Interets de L'implantologie en Prothese Maxillo-Faciale (PDFDrive)
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Interets de L'implantologie en Prothese Maxillo-Faciale (PDFDrive)
Année : 2007
INTERETS DE
L’IMPLANTOLOGIE EN
PROTHESE MAXILLO-FACIALE
Présentée
et soutenue publiquement par
HODE Guillaume
Né le 21 février 1981
1
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION 8
2
6.2.4. Implants 48
7. Comparaison entre prothèse maxillo-faciale et chirurgie reconstructrice 50
1. Historique 52
2. Concept de l'ostéointégration 52
3. Matériaux utilisés en implantologie : le titane 53
3.1. Biocompatibilité et biofonctionnalité 53
3.2. Propriétés du titane (physiques, chimiques, biologiques) 54
4. Paramètres à prendre en compte pour l'ostéointégration 56
4.1. La qualité et quantité osseuse 56
4.2. Le volume osseux 57
4.3. L’aire d'implantation 58
4.4. Le protocole chirurgical 58
4.5. L’immobilité 58
5. Critères de succès de l'ostéointégration 59
5.1. Mobilité de l'implant 59
- test de percussion 59
- analyse de la fréquence de résonance 60
5.2. Analyse radiographique 60
5.3. Les critères subjectifs 61
5.4. Evaluation de la durée de vie 61
6. Les différents implants 61
6.1. Implants intra-oraux 62
6.1.1. La longueur 62
6.1.2. Le diamètre 62
6.1.3. L’état de surface 63
6.2. Implants extra-oraux 63
6.2.1. Les implants endo-osseux. 63
6.2.2. Les implants juxta-osseux ou implants-plaques 64
7. Protocole chirurgical de la pose d'implant 65
7.1. Le premier temps chirurgical 66
7.2. Le second temps chirurgical 66
8. Les différents moyens de fixation implant – prothèse 67
8.1. La fixation mécanique 67
8.2. La fixation magnétique 67
9. Implantologie oro-faciale sur terrain irradié 68
9.1. Contre-indications de l'implantologie en terrain irradié 69
9.1.1. Contre-indications absolues 69
9.1.2. Contre-indications relatives 69
9.2 Facteurs influençants l'ostéointégration dans un tissu irradié 71
9.2.1. La dose de radiation 71
9.2.2. Le site implantaire 72
9.2.3. Le délai entre l'irradiation et la pose des implants 73
9.2.4. Le délai avant la mise en charge 73
9.2.5. L'oxygénation hyperbare 74
- Intérêts 74
3
- Protocole 74
- Contre-indications et complications 75
- Les effets sur l'ostéointégration 76
9.3. Irradiation après implantation 78
9.4. Conduite à tenir chez les patients irradiés dans le protocole chirurgical 79
9.5. L'ostéoradionécrose 80
9.5.1. Définition 80
9.5.2. Physiopathogénie 82
9.5.3. Traitements 82
- Traitement médical 83
- Traitement chirurgical 83
9.5.5. Prévention 83
4
2.1. Au niveau chirurgical 109
2.2. Au niveau carcinologique 111
2.3. Au niveau esthétique 111
2.4. Au niveau psychologique 112
2.5. Au niveau économique 114
2.6. Au niveau prothétique 114
2.6.1. Au niveau de la cavité buccale 115
2.6.1.1. Au maxillaire 115
2.6.1.2. A la mandibule 116
2.6.2. Au niveau facial 117
2.6.2.1. Région auriculaire 117
2.6.2.2. Région orbito-palpébrale 118
2.6.2.3. Région nasale 118
2.6.2.4. En cas de perte de substance étendue 119
CONCLUSION 120
5
TABLES DES ILLUSTRATIONS
Figure 4: Classification de Okay. D’après Okay D. et Coll. 2001 [58] avec l’autorisation
de Editorial Council of the Journal of Prosthetic Dentistry 24
Tableau 3: Différents grades de titane commercialement pur (Ti Cp). D’après Muster D.
et Coll. 1999 [53] avec l'autorisation d'Elsevier Masson. 55
6
Figure 16: Description des différents éléments constituants les moyens de fixation.
D’après Sabin P. et Coll. 1993 [78] Masson Editeur 68
Figure 18: Classification des sites cranio-faciaux, vue de profil. D’après Jensen OT. 1992
[43] 92
Figure 19: Classification des sites cranio-faciaux, vue de face. D’après Jensen OT 1992
[43] 92
Figure 21 : Implant extra-oral positionné dans le plancher antérieur des fosses nasales
selon un angle de 60° par rapport à un plan horizontal 99
Figure 24a: Perte de l’œil après une mutilation par arme à feu 104
7
Figure 24c: Piliers vissés aux implants 104
Tableau 8: Récapitulatif concernant la mise en place des implants au niveau des sites
extra-oraux 107
Figure 25: En gris foncé les zones d’implantation temporale, nasale et orbitaire. D’après
Badie-Modiri B. et Coll. 2001 [10] Masson Editeur 107
8
INTRODUCTION
Le recours à une prothèse maxillo-faciale est resté depuis son origine relativement
marginale. Ceci est dû aux problèmes des moyens de fixation de ces prothèses qui ne
présentaient pas toutes les garanties de fiabilité ou de simplicité d’utilisation souhaitable.
Les pertes de substance de la sphère oro-faciale qu’elles soient d’origine congénitale
ou acquise présentent toujours des difficultés de réhabilitations. Ces défects ont bien
évidemment un retentissement psychologique important et il est indispensable de pouvoir
proposer au patient le meilleur moyen de réhabilitation. La chirurgie reconstructrice offre une
solution intéressante mais elle ne permet pas de faire face à toutes les situations cliniques.
Grâce aux travaux du Professeur Brånemark, sur les implants en titane à ancrage
osseux comme moyen de fixation des prothèses, il est désormais possible d’envisager
différemment l’indication des prothèses maxillo-faciales. Mais il existe encore aujourd’hui
certaines controverses notamment quant à son utilisation sur un terrain irradié.
Cette réhabilitation implanto-portée apporte une solution aux problèmes esthétiques et
fonctionnels ; de surcroît les contre-indications absolues restent exceptionnelles. Elle a permis
de réduire les inconvénients des autres types de fixations. L’apport de l’implantologie au
niveau intra-oral et extra-oral est indéniable. Nous aborderons à travers cette analyse les
avantages de ces derniers dans le traitement pluri-disciplinaire des patients.
9
Chapitre I :
GENERALITES SUR LA PROTHESE MAXILLO-FACIALE
• L’Antiquité
Des archéologues ont découvert dans les tombeaux de l’ancienne Egypte, des masques
faciaux appliqués sur le visage des momies. Il devait s’agir de prothèses destinées à cacher les
dégradations avec le temps du visage du mort.
Des restaurations artificielles, datant du II ème siècle avant J-C, ont été retrouvées en
Chine. Elles devaient servir de prothèses nasales ou auriculaires. Elles sont en bois, en terre
cuite, en cire ou en métal recouvert de laque.
10
des lacets passés autour de la nuque et complétées par de fausses moustaches. Appelé « Père
de la chirurgie moderne», Ambroise Paré est aussi celui de la prothèse maxillo-faciale.
11
• Le XX ème siècle
Les deux Grandes Guerres de ce siècle, génératrices de graves mutilations faciales, ont
incité les spécialistes à améliorer leurs techniques et à rechercher des matériaux plus fiables,
plus esthétiques et mieux tolérés.
L’apparition des résines synthétiques a permis d’améliorer considérablement les
méthodes d’appareillages des pertes de substance de la face.
La fabrication des prothèses fait appel à deux classes de matériaux plastiques : les
résines dures et les matériaux souples.
Les résines dures les plus utilisées restent les résines acryliques. Matériaux de
référence en prothèse dentaire, elles sont aussi employées pour la reconstitution de la
mandibule après résection partielle ou totale, et pour les prothèses obturatrices destinées à
appareiller les défects palatins ou les fentes faciales congénitales.
Les matériaux souples sont pour la plupart destinés à la confection d’épithèses
faciales. Les chlorures de polyvinyle (PVC) et les élastomères de silicones sont deux
matériaux de choix en prothèse maxillo-faciale. Les premiers présentent cependant
l’inconvénient de changer de teinte au contact des sécrétions de la peau et à l’exposition
prolongée à la lumière. Quant aux seconds, ils sont très stables, conservent leurs propriétés
longtemps, résistent à la chaleur, aux rayons ultraviolets, sont insensibles aux liquides
organiques et à la plupart des substances chimiques agressives. Néanmoins, leur mise en
œuvre est plus délicate que celle des PVC.
Au fil des siècles, l’amélioration des matériaux a permis de réaliser des prothèses à la
fois esthétiques et beaucoup plus confortables pour les patients. Aujourd’hui, les épithèses
présentent un aspect, une consistance et une souplesse proche de ceux des téguments naturels.
12
2. Définition de la prothèse maxillo-faciale
La prothèse maxillo-faciale reste une discipline mal connue tant par sa terminologie
que sur son champ d’activité. On peut définir la prothèse maxillo-faciale comme l’art et la
science de la reconstruction artificielle du massif facial dans les cas de pertes de substance
acquise ou de malformations congénitales [67].
Nous aborderons dans ce chapitre uniquement les fentes faciales et les syndromes
associés.
13
Les divisions labio-maxillaires constituent une dysmorphose qui affecte 1 sur 500 à 1
sur 700 naissances vivantes en Europe, avec des variations selon l’ethnie, l’origine
géographique, le statut socio-économique des parents et le sexe.
Elles sont la conséquence d’un défaut de fusion des bourgeons nasal interne et
maxillaire supérieur. Quant aux divisions labio-maxillaires avec division vélo-palatine, elles
ont pour origine un défaut de fusion entre le bourgeon maxillaire supérieur, le bourgeon nasal
interne et le bourgeon maxillaire supérieur controlatéral.
Elles peuvent se présenter sous une forme unilatérale ce qui entraîne une bipartition
asymétrique du massif facial, ou bien sous une forme bilatérale ayant pour conséquence une
tripartition du massif facial.
Parfois on peut rencontrer des divisions vélo-palatines isolées allant de la simple
bifidité de l’uvule à la division vélaire et palatine complète. Ces dernières ont pour origine un
défaut de fusion des bourgeons maxillaires supérieurs.
Ces anomalies de fusion sont toujours très stables topographiquement, et dans la
majorité des cas leur étiologie est polygénique ou multifactorielle. Selon la variété de la forme
clinique, les troubles fonctionnels et esthétiques diffèrent.
14
Figure 1 : Perte de substance d’origine congénitale chez un homme de 60 ans
¾ Le syndrome de Goldenhar
Parfois cette maladie peut être associée à une fente labio-maxillaire et vélo-
palatine.
15
3.2. Les pertes de substance d’origine acquise
Les traumatismes volontaires comprennent les tentatives d’autolyse par arme à feu
constituant la première cause des traumatismes balistiques de la face (avec 24 % de suicidés
par arme à feu en France). L’arme utilisée est le fusil de chasse en milieu rural et plutôt l’arme
de poing en zone urbaine.
Les dégâts occasionnés dépendent de la nature de l’arme employée : le fusil de chasse
le plus souvent utilisé canon appliqué sous le menton entraîne de graves dégâts de l’étage
mandibulaire et peut épargner plus ou moins l’étage moyen de la face et du crâne. Si le canon
est introduit en bouche ou sur la tempe : les lésions faciales hautes délabrantes et
cranioencéphaliques prédominent.
L’étendue des lésions est comparable aux séquelles liées aux chirurgies résectrices
tumorales. Mais à la différence de ces dernières, les tissus avoisinants sont sains, non irradiés
et les sujets présentent un état général plutôt satisfaisant.
L’étage inférieur est reconstruit, avec de bons résultats, par des techniques de greffes
osseuses, de lambeaux et/ou de distraction ostéogénique. La reconstruction de l’étage moyen
est beaucoup plus délicate, et le recours à la prothèse maxillo-faciale semble une bonne
indication.
Les traumatismes involontaires sont en rapport avec des accidents de la voie publique,
des accidents domestiques et du travail, de loisirs (ball-trap, chasse), des tentatives
d’homicides, des faits de guerre à l’origine de plaies balistiques.
