TH T2350 Jrouch
TH T2350 Jrouch
TH T2350 Jrouch
réverbération régénératifs
Jérémy Rouch
Spécialité : Acoustique
Soutenue publiquement
le 3 Juillet 2013
par
Jérémy ROUCH
Composition du jury :
Salvador Dali
Remerciements
Avant toute chose, je tiens à adresser ma reconnaissance à messieurs Jean-Jacques Embrechts et
Judicaël Picaut pour avoir accepté d’être rapporteurs de ce manuscrit, ainsi qu’à messieurs Jean-
Dominique Polack, Hervé Lissek et Michel Roger pour leur participation au jury de cette thèse.
Je tiens également à remercier madame Isabelle Schmich-Yamane pour m’avoir accueilli au
sein du pôle d’acoustique des salles du CSTB, m’avoir proposé une problématique de thèse fort
intéressante et pour avoir su me laisser une grande liberté quant la réponse à y apporter. Je la
remercie aussi de m’avoir fait travailler en parallèle, ou plutôt en complément, sur d’autres projets
dont elle fut la responsable. Je tiens aussi à remercier madame Marie-Annick Galland d’avoir dirigé
ce travail et m’avoir parfois recadré, parfois encouragé, quand cela fut nécessaire.
Un grand merci à monsieur Christophe Rougier, ancien ingénieur de recherche au CSTB, et
à monsieur Jan Jagla, ancien doctorant au CSTB, pour leurs aides en traitement du signal et en
acoustique des salles, ainsi que pour leurs amitiés et leurs discussions parfois scientifiques, mais tou-
jours intéressantes. Je tiens aussi à inclure dans ces remerciements monsieur Nicolas Noé, ingénieur
d’étude au CSTB et responsable du développement du logiciel Icare utilisé lors de cette thèse, pour
son assistance souvent nécessaire et son intéressement à mon travail. J’adresse aussi ma gratitude à
messieurs Dirk Van Maercke et Thomas Leissing pour avoir consacré un peu de leur précieux temps
à réfléchir avec moi à quelques problèmes soulevés lors du déroulement de cette thèse.
Je voudrais aussi exprimer ici ma gratitude envers toutes les personnes qui ont contribué de
manière moins directe mais toute aussi essentielle au bon déroulement de cette thèse ou de ces années
passées à la préparer. Je pense en particulier à mesdames Béatrice Gauthier, Catherine Mandon et
Ghislaine Capouret secrétaires du département éclairage et acoustique du CSTB, madame Patricia
Planel correspondante des ressources humaines au CSTB de Grenoble, madame Marie-Gabrielle
Perriaux secrétaire du centre acoustique de l’ECL, ainsi qu’à mes collègues au CSTB : Paul Chervin,
Xavier Vuylsteke, Delphine Devallez, Nicolas Hermant, Mathieu Labat, Simon Bailhache, Alexandre
Jolibois, Pierre Ropars, Audrey Soule, Thomas Drouet, Raphaël Loyer et tous les autres.
Enfin, un merci tout spécial à madame Catherine Guigou-Carter, ingénieur au CSTB, pour
m’avoir soutenu et encouragé, et ce alors qu’elle n’avait pas de relation avec mon travail ; je la
remercie donc pour son sens de l’humain qui n’est pas chose si commune.
Modélisations des systèmes d’assistance à la réverbération
régénératifs
Résumé :
Les systèmes d’assistance à la réverbération sont des dispositifs électroacoustiques installés dans
les salles de spectacle pour moduler leur acoustique en fonction du type de représentation qui
s’y déroule. Afin de pouvoir dimensionner ces systèmes en amont de leur installation, ce travail
s’intéresse au développement, à la mise en œuvre et à la mise à l’épreuve de modèles prévisionnels
de l’effet de ses systèmes sur les caractéristiques acoustiques d’une salle, en se concentrant sur les
systèmes dits régénératifs diagonaux.
Le premier modèle présenté est basé sur une approche systémique exacte et sur l’utilisation de
simulations numériques. Il s’agit d’un modèle dont le principe est déjà décrit dans la littérature
spécialisée, mais auquel est intégré ici un algorithme de détermination automatique des paramètres
de réglage d’un système d’assistance à la réverbération reproduisant la méthode manuelle. Parce que
l’utilisation de simulations numériques impose une modélisation détaillée de la salle et un important
temps de calcul, ce modèle n’est pas compatible avec la réactivité demandée lors d’une phase d’avant-
projet. Dans cette optique, deux autres modèles basés sur les hypothèses de champ diffus et, par
là même, plus rapides d’exécution, sont développés. L’un repose aussi sur une approche systémique
exacte, mais utilise la théorie stochastique de l’acoustique géométrique des salles plutôt que des
simulations numériques. L’autre repose sur une approche énergétique simple. Les confrontations de
ces deux modèles avec celui reposant sur des simulations numériques sont exposées pour cinq salles,
en considérant la prévision d’évolution de six indices acoustiques courants due à l’introduction d’un
système d’assistance à la réverbération. Il en ressort que ces deux modèles aboutissent à des erreurs
prévisionnelles comparables et que celles-ci sont équivalentes à celles des formules de Sabine ou
d’Eyring ou de la théorie révisée des champs diffus de Barron et Lee appliquées dans une salle sans
système.
Parallèlement, l’étude et la prévision de l’effet d’un système d’assistance à la réverbération
régénératif en augmentation du couplage de deux espaces mal couplés au sein d’une même salle
sont présentées. Il est montré que ce type d’utilisation permet effectivement une augmentation
du couplage et que celle-ci peut être correctement abordée à partir d’un modèle énergétique
développé ici. Il est aussi montré à partir de simulations numériques, que cette utilisation permet
d’homogénéiser les caractéristiques acoustiques entre les deux espaces couplés.
Mot-clés :
Acoustique des salles, Électroacoustique, Système d’assistance à la réverbération, Modèles
prévisionnels, Simulations numériques, Salles simples, Espaces couplés
Modelling of regenerative reverberation enhancement systems
Abstract :
Reverberation enhancement systems (RES) are electro-acoustic devices installed in auditoria
to adapt the listening conditions according to the performances. In order to design these systems
before their installation, this work deals with the development, the implementation and the testing
of prediction tools of the effect of these systems on the acoustic characteristics of a room, by focusing
on diagonal regenerative RES.
The first proposed tool is based on a systemic approach and numerical simulations. This tool,
whose principle is already described in the literature, is here enhanced by the use of an algorithm
that automatically fine-tunes the system parameters. As numerical simulations require detailed 3D
models of rooms and high computation times, this tool is not compatible with the responsiveness
needed for a preliminary design stage. With this in mind, two other models based on the diffuse
field assumptions are also developed to predict the action of a RES. One of them is also based
on a systemic approach but it uses the stochastic geometric theory of room acoustics instead of
numerical simulations. The other model is based on a simple energetic approach. The confrontation
of the results given by these two models with the results given by the model based on numerical
simulations has been carried out in five rooms considering the effect of a RES on six common
room acoustic criteria. It appeared that these two models lead to prediction errors similar to those
obtained with the Sabine or Eyring’s formula, or the Barron and Lee’s revised theory applied in a
room without RES.
In the same time, the study of the effect of a RES used to enhance the coupling between two
poor coupled room is presented. It is shown that this particular use of a RES actually increases the
coupling effect, and that this effect can be correctly described and predicted by an energetic model
developed here. It is also shown by numerical simulations that this system can balance the listening
conditions between two coupled rooms.
Keywords :
Room acoustics, Electroacoustics, Reverberation enhancement system, Predicting models, Numéri-
cal simulations, Simple rooms, Coupled rooms
Table des matières
Introduction 1
4 Modèle théorique et étude de l’effet d’un SAR dans une salle couplée 101
4.1 Approche énergétique de l’action d’un SAR dans les espaces couplés . . . . . . . . . . 103
4.1.1 Rappels sur l’approche énergétique des salles couplées . . . . . . . . . . . . . . 103
4.1.2 Salles couplées équipées d’un SAR . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
4.2 Étude du système d’augmentation de couplage à partir d’une approche systémique
basée sur des simulations numériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
4.2.1 Présentation de la salle couplée virtuelle et du système électroacoustique
d’augmentation de couplage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110
4.2.2 Effet du couplage sur l’énergie tardive des réponses impulsionnelles . . . . . . 112
4.2.3 Effet du système électroacoustique d’augmentation de couplage sur l’énergie
tardive des réponses impulsionnelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
4.2.4 Retour sur les limites d’utilisation du système électroacoustique d’augmenta-
tion de couplage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116
4.2.5 Effet du système électroacoustique d’augmentation de couplage sur quatre
indices classiques d’acoustique des salles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
4.3 Synthèse du chapitre 4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121
Conclusion 123
Annexes 127
A La théorie révisée de Barron et Lee . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
B Gain moyen en boucle ouverte des canaux d’un SAR installé dans une salle couplée . 129
Bibliographie 133
Introduction
En mettant en relation l’acoustique des grottes peintes et l’art pariétal qui les orne, certains
auteurs affirment que la prise en considération par l’homme de l’influence de l’architecture sur le
son et la dimension subjective qu’elle lui rajoute remonte à avant même « l’invention » de l’architec-
ture [Dauvois 1994, Reznikoff 2008]. Plus récemment, de nombreuses œuvres musicales qui nous sont
parvenues depuis le haut moyen âge témoignent d’un lien entre leur écriture et les lieux dans lesquels
elles étaient destinées à être exécutées. Ainsi, d’après le musicologue Thurston Dart [Dart 1954],
Purcell, Mozart ou encore Haydn adaptaient délibérément le style ou le rythme de leurs composi-
tions suivant qu’elles étaient destinées à être exécutées dans une salle à l’acoustique plutôt sèche
comme un théâtre, ou à un lieu plus réverbérant comme une église. Aujourd’hui, la diversité des
compositions musicales disponibles et des goûts musicaux du public, la « démocratisation » de la
musique ou du théâtre, et la nécessaire pérennité financière des salles de spectacle imposent bien
souvent le retournement de la situation telle qu’elle l’était dans le passé. Ce n’est plus la musique
qui s’adapte à la salle, mais la salle qui doit s’adapter à l’œuvre.
Les caractéristiques acoustiques d’une salle étant fortement liées à son architecture, une méthode
évidente pour en faire varier la sonorité consiste à en modifier la géométrie interne ou les matériaux,
en ajoutant, supprimant, déplaçant ou modifiant certains éléments constructifs (parois et plafond
mobiles, rideaux coulissants, etc.). Cependant, ces modifications mécaniques demandent souvent
l’utilisation d’une machinerie lourde, et donc onéreuse à l’achat et en termes de durée d’immobili-
sation de la salle nécessaire à son installation. De plus, lorsqu’une salle est classée au patrimoine,
on ne peut que très difficilement toucher à son architecture. L’alternative à cette méthode, et qui la
concurrence aussi bien en terme de coût, de discrétion, de facilité d’utilisation et d’installation, ou
de capacité à faire varier le champ sonore d’une salle, réside dans l’utilisation de systèmes électroa-
coustiques dits systèmes d’assistances à la réverbération (SAR) [De Vries 2001]. Une salle équipée
d’un de ces systèmes devient alors une salle active (par opposition, une salle sans SAR pourra être
qualifiée de salle passive).
Comme les systèmes de sonorisation « traditionnels », les SAR sont typiquement composés
de microphones, de haut-parleurs et d’unités électroniques de traitement du signal, mais ils s’en
distinguent principalement en ceci qu’ils modifient l’acoustique d’une salle tout conservant à cette
acoustique son aspect naturel. Le lien fort qui existe entre les caractéristiques acoustiques de la salle
et l’effet d’un SAR rend leur dimensionnement délicat, particulièrement en phase de pré-projet, de
consultance, ou de manière générale lorsqu’une estimation du nombre de leurs transducteurs est
nécessaire sans connaissances approfondies sur la salle et dans un court laps de temps. L’objectif
de cette thèse est de fournir une méthode de dimensionnement rapide et fiable d’un SAR et, dans
un cadre plus large, de mettre au point des méthodes permettant de prévoir l’effet d’un SAR dans
une salle donnée. Compte tenu de la diversité des types de SAR existants, nous nous sommes ici
concentrés sur les SAR régénératifs en général et, du fait de l’accès privilégié que nous avons eu aux
détails technologiques du système Carmen développé par CSTB, sur celui-ci en particulier.
Le premier chapitre de ce mémoire fixe le cadre et les bases de cette étude. Sa première partie
s’attache à donner quelques bases d’acoustique des salles, notamment les définitions des indices
objectifs utilisées pour quantifier la qualité d’une salle. Sa deuxième partie présente les différents
types de SAR existants et le problème de leur stabilité ; problème constituant la principale contrainte
sur l’utilisation d’un SAR régénératif et définissant par là même le paramètre physique (Gain moyen
en boucle ouverte) limitant l’action d’un tel système. Enfin, les approches prévisionnelles simples de
2 Introduction
l’effet des SAR régénératifs déjà présentes dans la littérature seront exposées en mettant en avant
leurs avantages et leurs limites.
Le second chapitre présente une première méthode de prévision de l’effet d’un SAR, reposant
sur une approche systémique basée sur des simulations numériques. Cette méthode, demandant
une modélisation détaillée de la salle et du système, ne répond pas directement à l’objectif premier
de cette thèse. Elle demeure cependant une approche prévisionnelle et, parce qu’elle repose sur
des méthodes de simulations numériques fiables et n’effectue pas d’approximation sur l’action du
système, elle donne probablement des résultats très proches de la mesure. Or, n’ayant eu accès
dans le cadre de ce travail, qu’à une seule salle réelle équipée d’un SAR, cette approche nous a
permis d’obtenir un nombre plus important de cas de référence auxquels confronter des approches
plus simples. Ce chapitre se structure en quatre parties. Dans la première, le principe général de
l’approche systémique d’un SAR et l’expression mathématique sur laquelle il repose seront présentés.
Nous verrons alors que le calcul de cette expression nécessite deux types de fonction de réponse en
fréquence : celles d’origine acoustique, entre les différents transducteurs d’un SAR, la source et
les récepteurs dans la salle, et celles d’origine électronique correspondant aux unités de traitement
du signal du SAR. Les méthodes numériques d’obtention des fonctions de réponse en fréquence
acoustiques utilisées seront décrites dans la deuxième partie de ce chapitre. Elles le seront de manière
rapide, car il s’agit de méthodes asymptotiques couramment utilisées en acoustique des salles et
abondamment décrites dans la littérature. La description de la méthode utilisée pour le calcul
des fonctions de réponse en fréquence électroniques sera quant à elle plus approfondie dans la
troisième partie de ce chapitre qui lui sera dédiée. Il s’agit de l’incorporation dans le cadre d’une
simulation automatisée, d’une méthode reproduisant l’approche manuelle de réglage du SAR Carmen
telle qu’elle est effectuée dans la réalité. Dans la dernière partie, nous présentons une réalisation
complète de l’approche systémique d’un SAR basée sur des simulations numériques, ce qui, outre une
illustration de cette approche, nous servira à vérifier l’efficacité du calcul des fonctions de réponse
en fréquence électroniques par la méthode proposée.
Le troisième chapitre s’intéresse à la mise au point et à la mise à l’épreuve de deux modèles
théoriques pour la prévision de l’effet d’un SAR régénératif dans une salle simple. Nous y présentons
d’abord successivement ces deux modèles. Le premier est basé sur une approche énergétique des
champs diffus, et aboutit à une relation analytique simple de l’effet du système. Le second repose à
la fois sur une approche systémique et sur l’approche stochastique de l’acoustique géométrique. Il
est plus complexe que le premier, et bien que reposant aussi en partie sur l’hypothèse des champs
diffus, il fait moins d’approximations, notamment sur l’action du système. Après leurs présentations,
ces deux modèles seront confrontés à la mesure et aux simulations issues de l’approche systémique
basée sur des simulations numériques. Cela dans le but de vérifier leur validité quant à la prévision
de six indices objectifs d’acoustique des salles couramment utilisés.
Le dernier chapitre se concentrera sur l’utilisation d’un SAR régénératif dans une salle couplée.
Il s’agit d’une utilisation particulière d’un SAR pour, par exemple, améliorer les conditions acous-
tiques d’un espace situé sous un balcon mal conçu. Dans une première partie, nous proposons un
modèle théorique d’augmentation du couplage par un SAR basé sur une approche énergétique. Une
simulation issue de l’approche systémique basée sur des simulations numériques d’une salle couplée
avec SAR sera ensuite présentée. Les résultats de celle-ci seront alors exploités, d’une part pour
vérifier la validité de l’approche théorique proposée et, d’autre part pour décrire et analyser l’effet
d’un SAR utilisé en augmentation de couplage sur quatre indices acoustiques.
Chapitre 1
Sommaire
1.1 Acoustique des salles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.1.1 La réponse impulsionnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.1.2 Les indices acoustiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.1.2.1 Les indices liés à la réverbérance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.1.2.2 L’indice lié à l’intensité sonore . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.1.2.3 Les indices liés à la précision . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.1.2.4 Autres indices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.2 Présentation des SAR . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.2.1 Les différents types de SAR . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.2.1.1 Les SAR « in-line » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.2.1.2 Les SAR régénératifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.2.1.3 Les SAR hybrides . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.2.2 Stabilité des SAR . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.2.2.1 Stabilité d’un système à un canal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1.2.2.2 Stabilité d’un système multicanal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
1.2.2.3 Les filtres variant dans le temps . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
1.3 Approches analytiques de l’effet d’un SAR . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
1.3.1 L’approche énergétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
1.3.1.1 L’approche énergétique appliquée à une salle passive . . . . . . . . . . 18
1.3.1.2 L’approche énergétique appliquée à une salle active . . . . . . . . . . . 19
1.3.2 L’approche systémique simplifiée d’un SAR à partir de réponses impulsionnelles
construites sur un modèle énergétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
1.3.3 L’approche d’un SAR par impédance équivalente . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
1.4 Précision du gain moyen en boucle ouverte d’un SAR . . . . . . . . . . . . . 23
1.4.1 Retour sur l’instabilité théorique d’un SAR multicanal . . . . . . . . . . . . . . . 24
1.4.2 Retour sur l’efficacité théorique d’un SAR multicanal . . . . . . . . . . . . . . . 25
1.5 Synthèse du chapitre 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
Dans ce travail sur la recherche de méthodes modélisant l’effet objectif d’un SAR sur les ca-
ractéristiques acoustique d’une salle, il est au préalable nécessaire de définir ce qu’est la qualité
acoustique, comment la quantifier et à partir de quelles données physiques mesurables. Il convient
ensuite de décrire ce qu’est un SAR, quels en sont les différents types, leurs principes de fonction-
nement et leurs limites. Enfin, il faut aussi faire état des méthodes de modélisation d’un SAR déjà
décrites dans la littérature afin d’en cerner les avantages et les limites, et d’éventuellement s’en
Chapitre 1. Acoustique des salles et systèmes d’assistance à la réverbération
4 (SAR)
inspirer pour établir de nouvelles approches. C’est dans cette optique de définition du cadre de
notre recherche que chacun de ces trois grands points vont être respectivement abordés dans les
trois premières parties de ce chapitre. La quatrième et dernière partie sera quant à elle consacrée à
préciser l’un des principaux paramètres d’entrée des modèles prévisionnels issu de la littérature, et
dont l’intérêt est qu’il peut être lié à la fois à la principale limite d’utilisation d’un SAR, à savoir
sa limite de stabilité, et à son action sur l’effet de salle. Nous reprendrons et clarifierons ainsi la
définition du gain moyen en boucle ouverte des canaux d’un SAR, puis nous nous intéresserons aux
conséquences de cette précision sur l’interprétation de certains résultats théoriques qui auront été
présentés précédemment vis à vis de la stabilité et de l’efficacité d’un SAR régénératif.
Figure 1.1 - Les différentes composantes d’un front d’onde atteignant un auditeur dans une salle
(d’après [Beraneck 2002]).
Champ direct
Réflexions précoces
Énergie (dB)
Réflexions tardives
Temps
issus de cette réponse impulsionnelle. Bien que les recherches sur ce sujet soient toujours d’actualité,
une norme [ISO :3382-1 2009] définissant certains indices objectifs et le protocole expérimental de
mesure de la réponse impulsionnelle a déjà été publiée. Les indices qui y sont présentés font ainsi
souvent référence lors de l’établissement d’un cahier des charges. Dans la suite de ce mémoire de
thèse, nous nous focaliserons sur six d’entre eux qui sont parmi les plus utilisés ; à savoir la durée de
réverbération (Tr), la réverbération précoce (EDT), la force sonore (G), la clarté (C80), la définition
(D50) et le temps central (Ts).
La durée de réverbération
La durée de réverbération est une mesure physique de la vitesse de décroissance de l’énergie
sonore après l’arrêt du signal source. Cette décroissance progressive du niveau sonore est liée à la
dissipation de l’énergie sonore suite aux phénomènes d’absorption par les parois et le milieu propaga-
tif. En toute rigueur, la durée de réverbération est définie par la durée mise par (la régression linéaire
sur) le niveau sonore pour décroitre de 60 dB après extinction d’une source large bande entretenue.
Cependant, il est possible d’obtenir une courbe de décroissance équivalente à cette mesure à partir
de la réponse impulsionnelle grâce à l’utilisation d’une intégration rétrograde [Schroeder 1965] :
∫t p (t)dt
+∞ 2
Es (t) = (1.1)
∫0 p2 (t)dt
+∞
2. En théorie, la mesure de la durée de réverbération devrait s’effectuer en faisant une régression linéaire de la
courbe de décroissance obtenue à partir de l’équation (1.1) de -5 dB à -65 dB. Dans la pratique, le bruit de fond
présent lors de la mesure de la réponse impulsionnelle ne permet souvent pas d’obtenir une dynamique de mesure
suffisante. Pour pallier cette difficulté, la norme 3382-1 propose de se limiter à une régression linéaire de la courbe de
décroissance de -5 dB à -25 dB ou de -5 à -35 dB puis d’extrapoler cette régression sur 60 dB. Ces différentes mesures
de la durée de réverbération sont respectivement nommées Tr20 et Tr30.
1.1. Acoustique des salles 7
donnée par l’équation (1.1) se fait de 0 dB à -10 dB. Cette régression est ensuite extrapolée sur
-60 dB pour permettre une comparaison avec la mesure de la durée de réverbération classique.
En prenant en compte le début de la réponse impulsionnelle, la durée de réverbération précoce est
fortement influencée par le champ direct et les premières réflexions. Ainsi, les détails architecturaux
de la salle et les positions des points mesure jouent un rôle important sur les valeurs prises par cet
indice [Barron 1995] et leur dispersion à l’intérieur d’une même salle. Dispersion qui, du fait qu’elle
est souvent supérieure au seuil de discrimination de 5% donnée par la norme (et déduit de celui de
la durée de réverbération classique), entraine qu’une analyse pertinente de l’EDT ne peut être faite
qu’en considérant individuellement chaque point de mesure.
∫0 p (t)dt
+∞ 2
G = 10 log10 � � (1.2)
∫0 p10 (t)dt
+∞ 2
⎛ ∫00,08 p2 (t)dt ⎞
C80 = 10 log10 (1.3)
⎝ ∫0,08
+∞ 2
p (t)dt ⎠
Chapitre 1. Acoustique des salles et systèmes d’assistance à la réverbération
8 (SAR)
Du fait de l’importance que la clarté accorde à la partie précoce de la réponse impulsionnelle, elle
est fortement influencée par les premières réflexions et le champ direct. Ce qui, comme l’EDT ou la
force sonore, implique une variation significative des valeurs prises par cet indice à l’intérieur d’une
salle, même entre deux points de mesures très proches [Pelorson 1991]. Là encore, ces variations
comparées à un seuil de discrimination entre 0,5 dB et 1 dB [Cox 1993] (la norme 3382-1 la fixant
à 1 dB) impliquent la nécessité d’une étude de cet indice de manière localisée.
La définition
L’indice de définition D50 s’utilise pour qualifier la compréhension de la parole [Bradley 1986] en
quantifiant la capacité à distinguer deux syllabes successives. Elle repose elle aussi sur le principe de
séparation de la réponse impulsionnelle en une partie utile et une partie nuisible. Pour un message
parlé, la limite entre ces deux parties est fixée à 50 millisecondes après l’arrivée du champ direct.
La définition est un rapport entre l’énergie précoce de la réponse impulsionnelle et l’énergie totale
de la réponse :
∫0 p (t)dt
0,05 2
D50 = (1.4)
∫0 p2 (t)dt
+∞
La définition de cet indice étant très proche de celle de la clarté, son comportement vis-à-vis de
la variabilité des mesures en différents points d’une salle en est aussi très similaire. Ainsi, compte
tenu d’un seuil de discrimination de 0,05 [Bradley 1999] qui s’avère faible relativement à la disparité
des mesures observées, l’utilisation d’une valeur moyenne de la définition sur un ensemble de points
de mesure n’est que peu pertinente.
Le temps central
Comme les deux indices décrits précédemment et avec lesquels il est fortement cor-
rélé [Pelorson 1991], le temps central est à mettre en relation avec l’impression subjective de préci-
sion [Cremer 1982]. Bien que moins utilisé que la clarté ou la définition, cet indice présente l’avantage
d’être moins sensible à une légère variation spatiale de la position des points de mesure. Ceci est dû
à la définition même du temps central qui est celle d’un barycentre, et n’inclut donc pas de valeur
de temps fixe. Ainsi, contrairement à la clarté, le temps central ne varie que très peu selon qu’une
réflexion importante en énergie arrive légèrement après ou avant 80 ms.
∫0 tp2 (t)dt
+∞
Ts = (1.5)
∫0 p (t)dt
+∞ 2
Cependant, il existe bien une variation du temps central avec la distance source-
récepteur [Zamarreno 2007] pouvant dépasser à l’intérieur d’une même salle le seuil de discrimi-
nation de cet indice qui est d’environ 10 ms [Cox 1993]. Une étude du temps central point par point
est donc nécessaire.
l’incidence des ondes acoustiques, alors que ces indices sont justement une quantification de l’aspect
directionnel de l’énergie contenue dans la réponse impulsionnelle.
Pour quantifier la balance tonale (ou timbre) d’une salle, plusieurs indices objectifs sont proposés
dans la littérature [Bradley 2011]. Il s’agit dans la plupart des cas de combinaisons arithmétiques
des valeurs à différentes bandes de fréquence de l’un des indices acoustiques présentés aux para-
graphes précédents, notamment ceux en lien avec la réverbérance et le niveau sonore global. Nous ne
ferons pas d’étude spécifique sur la prévision de ces indices de balance tonale, mais du fait de leurs
définitions, les conclusions qui seront portées sur les prévisions de durée de réverbération classique
et précoce ou de force sonore peuvent leur être extrapolées.
L’utilisation de moyens électroniques pour modifier les caractéristiques du champ sonore d’une
salle se divise en deux principales catégories. Les systèmes dits « Public Address » sont utilisés pour
améliorer la transmission d’un message sonore en renforçant le signal issu de la source de manière à
s’affranchir au maximum de l’effet de salle, alors que les systèmes dits d’assistance à la réverbération
(SAR) sont, eux, conçus pour modifier l’effet de salle. Ces deux types de systèmes sont composés
de systèmes de prise de son (microphone), d’un traitement électronique du signal et de systèmes
d’émission électroacoustiques (haut-parleurs), comme représenté sur le schéma 1.3.
Les SAR, contrairement aux systèmes « Pulbic Address », doivent prioritairement garantir l’as-
pect « naturel » du son résultant de leur interaction avec l’acoustique originelle de la salle. Ils se
divisent eux-mêmes en deux principales sous-catégories : les systèmes dits « in-line » et les systèmes
dits régénératifs. Certains systèmes existent aussi sous la forme d’une combinaison de ces deux
types, on parle alors de systèmes hybrides. Dans la suite de ce chapitre, nous ne présenterons que
quelques-uns de ces systèmes (pour une liste plus exhaustive, nous renvoyons le lecteur intéressé vers
les références bibliographiques [Svensson 1995b, Warusfel 2002, Kaiser 2009, Poletti 2011]). Nous
nous pencherons ensuite sur le phénomène de rebouclage acoustique qu’il est important de détailler,
car il est à l’origine des problèmes d’instabilité des systèmes électroacoustiques et constitue ainsi
leur principale limite physique.
Chapitre 1. Acoustique des salles et systèmes d’assistance à la réverbération
10 (SAR)
Ainsi, du fait d’une efficacité réduite à une petite plage de fréquence et d’une installation onéreuse et
délicate, les systèmes régénératifs à bandes étroites en général, et le système « Assisted Resonance
» en particulier, ne sont actuellement plus installés.
Les canaux électroacoustiques de la majorité des systèmes régénératifs installés aujourd’hui,
sont effectifs sur presque tout le spectre audible. L’unité de traitement du signal de ces systèmes
est typiquement composée d’un simple gain large bande et d’un éventuel retard, ce qui en rend
la conception relativement simple. Comme nous le verrons par la suite, le dimensionnement du
nombre de canaux d’un SAR large bande en fonction de l’efficacité souhaitée est principalement lié
au problème de la stabilité. Cette nécessaire stabilité joue aussi sur la mise en œuvre en imposant
d’une part, un éloignement suffisant des différents canaux entre eux [Meynial 2001] et d’autre part,
une capture minimale du champ direct issu du haut-parleur d’un canal par le microphone de ce
même canal. Dans le système MCR cette contrainte est abordée en éloignant les microphones et
les haut-parleurs d’une distance supérieure au rayon de réverbération [Franssen 1968], qui corres-
pond à la distance théorique à partir de laquelle le champ direct est inférieur en niveau au champ
réverbéré [Jouhaneau 2003]. Le système Carmen développé par le CSTB utilise quant à lui des
microphones bidirectionnels dont l’axe du minimum de directivité est orienté dans la direction du
haut-parleur, ce qui permet de placer les deux transducteurs électroacoustiques d’un même canal à
proximité l’un de l’autre [Vuichard 2000].
