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DU M ÊM E AUTEUR
Dédicace
Introduction
3 - De l'illettrisme à la maîtrise
colère ?
3 - Le mécanisme de projection
transgénérationnelles
7 - Contagion
1 - Émotions ou émotivité ?
4 - Êtes-vous ambitieux ?
2 - Amour ou dépendance ?
3 - Qu'est-ce qui nous pousse dans les bras les uns des
autres ?
4 - Accumulation de ressentiment
soi
4 - L'intimité
7 - Exprimer un mécontentement
11 - Désir et plaisir
12 - Fidèle ? Infidèle ?
émotions
1 - Je respire
3 - Je me dissocie
4 - Je me relaxe
5 - Je médite
DU MÊME AUTEUR
Cassettes audio :
œ Conférences publiques.
Tél. : 01-42-83-07-51
Fax : 01-48-89-01-92
E-mail : [email protected]
de M arianne Leconte.
À toi qui m'as obligée à me poser tant de questions, à toi devant qui je me
suis sentie impuissante, à toi qui as progressé si vite,
à toi qui m'as émue par l'intensité de ta détresse, à toi qui m'as confié tes
désespoirs,
à toi qui m'as hurlé tes haines et rages d'enfant, à toi qui as découvert ta
vérité,
à toi que j'ai eu tant de mal à rencontrer, à toi qui t'es ouvert à moi,
à toi qui as su parler à tes enfants et les écouter, à toi qui as su réparer,
à toi qui as choisi de ne plus souffrir, à toi qui m'as fait confiance pour
t'accompagner sur le chemin de toi-même,
à toi.
Mes remerciements vont à Isabelle Laffont, mon éditeur, qui m'a accordé sa
confiance qui, par son exigence et son intuition du temps juste, me donne
l'élan nécessaire à la création et m'incite à devenir chaque fois meilleur
écrivain.
Introduction
Il parle fort pour que tous l'entendent. Il est fier d'être là avec elle. Il le dit,
rapporte sa matinée, n'épargnant aucun détail, glousse de rire. La jeune fille
mâche lentement une feuille de salade, les yeux rivés sur son assiette. De
temps à autre, elle regarde son compagnon, espère un contact… Son ami,
téléphone portable à l'oreille, parle à un copain !
Perversion de l'outil ! Ce garçon utilise son portable pour fuir une intimité1
trop menaçante ! Il communique pour éviter de communiquer.
de toutes sortes de choses. Nous évoquons des faits, des informations sur le
monde, échafaudons des théories, brandissons des opinions… Nous parlons
peu de nous.
Nous restons à distance les uns des autres, et fort démunis dans
nombre
de
situations
car
nous
omettons
La répression des émotions sert l'injustice et non la justice. Elle favorise les
jeux de pouvoir, alimente les violences… Regardons un instant l'état de
notre planète. Il est temps de revoir nos conceptions. Les émotions
deviennent destructrices quand elles ne peuvent être vécues, exprimées,
entendues. Elles détériorent nos relations quand elles sont des projections
de blessures d'antan, fantômes du passé faisant irruption dans le présent.
Elles sont mauvaises conseillères quand elles se travestissent. Elles sapent
nos compétences quand elles s'entremêlent. Bref, nous gagnerions à en
maîtriser la grammaire.
Les émotions étant des réactions physiologiques (et non pas seulement
psychologiques), elles sont les mêmes tout autour de la terre. Tous les
humains ressentent de la colère lorsqu'ils sont frustrés, blessés, lorsqu'ils
subissent une injustice (à moins qu'ils ne répriment leur émotion). Tous les
humains éprouvent de la peur face au danger. Tous les humains traversent
les émotions du deuil lorsqu'ils perdent un être cher. Les sentiments sont
influencés par la culture.
Or, quand nos émotions sont définies comme anormales et dévalorisées (Tu
es ridicule, il n'y a pas de quoi avoir peur/ne pleure pas, t'es pas un bébé/Ah
! Ah ! Ah, regardez-le comme il est mignon quand il est en colère…), le
lien entre événement extérieur et vécu interne est rompu.
Nous nous croyons différent des autres, seul à ressentir cet émoi. Nous
voyons donc les autres différents de nous… Nous ne pouvons plus les
comprendre… C'est ainsi que s'installe la peur de l'autre.
Les jeux de pouvoir, nous allons le voir tout au long de ce livre, sont des
mécanismes de défense contre les émotions, des stratégies d'évitement de la
souffrance, de la peur, de l'impuissance. À l'écoute de ses affects – et non de
ses désirs de pouvoir et de contrôle, qui sont des défenses – l'être humain
n'éprouve pas le désir de persécuter ses semblables et hésite à se soumettre
aveuglément à la volonté des puissants. Il s'écoute ! Il écoute son cœur. Si la
colère lui est permise, une victime n'intériorise pas son rôle et se rebelle.
J'ose rêver d'un monde plus juste et pour cela je consacre mon temps à
apprendre aux gens à écouter leur cœur. Nos émotions nous confèrent
notre véritable liberté intérieure.
Les (vraies) émotions sont communes à tous les êtres humains. Les
manifestations émotives dysfonctionnelles sont le produit de notre
ignorance, de la répression présente dans notre culture, et des habitudes
liées à l'éducation.
Pour s'y retrouver, reprendre contact avec la source vive que sont nos
émotions et nous dégager de l'emprise des manifestations émotives
dysfonctionnelles, nous avons besoin de quelques repères. Les émotions ont
un abécédaire, une grammaire. Alphabétisons-nous !
Depuis, je m'en sers tous les jours dans mon métier. Je l'ai enrichi,
approfondi, frotté aux situations et aux personnes, il constitue la base de
mon travail tant de psychothérapeute que de formatrice en relations
humaines.
Vous pouvez vous reporter directement aux chapitres qui vous intéressent,
parcourir le livre et ses exercices à votre rythme et dans l'ordre qui sera le
vôtre, ou respecter la progression que j'ai choisie, je vous souhaite bonne
route sur le chemin de vous-même.
1 L'intimité est une relation dans laquelle les deux personnes se montrent
authentiques l'une envers l'autre, hors masque, hors jeu de pouvoir.
VOCABULAIRE
ET POINTS DE REPÈRE
Parle-t-on vraiment tous de la même chose quand nous évoquons notre vie
affective ? Plus tabou encore que la sexualité, le monde des émotions est un
continent inexploré. Dans cet univers tout à la fois familier et interdit,
d'expérience quotidienne et de déni, les idées préconçues et autres a priori
ont la vie belle. Commençons par clarifier les termes que nous allons
utiliser.
fondamentales
« Catherine s'est effondrée en sanglots. Thibaut n'a pas été très élégant avec
elle, mais tout de même, quelle fontaine cette fille ! »
◊ Dans le tableau ci-dessous, remplissez les colonnes de tous les mots qui
vous viennent à l'esprit.
◊ Définitions :
Un sentiment est :
Un tempérament est :
M aintenant, voici mes listes, elles ne sont pas exhaustives.
Une sensation est l'information procurée par les organes des sens. Elle dure
tant que dure la stimulation. Elle n'est pas nécessairement consciente.
En réalité, nous en avons bien davantage. M ais à moins d'avoir suivi des
études de physiologie, nul ne nous en a jamais parlé ! C'est loin d'être
anodin.
J'aurais aimé savoir que le nœud à l'estomac, la gorge sèche, les mains
moites, étaient des réactions naturelles et normales de mon organisme, que
mon corps était ainsi en train de se préparer à parler devant toute la classe.
Je me croyais seule à ressentir cela. J'étais différente, moins bien.
ÉMOTION
Xavier fait de l'escalade. Il lance sa main vers une aspérité pour s'accrocher,
s'agrippe… Soudain le morceau de roche se détache. Au même instant son
pied droit dérape… Son estomac se serre, son cœur accélère. Il dévisse de
quelques mètres. Il crie. M erci à la corde et aux copains qui l'assurent !
Une fois revenu au sol, il se met à trembler de tout son corps. Il a besoin
d'expulser la peur de son corps pour reprendre confiance. Il s'appuie contre
un arbre et hurle. Après cette décharge émotionnelle, il se sent de nouveau
près à affronter la montagne.
Nous aimerions éviter la souffrance, faire taire ces émotions qui expriment
nos blessures… Comme si nous pouvions éviter les déchirures de la vie.
Nous sommes tentés de croire que nos émotions sont des erreurs de la
nature à rectifier par un contrôle sévère. La nature nous a pourtant dotés
d'un système émotionnel pour notre plus grand bien. Comment pourrait-il
en être autrement ?
Le système émotionnel dont notre cerveau est doté est utile ! Nos émotions
sont à notre service.
S ENTIMENT
Un sentiment est un état affectif complexe, combinaison d'éléments émotifs
et imaginatifs, plus ou moins clair, stable, qui persiste en l'absence de tout
stimulus.
Verbalisant ainsi son trac, Clara est surprise de voir ses sensations diminuer.
Au fur et à mesure de son discours, la peur s'évanouit.
« Je suis angoissée », répète Cécile à son mari qui part plusieurs jours de
suite sur les routes. Elle le lui dit et le répète sur tous les tons, et pourtant
l'angoisse est toujours là, paralysante au point de la mener à la dépression.
qui
recouvre
ses
émotions
véritables.
Le processus est tout à fait inconscient. Pour fuir ses peurs, elle se met en
dépendance de son mari. Puis elle en veut à ce dernier de ne pas satisfaire
ses besoins. L'angoisse efface tout sentiment « négatif » envers le mari et
renforce la dépendance qui l'enferme.
Ses peurs ne concernent décidément pas son mari. Leur expression sera
vaine.
Dans mon classement, vous constaterez que toutes les émotions sont aussi
présentes dans la colonne sentiment.
Nos cœurs battent la chamade, le sang afflue dans le visage, les pupilles
grandissent… pendant les quelques minutes que dure l'émotion d'amour,
lors de retrouvailles après un temps d'absence ou quand on se dit « je t'aime
»
Nous ne sommes pas dans l'émotion d'amour vingt-quatre heures sur vingt-
quatre quand nous vivons avec l'être aimé !
Nous éprouvons pour lui un sentiment d'amour qui peut durer toute une vie.
Le sentiment se nourrit des moments d'émotion. Quand l'émotion d'amour
est trop absente, le sentiment peut finir par s'éteindre. Et la profondeur du
sentiment augmente l'intensité et la puissance de l'émotion d'amour.
HUMEUR
Une humeur est un état passager, une ambiance affective qui colore le vécu.
Elle dure de quelques heures à une journée. Elle peut s'installer
progressivement ou changer brusquement.
Elle est en général le résultat d'une émotion non exprimée. Elle peut naître à
la suite d'un rêve de la nuit, d'une association inconsciente, d'un conflit
interne entre plusieurs émotions. Nos rêves mettent en images des émotions
que nous avons du mal à nous avouer. Ils nous révèlent des conflits internes
dont nous resterions volontiers inconscients. Le rêve est parfois si crypté
que sa signification nous échappe, mais l'humeur qui en découle trahit nos
sentiments.
L'humeur peut aussi être liée à un processus physiologique sans lien avec
une émotion. Hormone et humeur ont la même racine. À l'approche de leurs
règles, nombre de femmes sont irritables, plus susceptibles que d'ordinaire.
TEMPÉRAMENT
Non, votre tempérament n'est pas votre identité ! Vous pouvez en changer
s'il est inconfortable. Je faisais moi-même preuve d'un tempérament
lymphatique, je suis aujourd'hui dynamique. Timide, dotée d'une forte
tendance à l'introversion, je suis aujourd'hui tout à fait ouverte sur autrui.
Alors que j'étais incapable de prendre la parole dans un petit groupe, d'oser
plus de trois mots avec un inconnu de mon âge, je peux aborder tête-à-tête
intime, émissions de télévision, personnalités en vue ou grands groupes
sans complexe.
Humiliée par un professeur d'éducation physique maladroit à l'école
primaire, je suis devenue nulle en gym.
J'ai cru pendant des années que je n'avais pas le tempérament sportif.
Impossible de courir, de monter à la corde ou de faire le cochon-pendu ! Je
détestais le vélo et tout ce qui demandait à mon corps de bouger.
incluront
l'amour.
Les
neurophysiologistes
Ce que je vous présente ici n'est que le fruit de mon expérience actuelle. Je
profite de cette occasion pour souligner que tout ce que je vous assène dans
cet ouvrage est faux, puisque je fais des généralisations, des raccourcis, des
ellipses… Ne prenez pas mes paroles pour argent comptant, réfléchissez par
vous-même, sentez, écoutez en vous. M on rôle se borne à indiquer des
pistes, des orientations, des processus.
◊ Nommez…
– un sentiment :
M artine vient me voir pour la première fois. Elle a « tout pour être
heureuse », un gentil mari avec une belle situation, de beaux enfants, un
bon métier, et elle vient d'acquérir une superbe maison. Pourtant, à
l'intérieur d'elle, rien ne va. D'ailleurs, cette maison, elle ne la supporte pas.
« Je vais vous livrer l'impression que j'ai de vous quand vous me parlez :
vous n'êtes pas là. Vous n'êtes pas en vous. J'ai l'impression que vous vous
êtes séparée de vous il y a très longtemps. Un jour, ou peut-être est-ce venu
insensiblement, vous avez perçu que vous n'étiez pas acceptée pour vous-
même. Vous vous êtes tue, vous avez mis un masque, endossé la
personnalité attendue, selon vous, par votre famille. Dans votre voix percent
des émotions, mais sur votre visage rien ne transpire. Vous ne laissez pas
s'exprimer la vraie M artine.
De l'illettrisme à la maîtrise
Qui suis-JE ? Je suis celui que je me sens être. Les émotions sont à la
racine du sentiment de soi, de la conscience de soi.
Connaître ses affects, savoir les mettre en mots, en saisir les causes, faire
preuve d'empathie envers soi-même comme envers autrui, être capable
d'identifier comment nous interagissons les uns avec les autres…
Parcourons ensemble les étapes qui mènent de l'illettrisme émotionnel à
l'intelligence du cœur. Vous vous reconnaîtrez peut-être ou identifierez les
tendances de l'un de vos proches. Attention, ce ne sont pas des définitions
de personnalités, mais des étapes. Certains y restent bloqués un temps,
parfois toute une vie. Le processus vous montre le chemin à parcourir.
1. L'anesthésie
Aldo ne ressent rien, ses affects sont engourdis, il est comme anesthésié. Il
est « blindé ». Un mur le sépare de ses sentiments réels. Aucune émotion ne
parvient à sa conscience, ni même de sensation particulière. Il peut
réfléchir, manipuler des concepts abstraits. Il voit les événements sans en
être affecté, ni en positif, ni en négatif.
« Il n'y a pas de peur » dit-il à la place de « je n'ai pas peur ». Par ce détail
grammatical, Jacques se présente comme en dehors de lui-même. Il
constate. Il est témoin.
que :
Je suis tendu
C'est le stress
J'ai chaud
La mère de Sylvie est ainsi. « Elle m'exaspère ! clame cette dernière. Elle
ne parle que de maladie, de douleurs.
C'est infernal, elle a toujours un truc de travers, mal quelque part. » Les
émotions restent en dehors de la conscience, camouflées par les sensations
mêmes qui pourtant les indiquent voire les soulignent.
M ettre des mots, c'est commencer à regarder son expérience et lui donner
du sens. C'est aussi permettre à nos émotions de participer à la construction
de nos relations à autrui, et ne plus les laisser nous diriger inconsciemment.
Le simple fait de nommer une peur la diminue, à condition que cette crainte
soit fonctionnelle, c'est-à-dire appropriée et proportionnelle à la situation.
La violence nous emporte ? Identifier de la colère en soi, de l'impuissance
et de la peur, nous ramène à une attitude plus constructive. En séparant les
différentes émotions qui s'emmêlent dans un sentiment de culpabilité ou de
jalousie, il devient plus facile de le maîtriser.
L'identification est une étape nécessaire pour distinguer d'une part les
émotions réactives à exprimer et d'autre part les sentiments parasites et
dysfonctionnels dont déclencheurs et causes profondes sont à élucider.
5. Causalité
Paula a peur des autres, elle entre peu en relation. Elle est face à moi, nous
nous regardons dans les yeux. Dans cette situation, il est vrai inhabituelle,
elle identifie de la peur en elle. Allons plus loin.
Isabelle : « De quoi as-tu peur ? »
C'est la naissance de l'empathie. Empathie pour soi, pour celui que nous
avons été, puis empathie pour l'autre en face de soi.
L'empathie est une attention portée au vécu d'autrui, une écoute, une
compréhension de ses émotions. C'est une écoute sans jugement, sans
excuse non plus. Ici, Paula montre de l'empathie pour sa mère… Elle la
comprend en profondeur.
7. Interactivité
Paula : « Comme j'ai peur des autres, je les mets à distance et ils peuvent
ressentir cela comme de l'hostilité…
Plus nous grandissons dans la maîtrise de nos propres émotions, plus nous
sommes capables d'identifier et de comprendre ce que ressent autrui. Notre
empathie se développe et nous ouvre la porte de l'intimité. Nous devenons
conscients de l'interactivité entre nos états d'âme et ceux des autres. Nous
accédons à l'interdépendance, condition d'une véritable autonomie.
Dans les années 70, une génération de psys a insisté sur la responsabilité
personnelle : « Ce que tu ressens est à toi, c'est ton problème », « Tu es en
colère contre moi ? C'est ce que tu ressens (en insistant sur le tu), je ne suis
pas responsable de tes sentiments… »
C'est vrai, chacun est responsable de lui-même, mais il est faux de dire que
nous n'interagissons pas. Nos comportements, nos attitudes, provoquent des
réactions chez les autres. En assumer la responsabilité nous garantira des
relations harmonieuses plus sûrement que l'attitude de renvoyer
systématiquement l'autre à lui-même.
Dans les chapitres qui suivent, découvrez comment vous vous anesthésiez
parfois… Puis apprenez à affiner vos sensations, à les associer à des
émotions. Il sera alors temps d'apprendre à faire le tri entre les émotions
utiles et les autres.
□ Je bavarde
□ Autre…
◊ Ma principale stratégie pour ne pas sentir est : ◊ Surprenez-vous à
l'employer, et tentez de voir ce qui se passe si vous vous interdisez ce
comportement parasite.
◊ Prenez une heure de votre temps pour entrer en relation avec vous-même.
Débranchez le téléphone et affrontez une petite heure de solitude, sans rien
faire de spécial. Soyez attentif aux tentations… Interdisez-vous d'y
succomber. Sans prendre la cigarette, sans aller grignoter dans la cuisine,
sans ranger ni vous agiter de quelque façon que ce soit, écoutez ce qui se
passe en vous. Décrivez vos sensations internes sur votre journal de bord.
