Cours de Voies D - Execution - PR Yaya Bodian

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Pr Yaya BODIAN

Agrégé des facultés de droit,


Directeur du Centre de Recherche,
d’Etude et de Documentation sur les Institutions
et le Législations Africaines (CREDILA) UCAD
[email protected]
Plan
Introduction
1ème partie: Le droit commun des voies d exécution
Chapitre I : Les règles relatives aux personnes
Section 1 : Le créancier et le titre exécutoire
Section 2 : L’intervention des autorités publiques
Chapitre 2 : Les règles relatives aux biens
Section 1 : Le principe de la saisissabilité des biens du débiteur
Section 2 : L’existence de biens insaisissables
Introduction - suite
Problème du régime des nullités: la CCJA a considéré (par avis n°
0O1/99/JN du 7 juillet 1999) que «l'Acte Uniforme portant
organisation des procédures simplifiées de recouvrement et des voies
d'exécution a expressément prévu que l'inobservation de certaines
formalités prescrites est sanctionnée par la nullité. Toutefois, pour
quelques unes de ces formalités limitativement énumérées, cette nullité
ne peut être prononcée que si l'irrégularité a eu pour effet de causer un
préjudice aux intérêts de celui qui l'invoque ».
V. P.G. POUGOUE, S. SOREL KUATE TAMEGHE ( dir.), Les grandes décisions de la cour
commune de justice et d’arbitrage de l’OHADA , L’Harmattan, 2010, p. 351 et s.
Principe de droit interne: « Aucun exploit ou acte de procédure ne peut
être déclaré nul si la nullité n’en est formellement prévue par la loi.
Aucune irrégularité d’exploit ou d’acte de procédure n’est une cause de
nullité s’il n’est justifié qu’elle nuit aux intérêts de celui qui l’invoque ».
Introduction - suite
Conception du « droit commun » des voies d’exécution:
La Cour Commune de Justice et d'Arbitrage à l'occasion
de l'arrêt n° 13/2002 du 18 avril 2002 a précisé, dans sa
logique d'une « approche systémique » des voies
d’exécution, que l'article 336 a abrogé les dispositions
relatives aux matières qu'il concerne depuis son entrée en
vigueur. Par conséquent, les règles de forme et de fond
qu'il présente ont seule vocation à s'appliquer en la
matière dans les Etats parties.
Introduction suite
Relativement au délai d'appel prévu en matière de saisie
immobilière par l'article 300 de l'Acte Uniforme, ce texte
indique que «les voies de recours sont exercées dans les
conditions du droit commun».
La CCJA retient qu'en l'absence de dispositions particulières,
le délai d'appel pour tout litige relatif à une mesure
d'exécution est celui de 15 jours, prévu à l'article 49 de l'Acte
Uniforme. Ainsi par exemple, les jugements rendus en
audience éventuelle, ne peuvent faire l’objet d’appel que dans
un délai de quinze jours à compter de leur prononcé.
Introduction suite
Les dispositions générales, objet des articles 28 à 53
constituent donc, au regard de la jurisprudence CCJA, le
droit commun en matière de voies d'exécution.
Cependant, même si les termes de l'article 49 peuvent
paraître généraux et absolus, il convient d’admettre que
ce texte ne peut s'appliquer qu'à la condition qu’il n’y ait
pas, dans l'Acte Uniforme lui-même, des dispositions
dérogatoires ou incompatibles.
Introduction suite
Malgré le renvoi, dans certains cas, aux droits nationaux,
l’Acte uniforme portant organisation des procédures
simplifiées de recouvrement et des voies d’exécution
demeure la source principale des voies d’exécution.
Il est entré en vigueur le 1er juillet 1998 et fait partie des 9
Actes uniformes qui ont été adoptés et occupe une place
à part en ce qui il constitue, certainement, le pas le plus
important dans la voie de l’harmonisation, voire de
l’uniformisation du droit dans les Etats signataires du
Traité de l’OHADA.
Introduction suite
L’Acte uniforme comporte deux livres avec ci 338 articles :
le premier livre, composé de 02 titres, est consacré aux
procédures simplifiées de recouvrement; le second aux voies
d’exécution. Celui-ci est composé de 8 titres.
Dans le Livre 2, le premier titre est consacré aux dispositions
générales qui fixent les règles communes à toutes les voies
d’exécution, les titres 02 à 08 sont consacrés aux différents
types de saisie avec leurs règles spécifiques.
Les règles relatives à la distribution du prix sont fixées dans
le titre 09. Le dernier titre détermine les dispositions finales.
Introduction (fin)
Droit commun
Ensemble de règles communes, applicables à toutes
les différentes saisies, sous réserve des règles
spécifiques à chaque saisie.
Ces règles sont fixées dans le Titre I du livre 2, à
travers les articles 28 à 53 de l’Acte uniforme
portant organisation des procédures simplifiées de
recouvrement et des voies d’exécution.
Règles relatives aux personnes, sujets des voies
d’exécution;
Règles relatives aux biens objet de l’exécution
Règles relatives aux tiers qui peuvent supporter des
obligations pour le bon déroulement des procédures de
saisie.
Chapitre 1: Règles relatives aux personnes
Les personnes sont en principe les sujets des voies
d’exécution.
Le créancier (sujet actif, exécutant) et le débiteur (sujet passif,
exécuté).
Article 28 AURVE: «A défaut d’exécution volontaire, tout
créancier peut, quelle que soit la nature de sa créance (…),
contraindre son débiteur défaillant à exécuter ses
obligations à son égard ou pratiquer une mesure
conservatoire pour assurer la sauvegarde de ses droits ».
Tout créancier peut procéder à une mesure d’exécution
forcée, quelle que soit la nature de sa créance (civile,
commerciale, sociale, fiscale ).
Cependant, qui peut se prévaloir de la qualité de
créancier peut susciter des difficultés?
Dans quelle mesure le créancier peut-il recourir à la
contrainte contre son débiteur défaillant? Il doit justifier
d’un titre exécutoire (cf. Art.33 AURVE).
Section I : Le créancier et le titre exécutoire
Consécration d’un droit à l’exécution forcée au profit du
créancier:
- un droit subjectif : art. 28 AURVE
- un droit fondamental: art. 6 CADHP (droit à un procès
équitable)
Conséquences: nécessité de l’effectivité du droit à l’exécution
pour donner une valeur au titre exécutoire. La réforme de
1991 en France et l’adoption de l’Acte uniforme portant
organisation des PSRVE, dans le cadre de l’OHADA, ont
notamment pour finalité la revalorisation du titre exécutoire
(Réf. Bibliographique).
I- L identification du créancier

L’article 28 AURVE ne fait aucune distinction selon que


le créancier est muni d’une sûreté réelle ou s’il est
simplement chirographaire. Le caractère privilégié ou
chirographaire intervient seulement dans la distribution.
La personne du créancier est également indifférente. Il
peut s’agir du créancier originaire, du subrogé, de l’ayant
cause dont la preuve et l’opposabilité des droits sont
acquises. En tout état de cause, le créancier doit avoir la
capacité et le pouvoir pour procéder à une saisie.
A- La capacité du créancier
Pour faire pratiquer une saisie, il faut normalement être
majeur.
Sont frappées d’une incapacité d’exercice les personnes
auxquelles la loi enlève l’aptitude à participer au commerce
juridique pour les protéger contre leur inexpérience ou la
défaillance de leurs facultés intellectuelles (ex: art. 273 CF).
Il y a cependant des cas d’incapacité de défiance.
Les incapables accomplissent seuls, et en dehors des règles de
protection légale (…), les actes de la vie courante et les actes
nécessaires à la conservation de leurs biens et de leurs droits.
La capacité de pratiquer une saisie est également reconnue
au mineur émancipé. Même si l’Acte uniforme portant
organisation des procédures simplifiées de recouvrement et
des voies d’exécution, contrairement à la loi française de
1991, ne prévoit aucune disposition relative à la capacité
requise du créancier saisissant, celle-ci est reconnue aux
majeurs et au mineur émancipé qui peuvent, en principe,
accomplir tous les actes de la vie civile.
(Le silence avait pourtant alimenté une discussion en droit français sur cette question et c’est
la raison pour laquelle la loi portant réforme des procédures civiles d’exécution dispose
désormais que « sauf disposition contraire, l’exercice d’une mesure d’exécution et d’une
mesure conservatoire est considéré comme un acte d’administration ».).
Par ailleurs, certains majeurs, même s’ils sont
placés sous un régime de protection, peuvent
pratiquer une saisie.
Ainsi, un majeur sous sauvegarde de justice, qui
conserve en principe l’exercice de ses droits, peut
procéder à une mesure d’exécution forcée, sauf s’il
a constitué un administrateur de ses biens.
De même, le majeur en curatelle peut conduire,
jusqu’à son terme, une procédure d’exécution.
La possibilité ainsi reconnue au mineur et au
majeur incapable de procéder à une saisie,
s’explique par le fait que celle-ci est en principe un
acte d’administration (L’acte d’administration est un acte de
gestion, par lequel une personne entend améliorer, conserver ou faire
fructifier un patrimoine. L’acte de conservation est l’opération nécessaire et
urgente, destinée à éviter la perte d’un bien: ex: l’inscription d’une
hypothèque, l’interruption de la prescription ou une réparation urgente ).
Pour la saisie immobilière, la capacité d’administrer ne
suffit pas ; il faut en plus celle de disposer.
Cette exigence résulte du fait que le créancier peut être
déclaré adjudicataire si aucun enchérisseur ne se présente
le jour de l’adjudication.
C’est la raison pour laquelle, dans certains pays, le
mineur émancipé ne peut engager une procédure de
saisie immobilière que s’il est assisté alors qu’il peut
exercer seul une saisie mobilière.
En effet, le créancier qui procède à une saisie
immobilière est engagé par la mise à prix qu’il a donnée,
de telle sorte qu’il sera déclaré adjudicataire de
l’immeuble saisi si cette mise à prix n’est pas couverte par
une enchère supérieure (voir art. 285 in fine AURVE).
Dans les hypothèses d’administration légale et de tutelle,
le créancier ne peut exercer lui-même le droit de saisir.
Il est nécessaire qu’il soit représenté, mais c’est alors un
problème de pouvoir qui se pose (V. COUCHEZ (G.) et
LEBEAU (D.), Voies d’exécution, 11e édit. Sirey, 2013, n°41,
p.28).
B- Le pouvoir du saisissant
Question qui se pose lorsque la saisie est pratiquée
par une personne autre que le créancier lui-même,
laquelle assure la représentation de ce dernier.
Le représentant du créancier procède à la saisie
dans les mêmes conditions que celui-ci.
Origine légale : lorsqu’un administrateur légal ou un
tuteur poursuit la saisie de biens pour le compte de la
personne qu’il représente. Un tel représentant agit en
principe sans aucune autorisation.
Origine conventionnelle: le saisissant tire son pouvoir
d’un mandat. Celui-ci peut être général; il n’est pas
nécessaire qu’il s’agisse d’un mandat spécial.
II- Les limites au pouvoir de saisie du créancier

