Cours C514 - Partie I. 2020-2021
Cours C514 - Partie I. 2020-2021
Cours C514 - Partie I. 2020-2021
UNIVERSITAIRE
2022/2023
COURS
METHODES DE SEPARATION
PARTIE I
1
GENERALITES SUR LES METHODES D’EXTRACTION
Les techniques de séparation (appelées aussi analyse immédiate) correspondent à la partie la plus
anciennement connue de la chimie analytique. Elles ont permis l’isolement de nombreuses substances à
savoir les alcaloïdes, les vitamines, les antibiotiques …etc.
Une méthode de séparation est généralement composée d’un certain nombre d’opérations dans la
mise en œuvre dépend de la nature de produit de départ qui peut être soit une solution homogène résultant
de l’extraction d’un mélange naturel ou d’une réaction de synthèse, soit d’un mélange hétérogène par
exemple organes des végétaux ou animaux. Dans ce chapitre, nous allons étudier successivement ces
deux types de mélanges.
2
➢ le nombre de tours « n »
On note que l’augmentation de « R » est obligatoirement limitée par la dimension des appareils et
c’est donc essentiellement le nombre de tours par minutes « n » plus tôt que par seconde qui permet de
rendre compte des performances d’une centrifugeuse. Ce nombre varie en générale entre 3000t/mn et
50000 t/mn et même plus pour les ultracentrifugeuses.
Notes :
✓ pour rendre compte de la performance des centrifugeuses, l’utilisation du nombre de g qui
correspond au rapport de la valeur de la force centrifuge et celle de la pesanteur est couramment
𝒎𝜸𝑹
utilisée . A titre d’exemple une centrifugeuse à main atteint 1500g, une ultracentrifugeuse
𝒎𝒈
de 25000 à 1000000g ;
✓ la séparation d’un mélange de molécules de même nature (protéines par exemple) en fonction de
leur masse moléculaire peut être effectuée par ultracentrifugation. D’un point de vue analytique,
c’est l’une des méthodes permettant la détermination de la masse moléculaire moyenne et de
l’homogénéité des polymères.
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➢ Séparation mécanique des cristaux selon leur couleur, leur fluorescence, ou leur forme (séparation
des tartrates par pasteur) ;
➢ Lévigation qui est une séparation fondée sur la différence de densité des constituants. Elle fait
appel à l’entraînement par un courant de liquide non-solvant, des fractions les moins denses d’un
mélange.
2- Séparation d’une solution liquide
Pour séparer un ou plusieurs constituants d’un mélange de composés en solution liquide (à l’état de
solides ou de liquides), on réalise une rupture de l’homogénéité. Cette dernière est obtenue, soit en
augmentant la concentration des substances en solution par élimination du solvant, soit en modifiant leur
solubilité dans le milieu liquide.
a) Elimination du solvant
L’élimination partielle de solvant réalise la concentration de la solution. Lorsque le coefficient de
solubilité est dépassé le soluté précipite. L’élimination du solvant peut être effectuée soit à pression
atmosphérique, soit sous pression réduite :
✓ Elimination du solvant à pression atmosphérique
Cette méthode présente l’inconvénient du fait qu’elle nécessite souvent une élévation importante de
température et entraîne ainsi le risque de dégradation de substances fragiles.
✓ Elimination du solvant sous pression atmosphérique
Elle a le double avantage d’opérer par distillation donc à l’abri de l’air ce qui évite le risque d’oxydation
des substances et à une température plus basse que précédemment. Pour ce faire, on utilise souvent un
évaporateur rotatif.
Note : Il est important de souligner que cette méthode ne permet généralement pas d’obtenir des cristaux
aussi purs que la précédente ; car en diminuant brutalement le pouvoir solvant, elle entraîne souvent la
précipitation d’impuretés.
✓ Relargage
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Il consiste à ajouter à la solution un nouveau soluté qui entraîne la séparation d’un solide ou d’un
liquide. Ce phénomène est très généralement observé avec des solutions aqueuses. Le composé
relargué est généralement organique, le relarguant un sel minéral.
Les agents relarguant doivent être solubles dans le solvant (c’est-à-dire généralement dans l’eau).
