Influence de La Castration Partielle Et Totale Sur Les Paramètres de Reproduction Des Béliers Poulfouli de L'extrême Nord Du Cameroun

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ZOOTECHNIE

E. Thys l
J.L. Bister 2
Influence de la castration partielle
R. Paquay *
et totale sur les paramètres
J. Hardouin I de reproduction des béliers Poulfouli
A. Verhulst I I de l’extrême nord du Cameroun

THYS (E.), BISTER (J.L.), PAQUAY (R.), HARDOUIN (J.), d’abattage qui sont habituellement ,reconnus comme des
VERHULST (A.). Influence de la castration partielle et totale sur les avantages en cas de castration totale (rendement supé-
paramètres de repoduction des béliers Poulfouli de l’extrême nord du
Cameroun. Revue Elev. Méd. vét. Pays trop., 1991,44 (2) : 185-192 rieur, gigots plus importants) n’apparaissent pas détermi-
nants dans le contexte local. La castration partielle par la
La circonférence scrotale, l’aspect macro- et microscopique des testi- méthode du short scrotum, qui donnait des résultats voisins
cules, les concentrations plasmatiques des hormones gonadotropes de ceux des béliers entiers, pouvait ainsi représenter une
LH et FSH et celles de la testostkone ont été étudiés lors de deux
expériences de castration partielle et totale effectuées sur des béliers variante intéressante aux méthodes de castration totale.
Poulfouli du Cameroun, abattus à 15 mois. La mesure de la circonfé-
rence scrotale permet de suivre l’involution testiculaire chez les Dès lors, il devenait nécessaire de contrôler la fiabilité de
béliers castrés à la pince de Burdizzo. Cette involution ne se stabilise la suppression du pouvoir fécondant des béliers. A cet
que tardivement. Aucune influence saisonnière n’est observée chez les effet, des prélèvements histologiques ont été faits au
béliers entiers. La fonction exocrine (spermatogénèse) comme la fonc- moment de l’abattage, à 15 mois, pour vérifier l’activité
tion endocrine (production de testostérone) sont totalement suppri-
mées chez les castrés à la pince. Le poids des testicules des béliers cas- testiculaire. Du plasma a également été récolté pour
trés partiellement par la méthode du “short scrotum” est très déterminer les taux sanguins des hormones sexuelles.
variable (76,l f 41,78 g) ainsi que la suppression de la spermatogénè-
se. En revanche, les taux de testostérone sont proches de ceux des Enfin, durant la vie des animaux, des mesures de la cir-
béliers entiers et expliquent vraisemblablement les performances zoo- conférence scrotale ont été prises pour vé,rifier l’évolution
techniques observées antérieurement. Les auteurs concluent que, si la du volume des testicules. La première expérience, plus
castration partielle constitue une alternative intéressante du point de longue, permettait aussi de vérifier l’évolution saisonnière
vue zootechnique, il faut rester prudent dans la suppression du pou-
voir fécondant chez les castrés par le short scrotum. Mots clés : de ce paramètre chez les mâles entiers.
Mouton Poulfouli - Castration - Circonférence scrotale - Hormone sexuel-
le - Poids testiculaire - Tube séminifêre Cameroun.

MATÉRIEL ET MÉTHODE
INTRODUCTION
Les conditions générales des deux expériences (tech-
niques de castration, durée d’embouche, mode d’éleva-
Dans les précédentes publications traitant de l’influence de ge, prophylaxie, conditions d’alimentation et de logement)
la castration sur les performances des béliers Poulfouli, ont été décrites dans des publications antérieures (12,
l’accent avait été mis tout d’abord sur les performances de 13). Il est rappelé brièvement que la première expérience
croissance et de conversion alimentaire des animaux (12, consistait en une comparaison entre béliers achetés à
13). Les aspects économiques liés à l’exploitation des ani- l’âge de 2 mois et abattus à 15 mois, répartis en trois
maux dans le contexte local ainsi que les paramètres groupes : un maintenu entier (Tl), un castré partiellement
d’abattage et de découpe ont également été étudiés. à l’âge de 2 mois (SS) et un castré à la pince de Burdizzo
à 6,5 mois (Bl). La seconde expérience avait pour but de
II avait été conclu que la castration totale à la pince de comparer, après une embouche de trois mois, un groupe
Burdizzo pratiquée à l’âge de 6,5 mois et de 12 mois freine
de béliers entiers achetés sur le marché à 12 mois (T2)
significativement la croissance pondérale des animaux et
influence de manière négative la conversion alimentaire, avec un groupe de béliers castrés à la pince de Burdizzo
entraînant ainsi une augmentation des coûts d’exploitation au même âge (82). L’abattage a eu lieu à 15 mois égale-
d’embouche. Le prix de vente du castré, bien qu’il soit plus ment.
élevé sur le marché local, ne parvient pas à compenser ces La méthode de castration partielle utilisée dans la premiè-
coûts de production supérieurs. Enfin, les paramètres re expérience est celle du short scrotum de RAY et BEL-
LINGS (9). Les testicules sont repoussés en position
inguinale sous-cutanée, puis on place un-anneau de
caoutchouc sur le col du scrotum, qui se dessèche.
~ 1. Institut de Médecine Tropicale, Service de Production Animale Ultérieurement, on observe un renflement en région ingui-
Tropicale, Nationalestraat 155, B-2000 Anvers, Belgique.
nale où les deux testicules peuvent être palpés. Cela dif-
2. Laboratoire de Physiologie Animale, Facultés Universitaires N.-D. férencie ces animaux des castrés à la pince de Burdizzo
de la Paix, rue de Bruxelles, B-5000 Namur, Belgique. chez qui le scrotum subsiste, mais est de petite taille par
Reçu le 27.11.1990, accepté le 27.3.1991. rapport à celui du bélier entier.