La liberté du créancier s’explique par l’existence d’un


droit subjectif à l’exécution. Mais l’exercice de ce droit se
heurte à des limites dont la finalité est de protéger le
débiteur contre les abus du droit de saisie.
Ces limites tiennent notamment à la consécration du
principe de subsidiarité (il n’existe pas en droit OHADA,
au moins formellement, de consécration d’un principe de
proportionnalité).
Article 28 alinéa 2 AURVE « Sauf s’il s’agit d’une
créance hypothécaire ou privilégiée, l’exécution est
poursuivie en premier lieu sur les biens meubles et en cas
d’insuffisance de ceux-ci, sur les immeubles ».
Le TRHCD (actuelle TGI) a ainsi prononcé, sur le
fondement de l article 28 AURVE, la nullité d une
procédure de saisie immobilière engagée dès lors que le
créancier ne justifie pas d une créance hypothécaire ou
privilégiée et ne rapporte pas la preuve que les meubles
qu il a saisis sont insuffisants pour couvrir sa créance.
Article 251 AURVE: le créancier ne peut poursuivre la
vente des immeubles qui ne lui sont pas hypothéqués que
dans le cas d’insuffisance de ceux qui lui sont
hypothéqués, sauf si l’ensemble des ces biens constitue
une seule et même exploitation et si le débiteur le
requiert.
Le créancier hypothécaire doit commencer par saisir les
immeubles sur lesquels porte sa garantie, avant
d’envisager, subsidiairement, la saisie des immeubles qui
ne le sont pas.
P.2- Le titre exécutoire
Une créance ne peut en principe donner lieu à une saisie
que si elle est constatée par un titre exécutoire, c’est à dire
un titre ou un acte permettant à son bénéficiaire de
poursuivre l’exécution forcée en recourant, au besoin, à la
force publique.
Le titre exécutoire se caractérise formellement par
l’apposition de la formule exécutoire sur la première
expédition du titre ou de l’acte.
A- La notion de titre exécutoire et son contenu

Le titre exécutoire est un écrit qui constate un acte juridique. Il


permet à sont titulaire de recourir à des mesures d’exécution
forcée.
Les différents titres exécutoires sont énumérés par l’article 33
AURVE. Selon ce texte, Seuls constituent des titres exécutoires:
1) les décisions juridictionnelles revêtues de la formule exécutoire
et celles qui sont exécutoires sur minute. En principe, ces
décisions ne constituent des titres exécutoires que si elles sont
passées en force de chose jugée c’est à dire si elles ne sont pas
susceptibles de recours suspensifs. Cf. Art. 353 CPC (SN).
2) les actes et décisions juridictionnelles étrangers ainsi
que les sentences arbitrales déclarées exécutoires par une
décision juridictionnelle non susceptible de recours
suspensif d’exécution de l’Etat dans lequel le titre est
invoqué.
3) les procès-verbaux de conciliation signés par le juge et
les parties.
4) les actes notariés revêtus de la formule
exécutoire.
Le créancier, par acte notarié peut agir directement
contre son débiteur par voie de commandement et
de saisie, tandis que celui qui détient un acte sous
seing privé ne peut exécuter qu'après avoir obtenu
un jugement de condamnation.
On exprime cette propriété de l'acte notarié en
disant qu'il emporte exécution parée, paratam
exsecutionem.
5) Les décisions auxquelles la loi nationale de
chaque Etat partie attache les effets d’une décision
judiciaire.
Il s’agit notamment des actes de l’administration
tels que les contraintes et les titres de perception qui
ont force exécutoire, en vertu du privilège de
l’exécution d’office dont bénéficie l’administration.
Le contenu du titre exécutoire : l existence d une
créance cause de la saisie.

Selon l’article 31 AURVE, « L’exécution forcée n’est ouverte


qu’au créancier justifiant d’une créance certaine, liquide et
exigible ».
La créance est certaine lorsqu’elle actuelle et n’est
contestée ni dans son principe, ni dans son montant.
Pour cette raison, ne peuvent donner lieu à une exécution
forcée les créances conditionnelles et les créances
éventuelles.
On parle de créance conditionnelle lorsque la naissance de
la créance est subordonnée à une condition suspensive.
Une créance est éventuelle lorsque l’on ne sait pas si elle
existera un jour (cf. MODI KOKO).
La certitude n’est pas exigée lorsqu’il s’agit de pratiquer
une saisie conservatoire pour laquelle l’article 54 AURVE
prévoit « créance paraissant fondée en son principe ».
Une telle créance « n’est pas certaine ; elle a seulement
une apparence de certitude ».
La créance est liquide lorsqu’elle est évaluée en
argent ou lorsque le titre contient tous les éléments
de son évaluation.

Il en est ainsi parce qu’il est nécessaire de savoir de


manière précise les droits invoqués par le créancier.
La créance est exigible lorsque le paiement de celle-ci
peut être immédiatement demandé, exigé. Cette condition
interdit de pratiquer une saisie lorsque la créance est
assortie d’un terme suspensif ; il n’en serait autrement que
si le débiteur était déchu du bénéfice du terme.
L’exigibilité ne concerne cependant que les saisies à fin
d’exécution; elle ne concerne pas les saisies
conservatoires. De telles saisies peuvent être pratiquées
dès que le créancier justifie de circonstances de nature à
compromettre le recouvrement de sa créance.
B- La nécessité de la formule exécutoire
La formule exécutoire est la consécration de la force
exécutoire d’un titre.

Sa nécessité est en principe rappelée par les droits


nationaux (ex: 93 et 353 combinés du CPC aux termes
desquels, « Nul jugement ni acte ne peuvent être mis à
exécution s’ils ne portent le même intitulé que les lois et ne sont
terminés par un mandement aux officiers de justice »
La formule exécutoire doit ainsi être apposée sur les
expéditions pour les rendre exécutoires.
Le contenu de la formule exécutoire en vigueur dans les
Etats francophone est en général le suivant : « En
conséquence, la république mande et ordonne à tout
huissier de justice par ce requis de mettre ledit arrêt,
jugement ou acte à exécution, au procureur de la
République prés les tribunaux d y tenir la main, à tout
commandant et officier de la force publique de prêter
mainforte lorsqu ils en seront légalement requis ».
L’exigence de la formule exécutoire cède dans les cas où
la loi en dispose autrement.
Dans certaines hypothèses, le jugement est exécutoire au
seul vu de la minute (Articles 33).
Les ordonnances de référé, en cas de nécessité, et les
ordonnances sur requête (Article 23 AURVE), ne sont
pas revêtues de la formule exécutoire.
Ne pas confondre exécution provisoire et exécution sur
minute ou au vu de la minute. La formule exécutoire est
nécessaire dans le premier cas, mais pas dans le second.
Section 2 : Le débiteur et les tiers saisis