On peut classer d’après leur pouvoir relarguant décroissant les différents anions et cations :
Anions: F- > SO42- > Citrate > Tartrate > Cl- > Br-
Cation : Li+ > Na+ > K+ > NH4+ > Mg2+
Le relargage présente l’avantage d’être une méthode de séparation très douce qui ne fait intervenir
d’élévation de température, et pour cela présente un grand intérêt en biochimie.
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globale qui est ainsi déterminée. Cette dernière est souvent appelée osmolarité. Les appareilles destinées
à sa mesure sont les osmomètres.
b) Osmolalité
Il est clair que la formule de proportionnalité de la pression osmotique à la concentration (à température
donnée) n’est applicable que dans le cas des molécules stables en solution. En revanche, si une molécule
subit une dissociation totale en ions, isolés au sien du solvant, chaque particule ainsi formée, se comporte
comme active vis-à-vis de la pression osmotique. Dans ces conditions cette équation devient 𝝅 =
𝑪. 𝑽. 𝑹. 𝑻 avec le nombre de particules dues à la dissociation.
En réalité, les mesures effectuées ont conduit à remplacer ‘’ par une valeur inférieur ‘i’. Le rapport =
i/ est appelé coefficient osmotique. Il est relié à l’activité de la solution. i : coefficient de Vant Hoff.
Note : il est à noter que dans l’expression de la concentration est exprimée en molalité ‘m’ c’est-à-dire
en mole de soluté par Kg du solvant et non en molarité ‘C’. En effet, la mesure de p fait appelle souvent
à des méthodes fondées sur les modifications du comportement du solvant dues à la présence du soluté
(cryoscopie : abaissement de point de congélation et élévation de point d’ébullition : ébullioscopie : lois
de Raoult).
𝝅 = 𝒎. 𝝋. 𝒗. 𝑹. 𝑻
par définition 𝝈 = 𝒎. 𝝋. 𝒗 = 𝜻 est appelé osmolalité sa détermination est très importante car la pression
osmotique des liquides de l’organisme est l’une des constantes les mieux protégés au niveau
physiologique. C’est la raison pour laquelle sa connaissance, tant dans les solutés médicamenteux que
dans les aliments diététiques est fondamentale.
2- Dialyse
Il est évident que la vitesse de diffusion, lors de phénomène d’osmose varie sensiblement en sens inverse
du poids moléculaire. De plus, en raison de la taille des pores, certaines membranes sont perméables à
de très petites molécules comme l’eau est imperméable à des molécules plus grosses. Les membranes les
plus utilisées sont celles qui laissent filtrer les molécules petites et moyennes (cristalloïdes) en retenant
les plus grosses dites macromolécules de structure colloïdale (polymères de diverses natures : protidiques
(albumine, globulines), glucidique (dextrain) : c‘est le phénomène de dialyse.
C’est ainsi, qu’en biochimie, on peut isoler à partir d’un plasma ou d’un sérum les colloïdes qui ne
traversent pas la paroi et souvent d’ailleurs floculent, du fait de l’élimination des ions stabilisants
(peptisants). Il est possible inversement de réaliser à partir d’un tel mélange la séparation des cristalloïdes
à l’état d’une solution privée de protéines gênantes dans de nombreuses réactions de dosage.
Le phénomène de dialyse est utilisé dans de nombreux appareils d’analyse automatique. Il peut être
accéléré sous l’influence d’un champ électrique, c’est l’électrodialyse.
FILTRATION
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La filtration est une méthode de séparation conçue à séparer les particules solides qui se trouvent dans
un liquide. Selon cette opération, la masse à filtrer est versée sur un filtre qui laisse passer le liquide,
mais retient les masses solides. Le liquide ainsi obtenu constitue le filtrat.
La filtration est très largement utilisée et ses applications les plus fréquentes sont :
➢ Elimination des impuretés insolubles dans un solvant ;
➢ Isolement d’un solide qui se sépare, soit par recristallisation, soit par précipitation ;
On distingue deux types de filtration à savoir la filtration par gravité et la filtration sous vide.
Habituellement la filtration par gravité est employée dans le premier cas, alors que la filtration sous vide
convient au second cas.
Note:
✓ lorsque la solution à filtrer est visqueuse ou gélatineuse, ou encore si les parois du papier ont
tendance à se boucher, il est préférable de filtrer d’abord sur un tampon de coton hydrophile
ou de laine de verre ;
✓ lors de l’utilisation de filtre conique, il se forme souvent entre le filtre et l’entonnoir ou entre
l’entonnoir et le bord du récipient, un joint étanche qui empêche l’aire de se déplacer et
interrompt la filtration. On évite ce phénomène en intercalant un petit morceau de papier entre
l’entonnoir et le col du récipient.
