Organisation Chantier
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Organisation Chantier
: C114 V2
Organisation
Date de publication :
10 août 2009 des chantiers
de bâtiments
Résumé Les chantiers de bâtiment sont exécutés par les même entreprises que les
chantiers de Travaux Publics (les BTP), et ont donc des aspects d’organisation
communs. Cet article s’intéresse particulièrement aux spécificités d’organisation des
chantiers de bâtiment. La préparation du chantier est passée en revue : personnel,
études et méthodes d’exécution, plannings et corps d’état. Lors de la réalisation, la
sécurité, la qualité et l’environnement sont des aspects à ne pas négliger. Un suivi des
rendements, des plannings et du budget doit être opéré. Les question de logistique, de
gestion des interfaces, de dépenses communes et les aléas et imprévus sont autant de
notions abordées. La livraison et la réception du bâtiment ainsi que les opérations
préalables à la réception (OPR) clôturent cet article.
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1. Spécificité des chantiers Ces corps d’état sont souvent regroupés en 4 groupes correspon-
dant aux 4 phases principales des travaux :
de bâtiments – les travaux préliminaires : démolitions, terrassements géné-
raux, fondations profondes, voiries et réseaux divers (VRD) ;
– le clos couvert : gros œuvre, maçonnerie, charpente et couver-
& On appelle « bâtiment » toute construction d’une certaine impor- ture, menuiseries extérieures, étanchéité ;
tance servant d’abri ou de logement. Relèvent donc du bâtiment : – les corps d’état architecturaux : structures métalliques, cloi-
– les maisons individuelles et immeubles, y compris de grande sons, menuiseries intérieures, faux plafonds, revêtements (pein-
hauteur (IGH) ; ture, carrelage…) ;
– les bureaux ; – les corps d’état techniques : plomberie, sanitaire, électricité
– les bâtiments agricoles ; courants faibles ou forts, chauffage – ventilation – climatisation
– les bâtiments industriels ou de stockage ; (CVC), sécurité, ascenseurs…
– les salles de sport ; Après la phase d’urbanisme et la phase architecturale, les
– les hôpitaux… entreprises qui vont réaliser le chantier sont choisies parmi les
Ils sont le plus souvent en zone urbaine et raccordés aux réseaux entreprises du bâtiment : société artisanale pour une maison indivi-
locaux (électricité, téléphone, eaux potables, égouts…). Ils sont duelle…, ou grande société pour un IGH.
construits par des entreprises de tailles très variées. La Fédération Les travaux sont confiés, soit à une entreprise générale (qui
française du bâtiment, la FFB, (qui compte pour les deux tiers du sous-traite les métiers qu’elle ne peut faire avec son propre person-
chiffre d’affaire de cette profession) a 57 000 adhérents, dont nel et qui coordonne l’ensemble du chantier), soit à plusieurs entre-
42 000 entreprises artisanales (cf. [Doc. C 114]). prises qui réalisent chacune ce qui relève de leur propre métier et
sont coordonnées par un maı̂tre d’œuvre, ainsi que, dans le cas de
& L’art de disposer les bâtiments à l’échelle de la ville s’appelle « urba- marchés publics, par le responsable de la mission OPC (Ordonnan-
nisme ». L’art de concevoir des bâtiments se nomme « architecture ». cement, pilotage et coordination) (loi du 12 Juillet 1985 sur la Maı̂-
On appelle « organisation des chantiers de bâtiments » la prépa- trise d’Ouvrage Publique, communément appelée loi MOP
ration de ces chantiers, mais aussi la structure, les ressources (le (cf. [Doc. C 114])).
groupe d’individus) ayant pour but de construire ces bâtiments.
