DSCG 1 + Exos Le Contrat

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DSCG UE 1 – LE DROIT DES CONTRATS ET DE LA

CONCURRENCE

CHAPITRE 1 : LA THÉORIE DU CONTRAT


 Ct synallagmatique / Ct unilatéral
Ct bilatéral ou synallagmatique = lorsque les parties s’obligent réciproquement les unes envers les autres
Ex : la vente. Il y a réciprocité des obligations : chaque partie se veut à la fois créancière et débitrice de l’autre.
Ct unilatéral = une personne est engagée envers une ou plusieurs autres, sans qu’il y ait de la part de ces
dernières un quelconque engagement
Ex : la donation, le cautionnement. Il n’y a pas d’engagement réciproque.
 Ct à titre onéreux / à titre gratuit
Ct à titre onéreux = Ct dans lequel chacune des parties reçoit de l’autre un avantage en contrepartie de celui
qu’elle procure. Il ne repose pas nécessairement sur la réciprocité d’obligations mais sur la réciprocité
d’avantages.
Ex : Ct de vente
Ct à titre gratuit = Ct dans lequel l’une des parties procure à l’autre un avantage sans attendre ni recevoir de
contrepartie.
Ex : la donation
 Ct commutatif / Ct aléatoire
Ct commutatif = Ct où chaque partie s’engage à procurer à l’autre un avantage qui est regardé comme
l’équivalent de celui qu’elle reçoit.
Ex : la vente
Ct aléatoire = Ct dans lequel les parties, sans rechercher l’équivalence de la contrepartie convenue, acceptent
de faire dépendre les effets du Ct, quant aux avantages et aux pertes qui en résulteront, d’un évènement
incertain. Il y a un aléa qui réside dans la méconnaissance pour chaque partie des obligations réelles d’une des
parties
Ex : le viager
 Ct consensuel / Ct solennel / Ct réel
Ct consensuel = le principe. Il se forme par et dès l’échange des consentements. L’accord des volontés suffit
pour créer le Ct.
Ct réel = requiert pour être parfait, en plus de l’échange des consentements, la tradition càd la remise effective
de la chose, objet du contrat
Ex : le gage, le dépôt, le prêt ...
Ct solennel ou formel = outre l’échange des consentements, il faut respecter un certain formalisme, comme la
rédaction d’un écrit (acte notarié ou sous signature privée enregistré aux Impôts donnant date certaine). Le but
est de protéger les parties contre la fraude, le défaut de conseils
Ex : Ct de mariage, cession d’un fonds de commerce
 Ct de gré à gré / Ct d’adhésion
Ct de gré à gré = le Ct suppose un accord de volonté librement débattu, conforme à la conception libérale,
individualiste du monde des affaires. Le Ct est librement négocié.
Ct d’adhésion = à l’inverse, une des parties impose à l’autre ses conditions qui sont indiscutables ; il reste au
plus faible à refuser ou à adhérer
Ex : Ct de transport avec la SNCF, Ct avec la banque, la compagnie d’assurance ...
 Ct instantané / Ct à durée successive
Ct instantané = l’exécution des obligations se réalise en un trait de temps : exécution immédiate et complète
Ex : vente au comptant
Ct à durée successive = les 2 ou l’une des parties doi(ven)t des prestations continues ou répétées à intervalles
convenus
Ex : Ct de bail, Ct de travail.
 Ct cadre / Ct d’application
Ct cadre = Ct par lequel les parties y conviennent des caractéristiques essentielles de leurs relations
contractuelles futures
Ct d’application = Ct qui précise les modalités d’exécution du Ct cadre.

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Le Ct est un acte juridique (effets de droit sont voulus, à la différence du fait juridique comme un
accident par ex)
C’est un accord de volontés, entre deux ou plusieurs personnes, destiné à créer, modifier, transmettre ou
éteindre des obligations ==> article 1101 Cciv.

La théorie du Ct repose sur 5 grands principes généraux :


 L’autonomie de la volonté = principe de philosophie juridique selon lequel la volonté individuelle et
librement exprimée suffit à créer des obligations, un Ct : pas besoin d’autorisation, la volonté de chacun suffit.
 La liberté contractuelle = article 1102 cciv « Chacun est libre de contracter ou de ne pas contracter, de
choisir son contractant et de déterminer le contenu et la forme du Ct dans les limites fixées par la loi. La liberté
contractuelle ne permet pas de déroger aux règles de l’ordre public ».
Il y a des limites :
 Nul ne peut être contraint de contracter, sauf exception comme le Ct d’assurance voiture/scooter où
c’est obligatoire et cela constitue même un délit de conduire sans assurance !
 Toute personne est libre de choisir le contenu de son Ct ou son contractant, sauf exceptions :
o avec des règles impératives à respecter
Ex : Dt du travail, de la consommation où des règles très protectrices pour le consommateur ou le salarié s’imposent !! on n’a pas le
choix !
o avec les Cts d’adhésion
Ex : la SNCF impose ses horaires, ses prix, idem avec les banques, les mutuelles …  ; le consommateur adhère ou non aux
propositions, il n’a pas d’autre choix, il ne peut pas discuter
o avec l’article 6 du Cciv = le Ct doit respecter l’ordre public (OP), on n’a pas le choix !
Ex : Ct portant sur l’achat d’un enfant, d’un organe, d’un produit contrefait … C’est interdit !!!
 La force obligatoire du Ct = dès que les conditions de validité sont réunies, le Ct a une force comparable à la
loi : il s’impose aux parties comme une loi s’impose au peuple.
 La bonne foi = la bonne foi va de la négociation à la formation, jusqu’à l’exécution du Ct.
 L’effet relatif du Ct = le Ct ne produit d’effets qu’entre les parties qui l’ont conclu. Il n’oblige que ces
parties-là. Son effet est relatif en ce sens que les 1/3 ne sont pas tenus par les obligations contenues dans le Ct.

SECTION 1 : LA NÉGOCIATION DES CONTRATS


Le contrat est le résultat de négociations.
Définition = les négociations, ou pourparlers, désignent une période exploratoire durant laquelle les
futurs contractants échangent leurs points de vue, formulent et discutent les propositions qu’ils se font
mutuellement afin de déterminer le contenu du Ct, mais sans être pour autant assurés de conclure le Ct.

 La grande majorité des Cts ne sont pas négociés :


 notamment lorsqu’ils sont conclus entre un professionnel et un consommateur du fait des règles
impératives à respecter visant à protéger le consommateur
 du fait de la pratique selon laquelle le contrat est pré-rédigé, l’acheteur devant apposer « lu et
approuvé » ou renoncer à contracter.
 En revanche, les négociations entre professionnels sont fréquentes.
L’ordonnance de 02/2016 a, pour la 1ère fois, cadré ces négociations précontractuelles en consacrant la JP.

A : LES PRINCIPES


Article 1112 al. 1er Cciv : « L’initiative, le déroulement et la rupture des négociations précontractuelles sont libres. Ils doivent
impérativement satisfaire aux exigences de la bonne foi ».
La loi pose donc 4 principes :
 Le principe de liberté
La liberté de contracter implique celle de ne pas contracter et donc celle de négocier ou de ne pas négocier.
La liberté de négocier impose également le libre choix de la personne avec laquelle négocier qui suppose la
possibilité pour chacun des potentiels futurs contractants d’engager des pourparlers avec plusieurs
cocontractants possibles.
Cette liberté implique la possibilité pour chacun des négociateurs, de mettre fin aux pourparlers
contractuels.
 Le principe de loyauté
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La loi impose la loyauté aux négociateurs pendant les pourparlers précontractuels càd la bonne foi, la
transparence, le respect des « règles », …
 Le devoir précontractuel de confidentialité
Le texte impose à chaque partie la plus grande confidentialité sous risque de voir sa responsabilité délictuelle
engagée + des DI. Il leur est donc interdit d’utiliser et de divulguer sans autorisation une info confidentielle
obtenue à l’occasion des négociations.
En pratique, les négociations s’accompagnent fréquemment d’un « accord de confidentialité » ou « accord de
non-divulgation ».
 Le devoir d’information
 Un devoir général d’information, indépendant du devoir de bonne foi, est créé à la charge des parties.
Celui qui est tenu d’une obligation d’information n’est pas forcément un professionnel mais la partie qui
connaît une information, celle qui en connaît plus de l’autre.
Il doit exister un déséquilibre entre les connaissances respectives de chacune des parties, qu’il s’agisse de
professionnels ou de particuliers.
 La partie qui prétend qu’une information lui était due doit le prouver : l’autre partie, qui devait cette
information, a la charge de prouver qu’elle l’a fournie.
Ex : le médecin est tenu d’une obligation d’information vis-à-vis de son patient et il lui incombe de prouver qu’il a exécuté cette
obligation (signature d’un document).
 Quant au contenu de cette information, il faut qu’elle repose sur des éléments sans lesquels la partie
concernée n’aurait pas contracté, qu’elle soit donc déterminante.
L’obligation d’information a cependant deux limites :
 Chacune des parties a l’obligation de se renseigner et ne doit pas être trop
crédule.
 L’article 1112-1 al 2 précise en outre que pour éviter toute insécurité juridique, le
devoir d’information ne porte pas sur l’estimation de la valeur de la prestation.
 L’absence de transmission de l’information peut conduire à 2 sanctions :
 La mise en œuvre de la responsabilité extra-contractuelle du contractant qui y était
tenu. En l’absence d’intention de tromper, le défaut d’information ne sera sanctionné
que par l’octroi de DI.
 L’annulation du Ct finalement signé pour dol lorsque la violation du devoir
d’information a provoqué un dol (réticence dolosive).