Note :
Le rôle de la fiole de garde est d’empêcher le retour de l’eau dans la fiole à vide, par suite des variations
de la pression provoquées par un débit d’eau irrégulier, ou par une erreur de manipulation.
Pour mener à bien une filtration sous vide, la séquence des opérations et l’ensemble des précautions à
prendre sont :
➢ utiliser un filtre dont le diamètre recouvre exactement les performations de l’entonnoir ;
➢ mouiller le filtre avec un peu de solvant, pour obtenir une bonne adhérence sur l’entonnoir et
empêcher que des particules de solide ne s’infiltrent sous les bords du papier ;
➢ appliquer le vide en ouvrant le robinet ;
➢ couler d’abord le liquide qui surnage, puis la masse plus dense semi-solide. Tout le solide est
ensuite transvasé dans l’entonnoir à l’aide d’une spatule ou d’un peu de filtrat ;
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➢ laver le solide de la façon suivante : interrompre le vide, recouvrir le solide de solvant froid,
appliquer de nouveau le vide ; répéter une autre fois l’opération ;
➢ en maintenant le vide, essorer en pressant le solide avec un verre de montre ou avec un « tapon ».
L’isolement d’une substance, naturelle ou synthétique, nécessite souvent une extraction avec un solvant
et des lavages à l’élimination des impuretés. Ces opérations se terminent toujours par une décantation.
I] Décantation
C’est un procédé de séparation de deux phases liquides non miscibles de densités différentes ;
généralement l’une des phases est aqueuse, l’autre est organique ; leur séparation s’effectue sous l’action
de la pesanteur, en les laissant reposer. Exemple : eau + huile → d (eau)= 1, d (huile) variable < 1.
Note :
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L’identification des deux phases (aqueuse et organique) peut être faite en se basant sur la masse
volumique du solvant organique (une phase éthérée (𝜌 = 0,713 𝑔. 𝑐𝑚−1 ) forme la couche supérieure,
alors que si le solvant est le dichlorométhane (𝜌 = 1,326 𝑔. 𝑐𝑚−1 ), il se retrouve au fond de l’ampoule).
Cependant, la masse volumique de la phase aqueuse peut être telle qu’il soit difficile d’identifier chaque
phase avec certitude ; ci-dessous quelques moyens d’identification des deux phases :
✓ quand il ne reste qu’un faible volume de la couche inférieure, ajouter un peu d’eau dans
l’ampoule : la couche inférieure est aqueuse si son volume augmente, si non elle est organique ;
✓ ajouter quelques gouttes d’eau : selon quelles traversent la couche supérieure ou s’y mélange, on
peut déterminer si cette dernière est organique ou aqueuse ;
✓ prélever une goutte de l’une des couches et ajouter une goutte d’eau : la miscibilité ou non avec
l’eau permet d’identifier les deux phases.
Notes :
➢ le dichlorométhane et le trichlorométhane sont parmi les solvants qui ont tendance à former
des émulsions avec l’eau ;
➢ la présence d’agents tensio-actifs (produits naturels, protéines …etc.) dans la phase
aqueuse entraîne la formation d’émulsion ;
➢ lorsque la densité de la phase organique est proche de celle de l’eau, l’addition d’un sel
inorganique, fréquemment NaCl, augmente la densité de la phase aqueuse. Cette opération permet
d’obtenir rapidement une meilleure séparation. De plus, la présence du sel diminue la solubilité des
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composés organiques dans l’eau qui passent ainsi dans la phase organique par effet de relargage. La
récupération des produits organiques est donc améliorée lorsque leur solubilité dans l’eau n’est pas
négligeable.
➢
II] Extraction par un solvant non miscible
Les méthodes d’extraction permettent de réaliser le transfert d’un soluté initialement contenu dans une
phase, solide ou liquide, vers un solvant non miscible au premier milieu. Dans le cas où l’on extrait ainsi
une solution par un solvant on parle d’extraction liquide-liquide. Le principe en est fondé sur la
distribution d’un soluté donné entre les deux solvants en fonction de sa solubilité dans chacun d’entre
eux.
