Maths1 2016 L'X
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Maths1 2016 L'X
(Durée : 4 heures)
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Soit n > 1 un entier. On appelle point entier de Rn un point dont toutes les coordonnées
sont entières, c’est-à-dire un point de Zn . Si K est une partie de Rn , on note K̊ son intérieur.
On appelle points entiers de K (resp. points entiers intérieurs) les points de K ∩ Zn (resp.
les points de K̊ ∩ Zn ). On note respectivement Card(K ∩ Zn ) et Card(K̊ ∩ Zn ), le nombre
(éventuellement infini) de points entiers de K et de son intérieur K̊.
Soit hβ l’homothétie de rapport β ∈ R (centrée en 0), on note βK = hβ (K) l’image de K par
hβ . Si τx est la translation de vecteur x ∈ Rn , on note K − x = τ−x (K) l’image de K par τ−x .
Si M = (mij ) est une matrice de Mn (R), mij est le coefficient de la i-ème ligne et de la j-ème
colonne.
On note (x1 | · · · |xn ) la matrice de Mn (R) dont les colonnes sont les vecteurs x1 , . . . , xn ∈ Rn .
On note In la matrice identité de Mn (R) et Eij la matrice de Mn (R) dont tous les coefficients
sont nuls sauf celui de la i-ème ligne et j-ème colonne qui vaut 1.
On note Mn (Z) l’ensemble des matrices de Mn (R) dont tous les coefficients sont entiers.
On note ⌊a⌋ la partie entière d’un réel a : c’est le plus grand entier inférieur ou égal à a ; et
{a} = a−⌊a⌋ ∈ [0, 1[ la partie fractionnaire de a. On note ⌋a⌊ le plus grand entier strictement
inférieur à a.
Pour des entiers a1 , . . . , ak non tous nuls, on note pgcd(a1 , . . . , ak ) le plus grand entier (stric-
tement positif) qui divise tous les ai .
Première partie
1. Soit M ∈ Mn (R) une matrice inversible et à coefficients entiers.
1a. Montrer que M −1 est à coefficients rationnels.
1b. Montrer l’équivalence des propositions suivantes :
i) M −1 est à coefficients entiers.
ii) det M vaut 1 ou −1.
Dans la suite, on note GLn (Z) l’ensemble des matrices carrées de taille n à coefficients entiers
et de déterminant ±1. C’est un sous-groupe de GLn (R). On remarque que pour i 6= j et c ∈ Z,
la matrice In + cEij appartient à GLn (Z).
1
2. Soit M = (x1 | · · · |xn ) ∈ GLn (R).
2a. Montrer que M ∈ GLn (Z) si et seulement si M (Zn ) = Zn .
2b. Montrer l’équivalence des propositions suivantes :
i) M ∈ GLn (Z).
n
( )
X
ii) Les points entiers du parallélépipède P = ti xi | ∀i ∈ {1, . . . , n}, ti ∈ [0, 1] sont
i=1
n
X
exactement les 2n points εi xi , où εi ∈ {0, 1} pour tout i ∈ {1, . . . , n}.
i=1
3. Pour tout α dans R et pour tous entiers i et j distincts compris entre 1 et n, décrire
l’effet sur une matrice carrée M de taille n de la multiplication à gauche par In + αEij . Même
question pour la multiplication à droite.
4. Soient n > 2 et a1 , . . . , an des entiers non tous nuls. Le but de cette question est de
montrer qu’il existe une matrice de Mn (Z) dont la première colonne est (a1 , . . . , an ) et de
déterminant le pgcd(a1 , . . . , an ). Pour cela on raisonne par récurrence sur n.
Soit N ∈ Mn−1 (Z) une matrice dont la première colonne est (a2 , . . . , an ). Étant donnés
u, v ∈ Q, on considère la matrice
a1 0 · · · 0 u
va2
M =
va3 .
N ..
.
van
2
6. Soit M ∈ Mn (Z), de déterminant non nul. Montrer qu’il existe une matrice A dans
GLn (Z) telle que AM soit triangulaire inférieure et en notant AM = (cij ), on ait l’inégalité
0 6 cij < cjj pour tous i, j ∈ {1, . . . , n} tels que j < i.