B : LA FAUTE COMMISE DANS LA RUPTURE DES NÉGOCIATIONS


Le principe, c’est la liberté de négocier, d’interrompre les négociations et de ne pas conclure le Ct.
La faute dans les négociations peut être exceptionnellement génératrice de responsabilité, notamment dans
certains cas de rupture des négociations. Car il y a une façon de rompre des négociations.
 La faute
La faute ne réside jamais dans la rupture elle-même, mais dans les circonstances de celle-ci.
La JP sanctionne le fait de « rompre, sans raisons légitimes, brutalement et unilatéralement les pourparlers
avancés », sans forcément de la mauvaise foi.
Ex : faire miroiter un Ct pour faire perdre du temps et empêcher l’autre de conclure ailleurs et donc lui faire perdre un marché ; une
banque qui rompt brutalement les pourparlers préalables à l’octroi d’un crédit pour l’achat d’un complexe hôtelier  ; une agence de
voyage qui stoppe brutalement, sans explications, des pourparlers avec un hôtel tunisien alors que ce dernier avait cédé à tous les
« caprices » de l’agence.
 Le fondement de la responsabilité : dommage et lien de causalité
Il s’agit de la responsabilité extra-contractuelle càd délictuelle (pas de Ct).
En plus de la faute, il faut bien sûr un dommage et un lien de causalité.
Ce dommage/préjudice, certain, direct et légitime, peut être :
 moral (réputation commerciale de la victime est atteinte)
 matériel (dépenses, maquettes, études préalables, frais de déplacement, …)
La loi précise que la réparation du préjudice qui résulte de la faute dans la rupture des négociations ne peut
avoir pour objet de compenser la perte des avantages attendus du Ct non conclu finalement.
Donc pas question d’indemniser à hauteur de ce que l’on a perdu en ne signant pas le Ct  : il faut chiffrer
ce préjudice. Et seul ce préjudice ainsi chiffré pourra être indemnisé !
EXERCICES

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Sujet DSCG 2017
Al KOLIC est fondateur et associé unique d’une SAS dénommée Société des Cidres et Pommeaux (SCP), implantée à Lisieux
(Calvados). Désireux de donner un nouveau souffle à sa carrière, Al envisage de vendre les actions de la SCP et de réinvestir le
produit de cession dans un élevage de chevaux et de vaches normandes.
En mars 2017, il entre en pourparlers avec son principal concurrent, Jay DUFREAK, investisseur anglais installé en Normandie et
propriétaire de la Société des Pommeaux et Cidres (SPC).
Lors des négociations, Jay DUFREAK a tout le loisir de prendre connaissance de la documentation juridique (comptes sociaux,
contrats avec les fournisseurs, contrats avec les clients, contrats de travail, etc.), du fichier de clientèle de la SCP ainsi que de
l’ensemble des recettes des boissons, le tout étant bien sûr hautement confidentiel.
La signature de l’acte de cession est prévue le 30 juin 2017 à 15 heures. A 14h30, Jay DUFREAK fait savoir par SMS à Al KOLIC
qu’il n’est plus intéressé par son entreprise et qu’il ne se rendra pas au rendez-vous.
N’ayant plus que « Lisieux pour pleurer », Al KOLIC entend poursuivre Jay DUFREAK en justice pour obtenir des dommages et
intérêts. Il estime que son préjudice est égal au prix de cession (750 000 €), aux honoraires de l’avocat ayant rédigé les projets d’actes
(15 000 €), aux honoraires de l’expert-comptable ayant établi les situations intermédiaires et les inventaires (12 000 €) et aux
dégustations de cidres et pommeaux effectuées avec les clients de Jay DUFREAK (800 €).
1.1 La rupture des négociations par Jay DUFREAK est-elle fautive ? Al KOLIC pourra-t-il obtenir réparation
de l’ensemble des postes de préjudice qu’il invoque ?

En réalité, Jay DUFREAK n’a jamais eu l’intention d’acquérir la SCP. Il souhaitait simplement profiter des négociations pour prendre
connaissance du fichier de clientèle et des recettes de la société et les exploiter pour le compte de la SPC.
1.2 Jay DUFREAK peut-il utiliser le fichier de clientèle et les recettes de la SCP au profit de la SPC ?

SECTION 2 : L’OFFRE ET L’ACCEPTATION


Article 1113 al 1 Cciv : « Le Ct est formé par la rencontre d’une offre et d’une acceptation, par lesquelles les parties manifestent leur
volonté de s’engager ».
A : L’OFFRE
Définition = l’offre, appelée aussi pollicitation, consiste en une proposition ferme de conclure un Ct à des
conditions déterminées, de telle sorte que son acceptation suffit à la formation de celui-ci.

a) Les caractères de l’offre


 L’offre doit être précise càd comprendre les éléments essentiels du Ct envisagé : la chose, le prix, … (en
fonction de la nature du Ct)
 L’offre doit être ferme càd qu’elle doit exprimer la volonté de son auteur d’être lié en cas d’acceptation.
Ex : prix à débattre (pas une offre mais une invitation à entrer en pourparlers)
Mais l’offre peut être assortie de réserves
Ex : offre d’emploi + anglais courant = à l’employeur d’apprécier la maîtrise de la langue
 L’offre peut être expresse càd exprimée par un écrit ou la parole ; ou tacite :
Ex : catalogue, exposer des produits en vitrine d’un magasin, stationnement du car ou du taxi à la borne de départ …
 L’offre peut être faite à personne déterminée ou indéterminée càd au public (annonce dans la presse,
Internet). L’offre faite au public lie le pollicitant à l’égard du 1er acceptant.
Quand l’offre remplit toutes les conditions, le vendeur doit y répondre, sinon il commet un refus de vente.
Le refus de vente est une infraction (contravention jugée par le Tribunal de Police) s’il est réalisé entre
un professionnel et un acheteur consommateur.
S’il est réalisé entre 2 profs ou 2 particuliers, il y a versement de DI mais ce n’est pas une infraction.
Il y a 3 éléments constitutifs pour que le refus de vente soit condamnable :
 Une demande de bonne foi = càd qui entre dans le cadre normal de la consommation et qui n’a pas
pour but de nuire au vendeur
 Une demande normale = libre appréciation des juges mais est basée sur les usages commerciaux.
Ex : de demande anormale (donc refus de vente justifié) = quantité demandée hors de proportion avec les besoins de l’acquéreur ou
l’importance habituelle des livraisons du professionnel (demander 10 morceaux de sucre alors que le professionnel ne le vend que par
paquet d’un kilo).
 L’absence de motif légitime dans le refus = le professionnel bénéficie en effet de faits justificatifs
qui lui permettent d’opposer un refus de vente en toute légalité :
 Ventes de biens et prestations de services interdites ou réglementées comme les armes, les
munitions, les substances vénéneuses, l’alcool pour les mineurs ou les personnes en état d’ébriété, le tabac ou les
jeux pour les mineurs, les produits pharmaceutiques où il faut une ordonnance ; de même, l’article L. 162-8 du Code
de la santé publique concernant les produits contraceptifs et l’IVG autorise le professionnel de santé à opposer un
refus de vente légal en vertu de la clause de conscience

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 En cas d’indisponibilité matérielle de la marchandise comme une rupture de stocks (attention
quand même avec les stocks de sécurité pour les pharmaciens)
 En cas d’indisponibilité juridique du produit du fait des droits de la propriété industrielle
Ex : brevet assurant un monopole, licence, bien exclusivement réservé aux professionnels car très concentré, …
 Pratiques commerciales :
Ex : un banquier peut refuser d’ouvrir un compte ou de consentir un prêt à une personne dont les garanties ne sont pas suffisantes ; un
directeur de publication peut refuser d’insérer les annonces publicitaires qui lui paraissent contraires à la politique et à l’esprit du
journal (une offre ou une demande d’emploi dans un magazine spécialisé dans la consommation).
Ex : Un client sale, mal habillé peut être refusé dans un restaurant, une boîte de nuit … ; un restaurant peut refuser un mauvais payeur

RMQ : refus de vente peut être formulé par écrit, verbalement, ou demeurer implicite
Ex : ne pas servir un client dans un restaurant en le laissant dans un coin sans prendre sa commande.
SANCTIONS : Contravention de 5° classe, punie d’une amende maximale de 1 500 € ou 3 000 € si récidive.
 La règle du non-cumul n’a pas à être respectée : autant d’amendes qu’il y a d’infractions
constatées
 L’élément intentionnel n’est pas requis = peu importe que le professionnel ait opposé un refus de
vente de façon volontaire ou involontaire.

b) La caducité de l’offre
Il y a deux cas où l’offre n’est plus valable :
 A l’expiration du délai fixé par son auteur, ou à défaut, à l’expiration d’un délai raisonnable
Ex : 3 mois pour la vente d’un fonds de commerce a été jugé raisonnable ; au delà, l’offre était caduque
 En cas d’incapacité ou de décès de son auteur
Ex : une personne âgée vend son appartement avec un prix trop bas => les enfants héritiers ne sont plus tenus par l’offre, ils font ce
qu’ils veulent !

c) La rétractation de l’offre
Elle est possible dans 3 cas :
Le pollicitant a la possibilité de retirer son offre tant que celle-ci n’est pas parvenue à son
destinataire.
 Le pollicitant a la possibilité de retirer son offre après l’expiration du délai prévu par son auteur.
 A défaut de délai expressément prévu, le pollicitant a la possibilité de retirer son offre après
l’expiration d’un délai raisonnable.
En dehors de ces 3 hypothèses, la rétractation est fautive : responsabilité extra-contractuelle + DI ; il y a
aussi refus de vente pour le professionnel à l’égard du particulier uniquement.
La loi exclue l’exécution forcée du Ct.

B : L’ACCEPTATION
L’article 1118 al 1 Cciv définie désormais l’acceptation comme « la manifestation de volonté de son auteur d’être lié dans les termes
de l’offre »
a) Les formes de l’acceptation
Principe = article 1120 cciv
« Le silence ne vaut pas acceptation, à moins qu'il n'en résulte autrement de la loi, des usages, des relations d'affaires ou de
circonstances particulières. »
En droit « qui ne dit mot, ne consent pas » parce que le silence est équivoque. Il faut manifester sa volonté de
contracter.
Exceptions = au nombre de 3 :
 La volonté des parties = les parties peuvent convenir que le silence vaut acceptation (cas de la tacite
reconduction en matière bancaire, d’assurance, téléphone, Internet, …)
 La loi = dans certaines situations, la loi prévoit expressément que le silence vaut acceptation
Ex : article 1738 cciv (« tacite reconduction du bail dès lors que le preneur reste dans les lieux … »), droit administratif où par ex le
permis de construire est accepté du fait du silence de la Mairie, en Dt social où le silence de l’Inspection du travail vaut accord, …
 Les usages = certains usages commerciaux admettent le silence
Ex : absence de contestation d’une facture entre commerçants pendant un certain délai = la facture est acceptée
Ex : les relations d’affaires : les parties ont l’habitude de signer des Cts de même nature de façon régulière : le silence n’est plus
équivoque et vaut acceptation.

EXERCICES
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A) Al KOLIC sort victorieux du procès l’opposant à Jay DUFREAK. Il décide d’utiliser l’indemnité pour développer un nouveau
produit, le « pommeau au Pont-l’Évêque ». Pour ce faire, il se rapproche d’une entreprise de la région, chargée de lui fournir les
fromages. Le contrat précise que « les commandes seront passées par fax adressé au fournisseur pendant les horaires normaux de
bureau ; sauf réponse négative du fournisseur dans les 24 heures ouvrées, elles seront considérées comme acceptées ».
1.3 Cette clause est-elle licite ?

