Conseil Constitutionnel - Dissertation
Conseil Constitutionnel - Dissertation
Conseil Constitutionnel - Dissertation
(dissertation)
INTRODUCTION
Louis FAVOREU voit dans le Conseil constitutionnel « un aiguilleur », tandis que Michel DEBRÉ
évoquait une « arme contre la déviation du régime parlementaire », dans son discours du 27 août 1958.
S’il s’inspire du Comité constitutionnel de la IVe République, ses pouvoirs sont largement plus
importants. Il ne s’agit pas non plus d’une véritable cour constitutionnelle comme il en existe dans
d’autres pays du monde. Effectivement, aucun contrôle de constitutionnalité n’existait réellement en
France avant 1958, la loi étant considérée comme l’expression de la « volonté générale » et le
législateur étant tout puissant. Il apparaît pourtant primordial pour faire respecter la primauté de la
Constitution sur les autres textes juridiques (V. Notamment la hiérarchie des normes d’Hans KELSEN).
Mais quelles sont réellement aujourd’hui les missions de cette institution apparue avec la Constitution
de 1958 ?
Le Conseil constitutionnel remplit de nombreuses missions : des missions originelles (I), qu’il
détient depuis la mise en place de notre Constitution, et des missions plus récemment acquises (II).
Aussi, le Conseil constitutionnel est amené à intervenir, sous certaines conditions, dans le
cadre des procédures de délégalisation et d’irrecevabilité (articles 37 al. 2 et 41) qui permettent de
protéger le domaine réglementaire et le domaine de la loi.
L’article 61 alinéa 1er précise que l’institution contrôle également de manière obligatoire « les
lois organiques, avant leur promulgation, les propositions de loi mentionnées à l'article 11 avant
qu'elles ne soient soumises au référendum, et les règlements des assemblées parlementaires, avant
leur mise en application ». Dans d’autres perspectives, le contrôle du Conseil constitutionnel reste
purement facultatif, ce qui démontre son rôle « incomplet ».
Enfin, le Conseil peut intervenir, selon l’article 54 de la Constitution, sur les engagements
internationaux, en veillant notamment à ce que la Constitution fasse l’objet d’une révision si des
engagements internationaux apparaissent incompatibles avec les dispositions constitutionnelles en
vigueur.
Dans tous les cas, que le Conseil intervienne dans le cadre d’un contrôle facultatif ou
obligatoire, ses décisions « ne sont susceptibles d’aucun recours. Elles s’imposent aux pouvoirs publics
et à toutes les autorités administratives et juridictionnelles » (art. 62). Il en sera de même dans le cadre
de son rôle de juge électoral.
Pour ce qui est des élections parlementaires, les lois constitutionnelles de la IIIe République et
la Constitution d’octobre 1946 confiaient ce rôle aux parlementaires eux-mêmes. L’article 8 de la
Constitution de 1946 précise que « chacune des deux Chambres est juge de l'éligibilité de ses membres
et de la régularité de leur élection ». Un problème, largement mis en avant par la doctrine, est ici
évident. En effet, les parlementaires demeuraient à la fois juge et partie en cas de contestation.
L’indépendance de ce contrôle pouvait prêter à confusion et apparaître tout à faire compromettant.
D’autres missions du Conseil constitutionnel sont également apparues plus tardivement.
Plusieurs conditions de fond et de forme doivent ainsi être remplies pour pouvoir déposer un
QPC : elle doit porter d’abord sur une disposition législative qui violerait des « droits et libertés que la
Constitution garantit ». Évidemment, cette disposition législative doit s’appliquer au litige ou à la
procédure en question. La disposition ne doit pas avoir déjà fait l’objet d’une déclaration de conformité
et le juge, dès la première instance, va examiner le caractère sérieux et nouveau de la question qui
doit lui être posée par écrit dans un mémoire distinct de la requête principale. Cette procédure ouvre
enfin un contrôle constitutionnel à l’initiative et au profit des justiciables, comme il en existait déjà
dans plusieurs États.
La force de ce contrôle, au profit des justiciables, fait dire à Jean-Louis DEBRÉ, à l’époque
président du Conseil constitutionnel : « La Constitution, jusqu'à présent, était quelque chose
d'inatteignable. C'était l'affaire des politiques, pas des citoyens. La QPC permet à chacun de se prévaloir
de la Constitution ! » (P. ROGER, « Jean-Louis Debré : la Constitution est désormais l'affaire des
citoyens », Le Monde, 5 mars 2011).