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clinic focus

Échecs en implantologie
P
endant de nombreuses années, le terme im- n la radiographie montre une perte osseuse marginale
plant dentaire a été synonyme de complica- et un espace péri-implantaire radio clair
tions et d’échecs.
La mise au point par le professeur Brånemark et ses L’expulsion spontanée de l’implant est relativement rare.
collaborateurs d’un matériel fiable, d’une méthode L’échec est souvent consécutif à un traumatisme pen-
rigoureuse et très codifiée a permis de limiter les com- dant la chirurgie de mise en place des implants ; un
plications et les échecs. échauffement lors du forage du site osseux receveur
L’implantologie est devenue une méthode thérapeu- et/ou une surpression lors de l’immobilisation pri-
tique crédible, aux indications précises et dont les maire de l’implant.
études ont confirmé l’excellent pronostic à long terme Le traitement curatif consiste à déposer dans les plus
des implants dentaires avec un fort taux de succès brefs délais l’implant fibro-intégré ; cette dépose s’ac-
Dr Thierry BRINCAT (Adell et coll. 1981, 1990 ; Albrektsson et coll. 1998, compagne d’un curetage minutieux du site inflamma-
 hirurgie dentaire
nC
1993 ; Engquist et coll. 1988). toire.
(Toulon) La mise en place d’implants dans les maxillaires reste Bert préconise de remettre en place dans un délai de 8
 xercice exclusif en
nE
néanmoins un acte chirurgical, qui expose comme à 10 semaines.
chirurgie et prothèse toute opération à certaines complications (Adell et
implantaire
 iplôme en chirurgie et
nD
coll. 1981 ; Tulasne et Riacchi, 1991 ; Davarpanah et Absence d’ostéointégration
coll. 1996).
prothèse implantaire Les échecs peuvent apparaître à tous les stades de la Le contrôle de l’ostéointégration de l’implant (chirur-
Université Claude thérapeutique implantaire ; pendant la période de ci- gie de mise en fonction si technique 2 temps) après un
Bernard Lyon catrisation initiale (période d’enfouissement pour les délai de 2 à 3 mois de cicatrisation est l’étape décisive
implants en 2 temps chirurgicaux), lors de la mise en du traitement dans son ensemble.
charge (mise en fonction pour les implants en 2 temps L’absence d’ostéointégration de l’implant peut être
chirurgicaux) : c’est l’absence d’ostéointégration la constatée de plusieurs manières :
cause la plus fréquente de l’échec. ns on incorrect à la percussion ; un son « mat » est le
Puis viennent les pertes d’ostéointégration de l’im- signe d’une interposition fibreuse à l’interface os/
plant à court terme dans les premiers mois de la mise implant
en charge prothétique et les pertes d’ostéointégration nm obilité de l’implant ; la mobilisation de l’implant
à long terme. peut être testée lors des différentes manœuvres de
vissage et de dévissage de la vis de cicatrisation
Dr Sylvain NOVO
Échec postopératoire de l’implant nd ouleurs lors des manœuvres de dévissage et vis-
n Chirurgie dentaire sage même si l’implant ne peut pas être mobilisé
(Toulon)
pendant la phase de cicatrisation
n Parodontologie - Après les premières semaines suivant la mise en place Tout implant non ostéointégré doit être retiré. L’al-
Implantologie des implants, l’apparition d’une fistule traduit l’exté- véole de l’implant est curetée pour éliminer toute
riorisation d’un phénomène inflammatoire pouvant trace de tissu conjonctif. Il sera peut-être nécessaire
avoir plusieurs étiologies dont la plus conséquente est de reconstruire dans le même temps ou dans un deu-
l’échec de l’ostéointégration de l’implant (Tulasne et xième temps opératoire, le site osseux lésé, par des
Riacchi 1991). techniques de régénération osseuse (matériau de com-
blement associé à une membrane résorbable ou non
Cette fistule s’accompagne en général de signes cli- résorbable) voire par une greffe d’apposition en fonc-
niques et radiologiques : tion de la perte osseuse.
np  résence d’une suppuration avec une inflammation
localisée du tissu gingival en regard de la zone im- Perte d’ostéointégration des
plantée
n l e trajet fistuleux par sondage permet d’atteindre le
implants
filetage de l’implant
nu  ne douleur violente ne cédant pas aux antalgiques
Perte d’ostéointégration de l’implant à
peut être décrite par le patient court terme
nd  ans certains cas, pour les implants en 2 temps, il y Les pertes d’ostéointégration à court terme sur-
a apparition de la vis de couverture viennent dans les premiers mois suivant la mise en
nu  ne pression sur la vis de couverture de l’implant charge prothétique de l’implant.
(technique 2 temps) ou sur la vis de cicatrisation Dans un délai généralement bref après la réalisation
(technique 1 temps) génère une sensibilité prothétique apparaît une gène lors de la mastication.