Nos sens nous donnent des informations sur le monde qui nous entoure et
sur nous-mêmes. Comme nous l'avons vu, l'école nous a appris à répertorier
cinq sens : la vue, l'ouïe, le toucher, l'odorat, le goût. Nous sommes moins
familiers avec l'intéroception : le sens de l'équilibre (dans l'oreille interne),
le sens du mouvement musculaire (kinesthésie), le sens du corps propre
(proprioception).
Ces sens tournés vers l'intérieur nous informent sur nos émotions.
◊ Prenez un instant pour « écouter » votre corps alors que vous lisez ce
livre. Mettez des mots sur vos sensations physiques : « J'ai chaud, j'ai froid,
je sens des picotements dans l'épaule gauche, une tension dans le mollet,
mon ventre se soulève avec ma respiration, mon cœur bat, de la chaleur
dans la poitrine… »
◊ Touchez tout ce que vous trouvez à votre portée en lisant ce livre et soyez
attentif aux sensations que vous procurent les objets. Évitez de définir les
objets « c'est un papier, un livre, du tissu », restez en contact avec les
sensations, « froid, chaud, lisse, rugueux… ».
Pendant votre sport favori, prêtez attention aux sensations dans tout votre
corps. Tournez votre regard vers l'intérieur et soyez attentif aux sensations
procurées par les mouvements.
(Soyez attentif à ne pas vous voir comme si vous étiez à l'extérieur de vous-
même. Dans toutes les situations qui suivent, voyez par vos yeux, vous êtes
à l'intérieur de votre corps.)
– Vous êtes sous la douche :
en colère ?
Ce corps auquel vous prêtez si peu attention d'ordinaire vous oblige parfois
à l'écouter : battements cardiaques, contraction des intestins. Avant même
que vous ne sachiez exactement pourquoi, l'émotion est là.
Le cortex reçoit sans cesse des informations de toutes les parties du corps.
Par vos cinq sens, il perçoit l'extérieur.
Nous savons que nous avons peur parce que notre cortex reçoit des
informations sur les hormones et peptides sécrétées par les glandes
endocrines (sur invitation de l'amygdale), ainsi que sur toute modification
physique dans l'organisme. Battements du cœur, baisse de la température de
la peau, poils dressés, pupille resserrée… = J'ai peur, il y a danger.
La
perception
des
émotions
se
fait
par
l'interprétation au niveau cérébral de modifications
biochimiques et physiques.
◊ Êtes-vous triste ou en colère ? Votre corps vous le dit, écoutez-le…
Évoquez quelques situations récentes, prêtez attention aux subtiles
modifications dans votre organisme.
Évoquez…
Écoutez… Dirigez vos yeux vers le bas et à droite… Sentez votre corps,
votre posture… vos sensations internes…
Écoutez… Dirigez vos yeux vers le bas et à droite… Sentez votre corps,
votre posture… Sentez le rythme de votre respiration, les battements de
votre cœur, la chaleur dans vos veines, soyez attentif à vos sensations
internes… Sentez l'amour en vous.
– un moment de tristesse :
– un moment de dégoût :
Dirigez vos yeux vers le haut à gauche. Revoyez…
Les émotions sont universelles. Tous les humains ont la même physiologie.
Partout dans le monde, ce sont les mêmes contractions musculaires qui
expriment la peur ou la surprise, la colère ou la joie. Sur cette base
universelle et innée, les conventions culturelles, les interdits et les rites des
civilisations, nos histoires personnelles et familiales ont « éduqué » nos
manifestations émotionnelles.
Y a-t-il des émotions de base ? Tous ne s'accordent pas sur ce point. La liste
des émotions est très variable selon les auteurs. La mienne, en l'état actuel
de mes recherches, en comporte six : Peur, colère, tristesse, joie, amour,
dégoût. La plupart des neurophysiologistes ajoutent la surprise. Un bruit
soudain, un éclair de lumière… le cerveau se réveille, écoute, tous sens
dehors… prêt à déclencher le plan ORSEC si un danger se confirme… la
surprise a souvent partie liée avec la peur ! Pour ma part, je l'y associe.
La passion amoureuse peut nous emporter sur sa vague, elle opère comme
un raz-de-marée émotionnel. La violence de l'éruption du volcan passe les
barrages du diaphragme, le désir sexuel est exacerbé, on découvre des
émotions dont on ne se serait pas cru capable… L'amour/passion réveille les
impuissances, les frustrations, les détresses et les souffrances de l'enfance…
et nous éloigne d'autant de l'amour ! La lave brûlante a tendance à détruire
ce qui se trouve sur son passage. Elle efface le passé et ouvre un nouvel
espace. Ne jetons pas la pierre à la passion, elle permet au magma de sortir
des profondeurs, et la lave une fois refroidie (les blessures d'enfance
guéries) constitue un terreau fertile pour une nouvelle relation.
L'émotion d'amour et ses sensations délicieuses sont éprouvées par ceux qui
ont reçu suffisamment d'amour dans leur enfance, à qui il n'a pas été interdit
de ressentir leurs émotions, par ceux qui ont dénoué leurs nœuds
émotionnels
grâce
notamment
à
un
travail
psychothérapeutique.
ayant
sa
fonction
dans
l'organisme, elle se caractérise par une tension spécifique du corps, par
une décharge spécifique. Cet aspect de l'émotion me mène à distinguer la
rage de la colère. La rage se place certes sur le registre de la colère. Sa
décharge est cependant bien différente. De la même manière, la terreur n'est
pas totalement assimilable à la peur… et l'intense douleur de l'arrachement
dans une séparation est au-delà de la tristesse.
Les terreurs non exprimées laissent des traces. Elles nous hantent, limitent
nos capacités, freinent notre élan de vie.
Elles ont besoin d'être retraversées et exprimées pour perdre leur pouvoir.
Le travail psychothérapeutique permet de retrouver des terreurs d'enfance.
Allongé sur un matelas, parfois tenu par le psychothérapeute, vous poussez
un long hurlement qui prend racine dans le bas du ventre, pour mettre
dehors l'horreur, pour mettre dehors la terreur. Après le cri, le ventre
redevient souple, l'hyper-réactivité émotionnelle tombe, ouvrant sur une
nouvelle liberté.
LA COLÈRE
La colère, c'est l'effort de l'organisme, qui part du centre de soi pour réparer
la carrosserie. L'autre nous a fait un trou. Nous repoussons cette bosse
concave, nous appliquons une force suffisante pour rétablir notre intégrité,
redevenir bien rond. Nous nous occupons de notre trou, de notre manque,
de notre frustration, de nos besoins, pas de l'autre !
La colère saine dit un besoin et demande réparation.
rapidement à cela :
Elle attire dans ses failles les agresseurs qui passent, ce qui lui donne
l'impression d'accumuler les ennuis.
Couper du bois, taper dans la balle au tennis, lancer des balles contre des
boîtes de conserve, déchirer des magazines ou une effigie que vous aurez
dessinée, donner des coups de pied dans un ballon, des coups de poing à un
punching-ball, sont aussi des actions possibles pour décharger vos colères.
N'oubliez pas les « Han ! han ! » accompagnant vos efforts.
exceptionnelles.
C'est
le
paradoxe
de
La rage
Les tout-petits se cognent la tête contre les murs et contre le sol. Debout, ou
à genoux, la rage nous fait trembler et trépigner. Les coups imprimés aux
coussins par pieds ou poings sont petits et rapides, par opposition aux coups
plus lents et puissants de la colère. Les cris sont de désespoir et
d'impuissance et donc très différents de la puissance de la colère. La
libération de la rage permet de se réparer face à l'impuissance.
La rage est fréquente chez les enfants tout petits. Ils se trouvent si souvent
en situation d'impuissance. M artin trépigne parce qu'il n'arrive pas à
découper comme il l'espérait. Héloïse se roule par terre parce qu'elle
n'arrive pas à lacer ses chaussures. Ils sont confrontés à un monde qui ne se
plie pas volontiers à leurs désirs. Jeanne hurle, ses parents ne comprennent
rien. Elle ne possède pas les mots pour dire qu'elle voudrait que le bibelot
qu'ils viennent de toucher soit remis à sa place.
Les occasions de rage diminuent notablement chez les adultes. M ais pour
accéder à l'amour ou aux colères d'adultes, nous avons besoin de nous
libérer des rages enfantines refoulées, de nous détacher de ces engrammes5
santé,
d'un
Lors d'une séparation, d'un décès, de toute perte, après le choc, le déni, la
révolte, la négociation, l'inacceptable est à accepter… L'émotion de tristesse
va accomplir ce travail.
Comme nous évoquons l'une après l'autre des images du passé, l'émotion de
tristesse nous étreint, la poitrine se serre… Les sanglots libèrent cette
tension. Chaque image a besoin d'être pleurée pour que le trou soit refermé.
Une fois tout le tissu recousu, l'autre est parti, mais il fait à jamais partie de
nous. Nous avons intégré tout ce qu'il nous a apporté.
La douleur6
La douleur s'inscrit dans le registre de la tristesse, elle accompagne la
séparation. Un proche est mort, il nous est comme arraché. Son départ
déchire quelque chose en nous.
Il est parti. Il ne sera plus jamais là. La poitrine brûle. La blessure est à
hurler ! Pleurer ne suffit pas à libérer cette tristesse au-delà de la tristesse.
La décharge de la douleur commence dans un gémissement et s'épanouit
dans un long hurlement, la tête en arrière, les mains crispées.
◊ Vous avez vécu des pertes, des décès, des séparations… Vous êtes-vous
autorisé à exprimer votre douleur ?
LE DÉGOÛT
Le dégoût est une réaction de rejet de ce qui est nocif ou nous salit. Le
dégoût me semble intimement lié au viol et au fracas de l'abus. Viol du
corps, de l'intimité, de l'intégrité d'une personne, et/ou de ses valeurs.
Dégoût de la jeune fille envers le sperme du violeur qui a inondé son ventre.
Dégoût de l'enfant devant sa mère qui ne sait pas s'affirmer face à des
situations inacceptables. Dégoût du petit garçon pour le sexe du surveillant
d'internat qu'il a été obligé de caresser. Dégoût de l'adulte témoin de tortures
infligées à autrui. Dégoût devant la violence et la perversion. Devant un
corps déchiqueté par une machine, vous êtes effaré. Si c'est un acte
criminel, cela devient du dégoût. La cruauté de l'humain suscite du dégoût.
L'enfant qui vomit dans la cour lors de la rentrée des classes lutte contre la
peur. Le vomissement est une tentative de décharge de la tension accumulée
par l'angoisse.
Joie d'offrir, joie de recevoir, l'émotion est dans la relation bien plus que
dans l'objet. Bien sûr nous éprouvons de la joie à recevoir des cadeaux, à
posséder de belles choses, en fait le mot plaisir serait ici plus à sa place.
Il existe aussi une joie intérieure qui n'a besoin de rien pour se manifester.
Elle surgit des profondeurs de l'être.
– un cadeau reçu…
L'AMOUR
Prononcez ces mots magiques : « Je t'aime » sans la/le quitter des yeux.
Laissez l'émotion descendre dans tout votre corps. Quand la vibration
monte, écoutez-la en vous, ressentez-la.
Toutes les émotions gagnent à être exprimées en présence d'autrui. Ce
dernier sert de témoin et de « contenant ». Nous pouvons utiliser la
métaphore d'un liquide versé d'une bouteille dans une coupe. Celui qui
s'exprime est la bouteille, il verse ses émotions dans la coupe formée par
l'empathie, voire l'amour de l'écoutant.
Ce dernier accueille les affects sans les juger, sans les boire non plus. Voir
ses émotions dans cette coupe permet au premier de les considérer sous un
nouveau jour. La présence acceptante de l'autre aide à se rassembler après
l'expression de l'affect.
La peur est utile et saine devant un danger, ou face à l'inconnu, pas devant
l'injustice ou la frustration.
La tristesse est saine lorsque vous vivez une perte, et non lorsque vous êtes
confronté à une injustice.
Émotions
Causes
P EUR
DANGER
INCONNU
Terreur
Danger imparable
COLÈRE
FRUSTRATION
INJUSTICE
BLESSURE
Rage
Impuissance
TRISTESSE
P ERTE
Douleur
Séparation
AMOUR
LIEN
NOCIVITÉ
DÉGOÛT
VIOL
RÉUSSITE
JOIE
RENCONTRE
Une sensation n'est jamais isolée. Elle est associée à l'état global du
corps et à la totalité des perceptions de cet instant. Toutes ces images
visuelles, auditives, olfactives, kinesthésiques, somesthésiques dessinent
notre carte personnelle du monde, forgent notre conscience d'être et notre
sentiment d'identité.
obligatoirement
d'image
visuelle,
mais
d'une
Sans
conscience
du
décalage
entre
cette
II
Une émotion élastique est une émotion du passé projetée sur le présent.
Réaction émotionnelle hors de proportion avec l'apparent déclencheur, elle
est en fait une réactivation du refoulé. Quand une personne n'a pas su ou pas
pu exprimer une émotion, cet affect réprimé cherche une issue.
Toute situation, toute personne, qui rappelle de près ou de loin cette
émotion ou l'événement qui l'a suscitée, réveille le passé.
qui auraient pu me traumatiser. À l'âge de six ans, j'avais été opérée des
végétations, et cela s'était très mal passé. Voici l'histoire : Je m'étais fait
expliquer tout le déroulement de l'opération par le médecin. Je me rappelle
encore très bien lui avoir demandé s'il y aurait une piqûre. Probablement
pour me rassurer, le docteur me promit qu'il n'y en aurait pas. Le jour venu,
je m'installai dans la chambre d'hôpital avec mes parents, enfilai mon
pyjama. Quand une infirmière parut et me demanda de baisser mon
pantalon…
J'osai un « pourquoi ? ».
M on inconscient n'a pas mis au ban toutes les aiguilles. J'ai pu, par
exemple, donner mon sang sans frémir. M a phobie était sélective, seules les
piqûres « pour anesthésie » me terrorisaient.
◊ Identifiez dans vos réactions d'aujourd'hui une émotion qui vous paraît
excessive :
Remontez dans votre passé, quand avez-vous déjà ressenti cela ? Envers qui
? Trouvez trois situations de la plus récente à la plus ancienne.
1.
2.
3.
M ême si vous portez une part de responsabilité dans ce qui est arrivé,
reconnaissez-le, mais osez vous confronter à l'autre, surtout s'il était dans
une situation de pouvoir sur vous. Le but de la colère est de rétablir le lien,
de réparer votre intégrité.
nécessaire
d'avoir
recours
au
soutien
d'un
Vous êtes peureux ? Cela signifie seulement que vous avez l'habitude
d'avoir peur. C'est le sentiment par lequel vous remplacez toute autre
émotion plus difficile à vivre.
Vous êtes au contraire sans cesse en colère ? Un rien déclenche votre ire ?
Vos peurs restent bien cachées, vos tristesses interdites d'espace ?
◊ Y a-t-il une émotion qui vous est plus familière que les autres ?
Le mécanisme de projection
« Regarde comme il est triste, il a des larmes dans les yeux », soutient
Janine devant la photo d'un enfant manifestement en colère. Janine projette
la détresse qui était la sienne quand elle était enfant.
« Elle est nulle ta chemise, ce jaune est du plus mauvais goût, ça fait cocu !
» lance Géraldine à Daniel. Écoutons ce qu'elle vit. Qu'est-ce qui la
préoccupe au quotidien ? Elle a un amant, son mari le sait. M al à l'aise dans
son couple, ayant des difficultés à gérer la colère de son mari, ellemême est
habillée tout en noir. L'agression vis-à-vis de Daniel est explicite. Géraldine
a cherché une insulte… elle l'a regardé, et n'a vu que son image dans le
miroir.
Jeanne reste interdite : « Oui, mes lunettes sont moches, je les cache dans
mon sac et évite de les porter. »
Touria, elle, est tirée à quatre épingles. L'exacte inverse de Nadja ! Il lui
faut toujours être impeccable, elle envie et déteste Nadja de se laisser aller.
Pour une fois elle a pris son temps, Stéphane s'est engagé à être là pour
s'occuper des enfants dès 18 heures, heure de départ de la nounou. Comme
elle enlève son manteau, elle entend son fils appeler la nounou… Stéphane
n'est pas là.
Pendant que les petits s'attablent, et entre deux casseroles, elle le prie de
sortir le linge de la machine. Il y va… Un peu plus tard, M artina trouve le
linge déposé en tas sur le lit ! Elle n'avait pas précisé qu'il s'agissait aussi de
le ranger… M artina ne dit toujours rien, elle continue d'encaisser… de
compter les points, d'accumuler de l'énergie pour enfin se donner la
permission d'exploser.
Quand le bol d'émotions est plein, une dernière goutte d'eau fait déborder le
vase…
Pour ne plus accumuler de rancune, apprenez à exprimer vos
mécontentements tout de suite, même pour de toutes petites choses. M ais
peut-être faites-vous des collections dans le cadre d'un jeu psychologique,
pour confirmer vos croyances, éviter l'intimité et faire progresser votre
scénario de vie ? Nous reviendrons sur les bénéfices inconscients de ce
mécanisme de la collection de timbres dans le chapitre consacré au couple.
Attention, cette technique n'est valable que dans une relation d'adulte à
adulte (ou d'enfant à enfant, je peux imaginer un écolier liquider une
collection accumulée contre un copain pour reprendre une relation saine
avec lui). En fait, en sont exclus les sentiments collectionnés dans l'enfance
envers les parents. Les techniques de guérison de l'enfant intérieur, de
confrontation des parents, de lettres envoyées ou non, sont alors plus
appropriées parce que la dépendance extrême dans laquelle l'enfant est vis-
à-vis de ses parents exclut sa responsabilité. Tandis que dans toute autre
relation, nous portons une part de responsabilité dans la relation. Ne serait-
ce que par ce que nous n'avons pas su dire, pas su exprimer, pas demandé.
Vous ne pouvez pas ? Vous avez encore des cailloux dans vos poches.
Conservez-les. Ils matérialisent votre rancune.
« Je fais du sport tous les matins, ça durcit mes muscles, cela m'aide à
refouler mes émotions. Quand j'ai couru ou passé du temps sur les appareils
de musculation, mon corps me fait mal, je reste centré sur moi, cela me
permet de rester à distance d'autrui. Ce matin, j'ai fait une relaxation au lieu
d'aller courir, je me rends compte que je suis plus souple, plus disponible
affectivement, plus proche de vous », constate Pierre, très authentiquement.
Angoisse, peurs,
paniques et phobies
□ oui □ non
□ oui □ non
□ oui □ non
□ oui □ non
L'avez-vous manifestée ?
□ oui □ non
Un seul NON, et vous n'étiez pas dans une peur utile, mais dans un
sentiment parasite. Inquiétude excessive ?