Revue Élev. Méd. vét. Pays trop., 1991, 44 (2) : 185192 185
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E. Thys J.L. Bister R. Paquay J. Hardouin A. Verhulst

Mesure de la circonférence scrotale tion des aliments. La moyenne des trois prises est consi-
dérée comme significative du dosage pour le bélier;
La mesure de la circonférence est prise, à l’aide d’un concerné. Pour la seconde expérience, le nombre de,
mètre ruban souple gradué en cm, sur la partie la plus prises à été réduit à deux.
large du scrotum en approchant par l’arrière l’animal
contentionné debout. La disparition du scrotum chez les Le sang a été directement centrifugé pendant 10 minutes’
short scrotum les dispense de cette mesure. à 3 000 tours/min et le plasma récolté est conservé en’
tubes de 2 ml à - 20 “C. Les échantillons sont transportés
Dans la première expérience, la mesure a été faite à par- congelés en Belgique et analysés par radio-immuno-
tir du jour de la castration totale à la Burdizzo (groupe assay (RIA).
Bl), vers l’âge de 6,5 mois. Elle a eu lieu à 18 reprises
lors des séances de pesée jusqu’à l’abattage à 15 mois. Les tubes ne sont dégelés qu’au moment des analyses et’
recongelés après. La méthode double antibody solid
A la date de la castration totale du groupe Burdizzo (B2) phase (DASP) est appliquée. L’hormone “tracer” est mar-
de la seconde expérience, les animaux avaient 12 mois. quée à l’iode 125. Pour chaque hormone, une courbe
La circonférence a été mesurée à 8 reprises de manière standard est établie par comptage en triplicate d’échan-
identique à celle de la première expérience . tillons de concentration hormonale connue. L’analyse des
échantillons est effectuée en duplicate. Le compteur
gamma est réglé sur une minute par tube. Les résultats:
sont obtenus à l’aide d’un programme basé sur le modèle ,,
Histologie des testicules mathématique de FINNEY et de l’ajustement de I’équa-
Les testicules avec épididyme ont été prélevés sur des tion aux données de la courbe standard par la méthode
béliers au moment de l’abattage et pesés, à 1 g près, sur des moindres carrés non linéaires de FEYTMANS, cité
une bascule électronique. Ils sont incisés perpendiculaire- par BISTER (2). La concentration de l’hormone recher-
ment à l’axe le plus long en tranches de 5 mm d’épais- chée dans l’échantillon est ainsi calculée en ng/ml.
seur. Compte tenu des grandes différences en poids des
testicules du groupe short scrotum (SS) de la première
expérience, les prélèvements ont été séparés. Pour les Dosage d” l’hormone lutéinisante (LH)
groupes témoins (Tl, T2) et les groupes castrés à la L’hormone purifiée (lot oLH-I-3) utilisée comme traceur a,
pince des deux expériences (Bl , B2), aucune différence été fournie par le National Institute of Diabetes and
n’est faite entre gauche et droite. Digestive Kidney Diseases (NIDDK) dans le cadre du’
Les prélèvements d’organes ont été conservés dans une National Hormon and Pituitary Program (NHPP). L’iode’
solution à 10 p. 100 de formaldéhyde commercial à 125 est fixé sur l’hormone avec la technique d’oxydation
40 p. 100 jusqu’au moment de la préparation des coupes, par la chloramine-T de HUNTER et GREENWOOD et
de 6 p d’épaisseur, colorés, après préparation et fixation, GREENWOOD et a/., cités par BISTER (2). La même
à I’hématoxyline-éosine suivant la méthode classique. hormone sert pour la courbe standard. L’antisérum est
utilisé à la dilution finale de 1 pour 2 millions. L’immuno-
Les coupes sont ensuite examinées pour apprécier le sorbant ou ARGG (anti rabbit gamma globuline) provient
développement de l’épithélium germinatif dans les tubes du Laboratoire de Marloie (Belgique). II est utilisé à la
séminifères (tubuli contorti) et on mesure, par testicule, dilution de 5 ml pour 110 ml de tampon egg-white (5 g,’
30 diamètres de tubes séminifères au micromètre. La d’albumine ovine pour 1 I de tampon phosphate 0,06 M à
moyenne de ces mesures est considérée comme repré- pH 7,55).
sentative de l’individu.
La reproductivité intradosage a un coefficient de variation,
de 10 p. 106. Ces variations sont compensées par I’intro-
duction de plasmas de référence dans chaque dosage,
Dosage des hormones après la courbe standard. La sensibilité est de 0,l ng/ml
et la spécificité est la suivante (réaction croisée) : FSH :,
Des prélèvements de plasma ont été effectués à inter- 0,05356 p. 100 ; STH : 0,00571 p. 100 ; TSH : ,0,00147
valles réguliers dans les deux expériences pour vérifier p. 100, prolactine : 0,00005 p. 100.
l’évolution des taux d’hormones sexuelles. A 18 reprises
dans la première expérience pour les groupes Tl et SS, à Procédure
10 reprises pour le groupe Bl et, dans la seconde expé-
rience, à 8 reprises pour les groupes B2 et T2. Tous les mélanges et les temps de repos se font à tem-
pérature ambiante. On mélange (par vortex) 50 ~1 de
Le sang a été recueilli à la veine jugulaire à l’aide de plasma ou de courbe standard à 100 ul d’antisérum.
tubes sous vide (Vacutainer ou Venoject) contenant de Après 4 heures, on ajoute 100 ul d’hormone marquée, on
I’EDTA comme anticoagulant. Dans la première expérien- agite puis on laisse reposer une nuit ; on rajoute 500 yl
ce, les 10 premiers prélèvements ont été uniques. Par la d’ARGG avec un nouveau temps de repos de 4 heures.
suite, trois prises consécutives sur tous les animaux ont Après centrifugation (15 min à 3 000 tours/min) et aspira-
eu lieu le matin, à une heure d’intervalle, avant la distribu- tion, on procède au comptage.