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AP 2
AP F

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Cas clinique n°1


L’examen radiographique rétro-alvéolaire montre
1 2 de manière inconstante un espace radio clair et/
ou une perte osseuse marginale (péri-implantaire).
Certains auteurs parlent de cratérisation.
L’inflammation gingivale en regard de l’implant est
presque systématique, mucosite péri-implantaire
(lésion des tissus mous superficiels), péri-implantite
(lésions des tissus mous profonds).
L’examen clinique peut aussi déceler une douleur
à la pression accompagnée d’une mobilité de l’im-
Fig. 1 et 2 : extraction implantation immédiate de 22 fracturée porteuse d’une restauration prothétique céramo-­métallique, on
peut constater une perte quasi-totale de la corticale osseuse vestibulaire, facteur d’échec non négligeable selon Bert 1996 plant lorsque la prothèse est démontée.

3 4 L’étiologie d’un échec d’ostéointégration à court


terme peut être liée :
nà la qualité du tissu osseux, os de type 4
nà la mise en charge prématurée de l’implant alors
que l’interface est constituée de tissu ostéoïde et
en quantité insuffisante
na u fait que le rôle de la prothèse provisoire per-
mettant une mise en charge de manière progres-
sive de l’implant, en particulier dans les os de
Fig. 3 et 4 : une régénération osseuse guidée est associée à la technique d’extraction–implantation immédiate afin de corriger le
défaut osseux vestibulaire
type 3 ou 4, ou en présence de racines artificielles
courtes (6/8 mm), est d’importance primordiale
5 Fig. 5 et 6 : 6 nà une mauvaise exploitation du volume osseux
repositionnement coronaire
du lambeau permettant
disponible entraînant des surcharges fonction-
une fermeture hermétique nelles
du site opératoire et
radiographie de contrôle
nà la présence d’une microflore sous-gingivale
complexe ; l’échec implantaire infectieux et bac-
térien est consécutif à une augmentation et une
modification qualitative de bactéries spécifiques
(péri-implantites)

7 8 9

Fig. 7 : présence d’une suppuration avec une inflammation Fig. 8 : réalisation d’un lambeau mucopériosté 3 mois après Fig. 9 : greffe osseuse d’apposition localisée en 12 après
localisée du tissu gingival en regard de la zone implantée la dépose de l’implant ; noter la perte osseuse importante prélèvement ramique effectué au niveau du secteur
à 10 jours ; une douleur violente ne cédant pas aux dans le sens vestibulo-palatin nécessitant de faire appel à mandibulaire gauche
antalgiques est décrite par le patient nécessitant la dépose de une greffe osseuse d’apposition
l’implant fibro-intégré

10 11

Fig. 11 : vue vestibulaire de la couronne définitive céramo-


métallique (Dr Lévita M.), le collet de l’incisive latérale sur
implant est en situation identique à la tangente passant par
les collets de l’incisive centrale et de la canine ; toutefois, le
feston de l’incisive latérale est légèrement plus apical que
le niveau de l’incisive controlatérale, petit défaut esthétique
n’ayant aucune incidence lors du sourire du patient
Fig. 10 : mise en place chirurgicale à 4 mois d’un implant
Astra 3,5/13 mm, technique enfouie pendant une période
de 2 mois

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Cas clinique n°2 Traitement


Si l’implant est douloureux à la pression et mobile,
12 13 il sera impératif de le déposer en associant des tech-
niques de régénération osseuse guidée et d’intervenir
en deuxième intention, meilleur choix thérapeutique
préservant ainsi le capital osseux résiduel.
En présence d’une péri-implantite sans mobilité de
l’implant, la thérapeutique doit être adaptée au cas cli-
nique et est fonction de multiples critères (profondeur
de la poche péri-implantaire, présence d’un saigne-
ment ou d’une suppuration, niveau osseux).
Fig. 13 : dévissage du pilier implantaire en juin 2010, le
patient consulte 8 mois après ce problème structurel ayant
pour conséquence une fracture du col de l’implant La thérapeutique des maladies péri-implantaires est
Fig. 12 : édentation unitaire postérieure compensée par
une restauration implantaire céramo-métallique scellée ;
peu prévisible. Elle se veut étiologique en éliminant la
radiographie de contrôle de mai 2005 plaque bactérienne (désinfection et détoxication).
Selon certains auteurs (Mombelli et coll. 1992, Mat-
tout et coll. 2009), si la surface implantaire est par-
14 15
faitement nettoyée et décontaminée, on peut indiquer
une technique de régénération osseuse guidée (mem-
brane non résorbable).