Et que dire quand ils sortent le soir ou partent en week-end avec des
copains ! Vingt-quatre et vingt et un ans, ils sont grands. Qu'ils utilisent la
voiture ou les transports en commun, elle ne vit pas. Quand ils rentrent à
pas feutrés dans l'appartement elle fait mine de dormir. M ais ne vous y
trompez pas, elle ne ferme pas l'œil avant de les savoir rentrés.
pour
autrui, sentiments
de
substitution,
L'angoisse
Bertrand n'est pas conscient d'être angoissé. Seul détail : il se ronge les
ongles. Il attribue cette habitude au stress lié à son job. En réalité, Bertrand
ne supporte pas le vide. Il se ronge les ongles dans les embouteillages, et
chaque fois qu'il n'a rien à faire. Bertrand s'absorbe dans le travail. Il rentre
tard le soir. Le week-end, invoquant la fatigue de la semaine, il dort. Le
sommeil de plomb comme l'activité intense lui permettent de fuir l'angoisse,
d'enterrer les conflits intérieurs qu'il ne veut pas voir.
◊ Regardez votre vie. Quels en ont été les éléments marquants ? Êtes-vous
en proie à un conflit ? à une ambivalence ? Menez-vous la vie que vous
désirez mener ?
Reste-t-il dans votre passé des blessures ? Des deuils non faits ? Des
frustrations, des manques ?
Une phobie est une peur irrationnelle et irrépressible d'un d'objet ou d'une
situation. La personne sait que sa peur est inappropriée, elle peut en avoir
honte, mais elle reste incapable de la juguler. Certaines phobies sont
présentes d'emblée. Thérèse a toujours été paniquée à l'idée de prendre
l'avion. D'autres apparaissent sans crier gare.
Leila a joué avec son chat sans problème pendant des années. Puis, soudain,
elle est devenue allergique4 au point de ne pouvoir en regarder même en
photo. Une fois installée, la peur a tendance à se renforcer.
Quand elle voit un feu, Katia est littéralement prise de panique. Elle a beau
savoir qu'il n'y a aucun danger, elle ne peut se raisonner. Elle se souvient.
Quand elle était petite, elle vivait en Afrique. La savane était en feu sur 400
km.
Elle voit encore les images. Les troupeaux fuyaient devant la voiture. Les
flammes étaient partout, gigantesques. Elle était trop petite pour
comprendre ce qui se passait, mais il est certain que ses parents ont eu peur
de ne pas en sortir vivants. Occupés à sauver la famille, les parents n'ont pas
été attentifs à ses besoins de petite fille. Ni pendant. Ni après. Elle n'a
jamais hurlé sa terreur.
Yolande évite de prendre l'avion. Quand elle y est contrainte, elle se plaque
dans son siège et reste pétrifiée tout le voyage. Peur disproportionnée ? En
1951, elle était en avion avec ses parents. Panne du système de
pressurisation… Il fallait descendre sans délai à un niveau respirable. En
quelques secondes, l'avion qui volait à 10 000 m d'altitude est descendu à 2
000 m. Elle revit encore la sensation. Les passagers hurlaient, certains
vomissaient, sa mère s'est évanouie. Ils ont tous été sauvés.
M arie, cinq ans, adore barboter. M ais elle est paniquée à l'idée de mettre la
tête sous l'eau ! Elle est née par césarienne. Un nœud coulant bloquait ses
efforts à naître.
Les peurs de Katia, Yolande et M arie ont une origine traumatique. Phobies
simples, ce sont des élastiques.
Irène hurle devant une souris. Si elle en aperçoit une, elle monte sur la table
et remonte ses jupes sur son visage. Ce comportement stupéfie tout le
monde. Irène est plutôt prude d'ordinaire.
Irène n'a jamais été ni mordue, ni menacée, par une souris. Sa phobie n'est
pas un élastique. Beaucoup de gens ont peur de prendre l'avion ou de
monter dans un ascenseur. Ils n'ont jamais vécu d'accident. Leur phobie est
complexe.
Le comportement d'Irène va nous donner une piste. Elle remonte ses jupes
pour se cacher le visage ! Ce faisant, elle découvre sa culotte. Invitée à
décrire une souris, elle dit : « C'est un animal dégoûtant. Je ne supporte pas
ses petits yeux qui m'observent. Et cette queue répugnante… » Irène, violée
par son oncle, n'a jamais pu dire sa colère à ce dernier. Elle a vécu la peur,
le dégoût, l'impuissance, la rage… Tous ces sentiments nourrissent sa
panique. Dans l'impossibilité de dénoncer son oncle, elle a déplacé sa
terreur et son dégoût sur un animal qui pouvait symboliser ce qui lui avait
fait mal.
Elle n'est pas née par césarienne. Il ne s'agit pas d'un élastique. Elle se
justifie : « Ce n'est pas l'élément naturel de l'humain. » Ah bon ? M ais d'où
venons-nous si ce n'est d'un milieu aquatique ? Nous avons tous commencé
notre vie dans le ventre d'une maman. Julie a tout de suite associé. Elle
avait peur de sa mère qui la « noyait » dans un monde qui ne lui convenait
pas. Devant sa mère, elle était impuissante. Elle n'était pas écoutée, pas
comprise. Son père était absent. Il ne lui a pas fourni la verticalité
nécessaire pour ne pas se noyer dans sa mère.
Luc est terrifié par le vide. Regarder le paysage du haut d'une falaise ou
d'un pont lui donne le vertige. Je lui fais préciser. « C'est la hauteur qui me
fait paniquer… J'ai peur d e ne pas être à la hauteur. » Aux yeux de son
père, il n'était jamais à la hauteur. Luc porte en lui un vide de vrai papa. Le
sien n'était que jugement. Luc réprime depuis toujours la fureur de
l'humiliation, la rage de l'impuissance, la colère de l'injustice. M ais il a
peur de son père. Peur de son jugement… Et il aimerait tant se sentir aimé
de lui, être reconnu. Pour rester inconscient du conflit entre ses sentiments
contradictoires, il développe une phobie. Sa panique est faite de la peur du
jugement, augmentée des sentiments de rage transformés eux aussi en peur.
Elle est déviée sur un objet de substitution, un objet symbolique de son
père, ce père qui se caractérise par le vide de tendresse.
Vous ressentez de la panique chaque fois que vous voyez chat ou araignée,
que vous vous trouvez en situation de prendre un transport en commun, de
vous retrouver dans un endroit clos ou sous le regard d'autrui, selon l'objet
sur lequel vous avez projeté votre angoisse ?
La panique vise à voiler les émotions sous-jacentes. Elle permet de rester
inconscient de la réalité du conflit.
de
substitution,
un
objet
qui
rappelle
Peur d'étouffer ? Qu'est-ce qui vous étouffe, ou vous a étouffé, dans votre
existence ? Une mère trop possessive ou à laquelle il était impossible de
dire non ? Un père absent, qui n'a pas su vous aider à sortir de la fusion
maternelle ?
◊ Vous avez peur au point de paniquer… (entourez les mentions utiles) des
araignées, des souris, des ascenseurs, de l'avion, de la voiture, des chats,
des gens, des transports en commun, des soirées informelles, de parler en
public, de vous affirmer, de dire non, autres :
□ évitement systématique
□ de la panique
La répulsion envers les chiens, le dégoût pour les araignées, le trac ne sont
pas des phobies si vous pouvez les dominer sans trop de peine. On parle de
phobie à partir d'un comportement d'évitement systématique, de crises de
panique lors de la confrontation avec l'objet, d'anticipation anxieuse de la
situation telle que cela gêne la vie quotidienne, sociale et professionnelle.
J'ai peur :
□ d'étouffer
□ de faire un malaise
□ de ne pas contrôler
□ de paraître idiot
□ du jugement d'autrui
□ du qu'en-dira-t-on
□ de rien de spécial, j'ai peur, c'est tout !
□ autres
Vous avez peur d'étouffer ? Qui ou qu'est-ce qui vous étouffait enfant ?
Vous avez peur du jugement ? Qui vous a blessé par des jugements dans
votre enfance ?
6
Pommes de terre chaudes
ou transmissions transgénérationnelles
Pamela est triste. Alors que sa vie ne l'est pas. Elle n'arrive pas à se
débarrasser de cette tristesse qui lui colle au corps. Tout n'était pas rose
dans son enfance, mais de là à justifier un fond de dépression aussi
marqué… Si Pamela n'avait pas de raison d'être triste, Reine, sa mère, en
avait.
Elle avait vécu le deuil d'un frère alors qu'elle n'avait que cinq ans. Sa mère
l'avait alors rejetée et s'était enfermée dans la dépression. Reine n'avait
guère connu qu'une mère triste. Elle en a conservé les marques. Comment
se libérer de cette tristesse ? Ressentir de la colère contre une mère qui avait
vécu la douleur de perdre un enfant ? Le masque de tristesse de Reine
retenait sa rage. À la génération suivante, Pamela a elle aussi pris sur elle le
masque. Par imitation, osmose, ou pour inconsciemment tenter d'en
soulager sa mère… Peine perdue !
« Nous sommes des réponses à des questions non résolues de nos ancêtres
», disait Carl Gustav Jung. Nous héritons d'un bagage inconscient lié aux
émotions refoulées par nos grands-parents, arrière-grands-parents et au-
dessus.
Enfant, nous nous sentons dans l'obligation de « réparer » nos parents. Nous
sentons leur faille, leur blessure, leur souffrance et en prenons –
inconsciemment – l'expression en charge.
Cancer au même âge que son père, accident ou perte de travail au même âge
que sa mère… Suicides, morts d'enfants, drames variés. M ême des
événements dans lesquels nous n'avons aucune part de responsabilité vont
se représenter génération après génération (ou fréquemment en sautant une
génération). Comme si la Vie (aurait-elle une intention ?) nous proposait le
même problème, jusqu'à ce qu'il soit solutionné positivement.
Suite à une césarienne, Alexandra reste huit jours entre la vie et la mort,
atteinte d'une septicémie. Pendant toute la grossesse, elle et son compagnon
étaient certains qu'il s'agissait d'un garçon. Ce n'était pas véritablement une
préférence, juste une conviction, renforcée par leurs rêves.
À vrai dire leur préférence consciente allait plutôt vers une fille.
Contre l'avis du médecin pour lequel il ne peut s'agir d'une septicémie (son
hôpital est au-dessus de tout soupçon question hygiène) une infirmière
prend sur elle de faire une prise de sang pour hémoculture. Les résultats
sont là, Alexandra est en train de mourir d'une septicémie. Elle est infestée
de staphylocoques dorés. Les antibiotiques, enfin prescrits, la sauvent.
Elle interroge père et mère pour mieux comprendre ce qui s'est passé, rien
dans son histoire n'expliquant ces huit jours suspendus entre ciel et terre.
Hasard ? Ce sont des choses qui arrivent ?
Quelques années plus tard, Laurence met au monde un garçon. Cette fois
c'est la liesse. Le père est fier, le successeur, l'héritier, Nicolas, le petit roi
est né. Ce divin enfant va tenter de réparer la famille. Il grandit à côté de sa
grande sœur, tout en l'appelant « petite sœur » comme pour marquer leurs
places respectives.
C'est une fille. Son père a rejeté sa fille. Lui, l'adore, l'accueille et la cajole.
Alexandra, comme Laurence, est immobilisée dans son lit par la fièvre. Elle
ne peut changer ou laver le bébé. Le père de Nicolas n'est jamais venu au
chevet de Laurence, encore moins du bébé. Nicolas, lui, se met en
disponibilité et installe un matelas dans la chambre de sa femme. Pendant
les dix jours d'hospitalisation, il est là, s'occupe de sa fille jour et nuit.
◊ Avez-vous le sentiment de vivre une vie qui réponde aux désirs conscients
ou inconscients d'un parent ou d'un ancêtre ?
Vos parents, leurs vies, leurs désirs inassouvis, ont-ils été des paramètres
dans le choix de votre métier ? de votre mari/femme ? de votre maison ?
◊ Écrivez une lettre à celui dont vous avez « copié » ces émotions pour les
lui rendre. Vous pouvez ensuite brûler la lettre en la lui adressant
mentalement, ou si vous le désirez, envoyez-lui, mais en ce cas, prenez soin
de la reformuler en termes de vos besoins (voir ci-après, colère saine p.
138).
Contagion
Les émotions que l'on ressent n'ont pas toujours leurs causes en nous.
Est-ce ainsi que fonctionnent les guérisseurs ? Je ne sais pas, hélas, faire cet
exercice volontairement. Cela ne s'est jamais reproduit depuis. Tout au
moins, je n'en ai jamais eu conscience. Cet événement m'a beaucoup
troublée à l'époque. Il pose de nombreuses questions. J'étais sans doute dans
une (trop ?) grande fusion psychique avec cette patiente, m'impliquant
(inconsciemment) jusqu'à prendre en charge ses paniques. Quoi qu'il en
soit, cette expérience m'a permis d'apprendre que ce que nous ressentons ne
nous appartient pas toujours en propre. Bien que cela nous concerne en
définitive. La science commence à prouver ce que les sages du bouddhisme
énonçaient. L'humanité est une. Nous sommes interdépendants. À la façon
d'une parcelle d'hologramme, chacun porte en soi l'humanité entière.
Pour certains psys, on est « contaminé » par les émotions d'autrui quand
elles entrent en résonances avec des émotions refoulées en soi. C'est en
partie juste. M ais en tant qu'humains, nous sommes susceptibles de
résonner à n'importe quelle émotion humaine.
◊ Lors d'une réunion, faites l'expérience. Vous avez les jambes croisées
comme certains de vos collègues assis à vos côtés ? Décroisez-les.
Vous êtes penché en avant comme untel ? Vous tenez votre menton comme
unetelle ? Écoutez vos sentiments et pensées. Bougez. Écoutez en vous la
différence. Explorez votre attitude face au sujet traité selon vos gestes et
postures.
– Oui… Je n'aime pas attendre, et s'il n'appelle pas… Il peut oublier… C'est
ça, j'ai peur… Ça alors, je ne m'en rendais même pas compte !… M a mère
m'a tellement souvent oubliée. Je n'ai pas l'habitude qu'on fasse attention à
moi. Il y a une petite voix en moi qui dit : “Il n'appellera pas.” L'attente
serait insupportable, je préfère appeler avant. »
Pour guérir de nos peurs, nous devons nous interdire le passage à l'acte qui
nous protège de nos affects, affronter ce qui se passe en nous quand nous
nous abstenons de nos comportements compulsifs, qu'ils soient de
téléphoner, se ronger les ongles, manger, travailler, faire le ménage… et
observer simplement ce qu'ils recouvrent.
remontez dans le passé, jusqu'à la première fois où vous avez ressenti cette
même émotion. Utilisez alors la technique de la guérison de l'enfant
intérieur. (Voir p. 269.) Est-ce une substitution ? Identifiez l'émotion sous-
jacente, retrouvez-la en vous, et donnez-vous la permission de la vivre.
Quand nous avons peur de nos émois, nous cherchons à nous battre contre.
C'est le meilleur moyen de leur donner de la vigueur ! Les accepter est bien
plus efficace.
Elle consiste à faire la dernière chose dont on ait envie quand on souffre :
accepter la souffrance, entrer dedans et relâcher les tensions plutôt que de
les combattre et donc de se crisper dans la lutte.
« M a mère me tapait tellement fort, j'ai pris l'habitude de ne plus sentir ce
qui se passait dans mon corps. En plus, je ne voulais pas qu'elle voie que
j'avais mal. Je faisais comme si je ne sentais rien. Je m'évadais dans
l'imaginaire, je me racontais des histoires dans ma tête, c'était mon monde à
moi. »
Une fois adulte, on n'a plus au-dessus de soi des parents qui menacent,
jugent, frappent, violent, hurlent ou se montrent absents, inattentifs… mais
le pli est pris. Et il est difficile de faire tomber la carapace, de revenir dans
ce corps. Y rentrer, c'est obligatoirement réveiller toutes ces émotions, ces
souffrances intolérables, ces terreurs, ces rages… On peut avoir peur de ne
pouvoir y survivre.
« J'ai passé toute une vie à éviter la souffrance, j'ai traversé des zones
d'horreur, mais je ne sentais pas, je ne vivais pas, j'étais étrangère à moi-
même. M es réactions pouvaient être agressives, j'étais susceptible, je jouais
le persécuteur ou le sauveur avec les autres, tout ça pour ne pas sentir.
Aujourd'hui je souffre, j'ai besoin de sentir la souffrance, je revis. Cette
souffrance, c'est moi. J'ai besoin de passer par là, je ne veux plus l'évacuer,
il faut que je la traverse. C'est ma seule chance de redevenir vivante », me
confie Christiane.
Nous n'avons pas tous traversé autant de souffrances que Christiane, mais
nous avons tous, à un degré ou un autre, été contraints de nous absenter de
nous-mêmes. La répression émotionnelle fait encore partie de notre culture.
Pensez à votre colonne vertébrale. Visualisez l'air qui pénètre tout le long
jusqu'au sacrum et inonde le bassin.
Tout en respirant ainsi, pour vous sentir vraiment présent, ici et maintenant,
prenez conscience de vos sensations. « Écoutez par tous les pores de votre
peau. »
Elle le dit tout de suite, elle ne s'est jamais senti le droit à l'autonomie.
Jamais, elle n'a jamais pu revendiquer quoi que ce soit ou dire « non » à sa
mère. Cette dernière ne s'intéressait pas à elle, ne lui faisait jamais un
compliment.
Chez Rébecca, la peur recouvre volontiers la colère, tant cette dernière était
interdite face à sa mère. Rébecca risque de substituer de la peur panique à
toute nécessité de s'affirmer, de se montrer ellemême, d'être autonome, de
se conduire par ellemême !
Quels sont les sentiments qui vous inhibent ou font échouer vos tentatives ?
10
Une dépression – comme une maladie inscrite dans le corps – peut être une
excellente chose, voire une bénédiction. Elle nous oblige à aller guérir au
fond de nous les trous occasionnés par les blessures, les béances laissées par
les manques. Elle nous permet de soigner, panser, cicatriser, et de repartir
sur des bases saines. À condition d'écouter le message et de ne pas se
contenter d'absorber des antidépresseurs, la dépression fournit une
opportunité pour changer sa vie. C'est un temps pour plonger en soi, se
retrouver, faire le tri entre l'important et le superficiel, reprendre contact
avec ses valeurs profondes, lâcher les tensions, les mécanismes de défense,
masques et attitudes endossées pour faire plaisir à autrui. Et (re)devenir soi.
C'est le cas de Serena. La dépression lui est « tombée dessus » alors qu'elle
se sentait parfaitement épanouie.
M ariée, deux enfants, une jolie maison… tout pour être heureuse. En
réalité, la dépression grondait en elle depuis sa toute petite enfance. Serena
n'a jamais reçu d'affection.
