Cours de Philosophie Sur La Liberté
Cours de Philosophie Sur La Liberté
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déterminisme ? Tweeter
Plan
INTRODUCTION
BIBLIOGRAPHIE
Cours
INTRODUCTION
Nous avons vu à travers la théorie de l’inconscient que tout ce que nous faisons, disons, et
même, sommes, est profondément lié à ce que nous avons fait, subi, etc., dans notre
enfance. Par conséquent, mon passé est déterminant : il est la cause de nos actes ou de
nos dires. Nous ne sommes donc pas libres, i.e., pas les maîtres absolus de nos actes, de
nous-mêmes. Il semble que le déterminisme ici à l’œuvre soit un obstacle à la liberté, et
fasse de celle-ci une véritable illusion.
Problème : si c’est vrai, alors, nous ne sommes pas responsables de nos actes. Je n’ai pas
moi-même, en mon âme et conscience, voulu faire cela, j’y ai été poussé par une force
obscure, celle de mon inconscient.
Il semble donc important d’essayer d’accorder les termes, apparemment contradictoires, de
« liberté » et de « déterminisme ». Sinon, plus personne n’est responsable de rien. D’autant
plus que le déterminisme à l’œuvre dans l’inconscient, n’est pas le seul : n’y a-t-il pas un
déterminisme non culturel ou historique, mais naturel ? Cf. l’expression de déterminisme
naturel, qui sera à étudier en détail, surtout dans ses rapports avec la notion de liberté.
- la notion que nous avons de la liberté : nous voulons en effet qu’elle soit absolue ; c’est la
validité d’une telle position que nous allons interroger
- la notion elle-même de déterminisme : est-il, lui aussi, absolu, i.e., rigide ? N’y a-t-il pas un
déterminisme que l’on pourrait penser en termes plus souples, par exemple, comme une
influence ?
1) Définitions et synonymes
C’est une thèse qui stipule qu’il n’y a pas d’événement sans cause, et que, dans les mêmes
conditions, les mêmes causes produisent les mêmes effets ; synonyme : principe de
causalité
Par suite, tout ce qui arrive n’aurait pu être autre qu’il n’est ; synonyme, ici, de nécessité.
Mais c’est la conséquence concernant la nature du monde qu’ont tiré les philosophes du
déterminisme scientifique.
D’où la forme philosophique de ce principe, énoncée pour la première fois chez Laplace
(1749-1827) dans l’Essai philosophique sur les probabilités (1776). La connaissance du
présent conduit à celle du passé, comme de l’avenir.
Tous les événements sont une suite des lois de la nature. Même ceux qui ne le paraissent
pas. Exemple : que la pluie tombe ; que la mouche batte des ailes ; que Hitler ait fait tuer les
Juifs ; et que j’aime Félicia : tous ces événements sont des suites des lois de la nature.
Nous les faisons dépendre (surtout les deux derniers) de causes « finales » (intention, désir,
etc.) ou du hasard, car ils arrivaient sans ordre apparent. Mais ce sont des causes
imaginaires, qui ne sont que l’expression de l’ignorance où nous sommes des véritables
causes. Les événements actuels ont avec les précédents une liaison fondée sur le principe
évident, qu’une chose ne peut commencer d’être sans une cause qui la produise.
Laplace, Essai philosophique sur les probabilités, Œuvres, Gauthier, Villars, vol. II, 1,
pp. 6-7 (1886).
Nous pensons tous qu’être libre, c’est avoir le choix entre plusieurs contraires ou
possibilités, et que ce que j’ai fait ou fais maintenant, en vertu de ce (libre) choix, aurait pu
être différent.
-Je n’ai pas été contraint, poussé, déterminé, causé, etc. à faire ce que j’ai fait (2) .
- Rien ne me détermine à choisir un parti plutôt qu’un autre (que le parti contraire).
L’exemple-type du libre-arbitre c’est l’acte gratuit, l’acte qui serait motivé par rien et nécessité
par rien. Cf. Gide, Les caves du Vatican, le personnage de Lafcadio ; K. Lewin, Crime ; Dieu et
la création ex nihilo.