B) Une personne dépose sa moto chez un garagiste en vue de la vendre et fixe le prix à 5000 €.
Quatre jours après, elle réalise qu’elle ne veut plus la vendre ; elle retourne chez le garagiste et souhaite reprendre la moto.
Durant ces 4 jours, le garagiste a eu un client qui a réservé la moto au prix fixé.
Que doit faire le garagiste face à l’attitude très insistante de la cliente et quels arguments juridiques doit-il lui opposer ?

b) Les délais de réflexion et de rétractation


Sous réserve de dispositions propres au Dt de la consommation, l’article 1122 Cciv prévoit que l’offre peut
contenir :
 Un délai de réflexion (où l’on réfléchit !) qui s’impose aux deux parties : le destinataire ne peut pas
manifester son acceptation avant son expiration
Ex : installation de panneaux photovoltaïques ; depuis le 1/10/2022, il faut respecter 7 j de réflexion avant de prendre un animal de
compagnie (on signe un certificat d’engagement et de connaissance lors de la réservation de l’animal et on revient le chercher après 7j
de réflexion).
 Un délai de rétraction (qui permet de revenir sur son engagement !) qui doit être accepté par les
deux parties et notamment par le vendeur au profit de l’acheteur (2 profs ou 2 particuliers).

Et ce, en dehors des cas prévus par le Code de la consommation (un particulier et un prof uniquement !) :
Le Code de la consommation prévoit un délai de rétractation qui consiste dans la faculté, pour le
consommateur, de revenir sur son consentement, sans se justifier durant 14 jours calendaires ou francs (si le
délai expire un samedi, un dimanche ou un jour férié/chômé, le délai est prorogé d’autant).
Ce principe s’applique uniquement dans 4 cas :
 à la vente hors établissement/commerce càd pour tout Ct passé hors des lieux de vente = La
Redoute, à la maison ou sur le lieu de W lors d’un démarchage
 au démarchage par téléphone = on vous invite à acheter ou à souscrire à qqch (abonnement
Internet ou portable, assurance, mutuelle, …).
Le démarchage avec numéro masqué est désormais interdit.
 à la vente à distance càd sans la présence simultanée du vendeur et de l’acheteur = Internet
 à la vente à crédit = crédit auprès d’un établissement de crédit ou dans le magasin via des cartes,
un paiement différé … ssi le crédit est supérieur à 3 mois et ≤ 75 000 €.
Le délai court à compter de la réception de la marchandise ou de la signature du Ct de prestation de
service.

c) Les conditions générales de vente (CGV)


L’article 1119 cciv les réglemente désormais. Les CGV comprennent :
 Les conditions de vente
 Le barème des prix unitaires
 Les réductions de prix (rabais càd réductions de prix à caractère commercial en cas de retard ou de défaut de
qualité, remises à titre de geste commercial, ristournes en cas de remboursement, escomptes pour paiement
comptant)
 Les conditions de règlement : délai de paiement, taux d’i des pénalités de retard, mode paiement (CB,
chèque, …)
On admet que les CGV puissent se différencier au regard des catégories de clients (grossistes ou particuliers).
L’article 1119 Cciv pose le principe désormais que les CGV doivent être acceptées de façon expresse par
le contractant : une simple info donnée ne suffit plus. Il est indiqué « lu et approuvé » + des cases à
cocher.

d) Le moment et le lieu de formation du Ct


L’article 1121 Cciv codifie les règles pour les problèmes soulevés par les Cts entre absents ou par
correspondance, ou à distance via Internet.
Le code retient la théorie de la réception de l’acceptation : le Ct est formé à la date et au lieu où l’offrant
reçoit l’acceptation => thèse de la réception.

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Cela offre une plus grande sécurité juridique sur la date de formation du Ct :
 Qui supporte les risques dans un Ct de vente si la chose est abîmée, détruite ?
 Contrat passé par un mineur/majeur protégé devenu capable juridiquement ?

EXERCICES

A) Sophie a commandé des articles sur le site Web d’une société par correspondance de vêtements. Cette commande a été passée le 3
octobre et traitée par le service expédition le 4 octobre. A quelle date le contrat s’est-il formé ?

B) Isidore a décidé mercredi de vendre son scooter. Il envoie un e-mail à Barnabé, qu’il sait en recherche d’un engin motorisé pour
éviter les embouteillages, et le lui propose pour 3 000€. Barnabé lui répond par SMS le jeudi soir : « OK mais pour 2 500€ ».
Vendredi matin, Isidore lui répond par SMS : « OK ! ».
Jeudi soir, Barnabé part en soirée et oublie son portable dans la boîte de nuit (et oui, ç’est arrivé à un de mes étudiants qui avait un
peu abusé de boissons alcoolisées !...). Il ne récupère son téléphone portable que le vendredi soir. Dans la journée de vendredi,
Barnabé a décidé de se mettre au vélo et envoie un e-mail à Isidore : « laisse tomber pour le scooter, je me mets au vélo ! ».
1. Le SMS de Barnabé le jeudi soir est une acceptation ou une offre ?
2. Le SMS d’Isidore le vendredi matin est-elle une acceptation ?
3. Le contrat est formé le mercredi matin ? le jeudi soir ? le vendredi matin ? le vendredi soir ? le vendredi soir ?
4. Dans l’éventualité où le contrat est formé, Barnabé peut-il se rétracter ? ou alors engage-t-il sa responsabilité ?

C) Basile a décidé de s’acheter à la FNAC, sis rue de la République à Lyon, un nouvel appareil photo d’un montant de 2 000 €.
Il a la possibilité de la payer en 3 fois sans frais. Il décide de vous consulter avant de s’engager, à toutes fins utiles …
1. Peut-il bénéficier du délai de rétractation de 14 jours s’il regrette son achat ?
2. Il faudrait réserver l’appareil photo et à ce titre la FNAC lui demanderait de verser la somme de 500 € à titre
d’arrhes. Si à la place des 500 €, Basile décide de faire un emprunt auprès de la FNAC pour réaliser son achat, quels
sont alors ses droits ?
3. Basile vient de s’apercevoir sur le site « Le bon coin » qu’il peut acheter l’appareil photo d’occasion auprès d’un
particulier pour la somme de 1 000€. Sur quel point de droit devez-vous attirer son attention ?

SECTION 3 : LA CONCLUSION DU Ct PAR VOIE ÉLECTRONIQUE


Le Ct par voie électronique est visé à l’article 1127 Cciv.
Il est défini comme l’activité par laquelle une personne propose ou assure à distance, par voie
électronique (Internet), la fourniture de biens ou de services.
Il est envisageable dans toute relation contractuelle – entre particuliers, entre professionnels, et entre un
particulier et un professionnel – sauf ce qui se rapporte au Dt de la famille, les successions, les sûretés.

A : L’OFFRE PAR VOIE ÉLECTRONIQUE


L’auteur de l’offre faite par voie électronique reste engagé par celle-ci aussi longtemps qu’elle est
accessible par voie électronique de son fait.
L’offre entre les professionnels et leurs clients doit comporter un certain nombre
d’énonciations obligatoires :
 Étapes à suivre pour la ccl du Ct
 Langues proposées pour la ccl du Ct, dont le français
 Moyens techniques permettant au destinataire de l’offre, avant la ccl du Ct,
d’identifier d’éventuelles erreurs commises dans la saisie des données et de les
corriger
 Modalités d’archivage ainsi que les conditions d’accès aux documents archivés
 Moyens de consulter les règles professionnelles et commerciales auxquelles l’auteur
se soumet
L’article 1127-3 prévoit des exceptions à cette obligation de mentionner ces obligations : Ct de biens ou de
services conclu exclusivement par voie électronique ou entre professionnels.

B : L’ACCEPTATION PAR VOIE ELECTRONIQUE

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 L’acceptation d’une offre sous forme électronique n’est valable que si le destinataire de l’offre a eu la
possibilité de vérifier le détail de sa commande et son prix total, et de corriger d’éventuelles erreurs.
Il peut ensuite confirmer son acceptation : le « double clic ». Le Ct est alors formé.
 L’auteur de l’offre doit accuser réception par voie électronique de la commande qui lui a été adressée,
sauf exception pour les Cts conclu entre professionnels.

EXERCICE

Sujet DSCG 2019


A) Quelles sont les règles applicables à une offre en ligne au titre du Code civil ?

B) À quel moment est conclu un contrat électronique ?

SECTION 4 : LES CONDITIONS DE FORMATION DU CONTRAT


En vertu de l’article 1128 du Code civil, 3 conditions cumulatives sont essentielles pour la formation d’un
contrat : le consentement, la capacité, et un contenu licite et certain, et ce, à peine de sanction : la nullité
càd l’anéantissement de l’acte.

A : LE CONSENTEMENT
Le consentement se caractérise par la volonté clairement exprimée de chaque partie de s’engager dans le
contrat. Il peut se définir comme la rencontre d’une offre et d’une acceptation.
Le principe est qu’il n’y a pas de consentement valable, si le consentement n’a été donné que par erreur, ou s’il
a été extorqué par violence ou surpris par dol => c’est ce que l’on appelle les vices du consentement.

L’erreur
C’est une représentation inexacte de la réalité par l’un des contractants et, généralement par les deux.
C’est une erreur sans faute, sans volonté de nuire, excusable, qui porte sur les qualités essentielles du
bien/de la prestation.
Ex : la constructibilité d’un terrain qui n’est finalement plus constructible, l’ancienneté d’un meuble où l’antiquaire s’est trompé, le
montant des loyers produits et réduits pour un IM du fait de la présence de termites, l’erreur sur la superficie réelle d’une maison avec
des dépendances avec une différence de plus de 12m2 entre la surface annoncée dans l’annonce parue sur Le Bon Coin et la réalité, …

RMQ : l’erreur sur la valeur (on achète un bien et 3 magasins plus loin, on s’aperçoit qu’on pouvait
l’acheter moins cher !) ou les motifs (on achète une belle robe pour le mariage d’amis et finalement le mariage
est annulé, on ne peut pas demander au magasin de reprendre la robe car on n’a plus d’occasion pour la
mettre) est une erreur indifférente : pas de nullité !

 Le dol
Avec l’erreur, on s’est trompé ; avec le dol, on a été trompé.
Le dol est une tromperie qui a pour effet de provoquer dans l’esprit du cocontractant une confusion, une
erreur qui le détermine à contracter. Il y a volonté de nuire de la part de l’auteur du dol.
Quand la mauvaise foi est trop importante, on peut poursuivre pénalement pour escroquerie par ex.
Exemples :
 un artifice (acte positif) : présentation d’un faux bilan, trafic d’un compteur kilométrique/EDF, une
mise en scène ... Bref, des manœuvres frauduleuses.
 un mensonge d’une certaine gravité
Ex : affirmer que le terrain est constructible.
 une réticence : réticence dolosive, un silence (acte négatif) comme dissimuler à son cocontractant
un fait qui, s’il l’avait connu, l’aurait dissuadé de contracter = réticence dolosive.
Ex : vendeurs n’ont pas indiqué aux acheteurs d’une maison que celle-ci avait été inondée à 2 reprises
Ex : vendeur d’un hôtel qui omet volontairement d’informer l’acquéreur sur la non-conformité des règles de sécurité ; le cédant d’un
restaurant qui garde volontairement le silence à propos des nuisances causées par le système d’évacuation des fumées et odeurs.