Bien que l’on puisse employer des combinaisons de deux solvants organiques, le cas le plus fréquent est
celui où l’une des phases est aqueuse ; mais le principe du raisonnement est évidemment le même dans
tous les cas.
Il est à noter que l’extraction par un solvant présente de nombreux avantages qui font que son utilisation
est très générale. C’est une méthode simple, rapide, de mise en œuvre facile, et s’appliquant à de très
nombreuses substances. En outre, ce procédé peut être utilisé tant pour l’isolement de quantités
importantes de substance, que pour celui de traces infimes. En plus, la séparation désirée peut être rendue
plus sélective en ajustant un certain nombre de paramètres chimiques : outre le choix judicieux du solvant
d’extraction, il est possible d’intervenir en agissant sur le pH, en utilisant la formation de chélates ou de
paires d’ions.
a) Expression du partage
En première approximation, on néglige les phénomènes d’interférences sur les solubilités réciproques
des constituants du mélange, et on envisage le comportement d’un seul soluté ‘S’ se répartissant entre un
solvant A où il est initialement présent et un solvant B non miscible au précédent.
Le soluté, qui est soluble dans les deux phases, est distribué entre elles dans une proportion définie,
lorsque l’agitation a été suffisante pour qu’un équilibre s’établisse entre les concentrations. Le partage
du soluté est en effet un processus dynamique qui implique qui implique un échange constant de
molécules du corps dissous à travers la zone de contact des deux phases non miscibles. L’équilibre est
atteint lorsque l’énergie libre du soluté a une valeur identique dans chacune des deux phases. Il est alors
possible de prévoir exactement le cours d’une opération d’extraction à l’aide de deux paramètres : le
coefficient de partage et le taux de distribution.
➢ Coefficient de partage :
Le coefficient de partage thermodynamique est le rapport des fractions molaires, xA et xB du soluté dans
𝒙
les deux phases, formées par les solvants A et B, à l’équilibre : 𝑲𝒅 = 𝑩 . La fraction molaire xi
𝒙𝑨
correspond au rapport du nombre de molécules contenu dans une phase au nombre total de molécule.
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- l’indice A est habituellement réservé au solvant contenant initialement le soluté et l’indice B au solvant
extractif.
- Kd est une constante à une température donnée dans les conditions idéales où ne se produit aucune
interaction entre le soluté et les solvants.
Vu que la valeur des fractions molaires n’est pas facilement accessible, on utilise classiquement un
coefficient de partage K qui est le rapport des concentrations de la substance ‘S’ dans les deux phases,
après réalisation de l’équilibre : K = CB / CA
A une température donnée dans le cas où il n’y a aucune interaction solvant-soluté et où les solvants sont
parfaitement non miscibles, K est une constante ; on dit alors que la distribution du soluté entre les deux
solvants est régulière.
Note : le coefficient de partage dépend de la solubilité du soluté ‘S’ dans les deux solvants A et B. En
effet, si les concentrations CA et CB sont progressivement augmentées jusqu’à atteindre la saturation dans
chaque phase, l’équilibre est maintenu, puisque chacun des solvants ne peut pas dissoudre davantage de
soluté. Les concentrations sont alors par définition les coefficients de solubilité SA et SB. Il suffit alors
de connaître ces coefficients de solubilités pour obtenir :
K = SB / SA.
La constante K s’exprime alors par la loi de Berthelot-Jungleisch : Quelles que soient les valeurs de la
solubilité d’un corps à partager entre deux solvants non miscibles et quels que soient les volumes de ces
solvants mis en œuvre, le corps se répartie à l’équilibre de telle sorte que les concentrations soient dans
un rapport constant.
K est caractéristique d’une substance donnée et d’un couple de solvant donné. La même valeur de K
s’applique à l’extraction par un solvant pur B d’un soluté ‘s’ initialement en solution dans un solvant A,
à celle inverse réalisée par un solvant pur A à partir d’une solution de ‘S’ dans B, ou encore à l’extraction
mutuelle si les deux solvants A et B contiennent initialement une fraction de soluté ‘S’.
➢ Taux de distribution
Dans certains cas, les solvants peuvent présenter une solubilité réciproque non négligeable, mais sur toute
la substance ‘S’ peut se trouver dans chaque phase sous plusieurs formes dont une seule intervient dans
le partage. Il convient alors de faire apparaître une nouvelle notion autre que K : le taux de répartition ou
de distribution.