Les contrats de construction des bâtiments relèvent des arti-
& Les chantiers de bâtiments ont des organisations très variées cles 1779 et suivants du Code civil. Ils prévoient habituellement
suivant la nature de la construction. On distinguera les chantiers une base de règlement forfaitaire, c’est-à-dire une rémunération
de bâtiments neufs (cf. figure 1) et les chantiers de rénovation et fixe et non liée aux quantités réellement exécutées.
d’amélioration de ces bâtiments. Décrire exhaustivement toutes les organisations possibles d’un
& Les chantiers de bâtiments relèvent d’un très grand nombre de chantier de bâtiment ne relève pas de ce court dossier (on se réfé-
métiers. L’organisation de ce type de chantiers tient compte du fait rera pour plus d’informations à la bibliographie jointe
qu’aucune entreprise française ne maı̂trise l’intégralité de tous ces en [Doc. C 114]). Mais, cependant, tous les chantiers de bâtiments
métiers, de tous ces « corps d’état », selon le jargon professionnel. ont un certain nombre de traits communs qui seront mis en exer-
gue. Pour les illustrer, l’exemple le plus souvent cité dans la suite
du texte est celui de l’organisation d’un chantier d’un hôpital, de
taille moyenne (20 000 m2) et de complexité élevée dans le cadre
d’un projet en conception-construction, réalisé par une entreprise
générale (cf. figure 2).
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2. Préparation du chantier
2.1 Personnel
À l’obtention d’un nouveau chantier, l’entreprise de bâtiment
désigne un responsable du chantier qui aura en charge la construc-
tion de ce bâtiment. Cela peut être (selon la taille du chantier) :
– le chef d’entreprise en cas d’entreprise artisanale ;
– un chef de chantier ;
– un conducteur de travaux ;
– voire, un directeur de chantier.
& Pour les très grands chantiers de bâtiments, une équipe impor-
tante dédiée à l’encadrement vient s’installer sur place.
& Pour les petits chantiers, il n’y a pas d’encadrement permanent
sur place.
La plupart des chantiers sont organisés selon une organisation
intermédiaire entre ces deux solutions.
En fonction de la manière dont ont été passés les contrats, la & Par contre, les méthodes d’exécution des travaux sur le chantier
direction de la cellule de synthèse est exercée par l’entreprise géné- des corps d’état techniques restent assez simples car ces travaux
rale, ou par le maı̂tre d’œuvre. Le directeur de cellule doit être sont peu mécanisés : les câbles électriques, les canalisations, les
expérimenté, capable de critiquer de manière positive les plans les
détecteurs de fumée…, sont posés à la main.
plus techniques produits par les corps d’état.
Les missions de mise en forme des travaux de cette cellule (les & Pendant la période de préparation sont à mettre au point 4 docu-
plans de synthèse) peuvent être confiées à un bureau d’étude, ments principaux.
mais, au vu des conséquences économiques des travaux de cette
cellule, la direction de cette cellule ne devra pas être sous-traitée. Plan des installations de chantier : (bureaux, vestiaires, can-
tine, réseaux provisoires d’eaux, d’air comprimé et d’électricité,
& Pour le chantier d’un petit immeuble, cette synthèse se fait de centrale à béton, zones de stockage…). Contrairement aux chan-
manière simple, grâce aux habitudes des différents métiers. Pour tiers de TP, les installations d’un chantier de bâtiment s’inscrivent
un chantier de bâtiment complexe, type musée, hôpital ou IGH, toujours dans un périmètre restreint. La place manque en zone
une équipe spéciale doit y travailler (ex : 5 ingénieurs ou techni- urbanisée. L’amélioration de ces installations de chantier doit être
ciens pendant 3 mois pour un chantier d’hôpital). Ce travail sera recherchée (climatisation par exemple).
cependant limité si une présynthèse a pu être effectuée entre les
bureaux d’étude techniques et les architectes, préalablement à la Plan d’installation des grues : en chaque endroit du chantier,
production des plans d’exécution par les entreprises. on doit pouvoir manipuler les charges (habituellement de 3 à 6 ton-
& Ce travail est devenu plus aisé grâce aux programmes de dessin nes). En phase de gros œuvre, une grue est nécessaire pour
15 ouvriers.
en 3 dimensions, type Autocad 3D et BIM (Building Information
Modelling ou Modélisation des données du bâtiment). On notera que la rapidité d’avancement d’un chantier est condi-
tionnée principalement par les moyens de manutention : plus il y a
de grues sur un chantier de bâtiment, plus ce chantier peut avancer
2.3 Méthodes d’exécution – vite.
Matériel – Matériaux Certains problèmes d’interférence entre les câbles, les flèches et
les contreflèches des grues sont résolus par les matériels et logiciels
& Les méthodes d’exécution des travaux préliminaires et du clos anti-interférences, type SMIE ou équivalent (cf. [Doc. C 112v2]).
couvert des grands bâtiments sont très élaborées et nécessitent
L’usage de grues à flèche relevable (qui diminuent ainsi les inter-
une préparation équivalente à celle des chantiers de TP (cf.
férences) devraient se développer grâce à l’amélioration des logi-
dossier [C 112v2]).
ciels de pilotage qui les rendent plus faciles à conduire (cf.