RMQ : malus dolus et bonus dolus

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 Le mauvais dol repose sur des manœuvres graves, constitutives parfois d’une infraction pénale
(escroquerie, tromperie sur la marchandise ...) ==> elles sont suffisamment graves, répréhensibles,
malhonnêtes pour annuler le contrat.
 Le bon dol consiste lui pour le cocontractant à vanter son produit dans les limites tolérées par les
usages du commerce => le Ct n’est pas annulé, au consommateur d’être attentif
Ex : pub un peu exagérée, hyperbolique mais acceptable quand même eu égard à la loi.

 La violence
C’est une contrainte qui s’exerce sur le cocontractant ou un proche et qui l’oblige à conclure le Ct. Si elle
est bien constituée, elle entraîne la nullité du contrat.
Elle peut être :
 physique = coups, couteau sous la gorge, séquestration, …
Ex : vous signez un Ct ou un chèque avec un fusil dans le dos => l’acte n’est pas valable
 morale = chantages de toutes sortes, pression, abus de faiblesse sur personne vulnérable, …
=> Ce que l’on appelle la violence économique ou l’abus de dépendance (article 1143 Cciv) : c’est lorsqu’une
partie obtient de l’autre un engagement qu’elle n’aurait pas souscrit en l’absence d’une telle contrainte et en tire
un avantage manifestement excessif.
Ex : une banque qui oblige une épouse à se porter caution du compte bancaire professionnel du mari chef d’E ou sinon l’E dépose le
bilan. Paniquée, elle a signé l’acte de caution mais l’a ensuite fait annuler pour violence psychologique par le juge.

B : LA CAPACITÉ
C’est l’aptitude d’une personne à être titulaire de droits et SURTOUT à les exercer.
Toute personne - qui a la personnalité juridique - peut contracter, sauf si elle en est déclarée incapable
par la loi.
 La personne morale = elle doit avoir la personnalité juridique/morale/civile (immatriculation de la
Sté/déclaration de l’association) ; étant virtuelle, elle a besoin d‘être représentée par un représentant légal
(président, gérant, PDG, …) pour fonctionner, signer ses contrats.
 La personne physique : elle a - dès la naissance - la personnalité juridique.
Cependant, 2 catégories de personnes posent un problème :
 Le mineur non-émancipé = définition de l’émancipation : de 16 ans à 18 ans, un mineur peut
– par l’émancipation - être considéré comme un adulte s’il peut subvenir à ses besoins. L’autorité
parentale s’arrête et il se gère comme un adulte.
99% des mineurs sont non-émancipés.
Un mineur :
 ne peut passer seul que les actes de la vie courante dits d’administration (acheter des livres, des
disques, un sandwich …) et les actes dits conservatoires qui augmentent la valeur du patrimoine
(Ouvrir un compte épargne car est bénéfique au mineur, déposer un chèque sur son compte
épargne).
 pour les actes dits de disposition (appauvrir le patrimoine) = il faut l’accord du représentant légal
(parents ou tuteur si l’enfant est placé).
≠ entre acte de disposition et d’administration = tout est question de train de vie du mineur, de sa famille, des critères d’éducation de
la famille, …

 Les majeurs protégés = sont déclarés incapables – sur le plan juridique - de contracter en raison
d’une altération de leurs facultés intellectuelles et/ou physiques. Leur incapacité et le régime de
protection décidée par le juge des tutelles dépendent de la gravité de leur état.
 La sauvegarde de justice = régime instauré temporairement à la suite d’une simple
déclaration médicale, dans l’attente d’une amélioration de l’état de santé ou d’un
autre régime de protection.
L’individu demeure capable de contracter mais, si à l’occasion du Ct, il subit un préjudice, l’acte peut être
facilement annulé par le juge.
 La curatelle = régime instauré après examen par 2 médecins spécialisés. Le majeur
est « assimilé » à un mineur non-émancipé.
Il peut passer seul les actes de la vie courante dits d’administration et les actes conservatoires.
Les actes graves dits de disposition doivent être passés en présence du curateur.
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 La tutelle = régime prononcé pour un majeur dont les facultés physiques ou mentales
sont gravement altérées ; il est privé de toute capacité de contracter et doit être
constamment représenté par son tuteur. Il faut également deux médecins spécialisés
qui vont donner un avis médical au juge des Tutelles.
Ex : personne âgée + Alzheimer ou personnes handicapées 
Ex : Le film « Intouchables » où Philippe, riche aristocrate, est totalement paralysé et possède une grande fortune à gérer …
Ex : une mamie sous curatelle qui achète une voiture à un garagiste
 Une personne sous tutelle/curatelle est très protégée : cela permet de faire annuler facilement un Ct.

C : LE CONTENU DU CONTRAT


Le contenu renvoie aux prestations que les parties se sont engagées à exécuter. L’article 1162 Cciv exige un
contenu licite et certain :
 Le Ct doit avoir un contenu licite càd respecter l’ordre public càd la loi et les valeurs morales
de notre société
Ex : Ct portant sur l’achat d’un enfant, d’un organe, de produits contrefaits, de stupéfiants ; contrat de prêt refusé par un banquier pour
l’achat d’un enfant à une mère porteuse ; la cagnotte leetchi pour le boxeur Christophe Dettinger qui a frappé un policier durant les
grèves des gilets jaunes a été stoppée car c’est choquant de soutenir quelqu’un qui frappe en direct un policier qui ne faisait que son
travail !
 Le Ct doit avoir un contenu certain càd que le Ct a pour objet une prestation, une chose :
o présente ou future (appartement sur plan)
o possible (on ne vend pas des parcelles de Lune ou de la planète
Mars ! et pourtant un américain l’a fait et certains naïfs lui ont
envoyé de l’argent …)
o déterminée ou déterminable (pas du flou, ou du « pipeau », la
prestation doit être sûre !)

D : LES CONDITIONS DE FORME


PRINCIPE : En vertu du consensualisme, le Ct est valablement formé par l’échange des consentements. Un
écrit n’est pas nécessaire pour rendre un Ct valable, la parole donnée, un signe de tête, une poignée de mains
engage càd crée des obligations à respecter entre les deux parties.
Click/call and Collect instauré par les commerçants durant les confinements : le Ct est parfaitement valable.

2 EXCEPTIONS :
 La rédaction d’un écrit est exigée par la loi dans un souci de preuve et de sécurisation des relations
contractuelles = le Ct solennel (condition de validité du Ct)
Le Ct solennel est rédigé sous la forme d’un acte authentique = rédigé par un officier public et dont le contenu
est incontestable jusqu’à inscription de faux ; l’original, revêtu de la formule exécutoire, est susceptible
d’exécution forcée
Ex : acte de l’état civil, jugement, Ct de mariage, d’hypothèque, achat d’un bien IM (notaire obligatoire).

 Le Ct écrit est voulu par les parties à titre de preuve de leurs engagements et dans le respect de
la loi qui impose l’écrit si > 1 500€ : c’est un acte sous signature privée => rédigé par un particulier ou un
professionnel et comportant la signature du client, le tampon du magasin, comme preuve des engagements =>
une signature engage !
Ex : Ct de bail, commande d’un appareil électroménager, contrat avec une école, ticket de caisse, …

RMQ : le Ct conclu par voie électronique/numérique (via Internet)


La signature électronique a la même valeur que la signature manuscrite et traduit le consentement de la personne qui
s’engage. Il faut 3 conditions :
 l’identité du signataire doit être assurée (adresse mail par ex, en tête d’un courrier, d’une lettre)
 l’intégrité de l’acte garanti (pas de montage, de faux, …)
 l’irrévocabilité du document (en format PdF pour être sûr que cela n’a pas été modifié).

SECTION 5 : LA NULLITÉ DU CONTRAT


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Dès le départ, dès sa formation, le contrat se trouve vicié au niveau du consentement ; ou il y a un pb de
capacité, ou le contenu n’est pas licite ou certain, ou encore les conditions de forme ne sont pas
respectées.
Il ne mérite pas de continuer à exister, d’où son annulation ou la nullité du Ct.

Le Code civil prévoit deux types de nullité :


 La nullité consensuelle càd constatée et retenue par les parties elles-mêmes qui reconnaissent
toutes les deux que le Ct n’est pas valable : gage de simplicité et d’efficacité !
Ex : une personne sous curatelle commande une voiture neuve alors que sa curatrice n’est pas d’accord.
Autant que le garagiste reconnaisse tout de suite que le Ct n’est pas valable => c’est une nullité consensuelle.
 La nullité judiciaire càd prononcée par le juge ce qui suppose un procès car une des parties
refuse de reconnaître la nullité.
Le juge a lui-même deux types de nullité à appliquer.

A : LA NULLITÉ ABSOLUE (nullité judiciaire)


Elle sanctionne une grave inobservation, qui porte atteinte à l’intérêt général, càd tout le monde. Elle protège la
société tout entière.
a) les causes
 Le contenu du Ct est illicite càd contraire à la loi, à l’Ordre Public (OP)
Ex : produit contrefait, Ct de mère porteuse, cagnotte Leetchi de Dettinger suspendue par le Crédit Mutuel propriétaire de LEETCHI.
 Le non-respect du formalisme dans les actes solennels
Ex : acte non notarié pour un contrat de mariage
 Lorsque le consentement fait totalement défaut
Ex : mariage blanc (càd uniquement pour avoir la nationalité française) ; Ct passé sous hypnose.

b) le régime
La nullité absolue ou d’ordre public est à envisager lorsque la condition de validité méconnue protège l’intérêt
général càd la société tout entière. Elle se caractérise par 2 règles :
 Toute personne qui y a un intérêt (moral, pécuniaire ...) peut invoquer devant le juge la nullité absolue càd
une des parties au Ct, les tiers comme les témoins du mariage, une association, le Procureur, le juge.
 L’action en nullité se prescrit par un délai de 5 ans à compter du moment où le Ct a été passé (le délai
reste de 30 ans pour certaines nullités en matière de mariage : absence du conjoint, défaut de consentement, bigamie, mariage entre
frère et sœur, père ou mère, oncle ou tante).
Définition de la prescription = délai au-delà duquel on ne peut plus agir pour faire valoir ses droits.

