St. Theophane Le Reclus - Lettres de Direction Spirituelle - SRCH .Adb Compressed
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Spiritualité orthodoxe
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Saint Théophane le Reclus
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Retour en Russie
En 1851, le hiéromoine Théophane reçut une distinction
- la croix pectorale en or - pour ses travaux scientifiques et son
ardeur dans l'accomplissement de ses différences tâches.
Mais la guerre de Crimée éclata en 1853, et la mission ecclé-
siastique russe dut quitter Jérusalem (mai 1854) pour revenir en
Russie par l'Europe. Sur le chemin du retour, le père Théophane
séjourna dans de nombreuses villes européennes, où il visita par-
tout les églises, les bibliothèques ou les musées. Il prie contact
avec certaines institutions d'enseignement afin de connaître la
situation del' enseignement théologique en Occident. À Rome, il
fuc reçu en audience, avec l'archimandrite Porphyre, par le pape
Pie IX.
De retour en Russie (1854), il fic paraître, dans Lecture do-
minicale (qui continua jusqu'en 1859), le journal de l'académie
ecclésiastique de Kiev, sa traduction de L'Épître du moine Isaïe
à la t1-ès noble moniale Théodora, puis, plus tard, Les Sentences
mémombles des saintes femmes ascètes. Ces œuvres, qu'il avait tra-
duites à Jérusalem cl' après un seul manuscrit grec daté de 1450,
constituèrent plus tard le célèbre Mitericon, variante « féminine »
du Pntericon, le recueil des sentences des Pères du désert. . .
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La vie à Saint-Pétersbourg
Malgré l'ambiance agitée de la capitale, il suc éviter une at-
titude rigoriste à l'égard de la société de son temps, s'adaptant
dans la mesure du possible au milieu auquel il avait affaire. Il
savait mener des conversations en français, mais ne faisait aucune
concession lorsque la vérité était en jeu, cout en étant aimable
et sociable. Il lutta contre les idées des Lumières, répandues
alors dans la société pétersbourgeoise. Il exhortait ses auditeurs à
être attentifs à la Parole de Dieu, car « Elle seule est le véritable
luminaire dans l'obscurité de ce monde ». « Le vrai progrès»,
écrivait-il, consiste à chercher de toutes nos forces à atteindre
« la mesure de la pleine stature du Christ » (Éph., 4, 13). Mais,
prévenant toute accusation d'obscurantisme, il précisait : « Que
l'on n'aille pas penser que nous nous dressons contre coute amé-
lioration et cout changement en bien! Oh que non! Dieu bénit
coute bonne entreprise. Qu'il bénisse aussi les œuvres de ceux
qui s'y consacrent! Nous voulons seulement dire que la véritable
mesure du bienfait des améliorations [apportées dans le monde]
doit être leur conformité à l'esprit de la foi. Par contre, cout ce
qui refroidie envers celle-ci et qui éloigne de l'Église, roue ce qui
engage à violer ses institutions et demande à les changer, cout
ce qui amène à l'oubli de l'agencement divin des choses ne doit
pas être considéré comme le signe et le fruit d'un véritable per-
fectionnement et d'un progrès, mais au contraire une régression,
une chute et une ruine. » Enseignant ainsi avec autorité, il ame-
nait de nombreuses personnes à s'adresser à lui afin d'obtenir
des conseils dans le domaine de la foi et de la piété. Certains
devinrent même ses enfants spirituels.
Nomination à O/onetz
En septembre 1855, il fut nommé recteur et professeur au sé-
minaire ecclésiastique d'Olonecz, qui venait d'être fondé à Petro-
zavodsk. Toue en s'occupant de la construction du bâtiment, son
souci principal restait l'éducation des élèves, s'efforçant d'éveiller
cc de renforcer leur piété. Assistant aux prières du matin cc du
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la correspondance
Saint Théophane était un maître de foi et de piété, dans le
plein sens du terme : il n'enseignait pas seulement par ses œuvres,
mais aussi par ses lettres, dont un certain nombre furent alors
éditées dans le périodique Lectures utiles à l'âme. Chaque jour,
il recevait entre vingt et quarante lemes et il répondait à toutes.
Il pénétrait avec une sensibilité extraordinaire la situation spiri-
1. Archiprêtre Georges Florovsky, Les i-0ies tu la rhéologie russe, op. dt.,
p. 365.
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La vie quotidienne
Chaque jour, à deux heures de l'après-midi, après avoir tra-
vaillé plusieurs heures, le reclus prenait son déjeuner, ne man-
geant que ce qui était nécessaire au soutien de ses forces : les
jours ordinaires où l'on ne jeûnait pas, il mangeait deux œufs,
et, dans les dernières années, il ne prenait souvent qu'un seul
verre de lait avec du pain. Durant tous les carêmes, il suivait les
indications du typicon relatives à la nourriture, mais, pendant le
Grand Carême, il y avait des jours où il s'abstenait de toute nour-
riture. Après le repas, il se reposait un peu assis sur une chaise et
s'occupait ensuite de travaux manuels, comme la sculpture de
petits objets en bois ou encore la reliure de livres qu'il distribuait
ensuite comme cadeaux. Il préparait lui-même les colis de livres
qu'il envoyait, et les adresses étaient rédigées soigneusement de
sa main . Probablement, ses vêtements étaient cousus par lui. Au
demeurant, il conseillait à tous ses enfants spirituels le travail
manuel pour ne pas disperser leurs pensées. Il conseilla même
à l'un d'entre eux de tresser des laptù - les chaussures en écorce
de bois de bouleau des paysans russes - s'il ne savait rien faire
d'autre. « Il faut avoir quelque travail manuel non accaparant,
mais il faut s'y consacrer seulement lorsque l'âme est épuisée
et incapable de lire, de penser ou de prier Dieu .. . Si l'on reste
sans rien faire, les pensées commencent à vagabonder, c'est alors
qu'il faut trouver un travail manuel . . . ~ En outre, il peignait des
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Le trépas
Durant la dernière année de sa vie terrestre (1893), le saint se
sentait faiblir, il avait des maux de tête qui le rendaient incapable
d'écrire et il souffrait de fortes crampes aux jambes, ce qui le
contraignait à rester alité. Il se prépara à recevoir le grand habit
monastique et cousit lui-même le « schème », l'insigne du degré
monastique le plus élevé. Il pressentait son départ pour l'éternité,
sans toutefois modifier son emploi du temps. Un an avant son
trépas, il demanda au père Arkadi qui se rendait à Tambov de
célébrer un office de requiem pour un évêque devant une icône
miraculeuse de saint Pantéléimon et de faire de même après sa
mort. Lorsque celui-ci, lui aussi très âgé, répondit qu'il mourrait
avant lui, Théophane répliqua avec assurance: « Ce ne sera pas
le cas; je vais mourir bientôt. » Effectivement, exactement un
an après, le 6 janvier 1894, jour de la Théophanie et de la fête
patronale de sa chapelle. Après avoir célébré la Divine Liturgie
en l'honneur de cette féte qui lui était si chère, il ne mangea que
la moitié d'un œuf et ne but qu' un demi-verre de lait, puis s'assit
à son bureau pour écrire. Dans l'après-midi, son assistant de cel-
lule remarqua que l'évêque éra.it faible, puis le trouva étendu sur
son lie, sans vie. Sur son visage se dégageait un sourire et ses rrois
doigts de la main droite étaient joints dans la position de la béné-
diction épiscopale.
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Son corps resta six jours dans le cercueil - trois jours dans sa
chapelle et trois jours dans l'église du monastère - sans manifes-
ter aucun signe de décomposition. La nouvelle de son trépas se
répandit rapidement, et la foule affiua pour atteindre plusieurs
dizaines de milliers de fidèles le jour de ses funérailles. Certains
avaient parcouru jusqu'à deux cents verstes malgré l'état de la
route hivernale.
L'office fut célébré par l'évêque Jérôme (Ekzempliarsky, 1836-
1905) de Tambov, assisté par de nombreux archiprêtres, prêtres
et moines. Le saint fut inhumé en l'église Notre-Dame-de-Ka-
zan, où il élevait ses prières avant de mener la vie de reclus.
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Bernard Le Caro
LETTRES
I
Le thème de notre correspondance: la vie spirituelle
Après que nous avons convenu, avant votre départ pour Mos-
cou, de nous entretenir par écrit de sujets susceptibles de vous
être profitables, je m'attendais, fort naturellement, à ce que vous
donniez signe de vie dès votre arrivée et que vous me disiez
dans quelles conditions vous vivez. J'attendais, j'ai attendu fort
longtemps et j'attends toujours. Que s'est-il passé? Êtes-vous
en bonne santé? Que la Mère de Dieu vous protège! Ou bien
auriez-vous changé d'avis? Tout arrive, et cela aussi est possible.
C'est justement pour cela que je vous écris aujourd'hui, et au
cas où la cause en serait des scrupules à mon égard - la peur de
me déranger ou quelque chose de ce genre - je voudrais que
vous chassiez cela de votre esprit. Vous écrire, et notamment sur
de pareils sujets, ne sera nullement un fardeau pour moi, bien
au contraire. Ce sera au contraire une satisfaction qui m'appor-
tera une certaine variété dans ma routine quotidienne. Je dirais
même que, si notre projet reste sans suite, j'aurai l'impression
d'avoir subi une perte. Je ne saurais vous dire pourquoi, mais il
en est ainsi, et il ne peut en être autrement. Ainsi donc, ce n'est
plus un conseil que je vous adresse, mais une demande: écrivez-
moi. Certes, il ne faut pas attendre de moi des paroles de grande
sagesse, mais rien que d'examiner à nouveau tout ce qui le mérite
sera pour vous d'un grand profit: vous vous remémorerez ainsi
toute cette problématique, vous concentrerez votre attention sur
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II
La vanité de la vie mondaine
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III
Le vide
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gêne. Dieu fasse que ce sentiment qui vous éloigne de la vie mon-
daine et de ses réjouissances ne vous quitte plus. Il est cependant
possible que vous vous mettiez à les aimer. Apparemment, vous
ne pouvez pas ne pas être en contact avec une telle vie. La deu-
xième fois sera moins destructrice, moins troublante, la troisième
fois, encore moins et, ensuite, tout sera normal. Comme on dit
de la vodka: le premier verre passe mal, le second paraît bon,
quant aux suivants, qu'on les remplisse! Ceux qui entrent dans
une manufacture de tabac, que ressentent-ils? Ils ont les yeux qui
brûlent, le nez qui pique, la respiration coupée. Or, ceux qui y
travaillent ne ressentent rien et, du reste, les nouveaux arrivants,
au bout de quelque temps, plissent moins les yeux, éternuent et
toussotent moins, jusqu'à ne plus avoir aucune de ces indisposi-
tions. Prenez garde à ce que rien de semblable ne vous arrive en
ce qui concerne les modes de vie qui ont tellement troublé la paix
de votre esprit!
Vous avez comme devancé ma question, lorsque vous écrivez:
« Je ne pense pas que je puisse jamais me faire à ce genre de vie.
À y regarder de plus près, je trouve que ce n'est pas la vie. Je suis
incapable de l'expliquer, mais je suis convaincue que ce n'est pas
la vie. Du mouvement, il y en a beaucoup, mais de vie, point.
C'est comme ma machine à coudre, elle se démène, mais qu'y
a-t-il en elle de vivant? » Quelle excellente pensée a produit là
votre brillante petite tête! Je peux maintenant estimer que votre
situation est moins désespérante. Le sentiment à lui seul n'est
pas fiable: il peut changer. Mais, lorsque vient à sa rescousse une
pensée bien fondée, il se fortifie et à son tour il fortifie cette
pensée. À eux deux, ils sont une forteresse. Mais, pour que cette
forteresse soit plus forte encore, il vous faut comprendre pour-
quoi dans ce genre de vie il n'y a pas la vie. Cela se fera de plus
en plus clair à mesure que nos entretiens se poursuivront. Pour
le moment, je vous dirai seulement ceci: il n'y a pas dans cette
vie la vie parce qu'elle n'occupe, ne nourrie qu'une petite part
des aspects de l'existence humaine et, qui plus est, une part très
secondaire, située à la périphérie de la vie, loin de son centre. La
vie humaine est complexe er multiforme. Il y a en elle le corporel,
le mental cc le spirituel. Chacun de ces aspects possède ses capa-
cités (et les moyens-de les exercer) cc ses besoins (et ses moyens
de les satisfaire). L'homme ne vit que lorsque coures ses forces
sont en mouvement et ses besoins sonc satisfaits. Mais, lorsque
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IV
Liberté ou esclavage
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qui est secoué dans le crible par celui qui fait le criblage, et y est
agité et retourné sans arrêt. Ainsi, le prince du mal s'empare-
t-il de tous les hommes au moyen des choses terrestres et, grâce à
elles, les agite, les trouble et les secoue par des pensées vaines, des
convoi tises honteuses et des liens terrestres et mondains; ainsi,
sans cesse, il réduit en captivité, jette dans le trouble et prend au
piège toute la race pécheresse d'Adam qui, après avoir transgressé
le commandement et être devenue pécheresse, a été marquée de
cette image d'une manière secrète; elle est agitée par des pensées
toujours en mouvement, par la crainte, la peur, toutes sortes de
troubles, de désirs et de plaisirs multiples et variés. Cela vient
du prince de ce monde, qui agite toute âme qui n'est pas née
de Dieu, met sans cesse en mouvement, de diverses manières,
comme le blé secoué dans le crible, les pensées des hommes, les
trouble et les séduit par les attraits du monde, les plaisirs de la
chair, des craintes et des inquiétudes» (homélie 5, 2 1) .
Le voilà, le complément à votre observation! Vous avez remar-
qué ce qui se passe, ce qui est courant. Saint Macaire, lui, a noté
et la cause et la première conséquence de cela. Mais cette façon
de voir, dans le milieu dont nous parlons, est rejetée, et il est
interdit d'en parler. Vous, je vous demande de la faire vôtre et
de la garder toujours à l'esprit. Elle exprime le fond des choses
et, quand vous l'aurez assimilée, elle vous servira de garde-fou
contre les tentations de la vie du monde. Tâchez, pour appro-
fondir tout cela, de lire en entier la cinquième homélie de saint
Macaire. J'ai prêté ce livre à votre mère et elle désirait l'acquérir.
