1 LETTRES Cahier de Soutien 6e 5e 4e 3e PDF
1 LETTRES Cahier de Soutien 6e 5e 4e 3e PDF
1 LETTRES Cahier de Soutien 6e 5e 4e 3e PDF
Discipline : FRANÇAIS
Été 2020
Académie de Lille
1
L’académie de Lille met à la disposition des élèves et des familles, des cahiers de soutien pour
chaque niveau de collège et la classe de seconde et ce pour la quasi-totalité des disciplines.
Ils ont vocation à repréciser les attendus de chaque discipline, quelle que soit la classe et à
vous proposer des révisions, des exercices et des activités ludiques.
Ils ont été conçus de sorte à permettre un travail en parfaite autonomie, en respectant les
programmes officiels et en apportant un éclairage spécifique sur des points considérés comme
essentiels.
Avant de vous lancer dans la réalisation de ces activités, ces quelques conseils peuvent vous
aider :
1/ Organisez-vous :
• Programmez chaque jour, si cela vous est possible une séance de travail d’une durée d’une
heure environ ;
• Travaillez toutes les disciplines en établissant un emploi du temps journalier, même court ;
• Relisez préalablement au travail, dans vos cours ou sur internet, la leçon qui se reporte aux
activités proposées ;
• Lisez bien chaque consigne avant de réaliser l’activité et cherchez le cas échéant le vocabulaire
inconnu ;
• Travaillez avec des amis, réfléchissez aux attendus, faites des activités en équipe pour une
production collaborative et porteuse ;
4/ Faites un bilan de votre travail, l’important n’est pas de tout faire, tout réussir, mais de voir votre
avancée, comprendre ce qui fonctionne bien, construire des stratégies d’apprentissage (« je sais
faire... je résous tel problème de telle façon… je sais où chercher l’information pour avancer… ») :
• Vérifiez les réponses une fois les exercices terminés et éventuellement refaites les activités le
lendemain si trop d’erreurs ont été constatées [NB : presque toutes les réponses aux activités
sont regroupées en fin de document] ;
• Validez vos « to do list » en cochant ce que vous avez fait et tenez un « carnet des
apprentissages » (quelques lignes quotidiennes pour dire ce que vous avez appris et
comment) ;
• En complément, vous pouvez relire dans votre manuel scolaire ou votre cahier de cours, voire
sur internet, la leçon correspondant à l’activité.
Nous vous souhaitons de prendre du plaisir dans la réalisation des activités proposées et une excellente
année scolaire 2020-2021.
2
6ème
Compétences visées
Consignes de travail :
Le paysan médecin
Un mariage désastreux
1
paysan
2
Petit noble
3
bien élevée
4
argent
5
Elle fut d’accord
3
a) Paragraphe 1 : Décris le paysan puis sa femme. Que penses-tu de leur
mariage ?
2. Un mari violent
Sitôt que la table est ôtée, de sa main qu'il a grande et large, il frappe sa femme
au visage laissant la marque de ses doigts ; il la traîne par les cheveux. Aurait-elle
démérité que le brutal, en vérité, ne l'aurait pas si bien battue. Cela fait, il s'en va aux
champs, laissant sa femme tout en larmes.
« Hélas ! Gémit-elle, que faire ? Je ne sais à quel saint me vouer. Mon père m'a bien
sacrifiée en me donnant à ce vilain. Allais-je donc mourir de faim ? Certes ce fut la
rage au cœur que j'acceptai un tel mari. Pourquoi ma mère est-elle morte ? » C'est
ainsi qu'elle se désole ; et les gens qui viennent la voir ne peuvent que rentrer chez
eux. Tout le jour elle est éplorée ; quand le vilain rentre au logis avec le coucher du
soleil, il se jette aux pieds de sa femme, pour Dieu lui demande pardon :
« Sachez que ce fut le Malin 6 qui me poussa à mal agir ; mais croyez-moi, je vous le
jure, je ne vous battrai plus jamais ; je suis triste et plein de regrets de vous avoir
brutalisée. »
Tant lui dit le vilain puant que la dame pardonne encore et de bonne grâce, lui sert le
souper qu'elle a préparé. Quand le repas fut terminé, ils allèrent au lit en paix.
Au matin, l'horrible vilain se remet à battre sa femme (peu s'en faut qu'il ne l'estropie
!), puis s'en va aux champs labourer. Voici la dame encore en pleurs : « Hélas ! Que
vais-je devenir ? Je ne sais à quoi m'arrêter, car je suis en triste posture. Frappa-t-on
jamais mon mari ? Ce que sont les coups, il l'ignore; s'il le savait, pour rien au monde
il n'oserait me maltraiter. »
La vengeance de l’épouse
Mais tandis qu'elle se lamente viennent deux messagers du roi, chacun sur un
blanc palefroi 7.
Ils piquent des deux vers la dame et la saluent au nom du roi ; ils lui demandent à
manger car ils ont, disent-ils, grand-faim. Elle les sert et les questionne :
« D'où venez-vous ? Où allez-vous ? Dites-moi ce que vous cherchez. »
L'un d'eux répond : « Dame, c'est vrai, nous sommes messagers du roi. Il nous envoie
chercher un mire et nous sommes prêts, s'il le faut, à aller jusqu'en Angleterre.
— Pour quoi faire ?
— Damoiselle Ade, la fille du roi, est malade et il y a huit jours entiers qu'elle ne peut
manger ni boire, car une arête de poisson reste plantée en son gosier. Le roi en est
bien affligé ; s'il la perd, pour lui plus de joie. »
6
Le diable
7
cheval
4
4. Le mensonge de l’épouse
La dame dit :
« Vous n'irez pas aussi loin que vous le pensez, car mon mari est, croyez-moi, bon
médecin, je vous assure. Certes, il sait plus de remèdes et de vrais jugements d'urine
que jamais n'en sut Hippocrate.
— Dame, ne plaisantez-vous pas ?
— Je ne dis pas cela pour rire ; mais il a un tel caractère qu'il ne ferait rien pour
personne avant d'être bien étrillé 8.
— Dame, on pourra s'y employer : pour les coups, il sera servi. Où pourrons-nous le
rencontrer ?
— Vous allez le trouver aux champs. Quand vous sortirez de la cour, vous suivrez le
lit du ruisseau et non loin d'un mauvais chemin, la toute première charrue que vous
pourrez voir, c'est la nôtre. Allez ! Que Saint Pierre vous garde ! »
Les messagers, piquant des deux, trouvent sans peine le vilain; ils le saluent au nom
du roi et lui disent sans plus tarder « Venez vite parler au roi.
— Et pourquoi ? répond le vilain.
— Afin d'exercer vos talents : on ne connaît pas sur la terre de mire 9 plus savant que
vous.
De loin nous venons vous chercher. »
Quand il s'entend appeler mire, tout son sang se met à bouillir; il affirme qu'il ne sait
rien.
«Qu'attendons-nous? Fait l'un des deux. Tu sais qu'il veut être battu avant de parler
ou d'agir.»
L'un lui donne un coup sur l'oreille, l'autre lui martèle le dos avec un bâton grand et
gros.
Après, l'avoir bien malmené, ils le conduisent chez le roi. Le roi allait à leur rencontre
et dit :
8
battu
9
médecin
5
Le vilain demande merci : « Croyez-moi, sire, en vérité, pour Dieu qui jamais ne mentit,
j'ignore tout de la physique 10. »
Le roi lui dit : « J'entends très bien. Battez-le-moi ! »
Et les valets à le rosser bientôt s'escriment. Dès que le vilain sent les coups, il croit
que c'est pure folie :
« Pardon ! Se met-il à crier ; je vais la guérir sans tarder. »
La pucelle 11 était dans la salle, toute pâle, mine défaite. Et le vilain cherche en sa tête
comment il pourra la guérir, car il sait qu'il doit réussir : sinon il lui faudra mourir. Il se
dit que s'il la fait rire par ses propos ou ses grimaces, l'arête aussitôt sortira puisqu'elle
est plantée dans sa gorge.
Il prie le roi : « Faites un feu dans cette chambre et qu'on me laisse ; vous verrez quels
sont mes talents. Si Dieu veut, je la guérirai. »
On allume alors un grand feu, car le roi en a donné l'ordre. Les écuyers, les valets
sortent.
La fille s'assoit devant l'âtre. Quant au vilain, il se met nu, ayant ôté jusqu'à ses
braies 12, et vient s'allonger près du feu. Alors il se gratte, il s'étrille 13 ; ses ongles sont
longs, son cuir dur.
Il n'est homme jusqu'à Saumur qui soit meilleur gratteur que lui. Le voyant ainsi, la
pucelle, malgré le mal dont elle souffre, veut rire et fait un tel effort que l'arête sort de
sa bouche et tombe dans la cheminée. Il se rhabille, prend l'arête, sort de la chambre
triomphant.
Dès qu'il voit le roi, il lui crie : « Sire, votre fille est guérie ! Voici l'arête, Dieu merci. »
Le roi en a très grande joie et dit au vilain :
« Sachez bien que je vous aime plus que tout ; vous aurez vêtements et robes.
— Merci, sire, je n'en veux pas ; je ne puis rester près de vous. Je dois regagner mon
logis.
— Il n'en sera rien, dit le roi. Tu seras mon ami, mon maître.
— Merci, sire, par saint Germain ! Il n'y a pas de pain chez moi ; quand je partis, hier
matin, on devait aller au moulin. » Le roi fait signe à deux valets : « Battez-le-moi, il
restera. »
10
La médecine
11
La jeune fille
12
Son pantalon
13
Se donne des coups
6
Ceux-ci aussitôt obéissent et viennent rosser le vilain. Quand le malheureux sent les
coups pleuvoir sur son dos et ses membres, il se met à leur crier grâce : « Je resterai,
mais laissez-moi. »
Le vilain donc reste à la cour. D'abord, on le tond, on le rase ; on lui met robe d'écarlate.
Il se croyait tiré d'affaire quand les malades du pays, plus de quatre-vingts, le crois
bien, ensemble viennent chez le roi, à qui chacun conte son cas. Le roi appelle le vilain
: « Maître, dit-il, venez ici. Occupez-vous de ces gens-là, et vite, guérissez-les-moi.
— Pitié, sire ! dit le vilain. Il y en a trop, que Dieu m'aide ! Je n'en saurais venir à bout
je ne pourrais les guérir tous. »
Le roi fait signe à deux valets qui se saisissent d'un bâton, ayant aussitôt deviné
pourquoi le roi les appelait. Quand le vilain les voit venir, tout son sang commence à
frémir :
« Grâce ! Se met-il à crier ; je les guérirai sans tarder. »
9. D’autres guérisons
Le vilain demande du bois ; il en a autant qu'il en veut. Dans la salle on fait un grand
feu : lui-même à l'attiser s'emploie. Il réunit tous les malades ; c'est alors qu'il demande
au roi :
« Sire, il faut sortir de la salle avec ceux qui n'ont aucun mal. » Le roi obéit volontiers,
sort de la salle avec ses gens. Et le vilain dit aux malades :
« Seigneurs, par Dieu qui me créa, vous guérir n'est pas chose aisée. Je n'en saurais
venir à bout que par le moyen que voici. Je vais choisir le plus malade, je le brûlerai
dans ce feu ; les autres en auront profit : ceux qui avaleront sa cendre tout aussitôt
seront guéris. » Ils se lorgnent les uns les autres ; mais il n'est bossu ni enflé qui se
croie le plus mal en point, lui donnât-on la Normandie. Le vilain s'adresse au premier :
« Je te vois en piteux état : tu es de tous le plus débile 14.
— Pardon, je suis mieux portant, sire, que jamais je ne l’ai été. Je suis soulagé d'un
grand mal dont je souffrais depuis longtemps. Sachez qu'en rien je ne vous mens.
— Sors ! Que viens-tu chercher ici ? » Et l'autre aussitôt prend la porte.
Le roi demande :
« Es-tu guéri ?
— Oui, je suis guéri, Dieu merci ; me voici plus sain qu'une pomme. Votre mire est un
habile homme. »
Que pourrais-je encore vous dire ? E n'y eut ni petit ni grand qui voulût pour le monde
entier, être jeté dans le brasier 15. Ainsi s'en vont tous les malades, prétendant qu'ils
étaient guéris.
14
faible
15
Le feu
7
— Sire, je les ai enchantés 16, car j'ai un charme qui vaut mieux que gingembre ou que
citovaut 17.
— Rentrez chez vous quand vous voudrez et vous aurez de mes deniers 18, palefrois
et bons destriers; et quand, je vous rappellerai, vous ferez à ma volonté. Vous serez
mon ami très cher et tous les gens de ce pays, maître, vous chériront aussi. Ne jouez
plus la comédie; ne vous faites plus maltraiter, car c'est honte de vous frapper.
— Merci, sire, dit le vilain; soir et matin je suis votre homme et je n'en aurai pas regret.
»
Il prend alors congé du roi, regagne joyeux sa maison.
Jamais ne fut manant 19 plus riche ; il n'alla plus à la charrue, plus jamais ne battit sa
femme, mais il l'aima et la chérit. Tout alla comme je vous dis : par sa femme, et par
sa malice, il fut bon mire sans études.
16
Envoûtés par magie
17
Épices lointaines
18
argent
19
paysan
8
CORRECTION
Le paysan décrit est assez âgé, riche mais avare. Il vit de peu et travaille beaucoup
aux champs. La jeune fille est issue d’un milieu social plus élevé mais elle est pauvre
et obéit à son père, étant orpheline de mère. Il s’agit d’un mariage mal assorti.
Victime de la sauvagerie de son mari, elle est impuissante et ne peut que pleurer et
se désespérer. Elle est très soumise, ne trouve d’aide chez personne et ne peut
qu’espérer que son mari change.
Elle se venge de manière subtile et rusée ; elle rend coups pour coups.
Ces passages peuvent paraître comique car le paysan est battu à son tour et il n’est
guère sympathique au lecteur. La répétition de la même scène induit aussi un effet
comique
A force de grimaces, le paysan fait éclater de rire la jeune malade qui en même temps
expulse l’arête coincée dans sa gorge. C’’est tout à fait possible mais cette méthode
relève du plus grand des hasards.
Le paysan ne guérit pas les malades mais leur fait dire qu’ils sont guéris en les
effrayant. On peut dire qu’il y a tromperie et exploitation de la bêtise ou de l’ignorance
des malades qui ont cru qu’il fallait en brûler un.
9
ACTIVITÉ 2 : le Moyen Âge et nous
Compétences visées
Les fabliaux sont des courts récits populaires du Moyen Âge, parfois en vers, le plus
souvent satiriques. Ils commencent généralement par une phrase d'introduction du
narrateur et se terminent par une morale. Même s'ils comportent une visée morale,
celle-ci n'est souvent qu'un prétexte. Les fabliaux visent la plupart du temps surtout à
faire rire. Pour cela, ils recourent à plusieurs formes de comiques :
Ils comportent très souvent une satire sociale, qui concerne de façon récurrente les
mêmes catégories sociales : les moines, les vilains (paysans), les femmes.
10
CORRECTION
11
ACTIVITÉ 3 : Les sirènes, monstres aux limites de l’humain
Compétences visées
Les activités proposées invitent l’élève à lire et à interpréter des images fixes et
mobiles
A lire un classique de la littérature et à découvrir l’intertextualité artistique.
12
2. Regarde maintenant ces extraits de films qui mettent en scène des sirènes.
Compare ces deux types de sirènes. Quels points communs et quelles différences
vois-tu ?
3. Lis maintenant cet extrait des aventures d’Ulysse, adapté du récit l’Odyssée
par le poète grec Homère. (http://classe.bilingue.free.fr/fr/TDM-
lecture/txt/TDM-Odyssee/txt/sirene.html)
"Ulysse, sur la route du retour, vous devrez passer près des Sirènes. Elles charment
tous les humains qui passent en bateau. Celui qui s'arrête pour les écouter est fou, car
il ne reverra jamais ni sa femme ni ses enfants! De leur belle voix, les sirènes charment
les marins mais leur rivage est couvert d'ossements. Passe sans t'arrêter ! Prends de
la cire pour boucher les oreilles de tes compagnons pour qu'ils n'entendent pas le
chant des sirènes. Mais toi, si tu veux l'écouter, demande-leur de t'attacher bien
solidement au mât de ton navire et ordonne-leur de resserrer les noeuds si tu leur
demandes de te détacher !
13
CORRECTION
On voit au premier plan une créature assise ; le haut de son corps est celui d’une jeune
femme à la poitrine dénudée et aux longs cheveux. Le bas de son corps est une queue
de poisson terminée par une nageoire.
On peut dire que cette sirène est très séduisante mais inquiétante aussi par le côté
sombre de la chevelure, le mouvement du corps et l’endroit où elle vit qui semble
sauvage et désert.
2. Regarde maintenant ces extraits de films qui mettent en scène des sirènes.
Quels points communs et quelles différences vois-tu ?
Les points communs : ce sont de belles jeunes filles pour le haut et des poissons pour
le bas de leur corps. Elles nagent habilement et sont séduisantes. Elles s’intéressent
beaucoup aux hommes.
Les différences : les sirènes de Pirates des Caraïbes sont agressives et cruelles. Elles
cherchent à manger les marins et ont des dents de vampire. Elles détruisent la barque
et veulent tuer les hommes. Ce sont des bêtes féroces.