16
Figure 2: Panoramique d’un patient après un accident de chasse
Dans une moindre mesure, mais tout aussi terrible pour le patient, il faut tenir compte
des pertes de substance secondaires avec ou sans perte de substance initiale. Elles ont pour
origine des phénomènes de dévascularisation et/ou d’infection, entraînant des nécroses et des
éliminations de séquestre.
17
3.2.2. Les infections
18
position chez la femme ; et de la huitième cause de décès (environ 7500 morts en 2000 soit
3,4 % des décès par cancers).
Le sex ratio est estimé à 6,9 ; et la survie relative à 5 ans est estimée à 35 %.
En terme d’incidence, on compte environ 15000 nouveaux cas tous les ans en France,
et ils représentent 5,5 % des cancers incidents c’est-à-dire le risque de développer un de ces
cancers au cours de sa vie.
Le sujet à risque le plus élevé de présenter un carcinome épidermoïde des voies aéro-
digestives supérieures reste actuellement un homme de plus de 45 ans, issu d’un niveau socio-
économique moyen ou inférieur, gros consommateur de tabac et d’alcool, présentant un
mauvais état bucco-dentaire, évitant les acteurs de santé habituels. Actuellement, on assiste à
une féminisation de cette pathologie.
Les principaux facteurs de risque pour ces tumeurs sont la consommation d’alcool et de tabac
dont les effets sont synergiques et non additionnels.
• Le tabac
22 % des morts par cancer sont imputables au tabac ; et 80 à 96 % des sujets porteurs
d’un cancer de la cavité buccale sont des fumeurs. Les études de Kellers [12] précisent la
relation entre l’intensité de la consommation tabagique et le risque d’apparition d’un cancer :
pour un risque de 1 chez le non fumeur, il est de 1,52 si la consommation est de 20 cigarettes
19
par jour. Plus le tabagisme est ancien et important, plus le risque de cancer augmente. Il existe
un seuil critique du risque, évalué à 1 paquet de 20 cigarettes par jour pendant 20 ans. Après
arrêt de cette intoxication, ce risque baisse progressivement.
• L’ alccol
A une moindre échelle, certains types de l’Human Papilloma Virus sont cancérigènes.
Souvent associé à l’alcool et/ou au tabac, il est néanmoins difficile de considérer une
mauvaise hygiène orale comme responsable de la survenue de certains cancers.
20
Leur fréquence et leur topographie est très variable : ils se localisent
préférentiellement au niveau de la langue, du plancher buccal et de l’oro-pharynx. Les lésions
se présentent sous différents aspects : forme ulcéreuse, végétante, ulcéro-végétante, érosive ou
de nodule. La forme ulcéreuse est la plus répandue : l’ulcération repose sur une base indurée,
plus ou moins étendue en profondeur, qui saigne en général à la palpation de la lésion. A
l’inspection, la lésion présente des bords irréguliers et surrélevés, et un fond végétant ou
bourgeonnant. Quant à la muqueuse environnante, elle est saine ou légèrement congestive.
Devant une lésion de carcinome épidermoïde, le praticien doit effectuer un bilan initial
qui repose sur des examens précis et bien codifiés.
Il débute par un bilan clinique basé sur l’interrogatoire, l’appréciation de l’état général,
et les examens cliniques proprement dits : endobuccal et exobuccal, régional et général.
L’examen exobuccal est centré sur la palpation des aires ganglionnaires cervicales
(submentales, submandibulaires et jugulo-carotidiennes) à la recherche d’éventuelles
adénopathies associées : en effets certains cancers sont très lymphophiles. L’examen du
revêtement cutané est tout aussi important.
L’examen endobuccal permet d’apprécier la localisation de la lésion et d’évaluer l’état
bucco-dentaire.
Suite à ces examens, une biopsie peut être effectuée afin d’affirmer le diagnostic.
Le bilan radiologique repose toujours sur la radiographie panoramique dentaire
évaluant d’une part l’état dentaire et d’autre part les possibles lyses osseuses néoplasiques qui
signent en général un envahissement osseux. Les progrès de l’imagerie médicale a permis
aussi l’acquisition d’images de plus en plus précises et indispensables à l’exploration des
parties dures et molles du corps humain.
La tomodensitométrie cervico-faciale permet une excellente évaluation des structures
osseuses dans les trois plans de l’espace (frontal, sagittal, transversal) et guidera le chirurgien
maxillo-facial dans sa thérapeutique.
Pour explorer et apprécier un possible envahissement des parties molles, l’imagerie
par résonance magnétique (IRM) donne de précieux renseignements. Cependant cet examen
s’effectue dans la plupart des cas en deuxième intention.
Des investigations complémentaires reposant sur un bilan endoscopique des voies
aéro-digestives supérieures, hépatiques, pulmonaires peuvent être programmées pour le
dépistage de localisation secondaire ou pour réaliser un nouveau prélèvement.
21
Au terme de ce bilan initial, la tumeur sera classée d’après la classification TNM
(Tumor comme la tumeur, Node concerne les ganglions, Metastasis concerne les métastases)
de l’Union Internationale Contre le Cancer (2002) [12]
La tumeur T
T x : tumeur primitive non retrouvée
T o : tumeur non détectable
T is : tumeur in situ
T 1 : tumeur dont le grand axe est inférieur ou égal à 2 cm
T 2 : tumeur dont le grand axe est compris entre 2 et 4 cm
T 3 : tumeur dont le grand axe est supérieur à 4 cm
T 4 : tumeur étendue aux structures voisines : os, plan cutané, muscles
Les ganglions N
N 0 : absence de ganglion
N 1 : adénopathie unique, homolatérale, inférieure ou égale à 3 cm
N 2a : adénopathie unique, homolatérale, comprise entre 3 et 6 cm
N 2b : adénopathies multiples homolatérales, comprises entre 3 et 6 cm
N 2c : adénopathies multiples bilatérales ou controlatérales inférieures à 6 cm
N 3 : adénopathies supérieures à 6 cm
N x : extension non précisable
Les métastases M
M o : pas de métastase à distance
M 1 : présence de métastase(s) à distance
M x : métastase non précisable
Tableau 1 : classification TNM
En tenant compte de ces données, les indications thérapeutiques vont être définies. Le
traitement peut être curatif, palliatif, symptomatique ou adjuvant. En s’appuyant sur ces
critères, une codification a été établie sur le caractère opérable ou inopérable de la tumeur.
22
¾ Lésion opérable :
T 1-2 : curiethérapie ou chirurgie ; curage ganglionnaire ; radiothérapie selon le
résultat de l’examen histologique
T 3-4 : chirurgie avec ou sans reconstruction ; curage ganglionnaire ;
radiothérapie au minimum prophylactique
¾ Lésion inopérable :
1- Contre-indications générales ou anesthésiques
2- Lésions trop grosses (contre-indication topographique)
3.2.3.4. Thérapeutiques
3.2.3.4.1. La chirurgie
¾ Classifications
L’os maxillaire constitue la partie la plus importante du squelette facial fixe. En effet,
les os zygomatiques et les processus alvéolaires jouent un rôle clé dans la forme du visage.
Les os zygomatiques sont responsables de la symétrie du visage et de la projection des
malaires.
Afin de mieux illustrer notre propos, nous nous appuyons sur deux classifications.
Elles ont pour but de classer les pertes de substance en fonction de l’anatomie osseuse et
d’orienter la thérapeutique ultérieure c’est-à-dire la décision chirurgicale.
23
Figure 3 : Classification de Brown. D’après Boutault F. et Coll. 2005 [20]
Son intérêt est de fournir une bonne typologie des pertes de substance maxillaires.
Cependant on peut lui reprocher de ne pas tenir compte des défects entre le palais et l’arcade
alvéolaire, entre régions antérieure et postérieure.
La classification de Okay [58] est centrée sur les défects palato-maxillaires. Elle est
dévisée en trois classes et deux sous classes. Son but est d’orienter et de faciliter le choix du
type de réhabilitation.
24
Classe Ia
Classe Ib
Classe II
Classe III
Sous-classe f Sous-classe z
25
• A la mandibule
L’intérêt des résections non interruptrices est de conserver la continuité de l’os. Une
partie plus ou moins longue du rebord basilaire est maintenue en place pour servir de support
à une future prothèse. Des greffes peuvent compenser un déficit osseux trop important et
faciliter la réhabilitation prothétique.
Péri et Coll. [65] proposent une classification des pertes de substance interruptrices de
la mandibule (PSIM) selon quatre topographies :
o Type I : PSIM antérieure segmentaire limitée au corpus, intéressant la
symphyse.
o Type II : PSIM latérale segmentaire respectant l’articulation temporo-
mandibulaire, et touchant tout ou partie de la branche horizontale.
o Type III : PSIM latéro-terminale, touchant toujours la région condylienne,
avec désarticulation, et ne dépassant pas la ligne médiane.
o Type IV : PSIM de la région articulaire, incluant toujours le condyle et
respectant ou non le coroné.
26
PSIM type I PSIM type II
Les pertes de substance intéressent indifféremment les tissus osseux et les parties
molles. Les préjudices restent invariablement des conséquences fonctionnelles, esthétiques et
psychologiques.
• Au maxillaire [20]
Les conséquences fonctionnelles sont surtout des troubles pour l’alimentation, ce qui
se traduit par une altération de l’état de la mastication et de la déglutition. Les conséquences
des défects sont principalement des problèmes d’étanchéité à l’origine de fuites plus ou moins
sévères, d’incompétence labiale, de communication bucco-naso-sinusienne, d’incompétence
vélaire. Ces troubles s’accompagnent de reflux nasaux.
27
Les troubles phonatoires sont directement liés aux problèmes d’étanchéités : le patient
se retrouve avec une voix modifiée avec impossibilité de dire certains phonèmes qui
nécessitent certains points d’appui pour la langue. Il est recommandé de réaliser dès l’exérèse
une prothèse immédiate afin d’assurer cette étanchéité et de redonner au patient une qualité de
vie acceptable.
Les répercutions esthétiques d’une perte de substance du maxillaire peuvent être
limitées ou au contraire importantes si les structures piliers sont atteintes. On constate alors de
véritables dépressions des parties molles à l’origine de déformations : enfoncement des
pommettes, rétraction labiale voire affaissement de la pointe du nez.
28
autant de facteurs qui constituent des obstacles à la réalisation de prothèses dentaires
conventionnelles.
L’affaissement des muscles et de la peau de la région labiale et mentonnière, des
muscles et de la muqueuse du plancher buccal entraîne une incompétence labiale, des troubles
sensitivo-moteurs, une limitation de l’ouverture buccale et une perte d’étanchéité. La fibrose
cicatricielle se pérennise et accentue ces complications.
La gène respiratoire est la conséquence de la résection partielle ou totale de la
symphyse. L’absence de fixation de la langue au niveau de la symphyse provoque sa bascule
postérieure à l’origine d’une obstruction pharyngo-laryngée. De même, cette bascule
postérieure et/ou la glossopéxie est responsable de perturbations phonatoires.
Quant à la mastication, elle devient difficile, voire impossible, car l’articulé dentaire
est très perturbé.
Le déplacement des fragments osseux sous l’action des muscles et la disparition des
éléments de soutien du plancher buccal et de la langue, souvent associé à la perte d’une
glande salivaire principale, engendre une gène à la déglutition importante.
Les préjudices esthétiques sont fonctions du type de PSIM. La disparition de la
symphyse entraîne un déplacement des fragments osseux situés de part et d’autre de la perte
de substance. Cela provoque un aplatissement de l’arc mandibulaire et donne au patient un
profil « d’oiseau » sous l’action des jeux musculaires. Dans les PSIM de type II et III, la
latéro-déviation du côté réséqué entraîne une asymétrie faciale.
3.2.3.4.2. La radiothérapie
29
¾ Principe [36]
Le traitement par radiothérapie nécessite la délivrance d’une dose totale élevée pour
assurer le contrôle de la tumeur primitive, dont l’objectif final est de diminuer le nombre ou
de détruire complètement les cellules malades.
Le principe consiste à exposer les cellules cancéreuses à une ionisation, c’est-à-dire
une émission de radiation afin d’en altérer le patrimoine génétique. Ce matériel génétique
contenu sous la forme d’ADN subit des transformations qui rendront la cellule incapable de se
reproduire. Ainsi les cellules meurent au moment où elles tentent de se multiplier.
La radiothérapie agit localement sur la région irradiée : son action se limite donc à la
tumeur et à la région avoisinante.