Pour ma part, j'ajouterai que cette quête effrénée et cette insa-
tisfaction de tout découlent de cela même, dont je parlais la der-
nière fois. À savoir: seule une petite partie de la nature humaine
est ainsi nourrie et seulement quelques-uns de ses besoins sont
ainsi satisfaits. La part qui reste insatisfaite, comme affamée, ré-
clame que sa faim et sa soif soient assouvies et elle pousse l'homme
à chercher cette nourriture; il court à sa recherche, mais, comme
il évolue toujours dans la même sphère qui ne satisfait pas ses
besoins, il court et cherche toujours. Cette poursuite ne cessera
jamais, pour ceux qui vivent selon l'esprit du monde. I..:ennemi
les maintient dans l'aveuglement, de sorte qu'ils ne voient pas
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leur erreur, qu'ils suivent une fausse piste et tendent vers un but
qui n'est pas le bon; et, dans cette obscurité, l'ennemi fait lan-
guir, il étouffe ces âmes - les pauvres! Et il a tellement obscurci
l'esprit de ces gens qu'ils ne supporteraient pas qu'on leur dévoile
leur erreur. Ils rugiraient, comme des bêtes fauves. N 'est-ce pas
là le rugissement du lion dont il est dit qu'il cherche partout
quelqu'un à dévorer (cf. I Pet., 5, 8)?
En ce qui concerne les autres aspects de la vie mondaine que
vous avez notés, je dirai simplement qu'ils ne pouvaient en être
autrement. Car ce genre de vie est celle de l'homme déchu, dont le
trait majeur est l'amour de soi, ou lëgoïsme, qui se pose soi-même
comme unique but et tout le reste, tous les autres, comme des
instruments. En conséquence, chacun veut imposer ses volontés
à l'autre ou bien se l'asservir - ce que vous appelez très juste-
ment la tyrannie. Quelles que soient les belles couleurs dont on
affuble ses désirs, elles cachent toujours l'égoïsme qui tend à plier
l'autre à sa guise ou à faire de lui un instrument. Là est également
la cause des actions hypocrites dont le but est de camoufler ses
mauvais côtés sans songer à les corriger, pour ne pas perdre son
influence sur les autres et la possibilité de les utiliser à ses fins.
Là est la raison pour laquelle il se dégage d'eux tous un tel froid:
chacun est enfermé en lui-même et ne répand pas la chaleur de
la vie autour de lui.
Certes, vous pouvez rencontrer des gens dont la disposition
du cœur est sympathique: ils vous charment, ils vous séduisent.
Cette disposition est le vestige du sentiment d'amour pour les
siens que le Créateur a mis dans le cœur de l'homme, mais là,
elle sert l'égoïsme, comme le moyen le plus expéditif pour par-
venir à ses fins. Je connais une personne de ce type. Mieux vaut
un égoïste déclaré que l'une de ces personnes sympathiques, car,
avec les premiers, on sait où ils veulent en venir, tandis que, avec
les seconds, on le devine rarement.
Il est vrai que, très souvent, ils vous rendent des services, mais
c'est dans le but de vous obliger, plus tard, à faire pour eux quan-
tité de choses. Vous me direz: « Mais comment est-ce possible?
Là, tous se targuent d'honnêteté et, si vous faites un acte malhon-
nête, vous êtes perdu. » Oui, il en est ainsi, mais cette honnêteté
masque l'égoïsme, car tout ce qui compte, c'est de ne pas perdre
la face et, pour cela, les pires actions déshonorantes sont com-
mises, pourvu que l'on puisse les cacher aux autres. Vous pouvez
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La vie corporelle
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nutritive 1, bien qu'elle aussi soit comme anoblie par son effort
pour satisfaire des besoins et des objectifs qui, eux, sont véritable-
ment ceux de l'âme. Les organes du mouvement et du sentiment
servent plus les besoins de l'âme que ceux du corps. Et il y en a
un qui semble se tenir à l'écart des autres, à savoir l'organe de
la parole, il est exclusivement un organe de l'âme, préposé à la
servir, et elle seule.
Ce qui est indésirable quant à la vie corporelle, charnelle et
sensible se produit lorsqu'une personne qui est attirée à l'extrême
par ce qui concerne le ventre et le corps se fixe pour but prin-
cipal le bien-être de son corps, ou la satisfaction de ses besoins
strictement corporels, sans se soucier de l'âme, et encore moins
de l'esprit. De plus, chaque besoin corporel, simple et naturel,
se multiplie en une quantité d'autres besoins, acquis par l'habi-
tude et le goût pour d'autres moyens de le satisfaire. Prenez la
nourriture, ou la boisson, ou le vêtement. Quoi de plus simple?
Et, pourtant, que de besoins, que d'exigences! On serait prêt à
mourir pour les avoir! D'où cette constatation : d'aucuns n'ont
pas une minute libre dans leur course pour satisfaire leurs be-
soins, sans parler des dizaines d'autres personnes qui courent,
elles aussi, pour eux. Chez ceux-là, il est inévitable que l'âme et
l'esprit soient affamés, si toutefois ils ne sont pas encore tout à
fait étouffés, écrasés, plongés dans la sensualité.
Veuillez réfléchir à tout cela. Je vous parlerai de l'âme dans ma
prochaine lettre.
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La vie de l'âme - l'aspect intellectuel
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La vie de l'âme - l'aspect « désir »
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LETTRES D E DIRECfION SPIRITUELLE
Chez celui qui a des années de vie derrière lui, presque tout se
fait par habitude. Rares chez lui sont les initiatives, les entreprises
sortant de l'ordinaire. C'est un fait que la vie a ses exigences, et
comme elles sont récurrentes, il est normal qu'elles se rransfor-
ment en habitude, en comportement, en mode de vie, en tem-
pérament. Cet ensemble façonne et le mode de vie et le mode de
pensée de cette personne, si bien que, si vous connaissez le mode
de vie de quelqu'un, vous pouvez deviner ce qu'il pense à tel ou
tel moment, comment il agira dans telle ou telle circonstance.
La vie active est gérée par le bon sens, qui n'est autre que la
raison, mais mise au service de la volonté. Dans la sphère de la
pensée, la raison détermine ce qui est, tandis que, dans la sphère
du désir et de l'action, elle détermine ce qu'il faut faire pour ob-
tenir à coup sûr la chose qui est légitimement désirée. Lorsqu'elle
a appris à déterminer cela sans erreur, de sorte que la personne
conduit ses affaires, toujours ou la plupart du temps, correcte-
ment, alors on lui impute à juste titre du bon sens, c'est-à-dire
l'habileté à conduire les affaires avec succès, en coordonnant les
moyens et les objectifs, les objectifs et les circonstances.
De ce qui a été dit, il ne vous sera pas difficile de tirer les
conclusions concernant l'activité naturelle et légitime de la vo-
lonté, laquelle est la maîtresse de toutes nos capacités et de toute
la vie. Sa fonction est de déterminer la forme, le moyen et la
mesure de la satisfaction des désirs suscités par les besoins ou
qui les remplacent, afin que la vie suive son cours normal, en
procurant paix et joie à celui qui vit. Comme il a été dit, nous
avons des besoins et des désirs qui émanent de l'âme, du corps,
de la vie quotidienne, de la société. Ils ne se manifestent pas de
la même façon chez tous, car tous n'ont pas la même vie. La
besogne de chaque homme est de déterminer comment il doit,
dans la situation où il est, satisfaire ses besoins et ses désirs, appli-
quer les moyens adéquats et comment y conformer sa vie. Mener
sa vie avec toutes ses affaires et toutes ses entreprises selon le bon
sens, selon la norme établie, voilà ce que la sphère du désir ou de
l'action doit avoir pour mission. C'est ce qui devrait être. Main-
tenant, regardez de plus près et voyez ce qui se passe.
Dans la sphère de la pensée, nous connaissons le trouble, la
distraction, la dispersion. Dans la sphère du désir - l'incons-
tance, le désordre, l'arbitraire des désirs et, par conséquent, des
actes. Combien passons-nous de temps à ne rien faire: nous
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Le cœur et la sphère du sentiment
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Qu'est-ce que l'esprit
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L'universalité de la foi en l'existence de Dieu
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XI
Cinfluence de l'esprit sur l'âme
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est devenue humaine, dotée des forces et des actions évoquées ci-
dessus1. Elle est comme il a été décrit, mais elle manifeste en plus
des aspirations plus hautes et elle s'élève à un degré supérieur,
devenant une âme spiritualisée.
Cette spiritualisation de l'âme se voit dans toutes les sphères
de sa vie - de la pensée, de l'action et des sens.
Dans la sphère de la pensée, l'action de l'esprit fait naître dans
l'âme un élan vers l'idéal. La pensée appartenant proprement à
l'âme s'appuie entièrement sur l'expérience et l'observation. Sur
les connaissances (fragmentées et sans lien) qu'elle en tire, elle
construit des généralités, fait des conjectures et obtient de la sorte
les concepts de base sur une catégorie de choses. Elle pourrait
s'en tenir là. Toutefois, elle ne s'en contente jamais, elle vise plus
haut et cherche à déterminer la signification de chaque catégorie
dans la globalité des choses créées. Par exemple: qu'est-ce que
l'homme? On le sait grâce aux observations que l'on fait sur lui,
aux généralisations, aux conjectures. Mais nous ne nous conten-
tons pas de cela et nous demandons: « Que signifie l'homme
dans la globalité de la création?» L'un répond: il est le chef et le
couronnement des créatures; un autre dit: il est le prêtre, le sacri-
ficateur, au sens qu'il rassemble les voix de toutes les créatures qui
louent Dieu inconsciemment, et il fait monter, par un hymne
pleinement conscient, cette louange jusqu'au Créateur Tout-
Puissant. Ce genre de pensées sur chaque catégorie de choses et
sur leur ensemble, c'est l'âme qui donne l'impulsion pour les
faire naître. Et elle les fair naître. Som-elles une bonne réponse
ou non, c'est une autre question, mais il est certain qu'elle donne
une impulsion, elle cherche et elle crée. C'est justement cela,
l'élan vers l'idéal, car la signification d'une chose est l'idée de
cecce chose.
Cecce aspiration est commune à cous. Même ceux qui n'ac-
cordent aucune valeur aux connaissances, hormis celles que
donne l'expérience, même eux ne peuvent s'empêcher d'idéali-
ser contre leur gré, à leur insu. En paroles, ils nient les idées ec,
en fait, ils les construisent. Les suppositions qu'ils admettent, et
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qui ont pour contenu la beauté de Dieu, et non celles qui, bien
que belles, représentent le mode de vie habituel, les choses de
la terre, les choses qui constituent le cadre habituel de ce mode
de vie. l.:âme, guidée par l'esprit, ne cherche pas seulement l'as-
pect « joli » des choses, elle cherche l'expression, dans de belles
formes, du monde invisible et magnifique où l'entraîne l'esprit.
Voilà donc ce que l'esprit a apporté à l'âme en se joignant à elle,
et voilà comment l'âme s'est trouvée spiritualisée! Je ne pense pas
que ce que je dis là vous pose une quelconque difficulté, mais
pourtant je vous prie de ne pas parcourir tout cela trop vite, mais
d'y réfléchir sérieusement et de l'appliquer à vous-même. Votre
âme est-elle spiritualisée? Ne chantez-vous pas, ne faites-vous pas
de la musique! Un jour ou l'autre, nous évaluerons, vous et moi,
ces activités sur le critère de ce que doivent être les beaux-arts.
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La suprématie de la vie spirituelle
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sont pas forcément absents, mais cout chez lui devient charnel et
les autres sphères sont soumises à la chair, étouffées et captives.
Puisque dans l'homme tous les degrés de la vie sont présents
- quel que soit le niveau où il se trouve-, il n'est pas asservi à l'un
ou l'autre degré au point de ne pas pouvoir s'arracher à cette ser-
vitude: il peut toujours passer d'un degré à l'autre, affaiblissant
l'un, renforçant l'autre. Ainsi l'homme spirituel peut lui-même
tomber dans la sphère naturelle et corporelle, et l'homme char-
nel peut s'élever jusqu'à la sphère du spirituel. Lhomme est tou-
jours libre. La liberté lui a été donnée avec la conscience de soi.
Lune et l'autre constituent l'être même de l'esprit et la norme de
l'humanité. Mais, quand j'affirme que l'homme est libre d'aller
vers le haut ou vers le bas, je ne dis pas qu'il est aussi aisé d'aller
de bas en haut que de haut en bas ou que ces passages peuvent se
produire aussi vite et aussi souvent que les allées et venues d'une
chambre à l'autre au cours d'une journée. Je voulais dire que
l'homme qui a la conscience de soi et qui est libre est responsable
de son état intérieur et que, s'il est tombé dans un état blâmable,
et qu'il y reste, il est coupable et il en répondra devant Dieu et
devant les hommes.
Chacun des degrés évoqués ici, chacune des manifestations de
notre vie est légitime et ne peut être blâmée pour elle-même. Ce
qui n'est pas naturel et donc condamnable en soi, c'est quand les
pensées s'égarent et papillonnent, les désirs bouillonnent, exci-
tés par les passions (des passions venues d'ailleurs, qui ne nous
sont pas propres) - et le cœur s'affole. C'est à dessein que je
souligne ces désordres au-dedans de nous en parlant de la vie de
l'âme, afin d'y arrêter votre attention. C'est aussi à dessein que
j'en parle maintenant, pour vous obliger à réfléchir à cela et à
bien le juger. Légarement des pensées, l'inconstance des désirs,
les émois du cœur nous troublent sans cesse, nous empêchent
de faire ce que nous devons faire cr nous détournent du droit
chemin. C' esr une maladie. Elle est universelle, mais elle n'est pas
naturelle, elle vient d'ailleurs. I.:ennemi saie qu'elle est sous ses
ordres et, quand il veut renter quelqu'un, il s'efforce avanr cour
de le faire tomber dans ce tourbillon : il le fair pénétrer dans le
Aux des pensées erratiques, sous lesquelles il allume les désirs er
lc:s passio ns, qui mettent le cceur en émoi. A ce stade, la rencation
est mûre, l'homme: qui ne se reprend pas combe et dans sa chute
il entraîne ses pensées, ses désirs cr ses senti ments, soir pour un
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XIII
Le bonheur
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XIV
L aspect de l'âme
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XV
Comment les saints entendent notre prière
Je suis très heureux que mes propos sur cet élément vous aient
plu. Accueillez-les donc, fixez-les solidement dans votre tête et
gardez-les toujours présents à l'esprit, vous verrez combien ils
vous aideront en toutes choses. Combien ils vous éclaireront
sur bien des phénomènes, combien ils vous réconforteront!