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Dosage de l’hormone follicule-stimulante (FSH) dans la première expérience, où un sujet manquait dans
le groupe SS. La normalité de la distribution a été contrô-
L’hormone purifiée qui sert de traceur est la NIDDK- lée à l’aide du calcul des coefficients de PEARSON et
oFSH-I-l et celle qui sert à la courbe standard est la l’homogénéité de la variante par ‘la méthode de BART-
NIDDK-oFSH-RP-l. L’antisérum est I’anti-oFSH-1. II est LETT. Les résidus suspects sont recherchés par la
utilisé à la dilution finale de 1 pour 80 000. L’ARGG est méthode de GRUBBS. Les moyennes ont été compa-
celui du dosage de la LH utilisé à la même dilution. rées entre elles par le test de comparaison multiple de
La reproductivité est la même que lors du dosage de la NEWMAN-KEULS, dès que l’analyse de variante était
LH. La sensibilité est de 2 ng/ml et la spécificité est la sui- significative à 5 p. 100 (5).
vante (réaction croisée) : LH : 0,001590 p. 100 ; STH : En cas d’hétérogénéité de variante et si aucune transfor-
0,000203 p. 100 ; ACTH : 0,000006 p. 100 ; prolactine : mation ne se révélait intéressante, la comparaison était
0,000003 p. 100. faite par le test de GAMES et HOWELL (expérience 1). Si
La même procédure que pour la LH est suivie. la distribution s’écartait fortement de la normalité et si
aucune transformation ne donnait de résultats, le test non
paramétrique de MANN-WHITNEY (expérience 2) était
Dosage de la testostérone (TEST) appliqué (11).
Cette hormone a été déterminée par un kit provenant de
Cambridge Medical Diagnostics.
RÉSULTATS
Le test possède un coefficient de variation moyen de
7,47 p. 100 pour la reproductivité intradosage, et un coef-
ficient moyen de 9,8 p. 100 pour la reproductivité interdo-
sage. La sensibilité est de 0,04 ng/ml et la spécificité est Évolution de la circonférence scrotale
la suivante (réaction croisée) : 5a-dihydrotestostérone :
Le tableau I reprend la circonférence scrotale des béliers
8,8 p. 100 ; androstérone : 1,4 p. 100 ; 4-androstène- des deux expériences à trois moments précis du suivi. La
3,17-dione : 1,lO p. 100 ; progestérone : 0,045 p. 100.
figure 1 montre l’évolution de ce paramètre durant la pre-
Procédure mière expérience avec l’étalement sur la saison des
pluies (début de la période) et la saison sèche. L’évolu-
On mélange 50 ~1 de plasma ou de courbe standard à tion durant la seconde expérience est reprise en figure 2.
500 ul d’hormone marquée et à 50 u.1d’antisérum spéci-
fique. On laisse reposer une nuit à 20 “C, puis on ajoute Douze ou 14 jours après la castration, suivant I’expérien-
50 ul du second antisérum (ARGG) avec un nouveau ce, la différence en circonférence scrotale entre les
repos d’une heure à 20 “C. Après centrifugation et aspira- béliers entiers et les castrés à la pince est déjà très signi-
tion, on procède au comptage. ficative (tabl. 1). L’involution des testicules après castra-
tion à la pince débute donc très rapidement ; on peut
constater, d’après le graphique de’ l’expérience 1, que ce
Analyse statistique n’est qu’à partir de 73 jours après la castration que la
courbe se stabilise et que la variation reste en dessous
Pour les mesures faites individuellement, les groupes de de 1 cm. On observe aussi que la moyenne de la circon-
chaque expérience sont comparés par analyse de varian- férence du groupe B2 de la seconde expérience est, au
ce. Un équilibrage par l’estimation de YATES a été fait terme de l’expérience, supérieure à celle du groupe Bl