Les systèmes hybrides peuvent être composés de canaux électroacoustiques appartenant aux
systèmes « in-line » et de canaux de systèmes régénératifs comme les systèmes Constella-
tion [Poletti 2011] ou AFC3 [Bakker 2012], ou alors de canaux comportant simultanément des ca-
ractéristiques des deux types de système comme le système LARES [Griesinger 2000].
Le système Constellation est un développement commercial du système VRAS initialement
conçu par Poletti [Poletti 1994]. Ce système est une mise en parallèle d’un système « in-line »
comportant une réverbération électronique courte n’ajoutant de l’énergie que sur la partie précoce
de la réponse impulsionnelle, et d’un système régénératif large bande contrôlant la réverbération
tardive en utilisant éventuellement une réverbération électronique. Outre cet ajout de réverbération
artificielle, la partie régénérative du système VRAS se distingue des systèmes MCR et Carmen par
le fait qu’il s’agisse d’un système non diagonal puisque les microphones et les haut-parleurs ne sont
plus reliés deux à deux, le signal d’un microphone est distribué à l’ensemble des haut-parleurs du
système.
Le système LARES est à l’origine basé sur le principe des systèmes « in-line ». Cependant,
pour éviter le problème d’une prise de son trop délicate de l’orchestre par des microphones directifs,
ce système utilise des microphones omnidirectionnels. Ceux-ci reçoivent donc un signal légèrement
affecté par l’effet de salle qui contribue en même temps que les réverbérateurs électroniques à
l’augmentation de la réverbération tardive due au système.
Critère de stabilité
Dans le domaine temporel, la fonction de gain en boucle fermée de ce système est une somme
infinie de produits de convolution qui, dans le domaine fréquentiel, se transforment en produits
simples. Chaque terme de ces deux sommes (équations (1.6) et (1.7)) correspondant aux rebouclages
successifs d’ordre n du système :
gbf (t) = gmh (t) + gmh (t) ∗ hhm (t) ∗ gmh (t)
+ gmh (t) ∗ hhm (t) ∗ gmh (t) ∗ hhm (t) ∗ gmh (t) + . . . (1.6)
+∞
Gbf (f ) = Gmh (f ) � (Hhm (f )Gmh (f ))n (1.7)
n=0
ou, sous une autre forme
Gmh (f )
Gbf (f ) = (1.8)
1 − Hhm (f )Gmh (f )
La stabilité de Gbf (f ) est assurée lorsque la partie réelle de la fonction de réponse en fré-
quence Hhm (f )Gmh (f ) est inférieure à 3 1. On cherche donc une condition suffisante qui permette
3. Bien que comme le souligne Poletti [Poletti 2000] il s’agisse là d’une transcription de condition de stabilité de
l’espace de Laplace vers le domaine fréquentiel légèrement restrictive
1.2. Présentation des SAR 13
de respecter cette contrainte, quelle que soit la fréquence. Compte tenu du caractère aléatoire de la
phase de la fonction de réponse en fréquence acoustique supposée en champ diffus [Schroeder 1987],
on ne peut se baser que sur un critère reposant sur le module de la boucle ouverte Hhm (f )Gmh (f ).
Soit :
∣Hhm (f )Gmh (f )∣ < 1 ∀f (1.9)
ou 4 ,
20 log(∣Hhm (f )Gmh (f )∣) < 0dB ∀f (1.10)
La probabilité d’instabilité
Lorsque les SAR ne contiennent pas de réverbérateurs électroniques comme dans le cas des
systèmes MCR et Carmen, la fonction de réponse en fréquence de la boucle directe est déterministe et
ne présente pas de variations trop brusques puisqu’il s’agit idéalement d’un gain pur éventuellement
retardé. En première approximation, elle peut donc être considérée comme uniforme en fréquence. La
fonction de gain en fréquence de la boucle de rétroaction correspond à la transformée de Fourier de
la réponse impulsionnelle entre le haut-parleur et le microphone. Comme écrit au paragraphe 1.1.1,
cette réponse impulsionnelle est composée du champ direct et du champ réverbéré. En négligeant
l’effet de l’air, le champ direct correspond à une impulsion de type Dirac qui, dans le domaine
fréquentiel, est une fonction de gain lisse et déterministe dont l’amplitude dépend de la distance
entre le microphone et le haut-parleur et de la directivité de chacun de ces transducteurs dans la
direction de l’axe les reliant. Le champ réverbéré, s’il est assimilé dans sa totalité à un champ diffus,
présente une réponse en fréquence stochastique due à la superposition des modes de la salle et dont les
valeurs d’amplitude sont théoriquement réparties suivant une loi de Rayleigh [Schroeder 1987]. Dans
le cas des systèmes régénératifs large bande, comme cela a déjà été présenté lors de leurs descriptions
au paragraphe 1.2.1.2, le niveau du champ direct d’un haut-parleur vers le microphone du même
canal est minimisé. En première approximation, le gain de la boucle de rétroaction acoustique
∣Hhm ∣ est donc une fonction de réponse en fréquence stochastique de type champ diffus. Dans ce
type de réponse en fréquence, au-delà de la fréquence de Schroeder [Kuttruff 2009], de nombreux
modes propres de la salle sont présents dans un intervalle de fréquence inférieur à la largeur de la
résonance d’un seul mode. L’intervalle fréquentiel ∆f entre deux valeurs indépendantes successives
de l’amplitude de la fonction de réponse en fréquence n’est alors plus lié à la densité modale, mais
au facteur d’amortissement des modes δ̄ par l’intermédiaire de la fonction d’autocorrélation CHH
de cette de réponse en fréquence en amplitude [Schroeder 1962, Schroeder 1964] :
CHH (∆f ) ≃
1
(1.11)
1 + (π∆f δ̄ −1 )2
Or, en restant dans l’hypothèse de champ diffus, la valeur moyenne du facteur d’amortissement peut
être mise en relation avec la durée de réverbération [Kuttruff 2009] :
δ̄ =
6 ln 10
(1.12)
2T r
4. Pour permettre au gain de la boucle directe ∣Gmh (f )∣ d’être le plus important possible de façon à maximiser
l’action du système tout en évitant l’instabilité, il faut, d’après l’inégalité (1.10), minimiser le gain de la boucle
de rétroaction ∣Hhm (f )∣. Pour les systèmes « in-line », l’utilisation de microphones directifs proches de la scène et
loin des haut-parleurs permet de réduire considérablement l’énergie de la boucle de rétroaction. Dans le cas des
systèmes régénératifs, l’énergie de la boucle de rétroaction acoustique ne peut être que partiellement réduite puisque
le principe de ces systèmes est d’amplifier un signal affecté par un effet de salle et contenant alors nécessairement des
contributions dues au haut-parleur du système même.
Chapitre 1. Acoustique des salles et systèmes d’assistance à la réverbération
14 (SAR)
Ainsi, dans une salle présentant une durée de réverbération T r et en considérant une bande de
fréquence de largeur B, le nombre de valeurs de la fonction de réponse en fréquence en champ diffus
pouvant être considérées comme indépendantes, se met sous la forme :
Nf B = ≃ � =
B B Tr B Tr
(1.13)
∆f 6 ln(10) 1−CHH C
2π CHH
où C est une constante fixée de manière à assurer une indépendance effective entre deux valeurs
successives de la réponse en fréquence. Elle est déterminée de sorte à minimiser la fonction d’au-
tocorrélation de la fonction de réponse en fréquence en champ diffus donnée par l’équation (1.11),
tout en évitant une valeur trop importante de 5 ∆f .
Comme la loi de probabilité des valeurs d’amplitude d’une fonction de réponse en fréquence en
champ diffus est une loi de Rayleigh [Schroeder 1987], la probabilité qu’au moins une des Nf B va-
leurs du carré de son module (soit l’énergie) soit supérieure à 10 log10 (X) décibels √
est donnée par
le complément du produit de Nf B fonctions cumulatives de cette loi pour la valeur X. Soit :
B Tr
P (X) = 1 − �1 − e �
− µX C
2 (1.14)
P (Γ) = 1 − �1 − e �
−1 C
Γ (1.16)
La figure 1.5 montre que sur une grande largeur de bande et pour des durées de réverbération
raisonnables (<3 s), une valeur de Γ de -12 dB permet d’éviter un effet Larsen. Cette valeur limite,
bien que théoriquement surestimée, car reposant un critère de stabilité restrictif par rapport à un
critère absolu de stabilité d’un système bouclé, reste valable en pratique [Kuttruff 1976]. Ceci du fait
des différentes hypothèses simplificatrices faites sur la fonction de réponse en fréquence en boucle
ouverte du système, en particulier celle sur les variations d’amplitude autour de la moyenne qui ne
seraient liées qu’au comportement théorique d’un champ diffus, alors qu’en réalité ses variations sont
plus complexes et, probablement aussi, plus importantes, notamment à cause de la non-planéité de
la fonction de réponse en fréquence des transducteurs 7 ou de la variation d’absorption des matériaux
de la salle avec la fréquence.
5. Schroeder fixa cette constante à 4,9 pour n’avoir une corrélation que de 0,2 [Schroeder 1964], mais Poletti
montra à l’aide de simulations qu’une valeur de 1,4 semblait suffisante [Poletti 2000].
6. Le niveau moyen est ici défini comme un transfert efficace moyen au sens des moindres carrés. Soit, sur une
bande de fréquence s’étendant de f1 à f2 :
√
∥H∥
¯ = ∥H(f )∥2 df
1 f2
∫
f 2 − f 1 f1
(1.15)
0.6
BTr = 1000
0.4
BTr = 100
0.2
0
−12 −10 −8 −6 −4 −2 0
Γ (dB)
Figure 1.5 - Probabilité d’instabilité d’un système régénératif à un canal en fonction du paramètre
Γ sous hypothèse d’une boucle de rétroaction en champ diffus en considérant une phase nulle pour
toutes les valeurs de cette fonction de réponse en fréquence (la constante C de l’équation (1.16)
étant fixée à 1,4).
Critère de stabilité
La fonction de gain en boucle fermée d’un système multicanal s’écrit :
−1
Gbf (f ) = �Id − Gmh (f ) Hhm (f )� Gmh (f ) (1.17)
avec Id une matrice identité de dimension égale au nombre de canaux électroacoustiques ; Hhm (f ) la
matrice des transferts acoustiques inter ou intra canaux dans laquelle l’élément Hij correspond à la
valeur de la fonction de réponse en fréquence à la fréquence f entre le ième microphone et jème haut-
parleur ; Gmh (f ) la matrice des transferts électroacoustiques dans laquelle l’élément Gij correspond
à la valeur de la fonction de réponse en fréquence à la fréquence f entre le ième haut-parleur et
le jème microphone. Dans le cas de systèmes diagonaux, cette matrice est diagonale puisqu’un
microphone n’est relié électriquement qu’à un seul haut-parleur (voir figure 1.6).
La stabilité de la fonction de gain en boucle fermée donnée par l’équation (1.17) est conditionnée
par la transformée de Laplace de la matrice du gain en boucle ouverte L �Gmh Hhm �. Celle-ci doit
être telle que le polynôme ∆T (s) det �Id + L �Gmh Hhm ��, ne doit avoir que des racines à partie réelle
négative [Vuichard 1997], où ∆T (s) est le polynôme caractéristique de L �Gmh Hhm � 8 . Comme dans
le cas d’un système à un seul canal, cette condition dans l’espace de Laplace peut être ramenée dans
8. Le polynôme caractéristique d’une matrice carrée est celui dont les racines sont les valeurs propres de cette
matrice
Chapitre 1. Acoustique des salles et systèmes d’assistance à la réverbération
16 (SAR)
celui de Fourier. Il s’agit d’assurer le critère de stabilité pour les valeurs propres de la matrice 9
Gmh (f ) Hhm (f ), ce qui peut être obtenu de manière restrictive, en assurant une amplitude de
chacune d’elles inférieure à 1.
Probabilité d’instabilité
Comme précédemment, les seules variations considérées des valeurs de la matrice de gain en
boucle ouverte sont dues aux transferts acoustiques Hhm présupposés comme étant de type champ
diffus. Les éléments de cette matrice sont alors des valeurs complexes aléatoires gaussiennes centrées
en zéro pour leur partie réelle et imaginaire [Schroeder 1987]. La densité de probabilité de la norme
de chacune des valeurs propres λ de cette matrice est donnée par [Ohsmann 1990] :
La probabilité que la norme d’au moins une des valeurs propres de la matrice de gain en boucle
ouverte soit supérieure à 1 en fonction de Γ (qui correspond au moment d’ordre 2 des valeurs de
cette matrice) est :
1 − 1 N −1 1 k (N − k)
NB T r
PN (Γ) = 1 − �1 − e Γ � � � �
C
(1.20)
N k=0 Γ k!
9. Si la matrice Gmh (f ) Hhm (f ) est diagonalisable, alors elle peut se mettre sous la forme QΛQ−1 , où Q est
la matrice des composantes des vecteurs propres et Λ la matrice diagonale des valeurs propres. Alors, le terme de
l’équation (1.17) qui régit la stabilité du système peut se mettre sous la forme :
(Id − Gmh (f ) Hhm (f ))−1 = (Id − QΛQ−1 )−1 = (QQ−1 − QLQ−1 )−1 = Q(Id − Λ)−1 Q−1
Le respect du critère de stabilité (pôle de la fonction de transfert avec une partie réelle strictement négative) sur
(Id − Gmh (f ) Hhm (f ))−1 est alors transposé au respect du critère de stabilité sur (Id − Λ)−1
1.2. Présentation des SAR 17
Comme dans le cas d’un système à un canal, dont la stabilité est obtenue à partir de l’équa-
tion (1.14), C est une constante dont la valeur optimale de 1,4 fut déterminée par Poletti à l’aide de
simulations de Monte-Carlo [Poletti 2000]. Celui-ci remarqua aussi que plus le nombre de canaux
augmente plus le risque de stabilité théorique établi à partir d’une condition sur l’amplitude des
valeurs propres se rapproche de celui donné par la simulation. Ainsi, à partir d’un nombre de ca-
naux moyennement important (N>16) le risque d’instabilité calculé à partir de l’équation (1.20) est
presque équivalant à celui qui serait obtenu directement à partir du respect de la condition stricte
de stabilité.
0.8
Probabilité d’instabilité
0.6
N=50
0.4
N=30
N=10
0.2
N=1
0
−20 −15 −10 −5 0
Γ (dB)
Figure 1.7 - Probabilité d’instabilité d’un système régénératif à plusieurs canaux en fonction du
paramètre Γ et du nombre de canaux sous hypothèse d’une boucle de rétroaction en champ diffus
(la constante C et la valeur de B T r de l’équation (1.20) étant respectivement de 1,4 et 10000).
La figure 1.7 qui est obtenue à partir de l’équation (1.20), montre que la valeur de Γ avant
instabilité diminue avec le nombre de canaux. Ainsi, pour 30 canaux, la quantité Γ assurant la
stabilité est située à -20 dB plutôt qu’à -12 dB comme c’est le cas d’un système à un seul canal. Ce
qui implique que plus le nombre de canaux augmente plus le gain électronique assurant la stabilité
est faible. L’énergie injectée dans la salle par chaque canal en est donc diminuée d’autant.
Certains SAR utilisent des filtres électroniques incluant un procédé dit de « time-variance »
permettant de repousser les limites de l’instabilité du système. Le principe est de faire varier dans
le temps la phase ou l’amplitude du gain de la boucle directe (et donc du gain en boucle ouverte).
La fonction de réponse en fréquence du système n’est plus uniquement dépendante de la fréquence,
mais varie aussi avec le temps. Les rebouclages successifs du système sur lui-même ne sont alors plus
totalement cohérents entre eux. L’effet d’auto-oscillation responsable de l’effet Larsen est alors for-
tement atténué, et la valeur du gain avant l’instabilité peut dépasser la limite théorique présentée au
paragraphe précédent. Certains auteurs affirment que la valeur du paramètre Γ peut ainsi être rame-
née à -4 dB [Griesinger 1991] sans constater instabilité. Cependant, ces filtres variants dans le temps
peuvent générer des artéfacts audibles dus à leur principe même de fonctionnement [Nielsen 1999].
Leur utilisation est donc délicate et ne permet en pratique d’augmenter Γ que de quelques décibels.
Chapitre 1. Acoustique des salles et systèmes d’assistance à la réverbération
18 (SAR)
De plus, puisqu’ils suppriment à l’effet de salle son caractère invariant, ils rendent l’utilisation des
indices classiques d’acoustique des salles fortement discutable. En effet, comme vu à la partie 1.1.2,
ces indices sont basés sur la mesure de réponses impulsionnelles. Or celles-ci ne permettent de décrire
entièrement un système physique que si celui-ci est linéaire et invariant.
dw(t) (A + 4mV )c
V + w(t) = P (t) (1.21)
dt 4
où A = Sα est appelée aire équivalente d’absorption et m le coefficient d’absorption du son dans
l’air (ou coefficient d’absorption atmosphérique).
Si l’on considère que la source cesse d’émettre à l’instant t = 0 :
où β est un coefficient fonction de la puissance de la source avant son extinction, qui vaut PVδt dans
le cas d’une source impulsionnelle de puissance P et de durée infiniment petite δt.
La durée de réverbération théorique d’après l’approche de Sabine se déduit facilement de l’équa-
tion (1.22), puisque, par définition, il s’agit de la durée mise par la densité d’énergie pour décroitre
de 60 dB :
Tr0 =
24 ln(10)V
(1.23)
(A + 4mV )c
1.3. Approches analytiques de l’effet d’un SAR 19
D’où :
w(t) = βe
−
6 ln(10)
t
Tr0 (1.24)
où wea (t) est la densité d’énergie acoustique d’une salle active, τ − i le retard électronique appliqué
au ième canal.
Après extinction de la source :
Il s’agit ici d’une équation différentielle avec retards. Poletti [Poletti 1993] choisit de résoudre cette
équation à partir de sa transposition dans l’espace de Laplace et en utilisant un développement
limité au voisinage de zéro et à l’ordre 1 de la fonction exponentielle qui correspond à la transposée
d’un retard :
(A + 4mV )c N
V (sWea (s) − wea (0− )) + Wea (s) = � G2i Wea (s)e−τi s
4 i=1
(A + 4mV )c N
V (sWea (s) − wea (0− )) + Wea (s) = � G2i Wea (s)(1 − τi s + o((τi s)2 ))
4 i=1
En considérant un gain identique et un retard identique appliqués à tous les canaux du système :
(A + 4mV )c
V (sWea (s) − wea (0− )) + Wea (s) ≈ N Ḡ2 Wea (s) − N Ḡ2 τ̄ sWea (s)
4
Or, le système considéré étant causal, la valeur wea (0− ) est nulle.
10. G2i n’est pas un gain au sens strict du terme en ce sens qu’il n’est pas adimensionnel. Il s’agit de la puissance
en watts produite par le haut-parleur d’un canal du SAR lorsque son microphone capte une densité d’énergie de 1
J.m3 . Exprimé en fonction des caractéristiques de ces transducteurs, il s’écrit :
Le gain électronique moyen par canal peut être relié à Γ, pour pouvoir réécrire l’équation (1.27)
en fonction de ce paramètre, car comme vu précédemment, cette quantité est celle limitant l’action
du système. Γ est le produit du gain de la boucle directe G2 et de la boucle de rétroaction acoustique
H 2.
Soit :
Γ = ∥HG∥2 (1.28)
ou, de manière plus développée et en travaillant à partir des fonctions de réponse en fréquence :
f +B
∥H(f )G(f )∥2 df
1
� (1.29)
B f
où f est la première fréquence de la bande spectrale considérée de largeur B. H(f ) est la fonction
de réponse en fréquence acoustique de la salle sans système et G(f ) la fonction de réponse en fré-
quence de la boucle directe d’un canal du système. Cette dernière étant, en première approximation,
invariante avec la fréquence :
f +B
Γ = G2 � ∥H(f )∥2 df
1
(1.30)
B f
Afin d’obtenir une expression du transfert acoustique du haut-parleur vers le microphone d’un canal
d’un SAR (H 2 = B1 ∫f ∥H(f )∥2 df ), nous considérons la théorie énergétique des champs diffus.
f +B
D’après celle-ci, la densité d’énergie w dans une salle produite en régime stationnaire par une source
de puissance P s’écrit :
(A + 4mV )c
w =P (1.31)
4
Ainsi, le gain entre une source et un point de la salle, en particulier entre le haut-parleur d’un canal
d’un SAR et l’emplacement du microphone du même canal vaut :
=
w 4
(1.32)
P (A + 4mV )c
en considérant une largeur de bande B suffisante, afin de pouvoir assimiler H 2 à sa valeur moyenne :
H2 =
4
(1.33)
(A + 4mV )c
et donc
Γ = G2
4
(1.34)
(A + 4mV )c
Ainsi, l’équation (1.27) peut se réécrire :
Ainsi :
⎛ ⎞ Ac
− 1−N Γ
� 4V +mc�t
wea (t) = β e ⎝ 1+N (A+4mV )c
′ Γτ̄ ⎠
4V (1.36)
Le gain en terme de durée de réverbération et de force sonore dû au système se déduit alors des
expressions (1.36) et (1.22) :
Tr ea 1 + N
(A+4mV )c
= 4V Γτ̄
(1.37)
Tr0 1 − NΓ
Même en mettant de côté le fait que la théorie des champs diffus repose sur des hypothèses rare-
ment rencontrées dans la réalité, l’expression (1.35) ne peut être totalement valide. L’introduction
de retards modifie la répartition temporelle d’énergie ajoutée par le système, mais ne modifie pas sa
quantité totale contrairement à ce que l’intégration de l’expression (1.36) laisserait apparaitre. De
plus, lors de l’établissement de l’équation (1.27), les termes supérieurs à l’ordre 2 du développement
limité de l’exponentielle dans l’espace de Laplace o((τi s)2 ) sont négligés sans réelle justification. Ce-
pendant, le développement théorique détaillé ici présente l’avantage de conduire à des expressions
mathématiques simples dont l’interprétation permet une compréhension rapide de l’action d’un SAR
régénératif. En effet, si l’absorption de l’air est négligée, les équations (1.35), (1.36) et (1.37) asso-
cient l’action du système à une diminution de l’aire équivalente d’absorption d’une quantité N Γ et
à une augmentation virtuelle du volume de la salle d’un facteur (1 + N Γτ̄ (A + 4mV )c/4V ).
hea (t) = hsr (t) + hsm (t) ∗ gbf (t) ∗ hhr (t) (1.38)
hea (t) = hsr (t) + hsm (t) ∗ �gmh (t) + gmh (t) ∗ hhm (t) ∗ gmh (t)
+ gmh (t) ∗ hhm (t) ∗ gmh (t) ∗ hhm (t) ∗ gmh (t) + . . . � ∗ hhr (t) (1.39)
du fait que le champ réverbéré tardif puisse être assimilé à un bruit blanc gaussien [Polack 1992]
décroissant. La « théorie révisée » de Barron et Lee permettant de prendre en compte la décroissance
des énergies des champs direct et réverbéré avec l’éloignement du récepteur par rapport à la source
(voir annexe A ), et l’utilisation d’un bruit blanc gaussien permettant d’obtenir une forme réaliste du
champ réverbéré tardif en pression. Les réponses impulsionnelles ainsi réalisées furent alors utilisées
par Svensson pour calculer une valeur théorique du premier terme d’ajout d’énergie du système de
l’équation (1.39). Il parvint ainsi à déterminer à 2 dB près l’énergie précoce apportée par un système
composé d’un canal de type MCR :
td +0,08
� hsm (t) ∗ gmh (t) ∗ hhr (t)dt = Γrref
2
td
⎡ 6 ln(10)(rhm −rhr ) 6 ln(10)(rhm −rsm )
⎢ 6 ln(10)V
×⎢
6 ln(10)(rsr −rsm −rhr +0,08c+τ c)
+� + ��1 − �
6 ln(10)rhr
e cTr0 e cTr0
⎢ 4πcT r2 r2 e
⎢
CTr0 e cTr0
⎣
2
rsm 2
rlr
r0 sm hr
⎤
6 ln(10)(rsr −rsm −rhr +0,08c+τ c) ⎥
⎥
sr −rsm −rhr )
+ �1 − �1 − (rsr − rsm − rhr )��e
4πcTr0 6 ln(10)(rcT 6 ln(10)
⎥
⎥
e r0 cTr0
⎦
6 ln(10)V cTr0
(1.40)
où rsm , rsr , rhm et rhr sont respectivement les distances entre la source et le microphone du système,
la source et le récepteur, le haut-parleur et le microphone du système, le haut-parleur et le récepteur ;
et rref la distance à laquelle la source produit un niveau de pression de 0 dB.
Les termes d’ajout d’énergie d’ordres supérieurs de l’équation (1.39), correspondant aux termes
de régénération, sont ici négligés alors que leur importance ne peut plus être ignorée pour des temps
supérieurs à 80 ms ; et même pour des temps inférieurs si le microphone et le haut-parleur sont
placés à proximité l’un de l’autre comme dans le système Carmen. De plus, l’expression du gain en
énergie dû au système pour les 80 premières millisecondes établie par Svensson n’est valable que
pour un système à un canal, et le calcul théorique de convolutions multiples de réponses impulsion-
nelles théoriques (bruits blancs décroissants précédés d’impulsions de Dirac de hauteurs variables)
devient très lourd avec l’augmentation du nombre de convolutions ; rendant cette approche théo-
rique peu utilisable en pratique (l’équation (1.40) qui correspond à l’énergie d’une telle convolution
sur seulement deux réponses impulsionnelles est déjà non triviale, comme sa longueur le laisse en-
trevoir). Cependant, l’idée initiale de Svensson d’injecter dans l’équation des systèmes bouclés des
réponses impulsionnelles théoriques sera reprise au chapitre (3), car elle permet une approche sans
approximation de l’action du SAR.
ou, de manière plus développée et en travaillant à partir des fonctions de réponse en fréquence :
f +B
Γ′ = ∥H(N −1) (f )G(f )∥2 df
1
� (1.42)
B f
En première approximation, la boucle directe d’un canal étant considérée comme invariante avec la
fréquence :
f +B
Γ′ = G2 � ∥HN −1 (f )∥2 df
1
(1.43)
B f
D’après l’approche énergétique, l’introduction d’un SAR régénératif diagonal revient à considérer
que chaque canal est une source supplémentaire de puissance G2 wea [Franssen 1968] (le gain de la
boucle directe des canaux est supposé identique pour chacun d’entre eux). La densité d’énergie wea
produite dans une salle équipée de N − 1 canaux électroacoustiques par une source de puissance P
obéit ainsi à la relation :
(A + 4mV )c
wea = P + G2 (N − 1)wea (1.44)
4
−1) = ∫f ∥HN −1 (f )∥2 df dans une
2 1 f +B
la valeur du gain moyen d’un transfert électroacoustique H(N
salle comportant N − 1 canaux vaut donc :
B
⎛ ⎞
−1) = =� �
2 wea 4 1
(1.45)
(A + 4mV )c ⎝ 1 − (N − 1)G2 (A+4mV )c ⎠
H(N 4
P
Chapitre 1. Acoustique des salles et systèmes d’assistance à la réverbération
24 (SAR)
soit :
⎛ ⎞
Γ′ = G2 � �
4 1
(1.46)
(A + 4mV )c ⎝ 1 − (N − 1)G (A+4mV )c ⎠
2 4
En injectant l’expression de Γ (1.34) dans celle de Γ′ (1.46), il est possible d’établir une corres-
pondance entre ces deux paramètres :
Γ′ =
Γ
(1.47)
1 − (N − 1)Γ
ou
Γ′
Γ= (1.48)
1 + (N − 1)Γ′
La substitution du paramètre Γ par Γ′ dans les formules sur l’instabilité et la prévision de l’effet
d’un SAR multicanal présentées dans les précédentes parties de ce chapitre permet d’en préciser
leurs interprétations. Ainsi, les deux sous-parties suivantes sont dédiées au problème de stabilité et
à l’effet théorique d’un SAR sur la durée de réverbération selon l’approche énergétique proposée par
Poletti en considérant le réel gain moyen en boucle ouverte Γ′ .
Dans les autres chapitres de ce document, lors de la démonstration mathématique des modèles
prévisionnels basés sur une approche énergétique, nous travaillerons à partir du paramètre Γ, car
cela permet de simplifier l’écriture. Néanmoins, les formules importantes qui feront l’objet d’une
application, seront réécrites en fonction de Γ′ . Nous nous efforcerons aussi d’utiliser le terme de
« gain moyen en boucle ouverte » (GMBO) que dans un sens réellement approprié, c’est à dire en
référence à Γ′ .
0.6
N=50
0.4 N=30
0.2 N=10
N=1
0
−20 −15 −10 −5 0
Γ ’ (dB)
Figure 1.8 - Probabilité d’instabilité d’un SAR régénératif à plusieurs canaux en fonction du
GMBO et du nombre de canaux N (la constante C de l’équation (1.20) étant fixée à 1,4 ; la valeur
de B T r est de 10000).
200 %
175 %
de durée de réverbération 150 %
Augmentation
125 %
100 %
75 %
50 %
25 %
0%
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Nombre de canaux électroacoustiques
Figure 1.9 - Augmentation théorique de la durée de réverbération produite dans une salle par
l’utilisation d’un SAR régénératif en fonction du nombre de canaux du système, pour un risque
d’instabilité fixé à 5% et un retard électronique moyen de 20 ms. La valeur de B T r considérée est
de 10000 et la constante C de l’équation (1.20) est fixée à 1,4.
compte de l’effet du SAR à partir d’une approche exacte. Ainsi, ils constituent tout de même chacun
une base de travail intéressante pour obtenir des modèles plus complets.