Deuxième partie
Soient s0 , s1 , . . . , sn des points de Rn tels que les vecteurs s1 − s0 , s2 − s0 , . . . , sn − s0 soient
linéairement indépendants. On appelle simplexe de sommets s0 , s1 , . . . , sn l’ensemble :
( n n
)
X X
S= ti si | ∀i = 0, . . . , n, ti > 0, ti = 1
i=0 i=0
n n
( )
X X
= s0 + ti (si − s0 ) | ∀i = 1, . . . , n, ti > 0, ti 6 1 .
i=1 i=1
Si de plus les si sont tous des points entiers, on dit que S est un simplexe entier.
On définit le volume du simplexe S de sommets s0 , s1 , . . . , sn par
1
Vol(S) := | det(s1 − s0 , s2 − s0 , . . . , sn − s0 )|.
n!
7. Soit S le simplexe de sommets s0 , s1 , . . . , sn .
7a. Montrer S est un compact convexe de Rn .
( n n
)
Montrer que S˚ =
X X
7b. ti si | ∀i = 0, . . . , n, ti > 0, ti = 1 .
i=0 i=0
˚
En déduire que si 0 ∈ S̊, alors, pour tout λ ∈ [0, 1[, λS ⊂ S.
7c. Pour i = 0, . . . , n, on note ŝi = (1, si ) le point de Rn+1 dont les coordonnées sont 1
suivi des coordonnées de si . Exprimer | det(ŝ0 , ŝ1 , . . . , ŝn )| en fonction de Vol(S).
En déduire que le volume d’un simplexe ne dépend pas de l’ordre des sommets.
8. Soit V > 0 un réel.
8a. Donner un exemple de simplexe entier de R2 , de volume supérieur ou égal à V , et
n’ayant aucun point intérieur entier.
8b. Donner un exemple de simplexe entier de R3 , de volume supérieur ou égal à V , et dont
les seuls points entiers sont les sommets.
9. Soit K un compact convexe de Rn tel que 0 ∈ K̊.
9a. Montrer que l’ensemble des λ > 0 tels que −λK ⊂ K est un intervalle.
On note
a(K) = sup{λ > 0 | − λK ⊂ K}.
9b. Montrer que a(K) < ∞ et que a(K) = max{λ > 0 | −λK ⊂ K}.
9c. Montrer que 0 < a(K) 6 1.
En déduire que a(K) = 1 si et seulement si K est symétrique par rapport à 0.
On admet le résultat suivant que l’on pourra utiliser sans démonstration pour la suite de
cette partie.
Théorème 1. Soit S un simplexe de Rn et k un entier. Si Vol(S) > k, il existe k + 1 points
distincts v0 , . . . , vk de S tels que vi − vj ∈ Zn quels que soient i et j entre 0 et k.
3
10. Dans toute cette question, S est un simplexe de Rn tel que 0 ∈ S̊. On veut montrer
que n
a(S)
Card(S̊ ∩ Zn ) > 2 Vol(S) + 1.
a(S) + 1
n
a
On pose alors a = a(S), et k = Vol(S) .
a+1
10a. Exprimer, pour β ∈ R∗ et x ∈ Rn , Vol(βS) et Vol(S− x).
λa
Montrer que pour λ ∈ [0, 1[ suffisamment proche de 1, Vol S > k.
a+1
10b. Pour λ comme dans la question précédente, soient v0 , . . . , vk les k + 1 points distincts
λa
dans S vérifiant vi − vj ∈ Zn pour tout i, j dont l’existence est assurée par le Théorème
a+1
1. Montrer que les points vi − vj sont dans λS. En déduire que les vi − vj sont dans S̊.
10c. Montrer qu’il existe un indice j ∈ {0, . . . , k} tels que les (2k + 1) points 0, ±(vi − vj ),
pour i ∈ {0, . . . , k} \ {j} soient distincts. En déduire l’énoncé de la question 10, puis que
a(S) n
Card(S̊ ∩ Zn ) > Vol(S) .
2
Troisième partie
On dit que deux simplexes S et S ′ de Rn sont équivalents s’il existe un ordre d’énumération
des sommets s0 , s1 , . . . , sn de S, et s′0 , s′1 , . . . , s′n de S ′ , et une matrice A de GLn (Z) tels que
A(si − s0 ) = s′i − s′0 pour tout i = 1, . . . , n.