Perte d’ostéointégration des implants à


long terme
Les pertes d’ostéointégration des implants à long
terme signifiant la transformation de l’interface os-
Fig. 14 et 15 : dépose de l’implant fracturé (février 2011) à l’aide de la piezochirurgie afin de préserver au maximum l’os seuse en interface fibreuse sont causées :
résiduel np ar des problèmes prothétiques, en particulier occlu-
saux, générant des surcharges fonctionnelles dépas-
16 17 sant le seuil de tolérance du tissu osseux
np ar l’apparition a posteriori de parafonctions
(bruxomanie)
np ar une hygiène insuffisante ou mal adaptée aug-
mentant considérablement la résorption osseuse
marginale (microflore complexe révélant une mi-
crobiologie particulière des « péri-implantites »)

Échec d’ordre mécanique : fracture


18 de l’implant
Fig. 16 à 18 : mise en place immédiate d’un implant de
plus gros diamètre afin d’obtenir une stabilisation primaire Adell et coll. en 1981 dans leur étude initiale à 15 ans
associée à une technique de régénération tissulaire guidée
signalent 3,5 % de fracture d’implant.
C’est la complication prothétique la plus grave car elle
peut mettre en cause la restauration prothétique.

La fracture de l’implant peut être liée à plusieurs fac-


teurs :
nd  es contraintes occlusales
20
n l a nature des faces occlusales : Adell et Coll. en
19 1981 signalent un abaissement significatif des frac-
tures d’implant avec des faces occlusales en résine
nu  n défaut d’ajustage de l’armature métallique
nd  es dévissages des pièces prothétiques intermé-
diaires aussi bien en prothèse vissée qu’en prothèse
scellée

La fracture de l’implant s’observe toujours sur des im-


plants présentant une résorption osseuse rapide avec
Fig. 19 et 20 : résultat prothétique et contrôle radiologique de la nouvelle restauration en septembre 2012 perte d’os d’environ 2,5 à 3 mm.
L’implant se fracture lorsque le cône de résorption

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osseuse se situe sous le niveau de la vis du pilier dans 3. Adell et coll.- A long terme follow-up study of osseo-integrated implants
of totally edentulous jaw. Int. J. Oral Maxillofac. Implants, 1990,5 : 347-
le filetage interne de l’implant. 359.
La fracture de l’implant est diagnostiquée soit par un
4. Albrektsson et coll.- A multicenter study of osseo-integrated oral im-
problème gingival de type fistule, soit par une mobi- plants. J. Prosth. Dent., 1988a, 60 : 75-84.
lité anormale de la restauration prothétique, soit par 5. Albrektsson - On long term maintenance of the osseo-integrated reponse.
une constatation radiographique. Austral. Prosth. J., 1993, 7 : 15-24.
6. Engquist et coll. - A retrospective multicenter evaluation of osseo-inte-
La seule solution raisonnable reste sa dépose à l’aide graed implants supporting overdentures. Int. J. Oral Maxillofac. Implants,
soit d’un trépan adapté réservé à cet usage, soit par 1988, 3 : 129-134.
l’utilisation de la piezochirurgie, soit en utilisant un 7. Tulasne et Riacchi – Complications des implants dentaires. J. de Paro. et
extracteur « tourne à gauche ». Implanto. Orale, 1991, 10 : 219-225.
Il est nécessaire d’attendre la cicatrisation osseuse 8. Davarpanah et coll. –Complications et échecs de l’ostéointégration. J. de
paro. et implanto. Orale, août 1996, vol n°3.
avant d’envisager la remise en place d’un nouvel
­implant. u 9. Bert – Complications et échecs en implantologie. Éditions CDP, 1994
10. Jaffin, R ; Berman, C.L : The exessive loss of Brånemark fixtures in
type IV bone : a 5-year analysis. J. Periodont. 1991, 62 : 2. 4.
Bibliographie

Pendant 6 mois puis 39€/mois - Hors frais de création - Sans durée d’engagement
11. Brincat Th. – Complications et échecs en Chirurgie et Prothèse implan-
1. Brånemark, P.I ; Hanson, B.O ; Adell, R ; Breine, U ; Lindstrom, J ; Hal- taires. Mémoire pour le diplôme universitaire de chirurgie et prothèse im-
len, O ; Oham, A ; Osseointegrated implants in the treatment of the edentu- plantaires. Université Claude Bernard. Lyon : 1993 - 1994.
lous jaw. Experience from a 10-year period. Scand. J. Plast. Reconstr.Surg.
12. Mombelli A .- Antimicrobial treatment of peri-implant infections. Clin.
1997, 1 (Suppl. 16) : 111.132.
Oral Implants Res. 1992 dec ; 3(4) : 162-8.
2. Adell et coll.- A 15 years study of osseo-integrated implants in the treat- 13. Mattou et coll. – Les maladies péri-implantaires, prévalence, étiologie et
ment of edentulous jaw. Int. J. Oral Surg, 1981, 10 : 387- 416. abords thérapeutiques ; J.P.I.O. – sept. 2009 Vol.28 n° 3.

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