L’exécution forcée peut être conduite contre tout bien


appartenant au débiteur, alors même qu’il serait
détenu par un tiers.
Parag.1: Le principe de soumission du débiteur aux voies
d exécution
Il s’exprime à travers l’idée selon laquelle tout débiteur
peut faire l’objet d’une saisie. Ainsi, même si l’on assimile
le débiteur à ses ayant-cause universels et à titre universel,
il n’en reste pas moins que seul le débiteur fait l’objet de
saisie de saisie à titre principal.
Cependant, il peut arriver qu’une procédure de saisie soit
dirigée contre un tiers détenteur. Tel est le cas en matière
de saisie immobilière, lorsque la saisie, en raison du droit
de suite des créanciers munis de sûretés réelles, est
poursuivie contre le tiers acquéreur de l’immeuble.
L’incapacité du débiteur ne le met pas à l’abri d’une
saisie, mais la question va se poser de savoir contre qui
la procédure doit être dirigée. La réponse à cette
question dépend du type d’incapacité.
S’il s’agit d’une incapacité complète (mineur non
émancipé) la procédure doit être dirigée contre le
représentant légal intervient dans la procédure sans
habilitation spéciale.
S’il s’agit d’une semi-incapacité la procédure sera
dirigée contre l’intéressé lequel devra cependant être
assisté.
Parag.2. Les limites
L’exécution forcée et les mesures conservatoires, comme
l'article 30, alinéa 1er de l’Acte uniforme, ne sont pas
applicables aux personnes qui bénéficient d’une
immunité d’exécution.
Les immunités d exécution sont consacrées aussi bien en
droit interne qu’en droit international, même si leurs
conditions de mise en œuvre sont cependant différentes
(distinguer immunité d’exécution et de juridiction). Les
immunités s’attachent à la personne du débiteur.
D autres obstacles aux voies d’exécution se justifient par
des considérations humanistes.
Elles consistent en des mesures organisées en faveur du
débiteur poursuivi et concernent le cadre dans lequel se
déroulent les saisies (délai de grâce, insaisissabilités, garde
des biens saisis..).
A- L’immunité en droit interne
Fondement: l’article 30 AURVE: souci de protéger
les personnes publiques en raison de leurs missions
de service public. « L’exécution forcée et les mesures
conservatoires ne sont pas applicables aux personnes qui
bénéficient d’une immunité d’exécution ».
Mise en : détermination des bénéficiaires;
voir jurisprudence arrêt Togo Telecom.
Sur le second moyen :
Vu l’article 10 du Traité susvisé ;
Vu l’article 336 de l’Acte uniforme portant organisation des procédures simplifiées
de recouvrement et des voies d’exécution ;
Attendu qu’il est également fait grief à l’arrêt attaqué d’avoir violé les dispositions
de l’article 2 de la loi togolaise n° 90/26 du 04 décembre 1990 portant réforme du
cadre institutionnel et juridique des entreprises publiques, en ce que la Cour
d’Appel a estimé que la Société TOGO TELECOM, Société d’Etat créée par décret
n° 96/22/PR du 28 février 1996, bénéficie de l’immunité d’exécution, alors que
selon le moyen, l’article 2 de la loi susvisée soustrait les entreprises publiques du
régime de droit public, pour les soumettre au droit privé ;
Attendu qu’aux termes des articles 10 du Traité et 336 de l’Acte uniforme susvisés,
« les Actes uniformes sont directement applicables et obligatoires dans les Etats
parties, nonobstant toute disposition contraire de droit interne, antérieure ou
postérieure » et « le présent Acte uniforme abroge toutes les dispositions relatives
aux matières qu’il concerne dans les Etats parties » ;
Attendu qu’il s’infère des dispositions combinées de ces deux textes, que la portée abrogatoire des
Actes uniformes implique que les dispositions de droit national portant sur le même objet que lesdits
Actes uniformes, ou qui leur sont contraires, soient abrogées au profit des seules dispositions du droit
uniforme ;
Attendu, en l’espèce, que l’article 2 de la loi togolaise n°90/26 du 04décembre 1990 portant réforme
du cadre institutionnel et juridique des entreprises publiques, dont la violation est invoquée par les
demandeurs au pourvoi, dispose que « les règles du droit privé, notamment celles du droit civil, du
droit du travail et du droit commercial, y compris les règles relatives aux contrats et à la faillite, sont
applicables aux entreprises publiques, dans la mesure où il n’y est pas dérogé par la présente loi.
Les entreprises publiques sont soumises aux règles du plan comptable national.
La réglementation générale sur la comptabilité publique ne leur est pas applicable » ; que lesdites
dispositions de droit interne togolais, qui soustraient les entreprises publiques du régime de droit
public pour les soumettre au droit privé, privent celles-ci, notamment de l’immunité d’exécution
attachée à leur statut d’entreprises publiques ; que ce faisant, elles contrarient les dispositions de
l’article 30 de l’Acte uniforme susvisé, qui consacre ce principe d’immunité d’exécution des
entreprises publiques, alors même que, d’une part, l’article 336 dudit Acte uniforme a expressément
abrogé «toutes les dispositions relatives aux matières qu’il concerne dans les Etats parties » et, d’autre
part, que l’article 10 du Traité susvisé dispose que « les Actes uniformes sont directement applicables
et obligatoires dans les Etats parties nonobstant toute disposition contraire de droit interne, antérieure
ou postérieure » ;
Qu’au regard des dispositions de ces deux articles du droit uniforme OHADA, seul est
applicable, en l’espèce, l’article 30, alinéas 1er et 2, de l’Acte uniforme sur les voies
d’exécution ; qu’ainsi, en considérant que « la décision déférée porte sur une matière
relevant des domaines indiqués dans ledit Acte [Acte uniforme sur les voies d’exécution],
qui ne peut que recevoir application » pour conclure que la Société TOGO TELECOM, en
sa qualité d’entreprise publique, bénéficie de l’immunité d’exécution, conformément à
l’article 30, alinéas 1er et 2 dudit Acte uniforme, la Cour d’Appel de Lomé a fait une saine
application de la loi et confirmé à bon droit l’ordonnance querellée ; qu’il suit que le second
moyen, tiré de la violation de l’article 2 de la loi togolaise n° 90/26 du 04 décembre 1990,
doit également être rejeté comme non fondé ;
Attendu que Aziablévi YOVO et autres ayant succombé, il y a lieu de les condamner aux
dépens ;
Portée: insaisissabilité des biens et admission de la
compensation.
Art. 30, al.2 AURVE: « les dettes certaines, liquides et
exigibles des personnes morales de droit public ou des
entreprises publiques, quelles qu’en soient les formes et la
mission, donnent lieu à compensation avec les dettes
également certaines, liquides et exigibles dont quiconque
sera tenu envers elles sous réserve de réciprocité ».
B- L’immunité en droit international
Le droit international accorde des privilèges et des immunités aux
Etats étrangers et à leurs diplomates. Ces mesures de protections
sont organisées par la Convention de Vienne du 18 avril 1961 sur
les relations diplomatiques. Ces privilèges sont aussi accordés aux
agents de certaines organisations internationales pour des raisons
qui sont cependant différentes. En ce qui concerne l’Etat étranger,
les souverains ou les chefs d’Etats, le fondement de l’immunité
d’exécution est la courtoisie internationale et le souci de chaque
Etat de respecter la souveraineté de l’autre.
L’immunité accordée aux organismes internationaux résulte d’un
accord de siège entre l’organisme et l’Etat où est établi son siège.
Toute mesure d’exécution entreprise au mépris de cette
immunité encourt la nullité. Cependant, le créancier qui,
pour cette raison, se trouve empêché de recouvrer sa
créance est en droit d’obtenir une indemnisation de
l’Etat, si l’immunité résulte d’un accord de siège.
Par contre, lorsque la personne bénéficiaire de
l’immunité est poursuivie pour un engagement contracté
à l’occasion d’une activité industrielle ou commerciale,
elle ne peut invoquer l’insaisissabilité de ses biens. Il en
est de même lorsque la personne renonce à son
immunité.
C- Les autres mesures de protection du débiteur saisi
Les voies d’exécution se heurtent fréquemment aux principes du
respect de la vie privée et de l’inviolabilité du domicile. Ces
principes ont une valeur constitutionnelle et ne peuvent être mis
en échec qu’avec l’autorisation du juge.
Art. 46 alinéa 1er AURVE: interdiction de mesures d’exécution
effectuée un dimanche ou un jour férié, si ce n’est en cas de
nécessité et en vertu d’une autorisation spéciale du président de la
juridiction dans le ressort de laquelle se poursuit l’exécution. De
même, les mesures d’exécution ne peuvent initiées avant 8 heures
ou après 18 heures, sauf en cas de nécessité, avec l’autorisation
du juge et seulement dans les lieux qui ne servent pas à
l’habilitation.
Protection du débiteur avec l’obligation pour l’huissier
de justice d’assurer la fermeture de la porte ou de l’issue
par laquelle il est entré dans les lieux, lorsque la saisie est
effectuée en l’absence du débiteur ou de toute personne
se trouvant dans les lieux.
L’Acte uniforme subordonne la saisie, opérée dans ces
conditions, à la présence de l’autorité administrative
compétente ou d’une autorité de police ou de
gendarmerie, sur requête de l’huissier ou de l’agent
chargé de l’exécution (Art. 46 AURVE).
L’article 36, alinéa 1er AURVE prévoit que le débiteur est
réputé gardien des objets saisis, s’il s’agit de biens
corporels.
Celui-ci pourra, à condition de ne pas commettre d’abus,
conserver l’usage de ses biens et continuer à en percevoir
les fruits pour ses besoins personnels et ceux de sa
famille, sous réserve de poursuites pour détournement
d’objets saisis.
Possibilité d’obtenir du juge l’aménagement de la dette.
Les mesures d’aménagement de la dette ont cependant
été assorties de garanties dont la finalité est de protéger
les intérêts du créancier.
Aussi, pour rétablir un certain équilibre, l’Acte uniforme
a-t-il prévu que l’octroi des mesures d’aménagement peut
être subordonné à l’accomplissement, par le débiteur,
d’actes propres à faciliter ou à garantir le paiement de la
dette (art. 39, al. 3 AURVE)
Parag.3: La situation des tiers
A- Le tiers saisi
Notion: personne qui n’est pas partie dans une procédure
d’exécution parce qu’elle n’a ni la qualité de créancier, ni
celle de débiteur.
Le tiers peut être saisi lorsqu’il détient un bien
appartenant au débiteur ou est tenue d’une obligation
envers celui-ci: tiers saisi.
Obligations: Les tiers sont tenus en premier lieu de
s’abstenir de faire obstacle aux procédures engagées en
vue de l’exécution ou de la conservation des créances.
En second lieu, les tiers doivent apporter leur concours
aux agents chargés de l’exécution lorsqu’ils en sont
légalement requis.
Il en est ainsi de toute personne dont l’intervention est
sollicitée par l’agent d’exécution : ex : un serrurier.
Obligations spécifiques à la charge du tiers saisi, en
raison de sa double qualité de tiers et de détenteur:
- déclarer au créancier, sur le champ, l’étendue de ses obligations
à l’égard du débiteur ainsi que les modalités qui pourraient les
affecter (art.156 AURVE, art.36, al.4 AURVE);
- s’acquitter de son obligation de paiement entre les mains du
créancier.
Sanctions: - condamnation à verser des dommages et
intérêts -condamnation au paiement des causes de la
saisie (art. 38 AURVE).
B- Cas particulier de l Etat:
L’Etat a une obligation de concours prévue par l’article
29 AURVE aux termes duquel « L’Etat est tenu de prêter
son concours à l’exécution des décisions et des autres
titres exécutoires ».
L’huissier de justice ou l’agent chargé de l’exécution peut
se trouver confronté à des difficultés matérielles qui
empêchent la conduite des opérations d’exécution. Dans
ce cas, il lui est reconnu le droit de requérir l’assistance de
la force publique en s’adressant aux autorités qui
disposent de celle-ci.
Selon l’article 29 alinéa 2, « La formule exécutoire vaut
réquisition directe de la force publique »
La carence ou le refus de l’Etat de prêter son concours
engage sa responsabilité.
Section 3 : L intervention des autorités publiques

Pour garantir le bon déroulement des voies d’exécution, le droit


uniforme confère à certaines autorités des compétences
spécifiques. Il en ainsi de l’huissier de justice ou de la juridiction
instituée par l’article 49 AURVE.
L huissier de justice: sous réserve des cas pour lesquels la loi
prévoit l’intervention d’autres agents publics, les huissiers de
justice sont des officiers ministériels chargés de toutes les
citations, assignations, procès-verbaux de constat, notifications,
significations judiciaires et extrajudiciaires ainsi que tous actes ou
exploits nécessaires à l’exécution forcée des actes publics, des
ordonnances, jugements et arrêts.
La juridiction de l article 49: le droit uniforme OHADA a
prévu, à travers l’article 49 AURVE, une juridiction chargée de
trancher les contestations résultant des mesures d’exécution
forcée.
« La juridiction compétente pour statuer sur tout litige ou toute
demande relative à une mesure d’exécution forcée ou à une saisie
conservatoire est le président de la juridiction statuant en matière
d’urgence ou le magistrat délégué par lui ».
Le texte vise le « président de la juridiction statuant en matière
d’urgence », or, justement, la matière d’urgence est de la
compétence du président de la juridiction qui a statué sur le fond
et qui, en ce cas, statue en matière de référé.
Selon une jurisprudence constante de la CCJA, les difficultés
d’exécution relèvent, « quelle que soit l’origine du titre exécutoire
dont l’exécution est entreprise, de la compétence préalable du
président de la juridiction statuant en matière d’urgence et en
premier ressort ou de son délégué » (CCJA, arrêt n°007 du 24 avril 2003, CI-
TELECOM devenue Côte d’Ivoire TELECOM c/ société publistar, Juriscope.org. voy également,
CCJA, arrêt n° 001/2003 du 19 juin 2003, MCCK et SCK c/ Loteny Télécom, Rec. n°1, jan. – juin
2003, p.32).

L’article 49 dispose également que les décisions rendues en


matières de difficultés d’exécution sont susceptibles d’appel, dans
le délai de 15 jours. Il impose ainsi la règle du double degré de
juridiction et condamne, en même temps, les dispositions de droit
interne qui confère des compétences aux juridictions d’appel en
matière de difficultés d’exécution.
Chapitre 2 : Les règles relatives aux biens

En principe, tous les biens du débiteur répondent de ses


dettes et sont, dès lors, saisissables. C’est la conséquence
du droit de gage général.
L’Acte uniforme admet cependant la possibilité pour la
loi nationale de chaque Etat partie d’édicter une
insaisissabilité pour certains biens.
Section 1 : Le principe de la saisissabilité des biens du
débiteur
Conditions: appartenance et disponibilité des biens au
débiteur.
L appartenance des biens au débiteur: Le créancier ne peut
exercer son droit de gage général que sur des éléments d’actif
qui répondent de la créance.
La saisie serait privée d’effet si elle était pratiquée sur un bien
appartenant à une personne autre que le débiteur.
Question: le créancier d’un associé peut-il saisir les biens
apportés par celui-ci à la personne morale?
La personne dont les biens sont saisis, alors qu’elle n’est pas
débitrice, dispose d’une action en distraction d’objets saisis
conformément à l’article 141 AURVE.
Le débiteur peut demander la nullité de la saisie portant sur un
bien dont il n’est pas propriétaire. Cette règle, bien que prévue
par l’article 140 AURVE à propos de la saisie-vente, doit être
étendue à toutes les autres saisies ; la propriété du bien apparaît
ainsi comme une condition de validité des saisies (Il faut cependant que
la demande soit accompagnée des pièces justifiant l’appartenance des biens à une personne autre
que le créancier. Les juges du fond exercent leur pouvoir souverain dans l’appréciation des pièces
produites ; voy. CCJA, arrêt n°06 du 08 janv. 2004, ohadata J-04-90. L’action en distraction est
irrecevable après la vente des biens saisis. Dans ce cas, le propriétaire ne peut qu’exercer l’action en
revendication).
L’article 249 AURVE affirme que « la part indivise d’un
immeuble ne peut être mise en vente avant le partage ou
la liquidation que peuvent provoquer les créanciers d’un
indivisaire ». Cette règle est une conséquence de
l’interdiction d’effectuer une saisie sur un bien qui n’est la
propriété du débiteur.
La disponibilité des biens:
Indisponibilité résultant du droit des procédures
collectives: cf. art. 75 al. 1, AUPC. V. Ordonnance de
suspension
Indisponibilité résultant de l’existence d’une saisie. C’est
la traduction de la règle « saisie sur saisie ne vaut ».