Ariel est douce et gentille. Elle envie les hommes et admire leur monde.
On reconnaît l’épisode raconté par Homère : on voit Ulysse attaché au mât en train
d’écouter le chant des sirènes.
Ce qui frappe ce sont les sirènes qui sont représentées comme des oiseaux de proie
avec des têtes de femme.
En effet "Selon la tradition homérique, les sirènes sont des divinités de la mer qui
séjournent à l'entrée du détroit de Messine en Sicile. Musiciennes dotées d’un talent
exceptionnel, elles séduisaient les navigateurs qui, attirés par les accents magiques,
de leurs lyres et flûtes perdaient le sens de l’orientation, fracassant leurs bateaux sur
les récifs où ils étaient dévorés par ces enchanteresses. Elles sont décrites au chant
XII de l’Odyssée comme couchées dans l'herbe au bord du rivage entourées par les
« amas d'ossements et les chairs desséchées des hommes qu'elles ont fait périr ».
Les sirènes étaient représentées, chez les grecs, avec « un corps d'oiseau et une tête
de femme, et jamais avec un corps de poisson comme dans les mythes nordiques ».)
source Wikipédia
14
5ème
Compétences visées:
6ème :
Rédiger un écrit long
Recourir à l’écriture pour apprendre
5ème :
Acquérir et mettre en œuvre une démarche d’écriture.
Exploiter des lectures pour améliorer son écrit
Présentation des activités :
6 activités indépendantes permettent d’accompagner et de nourrir une écriture
longue réalisable en deux versions.
15
L’île sauvage
16
Parcours d’écriture et histoire de pirates
Pour cette écriture au long cours, tu vas pouvoir choisir l’un des deux parcours
proposés. Les activités seront les mêmes : seule la contrainte de départ changera.
Parcours 2 : Deux jeunes pirates (un garçon et une fille) se lancent à la recherche
d’un trésor avec leur équipage. Le récit sera donc à la 3ème personne du pluriel et tu
pourras y intégrer des dialogues si tu le souhaites.
Cette activité te permettra de te remettre en mémoire des mots que tu pourras ensuite
utiliser dans ton aventure de pirate. Il s’agit, pour chaque lettre, de trouver un mot
appartenant au champ lexical de la piraterie ou de l’aventure sur les mers. Attention,
certaines lettres peuvent te mettre en difficulté. Tu as alors le droit à quelques petites
tricheries dignes d’un pirate. (Par exemple : Zombie des mers)
Abordage
Bâbord
Cordage
D.
E.
F…
Tous les mots suivants désignent des pirates. Recherche leur définition dans le
dictionnaire: flibustier, corsaire, forban, boucanier, écumeur, brigand.
Tu peux intégrer aussi à ta description des expressions qui montrent les réactions
de ceux qui croisent le chemin de ton/ta capitaine pirate : frissons dans le dos,
jambes qui tremblent, sueur qui coule le long des flancs, cœur qui bat à tout rompre
17
1) Dessine un pirate à partir de sa description
Plus curieux encore est le costume de l’horrible Edward Teach, dit Black Beard (Début
du XVIIIe siècle).
Il portait une barbe sombre qui lui montait jusqu’aux yeux et lui recouvrait même la
poitrine. Et cette barbe était finement travaillée. Il l’organisait en petites tresses qu’il
accrochait autour de ses oreilles. […] Il se harnachait d’une écharpe qu’il passait sur
ses épaules et qui contenait trois paires de pistolets. A son chapeau, il fixait deux
mèches allumées qui flottaient autour de son visage. On comprend que pour les
témoins « on se saurait se former l’idée d’une furie des Enfers plus terrible que sa
figure. »
(Extrait de Les Pirates, Gilles Lapouge, Ed Phébus, 1988)
À tes crayons….
.…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
18
…………………………………………………………………………………………………..
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………..
1) Voici quelques noms de bateaux pirates célèbres. Tu peux t’en inspirer pour
inventer le tien.
19
3) Les pavillons pirates
Le sais-tu ? Les pavillons pirates (ou drapeaux) étaient le plus souvent des bouts de
grosse toile cousus à grands points. Ornés par des emblèmes de mort, les pavillons
pirates, hissés avant l'abordage, intimaient l'ordre au bateau convoité de se rendre.
Ces drapeaux n'étaient pas toujours noirs, certains étaient blancs, mais les pires
étaient les rouges, qui signifiaient : "La mort pour tous" ou "Pas de quartier".
Les pirates avaient de nombreuses chansons toutes adaptées aux tâches qu’ils
avaient à accomplir pour entretenir le navire. Voici le début d’une chanson de halage
traditionnelle. Les pirates la chantaient en tirant sur un cordage de toutes leurs forces.
L’un d’eux commençait un couplet et les autres lui répondaient en tirant très fort sur la
corde au dernier mot. Cela permettait de donner le rythme et de faciliter le halage.
20
Yo ho ! Sur l’heure
Hissons nos couleurs
Hisse et ho ! L’âme des pirates
Jamais ne mourra
……………..
………………
……………….
…………………
Flots/cargo/rouleaux
Mousse/éclabousse/secousse/ barberousse/ rescousse/frousse
Vague/Cap de la Hague/divague
Rochers/ danger/flancher
Équipage/cordage/coquillage
Tempête/mouette
Écume/brume
Le sais-tu ? L’eau et les aliments frais étaient difficiles à conserver en mer. Les navires
devaient donc transporter des aliments non périssables et faciles à entreposer. Les
viandes et les poissons séchés figuraient souvent au menu et le pain était remplacé
par des « biscuits de mer » faits avec de la farine et de l’eau, le plus souvent rances
et infestés d’insectes.
21
Réalisez quatre rangées de quatre trous dans la pâte à l’aide d’un
ustensile comme une pique à brochette. Faites des trous qui
arrivent à la moitié de l'épaisseur de vos biscuits de mer.
Vous pouvez sortir vos biscuits du four une fois qu'ils sont
légèrement bruns et un peu dorés. Avant de les manger, attendez
trente minutes, le temps qu'ils refroidissent.
22
3) Les nœuds marins
Le sais-tu ? Un pirate devait connaître les nœuds marins. Le nœud de cabestan est
particulièrement utile, car il ne glisse pas et se fait rapidement.
Imagine le dialogue entre deux pirates. L’un explique à l’autre comment faire un nœud
de cabestan. Tu peux t’aider des schémas présentés ci-dessus.
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………..
Imagine les passages manquants de ce texte : Il s’agit d’un extrait du roman Les
Clients du Bon Chien Jaune de Pierre Mac Orlan, écrit en 1926. Le narrateur est un
jeune garçon qui a intégré l’équipage du Hollandais volant.
23
« À ma profonde stupéfaction, je vis les hommes du Hollandais-Volant se dévêtir. Puis
ils passèrent une sorte de maillot noir où des bandes d'étoffe blanche dessinaient les
os des bras, du thorax, du bassin et des jambes. Ils mirent sur leur visage un masque
de cuir qui simulait en noir et blanc la face d'une tête de mort. Ainsi déguisés ils
ressemblaient à des squelettes harnachés en guerre car ils avaient passé leurs
baudriers et leurs ceinturons et tenaient au poing leur mousquet. Leur aspect était
véritablement étrange et terrifiant. »
« Le navire chassé, qui était un brick de commerce, nous aperçut et tenta de prendre
de l'avance en virant de bord pour serrer le vent au plus près. Toute la voilure blanche
du Hollandais-Volant était déployée ; des torches jetaient de hautes flammes qui se
tordaient au vent. Ainsi paré le Hollandais-Volant ressemblait à un immense
catafalque. Nous gagnâmes de vitesse l'infortuné marchand. En élongeant son
bordage par bâbord, nous vîmes l'équipage qui s'était jeté à genoux et levait les bras
au ciel. Avant que les mariniers blêmes de frayeur eussent esquissé un simulacre de
défense, nous bondîmes à l'abordage, comme des diables, ou plutôt comme des morts
à l'assaut des vivants. »
24
ACTIVITÉ 6 : La chasse au trésor
Quelques conseils :
Repère sur la carte les éléments du paysage qui te permettront de décrire ton
itinéraire.
N’oublie pas de décrire ce que tu vois autour de toi, en sollicitant les différents
sens :
Ex : Vue : apercevoir, contempler, observer
Ouïe : entendre, percevoir, bruissement, hurlement, sifflement, craquement,
strident, souffle, étouffé
Odorat : sentir, respirer, effluve, pestilentiel, se répandre, empester, parfum,
senteur,
Toucher : ressentir, piquer, gratter, brûler, doux, lisse, rugueux…
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
25
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………….
Voilà le coffre, le trésor que tu veux est dedans. A toi de le décrire (Il peut contenir des
chaînes en or, des pierreries, des pièces d’or et d’argent, mais aussi, de vieux papiers
moisis ou réduits en poussière…)
Tu dois essayer d’écrire le mieux possible chacun de textes. Voici quelques habitudes
à acquérir
- Relis ton texte à haute voix pour vérifier que tes phrases ont un sens, que tu
n’as pas oublié de mot comme le verbe par exemple.
- Vérifie que tu as bien conjugué le verbe à la bonne personne. Sers-toi des
rappels de conjugaison pour vérifier les terminaisons des temps utilisés.
- Enrichis le vocabulaire de ton texte, en te demandant si tu ne pourrais pas
utiliser un mot plus précis, ou qui donne plus d’informations au lecteur. N’hésite
pas à ajouter des détails ou des précisions, grâce à des adjectifs, des
compléments du nom ou des adverbes.
26
- Vérifier les accords dans le groupe nominal, ainsi que les homophones sur
lesquels tu as tendance à te tromper (a/à, et/est, on/ont, son/sont, c’est/ses/ces,
…)
27
28
Éléments de correction
Parcours d’écriture « L’île sauvage »
Voici, pour chaque activité, des critères de réussite qui t’aideront à auto-évaluer ta
production écrite.
ACTIVITE 1 : Voici une proposition d’abécédaire sur le thème des pirates. Peut-
être auras-tu fait mieux ?
Abordage, Aventure, Ancre
Bâbord, Barbe, Bateau, Boulet
Cordage, Corsaire, Coffre, Capitaine, Caraïbes, crochet
Drapeau, Drake (Francis)
Ecumeur, Equipage, Epave
Forban, Flibustier, Flots, Frégate
Gouvernail
Haubans, Hune, Hamac
Ile, ivresse
Jack Rackam, Jack Sparrow, Jambe de bois
Kraken
Longue-vue, loup de mer, larron
Matelot, mât, mousquet, moussaillon, marin, mouette
Naviguer, navire, nœud
Osselets, or, Océan
Perroquet, pillage, pont, planche, pavillon
Quart, quartier-maître
Rançon, rhum, repaire, rat
Sabre, scorbut, sirène, sextant, squelette
Tribord, Tortuga, trésor, tricorne, tonneau, taverne
Un homme à la mer
Vague, vaisseau, vaurien
Whaouuu (cri pirate lors de la découverte du trésor)
X emplacement du trésor sur la carte, signature des pirates souvent analphabètes
Yo-ho-ho (chant pirate)
Zombie des mers
2. Voici les éléments que tu dois retrouver dans la description des deux pirates
29
Tu as organisé ta description : description du visage en gros plan, puis portrait en
pied du personnage
Tu as conjugué les temps des verbes à l’imparfait ou au présent
Tu a utilisé le pronom « Elle » et tu as Tu as utilisé le pronom « Il » et tu as fait
fait les accords des adjectifs au féminin les accords des adjectifs au masculin
Tu as intégré les éléments de Tu as intégré les éléments de
description suivants : tricorne, foulard, description suivants : barbe,
pagne, jambières, ceinture, brassière, chapeau/feutre, bandeau, crochet,
tresses, pistolets, pipe/bouffarde sabre, pistolet, jambe de bois, veste
Tu as intégré les réactions de ceux ou celles qui croisent leur chemin.
J’ai écrit mon texte à la 1ère personne pour respecter la situation d’énonciation du
texte d’origine
30
J’ai utilisé les temps du récit : l’imparfait et le passé simple
J’ai utilisé le champ lexical de la bataille et des pirates
J’ai respecté les éléments du récit donnés par le texte d’origine : pirates déguisés
en squelettes, équipage adversaire terrifié.
J’ai respecté la situation d’énonciation que j’ai choisie : récit à la 1ère personne du
singulier ou du pluriel
J’ai utilisé les temps du récit : l’imparfait et le passé simple
Dans mon itinéraire, j’ai utilisé les mots suivants : falaise, crique/plage, tour en ruine,
pont de singe, chute d’eau, volcan, ruisseau, tombe, coffre
J’ai exprimé les différentes sensations ressenties durant mon périple.
Je décris ce que les pirates trouvent dans le coffre : j’utilise du vocabulaire montrant
l’abondance (plein de , mille, moult, rempli de, profusion, grande quantité de) ou au
contraire du vide
Je décris les réactions des pirates devant ce trésor (joie, allégresse)
31
4ème
Compétences travaillées
Ecouter, comprendre
Exprimer un avis sur un texte
Approfondir sa connaissance des registres
Les activités proposées invitent l’élève à écouter des mises en voix de Chroniques martiennes, à les
comprendre et à donner son opinion.
Ecrites par l’écrivain américain Ray Bradbury dans les années 1940, Chroniques martiennes est un recueil
de nouvelles publiées pour la première fois aux Etas-Unis en 1950. L’action se déroule sur la planète Mars.
1/ Ecoutez la nouvelle « Le martien », lue sur France culture par Jean-Charles Di Zazzo :
https://www.youtube.com/watch?v=JesToQzNVCw
3/ « La science-fiction est une description de la réalité. Le fantastique est une description de l’irréel.
Donc les Chroniques martiennes ne sont pas de la science-fiction, c’est du fantastique », affirme l’auteur.
Comment justifieriez-vous cette affirmation ?
5/ Prolongements : Ecoutez deux autres nouvelles de l’auteur, lues sur la même radio : « Un coup de
tonnerre » et « L’assassin » ( accessibles à l’adresse suivante :
https://www.youtube.com/watch?v=a4Vg13gLxJo ). Qu’en avez-vous pensé ?
ELEMENTS DE CORRECTION :
1/ https://fr.wikipedia.org/wiki/Chroniques_martiennes#Septembre_2005_/_2036_:_Le_Martien
2/ La science fiction (ou littérature d’anticipation) est un genre littéraire ou cinématographique qui
imagine un état futur du monde en s’appuyant sur l’évolution des sciences et techniques (ex : pleine
autonomie des robots ; installation de terriens sur Mars…). Le fantastique, lui, trouble par l’incertitude
qu’il installe : l’événement irrationnel raconté, qui se déroule dans un univers très réaliste, est-il
imaginaire ou s’est-il réellement produit ? C’est bien le cas ici : le doute s’installe sur l’identité de Tom,
en qui chacun reconnaît un défunt. Aucune explication rationnelle ne nous est fournie.
32
3/ On peut mentionner le rythme de la lecture qui s’adapte à celui de l’action, mais aussi la capacité du
comédien à faire entendre différentes voix de personnages ainsi que son talent pour installer une
atmosphère d’inquiétante étrangeté. Les sons (la pluie, par exemple), assez peu nombreux mais très bien
choisis, ne se contentent pas d’illustrer l’action racontée ; ils aident l’auditeur à pénétrer dans l’univers
du récit.
33
ACTIVITÉ 2 : Les dangers de la science
Compétences travaillées
Lire, écouter, comprendre
Donner un avis personnel et réfléchir à sa lecture
L’auteur :
Professeur d’anglais et de littérature américaine, diplômé en psychologie, Daniel KEYES (1927-2014)
remportera un franc succès suite à la publication, en1959, de sa première nouvelle, Des fleurs pour
Algernon. Considéré comme un chef d’oeuvre de la science-fiction et un classique de la littérature
américaine, le récit est adapté à plusieurs reprises au cinéma et à la télévision.
Seriez-vous d’accord pour subir une opération destinée à augmenter votre intelligence ? Pourquoi ?
III LIRE - ECOUTER : le texte est accessible en ligne au format PDF ; vous pouvez aussi l’écouter en
version audio, lue par le comédien Grégory Gadebois (Version traduite par Henry-Luc Planchat, Source
audio lib)
Lecture audio :
Partie 1 : https://www.youtube.com/watch?v=2CeP95qobEk
Partie 2 : https://www.youtube.com/watch?v=8Hrm9Y91ixE
Partie 3 : https://www.youtube.com/watch?v=ROuABVJs6VE
Partie 4 : https://www.youtube.com/watch?v=vN2ICeiT3B4
Partie 5 : https://www.youtube.com/watch?v=XsjFiQhxftA
Partie 6 : https://www.youtube.com/watch?v=1SzhYBGP43Y
Partie 7 : https://www.youtube.com/watch?v=dl-wppt1lvk
Partie 8 : https://www.youtube.com/watch?v=d66PgOoWKPw
34
IV ACTIVITES APRES LA LECTURE :
1/ Qu’avez-vous pensé de cette lecture ? Que ressentez-vous pour le personnage de Charly ?
2/ Comment évolue-t-il au cours de la nouvelle ?
3/ Sélectionnez trois passages qui vous semblent importants ; justifiez votre choix.
4/ Que vous a apporté cette lecture ? Quelles réflexions a-t-elle suscité ?
5/ Entraînez-vous à lire à voix haute l’un d’entre eux et enregistrez-vous.