¾ Techniques [51]
Elle utilise une source de rayonnements ionisants : photons de cobalt 60 à 1,25 MeV,
ou photons X de 4 à 6 MV, ou des électrons de 4 à 20 MeV. Ce sont des rayonnements
pénétrants qui permettent d’administrer en profondeur des doses élevées tout en épargnant les
tissus sains.
Les appareils modernes de « haute énergie » sont représentés par les accélérateurs
linéaires, et par des appareils au cobalt 60 ou « bombes au cobalt ».
La radiothérapie externe peut être exclusive dans les T 2 supérieures à 3 cm, T 3 et T4,
ou en postopératoire selon le compte rendu anatomopathologique.
Elle utilise des sources radioactives d’irridium 192 placées temporairement dans le
tissu à traiter ou à proximité. Le volume cible est représenté par la tumeur avec une marge de
sécurité de 1 cm.
30
Elle permet de traiter des tumeurs de faible grosseur et aux contours précis en
détruisant les cellules malignes tout en épargnant au mieux les tissus sains. Son indication est
donc limitée à certains types de cancer de taille réduite. La curiethérapie est plutôt indiquée
pour les lésions tumorales infiltrantes ou ulcérées, jusqu’à 4 cm de grand axe.
• La tomothérapie [85]
• Le volume cible
31
repérage au profit de la réalisation de casque thermoformé sur lequel sont notés les repères
nécessaires. Ceux-ci ont pour but d’améliorer la reproductibilité du traitement et sa précision.
• Le choix de la dose
Les doses recommandées varient selon que la cible est la tumeur ou les ganglions.
Toutefois il n’existe pas de dose efficace en dessous de 50 Gy : on parle de dose
prophylactique.
D’une manière générale, il faut retenir qu’il existe :
o Des doses prophylactiques : elles correspondent à un volume délimité sans
rupture capsulaire ; à une atteinte ganglionnaire (pour les patients N 0 ou
après curage) avec une suspicion d’atteinte microscopique ou bien en
postopératoire si l’exérèse de la tumeur est complète.
32
- la présence de plusieurs foyers tumoraux et/ou l’infiltration des structures osseuses
et musculaires.
Avant toute radiothérapie, il est impératif d’effectuer une remise en état de la cavité
buccale. D’où la nécessité d’une collaboration étroite entre le chirurgien, l’oncologue et
l’odontologiste.
Le chirurgien-dentiste a un rôle important avant, pendant et après la radiothérapie.
• Avant la radiothérapie
L’attitude radicale qui consistait à extraire toutes les dents dans le champ d’irradiation,
afin d’éviter le risque d’ostéoradionécrose, n’est plus d’actualité. Aujourd’hui une approche
plus conservatrice est adoptée : seules les dents à risque sont extraites c’est-à-dire les dents
trop délabrées, dépulpées, traumatisantes pour les muqueuses, en malposition, en
désinclusion, présentant des lésions d’origine endodontique, un parodonte affaibli et/ou
pathologique.
Cependant une ou plusieurs dents doivent être conservées si elles présentent un intérêt
masticatoire ou stratégique d’un point de vue biomécanique dans l’optique de confectionner
une future prothèse.
Ces avulsions suivent un protocole très rigoureux : les extractions régularisation de
l’os alvéolaire préfigurant la résorption osseuse, moyens d’hémostase locale, sutures
hermétiques berge à berge des lambeaux dans la mesure du possible, respect du délais de
cicatrisation de 15 jours avant le début de la radiothérapie.
En dehors du champ d’irradiation, la conservation des dents saines ou traitées est
souhaitable et même recommandée. Le patient doit être informé et motivé afin d’avoir une
acceptation du traitement et une maintenance d’une hygiène orale pérenne. Le rôle du
chirurgien-dentiste est donc de mettre en œuvre des mesures prophylactiques : motivation et
contrôle de plaque, détartrages, soins des lésions carieuses, polissage des restaurations
débordantes.
33
• Pendant la radiothérapie
• Après la radiothérapie
Les soins dentaires conservateurs habituels et les avulsions sont pratiqués avec les
précautions d’usage en dehors du champ d’irradiation.
On évitera les anesthésies intraseptales et l’utilisation de vasoconstricteur.
Dans le champ d’irradiation, les soins endodontiques sont possibles mais sous
couverture antibiotique. Quant aux extractions, elles nécessitent une concertation avec le
radiothérapeute et ces interventions se feront dans une structure spécialisée, sous anesthésie
générale en respectant un protocole bien établi : antibiothérapie à large spectre de longue
durée jusqu’à la cicatrisation complète.
Une surveillance régulière de l’hygiène orale et une maintenance à vie de la
prophylaxie fluorée devront être adoptées par le patient afin d’éviter toute complication.
34
¾ Les effets biologiques [64]
L’avenir d’une cellule dépend de la dose reçue et du type de lésion qui l’affecte. Pour
des doses très élevées, la mort cellulaire est quasi inéluctable. Si la dose est plus faible, la
mort cellulaire est différée, les cellules perdent leur capacité de division : certaines meurent
lors de leur première mitose et d’autres subissent quelques divisions avant de disparaître.
D’autres cellules peuvent au contraire garder leur pouvoir de division mais
transmettront à leur descendance les anomalies induites. Ces mutations peuvent engendrer des
cancers lorsqu’elles touchent les cellules somatiques, et des anomalies héréditaires
lorsqu’elles touchent les cellules germinales.
35
• Les effets tissulaires
Ils sont la conséquence des effets cellulaires et ne s’expriment que lorsqu’un nombre
suffisant de cellules est détruit. Ils apparaissent qu’au-delà d’une dose seuil. Au-delà de cette
dose, les effets tissulaires sont d’autant plus importants que la dose est élevée.
Il faut noter que les tissus sains et les tissus cancéreux ne vont pas réagir de la même
manière aux rayonnements.
Dans les tissus sains, l’irradiation entraîne des effets secondaires précoces résultant
d’une atteinte des cellules souches du tissu concerné, et des complications tardives
consécutives à un affaiblissement du pool cellulaire dont la compensation n’a pu se faire.
L’irradiation produit sur les tissus des effets que l’on peut séparer en réactions
précoces ou immédiates, et des complications tardives ou séquelles. Le patient doit être
informé sur les suites et les risques encourus consécutifs aux effets du traitement. L’ensemble
des éléments constitutifs de la sphère oro-faciale est susceptible d’être le siège de
complications et d’effets indésirables.
Plus la dose reçue est élevée, plus les symptômes sont précoces, nombreux et
prolongés.
Les atteintes cutanées
Les tissus de revêtement de la face peuvent être le siège d’un simple érythème à partir
de 6-12 Gy jusqu’à une épidermite exsudative aiguë qui doit être traitée localement.
L’épidermite est une brûlure superficielle apparaissant vers la deuxième semaine de
traitement. Cette épidermite peut varier au cours du temps. Elle est d’abord discrète, puis elle
va devenir franche et pigmentée. Elle est par ailleurs fréquemment accompagnée d’un prurit
et d’une desquamation fine. Dans de rares cas, elle évolue vers l’exsudation et la formation de
phlyctènes, qui nécessitent l’arrêt temporaire de l’irradiation pour éviter une surinfection.
L’occlusion des vaisseaux entraîne une hypovascularisation qui a pour conséquence
l’apparition de télangiectasies.
36
Dans le champ d’irradiation, un ralentissement de la pousse de la barbe puis une
disparition de la pilosité survient constamment et progressivement au bout de trois semaines
de traitement. Cette épilation souvent réversible devient définitive en fonction de la source
d’irradiation.
Hyposialie
Les glandes salivaires sont très sensibles aux radiations ionisantes et sont dose-
dépendantes. L’irradiation provoque une dégénérescence du parenchyme glandulaire et par
conséquent une diminution de la sécrétion salivaire. La possibilité de récupération dépend du
pourcentage de glandes salivaires affectées et de la dose reçue : jusqu’à 50 Gy, une
37
récupération ad integrum survient dans les mois qui suivent la radiothérapie. Mais à partir de
60 Gy, les acini glandulaires sont irrémédiablement détruits.
Parmi les glandes salivaires principales, les glandes sous mandibulaires sont
constamment et totalement irradiées au cours de la radiothérapie de la sphère oro-faciale,
alors que les glandes parotides sont, quant à elles, partiellement ou totalement incluses dans
les volumes traités.
L’hyposialie survient rapidement. Elle débute par un œdème des glandes salivaires
puis survient une période d’hypersialorrhée, avant d’entraîner une xérostomie.
La xérostomie a diverses conséquences : les muqueuses deviennent sèches et prennent
un aspect dépoli, des dépôts blanchâtres de cellules desquamées apparaissent sur les
muqueuses. Le patient présente des difficultés pour mastiquer, pour goûter, pour parler, pour
porter confortablement des prothèses amovibles. Ces nombreux facteurs ont un retentissement
non négligeable aussi bien au niveau local qu’au niveau général. Par ailleurs, l’hyposialie
favorise les surinfections à Candida de la cavité buccale, l’apparition de caries, des
parodontites et aggrave la dysphagie.
Cette hyposialie peut aller jusqu’à l’asialie, très préjudiciable pour le patient.
Aucun traitement n’est efficace au long court. Des sialogogues et des salives artificiels
peuvent être prescrits. Certains permettent d’améliorer de nombreuses situations mais de
manière inconstante.
On retrouve le plus souvent une agueusie. Les dysgueusies sont en général passagères
à type de goût métallique ou amer. Elles apparaissent à partir de 20 Gy, et disparaissent après
arrêt de la radiothérapie. Associée à l’hyposialie, elles contribuent aux dysphagies voire à un
refus du patient pour s’alimenter.
Ces séquelles sont inévitables, car inhérentes au traitement et quasi irréversibles. Elles
surviennent dans un délai de six mois après la fin de la radiothérapie.
Ces séquelles peuvent être majorées par la chirurgie et engendrer des déficits
fonctionnels ou morphologiques.
38
Parmi ces complications on peut noter :
Les oedèmes cervical et facial le plus souvent limités à la
région sous mentale et au cou : on parle de jabot
postradique.
La sclérose cervicale : les tissus sous cutanés prennent
un aspect plus ferme jusqu’à devenir scléreux. Son
intensité est dépendante de l’existence d’une chirurgie et
des doses élevées de rayons.
L’odontonécrose : ce sont des caries aiguës en rapport
avec l’asialie.
39
Le trismus : il correspond à une contraction
involontaire mais constante des muscles des
mâchoires. Sa survenue est secondaire à l’irradiation
des muscles masticateurs, conduisant à la limitation
de l’ouverture buccale.
Les dysesthésies, les paresthésies (à type de
picotement ou de brûlure) et les hypoesthésies.
L’ostéoradionécrose. Il s’agit d’une ostéite iatrogène
survenant après une irradiation.
La chimiothérapie occupe une place de plus en plus importante dans les stratégies
thérapeutiques curatives chez les patients présentant un carcinome épidermoïde des voies
aéro-digestives supérieures.
Le protocole le utilisé et le plus efficace est l’association 5 fluoro-uracile / cis platine
en cure de cinq jours.
Cette chimiothérapie peut être :
• Néo-adjuvante : pour diminuer le volume tumorale avant une
radiothérapie ou une intervention chirurgicale
• Palliative : si le patient est traité pour une récidive loco-régionale
et/ou méstatatique.
40
visage est souvent perçu comme le miroir de l’individu, le reflet de la personnalité, l’image
de soi dans le monde socio-professionnel. Toute amputation d’un de ces organes retentit
gravement sur le psychisme et le comportement de l’individu, d’où l’importance de l’intégrité
faciale pour le bien être personnel de l’Homme. Dans notre société, l’intégrité corporelle
constitue l’un des biens les plus précieux dont peut se prévaloir l’être humain. Le visage
constitue l’interface de l’individu avec la société. Il est la partie visible qui s’offre à la
perception d’autrui, à travers laquelle se lit l’humanité de l’Homme. Ce visage est de toutes
les parties du corps, celle où se condensent les valeurs les plus élevées.
Nous nous devons d’intervenir afin d’aider le patient à commencer un travail sur le
deuil de l’image de soi non défiguré.
41
4.2. La relation d’aide [9], [87]
Sans cette relation d’aide, les stratégies d’adaptation que privilégie le sujet sont la
dissimulation, le repli sur soi et/ou un isolement social et familial.