Un bien qui a déjà été saisi ne peut plus faire l’objet


d’une saisie indépendante ; par conséquent, les créanciers
subséquents doivent se joindre aux poursuites engagées
par le premier saisissant.
Section 2: Les insaisissabilités
Elles sont des dérogations ou obstacles à l’effectivité du droit
de saisie (ou de gage général).
Fondements variés: insaisissabilités d’origine légale ou
conventionnelle – Insaisissabilités à titre principal ou par voie
de conséquence (en raison de l’inaliénabilité de biens hors
commerce qui peuvent faire l’objet d’une vente forcée). Ainsi
certains biens sont inaliénables soit en raison de leur appartenance (biens
appartenant à l Etat, aux collectivités locales et aux entreprises
publiques, soumis au régime de la domanialité publique et protégés
par l immunité d exécution instituée par l article 30 AURVE), soit
en raison de leur nature (biens inaliénables et par suite insaisissables
en raison de leur caractère personnel: exemple des offices
ministériels).
Insaisissabilités d origine légale: elles peuvent être distinguées
selon le motif: protection de l’intérêt général ou de l’intérêt
particulier du saisi.
- Protection de l intérêt général: insaisissabilité des effets de
commerce qui s’explique par l’intérêt du commerce. Leur libre
saisissabilité par les créanciers du tireur ou d’un endosseur
ruinerait la sécurité qu’ils confèrent au porteur et paralyserait leur
circulation.
Suspension ou interdiction des poursuites individuelles résultant
de l’ordonnance (RP) ou du jugement d’ouverture (RJ ou LB).
L’intérêt collectif professionnel fonde une autre insaisissabilité
au profit des syndicats (ex: article L.17 du Code du travail SN
« Les immeubles et objets mobiliers nécessaires (aux réunions des
syndicats professionnels), à leurs bibliothèques et leurs cours
d'instruction professionnels sont insaisissables ».
-insaisissabilités ayant pour but la protection du saisi

La saisissabilité des biens appartenant au débiteur étant


le principe et le créancier méritant au moins autant de
considération que le saisi, les insaisissabilités édictées
dans l’intérêt de celui-ci ne peuvent s’expliquer que par
un souci d’humanité.
Certains biens meubles corporels peuvent être
déclarés insaisissables, pour aucune créance
que ce soit, même celle de l’Etat.
Ainsi, sont insaisissables les objets mobiliers corporels
indispensables à la vie du débiteur, les créances ayant un
caractère alimentaire, les pensions civiles et militaires, les
indemnités ou rentes perçues en vertu de la réglementation sur
les accidents du travail, les prestations familiales et les
salaires pour la fraction fixée par la loi.
L insaisissabilité d origine volontaire
La possibilité pour le débiteur de rendre une partie de ses
biens insaisissables est une atteinte au droit de gage
général des créanciers.
Les insaisissabilités d’origine volontaire sont cependant
admises, à titre exceptionnel, notamment en matière de
libéralités (les actes de dispositions à titre gratuit peuvent
contenir une stipulation suivant laquelle les biens
transmis seront insaisissables entre les mains du
bénéficiaire).
2e Partie: Les règles propres aux différents types de
saisies
Variété des formes de saisie. Certaines sont des innovations du
droit uniforme d’autres déjà connues.
Saisie conservatoire: saisie dont la finalité n’est pas le
recouvrement de la créance, mais la conservation des droits du
créancier .
Saisies à fin d exécution: sont motivées par le besoin de paiement.
Distinguer les saisies selon qu’elles visent à appréhender un bien
meuble – saisie mobilière (Ch.1) ou un bien immeuble – saisie
immobilière (Ch.2).
Chapitre 1: Les saisies mobilières
Elles sont de deux catégories qui se distinguent par leur
finalité:
- soit la saisie tend à conserver les droits du créancier; il
s’agit dune saisie conservatoire;
- soit à la vente et au paiement, il s’agit de la saisie vente.
Section 1: Les saisies conservatoires
Saisies qui portent exclusivement sur les biens mobiliers corporels
ou incorporels et dont la fonction n’est pas de poursuivre
l’exécution et de réaliser le vente du bien saisi ; il s’agit de rendre
indisponible le bien de manière à en assurer la conservation.
Quatre types de saisies conservatoires (article 54 à 90): la saisie
conservatoire des biens meubles corporels, la saisie conservatoire
des créances, la saisie conservatoire des droits d’associé et des
valeurs mobilières et la saisie–appréhension. Ces différentes
saisies sont soumises à des règles générales communes aux
différentes saisies (parag.1), complétées par des règles qui sont
propres à chaque type de saisie (parag.2).
P.1: Règles communes aux saisies conservatoires
Il s’agit de règles générales applicables à toutes les saisies
conservatoires et définies dans les articles 54 à 61 AURVE.
Elles concernent les conditions requises pour pratiquer une
saisie et le déroulement de la procédure.
Dans les législations qui étaient applicables avant l’entrée en vigueur de l’Acte
Uniforme, il y avait généralement deux types de saisies conservatoires : la saisie
conservatoire de droit commun et les saisies conservatoires spécialisées qui étaient
utilisées dans des domaines précis : la saisie-gagerie destinée à garantir les créances
nées du contrat de bail , la saisie foraine ayant pour objet de garantir les créances sur
les débiteurs de passage et la saisie-revendication permettant d’exercer le droit de
suite sur les meubles corporels.
A- Les conditions de la saisie conservatoire
Souplesse des conditions: L’absence de finalité
exécutoire dans la saisie conservatoire. Destinées à
assurer la sauvegarde des droits du créancier dans
l’attente de l’exécution, elles échappent aux exigences du
commandement préalable et du titre exécutoire
auxquelles sont subordonnées les mesures d’exécution
forcée.
« Toute personne dont la créance paraît fondée dans son principe peut, peut par
requête, solliciter de la juridiction compétente du domicile ou du lieu où demeure le
débiteur, l’autorisation de pratiquer une mesure conservatoire sur tous les biens
mobiliers corporels ou incorporels de son débiteur, sans commandement préalable, si
elle justifie de circonstances de nature à en menacer le recouvrement » Art. 54 AURVE
- Une créance paraissant fondée en son principe:
Éviter les immixtions intolérables dans le patrimoine
d’autrui.
La créance n’est certes pas nécessairement certaine ou
exigible, mais l’on exigera une certaine apparence de
droits (Cass. Civ., 27 nov. 1991, Bull. civ., IV, n°359).
La jurisprudence considère comme fondée en son
principe, une créance qui s’appuie sur des factures de
livraison de marchandises ou une reconnaissance de
dette.
- Un péril dans le recouvrement de la créance:

Cette exigence est relative à la nécessité de la mesure


conservatoire.
L’article 54 AURVE subordonne ainsi l’exercice de la
saisie conservatoire à l’existence de circonstances de
nature à menacer le recouvrement de la créance.
La formule utilisée par l’Acte uniforme pour exprimer cette
condition est pratiquement la même que celle qui est utilisée dans
l’article 67, alinéa 1er de la loi française du 9 juillet 1991. Or selon
la doctrine et la jurisprudence françaises, cette formule est
synonyme de risque d’insolvabilité imminente du débiteur. Il faut
en déduire que l’autorisation ne sera pas accordée s’il n’existe pas
un risque sérieux d’insolvabilité du débiteur (Nécessité de la
preuve d éléments particuliers de nature à laisser supposer une
insolvabilité imminente ou dont la survenance est à craindre).
La preuve du péril ne peut résulter de la qualité de créancier, mais
d'un risque imminent d'insolvabilité de l'adversaire ayant pour
conséquence l'impossibilité totale de recouvrement de la créance
litigieuse (CA Port Gentil).
- Une autorisation judiciaire préalable
La non-exigence du titre exécutoire, dans la mise en œuvre des
saisies conservatoires, conduit à imposer le recours au juge afin
d’en contrôler la régularité. Selon l’article 54 AURVE la personne
qui veut pratiquer une saisie conservatoire doit solliciter une
autorisation judiciaire. Il existe cependant des dérogations à ce
principe.
Le principe du contrôle judiciaire: C’est par requête que le
créancier saisit le juge pour obtenir l’autorisation de pratiquer une
saisie conservatoire. La question de la détermination du juge
compétent demeure cependant entière.
Aucune réponse complète et précise n’a été apportée dans
l’Acte uniforme relatif aux voies d’exécution. L’article 54
AURVE parle simplement de la juridiction compétente du
domicile ou du lieu où demeure le débiteur.
Si la question de la compétence territoriale est réglée dans
ce texte, il n’en est pas de même de la question de la
compétence d’attribution. Il faut donc se référer à l’article 49,
alinéa 1er AURVE qui se trouve dans la partie consacrée aux dispositions
applicables à toutes les voies d’exécution. Ce texte donne compétence au
président de la juridiction statuant en matière d’urgence ou au magistrat
délégué par lui.
L’autorisation est caduque si la saisie n’est pas
pratiquée dans un délai de 3 mois à compter de la
décision.