2/ Pour alimenter votre réflexion sur l’eugénisme, vous pouvez lire Le meilleur des mondes d’Aldous
Huxley ( 1932) et regarder le film Bienvenue à Gattaca réalisé en 1997 par Andrew Niccol (Bande –
annonce : https://www.youtube.com/watch?v=7u3RrbNpRUQ )
ELEMENTS DE CORRECTION :
Ce récit est rempli d’humanité du fait notamment du point de vue adopté - celui de Charly, qui passe
d’un regard naïf à une lucidité sur sa condition et sur le regard des autres, tant lorsqu’il augmente ses
performances intellectuelles que lorsqu’il les perd définitivement.
Ce texte invite à réfléchir à la notion d’eugénisme et à s’interroger : Les progrès scientifiques
constituent-ils une avancée pour l’humanité ou un danger ? Rendent-ils l’homme heureux ?
L’adaptation cinématographique diffère beaucoup de la nouvelle, notamment par le point de vue
adopté ou par le statut des personnages. Le réalisateur prend beaucoup de libertés avec le récit : il
ajoute et modifie un certain nombre d’éléments qui lui sont tout à fait étrangers (ex : circonstances de
la mort d’Algernon ; les scènes avec la mère de Charles ; la relation avec la professeure de piano). La
force de la nouvelle vient du point de vue adopté : l’auteur nous donne accès à l’intériorité du
personnage.
35
ACTIVITÉ 3 : Dire l’amour en musique -
La Traviata, opéra de Verdi en trois actes (1853)
Compétences travaillées
Les activités proposées invitent l’élève à regarder l’opéra de Verdi, à en comprendre les enjeux et
à se l’approprier.
Support : La Traviata de Verdi, dans la mise en scène de Simon Stone (2019), en ligne sur le site
de l’Opéra de Paris
1/ Verdi s’inspire du roman d’Alexandre Dumas intitulé La Dame aux Camélias (1848) et raconte
l’histoire d’amour malheureuse d’un jeune bourgeois, Alfredo Germont, pour une courtisane, Violetta
Valery.
2/ L’Opéra de Paris met en ligne un de ses derniers opéras mis en scène par Simon Stone.
Regardez cet opéra : https://www.operadeparis.fr/magazine/la-traviata-replay
Vous pouvez vous aider du résumé de l’intrigue proposé par « Opera online » : https://www.opera-
online.com/items/works/la-traviata-piave-verdi-1853
36
• Racontez votre expérience de spectateur d’opéra en exprimant vos sentiments
personnels.
• Quels passages retenez-vous ? Pourquoi ?
• Cette histoire d’amour peut-elle encore émouvoir ? Pourquoi ?
• Qu’avez-vous pensé des choix de mise en scène et des jeux d’acteur ?
7/ Prolongements : Ecriture
• Ecrivez un article rendant compte de votre opinion de spectateur sur ce spectacle.
Vous pouvez vous aider d’articles en ligne tels
que https://bachtrack.com/fr_FR/critique-la-traviata-stone-mariotti-yende-
bernheim-tezier-trottmann-opera-de-paris-palais-garnier-paris-septembre-
2019 ou https://www.classiquenews.com/compte-rendu-opera-paris-garnier-le-12-
sept-2019-verdi-la-traviata-yende-bernheim-mariotti-stone/
• Choisissez un des personnages, présentez-le et expliquez en quoi il vous semble
intéressant.
8/ Prolongement : Lecture
Lisez La Dame aux Camélias d’Alexandre Dumas et confectionnez un carnet de lecture
ELEMENTS DE CORRECTION
3/
• Le metteur en scène souhaite rendre actuel l’opéra de Verdi ; le décor est très
moderne (publicités, discothèque, kebab, écrans divers). Le numérique est
omniprésent et renvoie aux heures de gloire de Violetta dans un Paris à la mode
hyperconnecté : l’héroïne, en témoignent aussi les costumes, est une star des réseaux
sociaux.
• Violetta passe d’une conception très légère et superficielle de la vie, dans laquelle elle
ne veut pas s’engager affectivement, à une rencontre de l’amour. Elle souhaite
profiter des plaisirs éphémères que la vie lui offre, mais la rencontre avec Alfredo va
provoquer des bouleversements.
• Ses sentiments évoluent : par son amour, Alfredo l’amène à hésiter entre une vie faite
de plaisirs superficiels et l’acceptation de l’intensité et du mystère de l’amour
véritable.
• Le spectateur peut éprouver une certaine compassion pour Violetta, d’autant que sa
maladie peut aider à comprendre son attraction pour les plaisirs légers et faciles. On
peut être aussi touché par ses hésitations. Certains cependant la trouveront trop
légère. Argumentez votre avis personnel.
4/ Violetta et Alfredo se retrouvent enfin dans la chambre d’hôpital de Violetta et espèrent un temps
que l’amour lui permettra de recouvrer sa santé, mais ils comprennent tous deux très vite que la mort
approche. Le père d’Alfredo, qui surgit in extremis, avoue son remords d’avoir séparé les amants.
Après avoir recommandé à Alfredo d’aimer une jeune fille au cœur pur qu’il pourrait rencontrer
lorsqu’elle sera morte, Violetta se dirige vers un nouvel espace qui représente l’au-delà. La mort est
ainsi représentée commun voyage vers une nouvelle vie.
5/ La cantatrice, très émue, semble avoir besoin de temps pour sortir de son rôle. Votre texte pourra
évoquer l’intrigue, la puissance du chant ou faire des hypothèses sur les liens qui unissent la cantatrice
à son personnage.
37
ACTIVITÉ 4 : Dire l’amour – La passion amoureuse
Compétences travaillées
Lire, comprendre
Analyser un texte
Ma féroce amie,
Ma pauvre tête est bien malade, et je ne puis plus me lever le matin. Ce soir, j’ai parcouru (des
heures) sans te trouver nos endroits. Que la mort me soit douce ! Et comme mon agonie est longue.
Pourquoi ne m’as-tu pas attendu à l’atelier. Où vas-tu ? A quelle douleur j’étais destiné ? J’ai des
moments d’amnésie où je souffre moins, mais aujourd’hui, l’implacable douleur reste. Camille ma
bienaimée malgré tout, malgré la folie que je sens venir et qui sera votre œuvre, si cela continue.
Pourquoi ne me crois-tu pas ? J’abandonne mon salon, la sculpture. Si je pouvais aller n’importe où,
un pays où j’oublierai, mais il n’y en a pas. Il y a des moments où franchement je crois que je t’oublierai.
Mais en un seul instant, je sens ta terrible puissance.
Aye pitié méchante. Je n’en puis plus, je ne puis plus passer un jour sans te voir. Sinon l’atroce
folie. C’est fini, je ne travaille plus, divinité malfaisante, et pourtant je t’aime avec fureur.
Ma Camille, sois assurée que je n’ai aucune femme en amitié, et toute mon âme t’appartient.
Je ne puis te convaincre et mes raisons sont impuissantes. Ma souffrance tu n’y crois pas, je
pleure et tu en doutes. Je ne ris plus depuis longtemps, je ne chante plus, tout est insipide et
indifférent. Je suis déjà mort et je ne comprends plus le mal queje me suis donné pour des choses qui
me sont si indifférentes maintenant. Laisse-moi te voir tous les jours, ce sera une bonne action et peut-
être qu’il m’arrivera un mieux, car toi seule peut me sauver par ta générosité.
Ne laisse pas prendre à la hideuse et lente maladie mon intelligence, l’amour ardent et si pur
que j’ai pour toi, enfin pitié ma chérie, et toi-même en sera récompensée.
Je t’embrasse les mains mon amie, toi qui me donnes des jouissances si élevées, si ardentes,
près de toi, mon âme existe avec force et, dans sa fureur d’amour, ton respect est toujours au-dessus.
Le respect que j’ai pour ton caractère, pour toi ma Camille est une cause de ma violente passion. Ne
me traite pas impitoyablement, je te demande si peu.
[…]
38
Je ne regrette rien. Ni le dénouement qui me paraît funèbre, ma vie sera tombée dans un
gouffre. Mais mon âme a eu sa floraison, tardive hélas. Il a fallu que je te connaisse et tout a pris une
vie inconnue, ma terne existence a flambé dans un feu de joie. Merci car c’est à toi que je dois toute
la part de ciel que j’ai eue dans ma vie.
Tes chères mains, laisse-les sur ma figure, que ma chair soit heureuse que mon cœur sente
encore ton divin amour se répandre à nouveau. De quelle ivresse je vis quand je suis auprès de toi.
Auprès de toi quand je pense que j’ai encore ce bonheur, et je me plains. Et dans la lâcheté, je crois
que j’ai fini d’être malheureux, que je suis au bout. […]
Ta main, Camille, pas celle qui se retire, pas de bonheur à toucher si elle ne m’est le gage d’un
peu de tendresse.
Ah ! Divine beauté, fleur qui parle, et qui aime, fleur intelligente, ma chérie. Ma très bonne, à
deux genoux, devant ton beau corps que j’étreins.
Auguste RODIN
1. Faites une recherche rapide sur Camille Claudel, puis sur Auguste Rodin.
2. Lisez le texte attentivement et reformulez ce que vous avez compris dans votre cahier.
3. Si vous deviez caractériser les sentiments qui s’expriment en cinq mots,
lesquels choisiriez-vous ? Pourquoi ?
4. Surlignez les passages où la passion se dessine.
5. Que pensez-vous des expressions suivantes : « Aye pitié méchante », « atroce folie »,
« divinité malfaisante », « féroce amie » … ?
6. Que ressent Rodin ?
7. Que pensez-vous de la dernière partie de la lettre où Rodin évoque les mains de
Camille ?
8. Comment caractériseriez-vous cet amour ?
9. En quoi cette passion naissante semble-t-elle déjà dévastatrice ?
Imaginez la lettre qu’aurait pu écrire Camille Claudel en réponse à celle d’Auguste Rodin.
ELEMENTS DE CORRECTION :
1/ Camille Claudel (1864-1943) : sculptrice, élève d’Auguste Rodin avec qui elle a vécu une histoire
d’amour passionnelle, elle sortira fragilisée de cette relation et se perdra peu à peu dans la folie - elle
finira d’ailleurs sa vie en hôpital psychiatrique. Son œuvre a été reconnue tardivement, mais des
sculptures telles que L’âge mûr, Vertumne et Pomone, La Petite Châtelaine sont maintenant très
célèbres.
Auguste Rodin (1840-1917) : célèbre sculpteur de la fin du XIXème siècle, il vit une histoire d’amour
passionnelle avec Camille Claudel ; étant en couple avec Rose Beuret, il finira par quitter Camille. On
peut citer, parmi ses nombreuses œuvres, Le Penseur, Les Bourgeois de Calais, Le Baiser …
2/ Rodin écrit à Camille pour lui exprimer son amour et surtout la violente passion qu’il ressent pour
elle. Il souffre lorsqu’il est séparé d’elle.
39
3/ Passionnés – violents – sensuels – démesurés – douloureux….
4/ « (…) et pourtant je t’aime avec fureur (…)». / « l’amour ardent et si pur que j’ai pour toi, (…)» / « Je
t’embrasse les mains mon amie, toi qui me donnes des jouissances si élevées, si ardentes, près de toi,
mon âme existe avec force et, dans sa fureur d’amour, ton respect est toujours au-dessus (…)» / « Il a
fallu que je te connaisse et tout a pris une vie inconnue, ma terne existence a flambé dans un feu de
joie ».
5/ Certains termes s’opposent : des expressions telles que « atroce folie », « divinité malfaisante »,
« féroce amie » montrent la violence des sentiments ressentis par Rodin, pris entre la puissance de la
passion et la souffrance qu’il ressent, loin de celle qu’il aime. L’expression « Aye pitié méchante » va
dans ce sens : Camille est rendue responsable des maux ressentis par Rodin.
6/ Rodin ressent une douleur physique et morale (« agonie », « mort ») ; il qualifie cette violente
passion de folie et se trouve dans un état de grande dépendance vis-à-vis de Camille, qu’il aime
profondément.
7/ Cette dernière partie qui évoque les mains et le toucher est très sensuelle. Ces mains sont aussi les
outils de travail de ces deux sculpteurs.
8/ Cet amour fait souffrir Rodin moralement et physiquement. Sa passion dévastatrice pour Camille
semble le consumer et l’empêcher de travailler ou de se concentrer. Les sentiments, loin d’être sereins
et apaisés, sont violents et le font souffrir.
40
ACTIVITÉ 5 : Honneur, amour…
Compétences travaillées
Les activités proposées aident l’élève à comprendre puis à mettre en voix deux extraits d’une pièce
célèbre du XVIIe siècle.
Le spectateur sait dès le début de la pièce que Rodrigue, fils de Don Diègue, doit épouser Chimène.
Dans cette scène de l’acte I, il rencontre son propre père, Don Diègue…
ACTE I, Scène 5
Vous pouvez vous aider du premier lien (de 0 mns 04 à 04 mns 50) qui propose une mise en scène de
l’extrait :
DON DIÈGUE
Rodrigue, as-tu du coeur[1] ?
DON RODRIGUE
Tout autre que mon père
L'éprouverait sur l'heure.
DON DIÈGUE
Agréable colère !
Digne ressentiment à ma douleur bien doux !
Je reconnais mon sang à ce noble courroux ;
Ma jeunesse revit en cette ardeur si prompte.
Viens, mon fils, viens, mon sang, viens réparer ma honte ;
Viens me venger.
41
DON RODRIGUE
De quoi?
DON DIÈGUE
D'un affront[2] si cruel,
Qu'à l'honneur de tous deux il porte un coup mortel:
D'un soufflet[3]. L'insolent en eût perdu la vie ;
Mais mon âge a trompé ma généreuse envie ;
Et ce fer[4] que mon bras ne peut plus soutenir,
Je le remets au tien pour venger et punir.
va contre un arrogant éprouver ton courage :
Ce n'est que dans le sang qu'on lave un tel outrage[5] ;
Meurs, ou tue. Au surplus, pour ne te point flatter[6]
Je te donne à combattre un homme à redouter ;
Je l'ai vu, tout couvert de sang et de poussière,
Porter partout l'effroi dans une armée entière.
J'ai vu par sa valeur cent escadrons rompus[7] ;
Et pour t'en dire encore quelque chose de plus,
Plus que brave soldat, plus que grand capitaine, C'est...
DON RODRIGUE
De grâce, achevez.
DON DIÈGUE
Le père de Chiméne.
DON RODRIGUE
Le...
DON DIÈGUE
Ne réplique point, je connais ton amour,
Mais qui peut vivre infâme[8] est indigne du jour ;
Plus l'offenseur est cher, et plus grande est l'offense[9].
Enfin tu sais l'affront, et tu tiens la vengeance :
Je ne te dis plus rien. Venge-moi, venge-toi ;
Montre-toi digne fils d'un père tel que moi.
Accablé des malheurs où le destin me range,
Je vais les déplorer. Va, cours, vole, et nous venge.
I/ Que comprenez-vous ?
II/ Appropriation :
• Ecoutez l’analyse de la scène dans la vidéo publiée par LUMNI (de 7 à 20 mns)
• Entraînez-vous à lire de manère expressive la dernière réplique
42
ELEMENTS DE CORRECTION :
1/ Don Diègue annonce à son fils qu’il va devoir le venger, suite à une gifle qu’il a reçue du Comte : son
honneur a été atteint. Il remet à Rodrigue son épée.
2/ Le Comte apparaît comme un homme redoutable et héroïque.
3/ Le père de Chimène (celle qu’il devait épouser) devient un ennemi à affronter. Les jeunes amants
ne peuvent donc plus vivre leur amour.
4/ L’honneur du fils et du père ne font qu’un.
5/ On peut notamment relever le lexique du combat et de la vengeance ; l’on passe d’une situation de
bonheur à celle de malheurs annoncés ; l’amour est rendu impossible ; le héros est victime d’une
situation dont il n’est en rien responsable ; les personnages sont de très haut rang ; la langue est
poétique et le lexique noble.
ACTE I, SCENE 6
DON RODRIGUE
43
Il vaut mieux courir au trépas.
Je dois à ma maîtresse aussi bien qu’à mon père :
J’attire en me vengeant sa haine et sa colère ;
J’attire ses mépris en ne me vengeant pas.
À mon plus doux espoir l’un me rend infidèle,
Et l’autre indigne d’elle.
Mon mal augmente à le vouloir guérir ;
Tout redouble ma peine.
Allons, mon âme ; et puisqu’il faut mourir,
Mourons du moins sans offenser Chimène.
Que comprenez-vous ?
1/ Evoquez en un ou deux mots l’état dans lequel se trouve Rodrigue dans chacune des strophes.
2/ Comment évolue le personnage au cours de ce monologue ?
3/ Quelle est sa décision finale ? Comment l’expliquez-vous ?
ELEMENTS DE CORRECTION :
Appropriation - Activités :
44
1/ Comment un acteur pourrait-il jouer cette scène ? Donnez des indications pour chacune des
strophes (déplacements, intonations et silences, recours à des objets…) – vous pouvez vous inspirer
de mises en scène.
2/ Apprenez par cœur tout ou partie du monologue et enregistrez-vous.