TABLEAU I Circonférence scrotale des groupes BI et B2 et Tl et T2 des deux expériences juste avant la castration, environ 2 semaines
après, et à la fin de l’expérience.
l
(Z5) (“T’5) ValeurF ~ Jour (L*B) (nT28)
Jour Valeur F
m S m S m S m S

2392 0,83 24,0 1,41 1,19ns 25,2 1,64 2694 1@ 1,89ns


?Y4 19,8 1,64 2436 1,51 23,04 ** c2 23,2 1,51 27,3 1,92 22,76 ***
J244 16,0 2,54 30,3 1,39 121,00*** J96 20,o 0,80 29,2 1,51 521,31 l ** (T)

m = moyenne ; s = écart-type.
(T) : après transformation logarithmique.
ns : non significatif (P > 0,05) ; *significatif (0,Ol < Pc 0,05) ; **hautement significatif (0,001 < P ç 0,Ol) ; *‘* très hautement significati’f (P c 0,001)

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E. Thys J.L. Bister R. Paquay J. Hardouin A. Verhulst

Circonférence scrotale (cm) TABLEAU II Poids des testicules avec épididyme et diamètre
des tubes séminifères pour les groupes Bl, Tl et SS (abattage à
15 mois).

Paramètres Bl l Tl / SS
Testde
Games
et Howell
Poidstesticule n=lO n=lO n=8
et épididyme(g)
m s m s m
Bl-Tl ** s
Bl -SS ns
21,3 4,58 226,026,10 76,1 41,78 Tl-SS **
0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200 220 240
Nombre de jours après castration
- Burdizzo (Bl) +Béliers entiers (Tl)

Fig. 1 : Évolution de la circonférence scrotale durant I’expérience 1.

Circonférence scrotale (cm)


32 m = moyenne ; s = écart-type.
31 ns : non significatif (P z 0,05) ; * significatif (0,Ol c P < 0,05) ; ** hautement i
30 t significatif (0,OO 1 c P É 0,O 1) ; *** très hautement significatif (P < 0,001).
29 •t
28 1
TABLEAU III Poids des testicules avec épididyme et diamètre
des tubes séminifères pour les groupel B2 et T2 (abattage à
15 mois).