Sans doute avez-vous entendu poser la question, ou vous l'êtes-
vous posée à vous-même: comment les saints entendent-ils nos
prières? On tourne, on tourne autour de cette question, et elle
reste sans réponse. Moi, il me semble que, si l'on présuppose
l'existence de cet élément, l'on ne peut que se dire que les saints
ne peuvent pas ne pas entendre nos prières. Savez-vous comment
fonctionne le télégraphe électrique? Il existe par exemple un
appareil de ce type à Saint-Pétersbourg: on le met en marche et
aussitôt le mouvement est répercuté sur un appareil semblable à
Moscou, et le même mouvement se répète. Comment est-ce pos-
sible? Parce que les appareils sont de même nature et le fil qui les
relie est adapté à eux. Le fonctionnement de ce télégraphe, c'est
très exactement notre prière. Les saints et nous-mêmes sommes
comme ces deux appareils de même nature et le milieu dans le-
quel séjournent les saints et qui enveloppe nos âmes, c'est le fil
conducteur. Lorsque la véritable prière, venue du cœur, s'éveille
dans notre âme, elle s'envole et, comme un rayon de lumière qui
traverse cet élément, elle atteint les saints et leur dit ce que nous
désirons, ce pour quoi nous prions. Entre notre prière et leur
écoute, il n'y a aucun fossé, mais à condition que notre prière
vienne du fond du cœur. Notre cœur est ce télégraphe qui nous
relie au ciel. Les mêmes prières, venues non du cœur mais de la
tête seulement, ne produisent pas ce rayon qui monte jusqu'au
ciel et ne peuvent être entendues là-haut. Car ce ne sont pas des
prières, ce sont de simples procédés d'oraison.
Peut-être à votre insu avez-vous fourni une preuve expérimen-
tale de ce que je dis. Vous écrivez en effet qu'ayant prié ardem-
ment vous avez été apaisée, convaincue intérieurement d'être
libérée de ce qui vous donnait du souci - et effectivement, peu
après, tout s'est arrangé. Il apparaît donc que ma comparaison
entre la prière sincère et le télégraphe soit juste. Votre cçeur a
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XVI
Le vrai but de la vie présente
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XVII
Une vie agréable à Dieu
Je suis très heureux que vous ayez pris à cœur ce que j'ai écrit
dans ma précédente lettre et que vous soyez d'accord pour vous
comporter exactement comme je le dis. Que le Seigneur vous
aide!
Dieu nous a donné cette vie-ci pour que nous ayons le temps
de nous préparer à cette vie-là. Celle-ci est de courte durée, celle-
là n'a pas de fin. Mais, si brève que soit cette vie-ci, elle nous per-
met, dans son déroulement, de faire nos provisions pour toute
l'éternité. Toute bonne action est engrangée là-haut comme un
petit dépôt et tous ces petits dépôts forment un gros capital, dont
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Tout cela, je vous l'ai redit, afin que vous le graviez profon-
dément dans votre mémoire, et je vous mets en garde contre les
billevesées par lesquelles les rêveries progressistes obscurcissent
notre âme.
XVIII
runique nécessaire
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âge. Peut-être est-ce là la raison pour laquelle notre vie est déviée
de son cours naturel, la confusion non naturelle y pénétrant.
Non, cela n'explique pas tout, car il reste une question: com-
ment cette confusion s'est-elle introduite au milieu de ces gens?
D'où vient-elle chez les hommes, dans la société? Lêtre humain
est à l'extérieur tel qu'il est à l'intérieur. Le désordre est venu
dans la famille et dans la société de l'intérieur. S'il n'avait pas
existé à l'intérieur, il ne serait pas apparu à l'extérieur. Mais voi-
ci que l'extérieur renvoie à l'intérieur ce qu'il a reçu de lui . Et
la même question se pose: d'où cela a-t-il gagné l'intérieur? Je
dirai ceci : le trouble extérieur agit sur l'intérieur et s'y repro-
duit du fait qu'une disposition, un germe y existe déjà. Vous avez
vous-même ressenti un trouble et n'étiez pas en paix. Pourquoi?
Vous vous êtes tue, et je ne vous ai rien dit parce que le moment
n'était pas propice. Je vous le dirai maintenant: pendant ces deux
jours-là, quand vous avez été plongée dans une vie tumultueuse,
vous vous êtes laissé entraîner, votre cœur s'est épris de certaines
choses, sinon de toutes. Cet engouement a fait naître le trouble
au-dedans de vous. Rentrée en vous-même, vous avez détecté
quelque chose de nouveau en vous. Votre conscience vous a fait
valoir que cette chose nouvelle venait de vous, qu'elle était de
mauvais aloi, et votre conscience vous a fait des reproches. Prê-
tant l'oreille à sa voix, vous avez tout bien mesuré et vous avez
porté un jugement juste sur cette vie désordonnée. Après cela,
s'il vous advient de retomber dans ce tumulte et, comme je vous
l'ai recommandé, vous maintenez votre cœur loin, sans le laisser
aller à sa volonté, il commencera alors à rompre avec ses sympa-
thies et vous n'éprouverez plus cette langueur. Mais je dis cela en
passant. Ce que je me demande, c'est d'où vous vient, vous qui
avez vécu dans d'autres conditions jusqu'alors, cette inclination
vers le désordre. Veuillez y réfléchir - et vous découvrirez qu'elle
était _déjà là, cette inclination, à l'intérieur de vous-même - mais
cachée, et elle ne se révèle que maintenant. Les influences exté-
rieures ne suscitent rien de nouveau, elles ne font que faire surgir
ce qui était caché. Je vais vous donner un exemple. J'ai vu des
lépreux. Leurs enfants naissent en bonne santé et ils grandissent
en excellente forme. Mais le moment vient où la lèpre se déclare
et ils deviennent comme leurs parents et les autres lépreux. D'où
vient-elle? De l'intérieur! Elle est venue à la naissance.
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XIX
Le péché originel
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que nous pouvons apparaître sains, tels que nous devons être se-
lon notre nature, celle qui est sortie des mains du Créateur. Je me
souviens de votre désir d'être au niveau de la dignité de l'homme.
Guérissez-vous de la maladie en question, e_t vous serez comme
vous le désirez.
Souvenez-vous que notre désordre, notre trouble intérieurs
sont innés en nous, mais non propres à notre nature; ils ne sont
pas une part essentielle de notre nature; ils se sont introduits
dans les autres parties de nous-mêmes et ils les dérèglent. S'ils
étaient propres à notre nature, ils n'engendreraient pas en nous la
souffrance, les tourments que nous éprouvons à cause d'eux. Ce
qui est propre à notre nature constitue la joie de la vie; tandis que
ce qui est contraire à notre nature la fait souffrir. D'autre part,
s'ils étaient propres à notre nature, celui qui en serait dépourvu
ne serait plus un homme. Or, nous connaissons un Homme qui
était parfaitement pur et étranger à cela, et qui était l'Homme
véritable. Nous savons également que tous ceux qui Le revêtent
reçoivent le don de se purifier comme Lui (I Jn, 3, 3) et d'être
semblables à Lui.
Souvenez-vous donc que ce désordre est inné, mais non propre
à notre nature, souvenez-vous-en et croyez-le fermement. Cette
conviction entretiendra en vous l'effort pour vous guérir de cette
maladie. Puisqu'elle n'est pas naturelle, on peut la soigner. Fort
de cette espérance, qui ne voudrait réellement se guérir? Notre
nature, quand elle est pure, est digne d'amour. Les anges eux-
mêmes la regardent avec amour et étonnement, lorsqu'elle est
ainsi. Ne désirons-nous pas nous-mêmes la voir telle, et ce non
pas chez les autres, mais en nous? Car, enfin, tout notre bonheur,
tout notre bien-être consiste à nous affranchir de cette maladie.
Car, dès lors qu'elle sera éradiquée, qui nous empêchera de jouir
d'un état bienheureux, et de se sentir tels? En revanche, si cette
maladie est propre à notre nature, on n'en guérira pas. Elle sera
toujours là, quoi qu'on fasse pour la chasser. Si tu acceptes cela,
tu baisseras les bras en te disant: si c'est comme ça, tant pis.
Or, c'est bien ce désespoir fatal qui, une fois introduit dans les
hommes, les a fait se livrer au dérèglement, pour commettre
toute espèce d'impureté (Éph., 4, 19).
Encore une fois, je vous le dis: gardez fermement la convic-
tion que ce dérèglement ne nous est pas naturel et n'écoutez pas
ceux qui vous disent: à quoi bon discuter, c'est ainsi que nous
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sommes faits et on n'y peut rien. Non, ce n'est pas ainsi que
nous sommes faits et, si nous nous y mettons sérieusement, nous
ferons quelque chose de nous-mêmes.
Je vous dis tout cela pour que vous vous efforciez de vous
prendre en main et ne vous laissiez pas aller à ces tourments que
vous avez endurés et qu'au contraire vous les empêchiez d'adve-
nir. Comment y parvenir, il convient d'en parler.
XX
Le dérèglement dans la nature de l'homme
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XXI
La nécessité de l'union avec Dieu
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rompu notre lien avec Dieu - il faut nous relier à nouveau à Lui.
Nous nous sommes coupés de Lui en doutant de Sa parole. Il
faut rétablir une pleine confiance en cette parole. En ayant perdu
la confiance et la foi en Dieu, nous avons pris une décision fatale:
c'est moi qui veux. Il faut repousser ce c'est moi qui. Quand s'est
formé ce funeste c'est moi, notre esprit a perdu le pouvoir qui était
le sien de dominer l'âme et le corps et lui-même est tombé sous
le joug de leur servitude: il faut rétablir ce pouvoir de l'esprit.
Lorsque le pouvoir de l'esprit a été interrompu, les besoins de
l'âme et du corps se sont dispersés en tous sens et une confusion
s'est introduite dans nos désirs. Il faut de nouveau réunifier ces
besoins et instituer une hiérarchie entre eux. En même temps
que le funeste c'est moi, une nuée de passions s'est infiltrée dans
notre vie: comme des bêtes fauves, elles nous déchirent. Il faut
chasser ces passions.
Voyez tout ce qu'il faut faire! À considérer le nombre des
choses à faire et leur importance, l'on peut en conclure qu'il est
impossible de régler seul le problème central qui pour nous est le
plus impérieux de tous, et cela parce que le premier point à régler,
dont dépendent tous les autres, à savoir le rétablissement de notre
relation à Dieu, ne réside pas en notre pouvoir. Nous pouvons le
désirer, le rechercher, mais le résoudre n'est pas en notre pouvoir.
Qui peut s'immiscer dans le domaine de Dieu, qui peut par soi-
même tracer le chemin vers Lui ? Qui a le pouvoir de prendre à
Dieu ce qu'Il désire ou, mieux encore, contraindre Dieu d'être
en nous afin que nous soyons en Lui? Et ce, encore, après que
cela nous a été donné et que nous l'avons méprisé, que la face
de Dieu a été outragée par notre doute, et Sa puissance bafouée
par notre caprice? Tu dis: je me repentirai - et je me repends.
Mais ce n'est pas à toi de poser les conditions. Le repentir peut
améliorer les choses, mais quand Dieu Lui-même en décidera et
quand Il l'acceptera. En soi, qu'est-ce que le repentir? Tu t'es fait
mal, tu as mal - et alors ?!
Ainsi le rétablissement de la relation avec Dieu n'est pas en
notre pouvoir: et ses conditions, et la forme qu'il prendra, ne sont
pas entre nos mains. En même temps, combien il est important
de réaliser ce rétablissement, car tout le reste suivra automatique-
ment. Aussitôt, l'esprit reprendra force, il maîtrisera l'âme et le
corps, mettra de l'ordre dans les besoins et les désirs et chassera
les passions. Mais lui-même, cet esprit, comment doit-il faire? Je
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dis cela pour faire comprendre qu'il n'est nul besoin de nous cas-
ser la tête sur la question - comment renouer notre relation avec
Dieu. Tu peux te creuser la tête autant que tu veux, tu n'arriveras
à rien. Ou plutôt: si Dieu a bien voulu fixer une loi, un processus
de rétablissement de ce lien, hâte-toi de les accueillir avec une
foi parfaite et de les suivre avec une fervente gratitude. Et grâces
soient rendues au Dieu qui aime les hommes qui a déjà tout fait,
tout établi pour cela! Accepte-le et profites-en.
Je ne vais pas vous exposer ici comment tout cela a été fait.
Je dirai seulement l'essentiel: pour que notre esprit soit redressé
et relié de nouveau à Dieu, il est nécessaire que l'Esprit de Dieu
descende en lui et le vivifie. Pour ouvrir la voie à cette descente de
!'Esprit de Dieu, le Fils Unique, Consubstantiel au Père, est des-
cendu des cieux, s'est incarné, a souffert, est mort sur la Croix,
est ressuscité et est monté au ciel. En ce qui concerne l'Esprit
Saint, le Fils de Dieu exprime ainsi son action: quand Il annonça
à Ses disciples Son départ vers le Père en provoquant chez eux du
chagrin, Il leur dit pour les réconforter: « Je vous dis la vérité:
il est avantageux pour vous que Je parte, car, si Je ne pars pas, le
Consolateur ne viendra pas à vous On, 16, 7) ». Et, précédem-
ment, le saint évangéliste Jean expliquait les paroles du Seigneur:
« Celui qui croit en Moi, des fleuves d'eau vive couleront de son
sein en ajoutant: Il dit cela de !'Esprit qu'allaient recevoir ceux
qui croiraient en Lui; en effet, il n'y avait pas encore d'Esprit
parce que Jésus n'avait pas encore été glorifié» On, 7, 38-39). Il
fallait que fût glorifié le Fils de Dieu qui s'était abaissé dans l' in-
carnation et la souffrance afin que vienne !'Esprit Saint et qu'il
demeure avec ceux qui croient en Lui. Il est venu et Il demeure
dans les croyants de façon tellement définitive, qu'un autre apôtre
s'étonnait: « Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu
et que l'Esprit de Dieu habite en vous?» (I Cor., 3, 16).
Voilà donc tout ce dont il s'agit. Le Fils de Dieu S'est incarné,
Il a souffert dans Sa chair, Il est mort sur la Croix, Il est ressuscité,
Il est monté aux cieux et Il a envoyé du Père l'Esprit Saint, Qui,
reçu par ceux qui croient dans le Fils, accomplit en eux ce que
demandait le Fils dans Sa prière au Père: « Comme Toi, Père,
Tu es en Moi et Moi en Toi, qu'eux aussi soient un en Nous»
On, 17, 21).
~omment donc opère-t-11 cela? Il S'unit à l'esprit de ceux qui
croient dans le Fils de Dieu et, en le vivifiant, Il l'unit à Dieu.
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Cela s'appelle la nouvelle naissance, qui fait des croyants les en-
fants de Dieu par grâce, comme le dit saint Jean l'Évangéliste:
« À tous ceux qui Lont reçu, Il a donné le pouvoir de devenir
enfants de Dieu, à ceux qui croient en Son nom et qui sont nés
non du sang mais de Dieu» On, l, 12-13). Et cela est devenu
la règle de la vie spirituelle en Christ: « Si un homme ne naît de
nouveau, il ne peut entrer dans le Royaume des Cieux, car seul
ce qui est né de l'Esprit est esprit » On, 3, 5-6).