2/ Lisez l’ensemble de la pièce. Vous pouvez vous aider d’un résumé facilement accessible ainsi que
de cette vidéo qui propose des analyses et des extraits d’enregistrements historiques
: https://www.youtube.com/watch?v=FoYlgnjN4Y0
[1]
courage
[2]
attaque
[3]
gifle
[4]
cette épée
[5]
affront, humiliation
[6]
tromper
[7]
troupes armées battues
[8]
dans le déshonneur, l’indignité
[9]
l’affront
[10]
épée
[11]
une mort
[12]
qui détourne du devoir
[13]
trompé
[14]
même si
45
ACTIVITÉ 6 : Le chant d’amour d’une ondine
Compétences travaillées
Lire, comprendre
Analyser un texte poétique
46
1. Lisez maintenant le texte suivant écrit par Aloysius Bertrand, extrait de Gaspard de
la nuit (1842).
Ondine
Écoute ! – Écoute ! – C’est moi, c’est Ondine qui frôle de ces gouttes d’eau les losanges
sonores de ta fenêtre illuminée par les mornes[1] rayons de la lune ; et voici, en robe
de moire[2], la dame châtelaine qui contemple à son balcon la belle nuit étoilée et le
beau lac endormi.
Chaque flot est un ondin qui nage dans le courant, chaque courant est un sentier qui
serpente vers mon palais, et mon palais est bâti fluide, au fond du lac, dans le triangle
du feu, de la terre et de l’air.
Écoute ! – Écoute ! – Mon père bat l’eau coassante[3] d’une branche d’aulne[4] verte,
et mes sœurs caressent de leurs bras d’écume les fraîches îles d’herbes, de nénuphars
et de glaïeuls, ou se moquent du saule caduc[5] et barbu qui pêche à la ligne ! »
Sa chanson murmurée, elle me supplia de recevoir son anneau à mon doigt pour être
l’époux d’une Ondine, et de visiter avec elle son palais pour être le roi des lacs.
Et comme je lui répondais que j’aimais une mortelle, boudeuse et dépitée[6], elle
pleura quelques larmes, poussa un éclat de rire, et s’évanouit en giboulées [7]qui
ruisselèrent blanches le long de mes vitraux bleus.
ELEMENTS DE CORRECTION :
1/ Ondine est très belle : « en robe de moire ». Sa voix est convaincante, ensorcelante (« écoute » est
répété trois fois).
Elle est une créature issue de l’univers du merveilleux ou du fantastique et incarne l’image d’une
femme séductrice et belle. Ses promesses sont bien douces et alléchantes mais attention aux
promesses des ondines ! Car c’est une créature malfaisante, une séductrice dangereuse qui se fâche à
la fin lorsque le narrateur refuse de la suivre. Son amour est donc néfaste.
2/ Ondine vit dans l’élément liquide, au fond d’un lac (« Chaque courant est un sentier qui serpente
vers mon palais, et mon palais est bâti fluide, au fond du lac »). Cette scène a lieu la nuit car « la lune »
brille (« ta fenêtre illuminée par les mornes rayons de la lune »). La nuit est un moment propice à la
rêverie. C’est aussi un moment dans la littérature où naissent les rêves, les angoisses, les êtres
étranges. La nuit, qui peut être une confidente, est aussi parfois inquiétante.
47
3/ Elle parle au narrateur, celui qui dit « je » - un homme qu’elle semble essayer de séduire en lui
proposant de l’épouser (« pour être l’époux d’une Ondine »).
4/ Elle est déçue de ne pas avoir convaincu l’homme puisqu’elle a échoué à le séduire et à l’emmener
avec elle. Elle est fâchée, mais pousse un éclat de rire car il n’y a pas d’enjeu d’amour pour elle. Elle
recommencera ce jeu avec un autre.
5/ Cette créature peut faire penser bien sûr aux Sirènes de l’Antiquité, femmes-oiseaux séductrices qui
attiraient les hommes pour les dévorer et qui vivaient sur un rivage couvert d’ossements des hommes
dévorés. Leur voix ensorcelante exerçait un pouvoir de fascination tel que les hommes ne pouvaient
pas résister. Ulysse, dans L’Odyssée d’Homère, souffrira de leur charme mais survivra car il fut attaché
au mât du bateau par ses compagnons dont les oreilles furent bouchées par de la cire pour échapper
au sortilège.
6/ Ce texte est très musical et on peut le qualifier de poétique. Il s’agit d’ un poème en prose. Il est
composé de cinq paragraphes. Le poème en prose est un genre littéraire poétique qui n’utilise pas ni
rimes, ni versification, ni la disposition du texte poétique traditionnel.
7/ On ne parle plus de strophes mais de paragraphes. C’est un texte clos qui présente un titre. Il joue
fréquemment avec les sons grâce à des allitérations (répétitions d’un même son consonantique) ou
des assonances (répétitions d’un même son vocalique), avec les figures de style. Il est souvent très
musical.
[1]
tristes.
[2]
robe dont le tissu a des effets brillants.
[3]
qui imite le chant des grenouilles.
[4]
arbre qui croît dans les lieux humides et marécageux
[5]
qui a perdu son feuillage.
[6]
peinée
[7]
averse soudaine et violente, accompagnée de vent, de grêle, parfois même de neige.
48
ACTIVITÉ 7 : Dire l’amour en se cachant
Compétences travaillées
Lire, comprendre
Les activités proposées en prolongement favorisent l’appropriation du texte par le travail de l’écrit
et de l’oral.
Cyrano est très amoureux de Roxane, mais il se sait très laid. Aussi n’ose-t-il pas lui avouer son amour
alors même qu’il a de grands talents d’orateur et de poète.
Roxane, elle, est tombée sous le charme du jeune et beau Christian, mais celui-ci ne sait pas bien
s’exprimer. Heureusement pour lui, les circonstances font de Cyrano son complice : il séduira en effet
Roxane pour le compte de Christian, sans qu’elle s’en aperçoive.
Cette scène de l’acte III se passe de nuit ; Christian, accompagné de son fidèle Cyrano, vient déclarer
son amour à Roxane
CHRISTIAN
Moi.
ROXANE
Qui, moi ?
CHRISTIAN
Christian.
49
CHRISTIAN
Je voudrais vous parler.
ROXANE
Non ! Vous parlez trop mal. Allez-vous-en !
CHRISTIAN
De grâce !...
ROXANE
Non ! Vous ne m'aimez plus !
ROXANE
- Mais pourquoi parlez-vous de façon peu hâtive[1] ?
Auriez-vous donc la goutte à l'imaginative[2] ?
ROXANE
Aujourd'hui...
Vos mots sont hésitants. Pourquoi ?
ROXANE
Les miens n'éprouvent pas difficulté pareille.
CYRANO
Ils trouvent tout de suite ? oh ! cela va de soi,
Puisque c'est dans mon cœur, eux, que je les reçois ;
Or, moi, j'ai le cœur grand, vous, l'oreille petite.
D'ailleurs vos mots à vous, descendent : ils vont plus vite.
Les miens montent, Madame : il leur faut plus de temps !
50
ROXANE
Mais ils montent bien mieux depuis quelques instants.
CYRANO
De cette gymnastique, ils ont pris l'habitude !
ROXANE
Je vous parle, en effet, d'une vraie altitude !
CYRANO
Certes, et vous me tueriez si de cette hauteur
Vous me laissiez tomber un mot dur sur le cœur !
CYRANO, vivement.
Non !
ROXANE
Comment... non ?
ROXANE
Sans se voir ?
CYRANO
Mais oui, c'est adorable. On se devine à peine.
Vous voyez la noirceur d'un long manteau qui traîne,
J'aperçois la blancheur d'une robe d'été :
Moi je ne suis qu'une ombre, et vous qu'une clarté !
Vous ignorez pour moi ce que sont ces minutes !
51
Arrêt sur texte
1. Pourquoi Cyrano recule-t-il « avec effroi » et s’exclame-
t-il « non ! » ?
2. Une antithèse est une figure de style qui consiste à
rapprocher deux éléments qui s’opposent. Repérez le
vers construit sur une antithèse dans la dernière
réplique de Cyrano de ce passage et expliquez-la
[…]
ROXANE
Eh bien ! […]
Quels mots me direz-vous ?
CYRANO
Tous ceux, tous ceux, tous ceux
Qui me viendront, je vais vous les jeter, en touffe,
Sans les mettre en bouquet : je vous aime, j'étouffe,
Je t'aime, je suis fou, je n'en peux plus, c'est trop ;
Ton nom est dans mon cœur comme dans un grelot,
Et comme tout le temps, Roxane, je frissonne,
Tout le temps, le grelot s'agite, et le nom sonne !
De toi, je me souviens de tout, j'ai tout aimé :
Je sais que l'an dernier, un jour, le douze mai,
Pour sortir le matin tu changeas de coiffure !
J'ai tellement pris pour clarté ta chevelure
Que comme lorsqu'on a trop fixé le soleil,
On voit sur toute chose ensuite un rond vermeil,
Sur tout, quand j'ai quitté les feux dont tu m'inondes,
Mon regard ébloui pose des taches blondes !
CYRANO
Certes, ce sentiment
Qui m'envahit, terrible et jaloux, c'est vraiment
De l'amour, il en a toute la fureur triste !
De l'amour, - et pourtant il n'est pas égoïste !
Ah ! que pour ton bonheur je donnerais le mien,
Quand même tu devrais n'en savoir jamais rien,
S'il ne pouvait, parfois, que de loin j'entendisse
Rire un peu le bonheur né de mon sacrifice !
- Chaque regard de toi suscite une vertu
Nouvelle, une vaillance en moi ! Commences-tu
À comprendre, à présent ? voyons, te rends-tu compte ?
Sens-tu mon âme, un peu, dans cette ombre, qui monte ?...
Oh ! mais vraiment, ce soir, c'est trop beau, c'est trop doux !
Je vous dis tout cela, vous m'écoutez, moi, vous !
C'est trop ! Dans mon espoir même le moins modeste,
Je n'ai jamais espéré tant ! Il ne me reste
Qu'à mourir maintenant ! C'est à cause des mots
52
Que je dis qu'elle tremble entre les bleus rameaux !
Car vous tremblez, comme une feuille entre les feuilles !
Car tu trembles ! car j'ai senti, que tu le veuilles
Ou non, le tremblement adoré de ta main
Descendre tout le long des branches du jasmin !
Il baise éperdument l'extrémité d'une branche pendante.
ROXANE
Oui, je tremble, et je pleure, et je t'aime, et suis tienne !
Et tu m'as enivrée !
CYRANO
Alors, que la mort vienne !
Cette ivresse, c'est moi, moi, qui l'ai su causer !
Je ne demande plus qu'une chose...
ACTIVITES ET PROLONGEMENTS :
ELEMENTS DE CORRECTION :
1/ Roxane est séduite par l’éloquence (l’art de bien parler, de savoir manier le langage et les mots).
2/ Christian ne sachant pas s’exprimer, Cyrano lui souffle d’abord ce qu’il doit dire à Roxane. Celle-ci
se rendant compte du caractère étrange du dialogue, Cyrano prend la place de Christian afin que
l’échange amoureux puisse se poursuivre.
3/ Les mots sont dans le discours de Cyrano de petits êtres vivants qui semblent escalader l’air. Le
héros fait preuve d’imagination et d’une grande capacité de répartie : il faut qu’il parvienne à endormir
les soupçons de Roxane qui, bien que charmée, perçoit l’étrangeté de la situation.
4/ Elle pourrait l’anéantir avec des mots blessants. « Cette hauteur », ce n’est pas seulement la hauteur
du balcon, mais celle, métaphorique, à laquelle il place Roxane : pour lui, elle est comme une reine,
bien au-dessus de lui.
5/ Il ne veut pas que Roxane découvre la supercherie et il aimerait que ce moment se prolonge.
6/« Moi je ne suis qu’une ombre, et vous qu’une clarté ! »
53
Cyrano fait référence à la blancheur de la robe de Roxane qui contraste avec la couleur noire de son
propre manteau. Mais il veut aussi dire qu’elle est lumière pour lui, qu’elle l’éblouit, alors que lui est
caché. Ces propos sont censés être ceux de Christian et c’est ce que doit comprendre Roxane. Mais le
spectateur comprend davantage encore : il sait que Cyrano reste dans l’ombre parce qu’il ne veut pas
être découvert, il est « l’ombre de Christian »…
7/ Roxane vient d’entendre une déclaration d’amour passionné, qui témoigne de l’attention extrême
qu’il lui lui porte.
8/ Quand Cyrano dit « Ah ! que pour ton bonheur je donnerais le mien, / Quand même tu devrais n’en
savoir jamais rien… », il s’exprime au conditionnel, mais c’est ce qui se réalise dans cette scène : pour
la rendre heureuse, il rend Roxane encore plus amoureuse de Christian qu’elle ne l’était. Il aura alors
pour seule récompense « le bonheur né de [s]on sacrifice ! »
ACTIVITES ET PROLONGEMENTS :
1/ Réagissez de manière personnelle. Vous pouvez, par exemple, éprouver de l’admiration et/ou de la
pitié pour le héros.
2/ Lisez cette très belle pièce ; vous pouvez dans un premier temps confronter vos réponses à un
résumé facilement accessible sur internet. Vous trouverez en ligne des extraits de mises en scène et
d’adaptations cinématographiques
3/ L’activité d’écriture tiendra compte de l’effet créé par les propos de Cyrano et du trouble mentionné
dans le texte. Roxane pourra s’interroger sur ses sentiments, exprimer l’intensité de son amour, sa joie
d’être ainsi aimée…
[1]
En ne vous hâtant pas, lentement
[2]
= votre imagination aurait-elle des rhumatismes ?
54
ACTIVITÉ 8 : L’amour s’en va…
Compétences travaillées
Lire, comprendre un texte poétique
55
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
II/ Ce poème a été souvent mis en musique et chanté. Pourquoi à votre avis ressemble-t-il à une
chanson ?
III/ Écoutez ces différentes versions et indiquez celle que vous préférez.
Léo
Ferré : https://www.youtube.com/watch?v=ILLOj0oMx3k&list=RDILLOj0oMx3k&start_radio=
1&t=0
Serge Reggiani :
https://www.youtube.com/watch?v=E-rSQ0OtUvU
Marc Lavoine :
https://www.youtube.com/watch?v=DvOeX9b4Tp4&t=1s
Desireless :
https://www.youtube.com/watch?v=we2YgpV2fvY
Louisa :
https://www.youtube.com/watch?v=7lQGJNKDyPA
IV/ A votre tour, entraînez-vous à lire à voix haute ce poème ; apprenez-le par cœur.
PISTES DE CORRECTION
1/ Le poète décrit un pont parisien au-dessus de la Seine. En observant le fleuve qui coule, il pense au
temps qui passe sans jamais s’arrêter et qui emporte tout avec lui, notamment l’amour. L’eau qui coule
est la métaphore de ce temps qui passe.
2/ Celui qui dit « je » est triste ; il réfléchit au sens de la vie qui finit par emporter tout ce à quoi on est
attaché. Il semble avoir perdu son amour et est désespéré.
De son expérience personnelle et intime il tire des conclusions qui sont valables pour tous les hommes.
C’est cependant un artiste, un poète et il met en chanson sa réflexion. Ce poème traverse les époques
et apporte en quelque sorte un démenti à ce qu’il dit : certaines choses résistent au temps, comme la
poésie par exemple.
56
• Par la présence de rimes (Seine/souvienne ; heure/demeure)
57
ACTIVITÉ 9 : Amour ou haine ?
Compétences travaillées
Ecouter
Comprendre
Donner un avis personnel
Les activités proposées aident à rendre compte de la compréhension d’une lecture radiophonique
Support : lecture audio du roman Le chat de Georges Simenon, adapté par Pierre Assouline.
1/ Ecoutez l’adaptation du roman « Le chat » sur France culture, mise en voix par la troupe de la
Comédie-Française en 2020 : https://www.franceculture.fr/emissions/fictions-theatre-et-cie/le-chat-
de-georges-simenon
58
ELEMENTS DE CORRECTION
2/ Réponses possibles : l’amour ; le couple : le désamour, la haine et/ou le manque de communication.
3/ On pourra s’arrêter sur la mort du chat et du perroquet ; sur la montée de la haine entre les deux
personnages ; sur l’échange de mots au sein du couple ; sur le départ du foyer d’Emile ; sur la mort de
Marguerite…
4/ La nouvelle décrit l’évolution des sentiments au sein du couple ; l’auteur donne l’illusion du réel
(gestes des personnages et actions détaillées de manières très précises, noms de lieux, décor précis,
noms de personnages…).
10/ Pour écrire ce récit, Georges Simenon s’est inspiré de la relation vécue par sa propre mère avec
son dernier mari.
59
Lire une nouvelle de Gustave Flaubert : Un cœur simple (1877)
Compétences travaillées
Le parcours ici proposé aide l’élève à lire une nouvelle du patrimoine. Il propose des exercices variés
de lecture, d’expression et de langue qui l’aideront à apprécier l’œuvre et dont il peut s’emparer
tout à fait librement.
Support : Le récit de Flaubert, extrait de Trois contes, est accessible en ligne aux formats PDF ou
EPub (ex : https://beq.ebooksgratuits.com/vents/Flaubert-contes.pdf).
1) Qu’apprends– tu à propos de Madame Aubain et de Félicité ? Quel lien les unit ? Surligne
les mots qui te renseignent, puis rédige ta réponse.