Paramètres 82 T2 Test
Poidstesticule n=16 n=16
et épididyme(g)
0 10 20 30 40 50 60 70 a0 90 100
m S m U = 4,82 ***
S
Nombre de jours après castration
- Burdizzo (B2) +Béliers entiers (T2)
(testde Mann-
43,9 7,95 203,l 39,65 Whithey)
Fig. 2 : Évolution de la circonférence scrotale durant l’expérience 2
Diamètretubes n=8 n=8
séminifères
(f.~)
Histologie des testicules m S m S

Le poids des testicules avec épididyme et le diamètre des 167,5 14,33 263,8 23,96 F=95,16 ***
tubes séminifères sont repris aux tableaux II et III.
m = moyenne ; s = écart-type.
On observe dans les deux expériences de nettes diffé- (T) : après transformation logarithmique.
rences en poids des testicules avec épididyme entre les ns : non significatif (P > 0,05) ; * significatif (0,Ol ç P É 0!05) ; ** hautement ~
significatif (0,001 c P c 0,Ol) ; **’ très hautement significatif (P ç 0,001).
groupes. L’atrophie est très nette chez les Burdizzo. La
différence en poids est également significative entre les
short scrotum et les béliers entiers de l’expérience 1, mal- ont un aspect normal, mais il y a’moins d’écoulement ~
gré une importante variation de ce paramètre chez les lymphatique à la coupe que chez les béliers entiers.
premiers. On observe également que le poids moyen du
L’étude microscopique des testicules et de l’épithélium
testicule et de I’épididyme du groupe B2 de l’expérience 2
est le double de celui du groupe Bl de l’expérience 1. Le germinatif de l’expérience 1 est rapportée au tableau IV
(voir p. 190). Les testicules du groupe Bl et ceux de Tl
poids moyen testiculaire des entiers de l’expérience 2 est
similaire à celui des entiers de la première expérience. présentent un aspect identique pour chaque groupe. Ils
sont donc décrits globalement. Les testicules du groupe
Les différences en diamètre des tubes séminifères sont SS montrant par contre des variations individuelles impor-.
également nettes, sauf entre les groupes Bl et SS de la tantes, chaque testicule est décrit séparément.
première expérience. ~ L’examen macroscopiqueet microscopique du tissu testicu-
A l’incision des testicules du groupe Burdizzo de I’expé- laire des animaux de la seconde expérience (groupes B2 et
rience 1, on observe que le tissu a pris une coloration jau- T2) permet globalement les mêmes observations que dans
nâtre et un aspect caséeux. Entre le tissu testiculaire et la la première, sauf que la coloration visible à l’incision de cer-
tunique albuginée, des restes de vaisseaux ont pris une tains testicules de Burdizzo s’est révélée plus pâle que pour
coloration verdâtre. La consistance est dure. Les testi- la première expérience et légèrement rosée. Le stade évo-
cules des béliers castrés par la méthode du short scrotum lutif de l’épithéliumgerminatif est identique .

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ZOOTECHNIE

TEST (ng/ml)
Résultats des dosages
'0 y
d’hormones sexuelles
Les figures 3 à 8 font apparaître l’évolution des concentra- h
tions plasmatiques des trois hormones durant toute la durée
des deux expériences. Elles sont exprimées en ng/ml.
En ce qui concerne la première expérience, on observe dès
la castration du groupe Bl une nette diminution de concen-
tration plasmatique de la testostérone, qui atteint par la
suite des valeurs quasi nulles. Les taux de testostérone des
groupes Tl et SS fluctuent l’un par rapport à l’autre pour se
séparer en fin d’expérience (fig. 3). Les différences sont 0 40 60 120 160 200 240 260 320 360 400
nettes entre les groupes et il apparaît clairement que les Nombre de jours d'expérience
short scrotum sont toujours sous l’influence de la testostéro- -Burdizzo (Bl ) +Béliers entiers (Tl) *Short scrotum (SS)
ne mais pas les Burdizzo. Les concentrations en LH sont
nettement supérieures pour le groupe Bl par rapport au Fig. 5 : Concentration plasmatique de l’hormone follicule-stimulante (FSH)
groupe Tl. Les taux du groupe SS sont en général supé- en expérience 1.
rieurs à ceux du groupe Tl et inférieurs à ceux du groupe
Bl (fig. 4). La position intermédiaire des taux en FSH du
groupe SS est nettement marquée (fig. 5).
La seconde expérience indique également une chute
rapide de concentration plasmatique de la testostérone
des animaux du groupe B2 et des taux en LH et FSH net-
tement supérieurs, après castration totale de ce groupe, à
ceux du groupe T2 laissé entier (fig. 6, 7 et 8).

LH (ns/ml)

5’ /

10 20 30 40 50 60 70 60 90 100 110
Nombre de jours d'expérience
-Burdizzo (B2) +Béliers entiers' CT21

Fig. 6 : Concentration plasmatique de l’hormone lutéinisante (LH) en expé-


0 40 00 120 160 200 240 200 320 360 400 rience 2.
Nombre de jours d'expérience
* Burdizzo (Bl) +Béliers entiers (Tl) *Short scrotum (SS)

Fig. 3 : Concentration plasmatique de la testostérone (TEST) en e.\pé-


rience 1.