Dans Les caves du Vatican, il fait accomplir à l’un de ses personnages un acte gratuit. Le
jeune Lafcadio se rend à Rome et voyage dans le même compartiment qu’un vieillard
inconnu de lui , nommé « Fleurissoire ». Tout à coup, le vieillard étant debout devant la
portière, l’idée surgit dans l’esprit de Lafcadio de pousser son compagnon de voyage. Il
décide que s’il peut compter jusqu’à 12 avant de rencontrer un feu, Fleurissoire est sauvé. A
10, il perçoit un feu et accomplit son forfait.
C’est donc un acte accompli sans fondement par suite d’une décision arbitraire, issue du
hasard ou d’un pur caprice.
2) Confrontation au déterminisme
Bref, même si je ne me rends pas compte, je suis déterminé à agir comme je le fais, je ne
suis pas libre.
Si donc on croit au déterminisme, alors, on doit dire qu’il est exclu que l’on puisse faire autre
chose que ce que l’on fait.
Les circonstances préexistantes à l’acte déterminent nos actions et les rendent inévitables.
La somme totale de toutes les expériences, désirs, savoirs, d’une personne, la constitution
qu’il a héritée (par ses gènes, mais aussi par son éducation), les circonstances sociales et la
nature du choix auquel elle est confrontée, ajoutés à d’autres facteurs que nous ne
connaissons peut-être pas, se conjuguent pour rendre inévitable, dans ces circonstances,
une action particulière.3
On ne voit guère alors comment échapper aux diverses sortes de nécessitarisme (définition
: toutes les choses sont insérées dans un réseau de causes, et il y a nécessité de ce
système de causalité4 ) ; il semble bien que, logiquement, ils soient irréfutables, même si
intuitivement ils nous révoltent et semblent faux.
b) le fatalisme
- le fatalisme : de « fatum », destin ; « fari », dire. Le destin, c’est ce qui a été dit par l’oracle
et arrivera inévitablement, puisque ça a été dit et écrit. Se fonde sur le thème nécessitariste
de la connexion de toutes les causes dans une réalité unique
Exemples :
- Sophocle, Œdipe-Roi : malgré lui, quoiqu’il fasse, Œdipe tuera son père et épousera sa
mère
- le Coran : c’est Allah qui vous a créés, vous et vos actes
3) Les différentes solutions possibles : comment rendre compatibles liberté et
déterminisme ?
On pourrait envisager la compatibilité du déterminisme et de la liberté, en soutenant une de
ces thèses :
Nous allons explorer une à une ces solutions possibles à notre problème ; si aucune ne
nous satisfait, alors, nous devrons déclarer incompatibles le déterminisme et la liberté, ou,
plus précisément, nous déclarerons que la liberté n’existe pas.
On peut se rapporter ici aux pièges de la conscience/ expérience immédiate de soi-
même.
Au reste, il est si évident que nous avons une volonté libre, qui
peut donner son consentement ou ne pas le donner, quand
bon lui semble, que cela peut être compté pour une de nos
plus communes notions. Nous en avons eu ci-devant une
preuve bien claire ; car, au même temps que nous doutions de
tout, et que nous supposions même que celui qui nous a crée
employait son pouvoir à nous tromper en toutes façons, nous
apercevions en nous une liberté si grande, que nous pouvions
nous empêcher de croire ce que nous ne connaissions pas
encore parfaitement bien. Or ce que nous apercevions
ditinctement, et dont nous ne pouvions douter, pendant une
suspension si générale, est aussi certain qu’aucune autre
chose que nous puissions jamais connaître.
On peut r épondre à Descartes ainsi qu’au sens commun que rien n’empêche que nous
ayions ce sentiment, et que, en réalité, le monde obéisse à la nécessité et que donc ce choix
soit en réalité déterminé, par des causes ou des mobiles dont je n’ai pas conscience. A
moins de dire avec Descartes que la conscience ne peut jamais nous tromper ; or, nous
avons vu que cette thèse n’était pas fondée, notamment à travers la théorie de l’inconscient.