◊ Vous êtes dépressif ? Regardez votre passé. Quelles blessures non guéries
sont encore tapies en vous ?
– Autres…
1 Vous trouverez cet exercice enregistré sur la cassette Trouver son propre
chemin, volume 1, face 1, « La Guérison de l'enfant intérieur » .
2 Quand la personne est vivante, n'hésitez pas. Dire libère les deux parties !
Soyez attentif à ne porter aucun jugement dans votre lettre, seul votre
ressenti touchera le cœur de l'autre, pas les accusations.
III
PEUT-ON TOUJOURS
DANS LE MONDE DU
TRAVAIL ?
Didier relate comment il s'est emporté lors d'une réunion. Depuis, son chef
ironise…
1
Émotions ou émotivité ?
Didier, lui, dissimulait de la peur sous son courroux. Son chef avait perçu
son anxiété, et vu combien il la travestissait. Le décalage entre l'émotion
sous-jacente et la manifestation, excessive et déplacée, appelait le rire.
Didier émettait deux messages parallèles : j'ai peur/je suis en colère. Son
interlocuteur a intuitivement perçu une discordance, mais n'a eu ni la
présence d'esprit, ni probablement l'envie de lui dire : « Vous exprimez de la
colère. Cependant, il semblerait que vous soyez inquiet. »
excessives
et
disproportionnées,
des
véritable
réussite
sociale
et
professionnelle.
Quelqu'un qui éteint en lui tout affect aura bien du mal à s'orienter, à
imposer ses choix et à avoir le sentiment de diriger sa carrière. Il aura du
mal à apprendre d'un échec, à rebondir après une période de chômage.
Rigide, il lui sera difficile de traverser les inévitables deuils qui ponctuent
une vie professionnelle riche. M anquant d'empathie, les relations humaines
lui poseront problème.
Nos émotions saines nous aident à nous adapter à la réalité, à faire les bons
choix, à aller de l'avant et nous offrent les clefs d'une socialisation positive.
En nous coupant de ces émotions saines, nous ne sommes plus que des
robots obéissants. Certains peuvent imaginer que cette soumission est le
rêve des patrons.
(Ceci dit, ne vaut-il pas mieux être sans emploi que sans vie1 ?)
Hormis ces quelques cas dans lesquels le pouvoir personnel du patron prime
sur l'intérêt général, aujourd'hui, la plupart des patrons recherchent
l'efficacité. Le succès commercial est à ce prix. La compétition
internationale est telle que ceux qui veulent réussir n'ont plus de temps ni
d'énergie à perdre en jeux de pouvoirs. Les entreprises recherchent des
collaborateurs autonomes, créatifs, responsables, à l'aise dans les relations,
capables de travailler en équipe et en réseau… Tout le contraire de la
discipline encore imposée dans la plupart des écoles françaises pourtant
censées former nos petits à leur vie future. Pour s'insérer et réussir dans le
monde du travail, les jeunes français doivent désapprendre leur excessive
obéissance, leur conformisme aux attentes supposées de la hiérarchie, leur
peur du jugement d'autrui.
◊ Vous est-il arrivé de montrer votre fureur ? Votre colère a-t-elle été
entendue et respectée ? Était-elle appropriée ?
Qu'en déduisez-vous ?
◊ Observez-vous.
Ma marche est : rapide, légère, mesurée, lourde, lente…
Mon regard est : fuyant, appuyé, franc, yeux dans les yeux, perdu sur
l'horizon…
Selon votre état émotionnel, votre humeur, selon les personnes que vous
rencontrez, votre marche, votre regard, votre poignée de main, vos postures
sont probablement différents. Repérez ces différences. Que signifient-elles ?
Par votre corps vous donnez des informations aux autres sur vous.
Vous avez accepté de travailler un week-end alors que vous êtes épuisé, de
plus votre famille vous réclame à grands cris. Pour quelle raison ? Pour
terminer votre travail ? Non, soyez honnête avec vous-même. Votre
intention profonde est de montrer à votre patron combien vous êtes
consciencieux !
psychologiques.
Nombre
de
nos
actes
◊ Considérez votre journée d'hier. Choisissez trois « gestes » (je suis allé
voir le patron, j'ai annulé une réunion, j'ai travaillé sur le dossier X…).
Pour découvrir vos besoins, écoutez vos jugements sur autrui. Derrière un
jugement, il y a toujours une émotion et un besoin. Surprenez-vous à poser
des étiquettes (c'est un mou), à généraliser (il ne m'écoute jamais…),
cataloguer (de toute façon, c'est un perdant), exagérer (c'est une
catastrophe), minimiser (je ne vois pas où est le problème) … Ce sont des
indicateurs d'émotion refoulée et de besoins peut-être non reconnus.
Recentrez-vous sur vos besoins. Gaston n'est pas incorrect en entrant sans
frapper dans votre bureau. Vous avez besoin d'être prévenu de l'entrée de
quelqu'un de manière à ne pas être surpris.
◊ Évoquez une émotion récente vécue sur votre lieu de travail. Quelle était
la nature de cette émotion ? Identifiez le déclencheur. Puis la cause. Quel
était le besoin frustré s'il s'agissait d'une émotion inconfortable. Quel était
le besoin satisfait s'il s'agissait de joie.
– Mon émotion :
– Le déclencheur :
– La cause :
– Le besoin auquel faisait écho cette émotion était : Nos émotions nous
donnent des informations Vous ressentez de la peur à l'idée de prendre la
parole devant certains de vos collègues ? Après élucidation des élastiques
possibles ou projections de votre passé, cette peur vous dit peut-être
quelque chose… Votre cerveau a surpris certaines mimiques, attitudes et les
a interprétées. Il a compris que ces collègues ne sont pas forcément
amicaux.
sur autrui ?
Chaque seconde qui passe, chaque acte que vous posez, chaque parole
prononcée, vous mènent vers celui que vous allez devenir. Êtes-vous
conscient de votre route ?
d'expression
bridée,
d'isolement,
Êtes-vous ambitieux ?
L'ambition est inséparable de la joie. Elle nécessite d'avoir guéri des peurs
et de la honte. Elle est la projection naturelle de votre personnalité dans un
projet.
– « Je m'aime. »
Au début c'est étrange, mais continuez. Chaque jour un petit peu. Jusqu'à
ce que vous soyez surpris par un réel sentiment d'amour envers vous.
Cherchez la personne qui saura vous apporter les éclairages dont vous avez
besoin pour réussir. L'information existe, quelque part.
◊ Sans vous freiner par ce que vous croyez possible ou non, osez visualiser
votre idéal. Puis identifiez un premier palier vers cet idéal. Ce sera votre
objectif pour les prochains mois.
Il ne s'agit pas tant de vous fixer un but extérieur (gagner tant, avoir telle
responsabilité, travailler dans telle entreprise…) que de vous engager vers
un but intérieur.
□ mon organisation
□ ma rapidité de décision
□ mon orthographe
□ mon anglais
□ ma créativité
□ ma confiance en moi
□…
Vous n'avez pas envie de faire un travail, vous prenez conscience du retard
que vous accumulez sur un dossier, vous vous laissez aller à une
procrastination4 inhabituelle, vous n'arrivez pas à décrocher votre téléphone
pour appeler un fournisseur ou un client, vous sentez combien vous
manquez de motivation sur un projet qui pourtant aurait dû vous séduire ?
Ou s'agit-il de peurs ?
Faites le tri, observez vos tendances à exagérer, les élastiques liés à votre
histoire. Vos collègues ont-ils réellement une mauvaise image de vous ? Ou
bien est-ce une projection de votre passé ?
Si votre petite voix intérieure vous dit que ce n'est tout simplement pas votre
route, écoutez-la ! Posez-vous authentiquement cette question : « Qu'est-ce
qui m'oblige à faire ce qui ne me convient pas ? »
Si votre petite voix intérieure vous confirme que c'est votre route, que vos
résistances indiquent des émotions refoulées qui font barrage, identifiez ces
émotions. Allez dire vos colères, élucidez vos peurs, réparez en vous ce qui
peut en avoir besoin (si nécessaire, voir exercice « la guérison de l'enfant
intérieur », p. 269).
◊ Une fois vos peurs élucidées, vos colères dites, prenez un temps de calme
intérieur. Respirez tranquillement, profondément. Fermez les yeux. Vous
allez projeter un film sur votre écran intérieur :
Voyez tout d'abord votre situation actuelle pendant quelques instants. Puis,
projetez-vous dans l'avenir, et voyez-vous ayant réussi. Regardez, touchez,
écoutez, sentez, goûtez mentalement votre réussite. Éprouvez les sentiments
que vous éprouverez lorsque vous aurez atteint votre objectif.
Empli de ces sentiments de joie, fierté et succès, revenez au jour
d'aujourd'hui et visualisez la séquence des actions qui vous mèneront
jusqu'au résultat positif.
Étaient-ce des émotions justes que vous n'avez pas su ou pas pu exprimer ?
Ou bien des élastiques, collections de timbres, substitutions ou autres
pommes de terre chaudes ?
en
province,
délocalisation
vers
Et le jour anniversaire ?
sécurité,
de
confiance
et
de
Osez-vous partager vos peurs, vos désirs, vos frustrations, dire vos colères
?
Souvent les personnes n'ont pas conscience du ton qu'ils emploient (vous
non plus, du reste). Quand on a de la colère en soi, on peut prendre un ton
dur, intransigeant. La rage, la frustration, les émotions refoulées provoquent
des tensions dans la voix. Inutile d'hyper-réagir ! Aidez plutôt votre
collègue à prendre conscience de la colère qui l'anime.
Il est utile toutefois de savoir que personne n'aime sentir qu'il a pu faire
mal. Et donc, confronté à ce sentiment douloureux, certains préféreront nier
: « Oh tu m'embêtes, tu prends vraiment la mouche pour un rien, tu
exagères… »
M aintenez votre point de vue, mais passez en position d'écoute. Que s'est-il
passé en lui pour qu'il vous blesse ainsi ?
Si, au contraire, c'est vous qui avez heurté un collègue, faites le premier pas,
présentez-lui vos excuses. M ême si vous n'avez pas eu conscience de le
blesser, en observant son retrait de la relation, ou son air renfrogné, vous
pouvez en déduire que quelque chose s'est passé pour lui. Allez à sa
rencontre.
Tenez bon :
Est-ce un sentiment ? Non, c'est une pensée, ne vous laissez pas manipuler :
« Ça, c'est ce que tu penses que j'ai dans la tête. Qu'est-ce que toi, tu as
ressenti ?
Vous allez pouvoir les lui formuler. M ais tout d'abord manifestez-lui votre
compréhension :
« Je n'ai pas voulu te blesser, en fait j'étais mal à l'aise pour te dire ces
choses, alors je les ai exprimées un peu brutalement. Je comprends que tu
aies pu interpréter cela comme une agression. M ais en fait c'était tout le
contraire.
J'avais peur de te dire les choses depuis quelques jours. Là, c'est enfin sorti.
La manière n'y était pas, c'est vrai. »
◊ Tentez de l'aider à vous confier son mécontentement, ses manques, ses
frustrations, ses déceptions. Attention, vous ne jouez pas au psy, vous ne
posez pas de questions sur sa petite enfance ! Restez dans le cadre du
travail.
Justin n'a pas obtenu la promotion qu'il attendait. Il est furieux. M ais il
n'ose pas le dire. Il est plus ou moins conscient de ses difficultés
relationnelles et des raisons pour lesquelles il n'a pas été choisi pour le
poste. Il ne se sent pas en position de se plaindre. Sa rage se déplace vers
d'autres victimes. Il lance des piques à la collègue qui partage son bureau.
Profite de la moindre occasion pour culpabiliser sa secrétaire. Vous lui
parlez d'un collègue ? Il critique.
Dans le même genre de circonstances, Florence fait courir des ragots sur ses
collègues. Kapinga oublie des dossiers.
M élusine s'efface.
◊ Quand vous êtes en colère sans pouvoir le dire, êtes-vous tenté de : □
culpabiliser les autres ?
□ critiquer ?
□ rester en silence ?
□ vous effacer ?
□ autre ?
Une relation équilibrée nécessite une harmonie entre quatre verbes : donner,
recevoir, demander, refuser. Savoir donner sans savoir refuser, c'est être un
peu poire et risquer de ne pas être considéré. Savoir recevoir sans donner
vous expose à être taxé d'égoïsme. Savoir donner sans vouloir recevoir
déséquilibre les relations.
◊ Observez-vous, cochez dans les phrases qui suivent celles qui vous
correspondent et repérez vos propres façons de donner, recevoir, demander,
refuser.
Je sais donner :
□ je partage
□…
□…
□…
Je sais recevoir :
□ des compliments
□ des critiques
□ de l'aide
□ un refus
□…
□…
□…
Je sais demander :
□ un service
□ un feed-back5
□ un café
□ de l'aide
□ de l'écoute
□…
□…
□…
Je sais refuser :
□ d'aider
□ un café
□…
□…
□…
□…
□…
□…
◊ Savez-vous vous manifester quand on envahit votre espace ? Notez vos
réactions dans les situations suivantes : – Un de vos collègues fume
ostensiblement dans votre bureau alors que vous lui avez demandé de ne
pas le faire…
– face à la frustration ?
Libérez-vous, vous serez d'autant plus puissant face à celui qui vous a
offensé. Vous pouvez aussi déchirer un magazine ou une pile de papiers,
déchiqueter un vieux coussin, ou piétiner coussin ou matelas.
Que peux-tu faire, que peut-on faire pour que j'aie tout à 14 heures et que
j'aie envie d'aller boire un verre avec toi après la réunion ? »
1.
2.
3.
« Quand je constate que vous avez changé l'orientation du projet sans m'en
parler, je suis en colère parce que j'ai travaillé pendant quinze jours sur le
sujet. Et je vous demande de terminer ce dossier avant de passer au suivant
de manière à ce que je reste motivée. »
Quand tu…
j'ai ressenti…
et je te demande de…
de manière à ce que…
Personne n'est parfait, il peut vous arriver de laisser votre bouche prononcer
jugements ou dévalorisations, aurez-vous le courage et la dignité de vous en
excuser ?
Il fallait trois mois pour obtenir une petite cuillère ou le remplacement d'une
vitre cassée. En bout de chaîne, les clients en pâtissaient. Tout le monde
faisait pourtant son travail ! M ais en suivant les ordres et en ne prenant
aucune initiative. Ultime perversion du système : lorsque le directeur
mangeait au restaurant, serveurs et chef de rang l'entouraient de tous leurs
soins… les « vrais » clients pouvaient attendre !
Elles sont au chevet du malade bien davantage que le médecin et donc plus
à même de suivre de près l'évolution globale du patient.
La vie d'Alexandra a été sauvée par Nouara, une infirmière de nuit qui a osé
braver l'avis du médecin-chef.
La soumission aveugle à l'autorité est un fait si établi qu'on peut, lors d'un
stage, me faire des demandes telles que : « Comment faire passer à mon
équipe un message avec lequel je ne suis pas d'accord ? »
Dans une entreprise saine, qui devient le second du patron ? Celui qui dit
toujours oui, qui fait ce qu'on lui dit sans piper mot ? ou bien celui qui ose
dire non, qui offre son point de vue, qui réfléchit, qui ose énoncer des
divergences
de
point
de
vue
et
dénoncer
les
dysfonctionnements ?
Sonia, jeune comptable dans une petite société, n'osait rien dire sur les
dépenses de son patron. Encouragée par ce dernier à prendre de l'assurance,
quand il a offert à un salarié une importante avance, elle a pris son courage
à deux mains et a affirmé : « Je m'y oppose, l'état de la trésorerie ne permet
pas cette sortie d'argent. À partir du 4 du mois prochain, ce sera possible,
mais pas avant. » Son patron s'est tourné vers elle. « M erci, voilà ce que
j'attends de vous. Vous connaissez notre trésorerie mieux que moi, vous êtes
dans votre fonction quand vous me signalez ce genre de choses. »
Lors d'une réunion, Paul propose à son directeur de faire des photocopies du
document de synthèse que ce dernier a rédigé de manière à ce que tous aient
le papier sous les yeux. Le directeur refuse avec un brin d'agressivité. Paul
ne comprend pas. Ayant quelques restes de doute concernant son estime de
lui-même, il se sent blessé. Il interprète le geste comme un manque de
confiance à son égard. Il se renferme et ne dit plus un mot.
Faites preuve d'empathie à l'égard de ceux qui ont des réactions excessives,
même si ce sont vos supérieurs : L'empathie est toujours une meilleure
voie que la susceptibilité !
Prenez le pli de regarder ce qui est bien fait, et dites-le à haute voix. Vous
êtes deux adultes. Regardez vos patrons comme des collaborateurs. Leurs
fonctions sont différentes et complémentaires de la vôtre.
Monsieur/Madame… est :
◊ Qu'est-ce que j'ai accepté récemment alors que je n'étais pas d'accord ?
10
Est-ce vraiment quelqu'un de fort ? S'il n'a peur de rien, pourquoi a-t-il ainsi
besoin de terroriser son petit monde ?
Pour quelle raison se met-il sans cesse en rage ? Regardons l'effet de sa
colère sur son environnement. Ses éclats de voix lui confèrent
manifestement du pouvoir sur autrui.
Quand on a accumulé trop de rage en soi, quand cette colère est interdite de
conscience, comme une cocotte minute, périodiquement, on a besoin de
lâcher un peu de vapeur.
On vous interpelle violemment ? la fureur n'est pas contre vous, elle est
en celui qui la lance.
Son équipe lui reproche d'être froide, autoritaire. Ses jugements font peur.
Elle en souffre. D'autant que cela pose des problèmes dans les services dont
elle est responsable.
Pour faire sa place dans ce milieu d'hommes, Hélène a cru qu'elle devait «
jouer au chef ». Elle a cherché à ravaler ses émotions. Elle a tenté de
dissimuler ce qui est, avec dédain, appelé « états d'âme ». Consciente de sa
sensibilité, inquiète à l'idée de montrer de la vulnérabilité, elle a préféré
endosser une cuirasse de guerrier, mettre le masque du cadre supérieur.
Le décalage est si grand que ses attitudes les plus sincères sont
réinterprétées. Lorsque, écoutant son cœur, elle aide un salarié, ou en incite
un autre à se confier, elle est vécue comme perverse et dangereuse !
Comment exprimer ses sentiments à quelqu'un qui les dissimule ?
Ils l'estimaient.
Hélène avait endossé un rôle parce qu'elle doutait d'ellemême. Son intention
n'était pas de dominer autrui. Elle cherchait à mettre à distance ses
sentiments. Ses émotions gelées, les autres ne rencontraient plus que de la
glace.