42
La prise en charge complémentaire, en matière de réhabilitation maxillo-faciale relève
d’une équipe multidisciplinaire par :
- l’intervention des infirmières et des aides-soignantes centrée sur le relationnel
- les soins prodigués par les chirurgiens, les médecins, les kinésithérapeutes et les
odonto-stomatologistes
- le soutien psychologique pratiqué par l’ensemble des praticiens et les psychologues
cliniciens ou psychiatres
- la réhabilitation phonatoire effectuée par les orthophonistes
- la réhabilitation esthétique et fonctionnelle réalisée par les spécialistes en prothèse
maxillo-faciale
Ainsi, cette prise en charge psychologique est le fruit d’une équipe pluridisciplinaire,
dont l’objectif majeur est de rechercher la meilleure qualité de vie pour ces patients.
43
5.1. Les prothèses externes [67]
Elles sont situées dans la cavité buccale, soit pour des pertes de substance maxillaire
soit pour des pertes de substance mandibulaire. Elles comprennent essentiellement les
prothèses dentaires adjointes adaptées à chaque cas et les obturateurs dans une moindre
mesure. Les prothèses ont pour but de remplacer les dents absentes, et les obturateurs, qu’ils
soient immédiats, provisoires ou définitifs, ont pour fonction de combler les défects au
maxillaire, de remplacer les éventuelles dents absentes et de remédier à certains troubles
phonétiques.
Elles sont situées hors de la cavité buccale et sont destinées à masquer des pertes de
substance cutanée telles que la pyramide nasale, le pavillon de l’oreille ou la région oculo-
44
palpébrale. Elles remplacent ces organes. Appelées aussi épithèses, elles présentent un aspect
esthétique suffisant pour les rendre presque invisibles, tout en leur donnant si possible une
valeur fonctionnelle. Leur intérêt est de présenter une consistance, une coloration, des
contours imitant de façon presque parfaite le revêtement cutané avec un système pileux, un
réseau veineux superficiel et des reliefs divers.
Elles sont mises en œuvre dans les cas de pertes de substance étendues et complexes.
Elles jouent un rôle non négligeable sur le plan psychothérapeutique.
45
• Les orthèses maxillo-faciales
Appelées plus couramment endoprothèse, ce dispositif non amovible est destiné à être
implanté chirurgicalement dans l’organisme. Il assure une contention ou une substitution en
vue de permettre une réhabilitation fonctionnelle et esthétique. Par exemple après une
résection mandibulaire, ce système permet de reconstituer le segment osseux réséqué sans que
le jeu et l’équilibre de la mandibule soient perturbés. Il s’ensuit la possibilité de réinsérer les
muscles sur un support rigide ainsi que les tissus de soutien.
6. Les différents moyens de fixation [8], [15], [34], [78], [90], [93], [96]
46
- le confort pour que l’épithèse soit bien tolérée par le patient
- la participation à certains mouvements de la mimique
- une mise en œuvre aisée
D’autre part, ces moyens de fixation doivent tenir compte de certains paramètres individuels :
- l’état général du patient
- parfois la nécessité d’une prothèse provisoire
- l’existence d’une irradiation
- l’état de cicatrisation
- le siège (conditionne le choix du type de prothèse et présente parfois l’avantage
d’avoir une cavité naturelle rétentive supplémentaire)
- les dimensions de la perte de substance
- l’âge et l’activité sociale conditionnent le choix du dispositif le plus adéquat
Benoist [15] donne une classification des systèmes de fixation selon deux principes : la
rétention anatomique et la rétention mécanique.
47
- la réalisation de cavités rétentives circulaires : ce sont des cavités tapissées par une
greffe cutanée et qui s’associent à une pièce en forme de « champignon », incluse dans
la prothèse, pour assurer la rétention.
- les inclusions sous-cutanéees ou intra-osseuses de petits aimants (d’autres aimants
sont inclus dans l’épithèse afin que l’attraction magnétique autorise la rétention).
Elle comprend tous les dispositifs matériels qui permettent d’assurer la stabilité de la
prothèse.
Ils se présentent sous trois formes : liquide, pâteuse ou solide (ruban enduit d’un
adhésif sur ses deux faces).
Ils doivent présenter certaines propriétés pour pouvoir être tolérés par les patients :
- être non toxiques
- être non allergisants
- contenir des substances pour prévenir les éventuelles irritations
- ne doivent pas altérer le matériau prothétique
- être inodores
- être d’emploi aisé
Cependant ces propriétés dépendent de la température, du taux d’humidité, de l’état de
surface du support cutané et de l’étendue de la perte de substance.
48
6.2.3. Les dispositifs inclus dans la prothèse
Ils comprennent les aimants attractifs, les broches, les attachements métalliques
réunissant les différentes pièces de la prothèse à étage, les arceaux et les rubans élastiques.
Les pièces destinées à utiliser la rétention anatomique sont aussi incluses dans cette
catégorie. Il s’agit des éléments métalliques ou élastiques (latex, polyvinyle, élastomère de
silicone) qui s’engagent dans les cavités rétentives ou qui engainent une protubérance par
effet de succion.
Chaque moyen de fixation ne relève pas d’un choix, mais d’indications précises selon
le cas clinique et la région anatomique à réhabiliter.
49
Moyens de Avantages Inconvénients
rétention
50
7. Comparaison entre prothèse maxillo-faciale et chirurgie reconstructrice
[61], [67], [69], [79]
51
Il faut garder à l’esprit que même si la prothèse maxillo-faciale est une alternative
intéressante, elle n’en demeure pas moins une thérapeutique avec son lot de contraintes. Elle
demande une maintenance minutieuse journalière, voire la nécessité de réaliser une nouvelle
épithèse lorsque l’aspect esthétique (modifications de teintes suite à l’action des ultra-violets)
n’est plus satisfaisant. Elle rappelle chaque jour au patient son caractère artificiel et entraîne
parfois des problèmes fonctionnels tels que une inertie de la prothèse, un manque
d’étanchéité, des problèmes mécaniques comme des difficultés d’ancrage et des problèmes
physiologiques (la condensation avec écoulement des fluides et sécrétions associée ou non à
une absence de vasopression périphérique).
52
Chapitre II :
IMPLANTOLOGIE ET OSTEOINTEGRATION
1. Historique
2. Le concept d’ostéointégration
53
de tissu osseux périphérique sans interposition de tissu fibreux à l’interface os/implant. Zarb
et Albrektsson donnent une définition plus précise à orientation biomécanique : il s’agit du
processus par lequel on obtient la fixation rigide et asymptomatique d’un matériau
alloplastique, et son maintien dans le tissu osseux après sa mise en charge [4].
Cette jonction bio-métallique extrêmement solide unissant l’implant au tissu osseux
est caractérisée histologiquement par l’absence de toute interposition de tissu fibreux
réactionnel entre l’os et le métal. Ceci se traduit au plan fonctionnel par une immobilité
absolue de la fixture par rapport au plan osseux.
Selon Brånemark, l’ostéointégration s’avère satisfaisante lorsque plus de 90 % de l’os
cortical et plus de 50 % d’os spongieux sont en contact avec l’implant en titane [5].
Selon le consensus de Chester [53], les biomatériaux sont des matériaux destinés à être
en contact avec les tissus vivants et/ou fluides biologiques pour évaluer, traiter, modifier les
formes ou remplacer tout tissu, organe ou fonction du corps.
54
• Doivent déboucher sur l’ostéocoaptation qui se définit comme l’apposition directe de
l’os au contact du matériau avec interface abrupte
Parmi les matériaux métalliques, le titane et ses alliages répondent à cette définition.
Mais attention, un matériel biocompatible n’existe pas dans l’absolu. Il s’agit d’une notion
relative : un matériau peut être biocompatible dans une situation donnée et non compatible
dans une autre car elle nécessite des propriétés différentes.
Cette intégration dans les tissus mous et durs est le préalable nécessaire mais non suffisant
pour tout matériau candidat à l’implantation.
Il faut aussi tenir compte de la notion de biofonctionnalité. Celle-ci fait référence à la mise
en charge de l’implant en tant que support prothétique. C’est elle qui conditionne la pérennité
de la fixture en faisant intervenir la structure prothétique.
Ainsi les deux notions définies précédemment sont tout à fait différentes mais
complémentaires. Elles permettent d’apprécier la potentialité de coopération finalisée
hôte/implant.
Il fut d’abord employé sous forme de titane commercialement pur à 99,9 %, celui-ci
est essentiellement un alliage dilué de titane et d’oxygène. Néanmoins il existe plusieurs
qualités de titane commercialement pur, contenant des quantités variables d’oxygène dissous
et de fer. On parle alors de grade c’est-à-dire du pourcentage d’impureté. Ce grade augmente
du grade I au grade IV et en contrepartie améliore les propriétés mécaniques de ce métal. En
effet, la résistance est d’autant meilleure que la teneur en oxygène est élevée.
55
Ti Cp selon normes Oxygène % Fer % Résistance à la
DIN 17 850 traction (MPa)
Grade I 0,12 0,2 250
Grade II 0,18 0,3 350
Grade III 0,25 0,3 450
Grade IV 0,35 0,5 550
Tableau 3: Différents grades de titane commercialement pur (Ti Cp). D’après Muster D.
et Coll. 1999 [53]
Les alliages de titane se présentent sous une structure α hexagonale (stable à haute
température) et β cubique (qui apparaît à température plus faible).
Pour obtenir une résistance mécanique encore plus élevée, les fabricants ont associé le
titane à d’autres matériaux : l’aluminium, le vanadium, le fer et le zinc notamment.
Aujourd’hui l’alliage le plus répandu est le F 136 plus connu sous le nom de Ti-6Al-4V
(contenant 90 % de titane, 6 % d’aluminium et 4 % de vanadium), il présente comme
avantages une conductivité thermique environ moitié moindre et une limite de fatigue
supérieure de 50 %. Cependant le risque de relargage d’ions métalliques toxiques ne peut être
totalement exclu. En effet le titane reste sensible à l’usure avec un risque de diffusion des
particules d’oxyde de titane ou d’alliage de titane. Pour résoudre ce problème, on procède à la
nitruration en surface par plasma froid ou à l’implantation ionique d’azote.
Le module d’élasticité du titane ou de ses alliages est proche de celui de l’os bien que
5 à 10 fois plus rigide que l’os cortical.
Ce métal est hautement réactif et apparaît relativement instable par rapport à son
oxyde que ce soit en présence d’air ou d’eau. Ce dernier est protégé par une couche d’oxyde
de titane se formant spontanément et se reformant en quelques nanosecondes. Ce biomatériau
se présente alors comme le métal le plus résistant à la corrosion : c’est le phénomène de
passivation. Il faut noter que la couche d’oxyde ne se compose pas seulement de dioxyde de
titane (TiO2 ou rutile) mais consiste en plusieurs oxydes : TiO, TiO2, Ti2O3, Ti3O4 ; et au
cours du temps la couche d’oxyde se renforce.
Ainsi, l’oxyde de l’implant est au contact des tissus et non pas le métal lui-même. La
liaison entre l’oxyde de titane et l’os ne dépasse pas 100Ǻ et est remplie de matériel matriciel
composé essentiellement de protéoglycanes.
L’ostéointégration est une liaison de type ankylose.
56
4. Les paramètres à prendre en compte pour l’ostéointégration
La qualité osseuse déterminera également la façon dont on l’implant sera mis en place,
ainsi que le couple de taraudage pour éviter toutes complications et compromissions de
57
l’ostéointégration. Devant un os extrêmement compact, il nécessitera de porter le couple de
taraudage à 40 N/cm. A l’inverse en présence d’un os friable, il faudra le régler à 20 N/cm
voire poser l’implant directement après forage sans tarauder l’os [71].
Le choix du type et du nombre d’implant est dicté par l’épaisseur des structures
osseuses au niveau du site receveur :
58
4.3. L’aire d’implantation
4.5. L’immobilité
59
Ainsi, l’immobilité représente l’un des facteurs rigoureusement indispensable à la
pérennité d’une fixture.
Les praticiens et les patients ont besoin de critères de référence pour déterminer le
succès clinique et fonctionnel à long terme des implants afin de connaître la tolérance et la
sûreté de la thérapeutique proposée.
Il faut des critères précis, réitérables, faciles à identifier et à appliquer. Ces données,
initialement issues de la recherche fondamentale sur l’ostéointégration, s’inspirent aussi de la
pratique clinique.