Spinoza montre dans l’Ethique que nous ne faisons pas l’expérience du libre-arbitre : on
prend seulement l’ignorance des causes pour une expérience de leur inexistence. Nous
sommes réellement déterminés, mais nous avons conscience d’être libres, à cause de
l’ignorance des causes qui nous déterminent
Exemple : se dire libre, c’est être comme une pierre qui aurait conscience de son élan vers
le bas mais ignorerait la loi de la chute des corps.
Spinoza, Lettre 58 à Schuller
Le problème de la thèse de Spinoza, c’est que si elle prend bien acte du fait que,
contrairement à ce que soutenait Descartes, la conscience n’est pas synonyme de
connaissance, mais bien plus souvent d’illusion, elle ignore un des aspects de notre
expérience de la liberté ; en l’occurrence, elle ne peut rendre compte de notre expérience
morale. Elle semble même mener à terme, comme on va le voir, à nier toute moralité, ou à
déclarer vaine la morale.
a) Le remords
Le remords : que faire de ce sentiment, bien réel, et qui suppose que le déterminisme n’est
pas vrai, puisque je me dis alors que j’aurais dû (et donc pu) agir autrement que je ne l’ai fait
?
Faut-il dire que ce n’est qu’une illusion, et que si elle s’est perpétrée, ou si elle est présente
chez tous les hommes, c’est parce qu’elle est socialement utile ?
I.e., soit c’est la sélection naturelle et alors toujours les lois naturelles qui en sont à l’origine,
soit la société, qui en a besoin et l’a donc perpétré en l’homme par habitude ; et alors,
toujours pas de liberté… (cf. Nietzsche, La généalogie de la morale)
b) Liberté et responsabilité
Si nous ne sommes pas absolument libres5 , il semble que nous ne soyions plus
responsables, ou du moins, pas entièrement responsables.
Responsabilité : capacité du sujet à rendre compte de ses choix, non par des déterminations
pulsionnelles, mais rationnelles. Sujet responsable : synonyme d’imputable. A qui on peut
imputer une faute.
Conséquences :
Plus de prisons, plus de punitions puisque nous ne sommes pas entièrement libres de nos
choix. 7
Si nous ne sommes pas libres, quel sens pour la loi morale, qui n’a de loi que le nom (ce
n’est pas une loi au sens de loi physique en tout cas) : une loi morale ne nécessite pas mais
fait appel à notre capacité à choisir entre le bien et le mal. Un animal ne se donne pas de
lois morales !
Nous devons donc par tous les moyens essayer de sauver la liberté de l’homme, car sans
elle, on perd notre moralité. 8
Cf. St Thomas, Somme théologique, I, qu. 83 :
Pour ce faire, ne peut-on pas montrer que le libre arbitre, tel qu’il est défini intuitivement, tel
qu’on l’a trouvé chez Gide, ne correspond pas à la véritable liberté, qu’au contraire, il est un
assujettissement ?
Thèse : le libre arbitre, s’il est compris comme une liberté d’indifférence9 est le plus bas
degré de la liberté ; c’est une « caricature de la liberté ».
Pourquoi cette thèse cartésienne s’applique-t-elle aussi à l’existence de l’acte gratuit ? Parce
que l’acte gratuit serait un acte sans raison, sans motif déterminant ; il présuppose que
moins on a de raisons pour faire ce qu’on fait, plus on est libre. Or, c’est bien ce à quoi
revient aussi au bout du compte l’affirmation de la liberté d’indifférence : rien ne nous
pousse à faire ce qu’on fait (ni cause ni raison, ni mobile ni motif10 ).
Le libre-arbitre (entendu comme liberté d’indifférence ou comme acte gratuit) n’est par
conséquent pas toute la liberté, mais un de ses aspects, peut-être même une de ses
définitions, erronée qui plus est.