Un commandement préalable n’est pas nécessaire


pour deux raisons. Lesquelles?
1. d’une part parce que pour être efficaces, les saisies
conservatoires doivent constituer une surprise pour le
débiteur ; si l’effet de surprise n’existait pas, ce qui serait le
cas avec le commandement, le débiteur pourrait faire
disparaître ses biens ;
2. d’autre part parce que le commandement suppose un
titre exécutoire ; or la saisie conservatoire peut être
pratiquée sans titre exécutoire.
L’autorisation judiciaire n’est pas nécessaire et le
créancier en est dispensé, dans les cas suivants (art. 55
AURVE):
- lorsque le créancier détient un titre exécutoire
permettant de pratiquer directement une saisie exécution,
mesure plus grave;
- en cas de défaut de paiement (dûment constaté
notamment à travers l’établissement d’un protêt) d’une
lettre de change acceptée, d’un billet à ordre et d’un
chèque ;
- en cas de loyer impayé après commandement,
lorsque le loyer résulte d’un contrat de bail
d’immeuble écrit.
Cette curieuse dispense semble admise en droit uniforme des voies
d’exécution sous le coup d’un mimétisme irréfléchi. L’admission
en droit français d’une telle dispense n’ayant été faite « au cours
de travaux parlementaires, sur un amendement déposé au Sénat,
contre l’avis du Gouvernement », devrait susciter la méfiance des
rédacteurs de l’Acte uniforme, d’autant que la doctrine dans sa
majorité, la trouve véritablement curieuse.
B- Les effets de la saisie conservatoire
Effet principal: l’indisponibilité des biens appréhendés;
Effet secondaire: interruption de la prescription.
L indisponibilité des biens
Selon l’article 56 AURVE, « La saisie conservatoire peut
porter sur tous les biens mobiliers, corporels ou incorporels
appartenant au débiteur. Elle rend ces biens indisponibles ».
Pour analyser cette indisponibilité, il sera nécessaire de distinguer
selon qu’il s’agit de saisie portant sur une créance ayant pour objet une
somme d’argent ou de saisie portant sur un bien d’une autre nature.
Distinction qui s’impose au regard des articles 57 et suivants AURVE.
- Lorsque la saisie porte sur une créance de somme d argent
L’acte de saisie rend cette créance indisponible à concurrence du
montant autorisé par la juridiction compétente ou, lorsque cette
autorisation n’est pas nécessaire, à concurrence du montant pour
lequel la saisie est pratiquée. Le plafond d’indisponibilité est fixé
automatiquement et le cantonnement n’a plus sa raison d’être.
Selon l’art. 58 AURVE, les établissement financiers et assimilés
sont tenus dans les conditions de l’article 161 AURVE (obligation
de déclarer la nature du ou des comptes du débiteur ainsi que
leur solde au jour de la saisie).
Question: Pourquoi une telle obligation?
La saisie vaut de plein droit consignation des sommes
devenues indisponibles et confère au saisissant un droit
de gage Art. 57, al. 2 AURVE ;
Dès l’acte de saisie, l’interdiction de disposer des sommes
est renforcée par l’obligation de la consigner, et cela sans
qu’il soit besoin d’une intervention du juge.
Lorsque la saisie porte sur des biens d une autre nature

Elle a pour effet de rendre indisponibles les biens qui en


font l’objet.
Il n y a cependant pas de plafonnement: le plafonnement
suppose que les biens appréhendés puissent être évalués de manière
incontestable pour déterminer, et par conséquent plafonner », la portion du
patrimoine qui devrait être frappée par la saisie; ce qui est pratiquement
impossible.
La possibilité de procéder à la conversion de la saisie
conservatoire
Le propre d’une mesure conservatoire est de ne pas
constituer une fin en soi et d’être essentiellement provisoire.
L’article 61 envisage la nécessité pour le créancier d’engager
une procédure permettant d’obtenir un titre exécutoire s’il
n’en possède pas un.
Dans le cas où le créancier ne dispose pas d’un titre
exécutoire il doit, dans le mois qui suit la saisie conservatoire
et sous peine de caducité, introduire une procédure ou
accomplir les formalités nécessaires à l’obtention du titre
exécutoire qui lui manque ; muni de ce titre, il pourra
recourir aux mesures exécutoires.
C- Les incidents de la saisie conservatoire
Possibilité d’incidents sous forme de contestations qui
peuvent porter sur la mainlevée de la saisie conservatoire
(défaut de propriété des biens, absence de circonstances menaçant le recouvrement).
Article 62 AURVE « la juridiction compétente peut, à tout
moment, sur la demande du débiteur, le créancier entendu ou
appelé, donner mainlevée de la mesure conservatoire ». Ch TGI
Ouagadougou, 4 fév. 2004: le tiers saisi est irrecevable à soulever des contestations.

Le saisissant ne peut obtenir le rejet de cette demande


qu’en rapportant la preuve que les conditions générales
de la saisie sont réunies. Cf Art. 62 , in fine.
Paragraphe 2 : Les règles propres aux différentes saisies
conservatoires
Le droit uniforme OHADA des voies d’exécution prévoit
quatre formes de saisies conservatoires :
- la saisie conservatoire de meubles corporels;
- la saisie conservatoire des créances;
- la saisie conservatoire des droits d’associés et des valeurs
mobilières ;
- la saisie–appréhension.
A- La saisie conservatoire des meubles corporels:
Elle est règlementée par les articles 64 à 76 AURVE qui précisent
les opérations de saisie ainsi que les suites de la saisie.
Les opérations de saisie : procès-verbal de saisie avec toutes les
mentions requises par l’article 64 AURVE à peine de nullité.
L’huissier de justice prend également les photos des meubles
saisis.
Des dispositions particulières sont prises selon que la saisie
conservatoire est pratiquée entre les mains du débiteur (articles 65
et 66) ou d’un tiers (article 67).
Les suites de la saisie:
- la conversion en saisie vente;
- la pluralité de saisies.
Lorsque le créancier détient un titre exécutoire, il signifie au
débiteur et, éventuellement au tiers, un acte de conversion en
saisie vente. Il n’est plus besoin de passer par une instance en
validation de saisie conservatoire. Par contre, le créancier qui ne
dispose pas d’un titre exécutoire doit, dans le mois qui suit
l’exécution de la mesure conservatoire, introduire une procédure
ou accomplir les formalités nécessaires à son obtention.
L’acte de conversion contient, à peine de nullité, les
mentions de l’article 69 AURVE (noms, domiciles, du
saisi et du saisissant - réf au PV - copie du titre
exécutoire sauf s’il a déjà été communiqué dans l’acte de
saisi…).
Huit jours après la signification, l’huissier:
- procède à la vérification des biens saisis et dresse
procès-verbal des biens éventuellement manquants ou
dégradés (art.70);
- interpelle le débiteur sur ces biens et peut saisir la
juridiction compétente pour obtenir les
informations utiles ou engager les poursuites
pénales.
« Si les biens ne se retrouvent plus au lieu où ils avaient été saisis, l’huissier
fait injonction au débiteur de l’informer, dans un délai de huit jours, du
lieu où ils se trouvent et, s’ils sont l’objet d’une saisie-vente, de lui
communiquer le nom et l’adresse soit de l’huissier qui y a procédé, soit du
créancier pour le compte de qui elle a été diligentée » - Art. 71 AURVE
La pluralité de saisies:
La saisie conservatoire de meubles corporels ne confère
aucun droit exclusif ni même préférentiel.
Après avoir été l’objet d’une saisie conservatoire, un bien
peut faire l’objet d’une nouvelle saisie conservatoire ou
d’une saisie-vente. l’huissier doit signifier l’acte de
conversion aux créanciers saisissants antérieurs.
B- La saisie conservatoire des créances

Cette forme de saisie obéit à un mécanisme particulier


qui lui imprime son régime juridique.
Le mécanisme de la saisie conservatoire des créances
La saisie conservatoire des créances d’argent repose sur
une opération triangulaire : elle est pratiquée à l’initiative
du créancier saisissant entre les mains d’un tiers qui est le
débiteur de son débiteur. Elle met en relation le
saisissant, le tiers saisi et le débiteur saisi.
Créancier

Créance cause
Acte de saisie

Créance objet

Débiteur Tiers saisi


La conversion en saisie-attribution
Le créancier nantit d’un titre exécutoire peut signifier au
tiers saisi un acte de conversion. Cependant, si le débiteur
est sous procédure collective, la saisie conservatoire, qui
n’a pas été convertie antérieurement, ne peut plus
produire ses effets. En conséquence, elle doit faire l’objet
d’une mainlevée.
L’acte de conversion doit, à peine de nullité, faire référence au
procès-verbal de saisie conservatoire et préciser les sommes dues
au saisissant en vertu du titre exécutoire qu’il mentionne.
L’acte contient également une demande de paiement
desdites sommes, à concurrence de ce que doit le tiers
saisi.
Celui-ci est, à travers cet acte, informé que « la demande
entraine attribution immédiate de la créance au profit du
saisissant – Article 83 AURVE.
L’acte de conversion est signifié au débiteur qui dispose
de 15 jours pour le contester devant la juridiction de son
domicile ou du lieu où il demeure.
A défaut de contestation, le tiers saisi effectue le
paiement au créancier ou à son mandataire, sur
présentation d’un certificat délivré par le greffe et
attestant cette absence de contestation.
Le paiement peut intervenir avant l’expiration de ce délai
si le débiteur déclare par écrit ne pas contester l’acte de
conversion.
B- La saisie conservatoire des droits d associés et des
valeurs mobilières

La saisie conservatoire des droits d’associés et des valeurs


mobilières présente l’intérêt de faciliter le recouvrement
des créances contre le débiteur qui en est titulaire, dès
lors que la facilité avec laquelle ces instruments circulent
rend difficile l’exercice d’une saisie- exécution.
La difficulté concerne surtout les valeurs mobilières qui
sont, en principe, négociables.
Les valeurs mobilières sont les titres émis par des personnes
morales publiques ou privées, transmissibles par inscription en
compte ou tradition, qui confèrent des droits identiques par
catégorie et donnent accès, directement ou indirectement à une
quotité du capital de la personne morale émettrice ou à un droit
de créance générale sur son patrimoine.
Transmission notamment par simple tradition; l’efficacité
de la saisie-exécution affectée, surtout que celle-ci débute
par un commandement de payer de nature à alerter le
débiteur qui peut se dessaisir des titres entre les mains
d’un tiers.
L’obligation prévue par l’article 744-1: « Les valeurs
mobilières, quelle que soit leur forme, doivent être
inscrites en compte au nom de leur propriétaire. Elles se
transmettent par virement de compte à compte », peut
réduire le risque d’inefficacité de la saisie vente.
Les opérations de saisie
Saisie mettant en relation trois personnes: l’acte de saisie
doit être suivi de sa dénonciation au débiteur, dans un
délai de huit jours, sous peine de caducité (Article 86
AURVE.
La dénonciation s’effectue par acte d’huissier comportant
les mêmes mentions que celles exigées pour la saisie
conservatoire des créances).
Les parts sociales sont saisies entre les mains de la société
émettrice.
En revanche, la dématérialisation des valeurs mobilières
conduit à attribuer la qualité de tiers saisi au mandataire
de la société ou à l’intermédiaire qui tient les comptes des
valeurs à saisir pour le compte du débiteur.
La signification de l’acte de saisie rend
indisponibles les droits pécuniaires (ex.
dividendes des actions, intérêts des obligations)
attachés à l’intégralité des parts ou valeurs
mobilières, à l’exclusion des prérogatives
extrapatrimoniales attachées aux titres (ex.
droit de vote: finalité pécuniaire de la saisie) – article 239
AURVE.
La conversion en saisie-vente

Avec un titre exécutoire, le créancier procède à la conversion


de la saisie, suivant les dispositions des articles 88 et 89
AURVE: signification par acte qui:
- indique les noms, prénoms et domiciles du saisi et du
saisissant (tenir du compte des spécificités des personnes
morales);
- fait référence au procès-verbal de saisie au titre exécutoire –
commandement de payer au débiteur.
C- La saisie-revendication
Les biens meubles corporels qui doivent être délivrés ou
restitués peuvent être revendiqués. Toute personne
apparemment fondée à en requérir la délivrance ou la
restitution peut, en attendant la remise, les rendre
indisponibles au moyen d’une saisie-revendication.
Forme particulière de saisie conservatoire, préparatoire à
une saisie appréhension ».
Il n’est cependant pas nécessaire de procéder à une saisie-
revendication avant de réaliser une saisie-appréhension.
Autorisation judiciaire nécessaire. Elle est demandée par requête
soumise aux mêmes conditions que celle requises au sujet de la
saisie conservatoire, sous peine de mainlevée (Article 228
AURVE).
La saisie revendication est entreprise par l’huissier de justice qui
signifie l’acte établit à cet effet, au tiers détenteur ou au débiteur
de la remise, dans le respect des mentions prévues par l’article
231 AURVE.
Obligation de remettre le bien ou d’informer de toute saisie
antérieure.
Délai d’un mois (à défaut l’indisponibilité cesse) pour porter la
contestation devant le juge compétent, le bien demeurant
indisponible pendant toute l’instance.
Si le saisissant dispose d’un titre exécutoire prescrivant la
délivrance ou la restitution du bien saisi, il est procédé
comme en matière de saisie-appréhension,
conformément aux articles 219 à 226 AURVE.