□ Oui □ Non
Raymond, endurci par une vie difficile, est directeur général dans une très
grosse entreprise. Il inspire de la crainte à ses collaborateurs. Son physique
n'arrange rien, c'est un vrai géant, massif et très raide. Sa gestion est
impitoyable. Il est volontiers cynique. Il maintient son pouvoir sur autrui
par tous les moyens à sa disposition.
Il est fascinant de découvrir tant de sensibilité chez cet homme si dur, vécu
comme un tyran dans son entreprise.
Face à son attitude, face à son imposante stature, personne ne songeait aux
intenses besoins de reconnaissance qu'il portait en lui. Personnage puissant,
les rares compliments reçus n'étaient le plus souvent que flatteries en vue de
se concilier ses faveurs.
Une personne cherche à inspirer la crainte quand son estime d'ellemême est
vacillante. Elle lutte contre l'humiliation ressentie dans son enfance en
s'enivrant de puissance. Derrière l'autoritarisme, il y a des souffrances
anciennes. La carapace est d'autant plus solide, les piquants d'autant plus
drus et pointus que la blessure a été vive et profonde.
Les jeux de pouvoir ne sont que des défenses contre des sentiments de
fragilité, de honte, de peur, de détresse, d'humiliation, de culpabilité… ou
même de colère indicible.
Plutôt que de mordre à l'hameçon qui vous est proposé, faites preuve
d'intelligence du cœur.
□ mis à distance
□ en colère
□ tendu
□ terrifié
□…
Dans le premier cas, votre interlocuteur est vraisemblablement authentique.
Dans les autres, il joue sans doute un rôle. (À moins que ce ne soit vous qui
projetiez sur lui vos parents ou vos frères et sœurs.)
Comment se comporte-t-il ?
Qu'est-ce qui vous incite à lui laisser ce pouvoir sur vous ? Ressemble-t-il à
une personne de votre passé ?
◊ Un de vos collègues joue au « petit chef » ? Quels sont ses besoins ? Est-
il suffisamment reconnu pour ce qu'il fait ? Manifestez-lui votre
reconnaissance. Vous le verrez se transformer sous vos yeux.
11
J'ai animé nombre de stages dans les entreprises sur le thème de la relation
aux clients, avec pour demande explicite de la part de la direction
d'apprendre aux employés à recevoir l'agressivité des clients. Ne pourrait-on
aussi éviter de susciter le mécontentement de ces derniers ?
Il peut toujours arriver qu'une marchandise soit défectueuse, que les délais
soient dépassés, que des urgences vous aient contraint à les faire attendre. À
vrai dire, si retard ou défaut de fabrication ne font pas plaisir aux clients,
c'est le manque de respect qui rend les clients vraiment furieux.
Comme tous les humains, vos clients ont besoin de sécurité et de pouvoir
sur leur propre vie. Chaque fois que vous les placerez dans une situation
d'incertitude ou d'impuissance, cela suscitera en eux peur et/ou colère.
Quelques jours plus tard, bien qu'un peu tendue, Patricia reprend le métro.
La rame stoppe. Immédiatement les haut-parleurs informent : « Nous vous
demandons quelques minutes de patience. Suite au repérage d'une
défaillance, des techniciens réparent la voie. Nous coupons l'électricité de la
rame pour éviter toute percussion par un autre train. »
L'avion est plein, tout le monde est assis, prêt au décollage. Rien ne se
passe… au bout d'une dizaine de minutes (seulement !) le commandant
prend le micro et annonce : « Veuillez nous excuser du retard. Nous avons
un problème de santé à bord. » Une phrase qui ne satisfait pas la curiosité
des passagers. Les commérages vont bon train.
Fournir une information claire rend du pouvoir aux gens ; la leur refuser
c'est prendre du pouvoir sur eux. Une salle d'attente pleine vous rassure ?
Pourquoi ne pas téléphoner à vos patients quand vous avez une heure de
retard ?
Pourquoi les laisser se morfondre dans votre salle d'attente ? Pour amortir
vos plantes vertes et journaux ?
Sa colère est justifiée ? Opinez. Elle est injustifiée, exagérée ? Elle cache
d'autres émotions. Respectez la colère et tentez d'écouter au-delà.
Un parent se montre agressif parce que son fils a obtenu des notes
désastreuses en fin de trimestre ? Reformulez avec compréhension :
« Vous avez peur pour l'avenir de votre enfant. Vous craignez que ces notes
ne le suivent… »
Inutile de vous sentir accusé, une insulte ne parle que de celui qui la
lance. Vous avez envie de l'insulter en retour ? Vous êtes si fragile ? Ne
donnez pas le pouvoir aux autres de vous blesser. Prenez conscience de vos
émotions, de vos besoins et parlez-en éventuellement avec un collègue.
Libérez-vous du trop-plein de tension pour pouvoir affronter calmement la
situation.
1 Cette remarque ne concerne que les pays dans lesquels règne un minimum
de démocratie.
5 Commentaire en retour.
IV
Le couple est un des terrains sur lesquels l'amour est naturellement attendu.
M ais c'est aussi le lieu privilégié de nombreux pièges relationnels. Les
émotions y sont exacerbées. Les sentiments parasites trouvent un terrain
propice à leur prolifération. Nous allons dans ce chapitre tenter de saisir les
enjeux de la relation, et passer en revue les écueils les plus fréquents. Ne
vous laissez cependant pas effrayer par les pages qui suivent. Le couple
heureux est possible et à votre portée !
L'amour n'est pas un départ, c'est un chemin. Ce n'est pas une branche à
laquelle s'accrocher, c'est un fruit.
□ vos peurs ?
□ votre tristesse ?
□ vos joies ?
□ votre amour ?
Amour ou dépendance ?
Éric Fromm
, L'Art d'aimer
Cette question revient dans les bouches des hommes et des femmes qui
manquent de confiance en eux, de sécurité intérieure et d'amour d'eux-
mêmes. Étrangement, ils se posent cette question sur l'amour que leur porte
l'autre, avant de se poser celle de l'amour qu'eux-mêmes portent à l'autre. «
Est-ce que JE l'aime ? », suis-JE prêt à donner et construire une relation
avec lui (elle) ? », « qu'est-ce que JE
ressens dans la relation ? » sont des questions autrement importantes et
pertinentes pour l'avenir d'un couple.
Il est toujours difficile de renoncer à une histoire d'amour, même si elle est
d'évidence fondée sur la dépendance. Et qui sait si le renoncement est la
bonne direction ?
Pendant des années, Priscilla a été invitée par ses amis et son psy à « faire le
deuil » de sa relation impossible avec Thomas. Ce dernier parti construire
une famille ailleurs, elle restait prisonnière de cet amour, incapable de se
tourner vers un autre homme. Contre vents et marées, elle restait attachée à
Thomas. Qui eût cru quelque chose de possible entre eux ? Pourtant, sept
ans plus tard, ils se sont retrouvés sur de nouvelles bases et ont construit un
couple et une famille solides. L'amour est un mystère devant lequel nous
sommes bien inspirés de nous incliner.
Non. Luce n'acceptait plus le rôle de victime. Prête à quitter la relation, elle
sortait de la dépendance. La position de Serge ne tenait plus. On ne peut
jouer tout seul !
nombre
de
fois
dans
ma
pratique
de
psychothérapeute.
Quand on n'est pas heureux, rompre est une question de respect de soi. Je
souligne combien il ne s'agit pas de « changer l'autre » ou de « se faire
respecter », mais de prendre sa part de responsabilité et de changer en soi.
Assumer la responsabilité de soi, c'est se respecter assez pour dire : « Je ne
veux plus souffrir. Je ne tolérerai plus telle ou telle atteinte à mon intégrité.
»
« Je revois mes erreurs. Toutes les fois où j'ai fermé les yeux. J'ai toujours
refusé de reconnaître que cette relation était impossible. J'avais de brefs
moments de lucidité puis, branchant ma volonté sur l'espoir d'un avenir
possible, j'acceptais de rester, de vivre ce qu'il me proposait en reniant une
partie de moi. M on désir d'aimer et d'être aimée, de ne plus être seule à
assumer ma vie, mon désir de partager, d'avoir un compagnon était plus
fort. »
Il est utile d'ouvrir les yeux sur la réalité, de laisser tomber les
rationalisations du style : « C'est un type qui pourrait être tellement
fantastique », « elle est blessée, mais il y a tant de richesse en elle… », « ce
n'est pas qu'il/elle ne m'aime pas, mais il/elle a peur de s'engager ».
◊ Êtes-vous dépendant(e) ?
Qu'est-ce qu'aimer ?
Dans l'amour, le désir d'être ensemble est présent, mais il n'est pas
obsessionnel. L'amour se conjugue avec un sentiment de liberté. La
relation est épanouissante
pour les deux personnes.
Envisager une rupture occasionne de la souffrance, mais ne suscite pas de
crainte. Si une séparation est imposée (hors d'un deuil) la douleur peut être
grande. Quand la rupture est définitive, elle n'ouvre pas sur le sentiment de
libération mais sur un profond sentiment de perte, de tristesse.
Et non.
Oui, parce qu'on peut aimer tout le monde (oui, je le crois !).
Oui, parce qu'aimer est un verbe dont nous sommes le sujet. Le sentiment
nous appartient.
Non, parce que si l'autre ne partage pas nos sentiments, il n'est qu'objet dans
la relation, prolongement de notre désir. L'amour est un sentiment qui relie
deux personnes, deux sujets. Étant le seul sujet, il s'agit d'un amour de soi-
même !
Si nous nous disons amoureux d'un homme ou d'une femme qui ne nous
aime pas… nous pouvons considérer notre propension à la dépendance et
nous interroger sur ce que nous jouons là de notre histoire.
– Est-ce que j'éprouve du plaisir à voir l'autre s'exprimer en tant que sujet
indépendant, même si cela contrarie mes attentes ?
Qu'est-ce qui nous pousse dans les bras les uns des autres ?
Élodie et Julien sont mariés depuis douze ans. Élodie critique sans cesse son
époux, le rabaisse en public.
Lorsqu'il
fait
des
projets,
tente
de
grandir
Julien lui permet de paraître plus solide, plus forte, meilleure. Elle se venge
sur lui (toujours inconsciemment bien sûr) de l'impuissance de son enfance.
Victime d'une éducation rigide et sévère, Élodie n'a pas reçu beaucoup de
tendresse. Elle n'a souvenir ni d'avoir été valorisée, ni d'avoir été respectée,
ni même d'avoir été simplement écoutée, reconnue pour ce qu'elle était.
Comme les deux pièces d'un puzzle, ils se sont trouvés et se sont attachés
l'un à l'autre. Ils se « complètent » bien. En conséquence, leur couple ne
peut tenir que tant qu'ils conservent tous deux la « forme » spécifique leur
ayant permis d'imbriquer leurs besoins psychiques.
On peut avoir besoin d'un conjoint pour l'aimer, bien sûr mais aussi parfois
pour le haïr, c'est-à-dire avoir quelqu'un sur lequel sortir toute la haine
accumulée depuis l'enfance.
Le couple est ainsi soudé sur une base névrotique, chacun trouvant un
bénéfice dans le rôle qu'il va jouer.
Nous avons tendance à choisir des partenaires qui vont nous permettre de
répéter les émotions non perlaborées3 de notre enfance. Les questions non
résolues de notre enfance cherchent réponse. Les schémas relationnels
appris de nos parents se reproduisent.
C'est ainsi que nos amours (surtout les premières) sont susceptibles de
réveiller nos blessures anciennes.
2. Se protéger contre une angoisse (de ne pas être aimé, d'être sans valeur,
de rester seul, de l'intimité…) 3. Libérer d'anciennes colères refoulées sans
prendre de risque face à ses parents
Dans les premières semaines de la vie, lorsque la mère satisfait les besoins
de son enfant, en le nourrissant, en le changeant, en le berçant, elle lui
apporte non seulement la satisfaction, mais un irremplaçable sentiment de
sécurité par ce message : tes besoins peuvent être remplis.
Lorsque la sécurité n'a pas été suffisante dans la petite enfance, lorsqu'elle
n'est pas intériorisée, la personne devenue adulte peut la chercher dans son
couple. Tout éloignement de l'autre (physique ou psychique) risque alors de
réveiller l'insécurité de l'enfance, et tend à susciter une forte angoisse et
toutes sortes de comportements qui peuvent se montrer exaspérants pour le
partenaire. C'est une chose à admettre, nous sécuriser ne fait pas partie de
la responsabilité de l'autre ! La sécurité est à trouver d'abord à
l'intérieur de soi.
– La prise de conscience
Caroline aimait Fabien d'un amour profond… sans jamais oser le lui avouer.
Elle a préféré épouser Thierry, pour éviter de se confronter à Fabien.
Laurent a épousé Aurélie, une jolie fille avec très peu de confiance en elle.
Aurélie ne risque pas de le remettre en cause. Elle est si gentille, si soumise.
À son côté, il peut se croire solide et puissant. En réalité il doute si fort de
lui qu'il serait terrifié à l'idée de rencontrer l'intimité avec une femme
épanouie et sûre d'elle. Il s'imagine qu'elle verrait tout de suite combien il
n'est pas ce qu'il paraît.
Plus elle crie, plus il se blinde. Exaspérée par ce qu'elle interprète comme
une fin de non-recevoir de ses émotions, elle hurle de plus belle… Pierre,
pour se protéger, ne voit qu'une solution, fermer l'huître encore davantage.
Pierre a élu Roselyne pour sa facilité à exprimer des émotions qui lui sont
inconnues. Il peut ainsi les vivre par procuration. Lorsque Pierre a perdu
son père, il n'a pas pleuré. Roselyne a versé des larmes pour lui.
m'évite de…
Ai-je moi aussi ces qualités ? Sinon suis-je prêt(e) à les développer ? Ou
est-ce que je vais compter sur mon/ma partenaire ?
◊ Triez le bon grain de l'ivraie. Observez quelques motivations ou bénéfices
inconscients de votre relation amoureuse actuelle.
Mon partenaire…
Accumulation de ressentiment
Tous les « non » que l'on ne sait pas dire s'accumulent en nous et créent une
énorme poche de ressentiment. Certains la retournent contre eux-mêmes,
sombrent dans la dépression ou la maladie. Les « portes de sortie » de la
colère vont du fameux « mal de tête » (« je ne peux pas sortir ce soir, ou je
ne peux pas faire l'amour, puisque j'ai mal à la tête ») au mal de dos (qui dit
ce qu'on ne veut pas dire : j'en ai plein le dos) en passant par nombre de
rougeurs, d'inflammations, et d'allergies.
D'autres finissent par adresser leur colère à autrui. Un rien suffit alors pour
éclater en reproches. Tous les prétextes sont bons pour humilier l'autre, lui
mettre des bâtons dans les roues.
Julie n'ose pas s'opposer à son mari. Dans leur couple, c'est lui qui décide.
Les envies et les besoins de Paul passent avant les siens. Enfant, elle n'avait
pas le droit de dire non. Adulte, elle ne sait pas dire ce qu'elle veut. En face
d'autrui, elle oublie ses besoins. M ais la rage s'accumule parallèlement à ce
sacrifice. Elle le fait payer à son mari, au sens propre. Elle dépense
beaucoup d'argent, perd ses cadeaux, et même un chéquier !
Anita a besoin d'être occupée tout le temps. Elle ne se pose jamais. Elle
s'active au ménage compulsivement. À
peine son dîner englouti, elle se lève, débarrasse et lave la vaisselle… pour
pouvoir culpabiliser son mari de ne pas faire sa part. Elle fait tant, et si vite,
que lui ne perçoit pas sa responsabilité dans les choses du ménage. De plus,
s'il se lève pour tenter de ranger ou nettoyer, elle lui assène une remarque
désobligeante. Décidément, il ne fait rien comme il faut ! Il en déduit qu'il
vaut mieux s'abstenir… et prête ainsi le flanc aux reproches d'Anita. Dans
la journée, il va volontiers au cinéma entre midi et deux. Elle, jamais. Elle
pourrait… mais elle perdrait alors une occasion de lui en vouloir…
Par ce jeu de pouvoir, Anita conserve le contrôle de la relation. Elle est tour
à tour « sauveur » en prenant en charge les besoins de son mari, «
persécutrice » quand elle le dévalorise, « victime » quand elle se plaint
d'être seule à assumer la maison.
Je sais dire mes peurs, mes colères, mes tristesses, mes joies et mon amour.
Les
disputes
sont
des
jeux
psychologiques
passe
victime
ou
inversement,
Les jeux apportent aussi leur dose d'excitation. Un peu de piment dans la
relation. Certains ont besoin de ces frictions périodiques pour réveiller une
sexualité endormie.
Comme s'il fallait payer avant de pouvoir s'offrir une réconciliation sur
l'oreiller.
M ieux vaut une attention négative que pas d'attention du tout… Nombre de
disputes surgissent sur fond de manques relationnels, de défaut de
tendresse, de frustrations affectives diverses. Quand on ne sait pas exprimer
l'émotion d'amour, dire « je t'aime » et vivre l'intimité, on peut être tenté de
jouer un jeu psychologique pour avoir son compte de signes d'attention.
Romain a quatre ans. Si on tente de prendre ce petit garçon dans les bras, il
se débat. Car s'ouvrir, se laisser aimer par quelqu'un, c'est prendre un risque
trop grand, celui de reprendre contact avec l'intensité des émotions vécues
dans son court passé. Il n'avait que trois mois quand son père est parti. Un
an plus tard, il a été abandonné par sa mère. Pour survivre à la détresse et à
l'isolement, il a monté une muraille de protection entre lui et les autres.
À quarante ans, Raoul ne peut toujours pas s'ouvrir aux autres, sous peine
de voir resurgir de trop intenses peurs, rages et détresses. À peu de choses
près, il a vécu une histoire semblable à celle de Romain. Comme lui, il s'est
barricadé.
Un excès de gentillesse peut être intolérable pour un être qui a trop mal, la
tendresse peut déclencher de fortes agressions, contre celui qui s'approche
ou contre soi-même.
□ j'ai du mal à prendre un ami dans mes bras □ je me sens gauche quand je
reçois un cadeau ou un compliment
(décidément…), éviter
Le coup de théâtre :
Je manquais de…
Je me sentais…
M élanie aime son mari, mais elle vit sur ce même schéma de reproches
permanents. À l'analyse, elle identifie, au-delà de sa colère contre Stéphane,
une colère profonde contre « les hommes », c'est-à-dire plus précisément
son père. Elle réagit avec violence sitôt qu'elle se sent en train de s'identifier
à sa mère, ou qu'elle détecte sous un comportement de son mari une
similitude avec une attitude de son père.
Les disputes ont pour but de confirmer des croyances négatives sur soi, sur
l'autre et sur la vie. Chaque fois que nous nous entendons dire «
décidément… » nous pouvons suspecter une croyance ancrée en nous : «
Décidément je suis nulle, décidément les hommes sont des enfants,
décidément les femmes sont des empêcheuses de vivre simplement,
décidément je suis incompris, décidément la vie en couple est impossible,
décidément je ne suis pas digne d'être aimé… »
Le vôtre :
passivité
Comment s'élaborent des croyances aussi destructrices sur soi et les autres ?