La seule liberté d’indifférence existe par rapport à ce que je ne connais pas ou à ce que je
connais mal.
Toutefois, Descartes ne semble pas abandonner tout à fait la définition de la liberté comme
libre-arbitre ou libre choix. Disons plutôt qu’il y aurait deux définitions du libre arbitre, une
négative, et une positive :
1) il y a l’ « arbitrium brutum » (non réfléchi) : les termes de l’alternative sont identiques ; il y
absence de motifs. C’est une liberté hésitante parce qu’aucun des deux termes de
l’aternative n’apparaît comme évident. Cf. Rousseau qui montre bien que la liberté dans
laquelle n’entre nulle réflexion, nul motif, est en fait une liberté d’esclave, puisqu’on obéit à
rien d’autre qu’à ses penchants, aux lois de l’instinct. Cette liberté là ne nous distingurait pas
de l’animal…12
2) le véritable libre arbitre est pour Descartes une liberté qui voit le bien et le mal avec
évidence. On sait ici ce que l’on fait. Que l’on réponde oui ou non, que l’on choisisse le
contraire de ce que l’on voit avec clarté, cela est la plus haute liberté. Pourquoi ce dernier
aspect ? Parce que Descartes se rend compte que si l’on est contraint de suivre ce que l’on
voit avec évidence, alors, on ne peut être dit libre
La véritable liberté, au contraire, s’applique à une action qui a des motifs et des buts. Elle
doit être intentionnelle, projetée, décidée, on doit pouvoir en rendre compte de manière
intelligible, à soi-même comme à autrui. Il y a donc bien quelque chose qui détermine en
quelque sorte mon action, mais ce quelque chose ce n’est pas une cause, une pulsion, un
désir, une force, mon milieu social, etc. (bref, les circonstances extérieures) ; c’est une
raison, un motif.
Descartes s’accorde donc avec la philosophie antique. Pour être libre, il faut voir clair :
mieux je connais ce dont je juge, plus je suis libre. Etre libre, choisir librement, c’est choisir à
la fois son action et les résultats prévisibles de celle-ci, en connaissance de cause.
L’enjeu est fort : en effet, si on enlève de la liberté le caractère de rationalité, de délibération,
alors, on peut dire que n’importe quel être est libre. Un animal, un bébé, et même pourquoi
pas une pierre qui tombe, de l’eau qui coule d’un vase, sont libres, car doués de
spontanéité…
Exercice : que devient l’acte gratuit de Lafcadio ? Est-ce un acte libre ? Et en quoi
finalement ne peut-il dit être gratuit ?
- il n’est pas gratuit : en effet, il se donne un but et réfléchit sur les moyens d’atteindre ce but
; il émane d’une décision
- il n’est pas libre car il émane plus d’une impulsion que de la volonté : il agit sans se
demander si son action est bonne ou mauvaise ; son action est déterminée par un caprice
(il est donc plus agi qu’il n’agit)
Nous venons de définir la liberté comme un choix rationnel. Un choix rationnel, c’est un acte
accompagné de délibération (réflexion sur les moyens et les motifs nous permettant
d’atteindre une certaine fin posée préalablement).
Que doit être le monde afin qu’on puisse être libre en ce sens ? Quelles sont les propriétés
du monde que l’on présuppose toujours quand on exerce le « choix réfléchi » ? C’est cette
dernière question qui va nous occuper dans la partie IV, et qui va donc nous permettre
d’avancer un peut dans le traitement de notre question intiale.
Pour y répondre, il va falloir nous demander sur quoi on délibère ; Aristote y répond dans
Ethique à Nicomaque, III, 5.
1) Elle exclut de son domaine les faits sur lesquels nous n’avons pas de prise
Aristote, Ethique à Nicomaque, III, 5
- les choses en mouvement, domaine de la physique (la physique est la science des
phénomènes se répétant de manière régulière)
Nous ne délibérons pas non plus sur le hasard, la chance, car nous n’avons aucune prise sur
cela.