Cette forme de saisie, même si elle est réglementée dans


le même titre que la saisie-revendication, constitue une
saisie exécution.
Section 2. Les saisies mobilières à fin d exécution

Les saisies mobilières présentent un intérêt pratique


évident : elles sont moins formalistes que la saisie
immobilière (protection du débiteur – absence de droit de suite en matière
mobilière) et, en conséquence, les créanciers ont tendance à y
recourir. Inconvénient: une assiette qui, souvent, ne
permet pas au saisissant de recouvrer sa créance (valeur
supposée faible).
Distinction avec la saisie conservatoire: l’objet de la
saisie.
Cinq types de saisies mobilières à fin d’exécution :
- la saisie-attribution des créances de sommes d’argent;
- la saisie-vente qui ne s’applique qu’aux biens meubles corporels;
- la saisie des rémunérations qui concerne les créances de salaire;
la saisie-appréhension de biens meubles corporels et;
- la saisie des valeurs mobilières et des droits d’associés.
Il est possible d’étudier de manière séparée les saisies selon
qu’elles portent sur des sommes d’argent ou les autres biens
meubles.
Parag.1. Les saisies de créances de sommes d argent

Les mesures d’exécution forcée portant sur une somme


d’argent renvoient à trois formes de saisies : la saisie-
attribution, la saisie des rémunérations et la saisie sur avis
à tiers détenteur (non envisagée).
Les deux premières sont réglementées par l’Acte
uniforme portant organisation des procédures simplifiées
de recouvrement et des voies d’exécution. L’admissibilité
de l’avis à tiers détenteur est par contre l’objet de
discussions.
A- La saisie-attribution de créances
Mesure d’exécution par laquelle un créancier, muni d’un titre
exécutoire, bloque entre les mains d’un tiers les sommes
d’argent que celui-ci doit à son débiteur en vue de se les faire
attribuer.
Les conditions subjectives: opération à trois personnes, les
conditions requises du créancier saisissant ainsi que du
débiteur saisi sont celles du droit commun de l’exécution
forcée.
S’agissant du tiers saisi, il doit nécessairement être
distinct du débiteur saisi.
Les qualités de créancier saisissant et de tiers saisi
peuvent cependant être cumulées, ce qui
correspond à la situation de saisie-attribution sur
soi-même (controversée).
Ex: deux personnes A et B, sont réciproquement
créancière et débitrice l’une de l’autre, sans que la
créance de A sur B ne soit liquide ou exigible de sorte
que la compensation ne peut s’opérer.

A peut saisir entre ses propres mains la créance qu’il a


sur B. Il se prémunit contre une éventuelle insolvabilité
de B lorsque la créance sur celui-ci viendrait à remplir les
conditions de liquidité ou d’exigibilité.
Les conditions objectives: distinction entre la créance cause de la
saisie et la créance objet de la saisie.
- La créance cause de la saisie est celle qui sert de fondement à
l’exécution.
Exigences de 153 AURVE à respecter sous peine de nullité (CCJA,
arrêt n°020/2009 du 16 avril 2009, TIEMELE BONI Antoine et autres c/ Société
MRL (…), Rec CCJA n° 13, jan-juin 2009, p.70, ohada.com/Ohadata J-10-68):
certitude, liquidité exigibilité. Nécessité d’un titre exécutoire.
- La créance objet de la saisie: celle que le créancier appréhende à
travers la saisie pour se la faire attribuer. « Les saisies peuvent
porter sur les créances conditionnelles, à terme ou à exécution
successive » Art. 50, alinéa 2, AURVE.
La procédure: Elle comprend plusieurs opérations
et débouche parfois sur des incidents.

- Opérations de saisie: un acte d’huissier (avec


mentions de l’article 157, al.2, AURVE: indiquer que le tiers
saisi est personnellement tenu envers le créancier
saisissant et qu’il lui est fait défense de disposer des
sommes saisies dans la limite de ce qu’il doit au débiteur)
signifié au tiers saisi.
Obligation de déclaration (sur le champ à l’huissier de
justice ou, au plus tard, dans les cinq jours, si l’acte n’a pas
été signifié à personne) de l’étendue des obligations envers
le débiteur ainsi que les modalités qui pourraient les
affecter et, s’il y a lieu, les cessions de créance,
délégations ou saisies antérieures, en lui communiquant
copie des pièces justificatives (156 AURVE).
B- La saisie et cession des rémunérations
Deux procédures sont visées: la saisie et la cession des
rémunérations du travail.

Règles communes:
- nécessité d’un titre exécutoire constatant une créance
certaine, liquide et exigible;
- Interdiction des saisies conservatoires (salarié à protéger –
impossibilité d’organiser la perte des revenus);
- tenue d’un registre mentionnant tous les actes et
formalités auxquels donnent lieu les saisies et cessions des
rémunérations;
- respect des proportions ou quotités de saisie et de
cession, déterminées par les droits nationaux;
- respect de la base de calcul de l’assiette.
L'assiette servant au calcul de la partie cessible ou saisissable
de la rémunération est constituée par le traitement
(fonctionnaires) ou salaire (travailleurs) brut, global, avec
tous les accessoires, déduction faite (article 177) :
- des taxes et prélèvements légaux obligatoires retenus à la source,
- des indemnités représentatives de frais,
- des prestations, majorations et suppléments pour charge de famille,
- des indemnités déclarées insaisissables par les lois et règlements de chaque Etat
partie.
Au Sénégal, le CPC prévoit une saisissabilité progressive au
fur et mesure qu’augmente le salaire.
Article 381: ( ) les salaires ne peuvent
être saisis que pour la portion ci-après:
- 10% jusqu à 20 000 francs par mois;
- 20% de 20 001 à 30 000 francs par mois;
- de 30 001 à 100 000 francs par mois;
- de 40 001 à 200 000 francs par mois;
100% au-delà de 200 000 francs par mois.
Le total des sommes cédées ou saisies ne peut, en aucun
cas, fût-ce pour des dettes alimentaires, excéder la quotité
cessible ou saisissable.
Lorsqu'un débiteur reçoit des traitements ou des salaires
de plusieurs employeurs, la fraction cessible ou saisissable
est calculée sur l'ensemble des sommes.
La saisie des rémunérations:
La saisie des rémunérations ne peut être pratiquée
qu’après une tentative de conciliation devant la
juridiction compétente du domicile du débiteur (article
174). La procédure est conduite par le greffier.
1. La tentative de conciliation:
La demande de tentative de conciliation est faite par le
créancier au moyen d'une requête contenant les mentions
de l'article 179.
Convocation (mentions de l’art.181: date, lieu) au créancier
(article 180) et au débiteur (article 181) par le greffe.
Etablissement du procès-verbal de la comparution des parties
ou de l'une d'elles.
En cas de conciliation, le procès-verbal mentionne les
conditions de l'arrangement intervenu.
En cas de non-conciliation, le président du tribunal ordonne,
s'il y a lieu et après vérification de la créance et de son
montant, la saisie en tranchant les contestations soulevées
par le débiteur (article 182).
Opérations de saisie:
Notification par le greffier à l'employeur, dans les huit jours
de la non-conciliation, d’un acte de saisie contenant les
mentions prévues à l'article 184 (article 183).
Déclaration par l’employeur au greffe dans les 15 jours, faute
de quoi il peut être déclaré débiteur des retenues à opérer, des
frais et, éventuellement, de dommages -intérêts.
Informations par l'employeur au greffe et au saisissant de
toute modification de ses relations juridiques avec le saisi de
nature à influer sur la procédure en cours, tels que la rupture
de contrat, sa suspension, la modification du salaire, ...,
(article 186).
Effets de la saisie:
La notification de l'acte de saisie frappe d’indisponibilité́ la
quotité́ saisissable du salaire (article 187).
Tous les mois, l'employeur adresse au greffe le montant des
sommes retenues.
Si l'employeur omet d'effectuer les versements, la juridiction
compétente peut le déclarer personnellement débiteur des
sommes dues par décision qui lui est notifiée, ainsi qu'au
débiteur et au créancier.
Le tiers saisi peut faire opposition à cette décision dans les 15
jours, faute de quoi celle-ci devient définitive (article 189).
La procédure simplifiée pour les créances d aliments
Les créanciers d'aliments munis d'un titre exécutoire
peuvent également saisir les rémunérations de leur
débiteur, au moyen d'une procédure simplifiée (art 213).
Ces créances sont préférées à toutes autres, quel que soit
le privilège dont ces dernières peuvent être assorties.
La demande de saisie est notifiée directement au tiers par
lettre recommandée avec accusé de réception par
l'huissier qui en avise le débiteur par simple lettre (art
214).
Titre exécutoire non exigé.
Aucune cession des rémunérations ne peut être consentie
sans que cette procédure soit respectée, quel que soit le
montant de cette cession (art 205).
Elle débute par une déclaration de cession faite par le cédant
en personne au greffe de la juridiction de son domicile ou au
lieu où il demeure.
La juridiction compétente vérifie que la cession reste dans les
limites de la quotité́ cessible. Le greffe mentionne la
déclaration sur le registre spécial et la notifie à l'employeur
(en respectant les mentions exigées par l'article 206). Ensuite,
la déclaration est remise ou notifiée au cessionnaire.
L'employeur doit verser directement au cessionnaire le
montant des retenues sur production d'une copie de la
déclaration de cession, faute de quoi il peut y être
contraint comme tout tiers saisi (art 207).
En cas de survenance d'une saisie, le cessionnaire est, de
droit, réputé́ saisissant pour les sommes qui lui restent
encore dues à ce moment et entre en concours avec les
autres créanciers saisissants (article 208). A partir de ce
moment, l'employeur est informé qu'il doit faire les
versements de toutes les sommes cédées et saisies au
greffe (article 209).
Parag.2- Les saisies de biens meubles corporels
A- La saisie vente
C’est le droit commun en matière saisies débouchant sur la vente de
meubles corporels.
Il existe en effet deux saisies particulières applicables aux récoltes
sur pied et celle relative aux droits d’associés et valeurs mobilières.
La saisie vente peut être pratiquée sur tous les biens meubles
corporels du débiteur qu’ils soient ou non détenus par ce dernier
(art. 91, al.1 AU/RVE). Il convient d’examiner successivement le
déroulement dans opération et les suites de la saisie
I - Le déroulement des opérations

Il faut avant tout un commandement ; c’est seulement après que les


opérations de saisie pourront être effectuées.