2) Quelles qualités de Félicité sont mises en évidence ? Surligne la phrase qui te renseigne
puis rédige ta réponse.
60
3) Quel événement amène Madame Aubain à changer de vie et de maison ?
Prolongement :
Tu peux lire le début de la nouvelle lue par Fabrice Luchini pour la radio France Culture :
https://www.franceculture.fr/emissions/denis-podalydes-lit/un-coeur-simple-120
Voici l’affiche d’un film, réalisé par Marion Laine, qui adapte la nouvelle de Flaubert :
1) Complète la colonne de droite du tableau :
- Où la scène se déroule-t-elle ?
Détail de l’affiche
61
2) Rédige un paragraphe pour décrire l’image en reprenant les différents éléments que
tu as trouvés. A quelle histoire peux-tu t’attendre ?
Pour mieux t’imaginer à quoi ressemble la salle où vit Madame Aubain, cherche chaque mot en bleu
dans le dictionnaire.
Puis complète le lexique en écrivant le sens de chaque mot (attention, il peut y avoir plusieurs sens
pour le même mot)
Tu peux ensuite faire correspondre aux mots du texte des images correspondant aux définitions en
créant des liens « hypertexte ».
(Rappel : pour faire un lien, sélectionner le mot/ insertion/ hyperlien / document/ choisir le fichier/
appliquer)
Dictionnaire1 : Trésor de la langue française : http://www.cnrtl.fr/definition/
Dictionnaire 2 : Larousse : http://www.larousse.fr/encyclopedie/rechercher?q
« Cette maison, revêtue d’ardoises, se trouvait entre un passage et une ruelle aboutissant à la rivière.
Elle avait intérieurement des différences de niveau qui faisaient trébucher. Un vestibule étroit séparait
la cuisine de la salle où Mme Aubain se tenait tout le long du jour, assise près de la croisée dans un
fauteuil de paille. Contre le lambris, peint en blanc, s’alignaient huit chaises d’acajou. Un vieux piano
supportait, sous un baromètre, un tas pyramidal de boîtes et de cartons. Deux bergères de tapisserie
flanquaient la cheminée en marbre jaune et de style Louis XV. La pendule, au milieu, représentait un
temple de Vesta ; — et tout l’appartement sentait un peu le moisi, car le plancher était plus bas que le
jardin. »
LEXIQUE :
Une ardoise
ruelle
trébucher
vestibule
62
croisée
Fauteuil de paille
lambris
acajou
baromètre
pyramidal
bergère
flanquer
Vesta
IV/ (grammaire)
Réviser les principaux emplois des temps du passé employés dans le récit
Voici quelques phrases extraites de la nouvelle réaliste « Un cœur simple » de Gustave Flaubert.
1/ « Cette maison, revêtue d’ardoises, se trouvait entre un passage et une ruelle aboutissant à la
rivière. Elle avait intérieurement des différences de niveau qui faisaient trébucher. Un vestibule étroit
séparait la cuisine de la salle(…) »
« Son visage était maigre et sa voix aiguë. À vingt-cinq ans, on lui en donnait quarante »
2/ « Elle se levait dès l’aube, pour ne pas manquer la messe, et travaillait jusqu’au soir sans
interruption »
« Économe, elle mangeait avec lenteur, et recueillait du doigt sur la table les miettes de son pain »
« Pour cent francs par an, elle faisait la cuisine et le ménage, cousait, lavait, repassait, savait brider un
cheval, »
63
→ Le temps est…
Il est employé pour …
3/ Elle se tenait à l’écart modestement, quand un jeune homme d’apparence cossue (…) vint l’inviter à
la danse »
→ le temps est…
Il est employé pour …
4/ Alors, elle vendit ses immeubles, sauf la ferme de Toucques et la ferme de Geffosses, dont les
rentes montaient à 5000 francs tout au plus, et elle quitta sa maison de Saint-Melaine pour en
habiter une autre moins dispendieuse, ayant appartenu à ses ancêtres et placée derrière les halles.
→ le temps est…
Il est employé pour …
5/ Elle avait épousé un beau garçon sans fortune, mort au commencement de 1809(…)
→ le temps est…
Il est employé pour …
6/ Réalise une carte mentale qui t’aidera à mémoriser les principales valeurs des trois temps que tu as
64
V/ (lecture) : Lire le portrait de Félicité
Elle se levait dès l’aube, pour ne pas manquer la messe, et travaillait jusqu’au soir sans interruption ;
puis, le dîner étant fini, la vaisselle en ordre et la porte bien close, elle enfouissait la bûche sous les
cendres et s’endormait devant l’âtre i, son rosaire ii à la main. Personne, dans les marchandages, ne
montrait plus d’entêtement. Quant à la propreté, le poli de ses casseroles faisait le désespoir des
autres servantes. Économe, elle mangeait avec lenteur, et recueillait du doigt sur la table les miettes
de son pain, — un pain de douze livres iii, cuit exprès pour elle, et qui durait vingt jours.
En toute saison elle portait un mouchoir d’indienne iv fixé dans le dos par une épingle, un bonnet lui
cachant les cheveux, des bas gris, un jupon rouge, et par-dessus sa camisole v un tablier à bavette,
comme les infirmières d’hôpital.
Son visage était maigre et sa voix aiguë. À vingt-cinq ans, on lui en donnait quarante. Dès la
cinquantaine, elle ne marqua plus aucun âge ; — et, toujours silencieuse, la taille droite et les gestes
mesurés, semblait une femme en bois, fonctionnant d’une manière automatique
1. Surligne en jaune les verbes du premier paragraphe qui ont « elle » pour sujet. Qu’expriment-
ils ? A quel temps sont-ils conjugués? Pourquoi ?
2. Relis la première phrase. Que fait Félicité en début et en fin de journée ? Surligne en vert les
mots qui te renseignent.
3. Quel verbe permet de résumer la journée de la servante ?
4. Relis les trois phrases suivantes : celles-ci mettent en évidence une caractéristique du
comportement de Félicité.
5. Relis le second paragraphe : à quoi est-il consacré ? Que révèle ce paragraphe à propos de cette
femme ?
6. Que révèle le dernier paragraphe à propos de l’âge de Félicité ?
7. A quoi Félicité est-elle comparée à la fin de l’extrait ?
8. Quelles hypothèses fais-tu ? pourquoi Félicité a-t-elle perdu sa jeunesse et sa vie ?
1
La cheminée
1
Objet de piété mariale, en forme de collier, composé de cinq dizaines de grains enfilés sur une chaînette ou un
cordon, utilisé pour compter les prières à réciter
65
1
Six kilos
1
L’indienne est un tissu peint ou imprimé dans les tons rouges et à l’origine importé des comptoirs des Indes
1
Vêtement qui se portait sur la chemise
66
Imagine d’abord ses occupations habituelles.
Pense à donner des détails qui montreront que
tu l’as bien observée.
Critères de réussite :
-J’ai respecté le plan demandé.
-J’ai trouvé des caractéristiques précises permettant de présenter mon personnage aux lecteurs.
-J’ai employé un vocabulaire précis et varié.
-J’ai bien employé et conjugué l’imparfait.
67
VII/ Lire la nouvelle intégrale
Tu peux aussi écouter la nouvelle lue par Fabrice Luchini durant vingt épisodes de 5mns sur le site de
France Culture.
Activité d’écriture :
Ecris une lettre à l’auteur, Gustave Flaubert, afin de lui expliquer ce que tu as ressenti pour son
personnage principal et, plus largement, pour lui faire part de ton opinion sur sa nouvelle.
PISTES DE CORRECTION
I Activité 1 :
4) Qu’apprends-tu à propos de Madame Aubain et de Félicité ? Quel lien les unit ? Surligne
les mots qui te renseignent puis rédige ta réponse.
Madame Aubain est une bourgeoise et Félicité une servante restée à son service pendant cinquante
ans. Elles vivent en Normandie.
5) Quelles qualités de Félicité sont mises en évidence ? Surligne la phrase qui te renseigne puis
rédige ta réponse.
Félicité est courageuse et polyvalente : elle sait tout faire dans la maison, elle joue le rôle de cuisinière,
couturière, repasseuse et fermière. De plus, on peut penser qu’elle est très attachée à sa maîtresse
puisqu’elle est restée à son service 50 ans durant.
II Activité 2 :
- Décris les personnages que tu vois :
Au premier plan, je vois une jeune femme aux cheveux décoiffés, portant une robe rouge, assise par
terre. Elle semble triste et perdue dans ses pensées.
A l’arrière plan, je vois trois autres personnages : une autre femme qui porte un chapeau est accroupie
sur un plaid étalé par terre ; elle est accompagnée de deux enfants.
- Où la scène se déroule-t-elle?
Les personnages se trouvent sur une plage. A l’arrière plan, on devine des falaises. Cela peut faire penser
à la Normandie.
La scène ne se déroule pas de nos jours. Je le sais grâce à la tenue vestimentaire des femmes (robes
longues et chapeau) qui n’est pas contemporaine.
68
- Fais le lien avec le début de la nouvelle (activité 1)
Rédige un paragraphe pour décrire l’image en reprenant les différents éléments que tu as trouvés. A
quelle histoire peux-tu t’attendre ?
Au premier plan est assise une femme aux cheveux décoiffés qui porte une robe rouge et semble
pensive. Sans doute s’agit-il de la servante Félicité. Derrière elle, au second plan, une autre femme qui
porte un chapeau se tient accroupie auprès de deux enfants. Il s’agit de Madame Aubain et de ses
enfants. Les tenues vestimentaires ainsi que l’ombrelle nous indiquent que la scène ne se déroule pas
de nos jours mais au XIXe siècle. Le décor évoque une plage de Normandie bordée par des falaises.
Le nom « cœur » est écrit en rouge, couleur qui rappelle la robe de Félicité. Cette couleur semble
établir un lien entre le personnage et le nom « cœur ».
Je choisis le sens de « personne compatissante, généreuse » puisque le nom « cœur » est associé au
personnage de Félicité.
- Quels sens l’adjectif « simple » peut-il avoir dans le titre ? (Consulte le dictionnaire)
« Qui se comporte avec franchise et naturel, sans prétention » et « Qui manque de finesse, qui est par
trop naïf » .
Une ardoise Nom féminin pluriel Plaques d'ardoise (pierre) qui servent à couvrir les
toits
Un vestibule Nom masculin singulier Pièce d’entrée donnant accès aux autres pièces
69
Une croisée Nom féminin singulier Fenêtre
Un fauteuil de Nom masculin singulier Fauteuil dont l'assise est en paille tressée
paille
bergère Nom féminin singulier Fauteuil large et profond dont le siège est garni d'un
coussin
1. Le temps est l’imparfait de l’indicatif. Il est employé pour décrire la maison et faire le
portrait de Félicité. Sa valeur est descriptive.
2. Le temps est l’imparfait de l’indicatif. Il est employé pour exprimer des actions
habituelles, répétées. Sa valeur est itérative.
3. le temps est le passé simple de l’indicatif. Il est employé pour exprimer une action
ponctuelle (de premier plan) par opposition à une action à l’imparfait, considérée
dans sa durée (action d’arrière-plan).
4. le temps est le passé simple. Il est employé pour exprimer des faits délimités dans le
temps qui se succèdent.
5. le temps est le plus-que-parfait. Il est employé pour exprimer une action antérieure à
celles exprimées au passé simple ou à l’imparfait.
6.
70
Elle se levait dès l’aube, pour ne pas manquer la messe, et travaillait jusqu’au soir sans interruption
; puis, le dîner étant fini, la vaisselle en ordre et la porte bien close, elle enfouissait la bûche sous les
cendres et s’endormait devant l’âtre1, son rosaire1 à la main. Personne, dans les marchandages, ne
montrait plus d’entêtement. Quant à la propreté, le poli de ses casseroles faisait le désespoir des
autres servantes. Économe, elle mangeait avec lenteur, et recueillait du doigt sur la table les
miettes de son pain, — un pain de douze livres1, cuit exprès pour elle, et qui durait vingt jours.
En toute saison elle portait un mouchoir d’indienne1 fixé dans le dos par une épingle, un bonnet lui
cachant les cheveux, des bas gris, un jupon rouge, et par-dessus sa camisole1 un tablier à bavette,
comme les infirmières d’hôpital.
Son visage était maigre et sa voix aiguë. À vingt-cinq ans, on lui en donnait quarante. Dès la
cinquantaine, elle ne marqua plus aucun âge ; — et, toujours silencieuse, la taille droite et les
gestes mesurés, semblait une femme en bois, fonctionnant d’une manière automatique
1. Surligne en jaune les verbes du premier paragraphe qui ont « elle » pour sujet . Qu’expriment-ils ?
A quel temps sont-ils conjugués? Pourquoi ?
Les verbes expriment les actions quotidiennes de Félicité qui rythment sa vie. Ils sont conjugués à
l’imparfait, qui sert à traduire la répétition et l’habitude.
2. Relis la première phrase. Que fait Félicité en début et en fin de journée ? Surligne en vert les mots
qui te renseignent.
Sa journée commence par la messe et se termine par la prière puisqu’elle s’endort son rosaire à la
main. La religion occupe donc une place importante dans sa vie.
4. Relis les trois phrases suivantes : celles-ci mettent en évidence une caractéristique du
comportement de Félicité.
Félicité est très exigeante voire perfectionniste. Son obstination dans les marchandages,
son exigence de propreté et son extrême économie font d’elle une servante exemplaire.
5. Relis le second paragraphe : à quoi est-il consacré ? Que révèle ce paragraphe à propos de
cette femme ?
71
Il est consacré à la tenue vestimentaire de Félicité qui ne change jamais. Celle-ci se refuse
à toute coquetterie et toute marque de féminité : ses cheveux sont dissimulés sous un
fichu et son corps caché sous un tablier comme si elle n’existait que par sa fonction de
servante.
72
ACTIVITÉ 11 :
Exploiter une ressource vidéo et se préparer au programme de 3ème
Inconnu à cette adresse, Kressmann Taylor (1938)
Compétences travaillées
Les activités proposées invitent l’élève à regarder et à écouter une présentation d’œuvre et à en
retenir l’essentiel.
Support : Présentation d’une œuvre à destination d’élèves sur la chaîne WEO
Sur la chaîne WEO consacrée à des contenus pédagogiques à destination d’élèves, regardez la vidéo
suivante :
https://www.weo.fr/video/3eme-francais-partageons-notre-litterature/
1/ Pourquoi l’enseignante a-t-elle choisi de présenter ce roman de Kressmann Taylor ? Quels aspects
lui semblent particulièrement intéressants ?
Éléments de réponses :
1/ Ce roman intéresse vivement les élèves et les touche. Écrit en 1938, il permet de se représenter la
montée du nazisme décrite dans le récit. Sa brièveté contribue à sa force : l’intrigue est resserrée et le
lecteur s’engage grâce, notamment, à sa forme épistolaire (échange de lettres).
2/ L’amour, l’amitié, l’engagement, le devoir, l’effet d’une propagande sont autant de thèmes abordés
dans ce récit.
L’œuvre interroge : peut-on échapper à une idéologie ?
3/ La lettre de Martin est extrêmement violente : elle renie une amitié au nom d’une idéologie très
condamnable et signe la rupture entre les deux amis.
73
ACTIVITÉ 12 : Le cri
Compétences travaillées
Des questions invitent d’abord à observer et à émettre des hypothèses sur cette œuvre
mondialement célèbre.
Pour aller plus loin, sont proposées des activités d’écrit et d’oral
74
1/ Observez
Tendre gracieuse belle magnifique extraordinaire sublime triste tragique comique pro
digieuse émouvante surprenante bouleversante amusante gaie joyeuse horrible austère
angoissante terrifiante violente déchirante étrange singulière drôle
Quelques liens
http://www.ina.fr/video/CAC98008580
http://www.francetvinfo.fr/culture/expos/le-cri-de-munch-expose-a-la-fondation-
vuitton_863731.html
http://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/a-propos-du-tableau-le-cri-d-170197
1/ Vous êtes guide au musée national d’Oslo en Norvège et devez présenter à des visiteurs Le Cri de
Munch, dans le cadre d’une exposition intitulée « Du rêve à la folie ».
75
Comment allez-vous organiser votre présentation ? Que faut-il retenir de cette œuvre célèbre? Quel
lien établissez-vous entre ce tableau et le thème de l’exposition « Du rêve à la folie » ?
Notez quelques idées au brouillon et entraînez-vous à présenter votre le tableau à l’oral .Enregistrez-
vous.
Éléments de correction :
1) Ce tableau s’intitule Le Cri. Il a été peint par Edvard Munch en 1883. Artiste d’originie norvégienne,
confronté très jeune à la maladie et à la mort, il a vécu une vie d’artiste européen torturé mais reconnu
pour son œuvre. C’est un tableau dit « expressionniste »[1].
2/ 1er plan : le personnage au centre, aux traits déformés, au visage émacié et dérangeant par son lien
avec la mort, semble effrayé, angoissé. Crie-t-il sous l’effet de la peur ? Il se tient en tout cas les
oreilles.
Arrière-plan : le paysage mouvant, rougeoyant, celui d’un coucher du soleil, tourbillonne, semble
chaotique. Le pont, beaucoup plus linéaire, contraste avec ce décor torturé. On distingue deux
silhouettes derrière le personnage, à gauche.
3/ Le personnage, apparemment terrifié, est en proie à une forte angoisse et crie. Les formes sinueuses
accentuent l’impression de malaise.