N'allez pas vous demander pourquoi tout cela est-il nécessaire
pour nous remettre dans la vraie vie. Acceptez-le et gardez-le avec
la candeur et la sincérité d'une foi d'enfant. Si vous commencez
à vous interroger, alors l'ennemi surviendra et, comme il l'a fait
pour Ève, il vous soufflera des tentations, il ébranlera votre foi et
par là même vous privera des fruits de la foi. Comme il était alors
difficile de comprendre comment l'acte de manger le fruit allait
entraîner tant de conséquences (or, c'est bien de là qu'elles sont
issues), de même aujourd'hui il est difficile de comprendre pour-
quoi il a fallu que le Fils de Dieu s'incarne, souffre et qu'étant
monté au ciel Il envoie l'Esprit pour nous restaurer - et, pour-
tant, c'est de notre foi dans ce plan de Dieu que dépend notre
rétablissement, et tous ceux qui l'ont accueilli et l'accueillent
avec foi sont régénérés.
Ne questionnez donc pas le dessein de Dieu, et moi, je ne
vous en dirai rien, même si l'on peut parfois entendre des com-
mentaires à son propos. Je ne parlerai que des effets en nous de
l'Esprit Saint, quand Il redresse notre esprit. Seulement, il faudra
patienter jusqu'à ma prochaine lettre.
XXII
Le relèvement rédempteur de l'homme tombé
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Dieu, la certitude qu'il est, qu'il contient tout, qu'il est la Ré-
tribution. Cette certitude restaure le sentiment de notre dépen-
dance totale par rapport à Dieu et ranime en nous la crainte de
Dieu. Cela réveille la conscience, qui témoigne de nos actions et
de nos sentiments (parmi lesquels il y en a peu qui méritent que
Dieu les regarde avec indulgence), et qui les juge. La conscience,
réveillée, et la crainte de Dieu ainsi que le sentiment de sa dépen-
dance à l'égard de Dieu font que l'homme se sent dans une situa-
tion sans issue: où irai-je, où m'enfuirai-je? Mais il n'y a nulle
part où s'enfuir: tu es pris et dans les mains de Dieu, le Juge qui
donne la Rétribution. « La colère de Dieu se révèle du ciel contre
toute impiété » (Rom., 1, 18).
Mais ici survient la bonne nouvelle de l'Évangile qui nous fait
sortir du malheur. Sans l'Évangile, le réveil de notre esprit serait
ravageur, car il nous plongerait dans le désespoir. Mais la bonté
de Dieu fait en sorte que le véritable éveil de l'esprit s'opère par
l'Évangile et est accompagné par lui. À celui qui dans son for
intérieur, après l'éveil de l'esprit, s'est dit: où irai-je? Où fuirai-
je? I..:Évangile dit: où veux-tu fuir, et dans quel but? Va à l'ombre
de la Croix, et tu seras sauvé. Le Fils de Dieu s'est incarné, Il
est mort sur la Croix pour nous laver de nos péchés. Crois en
cela et tu recevras l'absolution de tes péchés, tu éprouveras la
bonté de Dieu. Les apôtres ont toujours agi ainsi, en annon-
çant l'Évangile. Ils suscitent l'inquiétude, puis ils disent: crois
dans le Christ crucifié, et tu seras sauvé. C'est ainsi que l'apôtre
Pierre, le jour de la descente du Saint-Esprit, dans son premier
discours, troubla et inquiéta tellement les Juifs qu'ils se lamentè-
rent: qu'allons-nous faire maintenant? Où aller? Alors, il leur dit
la bonne nouvelle: « Repentez-vous et que chacun soit baptisé
au nom de Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés» (Act., 2,
38). Le saint apôtre Paul composa de la même façon son épître
aux Romains; il commence par effrayer en disant: « La colère de
Dieu se révèle» (Rom., 1, 18), puis il montre le refuge, qui est
dans la « foi en Jésus-Christ Seigneur » (Rom., 3, 22 et suiv.).
Lorsque quelqu'un se trouve plongé dans le malheur le plus
profond et qu'on lui montre une issue, un refuge, avec quelle hâte
ne va-t-il pas y courir? Ainsi fait notre esprit quand il entend la
bonne nouvelle du salut en Christ, il le saisit de toutes ses forces
avec l'intention et la ferme résolution de tout faire pour devenir
participant aux biens évangéliques. Cet état de notre esprit le
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XXIII
Le zèle spirituel
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XXIV
Renouveau et purification de soi-même
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XXV
L action cachée de la grâce
1. C'est-à-dire la Théophanie.
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même, sous l'action de la grâce qui vous est donnée et qui est en
vous, l'une de ces ampoules d'où émane la lumière. Ainsi, nous
sommes parvenus à la même idée: il ne faut pas s'épargner, il faut
se laisser amputer, décaper. Sinon nous n'arriverons à rien, dans
le domaine spirituel, fussions-nous très beaux à voir, en appa-
rence.
XXVI
Lactivité de la grâce
Je suppose que vous avez bien retenu que le chrétien n'est pas
tout d'une pièce, il est fait de nature et de grâce. Je voudrais
maintenant préciser ceci: les sauvés, ceux qui entreront dans le
Royaume éternel, sont ceux en qui la grâce, loin de demeurer
cachée, se découvre et pénètre tout leur être, devenant visible
même de l'extérieur, comme si elle engloutissait en elle toute la
nature.
Écoutez les paroles du Sauveur! Il dit que le Royaume de Dieu
est comme quand une femme prend du levain et le met dans
la pâte. Celle-ci ne lève pas tout de suite, cela prend du temps.
Le levain mis dans la pâte la pénètre entièrement peu à peu et
quand elle est tout entière levée, d'elle on fait un pain délicieux
et parfumé. De même la grâce qui est versée dans notre nature
ne la pénètre pas tout entière tout de suite, mais petit à petit.
Quand elle a pénétré partout, tout l'être est imprégné de grâce;
et les actions qu'opère cette personne sont de nature particulière.
Bien qu'elles ressemblent superficiellement à toutes les autres,
elles ont un parfum, un goût, une sonorité différents. Dieu les
recevra mieux que les autres, car elles Lui sont particulièrement
agréables.
Je vais prendre un autre exemple pour expliquer comment
la grâce, quand on lui laisse de l'espace pour agir, pénètre dans
tout notre être et apparaît ensuite au grand jour, visible à ceux
qui savent voir. Tout comme le feu qui pénètre dans le fer ne
se limite pas à l'intérieur, mais se manifeste et est vu de tous.
Tous ceux qui entrent en contact avec un homme habité par la
grâce sentent une force peu naturelle, qui se manifeste en lui de
différentes façons. Qu'il traite d'un sujet spirituel, tout ce qu'il
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dit est clair, chaque mot vous touche et suscite en vous des senti-
ments du même ordre. Et, même s'il ne parle pas, il émane de lui
une ferveur qui réchauffe tout, une force qui suscite une énergie
morale, une envie d'accomplir toutes sortes d'actes et d'exploits
spirituels.
La grâce de Dieu, nous la recevons dans notre enfance à tra-
vers le baptême. Dès ce moment, elle commence à agir en nous
et accomplir son œuvre, avec l'espoir de nous voir, parvenus à
l'âge adulte, décider par nous-mêmes de faire avec zèle tout ce
qui dépend de nous pour notre salut. Quand la famille est pieuse
et que les enfants sont élevés conformément aux règles de la vie
chrétienne, la grâce elle-même pacifie les enfants de l'intérieur et
ils grandissent doux, humbles, obéissants, charitables, pieux et
emplis de la crainte de Dieu. On en voit des exemples partout.
Je vous citerais vous-même, si je ne craignais pas que vous
en tiriez vanité, bien que, pour l'instant, il n'y ait pour cela au-
cune raison, puisque rien n'est encore le résultat de votre propre
labeur. Tout ce que l'on voit de bien en vous vient d'ailleurs, a
été donné, fait par d'autres. Ce qui vous incombe maintenant,
c'est d'aimer ce bien, de le conserver dans votre cœur, de le faire
fructifier. Une chose est certaine, c'est que vous vous tenez sur
de bonnes bases et sur une bonne voie, mais, pour l'instant, rien
n'est venu de vous, de votre décision. Et si vous ne faites pas
d'effort maintenant, tout ce qui a été déposé en vous par votre
éducation se dissipera, si les circonstances sont défavorables, et
ne laissera derrière soi qu'un souvenir agréable, ou peut-être dé-
sagréable.
Souvenez-vous de ce que vous avez ressenti lorsque vous avez
été plongée dans le tourbillon de la vie du monde. Qui, à ce
moment-là, vous a peinée, a désolé votre cœur? Tout ce qui est
bon en vous est bien au chaud, par la grâce de Dieu et dans les
conditions d'une pieuse éducation familiale. Qu'est-ce qui vous a
fait souffrir? D'avoir eu quelque sympathie pour cette vie désor-
donnée. Bien que vous ne me l'ayez pas dit, mais cela découlait
logiquement de la peine que vous avez éprouvée par la suite. Si
vous n'aviez pas éprouvé cette sympathie, vous n'auriez pas eu de
peine. Et je vous ai écrit pour vous dire que, si les circonstances
vous obligent à vous replonger dans ce tourbillon, vous ne pre-
niez rien à cœur de ce que verrez et entendrez. Si vous ne prenez
rien à cœur, vous n'éprouverez aucune peine. Or, je ne sais pas
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XXVII
Sur la concentration intérieure
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centre. Si ce centre est absent, c'est parce que vous n'avez pas
encore décidé, consciemment et librement, quel côté prendre.
La grâce de Dieu, jusque-là, avait créé un certain ordre en vous,
lequel est toujours là. Mais, maintenant, elle ne veut plus agir
seule, elle attend votre décision. Et si, en conscience et librement,
vous ne vous mettez pas de son côté, elle s'éloignera définitive-
ment de vous et vous abandonnera à votre libre arbitre. Vous
serez rejetée vers l'autre bord et peut-être même le choisirez-vous
avec votre cœur, mais ne vous attendez pas à ce que le désordre
au-dedans de vous diminue. Non, un plus grand désordre encore
s'installera, un plus grand trouble. La mise en ordre au-dedans
de vous ne se fera que quand vous aurez opté pour le côté de la
grâce et que vous aurez fait des règles qu'elle propose vos règles
de vie. Dès que la décision sera prise, un centre se formera en
vous, un centre d'attraction puissant qui attirera à lui tout ce qui
est en vous. Dans ce centre régnera la grâce, qui se sera emparée
de votre conscience et de votre liberté. C'est ce que nous avons
précédemment appelé la réanimation, la restauration de l'esprit.
La grâce de Dieu fera converger vers ce centre toutes les autres
forces de votre nature - de l'âme, du corps - et elle dirigera leur
activité, gardant en elles ce qui est bon et exterminant ce qui est
mal. Cette convergence vers un centre unique et cette orienta-
tion vers un but unique, c'est cela, la renaissance intérieure que
vous avez si ardemment désirée. Lorsque vous aurez réalisé cette
renaissance, alors toutes choses, grandes et petites, viendront
d'un centre unique, et s'instaurera à l'intérieur une parfaite har-
monie. La paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, régnera
dans le temple de votre être. Et le Dieu de paix sera avec vous!
Quel magnifique, quel bienheureux état! Vous avez brûlé du
désir d'une chose pleinement digne de votre désir.
Maintenant, efforcez-vous de vous remémorer ce qui a été dit
de cet élément très fin qui pénètre tout et qui est de même nature
que l'enveloppe de notre âme. Quand l'âme se tient hors de la
grâce, son enveloppe est soit noire comme la nuit, si la personne
est vouée aux passions, soit grise comme un épais brouillard,
quand la personne, sans être livrée aux passions, vit pourtant dans
la vaine agitation. En revanche, sous l'action de la grâce, tandis
que l'âme s'imprègne d'elle, son enveloppe s'éclaire peu à peu,
comme une éclaircie quand il fait gris. Quand l'âme s'imprègne
tout entière de la grâce, son enveloppe devient tout entière lim-
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LETTRES DE DIRECTION SPIRITUELLE
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LETTRES DE DIRECTION SPIRITUELLE
XXVIII
Exemples de la libre résolution de vivre selon la grâce
1. La mine est une mo'nnaie. Elle correspond à cent deniers soit un peu
moins de cent francs or (N d. T.). '
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XXIX
Patience et constance
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LETTRES DE DIRECTION SPIRITUELLE
pas toujours envie. Ce que je veux dire, c'est qu'il ne suffit pas de
désirer, il faut aussi avoir la ferme intention de gagner à tout prix
la chose désirée et d'engager aussitôt les efforts nécessaires pour
atteindre le but. Pour que vous vous en fassiez une idée claire, je
vais vous raconter comment, habituellement, les désirs se muent
en décision ferme.
Nombreux sont les sujets auxquels nous pensons, nombreuses
sont les actions que nous envisageons de faire - mais, très vite,
nous les oublions. Ce qui veut dire que notre âme ne s'y était pas
attachée. Nous retenons ce à quoi notre âme est attachée. Si elle
est attachée, c'est (je suppose) quel' objet nous a plu. Mais l'objet
peut nous avoir plu, nous pouvons prendre plaisir à y penser, à
nous le représenter, mais il peut ne pas susciter l'envie de le possé-
der - ou, si c'est une action, de l'accomplir. Nous pouvons dire:
cet objet est beau, cette action est belle, mais ni l'un ni l'autre ne
m'intéresse vraiment. Pour désirer une chose, il faut qu'elle ait un
rapport étroit, personnel avec nous, qu'elle soit pour nous utile,
ou indispensable, ou qu'elle nous plaise tellement que, sans elle,
la vie nous semble triste et sans intérêt. Lorsque ces qualités sont
présentes dans un objet ou une action, nos désirs s'enflamment et
nous ne pouvons les retenir. Oui, nous les avons désirés. Tout est-
il donc, de ce fait, déjà accompli? Pas encore. Combien de désirs
restent à l'état d'ébauches, par manque d'énergie et d'effort. Pour
qu'un désir trouve son accomplissement, il faut le transformer en
une intention ferme, une décision inébranlable, il faut que l'âme
dise en elle-même: à tout prix je veux acquérir cette chose, faire
cette action. Lorsque ces paroles sont prononcées dans le cceur,
elles sont suivies de réflexions sur la façon de mettre à exécution
la résolution prise: quels moyens utiliser, quels seront le lieu, le
moment favorables, quels obstacles pourront surgir et comment
les surmonter - bref, tout le processus, depuis le commencement
jusqu'à la fin. Quand tout cela sera dûment mis en place, l'âme
sera alors parfaitement prête pour l'entreprise.