FSH (ng/ml)
FSH (ng/ml) 181
5or
45i
161
14:
40’
r 12;
35r
30; ,o 1;.
EL B /
6’

2r
01 4 t 1 +

0 10 20 30 40 50 60 70 60 90 100 110
0 40 60 120 160 200 240 200 320 360 400
Nombre de jours d'expérience
Nombre de jours d'expérience
*Burdizzo (B2) +Béliers' entiers (T2)
SBurdizzo (Bl) +Béliers entiers (Tl) -Short scrotum (SS)

Fig. 4 : Concentration plasmatique de l’hormone lutéinisante (LH) dans Fig. 7 : Concentration plasmatique de l’hormke follicule-stimulante (FSH)
l’expérience 1. en expérience 2.

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E. Thys J.L. Bister R. Paquay J. Hardouin A. Verhulst

TEST (ng/ml) Le diamètre des tubes séminifères étant lié à la fonction


3.2 i
de la spermatogénèse (7), les différences doivent être
jugées par rapport aux résultats de l’examen qualitatif des
coupes histologiques. L’absence de différence entre short
scrotum et castrés Burdizzo provient de la présence
d’une masse amorphe dans les tubes séminifères dégé-
nérés des Burdizzo (tabl. II et IV). La mesure du diamètre
des tubes séminifères n’a donc aucune valeur de critère
d’activité spermatogénique chez le castré Burdizzo.
0.4

0
0 10 20 30 40 50 60 70 60 90 100 110
La différence entre entiers et short scrotum est plus signi- ~
Nombre de jours d'expérience ficative car elle indique une diminution spermatogénique
-Burdizzo (B2) +Béliers entiers (T2) chez le castré partiel. L’étude une par une des coupes de

Fig. 8 : Concentration plasmatique de la testostérone (TEST) en expérience TABLEAU IV Aspect microscopique des testicules des groupes ~
2. Bl, TI et SS de l’expérience 1.

Te+ Pqids Diamètre,


roupe cule testiculetubessemr- Description
DISCUSSION (g) nifères(p)

Bl 21,3 170,8 Lysecomplètedescellules


(cellulesdeSet-toliet cellu-
Évolution de la circonférence scrotale lesgerminatives).La mem-
branebasaleentoureune
Les mesures de la circonférence scrotale permettent de masse amorphe quimaintient
vérifier que le processus complet d’atrophie dure plus laformecirculairedestubes.
longtemps que les 15 jours avancés par GIRARD et JAN- LescellulesdeI’interstitium
NIN (4). sontlyséeségalement.
Disparitiondesvaisseaux.
La différence statistique à la fin de l’expérience 1 est
d’autant plus grande que la circonférence du scrotum des Tl 226,0 256,5 Lalignéede cellulesde la
béliers entiers a augmenté en moyenne de 6,3 cm durant spermatogenèse estcomplè-
les 244 jours de cette période. Cette croissance est liée à te (spermatogonies, sperma-
l’augmentation du poids corporel (6). Aucune variation tocytesI et II, spermatideset
spermatozoïdes). Lescellules
importante n’est observée chez les mâles entiers malgré deSet-tolisontprésentes
le passage de la saison des pluies à la saison sèche aussi.L’interstitiumestbien
chaude. La très faible variation de l’ensoleillement durant développé.
l’année, confirmée par les données météorologiques de
la région, peut expliquer cette linéarité. Ceci semble SS
confirmer l’absence de saisonnement sexuel chez le mâle 1 Gauche 42,0 128,O Pasde signedespermato-
dans la région. genèse.Cellulesde Sertoli
présentes,ainsiquecellules
Le fait que la moyenne de la circonférence scrotale du de Leydig.
groupe de castrés de la seconde expérience (groupe 82) Droit 77,0 153,0 Lestadedespermatocytel
reste supérieure à celle du groupe Bl au terme de I’expé- estvisible.
rience laisserait supposer que le processus n’est pas
encore stabilisé après 96 jours. 2 Gauche 163,0 243,5 Stadedespermatides et de
spermatozoïdes
atteint.
Droit 64,0 131,o Pasde signesdespermato-
genèse.
Histologie des testicules
3 Gauche 57,0 149,o StadedespermatocyteI
Les différences significatives du poids testiculaire entre atteint.
béliers entiers et castrés Burdizzo confirment les obser- Droit 47,0 144,o Pasdesignesde spermato-
vations faites sur la circonférence scrotale. La variante genèse.
très importante observée chez le groupe SS a également

J
été rapportée par SCHANBACHER et FORD (10). Le 4 Gauche 48,0 138,0 Pasde signesde spermato-
poids moyen est supérieur à celui observé par ces genèse.
Droit 112,0 211,0 Pasde signesde spermato-
auteurs, mais ces derniers avaient abattu les animaux à 6 genèse.
mois.