Chapitre 2
Sommaire
2.1 Les modèles fréquentiel et temporel de l’approche systémique d’un SAR . 30
2.2 Simulation numérique des transferts acoustiques . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
2.2.1 Présentation des différentes approches numériques de détermination des contri-
butions acoustiques constitutives d’une fonction de réponse en fréquence ou
d’une réponse impulsionnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
2.2.1.1 La méthode des sources-images . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
2.2.1.2 Le lancer de faisceaux adaptatif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
2.2.1.3 Le lancer de particules . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
2.2.2 Combinaison des différentes approches numériques . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
2.3 Détermination des fonctions de réponse en fréquence électroniques du SAR 41
2.3.1 Égalisation automatique d’un canal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
2.3.1.1 Prétraitement du gain en boucle ouverte . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
2.3.1.2 Aplanissement du gain en boucle ouverte . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
2.3.1.3 Élimination des fréquences émergentes du gain en boucle ouverte . . . 44
2.3.2 Égalisation automatique du système dans son ensemble . . . . . . . . . . . . . . 47
2.3.2.1 Calcul de la boucle de rétroaction de chaque canal en prenant en
compte l’influence du reste du système . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
2.3.2.2 Arrêt de la procédure d’égalisation récursive . . . . . . . . . . . . . . . 47
2.4 Exemple de l’approche systémique d’un SAR basée sur des simulations
numériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
2.4.1 Présentation de la salle active et simulations numériques des transferts acoustiques 48
2.4.2 Procédure d’égalisation automatique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
2.4.3 Exemple de réponse impulsionnelle passive et active au niveau de l’auditoire . . 53
2.5 Synthèse du chapitre 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
L’approche systémique (ou approche système) de l’action d’un SAR à partir de simulations nu-
mériques, souvent appelée par raccourci « simulation numérique d’un SAR », consiste à calculer
dans le domaine temporel ou fréquentiel l’expression des systèmes bouclés multivariables. L’aspect
numérique proprement dit réside dans l’obtention par des méthodes numériques des réponses im-
pulsionnelles ou des fonctions de réponse en fréquence acoustiques injectées dans ces équations.
Cette approche demande une connaissance a priori des matériaux présents dans la salle et une
modélisation en trois dimensions de la géométrie de la salle. De plus, elle nécessite la réalisation
de calculs numériques pouvant s’avérer très couteux en temps. L’approche systémique de l’action
d’un SAR à partir de simulations numériques, puisqu’elle repose justement sur des simulations nu-
mériques, ne peut donc pas directement répondre à l’objectif de cette thèse, à savoir la mise au
Chapitre 2. Approche systémique de l’action d’un SAR à partir de simulations
30 numériques
point de méthodes prévisionnelles qui soient rapides et demandant un minimum d’information sur
la salle. Cependant, parce qu’elle présente l’avantage de se baser, d’une part, sur la résolution des
équations des systèmes bouclés multivariables, n’effectuant ainsi pas d’approximation sur l’action du
système et, d’autre part, sur des méthodes numériques de reconstruction de réponses impulsionnelles
reconnues [Bork 2000] et pouvant inclure différents phénomènes propagatifs [Vorländer 2008], elle
constitue sans doute l’approche prévisionnelle la plus fiable actuellement disponible. De plus, dans
ce travail de recherche, compte tenu du fait que nous ne disposions que d’une seule salle réellement
accessible à la mesure, la mise en œuvre de simulations numériques permit de générer un plus grand
nombre de cas de référence auxquels confronter des modèles prévisionnels plus simples.
Dans la première partie de ce chapitre, après avoir présenté le principe de l’approche systémique
de l’action d’un SAR de manière plus générale qu’à la partie 1.3.2 (c.-à-d. pour un SAR multica-
nal), nous discuterons les avantages et les inconvénients de travailler dans le domaine temporel ou
fréquentiel pour la résolution de l’équation des systèmes bouclés multivariables ; ceci afin de justifier
notre choix vis-à-vis du modèle fréquentiel. Nous nous attacherons ensuite à décrire les méthodes
de simulation numérique de calcul de fonctions de réponse en fréquence acoustiques utilisées dans
le cadre de cette thèse par le biais du logiciel Icare. Dans une troisième partie, nous décrirons la
méthode mise au point pour obtenir les fonctions de réponse en fréquence correspondant aux trai-
tements électroniques réalisés par le système. Enfin, dans une quatrième et dernière partie, nous
présenterons un exemple de cette approche systémique des SAR à partir de simulations numériques.
1. il s’agit d’une extrapolation à un système multicanal de l’équation (1.38) utilisée par Svensson pour établir le
modèle prévisionnel présenté à la partie 1.3.2
2.1. Les modèles fréquentiel et temporel de l’approche systémique d’un SAR 31
Gm1h1
Gm2h2
Hh2m2
Hh2m1
Haut-parleurs
Microphones
Hh1m2
Hh1m1
Hh2r Hsm2
Hh1r Hsm1
Récepteur
Hsr
Source
Figure 2.1 - Les différents transferts entrant en jeux dans une salle équipée d’un SAR (à 2 canaux),
et nécessaires au calcul de la fonction de réponse en fréquence de la salle à partir l’équation des
systèmes bouclés multivariables. Hsr : transfert acoustique entre la source et le récepteur (sans
SAR). Hsmi : transfert acoustique entre la source et le microphone du ième canal du SAR. Hhi r :
transfert acoustique entre le haut-parleur du ième canal du SAR et le récepteur. Hhi mj : transfert
acoustique entre le haut-parleur du ième canal du SAR et le microphone du jème canal du SAR.
Gmi hi : transfert électronique du ième canal du SAR (boucle directe).
Selon que l’on utilise l’équation fréquentielle ou temporelle des systèmes bouclés multivariables,
on parle de modèle fréquentiel exact ou temporel exact. L’avantage du modèle temporel est la
possibilité d’inclure sans approximation l’effet d’éventuels filtres électroniques variant dans le temps
(voir partie 1.2.2.3) [Svensson 1995a]. L’avantage du modèle fréquentiel exact réside quant à lui dans
sa rapidité d’exécution. Pour un système diagonal à N canaux et des réponses impulsionnelles de nech
échantillons, le gain en nombre de calculs élémentaires, et donc aussi en temps de calcul, du modèle
fréquentiel par rapport au modèle temporel est de l’ordre de nech /(4N + ln(nech )) [Vuichard 1997].
Si, par exemple, l’on souhaite convenablement extraire les indices acoustiques jusqu’à la bande
d’octave centrée à 4 kHz à partir de réponses impulsionnelles d’une salle équipée d’un SAR dont
l’action permet d’atteindre une durée de réverbération de 2 s, ces réponses impulsionnelles doivent
au minimum être échantillonnées à 11314 Hz et avoir une durée de de 2 s ; ce qui aboutit à un nombre
d’échantillons par réponse impulsionnelle de 22628. Ainsi, pour un système comportant une trentaine
de canaux (correspondant à une installation moyenne), le gain en calculs élémentaires du modèle
fréquentiel par rapport au modèle temporel est d’environ 174. Ce gain n’est celui que d’un seul calcul
de l’expression des systèmes bouclés multivariables or, comme nous le verrons dans la suite de ce
chapitre, la simulation complète du système nécessite plusieurs calculs de cette expression. Le gain
en temps de l’utilisation du modèle fréquentiel exact en est donc multiplié d’autant. Cet argument
sur le temps de calcul nous a poussé à développer une approche fréquentielle exacte. La renonciation
à simuler les filtres variant dans le temps que ce choix implique ne crée pas de manque réel dans
le cadre de cette thèse. En effet, nous avons déjà expliqué que l’approche systémique utilisant des
simulations numériques, et présentées dans ce chapitre, est destinée à fournir un ensemble de données
auquel confronter des modèles analytiques simples. Or, les modèles dont il est question ici, et qui
Chapitre 2. Approche systémique de l’action d’un SAR à partir de simulations
32 numériques
seront développés aux chapitres 3 et 4, ne peuvent pas tous prendre en compte l’effet de ces filtres.
La méthode des sources-images (figure 2.2) consiste à déterminer l’image d’une source ponctuelle
par symétrie par rapport à chaque surface de la scène. Cette procédure est répétée pour chaque
source-image ainsi créée en considérant alors la scène virtuelle obtenue à partir du symétrique de la
scène initiale. On obtient alors les sources-images du deuxième ordre. Cette construction de sources-
images à partir des sources-images d’ordre directement inférieur est répétée jusqu’à un ordre fixé.
Lorsque les positions de toutes les sources-images ont été calculées, un test de visibilité des sources-
images est effectué pour déterminer si le trajet acoustique entre chacune d’elles et le récepteur existe
réellement [Vorländer 2008].
À chaque trajet source-image-récepteur valide est associé une valeur en pression ptr (f ) dans le
domaine fréquentiel à partir de la formule suivante :
� �
⃗ f )Dr (tr,
⃗ f) ρcP (f )
ptr (f ) = Ds (tr, e−m(f )rtr 2 ej c rtr ΠRp (f )
1 2πf
(2.2)
4π rtr
où P (f ) est la puissance de la source, rtr est la longueur du trajet, m(f ) est le coefficient d’ab-
⃗ et Dr (tr)
sorption de l’air, et Ds (tr) ⃗ sont respectivement le facteur de directivité de la source et du
2.2. Simulation numérique des transferts acoustiques 33
récepteur suivant le trajet considéré. La divergence géométrique du front d’onde est donnée par le
2
terme 1/4πrtr de sorte à prendre en compte le caractère ponctuel de la source. Les réflexions sont
ici traitées à partir du produit ΠRp (f ) des coefficients de réflexion des parois associées au trajet.
Ceux-ci peuvent être obtenus soit à partir de l’impédance spécifique de surface 2 Z en prenant en
compte l’angle d’incidence sur les parois θ, mais cette impédance est en pratique souvent inconnue.
Z(f ) cos θ − 1
Rp (f ) = (2.3)
Z(f ) cos θ + 1
soit à partir du coefficient d’absorption de champ diffus α(f ), mais il s’agit alors d’une approximation
importante leur faisant, entre autres, perdre leur caractère complexe :
�
Rp (f ) = 1 − α(f ) (2.4)
Str2
Source
Récepteur
Str1
Le lancer de faisceaux consiste en la propagation dans la scène (ou salle) de faisceaux en trièdre
ou pyramides à partir du point source. Lorsqu’un faisceau rencontre une surface, chacun des rayons
le supportant (correspondant aux arêtes initiales du trièdre) y subit une réflexion spéculaire ponc-
tuelle. Si le front d’un faisceau ne rencontre une surface que de manière partielle, il est subdivisé
2. Dans ce chapitre, les impédances de surface Z intervenant dans les équations sont des impédances réduites soit,
Z = Z0 /ρc avec Z0 l’impédance de surface « non réduite ».
Chapitre 2. Approche systémique de l’action d’un SAR à partir de simulations
34 numériques
en nouveaux faisceaux. Cette subdivision s’effectue jusqu’à la cohérence 3 de chaque nouveau fais-
ceau ainsi formé ou jusqu’à une limite fixée par l’utilisateur. On parle alors de lancer de faisceaux
adaptatif [Vermet 2010]. Le lancer de faisceaux tel que développé dans le logiciel Icare permet aussi
de prendre en compte le phénomène de diffraction. Lorsqu’un faisceau rencontre une arête définie
comme diffractante, une source linéique secondaire est disposée au niveau de l’intersection entre
celle-ci et le faisceau. Cette source émet alors un nouvel ensemble de faisceaux suivant un dia-
gramme de rayonnement dicté par la théorie géométrique de la diffraction [Noe 2010]. Les faisceaux
diffractés sont aussi adaptatifs ; ils se propagent comme ceux issus de la source primaire 4 . Lorsqu’un
faisceau secondaire rencontre un récepteur, le trajet associé issu de l’arrête de diffraction est alors
relié au trajet du faisceau incident au à l’arête de diffraction et issu de la source pour n’obtenir au
final qu’un seul trajet et ainsi ne plus avoir à considérer les sources secondaires.
surface de
réflexion plane
Figure 2.3 - Principe du lancer de faisceaux adaptatif (tiré de [Noe 2010]). a) : subdivision initiale
en faisceaux depuis la source. b) : subdivision en faisceaux de niveaux différents depuis la source.
c) représentation du principe de subdivision d’un faisceau pour l’obtention de faisceaux cohérents.
Comme dans le cas des sources-images, à chaque trajet est associée une valeur en pression dans
l’espace fréquentiel. Celle-ci s’obtient à partir de l’expression suivante :
� �
⃗ f )Dr (tr,
⃗ f) (f )
ptr (f ) = Ds (tr, ΠRp (f )Dp (f )
ρcP dω j 2πf rtr
e−m(f )rtr e c (2.5)
4π dStr
Cette expression diffère de celle utilisée dans le cadre de la méthode des sources-images (équa-
tion (2.2)) par de l’incorporation des coefficients de diffraction Dp (f ) (calculés dans Icare à partir
3. Un faisceau est dit cohérent si pour toutes les réflexions subies son ouverture n’a interceptée qu’une seule et
même surface (voir figure 2.3
4. Contrairement aux rayons initialement issus de la source, les rayons modélisant la diffraction sont à base
rectangulaire, car ils sont émis par une source linéique.
2.2. Simulation numérique des transferts acoustiques 35
où Nti est le nombre total de particules captées sur l’intervalle de temps considéré, Ds (r⃗pk , f ) la
directivité de la source dans la direction initiale r⃗pk prise par une particule k, et Dr (r⃗p′ k , f ) la
directivité du récepteur dans la direction r⃗p′ k prise par la même particule lors de sa collecte.
Le lancer de particules présente deux avantages certains par rapport au lancer de faisceaux et à
la méthode des sources-images : il peut prendre en compte assez simplement les réflexions diffuses
et son temps de calcul relativement court ne dépend pas de l’ordre de réflexions à considérer. Il est
aussi important de noter que cette méthode, lorsqu’elle est utilisée dans le cadre de la reconstruction
Chapitre 2. Approche systémique de l’action d’un SAR à partir de simulations
36 numériques
Particule
Pression (Pa)
Source
Δt
Récepteur Temps (s)
a) b)
Figure 2.4 - Illustration d’un lancer de particules a) et du principe de collecte des particules au
niveau du récepteur b).
de la partie tardive de la réponse impulsionnelle, n’est pas une approche statistique. Elle est une
approche locale (au volume de la sphère réceptrice près), permettant ainsi de rendre compte de cer-
tains phénomènes acoustiques comme les échos francs, particulièrement nuisibles, ou une éventuelle
disparité dans la répartition spatiale de l’énergie tardive dans la salle. Cependant, le principe de
l’échantillonnage empêche d’être exhaustif au niveau des contributions acoustiques. Ce modèle n’est
donc pas adapté à la simulation des réflexions précoces d’une réponse impulsionnelle de salle du
fait que l’importance relative de celles-ci demande qu’elles soient prisent en compte de la manière
la plus exhaustive qu’il puisse être (voir partie 1.1.1).
par sources-images combinée à celle du lancer de faisceaux adaptatifs, et au-delà duquel l’utilisation
du lancer de particules suffit si, bien sûr, un nombre suffisent de particules sont lancées 5 .
Si nous souhaitons combiner différentes fonctions de réponse en fréquence pour calculer la ré-
ponse impulsionnelle correcte d’un système bouclé multivariable, il est nécessaire que les réponses
impulsionnelles en pression correspondant à ces fonctions de réponse en fréquence comportent un
signe arithmétique réaliste. En effet, l’expression de cette équation dans l’espace des temps, est une
somme de produits de convolution de réponses impulsionnelles. Si les termes de cette somme sont
tous de signe identique (ce qui se produit lors de la convolution de réponses impulsionnelles dont les
composantes sont du même signe), leur combinaison par addition sera nécessairement constructive.
Ce qui entrainera une réponse impulsionnelle hea (t) contenant trop d’énergie. Nous avons cependant
peu d’informations sur le signe exact des différentes contributions d’une réponse impulsionnelle de
salle. Nous savons simplement que celui de la contribution du champ direct est identique à celui
de l’impulsion source et qu’il ne dépend pas de la distance source-récepteur. Concernant le champ
réverbéré, les phénomènes de déphasage à l’origine du signe des contributions sont les conséquences
de réflexions avec des parois réelles. L’impédance de surface de ces parois étant complexe, l’onde
réfléchie subit un déphasage. Selon ce déphasage et la phase de l’onde incidente, l’onde de pression
réfléchie peut être de signe arithmétique différent de celle du champ direct.
Le calcul des contributions d’une réponse impulsionnelle obtenue à partir du lancer de par-
ticules ne peut pas faire intervenir une impédance, mais simplement un coefficient énergétique
d’absorption. Il n’est donc pas possible d’obtenir d’information sur le signe de ces contributions.
Cependant, si le lancer de particules est réservé au calcul d’un champ diffus 6 , la phase des ondes de
pression peut être traitée de manière statistique en la considérant simplement aléatoire et équipro-
bable [Schroeder 1987]. Il a donc été choisi d’affecter un signe aléatoire à chaque valeur de pression
obtenue par le lancer de particule.
Pour obtenir un signe réaliste des contributions temporelles issues de la transformée de Fourier
des résultats fournis par le lancer de faisceaux et la méthode des sources-images (ces deux méthodes
étant fusionnées dans le logiciel Icare), nous avons utilisé la capacité de ces méthodes à travailler
en réflexion à partir d’impédances complexes de surface. Le coefficient de réflexion utilisé dans les
expressions (2.2) et (2.6) est alors celui donné par la formule (2.3). En procédant ainsi, la contribu-
tion directe est assurée d’être de signe identique à celui de l’impulsion source sans avoir à effectuer
de post-traitement. Malheureusement, contrairement aux coefficients d’absorption en champ diffus,
les impédances de surface des matériaux utilisés dans une salle de concert sont rarement connues.
Cependant, en faisant l’hypothèse de matériaux à réaction localisée (hypothèse aussi faite par les
approches asymptotiques), il est possible d’établir une relation entre les parties réelle RZ et imagi-
naire IZ d’une impédance de surface d’un matériau d’une part, et son coefficient d’absorption en
champ diffus d’autre part. Cette relation s’obtient par l’intégration du coefficient d’absorption défini
à partir du coefficient de réflexion (formules (2.4) et (2.3)), sur l’ensemble des directions d’incidence
des ondes sonores sur une paroi [Morse 1940].
R2Z − I2Z
α= �1 + arctan � �− 2 ln �(RZ + 1)2 + I2Z ��
8 RZ IZ RZ
(2.7)
RZ + I Z
2 2 IZ (RZ + IZ )
2 2 RZ + 1 RZ + I2Z
5. À partir d’un test réaliser sur une salle d’environ 10000 m2 avec une durée de réverbération moyenne de 1 s
(qui correspond à une salle susceptible d’accueillir un système régénératif), une limite lancer de faisceau/lancer de
particules fixé à l’ordre 12 de réflexion des contributions spéculaires semble suffire. Pour le même test, un lancer de
2.106 particules permet de rendre compte de l’énergie diffuse et tardive de manière satisfaisante [Drouet 2011].
6. Lorsque le lancer de particules n’a été utilisé que pour le calcul des contributions spéculaires de la réponse
impulsionnelle d’un ordre élevé ou pour les contributions diffuses.
Chapitre 2. Approche systémique de l’action d’un SAR à partir de simulations
38 numériques
Afin d’avoir une seconde relation liant les parties réelle et imaginaire de l’impédance de surface,
nous partons du fait que le phénomène de réflexion peut être assimilé à un filtrage par un système
à réponse impulsionnelle réelle, causale et stable [Huopaniemi 1997, Martin 1993]. Ces propriétés
sont aussi celles des filtres à minimum de phase ; filtres dont les parties réelle et imaginaire sont les
transformées de Hilbert l’une de l’autre [Bellanger 1987] :
RZ = H(IZ ) (2.8)
et
IZ = H(RZ ) (2.9)
1.5
a)
1
�Z
0.5
0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
0.4
b)
0.2
�Z
−0.2
−0.4
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
α
Figure 2.5 - Correspondance entre le coefficient d’absorption en champ diffus et la partie réelle a)
ou la partie imaginaire b) d’un filtre à minimum de phase.
7. Les fonctions (2.8) ou (2.9) ne sont pas bijectives. Leur domaine de définition doit donc être réduit pour faire
correspondre à chaque valeur d’absorption en champ diffus une valeur unique d’impédance du filtre à minimum de
phase correspondant.
2.2. Simulation numérique des transferts acoustiques 39
0.1
a)
Pression (Pa) 0
−0.1
0.03 0.031 0.032 0.033 0.034
0.1
b)
0
−0.1
0.03 0.031 0.032 0.033 0.034
Temps (s)
Figure 2.6 - Les quatre premières contributions spéculaires de la réponse impulsionnelle d’une
salle obtenues à partir des algorithmes de lancer de faisceau et de construction de sources-images
implémentés au sein du logiciel Icare. Le calcul de la pression au niveau du récepteur ayant été
effectué à partir de coefficients d’absorption en champ diffus a) ou d’impédances de surface b).
8. Pour les contributions spéculaires précoces, le calcul originel se faisant dans l’espace fréquentiel, il suffit d’ef-
fectuer une transformation de Fourier inverse pour se retrouver dans l’espace des temps.
9. Nous avons ici traité un transfert acoustique entre une source et un récepteur à partir de la réponse impulsion-
nelle, car elle permet une représentation graphique plus parlante. Cependant, il ne faut pas perdre de vue que d’après
la discussion menée dans la partie 2.1 il est préférable de travailler dans l’espace fréquentiel pour calculer le transfert
entre une source et un récepteur dans une salle équipée d’un SAR.
Chapitre 2. Approche systémique de l’action d’un SAR à partir de simulations
40 numériques
a)
0.05
−0.05
0.05 b)
Pression (Pa)
−0.05
0.05 c)
−0.05
Figure 2.7 - Construction d’une réponse impulsionnelle à partir du logiciel Icare : sommation des
contributions obtenues par la méthode des sources-images et par un lancer de faisceaux adaptatif
d’une part a), et par un lancer de particules d’autre part b). La réponse impulsionnelle finale est
représentée en c).
2.3. Détermination des fonctions de réponse en fréquence électroniques du SAR 41
10. Cette méthode est cependant assez générale et peut s’appliquer à n’importe quel SAR, voir à n’importe quel
transfert acoustique dans une salle.
11. Cette méthode a fait l’objet d’un dépôt de brevet sous le numéro WO/2012/066265[Schmich 2012]
Chapitre 2. Approche systémique de l’action d’un SAR à partir de simulations
42 numériques
réponse en fréquence de la boucle de rétroaction d’un canal (un exemple de la fonction de réponse
en fréquence de la boucle de rétroaction d’un canal est donné en figure 2.8). Connaissant la nature
des filtres utilisés par le système Carmen, il est alors possible d’obtenir facilement leurs fonctions
de réponse en fréquence.
Cette égalisation est guidée par trois objectifs principaux : se rapprocher le plus possible d’un
gain moyen donné, obtenir un gain en boucle ouverte relativement plat en fréquence au sens psy-
choacoustique sur une échelle fréquentielle large, et éviter l’apparition de fréquences trop émergentes
sur une échelle fréquentielle fine. Elle est aussi soumise à deux contraintes liées à la technologie du
système : chaque filtre ne peut être que d’ordre 2 et leur nombre doit être minimum, typiquement
inférieur à une quinzaine.
Nous allons ici détailler les trois principales tâches effectuées par l’algorithme d’égalisation auto-
matique : le prétraitement du GMBO destiné à filtrer les hautes et les basses fréquences du gain en
boucle ouverte et à ajuster sa valeur moyenne, l’aplanissement de son spectre évitant un déséquilibre
fréquentiel audible, et la suppression des composantes fréquentielles émergentes.
−5
Amplitude (dB)
−10
−15
−20
−25
−30
31.5 63 125 250 500 1000 2000 4000 8000 16000
Fréquence (Hz)
Étant donné que l’un des buts de l’égalisation automatique est d’utiliser un nombre de filtres
qui soit le plus faible possible, il peut s’avérer avantageux de modifier le gain et la bande passante
de la fonction cible quitte à ce que le GMBO visé s’éloigne légèrement de l’objectif initial. Cette
optimisation est réalisée par l’algorithme DIRECT développé par Finkel [Finkel 2003] et codant
une méthode d’optimisation lipschitzienne. Cette méthode est basée sur la recherche du minimum
global d’une fonction supposée lipschitzienne 12 par subdivisions successives et sélectives de l’espace
des solutions. Il s’agit d’une méthode déterministe ne demandant que peu d’informations sur le
problème si ce n’est les limites de chacune de ses dimensions et la fonction coût que l’on chercher à
minimiser [Jones 1993] qui, dans la situation qui nous intéresse ici, sont respectivement les limites
hautes et basses acceptables de chaque fréquence de coupure et du gain de la fonction cible, et
l’erreur absolue moyenne ε̄ entre la fonction cible ∣GHc ∣2 et la fonction de réponse en fréquence du
gain en boucle ouverte ∣GHhm ∣2 . Cette erreur s’écrit :
n
ε̄ = � ∣∣GHhm (k)∣ − ∣GHc (k)∣ ∣
f
1 2 2
(2.10)
nf − ni + 1 k=ni
où ni et nf sont les indices des fréquences inférieures et supérieures de la bande de fréquence
considérée, soit ici 50 Hz et 8000 Hz 13 .
−5
Amplitude (dB)
−10
−15
−20
−25
−30
31.5 63 125 250 500 1000 2000 4000 8000 16000
Fréquence (Hz)
Figure 2.9 - Amplitude de la fonction de réponse en fréquence, en bande fine et en 48ème d’oc-
tave , de la boucle ouverte d’un canal après la phase de l’égalisation automatique réalisant le
prétraitement à partir de la fonction de réponse en fréquence de la boucle de rétroaction. Représen-
tation de la fonction cible déterminée par la méthode d’optimisation DIRECT .
le gain en boucle ouverte afin d’éviter que l’action du canal concerné soit plus importante sur
une certaine plage fréquentielle plutôt que sur une autre. Les filtres dont nous cherchons ici les
paramètres optimaux sont des filtres réjecteurs et éventuellement en plateau. La fréquence centrale
du premier filtre est déterminée par le maximum de la fonction d’écart ∆∣GH∣2 entre la fonction cible
et le gain en boucle ouverte. Cette fonction d’écart est calculée en 48ème d’octave afin qu’elle ait une
progression fréquentielle cohérente avec celle du système auditif humain (progression logarithmique).
La largeur de bande, le gain et le gain différentiel (s’il s’agit de filtres en plateau) optimaux du
filtre sont ensuite déterminés à partir de la méthode numérique DIRECT par minimisation de la
fonction d’erreur absolue moyenne ε̄ donnée par la relation (2.10) calculée alors en 48ème d’octave.
La fonction de réponse en fréquence en boucle ouverte modifiée par ce premier filtre est alors injectée
dans l’équation (2.11) puis, si la nouvelle fonction d’écart ∆∣GH∣2 contient un maximum positif, un
second filtre est placé en ce maximum puis optimisé par la méthode DIRECT. Ainsi de suite jusqu’à
ne plus détecter de maximum positif dans la fonction d’écart. À l’issue de cette étape, il se peut
que le GMBO du canal soit légèrement modifié et s’écarte de l’objectif fixé par la fonction cible. Le
gain du filtrage initial est alors revu en conséquence. Un exemple du gain de la fonction de réponse
en fréquence de la boucle ouverte d’un canal à l’issue de cette phase d’aplanissement est donné par
la figure 2.10. Les fonctions du gain de réponse en fréquence des filtres électroniques correspondants
sont données à la figure 2.12.
−5
Amplitude (dB)
−10
−15
−20
−25
−30
31.5 63 125 250 500 1000 2000 4000 8000 16000
Fréquence (Hz)
limité implique l’impossibilité d’obtenir un gain en boucle ouverte totalement plat en fréquence. Par
conséquent, la méthode destinée à supprimer les émergences ne cherche pas à supprimer toutes les
composantes dont l’amplitude dépasserait la valeur moyenne du spectre. Par fréquence émergente,
il faut ici comprendre toute composante du spectre dont l’amplitude dépasse une certaine valeur
∣GHmax ∣2 . Cette dernière doit être fixée à 0 dB pour garantir uniquement la stabilité, ou à une valeur
moindre, typiquement entre -5 dB et -10 dB, pour limiter le phénomène coloration [Vuichard 2000].
La méthode de suppression automatique des émergences repose sur une démarche similaire à
la méthode de lissage du gain en boucle ouverte, soit la répétition d’une détection du maximum
d’une fonction d’écart et d’une optimisation du filtrage nécessaire à l’élimination des composantes
fréquentielles correspondantes. La fonction d’écart ∆∣GH ′ (k)∣2 est ici la différence en bandes fines
entre l’amplitude de la fonction de réponse en fréquence du gain en boucle ouverte et ∣GHmax ∣2 .