Tout est prêt pour l'entreprise, mais rien n'est encore fait. Il
faut la commencer, la poursuivre avec persévérance, endurance et
labeur, afin de l'amener à son terme. Tout ce qui a été dit jusqu'à
présent ressemble à la façon dont une scie mécanique est prête
à débiter le bois: les lames sont disposées, le bois est placé; il ne
reste qu'à mettre la machine en marche, et le travail commence.
Cette étape de la mise en marche est le couronnement de tout le
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XXX
I..:état intérieur selon saint Macaire le Grand
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Et, si je vous dis cela, c'est pour que vous choisissiez ce mode de
vie de plein gré et que vous décidiez en conscience de vivre ainsi
jusqu'au bout. La vie que vous avez menée jusqu'à présent, n'est
pas vraiment la vôtre. On vous a donné cette orientation. C'est
très vertueux, mais ce n'est pas solide tant que vous n'avez pas
vous-même, par un choix personnel, choisi cette vie et n'en avez
pas fait une règle absolue. Si vous ne faites pas ce choix mainte-
nant, l'esprit malin de la vie mondaine vous entraînera, ou bien
il sortira de vous quelque chose d'intermédiaire, ni bien ni mal,
comme je l'ai déjà dit.
Réfléchissez, pour l'amour du Seigneur, à tout cela et hâtez-
vous d'arrêter votre décision. Que le Seigneur vous bénisse!
XXXI
Soutenir l'aspiration initiale
Bon, gloire soit rendue à Dieu! Vous écrivez que vous ressen-
tez un vif désir de vous rapprocher de Dieu. Bénis, Seigneur!
Quel était le but de mes propos, sinon de vivifier en vous ce
désir? Ranimez aussi en vous la crainte de Dieu. Sachez que,
lorsque la crainte de Dieu est là, votre esprit est vivant et la grâce
agit en vous. Le premier devoir de notre esprit est de connaître
Dieu et de Le craindre, et le don premier de la grâce est l'esprit
de la crainte de Dieu. Il est le commencement, la poursuite et
l'achèvement du chemin du salut. Celui qui a en lui la crainte de
Dieu, vivante et active, possède une force inépuisable, agissante
pour tout ce qui est agréable à Dieu, ainsi qu'une garde vigilante
qui le protège des attaques de l'ennemi et des déviances qui nous
guettent à la croisée des chemins. Que Dieu vous aide à nourrir
et à conserver cet esprit de crainte de Dieu!
Que vous consacriez, le matin, quelques moments à la lec-
ture d'écrits spirituels, cela est fort bon. Mais qui donc chez vous
trouve à redire à cela? Oui, si vous ne faisiez que lire et prier, ce
serait excessif, mais comme vous le faites - lire et méditer un peu
-, qu'y a-t-il là d'extraordinaire? Autant que je sache, toutes les
personnes pieuses et qui craignent Dieu le font. Je suppose que
vos parents sont de cet avis. Cette lecture, associée à la prière,
fortifie l'âme et lui donne du courage pour toute la journée. Les
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LETTRES DE DIRECTION SPIRITUELLE
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LETTRES DE DIRECTION SPIRITUELLE
cela, on peut le dire à Dieu avec ses propres mots sans recourir au
livre de prières. Ce sera peut-être même mieux encore. Essayez
donc: si ça marche, laissez là le livre de prières et, si ça ne marche
pas, reprenez le livre, car sinon vous risquez de cesser tout à fait
de prier.
Pour que les paroles dites au moyen du livre de prières pé-
nètrent bien la pensée et réchauffent le cœur, il faut de temps
en temps, et pas seulement pendant le temps de la prière, s' as-
seoir et réfléchir au contenu des mots et les éprouver, les res-
sentir. Lorsque, après cela, vous réciterez vos prières, celles du
matin et celles du soir, les pensées et les sentiments que vous avez
ressentis vous reviendront, ils concentreront votre aaention et
réchaufferont votre cœur. Ne récitez jamais les prières à la hâte.
Et encore ceci : efforcez-vous de les apprendre par cœur. Cela est
d'un grand secours contre la distraction. Il faut apprendre à prier,
comme l'on apprend toute autre chose.
Apprenez à penser à Dieu à chaque heure, à chaque minute,
et pas seulement quand vous vous tenez debout pour la prière,
puisqu'Il est partout. Vous verrez, la paix envahira votre âme,
ainsi que la force d'accomplir vos tâches, de les ordonner. Votre
désir actuel de vous rapprocher de Dieu sera exaucé. Celui qui se
souvient sans cesse de Dieu est comme celui qui se tient en plein
soleil : il est baigné de bonne chaleur.
Ajoutez à la pensée de Dieu celle de la mort et de la vie éter-
nelle, bienheureuse ou misérable. Ces deux pensées vous détour-
neront de tout ce qui est mal et vous orienteront vers tout ce qui
est bien, et pas en surface, mais pour de vrai. On a tort de croire
que la pensée de la mort empoisonne la vie. Elle n'empoisonne
pas, elle enseigne à être prudent et à éviter tout ce qui empoi-
sonne la vie. Si l'on pensait plus à la mort, il y aurait moins de
confusion, tant dans la vie personnelle que publique.
Vous vous reprochez d'avoir de la vanité. C'est bien. Guettez
les manifestations de celle-ci et coupez-y court. La vanité veut
tout faire pour soi, mais vous, faites les choses pour la gloire de
Dieu et pour le bien d'autrui, sans penser à vous-même et sans
épargner votre peine. En effet, les personnes vaniteuses agissent,
en gros, comme les autres, mais en donnant à leurs actes une
autre orientation et d'autres intentions. Ce que nous devons
faire, c'est redresser ces intentions de l'égocentrisme à la renon-
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LETTRES DE DIRECTION SPIRITUELLE
XXXII
Sur la préparation à la sainte communion
1. Plus précisément, le saint utilise ici le verbe govet, qui implique plus-
ieurs actes de pénitence précédant la communion, notamment: assistance
aux offices de toute la semaine, jeûne strict, confession, lecture de longues
prières. Il y a plusieurs attitudes envers la préparation à la sainte com-
munion, selon ce qu'elle est fréquente ou rare. Dans le premier cas, on
s'y prépare principalement par la lecture des prières avant la communion,
étant entendu gue l'on observe également les carêmes et les jours de jeûne
prescrits par l'Eglise. Dans le second cas, la préparation sera plus longue,
comme le conseille le saint ci-dessus. Chacun peut choisir ce qui lui con-
vient, en accord avec son confesseur ou père spirituel.
2. C'est-à-dire ceux qui vont communier à Pâques et s'y préparer trois
jours avant.
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XXXIII
Sur la préparation à la sainte communion (suite)
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Vous avez dit une autre chose fort bonne: il faut jeûner. Oui,
il le faut, mais pas trop. Vous mangez déjà très peu. Il faut avoir
des forces pour se tenir debout à l'église et faire des métanies chez
soi. Mais faites comme il vous semblera le mieux, le plus appro-
prié pour vous. Il faut seulement faire savoir à son corps que lui
aussi est responsable du fait qu'il faut se repentir et supporter les
peines de la pénitence. Il faut aussi soustraire un peu de temps
au sommeil, et cela, je le crains, vous coûtera un certain sacrifice:
n'omettez pas de l'offrir, car toutes les privations sont opportunes
en ces Jours.
Et parler? Oui, on peut parler, non pas sur des sujets frivoles,
mais sur ce dont nous parlons ici. Mais substituez plutôt à la
conversation un moment pour une lecture commune, et lisez
ensemble. Ce serait parfait le soir. Rien ne serait mieux que si
l'un d'entre vous racontait des histoires édifiantes montrant la
force du repentir et de la confession. Pour la lecture en commun,
on pourrait choisir des récits tirés de la Vie des Saints.
C'est assez pour cette fois. J'ajouterai pl us tard ce qui reste à
dire.
XXXIV
La préparation à la confession
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moyens qui sont les nôtres pour nous sortir des situations diffi-
ciles, car elles aussi, c'est Dieu qui nous les envoie, mais il ne faut
escompter le succès final que venant de Dieu, et donc se tour-
ner vers Lui en Lui demandant Son aide, et, quand la situation
sera réglée, Le remercier comme !'Unique Libérateur, sans plus
penser à nos propres efforts. Eh bien, considérez si vous avez agi
ainsi ? Si ce n'est pas le cas, c'est, ici encore, un péché. Faites ainsi
avec chaque commandement et voyez par quelles actions vous
l'avez transgressé. De cette façon vous démêlerez au mieux toutes
vos actions.
Mais comment s'y prendre pour que ce soit plus facile? Vous
avez étudié le catéchisme? Chaque commandement y est expli-
qué et il y est montré quelles sont les bonnes actions qui nous sont
demandées au titre de celui-ci et quels sont les péchés correspon-
dants. Reprenez-le et, avec son aide, passez en revue vos actions.
Il me souvient qu'il y a chez vous un petit livre de l'évêque Platon
de Kostroma 1, qui explique comment confesser et comment se
confesser. On y trouve énumérées en détail les questions à poser
au pénitent. Peut-être, grâce à ce livre, vous pourrez mieux vous
interroger vous-même.
Je suppose que c'est la première fois que vous voulez vous
occuper de vous-même pour de bon et déterminer qui vous êtes
et ce qu'il y a en vous. Efforcez-vous donc de bien vous étudier
selon ces instructions. Par la suite, les autres fois, ce ne sera plus
pour vous aussi compliqué. Pour l'instant, faites ces efforts.
Ce qu'il vous reste encore à faire après, j'en parlerai la pro-
chaine fois.
XXXV
Les dispositions du cœur
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XXXVI
Le mystère du repentir et la communion
Donc, quel usage faire de ce que vous avez appris sur vous-
même? Avant tout, il faut juger tous vos défauts, sans aucune
excuse ni justification. Lorsqu'à la liturgie des Dons présancti-
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XXXVII
Lharmonie avec la volonté de Dieu
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les choses tant bien que mal, et le plus souvent d'une façon rou-
tinière, puisque tout le monde fait comme ça, sans se préoccuper
de savoir si c'est en rapport avec le but essentiel de l'existence.
Il y a peu, je vous parlais de l'esprit de la vie, qui peut être
empreint soit de la crainte de Dieu, soit de l'amour de soi, soit
de l'amour du monde. Et j'ai omis d'y ajouter une quatrième
variante: ni une chose ni l'autre (j'en ai parlé incidemment, dans
la lettre XXVI). N'est-ce pas cet esprit-là que respirent la plu-
part des gens? Ils n'ont apparemment rien contre Dieu, mais ils
n'ont pas non plus comme but défini de Lui plaire. Il a fallu, par
exemple, aller à l'église, ils y sont allés et, si on n'y va pas, ce n'est
pas grave. Chez eux, quand ils prient, ils font deux ou trois méta-
nies, etc' est fini. Et ils sont contents. Et tout dans ce style, là où
il s'agit de Dieu. Ce n'est pas qu'ils soient des égoïstes invétérés,
mais, pour préserver leurs intérêts et pour s'épargner tout sacri-
fice, ils se trouvent des raisons de s'esquiver. Ils ne sont pas non
plus des amoureux fous du monde, mais ils ne répugnent pas à
se divertir avec le monde. Ce genre de gens, il y en a pléthore.
Ils sont indifférents à la question du salut, ils ne sont ni froids ni
bouillants (Apoc., 3, 15). Dieu se détourne d'eux et les rejette.
Et vous-même, n'avez-vous pas, jusqu'à présent, appartenu à
cette catégorie de gens? Je pense que non, pas tout à fait. Cepen-
dant, la plupart des choses que vous faisiez, vous les faisiez parce
que autour de vous, on les faisait. Mais laissons là ce que vous
étiez. Je vous assure que, si vous accomplissez scrupuleusement
ce qui vous a été prescrit, vous cesserez d'être le moins du monde
semblable à eux et vous vous mettrez à faire des choses extrême-
ment bonnes. Des actions qui n'auront rien d'exceptionnel, qui
seront comme les autres, mais qui prendront une autre couleur,
une autre allure, une beauté, une respectabilité différentes. Que
le Seigneur vous bénisse! De toute mon âme je vous le souhaite.
Ayant décidé de tout conduire selon la volonté de Dieu et ayant
commencé à l'accomplir, vous serez à coup sûr visitée par la paix
intérieure, vous recevrez ce cœur paisible, transparent, chaud,
joyeux, qui est le paradis de l'âme.
Mais, pour que cela soit, il faut prendre la décision de mener
cette vie, et, pour que la décision soit prise, il faut ressentir com-
bien mauvaise est la vie inattentive à l'essentiel, qui est« entre les
deux », et combien est exaltante la vie attentive. Et cela ne suffit
pas. Il faut se désoler de voir que, aussi court que soit le temps
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LETTRES DE DIRECTION SPIRITUELLE
XXXVIII
Un renouvellement conscient des vœux du baptême
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LETTRES DE DIRECTION SPIRITUELLE
XXXIX
Comment l'ennemi essaye de nous égarer
Par votre dernière lettre, vous m'avez offert une vraie fête.
Combien votre tête se clarifie et quelle orientation juste et salva-
trice prennent les résolutions de votre cœur !
Ainsi, vous avez résolu de faire tout comme il faut. Bénis, Sei-
gneur! Excellents sont vos projets de réorganisation de votre vie.
Mais afin d'éviter toute déviation, fût-ce vers la droite 1, due à
l'excès de zèle, je me hâte de vous dire certaines choses, pour
vous diriger.
Veillez bien, en réaménageant votre vie, à porter davantage
d'attention sur l'intérieur que sur l'extérieur. L'extérieur peut
pour l'instant rester en l'état, tout en excluant ce qui par nature
a une mauvaise influence sur le cœur: agitation, distraction des
pensées, désirs superflus, et ainsi de suite. Le réaménagement
doit, bien sûr, concerner aussi les choses extérieures, mais pas tant
dans la forme que dans l'esprit qui préside à leur changement. Si
vous faites bien ainsi, tout restera en apparence comme avant,
à part quelques détails, mais l'esprit sera cout autre. L'avantage
qu'il y a à ne pas rompre brutalement avec la façon d'être exté-
rieure, c'est que le changement en vous ne sautera aux yeux de
personne.
Le second point que vous devez retenir et que vous connaissez
déjà, c'est de ne pas imaginer que votre projet sera facile à mettre
en pratique. Que d'embûches, venant du dehors comme du de-
dans! Et vous faites bien de vous préparer à vous engager non
point sur un cliemin parsemé de fleurs, mais dans une bataille.
