrioïde de grade 3, car-
cinome séreux ou à cellules claires)
[1, 2]. Par ailleurs, le tamoxifène, lar-
Summary gement utilisé pour son effet protec-
Endometrial carcinoma is the fourth most common female cancer after lung, breast and teur vis-à-vis du cancer du sein, a un
colorectal neoplasm. Clinical staging is inaccurate and therefore surgical staging has been effet œstrogène-like sur l’endomètre.
recommended by the International Federation of Gynaecology and Obstetrics (FIGO) since 1988. Son utilisation entraîne une augmen-
The prognosis depends on the histologic grade, depth of myometrial invasion, and nodal status. tation du risque de développer un
The recent introduction of laparoscopic techniques requires knowledge of tumoral extension. cancer de l’endomètre [3-5].
Contrast-enhanced MRI is the best pretherapeutic modality. The accuracy of MRI assessment of La circonstance de découverte la
lymph nodes is not precise enough and surgery must be performed if necessary.
plus fréquente est la survenue de
Therapeutic management of endometrial carcinoma is based on a multidisciplinary approach.
métrorragies, avec un pic de fréquence
MRI is the main pretherapeutic modality.
entre 55 et 65 ans. Le diagnostic sera
Taïeb S, Fauquet I, Narducci F, Ceugnart L. MRI and endometrial cancer. Imagerie de la femme confirmé par une biopsie de l’endo-
2007; 17: 259-263 mètre qui permettra également de
Key words: Endometrial neoplasms. MRI. DCE-MRI. Initial assessment. déterminer le type histologique et le
grade tumoral. Compte tenu de la
précocité des symptômes cliniques,
75 % des cancers de l’endomètre sont
diagnostiqués à un stade précoce
(stade 1) et ont un pronostic favorable.
260 IRM des cancers de l’endomètre
2 minutes 30, raison pour laquelle que lors de l’injection de contraste a Aspect des lésions
l’étude dynamique est récemment montré la supériorité de cette dernière L’aspect des lésions en IRM est
remise en cause par une séquence 3D pour l’évaluation pré-thérapeutique maintenant bien codifié (tableau I).
post-gadolinium unique en haute des cancers de l’endomètre. La préci- En pondération T2, elles présentent
résolution spatiale à un temps optimal sion de l’IRM varie de 83 à 92 % selon un signal intermédiaire entre l’hyper-
de 2 minutes 30 après injection. les études pour la stadification. C’est le signal de l’endomètre et l’hyposignal
– Étude des aires ganglionnaires seul examen qui évalue dans le même de la zone jonctionnelle. En pondéra-
jusqu’à la veine rénale gauche. temps l’extension myométriale, cervi- tion T1, elles ne sont pas visualisées.
Aucune des séquences n’est réali- cale et ganglionnaire locorégionale. Lors de l’injection dynamique, la
sée en saturation de graisse : perte L’IRM permet une bonne évaluation prise de contraste est inférieure à
d’information au niveau de la zone de la profondeur de l’infiltration au celle du myomètre normal permet-
jonctionnelle, au niveau du stroma du myomètre : sensibilité variant de 85 à tant une meilleure visualisation des
col utérin, et au niveau ganglionnaire, 100 % et spécificité de 60 à 100 % petites infiltrations myométriales sur
à l’exception d’une séquence 3D post- pour la détection d’une infiltration et les séquences réalisées entre 60 et
gadolinium. sensibilité variant de 63 à 90 % et spéci- 150 secondes après injection [14, 20].
ficité de 88 à 100 % pour l’évaluation – Les lésions in situ ne sont pas
Rôle de l’IRM de la profondeur de l’infiltration [14, visualisées en IRM : l’endomètre
L’IRM ne permet pas le diagnos- 17-20]. L’évaluation de l’extension apparaît normal.