On citera à titre d’exemples : figure 5).
En fondations : les méthodes de renforcement des fondations Chaque grue doit, après montage et après toute modification,
d’un immeuble par micro-pieux et ceinturage. être vérifiée et essayée par un organisme agréé. On n’oubliera pas
En terrassement : les excavations réalisées à l’abri d’une paroi de prévoir les modalités du démontage de ces grues, opération qui
moulée préalablement exécutée. peut être compliquée par la diminution de la place disponible, du
En gros-œuvre : les méthodes « top down » ou l’on réalise en fait de l’encombrement du bâtiment construit.
montant, les étages en élévation (top) tout en réalisant en même
temps, en descendant, les différents étages du parking souterrain
(down) sous le bâtiment.
Plans de rotation des banches de coffrage, (les parois qui ser- Avant d’utiliser des matériaux nouveaux sur un chantier de bâti-
vent à maintenir en forme le béton lorsqu’il est en phase liquide) ment, un agrément technique doit être obtenu (type Agrément tech-
(cf. figure 6) afin d’augmenter la productivité des équipes par une nique européen, marquage CE ou NF…) (voir EOTA [Doc. C 114]).
utilisation quotidienne, sans temps mort, pour un coulage de béton À défaut, le risque de désordre sera important et les assurances
journalier le plus important possible. obligatoires ne pourront être mises en place.
Plans de phasage : les phasages d’un petit immeuble R + 4 ne
présentent pas de difficultés particulières. Pour les chantiers com-
portant plusieurs bâtiments, le phasage tiendra compte de l’ordre
de livraison et cherchera à équilibrer le travail de chaque grue. 2.4 Plannings
Pour les chantiers de réhabilitation, on peut être conduit à travail-
ler du bas vers le haut (les coffrages de plancher étant ainsi suspen-
On se référera la aussi au dossier [C 112v2]. On distingue habi-
dus aux étages supérieurs, et non étayés sur l’étage inférieur).
tuellement au moins quatre phases principales dans les chantiers
Une réflexion approfondie devra être apportée à la préfabrication de bâtiment.
dans la phase de gros œuvre. En effet, préfabriquer entraı̂ne des
gains de délais, de qualité… (cf. dossier [C 112v2]), mais la préfabri- & Phase terrassement et fondations. C’est la plus perturbante pour
cation est consommatrice « d’heures de grues ». l’environnement (risque de pollution de la nappe phréatique et la
D’une manière générale, en gros œuvre, le béton des parties ver- plus susceptible d’aléas (cf. § 2.6)). Le planning doit en en tenir
ticales du bâtiment (murs ou voiles (en jargon professionnel), compte (cf. figure 7).
poteaux) est coulé en place, les planchers (horizontaux) sont préfa-
briqués, au moins partiellement (poutres, hourdis, prédalles). On & Phase gros-œuvre, puis clos couvert. On notera que, plus l’im-
limite ainsi les phases de décoffrage en sous-face des planchers meuble est grand ou haut, plus la productivité est bonne.
où les grues n’ont plus accès. Mais il y a lieu parfois de couler en
place les planchers à l’aide de pompe à béton pour réserver les Exemple : pour un IGH (Immeuble de grande hauteur), une
grues à d’autres tâches. cadence d’un niveau en 4 jours est souvent atteinte dès le deuxième
Pour les corps d’état, la préfabrication est limitée par le cloison- ou troisième niveau.