Eh oui! Préparez-vous à lutter et demandez au Seigneur que vous
soient données les forces pour supporter tout ce qui sera hostile
et gênant. Ne comptez pas sur vous-même. Toute votre espé-
rance, mettez-la dans le Seigneur - et vous aurez toujours Son
aide avec vous.
Mais n'imaginez pas que vous allez toujours triompher. Bien
souvent, il vous faudra patienter en n'endurant que de l' affiic-
tion. Bien souvent, il vous faudra constater qu'en dépit du désir
intense d'être sans faille il y aura des ratés. Sachez à l'avance que
1. La déviation peut se produire vers la droite ou vers la gauche. La première
provient d'un zèle déraisonnable, la seconde est due à la paresse (Nd A.).
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LETTRES DE DIRECTION SPIRITUELLE
cela est_ dans l'ordre des choses. Si vous y êtes confrontée, ne vous
affolez pas. Prévoyez les difficultés aujourd'hui, et n'attendez à
l'avenir aucun autre cours de votre vie qu'un cheminement au
milieu des obstacles, des inquiétudes et des échecs.
Ne faites provision que d'une chose: d'un solide courage, afin
de rester ferme, quoi qu'il arrive, dans l' œuvre commencée. C'est
la seule chose qui dorénavant, pour toute la vie, doit être scellée
par un engagement et par une ferme décision. Et comment se
déroulera la vie, quels succès elle aura, quels échecs, quelle sera la
réaction des autres - laissez cela à la volonté de Dieu.
À travers les expériences rapportées dans les Vies des saints, on
voit bien que le Seigneur conduit par des voies différentes vers
la perfection ceux qui s'attachent à Lui par un amour sincère et
qui Lui consacrent leur vie. Il permet à l'ennemi d'agir, mais sans
retirer cependant Sa droite secourable. Tout vient de Dieu. Mais
Ses voies sont merveilleuses et, surtout, cachées. Même celui qui
est guidé ne les perçoit qu'après coup, quand il regarde en arrière.
C'est pourquoi la fameuse prière, Par les voies que Tu connais,
sauve-moi! est tellement opportune. Avec la prière, se remettre
dans les mains de Dieu est une action totale, irréversible.
Mais l'ennemi ne sommeille pas non plus. Les saints de Dieu
ont remarqué qu'il agit sur les débutants d'une double façon: aux
uns, il n'oppose aucune contrainte, si bien que, ne rencontrant
aucune entrave ni au-dehors ni au dedans, et voyant que tout
marche bien, ceux-ci commencent à s'imaginer: « Voyez donc
comment nous sommes, nous avons d'un seul coup chassé tous
les ennemis, qui n'osent pas se montrer. » Mais à peine cette pen-
sée leur vient-elle qu' aussitôt l'ennemi est bien là, qui va ren-
forcer ces illusions vaniteuses, débouchant sur la présomption,
l'oubli de l'aide de Dieu, que l'on cesse de rechercher et que, par
conséquent, l'on perd. À partir de là, l'ennemi va agir en tyran;
il va susciter le mal à l'intérieur et de fortes oppositions à l' exté-
rieur, et le malheureux qui ne comptait que sur lui-même chute.
Les cas de ce genre ne sont pas rares. Veuillez les prendre en
considération dès aujourd'hui, au moment où vous voulez réa-
ménager votre vie, afin que, quand votre vie nouvelle commen-
cera, et que tout ira bien, vous n'ayez pas d'illusions sur vous-
même, que vous sachiez qu'il s'agit d'une embûche du démon, la
plus pernicieuse qui soit, et que vous intensifiez votre méfiance
et votre vigilance. Une perfection un tant soit peu perceptible ne
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XL
Les différentes causes du refroidissement spirituel
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XLI
Conseils finaux avant la confession et la communion
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XLII
Le souvenir constant de Dieu
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XLIII
La paix intérieure
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XLIV
Avertissement sur la véritable voie
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XLV
La prière sans distraction
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La prière sans distraction
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XLVI
Règle générale pour rester sur la vraie voie
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XLVII
Une règle de prière
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XLVIII
Comment atteindre la prière faite sans distraction
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vous donnera rien si vous n' œuvrez pas de toutes vos forces.
Cette loi est absolue. Vous possédez le livre des Homélies de
saint Macaire d'Égypte 1• Lisez la 19c homélie: il y est dit que les
chrétiens doivent se faire violence pour accomplir le bien, qu'il
faut se faire violence pour prier si l'on n'a pas la prière spirituelle
et que dans ce cas Dieu, voyant que la personne fait d'énormes
efforts et se contraint contre la volonté de son cœur, lui donne la
véritable prière, une prière recueillie, approfondie, quand l'esprit
est devant Dieu sans défaillance. Et quand, au cours de la prière,
l'esprit commence à demeurer sans faille avec Dieu, il ne voudra
plus s'éloigner de Lui, car cet état s'accompagne d'une douceur
que rien ne peut égaler: celui qui la goûte ne veut goûter rien
d'autre.
Quel effort faut-il faire, j'en ai déjà parlé: ne pas laisser
consciemment les pensées s'égarer et, quand malgré tout elles
s'enfuient, les ramener aussitôt au bercail, en se faisant des re-
proches et en se désolant de ce dérèglement. Saint Jean Climaque
dit à ce propos qu'il faut« enfermer sa pensée» dans les mots de
la prière2•
Peut-être, quand vous aurez appris par cœur les paroles de la
prière (comme je vous l'ai écrit la dernière fois), les choses iront
mieux. Le plus profitable, c'est d'aller à l'église car, là, l'esprit de
prière se déploie: tout est orienté vers lui. Mais, pour vous, ce
n'est pas commode. Donnez-vous donc du mal pour vous accou-
tumer à prier sans distraction et, le reste du temps, demeurez
autant que vous le pouvez avec le Seigneur. En apprenant les
prières, n'oubliez pas de vous pénétrer de chaque mot, ce qui,
quand vous prierez, rivera votre attention sur le sens de la prière
et attisera votre émotion.
Faites encore ceci. Ne vous mettez pas soudain à la prière, à
peine les tâches domestiques, les conversations et les allées et
venues terminées. Préparez-vous un peu, rassemblez vos pensées,
orientez-les, afin de vous tenir dignement devant Dieu. Entre-
tenez en vous le sentiment de la nécessité de la prière, en cette
heure même, car l'heure d'après, peut-être, ne sera pas.N'oubliez
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XLIX
Les fardeaux de la vie
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L
Faire jaillir en soi le souvenir incessant de Dieu
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LI
Transformer le fardeau de la vie en profit spirituel
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procédé grâce auquel les choses visibles sont, non point distraites
de Dieu, mais au contraire attirées vers Lui. Quel est-il?
Toutes les choses que vous avez sous les yeux, il faut les réin-
terpréter sous un angle spirituel et, cette réinterprétation, il faut
l'incruster si fort dans votre esprit que, lorsque vous regardez
cette chose, votre œil la voie dans son aspect sensible tandis que
votre esprit contemple en elle une vérité spirituelle. Par exemple,
vous remarquez des taches sur une robe blanche et vous sentez
combien c'est déplaisant de voir cela, puis vous transposez ce
fait en vous représentant combien il doit être pénible pour le
Seigneur, les anges et les saints, de voir les taches (les péchés)
sur notre âme, cette âme que sa création à l'image de Dieu a
blanchie, que le baptême a fait renaître, que les larmes du repen-
tir ont lavée. Vous entendez les petits enfants laissés seuls gamba-
der, faire du bruit, du vacarme, et vous transposez: quel vacarme
s'introduit dans votre âme quand son attention se détache de
Dieu et de la crainte de Dieu? Vous humez l'odeur d'une rose ou
de toute autre fleur, puis une odeur désagréable vous surprend
et vous vous détournez, vous vous bouchez le nez. Transposez
comme suit: toute âme émet un parfum 1, l'âme vertueuse émet
une bonne odeur, l'âme soumise aux passions - une mauvaise.
Les anges et les saints, et souvent aussi les justes sur terre, sentent
cette odeur, sont heureux de la bonne et s'affligent de la mau_-
va1se.
Je ne vous dis cela qu'à titre d'exemple, car toute chose peut
susciter des pensées spirituelles diverses chez les uns et chez les
autres. Comme vous l' estimerez le mieux adapté pour vous,
transposez ainsi tout ce qui vous entoure ou qui peut survenir.
Commencez par la maison et réinterprétez tout ce que vous
y voyez: la maison elle-même, les murs, le toit, les fondations,
les fenêtres, les poêles, les tables, les miroirs, les chaises, etc. Puis
passez aux habitants de la maison: les parents, les enfants, les
frères et sœurs, les domestiques, les hôtes, etc. Analysez aussi le
cours habituel de l'existence: le lever, le salut du matin, le repas,
les travaux, les départs, les retours, l'heure du thé, les repas de
fête, les chants, le jour, la nuit, le sommeil, et ainsi de suite.
Prenez, là aussi pour vous aider, le saint hiérarque Tikhon. Il
a écrit quatre livres sur ce même sujet, intitulés Un trésor spiri-
186
LETTRES DE DIRECTION SPIRITUELLE
tuel moissonné dans le monde. Lisez-les. Quand vous les aurez lus,
essayez de faire de même. Ou assimilez pour vous ses réinterpré-
tations. Si vous estimez que tous ces livres sont trop longs à lire,
il existe une variante abrégée de ces réinterprétations intitulée
Une circonstance et son interprétation spirituelle (tome 2). Le saint
hiérarque y interprète 176 circonstances, toutes succinctement.
Vous n'aurez aucun mal à les considérer avec attention, d'autant
plus qu'elles englobent tout ce que vous aurez à réinterpréter. Au
reste, c'est vous qui savez, seulement faites absolument comme
on vous le propose.
Quand vous procéderez ainsi, toute chose sera pour vous
comme un livre saint, ou comme un chapitre dans un livre. Toute
chose vous conduira à la pensée de Dieu, ainsi que toute occupa-
tion. Et vous marcherez au sein du monde sensible comme dans
le monde spirituel. Tout vous parlera de Dieu et soutiendra votre
attention à Lui. Si vous joignez à cela, chaque fois, la crainte de
Dieu et votre profonde révérence devant Sa grandeur, de quels
maîtres, de quels précepteurs aurez-vous encore besoin ?!
Bien sûr, il faut se donner du mal, tendre ses forces, aussi bien
de l'esprit que du cœur. Ne vous épargnez pas. Si vous épargnez
votre peine, vous causez votre perte. Si vous n'épargnez aucun ef-
fort, vous faites votre salut. Rejetez une façon de faire déplorable
qui affecte presque chacun: pour n'importe quelle œuvre, nous
nous donnons du mal, mais pas pour l' œuvre du salut. Il nous
semble que, là, il suffit d'y penser, de le vouloir, et la chose est
faite! Or, dans la réalité, ce n'est pas ainsi. La question du salut
est la plus importante, donc la pl us difficile. Œuvrez donc, pour
l'amour du Seigneur! Et le résultat, le fruit sera imminent. Mais
si vous ne vous donnez pas de mal, vous resterez dénuée de tout,
inapte, inutile. Que Dieu vous épargne un tel sort!
LII
Brûler d'amour pour Dieu
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LETTRES DE DIRECTION SPIRITUELLE
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LETTRES DE DIRECTION SPIRITUELLE
LIII
Les passions comme un obstacle à l'esprit
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LETTRES DE DIRECTION SPIRITUELLE
Mais sachez que ce feu ne se montrera pas tant que les passions
sont là, même si on ne les favorise pas. Les passions sont comme
l'humidité dans le bois de chauffage. Le bois ne brûle pas; il
faut apporter d'ailleurs du bois sec et l'allumer. Ce dernier va,
en brûlant, faire évaporer l'humidité et peu à peu allumer le bois
qui n'était pas sec. Ainsi le feu dissipera-t-il l'humidité et, en se
répandant, il embrasera tout le bois disposé là.
Le bois - ce sont les forces de notre âme et toutes les fonctions
de notre corps. Tant que la personne n'est pas attentive à elle-
même, elles sont imprégnées d'humidité (ce sont les passions) et,
tant que celles-ci ne sont pas chassées, elles s'opposent farouche-
ment au feu spirituel. Rappelez-vous ce que je disais en décrivant
ce qu'il y a en nous: il y a une sphère désordonnée, bouillonnante,
dans laquelle les pensées, les désirs et les sentiments s'agitent
confusément, comme de la poussière soulevée par les passions. Je
situe cette sphère entre l'âme et le corps, signifiant par là que les
passions n'appartiennent pas à la nature, elles viennent d'ailleurs.
Mais elles ne restent pas là, dans les interstices, elles pénètrent
et dans l'âme et dans le corps, s'emparant même de l'esprit - la
conscience et la liberté - et, de la sorte, elles se rendent maîtres
de l'homme tout entier. Et comme elles sont en symbiose avec
les démons, ceux-ci, à travers elles, maîtrisent l'homme, lequel
continue à imaginer qu'il est le seul maître à bord.
C'est l'esprit qui le premier se libère de ces entraves. La grâce
de Dieu l'en arrache. Lesprit, sous l'action de la grâce, s'emplit de
la crainte de Dieu, rompt tout lien avec les passions et, regrettant
le passé, conçoit la ferme intention de plaire à Dieu seul, de vivre
pour Lui seul en observant Ses commandements. Solidement
amarré à sa décision, l'esprit, avec l'aide de la grâce divine, chasse
les passions hors de l'âme et hors du corps, et spiritualise tout
en lui. C'est ce que l'esprit a accompli en vous: il s'est arraché
aux liens qui le retenaient prisonnier. Consciemment et inten-
tionnellement vous êtes du côté de Dieu. Vous voulez appartenir
à Dieu et Lui plaire, à Lui seul. C'est le point d'appui de votre
activité spirituelle. Mais, tandis que votre esprit est rétabli dans
ses droits, l'âme et le corps restent sous l'influence des passions et
endurent des violences de leur part. Il vous reste désormais à vous
armer contre les passions et à les vaincre en les chassant de l'âme
et du corps. Le combat contre les passions est inévitable. Elles ne
céderont jamais d'elles-mêmes leurs fiefs, fussent-ils illégitimes.
190
LETTRES DE DIRECTION SPIRITUELLE
LIV
La lutte contre les passions
elles le défigurent et font de lui un être qui, à bien des égards, est
pire que l'animal. Quand elles s'emparent d'une personne et que
celle-ci les affectionne, elles se fondent avec la nature humaine
au point que cette personne agit sous leur impulsion comme si
cela venait de sa nature même. C'est l'impression que l'on a, car
la personne qui agit sous leur action, mais de son plein gré, est
persuadée qu'il ne peut agir autrement: c'est la nature.
