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3.

Circuits à transistors bipolaires


3.1. Introduction
Malgré la suprématie actuelle des transistors MOS dans les circuits intégrés à très large
échelle d'intégration (Very Large Scale Integration, VLSI : 10'000 à plus de 100'000 tran-
sistors par circuit), le transistor bipolaire reste très utilisé dans les circuits à composants
discrets ou les circuits intégrés qui exigent :
 des courants de sortie élevés (étage de sortie) ;
 une grande vitesse de commutation (circuits logiques ultra-rapides) ;
 un gain de tension élevé ;
 un faible bruit (pré-amplicateurs hi-) ;
 la réalisation de fonctions linéaires à hautes performances.
Le transistor bipolaire porte son nom en raison de son fonctionnement lié aux deux types de
porteurs libres, les électrons et les trous. C'est un dispositif à semi-conducteur présentant
trois couches alternées n, p et n pour un transistor npn ou p, n et p pour un transistor pnp.
La couche médiane est la base. Les deux couches externes sont l'émetteur et le collecteur.

C C C
C
n
B B B B
p
e
n
E
E E E

Figure 3.1.: Principe du transistor npn et son symbole

L'intégration d'un transistor sur un cristal de silicium correspond ainsi à la juxtaposition


d'une jonction np (base-émetteur) et une jonction pn (base-collecteur). Grâce à la pola-
risation positive de la jonction BE, on rend conductrice cette dernière et les électrons se
déplacent de l'émetteur vers la base. Cependant, comme le champ électrique créé par la
tension positive du collecteur est très élevé, presque tous les électrons émis sont collectés
par ce dernier. Le courant de base est alors 100 à 500 fois plus faible que les courants
de collecteur et d'émetteur. La jonction base-émetteur travaille donc comme une jonction
conductrice alors que la jonction collecteur-base est polarisée en sens inverse. Le courant
de collecteur correspond alors au courant de saturation inverse de la jonction.

Il est important de préciser qu'un transistor réel n'a pas une structure aussi symétrique
que peut le faire accroire la description qui précède. En eet, pour des raisons physiques

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3. Circuits à transistors bipolaires

et technologiques :
 le transistor réel doit avoir une base très mince (quelques dixièmes de microns) ;
 l'émetteur et le collecteur dièrent par leur géométrie et leur dopage ;
 l'émetteur est bien plus dopé que la base ; etc.

3.2. Équations et caractéristiques d'un transistor


Comme on vient de le voir, la jonction BE du transistor fonctionne comme une diode
conductrice. À la diérence de celle-ci, le facteur technologique n des transistors au silicium
est égal à 1. On ne le fera donc pas apparaître dans la fonction exponentielle traduisant le
comportement de la diode.

IC -IC
C C
IB -IB
B B
UCE -UCE
UBE -UBE
E E
npn pnp

Figure 3.2.: Symboles, courants et tensions

Considérant le transistor npn et son symbole (gure 3.2), sa description passe par l'écriture
des équations ci-dessous (elles sont similaires pour le transistor pnp) :

1. Équation des courants


IE = IB + IC (3.1)

2. Équation de la jonction base-émetteur conductrice

UBE /VT
IB = ISB e (3.2)

où, comme pour la diode, VT est le potentiel thermique équivalent à l'énergie ther-
mique kT des porteurs de charge q
kT
VT = ' 26 mV @ T = 300 K (3.3)
q
et ISB est le courant de saturation inverse de la jonction BE (de l'ordre du fA).

3. Équations du courant de collecteur

a) IC commandé par le courant IB :

IC (IB ) = β IB (3.4)

où β est le gain en courant du transistor (pratiquement supérieur à 100) ;

b) IC commandé par la tension UBE (équation (3.2) dans (3.4)) :

UBE /VT UBE /VT


IC (UBE ) = (βISB ) e = IS e (3.5)

c) IC dépendant de UCE :
 
UCE
IC (UCE ) = IC (IB ) 1+ (3.6)
VA
où VA , dit potentiel de Early, sert à décrire la pente non nulle des caractéristiques
de sortie du transistor ; sa valeur est de l'ordre de la centaine de volts.

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3.2. Équations et caractéristiques d'un transistor

I (U ) I (U ), I = param
B BE C CE B
100 30

90 IB = 100µA

25
80

IB = 80µA
70
20

60
IB = 60µA

IC [mA]
IB [µA]

50 15

40
IB = 40µA
10
30

20 IB = 20µA
5

10

0 0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 0 2 4 6 8 10
UBE [V] UCE [V]

IB( UBE ) IC( UCE ), IB = param


100 30

90
IB = 100µA
25
80

70 IB = 80µA
20

60
IC [mA]
IB [µA]

IB = 60µA
50 15

40
IB = 40µA
10
30

20
IB = 20µA
5

10

0 0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 0 2 4 6 8 10
UBE [V] UCE [V]

Figure 3.3.: Caractéristiques d'un transistor bipolaire réel (en haut) et celles d'un tran-
sistor idéal représenté par un modèle d'ordre 0 (en bas)

Les caractéristiques correspondant à ces équations sont illustrées par les deux graphes du
haut de la gure 3.3. Les graphes du bas montrent les caractéristiques d'un transistor idéal
représenté par son modèle d'ordre 0.


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3. Circuits à transistors bipolaires

Hypothèse simplicatrice Tenant compte des équations (3.1) et (3.4), le courant d'émet-
teur s'écrit
IE = IC + IB = (β + 1) IB (3.7)

Comme le gain en courant est généralement supérieur à 100, il vient

β+1'β ⇒ IE ' IC (3.8)

3.3. Modèle linéaire


Comme on ne sait pas calculer des systèmes caractérisés par des équations non linéaires,
on doit se contenter d'approximations linéaires d'ordre 0 ou d'ordre 1. La gure 3.3 montre
les caractéristiques d'un modèle d'ordre 0 où les caractéristiques réelles sont remplacées
par des segments de droite de pente nulle ou innie et la gure 3.4 illustre son schéma
équivalent d'ordre 0.

IC IB IC = βIB
IB

UBE UCE UBE Vj UCE

Figure 3.4.: Modèle linéaire d'ordre 0 d'un transistor

On constate alors que la tension entre base et émetteur est admise constante si le transistor
conduit et que le courant de collecteur ne dépend que du courant de base. Ainsi, vue de
l'extérieur, l'entrée BE du transistor se ramène à une source de tension indépendante

UBE = Vj ' 0.6 V (3.9)

alors que la sortie CE du transistor se ramène à une source de courant idéale commandée
par le courant de base
IC = β IB (3.10)

3.3.1. Domaines de fonctionnement du transistor

Les circuits à transistors sont généralement constitués d'une ou plusieurs alimentations


reliées aux transistors par des résistances. La gure 3.5 illustre un schéma type de circuit
à transistor dans lequel le courant de collecteur varie avec la tension d'alimentation VBB
appliquée à la base du transistor.

Pour que le transistor puisse fonctionner dans un domaine linéaire (gure 3.6), le courant
de collecteur doit être compris entre 0 et sa valeur de court-circuit

VCC
0 < IC < IC,max = (3.11)
RC + RE
De la même manière, la tension UCE ne peut pas être négative ni supérieure à la tension
d'alimentation ; on a donc :
VCC > UCE > 0 (3.12)

L'état du transistor dépend des valeurs de IC et UCE (gure 3.6) :

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