Le commandement: Commandement de payer (avertissement solennel au


débiteur) signifié au débiteur au moins 8 jours avant la saisie (Art 92
AURVE). La signification se fait à personne ou à domicile, pas à domicile
élu (article 94 AU/RVE). Dès lors, outre les mentions exigées pour la
validité des exploits, il comporte deux énonciations spécifiques :

- d’une part, la mention du titre exécutoire avec le décompte distinct des


sommes réclamées ainsi que l’indication du taux des intérêts ;

- d’autre part, avoir à payer la dette dans un délai de 8 jours sous peine de
vente forcée des biens meubles.
- Les opérations de saisie
L’huissier ou l’agent d’exécution peut, sur justification
du titre exécutoire, pénétrer dans un lieu servant ou
non à l’habitation dans les conditions prévues par les
articles 41 à 46 AU/RVE si à l’expiration du délai de 8
jours le paiement n’est pas effectué (Art 98 AURVE).
La procédure est conduite de manière différente selon
que les biens se trouvent entre les mains du débiteur ou
celles d’un tiers.
Les opérations de saisie entre les mains du
débiteur:
Si le débiteur est présent au moment de la saisie,
l’huissier doit préalablement réitérer, de manière
verbale, la demande de paiement et informe le
débiteur qu’il est tenu de faire connaître les biens
qui auraient fait l’objet d’une saisie antérieure.
Inventaire des biens et établissement de l’acte de
saisie conformément à l’article 100 AURVE.
Rappelle verbal également de l’indisponibilité des
biens saisis et les conséquences qui s’y attachent
ainsi que la faculté de procéder à une vente
amiable; déclarations mentionnées dans le procès –
verbal dont copie laissée au débiteur (elle vaut
signification).
Les opérations de saisie entre les mains d un tiers
Le tiers n’étant pas responsable de la saisie et le titre
exécutoire n’étant pas dirigé contre lui, l’huissier de
justice doit être porteur d’une autorisation délivrée , sur
requête, par la juridiction du lieu de situation des biens .

Lorsqu’il se présente chez le tiers, l’huissier l’invite juste


à déclarer les biens qu’il détient pour le compte du
débiteur et parmi ces derniers, ceux qui auraient fait
l’objet d’une saisie antérieure.
Le tiers qui refuse de faire la déclaration ou la fait de
manière inexacte ou mensongère, peut être condamné au
paiement des causes de la saisie, sauf son recours contre
le débiteur ; il peut, en outre, être condamné au
paiement de dommages – intérêts.

Si aucun bien n’appartenant au débiteur ou si le tiers


refuse de répondre, il en est dressé acte . Cet acte lui est
remis ou signifié avec l’indication en caractères très
apparents de la même sanction.
En attendant la vente, l’acte de saisie rend les biens
indisponibles.
Ils ne peuvent donc faire l’objet de déplacement ou
d’aliénation.

Il se peut qu’une cause légitime rende leur déplacement


nécessaire ; dans ce cas, le gardien en informe
préalablement le créancier, sauf en cas d’urgence absolue.
- La vente
L’Acte Uniforme a introduit une innovation majeure en
matière de saisie mobilière puisqu’il prévoit désormais la
vente amiable à côté de la vente forcée.
La vente amiable: Le droit de procéder à une vente amiable
est consacré par l’article 115AU/RVE aux termes duquel « le
débiteur contre lequel est poursuivie une mesure d’exécution forcée peut vendre
volontairement , dans les conditions ci – après définies , les biens saisis pour en affecter le
prix au paiement des créanciers ».

Ce droit conféré au débiteur s’explique par la volonté du


législateur d’humaniser sa situation.
Le débiteur dispose d’un délai d’un mois pour procéder lui –
même à la vente des biens saisis.

Pendant la durée des opérations de vente, les biens restent


indisponibles sous la responsabilité du gardien.

En aucun cas, ils ne peuvent être déplacés avant la


consignation du prix entre les mains de l’huissier ou au
greffe ; il n’est dérogé à cette règle que s’il y a urgence
absolue.
La vente forcée: Elle ne peut avoir lieu qu’à l’expiration du
délai d’un mois imparti au débiteur pour procéder à la vente
amiable, augmenté, s’il y a lieu, du délai de 15 jours donné
aux créanciers pour prendre parti (voir art.117, dernier alinéa
AU/RVE).
Vente aux enchères publiques (normalement au lieu où se
trouent les biens) par un auxiliaire de justice habilité par la
loi nationale de chaque Etat partie ( commissaire-priseur).
Publicité effectuée en vue de la vente (affichage, annonce par voie
de presse) ) - débiteur avisé (par l’huissier) des dates et
heures dix jours au moins avant la date retenue.
Adjudication au profit du plus offrant après 3 criées (le
commissaire-priseur a répété 3 fois l’enchère et que
personne n’a proposé un prix supérieur).
Prix payable au comptant. Faute de paiement, l’objet est
revendu à la folle enchère.
Vente arrêtée lorsque le prix des biens vendus atteint un
montant suffisant pour payer en principal, intérêts et frais
les créanciers saisissants et opposants.
Incidents provoqués par le saisi
- nullité de la saisie pour vice de forme demandée par le
débiteur (commandement est mal rédigé ou mal signifié
ou lorsque l’acte ne comporte pas les mentions exigées à
peine nullité).
- nullité pour vice de fond parce que, par exemple, la dette
s’est éteinte à la suite d’ un paiement, d’une prescription
ou d’une compensation ou parce que le débiteur n’est
pas propriétaire (v. art. 140 AU/RVE).
- nullité pour insaisissabilité.
Incidents provoqués les créanciers
En cas de pluralité de créanciers, la saisie pratiquée par
l’un deux peut provoquer la réaction des autres qui
veulent faire valoir leurs droits.

Cette réaction peut prendre 3 formes : l’opposition,


l’extension de la saisie et la subrogation dans les
poursuites.
L opposition Art.130 à 138 AURVE
Il résulte de l’article 130 AU/RVE que tout créancier
muni d’un titre exécutoire constatant une créance
liquide et exigible peut se joindre à une saisie déjà
pratiquée sur les biens du débiteur par le moyen d’une
opposition (nécessairement avant la vérification des
biens qui précède la vente).
Le droit de faire opposition appartient aussi au
créancier qui procède à une saisie et auquel le débiteur
présente un procès-verbal établi lors d’une précédente
saisie.
L extension de la saisie à d autres biens
meubles corporels
Tout créancier opposant peut étendre la
saisie initiale à d’autres biens du débiteur.
De même, l’extension peut intervenir lorsqu’à
l’occasion d’une saisie, le débiteur présente
au créancier le procès – verbal de saisie
antérieure.
Enfin, l’extension de la saisie peut être le fait du
créancier premier saisissant.
En cas d’extension, il est dressé un procès – verbal
de saisie complémentaire qui est signifié au
créancier premier saisissant (sauf si c’est lui qui en
a pris l’initiative) et au débiteur.
La subrogation dans les poursuites Art. 135 AURVE
Droit pour un créancier opposant de se substituer au
premier saisissant, après sommation infructueuse
pendant 8 jours, qui ne fait pas procéder aux formalités
de la mise en vente forcée à l’expiration des délais
prévus.
Le créancier saisissant est alors déchargé de ses
obligations et il est tenu de remettre les pièces utiles à la
disposition du créancier subrogé.
Les incidents provoqués par les tiers
La propriété d’un saisi saisi peut être contestée (le conjoint du
débiteur saisi propriétaire d’un bien saisi…).
Deux actions possibles visant à suspendre la saisie: distraction et
revendication. Possibilité pour le débiteur de demander la nullité de la
saisie sur un bien dont il n’est pas propriétaire.
La demande en distraction: à former, à peine d’irrecevabilité,
justificatifs à l’appui, avant la vente. Demande signifiée au
saisissant, au saisi et éventuellement au gardien.
Le créancier saisissant met en cause les créanciers opposants par
lettre recommandée avec avis de réception ou tout moyen laissant
trace écrite.
Après la vente, il ne peut plus être question d’action en
distraction. D’ailleurs l’article 142, alinéa 1er AU/RVE
prévoit que l’action en distraction cesse d’être recevable
après la vente des biens saisis.

Seule la revendication est possible. Si ses droits sont


reconnus avant la distribution, le prix de son bien sera
distrait, les frais restant à sa charge. Après la distribution,
il ne dispose que d’un illusoire recours de droit commun
contre le saisi
B- Les saisies soumises à des règles particulières en raison de
l objet sur lequel elles portent

Saisie des récoltes sur pied

Saisie des droits d’associés et des valeurs


mobilières
I- La saisie des récoltes sur pied
Elle remplace la saisie brandon, permettant au créancier
muni titre exécutoire de mettre sous main de justice des
récoltes encore pendantes aux branches et aux racines en
vue d’un réaliser la vente (application de la théorie des
meubles par anticipation).
Elle est pratiquée sur des récoltes et fruits proches de la
maturité qui ne sont pas encore séparés du sol.
Elle ne peut être faite, à peine de nullité, plus de 6 semaines
avant l’époque habituelle de maturité.
Opérations de saisie faites selon les mêmes règles que la saisie –
vente.
Toutefois il y a des particularités tenant à la nature des biens
saisis.
- En particulier faire figurer dans l’acte de saisie la description du
terrain où sont situées les récoltes, avec sa contenance, sa
situation et l’indication de la nature des fruits.
- Procès – verbal signé par le maire ou le chef de l’unité
administrative où se trouvent les biens et copie lui en est laissée.
Le débiteur est gardien mais la juridiction compétente
peut désigner un gérant à l’exploitation.
La publicité en vue de la vente est soumise à des règles
particulières tenant compte de la nature des biens (art.
150 AURVE: affichage à la mairie, au marché le plus
proche du lieu où se trouvent les récoltes).
II - La saisie des droits d associés et des valeurs
mobilières

Saisie particulièrement difficile à réaliser pour les


valeurs mobilières (surtout les actions au porteur compte
tenu de la facilité avec laquelle on peut les transmettre).
Le débiteur peut facilement s’en débarrasser ; d’où
l’intérêt de pratiquer une saisie – conservatoire préalable.

Quelles sont les opérations et les suites de la saisie?


A - Les opérations de saisie
Un commandement de payer doit être signifié. S’il est
demeuré infructueux pendant 8 jours, la saisie peut se faire
soit auprès de la société émettrice, soit auprès du mandataire
chargé de conserver ou de gérer les titres.
L’acte de saisie doit contenir à peine de nullité les
énonciations prévues par l’article 237 AU/RVE .
Délai de 8 jours pour dénoncer la saisie au débiteur, à peine
de caducité, par la signification d’un acte qui contient, à
peine de nullité, les éléments prévus par l’article 238
AURVE.
Les suites de la saisie: indisponibilité des droits
pécuniaires
L’acte de saisie rend indisponibles les droits pécuniaires
du débiteur.