tic de cancer de l’endomètre, elle est cervicale et des paramètres est égale- – Les lésions au stade IA (fig. 1)
indiquée pour la réalisation du bilan ment fiable : valeur prédictive négative sont limitées à la cavité endométriale,
d’extension d’une lésion prouvée en (93 à 98 %) ; précision (92 %) [14, 17- la zone jonctionnelle est intacte et, si
histologie. Le diagnostic d’épaississe- 20]. Concernant l’extension ganglion- elle est mal visualisée en pondération
ment endométrial lors de méno- naire, les performances de l’IRM sont T2, l’interface myomètre-endomètre
métrorragie est fait par échographie identiques à celles du scanner : la est parfaitement régulière lors de
endovaginal avec une sensibilité de limite de ces deux examens étant liée l’injection.
95 % si le cut-off de 5 mm d’épaisseur au critère de positivité basé sur la taille – Les lésions infiltrant le myomè-
en post-ménopause non traitée est des ganglions. Or, l’augmentation de tre (stade IB (moins de 50 %) et IC
utilisé [15]. volume des ganglions peut être d’ori- (plus de 50 % d’envahissement myo-
Une méta-analyse [16] comparant gine inflammatoire ou hyperplasique ; métrial)) sont détectées sur la présence
l’échographie, la tomodensitométrie de même des ganglions morphologi- du signal tumoral dans le myomètre
et l’IRM comprenant une étude en quement normaux peuvent contenir mais elles respectent la séreuse (fig. 2,
pondération T2 et une étude dynami- des micro-métastases [18, 19]. 3). La détection de cette extension
a b c
Figure 1. Patiente de 61 ans. Bilan d’extension d’un cancer de l’endomètre.
• a : Coupe sagittale en pondération T2. Lésion comblant la cavité endométriale en
iso-signal par rapport au myomètre. Zone jonctionnelle mal individualisée (flèche).
Fibromyome antérieur (tète de flèche blanche).
• b : Coupe sagittale, EG T1 avant injection. Iso-signal homogène du corps utérin.
• c : 30 secondes après injection.
• d : 60 secondes après injection. Rehaussement intense du myomètre et du fibro-
myome. La lésion endométriale se rehausse moins intensément. L’interface myomètre-
endomètre est régulière (flèche). Stade IA confirmé lors de l’intervention.
d
262 IRM des cancers de l’endomètre
a b
a b
peut être plus difficile s’il existe des l’étage pelvien dans les stades IVB
Conclusion
fibromes, des lésions d’adénomyose, mais l’extension thoracique et hépati-
au niveau des cornes utérines ou si les que sera évaluée au mieux par tomo- Si l’IRM permet de dépister les
lésions compriment le myomètre sans densitométrie. stades localement avancés non soup-
l’infiltrer. çonnés par l’examen clinique et de
– Au stade II, la tumeur est éten- réaliser le bilan d’extension chez les
due au col utérin. La présence de Suivi post-thérapeutique rares patientes non opérables, on peut
signal tumoral (hyperintense) infil- légitimement s’interroger sur l’utilité
trant le stroma cervical (hypointense) On ne réalise pas d’imagerie systé- du bilan d’imagerie pré-thérapeutique
signe un stade IIB (fig. 4). matique chez les patientes traitées, en lorsque l’indication thérapeutique est
– Au stade III, l’extension tumo- rémission clinique et non symptoma- chirurgicale. L’évaluation préopéra-
rale dépasse l’utérus. tique. Dès qu’il existe une symptoma- toire des facteurs dont dépendent les
– Les extensions vésicale ou rec- tologie, l’IRM est le meilleur examen indications thérapeutiques : choix de
tale (stade IVA) sont bien visualisées permettant de différencier les anoma- la voie d’abord chirurgicale (haute
sur les coupes sagittales. Des lésions lies post-thérapeutiques d’une réci- ou basse selon l’atteinte du myomè-
péritonéales peuvent être vues à dive tumorale locale. tre), radiothérapie première en cas
S. Taïeb et al. Mise au point 263
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