• Le test de percussion
60
• Analyse de la fréquence de résonance [44]
C’est un test simple, précis, reproductible et qui devrait se démocratiser. Les mesures
peuvent s’effectuer au cours des différents stades du traitement : peropératoire, cicatrisation,
mise en place de la prothèse et contrôle annuel. Il est basé sur la rigidité de l’interface
os/implant.
L’appareil est composé d’un transducteur adapté au système implantaire et de
l’appareil lui-même (raccordé au transducteur). Il génère un signal électrique dont la
fréquence varie entre 5 et 15 kHz. La réponse du transducteur à la vibration est la première
fréquence de résonance perçue. Cette mesure en kHz est convertie en ISQ (Implant Stability
Quotient) dont les valeurs sont comprises entre 0 et 100. Une valeur ISQ proche de 100
traduit une forte amplitude de la fréquence de résonance correspondant à un implant
solidement ancré dans l’os.
61
5.3. Les critères subjectifs
Albrektsson et Coll. [97] établirent en 1986, parmi les critères de succès, l’absence de
symptomatologie subjective telles que la douleur, les infections, les neuropathies ou bien les
paresthésies. La douleur et l’inconfort permanent et non réversible sont probablement les
causes les plus courantes de dépose et donc d’échec d’un implant soumis aux charges
fonctionnelles.
De même, les implants qui provoquent des infections persistantes et récurrentes ne
peuvent être considérés comme succès.
Une utilisation sur une longue durée est un critère de succès important. En présence
des différents critères mentionnés précédemment, le taux de succès de 85 % à la fin d’une
période de 5 ans, et de 80 % à la fin d’une période de 10 ans constituent un critère minimum
de succès.
Face à une perte de substance maxillo-faciale pour laquelle il est envisagé une prothèse
implanto-portée, le praticien devra déterminer le type d’implant qui permettra d’obtenir le
meilleur résultat possible aussi bien d’un point vu fonctionnel qu’esthétique. Le choix de
l’implant est fonction d’un certain nombre de paramètres :
• De la présence sous-jacente d’obstacles anatomiques comme les cellules
éthmoïdales, les nerfs ou les sinus par exemple
• De la quantité et de la qualité du support osseux sous-jacent
• De la localisation de la perte de substance
• De l’étiologie de la perte de substance
62
• Du type d’interventions chirurgicales effectuées auparavant
• Du type de prothèse envisagée et des contraintes mécaniques qu’elle subira
lors de sa mise en fonction
Le praticien dispose dans son arsenal thérapeutique d’un vaste choix d’implants qui
ont été élaborés pour correspondre au maximum de situation.
6.1.1. La longueur
6.1.2. Le diamètre
Le choix du diamètre est dicté surtout par des critères prothétiques. Ce diamètre peut
varier de 3 à 7 mm. Mais attention, l’implant doit être entouré d’au moins 0,5 à 1 mm d’os
afin d’assurer son ostéointégration. Pour avoir un profil d’émergence harmonieux en prothèse
fixée, il faut essayer dans la mesure du possible d’approcher le diamètre du col de l’implant à
celui de la dent à remplacer. De même, il faut conserver une distance d’au moins 1 mm entre
le col de l’implant et la face proximale de la dent adjacente, et de 2 mm entre deux implants.
63
6.1.3. L’état de surface implantaire
L’implant endo-osseux a été mis au point en Suède par Brånemark. Cet implant est
issu de la technologie des implants dentaires et présente des caractéristiques communes :
diamètre et système anti-rotationnel du pilier par l’hexagone. Il a généralement une forme de
vis et une collerette de stabilisation à sa partie supérieure. Leur longueur varie de 3 à 4 mm
pour un diamètre de vis de 3,75 mm (ces implants sont commercialisés par Nobelpharma,
BUD et OBL). On distingue des implants en forme de vis et des implants cylindriques
impactés.
La pose d’un implant vis nécessite une épaisseur d’os supérieure ou égale à 3,5 mm.
La structure de certains os comme le frontal, le malaire, se prête tout à fait à l’usage des
implants vissés. L’avantage d’un implant-vis est qu’il est possible de contrôler le couple de
serrage alors qu’il est beaucoup plus difficile de contrôler la force d’enfouissement de
l’implant impacté avec un maillet.
Sur le plan matériel, les incontestables qualités du système Brånemark en fait
actuellement le système de référence en implantologie extra-orale.
64
6.2.2. Les implants juxta-osseux ou implants-plaque [31], [79]
Les implants endo-osseux trouvent parfois leur limites dans certaines situations :
pourtour de l’orifice piriforme, région mastoïdienne.
Farmand [79], chirurgien maxillo-facial allemand, a mis au point des implants-plaque.
L’idée de base est d’obtenir un ancrage osseux quelle que soit l’épaisseur du support osseux.
Il s’inspire des constatations généralement faites lors de la dépose des plaques
d’ostéosynthèse : dans la majorité des cas, une prolifération osseuse enchâsse la plaque et
nécessite alors un dégagement osseux pour en faire la dépose.
Il existe deux types d’implants-plaque: les plaques « standards », modulables et
ajustables et les plaques adaptées et ajustées. Ces dernières sont coulées suivant la forme du
support osseux dont l’empreinte a été réalisée auparavant.
L’implant-plaque se présente sous la forme d’une grille en titane de 1 mm d’épaisseur.
Cette plaque est malléable et découpable afin d’être modelée directement en per-opératoire
sur le relief osseux. Elle est maintenue par des vis d’ostéosynthèse auto-taraudantes de 2 mm
de diamètre et de 4 à 6 mm de longueur. Le principe est celui d’une plaque d’ostéosynthèse
dont chaque trou fileté, peut recevoir indifféremment une vis d’ostéosynthèse ou un pilier
transcutané.
Ce système juxta-osseux, sous-périosté et ostéosynthésé permet donc la mise en place
de piliers sur des plaques de titane vissées à l’os par des vis d’ostéosynthèse, à distance de
l’émergence des piliers. Ces derniers peuvent traverser le plan cutané à l’aplomb d’un os très
fin voire en l’absence d’os sous jacent et émerger en dedans des limites de la prothèse.
Il s’agit d’une alternative intéressante mais une standardisation des superstructures
prothétiques est nécessaire pour profiter des avantages des systèmes endo-osseux et juxta-
osseux.
65
Figure 15: La connexion percutannée permanente : schéma de principe. D’après Sabin
P. et Coll. 2001 [77]
Nous présenterons dans cette partie le protocole chirurgical de la pose des implants
endo-osseux extra-oraux et de leur pilier, établi par Brånemark, système le plus utilisé à ce
jour.
La finalité est l’immobilité totale de l’implant dans son support osseux. Cette
stabilisation des implants est permise comme nous l’avons vu précédemment par leur
ostéointégration.
Il s’agit d’un protocole rigoureux qui prévoit deux temps opératoires : la pose de
l’implant dans un premier temps et la pose du pilier dans un second temps. Il est possible
d’avoir recours à un seul temps chirurgical pour la pose de certains implants notamment les
implants dans la région mastoïdienne.
Le premier temps chirurgical est précédé d’une phase préparatoire dite pré-
implantaire. Durant cette phase, une étroite collaboration avec le prothésiste est souhaitable.
Ce dernier fournit un guide chirurgical en résine, maquette de la future prothèse permettant de
matérialiser les émergences des futurs piliers transcutanés. Des clichés radiographiques sont
66
indispensables et varient selon la localisation de la perte de substance (téléradiographie de
face ou profil, scanner).
Une incision cutanée est réalisée selon des repères établis par des points de forage
grâce au guide chirurgical. Le lambeau cutané correspondant au site d’implantation est
soulevé. Il est souhaitable de faire une réduction des tissus mous sous-cutanés afin de limiter
au maximum les mouvements du plan cutané vis-à-vis du pilier par création d’une adhérence
épithélio-périostée. Puis un décollement périosté, le plus soigneux et le plus conservateur
possible pour ne pas compromettre la vascularisation est effectué.
Une fois l’os dégagé, le site osseux est préparé sous irrigation permanente en
respectant trois phases successives. Un premier forage est réalisé avec des fraises boules à
épaulement de 3 ou 4 mm (la vitesse de rotation est de l’ordre de 2000 tr/min). Puis un
deuxième forage est effectué avec un foret à épaulement réalisant le puit pour le futur implant
(la vitesse de rotation est maintenue à 2000 tr/min). Enfin, un taraudage, peut être réalisé en
fonction de la densité osseuse (la vitesse de rotation est de 12 tr/min),.
L’implant est mis en place à 12 tr/min après engagement des deux premiers filets,
toujours sous irrigation.
Une vis de couverture est placée sur l’implant afin de protéger le filetage interne ainsi
que l’hexagone où s’appuiera le pilier.
Il a lieu 3 à 8 mois plus tard. Ce délai est fonction du terrain osseux (irradié ou non),
de la localisation des implants (os très corticalisé ou non) et de l’indication (prothèse maxillo-
faciale ou prothèse auditive à ancrage osseux).
Une incision qui peut reprendre la voie d’abord initiale est pratiquée (la réduction des
tissus mous sous-cutanés peut être complétée à ce moment là). La dépose de la vis de
couverture met en évidence la zone d’appui du pilier sur l’implant. En cas de prolifération
osseuse, il convient de dégager le pourtour de l’hexagone de l’implant sur lequel s’emboîte
l’hexagone du pilier. Le pilier est alors positionné et solidarisé avec l’implant par vissage et
blocage à 20 N/cm de la vis du pilier.
67
La peau est perforée à l’aplomb des piliers et engagée autour de ces derniers. Le plan
superficiel est suturé au plan périosté au niveau de chaque pilier. Enfin l’incision est suturé
pour éviter la survenue des complications cutanées.
Des capuchons de protection coiffent les piliers. Le vissage final de ces capuchons est
important car ceux-ci comprimeront la zone cutanée péri-implantaire. Ainsi ils évitent la
formation d’un hématome et favorisent la cicatrisation épithélio-périostée.
Elle est assurée par un plateau supportant un aimant, qui va être solidarisé au pilier, et
par un aimant inclus dans la prothèse lors de sa fabrication, qui viendra se positionner sur le
plateau.
68
L’absence de contraintes mécaniques, trop importantes, autorise l’utilisation de
rétention magnétique notamment pour les épithèses oculo-palpébrales.
La surface plate de l’attachement facilite l’hygiène entraînant ainsi moins de
problèmes d’infection et une meilleure santé des tissus mous à long terme. La forme
cylindrique du iplier facilite l’hygiène. De même, l’insertion-désinsertion est facilitée et
permise par un simple mouvement de glissement de la prothèse sur son support, apportant au
patient un certain confort. Le patient apprend plus rapidement à insérer son épithèse même s’il
présente des problèmes de dextérité ou de vue. L’attraction magnétique favorise une mise en
place quasi automatique sur les piliers. Tout ceci améliore la compliance du patient.
Le système est avantageux pour le prothésiste et le chirurgien car les piliers ne doivent
pas être obligatoirement parallèles ou coplanaires. Ainsi, tous phénomènes de glissement
peuvent être évités tout en permettant un meilleur choix dans la sélection du site osseux à
implanter.
.
Figure 16: Description des différents éléments constituants les moyens de fixation.
D’après Sabin P. et Coll. 1993 [78]
Le projet implantaire ne doit pas faire oublier qu’il s’agit d’une intervention
chirurgicale, qu’elle soit sous anesthésie locale ou générale.
69
La consultation préimplantaire est primordiale et systématique. L’examen clinique
associé à l’interrogatoire permet de tenir compte d’une pathologie ou d’un état contre-
indiquant l’acte chirurgical ou pouvant faire échouer l’implantation.
Les contre-indications absolues et relatives restent identiques chez les patients non
irradiés et irradiés, et sont de trois ordres : générales, loco-régionales et locales.