Soit :
∆∣GH ′ (k)∣2 = ∣GHhm (k)∣2 − ∣GHmax ∣2 (2.12)
Lors de cette recherche de composantes spectrales émergentes, lorsque deux maximums de la fonction
d’écart sont proches (séparés de moins d’un huitième d’octave), seul le plus important est considéré,
car dans cette situation, la bande passante et le gain du filtre correspondant seront optimisés pour
aussi supprimer l’émergence initialement négligée (voir figures 2.11 et 2.12). Lors de cette phase
d’optimisation il convient aussi d’éviter au GMBO de s’éloigner de la valeur désirée. L’algorithme
DIRECT détermine donc ici un jeu de filtres supprimant toutes composantes émergentes (supérieures
à ∣GHmax ∣2 ) tout en s’efforçant de minimiser l’erreur moyenne absolue entre le gain de la fonction
de réponse en fréquence en boucle ouverte et le GMBO désiré ∣GHd ∣2 . L’erreur moyenne absolue
dont il est question ici s’exprime ainsi :
n
ε̄ = � ∣∣GHhm (k)∣ − ∣GHd ∣ ∣
f
1 2 2
(2.13)
nf − ni + 1 k=ni
Chapitre 2. Approche systémique de l’action d’un SAR à partir de simulations
46 numériques
−5
Amplitude (dB)
−10
−15
−20
−25
−30
31.5 63 125 250 500 1000 2000 4000 8000 16000
Fréquence (Hz)
10
5
Amplitude (dB)
−5
−10
−15
31.5 63 125 250 500 1000 2000 4000 8000 16000
Fréquence (Hz)
Figure 2.12 - Amplitude de la fonction de réponse en fréquence de la boucle directe d’un canal après
avoir réaliser une égalisation automatique de ce canal . Cette fonction de réponse en fréquence
correspond à la mise en série de filtres déterminés par l’algorithme d’égalisation automatique au
cours de l’étape de prétraitement de la boucle de rétroaction , de son aplanissement et de la
suppression des composantes émergentes .
2.3. Détermination des fonctions de réponse en fréquence électroniques du SAR 47
La procédure de réglage de l’ensemble des canaux d’un système consiste à égaliser successivement
chaque canal. Dans le cas où aucune fonction de réponse en fréquence électronique n’a encore été
déterminée, la boucle de rétroaction du premier canal à considérer est uniquement acoustique. Il
s’agit, dans le cadre d’une simulation numérique, de la fonction de réponse en fréquence acoustique
entre le haut-parleur et le microphone du canal donnée directement par le logiciel de simulation
numérique d’acoustique des salles 14 . Dans le cas où l’une au moins des fonctions de réponse en
fréquence électroniques a déjà été déterminée, la boucle de rétroaction à considérer est influencée
par le ou les canaux déjà égalisés. Dans ce cas, la fonction de réponse en fréquence de la boucle
de rétroaction n’est plus purement acoustique, mais devient une fonction de réponse en fréquence
d’une salle équipée d’un SAR dont les canaux sont ceux déjà égalisés. En d’autres termes, la boucle
de rétroaction de n’importe quel canal d’un SAR n’est ni plus ni moins qu’un transfert entre deux
points dans une salle active, au même titre qu’un transfert entre une source sur scène et un récepteur
au niveau de l’auditoire. Pour l’obtenir, il suffit alors d’utiliser l’expression (2.1) en considérant le
haut-parleur et le microphone du canal à égaliser comme l’entrée (source) et la sortie (récepteur)
du système multivariable. Les valeurs des fonctions de réponse en fréquence électroniques Gmh à
injecter dans cette expression sont simplement celles des canaux déjà égalisés, celles correspondant
à des canaux encore non égalisés étant mises à zéro.
Étant donné qu’une seule égalisation de l’ensemble des canaux d’un système (appelée aussi
« passe » dans la suite de ce manuscrit) nécessite une quantité importante de calculs, il convient
d’en effectuer le minimum possible tout en réduisant au maximum la coloration au niveau de l’au-
ditoire et en convergeant vers l’objectif initial au niveau du GMBO des canaux. Dans la pratique,
lors de l’installation du système Carmen, on considère d’après l’expérience que trois passes sont
suffisantes. Cependant, dans la pratique, l’égalisation n’est pas uniquement automatique ; certains
filtres d’égalisations sont paramétrés manuellement. Dans le cadre de l’approche systémique d’un
SAR présentée dans ce chapitre, nous proposons d’effectuer une passe supplémentaire soit quatre
14. Les haut-parleurs comme les microphones sont supposés idéaux, leurs réponses fréquentielles sont supposées
lisses.
Chapitre 2. Approche systémique de l’action d’un SAR à partir de simulations
48 numériques
en tout. Il ne s’agit ici que d’une proposition, mais nous vérifierons empiriquement au sous-chapitre
suivant qu’un nombre de passes supérieures n’améliore ni la convergence du GMBO de chaque canal
vers la valeur désirée, ni la coloration au niveau de l’auditoire.
2.4 Exemple de l’approche systémique d’un SAR basée sur des si-
mulations numériques
L’approche systémique d’un SAR basée sur des simulations numériques demande dans un premier
temps d’effectuer les simulations numériques des transferts acoustiques entre les sources sur scène,
les récepteurs au niveau de l’auditoire et les transducteurs du système. Pour cela il nous faut
modéliser la salle en trois dimensions en attribuant aux parois des propriétés acoustiques, définir
l’emplacement des transducteurs du système ainsi que leur directivité en fonction du type de système
que l’on souhaite simuler, définir l’emplacement et la directivité de la source et des récepteurs, puis
définir les paramètres de la simulation numérique.
La salle simulée est fortement inspirée d’une salle existante ayant fait l’objet d’une installation
du SAR Carmen, à savoir la salle de « La Rampe » à Échirolles en France. Avec un volume de
9542 m3 (soit proche de 10000 m3 ) pour une durée de réverbération de 0,94 s (soit presque 1 s),
elle est typique des salles dans lesquels ce système a été installé. D’un point de vue architectural,
il s’agit d’une salle en shoe-box de 700 places sans balcon ni cage de scène. L’emplacement et les
propriétés de la source et des récepteurs suivent la norme ISO : 3382-1 [ISO :3382-1 2009]. Ainsi, la
source sur scène est placée à 1,5 m du sol et elle est omnidirectionnelle. Les récepteurs sont à 0,5 m
au-dessus du volume modélisant les sièges (soit à 1,5 m du sol) et sont aussi omnidirectionnels.
Les points de réception sont au nombre de trente et sont placés aléatoirement sur une moitié de
l’auditoire, car la salle est à peu près symétrique. Le SAR régénératif simulé ici étant le système
Carmen, le microphone et le haut-parleur de chaque canal sont positionnés à proximité l’un de
l’autre ; typiquement à une distance de 1,1 m [Vuichard 2000]. Les canaux du système sont placés
proches des murs latéraux ou du plafond. Les microphones sont bidirectionnels et orientés de telle
sorte que leurs minimums de directivité soient dirigés vers le haut-parleur du canal correspondant et
la paroi la plus proche (voir figure 2.14 a)). Les haut-parleurs du système sont hémidirectionnels et
leur maximum de directivité est orienté vers le centre de la salle. Dans cette simulation, le système
est constitué de 24 canaux, dont 6 à proximité de chaque mur latéral et 12 au niveau du plafond.
Le GMBO ciblé est de -18 dB et le retard électronique de chaque canal est fixé à 20 ms, ce qui
correspond aux paramètres d’une installation réaliste.
Concernant la simulation numérique des trajets entre la source, les récepteurs et les transduc-
teurs du système, nous avons utilisé le logiciel Icare. Pour obtenir les contributions spéculaires des
transferts acoustiques jusqu’à l’ordre 12 nous avons combiné le lancer de faisceaux et la méthode
des sources-images. Pour les contributions spéculaires d’ordre supérieur et les contributions dif-
fuses, nous avons utilisé un lancer de 2.106 particules. Les propriétés acoustiques des matériaux,
utilisées comme paramètres d’entrée de la simulation numérique, ont été déduites des matériaux
installés dans la salle de « La Rampe » par l’intermédiaire du travail de compilation réalisé par
Vorländer [Vorländer 2008] concernant les propriétés en diffusion et absorption des matériaux de
construction classiques.
2.4. Exemple de l’approche systémique d’un SAR basée sur des simulations nu-
mériques 49
a)
b)
Figure 2.13 - Salle active simulée. a) : positions de la source ◾ et des points de réception au niveau
de l’auditoire ◾. b) : positions des haut-parleurs ◾ et des microphones ◾ du SAR sur le plafond et sur
le mur latéral côté cour (celles positionnées sur le mur latéral côté jardin sont placées à l’identique).
Chapitre 2. Approche systémique de l’action d’un SAR à partir de simulations
50 numériques
Microphone
Haut-parleur
a) b)
−14
−16
−18
−20
−22
−24
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 1112 1314 15 1617 1819 20 2122 23 24
Canal
Figure 2.15 - Simulation d’un SAR par une approche systémique basée des réponses impulsionnelles
numériques : GMBO sur la bande d’octave de 1000 Hz des 24 canaux du système au terme de la
première passe , de la deuxième de la troisième et de la quatrième à la dixième .
Le second résultat est l’évaluation de la coloration moyenne induite par le système sur trente
points de réception en fonction du nombre de passes successives. La coloration est ici quantifiée par
un indice objectif obtenu à partir de résultats de tests psychoacoustiques conduits par Meynial et
Vuichard [Meynial 1999]. Ces test consistent en la mise en relation d’un niveau subjectif de colora-
tion, exprimé en pourcentage, de réponses impulsionnelles d’une salle active équipée d’un SAR et de
l’écart type réduit de la partie tardive de la réponse en fréquence de ces réponses impulsionnelles.
Lorsqu’une ou plusieurs fréquences de cette fonction de réponse en fréquence deviennent prédomi-
nantes, son écart type réduit est augmenté et une impression de coloration peut être ressentie ; la
présence de ces fréquences émergentes pouvant être due à un SAR mal réglé (voir partie 1.2.2. Dans
le cadre de cette thèse nous avons donc simplement repris les résultats des tests menés par Meynial
et Vuichard puis effectué une recherche de tendance par régression statistique afin d’obtenir une
formule pour un indice objectif de coloration d’une salle active (voir figure 2.16). Le résultats de
cette régression statistique avec un coefficient de détermination R2 = 0, 97 donne un indice objectif
de coloration Ccolor exprimé en pourcentage en fonction de l’écart type réduit σ̄ tel que :
La figure 2.17 montre que la coloration au niveau de l’auditoire diminue sur les trois premières
passes pour se stabiliser aux alentours de 15% à 20%. Ainsi l’égalisation automatique vis-à-vis
de l’atténuation du phénomène de coloration semble converger au bout de trois passes successives
d’égalisation. Ce nombre est plus important que celui déduit de la convergence vers le GMBO.
Nous retiendrons donc que la méthode de détermination automatique des fonctions de réponse en
fréquence des gains électroniques du système nécessite un minimum de trois passes successives.
Cependant, pour plus de sécurité vis-à-vis de la convergence de l’indice de coloration et du GMBO,
un nombre de quatre passes successives d’égalisation semble plus approprié.
Chapitre 2. Approche systémique de l’action d’un SAR à partir de simulations
52 numériques
100
80
Coloration (%)
60
40
20
0
0.55 0.6 0.65 0.7 0.75 0.8 0.85 0.9 0.95
Ecart type réduit de la fonction de réponse en fréquence
de la partie tardive d’une rép onse impulsionnelle de salle active
Figure 2.16 - Niveau de coloration en fonction de l’écart type réduit de la fonction de réponse en
fréquence de la partie tardive d’une réponse impulsionnelle de salle active. Résultats bruts des tests
psychoacoustiques : moyennes • et écart type +. Régression statistique .
60
50
Coloration (%)
40
30
20
10
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Nombre de passes
Figure 2.17 - Simulation d’un SAR par une approche systémique basée sur des réponses impulsion-
nelles numériques : évolution de la coloration moyennée sur trente points de réception, en fonction
du nombre de passes réalisées.
2.4. Exemple de l’approche systémique d’un SAR basée sur des simulations nu-
mériques 53
0
a)
−20
−40
−60
Niveau (dB)
0 0.5 1 1.5
0
−20 b)
−40
−60
0 0.5 1 1.5
Temps (s)
Figure 2.18 - a) : Échogrammes simulés entre une source et un récepteur dans une salle sans et
avec SAR. b) : Échogramme simulé de l’ajout d’énergie uniquement dû au système pour la même
source et le même récepteur .
Chapitre 2. Approche systémique de l’action d’un SAR à partir de simulations
54 numériques
15. Ces méthodes ne sont, en toute rigueur, pas valables aux basses fréquences, mais dans le cadre de ce travail
nous nous intéressons aux bandes de fréquences moyennes.
Chapitre 3
Sommaire
3.1 Approche énergétique de l’action d’un SAR régénératif dans une salle
simple . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
3.1.1 Développement analytique de la fonction de gain d’un SAR . . . . . . . . . . . . 56
3.1.2 Retour sur l’approximation de l’action des retards électroniques . . . . . . . . . 57
3.2 Approche systémique de l’action d’un SAR régénératif dans une salle
simple avec utilisation de réponses impulsionnelles stochastiques . . . . . . 59
3.2.1 Reconstruction de réponses impulsionnelles à partir de l’approche stochastique
de l’acoustique géométrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
3.2.1.1 Le champ direct . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
3.2.1.2 Le champ réverbéré . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
3.2.2 Génération automatique des distances entre les transducteurs d’un SAR . . . . 65
3.2.3 Synthèse de l’approche systémique d’un SAR régénératif avec utilisation de
réponses impulsionnelles stochastiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
3.3 Confrontation des modèles théoriques proposés à la mesure et à l’approche
systémique de l’action d’un SAR basée sur des simulations numériques . . 70
3.3.1 Présentation des salles tests . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
3.3.2 Présentation des résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
3.3.2.1 Durée de réverbération . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
3.3.2.2 Durée de réverbération précoce . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
3.3.2.3 Force sonore . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
3.3.2.4 Clarté, définition et temps central . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90
3.3.3 Discussion des résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
3.3.4 Synthèse des résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
3.4 Synthèse du chapitre 3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
La plupart des modèles théoriques analytiques utilisés en acoustique des salles se basent sur la
théorie des champs diffus qui suppose l’homogénéité et l’isotropie du champ acoustique. La prévision
de l’évolution temporelle de l’énergie d’une réponse impulsionnelle selon ces modèles repose sur
l’extrapolation aux réflexions précoces, et parfois même au champ direct, de ces hypothèses. La
limite de ces modèles apparait donc clairement puisque, puisque comme vu dans la partie 1.1.1, ni
les réflexions précoces ni le champ direct ne peuvent être traités de manière globale à l’intérieur
d’une même salle, ne serait-ce qu’à cause de l’influence importante que les positions de la source
et du récepteur peuvent exercer sur ses contributions. Cependant, ces modèles sont plus adaptés
Chapitre 3. Développement et mise à l’épreuve de modèles théoriques de
56 l’action d’un SAR régénératif dans une salle simple
aux contraintes d’une phase d’avant-projet que ceux reposant sur des méthodes numériques tels que
celui présenté au chapitre 2. En effet, ils possèdent l’avantage de se réduire à des équations simples
ne prenant en compte qu’un nombre réduit de paramètres d’entrée, permettant ainsi une première
estimation rapide de l’ordre de grandeur des indices acoustiques et demandant peu de ressources de
calcul et d’informations sur la salle. De plus, bien que ces approches ne soient pas toujours valides
dans le cas des salles passives, il n’est pas dénué de sens de penser que l’action d’un SAR prévue
à partir du modèle de champ diffus, puisse donner une quantification raisonnable de son effet, car
l’utilisation d’un SAR régénératif rend certaines hypothèses de la théorie des champs diffus a priori
mieux vérifiées que dans le cas d’une salle passive. En effet, d’une part, les haut-parleurs d’un
système régénératif sont peu directifs et placés de manière à peu près homogène, ce qui confère au
champ sonore crée par ceux-ci un caractère relativement isotrope. D’autre part, du fait qu’il résulte
de la convolution de multiples réponses impulsionnelles, ce même champ acoustique se caractérise
par une forte densité temporelle de contributions sonores [Vogel 1994] justifiant d’autant plus une
approche statistique pour le décrire.
Dans ce chapitre, nous allons exposer deux approches théoriques pour prévoir l’action d’un
SAR régénératif diagonal. Dans un premier temps, nous reprendrons l’approche basée sur la théorie
énergétique des champs diffus initiée par Franssen et améliorée par Poletti afin de permettre une
prévision de l’ensemble des indices acoustiques pouvant être déduits de la réponse impulsionnelle
omnidirectionnelle d’une salle. Dans un deuxième temps, nous présenterons une seconde approche
de l’action d’un SAR qui reprend en partie l’idée de Svensson de conjuguer des réponses passives
théoriques par l’équation des systèmes bouclés multivariable. Cependant, contrairement à Svens-
son, nous développerons une méthode pour prévoir l’effet d’un système multicanal, et les réponses
impulsionnelles passives utilisées seront établies à partir de l’approche stochastique de l’acoustique
géométrique. Enfin, nous proposons d’éprouver ces approches théoriques de l’action d’un SAR.
N’ayant à notre disposition qu’une seule salle accessible à la mesure, cette étude inclut également la
confrontation à des données obtenues par l’approche systémique d’un SAR basée sur des simulations
numériques, comme vu au chapitre 2. Dans cette partie, nous nous concentrerons sur l’effet du SAR
produit sur l’évolution de six indices acoustiques objectifs parmi les plus utilisés par les acousti-
ciens, et définis par la norme ISO : 3382-1 [ISO :3382-1 2009], à savoir la durée de réverbération,
la durée de réverbération précoce, la force sonore, la clarté, la définition et le temps central (voir
partie 1.1.2).
entre l’évolution de l’énergie dans la salle sans (équation (1.22)) et avec le système (équation (1.36)).
(A+4mV )c
t
Ξea (t) =
βe 4V
(3.1)
⎛ ⎞ (A+4mV )c
1−N Γ
(A+4mV )c
� �t
⎝ ⎠ 4V
β′e 1+N
4V
Γτ̄
Elle ne peut être valide pour des temps inférieurs au retard électronique du système τ̄ puisque pour
ces temps, le système ne peut avoir d’action dans la salle. La continuité de l’énergie de la réponse
impulsionnelle au temps τ̄ impose la relation Ξea (τ̄ ) = 1. Ainsi, il est possible d’exprimer β ′ en
fonction de β :
(A+4mV )c
⎛ ⎛ ⎞⎞
� �⎜1−⎜ 1−N Γ
(A+4mV )c
⎟⎟τ̄
β ′ = βe
�N Γτ̄
4V ¯
⎝ ⎝ 1+� ⎠⎠
4V
(3.2)
soit :
⎧
⎪
⎪
⎪ pour t < τ̄
⎪
1
⎪
Ξea (t) = ⎨ � (A+4mV )c �⎜1−⎜
⎛ ⎛ ⎞⎞
⎪
(3.3)
⎪
⎪
⎟⎟(t−τ̄ )
1−N Γ
⎪
(A+4mV )c
⎪ pour t ≥ τ̄
�N Γτ̄ ⎠⎠
4V
⎝ ⎝
⎩e
1+�
4V
Si l’on applique cette fonction de gain à des réponses impulsionnelles qui prennent en compte le
temps de propagation td de l’onde directe, il suffit alors de translater l’expression précédente de
cette quantité, soit :
⎧
⎪
⎪
⎪ pour t < td + τ̄
⎪
1
⎪
Ξea (t) = ⎨ � (A+4mV )c �⎛⎜1−⎛⎜ ⎞⎞
⎪
(3.4)
⎪
⎪
⎟⎟(t−td −τ̄ )
1−N Γ
⎪
(A+4mV )c
⎪ pour t ≥ td + τ̄
�N
4V
⎝ ⎝ ⎠⎠
⎩
1+� Γτ̄
e 4V
ou, en utilisant la formule de Sabine (1.24) (qui découle de la même approche énergétique) afin de
réécrire l’expression (3.4) en fonction de la durée de réverbération initiale Tr0 :
⎧
⎪
⎪
⎪ pour t < td + τ̄
⎪
1
⎪
Ξea (t) = ⎨ � 6 ln(10) �⎛⎜1−⎛⎜ ⎞⎞
⎪
(3.5)
⎪
⎪
⎟⎟(t−td −τ̄ )
1−N Γ
⎪
⎪ ⎝ ⎝ 1+� Tr0 �N Γτ̄ ⎠⎠
pour t ≥ td + τ̄
Tr0 6 ln(10)
⎩e
pour t ≥ td + τ̄
�N
6 ln(10)
⎪
Γ
⎝ ⎝ 1+�
⎝ 1+(N −1)Γ′ ⎠ ⎠⎠
τ̄
⎩e
T r0
Cette fonction de gain peut alors être appliquée à n’importe quelle réponse impulsionnelle passive
omnidirectionnelle. de la réponse impulsionnelle active ainsi obtenue peut être déduit n’importe quel
indice acoustique omnidirectionnel(durée de réverbération, force sonore, clarté, etc).
appréciable, car le caractère négligeable des termes d’ordre supérieur est lié à la valeur de la variable
de Laplace. Cependant, l’équation différentielle avec retards (1.26) est solvable sans approximation.
Il est donc possible d’effectuer une comparaison entre la fonction de gain du système obtenue selon
cette résolution exacte et celle obtenue par l’équation (3.4) utilisant l’approximation sur l’action des
retards.
L’équation (1.26) est une équation dite avec retards du premier ordre à coefficients constants. Elle
est solvable par récurrence sur chaque pas de temps où la densité d’énergie est continue (entre chaque
retard) [Hale 1993] 1 . Pour un pas de temps donné, la résolution de ce type d’équation se résume
à la résolution d’une équation différentielle ordinaire du premier ordre avec coefficients constants
et second membre. Ce second membre étant la valeur de la fonction donnée par la résolution de
l’équation différentielle aux pas de temps précédents. Pour les premiers pas de temps, ce second
membre est donné par les connaissances sur le système aux temps inférieurs au temps zéro. Or,
dans le cas qui nous intéresse ici, celui de l’énergie de la réponse impulsionnelle d’un système causal,
la valeur de cette énergie aux temps inférieurs à zéro est nulle. Ainsi, les conditions initiales du
système sont wea (t) = 0 pour t < 0 et wea (0) = β. d’où :
Γ′ (A + 4mV )c − (A+4mV )c t
wea(n) (t) = N � � wea(n−1) (t − τ )dt
(A+4mV )c
� e 4V
t
e
1 + (N − 1)Γ
4V
′ 4V
pour nτ ≤ t < (n + 1)τ (3.7)
0.4
80 80 0.2 c)
60 60 0
Energie (dB)
0 0.02 0.04
40 40
20 20
0 0
0 0.5 1 1.5 2 0 0.5 1 1.5 2
a) Temps (s) b)
Figure 3.1 - Évolution de la fonction de gain calculée à partir de l’approche énergétique avec prise
en compte des retards de manière approchée ou exacte , pour une valeur retard de 400 ms (a)
et 20 ms (b et c).
La figure 3.1 représente les fonctions de gain calculées en utilisant l’approximation de l’action du
retard électronique donnée par l’équation (3.4), ou en prenant en compte ce retard de manière exacte
(équation (3.7)). La valeur de durée de réverbération initiale est fixée à 1 s et le système considéré
comporte 30 canaux réglés chacun à un GMBO de -18 dB ; ce qui correspond à une installation type
1. Il existe d’autres méthodes analytiques plus rapides pour résoudre ce type d’équations différentielles comme
celle utilisant la fonction W de Lambert. Cependant, la méthode itérative reste la plus instinctive et donc la plus
facilement intelligible.
3.2. Approche systémique de l’action d’un SAR régénératif dans une salle simple
avec utilisation de réponses impulsionnelles stochastiques 59
d’un SAR régénératif. Pour une valeur de retard de 400 ms, les augmentations de réverbération
prévues par chacune des deux approches, et qui se caractérisent par la pente générale de la fonction de
gain, sont à peu près identiques. Par contre, il apparait clairement que l’approche par approximation
ne permet pas de rendre compte de manière satisfaisante du comportement de la fonction de gain du
système. Ceci est une conséquence de la troncature des termes d’ordre élevé dans le développement
limité de l’action retard (exponentielle) dans l’espace de Laplace. Les fluctuations de la fonction
de gain, observées lors de l’utilisation de l’approche exacte, ne sont ainsi pas reproduites dans le
cas de l’approche par approximation. Cependant, une telle valeur de retard n’est jamais utilisée,
car elle pourrait engendrer une émergence trop importante de contributions issues du système par
rapport au reste de la réponse impulsionnelle, créant alors un phénomène d’échos [Cremer 1982]. Par
conséquent, il est conseillé de ne pas dépasser une valeur maximale de retard de 40 à 50 ms. Dans
la pratique, un retard maximal moyen de l’ordre 20 ms est observé sur les différentes installations
du système Carmen. En utilisant cette valeur, les fonctions de gain avec et sans approximation sont
proches ; les fluctuations observées pour une valeur de retard plus importante sur la courbe de gain
obtenu par l’approche exacte de l’action des retards sont négligeables. Nous pouvons aussi observer
que la courbe de gain de l’approche analytique exacte de la prise en compte du retard contient plus
d’énergie que celle obtenue avec une prise en compte approchée du retard. Or, à GMBO équivalent,
l’introduction de retards ne devrait, en théorie, pas ajouter d’énergie au système, mais simplement
la répartir différemment dans le temps. Cet artéfact de l’approche énergétique des SAR est donc
légèrement minimisé par l’approximation sur l’action du retard.
wdir (r) =
Ds (⃗
rsr )Dr (⃗
rrs )e−mr
Ps
(3.8)
4πcr2
En considérant une puissance de source Ps exprimée en fonction de la distance rref à laquelle
cette source produirait un niveau de 0dB dans la direction de son maximum de directivité :
2
rref
wdir (r) = Ds (⃗
rsr )Dr (⃗
rrs )e−m(r−rref ) (3.9)
r2
Si l’on veut résoudre l’équation des systèmes bouclés multivariable appliquée au système Car-
men à partir de réponses impulsionnelles synthétisées selon l’approche géométrique, il nous faut
considérer trois situations différentes concernant la prise en compte de directivité du microphone
sur le niveau de champ direct : celle des réponses impulsionnelles captées par un récepteur au ni-
veau des sièges (hhi r et hhs r ), celle des réponses impulsionnelles faisant intervenir le microphone
et le haut-parleur d’un même canal (hhi mi ), et celle des réponses impulsionnelles faisant intervenir
le microphone et une autre source (hsmi et hhi mj avec i ≠ j). Le facteur de directivité des haut-
parleurs ou de la source est quant à lui toujours égal à un, car la source est omnidirectionnelle et les
haut-parleurs du système, bien que pouvant être considérés comme hémidirectionnels, sont toujours
positionnés au niveau des parois de la salle et orientés vers l’intérieur de celle-ci (voir figure 3.2) 3 .
2. La directivité d’un transducteur se caractérise par son diagramme de directivité. Celui-ci correspond au rapport
de l’énergie d’une onde sonore captée par le transducteur sur celle qui le serait par un transducteur omnidirectionnel,
en fonction de l’angle d’incidence de cette onde sonore [Olson 1957]. L’équation de directivité des transducteurs, qui
est une forme algébrique de ce diagramme de directivité, permet d’obtenir directement la pondération à appliquer à
l’énergie d’une particule sonore en fonction de sa direction incidence ou d’émission selon que le transducteur soit un
récepteur ou une source.
3. Dans le cas du système MCR, les microphones du système sont omnidirectionnels. Par conséquent, les facteurs de
directivité des transducteurs de l’expression (3.9) sont égaux à 1 quelle que soit la réponse impulsionnelle considérée.
3.2. Approche systémique de l’action d’un SAR régénératif dans une salle simple
avec utilisation de réponses impulsionnelles stochastiques 61
h1 h2
m1 m2
s r
Figure 3.2 - Les différents trajets acoustiques entrant en jeu dans une salle active et représenta-
tions des diagrammes de directivité théoriques des transducteurs dans le cas du système Carmen
(sources et récepteurs ).
La valeur du facteur de directivité du récepteur appliqué au champ direct des réponses im-
pulsionnelles faisant intervenir un récepteur au niveau des sièges vaut 1 puisque ce récepteur est
défini comme étant omnidirectionnel, tel que spécifié par la norme sur la mesure des indices acous-
tiques [ISO :3382-1 2009]. Le champ direct vaut donc :
2
rref
wdir (r) = e−m(r−rref ) (3.10)
r2
Lorsque la réponse impulsionnelle considérée est celle entre le haut-parleur et le microphone d’un
même canal, le champ direct est théoriquement absent. En effet, pour minimiser l’énergie de la boucle
de rétroaction d’un canal afin d’augmenter la limite de gain avant instabilité, le système Carmen
utilise des microphones bidirectionnels positionnés de telle sorte que leur minimum de directivité soit
orienté vers le haut-parleur du canal considéré (voir chapitre 1.2.1.2). Or, le minimum de directivité
d’un microphone bidirectionnel est théoriquement nul 4 .
Lorsque la réponse impulsionnelle vers un microphone du système est issue de la source sur scène
ou bien du haut-parleur d’un autre canal, nous n’avons a priori pas d’information sur l’incidence de
l’onde directe. Celle-ci peut être alors considérée comme aléatoire. Ainsi, dans ce cas, pour prendre
en compte la directivité du microphone, il suffit d’obtenir une direction stochastique par tirage
aléatoire selon une loi équiprobable et d’injecter cette direction dans l’équation de directivité d’un
microphone bidirectionnel d’ordre 1 qui vaut en énergie :
Dr (⃗
r(θ, ϕ)) = cos(θ)2 (3.11)
En coordonnées polaires, le tirage d’une direction aléatoire se fait en tirant d’une part un angle de
colatitude θ de telle sorte que les valeurs de son cosinus soient équiprobables et, d’autre part un
angle d’azimut ϕ équiprobable.