B : LA NULLITÉ RELATIVE (nullité judiciaire)


Comparée aux cas précédents, elle sanctionne une inobservation moins grave, qui touche les intérêts privés
d’une des parties au Ct. Elle vise essentiellement à protéger les intérêts des parties et notamment de la victime
dans le contrat.
a) les causes
 Les vices du consentement (erreur, dol, violence) ; idem + absence partielle de consentement dû à un état
d’ivresse, une aliénation mentale du fait de médicaments, de drogues ...
 Le défaut de capacité des mineurs et majeurs protégés qu’il faut protéger ;
 Le contenu du Ct qui n’est pas déterminé ou déterminable, qui n’existe pas, qui est impossible.

b) le régime
 Seule la partie victime dans le Ct (celle qui s’est faite avoir) peut invoquer la nullité
Ex : une personne sous curatelle/tutelle, vous ou moi victime d’une erreur ou d’un dol, …
 L’action en nullité relative se prescrit par 5 ans :
 En cas de vice de consentement, le délai de 5 ans part du jour où la victime a eu connaissance de
l’erreur ou du dol, ou du jour où la violence a pris fin.
 Pour un mineur, le délai court pendant toute sa minorité et 5 ans à compter de sa majorité ou de
son émancipation.
 Pour un majeur protégé, le délai court pendant l’application du régime de protection, et pendant
5 ans à compter du jour où la mesure de protection a pris fin (la levée de la tutelle/curatelle).
 Le contrat entaché d’une cause de nullité relative peut - après coup - se confirmer : ayant découvert
son erreur ou les manœuvres dolosives, ou encore la violence ayant cessé, la victime - en connaissance de cause
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- peut confirmer l’accord càd réparer l’acte, sans qu’il y ait à faire un nouveau contrat. L’incapable devenu
capable, ou le représentant légal durant le temps de l’incapacité, peuvent confirmer l’acte annulable.

C : LES EFFETS DE LA NULLITÉ


 Le Ct est censé n’avoir jamais existé : il disparaît, il est donc privé d’effets pour l’avenir.

 La nullité emporte également l’anéantissement de toutes les obligations auxquelles il a donné naissance, et
ce, de façon rétroactive.
Les choses sont remises dans l’état où elles se trouvaient avant la ccl du Ct (avec restitution pour des
prestations éventuellement déjà effectuées)
Ex : rendre le bien et le vendeur rendra l’argent.

 Parfois la restitution est impossible : un contrat de bail, de travail est annulé : on ne peut pas rendre la
jouissance des lieux loués, la force du travail du salarié. De même, un abonnement de téléphone portable est
annulé pour vice du consentement ; la personne rend le portable avec facturation des communications passées
mais pas la jouissance qu’elle en a eue par les appels, les SMS qu’elle a reçus.
Un Ct de tatouage sur mineur sans accord des parents (irréparable … car on ne peut pas remettre la peau
comme avant !)
Là, Dommages et Intérêts (DI) seulement mais qui peuvent être très importants pour compenser la non-
restitution !!

 L’annulation d’un Ct peut causer un préjudice à la « victime » : temps perdu, frais engagés, stress …
Le préjudice qui résulte de la faute d’une partie peut donner lieu au versement de DI. Cette action s’exercera
dans le cadre d’une responsabilité extra-contractuelle ou délictuelle (il n’y a plus de Ct).

EXERCICE

1) Un laboratoire français - France Plus - vient de trouver un vaccin contre le SIDA.


Plusieurs laboratoires étrangers souhaitent exploiter le brevet déposé à ce titre par France Plus, contenant la fameuse « formule
magique » du vaccin.
a) Les laboratoires sont libres de négocier comme ils le souhaitent !
b) Après plusieurs semaines d’âpres négociations, France Plus a décidé de rompre les négociations avec le laboratoire australien
en réaction à l’annulation de la commande des sous-marins français par l’Australie
c) Les contrats passés avec les laboratoires étrangers devront être conclus par actes authentiques car les sommes en jeu sont
énormes.
d) Un laboratoire étranger s’étonne des prix élevés et invoque un vice du consentement : qu’en pensez-vous ?

2) Mme Oldy, 80 ans, est sous curatelle du fait de la maladie d’Alzheimer qui l’affecte depuis quelques années. Sous curatelle, un
personne peut utiliser une carte bancaire, un carnet de chèques.
a) Elle a décidé d’aller chez le coiffeur et ensuite de s’acheter une nouvelle voiture. Ces deux contrats sont-ils valables et pourquoi
b) La fille de Mme Oldy est sa curatrice ; elle est très en colère lorsqu’elle apprend l’achat de la voiture neuve et envisage d
demander une nullité absolue sur ce contrat.
c) Elle a 5 ans pour faire sa demande à compter de l’achat fait par sa mère.
d) Mme Oldy a décidé de mettre son appartement en vente via Le Bon Coin à un prix très intéressant. Plusieurs visites ont eu lieu.
Mme Oldy décède : ses héritiers doivent-ils finaliser la vente avec un visiteur très intéressé par la bonne affaire ?

3) Célestine a acheté à la FNAC un ordinateur portable qui, bien qu’il soit neuf, se décharge très vite. Célestine a ramené
l’ordinateur au magasin qui a reconnu qu’il y a un problème avec cette série d’ordinateurs :
a) Célestine peut invoquer un vice du consentement : lequel ?
b) sa facture, qui fait office de contrat, est un acte solennel
c) Célestine a 12 mois pour agir contre le magasin et demander le remboursement de l’ordinateur
d) en reprenant l’ordinateur défectueux, le magasin reconnaît une nullité consensuelle ou judiciaire ?

SECTION 6 : LES CLAUSES CONTRACTUELLES

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Une clause est une disposition particulière au Ct que les parties stipulent expressément pour qu’une règle
spécifique s’applique.
On ne les trouve donc pas dans tous les Cts. Il faut que les parties les prévoient. Très fréquentes dans le monde
des affaires !

A : LES CLAUSES RELATIVES AU RÈGLEMENT DU LITIGE


Principe = le procès a lieu au domicile du défendeur.
Exceptions :
 La loi qui prévoit le lieu de situation de l’IM, le lieu où le contrat, la prestation s’exécute pour un
consommateur (pour le professionnel, cela reste le lieu du défendeur).
 Les clauses prévues par les parties dans leur contrat, pour le règlement de leur litige :
 La clause attributive de compétence = clause confiant le règlement du litige à une juridiction qui n’est pas
légalement compétente.
Les clauses dérogeant à la compétence territoriale sont autorisées pour les Cts conclus entre professionnels
seulement, et à condition qu’elles soient apparentes
Ex : T de Commerce de Paris même si le défendeur est localisé à Lyon.

 La clause compromissoire = clause par laquelle les parties « professionnelles » s’engagent, au cas où un
litige surviendrait, à le porter, non devant le tribunal de commerce, mais devant un arbitre (cabinet d’arbitrage)
qui statuera éventuellement en amiable compositeur.
Cette clause n’est autorisée que dans les Cts conclus dans le cadre d’une activité professionnelle (interdite entre
prof et non-prof, et entre 2 particuliers).

B : LES CLAUSES RELATIVES À L’EXÉCUTION DU CONTRAT


 La clause résolutoire = clause prévoyant qu’en cas de manquement à une obligation contractuelle de l’une
des parties, le Ct sera résolu de plein droit. Pas besoin d’aller devant un juge, le Ct disparaît automatiquement.
Ex : Ct d’assurance résilié de plein droit en cas de non-paiement de la cotisation, abonnement portable non-payé et donc résilié 

 La clause suspensive = clause par laquelle l’exécution d’une obligation est subordonnée à une condition : la
réalisation d’un événement futur et certain. A défaut de réalisation de l’événement, l’obligation n’a pas à être
exécutée
Ex : Ct de achat/vente IM subordonné à l’obtention d’un prêt bancaire
Ex : l’ESDES inscrit un étudiant en 1A si le BAC est obtenu
La clause suspensive est nulle si la condition est impossible, illicite càd contraire à la loi, à l’OP.

 La clause de réserve de propriété = C’est une stipulation au contrat qui permet au vendeur de
marchandises, immédiatement livrées à l’acheteur, d’en rester propriétaire jusqu’au paiement complet
du prix par l’acheteur.
Or, en droit français (propre au Dt français !), le principe veut que lors de la conclusion du contrat de vente, la
propriété du bien est transférée immédiatement à l’acheteur indépendamment de la livraison de la chose et du
paiement du prix.
La clause de réserve de propriété (CRP) permet ainsi de retarder ce transfert de propriété et de laisser le
vendeur propriétaire du bien jusqu’au paiement complet du prix par l’acheteur. Le vendeur impayé
(toujours propriétaire) peut revendiquer la chose, en tant que propriétaire, sans subir le concours d’autres
créanciers de l’acheteur (en cas de risques de saisie par ex ...).
La vente peut être verbale, mais la CRP doit être écrite, et ce, sur n’importe quel support écrit (bon de
commande, contrat, FAX, mail, ...).
La CRP doit être établie au plus tard au moment de la livraison.
Le bien doit être :
 un bien M corporel (véhicules, marchandises, bureaux, …)
 qui doit se retrouver en nature dans le patrimoine de l’acheteur, car sa transformation s’oppose à
la revendication (du blé est devenu du pain, le ciment est devenu du béton, … là, c’est
impossible de récupérer la marchandise livrée !)

C : LES CLAUSES RELATIVES À LA RESPONSABILITÉ

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 La clause pénale = clause par laquelle les contractants évaluent par avance les DI dus par le débiteur,
en cas de retard ou d’inexécution totale ou partielle du contrat.
Ex : contrat d’entreprise pour le cas de retard dans l’exécution ; conventions passées entre des artistes et des salles de spectacle ;
leasing ; location de voiture ; 50€ en cas de retard dans le paiement du loyer ou 100€ après la 2nde relance.
Elle tient lieu de DI, sans que la victime ait besoin de justifier d’un préjudice, ni de recourir au juge.
Si la pénalité (d’où le nom de la clause) stipule un montant élevé, elle fait pression sur le cocontractant tenté de
ne pas s’exécuter.
Du fait des abus constatés, la loi prévoit que le juge saisi du dossier peut modérer ou augmenter la pénalité
financière convenue entre les parties lors de la signature du contrat, si la CP s’avère être choquante et léonine,
càd manifestement excessive.
Toute stipulation contraire dans le contrat sera réputée non écrite.