¾ D’ordre général
70
• Les grossesses en cours
• L’insuffisance coronarienne, l’angor (avis nécessaire d’un cardiologue)
• La séropositivité. Les patients séropositifs sans signe d’immunosuppression, avec un
bon état général, des examens sanguins normaux, un taux de lymphocytes T4 et une
hygiène orale satisfaisants ne présentent pas de contre-indications formelles. Au
contraire, chez les malades présentant des signes d’immunosuppression, en particulier
ceux dont les lymphocytes T4 sont abaissés, la pose d’implant est à discuter et il faut
mesurer le rapport bénéfice/risque
• Certaines maladies psychiatriques comme la paranoïa, la schizophrénie, les troubles
de la personnalité, les désordres neurologiques et la démence présénile sont des
contre-indications à la chirurgie implantaire
• Les toxicomanes : ils présentent une altération dans leur potentiel de cicatrisation lié à
l’utilisation de drogues. Ce sont généralement des personnes peu motivées pour la
maintenance au long court
• L’irradiation cervico-faciale entraîne des effets précoces et des complications
susceptibles de compromettre l’ostéointégration. Le danger le plus redouté reste
l’ostéoradionécrose
• Le tabac et l’alcool perturbent le processus de cicatrisation et le métabolisme osseux.
L’indication implantaire est à discuter
• Le refus du patient
¾ D’ordre loco-régional
• Les conditions d’occlusion défavorables. Il est recommandé d’avoir une distance inter-
maxillaire ou une distance crête/arcade antagoniste suffisante pour aménager un
espace prothétique
• Une ouverture buccale limitée peut empêcher la mise en place des implants dans le
secteur postérieur
• Une hygiène bucco-dentaire déficiente ou négligée n’incite guère à la pose d’implants
• Les praxies telles que le bruxisme, peuvent avoir des répercutions importantes sur la
stabilité des composants implantaires intra-oraux et compromettre leur pérennité.
• Les dermatoses buccales (candidose, eczéma, leucoplasie) sont à traiter avant la pose
d’implant
71
• Les brûlures du 3ème degré
• Les tissus multicicatriciels
¾ D’ordre local
La radiothérapie provoque des altérations tissulaires dont les effets sont fonction de la
dose totale et de son fractionnement. Pendant de nombreuses années, la mise en place
d’implants en zone irradiée, même sous couvert d’oxygénothérapie hyperbare, était
formellement contre-indiquée par les cancérologues. Cependant de nombreuses études
cliniques confirment la possibilité d’implanter en terrain irradié avec une ostéointégration de
bonne qualité, et un risque de survenue de complications majeures (ostéoradionécrose…)
acceptable.
Selon Granström [40], il existe deux procédures pour estimer la possibilité de survie
des implants. La première est de connaître la dose en gray administrée au patient. La seconde
est de calculer la valeur des effets cumulatifs des radiations (CRE) déterminée par la formule
de Kirk :
- 0,11
Durée totale du traitement 0,65
CRE = x (dose par traitement) x (nombre d’implants)
Nombre d’implants
Dans son étude, il constate que les hautes doses augmentent le risque d’échec à partir
d’une CRE ≥ 30.
72
D’après Visch et Coll. [94], le seuil de 50 Gy est une valeur à prendre en compte dans
une perspective de succès implantaire. Dans son étude, il rapporte un taux de survie de 84 %
au cours du suivi de 207 implants posés dans une zone ayant reçu une dose d’irradiation
inférieure à 50 Gy et un taux de survie de 71 % au cours du suivi de 239 implants placés dans
une zone ayant reçu une dose d’irradiation supérieure ou égale à 50 Gy.
D’après Toljanic et Coll. [90], la plupart des complications se produisent pour des
doses supérieures à 50 Gy. Cependant, pour Abu-Serria [1], la majeure partie des effets
indésirables surviennent pour des doses supérieures à 65 Gy. A partir de ce seuil, les chances
de succès d’ostéointégration diminuent.
D’après l’analyse de la littérature faite dans l’étude de Toljanic et Coll. [90], le taux de
survie des implants en terrain irradié varie de 33,3 % à 96,4 %. Il existe donc une grande
disparité des résultats.
La qualité de l’os est un facteur critique dans la mise en place d’un implant.
L’ostéointégration de l’implant est site-dépendant, d’où des variations dans le taux de survie
[84]. L’anatomie osseuse, la vascularisation et la dosimétrie peuvent aussi expliquer ces
écarts.
Dans une étude de 1993, Granström [41] rapporte une série de 45 patients irradiés
avant chirurgie implantaire. Le taux d’échec s’est élevé à 37 % avec une différence
significative suivant la région faciale implantée : 55 % de perte dans l’os frontal, 40 % dans
l’os zygomatique, 33 % dans la mandibule, 14 % dans le maxillaire et 9 % dans l’os temporal.
Dans une autre étude sur 631 implants posés en terrain irradié, Granström [40] obtient des
résultats assez similaires : 52 % dans le cadre orbitaire, 43 % dans l’os zygomatique, 44 %
dans la mandibule, 12,5 % dans le maxillaire et 33 % dans l’os temporal.
Pour Nishimura et Coll. [54], le taux de succès le plus important dans l’os irradié est la
région auriculaire avec un taux de 95 %. Cependant, il met en avant le fait que la plupart des
implants temporaux ne sont pas irradiés ou reçoivent une faible dose d’irradiation à cause de
la proximité avec le cerveau.
73
9.2.3. Le délai entre l’irradiation et la pose des implants
[6], [14], [24], [25], [41], [57]
L’école suédoise préconise un délai d’au moins 8 mois après le premier temps
chirurgical implantaire pour la pose des piliers, afin de prévenir le risque d’ostéoradionécrose.
Bénateau et Coll. [14] recommandent d’effectuer le deuxième temps implantaire 6 à 8
mois après la pose des implants, sans encadrement par une oxygénothérapie hyperbare.
74
9.2.5. L’oxygénation hyperbare (OHB)
• Protocole
75
Le protocole adopté par la plupart des praticiens consiste à administrer au patient 20
séances de caisson hyperbare en inhalant de l’oxygène à 100 % à 2,4 atmosphères durant 30
minutes en préopératoire. Le premier temps chirurgical c’est-à-dire la mise en place des
implants a lieu au 21ème jour. Puis dès le 22ème jour, un traitement postopératoire de 10
séances identiques est appliqué.
Grâce à ce protocole précis, Granström [41] ne retrouve pas de taux supérieur de perte
implantaire chez les patients irradiés par rapport aux patients non irradiés, et ceci avec un
recul de 6 ans.
• Contre-indications et complications
o Maladie fébrile
o Claustrophobie
o Grossesse en cours
o Certaines infections des voies respiratoires supérieures
76
Les complications liées à la toxicité de l’oxygène sont la survenue d’oedèmes
pulmonaires et des embolies gazeuses artérielles.
Des études réalisées chez l’animal montrent que l’OHB améliore la cicatrisation des
tissus mous, diminue la résorption osseuse et augmente les forces nécessaires au dévissage de
l’implant placé dans un os irradié [50].
Larsen [50] présente le taux de succès des implants sur terrain irradié en fonction du
site et de l’utilisation de l’oxygénothérapie hyperbare.
Cependant, certaines études montrent des effets disparates de l’action de l’OHB selon
le site.
L’article de Nishimura et Coll. [54] fait référence à différents auteurs comme Taylor et
Arcuri qui préconisent l’utilisation de l’OHB après la mise en place d’implants dans la
mandibule irradiée. Alors que pour Franzen [54] cité par Nishimura, l’adjonction d’OHB ne
semble pas nécessaire à l’ostéointégration ; il démontre un taux de succès de 95 % après 3 à 6
ans d’observation dans 5 mandibules irradiées après la pose de 20 implants sans
oxygénothérapie hyperbare. Néanmoins, il faut noter que tous les implants dans ces études
sont mis en place dans la région symphysaire. Or il semble que la région antérieure de l’os
mandibulaire soit moins exposée aux radiations par rapport à la région postérieure lors de la
radiothérapie.
77
Granström [40] rapporte que le taux d’échec de l’ostéointégration est diminué dans
toutes les zones irradiées grâce à l’utilisation de l’OHB, sauf dans la région temporo-pariétale.
Parmi les raisons d’échec, il évoque l’emploi d’implants trop court (3-4 mm) et une épaisseur
d’os disponible insuffisante.
Le tableau suivant résume le taux d’échec, trouvé par Granström [40] après le suivi de
631 implants, selon l’utilisation d’OHB ou non chez des patients irradiés.
78
prophylactique de l’OHB à partir de ce seuil semble être adopté par la plupart des praticiens
[1].
Une stratégie alternative pour favoriser l’ostéointégration est en cours de
développement. Les BMP (Bone Morphogenic Proteins) ont montré une amélioration de
l’ostéointégration des implants intra-oraux chez l’homme et le chien [1].
L’irradiation des implants maintenus in situ pose des problèmes de dosimétries, c’est-
à-dire que la dose de rayon devant l’élément implantaire risque d’être trop forte. Granström
[41] rapporte une série de 12 patients implantés et irradiés secondairement à des doses
supérieures à 50 Gy. Après 5 ans d’observation, il ne constate aucune perte d’implant
directement liée à la radiothérapie et aucune ostéoradionécrose devant un implant. Toutefois,
des problèmes cutanés autour des piliers ont nécessité des soins attentifs sur plusieurs mois.
79
L’ensemble des radiologues recommande chez les patients pourvus d’implants
d’enlever les super-structures (piliers et barres de titane) lors de l’irradiation afin de limiter
l’effet de rétrodiffusion. A l’inverse, les fixtures ostéo-intégrées sont maintenues en place, ce
qui diminue le risque d’ostéite post-radique. Il est conseillé de couvrir les implants avec un
lambeau de peau ou de muqueuse afin de réduire l’irradiation par rétrodiffusion à partir des
surfaces métalliques. Ces implants sont réactivés 4 à 6 semaines après la fin de la
radiothérapie.
9.4. Conduite à tenir chez les patients irradiés dans le protocole chirurgical [6], [50]
Larsen [50] recommande de respecter certains principes avant la pose des implants en
terrain irradié dont la dose des rayons est supérieur à 50 Gy :
Aldegheri et Coll. [6] rapportent les recommandations de Taylor pour la mise en place
d’implants après radiothérapie :
- discussion détaillée avec le patient des risques encourus
- une récidive tumorale ou une deuxième localisation doit être écartée
- la poursuite de l’intoxication tabagique est une contre-indication absolue
- attendre 2 ans avant la pose des implants
- technique implantaire réalisée sous anesthésie générale pour éviter tout traumatisme
des tissus mous par l’infiltration et la vasoconstriction de l’anesthésie locale
- chirurgie implantaire la plus atraumatique possible associée à une antibiothérapie pré
et postopératoire jusqu’à cicatrisation complète
80
- le délai entre la mise en place des implants et la connexion des piliers est retardé de 6
mois
- piliers les plus longs possible pour éviter de traumatiser les tissus mous environnants
- oxygénothérapie hyperbare.
Décrite pour la première fois en 1922 par Regaud [72], sa définition a évolué au fur et
à mesure des connaissances sur sa physiopathogénie. L’ostéoradionécrose est une nécrose
osseuse secondaire à l’action des radiations ionisantes sur l’os et est favorisée par un certains
nombre de facteurs. Il s’ensuit une altération des capacités de défense et de cicatrisation du
tissu osseux.
On distingue des facteurs déclenchants (agressions traumatiques d’origines diverses :
extraction, prothèse mal-adaptée, alimentation, biopsie, mauvais état bucco-dentaire, piqûre
d’anesthésie,…) et des facteurs prédisposants (début de la radiothérapie avant la fin de la
cicatrisation, doses élevées de rayons ionisants surtout à partir de 65 Gy, l’absence d’hygiène
orale, état général du patient, le maintien des habitudes nocives comme la consommation
d’alcool et de tabac).
Son incidence diminue depuis plusieurs décennies, elle est actuellement inférieure à
5%. Elle affecte principalement la mandibule et se développe préférentiellement au niveau de
la région angulaire. Cette constatation pourrait être mise en rapport avec une différence dans
l’apport sanguin centromédullaire et/ou le caractère plus compact de l’os mandibulaire.
81
Son délai d’apparition est variable : de quelques semaines après la fin de la
radiothérapie jusqu’à plus de 30 ans après. Elle peut être provoquée ou survenir spontanément
dans les zones irradiées au-delà du seuil de 50 Gy.
La douleur est le symptôme retrouvé en premier. Facilement calmée par les
antalgiques à son début, elle peut devenir très vive voire invalidante. Elle s’accompagne
ensuite dans les formes les plus sévères d’expositions osseuses, de fistules, d’orostomes ou de
fractures pathologiques.