Possibilité de mainlevée en consignant une somme


suffisante pour désintéresser le créancier.
La vente
Le débiteur a la possibilité de réaliser une vente amiable dans les
mêmes conditions que pour la saisie-vente (voy article 240 AURVE
qui renvoie aux dispositions des articles 155 à 119).
A défaut de vente amiable, il y a la vente forcée par adjudication.
Celle–ci est précédée de l’établissement d’un cahier des charges
(dont copie est notifiée à la société qui en informe les associés)
qui contient, outre le rappel de la procédure antérieure, les statuts
de la société et tout document nécessaire à l’appréciation de la
consistance et de la valeur des droits mis en vente.
Les conventions instituant un agrément ou créant
un droit de préférence au profit des associés ne
s’imposent à l’adjudicataire que si elles figurent au
cahier des charges .
Mesures de publicité effectuées conformément à
l’article 243 AURVE.
Chapitre 2: La saisie immobilière
L’Acte uniforme organise une procédure impérative.
Toute convention contraire est, selon l’article 246, nulle.
Envisager les conditions dont le respect est exigé et les
étapes de la procédure. Celle-ci se déroule en effet en 4
étapes:
1. le placement de l immeuble sous main de justice
(commandement obligatoire – publication et effets du
commandement);
2. la préparation de la vente (rédaction du cahier des
charges – audience éventuelle – publication de la vente);

3. la vente: adjudication – surenchère ;

4. la distribution du prix. (Après règlement des


incidents)
I- Les conditions de la saisie
La vente forcée d'un immeuble ne peut être poursuivie
qu'en vertu d'un titre exécutoire constatant une créance
liquide et exigible.
La poursuite peut également avoir lieu en vertu d'un titre
exécutoire par provision ou pour une créance en espèces
non liquidée ; mais, dans ce cas, l'adjudication ne pourra
être effectuée que sur un titre définitivement exécutoire et
après la liquidation (art. 247) ; à vrai dire, dans cette
dernière hypothèse, l'hypothèque judiciaire est préférable
(articles 136 à 144).
Seuls les immeubles immatriculés peuvent faire l'objet d'une saisie
immobilière ; si l'immeuble à poursuivre n'est pas immatriculé, le
créancier peut y procéder si la loi nationale prévoit une telle
procédure et s'il y est autorisé par la juridiction compétente; dans
ce cas, le commandement de payer ne peut être signifié qu'après le
dépôt de la réquisition d'immatriculation et la vente ne peut avoir
lieu qu'après délivrance du titre foncier (art. 253).
La part indivise d'un immeuble ne peut être mise en vente avant le
partage ou la liquidation que peuvent provoquer les créanciers
d'un indivisaire (art. 249).
La vente forcée d'un immeuble commun doit être poursuivie
contre les deux époux (art. 250).
Principe: le créancier hypothécaire ne peut saisir
des immeubles non hypothéqués qu'en cas
d'insuffisance des immeubles hypothéqués
(subsidiarité).
Exception: les immeubles constituent une seule et
même exploitation et si le débiteur le requiert (art.
251).
La vente forcée d'immeubles situés dans des ressorts de
juridictions différentes ne peut être poursuivie que
successivement et non simultanément, sauf (art.252) :
- si ces immeubles font partie d'une seule et même
exploitation ;
- si le président de la juridiction l'autorise lorsque la valeur
des immeubles situés dans un ressort est inferieure au
montant des créances.
I- Le placement de l immeuble sous main de justice:
l importance du commandement

A. La nécessité du commandement

A peine de nullité, toute vente forcée doit être précédée


d'un commandement de payer aux fins de saisie (dans les
20 jours). Celui-ci:
- doit être signifié au débiteur et au tiers détenteur.
- doit contenir les mentions décrites par l'article 254.
Lorsque la saisie porte sur plusieurs immeubles simultanément,
un seul commandement peut suffire (art. 257).
Le tiers détenteur doit être sommé de payer ou de délaisser
l'immeuble ou de subir la procédure d'expropriation forcée ; le
délaissement se fait auprès du greffe qui en donne acte (art.
255).
Si l'immeuble est composé d'impenses réalisées par le débiteur
sur un terrain dont il n'est pas propriétaire mais qui lui a été
affecté par une autorité administrative, le commandement est
également notifié à cette autorité et visé par elle (art. 258).
L'article 256 édicte des règles particulières pour permettre à
l'huissier d'obtenir les renseignements utiles au
commandement.
B. La publication du commandement
L'huissier fait viser l'original du commandement par le
conservateur de la propriété foncière ou par l'autorité
administrative précitée à qui copie est remise pour publication.
Si le commandement n'a pas été déposé au conservateur ou à
l'autorité administrative dans les trois mois de sa signification, le
créancier saisissant doit réitérer le commandement (art. 259).
En cas de paiement dans le délai de 20 jours, l'inscription du
commandement doit être radiée par le conservateur ou l'autorité
administrative sur mainlevée donnée par le créancier ou, à défaut,
par la juridiction compétente (art. 261).
II- La préparation de la vente
La vente ne peut avoir lieu qu’après l’accomplissement
des formalités suivantes:
- la rédaction d'un cahier des charges;
- la tenue de l'audience éventuelle et;
- la publicité en vue de la vente.
1. Le cahier des charges:
Document précisant les conditions et modalités de la vente de
l'immeuble saisi. Il est rédigé (mentions de l’art. 267) et signé par
l'avocat du créancier poursuivant et déposé au greffe de la
juridiction compétente dans un délai maximal de 50 jours à
compter de la publication du commandement sous peine de
déchéance (art.266).
Un état des droits réels inscrits sur le titre foncier est annexé au
cahier des charges (art. 267).
Date de vente fixée dans l'acte de dépôt du cahier des charges (45
jours au plutôt, 90 jours au plus tard).
Sommation (indications de 270-nullité) au débiteur et aux
créanciers inscrits de prendre connaissance du cahier, 8
jours suivant le dépôt et d'y faire insérer leurs dires (art.
269).
Si les dires de folle enchère d'une réalisation forcée
antérieure ou de demande de résolution d'une vente
antérieure sont faits dans les délais (jusqu'au 5è jour
précédant l'audience éventuelle) il est sursis aux poursuites
contre les immeubles concernés (art. 271).
2. L audience éventuelle: elle est chargée de régler les
éventuelles contestations (dires) ou incidents élevés
(audience d orientation en droit français depuis 2006 voy.
TRHD 23 jan 2003: sans dires ni obs elle n a d objet le
juge renvoie à l audience d adjudication).
L'audience éventuelle n'a lieu que pour juger les dires et les
observations après échange de conclusions motivées des
parties et dans le respect du contradictoire (art. 272).
L'audience éventuelle ne peut être reportée que pour des
causes graves ou que si la juridiction compétente exerce
d'office son contrôle sur le cahier des charges (articles 273 et
275).
La juridiction compétente peut décider :
- la modification du montant de la mise à prix (art. 272,
alinéa 2 et 275),
- fixer une nouvelle date d'adjudication (art. 274, al. 2),
- la distraction de certains biens saisis si leur valeur
globale excède exagérément le montant des créances à
récupérer (art. 275) ; dans ce cas, l'article 275 dernier al.,
prévoit une procédure particulière.
Trente jours au plus tôt et quinze jours au plus tard avant
l'adjudication, extrait du cahier des charges est inséré dans
le journal d'annonces légales et par apposition de placards
dans les lieux désignés par l'article 276.

L'extrait contient, à peine de nullité, les énonciations


prévues par l'article 277.
III- La vente
1. L adjudication: Séance judiciaire au cours de laquelle la vente
forcée de l'immeuble est faite aux enchères. Au terme de celle-ci,
l'immeuble est adjugé à l'auteur de la plus forte enchère
(adjudicataire) (art. 282).
Elle débute par la réquisition de l'avocat du poursuivant qui
indique le montant des frais de poursuite taxes (art. 280).
L'adjudication peut être remise pour causes graves et légitimes par
une décision judiciaire non susceptible de recours (art. 281).
Les articles 282 et 283 règlent la façon dont se font les enchères.
Les membres de la juridiction compétente ou de l’étude
du notaire devant qui se poursuit la vente ne peuvent se
porter enchérisseurs (art. 284) ; de même le saisi et les
personnes insolvables (art. 284).
L'adjudication est prononcée par décision judiciaire ou
procès-verbal du notaire au profit du plus fort enchérisseur
ou du poursuivant pour la mise à prix s'il n'y a pas eu
d'enchère (art. 285). Cette décision est portée en minute
sur le cahier des charges (art. 290).
Article 286 : révélation du nom de l'adjudicataire dans le
cas d'enchère faite par un avocat mandataire ou de
déclaration "de commande".
La décision judiciaire ou le procès-verbal d'adjudication
n'est susceptible d'aucune voie de recours (art. 293, sauf
cas de l'article 313). Ils sont transmis à la conservation
foncière pour inscription du droit de l'adjudicataire dans
les deux mois sous peine de revente pour folle enchère
(art. 294).
2. La surenchère: dans les dix jours qui suivent
l'adjudication, toute personne peut faire surenchère sur le
prix, d'au moins un dixième (art. 287). Elle est faite au
greffe et doit être dénoncée à l'adjudicataire, au
poursuivant et au saisi dans un délai de cinq jours ; cette
dénonciation indique la nouvelle date d'audience (art.
288). A cette date, de nouvelles enchères ont lieu et
aboutissent à une seconde adjudication (art. 289).
Aucune surenchère n'est recevable après la seconde
adjudication (art. 289).
IV- Les incidents de la saisie immobilière:
Il peut surgir des incidents, c'est à dire des contestations
ou des demandes incidentes au cours de la saisie. A peine
de déchéance, elles doivent être soulevées avant l'audience
éventuelle pour être réglées à cette audience (art. 298 et
299).
1°) En cas de pluralité de saisies provenant de
commandements successifs, les poursuites sont réunies
selon les règles des articles 302 et 307.
2°) La demande en distraction de l'immeuble saisi est possible.
Elle émane du tiers qui se prétend propriétaire de l'immeuble
saisi sans être tenu personnellement de la dette ni réellement
sur l'immeuble. Elle est réglée selon les articles 308 à 310.
3°) Les demandes en annulation de la procédure antérieure à
l'audience éventuelle sont réglées selon les articles 311 à 313.
4°) La folle enchère est ouverte contre l'adjudicataire qui a
manqué aux deux obligations citées par l'article 314. Elle est
réglée selon les articles 314 à 323.
V- La distribution du prix
La procédure de distribution du prix est différente selon
qu'il n'y a qu'un seul créancier ou qu'il y en a plusieurs.
1. Il n y a qu un seul créancier:
Dans ce cas, le produit de la vente est remis au créancier
jusqu'à concurrence du montant de sa créance en
principal, intérêts et frais, le solde (s'il y en a un) étant
remis au débiteur (art. 324).
2. Il y a plusieurs créanciers:
1) Les créanciers peuvent se mettre d'accord sur la répartition
du prix du meuble ou de l’immeuble vendu.
Ils adressent leur accord au greffe ou à l'auxiliaire de justice
qui détient les fonds. Celui-ci distribue les fonds selon cet
accord (art. 325) et le solde, s'il y en a un, est remis au saisi.
2) Si les créanciers n'ont pu parvenir à un accord dans le mois
qui suit le versement du prix par l'adjudicataire, le plus
diligent d'entre eux saisit le juge aux fins de répartition (art.
326 à 332).
Cette répartition se fait selon les règles du classement des
créanciers établi par les articles 148 et 149 de l'acte
uniforme sur les sûretés.

La décision de répartition est susceptible d'appel dans les


15 jours uniquement si le montant de la somme contestée
est supérieur au taux des décisions rendues en dernier
ressort.

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