11. Montrer que deux simplexes entiers S et S ′ sont équivalents si et seulement s’il existe
une matrice A ∈ GLn (Z) et un vecteur b ∈ Zn tels que S ′ = A(S) − b.
12. Montrer que le volume, le nombre de points entiers et le nombre de points intérieurs
entiers sont les mêmes pour deux simplexes entiers équivalents.
13. Montrer qu’un simplexe entier S est équivalent à un simplexe entier contenu dans le
cube [0, n! Vol(S)]n .
On pourra utiliser la question 6 pour une matrice M bien choisie.
Théorème 2. Pour tout entier strictement positif k, il existe une constante strictement
positive C(n, k) telle que pour tout simplexe entier S de Rn possédant exactement k points
intérieurs entiers, Vol(S) 6 C(n, k).
14. Déduire du Théorème 2 que pour tout entier strictement positif k, il n’existe à équiva-
lence près qu’un nombre fini de simplexes entiers de Rn ayant exactement k points intérieurs.
Quatrième partie
Le but de cette partie, qui ne faisait pas partie du sujet du concours, est de démontrer les
Théorèmes 1 et 2 énoncés et utilisés dans les deuxième et troisième parties.
15. Soit S un simplexe de Rn et k un entier tel que Vol(S) > k.
4
15a. Montrer qu’il existe x ∈ [0, 1[n et (k + 1) éléments de Zn u0 , . . . , uk tels que x ∈ S − ui
pour i = 0, . . . , k.
On pourra étudier les ensembles (u + [0, 1[n ) ∩ S quand u décrit Zn ; et admettre le fait –
hors programme de CPGE – que le volume d’un simplexe est sa mesure de Lebesgue, qui est
sous-additive.
15b. En déduire l’existence des (k + 1) points v0 , . . . , vk qui satisfont aux conditions du
Théorème 1.
15c. Montrer le Théorème 1, c’est-à-dire qu’ici, on suppose seulement que Vol(S) > k.
n
X
16. Soient t1 , . . . , tn des réels strictement positifs tels que ti = 1 et soit N > n un
i=1
entier. On souhaite montrer qu’il existe des entiers positifs ou nuls p1 , . . . , pn et q tels que
i) 1 6 q 6 N n−1 ,
Xn
ii) pi = q,
i=1
n
iii) |qt1 − p1 | 6 ,
N
1
iv) pour tout i = 2, . . . , n, |qti − pi | 6 .
N
16a. En considérant les vecteurs de coordonnées ({kt2 }, . . . , {ktn }) ∈ [0, 1[n−1 quand k
décrit {0, . . . , N n−1 }, montrer qu’il existe des entiers p2 , . . . , pn , q > 0 vérifiant les conditions
i) et iv).
16b. Conclure.
17. Le but de cette question est de montrer que quels que soient les entiers strictement
positifs n et k, il existe une constante α(k, n) ∈ ]0, 1[ telle que, si t1 , . . . , tn sont des réels
Xn
strictement positifs vérifiant 1 > ti > 1 − α(k, n), alors il existe des entiers positifs ou
i=1
nuls p1 , . . . , pn > 0 et q tels que
n
X
pi = q > 0, et pour tout i = 1, . . . , n, (kq + 1)ti > kpi .
i=1
1
17a. Traiter le cas n = 1 en montrant que la constante α(k, 1) = convient.
k+1
On suppose l’énoncé vrai jusqu’au rang n − 1 > 1. En particulier, α(k, n − 1) > 0 est définie
pour tout k > 1. On pose pour k > 1
1 4k
α(k, n) = où N = 1 + max , 2kn(n + 1) .
4kN n−1 α(k, n − 1)
n
X
On se donne t1 > t2 > · · · > tn > 0, et on suppose que ti = 1 − α avec 0 < α < α(k, n).
i=1
5
ti
17c. Si tn > α(k, n−1)−α, appliquer le résultat de la question 16 aux , i = 1, . . . , n.
1−α
Avec ses notations, montrer que
1 1 α 1
α(k, n) < min , α(k, n − 1) et 1 − qk > .
n+1 2 1−α 2