θ = arccos(U[−1; 1]) (3.12)
ϕ = U[−π; π] (3.13)
4. En pratique, le minimum de directivité d’un microphone bidirectionnel se situe plutôt aux alentours de -25 dB.
Chapitre 3. Développement et mise à l’épreuve de modèles théoriques de
62 l’action d’un SAR régénératif dans une salle simple
e−mct N (t)
wrev (t) = rref
2
emrref � (1 − ᾱ) i
n (t)
(3.14)
c2 t2 i=1
où ni (t) est le nombre de réflexions subies par une particule i en fonction du temps avant son arrivée
au niveau du récepteur.
L’approche analytique classique de l’acoustique géométrique, appelée approche d’Eyring, utilise
les valeurs moyennes de N (t) et de n(t) afin d’obtenir une expression de l’énergie du champ réver-
béré. Le nombre moyen de particules N (t) arrivant pendant un court intervalle de temps δt se déter-
mine par l’intermédiaire d’une représentation du champ sonore par sources-images [Jouhaneau 2003].
N (t) équivaut au nombre moyen de sources-images dans un volume compris entre deux sphères cen-
trées sur le point d’émission et de diamètres ct et c(t+δt). Une source image « occupant » un volume
égal à celui de la salle :
4πc3 t2 δt
N (t) = (3.15)
V
Le nombre moyen de réflexions n(t) subies par une particule est lié au temps par l’intermédiaire
du libre parcours moyen ¯l qui correspond à la distance moyenne parcourue par une particule entre
deux réflexions successives [Jouhaneau 2003].
n(t) =
Sct
(3.16)
4V
L’expression (3.14) de la densité d’énergie selon l’approche d’Eyring s’écrit donc :
2
4πcrref δt
wrev (t) = e−mct
S ln(1−ᾱ)ct
emrref e 4V (3.17)
V
L’approche stochastique de l’acoustique géométrique consiste non pas en l’utilisation des valeurs
moyennes du nombre de réflexions subies par une particule et du nombre de particules arrivant au
récepteur, mais en l’utilisation de nombres aléatoires tirés selon la loi de probabilité donnée pour
chacune de ces deux quantités. Pour déduire ces lois, Polack aborde le comportement des rayons
sonores par le biais de la théorie des billards ; la notion de champ diffus est alors rapprochée de
celle de mélange 5 . Selon cette approche, si la salle peut être considérée comme mélangeante, le
comportement des particules vis-à-vis du nombre de réflexions est décrit par un processus aléatoire
poissonnien, car les trois règles nécessaires à son existence sont respectées :
- la probabilité qu’une particule ait subi plusieurs réflexions dans un très petit intervalle δt de
temps est négligeable
5. Polack souligne que cette propriété de mélange ne peut pas être rigoureusement vérifiée pour une salle absor-
bante, mais que l’on y tend tout de même avec le temps. La limite temporelle acceptable étant le temps de transition,
qui obtient ici sa justification théorique.
3.2. Approche systémique de l’action d’un SAR régénératif dans une salle simple
avec utilisation de réponses impulsionnelles stochastiques 63
( Sct
4V ) − Sct
n
p′n (t) =
1
e 4V (3.19)
(1 − e− 4V ) n!
Sct
Le nombre de particules incidentes N (t) ne peut pas, quant à lui, obéir de manière formelle à un
processus de Poisson. En effet, rien ne suggère que deux événements (particules) ne peuvent se
produire (atteindre le récepteur) à un même instant et le nombre moyen de particules captées sur
un intervalle de temps fixe est dépendant de l’instant auquel est situé cet intervalle. Cependant,
bien que ne correspondant probablement pas à la stricte réalité, l’utilisation d’un tel processus pour
obtenir les valeurs de N (t) est pratique, car il est borné aux entiers naturels et il ne demande qu’un
seul paramètre, à savoir la valeur moyenne du nombre de particules incidentes N (t) données par
l’expression (3.15).
L’évolution temporelle de l’énergie moyenne du champ réverbéré d’après l’approche stochastique
peut se calculer en injectant la densité de probabilité (3.19) dans l’expression (3.14). Cela supprime
l’aspect aléatoire, mais permet une comparaison directe avec les autres approches analytiques dé-
terministes.
N (t) ∞ ( Sct
4V ) − Sct
n
wrev (t) = 2 2 emrref e−mct � e 4V (1 − ᾱ)n
1
(3.20)
i=1 (1 − e )
c t − Sct
4V n!
Pour des valeurs importantes de temps, correspondant à plusieurs fois la durée mise par une particule
pour parcourir une distance égale au libre parcours moyen de la salle, le paramètre de la loi de Poisson
tronquée en zéro s’éloigne de la valeur nulle. Or, dans cette situation, il s’avère qu’une loi de Poisson
tronquée tend vers une loi de Poisson classique 6 . Ainsi :
2
4πcrref δt ∞ ( Sct
4V ) − Sct
n
wrev (t) ≃ emrref e−mct � e 4V (1 − ᾱ)n pour t ≫
4V
(3.21)
V i=0 n! Sc
En remarquant que nous avons dans la somme le développement en série de la fonction exponentielle :
2
4πcrref δt
wrev (t) ≃ pour t ≫
4V
emrref e−mct e−
S ᾱct
4V (3.22)
V Sc
Ainsi, comme Polack le remarqua lui-même, pour des temps importants, l’approche stochastique de
l’acoustique géométrique donne une valeur moyenne de l’évolution temporelle de la densité d’énergie
6. Puisque la probabilité de tirer le nombre zéro d’après un processus de Poisson tend vers zéro pour des valeurs
de paramètre très supérieures à zéro, les lois de Poisson classique et tronquée tendent l’une vers l’autre lorsque leur
valeur moyenne (ou de paramètre) augmente.
Chapitre 3. Développement et mise à l’épreuve de modèles théoriques de
64 l’action d’un SAR régénératif dans une salle simple
identique à celle donnée par l’approche énergétique (relation (1.22)). La différence avec l’approche
géométrique classique de l’équation (3.17) réside dans la prise en compte de l’absorption des parois
dans l’amortissement de la salle. Cependant, lorsque cet amortissement est exprimé en fonction
de la durée de réverbération obtenue à partir de l’expression de l’évolution temporelle de l’énergie
réverbérée correspondante 7 , cette différence disparait. Ainsi, quelle que soit l’approche théorique
considérée :
2
4πcrref δt mr
wrev (t) ≃ pour t ≫
−
6 ln(10)
t 4V
e ref e Tr0 (3.23)
V Sc
Comme le montre la figure 3.3, la différence principale entre les approches énergétique, géomé-
trique classique et géométrique stochastique se situe aux valeurs de temps faibles. Cela vient de
la méthode de prise en compte de l’impossibilité qu’une particule réverbérée ait pu subir moins
d’une réflexion. Pour l’approche énergétique, cet aspect n’est simplement pas pris en compte. Pour
l’approche classique de l’acoustique géométrique, il peut être introduit en supprimant les rayons
ayant un ordre moyen de réflexion inférieur à 1 (ce qui revient à mettre à zéro la valeur de l’énergie
de la réponse impulsionnelle pour des temps antérieurs à t = cl̄ [Vorländer 1995]). Pour l’approche
stochastique de l’acoustique géométrique, nous l’avons ici pris en compte par l’utilisation d’un tirage
aléatoire suivant une loi de Poisson tronquée en zéro pour déterminer le nombre de réflexions subies
par une contribution du champ réverbéré.
0 0
−2.5
−5
−7.5
−20
Energie (dB)
−10
0 ¯l/c 0,1 0,2
−40
−60
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
Temps(s)
Figure 3.3 - Évolution temporelle de la densité d’énergie réverbérée moyenne selon l’approche
énergétique , l’approche classique de l’acoustique géométrique , et l’approche stochastique de
l’acoustique géométrique .
Tr0 =
24 ln(10)V
(−S ln(1 − ᾱ) + 4mV )c
3.2. Approche systémique de l’action d’un SAR régénératif dans une salle simple
avec utilisation de réponses impulsionnelles stochastiques 65
réverbéré est aléatoire et équiprobable. Si, comme pour le cas du champ direct, nous souhaitons
incorporer la directivité des microphones du système Carmen, il nous faut, là encore, effectuer un
tirage aléatoire de direction d’incidence des contributions au niveau du récepteur, et ce pour chaque
contribution du champ réverbéré. Ce tirage suit la même procédure que pour le champ direct
explicité à la partie 3.2.1.1, et la pondération résultante Dri à appliquer à chaque particule sonore
réverbérée est aussi obtenue en injectant cette direction aléatoire dans l’équation de directivité des
microphones (équation (3.11)). Ainsi, l’expression (3.14) se réécrit :
e−mct N (t)
wrev (t) = rref
2
emrref � Dri (1 − ᾱ) i
n (t)
(3.24)
c2 t2 i=1
⎧
⎪ pour t ≤ td
⎪0
wrev (t) = ⎨ r2 emrref e−mct N (t)
⎪
(3.25)
⎪
⎩
ref
c2 t 2 ∑i=1 Dri (1 − ᾱ)ni (t) pour t > td
3.2.2 Génération automatique des distances entre les transducteurs d’un SAR
Lors de l’installation d’un SAR régénératif, un soin particulier est apporté à faire en sorte qu’au-
cune contribution issue des haut-parleurs du système ne parvienne à l’auditeur avant l’arrivée du
son direct issu de la source. Le cas échéant, il pourrait se produire un phénomène de délocali-
sation de source particulièrement nuisible à la garantie de l’aspect naturel de l’acoustique. Dans
le cas du système Carmen, c’est le fait de placer les transducteurs d’un même canal à proximité
8. Nous avons jusqu’ici considéré que l’énergie des réponses impulsionnelles, si nous voulons obtenir leur valeur
absolue en pression à une constante ρc2 près, il faut prendre la racine carrée de cette énergie.
Chapitre 3. Développement et mise à l’épreuve de modèles théoriques de
66 l’action d’un SAR régénératif dans une salle simple
l’un de l’autre qui permet d’éviter une action du système précédent l’arrivée du champ direct issu
de la source. En effet, les positions du microphone et du haut-parleur d’un canal étant presque
confondues, la figure géométrique formée par la source sur scène, le récepteur dans l’auditoire et
un canal (alors appelé cellule) est un triangle. L’inégalité triangulaire impose à la distance (et donc
au délai de propagation) de la source au récepteur d’être nécessairement inférieure à la somme des
distances entre la source et la cellule, et entre la cellule et le récepteur. Si l’on souhaite générer
l’action du système de manière réaliste à partir de réponses impulsionnelles prenant en compte la
distance source-récepteur, il est nécessaire de considérer des distances entre la source, le récepteur
et les différents transducteurs du système qui soient cohérentes avec le principe du système. Ces
distances peuvent bien sûr être obtenues directement à partir de la connaissance de l’implantation
du système dans une salle donnée, mais cela n’est possible que dans une phase déjà avancée du
projet d’installation. Ces distances peuvent aussi être générées de manière pseudo-aléatoire en pre-
nant uniquement en compte la particularité d’implantation des canaux du système qui, dans le cas
du système Carmen, correspond à une proximité des haut-parleurs et des microphones d’un canal.
Cette approche, bien que ne demandant a priori pas d’information sur le positionnement des trans-
ducteurs du système, risquerait d’aboutir à un emplacement virtuel aberrant des transducteurs du
système par rapport aux dimensions de la salle. Une approche intermédiaire a donc été mise au
point pour respecter les particularités d’implantation des canaux tout en conservant, vis-à-vis des
dimensions de la salle, un caractère réaliste aux distances obtenues entre les transducteurs ; ceci sans
demander d’informations supplémentaires que celles déjà nécessaires pour la synthèse de réponses
impulsionnelles par une approche géométrique analytique. L’idée est de construire dans un premier
temps une salle virtuelle dont le volume est égal à celui de la salle dans laquelle nous souhaitons
générer les réponses impulsionnelles, et dont la forme et les proportions se rapprochent de celles
d’une salle courante. Dans un second temps, la source est placée sur la scène de cette salle virtuelle,
les récepteurs au niveau de l’auditoire et les transducteurs du système en fonction des principes
d’installation du système. Les distances entre tous ces « acteurs » d’une salle active sont ensuite
simplement calculées.
La salle virtuelle choisie est de type shoe-box, car c’est une forme de salle de spectacle
courante. Ses dimensions sont établies à partir du volume de la salle réelle et d’observa-
tions réalisées par Haan et Fricke lors d’une étude statistique sur la géométrie des salles de
concert [Haan 1992a, Haan 1992b]. Ces auteurs conclurent que dans une salle de type shoe-box,
les facteurs de proportionnalité entre les valeurs moyennes de hauteur, de largeur et de profon-
deur sont respectivement de 1, 1,59 et 2,9. Concernant l’angle inclinaison moyen de l’auditoire, ils
observèrent qu’il se situait entre 6˚et 22˚, et qu’il n’y avait pas de corrélation évidente avec les
autres grandeurs géométriques de la salle. Pour des raisons de simplification de calcul, nous avons
choisi de le fixer à 18˚(π/10). Quant à la profondeur de la scène, du fait de la relative stabilité de
l’effectif maximum et de la configuration des orchestres pouvant se produire, elle reste à peu près
constante. Nous avons choisi de la fixer à 9 m. Dans cette salle virtuelle, la source est placée sur la
scène à 1,5 m de hauteur et 1,5 m de l’avant-scène, comme recommandé par la norme ISO-3382-
1 [ISO :3382-1 2009]. Les points de réception sont positionnés aléatoirement au niveau du parterre
à 1,5 m de hauteur et à une distance de la source donnée (voir figure 3.4). Concernant les transduc-
teurs du système, dans le cadre de la simulation du système Carmen, ceux d’un même canal sont
placés à 1,1 m l’un de l’autre [Vuichard 2000]. Chaque paire ainsi constituée est alors positionnée
au niveau des murs latéraux et du plafond, de manière à peu près homogène sur ces trois surfaces
et en utilisant les nœuds d’une grille virtuelle, comme cela est montré sur la figure 3.5.
3.2. Approche systémique de l’action d’un SAR régénératif dans une salle simple
avec utilisation de réponses impulsionnelles stochastiques 67
25
20
hauteur (m)
15
10
5 40
30
0
20
10
0 10 0
20 profondeur (m)
largeur (m)
Figure 3.4 - Salle virtuelle d’un volume de 10000 m3 avec une source ● et trois récepteurs ● à 10,
15 et 16 mètres de cette source.
30 30
hauteur (m)
20 20
largeur (m)
10 10
0 0
0 10 20 30 40 0 10 20 30 40
profondeur (m) profondeur (m)
Figure 3.5 - Implantation virtuelle des haut-parleurs ○ et de microphones ○ d’un système Carmen
à 24 canaux sur un mur latéral et le plafond de la salle virtuelle de la figure 3.4.
Chapitre 3. Développement et mise à l’épreuve de modèles théoriques de
68 l’action d’un SAR régénératif dans une salle simple
hh i m j i ≠ j
Réponse
hsr hhr hsm h hi m i
impulsionnelle
sur scène haut-parleur sur scène haut-parleur haut-parleur
Source
SAR SAR SAR
auditoire auditoire microphone microphone microphone
Récepteur SAR SAR SAR
Omnidirect. Omnidirect. Bidirect. Bidirect. Bidirect.
Distance (r) connue connue
source- ou générée automatiquement à partir d’une salle type
récepteur et connaissant le volume V de la salle
Champ direct � �
2
rref 2
rref
(pression) e−m(r−rref ) Dr e−m(r−rref ) 0
pour t = r/c
r2 r2
volume de la salle.
ni (t) : nombre aléatoire tiré suivant une loi de Poisson tronquée en zéro de paramètre n(t) = Sct
4V ;
avec S la surface des parois de la salle.
Chapitre 3. Développement et mise à l’épreuve de modèles théoriques de
70 l’action d’un SAR régénératif dans une salle simple
en 3.2.2 ; ceci afin de gagner, là encore, a priori, en précision. Le tableau 3.2 résume les différentes
approches théoriques ou semi-théoriques que nous nous proposons d’éprouver ici.
Réponse impulsionnelle
Méthode Action du SAR
passive
Mesure/Simulations Mesure/Approche systémique d’un SAR basée sur
Ref
numériques (Icare) des simulations numériques (Icare)
Théorie révisée de Barron Approche énergétique : fonction de gain
Energ
et Lee (*) (équation (3.6)) (*)
Approche systémique d’un SAR basée sur des
Approche stochastique de
réponses impulsionnelles stochastiques avec
Stoch l’acoustique géométrique
génération automatique des distances entre les
(**)
transducteurs du SAR, la source et le récepteur (**)
Approche systémique d’un SAR basée sur des
Approche stochastique de
réponses impulsionnelles stochastiques avec
Stoch2 l’acoustique géométrique
utilisation des distances exactes entre le SAR, la
(**)
source et le récepteur (***)
Energ Mesure/Simulations Approche énergétique : fonction de gain
+Ri exacte numériques (Icare) (****) (équation (3.6)) (*)
Approche systémique d’un SAR basée sur des
Stoch Mesure/Simulations réponses impulsionnelles stochastiques avec
+Ri exacte numériques (Icare) (****) génération automatique des distances entre le SAR,
la source et le récepteur (**)
Approche systémique d’un SAR basée sur des
Stoch2 Mesure/Simulations réponses impulsionnelles stochastiques avec
+Ri exacte numériques (Icare) (****) utilisation des distances exactes entre les
transducteurs du SAR, la source et le récepteur (***)
Tableau 3.2 - Les différentes méthodes théoriques ou semi-théoriques proposées pour obtenir les ré-
ponses impulsionnelles de salles avec et sans SAR. Pour la construction des réponses impulsionnelles
passives comme pour l’effet du système, la prise en compte plus ou moins poussée des phénomènes
acoustiques est indiquée par le nombre d’astérisques entre parenthèses ; celle-ci étant présupposée
aller de pair avec une augmentation de la capacité des méthodes théoriques à prévoir une augmen-
tation correcte des indices acoustique due au SAR.
Dans le cas des salles simples (non couplées), les approches théoriques présentées et développées
précédemment seront éprouvées dans la suite de ce chapitre avec une situation réelle (mesure), et
cinq situations issues de l’approche systémique d’un SAR basée sur des simulations numériques,
présentée au chapitre 2. Concernant les salles virtuelles, nous avons privilégié la modélisation de
situations réalistes plutôt que celle de cas d’études purement théoriques comme celui d’une cavité de
géométrie simple dont les caractéristiques acoustiques des surfaces seraient uniformes. Ainsi, trois
Chapitre 3. Développement et mise à l’épreuve de modèles théoriques de
72 l’action d’un SAR régénératif dans une salle simple
de ces cinq salles virtuelles sont fortement inspirées de salles réelles équipées du SAR Carmen 9 ,
et les deux restantes sont chacune l’adaptation d’une salle de concert décrite dans la littérature.
Le volume et les propriétés acoustiques des parois de ces deux dernières salles virtuelles ont été
modifiés par rapport à la réalité afin de les faire grossièrement correspondre aux caractéristiques
géométriques et acoustiques des autres salles de notre panel d’étude. Comme cela peut être observé
dans le tableau 3.3, leurs durées de réverbération ont ainsi été ramenées à 1 s aux fréquences
moyennes, et leur volume a été abaissé à 10000 m3 .
Les six salles ont des formes globales courantes en architecture des salles de spectacles ; trois
d’entre elles sont de forme « shoe-box » (boite à chaussure, rectangulaire), deux de forme « fan-
shape » (éventail) et la dernière est en arène. Elles respectent toutes certains principes architectu-
raux et scénographiques généraux éventuellement en lien avec une certaine qualité acoustique. Par
exemple, l’inclinaison des gradins a été étudiée afin d’assurer, pour chaque position de l’auditoire,
une visibilité suffisante de la scène ce qui, d’un point de vue acoustique, entraine l’audibilité directe
d’une source située sur cette même scène. Un soin particulier a aussi été apporté à la suppression de
tout écho franc ou flottant, en affectant aux surfaces éventuellement responsables de cet artéfact des
propriétés en absorption ou en diffusion élevées. Ainsi, nous avons ici choisi des salles relativement
homogènes entre elles et typiques de la majorité de celles dans lesquelles un SAR régénératif a, ou
pourrait, être installé.
La position et les caractéristiques des récepteurs et de la source ont été choisies pour respecter
les directives de la norme de mesurage des indices acoustiques [ISO :3382-1 2009]. Ainsi, la source
est omnidirectionnelle et, étant donné que nous ne nous intéressons pas ici aux indices d’efficacité
latérale, tous les récepteurs au niveau de l’auditoire le sont aussi. Dans chaque salle, nous avons
défini une position pour la source sur scène à 1,5 m de l’avant-scène et à 1,5 m de hauteur. Dans les
salles virtuelles, nous avons placé 30 points de réceptions à 1,5 m du sol ; dans la salle réelle, une
mesure s’étant avérée inexploitable, nous n’avons gardé que 29 points de réceptions. Chaque salle
étant symétrique, les points de réception n’ont été choisis que sur une demi-salle.
Puisque la salle mesurée était équipée du système Carmen et que, dans le cadre de cette thèse,
nous disposions d’une accessibilité privilégiée aux détails technologiques de ce système, nous avons
focalisé l’étude qui va suivre sur celui-ci. Pour les salles virtuelles inspirées de salles existantes
équipées de ce SAR, nous avons reproduit l’emplacement et l’orientation des transducteurs. Pour
les autres salles virtuelles, le nombre de canaux du système simulé a été choisi pour rester cohérent
avec celui d’installations réalisées dans des salles du même gabarit. Les caractéristiques propres
au système Carmen, de positionnement relatif du microphone et du haut-parleur de chacun de
ces canaux, ont été respectées (voir partie chapitre 2.4.1), de même qu’une répartition à peu près
homogène de ceux-ci sur les murs latéraux et le plafond. Concernant les niveaux de réglage du SAR
pour chaque salle virtuelle, le GMBO entré en paramètre de l’algorithme égalisation automatique
fut fixé à -18 dB. Comme montrées dans le tableau 3.4, les valeurs effectives de gain sur les bandes
d’octaves centrées à 500 Hz ou 1 kHz, relevées après l’exécution de cet algorithme, sont proches de
la valeur cible à 0,5 dB près 10 . Le retard électronique de chaque canal fut fixé à 20 ms. Dans la
pratique (de manière empirique) de tels réglages du système, rapportés au nombre de canaux du
système (entre 24 et 30) et au volume de la salle, permettent généralement d’atteindre une durée de
réverbération égale, ou légèrement inférieure, à deux fois la durée de réverbération sans système ; une
augmentation artificielle de durée de réverbération d’un rapport supérieur n’étant généralement pas
souhaitable, car elle pourrait entrainer un trop fort décalage entre l’acoustique et le visuel de la salle.
9. L’une d’elles est d’ailleurs une reproduction simplifiée de la salle dans laquelle nous avons effectué les mesures.
10. La déviation entre la valeur cible et la valeur effective est expliquée au chapitre 2.4.2.
3.3. Confrontation des modèles théoriques proposés à la mesure et à l’approche
systémique de l’action d’un SAR basée sur des simulations numériques 73
Nombre de
700 700 1200 600 1050 1250
sièges
Tr0 (s)
0,94 1,03 0,98 1,11 1,03 1,01
(500 Hz-1 kHz)
Tableau 3.3 - Les principales caractéristiques acoustiques, architecturales et géométriques des salles
virtuelles et de la salle mesurée.
L’astérisque indique une salle inspirée d’une salle réelle ayant fait l’objet d’une installation du SAR
Carmen. Le volume inclut celui de l’espace de scène. Le nombre de sièges est estimé par division de
l’aire de la surface d’auditoire par 0,6 m2 (cette surface est à peu près celle occupée au sol par un
siège).
Chapitre 3. Développement et mise à l’épreuve de modèles théoriques de
74 l’action d’un SAR régénératif dans une salle simple
Nous avons ainsi choisi, pour les salles virtuelles, de ne simuler qu’une seule configuration du SAR
par salle, celle correspondant, a priori, à l’effet maximum qui peut être recherché sans utilisation
de filtres électroniques variant dans le temps (ceux-ci n’étant pas pris en compte dans nos modèles
théoriques et leur utilisation demandant de mettre au point de nouveaux indices acoustiques : voir
partie 1.2.2.3). Pour la salle réelle, lors de la mesure, seuls les retards électroniques du système ont
pu être modifiés et fixés à 20 ms. La valeur du GMBO était, quant à elle, celle d’une configuration
préréglée.
Que ce soit pour l’obtention des réponses impulsionnelles au niveau de l’auditoire avec et sans
utilisation du SAR, ou pour celle des fonctions de réponse en fréquence nécessaires au calcul du
GMBO du SAR, les mesures dans la salle réelle ont été réalisées par la méthode des séquences
pseudo-aléatoires (MLS) [Rife 1989]. Le calcul du GMBO de chaque canal a été fait à partir du
produit des fonctions de réponse en fréquence de la boucle directe et de la boucle de rétroaction. La
fonction de réponse en fréquence de la boucle directe comprenant l’unité électronique de traitement
du signal a été mesurée en injectant le signal de mesure au niveau de la sortie du microphone et
en récupérant le signal de sortie au niveau de l’entrée du haut-parleur. La fonction de réponse en
fréquence de la boucle de rétroaction comprenant le transfert acoustique entre les deux transducteurs
du canal a été mesurée en injectant le signal de mesure au niveau de l’entrée du haut-parleur et en
récupérant le signal de sortie au niveau de la sortie du microphone. Lors de cette mesure, les autres
canaux du SAR étaient en fonctionnement afin de mesurer un GMBO réel (en prenant en compte le
reste du SAR) et cohérent avec celui rentré en paramètre de la procédure d’égalisation automatique
des simulations numériques.
LR-M LR AY MO CO BE
a)
b) c)
Figure 3.6 - Salle réelle de « La Rampe ». a) : positions de la source ◾ et des 29 points de réception
au niveau de l’auditoire ◾. Positions des haut-parleurs ◾ et des microphones ◾ du SAR sur le plafond
b) et sur le mur latéral côté cour c) (les transducteurs des canaux du SAR positionnés sur le mur
latéral côté jardin sont placés à l’identique). Plan et coupe tirés de [CSTB 2008].
3.3. Confrontation des modèles théoriques proposés à la mesure et à l’approche
systémique de l’action d’un SAR basée sur des simulations numériques 77
a)
b)
Figure 3.7 - Salle virtuelle inspirée par le « Waterside Theatre ». a) : positions de la source ◾
et des 30 points de réception au niveau de l’auditoire ◾. b) : positions des haut-parleurs ◾ et des
microphones ◾ du SAR sur le plafond et sur le mur latéral côté jardin (les transducteurs des canaux
du SAR positionnés sur le mur latéral côté cour sont placés à l’identique).
La salle virtuelle « Waterside Theatre » (figure 3.7) est une simplification de sa version réelle,
en particulier au niveau du dessin des balcons et par l’utilisation d’une symétrie générale. Elle
correspond à une configuration scénographique de la salle réelle pour musique orchestrale ; la fosse
d’orchestre est fermée, de même que l’arrière-scène, et le réflecteur au-dessus de la scène est en
Chapitre 3. Développement et mise à l’épreuve de modèles théoriques de
78 l’action d’un SAR régénératif dans une salle simple
position. Bien que, comme nous l’avons précisé au paragraphe précédent cette salle ne comporte
théoriquement pas d’espaces couplés, par précautions, nous n’avons cependant choisi des points
de réception qu’au niveau du premier parterre ou sous les balcons latéraux qui sont très peu pro-
fonds. Les échos flottants ont été évités en affectant aux parois éventuellement responsables de ce
phénomène un caractère diffusant, comme cela est d’ailleurs le cas dans la salle réelle.
a)
b)
Figure 3.8 - Salle virtuelle inspirée par la salle « Prince Pierre ». a) : positions de la source ◾
et des points 30 de réception au niveau de l’auditoire ◾. b) : positions des haut-parleurs ◾ et des
microphones ◾ du SAR sur le plafond et sur le mur latéral côté cour (les transducteurs des canaux
du SAR positionnés sur le mur latéral côté jardin sont placés à l’identique).
Comme pour la salle décrite précédente, la salle originale « Prince Pierre » intégra, dès sa
conception, le SAR Carmen. Sa forme est particulière puisque sa partie haute est pentagonale, alors
qu’au niveau du sol son plan est en « fanshape » (éventail) [CSTB 2008]. Pour la salle virtuelle
correspondante et utilisée ici, nous n’avons conservé que le plan au sol en « fanshape » que nous
avons extrapolé sur la partie haute. Elle est ainsi de forme globale plus courante que la salle réelle.
3.3. Confrontation des modèles théoriques proposés à la mesure et à l’approche
systémique de l’action d’un SAR basée sur des simulations numériques 79
a)
b)
Figure 3.9 - Salle virtuelle inspirée par la salle « Radiohuset, Studio 1 » . a) : positions de la
source ◾ et des points 30 de réception au niveau de l’auditoire ◾. b) : positions des haut-parleurs ◾
et des microphones ◾ du SAR sur le plafond et sur le mur latéral côté cour (les transducteurs des
canaux du SAR positionnés sur le mur latéral côté jardin sont placés à l’identique).
La salle « Radiohuset, studio 1 » est une salle de concert située à Copenhague et résidence de
l’orchestre symphonique de la radio danoise. Elle est en « fanshape » [Beraneck 2002], mais comporte
des murs latéraux dont la géométrie permet de pallier le manque de contributions précoces au niveau
de l’auditoire généralement lié à ce type de salle (voir figure 3.9). La salle virtuelle inspirée de cette
salle réelle, conserve cette particularité architecturale. Le volume a lui été réduit par une modification
importante de la forme du plafond afin d’obtenir une salle ayant un gabarit plus proche des autres
salles de cette étude. Les propriétés acoustiques des matériaux ont aussi dû être modifiées pour
atteindre une durée de réverbération de 1 s.