4/ Est-ce son malaise intérieur que l’artiste nous représente, son sentiment d’être étranger au
monde ? Voilà ce que l’artiste écrit dans son Journal en 1892 : « Je me promenais sur un sentier avec
deux amis — le soleil se couchait — tout d’un coup le ciel devint rouge sang. Je m’arrêtai, fatigué, et
m’appuyai sur une clôture — il y avait du sang et des langues de feu au-dessus du fjord bleu-noir de la
ville — mes amis continuèrent, et j’y restai, tremblant d’anxiété — je sentais un cri infini qui passait à
travers l’univers et qui déchirait la nature. »
Les historiens de l’art ont essayé d’expliquer Le Cri de diverses manières. Par exemple, certains disent
que les couleurs vives du ciel sont inspirées des impressionnants couchers de soleil qui se sont produits
dans le monde entier après l’éruption d’un volcan en Indonésie. D’autres affirment que le personnage
serait une imitation d’une momie péruvienne dévoilée à l’exposition universelle de 1889 à Paris. On
rattache enfin ce tableau à la vie personnelle du peintre, personnage sombre et torturé.
L’artiste en tout cas semble traduire dans ce tableau son angoisse de la mort et sa perception d’un
monde dissonant.
5/ Quel(s) mot(s) choisirais-tu pour expliquer ce que tu as ressenti face à cette oeuvre, mais aussi ce
que tu en penses ? Pourquoi ?
76
Tendre gracieuse belle magnifique extraordinaire sublime triste tragique comique pro
digieuse émouvante surprenante bouleversante amusante gaie joyeuse horrible austère
angoissante terrifiante violente déchirante étrange singulière drôle
Les mots surlignés pourraient convenir, mais chacun est libre de choisir d’autres mots en fonction de
ce qu’il a ressenti, dès lors qu’une justification est apportée.
6/ Le cri est celui du personnage central – s’agit-il d’un cri de peur, de douleur, de folie ? Qui effraie
ainsi : le monde ? Soi-même ?... Le tableau ne donne pas de réponse mais invite à émettre des
hypothèses.
7/La figure centrale traduit l’angoisse. Celle-ci est renforcée par les formes sinueuses et courbées qui
donnent l’impression que tout se dérobe sous les pieds du personnage. Le contraste entre les couleurs
(le bleu sombre tranche avec le rouge très chaud), accentue cette impression de malaise.
Travail complémentaire :
[1]
Expressionnisme : https://fr.wikipedia.org/wiki/Expressionnisme
77
ACTIVITÉ 13 : Terreur...
Compétences travaillées
Lire, comprendre
Analyser un texte
Approfondir sa connaissance des registres
Les activités proposées invitent l’élève à analyser le poème et à se l’approprier par le travail de l’écrit
et de l’oral
78
Terreur
1) « roide » = raide
ACTIVITÉ 1: Lisez attentivement le texte ci-dessus puis répondez aux questions suivantes :
1. « Terreur » : Que raconte ce poème ? Expliquez le choix du titre. Justifiez votre réponse
en vous appuyant précisément sur des indices du texte.
79
1. Vous avez sûrement croisé le registre fantastique dans des nouvelles ou des romans ;
qu'apporte ici le genre poétique ?
Si vous deviez mettre en scène ce texte, quels choix feriez-vous pour créer une atmosphère fidèle à
celle du poème (lumière, fond sonore, décor, nombre de personnages...) ? Rédigez un paragraphe
exposant et justifiant ces choix.
ACTIVITÉ 3 : ORAL
PISTES DE CORRECTION :
ACTIVITÉ 1:
1) Ce sentiment de « terreur » est déclenché par une présence inquiétante que semble sentir le
narrateur de ce texte. Mais il n'en est pas sûr : « Peur de quoi ? Je ne sais » (vers 3), « Alors il me sembla
sentir derrière moi/ Quelqu'un qui se tenait debout » (vers 6-7).
On retrouve ainsi une grande caractéristique du registre fantastique, l'hésitation :
- entre une interprétation « surnaturelle » des événements : une présence inquiétante est bien là dans
la pièce, s'approche du personnage et s'apprête à le toucher.
- et une interprétation « rationnelle » des événements : le narrateur, en proie à la peur, se laisse envahir
par cette « terreur » qui le saisit soudain en pleine nuit et il laisse courir son imagination (peut-être
pétrie de ses récentes lectures, comme le suggère le premier vers).
Au final, à part le craquement (un bruit du plancher? des pas dans la pièce ?) du vers 21, il n’entend
rien d'autre que ses propres bruits (ses dents qui claquent, son propre « hurlement »). Il évoque un
« rire atroce » (vers 8) mais il n'entend rien (vers 9) ; il a la sensation qu'on va le toucher, mais rien ne
se passe ! Sont décrites les impressions d’un personnage dont tous les sens sont aiguisés sans que rien
ne valide de façon tangible cette présence inquiétante.
Le texte entretient cette ambiguïté et nourrit ces deux hypothèses sans que le lecteur puisse
définitivement trancher entre ces deux interprétations possibles.
2) Les événements se passent le soir ( « Ce soir » (vers 1), « j'avais lu fort longtemps » et « il était
bien minuit » (vers 2) ) et la nuit est propice à l'inquiétude ; la fatigue et la peur peuvent troubler le
jugement du narrateur. De plus, il est manifestement seul, isolé dans sa chambre, sans témoin pour le
rassurer. La narration est à la première personne du singulier et nous n'avons que le point de vue de
notre personnage-narrateur (point de vue interne).
80
La nuit, la fatigue et l'isolement du personnage, sa peur croissante, sont autant d' « ingrédients »
traditionnels du fantastique car ils offrent un cadre propice à la survenue d'un événement étrange.
3) Le sentiment de « terreur » surgit subitement dans la nuit (« tout à coup j'eus peur » (vers 2)) et
envahit le personnage de façon progressive. Le champ lexical de la peur est d'ailleurs très développé.
Ce mot est répété deux fois dans le vers 3 et le sentiment devient ensuite une véritable « torture »
(vers 9), figeant le corps (vers 15) et l'esprit (« Mes pensées [..] comme affolées d'horreur » (vers 17),
à en devenir « fou d'épouvante » (vers 21) jusqu'à l'évanouissement final du dernier vers).
4) La brièveté du texte offre, en condensé, une dramatisation et une gradation de la peur. La fin
saisissante rejoint la chute « physique » du personnage, évanoui, tombé comme raide mort, et laisse
le lecteur face à sa propre interprétation des événements.
On peut aussi analyser le travail sur les sonorités ou les effets de rythme.
ACTIVITÉ 2 :
Éléments qui peuvent être pris en compte : sons ; jeux de lumière ; expression physiques ; gestes ;
dédoublement éventuel du personnage
ACTIVITÉS 3 et 4 :
Votre public a réagi à votre prestation ? Vous avez réussi à le surprendre et à le saisir de cette même
« Terreur » ? Mission accomplie !
81
ACTIVITÉ 14 : Terreur - suite... Travail sur le lexique
Compétences travaillées
Les exercices proposés sont à relier à l’activité 2 portant sur le poème « La peur » de Maupassant ;
ils invitent à travailler le lexique par des exercices puis par le biais d’une activité écrite.
1/ Mots mêlés
Dans le texte « Terreur » de Maupassant, le vocabulaire de la peur est très riche.
Retrouvez dans cette grille 16 mots appartenant au champ lexical de la peur.
Les mots sont cachés horizontalement ou verticalement et en diagonale.
82
Notez ici les mots trouvés :
1. 9.
2. 10.
3. 11.
4. 12.
5. 13.
6. 14.
7. 15.
8. 16.
83
Placez, ci-dessous, les noms suivants en fonction de leur intensité. Où placez-vous le mot
« Terreur » ?
Terreur, crainte, effroi, horreur, frayeur, anxiété, inquiétude, angoisse, appréhension, épouvante,
affolement.
Peur faible
trembler :
….......................................................................................................................................................
....
manquer de souffle :
….........................................................................................................................................
avoir des sueurs froides :
…..................................................................................................................................
s'évanouir :
….......................................................................................................................................................
devenir pâle :
…....................................................................................................................................................
84
Observez cette image, imaginez que vous vous retrouvez seul(e) dans ce lieu, le soir.
Comme dans le texte « Terreur », la peur vous envahit soudain ; racontez ce moment précis en une
dizaine de lignes.
Vous veillerez à employer un vocabulaire riche et varié pour exprimer la peur de plus en plus intense
du personnage. Celle-ci pourra se traduire physiquement. La ponctuation utilisée traduira le trouble
et l'agitation (phrases exclamatives, points de suspension...).
ÉLÉMENTS DE CORRECTION :
ACTIVITÉ 1: Mots mêlés
Les 16 mots à retrouver étaient les suivants :
• AFFOLEMENT
• ANGOISSANT
• ANXIETE
• APEURER
• APPREHENSION
• BLEMIR
• DEFAILLIR
• EFFROI
• EPOUVANTE
• FROUSSARD
• HORRIFIER
• PANIQUE
• PHOBIE
• TERREUR
• TREMBLER
85
• TRESSAILLIR
Le mot « froussard » appartient au niveau de langue familier.
Pour compléter, cherchez dans un dictionnaire le sens des mots que vous ne connaissez pas.
horreur
épouvante
Peur très forte terreur
effroi
affolement
frayeur
angoisse
anxiété
Peur faible
crainte
inquiétude
appréhension
- trembler : « frissonnant d'effroi » (vers 5), « mes dents qui claquaient de terreur » (vers 20),
frémir...
- manquer de souffle : « haletant » (vers 4), avoir le souffle coupé...
- avoir des sueurs froides : « une sueur de mort me glaçait chaque membre » (vers 18)...
- s'évanouir : « Je tombai sur le dos roide (=raide) et sans mouvement », sa pâmer, défaillir...
- devenir pâle : pâlir, blêmir, devenir livide...
86
@ACTIVITÉ 4 : À vous de jouer ! Atelier d'écriture
Voici une grille d'« autoévaluation » qui vous permettra d'évaluer la qualité de votre travail et de
l'améliorer si besoin.
J K L
87
ACTIVITÉ 15 :
Exploiter une ressource vidéo :
Vol de nuit d’Antoine de Saint-Exupéry (1931)
Compétences travaillées
Les activités proposées invitent l’élève à écouter une présentation d’œuvre et à en retenir
l’essentiel.
Sur la chaïne WEO consacrée à des contenus pédagogiques à destination d’élèves durant le
confinement, regardez la vidéo suivante : https://www.weo.fr/video/college-lettres-partager-une-
lecture-personnelle-vol-de-nuit-dantoine-de-saint-exupery/
1/ Pourquoi l’enseignante a-t-elle choisi de présenter le roman Vol de nuit de Saint-Exupéry ? Quels
aspects lui semblent particulièrement intéressants ?
Éléments de réponses :
1/ Le roman l’a beaucoup marquée lors de la première lecture : elle a aimé l’étudier et l’a relu à
plusieurs étapes de sa vie. L’histoire de ces pionniers poussés par la passion et le sens du devoir lui a
paru d’emblée très forte et a suscité son admiration.
L’intérêt de l’œuvre provient de sa dimension autobiographique, de l’héroïsme qui y est représenté,
du style poétique de l’auteur et de sa force d’impact.
3/ Le pilote Fabien suscite l’admiration de son épouse ; c’est un véritable héros qui se dépasse.
88
3ème
ACTIVITÉ 1 : Lire Médée
Compétences visées
Les activités proposées invitent l’élève à lire et à comprendre la pièce de Corneille et à s’approprier
une réflexion sur le théâtre, texte et représentation.
Compétences visées
Les activités proposées invitent l’élève à découvrir l’Antigone de Jean Anouilh et à comprendre ce
qui anime le personnage éponyme.
Compétences visées
Les activités proposées invitent l’élève à lire et à s’approprier un extrait du roman de Alice Ferney.
Le parcours proposé encourage la confrontation des œuvres pour comprendre ce qui les relie et lire
en « résonnance ».
89
À la découverte d’une œuvre intégrale :
Médée de Pierre Corneille (1635)
Savez-vous qu’il a aussi écrit Médée ? Cette pièce de théâtre est une tragédie dont le
personnage éponyme a traversé les millénaires sans prendre une ride ! Ce personnage
mythologique n’a cessé d’inspirer de nombreux auteurs, des compositeurs ainsi que des
peintres.
90
1/ Décrivez rapidement le tableau : quel personnage retient l’attention ? Quelle est son
attitude ?
2/ Quel objet retient l’attention et peut inquiéter ?
3/ Quelle impressions vous laisse ce tableau ?
4/ En vous appuyant sur le choix des couleurs, la posture des personnages, pouvez-vous
vérifier votre impression ?
https://fr.wikipedia.org/wiki/Médée
(Vous pouvez vous aider du résumé ci-dessous pour découvrir le long article de Wikipédia et
retenir les étapes essentielles…)
91
L’examen 20 de Médée
Un peu de lecture… Corneille propose un texte appelée Examen qui analyse la pièce et sa
démarche d’auteur…
Parcours 2 : Lisez l’examen complet (voir le lien)… [Attention ! C’est un texte compliqué, il faut prendre des notes
et souligner ce qui retient votre attention. Vous pouvez prendre appui sur le parcours 1]
Voici le lien qui vous permet de lire l’examen et toute la pièce de Corneille :
http://theatre-classique.fr/pages/pdf/CORNEILLEP_MEDEE.pdf
20
L’examen est une analyse écrite par Corneille afin d’expliquer sa démarche. À l’instar d’une préface, elle est située avant
la pièce.
92
Et un peu de culture générale :
93
94
Extraits de L’Encyclopédie Wikipédia en Ligne
• Le texte Médée est-il fidèle aux textes anciens qui ont servi de modèle ?
[voyez les passages surlignés de bleu et l’extrait de Wikipédia]
• Quels personnages sont nommés dans l’extrait ? [les noms sont surlignés en violet]
Quel personnage n’a pas encore été nommé et apparaît ici ?
• Quelles sont les principales caractéristiques de Médée dans l’examen ?
[Un nom et un verbe, surlignés en gris]
95
7/ Vérifions ce que vous avez retenu des précédents documents et l’étendue
de votre culture générale :
Vrai ou Faux ?
• Médée est une pièce de
Corneille écrite en 1635. Vrai Faux
Racine écrite au XVIIe siècle. Vrai Faux
Molière écrite en 1670. Vrai Faux
• Pour écrire Médée, Corneille s’est inspiré d’une tragédie d’Euripide écrite en 431 av. J.-C.
Vrai Faux
• Sénèque s’est inspiré de la Médée d’Euripide pour écrire son œuvre vers 60 après J.-C.
Vrai Faux
• Dans le théâtre classique la tragédie est découpée en cinq actes d’environ 300 vers.
Vrai Faux
• Dans le théâtre classique la tragédie devait respecter la règle des trois unités : l’unité de
lieu de temps et d’action.
Vrai Faux
• L’une des fonctions du théâtre est la catharsis : la purgation de l’âme. La tragédie servait
à libérer les spectateurs de leurs mauvais penchants.
Vrai Faux
96
Corrigé
Vrai ou Faux ?
Médée n’a pas toujours été la méchante femme et la mère criminelle que nous connaissons
aujourd’hui. Dans les premiers récits de la mythologie, Jason et Médée coulent des jours
heureux. C’est Euripide, au Ve siècle avant J.-C., qui décide de donner au mythe son aspect
particulièrement tragique.
97
Avant d’aller plus loin, Rédigeons un peu…
Pourriez-vous écrire votre propre représentation de Médée. Si vous deviez la présenter à vos
camarades de classe, que diriez-vous ? Sur quelles images vous appuieriez-vous ?
*Personnage qui ne paraît qu'au commencement d'une pièce de théâtre, pour en faire l'exposition.
Rappel : une périphrase est un procédé qui consiste à exprimer une notion unique par un groupe de
plusieurs mots.
« Ma jalouse en fureur » •
« La sorcière » • • Médée
« Mon perfide époux » •
« Bienheureux amant » • • Créuse
« Fille d’un noble père, issue du soleil » •
« Rivale insatiable » • • Jason
« Un objet plus beau » •
Le saviez-vous ?
Jason est un héros de la mythologie grecque.
Il est parti avec les Argonautes, sur un bateau, à la recherche de la toison d’or. Médée, dont les
pouvoirs de magicienne sont très puissants, l’aide à déjouer toutes les embuches qui se dressent
sur son chemin. Par amour pour Jason, Médée ira jusqu’à trahir son père et découper son frère en
morceaux …
98
Voici un lien qui vous dirigera vers un Padlet consacré à Médée :
99
Connaissez-vous le vocabulaire du théâtre classique ?
Associez les termes utilisés par Corneille au XVIIe siècle à leur transposition en langage
courant :
Une notion :
L’hybris (ou hubris), nom féminin :
L’hybris
L’hybrisest
(ouune fautenom
hubris), trèsféminin
grave pour
: les Grecs. Il s’agit d’un sentiment d’orgueil qui pousse
la démesure.