Les signes radiologiques n’apparaissent pas immédiatement. Au départ, elle se
caractérise par une densification de la trame osseuse suivie d’une ostéolyse mal limitée visible
sur un panoramique dentaire. Le scanner fournit des informations beaucoup plus précises et
permet de délimiter les atteintes corticales et spongieuses.
82
9.5.2. Physiopathogénie
Il existe deux théories opposées mais complémentaires dans une certaine mesure. En
effet, elles s’accordent sur l’ischémie ou hypovascularisation. Il s’agit de la théorie des « 3H »
de Marx basée sur la triade hypocellularité-hypoxémie-hypovascularité, et de la théorie des
« 2I » de Dambrain qui s’appuie sur l’ischémie et l’infection [66], [72].
¾ Hypovascularisation et ischémie
La diminution de la vascularisation osseuse provoque une réduction de la vitalité et
une altération de la capacité réparatrice et génératrice.
¾ Hypocellularité
Une rupture de l’équilibre entre l’activité ostéoblastique et l’activité ostéoclastique est
mise en évidence, indépendante de l’atteinte vasculaire. Les ostéoblastes beaucoup plus
radiosensibles sont en premier touchés. Il s’ensuit une minéralisation inhibée consécutive à la
baisse du nombre d’ostéoblastes synthétisant le collagène.
¾ Hypoxie
Cette diminution de la teneur en oxygène retarde le délai de cicatrisation. Elle est
constamment retrouvée après une irradiation.
¾ Infection
L’irradiation radiothérapeutique limite les moyens de défense contre les agressions
bactériennes. Ces dernières sont en relation avec des parodontopathies, des infections
odontogènes, des gestes chirurgicaux (avulsion dentaire) ou des microtraumatismes de la
muqueuse.
9.5.3. Traitement
83
• Médical
• Chirurgical
9.5.4. Prévention
84
Chapitre III :
APPLICATIONS ET INTERETS DE L’IMPLANTOLOGIE EN
PROTHESE MAXILLO-FACIALE
La conception d’une prothèse chez un patient doit tenir compte de certains éléments
intrinsèques pour assurer la rétention, la stabilisation et la sustentation. Le spécialiste en
prothèse doit utiliser au maximum les dents restantes, les reliefs osseux alvéolaires voire les
cavités qui résultent de l’exérèse tumorale. Cependant le praticien peut se heurter dans sa
thérapeutique de réhabilitation à un défaut de rétention ou de stabilisation susceptible de
contrecarrer le projet prothétique et sa pérennité.
Ces anomalies congénitales de la face sont pour la grande majorité des cas corrigées
chirurgicalement, et ceci dès le plus jeune âge du patient. En effet, l’absence de correction
d’une fente faciale peut entraîner chez le nouveau-né une gène plus ou moins marquée à la
85
tétée, et plus tard une difficulté à articuler certains phonèmes. Si la fente est plus sévère, elle
entraîne des troubles alimentaires avec une difficulté à déglutir voire des fausses routes
alimentaires responsables de troubles respiratoires et d’infection. Ces dernières sont d’autant
plus favorisées par une absence d’étanchéité entre les cavités buccale, nasales et
pharyngienne.
La prothèse vélo-palatine a presque uniquement pour but de pallier les échecs de la
chirurgie réparatrice. Une désunion répétée du voile, l’impossibilité de fermeture de la fente
palatine et l’échec d’une greffe osseuse sont autant d’échecs qui nécessitent une correction
prothétique. Parfois le chirurgien peut refuser d’intervenir chez l’adulte s’il existe un
édentement important ou total. La prothèse trouve alors ici sa meilleure indication. De même,
le patient peut refuser toute opération de correction chirurgicale pour des raisons qui lui sont
propres.
Ainsi, malgré les progrès des techniques chirurgicales, il n’est pas rare d’avoir recours
à une prothèse obturatrice stabilisée par des implants pour obtenir un meilleur résultat
phonétique.
Les fentes faciales peuvent avoir pour conséquence l’agénésie d’une ou plusieurs
dents. Il convient de combler l’édentement avec une prothèse. Durant la croissance du patient
elle est amovible, puis à l’âge adulte le patient peut bénéficier d’une solution fixe (prothèse
implanto-portée, prothèse conjointe collée ou scellée).
• Les résections maxillaires [20], [25], [37], [58], [68], [73], [83]
86
Le pronostic du traitement prothétique est influencé par le site et le volume des pertes
de substance qu’on retrouve dans les classifications de Brown [20] et Okay [58]. La présence
ou l’absence de dents au maxillaire détermine les possibilités de rétention, de sustentation et
de stabilisation de l’obturateur. En effet, Benoist [15] rappelle que la présence de la canine du
côté opéré constitue un facteur positif pour la tenue de la prothèse.
Okay [58] préconise la pose d’implant dans le cadre des classes II et III selon sa
classification, c’est-à-dire une hémimaxillectomie, ou un délabrement concernant le
prémaxillaire et incluant les deux canines. Les implants ont pour but de diminuer les forces de
bras de levier et d’assurer la stabilité de l’obturateur pour limiter les fuites et la phonation
nasale.
Avant de pouvoir poser une prothèse obturatrice fonctionnelle, il convient de respecter
une certaine chronologie dans la réhabilitation prothétique. Il est conseillé de réaliser un
obturateur immédiat mis en bouche en peropératoire. Le patient le porte pendant 2 à 4
semaines. Il est destiné à assurer une herméticité efficace au niveau du défect dès le réveil du
malade après l’intervention résectrice. Ainsi, le patient peut communiquer aisément avec son
entourage. Ensuite, le patient porte une prothèse obturatrice provisoire pendant 2 à 6 mois,
c’est-à-dire jusqu’à l’obtention complète de la cicatrisation. Pendant cette période,
l’obturateur peut subir des modifications afin de satisfaire le confort et l’étanchéité.
L’obturateur de fonction peut être rigide si le patient possède suffisamment de dents
résiduelles pour supporter des crochets. Chez le patient édenté total, les obturateurs souples
retenus au niveau des contre-dépouilles sont préférés.
Les implants doivent être mis en nombre suffisant et avec une distribution adaptée.
Dans la mesure du possible, il est souhaitable de les placer de façon bilatérale afin de répartir
au mieux les forces et d’améliorer la stabilité. Roumanas [73] souligne l’importance du site
implantaire. Il recommande le prémaxillaire comme zone clée et d’éviter au maximum les
zones trop proches du site d’exérèse susceptibles d’être le siège d’une récidive cancéreuse. La
pose d’implant dans la région postérieure est limitée par la pneumatisation des sinus et par la
résorption des crêtes alvéolaires. De plus, il souligne l’intérêt de différer la pose des implants
du jour de la résection, pour ne pas compromettre leur ostéointégration. Il observe en effet un
87
taux d’ostéointégration de seulement 29 % si les implants sont mis en place en même temps
que la chirurgie résectrice.
Un défect large peut limiter les quantités d’os disponible à l’implantation dans le
maxillaire. Pour garantir la rétention de la prothèse obturatrice, le patient peut bénéficier de la
combinaison d’implants endo-osseux standards et d’implants zygomatiques. L’équipe de
Schmidt [83] note que la jonction entre l’os temporal et le processus frontal est le site le plus
favorable à recevoir des implants zygomatiques.
L’étude des structures restantes après maxillectomie met en évidence quatre sites
optimaux pour la mise en place des implants : le corps de l’os zygomatique, la racine du
processus frontal du maxillaire, la tubérosité maxillaire et l’apophyse ptérygoïde. Même
lorsque la majeure partie de l’os maxillaire est réséquée, ces sites persistent et permettent un
ancrage solide.
La multiplication des points d’ancrage osseux pour les prothèses obturatrices et
maxillo-faciale est l’élément capital de leur stabilité.
L’obturateur chez l’édenté total assure finalement plusieurs fonctions : d’une part,
combler la perte de substance acquise du maxillaire en assurant l’étanchéité la plus
convenable possible de la communication bucco-naso-sinusienne, et d’autre part, remplacer
toutes les dents absentes.
88
Malgré les progrès de la chirurgie de la face, la prothèse maxillo-faciale conserve des
indications alternatives ou complémentaires à la reconstruction chirurgicale. Elle s’intéresse
autant à l’aspect esthétique que fonctionnel. Les lambeaux micro-anastomosés sont d’un
apport non négligeable dans les reconstructions mandibulaires. Cependant cette chirurgie
lourde et morbide ne constitue pas le meilleur terrain pour la pose d’implants, lié à la non
adhérence des tissus mous à la base osseuse du lambeau. Le risque d’apparition de péri-
implantite est alors majoré.
De nouveaux procédés chirurgicaux comme la distraction ostéogénique ont permis
d’améliorer les conditions de réhabilitation dento-prothétique amovible ou implanto-portée.
Ce procédé consiste à allonger l’os grâce à une élongation progressive via un distracteur. Son
intérêt est de reconstituer simultanément l’os et les parties molles (gencives, muscles et peau
sans engendrer trop de cicatrice). Cette technique permet aussi d’accroître le capital cutané
avec une rançon cicatricielle minime, et d’obtenir une muqueuse attachée à l’os néoformé.
Elle permet ainsi de réaliser le temps implantaire dans de très bonnes conditions. Labbé et
Coll. [47] constatent une ostéointégration d’excellente qualité chez un traumatisé balistique,
après pratique d’une distraction ostéogénique suivi d’une implantation précoce dans un os
immature. Cette élongation osseuse peut être mono, bi ou tri-focale.
La prothèse adjointe ou conjointe stabilisée par les implants contribue finalement au
soutien des lèvres et des joues.
• Après une résection tumorale mandibulaire [2], [6], [24], [25], [38], [57], [63]
89
un état bucco-dentaire médiocre avec peu ou pas de dents naturelles résiduelles exploitables
prothétiquement. En outre, la radiothérapie nécessite l’élimination des foyers infectieux par
des extractions multiples afin de prévenir le risque d’ostéoradionécrose. Elle s’accompagne
également d’un appauvrissement de la quantité de salive. Ce défaut de salive est préjudiciable
car la prothèse adjointe est moins confortable et présente un risque d’entraîner des
complications. La chirurgie, la xérostomie, la surface d’appui réduite, l’absence de vestibule
jugal et lingual, la présence de brides cicatricielles, de tissus de comblement non muqueux
sont des facteurs cumulatifs qui s’opposent à la rétention d’une prothèse amovible classique.
Pour toutes ces raisons, la réhabilitation prothétique de ces patients est complexe. L’utilisation
d’implants ostéointégrés est préconisé afin d’améliorer le pronostic et la stabilité de la
prothèse.
Les implants peuvent être placés dans l’os mandibulaire résiduel, dans un greffon
osseux ou les deux. Aldegheri et Coll. [6] rappellent que la mise en place d’implant avec une
ostéointégration de bonne qualité dans un greffon osseux et sur un terrain irradié est possible.
Ils constatent un taux de succès de 90,5 % sur un total de 93 implants. Brogniez et Coll. [24]
rapportent des résultats similaires dans leur étude sur 50 implants placés dans de l’os
mandibulaire irradié. Toutefois, il semble souhaitable de différer l’implantation du jour de la
reconstruction mandibulaire afin de ne pas traumatiser le greffon, d’assurer sa parfaite
intégration à l’os résiduel et d’optimiser l’axe implantaire en fonction du volume osseux
disponible.
La pose d’implants sur des greffons soulève deux problèmes influençant le plan de
traitement. D’une part, le choix d’un lambeau osseux qui facilite au mieux l’implantation : la
fibula et la crête iliaque semblent être les os les plus propices à recevoir des implants. D’autre
part, l’absence de fibromuqueuse adhérente à l’os reconstruit qui peut entraîner des retards de
réparation. En effet, il faut craindre des épisodes inflammatoires de type péri-implantites liés
aux mouvements de la néo-muqueuse non adhérente autour de l’implant. Goga et Coll. [38]
préconisent l’emploi de prothèses prenant appui directement sur les implants et non sur la
muqueuse. Ainsi cette dernière n’est pas sollicitée lors de la mise en fonction prothétique et
ne provoque pas de phénomènes inflammatoires périphériques.