Chapitre 3. Développement et mise à l’épreuve de modèles théoriques de
80 l’action d’un SAR régénératif dans une salle simple
a)
b) c)
Figure 3.10 - Salle virtuelle inspirée par la salle « Kammermusiksaal ». a) : positions de la source ◾
et des 30 points de réception au niveau de l’auditoire ◾. b) et c) : positions des haut-parleurs ◾ et
des microphones ◾ du SAR sur le plafond et sur le mur du pourtour.
La salle virtuelle de « Kammermusiksaal » est une salle de concert située à Berlin plutôt dédiée
à la musique de chambre. Sa forme d’arène avec une scène placée au centre de l’auditoire permet
d’assurer un maximum de proximité entre l’orchestre et les auditeurs [Beraneck 2002]. Un problème
potentiellement rencontré dans ce type de salle est un manque d’enveloppement sonore dû à l’ab-
sence de paroi réfléchissante à proximité latérale des auditeurs. Ce défaut étant ici corrigé par une
disposition des sièges en « vignoble » permettant de placer des surfaces réfléchissantes latérales
proche de chaque siège. Du fait d’une hauteur sous plafond importante au niveau de la scène, cette
salle est équipée de surfaces réfléchissantes dédiées à assurer un retour suffisant du son produit
par les musiciens vers eux même. Comme pour la salle précédente, les propriétés acoustiques des
matériaux ont été changées lors de la modélisation de la salle virtuelle. La raison en est, là aussi
qu’il nous a fallu réduire la durée de réverbération initiale.
3.3. Confrontation des modèles théoriques proposés à la mesure et à l’approche
systémique de l’action d’un SAR basée sur des simulations numériques 81
Seuil de Limite
Abréviation discrimination acceptable sur la
[ISO :3382-1 2009] prévision
Durée de réverbération (mesurée
Tr (s) 5% 10%
sur 20 dB de décroissance)
Durée de réverbération précoce EDT (s) 5% 10%
Force sonore G (dB) 1 dB 1 dB
Clarté C80 (dB) 1 dB 1 dB
Définition D50 (u) 0,05 0,05
Temps central Ts (ms) 10 ms 10 ms
Tableau 3.5 - Les indices acoustiques objectifs pris en compte dans l’étude de validation des modèles
théoriques de l’action d’un SAR dans une salle simple.
Nous proposons ici deux types d’analyse : soit globale par moyennes sur l’ensemble de la salle,
soit point par point de sorte à mettre en évidence d’autres caractéristiques, comme la dispersion
à l’intérieur d’une même salle. Les résultats de la première sont résumés sous forme de tableaux
dans lesquels apparait pour chaque salle l’erreur moyenne de prévision sur l’ensemble des points de
réception. La seconde s’appuie sur une représentation graphique de l’erreur en fonction de la distance
source-récepteur, car celle-ci a souvent une influence importante sur les valeurs prises par les indices
acoustiques [Barron 2005, Bradley 2005]. Afin d’éviter une lecture fastidieuse, nous avons choisi de
ne faire apparaitre les courbes d’erreur par point que pour une seule salle. Ce choix étant d’autant
plus acceptable qu’aucune information supplémentaire n’aurait été apportée par une présentation
plus exhaustive, si ce n’est que toutes les salles présentent les mêmes caractéristiques de dispersion
Chapitre 3. Développement et mise à l’épreuve de modèles théoriques de
82 l’action d’un SAR régénératif dans une salle simple
Si nous nous intéressons à la deuxième ligne du tableau 3.6, c’est-à-dire à l’effet du SAR tel
que mesuré ou simulé, nous pouvons constater que les valeurs d’augmentation de durée de réver-
bération peuvent sensiblement varier d’une salle à l’autre. Ainsi, le SAR de la salle de « Waterside
Theatre » permet un gain de 86% sur la durée de réverbération alors que celui-ci n’est que de 21%
dans la salle mesurée. Pour cette dernière salle, le faible effet du système peut en grande partie
se justifier par un petit nombre de canaux et un GMBO faible. Cependant, cette explication n’est
pas suffisante pour rendre compte de l’ensemble des disparités constatées entre toutes les salles. En
effet, dans la salle de « Kammermusiksaal », nous observons un effet sensiblement plus faible que
dans les salles virtuelles « La Rampe » et « Pierre Prince » alors que le SAR y est constitué d’au
moins deux canaux supplémentaires et que les gains moyens en boucle ouverte par canal des trois
systèmes sont équivalents. Ainsi, les caractéristiques acoustiques ou géométriques des salles influent
probablement de manière non négligeable sur l’augmentation de la durée de réverbération induite
par le SAR. Certes, les modèles proposés incluent cet aspect, en intégrant la durée de réverbération
initiale, ainsi que le volume et la surface des parois pour les approches basées sur des réponses im-
pulsionnelles stochastiques. Néanmoins, d’après le tableau 3.6, il semble qu’aucun d’entre eux ne le
fasse de manière toujours satisfaisante. Et ceci, même lorsque les réponses impulsionnelles passives
« exactes » sont prises en compte. C’est donc l’effet même du SAR qui ne peut être abordé dans
toutes les situations et dans des proportions acceptables, par une approche basée sur une théorie
de champ diffus, qu’elle soit énergétique ou stochastique et qu’elle prenne en compte ou non les
distances exactes entre les transducteurs du système.
Pour la salle mesurée, l’erreur de prévision constatée est tout de même étonnamment plus élevée
que dans les autres salles, et comme nous le verrons par la suite cette remarque est valable pour
presque tous les indices étudiés ici. Il se peut fortement que la raison en soit un GMBO mesuré, et
donc injecté dans ces modèles, différent du GMBO effectif. En effet, afin de maximiser la dynamique
de mesure de la fonction de réponse en fréquence de la boucle de rétroaction des canaux du SAR (du
haut-parleur vers le microphone du même canal) en minimisant bruit de fond, nous avons utilisé
la méthode MLS avec un niveau d’excitation des enceintes bien plus important que lors de leur
fonctionnement normal. Or, comme le souligne Vuichard [Vuichard 1997], du fait de non-linéarités,
une différence d’excitation du haut-parleur d’un système électroacoustique bouclé peut, à certaines
fréquences, entrainer des écarts conséquents sur son gain en boucle ouverte ; et ce d’autant plus que
la méthode MLS est très sensible aux non-linéarités [Kaneda 1995, Dunn 1993, Rife 1989]. Vuichard
mesura que l’écart entre GMBO réel et mesuré pouvait ainsi atteindre jusqu’à 1,5 dB aux fréquences
moyennes.
Pour les salles virtuelles, il peut être remarqué que les erreurs de prévision sont du même ordre
que celles pouvant être faites par l’utilisation des formules de Sabine ou d’Eyring [Dance 1999] 11 .
Ainsi, les erreurs prévisionnelles de nos modèles peuvent être supérieures à 20% et en moyenne sur
l’ensemble des salles elles sont de 10% à 15%. De plus, d’après la figure 3.11, quel que soit le modèle
11. Certes ces formules ne sont pas directement comparables à nos modèles puisque ces derniers utilisent la durée
de réverbération mesurée dans la salle dans laquelle ils sont appliqués alors que les formules de Sabine et d’Eyring
utilisent, par l’intermédiaire des coefficients d’absorption, des durées de réverbération mesurées dans d’autres salles
(salle de réverbérante normée [ISO :11654 1997]) que celle dans laquelle elles sont destinées à être appliquées. Cepen-
dant le rapprochement entre les formules de Sabine et d’Eyring avec nos modèles prévisionnels n’est pas totalement
absurde puisque tous sont basées sur l’hypothèse des champs diffus.
3.3. Confrontation des modèles théoriques proposés à la mesure et à l’approche
systémique de l’action d’un SAR basée sur des simulations numériques 83
théorique utilisé, la dispersion de ses erreurs prévisionnelles à l’intérieur d’une même salle est à peu
près identique à la dispersion de la durée de réverbération initiale, et donc aussi à celle des erreurs
prévisionnelles de la formule de Sabine 12 . Ainsi, concernant la durée de réverbération, les modèles
proposés doivent être vus comme l’équivalent de la formule de Sabine dans les salles équipées de
SAR, avec les mêmes marges d’erreur potentielles que celle-ci.
Moyenne
(sur ∣ε∆∣ )
Salle LR-M LR AY MO CO BE
Tableau 3.6 - Durée de réverbération initiale ; évolution de la durée de réverbération due au SAR ;
erreurs des modèles théoriques et semi-théoriques sur la prévision de l’évolution de durée de réver-
bération due au SAR par les approches théoriques (erreur moyenne comprise entre 10% et 20% ∎,
erreur moyenne supérieure à 20% ∎). Les méthodes sont décrites dans le tableau 3.2, les salles dans
le tableau 3.3. Les moyennes sont faites en écartant la salle mesurée (les mesures étant erronées
comme expliqué au paragraphe 3.3.2.1 ), et à partir des valeurs absolues des erreurs prévisionnelles
obtenues pour les autres salles. Ces moyennes sont faites soit sur l’ensemble des salles pour chaque
modèle prévisionnel (moyenne des lignes), soit sur l’ensemble des modèles prévisionnels pour chaque
salle (moyenne des colonnes) ; apparait aussi la moyenne sur l’ensemble des salles et des modèles
prévisionnels.
12. Cette formule ne donnant qu’une seule valeur de durée de réverbération par salle, la dispersion de ses erreurs
prévisionnelles est la même que celle de la durée de réverbération mesurée.
Chapitre 3. Développement et mise à l’épreuve de modèles théoriques de
84 l’action d’un SAR régénératif dans une salle simple
2 a)
1.8
1.6
Tr (s)
1.4
1.2
1
0.8
5 10 15 20 25
60
b)
40
�∆ T r (%)
20
10
0
−10
−20
−40
−60
5 10 15 20 25
60
c)
40
�∆ T r (%)
20
10
0
−10
−20
−40
−60
5 10 15 20 25
Distance source-récepteur (m)
Moyenne
(sur ∣ε∆∣ )
Salle LR-M LR AY MO CO BE
Tableau 3.7 - Durée de réverbération précoce initiale ; évolution de la durée de réverbération précoce
due au SAR ; erreurs des modèles théoriques et semi-théoriques sur la prévision de l’évolution
de durée de réverbération précoce due au SAR (erreur moyenne comprise entre 10% et 20% ∎,
erreur moyenne supérieure à 20% ∎). Les méthodes sont décrites dans le tableau 3.2, les salles dans
le tableau 3.3. Les moyennes sont faites en écartant la salle mesurée (les mesures étant erronées
comme expliqué au paragraphe 3.3.2.1 ), et à partir des valeurs absolues des erreurs prévisionnelles
obtenues pour les autres salles. Ces moyennes sont faites soit sur l’ensemble des salles pour chaque
modèle prévisionnel (moyenne des lignes), soit sur l’ensemble des modèles prévisionnels pour chaque
salle (moyenne des colonnes) ; apparait aussi la moyenne sur l’ensemble des salles et des modèles
prévisionnels.
3.3. Confrontation des modèles théoriques proposés à la mesure et à l’approche
systémique de l’action d’un SAR basée sur des simulations numériques 87
1.8 a)
EDT (s) 1.6
1.4
1.2
1
0.8
5 10 15 20 25
60
b)
40
�∆ EDT (%)
20
10
0
−10
−20
−40
−60
5 10 15 20 25
60
c)
40
�∆ EDT (%)
20
10
0
−10
−20
−40
−60
5 10 15 20 25
Distance source-récepteur (m)
Moyenne
(sur ∣ε∆∣ )
Salle LR-M LR AY MO CO BE
Tableau 3.8 - Force sonore initiale ; évolution de force sonore due au SAR ; erreurs moyennes des mo-
dèles théoriques et semi-théoriques sur la prévision de l’évolution de force sonore due au SAR (erreur
moyenne comprise entre 1dB et 2dB ∎ , erreur moyenne supérieure à 2dB ∎). Les moyennes sont
faites en écartant la salle mesurée (les mesures étant erronées comme expliqué au paragraphe 3.3.2.1
), et à partir des valeurs absolues des erreurs prévisionnelles obtenues pour les autres salles. Ces
moyennes sont faites soit sur l’ensemble des salles pour chaque modèle prévisionnel (moyenne des
lignes), soit sur l’ensemble des modèles prévisionnels pour chaque salle (moyenne des colonnes) ;
apparait aussi la moyenne sur l’ensemble des salles et des modèles prévisionnels.
13. Ce phénomène pouvant s’expliquer du fait d’une baisse de l’importance relative du champ direct sur la force
sonore avec l’augmentation du niveau de champ réverbéré produit par le SAR.
3.3. Confrontation des modèles théoriques proposés à la mesure et à l’approche
systémique de l’action d’un SAR basée sur des simulations numériques 89
11 a)
9
7
G (dB)
5
3
1
−1
5 10 15 20 25
6
b)
4
�∆ G (dB)
2
1
0
−1
−2
−4
−6
5 10 15 20 25
6
c)
4
�∆ G (dB)
2
1
0
−1
−2
−4
−6
5 10 15 20 25
Distance source-récepteur (m)
Moyenne
(sur ∣ε∆∣ )
Salle LR-M LR AY MO CO BE
Tableau 3.9 - Clarté, définition et temps central initiaux ; évolutions de clarté, définition et temps
central dues au SAR ; erreurs moyennes des modèles théoriques et semi-théoriques sur la prévision
des évolutions de clarté, définition et temps central dues au SAR (C80 : erreur moyenne comprise
entre 1dB et 2dB ∎ , erreur moyenne supérieure à 2dB ∎ ; D50 : erreur moyenne comprise entre
0,05 et 0,10 ∎ , erreur moyenne supérieure à 0,10 ∎ ; Ts : erreur moyenne comprise entre 10 ms et
20 ms ∎, erreur moyenne supérieure à 20 ms ∎). Les méthodes sont décrites dans le tableau 3.2,
les salles dans le tableau 3.3. Les moyennes sont faites en écartant la salle mesurée (les mesures
étant erronées comme expliqué au paragraphe 3.3.2.1 ), et à partir des valeurs absolues des erreurs
prévisionnelles obtenues pour les autres salles. Ces moyennes sont faites soit sur l’ensemble des salles
pour chaque modèle prévisionnel (moyenne des lignes), soit sur l’ensemble des modèles prévisionnels
pour chaque salle (moyenne des colonnes) ; apparait aussi la moyenne sur l’ensemble des salles et
des modèles.
Chapitre 3. Développement et mise à l’épreuve de modèles théoriques de
92 l’action d’un SAR régénératif dans une salle simple
10 a)
8
C80 (dB)
6
4
2
0
−2
5 10 15 20 25
6
b)
4
�∆ C80 (dB)
2
1
0
−1
−2
−4
−6
5 10 15 20 25
6
c)
4
�∆ C80 (dB)
2
1
0
−1
−2
−4
−6
5 10 15 20 25
Distance source-récepteur (m)
L’idée de cette étude est de partir du cas le moins proche de celui de la référence (cas « tout
stochastique avec génération automatique des emplacements des transducteurs ») et de se rapprocher
de celui de référence (cas « tout simulations numériques ») par étapes intermédiaires. Ceci dans le
but d’identifier quels sont les termes de l’équation (3.26) qui jouent principalement sur la validité
du modèle systémique basé sur une approche stochastique.
Lorsque tous les termes sont issus de l’approche stochastique avec une génération automatique
des emplacements des transducteurs du système, nous nous retrouvons dans la situation déjà éprou-
vée aux parties précédentes et correspondante au cas de figure « Stoch » du tableau 3.2. Une
première évolution de ce modèle correspond au cas « Stoch2 » du tableau 3.2 où les emplacements
des transducteurs sont exactement ceux des modèles en trois dimensions des salles utilisés pour les
simulations numériques. Une deuxième évolution consiste, en plus des emplacements exactes des
transducteurs du système, à utiliser la réponse impulsionnelle passive exacte pour obtenir le terme
Hsr de l’équation (3.26), cas « Stoch2+RI exacte » du tableau 3.2. À ces trois cas déjà étudiés, nous
proposons d’en rajouter trois autres. Le cas où les valeurs des matrices Gmh et Hhm sont obtenues à
partir des simulations numériques ; cette situation permettra de savoir si la procédure d’égalisation
peut être mise en cause dans la validité de notre approche car les valeurs des gains électroniques
du système sont alors identiques à celles du cas de référence 14 . Les deux derniers cas que nous
nous proposons de tester correspondent aux situations où en plus du cas précédent, les valeurs du
vecteur Hsm ou du vecteur Hhr sont elles aussi issues des simulations numériques. Dans ces deux
cas seuls les vecteurs Hhr ou Hsm sont issus de l’approche stochastiques, tous les autres termes de
l’équation des systèmes bouclées multivariable sont donnés par les simulations numériques. Toutes
les cas proposés précédemment sont résumés dans le tableau 3.10.
14. Il est important de noter que cela n’aurait pas eu de sens d’utiliser les valeurs de la matrice G mh obtenues
à partir des simulations numériques, et celles de la matrice Hhm obtenues par l’approche stochastique. En effet,
les valeurs des fonctions de réponse en fréquence des gains électroniques obtenues par la méthode d’égalisation
automatique ne sont valables que pour une fonction de réponse en fréquence bien précise dépendante de l’ensemble
des transferts acoustiques intra et inter canal (soit des valeurs de la matrice Hhm ). En d’autres termes, on ne peut
injecter dans l’équation des systèmes bouclés multivariable des valeurs de Gmh qui aurait été obtenues à partir des
valeurs d’une matrice Hhm autres que celles aussi utilisées pour la résolution de cette équation, cela pourrait entrainer
une instabilité des réponses actives obtenues.
Chapitre 3. Développement et mise à l’épreuve de modèles théoriques de
94 l’action d’un SAR régénératif dans une salle simple
Tableau 3.10 - Les différentes configurations théoriques ou semi-théoriques proposées pour obtenir
les réponses impulsionnelles de salles avec SAR selon une approche systémique. Ces configurations
se différencient les unes des autres par la nature des fonctions de réponses en fréquence utilisées
(obtenues à partir de l’approche stochastique ou de simulations numériques) afin d’identifier les
termes responsables de la divergence du modèle basé sur l’approche stochastique. Les termes en
noir sont obtenus à partir de simulations numériques. Les termes en vert sont obtenus à partir
de l’approche stochastique en utilisant la génération automatique des distances entre la source, le
récepteur et les transducteurs du SAR. Les termes en bleu sont obtenus à partir de l’approche
stochastique en utilisant les distances exactes entre la source, le récepteur et les transducteurs du
SAR.
Les résultats des divergences observées avec le cas de référence (« tout simulation ») en chaque
point de l’auditoire de la salle « Pierre Prince » pour chacune des configurations du tableau 3.10
concernant les indices liés réverbérance, sont présentés aux figures 3.15 et 3.16. Nous avons choisi
de nous intéresser ici qu’aux indices de réverbération (Tr) et de réverbération précoce (EDT) car,
comme nous l’avons vu précédemment, ce sont sur ces indices que nos approches théoriques ou
semi-théoriques donnent les résultats les moins valides. Nous avons choisi de nous intéresser aux
divergences en chaque point car c’est ainsi que la validité d’un modèle peut être réellement jugée.
Nous avons choisi de nous concentrer sur la salle « Pierre Prince » afin de rester cohérent avec les
figures déjà présentées dans ce chapitre.
Les figures 3.15 et 3.16 montrent que lorsque que l’on utilise la réponse impulsionnelle passive
« exacte » et des valeurs de la matrice Gmh Hhm issues des simulations numériques (configuration
« Stoch2 + Ri exacte + »), aucune amélioration du modèle n’est constatée, et ceci même lors-
qu’en plus de cette configuration un seul des deux vecteurs Hhr ou Hsm reste issu de l’approche
stochastique (configurations « Stoch2 +Ri exacte ++ » et « Stoch2 +Ri exacte ++(bis) »). Ainsi,
quelque soit la configuration testée, les valeurs des erreurs prévisionnelles sont du même ordre de
grandeur que celles produites par les modèles « tout stochastique », que ce soit sur la durée de
réverbération ou la durée de réverbération précoce. On peut noter que ces erreurs peuvent cepen-
dant fortement évoluer selon les points et les configurations ; ce qui montre la sensibilité du modèle
systémique à l’exactitude d’un seul des termes de l’équation des systèmes bouclés multivariable.
À noter aussi qu’on ne peut ici plus mettre seul en cause la procédure d’égalisation automatique
car même en utilisant la même matrice Gmh Hhm que celle de la référence, l’approximation par
l’approche stochastique d’un seul des autres terme de l’équation des systèmes bouclés multivariable
3.3. Confrontation des modèles théoriques proposés à la mesure et à l’approche
systémique de l’action d’un SAR basée sur des simulations numériques 95
2
a)
1.8
1.6
Tr (s)
1.4
1.2
1
0.8
5 10 15 20 25
60
b)
40
�∆T r (%)
20
10
0
−10
−20
−40
−60
5 10 15 20 25
60
c)
40
�∆T r (%)
20
10
0
−10
−20
−40
−60
5 10 15 20 25
Distance source−recepteur (m)
1.8 a)
1.6
EDT (s)
1.4
1.2
1
0.8
5 10 15 20 25
60
b)
40
�∆EDT (%)
20
10
0
−10
−20
−40
−60
5 10 15 20 25
60
c)
40
�∆EDT (%)
20
10
0
−10
−20
−40
−60
5 10 15 20 25
Distance source−recepteur (m)
suffit à entrainer une erreur importante sur les résultats. Ainsi, la validité de l’approche systémique
demande une exactitude de tous les termes de cette équation, qu’il s’agisse des transferts entre la
source et les microphone du SAR, des transferts entre les haut-parleurs du SAR et le récepteur,
ou des transferts entre les transducteurs du SAR. L’approche utilisant un modèle stochastique de
réponses impulsionnelles n’est donc pas valable car ces réponses impulsionnelles théoriques et basées
sur une approche de champ diffus ne reproduisent pas les particularités d’une réponse impulsionnelle
réelle de salle, particularités fonction de la géométrie fine de la salle et des propriétés matériaux. En
d’autres termes, si l’approche systémique avec utilisation de réponses impulsionnelles stochastiques
n’est pas valable c’est très probablement parce que le modèle stochastique est basé sur les hypo-
thèses du champ diffus et que ces hypothèses (homogénéité et isotropie du champ sonore) ne sont
pas suffisantes pour rendre compte de l’ensemble des particularités d’une réponse impulsionnelle
réelle alors que ces particularités impactent fortement sur les effets du système.
Concernant la recherche des raisons de la déviation des résultats donnés par l’approche énergé-
tique, il n’est pas possible d’effectuer une analyse comparable à celle utilisée concernant l’approche
systémique avec réponses impulsionnelles stochastiques. En effet, il n’existe pas de lien directe entre
la référence (basée elle aussi sur l’approche systémique) et cette approche énergétique (basée sur une
équation différentielle). Il nous est simplement possible de formuler des hypothèses dont la plus évi-
dente est que cette approche énergétique repose elle aussi sur les hypothèses de champ diffus et que
ces hypothèses ne sont pas suffisantes pour rendre compte de l’effet du système, et de l’effet de salle
en général. Cette approche est beaucoup trop globale pour traduire l’ensemble des caractéristiques
audibles d’une réponse impulsionnelle de salle, que ce soit avec ou sans SAR.
De manière générale, aucune des approches théoriques ou semi-théoriques ne se distingue des
autres quant à sa faculté à reproduire de manière exacte les variations d’indices acoustiques dues
au SAR. Ceci est probablement dû à l’absence de prise en compte par ces modèles de particularités
architecturales impactant fortement sur l’effet du système. Sous l’action du système, chaque indice
dans chaque salle réagit de manière différente suivant la salle et éventuellement l’emplacement
des canaux du SAR, et aucune des approches proposées, qu’elles prennent en compte les réponses
impulsionnelles passives « exactes » ou non et l’emplacement exact des transducteurs ou non, ne
prend en compte cet effet mieux qu’une autre, ceci du fait des hypothèses de champ diffus sur
laquelle elles reposent qui ne sont jamais totalement vérifiées dans la réalité, et ce d’autant plus
dans les salles de spectacle où la répartition des matériaux est loin d’être homogène (par exemple,
la surface de l’auditoire est souvent largement plus absorbante que le plafond) et dont la forme n’est
pas non plus propice à une isotropie et une homogénéité du champ sonore, car pouvant favoriser
une direction de propagation des rayons sonores au détriment des autres.
Concernant les comparaisons des modèles proposés avec les résultats de la campagne de mesures,
nous avons déjà souligner le fait qu’une cause de la déviation entre théorie et mesure provenait
probablement d’une mesure erronée du GMBO. Une seconde cause possible est évidemment ici aussi
le manque de validité des hypothèses du champ diffus. En plus des raisons évoquées précédemment,
dans ce cas de référence d’une salle réelle et non d’une simulation par un lancer de rayons, la validité
de ces hypothèses peut être d’autant plus remise en cause du fait que dans le cas du système Carmen
les transducteurs sont placés proches des murs. Or, aux basses fréquences le champ acoustique proche
des parois d’une salle peut être sensiblement affecté par l’aspect ondulatoire du champ sonore, aspect
non pris en compte dans une approche reposant sur les hypothèses de champ diffus. De même, la
proximité des transducteurs d’un même canal entraine probablement aussi un échec de ces approches
aux basses fréquences. Cependant, rappelons que nous nous sommes ici intéressés aux mesures sur
les bandes d’octaves 500 Hz et 1000 Hz soit plutôt dans les moyennes fréquences, ce qui réduit l’effet
Chapitre 3. Développement et mise à l’épreuve de modèles théoriques de
98 l’action d’un SAR régénératif dans une salle simple
des parois et de la courte distance entre microphone et haut-parleur d’un même canal sur le manque
de validité des hypothèses de champ diffus.
du SAR. Il présente l’avantage de se réduire à une formule analytique peu complexe ne nécessi-
tant qu’un nombre réduit de connaissances sur le système (le nombre de canaux, leur GMBO et
leur retard électronique moyens) et sur la salle (la durée de réverbération initiale et les distances
source-récepteur). Le second modèle est basé sur une approche systémique des SAR à partir de
réponses impulsionnelles obtenues par l’approche stochastique de l’acoustique géométrique. En plus
des paramètres d’entrée du modèle précédent, il prend en considération le volume de la salle et la
surface de ses parois internes, ce qui le rend plus complexe, mais aussi potentiellement plus exact. Et
ce, d’autant plus qu’il ne fait pas d’approximation sur l’action du système et qu’il peut prendre en
compte les distances exactes entre les transducteurs du SAR. Cependant, à l’inverse du premier mo-
dèle proposé, il nécessite l’utilisation de moyens informatiques, que ce soit pour générer les réponses
impulsionnelles acoustiques ou les fonctions de réponse en fréquence électroniques du SAR.
Lors de la mise à l’épreuve de ces modèles théoriques, nous nous sommes concentrés sur leur
capacité à prévoir l’évolution des durées de réverbération classique et précoce, de force sonore, de
la clarté, de la définition et du temps central. Concernant le modèle reposant sur une approche
stochastique, nous avons considéré séparément la prise en compte exacte ou approximative des
distances entre les transducteurs du SAR. Par ailleurs, puisque ces modèles se réduisent à un gain
ou à un ajout d’énergie dû au système sur la réponse impulsionnelle passive, nous avons aussi voulu
tester quelle pouvait être l’influence de celle-ci sur la justesse des résultats. Nous avons ainsi utilisé
deux types de réponses impulsionnelles passives, soit théoriques, soit « exactes » c’est-à-dire celles
données par la mesure ou la simulation.
L’analyse des résultats a montré que les modèles prévisionnels proposés permettent de prévoir
en moyenne les augmentations de durée de réverbération précoce et tardive à 10-15% près, les
augmentations moyennes de clarté et de force sonore à 0,5 dB près et les augmentation de définition
et de temps central respectivement à environ 0,05 et 10 ms. Par ailleurs, ces modèles reproduisent
l’effet de la distance source-récepteur sur les valeurs ponctuelles d’augmentation de ces indices dans
une salle. Ces résultats sont semblables à ceux pouvant être obtenus par les formules de Sabine ou
d’Eyring ou par la théorie révisée de Barron et Lee dans le cas d’une salle sans SAR, théorie sur
laquelle sont basés les modèles que nous avons proposés. La qualité prévisionnelle de ces modèles
est identique à celle de l’approche desquelles ils sont issus. Que la salle soit avec ou sans SAR, et
même si celui-ci favorise a priori l’établissement d’un champ acoustique diffus, l’absence de prise
en compte de détails architecturaux permet de donner un ordre d’idée des valeurs de chaque indice
acoustique et de leur comportement avec la distance à la source, sans toutefois permettre, concernant
les évolutions des durées de réverbération classique et précoce, une prévision avec une marge d’erreur
inférieure à leurs seuil de discrimination.
Par ailleurs, il est apparu que les modèles proposées sont tous équivalent en terme de validité,
en conséquence de quoi nous conseillons d’utiliser le plus simple d’entre eux, à savoir l’approche
énergétique appliquée à une réponse impulsionnelle passive issue de la théorie révisée de Barron et
Lee 15 .