nement du bâtiment et les moyens de levage limités qui peuvent
être utilisés à l’intérieur du bâtiment. On veillera à approvisionner & Phase des travaux des corps d’état. Ils sont décalés des travaux
les éléments lourds tant que les grues du gros-œuvre le peuvent. de gros-œuvre d’une ou deux semaines. C’est la phase ou le risque
de suractivité est le plus grand, c’est-à dire ou le trop grand nom-
& En ce qui concerne le matériel, hors la phase des travaux préli- bre d’intervenants dans le bâtiment en chantier diminue la sécurité
minaires, le matériel utilisé sur un chantier de bâtiment est essen- et la productivité.
tiellement du matériel de manutention : grues, pompe à béton,
ascenseurs, élévateurs…. & Phase des opérations préalables à la réception (OPR). Ces opéra-
tions sont organisées par étage (ou par zone pour les hangars par
En dehors des échafaudages de façade (façade neuve ou ravale-
exemple). Cette phase est suivie de la levée des réserves.
ment) on remarquera la tendance à la diminution des échafaudages
de pied et leur remplacement par des nacelles élévatrices. Sur un
chantier d’un bâtiment logistique de 10 000 m2 plus de 10 nacelles
peuvent être employées en même temps. Les nacelles à mats verti-
caux, les plateformes ciseaux diesels ou électriques, les nacelles arti-
culées,…, ont modifié fortement l’organisation des chantiers de bâti-
ment (consulter les solutions de la société Haulotte [Doc. C 114]).
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Exemple. idéale serait que tous les corps d’état se suivent dans la même
Pour donner des ordres de grandeur de durées de ces phases, sur pièce, les uns après les autres, et, qu’une fois partis ils n’aient plus
un chantier d’un hôpital de 20 000 m2, on trouve les chiffres suivants : à revenir.
– phase terrassement/fondations : 5 mois ;
– phase gros-œuvre : 7 mois ;
– phase corps d’état : 15 mois (plus du double de la phase gros-
œuvre !) ;
– phase OPR/levée de réserves : 2 mois.
3. Lors de la réalisation
Ces phases se chevauchant, la durée totale du chantier, entre l’or-
dre de service de démarrer les travaux et la livraison, a été de
26 mois. 3.1 Sécurité – Qualité – Environnement
Les plannings seront détaillés jusqu’à préciser l’intervention de La plupart des entreprises françaises sont certifiées ISO 9000
chaque corps d’état dans chaque pièce de chaque étage (ou zone). (système de management de la qualité) et, dans une moindre
On évitera l’intervention simultanée de 2 corps d’état le même jour mesure, BS 8800 (système de management de la sécurité et de la
dans la même pièce. santé au travail) et ISO 14000 (management environnemental).
Lors de la réalisation d’un chantier de bâtiments, elles respectent
ces normes après avoir (pour les chantiers de bâtiments impor-
2.5 Corps d’état tants) éventuellement précisé leur organisation via un PAQ, un
PPSPS et un SME spécifiques (cf. dossier [C 112v2]).
Un corps d’état est généralement retenu dès lors que son devis est
le moins disant. On veillera à vérifier les moyens de ce corps d’état : & Sur les chantiers de bâtiments, les accidents sont malheureuse-
– a-t-il le personnel pour faire le chantier ? ment fréquents. Chaque corps d’état a pour mission de réduire les
– son carnet de commandes n’est-il pas trop plein ? accidents dus à son propre métier. Le législateur a imposé la pré-
– pourra-t-il tenir ses engagements ? sence d’un Coordonnateur de sécurité et de la protection de la
santé (CSPS) désigné dès l’avant projet sommaire par le maı̂tre
Si un seul corps d’état ne peut tenir ses délais, l’ensemble du d’ouvrage (cf. notamment la loi 93-1418 du 31 décembre 1993 et le
chantier sera désorganisé par ses retards. On verra alors des sous- décret n 2006-761 du 30 juin 2006). Ce CSPS, personne physique
traitances en cascade (l’entreprise en retard sous-traite à une autre ou morale, a pour mission, tout au long du chantier, de prévenir
qui elle-même re-soustraite et, ainsi de suite… (les prix étant mino- les risques résultant des interventions simultanées ou successives
rés à chaque étape de quelques pourcents). des différentes entreprises ou équipes.