2) Domaine : les « affaires humaines »
(suite)
Par contre, tout ce qui arrive par nous et dont le résultat n’est
pas toujours le même, voilà ce qui est l’objet de nos
délibérations : par exemple, les questions de médecine ou
d’affaires d’argent… La délibération a lieu dans les choses qui,
tout en se produisant avec fréquence, demeurent incertaines
dans leur aboutissement ainsi que là où l’issue est
indéterminée…
Son objet est donc constitué par ce qui est en notre pouvoir et sur quoi nous pouvons agir.
I.e. : « tout ce qui arrive par nous et dont le résultat n’est pas toujours le même ». Ce sont les
choses qui, tout en se produisant avec fréquence, sont incertaines quant à leur
aboutissement. Il y a une certaine régularité, ce qui s’oppose au hasard : sinon, on serait
dans le domaine de ce sans quoi nous n’avons aucune prise.
Aristote nomme ce domaine le domaine de la contingence ou encore le domaine des
affaires humaines (aujourd’hui : le probable). Cette dernière appellation vient du fait que
c’est grâce à la contingence et dans la contingence seule que peuvent s’exercer toutes les
actions/ délibérations humaines ; et également du fait que contrairement au raisonnement
mathématique, les décisions ne vont pas être aussi rigoureuses, si infaillibles. On retrouvera
ici l’histoire, l’éthique, l’esthétique…
Afin que la délibération rationnelle, la vraie liberté, ne soit pas illusoire, il faut donc qu’il
existe des choses qui n’arrivent pas nécessairement, qui ne soient pas strictement
soumises au déterminisme. Que le déterminisme ne soit pas universel. Il doit y avoir dans le
monde des choses qui réellement sont indéterminées. On affirmerait ici la possibilité de
l’existence d’une indétermination réelle, ce qui diffère d’une indétermination qui serait le fruit
d’une ignorance de notre part, d’un défaut de connaissance. La délibération et le choix
viennent de la nature du monde, non de notre ignorance.
L’avenir doit donc être non déterminé, pour que nous puissions choisir (librement). Il y a
dans tout choix de multiples possibilités qui sont envisagées, et sans doute toutes ces
possibilités pourraient être à l’avenir. Mais seule adviendra l’une d’elles (celle que j’aurai
choisie). Cela implique que dans le monde il y a des choses qui peuvent être ou ne pas être,
qui peuvent être ainsi ou être autrement qu’elles ne le sont.
Il nous faut donc prouver que le monde n’obéit pas strictement à la nécessité14 , afin de
sauver l'existence de la liberté.
Nous allons pour ce faire lire un grand texte de Leibniz, issu de la Théodicée; je conseille
aussi, parallèlement, la lecture du texte d'Aristote issu du De Interpretatione, Chapitre IX, sur
les futurs contingents. Ces deux textes montrent non seulement que la contingence existe,
que tout n'est pas strictement déterminé, et que le déterminisme, si on comprend bien sa
signification, ne s'y oppose nullement (donc : il ne s'oppose sans doute pas à l'existence de
la liberté)
Leibniz, Théodicée, § 85 16
1- Quelles sont les différentes sortes de fatalisme? En quoi se distinguent-ils entre eux?
3- Pourquoi est-ce un sophisme? Quelle est la plus confusion logique opérée par le
fatalisme?
5- Pourquoi le fait que ce soit un sophisme montre bien qu'il doit y avoir de l'indétermination,
de la contingence?
1-
conséquence : produit un
contentement, une quiétude
Conséquence : on imagine conséquence : produit une
de l’âme, qui sait que tout
les événements détachés patience forcée, sans
ce qui lui arrivera est inscrit
de leurs causes espérance
dans le meilleur des
mondes17
2- Puisque tout est déterminé par avance, alors, rien ne sert d'agir : quoique je fasse, cela
arrivera de toute façon.