Les passions proviennent toutes de l'autosatisfaction, l'amour
de soi, l'égotisme, et c'est là-dessus qu'elles s'appuient. Dès lors
qu'une personne, renonçant à elle-même, prend la décision de
ne plaire qu'à Dieu seul, les passions, dans cet acte spirituel,
perdent leur appui, se retrouvent en dehors de la conscience et
de la volonté, dont elles étaient maîtres auparavant. Ayant perdu
leur appui, elles sont privées de la force déterminante qui était
la leur, qui attirait la personne derrière elles, comme l'ânon suit
son maître, tenu par la bride. Auparavant, dès qu'une passion
s'éveillait, la personne, de toutes ses forces, visait à la satisfaire,
mais, à présent, c'est tout différent. Les passions se montrent en-
core, bien sûr, mais, au lieu de se précipiter pour les satisfaire, la
personne leur résiste et les chasse de sa vue.
Voila ce qui se passe maintenant en vous, depuis que vous avez
si ardemment décidé de servir Dieu sans vous épargner. Certes,
les passions n'avaient pas encore eu le temps de grandir en vous et
de se fortifier, mais elles étaient là toutes et vous agissiez confor-
mément à elles sans vous rendre compte que vous alliez contre
vous-même. Vous étiez même fière parfois de votre « noble »
indignation, de votre « noble » fierté, alors que, dans leur aspect
« noble», elles sont tout aussi peu nobles que dans tout autre.
Oui, elles étaient là avant et presque à votre insu elles vous do-
minaient parfois. Elles apparaîtront encore, mais vous dominer,
non, elles ne doivent plus le faire. Je dirais même qu'elles ne
le feront plus parce que maintenant, par votre détermination,
leur pouvoir est atteint; il a été ébranlé par votre décision de ne
pas vous épargner pour Dieu. Mais je ne sais pas comment les
choses évolueront pour vous, puisqu'il ne suffit pas de décider,
il faut aussi mettre en pratique, constamment, sans compromis-
sion. Lapitoiement sur soi-même est si trompeur, les passions
prennent parfois un aspect si décent, qu'il ne serait pas du tout
étonnant que vous continuiez à obéir aux passions - bien que je
ne conçoive guère cela ni ne le remarque.
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LV
Encore plus sur la lutte contre les passions
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LVI
Les mouvements les plus subtiles des passions
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dressent Dieu contre nous et elles nous éloignent de Lui. Etc' est
là notre ruine définitive. Ces réflexions et ces convictions, chez
une personne attentive, produisent un éclair immédiat dans la
conscience et dans le cœur, une antipathie, une colère instan-
tanée contre les passions. Quant à l'idée de se débattre avec les
passions en échafaudant des chefs d'accusation contre elles, elle
ne vaut rien: le succès est plus que douteux, car tandis que vous
passerez en revue tous les chefs d'accusation, le prévenu (la pas-
sion) est là - certes, sur le banc des accusés - et se raccroche à son
avocat, la sympathie. Et cela signifie retenir en soi, de son plein
gré, l'impureté, ce qui est dangereux. Non, ne le faites pas: soyez
décidée, sans aucune tergiversation, dès que vous remarquerez en
vous un indice de passion, à reconnaître aussitôt l'ennemi et à
vous mettre en colère contre lui.
LVII
Étapes dans le développement des passions
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LVIII
La prière dans la lutte avec les pensées passionnées
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1. Les Sentences des Pères du désert, Jean Colobos, P· 327, Solesmes, 1981.
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LIX
Saint Hésychius sur le combat avec les passions
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1. 2c point.
2. SC point.
3. 6c point.
4. gc point.
5. 21 c et 22c points.
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LX
Purifier le cœur
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Je _ne saurais admettre l'idée que vous avez laissé la pensée mau-
~a1se se transformer en acte, mais vous avez pu laisser le désir
s attarder, vous ne vous êtes pas aussitôt armée contre lui - et cela
vous rend d'autant plus coupable. Récapitulons: la pensée mau-
vaise a été tolérée - première faute; on a permis quelle engendre
un sentiment mauvais - deuxième faute; du sentiment mauvais
est né un désir mauvais - troisième faute, et le désir mauvais a
eu le loisir de s'attarder - quatrième faute. Combien cela fait de
culpabilités!
Et n'allez pas vous camoufler, vous cacher derrière une feuille
de figuier, vous dissimuler dans des buissons pour échapper au
Seigneur qui se manifeste à votre conscience et vous démasque!
Accusez-vous vous-même au plus vite et demandez pardon sans
rejeter la faute sur qui que ce soit. Un exemple: vous vous êtes
emportée contre votre domestique et, pis encore, vous lui avez
adressé des paroles blessantes - ne l'incriminez pas, car, même
si c'est elle qui a mal agi, le problème n'est pas là; il est dans
la question - pourquoi vous êtes-vous emportée, ne pouviez-
vous pas régler la question sans colère? Et, même si les choses ne
pouvaient s'arranger, on peut toujours régler un problème sans
s'emporter. On se fâche contre quelqu'un, on le condamne, on
l'envie, et c'est la vanité qui s'installe. Bien sûr, il y avait des
causes extérieures à tout cela, mais ce n'est pas la faute des causes,
c'est votre faute à vous: comment vous êtes-vous laissée aller à ces
mauvais sentiments? Veuillez vous accuser sans détour devant le
Seigneur et demander pardon. Faites cela chaque fois que vous
détecterez en vous une mauvaise tendance, et chassez-la. Par
votre repentir et votre peine, vous rétablirez la paix avec votre
conscience, et de nouveau vous pourrez diriger un regard apaisé
vers le Seigneur. En revanche, si vous ne vous repentez pas, vous
ne pourrez pas diriger vos regards vers Lui, et cela sera pour vous
et pénible et dangereux.
Ne remettez pas la purification de telles intrusions passion-
nelles jusqu'au soir - purifiez-les par le nom du Seigneur, aussi-
tôt après les avoir chassées. Que la journée entière se passe dans
le repentir, car ces intrusions, au début, seront fréquentes. Et
le s~ir, avant la prière, reconsidérez encore toutes ces attaques
passionnelles et repentez-vous avec une grande contrition. Là est
le ~rava~l quotidien du repentir. Voici à ce sujet la leçon de saint
Hesychms: « Il nous faut à toute heure mesurer nos œuvres de
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LETTRES DE DIRECTION SPIRITUELLE
chaque jour et veiller sur elles, et nous forcer le soir à les rendre
les plus légères possible par le repentir, si nous voulons avec le
Christ maîtriser le mal. Et il nous faut examiner si nous accom-
plissons toutes nos actions sensibles et apparentes selon Dieu,
devant Dieu et pour Dieu seul, afin que nous ne soyons pas volés
par les sens, dès lors que nous manquerait la raison 1• »
Si vous agissez selon ces prescriptions avec une fermeté impi-
toyable envers vous-même, très vite vous en verrez le fruit: votre
cœur s'apaisera et la joie du Seigneur brillera en lui. Pourquoi le
cœur est-il troublé? Parce que les passions le rongent. Frappez-
les, et le cœur recouvrera la paix. Un Père saint a comparé le cœur
à un nid de serpents. Ces serpents, ce sont les passions. Lorsqu'il
émane du cœur quelque chose de passionnel, c'est comme si un
serpent sortait la tête du nid. Frappe cette tête avec le nom du Sei-
gneur et aussitôt elle se retirera. Une autre apparaît - tu la frappes
à son tour. Et ainsi de suite. Tu devras frapper une dizaine de fois
le serpent - les passions - jusqu'à ce qu'il se lasse, et que même il
crève. Tous, si on piétine leur nid ou si on les affame, mourront.
De même, les passions mourront aussi si on ne les nourrit pas de
notre sympathie envers leurs inspirations et si, au contraire, nous
les arrachons furieusement dès qu'elles apparaissent.
Voilà donc, ce trajet le plus court menant à la purification du
cœur. Si vous aimez cette pureté, allez vers elle par ce chemin,
car il n'y en a pas d'autre. Si vous refusez d'agir ainsi, les passions
resteront dans votre cœur. Vous pouvez corriger votre conduite
et la rendre irréprochable sans passer par là, mais votre cœur res-
tera passionnel et il ne vous permettra pas de voir le Seigneur.
N'oubliez pas l'histoire des vierges folles!
Que Dieu vous vienne en aide! Faites votre salut!
LXI
Garder l'ouïe et la vue
1. 124c point.
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LXII
La lutte active contre les passions
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LXIII
Au sujet du chant et de la musique
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LXIV
La solitude
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LXV
Saint Pimène sur la vie agréable à Dieu
Qui donc vous a orientée sur saint Pimène, que vous désiriez
en savoir plus sur lui? Qui que ce soit, j'en suis très heureux.
Qui était saint Pimène et quelle fut sa vie, vous le trouverez dans
les Vies des saints à la date du 27 août ainsi que dans l'ouvrage
intitulé Les Illustres Paroles de nos Saints Pères sur la vie ascétique 1•
Vous y trouverez également un grand nombre de ses enseigne-
ments. Il était d'origine modeste et sans instruction, mais l'ex-
périence de la vie spirituelle et la grâce de Dieu avaient éclairé
1. Il s'agit des Sentences des Pères du désert», collection alphabétique, c(
traduction française de Dom Lucien R_egnault, op_. ci(, C'est d'après cette
traduction que nous reproduisons les différentes cttattons.
222
LETTRES DE DIRECTION SPIRITUELLE
1. Sentence 26. Dans le texte original: « C'est ainsi que le moine doit
ga_rder toujours le deuil en lui-même. » Il est intéressant de relever que
sai~t Théophane, à l'instar des Pères de l'Église, considère que la vie du
moine et celle du laïc sont dans l'essence identiques.
2, Dans l'original: « Il ne peut devenir moine » (N d T.).
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LXVI
Un voyage à la laure de la Trinité Saint-Serge
Quel est donc celui qui vous a dirigée vers saint Pimène?
Quelqu'un qui parle avec enthousiasme des choses divines. Je
devine. C'est sûrement la personne qui était avec vous chez moi.
Je suis très heureux de cette circonstance, heureux qu'il se trouve
auprès de vous quelqu'un qui puisse parler ainsi. Profitez de lui
et, chaque fois qu'il sera chez vous, faites-le parler sur ces sujets,
et faites vôtre ce qu'il dira.
Vous voulez aller à la laure de la Trinité Saint-Serge! Excellent.
Dieu vous bénisse. Et vous irez à pied! C'est doublement, tri-
plement bien! Pour qu'il n'y ait pas de commérages, gardez cela
secret. Et, si c'est impossible, tant pis, qu'ils jasent. Mais vous
avez tort de croire que ce sera une agréable promenade. Peut-
être parcourrez-vous quelque cinquante verstes avec agrément,
226
LETTRES DE DIRECTION SPIRITUELLE
227
LETTRES DE DIRECTION SPIRITUELLE
ciple à apprendre quelques psa mes par cœur. Celui qui ne savait
pas lire devait, avant même de faire l'apprentissage de la lecture,
apprendre par cœur des psaumes en écoutant quelqu'un d'autre
les réciter. Les psaumes appris, il devait les réciter lui-même, soit
assis à son travail, soit, surtout, en marchant. Expérimentez cela,
à l'imitation des anciens.
N'omettez pas, au monastère, de vous confesser et de com-
munier aux Saints Mystères. Leffort du voyage sera celui de la
préparation à la communion ... Vous n'aurez pas de mal à vous
confesser, vu que vous l'avez fait dernièrement, très en détail. Ne
cachez rien de ce que vous reproche votre conscience, petites ou
grandes fautes. Et n'oubliez pas le principal - la petite larme de
contrition. Une seule petite larme, et vous serez comme sortie du
bain, lavée.
Je voulais précédemment vous parler de cette petite larme, et
j'ai oublié. Je vais le faire maintenant. Si vous empruntez des
livres à la bibliothèque, prenez de Joukovski« La Péri et l'Ange »,
dans le cinquième tome je crois. C'est un article très édifiant.
Il est long, mais je vais vous en résumer le contenu. La Péri est
un esprit, un de ceux qui ont été entraînés à s'opposer à Dieu,
mais il s'est ressaisi et il a voulu retourner au paradis. Arrivé aux
portes du paradis, il les trouva fermées. Lange qui gardait les
portes lui dit: « Il y a un espoir que tu puisses entrer, mais tu dois
apporter un cadeau honorable. » La Péri s'en retourna sur terre.
La guerre faisait rage. Un vaillant guerrier était en train de mou-
rir et il suppliait Dieu avec les larmes de l'agonie, il priait Dieu
pour sa patrie. Péri recueillit une larme et l'apporta, mais les
portes ne s'ouvrirent pas et l'ange lui dit:« Ton cadeau est beau,
mais il n'est pas assez fort pour t'ouvrir les portes du paradis. »
Cela signifie que les vertus civiques sont belles, mais ne peuvent
à elles seules faire entrer au paradis. Péri s'envola à nouveau et
revint sur la terre. Il y sévissait une épidémie. Un beau jeune
homme se meurt. Sa fiancée le soigne avec abnégation, mais elle
est contaminée à son tour. Et à peine lui a-t-elle fermé les yeux
qu'elle tombe sur sa poitrine, morte. Les larmes coulent. La Péri
s'empare de l'une d'elles et l'emporte, mais les portes du paradis
restent fermées. [ange lui dit: « Ton cadeau est beau, mais pas
assez puissant pour t'ouvrir les portes du ciel. » Cela signifie que
les vertus familiales à elles seules ne peuvent conduire au para-
dis. Cherche encore ! Il y a un espoir. La Péri retourne encore
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LETTRES DE DIRECTION SPIRITUELLE
LXVII
Sur la confession diligente
Vous avez accompli votre voyage! Dieu soit loué! Vous voyez
que mes prédictions relatives à la fatigue et aux courbatures se
sont réalisées, mais s'est réalisé également ce qui était promis à
votre âme. Le Seigneur vous a donné la joie de la sainte commu-
nion et saint Serge vous a libérée de votre trouble.
Vous écrivez: « Un trouble fort et inquiétant a envahi mon
âme; je me suis adressée à saint Serge et ce trouble s'est aussitôt
dissipé, faisant place à une douce paix. » Vous voyez que tout
appel venant du cœur est aussitôt entendu au ciel et une réponse
aussitôt donnée. Apprenez sur cet exemple où il faut chercher
l'apaisement et le discernement.