L’organisation veillera à ce que tous les corps d’état soient choi- Mais, les responsabilités des différents intervenants n’ont pas été
sis dès le début de la période de préparation et, non lorsque le changées, à savoir que le chef d’entreprise est responsable de la
chantier est commencé. sécurité de ses employés. Il a une obligation de résultat, contraire-
Il y a lieu, lors de la période de préparation, que les organisations ment aux autres intervenants qui n’ont de responsabilité qu’en cas
de tous les corps d’état soient rendues compatibles. Cela passe, on de faute.
l’a vu, par la synthèse. Mais cela passe aussi par l’harmonisation
des plannings et des moyens nécessaires aux travaux (zones de & Un chantier bien organisé peut réduire fortement les risques
stockage, moyens de levage, électricité…). Lors de la rédaction d’accident sur, au moins, 2 points :
des différents contrats, le directeur de l’entreprise principale, ou le – ceux dus aux travaux en superposition (chutes d’objet) ;
maı̂tre d’œuvre, procédera à cette harmonisation. – ceux dus aux trémies (ouvertures) (risque de chutes de
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L’idée directrice est que les différents intervenants (les ouvriers personnes).
sur le chantier) ne se gênent pas. Aussi, l’organisation doit-elle pré-
voir des interventions décalées dans le temps et dans l’espace, Si les travaux en superposition ne peuvent pas totalement être
pièce par pièce et éviter les retours en arrière d’une équipe. Par évités pour les ouvriers de la même entreprise, ils peuvent, et doi-
exemple, le plaquiste (plâtrier) doit finir complètement une pièce vent l’être, pour des ouvriers de différents corps d’état.
avant de la quitter pour laisser la place au plombier. Certains corps
d’état empêchent toute circulation (cf. figure 8). L’organisation Exemple.
Dans un centre logistique, on attendra la fin de la pose des bacs de
couverture (toiture) avant de démarrer les aménagements intérieurs.
De ce fait si une clef à molette échappe à la main d’un poseur de
cette toiture et vient à tomber, elle ne blessera personne.
Exemple. gées, soit par l’OPC (marchés publics), soit le maı̂tre d’œuvre, ou le
Un mur en béton d’essai sera réalisé de façon à ce que le peintre, directeur de chantier de l’entreprise générale.
qui devra faire les enduits puisse faire ses observations sur le bullage Pour les chantiers très importants, un ou deux techniciens per-
ou les balèvres (légères saillies) de ce mur, et ce alors que peu de manents seront nécessaires à ce suivi, lequel est toujours fait à
murs auront été coulés. l’aide de logiciels informatiques, tels que MS project de Microsoft,
Cette disposition est souvent prévue par les maı̂tres d’œuvre dili- PSN de Sciforma… (cf. dossier [C 112v2]). Les techniciens s’attache-
gents, les autres se voyant rapidement confrontés à des réclama- ront à suivre plus particulièrement chaque entreprise au début de
tions et des surcoûts. son intervention, tant qu’elle n’a pas atteint son avancement jour-
nalier prévu.
Travaux d’un intervenant non préjudiciables à la qualité des
travaux d’un autre intervenant. On citera, par exemple, la détériora-
& On l’a vu, la plupart des chantiers de bâtiments sont réglés de
tion d’une étanchéité par les travaux du lot CVC.
manière forfaitaire. En sus de la comparaison régulière, entre
& Du point de vue environnemental, au moins 2 points, toujours l’étude de prix et la réalité sur le chantier, le suivi du budget est
essentiellement un suivi des travaux supplémentaires. Ceux-ci ont
importants doivent être suivis avec attention :
toujours une forte incidence sur l’organisation du chantier.
– la qualité de la nappe phréatique. Si les fondations l’appro-
chent, des analyses de la qualité de l’eau avant travaux, et pendant En marché public, compte tenu du caractère exécutoire des
les travaux, doivent être faites ; ordres de service (OS), le traitement de ces OS nécessite une orga-
– les nuisances aux riverains : constats d’huissiers préliminaires nisation rigoureuse et une approche très contractuelle par les entre-
et travaux discrets sont nécessaires. prises de bâtiment :
Depuis quelques années, en sus des indicateurs de sécurité – étude de faisabilité des travaux supplémentaires ;
(taux de fréquence, taux de gravité) et des indicateurs de qualité – devis pour la réalisation de cette étude ;
(nombre de non-conformité…) des indicateurs environnementaux – incidence sur le délai ;
sont suivis. Certains sont demandés par le client, d’autres sont – accord du maı̂tre d’ouvrage pour démarrer l’étude ;
librement choisis par les entreprises. La normalisation européenne – après la conclusion de celle-ci, devis pour les travaux supplé-
de ces indicateurs est en cours (CEN/TC 350 cf. le site web de mentaires proprement dits ;
l’AFNOR). – nouvel accord du maı̂tre d’ouvrage, etc.