Ces « décidément » se sont mis en place dans notre enfance pour survivre à
une grande détresse, pour donner un sens à une douleur : L'enfant ressent un
besoin. Il appelle. Sa maman vient et satisfait le besoin. La boucle est
bouclée.
Autre possibilité :
L'enfant ressent un besoin. Il appelle. Personne ne vient.
Il crie plus fort, il se met en colère, maman vient. Elle reconnaît la colère de
l'enfant, satisfait son besoin. La boucle est bouclée.
Ou encore :
Les partenaires jouent des jeux quand ils ne vivent pas suffisamment
d'intimité.
Contrairement à une idée reçue, les disputes ne sont pas inéluctables. Ces
jeux psychologiques ont certes une fonction, mais ils détruisent la qualité de
la confiance l'un dans l'autre.
complémentaires
De manière générale, les femmes qui répriment leurs vrais sentiments ont
tendance à critiquer, tandis que les hommes s'absentent, physiquement ou
affectivement.
Démontons le mécanisme :
Parce que les hommes et les femmes ont vécu, enfants, des
expériences
distinctes,
leurs
peurs
sont
Nombre de femmes ont pour peur centrale d'être abandonnées. Elles se sont
senties lâchées par leur mère.
Alors elles s'accrochent à l'homme de toutes leurs forces, de tout leur cœur,
de toute leur âme. Elles se rassurent sur leur identité dans la proximité
physique, elles ont besoin de contact intime. Elles cherchent à tisser autour
de l'homme des filets qui le maintiendront auprès d'elles.
M ais les hommes qui ont eu des mères trop envahissantes détestent ces
toiles d'araignées qui tentent de les retenir. Ces dernières ressemblent trop
aux tentacules mystérieux de leur mère.
Parmi les hommes qui ne sont pas dégagés de leur mère, certains voient les
femmes comme de véritables pieuvres, dont l'emprise les fascine et les
terrorise. Ils peuvent choisir des femmes qui sont plus jeunes qu'eux,
étrangères issues de pays en développement et/ou femmes socialement
dévalorisées, des fleurs fragiles à protéger et à guider dans la vie.
Parmi les femmes qui ne sont pas dégagées de leur père, certaines voient les
hommes comme de drôles d'oiseaux farouchement indépendants et
susceptibles, qui les attirent magnétiquement, mais avec lesquels il faut
manœuvrer avec précaution de peur qu'ils ne partent.
Les blocages de ces hommes et de ces femmes sont différents, mais pas
moins importants. Les femmes ont la réputation d'être plus émotives. Nous
avons vu que cette émotivité de surface peut être une défense contre les
véritables émotions.
respectifs.
Prenons
chacun
la
responsabilité de nos émotions et besoins.
Elle l'a harcelé au téléphone, demandant à lui parler pour comprendre ce qui
s'était passé… pour mieux l'insulter.
Elle a refusé le divorce, tenté d'altérer son image auprès de leurs amis et
famille. Cinq ans plus tard, elle lui en veut toujours et est incapable de
nouer une nouvelle relation. Sa rancune l'empêche de faire le deuil de ce
premier mariage.
Toute cette rage projetée sur Daniel lui évite de regarder sa propre réalité.
En thérapie, elle accepte enfin de considérer sa part de responsabilité dans
l'histoire. Un jeu se joue toujours à deux ! Céline s'est toujours montrée
dépendante de Daniel. Elle lui reproche son manque de gratitude. Elle lui a
tant donné ! En y regardant de plus près, elle avoue qu'elle donnait… pour
se faire aimer, pour justifier son existence. Elle faisait certes passer les
besoins de Daniel avant les siens, mais c'était parce qu'elle avait peur de se
montrer ellemême.
Vous avez perdu de vue la personne ? Elle a disparu de votre vie, et vous ne
savez ni où ni comment reprendre contact ? Vous ne pouvez plus demander
réparation, il vous faut vous réparer vous-même. Ne continuez pas pour
autant à porter ce poids. Écrivez-lui votre reste de rancœur et postez-lui la
lettre avec une adresse fantaisiste mais signifiante ou brûlez-la en la lui
adressant mentalement.
2. Ma part de responsabilité :
Une émotion perlaborée est une émotion qui a été reconnue, acceptée,
traversée et à laquelle un sens a été donné.
Tout
cela
bien
entendu
sans
jugement.
La
CONJUGUER L'AMOUR
EN COUPLE
Comment fonder les bases d'un couple heureux ? Tout le monde le dit, il est
important de s'aimer soi-même pour accepter d'être aimé et éviter les jeux
de pouvoir décrits au précédent chapitre. Mais comment faire pour s'aimer
?
Vous avez bien lu, non pas « laisser » l'autre être lui, mais « l'écouter » être.
C'est une dimension d'accompagnement toute différente.
'aimer soi-même
Béatrice a du mal à se sentir aimée par son mari. Il manifeste pourtant son
amour par beaucoup de tendresse et d'attentions. « Je pense qu'il m'aime,
mais je n'arrive pas à m'en persuader », dit-elle.
Ils étaient tellement bien l'un avec l'autre. Cet homme avait une autre amie,
Béatrice le savait. Lors du décès de leur amoureux commun, cette femme,
d'une voix sèche et dure lui a asséné : « Tu n'étais qu'une passade pour lui,
tu n'avais aucune importance. Il s'amusait avec toi, mais il ne t'aimait pas. »
Elle se sentait si peu le droit d'être aimée. Déjà ses parents étaient inattentifs
à ses émotions profondes, ne l'écoutaient pas et ne verbalisaient pas leur
amour. Le décès prématuré de cet homme et les mots vengeurs de la jeune
femme lui ont asséné le coup de grâce. Elle en a conclu : « Jamais un
homme ne pourra m'aimer. »
Pour modifier cette croyance négative, j'ai accompagné Béatrice dans ses
souvenirs de jeunesse. Revivant son histoire, elle a retrouvé l'accès à ses
émotions d'alors. La jeune femme qu'elle était, soutenue par la femme
d'aujourd'hui, savait ce qu'elle avait vécu. Les mots de l'autre femme ont
perdu leur capacité de nuisance.
Elle s'est mise à l'écoute de la jeune fille qu'elle avait été, une vague de
tendresse l'a envahie. Cette jeune Béatrice était décidément digne d'être
aimée !
Une fenêtre intérieure s'est ouverte dans son cœur, et l'amour de son mari a
pu enfin pénétrer en elle.
◊ Explorez ce qui vous donne dans votre vie l'impression de ne pas être
aimé(e).
Cherchez dans votre passé, d'où peut venir ce sentiment de ne pas être aimé
? À quelles occasions l'avez-vous déjà ressenti ?
Dans le couple comme ailleurs, pour s'épanouir et être heureux, les humains
ont besoin de se sentir en sécurité et d'avoir du pouvoir sur eux-mêmes. Un
sentiment de mutuelle gratitude unit alors les deux tourtereaux et l'émotion
d'amour se vit plus souvent.
Chacun se sent libre s'il a la permission de s'exprimer et s'il est écouté sans
être jugé. Pouvoir ainsi s'exprimer et être entendu donne un sentiment de
liberté, de gratitude, de pouvoir sur sa propre vie.
Que ressentez-vous ?
◊ En vous engageant ainsi, vous prenez une grande décision pour votre
épanouissement personnel, mais mesurez combien il est parfois difficile
d'assumer en permanence la responsabilité de ses comportements, émotions
et besoins !
L'expression de soi
« Elle n'a pas essayé de me changer. Elle m'a demandé de ne pas fumer
chez elle, c'est normal. M ais elle ne m'a pas fait la leçon, rien. Pour voir,
j'ai testé, on s'est arrêté en voiture, elle est descendue acheter un journal, en
l'attendant j'ai allumé un cigare dans ma voiture, fenêtres ouvertes tout de
même. Quand elle est revenue, elle n'a rien dit. Je veux dire, elle n'a pas fait
semblant, elle m'a dit “tu sens le tabac”, mais c'était amoureux, sans
reproche. Je n'ai pas envie de fumer en sa présence. Je l'aime, elle est de
plus en plus présente dans ma vie, pour me rapprocher d'elle peut-
être, ou bien de moi… Peu à peu, je n'ai plus eu envie d'allumer un cigare.
Je n'ai pas vraiment fait exprès, mais je me suis rendu compte que j'oubliais
de fumer. »
Le non-jugement fait des miracles dans la relation. C'est une attitude qui
ouvre un tel espace de sécurité et de liberté que l'autre se sent vraiment bien
à vos côtés… M ais si ses parents avaient l'habitude de le juger, il aura
besoin de s'habituer à votre différence.
Si vos phrases parlent de vous, de vos besoins, de vos émotions, votre
partenaire est invité à se centrer sur vous.
Par exemple :
◊ Pour contrebalancer votre tendance au jugement négatif, nommez trois
qualités que vous admirez chez votre partenaire.
L'intimité
« Je n'ai rien à lui dire » signifie en fait « Je n'ose pas lui dire ce qui me
préoccupe vraiment ». On s'ennuie l'un avec l'autre parce que des choses
indicibles font obstacle à la communication.
Il est utile de parler de soi sans attendre une réponse, de parler dans le
dessein de s'exprimer, de se dire, d'être authentique. C'est une façon d'ouvrir
une porte.
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également
sur
vos
peurs,
vos
Lors d'un entretien, Thérèse me dit que son mari ne lui parle pas beaucoup.
Elle aimerait bien en savoir un peu plus sur son travail, peut-être rire avec
lui des anecdotes arrivées pendant la journée, connaître les clients… M ais
elle avoue qu'elle ne lui demande jamais de parler de sa journée. « S'il ne
m'en parle pas c'est qu'il n'en a pas envie, je ne vais pas l'embêter ! »
D'ailleurs, elle ne parle pas non plus de son propre travail. Elle ne veut pas
l'ennuyer. « Il n'y a rien à raconter », dit-elle. À force d'avoir peur d'embêter
l'autre, ils ne savent plus quoi se dire. C'est ainsi que l'ennui s'installe peu à
peu. Thérèse ne sait pas vivre l'intimité. Elle ne s'exprime pas, et ne cherche
pas à pénétrer le monde de l'autre, pas même celui de son compagnon.
Les parents de Thérèse ont divorcé quand elle avait douze ans, une
séparation fort traumatique puisque, de ce jour, son père a commencé à
boire. Quand je lui demande les raisons de ce divorce, elle réfléchit un
instant puis me répond qu'elle ne le sait pas. Comment ses parents ont-ils
ressenti la séparation ? « Je ne sais pas. » Ses parents ne lui ont rien dit. Ni
l'un ni l'autre ne parlent jamais de ce qu'ils ressentent, et non seulement
Thérèse n'aurait pas osé le leur demander, mais elle n'y a tout simplement
jamais pensé. Pourtant, oui, à la réflexion elle aurait bien aimé comprendre
leurs motivations, leurs pensées, leurs sentiments. M ais, dans sa famille, on
ne se parle pas de ces choses-là.
Elle me répond, mais elle n'aborde pas spontanément les sujets qui la
préoccupent. Elle reste plus passive qu'active dans la relation, comme si elle
était là pour moi, et non moi pour elle. Je note cette attitude à mon égard et
l'ajoute à ce « je ne sais pas » qui m'avait étonnée. M anifestement, Thérèse
a l'habitude de faire ce qu'on lui dit sans poser de questions. Elle a appris à
être là pour les autres et existe peu dans la relation. Je peux penser qu'elle a
eu des parents peu attentifs à ses besoins, et plutôt centrés sur eux-mêmes.
Au bout d'une demi-heure d'entretien, je l'invite à me poser à son tour
quelques questions. Avant d'entamer un processus thérapeutique, il me
paraît justifié de connaître différentes choses sur le thérapeute, son
parcours, sa façon de travailler, ses valeurs… Elle me regarde ébahie. « Je
ne sais pas quoi demander. » J'insiste. Elle reste silencieuse cinq longues
minutes puis ose un timide : « Suis-je normale ? » Par ces mots, elle me dit
son doute sur ellemême, son peu d'assurance devant les gens. Elle ne s'est
pas autorisée à élaborer une question me concernant.
Thérèse n'ose pas demander, n'ose pas pénétrer dans l'intimité de l'autre.
Elle n'ose pas exister, ni faire exister les autres en les questionnant sur eux.
Pour elle, les autres sont comme ses parents, impénétrables. Il est inutile de
leur poser des questions.
Posez-lui des questions sur sa journée. Aidez-le(a) à mettre des mots sur les
émotions ressenties… SANS
JUGEMENT !
◊ À quel rythme dites-vous « je t'aime », les yeux dans les yeux, sans
bloquer votre respiration, à votre amoureux, compagne ou compagnon de
vie ?
□ de temps en temps
□ rarement
□ jamais
◊ Vous aimez, mais vous n'arrivez pas à prononcer les mots qui disent votre
amour ? Qu'est-ce qui vous retient ?
□ j'ai peur… de quoi ?
□ je me sens gauche
□ je ne sais pas
Osez un vrai « je t'aime », les yeux dans les yeux, en respirant dans votre
bassin, en laissant l'émotion d'amour brûler dans votre poitrine puis vibrer
partout en vous, de la tête aux pieds. Quelques larmes peuvent perler aux
coins de vos yeux.
3. 4.
5. 6.
7. 8.
9. 10.
◊ Pendant les dix prochains jours, guettez le moment propice et faites-lui
remarquer tendrement chacune de ces dix qualités. Un compliment par jour
!
de
l'émotion
d'amour
en
respirant
◊ Posez votre main sur celle de votre partenaire, fermez les yeux, et
respirez. Installez tout d'abord en vous une respiration calme et profonde,
inspirez l'air jusque dans votre bassin. Puis, les yeux ouverts ou fermés,
prolongez mentalement
votre
contact
jusqu'à
son
cœur.
Intérieurement établissez un lien de cœur à cœur. Laissez s'installer et
s'épanouir la sensation de chaleur dans votre poitrine.
◊ Laissez les sensations de l'émotion d'amour vibrer dans tout votre corps.
Tout n'est pas toujours rose dans un couple. Pour conserver malgré tout
l'harmonie de la relation, ne pas céder au jeu de pouvoir, à la tentation de se
soumettre ou de soumettre l'autre, il est nécessaire de savoir s'opposer.
Face au moindre achat ou devant une croisée des chemins, M aryse hésite
sans fin, elle a peur de se tromper, de ne pas faire « le bon choix », elle
quête l'approbation d'autrui. Dépendante des autres, de leurs désirs mais
aussi de leur jugement, elle ne dit jamais non.
M aryse vit au quotidien avec des rideaux choisis par sa belle-mère.
L'agencement des meubles et des objets dans sa maison, même la
décoration de sa chambre, ne sont pas d'elle. Elle n'a jamais osé contrer les
goûts ou les idées de son mari, de sa mère ou même de sa belle-mère. Pas
étonnant qu'elle ne se sente pas vraiment chez elle. À vrai dire, elle ne se
sent pas chez elle sur terre.
On peut être tenté de taire une difficulté : « je ne vais pas l'ennuyer avec ça
», « ce sont des broutilles », « ce sont mes émotions, ça me regarde », «
c'est mon jardin secret… » L'objectif conscient mis en avant est de protéger
le couple des tourbillons. En réalité, chaque émotion non partagée
prépare la séparation. De nombreux couples vivent ensemble depuis des
dizaines d'années sans se parler. Je pense qu'ils sont séparés, sinon
physiquement, du moins affectivement.
□ faire de la peine
□ provoquer une rupture □ prendre des coups
□ transgresser : j'ai le sentiment que je n'ai pas le droit d'avoir des désirs
personnels
□ autre…
Bien sûr celui qui dit toujours oui est apprécié (puisqu'il fait ce qu'on lui
demande). Dans le couple, au début, tout est rose, mais bientôt le partenaire
s'énerve de ne pas rencontrer de résistance, de consistance chez cet éternel
soumis… Les autres ont besoin de nous connaître pour nous aimer, ils ne le
peuvent pas si nous nous dissimulons.
Rose ne voit pas pourquoi elle dirait non. Elle ne sait pas vraiment ce
qu'elle aurait à proposer ou à demander à la place. La question « de quoi as-
tu besoin ? » la laisse pantoise.
Quand nos propres désirs nous semblent illégitimes, quand nous avons
appris à les faire taire pour écouter ceux de nos parents, nous avons
tendance à continuer de les ensevelir en nous. Nous restons persuadés qu'il
n'y a pas de place pour deux. C'est lui ou moi, comme je n'y ai pas droit,
c'est lui.
Vous êtes énervé(e) ? Exaspéré(e) par les disputes des enfants ? Vous
critiquez votre partenaire ? Vos émotions vous informent sur vos besoins.
Avec un peu d'attention à votre vécu intime, vous découvrirez vite quel
besoin est frustré.
(Après avoir dit non, vous pouvez éventuellement revenir sur votre décision,
mais ce sera véritablement votre choix, et non un oui automatique.
L'entraînement à dire non systématiquement pendant une courte période
vient contrebalancer l'habitude de dire oui un peu trop vite.)
◊ Une fois que je me suis entraîné(e), la semaine suivante, je dis NON (et je
m'y tiens) à trois demandes de mon partenaire.
7
Exprimer un mécontentement
Quand vous êtes mécontent, quand un de vos besoins n'est pas satisfait,
quand vous avez mal, quand votre partenaire vous a blessé, frustré, il est
fondamental pour votre couple de le lui dire clairement. Si vous ne lui
signifiez pas ce que son comportement provoque sur vous et sur votre
couple, il peut ne jamais en prendre conscience.
Non, il n'est pas censé deviner. Chaque personne a son histoire et lit le
quotidien à sa manière personnelle. Les hommes et les femmes ont des
habitudes distinctes. Il est tout à fait irréaliste de croire par exemple « s'il
m'aimait vraiment, il ne ferait pas cela ».
sans
jugement.
Elle
porte
sur
un
comportement, jamais sur l'être. Toute suspicion d'accusation, de
culpabilisation, de jugement, entraîne aussitôt chez l'autre un processus
défensif tel qu'il n'entendra plus la confrontation, la dévalorisera ou n'en
tiendra pas compte.
Qu'est-ce qui se cachait derrière cette résistance ? Julie n'a pas tardé à le
découvrir. Choisir date et heure de rendez-vous avec son conjoint pour
discuter de la relation, c'était prendre la responsabilité de ses désirs et
besoins. Exit le prince charmant qui devine les problèmes et solutionne tout
pour vous sans que vous ayez à lever le petit doigt !