Mais que vous ayez, à la confession, retenu un péché, ce n'est
pas bien. Grand ou petit, en parole ou en acte, dès lors que la
conscience dit que c'est un péché, il faut s'en purifier par la
confession et le repentir. Lessence même du sacrement du re-
pentir réside dans l'absolution du péché confessé. Le péché non
confessé n'est pas absous, il reste dans l'âme et l'accompagnera
dans l'autre monde. Il sera comme une tache noire sur une robe
blanche, et il se verra d'autant plus. Les astuces ne serviront alors
à rien. Il faut agir comme il est admis non par les hommes, mais
par le Seigneur Lui-même: « Ois d'abord toi-même tes iniquités
afin d'être justifié» (ls., 43, 26). Et pour notre consolation, et
l'allégement d'une faute qui n'est pas toujours bien légère, Il a
institué cette loi: « Tout ce que vous lierez sur la terre sera lié
dans le ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans
le ciel » (Mt, 18, 18). Retenez bien cela et inscrivez-le dans votre
229
LETTRES DE DIRECTION SPIRITUELLE
cœur: tout ce qui n'a pas été délié sur terre, selon l'usage institué
par Dieu, sera non délié dans le ciel. Il vous reste maintenant
à vous repentir de la faute non avouée en confession, et à vous
repentir de l'avoir consciemment retenue.
Vous avez fort bien fait de n'avoir pas délaissé, tout le long
du voyage, la courte prière: apprenez à la garder toujours avec
vous. Elle vous aidera à concentrer votre attention, à chasser les
pensées creuses et vaines et à vous garder toujours apte à recevoir
du Seigneur, par votre ange gardien, le discernement nécessaire
au bon moment. Cette petite prière est un grand trésor, elle n'a
pas son pareil parmi les activités spirituelles. Efforcez-vous, en la
disant, de concentrer votre attention dans votre cœur et de ne
pas vous contenter de prononcer des mots, mais de penser au
Seigneur en y joignant une révérencielle crainte de Dieu. Car
Dieu est présent partout, que nous pensions à Lui ou n'y pen-
sions pas; Il est là où nous sommes, et Il voit tout. Combien Il est
affligé (humainement parlant) quand on ne fait aucune attention
à Lui, Lui qui nous porte tous, se soucie de nous tous et nous
comble de biens. Excluez-vous du nombre de ces indifférents et
n'oubliez pas de tourner l' œil de votre esprit vers le Seigneur, ou,
au moins, ressentez qu'il est là, tout près, comme nous ressen-
tons que le soleil est là, au-dessus de nous et nous réchauffe, bien
que nous ne le regardions pas. Se tourner par l'esprit vers Dieu,
pieusement, de tout cœur, c'est déjà une prière. Faites-le dès que
vous en avez la possibilité. Le fait que vous ne pouvez pas, dans
la journée, vous tenir devant les icônes et faire des métanies ne
doit pas vous inquiéter outre mesure. En revanche, donnez à
Dieu les heures du matin et du soir: lisez, méditez, priez longue-
ment. Faites comme si vous dormiez, mais en réalité, vous étant
réveillée très tôt, levez-vous et entamez avec le Seigneur un doux
entretien. Commencez comme il faut le matin, la journée tout
entière se déroulera au mieux. Le souvenir de Dieu, la lecture de
l'Évangile et des Épîtres et de tout autre livre de piété vous feront
découvrir et affermiront en vous la conception de ce qui est bon.
La conscience prendra cette conception sous sa tutelle et elle la
fera entrer dans la vie en ne vous permettant pas de vous détour-
ner des actions qu'elle vous indique. Et toute votre vie sera dans
la lumière. Simplement, prenez pour règle de ne rien faire, petite
ou grande action, contre votre conscience. Et, si quelque chose
survient, soulagez votre conscience par le repentir, un repentir
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LXVIII
La nécessité d, avoir un bon conseiller
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LXIX
La dépression et la peur
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LXX
Sur la lecture de livres spirituels et séculiers
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pour ceux qui savent les lire. Vous direz:« C'est facile de me dire
de lire ce genre de livres. Mais où les trouver? » Cela, je ne puis
vous le dire. De nos jours paraissent en majorité des ouvrages de
sciences naturelles. Mais presque tous ont une mauvaise orienta-
tion, dans le sens où ils prétendent expliquer l'origine du monde
sans Dieu, les manifestations en nous de la vie spirituelle, morale
et religieuse, sans faire intervenir ni l'âme ni l'esprit. N'y touchez
même pas. Il existe pourtant des ouvrages sur les sciences de la
nature exempts de cette fausse sagesse. Ceux-là, vous pouvez les
lire. Il est bon de comprendre la structure des plantes, des ani-
maux et surtout de l'homme, les lois de la vie qui s'y expriment.
Grande est dans tout cela la sagesse de Dieu! Elle est insondable!
Demandez à la personne qui parle si bien sur les thèmes de la foi
de vous indiquer où trouver ces livres-là.
Et les nouvelles, les romans? Il y en a de bons. Mais, pour
savoir s'ils sont bons, il faut les lire, et, après les avoir lus, vous
vous serez embarrassée de tant d'histoires, de personnages, que
Dieu vous en garde! Vous aurez encombré votre petite tête claire,
et il vous faudra après la nettoyer. À quoi bon s'astreindre à un
tel travail ? C'est pourquoi, à mon avis, mieux vaut ne pas lire ces
livres-là. En revanche, si quelqu'un, bien disposé à votre égard,
vous recommande tel ou tel livre, lisez-le.
Il y a d'excellentes descriptions géographiques. Elles aussi, on
peut les lire. Mais tout cela en petite quantité et seulement pour
varier. Maintenez le cap choisi et ne détournez pas votre atten-
tion de lui.
Que le Seigneur vous bénisse!
LXXI
Sur la froideur dans la prière
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LETTRES DE DIRECTION SPIRITUELLE
prière, que le Notre Père, et cela parce que chaque mot se trans-
formait lui-même en une prière. Une autre personne racontait
qu'en écoutant quelqu'un lui dire qu'on peut prier comme cela
elle est restée tout au long des matines plongée dans la prière,
disant: « Aie pitié de moi, ô Dieu », et elle n'a pas eu le temps de
terminer le psaume.
Veuillez vous accoutumer à prier comme cela et, Dieu vou-
lant, bientôt la prière vous viendra naturellement. Alors, aucune
règle ne sera nécessaire. Faites des efforts, sinon vous n'arriverez à
rien. Si vous n'avez aucun succès dans la prière, ne vous attendez
pas à en obtenir en quoi que ce soit d'autre. La prière est la racine
de tout. Que le Seigneur vous bénisse!
LXXII
Le vœu de renonciation au monde
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LXXIII
Le vœu de chasteté
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1. Cf. Corinthiens, 7.
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LXXIV
Laspiration à la vie monastique
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LETTRES DE DIRECTION SPIRITUELLE
dans les tombeaux, qui dans des huttes leur servant de cellules.
Et plus tard encore apparurent les monastères, où l'on pouvait
vivre ensemble, unir ses forces, subvenir aux besoins matériels
et mener l' œuvre de salut dans des exploits spirituels particu-
liers. Mais, même en ce temps-là, certains, qui avaient décidé de
consacrer leur vie au Seigneur dans le célibat, n'entraient pas au
monastère, mais se consacraient au service de leurs frères et sœurs
dans les hôpitaux, les hospices, les refuges pour vagabonds. Tous
ces modes de vie, apparus dans les débuts mêmes de l'Église du
Christ, se maintinrent et se maintiennent jusqu'à nos jours. À
présent encore, parmi les célibataires, certains font leur salut chez
eux, d'autres entrent au monastère, d'autres encore se vouent aux
soins des malades, devenant sœur de charité 1•
Vous aussi pouvez opter pour l'un ou l'autre de ces modes
de vie. Lequel? Pour cela il faut attendre et considérer ce que
Dieu vous montrera. Vous avez très justement remarqué qu'il
est plus aisé de faire son salut dans un monastère. Lon peut y
atteindre plus vite la purification du cœur et cet état qui est la
joie en l'Esprit Saint. Tout, au monastère, est dirigé vers cela. Il
me semble que, compte tenu de votre santé, le monastère est la
meilleure solution pour vous. C'est pourquoi vous ne devez pas
abandonner l'idée d'y entrer en temps voulu. Le moment, Dieu
l'indiquera. En attendant, il faut faire œuvre de patience. En
attendant, accomplissez vos labeurs spirituels en vivant à la mai-
son. Ayez votre chambre, ayez-la comme une cellule monastique
et menez-y la vie que vous mèneriez au monastère. Que votre
père et votre mère soient pour vous des higoumènes et tous les
vôtres - des sœurs moniales et vous-même - une novice dévouée
pour tous.
Vous vous hâtez d'entrer au monastère comme pour accéder
à la liberté, au paradis. C'est vrai, la liberté y est totale pour l'es-
prit, non pour le corps ni les activités extérieures. Pour eux, il y
a une contrainte totale, une loi immuable: renoncer à sa volonté
propre. Le paradis, oui, il y est aussi, mais, pour le trouver, on
n'avance pas toujours sur une route fleurie. Il y est réellement,
mais il est obstrué par des épines et des ronces qu'il faut traverser
pour l'atteindre. Nul n'y parvient sans se piquer et s'égratigner.
Prenez cela en compte et révisez votre attente de liberté et de
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LETTRES DE DIRECTION SPIRITUELLE
LXXV
Les ruses de r ennemi
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LETTRES DE DIRECTION SPIRITUELLE
dessous. Ils font des dégâts - et les voilà partis. Et toi, tu dois
t'en débrouiller comme tu le peux. Cependant, jusque-là, le mal
n'est pas si grand. Ce n'est pas notre faute si les ennemis nous
attaquent; ce n'est pas non plus notre faute s'ils perturbent notre
état intérieur; pas plus que nous sommes responsables des pen-
sées et des sentiments qu'ils insufflent en nous. Dieu ne nous en
fait pas grief. La seule chose: il ne faut en aucun cas consentir à
tout cela. Il faut endurer - et tout passera.
Vous n'avez pas défini le contour de votre langueur, sans
doute parce qu'elle est indéfinissable, et justement son caractère
indéfini révèle qu'il s'agit d'attaques de l'ennemi. Tenez bon! Le
Seigneur a permis que vous soyez ainsi éprouvée pour que vous
prouviez que vous ne plaisantez pas avec votre promesse. Consi-
dérez votre épreuve comme envoyée par le Seigneur et dites,
comme Job: « Que le nom du Seigneur soit béni 1! » Tout était
tranquille, et maintenant c'est le découragement! Grâce soit ren-
due au Seigneur pour cette tranquillité, grâce pour ce découra-
gement. Dites au Seigneur: je vais patienter, que Ta volonté soit
faite! Aide-moi seulement, Seigneur, à tout supporter. Et ayez
sans cesse recours au Seigneur. Invoquez aussi la Mère de Dieu.
Vous supportez une attaque: c'est l'occasion de montrer votre
capacité à persister dans le bien, de même qu'un soldat a l'occa-
sion de se distinguer lorsque l'ennemi attaque. Peu importe que
l'ennemi frappe - persévérez fermement dans le bien. Dites-le
même à haute voix: je ne changerai pas un iota à mon intention
et ma décision, je ne veux rien de ce que me suggère l'ennemi
- et énumérez ce qu'il vous propose, en le rejetant et le mau-
dissant. Et appelez le Seigneur à votre secours. Tout passera. Un
jour, l'esprit de blasphème et d'incroyance attaqua un fidèle; il
raconta: «J'entends les ennemis qui chuchotent à mes oreilles:
"Dieu n'existe pas, le Christ n'existe pas." Et moi, je ne faisais
que répéter: "Je crois, Seigneur! Je crois, je crois!" Et j'ai chassé
l'adversaire. » Pour vous, c'est la même chose. Criez: je ne veux
ni ceci, ni cela, ni cela encore, je ne veux rien de ce que me souffle
l'ennemi. Je ne veux qu'une chose, ce que j'ai prononcé devant le
Seigneur dans le secret de mon cœur.
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LXXVI
Tentations venant des incroyants
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LXXVII
[obéissance aux parents
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LXXVIII
Injustices et fausses accusations
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LXXIX
Anxiétés finales et troubles
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LXXX
Le repos après la tempête
du bien. Vous, regardez non pas cela, mais ce qui se passe dans
votre âme, à savoir une angoisse persistante, une incertitude, un
trouble. D'après cela, vous pouvez tout de suite deviner que l'en-
nemi approche. Il faut alors le chasser sans merci, par la prière, en
le repoussant. L'action de Dieu est toujours porteuse de lumière.
C'est votre ange gardien qui a déposé dans vos oreilles une parole
de consolation. Accoutumez-vous à l'écouter et il vous enseigne-
ra toutes choses.
Je suis très heureux que vous ayez repris votre route. Travaillez
sur vous-même, préparez-vous pour arriver là où vous l'avez vou-
lu. L'ennemi nous force à nous hâter. Il sème toujours le trouble,
pour embrouiller les choses. Ce qui est de Dieu, au contraire,
vient paisiblement, doucement. On ne peut faire autrement
qu'attendre. Tout arrive à son heure. L'heure viendra où vous
glisserez comme sur une luge, comme je vous l'ai déjà écrit.
Vous vous apprêtez à vous rendre à la campagne et rêvez des
délices de la vie rurale. C'est bon, fort bon! Cette vie-là a la vérité
en elle, alors que dans les villes, et plus encore dans les capi-
tales, la vérité est absente: tout le monde y joue la comédie. Dieu
veuille que vous fassiez bon voyage et arriviez là où vous avez si
paisiblement grandi et été élevée. Quel souvenir aurez-vous de
notre vieille capitale? Elle vous a enseigné une excellente science,
notamment vers la fin, elle vous a gentiment fait frire dans la
poêle! À la campagne, vous vivrez une vie d'anachorète. J'ajoute
à vos rêves une idée à moi : trouvez-vous une grotte naturelle, ou
bien creusez-en une de vos mains. D'un côté, si c'est possible,
qu'il y ait une petite source; de l'autre - un arbre fruitier; devant
- un massif de fleurs. Que sur l'arbre et dans les fleurs viennent
chanter des oiseaux. Levez-vous à l'aube, isolez-vous là et chantez
avec les oiseaux à la gloire du Créateur de toutes choses.
Que le Seigneur bénisse votre chemin !
Lexique
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Archimandrite Georges Terrychnikov, « Le luminaire de la
terre de Russie. Vie et activité du hiérarque Théophane le Re-
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LETTRES DE DIRECTION SPIRITUELLE
Lettres
Lexique......................................................................263
Biblioghraphie............................................................26 5
Achevé d'imprimer: février 2014
N° d'édition: 00180
ISBN: 9782845451759
SAINT THÉOPHANE LE RECLUS
Lettres de direction spirituelle
Couverture : Sargologo
ISBN : 9782940523061
~7111178 21€