3.3 Logistique
On entend par logistique, dans un chantier de bâtiment, l’activité
qui a pour objet de gérer les flux physiques, c’est-à-dire l’approvi-
sionnement à pied d’œuvre des dizaines, voire centaines de mil-
liers d’éléments qui constituent un grand bâtiment.
Après les phases d’évacuation de déblais/démolition, ces flux
sont essentiellement à sens unique, des fournisseurs vers le chan-
tier, et en trois dimensions (y compris vers le haut).
Pour assurer cette logistique, des moyens et des matériels sont
nécessaires.
& Sur les petits chantiers de bâtiments, chaque entreprise interve-
nante veille à ses approvisionnements en s’assurant d’une zone de
stockage, au pied du bâtiment, et de la possibilité d’utiliser les
moyens de manutention montés par l’entreprise de gros œuvre.
& Par contre, pour les chantiers les plus grands (ex : IGH), une
organisation spécifique doit être mise en place pour gérer tous les
flux et éviter « l’asphyxie » du chantier, ce d’autant que ces IGH
étant construits, en zone urbanisée, la place manque.
& Dans le cas d’un chantier confié à une entreprise générale, celle-
ci organise cette logistique via des techniciens habitués à la pro-
grammation. Des monte-charges provisoires, après le démontage
des grues du gros œuvre, sont souvent nécessaires. Les moyens
de levage doivent être définis dans les contrats des corps d’état.
Exemple.
Sur le chantier de rénovation de la tour AXA, à La Défense (2008-
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& Les interfaces de planning se produisent dès qu’un retard chez & Autre aléas important : le dépôt de bilan d’une entreprise. Le
un intervenant apparaı̂t, retard qui se répercute sur les autres inter- grand nombre d’intervenants sur les chantiers de bâtiments aug-
venants. Toute accélération d’un intervenant, pour compenser un mente le risque que l’un d’entre eux disparaı̂sse pendant le chan-
retard, peut se traduire par un excès de coactivité, une suractivité tier et perturbe tous les autres. Ce n’est que si le marché de cet
préjudiciable à la sécurité, ce qui peut empêcher la compensation intervenant défaillant comporte des prix normaux qu’il pourra être
de ce retard. rapidement remplacé. Les conséquences de cette défaillance pour-
ront être alors minimisées.
jet a été bien faite via, par exemple, un marché préliminaire spéci- (des dizaines de milliers de points à vérifier), mais qui peut s’orga-
fique de reconnaissance de sol. niser de manière assez simple. À partir de l’ensemble des plans
d’exécution de tous les corps d’état, on établit des fiches récapitu-
On prévoira, sur le planning et le budget, des marges pour com- latives pièces par pièces. Une fiche décrit l’intégralité de tous les
penser les imprévus : équipements d’une pièce. Il n’y a plus qu’à vérifier que tout y soit.
– intempéries ; Les réseaux sont cependant essayés et réceptionnés par secteur,
– difficulté de mobilisation ; puis globalement.
– exigences non prévues des riverains…
Après les OPR, toutes les entreprises doivent procéder à la levée
& La mise en place d’une nouvelle réglementation et l’évolution (suppression) des réserves. Une approche systématique, rigou-
des équipements sont deux autres sources d’aléas et d’imprévus reuse est indispensable pour lever ces réserves rapidement, et au
dans les chantiers de bâtiments. meilleur coût.