 La clause exonératoire de responsabilité = clause qui stipule qu’en cas de défaillance du débiteur,
celui-ci ne sera pas responsable du dommage causé au créancier et ne sera pas tenu de lui verser des DI.
Elle est valable si elle ne porte pas atteinte à une obligation essentielle du Ct, sinon, elle est nulle.
Ainsi, elle est admise sauf :
 dans les Cts entre prof et consommateurs,
 les Cts de transport de marchandises ou de personnes où la loi pose la règle que le professionnel est
toujours responsable.
Ex : Une compagnie aérienne est toujours responsable si la valise est abimée ou perdue  ; un client est blessé lors d’un Ct de transport
(train, bus, avion, …), le prestataire du transport doit toujours indemniser !!
Ex : produits agricoles comme les engrais vendus dans des magasins comme Botanic, Villa Verde, … : c’est le vendeur qui est
responsable des conseils donnés aux acheteurs (pas le fabricant qui délègue sa responsabilité au magasin par une clause exonératoire
de responsabilité).
Ex : les clauses dans les clubs de sport, les boîtes de nuit, …

EXERCICE
A) M. Big Boss a vu, dans un des contrats qu’il a signés récemment, une clause stipulant que son entreprise serait redevable d’une
pénalité de 100 000 € en cas d’inexécution de sa prestation, ou simplement de retard de plus d’une semaine : il aimerait qui vous lui
donniez le nom de cette clause, ce qu’elle signifie et s’il peut ne pas l’appliquer.

B) L’usine de M. Big Boss a livré du matériel à l’entreprise ESDAS qui connaît depuis peu des difficultés financières. L’échéance du
paiement est fixée à 2 mois après la livraison. La secrétaire de M. Big Boss, qui a rédigé le contrat, avait pris soin d’y insérer une
clause de réserve de propriété. M. Big Boss, qui n’ose avouer à sa secrétaire son ignorance, vous demande quelle est la finalité d’une
telle clause.

C) Quelle clause peut-on rédiger dans les cas ci-dessus :


1. L’acquéreur ne deviendra propriétaire qu’à la date de livraison (effective) du bien
2. Le cadre d’une entreprise s’engage à ne pas être embauché chez un concurrent à la fin de son contrat de travail
3. La société X vend à crédit un matériel à l’entreprise Y et en reste propriétaire jusqu’à ce qu’elle ait été intégralement réglée
par l’acquéreur
4. Sur les bons de commande qu’elle fait signer à ses clients, la société Dupond a mentionné que le tribunal de commerce de
Nantes est compétent pour juger les litiges qu’elle peut avoir avec ses clients
5. Dans les contrats de vente de divers matériels pour l’entretien du jardin qu’elle va conclure avec ses clients, la société
Dupond ne veut pas être responsable pour les dommages résultant d’une mauvaise utilisation des matériels par les clients
6. L’entreprise Dupont et la société Durand ont décidé de ne pas saisir le tribunal de commerce si un litige survient à propos
d’un contrat qu’elles viennent de conclure
7. L’entreprise Esdas, fournisseur de la société Dupont, veut qu’il soit mis fin au contrat d’approvisionnement qui les lie si la
société Dupont ne règle pas une livraison à la date prévue
8. Le loueur pourra résilier le contrat en cas de loyer impayé 3 mois après mise en demeure de le régler.

SECTION 7 : LA FORCE OBLIGATOIRE DU CONTRAT


Une fois engagées dans le Ct, verbalement ou par la signature, les parties se doivent de respecter le contrat.
“Les conventions légalement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites” (article 1103 al.1 du Cciv.)
 Le contrat conclu/signé = une loi privée. Par le contrat, les parties « légifèrent » leurs relations : chaque
partie au Ct se trouve liée à l’autre partie par le contenu du Ct comme on est lié par l’application et le respect
d’une loi votée par le législateur. Ne pas oublier qu’une signature engage.
 La modification / révocation du Ct par consentement mutuel = ce que les parties ont bâti à 2, elles ne
peuvent le défaire ou le modifier qu’à 2 càd par consentement mutuel.

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Par exception, la volonté d’une seule des parties peut suffire à écarter le contrat :
 Action en Justice pour demander la nullité, la résolution du Ct (dol, vice caché, inexécution du Ct
…)
 Les Cts à exécution successive permettent de se désengager sous respect d’un préavis (Ct de travail,
Ct de bail, relations d’affaires continue, abonnement à Internet, abonnement portable, mutuelle, …)
 La perte de confiance dans les contrats intuitu personae (le découvert bancaire, le Ct d’assurance, le
licenciement immédiat (pas de préavis) d’un salarié qui a commis une faute grave/lourde)
 La protection des “faibles” = délai de rétractation de 14 jours francs ou calendaires, ouvert à
l’acheteur consommateur face au professionnel (vente à crédit – vente par Internet – démarchage par
téléphone – vente hors établissement) Cf page 6 du polycopié pour plus de détails et un cas pratique
 L’imprévision
C’est lorsqu’un Ct est déséquilibré à la suite d’un changement de circonstances imprévisible, rendant
l’exécution « excessivement » onéreuse pour une des parties
Ex : un Ct fixé avec un prix qui se trouve fortement dévalué à la suite de l’inflation comme au printemps 2022, avec une monnaie
étrangère qui s’effondre du fait d’un conflit, la guerre en Ukraine, …
Il faut 3 conditions cumulatives :
 un changement de circonstances imprévisible
 ce changement doit rendre l’exécution « excessivement » onéreuse pour une partie
 cette partie n’avait pas accepté d’en assumer le risque lors de la signature du Ct (il ne pouvait
deviner ce qui allait se passer).
Procédure : une des parties peut demander à l’autre une renégociation. S’il y a accord, un nouveau Ct est signé.
Si la partie sollicitée refuse la renégociation ou si les parties ne parviennent pas à se mettre d’accord, il y a alors
2 solutions :
 les deux parties conviennent de la résolution du Ct càd de sa disparition
 le juge est saisi et appréciera la suite à donner ; il peut imposer un prix.

EXERCICE
Sujet DSCG 2017
En homme d’affaires averti, Al KOLIC avait négocié le prix des fromages pour une durée de deux ans dès la conclusion du contrat. Il
était précisé que le fournisseur assumerait le risque né de la variation du prix du lait. Six mois après la conclusion du contrat, le cours
du lait flambe. En raison de cette hausse durable, le fromager perd de l’argent.
1.4 Le fromager dispose-t-il d’un fondement légal pour obtenir la renégociation du contrat ?

SECTION 8 : L’INEXÉCUTION DU CONTRAT = LA RESPONSABILITÉ


CONTRACTUELLE
C’est la possibilité pour la partie mécontente de l’exécution du Ct de demander réparation pour la
mauvaise exécution du Ct.
Ex : Printemps 2021, l’UE a intenté une action en Justice contre le laboratoire AstraZeneca (suédo-britannique) pour non-respect du
Ct (retard des livraisons et il manque 200 millions de doses).
Le Ct prévoit une clause attributive de compétence devant les tribunaux de Bruxelles.
Les deux parties ont tenté au préalable de régler le conflit à l’amiable par un MARD = l’arbitrage.
Ce sont des millions d’euros de dommages et intérêts en jeu, sans oublier la santé de millions d’européens …

A : LES CONDITIONS DE LA RESPONSABILITÉ CONTRACTUELLE


La responsabilité contractuelle est réglementée pour éviter les abus.
3 conditions cumulatives : une faute, un dommage et un lien de causalité entre les deux.

a) Une faute contractuelle à l’origine du dommage


L’origine du dommage vient du Ct qui a été mal exécuté. La violation du Ct peut résulter :
 d’un retard dans l’exécution de l’obligation par le débiteur : il faut que le créancier justifie quand
même l’existence des dommages nés de ce retard.
 de la mauvaise exécution du Ct
 de l’inexécution partielle ou totale du Ct.
Dans ces situations, il s’agit de faits juridiques qui peuvent se prouver par tous moyens. Mais il faut quand
même prouver que l’inexécution contractuelle est suffisamment grave.
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Pour apprécier cette faute, la JP – càd la Ccass - a mis en place deux notions – l’obligation de moyen
(OM) et l’obligation de résultat (OR) - càd deux types de faute afin d’envisager deux hypothèses
d’indemnisation selon le contexte :
 Obligation de résultat
Le créancier peut obtenir la condamnation du débiteur sur le seul fondement de la constatation de l’inexécution,
sans avoir à prouver la faute du débiteur, cette faute étant présumée => absence de résultat suffit à faire
sanctionner le débiteur : indemnisation quasi-automatique.
 Obligation de moyen
Au contraire, on doit comparer la conduite de ce débiteur avec celle d’une personne raisonnable et avisée :
au créancier de prouver que son débiteur n’a pas utilisé tous les moyens mis à sa disposition pour correctement
exécuter le Ct => il faut prouver la faute du débiteur dans la mauvaise réalisation de la prestation,
l’indemnisation est plus difficile à obtenir.

La problématique consiste à savoir si l’on se trouve dans le cadre d’une OR ou d’une OM car il y a une
multitude d’obligations, de contrats …
On apprécie par rapport à la notion d’aléa :
 si l’aléa dans la prestation du Ct est important => obligation de moyen
 si l’aléa dans la prestation du Ct est faible => obligation de résultat.
Ex d’OR (indemnisation facilitée car quasi automatique car l’aléa est faible) :
 en cas de vente, le but recherché c’est devenir propriétaire = pas d’aléa
 dans le cadre du transport de personne/marchandise, l’expéditeur entend que la marchandise parvienne à destination,
idem + le passager de la SNCF, de la compagnie aérienne, TCL, RATP, taxi, …
 repas au restaurant (pas une question de qualité gustative mais ne pas être malade en sortant)
Ex d’OM (indemnisation pas automatique car l’aléa est fort) :
 Prestations intellectuelles = avocat, expert-comptable, …
 Contrat médical = le médecin s’engage à soigner le malade correctement, pas à le guérir car la mort a le dessus
parfois malheureusement
 Ct d’enseignement (si l’étudiant échoue, il faut prouver que cela vient du prof et non de l’étudiant qui n’a pas
travaillé !)
 Prestations manuelles = coiffeur, Kiné, …
 Ct passé avec un club de plongée pour s’initier à la plongée sous-marine (fort aléa car sport dangereux) ou pour tous
les sports dangereux
 Les manèges si participation active du client
 Le laboratoire AstraZeneca invoque qu’il est tenu d’une OM dans la fabrication et la livraison des vaccins compte
tenu de l’urgence de la situation …
Quand la santé, la sécurité du créancier au Ct sont en jeu, on parle d’obligation de sécurité de R ou de M :
Ex : Ct + le club de plongée sous-marine => obligation de sécurité de moyen. En cas d’accident, il faudra donc prouver que le
responsable n’a pas tout mis en œuvre pour bien réaliser le Ct afin d’engager sa responsabilité. Alors que si cela avait été qualifié
d’obligation de R, l’indemnisation serait automatique !!
Ex : Ct de soin avec le médecin (obligation de sécurité de M),
Ex : Ct de transport (obligation de sécurité de R)
Ex : Ct avec le restaurant (obligation de sécurité de R)
Ex : Ct avec un club de sport où la cliente reçoit un appareil qui tombe dans la salle où elle s’entraîne (Ob de sécurité de R car au club
de veiller à la sécurité de tous : c’est son job !)