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ZOOTECHNIE

testicules de short scrotum montre une forte variabilité CONCLUSION


dans cette fonction, allant de l’absence d’activité à I’activi-
té complète, comme dans le testicule gauche du second
sujet. Cette variabilité se reflète aussi sur le diamètre,
dont l’écart-type est important. BAUMAN et a/. (1) et Les mesures de circonférence scrotale, l’étude histolo-
SCHANBACHER et FORD (10) avaient observé ce phé- gique des glandes sexuelles et le dosage d’hormones
nomène et les premiers auteurs attribuent la diminution permettent de tirer certaines conclusions en ce qui
de l’activité spermatogénique à l’influence de la tempéra- concerne l’intérêt des méthodes de castraton totale ou
ture sur le testicule. La variation en poids et activité pour- partielle.
rait ainsi être expliquée par la distance du testicule par
rapport à la paroi abdominale. La tension variable du L’examen macro- et microscopique des testicules et le
tégument modifierait cette distance et provoquerait ainsi dosage des hormones sexuelles permettent de constater
une modification de la température corporelle, même sur qu’aussi bien la fonction exocrine (,spermatogénèse) que
les deux testicules d’un même animal. TIERNEY et la fonction endocrine (production de testostérone) sont
HALLFORD (14) constatent, par examen du sperme sur supprimées chez le bélier castré à’la pince de Burdizzo.
des animaux ayant subi la technique du short scrotum à L’involution est rapide au début puis se stabilise lente-
6 mois, une reprise partielle d’activité 15 mois après. La ment. Dans le cas d’une application correcte, cette
réversibilité semble donc très probable. Une idée plus méthode contrôle totalement le pouvoir fécondant du
précise du pouvoir fécondant du groupe SS de la premiè- sujet. L’absence presque totale de testostérone dans le
re expérience aurait pu être obtenue par examen du sper- sang explique les performances zootechniques
me et/ou examen de coupes d’épididymes. médiocres observées antérieurement.
En ce qui concerne les autres cellules (Sertoli et Leydig), La présence de cette hormone mâle dans le sang des
leur présence est visible chez les entiers et les short scro- castrés short scrotum explique vraisemblablement la forte
tum, mais les préparations ne permettent pas de compa- similitude des performances zootechniques entre ces ani-
rer leur nombre, ce qui aurait pu apporter certaines indi- maux et les béliers entiers et, par conséquent, sa supé-
cations, en relation avec la production d’hormones (8). riorité sur les castrés à la pince de Burdizzo dans ce
Le poids moyen du testicule et de I’épididyme des castrés domaine. Le contrôle de la fonction reproductive de I’ani-
de l’expérience 2, double de celui des animaux du groupe mal apparaît, par contre, plus aléatoire, d’après les obser-
Bl de l’expérience 1, peut être mis en relation avec I’involu- vations faites sur les testicules à l’âge de l’abattage à
tion plus lente observée par la mesure de la circonférence 15 mois, courant dans la région. Ceci incite, en l’état
scrotale (tabl. 1) et la durée plus courte de l’expérience. actuel des travaux, à des réserves en matière de vulgari-
sation de la technique du short scrotum.
La coloration plus claire et rosée de certains tissus testi-
culaires de castrés dans cette seconde expérience peut II n’en reste pas moins que les méthodes de castration
également être mise en relation avec le stade involutif partielle peuvent être intéressantes pour répondre aux
moins avancé. différentes options de l’élevage ovin extensif dans la
mesure où elles sont faciles d’application tout en étant
suffisamment fiables. la recherche d’une technique adap-
tée aux différents aspects du contexte africain doit se
Dosage des hormones sexuelles poursuivre.
Globalement, on constate que les taux en LH, FSH et tes-
tostérone des groupes short scrotum et Burdizzo par rap-
port aux taux du groupe des entiers sont caractéristiques
et conformes à la littérature (1, 8, 10). REMERCIEMENTS
Les différences en testostérone expliqueraient les écarts
observés de gain pondéra1 et de conversion alimentaire
décrits antérieurement (12, 13), ainsi que ceux concernant Les auteurs remercient Mme C. SOETENS et M. L. VAN
les paramètres d’abattage et de conformation, qui seront PEER de l’Institut de Médecine Tropicale d’Anvers pour
publiés ultérieurement. La perturbation et la suppression la préparation des coupes histologiques, ainsi que Mme
partielle de l’activité testiculaire du groupe SS dans la pre- M.A. VANDERMEIR des Facultés Universitaires N.-D. de
mière expérience expliquent les taux plus élevés en FSH la Paix de Namur pour le dosage des hormones.
par rapport aux entiers et la tendance à une position inter-
médiaire par rapport au groupe Burdizzo dont l’activité tes- Ils remercient également le National Institute of Diabetes
titulaire est complètement arrêtée. Ceci est probablement and Digestive and Kidney Diseases (NIDDK) et le
dû, respectivement, à une suppression partielle ou totale National Institute of Health (NIH) pour avoir fourni les hor-
de la production d’inhibine, responsable de l’inhibition de mones purifiées et les antisérums nécessaires au dosage
l’émission de l’hormone follicule-stimulante (5). La position des hormones LH et FSH, ainsi que le National Hormon
intermédiaire des taux en LH des short scrotum serait liée and Pituitary Program (NHPP), University of Maryland
à un feed-back négatif par la testostérone (3). (USA), School of Medicine.