15. Si l’on ne s’intéresse qu’à la prévision de l’augmentation de durée de réverbération classique ou précoce, il
est alors possible d’utiliser la relation (1.37) établie par Poletti, ou éventuellement la courbe de la figure1.9 (cette
courbe étant tracé à partir de la relation (1.37) en considérant un SAR avec un retard électronique moyen de 20 ms
et risque d’instabilité de 5%). En effet, le modèle énergétique proposé ici est une extension de l’approche de Poletti
à l’ensemble de la réponse impulsionnelle et n’en diffère pas concernant la prévision de la durée de réverbération
précoce ou classique.
Chapitre 4
Sommaire
4.1 Approche énergétique de l’action d’un SAR dans les espaces couplés . . . . 103
4.1.1 Rappels sur l’approche énergétique des salles couplées . . . . . . . . . . . . . . . 103
4.1.2 Salles couplées équipées d’un SAR . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
4.1.2.1 Approche énergétique de l’action du système . . . . . . . . . . . . . . . 106
4.1.2.2 Stabilité d’un système électroacoustique d’augmentation de couplage 108
4.1.2.3 Illustration de l’action théorique d’un SAR dans des espaces couplés . 108
4.2 Étude du système d’augmentation de couplage à partir d’une approche
systémique basée sur des simulations numériques . . . . . . . . . . . . . . . . 109
4.2.1 Présentation de la salle couplée virtuelle et du système électroacoustique d’aug-
mentation de couplage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110
4.2.2 Effet du couplage sur l’énergie tardive des réponses impulsionnelles . . . . . . . 112
4.2.3 Effet du système électroacoustique d’augmentation de couplage sur l’énergie
tardive des réponses impulsionnelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
4.2.4 Retour sur les limites d’utilisation du système électroacoustique d’augmentation
de couplage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116
4.2.5 Effet du système électroacoustique d’augmentation de couplage sur quatre in-
dices classiques d’acoustique des salles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
4.2.5.1 Effet du système électroacoustique d’augmentation de couplage sur la
durée de réverbération . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
4.2.5.2 Effet du système électroacoustique d’augmentation de couplage sur la
durée de réverbération précoce, la force sonore et la clarté . . . . . . . 120
4.3 Synthèse du chapitre 4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121
Lorsque certaines règles constructives ne sont pas respectées, les loges d’un théâtre ou d’une
salle d’opéra peuvent souffrir d’une qualité acoustique diminuée par rapport à celle de l’espace prin-
cipal. Ce problème, dû à un couplage réduit entre ces deux espaces (ou volumes), apparait aussi
dans l’espace situé sous un balcon trop profond sans ouverture suffisante sur le reste de la salle.
En terme d’indices acoustiques, Barron constata qu’un couplage faible entraine une diminution de
la force sonore et de la durée de réverbération précoce ainsi qu’une augmentation de clarté dans
l’espace secondaire [Barron 1995, Barron 2005]. Bien que dans le cas de représentations théâtrales,
la diminution de réverbérance associée à celle de l’EDT ainsi que l’augmentation de clarté consti-
tuent plutôt un avantage, elles ne permettent pas d’apprécier à l’identique des représentations de
musiques orchestrales [Beraneck 2002]. Or, l’introduction d’un système d’assistance à la réverbéra-
tion régénératif dans une salle de théâtre sert prioritairement à permettre une diffusion de musique,
rendant ainsi problématique le découplage des loges ou de l’espace sous balcon.
Chapitre 4. Modèle théorique et étude de l’effet d’un SAR dans une salle
102 couplée
Plusieurs auteurs ont déjà évoqué le fait que l’introduction de canaux électroacoustiques du
type de ceux d’un SAR pouvait être utilisée pour améliorer la qualité acoustique d’un espace sous
balcon (figure 4.1). Van Muster et Prinssen [Van Munster 2004] présentent cette idée en soulevant
d’éventuels problèmes liés à cette méthode d’augmentation de couplage. Ils insistent tout particu-
lièrement sur la nécessité de limiter l’énergie renvoyée par chaque haut-parleur quitte à augmenter
leur nombre, de sorte à éviter la création d’artéfacts audibles dus à un mauvais équilibre entre le son
provenant directement de la salle source et celui produit par les haut-parleurs. Plus récemment, Wa-
tanabe et Ikeda [Watanabe 2011] ont mesuré sur maquette l’effet d’un SAR installé en couplage sur
la durée de réverbération de l’espace secondaire. Ils ont alors montré, que cet indice acoustique peut
effectivement être augmenté et que la qualité acoustique de l’espace secondaire peut aussi être amé-
liorée vis-à-vis de critères subjectifs autres que la réverbérance. Cependant, à notre connaissance,
aucune étude théorique de l’augmentation de couplage produit par canaux électroacoustiques n’est
présente dans la littérature, et le système UBR utilisé par Watanabe est un système « in-line » et
non un système régénératif.
Espace secondaire
A2 , V2
Source
Sc
Espace principal
A1 , V1
Gc
Gc
Dans ce chapitre, après avoir rapidement rappelé l’approche énergétique des salles couplées, nous
allons, dans un premier temps proposer un modèle théorique de l’action d’un SAR régénératif en
couplage d’espace à partir de cette approche. Dans un second temps nous proposons de confronter
les résultats prévus par cette approche théorique à ceux obtenus par l’approche systémique des SAR
réalisée à partir de simulations numériques telle que décrite au chapitre 2. Enfin, à partir de cette
approche systémique, nous effectuerons une analyse de l’évolution des quatre indices acoustiques
dans les espaces principal et secondaire due à l’utilisation d’un SAR dédié à l’augmentation du cou-
plage. Notamment, nous constaterons que l’utilisation d’un tel système permet de réduire l’influence
d’un balcon sur les valeurs prises par ces indices aux emplacements situés sous celui-ci.
4.1. Approche énergétique de l’action d’un SAR dans les espaces couplés 103
A11 = A1 + Sc
dw1 (t) c
+ A11 w1 (t) = P1 + Sc w2 (t)
c
V1 (4.1)
dt 4 4
et dans l’espace secondaire :
dw2 (t) c
+ A22 w2 (t) = Sc w1 (t)
c
V2 (4.2)
dt 4 4
en regroupant ces deux équations au sein d’un système d’équations :
⎧
⎪ 1 dw1 (t)
⎪ + w1 (t) − k1 w2 (t) = P1
4k1
⎪
⎪
⎪ δ1 dt
⎨
cSc
⎪
(4.3)
⎪
⎪ (t)
⎪ + w2 (t) − k2 w1 (t) = 0
1 dw
⎪
2
⎩ δ2 dt
où δ1 = A4V111c et δ2 = A4V222c sont les constantes d’amortissement des deux salles prises séparément, et
où k1 = Sc /A11 et k2 = Sc /A22 . Si l’on se place en régime stationnaire, k2 correspond à la fraction
de densité d’énergie de l’espace principal circulant vers l’espace secondaire. De même, lorsqu’une
source est placée dans l’espace secondaire, k1 correspond à la fraction de densité d’énergie circulant
vers l’espace principal. C’est pourquoi k1 et k2 sont appelés respectivement les facteurs de couplage
de l’espace 1 et de l’espace 2.
Le système d’équations (4.3) étant linéaire, on peut montrer [Cremer 1982] qu’à l’arrêt de la
source P1 , la solution de celui-ci est de la forme :
1. La prise en compte d’un facteur de transmission non négligeable τs de la surface Ss entourant la surface de
couplage, et d’une surface de couplage non libre Sc avec un facteur de transmission τc peut être cependant intégré
aux équations en remplacent Sc par Sc τc + Ss τs .
Chapitre 4. Modèle théorique et étude de l’effet d’un SAR dans une salle
104 couplée
w1 (0) = w2 (0) = 0
P1 ∆t
V1
(4.6)
� =− � = k2
dw1 P1 ∆t dw2 P1 ∆t
δ1 δ2
dt t=0 V1 dt t=0 V1
Soit :
⎧
⎪
⎪ w1 (t) = �(δII − δ1 )e−δI t − (δI − δ1 )e−δII t �
P1 ∆t 1
⎪
⎪
⎪ V1 δII − δI
⎨
⎪
(4.7)
⎪
⎪
⎪ w2 (t) = k2
P1 ∆t 1
�e−δI t − e−δII t �
⎪
⎩ V1
δ2
δII − δI
Nous pouvons distinguer deux cas extrêmes du comportement de la densité d’énergie selon les
valeurs relatives de δ1 et δ2 , comme illustré sur la figure 4.2 (en considérant bien sûr des facteurs
de couplage faibles afin d’assurer un découplage effectif des deux espaces). Dans le cas où l’espace
principal est fortement amorti par rapport au second (δ1 > δ2 ) nous obtenons un phénomène de
double décroissance dans l’espace principal parfois exploité dans certaines salles à acoustique va-
riable [Luizard 2010]. Lorsque, à l’inverse, l’espace secondaire présente un amortissement supérieur
à celui de l’espace principal (δ1 < δ2 ), le phénomène de double pente n’est plus présent. La dé-
croissance de niveau sonore est à peu près équivalente dans les deux espaces, mais le niveau sonore
de l’espace secondaire est inférieur à celui de l’espace principal. C’est cette dernière situation qui
correspond à notre problème initial ; le cas d’un théâtre avec loges ou d’une salle avec balcons.
4.1. Approche énergétique de l’action d’un SAR dans les espaces couplés 105
δ1>δ2 δ1<δ2
Energie (dB)
Figure 4.2 - Réponses impulsionnelles d’après la théorie énergétique dans deux salles couplées (salle
1 , salle 2 ).
Nous nous intéressons ici au cas illustré par le schéma 4.3. La salle principale contenant la
source est équipée de canaux d’assistance à la réverbération identiques à ceux utilisés dans une
salle classique, donc contenant éventuellement un retard électronique. Entre l’espace secondaire et
la salle principale, quelques canaux sont installés en couplage. Ceux-ci ne contiennent pas de retard
électronique, car ils sont utilisés pour rapprocher les caractéristiques du champ sonore de l’espace
secondaire de celles de l’espace principal, et ce sans décalage temporel.
Gp τ
Gp τ
Espace secondaire
A2 , V2
Source
Sc
Espace principal
A1 , V1
Gc
Gc
⎧
⎪ 1 dw1 ea (t)
⎪ + w1 ea (t) − k1 w2 ea (t) = P1 + Np G2p w1 ea (t − τ )
4k1 4
⎪
⎪
⎪ δ1
⎨
dt cSc cA11
⎪
(4.8)
⎪
⎪ 1 dw2 ea (t)
⎪ + w2 ea (t) − k2 w1 ea (t) = Nc G2c w1 ea (t)
4
⎪
⎩ δ2 dt cA22
Les valeurs des gains électroniques en puissance G2p et G2c peuvent se substituer par leurs ex-
pressions en fonction de deux paramètres Γp et Γc . Avec :
Γp = G2p H11
2
et
Γc = G2c H21
2
2
où, H11 correspond au gain en régime stationnaire de densité d’énergie dans l’espace principal pro-
2
duit par une source située dans ce même espace, et où H21 correspond au gain en régime stationnaire
de densité d’énergie dans l’espace principal produit par une source située dans l’espace secondaire.
Ainsi :
cSc 1 − κ2
G2p = Γp k2 (4.9)
4 κ2
et
cSc 1 − κ2
G2c = Γc (4.10)
4 κ2
En utilisant l’approximation faite par Poletti décrite dans la partie 1.3.1 concernant l’action des
retards électroniques :
⎧
⎪ 1 dw1 ea (t)
⎪ + w1 ea (t) − k1 ea w2 ea (t) = P1
4k1 ea
⎪
⎪
⎪ δ1 ea
⎨
dt cSc
⎪
(4.11)
⎪
⎪ 1 dw2 ea (t)
⎪
⎪ + w2 ea (t) − k2 ea w1 ea (t) = 0
⎩ δ2 ea dt
avec
1 − Np Γp (1 − κ2 )
δ1 ea = δ1 (4.12)
1 + Np Γp τ δ1 (1 − κ2 )
δ2 ea = δ2 (4.13)
k1 ea = k1
1
(4.14)
1 − Np Γp (1 − κ2 )
(1 − κ2 )
k2 ea = k2 �1 + Nc Γc � (4.15)
κ2
La similarité des systèmes d’équations (4.3) et (4.11) permet de déduire par analogie l’évolution
de la densité d’énergie dans les salles couplées équipées d’un SAR contenant des canaux d’augmen-
tation de couplage. Ainsi :
�
δI/II ea = �(δ1 ea + δ2 ) ∓ (δ1 ea − δ2 )2 + 4κ2ea δ1 ea δ2 �
1
(4.16)
2
4.1. Approche énergétique de l’action d’un SAR dans les espaces couplés 107
où κ2ea = k1 ea k2 ea est le facteur de couplage global en actif. En reprenant des conditions initiales
identiques à celles données par les relations (4.6), mais en y substituant les coefficients de couplage
ki et les coefficients d’amortissement δi à leurs équivalents en actif 2 , nous obtenons :
⎧
⎪
⎪ w1 ea (t) = �(δII ea − δ1 ea )e−δI ea t − (δI ea − δ1 ea )e−δII ea t �
P1 ∆t 1
⎪
⎪
⎪ V1 δII ea − δI ea
⎨
⎪
(4.17)
⎪
⎪
⎪ w2 ea (t) = k2 ea
P1 ∆t 1
�e−δI ea t − e−δII ea t �
⎪
⎩ V1
δ2
δII ea − δI ea
Vis-à-vis du phénomène de réverbération, les canaux principaux comme ceux de couplage contri-
buent à l’augmentation de réverbération dans les espaces principal et secondaire par l’intermédiaire
de leur action sur l’argument des exponentielles du système d’équations (4.17) et sur leurs coef-
ficients multiplicateurs. Ils participent aussi à homogénéiser les processus de décroissance tardive
entre ces deux espaces du fait qu’en augmentant le coefficient de couplage global κea (en le faisant
se rapprocher de 1), ils diminuent la valeur de δII ea et augmentent celle de δI ea t ; ce qui augmente
l’influence relative du terme e−δI ea sur la décroissance dans chacun des deux espaces.
Il est possible de donner l’augmentation de la densité d’énergie dans les espaces principal et se-
condaire due au système en se plaçant en régime stationnaire. Ainsi, en reprenant l’expression (4.17) :
=
w1 ea 1
(4.18)
w1 1 − (Np Γp + Nc Γc )
et
�1 + Nc Γc κ2 �
(1−κ2 )
= =
w2 ea w1 ea k2 ea
(4.19)
w2 w 1 k2 1 − (Np Γp + Nc Γc )
Nous pouvons remarquer que la densité d’énergie dans l’espace principal est augmentée comme dans
le cas d’un SAR classique et que les canaux d’augmentation de couplage influent sur l’augmentation
d’énergie dans cet espace comme les canaux principaux. Pour l’espace secondaire, l’augmentation
de densité d’énergie par rapport à l’augmentation de celle de l’espace principal est renforcée par
les canaux d’augmentation de couplage permettant ainsi d’homogénéiser le niveau sonore des deux
espaces (ce qui par ailleurs est aussi directement visible à partir de l’expression (4.15) du coefficient
de couplage k2 ea en fonction du coefficient de couplage initial k2 ).
Comme dans le cas des salles simples équipées d’un SAR, il est important de noter que Γp et
Γc ne sont pas des GMBO au sens strict. Il est néanmoins là aussi possible de les relier aux GMBO
réels Γ′p et Γ′c (voir annexe B) :
Γ′p
Γp = (4.20)
1−Γ′
1 + �Nc Γ′c � 1−Γp′ � + (Np − 1)Γ′p �
c
et
Γ′c
Γc = (4.21)
1 + �Np Γ′p � 1−Γ′c � + (Nc − 1)Γ′c �
1−Γ′
p
2. Contrairement à l’approche énergétique de l’action des SAR installés dans une salle simple développée dans
la partie 3.1.1, nous considérons ici les retards électroniques du système principal uniquement vis-à-vis d’un effet
d’augmentation du volume virtuel de l’espace principal. Nous ne prenons pas en compte le retard initial d’action
du système. Cela compliquerait les expressions alors que le but de cette partie n’est pas de prévoir une réponse
impulsionnelle. Nous ne cherchons ici qu’à comprendre l’action d’un système dans les salles couplées sur le processus
de réverbération et le niveau sonore.
Chapitre 4. Modèle théorique et étude de l’effet d’un SAR dans une salle
108 couplée
Le système présenté sur la figure 4.3 étant un système bouclé multivariable, la fonction de gain
en boucle fermée (1.17) est ici aussi applicable. La matrice de gain en boucle ouverte régit donc
la stabilité de ce type de système. Cependant, dans le cas d’un système mixte, la statistique sur
les valeurs propres de cette matrice n’est plus la même que celle décrite dans la partie 1.2.2. Car,
contrairement au cas classique d’utilisation d’un SAR régénératif, les transferts acoustiques inter
canaux n’ont théoriquement pas tous une énergie moyenne équivalente. Ceci est dû au phénomène
même de découplage qui entraine la non-équivalence énergétique entre les transferts acoustiques
impliquant les haut-parleurs situés dans l’espace secondaire et ceux impliquant les haut-parleurs
situés dans l’espace principal. La matrice de gain en boucle ouverte ne peut donc se mettre sous
la forme d’une matrice composée de valeurs complexes gaussiennes possédant toutes les mêmes
propriétés statistiques que dans le cas d’un système composé uniquement de canaux dans l’espace
principal ou uniquement de canaux d’augmentation de couplage, car ainsi l’ensemble des transferts
acoustiques inter et intra canaux sont équivalents au niveau énergétique. Dans ce cas seulement,
on peut considérer que les règles sur les valeurs maximales de gain en boucle ouverte concernant la
stabilité, données à la partie 1.2.2, sont applicables. Pour le cas d’un système uniquement composé
de canaux d’augmentation de couplage, la condition sur la valeur de Γc vis-à-vis de la stabilité
du système est donc donnée par la formule (1.20) sur la probabilité d’instabilité d’un système
d’assistance en fonction du nombre de canaux (ici Nc ).
4.1.2.3 Illustration de l’action théorique d’un SAR dans des espaces couplés
Nous nous proposons d’illustrer l’action théorique d’un SAR dans des espaces couplés, et ce
dans le cadre d’une salle réaliste contenant un espace sous balcon mal couplé. Celle-ci est composée
d’un volume principal de 10000 m3 avec une aire équivalente d’absorption A1 de 1600 m2 . L’espace
sous-balcon (espace secondaire) est d’un volume de 50 m3 avec une aire équivalente d’absorption A2
de 20 m2 . La surface de couplage Sc est de 10 m2 . Le coefficient d’amortissement δ1 est de 13,8 s−1
et celui de l’espace secondaire δ2 de 51,4 s−1 (ce qui correspond d’après la formule de Sabine (1.23)
à des durées de réverbération de 1 s et de 0.27 s). Ainsi, nous nous trouvons bien dans la situation
de la figure 4.2 où δ1 < δ2 . Le facteur de couplage initial k2 vaut 0.33 et le facteur de couplage initial
k1 vaut 0.006.
Le SAR installé dans cette salle comporte 30 canaux, 27 principaux et 3 en découplage. Le
paramètre Γ′p est fixé 2 dB en dessous de 5% de risque d’instabilité d’un système à 30 canaux
soit -20,5 dB 3 . Les canaux principaux contiennent un retard électronique interne de 20 ms. Le
paramètre Γ′c des canaux d’augmentation de couplage est fixé à -28,6 dB pour obtenir un facteur
de découplage en actif k2 ea de 1. Comme cela est montré sur la figure 4.4(a), sans le SAR, la
décroissance du son dans les deux espaces est principalement régie par les propriétés de l’espace
principal sans considération de l’espace secondaire. Lorsque seuls les canaux principaux sont actifs,
nous constatons que la durée de réverbération est modifiée de manière presque identique dans les
deux espaces. Concernant les canaux d’augmentation du couplage, compte tenu de leur nombre et
de leur gain faibles, ils ne modifient que très légèrement la durée de réverbération, mais permettent
d’élever le niveau global de la réponse impulsionnelle de l’espace secondaire jusqu’à celui de l’espace
principal.
L’utilisation simultanée de canaux d’augmentation de couplage et de canaux principaux permet
3. Malgré que, comme expliqué à la partie 4.1.2.2, les conditions de stabilité d’un système mixte composé de
canaux principaux et canaux d’augmentation du couplage ne soient pas identiques à celles d’un système classique.
4.2. Étude du système d’augmentation de couplage à partir d’une approche sys-
témique basée sur des simulations numériques 109
0 0
−20 −20
−40 −40
Niveau (dB)
−60 −60
0 0.5 1 0 0.5 1
a) b)
0 0
−20 −20
−40 −40
−60 −60
0 0.5 1 0 0.5 1
c) Temps (s) d)
Figure 4.4 - Réponses impulsionnelles dans l’espace principal ( ) et l’espace secondaire ( ) d’une
salle couplée. (a) sans SAR ; (b) avec un SAR composé de canaux principaux uniquement ; (c) avec
un SAR composé de canaux d’augmentation de couplage uniquement ; (d) avec un SAR composé
de canaux principaux et de canaux d’augmentation de couplage.
donc de combiner les effets dus aux deux types de canaux. Ainsi, on peut considérer en première
approximation que les canaux principaux permettent d’augmenter la durée de réverbération des
deux espaces, et que les canaux d’augmentation de couplage permettent d’augmenter le facteur
de couplage, et que ceux-ci ne jouent que de manière faible sur l’augmentation de la durée de
réverbération.
d’augmentation de couplage, dans un cadre général, produit par un SAR dédié. L’autre est centrée
sur l’évolution produite par ce même système de quatre indices acoustiques. Notons que nous avons
fait le choix de nous intéresser ici à un système composé uniquement de canaux d’augmentation
de couplage pour différentes valeurs de leur GMBO. Du point de vue de l’approche énergétique
développée précédemment cela revient à fixer un nombre de canaux principaux Np à 0. Soit :
⎧
⎪
⎪ w1 ea (t) = �(δII ea − δ1 )e−δI ea t − (δI ea − δ1 )e−δII ea t �
P1 ∆t 1
⎪
⎪
⎪ V1 δII ea − δI ea
⎨
⎪
(4.22)
⎪
⎪
⎪ w2 ea (t) = k2 ea
P1 ∆t 1
�e−δI ea t − e−δII ea t �
⎪
⎩ V1
δ2
δII ea − δI ea
�
�(δ1 + δ2 ) ∓ (δ1 − δ2 )2 + 4k1 k2 ea δ1 δ2 �
δI/II ea =
1
(4.23)
2
où k2 ea est toujours donné par l’équation (4.15), et peut aussi s’exprimer en fonction du GBMO
Γ′ :
Γ′ (1 − κ2 )
k2 ea = k2 �1 + Nc � (4.24)
1 − (Nc − 1)Γ′ κ2
Tableau 4.1 - Les principales caractéristiques géométriques et acoustiques de la salle virtuelle simulée.
Le volume donné ici inclut celui de l’espace de scène. Le nombre de sièges est obtenu par division
de la surface au sol de l’auditoire par 0,6 m2 ; cette valeur étant considérée comme étant la surface
au sol occupée par un siège dans une salle de concert. Les surfaces d’absorption ont été obtenues
en considérant uniquement les parois réelles à l’intérieur de chaque espace, la surface de couplage
n’a donc pas été incluse.
Configuration no 0 1 2 3 4
toutes
GMBO par canal Γ′c (dB) -21,7 -19,6 -18,5 -15,9
fréquences
GMBO par canal Γ′c (dB) 500 Hz Système inactif -21,8 -19,6 -18,1 -17,3
1 kHz -21,7 -19,5 -18,2 -17,6
Tableau 4.2 - Les différentes configurations du système et le GMBO par canal électroacoustique
correspondant.
Chapitre 4. Modèle théorique et étude de l’effet d’un SAR dans une salle
112 couplée
Figure 4.5 - Salle couplée virtuelle. a) : positions de la source ◾ et des 60 points de réception au
niveau de l’auditoire ◾. b) : positions des haut-parleurs ◾ et des microphones ◾ du SAR. Surface de
séparation entre l’espace principal et secondaire ⧄.
Du fait que les réflexions précoces ne peuvent être correctement abordées qu’en prenant en
compte les détails architecturaux, et les positions exactes de la source et du récepteur, l’approche
énergétique des salles couplées avec ou sans système électroacoustique de couplage présentée précé-
demment n’est possiblement valide que pour la partie tardive de la réponse impulsionnelle, après
le temps de transition [Polack 1992]. Il serait donc illusoire de vouloir comparer, pour des temps
proches du champ direct, l’évolution temporelle de l’énergie d’une réponse impulsionnelle simulée
par une approche par méthodes asymptotiques qui prend en compte ces détails, et celle donnée
par l’approche énergétique. La figure 4.6 illustre cette remarque en montrant que seules la fin de
la décroissance donnée par l’approche énergétique et celle donnée par une approche par méthodes
asymptotiques sont comparables. Pour cette partie tardive de la réponse impulsionnelle, cette fi-
gure met aussi en évidence le fait que, comme prévu par l’approche énergétique, le phénomène de
couplage joue principalement sur la différence d’énergie entre l’espace principal et l’espace secon-
daire ; les décroissances dans ces deux espaces étant quant à elles quasiment identiques. La réponse
4.2. Étude du système d’augmentation de couplage à partir d’une approche sys-
témique basée sur des simulations numériques 113
impulsionnelle peut être considérée comme tardive lorsque les décroissances du champ sonore dans
l’espace principal comme dans l’espace secondaire peuvent être toutes deux jugées comme suffisam-
ment régulières et peu influencées par les réflexions précoces (autrement dit, après l’établissement
du champ diffus). Compte tenu de la dynamique importante des réponses impulsionnelles données
par la simulation numérique, il est possible de fixer ici le début de ce champ tardif à un temps tm
relativement élevé de sorte à éviter au maximum d’inclure les réflexions précoces. Nous choisissons
ainsi de la fixer à 300 ms après l’émission du signal source.
10
0
−10
Niveau (dB)
−20
−30
−40
−50
−60
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9
Temps (s)
Figure 4.6 - Évolutions temporelles de la densité d’énergie dans l’espace principal ( ) et secondaire
( ) données par le Logiciel Icare de simulation numérique et par l’approche énergétique ( ) ( ).
Les valeurs de l’énergie tardive en chaque point de réception de la salle de la figure 4.5, sans
utilisation du système électroacoustique d’augmentation du couplage, sont présentées sur la figure 4.7
b). Si dans cette salle, nous supprimons seulement le balcon et remplaçons la surface libre alors
restante par une paroi réfléchissante, les valeurs d’énergie tardive aux mêmes points de réception
sont alors celles données par lecture de la figure 4.7 a). Si nous comparons ces deux figures, il
apparait clairement que le comportement de l’énergie tardive des réponses impulsionnelles diffère
de manière importante avec la présence ou non d’un balcon 6 . Dans la salle sans balcon, aucune
différence sensible n’apparait entre les premiers et les seconds gradins. Les niveaux y semblent à
peu près identiques et aucune dépendance de la distance à la source n’est visible sur la figure 4.7
a). Par contre, dans la salle avec balcon, les énergies tardives obtenues en différents points sont
légèrement influencées par l’éloignement de la source dans les premiers gradins, et fortement dans
les seconds ; et surtout, elles sont sensiblement plus faibles sous le balcon que dans l’espace principal.
Afin de quantifier le couplage de l’espace sous balcon, nous proposons d’utiliser un indice objectif
∆w basé sur le rapport des énergies tardives entre les espaces principal et secondaire. Pour des
raisons de dispersion selon les points de réception, notamment avec la distance à la source, il est
préférable de le définir à partir de valeurs moyennes. Enfin, dans le but de prendre un minimum en
6. La différence globale de niveau de l’énergie tardive entre la salle sans balcon et avec résulte, très probablement,
d’une dissipation d’énergie acoustique moins rapide dans la salle sans balcon, car le fait d’avoir supprimé le balcon
a également supprimé une partie importante de matériaux absorbants sans avoir modifié le volume de la salle dans
une proportion identique.
Chapitre 4. Modèle théorique et étude de l’effet d’un SAR dans une salle
114 couplée
−26 a)
premiers gradins seconds gradins
−28
−30
Niveau d’énergie tardive (dB)
−32
−34
−36
6 8 10 12 14 16 18 20 22
−26 b)
espace principal espace secondaire
−28
−30
−32
−34
−36
6 8 10 12 14 16 18 20 22
Distance source−récepteur (m)
Figure 4.7 - Énergie tardive en fonction de la distance source-récepteur, dans la salle sans balcon
a) et avec balcon b). Ces quantités ont été obtenues en considérant toutes les fréquences contenues
dans les réponses impulsionnelles, soit de 0 Hz à 8192 Hz.
⎛ ∫0,3 p2 (t)dt ⎞
+∞ 2
∆w = 10 log10 ⎜ +∞ ⎟ (4.25)
⎝ ∫0,3 p21 (t)dt ⎠
où ∫0,3 p21 (t)dt est la moyenne des énergies tardives contenues dans les réponses impulsionnelles
+∞
simulées en différents points dans l’espace principal et où ∫0,3 p22 (t)dt est la moyenne des énergies
+∞
tardives contenues dans les réponses impulsionnelles simulées en différents points dans l’espace
secondaire. Plus cet indice est proche de 0 dB, plus les énergies tardives des espaces principal et
secondaire sont proches et, plus il en est éloigné, plus elles sont différentes. Pour la salle avec balcon
la valeur de cet indice est de -3,2 dB, pour celle sans balcon elle est inférieure à 0,1 dB.