b) Un dommage et un lien de causalité


L’inexécution de l’engagement contractuel ne suffit pas pour entraîner l’obligation de réparation : le créancier
doit avoir subi un dommage selon le principe « Pas d’intérêt, pas d’action ».
 Toutes sortes de dommage se réparent à condition d’être prouvées :
 préjudice matériel (d’ordre patrimonial) càd la perte du bien, mais également la perte du gain
manqué
Ex : livraison tardive des jouets de Noël dans un magasin de jouets
 moral (d’ordre affectif = souffrance psychologique de vivre cette situation ou perte d’un être cher)
 corporel (atteinte à la santé)
 d’agrément (arrêt de la pratique d’un sport)
 esthétique (cicatrice)
 pretium doloris = prix de la douleur
Ces dommages doivent remplir 3 conditions cumulatives :
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 être certain : càd prouvé ; il peut être futur s’il est inéluctable
Ex : perte d’une chance => l’épouse du boxeur Christophe Dettinger réclame à Leetchi 3M€ de DI pour la perte de chance d’avoir les
130 000€ récoltés !
 être déterminé ou déterminable : on peut le chiffrer, l’évaluer
 être licite : conforme à la loi, à l’OP
Ex : produit contrefait, drogue, trafic d’enfants, cagnotte Leetchi du boxeur Christophe Dettinger au cours d’une manifestation des
gilets jaunes suspendue par le propriétaire de la plateforme, le Crédit Mutuel …

 Un lien de causalité
Càd ce qui fait le lien entre le fait reproché et les conséquences.
On retient ce qui est une suite immédiate et directe de l’inexécution de la convention.
Ex : accident dans le tram ; retard à la suite d’une suite d’événements : qui est responsable ? les TCL exclusivement !

RMQ : Le délai pour agir


Le délai de prescription extinctive est de 5 ans sauf exceptions :
 l’action en réparation d’un dommage corporel (10 ans)
Ex : Ct médical, repas au restaurant si séquelles corporelles, accident de plongée sous-marine, accident de transport, accident dans un
club de sport où les séquelles peuvent apparaître « longtemps » après, du fait du choc
 en matière IM ou en cas d’atteinte à l’environnement (30 ans),
 pour les actions des professionnels pour les biens et services qu’ils fournissent aux
consommateurs (2 ans)
Ex : vous ne payez pas votre note à l’hôtel, au restaurant, on a deux ans pour vous obliger à payer  : au-delà, c’est prescrit, càd c’est
trop tard ! Mais le particulier a toujours 5 ans pour poursuivre le professionnel pour un Ct mal exécuté par ex.

RMQ : Précisions sur la notion de créancier et de débiteur


Dans un Ct chaque partie peut être les deux selon l’obligation à accomplir !
Ex : dans le Ct passé avec l’ESDES :
 l’école est créancière des frais de scolarité à encaisser et l’étudiant est débiteur des sommes à payer.
 mais l’étudiant est créancier des heures d’enseignement promises par l’école et l’ESDES est débitrice de la prestation à
assurer pour que l’étudiant obtienne son diplôme.

B : LES RÉPONSES FACE À UN CONTRAT MAL EXÉCUTÉ


Le créancier mécontent qui n’a pas pu bénéficier d’une bonne exécution du Ct a 6 solutions pour agir.
Quelle que soit la solution applicable à l’espèce, il faut toujours commencer par une mise en demeure.
Les juges sont très sensibles à la mise en demeure : ils vérifient que le créancier a tenté d’abord de régler le problème à l’amiable.
 La mise en demeure = acte par lequel un créancier demande – officiellement - à son débiteur d’exécuter
son obligation. Elle prend la forme :
 d’un acte d’huissier qui rappelle l’obligation à exécuter, la somme à payer (cher !… les tarifs varient
selon les circonstances et le 1er prix est à 60€).
 d’une simple lettre, recommandée ou non lorsqu’elle exprime clairement la volonté du créancier de
réclamer ce qui lui est dû
 d’un mail + AR
 d’un Fax + page de garde.
La mise en D a pour effet :
 de « recadrer » le débiteur en lui rappelant ses obligations
 de déterminer le point de départ des intérêts moratoires fixés au taux d’intérêt légal quand il
s’agit d’une somme à payer
 d’entraîner le versement de la clause pénale et l’application de la CRP.

a) L’exception d’inexécution
L’exception d’inexécution consiste pour une des parties à refuser d’exécuter sa prestation tant que son
cocontractant n’exécute pas la sienne.
Ex : l’artisan qui ne veut pas finir son chantier tant qu’il n’a pas été payé correctement, à hauteur de ce qu’il a déjà fait
Ex : scolarité non payée à l’ESDES ; l’école peut refuser d’admettre l’étudiant tant que ce n’est pas régularisé 
L’inexécution doit être suffisamment grave et la riposte, proportionnelle.

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L’utilisation de cette exception d’inexécution par le créancier de mauvaise foi pourra constituer une faute
susceptible d’engager sa responsabilité contractuelle.
==> l’exception d’inexécution est une mesure provisoire qui ne rompt pas le Ct ; il le suspend.
Attention : est refusée pour les locataires qui suspendent le paiement du loyer pour obliger le propriétaire à
réaliser les travaux ! Il faut saisir le TJudiciaire et faire condamner son propriétaire à effectuer les travaux.

b) L’exécution forcée au paiement d’une somme d’argent


Le créancier impayé peut contraindre - par la force - le mauvais payeur à s’exécuter en respectant 2 étapes :
 La mise en demeure
Elle demeure sans effet ? On passe à la 2nde étape.
 Un titre exécutoire = un jugement reconnaissant le bien-fondé de la demande du créancier et condamnant
expressément le débiteur.
Jugement à demander au :
 TJudiciaire si le contentieux a lieu entre deux civils
 TCom si le contentieux a lieu entre 2 commerçants ou entre un particulier et un commerçant à la
demande du particulier.
Et ce titre exécutoire/ce jugement, où le juge condamne le mauvais payeur, permet à celui qui a gagné le
procès d’exiger le paiement et donc de faire saisir les biens, les salaires du mauvais payeur grâce à un
huissier/commissaire de justice. Les frais d’huissier sont à la charge du mauvais payeur.
D’où les expressions : « Qui paie ses dettes, s’enrichit ! » ou « Qui ne paie pas ses dettes, les paie deux fois ! »

Deux exceptions au titre exécutoire :


 Les dettes du Trésor Public (amendes, rappel d’impôts) qui n’ont pas à être reconnues par un
juge => saisie directe, le TP n’a pas besoin d’aller devant le juge administratif !
 Pour un Ct mettant en jeu une somme ≤ 5 000€, un huissier/commissaire de justice peut seul
recouvrer la somme impayée, sans devoir avoir l’aval du juge.
Ex : charges impayées dans un immeuble ; il y a bien le Ct de copropriété et si la somme des impayés est ≤ à 5 000€.
L’huissier envoie une LR+AR ou un e-mail envoyé(e) au débiteur car il faut que ce dernier reconnaisse devoir
cette somme, donne des explications et des propositions de remboursement.
A défaut de reconnaissance du problème, du paiement direct par le débiteur, l’huissier/commissaire de justice
peut alors saisir le compte bancaire du débiteur, ses biens, …

c) L’exécution forcée en nature d’une prestation (non d’une somme d’argent)


Ex : obliger l’artisan à venir finir le chantier
 Elle n’est possible qu’après mise en demeure préalable du débiteur.
 Elle est exclue s’il y a disproportion càd qu’elle risque d’être très onéreuse pour le débiteur et sans grand
intérêt pour le créancier qui pourrait être dédommagé par des DI.

A défaut d’exécution, il a deux possibilités :


 faire exécuter l’obligation soi-même => le faire soi-même ou le faire faire par un 1/3 et ce,
sans autorisation du juge.
Ex : demander à un autre artisan de venir finir le chantier
 sur autorisation du juge, détruire ce qui a été déjà fait et  « repartir à 0 »
Là, le contrôle du juge est indispensable dans la mesure où la destruction présente un caractère irrémédiable et
des frais supplémentaires.
Dans les 2 cas, le créancier peut demander au débiteur le remboursement des sommes engagées à cette fin
et demander au juge que le débiteur avance les sommes nécessaires à cette exécution ou à cette destruction.

d) La réduction du prix (article 1223 Cciv)


 La réduction du prix est décidée par le créancier (propriétaire de la cuisine mal installée par ex) : il peut
toujours choisir une autre « sanction ».
 S’il opte pour la réduction, il doit mettre en demeure le débiteur (l’artisan qui a mal installé la cuisine) et
lui notifier (LR+AR) sa proposition de prix. C’est le créancier qui va fixer la réduction du prix, càd ce qu’il
estime juste compte tenu de l’exécution partielle de la prestation.

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 Le débiteur (l’artisan) doit répondre par écrit.
 Le recours au juge n’est pas nécessaire, sauf litige entre les parties.
Cette réduction du prix est envisageable si la totalité du prix n’a pas encore été versée car si toute la
somme a déjà été versée à l’artisan par ex, il ne voudra jamais rembourser.

e) la résolution du contrat (article 1224 Cciv)


≠ La nullité = c’est quand les conditions de formation du Ct ne sont pas respectées (Rappel)
La résolution s’envisage quand il y a un pb d’exécution du Ct. C’est la plus grave des sanctions puisqu’elle
met fin au Ct : il disparaît et on rend ce que l’on peut rendre.
Il faut quand même que l’inexécution soit suffisamment grave pour invoquer la résolution.
Résiliation = le Ct prend fin mais il s’agit d’un Ct à exécution successive (par ex, on ne peut pas rendre la jouissance d’un
appartement loué dont le bail serait résilié par le juge qui expulse un locataire mauvais payeur).

La loi prévoit trois types de résolution :


 La clause résolutoire
La clause résolutoire doit préciser les engagements/événements dont l’inexécution entraînera la
résolution du Ct : tout manquement doit être défini par les parties en amont.
Aucune condition de gravité de l’inexécution n’est exigée pour mettre en œuvre la clause résolutoire.
La clause n’est pas automatique :
 la clause résolutoire doit être mentionnée expressément
 il faut mettre en demeure le débiteur (sauf s’il est expressément indiqué dans le Ct que celle-ci
découlerait du seul fait de l’inexécution).