C’est le rapport entre les concentrations totales de la substance ‘S’ dans A et B, sous quelque état quelle
se trouve. Si le soluté existe sous plusieurs formes, c’est la somme des concentrations en chaque forme
qui intervient, que cette forme participe ou non au partage :
∑𝑪𝑩
𝑫=
∑𝑪𝑨
CB = CB1 +CB2+…. CA = CA1 +CA2+….
Note : D est un coefficient de partage apparent ; mais comme ce n’est pas forcément une constante, il est
préférable de ne conserver le terme de coefficient de partage que dans le cas idéal qui correspond au fait
que dans les deux phases le soluté se trouve sous une seule et même forme. Dans ce cas on a : D = K.
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Exemple : le phénol se répartie entre l’eau et le tétrachlorure de carbone selon le coefficient de partage :
K = (PhOH)CCl4 / (PhOH)H2O
Mais si à la phase aqueuse est ajouté une certaine quantité de base forte, une partie des molécules de
phénol est transformée en phénate selon la réaction :
est parfois appelé coefficient de partage relatif aux quantités, mais ce terme est impropre car il n’est
pas constant. En effet, en combinant les équations 1 et 2 on aura :
= QB / QA = (CB / CA ) . (VB / VA ) = K . VB / VA 3
Cette équation montre bien que dépend des volumes des deux solvants A et B qui sont mis en œuvre.
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b) Expression du rendement
Le rendement est le rapport entre la quantité totale du soluté extraite par le solvant extractif B et la
quantité initiale QA0 en solution dans le solvant A. L’expression du rendement est donc :
= QB/ QA0 4
où QB représente la somme de toutes les quantités QB extraites lors de chaque équilibre.
Dans le cas le plus général, où le soluté est réparti initialement entre les deux solvants, on peut écrire que
la somme des quantités de soluté présentes dans les deux phases avant extraction est égale à la somme
des quantités présentes après réalisation de l’équilibre. Ce type d’équation concerne les quantités et donc
dépend des volumes de solvants A et B.
b) Loi de partage
Cette loi fait appel dans le cas d’une distribution régulière à l’équation :
CB = K .CA ou CB = D . CA
Dans le cas d’une distribution quelconque, il convient encore d’étudier la variation de la concentration
dans le solvant B en fonction de celle existant dans le solvant A soit : CB = f(CA). Cette étude peut être
graphique ou algébrique.
a) Définitions
➢ L’extraction simple, dite à un étage, est constituée d’une agitation énergique suivie de la
séparation des deux phases par décantation.
➢ Si la substance s’est répartie entre les deux phases selon un équilibre parfait, l’étage est dit
théorique.
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➢ La phase correspondant au solvant B, qui a dissous une partie du soluté est appelée couche extraite
ou extrait.
➢ La phase correspondant au solvant A, qui a été appauvrie en substance ‘S’, mais en contient encore
une plus au moins grande quantité, est appelée couche raffinée ou raffiné.
b) Etude quantitative
✓ Cas d’une distribution régulière
Le rendement de l’extraction est calculé à partir d’un certain nombre de données connues :
- la quantité initiale de substance QA0, qu’il est possible de déterminer par un dosage convenable ;
- le coefficient de partage (caractéristique de couple de solvants et du soluté à extraire).
D’après l’équation 4 le rendement dans ce cas est :
= QB1 / QA0
QB1 est inconnue, il faut la calculer à partir des deux équations qui ont été précédemment citées :
* la loi de conservation de la matière s’écrit :
QA0 = QB1 + QA1 ➔ QA1 = QA0 -QB1 5
* l’équation du partage fait intervenir le coefficient de partage qui est le rapport des concentrations. Pour
relier ces deux équations, il faut faire intervenir le rapport de quantité. D’après l’équation 3 :
= QB1 / QA1 = K . VB / VA ➔ QA1 = QB1 / on reporte cette valeur dans 5 : QA0 = QB1 (1 + 1/) =
QB1 ( + 1) /
donc le rendement est : = QB1 / QA0 = (QA0 / QA0) . ()/ ( + 1) = / ( + 1)
= / ( + 1)
Note : QA1 peut être calculé de la façon suivante :
On a : QB1 = . QA1 ➔ la relation 5 devient : QA0 = QB1 + QA1 = QA1 (1 + ) ➔ QA1 = QA0 / (1
+ )
D’autre part on a : QB1 = QA0 - QA1 d’après 5 ➔ QB1 = QA0 - QA0 (1 + ) = QA0 (1 – 1 / (1 + ))
d’où
= 1 - / ( + 1)
Cette dernière expression permet mieux de se rendre compte que le rendement n’est jamais égal à 1
(c’est-à-dire à 100%) puisque et donc K devraient alors être infinis.