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E. Thys J.L. Bister R. Paquay J. Hardouin A. Verhulst

THYS (E.), BISTER (J.L.), PAQUAY (R.), HARDOUIN (J.), THYS (E.), BISTER (J.L.), PAQUAY (R.), HARDOUIN (J.),
VERHULST (A.). Influence of partial and full castration on the repro- VERHULST (A.). Influencia de la castration partial y total sobre 10s
ductive parameters of Pulfuli rams in the Far North Cameroon. Revue parametros de reproducci6n de carneros Poulfouli del extremo norte de
Elev. Méd. vét. Puys trop., 1991,44 (2) : 185-192 Camerun. Revue Elev. Méd. vét. Pays trop., 1991,44 (2) : 185-192

Circumference of scrotum, macro- and microscopic aspects of testis La circunferencia escrotal, el aspecto macro y microsc6pico de 10s
and blood values of the gonadotropins, LH and FSH, and of testoste- testicules, las concentraciones plasmatica de testosterona y de las hor-
rone were studied during 2 trials concerning partial or full castration monas gonadotr6picas LH y FHS, fueron estudiadas mediante dos
of rams of the Pulfuli breed in the Far North Cameroon. The rams experiencias realizadas sobre carneros Poulfouli de Camerun, 10s
were slaughtered when 15 months old. The measures of the scrotum cuales fueron sacrificados a 10s 15 meses. ,La medida de la circunfe-
circumference permit to study the testis involution in Burdizzo cas- rencia escrotal permite el seguimiento de la involuckin testicular en
trated rams. Stabilisation of this involution occurred rather late. No 10s carneros castrados con una pinza de Burdizzo. Esta involuci6n se
seasonal influence on this parameter was recorded in entire rams. estabiliza tardiamente. Ninguna influencia estacional fue observada
Exocrine (spermatogenesis) and endocrine (testosterone secretion) en 10s carneros enteros. Tanto la funci6n exocrina (espermatogénesis)
testis functions were totally suppressed in totally castrated rams. The como la endocrina (producci6n de testosterona) son suprimadas total-
testis weight in partially castrated rams by the “short scrotum” mente en 10s carneros castrados con esta pinza. El peso de 10s testicu-
method was much variable (76.1 f 41.78 g) and SO was the suppres- 10s de 10s carneros castrados parcialmente mediante la tecnica “short
sion of spermatogenesis. Testosterone rates were close to those of scrotum” es variable (76,l f 41.78 g), al igual que la supresion de la
entire rams and this most likely explains the higher performances espermatogénesis. Sin embargo, 10s niveles de testosterona son simi-
observed before. The authors conclude that although partial castra- lares a 10s de 10s carneros enteros, hecho,que explica 10s resultados
tion represents an interesting alternative in terms of animal produc- zootécnicos mencionados anteriormente. Los autores concluyen que,
tion, prudence is recommended in matter of suppressing the repro- si bien la castraci6n partial constituye una alternativa interesante
ductive capacity in partially castrated rams by the short scrotum desde el punto dè vista zootécnico, se debe ser prudente en cuanto a la
technique. Key words : Pulfuli sheep - Castration - Circumference of supresion del poder de fecundacion en 10s animales castrados por el
scrotum - Sexual hormone - Testis weight - Tubuli contorti - Cameroon. metodo “short scrotum”. Palabras claives : Carnero Poulfouli -
Castration - Circunferencia escrotal - Hormona sexual - Peso testicular -
Tubo seminifero - Carnet-un.

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