Un avantage de cet indice est qu’il est possible d’en obtenir une expression théorique issue de
l’approche énergétique. Celle-ci s’obtient à partir du système équation (4.7) :
k2 δ2 ⎛ 1 − e−(δII −δI )t ⎞
=
w2
(4.26)
w1 δII − δ1 ⎝ 1 − δI −δ1 e−(δII −δI )t ⎠
δII −δ1
À partir d’un temps important tm ≫ 0, les termes en exponentielle deviennent négligeables devant
1 puisque la différence δII − δI est positive. Ainsi :
∆w = 10 log10 � �
k2 δ2
(4.27)
δII − δ1
4.2. Étude du système d’augmentation de couplage à partir d’une approche sys-
témique basée sur des simulations numériques 115
4.2.3 Effet du système électroacoustique d’augmentation de couplage sur l’éner-
gie tardive des réponses impulsionnelles
Les valeurs de l’énergie tardive en chaque point de réception de la salle pour les différentes
configurations du système électroacoustique sont présentées sur la figure 4.8. En introduisant le
système électroacoustique de couplage et en augmentant son gain, la dépendance entre énergie
tardive et distance source-récepteur évolue dans les deux espaces, mais de façon plus sensible dans
l’espace secondaire. Pour des gains du système faibles ou moyennement élevés (configurations 1,
2 et 3), cette dépendance n’est plus aussi marquée, voir disparait presque complètement comme
dans le cas d’une salle sans balcon. Pour la configuration 4, correspondant au gain du système le
plus élevé testé ici, l’influence de la distance à la source sur les valeurs de l’énergie tardive dans
l’espace secondaire s’inverse ; celles-ci augmentent avec la distance source-récepteur. De plus, dans
cette configuration, la dispersion des valeurs d’énergie tardive de l’espace secondaire est importante
et semble avoir une autre source que la seule distance source-récepteur, celle-ci étant peut-être la
proximité des points de réception avec les haut-parleurs du système. Ainsi, pour des gains moyens
du système celui-ci réduit sensiblement la différence de comportement de l’énergie tardive avec la
distance source-récepteur entre l’espace principal et l’espace secondaire, mais lorsqu’un gain trop
important est appliqué au système, les différences de comportement de l’énergie tardive en fonction
de la distance à la source entre l’espace secondaire et l’espace principal redeviennent significatives.
−26
−28
−30
−32
−34
−36
6 8 10 12 14 16 18 20 22
Distance source-récepteur (m)
Figure 4.8 - Énergie tardive en différents points de la salle en fonction de la distance source-
récepteur en l’absence (configuration 0 : ) et en présence de système électroacoustique de couplage
(configuration 1 : ), (configuration 2 : ) , (configuration 3 : ), (configuration 4 : ).Ces quantités
ont été obtenues en considérant toutes les fréquences contenues dans les réponses impulsionnelles,
soit de 0 Hz à 8192 Hz.
De manière plus globale, comme prévu par l’approche énergétique (équations (4.18) et (4.19)),
nous pouvons remarquer sur la figure 4.8 que le système électroacoustique de découplage apporte
en moyenne plus d’énergie tardive dans l’espace secondaire que dans l’espace principal. Ce qui a
pour effet de faire évoluer l’indice de couplage. Sans système, la valeur de cet indice est nettement
inférieure à 0 dB, pour les configurations 2 et 3, elle est proche de 0 dB, et pour la configuration 4,
elle est largement positive. Ainsi, le système permet de combler le manque global d’énergie tardive
Chapitre 4. Modèle théorique et étude de l’effet d’un SAR dans une salle
116 couplée
de l’espace sous-balcon par rapport au reste de la salle, dû au phénomène de couplage ; mais, si son
gain est trop important, il créé le déséquilibre inverse.
D’un point vu analytique, puisque l’introduction du système d’augmentation de couplage ne
modifie pas la condition nécessaire à l’établissement de la formule théorique de ∆w , à savoir un
facteur d’amortissement de l’espace primaire inférieur à celui de l’espace secondaire (δII ea − δI ea
> 0), l’expression du facteur de couplage avec le système peut s’obtenir par analogie à partir de
l’expression (4.27). Soit :
= 10 log10 � �
w2 ea k2 ea δ2
(4.28)
w1 ea δII ea − δ1
D’après le tableau 4.3, les valeurs théoriques de l’indice ∆w ne semblent pas correspondre exacte-
ment aux valeurs issues des simulations puisque celles-ci sont souvent légèrement hors de l’intervalle
de confiance des valeurs simulées. Cependant, la différence entre les valeurs théoriques et simulées
n’est souvent que de l’ordre de quelques dixièmes de décibels, ce qui reste probablement acceptable
d’un point de vue psychoacoustique. De plus, les dynamiques des valeurs de ∆w théoriques et is-
sues de simulations avec l’augmentation du gain du système sont comparables. Ainsi, bien que non
exacte, l’approche énergétique de la prévision de ∆w , est suffisante pour décrire qualitativement
l’effet d’un système électroacoustique.
Configuration no 0 1 2 3 4
∆w simulations (dB) -3,2 -1,3 -0,6 0,1 1,4
Intervalle de confiance à 95%
-3,5/-2,9 -1,5/-1,2 -0,8/-0,5 -0,3/0,2 1,0/1,7
sur ∆w simulations (dB)
∆w théorique (dB) -4,1 -1,6 -0,4 0,3 2,6
Tableau 4.3 - Évolution théorique et simulée de l’énergie tardive moyenne dans l’espace principal et
l’espace secondaire, due à la présence du système électroacoustique d’augmentation de couplage. Les
calculs, comme les résultats issus de simulations, sont obtenus en considérant toutes les fréquences
contenues dans les réponses impulsionnelles, soit de 0 Hz à 8192 Hz.
1 k1 − δII ea −δ1 κ
δ2 2
Γc ≤ (4.29)
Nc δ δ2 −δ − κ2
II ea 1
ou, en utilisant l’expression (4.21) de sorte à exprimer cette condition en fonction du GMBO du
système Γ′c :
Γ′c ≤
1
δ2
(4.30)
−κ
− (Nc − 1)
2
δII ea −δ1
Nc δ2
k1 − δ 2 κ
II ea −δ1
−5 −5
k1 = 0,07 k1 = 0,27
k2 = 0,27 k2 = 0,07
−10 −10
Γc ’ (dB)
−15 −15
−20 −20
−25 −25
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Nombre de canaux
Figure 4.9 - Évolution de la limite maximum du GMBO Γ′c d’un système électroacoustique d’aug-
mentation de couplage selon le nombre de canaux. Condition limite liée à l’instabilité du système
(○) ; condition limite liée à un facteur de couplage actif supérieur à 1 (○).
La figure 4.9 illustre deux situations théoriques différenciées par les valeurs des facteurs de
couplage k1 et k2 différentes. Pour une faible valeur de k1 et une valeur de k2 plus importante,
c’est la condition sur un facteur de couplage actif k2 ea inférieur à 1 qui régit la valeur maximum
de Γ′c quelque soit le nombre de canaux. Si les valeurs des facteurs de couplage sont interverties,
la valeur maximum du GMBO est régit par les problèmes de stabilité pour un faible nombre de
canaux (inférieur à 5) ; pour un nombre de canaux plus important elle est régit par un facteur
de couplage trop important. Dans le cas d’une loge dans un théâtre ou d’un espace sous balcon
mal couplé, le facteur k1 est souvent très faible et le facteur k2 plus important, comme cela est
le cas dans la salle virtuelle présentée précédemment. Il convient donc, dans de telles situations,
de prioritairement considérer la limite du GMBO du système vis-à-vis d’un ajout d’énergie trop
important dans l’espace secondaire.
Il est important de noter que les limites du système d’augmentation de couplage évoquées pré-
cédemment se basent sur une approche en champ diffus, sans considération du champ direct. Or,
lors d’une installation effective de ce type de système, il faut aussi prendre en compte la valeur
relative du champ direct issue des haut-parleurs du système au niveau de l’auditoire de l’espace
secondaire. En effet, pour des valeurs de gain trop importantes, ce champ direct peut être détecté
par le système auditif entrainant une possible délocalisation de source apparente. Cette remarque
conforte l’idée que pour les canaux d’augmentation de couplage, la limite maximum de gain peut ne
Chapitre 4. Modèle théorique et étude de l’effet d’un SAR dans une salle
118 couplée
plus être liée aux phénomènes d’instabilité, mais aux artéfacts que ces canaux peuvent créer dans
l’espace secondaire.
Tableau 4.4 - Évolution simulée et théorique de la durée de réverbération dans l’espace principal et
l’espace secondaire, due à la présence du système électroacoustique d’augmentation de couplage en
configuration 3. Ces valeurs sont des moyennes sur celles des bandes d’octaves centrées en 500 Hz
et 1 kHz.
Dans le tableau 4.4, nous avons aussi fait figurer une valeur théorique de cette augmentation afin
de la comparer aux valeurs issues de simulations. Pour le cas particulier des salles couplées, l’ex-
4.2. Étude du système d’augmentation de couplage à partir d’une approche sys-
témique basée sur des simulations numériques 119
pression approchée de la décroissance tardive peut ainsi, en première approximation, être donnée en
remarquant la prédominance, pour des temps importants, du terme en e−δI t sur celui en e−δII t dans
le système d’équations (4.7) (ou celle du terme e−δI ea t sur celui en e−δII ea t dans le système d’équa-
tions (4.22) si un système électroacoustique de couplage est installé). Que nous nous plaçons dans
l’espace principal ou dans l’espace secondaire, la décroissance tardive d’énergie peut être considérée
comme uniquement régie par le terme e−δI t ( ou par le terme e−δI ea t ). Ainsi, l’augmentation de
durée de réverbération dans les deux espaces est théoriquement à peu près identique sous l’action
du système électroacoustique de couplage ; celle-ci étant simplement donnée par :
=
Tr ea δI
(4.31)
Tr0 δI ea
Dans l’espace principal, l’augmentation théorique de durée de réverbération est en accord avec la
valeur issue de simulations. Dans l’espace secondaire, les valeurs théoriques et simulées diffèrent
d’environ 1%. Cette différence n’est cependant que très peu significative d’un point de vue psy-
choacoustique puisqu’elle demeure inférieure au seuil de discrimination auditif de cet indice qui est
de 5%. Ainsi, l’expression théorique (4.31) d’augmentation de durée de réverbération due au sys-
tème d’augmentation de couplage semble être suffisante pour décrire ce phénomène et le quantifier
de manière acceptable. Il est intéressant de noter que ce résultat semble contredire ceux du cha-
pitre 3 desquels nous avons conclu que l’approche énergétique n’était pas totalement adaptée pour
prévoir convenablement une augmentation de durée réverbération produite par un SAR dans une
salle simple. Cependant, il faut garder en mémoire qu’un système d’augmentation de couplage est
composé d’un faible nombre de canaux et qu’il n’apporte que très peu d’énergie. L’erreur relative
de prévision en est alors probablement réduite d’autant.
1.5
1.4
1.3
1.2
1.1
Tr (s)
1
0.9
0.8
0.7
0.6
0.5
6 8 10 12 14 16 18 20 22
Distance source-récepteur (m)
EDT (s)
0.5
10
G (dB)
0
10
C80 (dB)
0
6 8 10 12 14 16 18 20 22
Distance source-récepteur (m)
Figure 4.11 - Valeur de la durée de réverbération précoce (EDT), de la force sonore (G) et de la
clarté (C80) en différents points de la salle en fonction de la distance source-récepteur en l’absence
(configuration 0 : ) et en présence de système électroacoustique de couplage (configuration 3 : ).
Ces valeurs sont des moyennes sur celles des bandes d’octaves centrées en 500 Hz et 1 kHz.
Dans ce chapitre nous nous sommes intéressés à la possibilité de réduire le problème de couplage
des espaces sous-balcons d’une salle de concert à l’aide d’un SAR. Dans une première partie, nous
avons fait un développement théorique de l’action du système dans une salle couplée, basé sur
l’approche énergétique de l’acoustique des salles. Le système considéré pour cette étude théorique
peut se diviser en deux sous-systèmes : un SAR régénératif classique dans la salle principale et
un système électroacoustique dédié à l’augmentation du couplage, injectant une partie de l’énergie
de la salle principale dans l’espace sous-balcon. Suite à cette étude théorique il est apparu deux
points importants : le système d’augmentation du couplage augmente le facteur de couplage de
Chapitre 4. Modèle théorique et étude de l’effet d’un SAR dans une salle
122 couplée
l’espace secondaire, et l’action des canaux d’augmentation de couplage est distincte de celle du
système dans l’espace principal. Dans une seconde partie, nous avons réalisé une étude de l’effet
d’augmentation du couplage par un système électroacoustique à partir de l’approche systémique
d’un SAR basé sur des simulations numériques. Nous avons alors proposé un indice objectif de
couplage basé sur la différence d’énergie tardive entre l’espace principal et l’espace secondaire.
Cet indice pouvant être donné par l’approche énergétique, nous en avons confronté les valeurs
théoriques et celles issues de simulations numériques. Les résultats de cette confrontation, pour
plusieurs configurations du système, indiquent que le système diminue effectivement le couplage et
que ce phénomène est raisonnablement prévisible par une approche théorique. Enfin, nous avons
étudié l’action du système d’augmentation de couplage sur la durée de réverbération, puis sur la
durée de réverbération précoce, la force sonore et la clarté. Concernant la durée de réverbération, le
système produit un effet identique dans les deux espaces comme prévu par l’approche énergétique.
Concernant les trois autres indices, l’introduction de ce système permet, dans l’espace secondaire, de
rapprocher leurs valeurs de celles d’un espace qui serait complètement intégré à l’espace principal.
Conclusion
Afin de pouvoir dimensionner un SAR régénératif en fonction de l’effet recherché sur les indices
acoustiques d’une salle de spectacle, ce travail s’est attaché à mettre au point ou à élaborer diffé-
rents modèles prévisionnels de l’action d’un SAR régénératif. Outre le fait qu’ils devaient permettre
d’aboutir à des prévisions acceptables, ces modèles devaient être rapidement applicables et ne de-
mander qu’un nombre réduit d’informations sur les caractéristiques acoustiques et géométriques de
la salle ; ces conditions étant fixées par la volonté de faire en sorte qu’ils puissent être compatibles
avec la phase de consultance d’un projet d’installation d’un SAR, phase lors de laquelle les détails
architecturaux de la salle ne sont pas encore tous fixés et où une proposition doit pouvoir être faite
dans un bref laps de temps.
Dans le premier chapitre, après avoir fait un état des connaissances en acoustique des salles et
sur les SAR, les modèles prévisionnels simples déjà publiés ont été exposés. Il est alors apparu que
ceux-ci étaient limités à la prévision d’un nombre réduit d’indices acoustiques et qu’ils souffraient
d’un manque de validation.
Dans un second chapitre, nous avons présenté une méthode de prévision basée sur des simulations
numériques et sur une approche systémique exacte de l’action d’un SAR. Bien que son principe
ait déjà été décrit dans la littérature spécialisée, nous l’avons ici combinée avec une technique de
détermination automatique des fonctions de réponse en fréquence de la partie électronique d’un
SAR régénératif ; fonctions de réponse en fréquence nécessaires à la mise en œuvre concrète de cette
méthode. Cette technique récursive et calquée sur l’approche manuelle utilisée lors d’une installation
réelle du SAR Carmen, associée avec des méthodes de simulations numériques performantes, permet
le calcul complet de réponses impulsionnelles réalistes de salles équipées d’un SAR. La réalisation de
simulations numériques correctes demande cependant une connaissance approfondie de l’architecture
de la salle, et un temps important à accorder à la modélisation de la salle et aux calculs numériques.
L’approche exposée dans ce chapitre ne peut donc pas répondre directement à la problématique de
cette thèse. Néanmoins, parce qu’elle peut s’appliquer sur n’importe quelle salle et que les résultats
qu’elle fournit prennent en compte un maximum de phénomènes acoustiques et de détails sur le
système et la salle, elle demeure l’approche prévisionnelle existante la plus exacte. N’ayant eu accès
qu’à une seule salle réelle, elle nous servit donc dans la suite de nos travaux à établir un nombre
plus important de cas de référence auxquels confronter les approches prévisionnelles plus simples
proposées aux deux derniers chapitres.
Dans le troisième chapitre, nous nous sommes concentrés sur la mise au point et la mise à
l’épreuve de deux modèles prévisionnels plus simples dans le cas d’une salle simple, sans espace cou-
plé. Tous deux reposent sur la théorie des champs diffus, mais l’abordent de manière différente : soit
par une approche énergétique, soit par combinaison de l’approche stochastique de l’acoustique géo-
métrique et d’une approche systémique exacte de l’action d’un SAR. Le premier se caractérise par
sa simplicité, le second par sa prise en considération plus fine de l’effet du système et des propriétés
du champ acoustique d’une salle. Ces modèles ont été déclinés en plusieurs variantes présupposées
donner des résultats plus ou moins corrects. Toutes ces variantes ont ensuite été confrontées aux
résultats d’une campagne de mesure et à cinq situations issues de simulations numériques de cinq
salles virtuelles équipées d’un SAR. Nous nous sommes ici intéressés à la faculté des modèles théo-
riques proposés de prévoir les évolutions des durées de réverbération et de réverbération précoce,
de force sonore et d’indices de précision. Lors de l’analyse de résultats, il est apparu qu’aucune va-
riante de l’un ou de l’autre des modèles n’était meilleure qu’une autre, en conséquence de quoi nous
124 Conclusion
conseillons de privilégier l’utilisation du modèle énergétique qui est plus simple. Pour la clarté et la
force sonore, les modèles théoriques aboutissent à des erreurs prévisionnelles proches ou inférieures
au seuil de discrimination ce qui les rend acceptables pour la prévision de l’effet d’un SAR sur ces
indices. Par contre, quelle que soit l’approche choisie, les erreurs de prévision sur les durées de réver-
bération précoce et tardive peuvent atteindre plusieurs fois le seuil de discrimination de ces indices.
Ces résultats sont proches de ceux pouvant être obtenus par les approches d’acoustique des salles
basées sur la théorie des champs diffus dans le cas d’une salle sans SAR. La valeur prévisionnelle
des modèles proposés ici est ainsi identique à celle des approches desquelles elle est issue. Ainsi,
l’absence de prise en compte de détails architecturaux ne permet pas de prévoir convenablement
tous les indices acoustiques, que la salle soit avec ou sans SAR, et même si celui-ci favorise a priori
l’établissement d’un champ acoustique diffus.
Dans le quatrième chapitre, nous nous sommes intéressés à l’utilisation d’un SAR comme moyen
d’augmentation du couplage, en particulier dans le cadre des salles comportant un espace sous-balcon
mal couplé. Le modèle théorique proposé repose sur l’approche énergétique des salles couplées et
sur l’approche énergétique de l’utilisation d’un SAR dans une salle simple. Après l’avoir établi, son
étude a fait apparaitre la possibilité théorique d’utiliser un système électroacoustique comme moyen
d’augmentation du facteur de couplage pouvant aller jusqu’à un ajout trop important d’énergie
acoustique dans l’espace sous balcon. Comme dans le cas des salles simples, afin de vérifier ce
modèle nous avons généré un ensemble de réponses impulsionnelles d’une salle équipée d’un SAR à
partir de l’approche systémique de l’action d’un SAR basée sur des simulations numériques. Nous
avons alors validité que, pour la salle virtuelle dont il était question ici, le modèle théorique de
l’action d’un SAR en augmentation du couplage donnait des résultats très proches de ceux obtenus
par les simulations numériques. En particulier au niveau de la prévision de l’effet du système sur
la durée de réverbération et sur un indice de couplage que nous avons défini dans cette thèse. À
partir des simulations numériques, nous avons aussi montré que le système permettait de réduire
l’effet du balcon sur d’autres indices acoustiques, en atténuant les différences de clarté, de durées
de réverbération précoce et de force sonore entre la salle principale et l’espace sous-balcon.
L’étude des modèles théoriques développés dans ce document pourrait, par exemple, être pour-
suivi en les confrontant à plus de configurations du SAR Carmen ou en les appliquant à d’autres
SAR régénératifs. Une étude paramétrique pourrait aussi être réalisée afin de déterminer quelles ca-
ractéristiques de la salle favorisent leur validité. La forme globale de la salle a-t-elle une influence ?
Est-ce que la diffusivité des parois à un effet favorable ? etc. Cette analyse paramétrique pourrait
aussi amener à terme à la construction d’autres modèles prévisionnels basés sur une approche par
statistiques prévisionnelles faisant intervenir des paramètres architecturaux n’intervenant pas dans
les approches de types champs diffus. Par ailleurs, du fait du peu de disponibilité de salles de spec-
tacles équipées d’un SAR, ces modèles n’ont pu être réellement confrontés qu’à des simulations
numériques. Or, ces dernières, malgré le souci de les rendre substituables à des mesures, restent des
simulations. Dans la perspective d’aller plus loin dans la validation de ces modèles, il serait donc im-
portant d’effectuer plusieurs campagnes de mesures. Cependant, pour cela il faudra nécessairement
réfléchir en amont à une méthode de mesure des paramètres du système qui ne soit pas intrusive,
car comme nous l’avons évoqué dans le chapitre 3, la méthode MLS utilisée lors de ce travail peut
entrainer une divergence importante entre le résultat de la mesure du gain moyen en boucle ouverte
d’un canal d’un SAR et sa valeur effective. Pour l’étude de l’effet du SAR utilisé en augmentation
de couplage, il serait d’autant plus intéressant de réaliser des mesures que ces systèmes n’ont été
que très peu étudiés. Celles-ci pourraient, entre autres, être orientées dans une direction psychoa-
coustique pour déterminer comment l’introduction d’un système électroacoustique d’augmentation
Conclusion 125
de couplage est acceptée par l’auditoire, en particulier pour déterminer expérimentalement le gain
limite du système n’entrainant pas d’artéfacts audibles.
Dans une autre optique de poursuite de ce travail sur la recherche de modèles prévisionnels
simples, il conviendrait de prendre en compte les filtres électroniques variant souvent utilisés dans
les SAR pour repousser leurs limites. Cependant il serait au préalable indispensable de chercher à
comprendre l’effet de ces filtres variant sur la qualité acoustique d’une salle ; qualité ne pouvant
alors peut-être plus se déduire d’une simple mesure de réponse impulsionnelle du fait du caractère
non linéaire que ces filtres apportent à l’effet de salle.
Annexe A
Energie (dB)
tr1 tr2
Temps (s)
Figure A.1 - Énergie d’une réponse impulsionnelle selon « l’approche révisée » de Barron et Lee
pour deux points de réception situés dans une même salle à deux distances différentes de la source
r1 et r2.
Annexe B
Dans cette annexe, nous cherchons à déterminer, à partir de l’approche énergétique de l’acous-
tique des salles, le gain moyen en boucle ouverte d’un canal d’un SAR dans le cas de l’utilisation
de celui-ci dans une salle couplée. Le système considéré ici est composé de Np canaux « classiques »
dans l’espace principal et de Nc canaux d’augmentation du couplage entre cet espace et l’espace
secondaire, comme montré sur le schéma B.1.
Gp
Gp
Espace secondaire
A2 , V2
Sc
Espace principal
A1 , V1
Gc
Gc
Les gains en boucle ouverte des canaux du système principal Γ′p et des canaux du système
d’augmentation de couplage Γ′c sont égaux aux produits des gains en puissance des boucles directes
′ 2 ′ 2
(G2p et G2c ) par ceux des boucles de rétroaction (H11 et H21 ).
et
Γ′c = G2c H21
′ 2
(B.2)
Annexe B. Gain moyen en boucle ouverte des canaux d’un SAR installé dans
130 une salle couplée
′ 2
H11 correspond au gain moyen de densité d’énergie dans l’espace principal produit par une source
située dans ce même espace lorsque la salle est équipée d’un système composé de Np − 1 canaux
′ 2
dans l’espace principal et Nc dans l’espace secondaire. H21 correspond au gain moyen de densité
d’énergie dans l’espace principal produit par une source située dans l’espace secondaire lorsque la
salle est équipée d’un système composé de Np canaux dans l’espace principal et Nc − 1 dans l’espace
′ 2 ′ 2
secondaire. Les expressions de H11 et H21 peuvent être données à partir de l’approche énergétique
en régime stationnaire. D’après cette approche appliquée aux espaces couplés, chaque espace se
caractérise par son aire équivalente d’absorption égale à la somme de l’aire équivalente d’absorption
de ses parois (A1 ou A2 ) et de la surface libre Sc séparant les deux espaces. Soit, pour l’espace
principal :
A11 = A1 + Sc
et pour l’espace secondaire :
A22 = A2 + Sc
Les densités d’énergies des espaces principal et secondaire (w1 et w2 ) s’obtiennent en considérant
dans chaque espace, un terme source supplémentaire correspond à l’énergie renvoyée par l’autre
espace à travers la surface de couplage [Cremer 1982].
L’action d’un canal du SAR est, quant elle, équivalente dans chaque espace où est implanté son
haut-parleur à une source de puissance égale au produit du gain de sa boucle directe par la densité
d’énergie dans l’espace où est placé son microphone. Ainsi :
⎧
⎪
⎪ w1 − k1 w2 = P1 + N p Gp w 1
4k1 4
⎪
⎪
⎪
⎨
cSc cA11
⎪
, (B.3)
⎪
⎪
⎪ − =
4k2
+
4
⎪
⎩
w 2 k w
2 1 P2
cSc
N G
c c 1w
cA22
où P1 et P2 sont les puissances des sources sonores placées dans les espaces principal et secondaire,
et où k1 = Sc /A11 et k2 = Sc /A22 sont appelées constantes de couplages.
′ 2
Si l’on veut obtenir la valeur de H11 , il faut reprendre le système d’équations (B.3), mais en
considérant un nombre de canaux dans l’espace principal égal à Np − 1 et en supprimant la source
dans l’espace secondaire (P2 = 0). Soit :
⎧
⎪
⎪ w1 − k1 w2 = P1 + (Np − 1)G2p w1
4k1 4
⎪
⎪
⎪
⎨
cSc cA11
⎪
(B.4)
⎪
⎪
⎪ w2 − k2 w1 = +Nc Gc w1
4
⎪
2
⎩ cA22
ainsi :
= =
′ 2 w1 ea 1
H11 (B.5)
4k1 (1 − k1 k2 ) − (Np − 1)G2p − Nc G2c k2
P1 cSc
d’où :
G2p
Γp = (B.6)
4k1 (1 − k1 k2 ) − (Np − 1)G2p − Nc G2c k2
cSc
′ 2
Pour la valeur de H21 , la démarche est identique, mais cette fois-ci, le nombre de canaux dans
l’espace secondaire doit être égal à Nc − 1, et il faut supprimer la source dans l’espace primaire
(P1 = 0). Soit :
⎧
⎪
⎪ w1 ea − k1 w2 ea = Np G2p w1 ea
4
⎪
⎪
⎪
⎨
cA11
⎪
(B.7)
⎪
⎪
⎪ w2 ea − k2 w1 ea = P2
4k
+ (Nc − 1)Gc w1 ea
4
⎪
2 2
⎩ cSc cA22
131
ainsi :
= =
′ 2 w1 ea 1
H21 (B.8)
(1 − ) − − (Nc − 1)G2c
P2 cSc Np G2p
4k1 k2 k 1 k 2 k2
d’où :
G2c
Γ′c = (B.9)
(1 − ) − − (Nc − 1)G2c
cSc Np G2p
4k1 k2 k 1 k 2 k2
Les expressions de Γ′c et Γ′p peuvent s’écrire en fonction de deux autres quantités Γc et Γp égales
au produit du gain de la boucle directe de chaque canal et du gain du transfert purement acoustique
entre le haut-parleur et le microphone du canal considéré (c-à-d la boucle de rétraction sans prendre
en compte l’effet de autres canaux du système) ; Γc et Γp correspondent, en quelque sorte, au gain
en boucle ouverte d’un canal sans l’effet de autres canaux.
et
Γc = G2c H212 (B.11)
où H112 correspond au gain moyen de densité d’énergie dans l’espace principal produit par une source
située dans ce même espace en l’absence de SAR, et où H212 correspond au gain moyen de densité
d’énergie dans l’espace principal produit par une source située dans l’espace secondaire en l’absence
de SAR.
À partir du système d’équations régissant les densités d’énergie dans les salles couplées [Cremer 1982,
Jouhaneau 2003] :
⎧
⎪
⎪ w1 − k1 w2 = P1
4k1
⎪
⎪
⎪
⎨
cSc
⎪
(B.12)
⎪
⎪
⎪ w2 − k2 w1 = P2
4k2
⎪
⎩ cSc
en considérant une source P2 = 0 il est possible d’obtenir directement la valeur de H112 à partir de
sa définition. Soit :
H112 = =
w1 4 k1
(B.13)
P1 cSc 1 − k1 k2
Il en va de même pour la valeur de H212 , mais il faut alors poser P1 = 0. Soit :
H212 = =
w1 4 k1 k2
(B.14)
P2 cSc 1 − k1 k2
ainsi :
Γp =
4 k1
(B.15)
cSc 1 − k1 k2
et
Γc =
4 k1 k2
(B.16)
cSc 1 − k1 k2
soit, finalement :
Γ′p =
Γp
(B.17)
1 − �Nc Γc + (Np − 1)Γp �
Γ′c =
Γc
(B.18)
1 − �Np Γp + (Nc − 1)Γc �
Annexe B. Gain moyen en boucle ouverte des canaux d’un SAR installé dans
132 une salle couplée
ou
Γ′p
Γp = (B.19)
1−Γ′
1 + �Nc Γ′c � 1−Γp′ � + (Np − 1)Γ′p �
c
Γ′c
Γc = (B.20)
1 + �Np Γ′p � 1−Γ′c � + (Nc − 1)Γ′c �
1−Γ′
p
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