 La résolution unilatérale du Ct
Une des parties (créancier ou débiteur) décide seule de mettre fin au Ct => perte de confiance dans les Cts
conclus intuitu personae
Ex : un banquier « vire » un client qui dépasse constamment la ligne de découvert : il n’a plus confiance 
Ex : une compagnie d’assurance si l’assuré-e a trop de sinistres
Elle est possible seulement en cas d’inexécution suffisamment grave entraînant une perte totale de
confiance.
Le créancier doit le faire savoir au débiteur par voie de notification (LR+AR).
Si le débiteur conteste la résolution, il peut alors saisir le juge.

 La résolution judiciaire du Ct 


On saisit le juge pour apprécier le contexte car la situation est plus complexe et surtout les deux parties ne sont
pas d’accord sur l’exécution du Ct et son issue : le débiteur conteste l’application de la clause résolutoire ou
refuse la résolution notifiée par le créancier. Il y a donc eu mise en demeure au préalable.
Le juge peut alors en vertu de l’article 1228 Cciv dans le cadre délimité par les parties :
 ordonner l’exécution du Ct (càd qu’il refuse la résolution du Ct et donc sa disparition)
 accorder éventuellement un délai au débiteur
 prononcer la résolution du Ct càd sa disparition avec restitution des prestations
 allouer seulement des DI (car aucune autre solution n’est adaptée !)

f) La réparation du préjudice par le versement d’une somme d’argent => les


dommages et intérêts = DI
Sanction autonome ou complémentaire aux 5 précédentes.
On peut définir les dommages et intérêts (DI) comme une somme que doit verser le débiteur au créancier
pour compenser la mauvaise exécution du Ct et tous les préjudices que cela a pu occasionner au
créancier.
Il y a 3 types de DI :
 La clause pénale
Elle suppose une mise en demeure préalable adressée au débiteur sauf lorsque l’inexécution est définitive.
La loi donne la possibilité au juge de modifier la clause pénale à la hausse ou à la baisse si elle est choquante
et léonine et de diminuer son montant en cas d’exécution partielle de l’obligation.

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Ex : Voyage en avion, la valise est perdue par la compagnie aérienne => 1 250 € si la Cie est européenne ou 20 € par kilo si
compagnie non européenne sauf assurance particulière pour un montant supérieur (via la CB par ex) : il faut donc se renseigner avant
de partir 

 Les intérêts moratoires


La somme est destinée à réparer le préjudice qui résulte du retard pris par le débiteur dans le paiement de sa
dette.
Ex : retard dans le paiement du loyer, d’une somme d’argent due suite à un procès
On applique le taux d’intérêt légal publié par l’INSEE chaque trimestre :
Particulier doit de l’argent au professionnel = 0,79%
Prof à prof = 0,79%
Prof à particulier = 3,14%
Particulier à particulier = 3,14%.

 Les intérêts compensatoires


La somme allouée est destinée à réparer – à compenser - le préjudice subi du fait de l’inexécution de la
prestation
Ex : accident dans l’exécution d’un Ct avec un médecin par ex. Il y a faute du médecin
La réparation est limitée aux dommages prévus ou prévisibles au moment de la conclusion du Ct, sauf faute
grave ou dolosive où là, les DI peuvent aller au-delà.
Ex : colis envoyé par la Poste : tarifs différents et plus chers selon la valeur du bien envoyé
Ex : l’avion a du retard : plus de 5 heures = remboursement ; plus de 3 heures = forfait variable selon le nombre de Km.

EXERCICE
1) Albertine a acheté un billet d’avion auprès de la compagnie aérienne Air France en payant par
chèque. Or le chèque est revenu impayé du fait d’un solde débiteur sur le compte bancaire. Air France a
décidé de poursuivre Albertine pour obtenir ce qu’il lui est du :
a) Air France peut demander à un huissier/commissaire de justice de saisir directement l’argent dû sur
le compte bancaire d’Albertine
b) le père d’Albertine, très mécontent d’apprendre la situation, lui rétorque : Qui paie ses dettes,
s’enrichit ! et Qui ne paie pas ses dettes, les paie deux fois ! Qu’est-ce que cela signifie ?
c) si un procès a lieu : où et devant quelle juridiction aura t’il lieu ?
d) lors d’un voyage en avion, la compagnie aérienne est-elle tenue d’une obligation de moyen (OM) ou
de résultat (OR) ? Quelles en sont les conséquences pour le voyageur ?

2) Albertine va régulièrement au club de sport :


a) pour la qualité des prestations, le club est-il tenu d’une OM ou d’une OR ?
b) pour la sécurité au sein de l’établissement, le club est-il tenu d’une OM ou d’une OR ?
c) Albertine refuse de mettre des chaussures antidérapantes pour aller à la piscine du club comme le
règlement l’impose. Le mois dernier, elle a glissé en se dirigeant vers le grand bassin ; elle estime que le club
est entièrement responsable.
d) Albertine pourrait être indemnisée par le biais de dommages-intérêts compensatoires ou moratoires ?

C : LA CAUSE D’EXONÉRATION = LA FORCE MAJEURE (FM)


C’est un événement qui permet au débiteur de l’obligation de ne pas répondre de son inexécution et d’être
déclaré non responsable des dommages causés au créancier. Le débiteur est libéré du Ct !
Ainsi, non seulement le débiteur est « pardonné » de ne pas avoir correctement exécuté sa prestation,
mais il est aussi exonéré du paiement des DI, du versement de la clause pénale ...
Article 1218 cciv : « Il y a force majeure en matière contractuelle lorsqu’un événement échappant au contrôle du débiteur, qui ne
pouvait être raisonnablement prévu lors de la conclusion du Ct et dont les effets ne peuvent être évités par des mesures appropriées,
empêche l’exécution de son obligation par le débiteur ».
La FM doit être :
 un événement imprévisible (au jour de la ccl du Ct)
 et irrésistible, tant dans sa survenance (inévitable) que dans ses effets (insurmontable).
Il faut aussi vérifier dans quelle hypothèse on se trouve :

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 Si l’empêchement est temporaire : le Ct est suspendu, réalisé ultérieurement ou d’une autre
manière
Ex : Ct passé avec une école, la FAC : on a pu enseigner à distance durant la pandémie de la Covid 19. Le Ct a donc été assuré par
l’école, il n’y a pas de FM
Ex : un artiste est malade, son concert est déplacé à une autre date : pas de FM.
 Si l’empêchement est définitif : il y a bien FM. Le Ct est résolu de plein droit (pas de DI car
c’est un cas de FM).
Ex : beaucoup de pays ont fermé leurs frontières du fait du Coronavirus empêchant les avions de décoller/d’atterrir : les vols sont
donc annulés et les personnes entièrement remboursées.
Ex : l’artiste est décédé : le concert n’aura jamais lieu, on doit rembourser les billets.

Ex tenant à la nature : événement naturel, une force de la nature = inondation, tsunami, éruption volcanique,
foudre sur une maison, arbre sur la voie de la SNCF, …=> on ne peut plus circuler, le Ct de livraison ne peut
pas être exécuté : il y a bien FM.
Année 2020, le coronavirus a empêché, sur la planète entière, de correctement exécuter les Cts.

Ex : Le fait d’un tiers


Ce tiers est une personne connue ou inconnue, extérieure au contrat et qui n’est ni représentant, ni préposé du
débiteur qui va empêcher la bonne exécution du Ct.
Ex : accident de voiture qui empêche la livraison à temps de la commande
Ex : accident du TGV avec les 2 ânes/vaches sur la voie qui appartiennent à qq’un ; c’est ≠ avec le sanglier, le chevreuil qui sont des
animaux sauvages et là, c’est la Nature, donc personne n’est responsable … l’assurance peut prendre en charge les dégâts.
Ex : Vol d’une caténaire sur les lignes TGV
Ex : suicide d’une personne sur la voie du métro, de la SNCF …
Cette personne est prise isolément.
Cela peut aussi venir des forces de l’homme (effet de masse) = manifestation, invasion, attentat …
Ex : les gilets jaunes qui bloquent tout 

Ex : Le fait de la victime


La victime s’entend là du créancier au Ct.
Son comportement peut avoir contribué plus au moins fortement à la réalisation du dommage. Elle ne mérite
donc pas forcément les DI qu’elle réclame.
Ex : suicide d’une personne qui voyage en sautant du train : la SNCF est en partie responsable car la personne est arrivée à ouvrir en
forçant la porte donnant sur l’extérieur (ce n’est pas normal) mais la victime a cherché son dommage en sautant du train.
Au lieu d’avoir les DI en totalité, la victime peut n’en toucher que 50%, ou 60% car on estime que la faute de la SNCF représente
40% ou 50% du dommage.
Ex : malade qui ne respecte pas les prescriptions du médecin après l’opération et dont l’état s’aggrave.
Ex : Albertine et la piscine
Ex : le jeune et la barre du train

Pour retenir la FM, il faut à chaque fois vérifier que l’événement (la nature, le tiers, la victime) est bien
imprévisible et irrésistible.
Si une des conditions fait défaut, il n’y a pas FM et l’auteur du dommage devra indemniser (il ne sera pas
excusé).

EXERCICE
1) Marie et Pierre devaient se marier le samedi 2 mai 2020. En septembre 2019, ils avaient versé des acomptes au restaurant
chargé d’organiser la réception. La mairie leur annonce en avril 2020 que toute célébration de mariage est annulée jusqu’à
nouvel ordre en raison du confinement qui continue à s’appliquer :
Marie et Pierre ont décidé d’annuler pour l’instant leur mariage et demandent au restaurateur le remboursement des acomptes en
invoquant un cas de force majeure (FM).
Le restaurateur refuse : qu’en pensez-vous ?
Et si le couple avait réservé en 10/2020 pour un mariage au printemps/été 2021 (avec la pandémie qui continue !)

2) Mr Dupont a demandé à Mr Robinet, plombier, de faire de gros travaux dans sa salle de bain. Le coût des travaux s’élève à 4 000€.
Les travaux ont été finis le vendredi 13 mars 2020, juste avant le début du confinement imposé du fait de la pandémie de la Covid 19.
a) Mr Dupont refuse de payer la somme en question en invoquant l’exception d’inexécution.
b) Que peut faire Mr Robinet pour obtenir le paiement de ce qui lui est dû ?
c) Pour expliquer son refus de payer le plombier, Mr Dupont envisage d’invoquer le cas de Force Majeure que constitue la pandémie
de la Covid 19 car il ne travaille plus et ses revenus vont chuter !

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