àL’hybris est une faute très grave pour les Grecs. Il s’agit d’un sentiment d’orgueil qui pousse
Dans La pièce de Corneille, Créuse a un désir immodéré pour une robe, un objet futile qu’elle
à la démesure.
place
Dans sur le même
La pièce plan que Créuse
de Corneille, Jason : a« un
Pourvu
désirque cette robe
immodéré etune
pour Jason soient
robe, à moifutile
un objet », vers 592.
qu’elle
C’est cette hybris qui provoquera la mort de Créuse.
place sur le même plan que Jason : « Pourvu que cette robe et Jason soient à moi », vers 592.
C’est cette hybris qui provoquera la mort de Créuse
100
Activités :
Compréhension
1/ Qu’annonce Jason ?
[Pour vous aider, regardez ce qui est surligné en vert. Le mot « hymen » est défini en vocabulaire précédemment]
2/ Qu’imagine tout d’abord Pollux ? Son hypothèse est-elle la bonne ?
[Voyez ce qui est surligné en bleu]
3/ Comment réagit Pollux ? Est-il calme ? Essayez d’analyser ses sentiments ?
[Voyez les éléments surlignés en violet]
Vos conclusions ?
4/ Résumez cet extrait en peu de mots ?
5/ Qu’annonce la réaction de Pollux ?
6/ Comment jouer ce personnage et ses réactions, d’après vous ? Pourquoi ?
Jeu théâtral…
7/ Jouez sans trop de préparation ces quelques vers avec la personne de votre choix.
8/ Jouez la même scène en la préparant un peu avec ce que l’on appelle une « fiche
d’intention… » où vous expliquez la mise en scène que vous pourriez construire… Vous pouvez
allonger un peu l’extrait en allant chercher quelques vers de plus dans la pièce en ligne (le lien
est donné dans les premières pages).
101
• Éléments de mise en scène (lumière, son et musique) ?
Allez au théâtre : regardez les captations vidéo suivante (mise en scène de Paulo Correia
au Théâtre national de Nice « TNN », 2013)
Écriture :
8/ Médée arrive, elle surprend les paroles de Jason et laisse éclater sa colère. Écrivez les
dialogues entre Médée, Jason et Pollux sans oublier d’insérer des didascalies pour guider le
jeu des acteurs. Jouez votre scène avec des amis.
102
CORRECTION
Correction :
dessein = projet
parricide = meurtre d’un père
courroux = colère
feu = passion
forfait = crime
hymen = union
barbare = sans humanité
perfide = déloyal
ressentiment = haine
parjure = celui qui trahit un serment
103
La dispute au théâtre :
La dispute permet de mettre en lumière le véritable caractère des personnages qui se révèle
à l’occasion d’une crise. Le spectateur est témoin d’un échange conflictuel très intense entre
les personnages. C’est pour lui que les acteurs exposent ce qui les oppose et il est amené à
prendre parti. La mise en scène amplifiera ou atténuera l’aspect houleux des échanges.
Nous savons dès la première scène de l’acte I que le couple formé par Médée et Jason est en
train de se dénouer mais les deux personnages ne s’affronteront pour la première fois qu’au
troisième acte et lors de la scène finale. Le suspense est, de ce fait, savamment entretenu :
Médée et Jason parviendront-ils à se réconcilier ?
Regardez cet extrait de la mise en scène de Paulo Correia (Médée, Acte III,3, vers 896-
vers 910) :
https://www.youtube.com/watch?v=x_trOLYw4i4&list=PLE59D08EA4EA42FDB&index=15&t=0
s
Jouez :
6/ Pourriez-vous apprendre cette tirade de Médée (Acte III,3, vers 896 à 910) ?
• Apprenez le texte,
104
• Imaginez une mise en scène,
• Composez la fiche d’intention,
• Jouez le texte en variant les proposition (colère / désespoir / dispute dont la fin est
inconnnue / dispute dont la fin est prévisible…)
7/ Regardez cet extrait de la captation de la mise en scène de Angelin Prejlocaj [Attention, les
images sont violentes, il faudra écrire votre ressenti pour l’évacuer] :
https://www.youtube.com/watch?v=GSu4xdA_IcM
12/ Faites une recherche sur Angelin Prejlocaj. Qui est-il ? Peut-on dire que lui aussi réécrit le
mythe de Médée comme le fit Corneille à partir des textes antiques ?
Élargissons… La mise en scène de Médée par Jacques Lassalle (Juillet 2000, Avignon)
https://www.youtube.com/watch?v=-kwsC-Glw2A
105
Découvrons un autre type de dispute extrait d’une œuvre de Yasmina Reza écrite en 2006 et
adaptée au cinéma par Roman Polanski. : deux couples sont amenés à régler « à l’amiable »
un différend survenu entre leurs enfants. Des reproches impalpables vont faire éclater un
affrontement au sein de chaque couple. L’ironie contenue va se faire de plus incisive au fur et
à mesure des répliques.
Extrait :
Le Dieu du Carnage, un film réalisé en 2011 par Roman Polanski, d’après la pièce de Yasmina REZA
Voici une scène qui s’apparente à la commedia dell’arte : coups de bâton, injures participent
au comique :
106
MARTINE.— Traître, insolent, trompeur, lâche, coquin, pendard, gueux, belître, fripon,
maraud, voleur...!
SGANARELLE.— Il prend un bâton, et lui en donne.— Ah! vous en voulez, donc.
MARTINE .— Ah, ah, ah, ah.
SGANARELLE.— Voilà le vrai moyen de vous apaiser.
Complétez avec les phrases suivantes avec les termes de la liste ci-dessus :
Paroles que s’échangent les personnages : ................................................................................
Longue réplique : .........................................................................................................................
Indication scénique : ...................................................................................................................
Réplique qu’un personnage seul en scène se tient à lui-même : ...............................................
Erreur qui consiste à prendre une personne ou une chose pour une autre : .............................
Mot ou parole que l'acteur dit à part soi (seul le spectateur est censé entendre) : ...................
Auteur d’ouvrages destinés au théâtre : .....................................................................................
Un dialogue très rapide où les personnages se répondent vers pour vers : ...............................
Correction :
Un dialogue très rapide où les personnages se répondent vers pour vers. Une stichomythie
Auteur d’ouvrages destinés au théâtre. Un dramaturge
Mot ou parole que l'acteur dit à part soi (seul le spectateur est censé entendre). Un aparté
Erreur qui consiste à prendre une personne ou une chose pour une autre . Un quiproquo
Réplique qu’un personnage seul en scène se tient à lui-même. Un monologue
indication scénique. Une didascalie
Longue réplique. Une tirade
Réponse d’un personnage à un autre. Une réplique
107
Arlequin est un personnage de la commedia dell’arte. Il peut se présenter sous les traits d’un
mendiant ou d’un serviteur. Il ne porte pas toujours son costume multicolore caractéristique.
Son langage est expressif voire parfois grossier. À l’origine, Pantalon représente l’archétype
du marchand avide.
108
PARCOURS autour de l’œuvre de Jean ANOUILH, Antigone
• Tu peux noter tes idées dans les bulles et même en ajouter. Donne des
exemples si cela te semble plus facile.
1. Quelle famille !
1
Obtenir la correction ici
Il faut le savoir : le crime dont se rendent coupables Œdipe et Jocaste s’appelle l’inceste.
Œdipe ignorait, en arrivant à Thèbes, qu’il épouserait sa propre mère.
D’ailleurs, en psychologie, on appelle « Complexe d’Œdipe » la phase pendant laquelle un jeune
enfant démontre son amour inconditionnel envers le parent de sexe opposé. « Plus tard, je me
marierai avec papa, na ! »
2
2. Dire NON !
Les textes qui vont suivre, extraits de la pièce de théâtre de Jean Anouilh,
vont t’aider à comprendre si Antigone est une héroïne ou une enfant gâtée.
ISMENE
ANTIGONE
Oui.
5 ISMENE
De sa petite voix.
Pourquoi ?
10 ISMENE
ANTIGONE
Bien sûr. A chacun son rôle. Lui, il doit nous faire mourir, et nous, nous devons
aller enterrer notre frère. C’est comme cela que ç’a été distribué. Qu’est-ce que
15 tu veux que nous y fassions ?
ISMENE
ANTIGONE, doucement.
3
Moi aussi j’aurais bien voulu ne pas mourir.
20 ISMENE
Ecoute, j’ai bien réfléchi toute la nuit. Je suis l’aînée. Je réfléchis plus que toi.
Toi, c’est ce qui te passe par la tête tout de suite, et tant puis si c’est une
bêtise. Moi je suis plus pondérée. Je réfléchis.
ANTIGONE
ISMENE
Si, Antigone. D’abord c’est horrible, bien sûr, et j’ai pitié moi aussi de mon frère,
mais je comprends un peu notre oncle.
ANTIGONE
ISMENE
ANTIGONE
Moi, je ne suis pas le roi. Il ne faut pas que je donne l’exemple, moi…
4
2. Une tragédie en marche
a. A quoi s’expose Antigone si elle enterre son frère ?
b. Consulte dans le dictionnaire les sens du mot « tragédie ». Au théâtre, que
signifie-t-il ?
c. « Moi, je ne suis pas le roi. Il ne faut pas que je donne l’exemple, moi. »
Antigone d’Anouilh. Contre quoi Antigone s’oppose-t-elle ? Que défend-elle,
selon toi ?
Barbara Schulz : Je dirais qu’elle est tellement vraie qu’elle en est presque folle,
et en même temps, elle fait croire à sa folie. C’est un personnage entier d’une
pureté incroyable. […] Quand on a à la jouer, on a l’impression d’être pas juste un
personnage, mais la voix de plein de gens qui ont été Antigone, la voix du courage.
On la décrit comme ça, maigre, frêle, mais extrêmement courageuse. Ce n’est pas
un personnage mordant, agité. Elle est convaincue et elle est calme, certes
terrorisée, mais pas mordante. C’est un hymne au courage.
5
b. Quelle valeur le personnage incarne-t-il ? ……………………………………….
c. Es-tu d’accord avec ce que dit Barbara Schulz, quand elle affirme : «
quand on est jeune, on croit encore qu’on est éternel, on croit encore que
tous les espoirs de bonheur qu’on peut ressentir sont possibles, on croit que
tout est permis. » Tu développeras ta réponse en essayant d’illustrer ton
point de vue par des exemples précis.
Thèse ou idée
défendue
Argument
de
Exemple
de
Argument
de
Exemple
de
Conclusion
de
6
Texte 3 Extrait du Prologue, d’Antigone de Jean Anouilh
« Elle pense qu’elle va être Antigone tout à l’heure, qu’elle va surgir soudain de la
maigre fille noiraude et renfermée que personne ne prenait au sérieux dans la famille
et se dresser en face du monde, seule en face de Créon, son oncle, qui est le roi. Elle
pense qu’elle va mourir, qu’elle est jeune, et qu’elle aussi, elle aurait bien aimé vivre.
Et, depuis que ce rideau s’est levé, elle sent qu’elle s’éloigne à une vitesse vertigineuse
de sa sœur Ismène, qui bavarde et rit avec un jeune homme. »
Ici on cherche à
➢ Les actions des subordonnées sont-elles simultanées, antérieures ou savoir si les
actions des
subordonnées se
postérieures à celle de la principale ? Justifie ta réponse. passent en même
temps, avant ou
après le verbe de
pensée de la
principale.
7
A RETENIR : Le temps employé dans une proposition subordonnée est orienté, voire
imposé, par celui du verbe de la proposition principale. Il définit la chronologie des actions
entre les propositions, l’ordre dans lequel elles se passent. On appelle ce rapport entre le
3. Le mot de la fin
a. Le mot « fatalité » vient du latin « fatum » qui signifie le destin. Pour toi, qu’est-ce
que signifie le mot « destin » ? Une famille de
mots est en
ensemble de
mots ayant la
même
Plusieurs mots s’appuient sur cette étymologie. Complète les phrases suivantes étymologie la
avec des mots de la famille de « fatalité ». même racine. Ex :
fleur, floral,
floraison, fleuri…
8
➢ Il n’a pas voulu écouté son coach qui l’invitait à prendre du repos : cette erreur
lui a été …………………………….
➢ Après de multiples avertissements, la sanction devait …………………..
tomber.
➢ Nous sommes arrivés à la date ……………………….. : c’est aujourd’hui que je
passe le permis de conduire.
➢ Antigone a finalement accepter son sort : elle est ……………………..
b. Pour cet exercice, tu auras besoin d’un dictionnaire. Clique ici pour consulter le
CNRTL qui pourra t’être utile. « Fatal » a de nombreux synonymes et antonymes.
Classe les mots suivants dans le tableau en fonction de leur sens : inéluctable –
inévitable – heureux – propice – inexorable – favorable – mortel – révocable –
fatidique – implacable – immanquable.
Synonymes de « fatal » Antonymes de « fatal »
Réponses : les synonymes sont inéluctable / inévitable / inexorable / mortel / fatidique / implacable / immanquable. Les antonymes
sont heureux / propice / favorable / révocable.
c. Le mot « passion » vient aussi du latin « patior » qui veut dire « je souffre ».
Plusieurs appartiennent à la famille de ce nom : patient, pâtir, compassion, Passion
(nom propre). Toujours à l’aide d’un dictionnaire, imagine des phrases où tu utiliseras
chacun de ces mots comme il convient.
9
10
PARCOURS autour de l’œuvre de Jean ANOUILH, Antigone
• Tu peux noter tes idées dans les bulles et même en ajouter. Donne des
exemples si cela te semble plus facile.
1. Quelle famille !
1
LAÏOS CREON
JOCASTE
POLYNICE ANTIGONE
Il faut le savoir : le crime dont se rendent coupables Œdipe et Jocaste s’appelle l’inceste.
Œdipe ignorait, en arrivant à Thèbes, qu’il épouserait sa propre mère.
D’ailleurs, en psychologie, on appelle « Complexe d’Œdipe » la phase pendant laquelle un jeune
enfant démontre son amour inconditionnel envers le parent de sexe opposé. « Plus tard, je me
marierai avec papa, na ! »
2
2. Dire NON !
Les textes qui vont suivre, extraits de la pièce de théâtre de Jean Anouilh,
vont t’aider à comprendre si Antigone est une héroïne ou une enfant gâtée.
ISMENE
ANTIGONE
Oui.
5 ISMENE
De sa petite voix.
Pourquoi ?
10 ISMENE
ANTIGONE
Bien sûr. A chacun son rôle. Lui, il doit nous faire mourir, et nous, nous devons
aller enterrer notre frère. C’est comme cela que ç’a été distribué. Qu’est-ce que
15 tu veux que nous y fassions ?
ISMENE
ANTIGONE, doucement.
3
Moi aussi j’aurais bien voulu ne pas mourir.
20 ISMENE
Ecoute, j’ai bien réfléchi toute la nuit. Je suis l’aînée. Je réfléchis plus que toi.
Toi, c’est ce qui te passe par la tête tout de suite, et tant puis si c’est une
bêtise. Moi je suis plus pondérée. Je réfléchis.
ANTIGONE
ISMENE
Si, Antigone. D’abord c’est horrible, bien sûr, et j’ai pitié moi aussi de mon frère,
mais je comprends un peu notre oncle.
ANTIGONE
ISMENE
ANTIGONE
Moi, je ne suis pas le roi. Il ne faut pas que je donne l’exemple, moi…
Antigone est une jeune femme forte et résolue : elle utilise le présent à valeur
d’obligation qui prouve qu’elle a pris sa décision («nous devons aller enterrer
notre frère »). Elle met en avant le sens de la famille. Elle peut paraître aussi
entêtée mais elle est avant tout fidèle à la mémoire de son frère.
Ismène est plus prudente, craint pour sa vie et veut suivre la loi imposée par
son oncle. Certains la jugeront plus raisonnable, d’autres diront qu’elle est
lâche : « Je suis l’aînée. Je réfléchis plus que toi. » ou « J’aurais beau faire, je
n’y gagnerai rien. ».
4
b. Quelle atmosphère règne dans cette scène ? Justifie ta réponse.
c. Une tension règne entre les deux sœurs qui ne semblent pas d’accord sur la
décision à prendre.
d. Quels sont les arguments de l’une et l’autre concernant la décision prise par
Rappel : un Antigone d’ensevelir Polynice ?
argument est
une idée, une Arguments d’Antigone Arguments d’Ismène
raison jugée
valable pour Antigone, chez Anouilh est fataliste : Ismène, quant à elle, tente de
convaincre « Lui, il doit nous faire mourir, et raisonner sa sœur et la convaincre de
quelqu’un de
quelque chose, nous, nous devons aller enterrer changer ses plans funestes.
une sorte de notre frère. C’est comme cela que ç’a La Loi est la Loi. Il ne faut pas s’y
« preuve ».
été distribué. » Elle doit enterrer opposer, quel qu’en soit le motif. La
son frère même si elle sait qu’elle vie est un prix trop élevé.
mourra.
« D’abord c’est horrible, bien sûr, et
« Moi, je ne suis pas le roi. Il ne faut j’ai pitié moi aussi de mon frère, mais
pas que je donne l’exemple, moi… » : je comprends un peu notre oncle. » :
Antigone revendique le fait d’être Elle utilise le procédé de la
finalement plus libre que le Roi. CONCESSION pour convaincre sa
sœur : elle reconnaît d’un côté que le
sort de son frère est bien triste mais
d’un autre côté, le roi doit faire son
travail…
« Il est le roi, il faut qu’il donne
l’exemple. »
La tragédie est un genre théâtral qui remonte à l’Antiquité. Elle met en scène
des grandes familles maudites contre qui la Fatalité s’acharne. Elle conduit le
plus souvent à la mort d’un ou de plusieurs personnages. L’histoire inspire
terreur et pitié. Commenté [ED1]: Définition à connaître.