Prendre rendez-vous est loin d'être ridicule dans un couple. C'est respecter
suffisamment ses propres besoins pour leur donner espace et temps, c'est
assumer la responsabilité de ses désirs, ne pas les faire porter par le
conjoint. C'est respecter ce dernier en évitant de l'interpeller sans
préparation. C'est s'assurer que les deux partenaires sont disponibles et
désireux de parler d'eux au même moment. C'est prendre le risque de
permettre au partenaire de s'exprimer librement. C'est aussi se donner la
permission de se préparer psychologiquement et d'être plus attentif aux
mots employés. C'est donc mettre toutes les chances de son côté pour que la
discussion soit productive, s'oriente vers la résolution du problème et non
vers une dispute.
Éviter jugements et jeux de pouvoir n'est pas aussi simple qu'il y paraît. Les
habitudes peuvent se mettre en travers des meilleures intentions.
1. Les faits
2. Votre ressenti
3. Votre besoin
4. Votre demande
Voici
deux
exemples
d'expression
de
sentiments authentiques :
M ais votre partenaire ne voit pas forcément son avantage dans l'histoire.
Lui n'est ni blessé, ni frustré… M ontrez-lui les conséquences de la négation
de vos besoins sur votre relation. Informez-le/la de ce que son attention à
vos besoins modifiera dans votre attitude à son égard. Cette dernière partie
n'est pas centrée sur vous. « De manière à ce que je me sente mieux… »
n'aura aucun impact. Ou alors dans la dépendance et le chantage affectif,
par la culpabilisation. Votre partenaire n'est pas en charge de votre bien-être
! Dites-lui ce que cela changera pour lui/elle !
Identifiez vos émotions et sentiments. Après avoir vérifié que vos sentiments
sont appropriés et non des élastiques, collections, substitutions…
Construisez votre phrase de confrontation.
Quand tu…
Je ressens…
Et je te demande de…
De manière à ce que…
Quand l'autre n'a pas le même besoin que vous, dites-lui ce que vous
ressentez. Il peut éventuellement avoir envie de le faire pour vous, pour la
qualité de la relation. Il peut aussi dire non. Demander clairement implique
d'accepter un éventuel refus.
Votre
compagne/on
vous
blessé(e). Tout
Vous avez été blessé ? Après avoir exprimé vos sentiments, explorez
ensemble ce qui s'est passé. Sans partage, il est impossible de pardonner. Il
reste une faille dans la confiance mutuelle. On a toujours peur, même si on
met un mouchoir dessus.
« J'ai passé l'éponge, c'est oublié » est une illusion dangereuse. Soit on a
besoin de passer l'éponge parce que ce n'est pas encore net, il reste une
tache. Le fait de comprendre dissout la tache. Plus besoin d'éponge ! Je
passe l'éponge signifie j'absorbe (comme une éponge), je garde !
◊ Dès ce soir, décidez d'en reparler avec votre partenaire. Prenez rendez-
vous… Courage. Votre amour ne peut qu'en sortir grandi.
Interprétations égocentriques
et grain de vérité
Non, les réactions de l'autre ne sont pas fatalement dirigées contre vous.
Non, il n'est pas en retard pour vous embêter. Il est temps de sortir de
l'égocentrisme. Nul n'est parfait, celui que vous aimez a aussi ses blessures.
Lui aussi peut être victime de circonstances difficiles. Ses comportements,
ses attitudes, vous parlent… de lui !
Des traits tirés, des yeux rougis, une attitude de retrait, un teint pâle, le
silence, sont vite interprétés comme étant autant de signes de
désinvestissement de la relation, de culpabilisation ou d'agressivité (c'est
selon), alors qu'il n'en est rien.
Jocelyne, rejetée par ses parents, se sent abandonnée dès que son ami est en
retrait.
Pour ne pas laisser votre histoire altérer votre relation actuelle, osez en
parler avec votre partenaire. Surtout si vous êtes convaincu de la justesse de
votre interprétation !
je me sens… (ressenti)
J'ai besoin de savoir ce qui se passe pour toi de manière à ce que je retrouve
ma liberté d'expression avec toi, et que notre relation reste constructive. »
Aletha se sent incomprise, elle est plongée dans la confusion, elle percevait
quelque chose et Bernard lui dit le contraire. Qui doit-elle croire ? son mari
ou ses propres perceptions ? Dans les deux cas, elle perdra le contact avec
lui. En effet, si elle fait confiance à ses propres perceptions, elle est obligée
de se rendre compte que Bernard lui dissimule une information. Elle peut se
demander pourquoi, imaginer toutes sortes de choses. Elle perd confiance
en lui. Si elle accepte les dires de Bernard, elle perd la confiance en son
propre ressenti. Elle plonge dans l'irréel.
M ais au fond de lui, il le sait, Aletha n'a pas tort. Il y a quelque chose : il
est furieux contre elle depuis plusieurs jours. La raison ? Dimanche elle a
refusé de passer chez ses parents.
Aletha a réagi à un léger retrait de son mari. Elle a perçu une distance dans
la relation. Sa formulation « Tu ne m'aimes plus » est excessive. Elle
contient cependant un grain de vérité. Bernard n'est pas en contact avec son
amour pour Aletha, il est en colère. En répondant « M ais si, je t'aime », il
évacue le problème. Il lui dit cela pour la rassurer bien sûr, car il est clair
que son amour pour elle n'est pas remis en cause par cette broutille. Il ne
réussit cependant qu'à l'insécuriser davantage. Elle sent qu'il se passe
quelque chose.
– Écoute, c'est vrai, depuis quelques jours je suis énervé contre toi parce
que je ne sais pas quoi faire. J'ai vraiment envie d'aller voir mes parents et
tu ne veux pas venir. Je me sens coincé et je ne sais pas comment aborder le
problème.
Votre mari, votre femme, pleure, envahi d'une forte émotion ? N'hésitez pas
à le/la prendre dans les bras. La seule chose dont on ait besoin quand on
vit une émotion… est de pouvoir la vivre jusqu'au bout, d'être accueilli.
Ne soyez plus démuni devant les sanglots de votre
Votre aimé est dans la peur ? Il veut être entendu dans sa peur avant d'être
rassuré. De plus, il est possible qu'il n'ait jamais besoin d'être rassuré ! Une
peur exprimée, accueillie et respectée… ne fait plus peur !
Il est normal d'avoir peur à la veille d'une grande transformation. Peur d'un
engagement, peur d'aimer, peur d'accoucher, peur de tout ce qui va changer
quand l'enfant va naître, peur d'un déménagement, peur du départ des
enfants, peur de la mort… Ce sont des peurs utiles. Elles nous préparent au
changement. Elles nous aident à laisser aller l'ancien pour accueillir le
nouveau.
Il ou elle a peur d'un examen, d'un entretien, d'une situation ? Vous pouvez
lui tenir les mains, le/la caresser, frotter son dos, lui masser les épaules. Le
contact physique rassure. Souvenez-vous, ni solution ni conseil (ou un
peu plus tard). Aidez-le/la à préciser de quoi il/elle a peur.
Quand l'autre est prêt à prendre son courage à deux mains, et à lâcher la
peur, vous pouvez le/la prendre dans les bras, le/la serrer contre vous
brièvement (pour que votre réassurance ne devienne pas un obstacle de plus
à dépasser).
C'est son vécu, cherchez à sentir ce qu'il ou elle sent, à vous identifier à ce
qu'il vit pour mieux comprendre. Il a besoin d'empathie plus que de toute
autre chose.
Si la colère vous est adressée, après l'avoir entendue et avoir reconnu votre
éventuelle responsabilité, offrez réparation.
– « Je vois que… »
– « J'imagine que… »
– « Comment vis-tu ça ? »
– « Comment comprends-tu ça ? »
Cette
phrase
courante
du
langage
du
10
Notre société a évolué, mais la sexualité n'est pas encore considérée comme
une dimension naturelle de l'humain.
C'est un espace intime, certes, mais surtout une zone où chacun est si peu
sûr de lui, qu'il lui paraît dangereux de s'y aventurer autrement que bardé de
principes, de grasse ironie ou d'humour salace.
Ces mots étranges appellent des petits rires gênés, incitent les enfants à se
montrer mutuellement en cachette dans les toilettes de l'école cette drôle de
zone du corps que les parents assortissent de diminutifs tendres, tout en
enjoignant de la cacher. Tout à fait paradoxalement, et comme pour rajouter
de la confusion dans ces chères têtes blondes, les mêmes parents
s'offusqueront d'entendre la vulve appelée « chatte » ! En quoi « minou »
serait plus acceptable ?
Faire l'amour implique le corps, le cœur et l'âme. Dès qu'un message négatif
se glisse en nous (c'est sale, il ne pense qu'à ça, les femmes sont des…), le
corps se sépare du cœur, le rapport sexuel ne peut plus avoir lieu qu'en
dehors de tout lien affectif, avec des partenaires de passage, ou en excluant
toute émotivité pendant l'acte : amour performance ou corps figé.
Notre rapport à la sexualité est façonné par les messages directs et indirects
reçus dans l'enfance.
– de votre mère ?
Affichez-les dans votre chambre à coucher. (Vous n'êtes pas obligé de faire
visiter votre chambre à votre belle-mère.)
Son aisance apparente était une construction pour éviter une véritable
intimité. Elle pouvait prendre des initiatives, gémir sous les caresses et
même hurler sous l'orgasme, mais à condition de ne pas prononcer un mot !
Parler lui paraissait incongru. Dans un premier temps, elle s'est défendue en
arguant que cela « casserait la magie des sensations ». Puis elle s'est rendue
à l'évidence : elle se sentait « sale » si elle parlait. Dire ce qu'elle ressentait
l'exposait. Elle avait peur du jugement de son compagnon, peur d'être
ridicule, d'être moquée.
Elle n'est pas donnée une fois pour toutes, elle se construit tout au long des
années. Sous peine de vous lasser ou de lasser votre partenaire, osez faire
grandir votre relation amoureuse et sexuelle en vous parlant et en vous
informant.
Sandra n'a jamais connu d'orgasme. Thérèse ne connaît que le plaisir
clitoridien et supporte mal la pénétration.
Comme toute chose, faire l'amour s'apprend. Cela s'apprend à deux. Une
intimité émotionnelle suffisante est nécessaire pour aborder la sphère de la
sexualité.
◊ Entrez sous la douche avec lui (elle).
Une approche progressive peut être nécessaire pour lever une excessive
pudeur.
Touchez, sentez son corps sous vos doigts, sous les mains, soyez attentif aux
sensations que vous procure sa peau.
Pour que l'exercice soit vraiment fructueux pour vous, tenez bien vos vingt
minutes, et pas de sexualité ni pendant, ni juste après. Si vous avez envie de
faire l'amour, prenez le temps d'une petite pause d'abord. Ce n'est pas un
préliminaire amoureux, mais un exercice d'éveil de vos
sensations, et non des siennes. Ne cherchez pas à lui faire plaisir, à vérifier
si telle ou telle caresse lui est agréable ou non. Il s'agit d'explorer vos
sensations de toucher.
Lever les blocages, c'est aussi parler. La sexualité est un espace où la parole
aide à un accomplissement harmonieux.
Dites : « J'aime quand tu me caresses les seins en les englobant bien comme
tu le fais. En revanche, quand tu pinces le mamelon, c'est désagréable pour
moi, et un peu douloureux. »
◊ Vous osez :
□ dire que vous aimez une caresse spécifique □ décrire vos sensations et vos
sentiments □ dire ce que vous aimeriez qu'il (elle) vous fasse □ dire à votre
partenaire que vous n'aimez pas une caresse spécifique ou la façon dont il
(elle) vous touche
◊ Prenez conscience de ce que vous aimeriez dire mais n'avez jamais osé
dire…
Toutes sortes de choses peuvent altérer le plaisir. Il peut arriver par exemple
que votre partenaire ait mauvaise haleine. Comment le lui dire sans le
blesser ? Vous avez l'option de simuler un mal à la tête… mais il peut se
sentir rejeté, et le mensonge est toujours coûteux à long terme.
N'hésitez pas à lire ensemble des ouvrages sur les différentes manières de
faire l'amour, sur ce que ressentent les hommes et les femmes, pour combler
cette immense carence d'information imposée par notre société.
Il peut aussi être très bénéfique et intéressant de communiquer sur ce plan
avec des amis du même sexe que soi. Comparer ses expériences, non dans
un esprit de compétition, mais dans un esprit de partage et de confrontation
de ses façons de faire et de vivre les choses avec autrui, parler de son vécu,
de ses sensations, des caresses appréciées, mais aussi de ses hésitations, de
ses doutes, de ce que l'on n'aime pas ou que l'on redoute, tout cela est très
enrichissant, si cela reste bien entendu sans jugement ni dévalorisation.
11
Désir et plaisir
On dit que dans un couple le désir s'émousse au long des années. S'il est
vrai que le désir n'a pas la même force impérieuse que dans les tout
premiers émois, il peut rester présent au cours du temps. Et même
s'approfondir, à condition que la relation soit vivante. Respect mutuel,
sentiment de liberté, partage émotionnel, admiration, gratitude sont les
ingrédients du désir, bien plus que beauté plastique ou nouveauté.
◊ La prochaine fois que vous ferez l'amour, pensez à respirer jusque dans
votre bassin. Une fois cette respiration profonde installée, allez plus loin.
– Et toi tu cries ?
– Non. »
Ils deviendront rapidement plus naturels à mesure que vous vous donnerez
la permission de vous exprimer.
12
Fidèle ? Infidèle ?
« Simplement, tu n'es pas tout. Tu n'as pas tout en toi et donc j'ai eu envie
d'aller voir ailleurs. Cela ne change rien à notre relation. Je t'aime toujours
de la même façon. »
Viviane est déstabilisée. Elle se sent dévalorisée. Qu'a donc cette autre
femme qu'elle n'a pas ? Elle ne peut tout de même pas se changer pour
plaire à Timothée. Il dit que son amour pour elle est intact. Sa colère est
donc hors de propos. Elle ne sait plus que dire, que faire, que penser.
Timothée est habile ! C'est vrai. On ne peut tout avoir, tout trouver dans la
même personne. Certaines sont blondes, d'autres brunes. Certaines sont plus
intellectuelles, d'autres plus rigolotes… Certes, Timothée pourrait se
contenter de ce qu'il a. Il serait alors dans une dynamique de frustration,
reprocherait sans cesse à Viviane de ne pas lui fournir telle ou telle
dimension.
Dans une quête d'Avoir, dans un amour pour un objet, l'infidélité est
logique… et le clivage est tel qu'on peut très bien penser que ça n'a rien à
voir avec la nature de la relation « officielle ».
dire comment grandir ensemble, se frotter l'un à l'autre dans nos différences
pour évoluer, cesser de projeter nos manques sur l'autre et en guérir les
blessures en soi.
Je suis fidèle parce que je me le suis promis, parce que je décide d'investir
toute mon énergie amoureuse dans une même relation.
Si je suis fidèle parce que je l'ai promis à mon partenaire, ou parce que je ne
veux pas faire souffrir l'autre… D'une part cette fidélité risque de me peser.
D'autre part, si mon partenaire ne l'apprend pas…
et
◊ Que ressentez-vous ?
VI
DES PARENTS
Nous avons grandi. Pourtant, nos parents continuent à être les seules
personnes devant lesquelles nous nous comportons comme des gamins.
Comme si le passé nous collait aux chaussures, nous n'osons pas leur parler
normalement.
Il y a ceux qui ne voient plus leurs parents, ceux qui déjeunent avec eux
tous les dimanches, ceux qui vont consciencieusement remplir leur devoir
filial deux fois l'an, ceux qui se chamaillent gentiment, ceux qui se crient
dessus, ceux qui ne savent s'échanger que de l'argent, ceux qui n'échangent
rien du tout, ceux qui s'aiment en silence mais ne se le disent jamais, ceux
qui se détestent, ceux qui ont peur les uns des autres, ceux qui se contentent
de relations superficielles… et quelques-uns qui vivent l'intimité, se parlent
et s'aiment.
□ sans histoires
□ superficielle
□ profonde
□ nourrie de disputes
□ pleine de vide
□ riche
□ neutre
□ pleine d'amour
□ pleine de haine
□ pleine de peur
□ pleine de rancœurs
□ rageuse
□ silencieuse
□…
□ Il y a des choses que je ne fais pas dans ma vie de peur de leur déplaire.
◊ Après les avoir vus, je ressors (rayez les mentions inutiles et ajoutez les
sentiments qui correspondent à ce que vous ressentez) :
épuisé
furieux
émotionnellement
nourri
dépressif…
Pour redonner vie aux repas de famille, retrouver une relation pleine et
riche avec ses parents, devenir adulte et libre de son passé, il y a un chemin
de réconciliation à parcourir.
Pour se réconcilier, il faut tout d'abord percevoir le conflit. Irène n'en voit
pas. Elle aime ses parents… M ais au bout de quelques heures en leur
compagnie, elle s'ennuie.
Toute relation peut évoluer. Pourquoi ne pas oser dire ce qui ne nous
convient pas ? Pourquoi ne pas veiller à la santé de la relation ?
Catherine éprouve une étrange impression, elle ne sait que dire : « De toute
façon, je ne suis pas seule avec Yvanne, si tu viens plus tôt tu pourras être
avec M axime.
– Ah oui, il y a M axime aussi, alors tu veux que je vienne plus tard ? »
– Je viens d'arriver chez moi, j'ai envie d'aller faire une balade dans le
quartier, de me reposer et de venir ensuite. »
Il est difficile de dire non à quelqu'un qui veut toujours vous faire plaisir. A
contrario, quand chacun prend la responsabilité de ses besoins, tout le
monde se sent
mieux.
Pour améliorer nos relations, nous avons intérêt à apprendre à nous
exprimer directement. Vous remarquerez que l'affirmation des besoins de sa
mère a permis à Catherine d'affirmer aussi le sien.
Qu'est-ce que je veux ? Qui suis-je ? De quoi ai-je besoin ? De quoi j' ai
envie ?
Après avoir écouté la sensation confuse qui me dit oui ou non, je peux
chercher en moi mon besoin, et oser l'affirmer à autrui.
On peut avoir une belle relation avec la plupart des parents. Ne pensez pas
que les vôtres sont spéciaux. Ils sont probablement comme tous les
humains, désireux de plus de bonheur. S'ils ne vous donnent pas ce que
vous attendez d'eux, c'est peut-être parce que vous ne leur avez jamais dit !
Ils sont d'un autre temps, d'une autre culture.
Ne leur faites pas l'insulte de les accepter comme ils sont, c'est-à-dire de ne
rien leur demander et de vous contenter d'une relation superficielle, et
neutre. Je peux comprendre qu'oser leur parler soit difficile, mais l'enjeu est
d'importance.