En remplaçant le rapport de quantité () par sa valeur ( = K VB/VA), on obtient :
= 1 - / ( + K.VB/VA ) = 1 – VA/(VA + K.VB )
D’après cette expression, il est clair que le rendement est d’autant meilleur que le second terme est plus
petit c’est-à-dire pour un volume de solution initiale VA donné, que le volume de solvant extractif VB et
surtout K sont plus importants.
15
Dans le cas d’une distribution irrégulière entre des solutions non idéales, il est nécessaire de remplacer
K par le taux de distribution D et le rendement devient :
= 1 - / ( + D.VB/VA )
CB1
P1
P0
CA1 CA0
Détermination graphique du taux de distribution
A t=0 (avant l’extraction) : P0 = f(x,y)= f(CA0,CB0=0) =f(CA0,0)
P1 = f(x,y)= f(CA1,CB1) =f(CA0,0)
16
Ainsi, il est possible de déterminer graphiquement les concentrations CA1 et CB1 et donc leur rapport en
opérant de la façon suivante :
Dans un système de coordonnées CA, CB on trace la courbe de partage. A partir d’un point situé sur l’axe
des abscisses et à la distance CA0 de l’origine, on trace une droite de pente –VA/VB. Le point d’intersection
de la droite et la courbe, a pour coordonnées les valeurs CA1 et CB1 cherchées.
Note : il est important de noter que, dans l’expression du rendement, c’est le rapport VB/VA qui
intervient, alors que c’est le rapport inverse qui est utilisé dans la méthode graphique.
17
La loi de conservation de la matière peut être écrite pour chaque étage ou pour l’ensemble de l’extraction,
en s’aidant du schéma suivant :
QB
QB1 QB2
QBn
On faisant la somme de tous ces termes, on obtient : QA0 = (QB1 + QB2 + …….+ QBn) + QAn
Soit : QA0 = QBi + QAn 6
➢ Calcul du rendement
Il est important de souligner que les volumes de solvant extractif B (VB1, V B2…..V Bn) peuvent être
choisis égaux ou non.
- Cas générale
La quantité totale extraite QB du soluté ‘s’ peut être déterminer soit par calcul des quantité QB1, QB2,
….QBn et en réalise la somme, soit d’après l’équation 6 écrire que QA0 = QBi + QAn . Dans ce dernier
cas , pour calculer QAn, il suffit de reprendre le raisonnement utilisé dans l’extraction simple en écrivant :
= QB1 / QA1 = QB2/ QA2 ….. n = QBn/ QAn
Pour le premier étage on a :
QA1 = QA0 /( 1 + )
Pour le second étage :
QA2 = QA1 /( 1 + ) = QA0 /(( 1 + ) . ( 1 + ))
La détermination de QA2 permet ensuite de passer au troisième étage et d’obtenir :
QA3 = QA2 /( 1 + ) = QA0 /(( 1 + ) . ( 1 + ) . ( 1 + ))
Un raisonnement par récurrence permet de conclure que :
QAn = QA0 /(( 1 + ) . ( 1 + )…. . ( 1 + n))
Donc : QBi = QA0 - QAn = QA0 ( 1 – 1/(( 1 + ) . ( 1 + )…. . ( 1 + n))) 7
18
Le rendement est :
= QBi / QA0 = 1 - 1/(( 1 + ) . ( 1 + )…. . ( 1 + n)) 8
1 + KVB/NVA
20
Elle correspond à l’étude d’un graphe, comme celui de la figure précédente où l’échelle des abscisses est
logarithmique et celle des ordonnées cologarithmique.
Les droites correspondant à un nombre d’étages donné, coupent les courbes tracées pour une valeur
déterminée du rapport VB/VA en des points dont l’ordonnée est égale à 1- puisque l’échelle est
logarithmique. Il est facile de choisir en fonction du rendement désiré un nombre d’étage et un volume
de solvant extracteur. Ainsi dans l’exemple donné dans la figure précédente si l’on désire un rendement
de 97% il est possible de choisir :
✓ Soit un volume de solvant extractif tel que VB = 2 VA et un grand nombre d’étage n = 10 ;
✓ Soit un volume de solvant extractif plus grand tel que VB = 5 VA et seulement deux étages ;
✓ Soit un cas intermédiaire VB = 3 VA et n = 4.