Les entreprises du bâtiment donnent une garantie de parfait
L’évolution de la réglementation sera une source de difficultés,
achèvement et une garantie décennale. Elles doivent être assurées
si la gestation du projet a été longue et si cette évolution n’a pas
été intégrée lors de l’établissement des contrats. pour cette dernière (loi de 1978, modifiée par ordonnance du 8 juin
2005). La garantie décennale est bien connue des maı̂tres d’ouvra-
L’auteur considère qu’un peu de rigueur et d’attention, lors de la ges et, 9 ans après la réception, ils cherchent souvent à l’utiliser,
rédaction des contrats, peut éviter tout déboire à ce sujet. compte tenu de la présomption de responsabilité des
constructeurs.
L’évolution des équipements peut-être aussi une source d’im-
prévus pour les chantiers complexes.
Les chantiers de bâtiment doivent donc être organisés pour
Exemple. que les éventuels responsables et leurs assurances puissent
Un nouvel équipement pour réaliser de l’imagerie par résonance être retrouvés. Cela passe par un archivage soigné.
magnétique plus lourd, plus volumineux que le précédent, peut Tous les originaux des contrats de construction, toutes les
entraı̂ner une modification de la pièce correspondante (dimensions, attestations d’assurance doivent être préservés dix ans après
ferraillage du plancher…). la réception.
5. Conclusion
Les chantiers de bâtiments sont une des activités les plus ancien-
nes de l’homme, visant à satisfaire un de ses besoins élémentaires :
être abrité. L’adjonction de très nombreuses fonctionnalités à ce
besoin a rendu ces chantiers complexes.
Chantier veut dire aussi trop souvent « lieu en désordre ». Une
bonne organisation dans les chantiers de bâtiment rendra désuète
cette signification.
P
O
U
Organisation des chantiers R
de bâtiments
par Jean-Pierre LEFEBVRE
E
Ingénieur ESTP, membre de la délégation technique de la FNTP
Gérant de JPL BTP consultant
N
Sources bibliographiques S
GRANGE (C.). – La Loi MOP (Maı̂trise d’ou- ARMAND (J.) et COUFFIGNAL (Y.R.D.). – Les Tours. Numéro Hors série L’ingénieur A
vrages publics). Un ouvrage qui permet de Conduire son chantier. 8ème éditions ; collec- constructeur ETP (Novembre 2008).
comprendre et d’appliquer sereinement la
loi MOP. Editions Le Moniteur (2007).
tion Méthodes, Éditions Le Moniteur (2007).
À lire également dans nos bases V
LEFEBVRE (J.-P.). – Organisation de chantiers
RABATEL (M.) et ESTINGOY (P.). – Prévenir
les risques d’une opération de construction.
Collection Méthodes, Éditions Le Moniteur
MONTHARRY (D.) et PLATZER (M.). – La
technique du bâtiment. Décrit et appréhende
les interfaces entre les divers corps d’état,
des travaux publics. [C112v2] Construction
(2009).
O
(2006). Éditions Le Moniteur, 4ème édition (2006).
I
Outils logiciels R
AUTOCAD
http://www.autodesk.fr
P
Sites Internet L
BESIX BURJ DUBAI TOWER
http://www.besix.com/ http://www.burjdubai.com/ U
S
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Annuaire
Constructeurs – Fournisseurs – Distributeurs (liste non-exhaustive) Organismes – Fédérations – Associations (liste non-exhaustive)
HAULOTTE GROUP Matériel d’élévation de personnes et de charges AFNOR Association française de normalisation
(nacelles, ciseaux, chariots télescopiques…)
http://www.afnor.org/
http://www.haulotte.com
DIN, Deutsches Institut für Normung
ORU France Centrale à béton
http://www.din.de/
http://www.orufrance.fr/
EGF-BTP Entreprises générales de France
OUTINORD The World Leader In Efficient Concrete, Construction Techno-
http://www.egfbtp.com/
logies, coffrage, coffrages formwork
EOTA European Organisation for Technical Approvals
http://www.outinord.fr/
http://www.eota.be
SMIE, fabricant de systèmes de sécurité et d’aide à la conduite pour
engins de levage. Systèmes anti-collision, anémomètres, superviseurs, Fédération Française du Bâtiment – Organisation professionnelle du bâti-
indicateurs ment qui accompagne les entreprises du BTP
http://www.smie.com/ http://www.ffbatiment.fr/
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