Il y a des familles dans lesquelles il est interdit de rire ou d'être joyeux pour
ne pas sortir papa ou maman de sa dépression (oui, vous avez bien lu). Il
arrive qu'on interdise à un enfant de rire parce qu'un deuil est survenu dans
la famille. Il arrive que l'on fasse peser sur un enfant un tel poids de
malheur, qu'il n'a plus envie de rire. Il y a des familles dans lesquelles on n'a
pas le droit d'être heureux ou fier et de le montrer. Le rire, le plaisir, la joie
y sont dévalorisés, ridiculisés : « Tais-toi. Ne fais pas tant de bruit. Tu as un
rire de casserole. Arrête de glousser, on dirait une poule. De quoi es-tu si
fier ? Pour qui te prends-tu ? Tu as les chevilles qui gonflent. »
Adultes, nous portons nos parents dans nos têtes. Nous n'osons plus nous
amuser, rire, danser.
Dans une soirée, l'on boit rarement pour apprécier le goût du champagne ou
de la sangria. Comme Valentin, on boit pour être gai, pour se libérer de son
carcan rigide habituel, pour effacer la crainte d'être jugé, la peur du ridicule.
Une fête ne va pas sans alcool tant l'emprise de la morale est forte et le
jugement pesant.
Dansez librement sur la piste. Si vous avez bu, on vous considérera en
souriant, on dira de vous « il s'amuse ».
M ais si vous n'avez pas bu un seul verre, on aura des doutes sur votre
moralité. Un comble ! Dans notre société, on condamne les émotions et la
liberté d'expression, mais pas l'alcool. On est même traité de rabat-joie
quand on ne boit pas !
Ces artifices n'ont pour effet que de nous éloigner encore davantage de
l'intimité. Ne nous y trompons pas, l'ivresse n'est pas la liesse.
◊ Avez-vous besoin de vin pour être gai et rire franchement dans une soirée
?
3
Guérir de son passé,
À l'âge de dix ans, Gwenaëlle a découvert son père mort sur le palier.
Terrorisée, elle est retournée dans sa chambre.
L'image de ce corps immobile à terre est la dernière qu'elle ait de son papa.
Elle n'a jamais hurlé sa peur. Personne à l'époque n'a pris soin de lui faire
raconter ce qu'elle avait ressenti, de lui permettre de pleurer et crier.
Gwenaëlle est ahurie. Elle était tout à fait inconsciente de cette peur. Elle se
souvenait avoir vu son père mort, mais n'avait pas un instant imaginé que
cela pût avoir un lien avec cette tension permanente en elle et surtout cette
boule à l'estomac, si ancienne qu'elle faisait partie d'elle.
Eh oui. M ais verser ces larmes-là, hurler ces cris, n'est pas si simple.
L'expression de sa colère, et bien sûr le fait qu'elle soit entendue, lui permet
de ne pas retourner contre lui l'affect négatif, de ne pas se sentir mauvais.
Damien aurait eu besoin de savoir que son propre père avait été battu,
humilié et méprisé dans son enfance. Il aurait compris que les fureurs de
son père ne le concernaient pas. Les coups qui pleuvaient étaient une
vengeance des coups reçus. Il n'était pas un mauvais enfant.
De sa vie Romuald ne s'est jamais emporté contre qui que ce soit. C'est un
homme doux et gentil, plutôt timide. Il fait pourtant des rêves éveillés très
violents. Quand il se promène dans la rue, il ne voit autour de lui que
couteaux effilés et guet-apens, d'énormes rochers dévalant les falaises que
sont les immeubles. Le ruisseau du caniveau devient torrent violent qui
l'emporte…
Honte, culpabilité, croyances négatives sur soi sont des résidus d'émotions
anciennes restées bloquées en soi. Il est important de retrouver l'événement
ou la situation qui a pu engendrer ces sentiments et d'exprimer les colères,
peurs, douleurs et/ou tristesses refoulées. Un véritable travail de deuil des
manques et de guérison des blessures a besoin de prendre place. En voici
les principales étapes : 1. Reconnaître la réalité de son histoire, sortir de
l'idéalisation de ses parents. C'étaient des humains, ils nous ont parfois fait
mal. Notre enfance a eu lieu sur terre et a donc connu son lot de misères, de
détresses et de frustrations. Chacun a le droit de regarder la réalité de ce
qu'il a vécu et ressenti.
Événements
effacés,
odeurs,
couleurs,
des
parents
qu'on
bien
besoin
d'un
frères,
sœurs,
oncles,
directeurs
de
7. Demande de réparation.
reçue,
la
compassion et le pardon surviennent naturellement.
Parler à ses parents est aussi nécessaire pour pister les transmissions
transgénérationnelles. Plus vous possédez d'information sur l'histoire
familiale, plus vous avez d'éléments pour comprendre ce qui vous arrive.
Ce n'est pas de la « faute » des parents s'ils vous ont transmis une pomme
de terre chaude. C'est un processus naturel. Toute situation non gérée, toute
émotion non perlaborée, toute blessure restée ouverte, passe à la génération
suivante, charge à cette dernière de trouver une issue. Nous sommes tous
solidaires sur cette terre. La nature a horreur du vide, elle aime le plein, le
fini. De génération en génération, nous nous transmettons un problème
jusqu'à ce qu'une personne trouve une solution acceptable. On revoit sa
copie jusqu'à ce que nos réponses soient justes ! La situation est alors
achevée. Le problème n'est plus actif. Il ne se transmet donc plus.
« Là au moins, ils pleureront ! » Quand le seul pouvoir d'un fils sur ses
parents est de choisir de mourir…
Il peut être plus confrontant pour un parent d'avoir en face de lui un fils qui
dit sa colère d'avoir été maltraité qu'un fils interné en hôpital psychiatrique !
C'est alors l'enfant qui est défini comme malade, les parents ne sont pas
remis en cause.
◊ Vous arrive-t-il de penser que « c'est bien fait pour eux » ou que « ce
serait trop facile de s'en tirer comme ça » ?
◊ Qu'est-ce qui dans votre vie ferait le plus mal à vos parents ? Est-ce vers
cela que vous vous acheminez ?
La colère rétablit l'équilibre de la relation, permet aux parents de se libérer
du sentiment de culpabilité qu'ils peuvent éprouver. Nombre de parents sont
conscients de leur rôle dans notre histoire. Ils ont fait ce qu'ils ont fait
contraints par leurs propres blessures d'enfance. Pourquoi les maintenir en
souffrance ?
Vous, adulte d'aujourd'hui, allez rencontrer l'enfant que vous étiez pour lui
fournir ce dont il a besoin.
◊ Revenez dans le passé. Vous allez tout d'abord écouter les émotions de
l'enfant que vous étiez. Soyez le parent dont il aurait eu besoin à ce
moment-là.
C'est celui que vous êtes en réalité, celui que vous auriez été si vous n'aviez
pas été blessé.
Un jour, les parents meurent. Hugues n'avait pas revu son père depuis des
années. Alors que ses frères et sœurs étaient prêts à laisser partir le vieillard
fatigué, Hugues a remué ciel et terre pour « sauver » son père. Incapable de
le laisser mourir en paix comme il en avait formulé le vœu, il l'a traîné à
l'hôpital. On a dû attacher ce vieil homme parce qu'il arrachait les tuyaux de
sa perfusion. Il voulait mourir.
M ais son fils n'était pas prêt. Cet homme qui ne s'était pas préoccupé de
son père pendant des années ne supportait pas l'idée de sa fin. Il ne pouvait
laisser s'en aller ce papa avec lequel il ne s'était pas réconcilié.
M arthe n'arrivait pas à mourir. Depuis des semaines, elle « traînait ». Les
aides-soignantes de la maison de retraite se sentaient démunies. Son corps
plein d'escarres était douloureux, qu'est-ce qui la maintenait en vie ? Elle
attendait sa fille. Elle ne l'avait pas revue depuis vingt ans.
Quand Elisa est arrivée, elles ont parlé. M arthe est décédée une heure après
son départ.
Régler nos différends, nettoyer nos passés respectifs, oser parler à nos
parents de cœur à cœur, à la fois les aide à partir en paix, et nous aide à les
laisser aller. La parole libère les deux parties.
M ême si l'on a pris le temps de se dire adieu, le décès est toujours un choc.
Les étapes du deuil vont se succéder. Les émotions vont faire leur travail
pour nous aider à accepter.
Quand la colère ne peut être reconnue pour ce qu'elle est, elle peut être
projetée sur le personnel soignant. Ce sont eux qui n'ont pas su y faire, qui
sont responsables de la mort de notre aimé.
◊ Que s'est-il passé pour vous un an après ce décès ?
1 Une cassette audio peut vous aider dans cet exercice. Intitulée, Trouver
son propre chemin, volume 1, ma voix vous guide vers un souvenir
d'enfance et vous accompagne dans le processus de guérison.
VII
Quelques outils
supplémentaires
Je respire
Une personne qui paraît totalement blindée n'en sera pas moins dirigée par
ses affects. Ses émotions la mènent par le bout du nez car elle est
inconsciente de ses mobiles véritables.
Conduisant un travail thérapeutique de type émotionnel, le
psychothérapeute invite la personne à une respiration plus ample. L'apport
d'oxygène aide les digues intérieures à se rompre, permettant au flot des
affects de couler plus librement.
– Debout, vos pieds sont parallèles (surtout pas les pointes vers l'extérieur),
l'écart entre vos pieds correspond à la largeur de votre bassin. Les genoux
sont débloqués (pas vraiment fléchis, mais souples). Vous regardez en face
de vous.
Je sais, cela peut paraître bizarre. Mais nous oublions trop souvent que nos
poumons ne sont pas plats ! Ils peuvent se gonfler non seulement sur le
devant, mais sur les côtés, et derrière.
Imaginez vos poumons comme des ballons. Sentez votre cage thoracique
s'ouvrir sur chaque inspir, à l'avant, mais aussi et surtout, à l'arrière, dans
le dos. Envoyez l'air jusque dans votre colonne vertébrale. Sur le premier
inspir, imaginez que vous gonflez vos cervicales… Puis, expirez… Inspirez
maintenant dans vos dorsales…
Alors entraînez-vous !
Au lieu d'écouter les tensions dans la poitrine, les tremblements dans les
jambes ou l'accélération de son cœur, c'est-à-dire d'être centré sur l'intérieur
de soi, il est utile de reprendre contact avec ses cinq sens, de se centrer sur
l'extérieur.
Regarder autour de soi, toucher les matières, sentir les odeurs, écouter les
sons, goûter un fruit… sont autant de façons d'arrêter le mental et donc de
cesser d'alimenter de pensées négatives l'émotion malvenue. Attachez-vous
à la réalité extérieure plutôt que de vous laisser noyer par l'intensité de votre
vécu interne.
L'attention
portée
aux
sensations
tactiles
est
Pendant que vous lisez ce livre, entrez en vous davantage et écoutez ce que
vos sens vous disent. Quelle est votre posture ? Êtes-vous vraiment
confortable ? y a-t-il des tensions en vous ? Touchez votre siège, le livre,
votre stylo.
Vous avez peur de prendre l'ascenseur ? Touchez les parois, portez toute
votre attention sur les sensations que vous procurent les différentes matières
sous vos doigts.
Soyez attentif aux sons de la nature, aux odeurs qui vous entourent,
éprouvez le contact de vos pieds, touchez les rochers.
3
Je me dissocie
Selon les besoins et ce qui sera le plus efficace, on peut se dissocier dans le
temps ou dans l'espace. Regarder la situation d'ici et maintenant
(l'événement, ainsi que la façon dont je suis affecté) depuis celui que nous
serons dans dix ans, depuis l'œil d'un observateur dans cent ou mille ans…
Je me relaxe
Nos
émotions
non
dites
s'inscrivent
En outre, la relaxation ouvre une porte sur nos univers intérieurs. Quand
l'organisme est engourdi, la conscience, libérée des sollicitations de
l'environnement, peut se tourner vers l'intérieur. C'est un état privilégié pour
laisser venir à soi des images, des messages de nos inconscients, et ainsi
mieux nous connaître.
Commencez par exemple par une main, le bras, puis l'autre main, le bras,
les épaules, la poitrine, le ventre, le bassin, le sexe, une jambe, jusqu'aux
orteils, l'autre jambe, jusqu'aux orteils, respirez dans le bas du dos, respirez
dans chaque vertèbre et remontez toute la colonne vertébrale. Respirez dans
le cou, dans la tête, dans votre front, vos yeux, vos joues, votre bouche.
Respirez dans tout votre corps, jusqu'à ce que votre corps entier respire.
5
Je médite
Si vous êtes au sol, vos jambes sont repliées en tailleur ou en lotus face à un
mur, ou à un espace sans trop de sollicitations visuelles. Vous avez
débranché votre téléphone, fermé votre porte aux enfants, vous avez un
moment à vous.
Vous pouvez aussi fermer les yeux, mais la concentration est souvent alors
un peu plus difficile. Toutes sortes d'images et de pensées s'installent très
vite dès que l'écran du mental est disponible.
Soyez attentif à la sensation que vous procure l'air en passant par les
narines.
Une pensée passe ? Regardez-la passer comme une vache regarde un train.
Ne l'accrochez pas, ne la suivez pas. Ne la refusez pas. Regardez-la
simplement.
Au début, une durée de trois minutes par jour est largement suffisante. Il
n'est pas si simple de rester concentré uniquement sur sa respiration et de
regarder passer ses pensées sans s'y attacher ni les suivre. Puis vous
augmentez progressivement. Quand vous devenez capable de cette ascèse
pendant une dizaine de minutes par jour, vous connaissez un nouveau calme
intérieur qui se manifeste dans tout votre quotidien !
Une fois installé dans le calme intérieur, vous pouvez, comme dans la
relaxation, évoquer votre écran intérieur et y projeter ce que vous désirez.
Commencez par regarder tous vos gestes depuis votre lever ce matin.
Voyez-vous sur l'écran vous lever, vous laver, vous habiller, manger…
Exercez-vous sur des périodes anodines. Vous pourrez ensuite repasser des
scènes importantes, des épisodes de conflits, ou tout autre situation difficile.
Le témoin en vous observe SANS JUGEM ENT ! Son regard est de
compassion. L'objectif de la méditation n'est pas d'analyser la situation avec
la pensée consciente, mais de s'en détacher pour en saisir la nature
profonde, la replacer dans une perspective plus large.
Il arrive parfois que des images surprenantes apparaissent dans votre esprit.
Vous tentez de maintenir votre attention sur votre respiration, ou sur une
scène de votre quotidien, et des images non désirées font irruption : la liste
des courses à faire, ce que vous allez manger ce soir, le livre oublié chez un
ami, mais aussi des images plus ou moins terrifiantes ou monstrueuses. Que
sont ces dernières ? des nœuds de votre psyché qui font surface, des
émotions refoulées, de puissantes images issues de l'inconscient. Comme on
les regarde simplement sur son écran intérieur, sans affect, sans s'attacher,
sans s'identifier, elles perdent peu à peu leur intensité.
Une autre fois, une amie me raconta comment son maître, un guru indien de
l'Himalaya, lui avait donné comme premier exercice : « Imagine que tu es
sur les genoux de ta mère, tu es un nouveau-né » et lui avait fait revivre les
sentiments ressentis alors. Un marabout nord-africain assistant à un stage
s'étonna de me voir utiliser certaines techniques des sorciers du désert…
Les approches thérapeutiques occidentales modernes redécouvrent les
techniques anciennes !
Conclusion
J'espère vous avoir permis de sentir combien nos émotions sont nos amies.
Denis n'a pas osé s'opposer à son père pour le choix de son métier. À
cinquante ans, il fait un infarctus… Et se donne enfin la permission de tout
quitter et de reprendre les études de médecine qu'il n'a jamais pu faire.
À cet homme qui disait l'aimer, Denise n'a pas osé dire qu'elle n'éprouvait
pas les mêmes sentiments. Et puisque tous autour d'elle semblaient trouver
que c'était un excellent parti, pourquoi pas ? M ais elle ne vit pas sa vie.
Tant qu'elle avait à s'occuper de ses enfants, elle a pu mettre de côté ses
frustrations, ses insatisfactions. Elle a fait taire la petite voix en elle qui
tentait de lui parler. Centrée sur les besoins de ses enfants, elle n'identifiait
même plus les siens. Ses enfants ont grandi. Ils sont partis de la maison.
Nos nœuds émotionnels forment des tensions dans le corps et font obstacle
à une respiration à pleins poumons. Pour vivre pleinement, respirons
pleinement !
De plus, toutes les émotions retenues forment des complexes qui attirent
des situations de répétition. Dictant nos réactions, les affects refoulés dans
l'inconscient déterminent nos expériences et finalement nous mènent par le
bout du nez. Personne ne gagne en liberté à réprimer ses émotions.
Les émotions sont fortement contagieuses et d'autant plus qu'elles sont non
dites. Nous vivons dans l'illusion d'être des personnes indépendantes les
unes des autres.
M ais nos inconscients sont liés, nous sommes interdépendants. Selon notre
sensibilité individuelle, nous sommes plus ou moins réactifs aux émotions
conjugales, familiales ou collectives, consciemment ou plus souvent
inconsciemment.
Le non-jugement est une clef magique. Une clef qui vous ouvrira les
portes de votre propre cœur, de celui des autres… Et peut-être au-delà, celui
de l'Univers.
ANCELIN-SCHUTZENGERGER,
CORNEAU,
DAM ASIO, Antonio, R., L'Erreur de Descartes, Odile Jacob, Paris, 1995.
Le Sentiment même de soi, Odile Jacob, Paris, 1999.
FROM M ,
LIPOVETSKY,
ROSENBERG, M arshall, B., Les mots sont des fenêtres (ou des murs),
Syros, Paris, 1999.
ZARAÏ, Rika, Ces émotions qui guérissent, M ichel Lafon, Paris, 1995.
DEJOURS,
GOLEM AN,
KOUZES,
LABOREY,
S ur le couple :
GOTTM AN, John, M ., Les couples heureux ont leurs secrets. Les sept lois
de la réussite, Lattès, Paris, 2000.
GRAY, John, Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus,
M ichel Lafon, Paris, 1998.
LEBLANC-HALM OS,
S ur la sexualité :
CALLAHAN,
Isabelle FILLIOZAT
tél. : 01 42 83 07 51
fax : 01 48 89 01 92
email : [email protected]
Table of Contents
Page de Titre
DU M ÊM E AUTEUR
Dédicace
Introduction
3 - De l'illettrisme à la maîtrise
3 - Le mécanisme de projection
7 - Contagion
III
PEUT-ON
TOUJOURS
M ONTRER
SES
SENTIM ENTS
DANS
LE
M ONDE
DU
TRAVAIL ?
1 - Émotions ou émotivité ?
2 - Amour ou dépendance ?
3 - Qu'est-ce qui nous pousse dans les bras les uns des
autres ?
4 - Accumulation de ressentiment