Note : il est possible de faire entrer le coefficient de partage dans le graphe et de tracer des courbes, non
plus à VB/VA constant mais à KVB/VA constant.
b) Mise en œuvre pratique d’extractions répétées
On peut envisager de faire un certain nombre d’extraction successives à l’aide d’ampoule à décanter,
mais le plus habituel est celui de l’extraction continue. Dans cette dernière technique, on opère une
distillation du solvant qui retombe dans la solution à extraire. Les appareils les plus classiques, utilisées
dans cette technique, sont de deux types différents selon que le solvant extractif est plus lourd ou plus
léger que la solution à extraire.
L’avantage de cette technique est la réduction du volume de solvant extractif puisque celui-ci sert
plusieurs fois. Mais, l’inconvénient est que l’extrait est chauffé et qu’il y a un risque d’altération de
substances fragiles.
21
L’étude analytique de ce phénomène continu présente beaucoup de difficultés et il est classique de le
comparer à une suite discontinue d’opération. On assimile donc ici la méthode à un ensemble de plusieurs
extractions et on considère un certain nombre d’étages analogues a ceux qui ont été précédemment décrits
dans l’étude des extractions répétées. Mais , la différence essentielle est que le solvant extractif pur entre
au dernier étage alors que la solution initiale à extraire est introduite au premier étage comme le montre
le schéma suivant :
QBn VB Solvant
QB1 VB QBn VB QBn B pur
22
= K VB/VA = QB1/QA1 = QB2/QA2 = …..= QBn/QAn 12
La loi de conservation de la matière doit être exprimée ici encore en indiquant que le soluté est réparti
initialement entre les deux phases. La somme des quantités entrant dans l’étage est donc égale à celle des
quantités en sortant :
Pour le premier étage : QA0 + QB2 = QA1 + QB1 13
Pour le second étage : QA1 + QB3 = QA2 + QB2
Pour le nième étage : QAn-1 = QAn + QBn
Il est à noter qu’il n’existe pas de quantité QBn+1 puisque c’est le solvant pur B qui entre dans cet étage.
La somme de ces différentes équations conduit à l’ensemble des extractions :
QA0 = QAn + QB1
Pour déterminer QB1, il faut raisonner étage par étage en reliant l’équation de partage et l’équation de
conservation de la matière.
Dans le premier étage, l’équation 13 peut s’écrire en regroupent les quantités existant dans chaque
solvant :
QA0 - QA1 = QB1 - QB2 14
Or d’après l’équation 12 : QA1 = QB1/ et QB1 = QA1.
L’équation 14 devient :
QA0 - QB1/ = QA1 - QB2 Soit QA0 - QB1/ = (QA1 - QB2/) 15
En remarque qu’au coefficient près, les deux membres de l’équation 15 sont identique. Le même
raisonnement appliqué au deuxième étage conduit à :
QA1 - QB2/ = (QA2 - QB3/) et compte tenu de 15, on aura :
QA0 - QB1/ = (QA2 - QB3/)
Un raisonnement par récurrence peut être effectué et l’on peut écrire que :
QA0 - QB1/ = n (QAn - QBn+1/)
Or dans ce cas QBn+1 est nul car au dernier étage est introduit le solvant extractif B pur. On obtient alors
après multiplication des deux membres de l’égalité par :
QA0 - QB1 = n+1 QAn 16
or on a QA0 = QAn + QB1 ➔ QA0 – QB1 = QAn 17
donc 16 – 17 ➔ QA0 ( - 1) = QAn (n+1 –1) ➔ QAn = QA0 ( - 1)/ (n+1 –1)
D’après l’équation :
QA0 = QAn + QB1 on aura : QB1 = QA0 - QAn = (1- (( - 1)/ (n+1 –1)) QA0
23
Donc le rendement est : = QB1 / QA0 = 1- (( - 1)/ (n+1 –1))
= 1- (( - 1)/ (n+1 –1))
- Calcul du nombre d’étages théoriques
Connaissant le rapport de quantité (K, VA et VB), il est facile de calculer le nombre d’étages théoriques
et donc la HEET qui rend compte de l’efficacité de la colonne.