4- Cf. dernier §
Enjeu : intéressante solution, car elle permet d’affirmer que l’homme est libre, tout en
n’opérant pas une coupure entre l’homme et l’univers. La nature de l’univers elle-même,
permet à l’homme d’être libre.
Cf. fait que ce qui est nécessaire, ce sont les lois de la nature. Mais dans la nature, ce qui
existe n’est pas général mais particulier. Le particulier est bien, il me semble, contingent !
Exemple : s’il est nécessaire que la pierre tombe selon la chute des corps, il ne l’est pas
qu’elle tombe (le déterminisme vaut des lois de la nature, il s'affirme du général, pas du
particulier, qui, lui, est contingent)
Cf. aussi le célèbre exemple d'Aristote (op. cit.) : "il est nécessaire que demain, il y aura une
bataille navale ou il n'y en aura pas" : ce qui est nécessaire, dit Aristote, c'est l'alternative
("ou"). L'une des solutions arrivera nécessairement. Mais, jusqu'à demain, l'une ou l'autre des
solutions peut très bien advenir : cela n'est pas déterminé ou nécessaire.
Le déterminisme n'a donc aucune raison de s'opposer à la liberté, bien au contraire. Cf. fait
que loin d'être l’antithèse de la liberté, il peut tout à fait permettre une libération (il
n’empêche pas que l’homme puisse agir sur lui !).
N'est-ce pas après tout le présupposé même de la psychanalyse? Cf. fait que connaître les
causes qui nous déterminent à faire ce qu'on fait, est libérateur.
De même, la sociologie : quand Durkheim cherche quelles sont les causes sociales et
réelles du suicide, il cherche surtout par là un moyen de lutter contre ce phénomène social.
On pourra ici réfléchir sur la différence entre "influence" et "déterminisme". La notion
d'influence est plus large que celle de déterminisme, au sens où, pour reprendre l'expression
célèbre de Leibniz, il peut y avoir influence sans nécessité. Par exemple, plutôt que de dire
que nous sommes déterminés par notre passé, par notre éducation, notre milieu social, etc.,
pourquoi ne pas dire que nous sommes "influencés"? Ie, que ces causes ne sont pas
nécessitantes, mais qu'elles influent seulement sur nous?
Je peux toujours trouver une personne qui a été violée dans son enfance, ou battue par ses
parents, ou des parents alcooliques, qui pour autant n'ont pas de traumatismes, qui pour
autant ne sont pas eux-mêmes alcooliques, etc. De même, certaines personnes issues de
milieux sociaux très modestes accèdent aujourd'hui à des métiers que l'on place haut dans
l'échelle sociale, etc.
Il faut donc dire que nous sommes "en gros" déterminés, ie, influencés seulement mais pas
nécessités. Nous ne sommes donc pas déterminés à faire ce que nous faisons.
Cf. Durkheim : de quelles causes nous parle-t-il, quand il nous parle de causes sociales
déterminentes? Influent-elles ou nécessitent-elles? Il semblent qu'elles influent seulement :
- d'abord, il y a concomitance (ce qu'on sait c'est que tel effet va avec telle cause)
- ensuite, il y a généralité, statistique : si tous les cas ne tombent pas sous la règle, alors, il
n'y a pas nécessité
BIBLIOGRAPHIE
A. Camus et A. Koestler, Réflexions sur la peine capitale, Presses Pocket, Agora, 1979
Camus, Caligula (où l’on voit que le passage à l’acte du criminel est l’expérimentation d’une
liberté suprême et la preuve de son pouvoir sur la vie)
C. Carr, L’aliéniste, Presses Pocket (roman) ; L’ange des ténèbres, ib. (le criminel est-il
responsable de ses actes ? Est-il un monstre, un fou ? etc.)
K. Levin, Crime, (roman)
St. Mc Call, Incline without necessitating, Dialogue, 24, 1985, pp. 589-96
T. Nagel, Qu’est-ce que tout cel veut dire ?, une très brève introduction à la philosophie,
L’Eclat, 1995
Spinoza, Lettre 58
Notes
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