5
c. « Moi, je ne suis pas le roi. Il ne faut pas que je donne l’exemple, moi. »
Antigone d’Anouilh. Contre quoi Antigone s’oppose-t-elle ? Que défend-elle,
selon toi ?
Antigone s’oppose à la Loi, au Roi. Elle défend l’honneur familial, l’amour pour
son frère. Elle veut que son âme repose en paix.
Antigone est suffisamment résolue pour que l’on puisse penser qu’elle accomplira
son projet de recouvrir le corps de son frère. Cela lui coûtera la vie.
Barbara Schulz : Je dirais qu’elle est tellement vraie qu’elle en est presque folle,
et en même temps, elle fait croire à sa folie. C’est un personnage entier d’une
pureté incroyable. […] Quand on a à la jouer, on a l’impression d’être pas juste un
personnage, mais la voix de plein de gens qui ont été Antigone, la voix du courage.
On la décrit comme ça, maigre, frêle, mais extrêmement courageuse. Ce n’est pas
un personnage mordant, agité. Elle est convaincue et elle est calme, certes
terrorisée, mais pas mordante. C’est un hymne au courage.
6
une adolescente en crise et elle ne serait plus représentative que d’un certain âge,
[…] alors que cette forme de courage, on doit pouvoir l’avoir à n’importe quel âge.
c. Es-tu d’accord avec ce que dit Barbara Schulz, quand elle affirme : «
quand on est jeune, on croit encore qu’on est éternel, on croit encore que
tous les espoirs de bonheur qu’on peut ressentir sont possibles, on croit que
tout est permis. » Tu développeras ta réponse en essayant d’illustrer ton
point de vue par des exemples précis.
Thèse ou idée
défendue
Argument
de
Exemple
de
Argument
de
Exemple
de
Conclusion
de Pour avoir quelques pistes ou éléments d’autocorrection, clique ici.
7
Texte 3 Extrait du Prologue, d’Antigone de Jean Anouilh
Elle pensait qu’elle allait être Antigone tout à l’heure, qu’elle allait surgir /
monde, seule en face de Créon, son oncle, qui était le roi. Elle pensait qu’elle
allait mourir, qu’elle était jeune, et qu’elle aussi, elle aurait bien aimé vivre.
Et, depuis que ce rideau s’était levé, elle sentait qu’elle s’éloignait à une
vitesse vertigineuse de sa sœur Ismène, qui bavardait et riait avec une jeune
homme.
8
➢ Les actions des subordonnées sont-elles simultanées, antérieures ou Ici on cherche à
savoir si les
actions des
postérieures à celle de la principale ? Justifie ta réponse. subordonnées se
passent en même
temps, avant ou
CF. TABLEAU CI-DESSUS après le verbe de
pensée de la
principale.
A RETENIR : Le temps employé dans une proposition subordonnée est orienté, voire
imposé, par celui du verbe de la proposition principale. Il définit la chronologie des actions
entre les propositions, l’ordre dans lequel elles se passent. On appelle ce rapport entre le
9
Extrait 4 Antigone face à Créon : dire « oui » ou dire « non »
CORRECTION :
֎ Le Roi est celui qui prend des décisions, celui qui va maintenir le royaume à flots,
il le compare d’ailleurs au Capitaine d’un bateau. Il fait en sorte que le bateau ne
prenne pas l’eau. Il est celui qui résiste dans la tempête. Les décisions qu’il prend ne
sont pas celles qui l’arrangent mais celles qu’il faut prendre pour le bien du plus
grand nombre. On trouve le champ lexical du bateau et de la navigation : « barque »,
« cale », « gouvernail », « voiles » « radeau »… Pendant toute sa tirade, il utilise
cette image pour parler de son métier de Roi : cela s’appelle UNE METAPHORE
FILEE.
֎ Antigone reproche à Créon de ne pas avoir su dire non, de n’avoir pas refusé le
trône, de ne pas être libre finalement.
֎ Elle revendique cette liberté de dire non.
3. Le mot de la fin
a. Le mot « fatalité » vient du latin « fatum » qui signifie le destin. Pour toi, qu’est-ce
que signifie le mot « destin » ? Une famille de
mots est en
Le destin est ce qui doit arriver sans qu’on est d’emprise sur les événements. ensemble de
mots ayant la
même
10
étymologie la
même racine. Ex :
fleur, floral,
floraison, fleuri…
Plusieurs mots s’appuient sur cette étymologie. Complète les phrases suivantes
avec des mots de la famille de « fatalité ».
➢ Il n’a pas voulu écouté son coach qui l’invitait à prendre du repos : cette erreur
lui a été …………………………….
➢ Après de multiples avertissements, la sanction devait …………………..
tomber.
➢ Nous sommes arrivés à la date ……………………….. : c’est aujourd’hui que je
passe le permis de conduire.
➢ Antigone a finalement accepter son sort : elle est ……………………..
b. Pour cet exercice, tu auras besoin d’un dictionnaire. Clique ici pour consulter le
CNRTL qui pourra t’être utile. « Fatal » a de nombreux synonymes et antonymes.
Classe les mots suivants dans le tableau en fonction de leur sens : inéluctable –
inévitable – heureux – propice – inexorable – favorable – mortel – révocable –
fatidique – implacable – immanquable.
Synonymes de « fatal » Antonymes de « fatal »
Réponses : les synonymes sont inéluctable / inévitable / inexorable / mortel / fatidique / implacable / immanquable. Les antonymes
sont heureux / propice / favorable / révocable.
c. Le mot « passion » vient aussi du latin « patior » qui veut dire « je souffre ».
Plusieurs appartiennent à la famille de ce nom : patient, pâtir, compassion, Passion
(nom propre). Toujours à l’aide d’un dictionnaire, imagine des phrases où tu utiliseras
chacun de ces mots comme il convient.
1. Ce patient souffre de multiples fractures.
2. Les entreprises pâtissent d’une grave crise économique.
3. La bible raconte la Passion du Christ ou comment il a souffert sur la Croix.
4. Il faudra faire preuve de compassion envers Paul car cette expérience a été
traumatisante pour lui.
11
Tu as la possibilité d’offrir une réponse nuancée et personnelle si tu justifies ton
propos. Antigone peut parfois donner l’impression d’être une enfant gâtée, aux
yeux de Créon : « C’est facile de dire non ». Elle peut sembler entêtée et
déraisonnable car nul n’est sensé ignorer la loi.
Mais avant tout, elle symbolise le courage, la liberté de choix et la résistance face
à ce qu’elle considère comme injuste. En cela, c’est une héroïne intemporelle : on
peut la voir comme la femme qui se dresse face au patriarcat, comme la résistante
qui fait front à la tyrannie, comme celle qui met le devoir familial au-dessus de
tout.
Il n’y a donc pas une mais des réponses possibles à cette question.
12
A demi-mots ou la pudeur des sentiments
Valentine Bourgeois s’est mariée à Jules et a eu des enfants. Son mari meurt, puis la Grande
Guerre éclate.
Mais à Valentine était promise une vie où la trajectoire parfaite des premières années est
altérée peu à peu, où tout ce qui a été gagné est repris et détruit.
L’armée lui avait valu un mari, elle lui coûta deux fils, les jumeaux de l’amour naissant, ses
premiers nés. Un bordereau aux couleurs nationales fit office de message, de condoléances, de
mise en bière, de funérailles et de deuil. Le monde était bousculé, Valentine ne sut jamais quel
était le visage de ses garçons dans la mort. C’était une juste cause, Dieu nous envoyait des
épreuves, personne dans cette famille n’acceptait les complaintes, Valentine cette fois encore
garda en elle tous ses mots. Elle se laissait aller la nuit, seule dans le grand lit, à la place de
Jules où elle s’était mise à dormir, comme si elle avait été la défunte, comme si cette peine du
veuvage lui avait été épargnée et qu’il était seul à pleurer une épouse et deux fils. Mais les
larmes ravinaient ses joues, glissaient derrière l’oreille et allaient dans les boucles de ses
cheveux. On eût dit alors une morte. Morte elle ne l’était pourtant pas, et il lui arrivait le soir
venu de s’en étonner. Car elle l’était du moins à une forme de joie, une tranquillité de l’esprit :
chaque fois qu’elle regardait ses enfants, elle se demandait quelles souffrances étaient tapies
dans l’avenir.
Elle aurait jugé indigne cependant de répandre dans sa maison le trouble qu’elle ressentait.
Elle avait encore cinq enfants, une cuisinière, une femme de chambre, et se sentait une
obligation de sourire et de vivre. Valentine était une femme de devoir, elle continua de coiffer
des cheveux, d’embrasser des fronts, de calmer des pleurs, d’inventer des jeux. Adrien et
Henry partirent en pension dans un collège. Elle écrivit les lettres qu’il fallait, envoya les colis
qu’ils attendaient, prépara les fêtes des retours. Ses filles avaient grandi, elle cousit les robes
dont elles rêvaient, s’amusa de leur coquetterie, se souvint d’elle-même à cet âge. Elle tricota
des chandails, d’horribles caleçons de bain, des chaussettes chaudes, des socquettes de coton.
Elle fit des listes de courses, les menus de la semaine, les comptes du mois, paya les gages,
organisa les vacances. Jamais elle ne manqua la fête d’un anniversaire, ni la splendeur de
Noël et du réveillon où venaient les grands-mères. Elle accepta même de parler de Jules, de le
partager avec d’autres qui ne comprenaient rien.
Elle poursuivit comme si personne ne manquait comme si le calme était revenu dans son âme
et, qu’au moment de se coucher, elle n’avait pas ce pincement au cœur, cette envie soudaine
d’éclater en sanglots, de parler à un homme. Elle vécut dans ces relations particulières que
l’on a avec ceux que l’on protège. Refusant de songer que le sort est injuste, qu’il ne rend
rien, qu’aux hommes il prend tout et ricane et continue de détruire leurs belles cathédrales, les
œuvres de leurs vies, les dentelles précieuses qu’ils tissent avec leurs larmes. Et ce sort-là
continua de soustraire à Valentine ceux qui restaient.
INTERPRÉTATION
1.Valentine est une veuve, son mari est mort. Entoure dans le texte trois mots qui font
référence à l’amour en rouge et trois à la mort, en noir. Quel est le champ lexical dominant ?
2.« Valentine était une femme de devoir ». Souligne dans le texte les devoirs quotidiens de
Valentine. Quels sont les devoirs d’une femme de la bourgeoisie à cette époque? »
___________________________________________________________________________
3.A quel moment se permet-elle d’être triste ?
___________________________________________________________________________
Exprime-t-elle sa douleur avec des mots ? Sinon, de quelle manière ?
___________________________________________________________________________
4. « C’était une juste cause, Dieu nous envoyait des épreuves ». Qui ce « nous » désigne-t-il ?
De quel style s’agit-il ici ? Comment entend-on la voix de Valentine malgré l’absence de
discours direct ? Quel effet cela produit-il ?
___________________________________________________________________________
___________________________________________________________________________
5. Voici plusieurs définitions du mot élégance. Surligne l’entrée qui correspond le mieux au
titre du roman.
• Qualité de quelqu'un qui se distingue par son goût, son choix en matière de vêtements,
ex : S'habiller avec élégance.
• Qualité de ce qui est d'une beauté sobre et de bon goût ; harmonie : L'élégance d'un
mobilier.
• Qualité de quelqu'un, de son comportement, qui fait preuve de distinction morale ou
intellectuelle ; délicatesse : Elle lui reproche son attitude avec élégance
6. Relie les mots du texte à la figure de style et définition qui convient :
Extrait du texte Figure de style Définition
« fit office de message, de Synecdoque Figure de style qui consiste à
condoléances, de mise en désigner une idée ou une
bière, de funérailles et de chose en employant un autre
deuil » mot que celui qui convien-
drait. Ce mot est lié à la
chose que l’on veut désigner
par un rapport de ressem-
blance.
« les dentelles précieuses Métaphore Figure de style qui consiste à
qu’ils tissent avec leurs désigner le tout par une
larmes » partie
« embrasser des fronts » Enumération Figure de style qui consiste à
détailler successivement les
différentes parties d’un tout
que l’on veut décrire.
ÉCRITURE
Ecris la carte que Valentine envoie à ses fils partis au pensionnat.
Critères de réussite :
- Ma carte est écrite en « je » et c’est Valentine qui parle
- Elle ne parle pas de son chagrin pour ménager ses enfants, mais, du quotidien
- Elle fait référence à ce qu’elle leur a envoyé
- Il y a des formules affectueuses caractéristiques des cartes postales
RÉÉCRITURE
Réécris ce passage en remplaçant « elle » par « elles »
Morte elle ne l’était pourtant pas, et il lui arrivait le soir venu de s’en étonner. Car elle l’était
du moins à une forme de joie, une tranquillité de l’esprit : chaque fois qu’elle regardait ses
enfants, elle se demandait quelles souffrances étaient tapies dans l’avenir.
DEUX MÈRES, DEUX DOULEURS
Dans la tragédie antique de Sénèque, Les Troyennes, Andromaque doit sacrifier son fils, il est tué par les
vainqueurs de la guerre de Troie, les Grecs.
ANDROMAQUE. —Ô mon fils, ô doux objet de ma tendresse, tu vas périr par une main
ennemie, tu vas abandonner ta mère désolée ! […] Tu pleures, ô mon fils ! As-tu le sentiment de
tes maux ? Pourquoi tes mains m'embrassent-elles ? Pourquoi t'attacher à ma robe, comme un
jeune oiseau s'abrite sous l'aile de sa mère ? […] Pour la dernière fois embrasse ta mère, presse-toi
contre son cœur, de tes bras entoure mon corps, et que ta bouche s'unisse à la mienne. Ô Grecs,
qui inventez des supplices dignes des Barbares, pourquoi faites-vous périr cet enfant innocent ?
Comparons cette réaction à celle de Valentine. Note dans le tableau ce qui caractérise chaque
extrait :
Valentine Andromaque
Ses mots sont-ils donnés à
entendre ou au contraire
tus ?
La ponctuation est-elle
affective (points
d’interrogations,
d’exclamation) ou peu
présente (phrases
déclaratives) ?
Le style est-il pathétique (on
montre la douleur) ou tout
en pudeur (on cache sa peine
pour préserver les autres) ?
La douleur est-elle explicite
ou implicite ?
Genre littéraire : Roman ou
tragédie
Choisis l’un des tableaux pour la première de couverture du roman L’élégance des veuves et
justifie ton choix.
CORRIGÉ :
COMPRÉHENSION : Elle reçoit un message très court/ continue à mener une existence
normale, mais dès qu’elle est seule, elle pleure / c’est une bourgeoise, elle a des domestiques
et tient une maison.
LEXIQUE : bordereau, veuvage, tapies, chandail, gages.
INTERPRÉTATION :
1. La mort : condoléances funérailles, deuil, défunte, veuvage ; L’amour : amour naissant,
embrasser, protège. Le champ lexical dominant est celui de la mort.
2. « elle continua de coiffer des cheveux, d’embrasser des fronts, de calmer des pleurs » :
elle s’occupe des enfants, et tient sa maison : « Elle fit des listes de courses, les menus de
la semaine, les comptes du mois, paya les gages, organisa les vacances » Le devoir d’une
femme était de tenir sa maison et d’en organiser le quotidien, de prendre soin des enfants :
des tâches domestiques, d’intérieur.
3. Elle se permet d’être triste le soir venu, après les tâches de la journée, lorsqu’elle est
seule dans son lit. Elle ne dit rien sur son chagrin, elle le cache : « Valentine cette fois
encore garda en elle tous ses mots », elle pleure seule et en silence.
4. Ce « nous » implique Valentine dans le discours, qui est aussi celui de la bourgeoisie
chrétienne de cette époque. Il s’agit du style indirect libre qui laisse entendre les pensées
du personnage dans le récit.
5. Qualité de quelqu'un, de son comportement, qui fait preuve de distinction morale ou
intellectuelle ; délicatesse : Elle lui reproche son attitude avec élégance
6. « fit office de message, de condoléances, de mise en bière, de funérailles et de deuil » =
Enumération = Figure de style qui consiste à détailler successivement les différentes
parties d’un tout que l’on veut décrire.
« les dentelles précieuses qu’ils tissent avec leurs larmes » = Métaphore= Figure de style
qui consiste à désigner une idée ou une chose en employant un autre mot que celui qui
conviendrait. Ce mot est lié à la chose que l’on veut désigner par un rapport de
ressemblance.
« embrasser des fronts »= Synecdoque= Figure de style qui consiste à désigner le tout par
une partie
7. « Raviner » vient de « ravin », les larmes creuse des sillons, laisse des marques sur la peau.
Les « dentelles précieuses » peuvent être les marques des rides qui forment des dessins
autour de l’œil.
8. Tus/ donnés à entendre ;peu présente /affective ; pudeur/pathétique ; implicite/explicite ;
Roman/tragédie.
RÉÉCRITURE Mortes elles ne l’étaient pourtant pas, et il leur arrivait le soir venu de s’en
étonner. Car elles l’étaient du moins à une forme de joie, une tranquillité de l’esprit : chaque
fois qu’elles regardaient leurs enfants, elles se demandaient quelles souffrances étaient tapies
dans l’avenir