= (n+1 - )/ (n+1 –1) ➔ (n+1 –1) = n+1 - ➔ n+1 ( - 1) = -
en passant aux logarithmes on aura :
(n + 1)log = log( - ) − log( - ) d’où
n = [(log( - ) − log( - ) ) / log ) ] - 1 et HEET = l/n
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Sortie du solvant lourd
On y trouve quatre zones successives. Si l’on considère, à titre d’exemple, que le soluté est dans le solvant
léger, dans la zone 2 le solvant lourd arrivant dans la partie supérieure de l’appareil rencontre la solution
(solvant léger) déjà en partie épuisée. Dans la zone 3 c’est le solvant lourd déjà chargé de soluté qui
rencontre la solution neuve. Dans les zones 1 et 4, le solvant léger épuisé, ou le solvant lourd enrichi se
décantent et peuvent s’écouler ensuite à l’extérieur. C’est cette phase de décantation qui est la plus
délicate en raison de la formation fréquente d’émulsions plus au moins stables. La rupture de ces
émulsions est facilitée par centrifugation. Ainsi, dans les appareils usuels le solvant lourd est introduit
près de l’axe et migre par la force centrifuge vers la périphérie. Le solvant léger est amené au voisinage
de la périphérie et se déplace vers le centre. Il suffit de régler le débit et donc la pression des deux liquides
pour stabiliser les zones de décantation.
o Sélectivité de l’extraction
Au cours d’une séparation de deux substances A et B, il est possible d’extraire quantitativement l’une
des deux sans extraction partielle de l’autre.
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La possibilité de séparer deux solutés dépend des rapports de distribution (coefficients de partage) KA et
KB. Pour les composés A et B le facteur de séparation ou de sélectivité t est défini comme le rapport :
= KA / KB (KA > KB).
Afin d’obtenir une bonne séparation de A et B lors de l’extraction, doit être supérieur à 105.
On peut démontrer que les volumes optimaux de solution aqueuse et de solvant d’extraction à utiliser
pour une extraction sélective sont liés aux coefficients de partage KA et KB par la formule de Bush-
Densen :
Vorg/Vaq = (1 / KAKB)1/2
III] Lavage d’une phase organique
Les liquides organiques ou les solutions des composés organiques provenant de mélanges réactionnels
contiennent souvent des impuretés que l’on peut éliminer par extractions. Celles ci sont le plus souvent
effectuées avec l’eau ou une solution aqueuse, neutre, acide ou alcaline. Cette opération est appelée
lavage de la phase organique.
➢ Lavage avec de l’eau ou une solution aqueuse
Les lavages avec l’eau éliminent de la phase organique les impuretés solubles dans l’eau, tels les sels et
les composés organiques polaires de faible masse moléculaire. Le dernier lavage est parfois effectué avec
une solution saturée de chlorure de sodium, afin d’enlever l’eau d’un composé organique liquide (effet
de relargage) et de limiter la formation d’émulsion à l’interface des deux phases.
Les impuretés peuvent aussi être éliminées par des lavages avec une solution d’un réactif chimique
sélectif, telle qu’une solution acide ou basique.
➢ Ordre des lavages
Habituellement, l’élimination de l’acidité d’un milieu réactionnel s’effectue par un lavage avec une
solution diluée alcaline (carbonate, hydrogénocarbonate ou hydroxyde de sodium). L’élimination de la
basicité est plus rarement réalisée par un lavage avec une solution diluée acide (acide chlorhydrique ou
sulfurique), ce lavage, acide ou alcaline, est suivi d’un ou de plusieurs lavages avec de l’eau ou une
solution saturée de chlorure de sodium, jusqu’à neutralité de la couche aqueuse.
Note : Dans certains cas, pour prévenir une réaction éventuelle brutale entre les impuretés et la solution
de lavage, acide ou basique, il est recommandé d’effectuer un lavage préalable avec de l’eau.
➢ Contrôle de fin de lavage
Lorsque le but des lavages est l’élimination de l’acidité ou de la basicité, le papier pH sert le plus souvent
à contrôler la fin des lavages. Des tests chimiques peuvent être nécessaires dans certains cas (par
exemple, addition d’une solution de Ba2+ pour contrôler l’élimination d’ions SO42-).
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