Le choix du type de restauration se fait en fonction de l’étendue de l’édentement et de
la hauteur d’occlusion disponible. Les résections mandibulaires associées ou non à une
radiothérapie entraînent une limitation de l’ouverture buccale (lié à la rétraction des tissus ou
aux brides cicatricielles) et une réduction de la dimension verticale d’occlusion. La
90
conséquence directe est l’impossibilité pour le patient, dans certaines situations, de porter un
artifice prothétique aussi volumineux qu’une base en résine associée à des dents artificielles.
Si la hauteur disponible ne permet que le remplacement des dents, il est souhaitable d’avoir
recours à une réhabilitation transfixée sur implants, en s’assurant au préalable de la possibilité
de passer les instruments chirurgicaux et prothétiques. Si le choix d’une réhabilitation
prothétique amovible est adopté, alors elle est connectée aux implants par l’intermédiaire de
barres de connexion et de cavaliers, ou par des attachements de type boutons-pression.
Un des avantages de la reconstruction microchirurgicale est la possibilité de réaliser
plus facilement la réhabilitation prothétique. De plus, la qualité et la pérennité des résultats
sont supérieures à celles des autres techniques de reconstruction comme les endoprothèses en
titane. La mise en œuvre de cette technique apporte de nombreuses satisfactions autant au
niveau esthétique et fonctionnel qu’au niveau des relations humaines.
Cependant la sélection des patients à appareiller doit être rigoureuse car ce sont des
procédés de réhabilitation relativement compliqués et appliqués dans des conditions souvent
difficiles.
1.2.1. Introduction
91
Pour un résultat prothétique satisfaisant, les implants doivent être placés dans un os
d’épaisseur et de densité optimaux, conditions nécessaires de leur stabilité et de leur
pérennité. L’étude des différentes aires d’implantation, de la nature osseuse, des obstacles
anatomiques rencontrés permet de positionner judicieusement ces implants extra-oraux.
Jensen et Coll. [43] ont évalué sur 15 crânes secs anatomiques les volumes osseux disponibles
et ainsi identifier les sites potentiels d’implantation. Par cette étude, une classification des
sites d’implantation selon trois groupes a été élaborée :
• Les sites α : ils sont de 6 mm d’épaisseur ou plus dans le grand axe du volume
osseux, autorisant l’emploi d’implants dentaires. Ces sites peuvent être utilisés
pour la rétention de prothèses amovibles partielles ou d’épithèses faciales
complexes. Les régions les plus concernées sont le prémaxillaire à travers les
fosses nasales et l’os zygomatique. Le processus zygomatique peut être utilisé
comme ancrage par une technique de traversée bicorticale avec des implants
longs. Les sites péri-orbitaires latéraux présentent fréquemment une épaisseur
osseuse de l’ordre de 6 à 7 mm.
• Les sites δ : ce sont des sites marginaux avec une épaisseur osseuse disponible
de 3 mm ou moins. Ces sites sont localisés au niveau de l’os temporal, de
l’apophyse piriforme, du cadre infra-orbitaire, de l’os nasal, de l’arcade
zygomatique et du pilier zygomatique. L’emploi d’implants de 3 mm est
préconisé au niveau de ces zones.
92
Figure 18: Classification des sites cranio-faciaux, vue de profil. D’après Jensen OT. 1992
[43]
Figure 19: Classification des sites cranio-faciaux, vue de face. D’après Jensen OT 1992
[43]
93
1.2.2. La région mastoïdienne
[3], [10], [17], [22], [34], [42], [43], [75], [86], [89], [96]
1.2.2.1.Indications
Deux moyens thérapeutiques peuvent être proposés pour une reconstruction totale ou
subtotale du pavillon de l’oreille : la chirurgie ou l’appareillage prothétique.
La solution chirurgicale fait appel le plus souvent au cartilage costal autogène. Elle
représente une bonne méthode pour traiter une microtie (petitesse anormale des oreilles) ou
une amputation traumatique. Cependant, il s’agit d’une technique qui nécessite de nombreux
temps opératoires et qui présentent des résultats esthétiques incertains. D’autre part, certaines
étiologies contre-indiquent le recours à la chirurgie reconstructrice. Les brûlures étendues ou
les cas d’avulsions avec d’importantes dégradations des tissus locaux et destruction du
pédicule temporal superficiel n’autorisent pas de reconstructions par lambeaux. Quant aux
patients multi-opérés, ils présentent un tissu cicatriciel et fibreux ne permettant pas une
réparation plastique. De même, les amputations chirurgicales complètes du pavillon de
l’oreille suite à une pathologie tumorale maligne ne présentent pas un terrain idéal pour la
reconstruction, notamment si un geste de résection osseuse (pétrectomie partielle ou totale) est
associé. En effet, la reconstruction chirurgicale doit être différée de plusieurs années en raison
de la nécessité de dépister précocement une récidive locale.
94
que sur les 85 implants posés dans l’os temporal aucun n’a été perdu. La densité osseuse
corticale de l’os temporal et la faible épaisseur des parties molles en regard de cette région
sont deux facteurs qui expliquent ces résultats.
Badie-Modiri [10] rappelle les recommandations de Tjellström quant à la localisation
optimale du site implantaire, à savoir un arc de cercle situé à 18 mm en arrière du centre du
conduit auditif externe. Il a obtenu cette valeur en effectuant des mesures morphométriques au
niveau de l’aire temporale. Jensen et Coll. [43] effectuent ces mêmes mesures sur des crânes
secs. Ils déterminent une distance minimale de 15 mm entre le centre du conduit auditif
externe et la partie antérieure du sinus sigmoïde. En respectant cette distance, les lésions du
sinus veineux latéral sont évitées. Si le patient a bénéficié d’une pétrectomie, le chirurgien
doit placer les implants de manière décalée ; il les positionne dans la partie supérieure, dans le
prolongement de l’arcade zygomatique.
Un examen tomodensitométrique préopératoire permet d’estimer l’épaisseur de la
corticale osseuse et donc de repérer la position des futurs implants. L’épaisseur de la corticale
mastoïdienne varie en général entre 4 et 5 mm, ce qui autorise la pose d’implants de 3 à 4 mm
de longueur et de 3,75 mm de diamètre. Cependant, Badie-Modirie [10] préconise de parfois
multiplier les forages pour trouver une épaisseur d’os suffisante et éviter les cellules
mastoïdiennes du fait de leur pneumatisation variable. Si l’épaisseur corticale est insuffisante,
l’emploi d’implant-vis est contre-indiqué. On utilise alors le système implant-plaque de
Farmand [10]. Une étude stéréolithographique et la réalisation d’un guide chirurgical
permettent de définir avec précision le point d’émergence idéal des piliers percutanés
solidarisés aux implants extra-oraux afin de ne pas compromettre l’anatomie de la future
épithèse et d’obtenir un résultat esthétique satisfaisant.
La plupart des auteurs s’accordent sur le nombre d’implants : deux implants extra-
oraux ostéointégrés suffisent pour mettre en place secondairement une épithèse auriculaire.
Le protocole chirurgical traditionnel de l’école suédoise prévoit deux stades séparés
d’un temps minimum de 2 à 3 mois sur un terrain non irradié et de 6 à 9 mois sur un terrain
irradié.
Signorini et Coll. [86] proposent une technique plus personnelle en un seul temps
chirurgical dans les cas de brûlure du pavillon auriculaire.
95
Herman [42] rappelle la possibilité de mettre en place les implants dans le même
temps opératoire que l’exérèse tumorale. Cependant, des examens histologiques extemporanés
sont nécessaires pour s’assurer de l’absence d’un envahissement osseux. En carcinologie, la
pose de ce type de fixation nécessite une étroite collaboration entre le chirurgien et
l’épithésiste. Certains reliquats du pavillon de l’oreille sont particulièrement précieux pour
l’élaboration de la prothèse maxillo-faciale. Par exemple, la conservation du tragus sert
d’appui à l’épithèse et concourt à la qualité du résultat esthétique.
Sur le plan prothétique, l’épithèse est confectionnée 3 ou 4 semaines après le second
temps chirurgical.
La contention de la prothèse est assurée soit par un système magnétique soit par un
système de barre sur laquelle se clipse l’épithèse.
Bien qu’apparemment simple, l’indication de la prothèse implanto-portée est
l’aboutissement d’une évaluation comparée des différentes options chirurgicales et techniques
permettant de proposer au patient le meilleur traitement possible pour un résultat final
optimal.
96
Figure 20c: Piliers de l’épithèse Figure 20d: Vis de cicatrisation
97
Figure 20g: Barre qui stabilise l’épithèse Figure 20h: Epithèse auriculaire en place
1.2.3.1. Indications
98
le malade refuse de subir de multiples interventions La solution épiprothétique doit être alors
privilégiée, notamment quand la chirurgie présente des résultats insuffisants ou si elle a
échoué.
Une épithèse implanto-portée est préférée aux retentions adhésives ou ancrée aux
montures de lunettes. Les sécrétions nasales, la condensation issue de la respiration ou la
mimique peuvent compromettre l’efficacité des adhésifs.
Le nez représente un organe dont la forme varie d’un individu à l’autre. La
physionomie du visage dépend grandement de son aspect. Une prothèse permet quasiment de
restituer ad integrum cet aspect initial. Ainsi le patient s’adapte d’autant mieux à son épithèse.
99
Figure 21 : Implant extra-oral positionné dans le plancher antérieur des fosses nasales
selon un angle de 60° par rapport à un plan horizontal
L’orifice piriforme n’offre pas d’ancrage osseux suffisamment solide aux implants vis
extra-oraux : la région de l’orifice piriforme est plus propice à la résorption qu’à l’apposition
osseuse. Par conséquent, le chirurgien doit privilégier l’emploi d’implant-plaque, ce qui
permet de positionner les piliers au dessus du vide que représentent les fosses nasales.
Bowden [21] utilise de façon non orthodoxe des implants zygomatiques orientés
horizontalement depuis l’orifice piriforme jusqu’à l’os zygomatique. En positionnant ces
implants de cette manière, il permet de garantir une ostéointégration dans un os sain chez les
patients qui reçoivent une irradiation de la région nasale.
Les trois implants autorisent le maintien soit d’une barre en « T » inversée sur laquelle
trois clips permettent l’immobilisation de la prothèse transversalement et verticalement, soit
de plateaux métalliques fixés sur des piliers et d’aimants incorporés à la face profonde de
l’épithèse. Néanmoins, Nishimura [55] rapporte des signes de corrosion avec le système
magnétique susceptibles de discolorer la prothèse.
100
1.2.3.3. Protocole chirurgical
1.2.3.4.Cas clinique
101
Figure 22b: Barre de fixation de l’épithèse Figure 22c: Epithèse nasale en place
1.2.4.1. Indications
102
l’intégrité esthétique et morphologique de cette zone. Le recours aux épithèses implanto-
portées constitue donc une alternative réparatrice intéressante.
103
tandis que Toljanic et Coll. [90] rapportent un taux de succès global de 73,2 % après avoir
suivi 153 implants sur 53 mois.
Le positionnement précis des implants est également déterminé par l’émergence
cutanée des piliers solidarisés aux fixtures. Ces derniers doivent se situer en dedans des
limites de la perte de substance, d’où l’importance du guide chirurgical qui permet aussi
d’apprécier les contours de la future épithèse.
104
Le port de lunettes permet de camoufler une partie de l’épithèse et d’assurer un
ancrage supplémentaire dans les situations les plus difficiles.
Figure24a: Perte de l’œil après une mutilation Figure 24b: Pose de 3 implants
par arme à feu
Figure 24c: Piliers vissés aux implants Figure 24d: Transferts en place
avant la prise d’empreinte
105
Figure 24e: Fixation mécanique par barre et clips
1.2.5.1. Indication
Ce sont des épithèses étendues à plusieurs régions de la sphère oro-faciale. Elles ont
pour but de dissimuler provisoirement le défect en attendant une restauration esthétique ou de
reconstituer de façon permanente une grande partie de la face. On distingue ainsi les prothèses
d’attente et les masques définitifs.
106
Ces pertes de substance sont d’origine carcinologique ou traumatique (tentatives
d’autolyse et accidents de la voie publique).
Les possibilités actuelles de la chirurgie reconstructrice ne permettent pas d’obtenir
des résultats esthétiques satisfaisants. De plus, elle impose de nombreuses interventions avec
un taux de morbidité non négligeable.
Quant à la prothèse maxillo-faciale monobloc, malgré des résultats cosmétologiques
de très bonne qualité, elle renforce chez le patient le sentiment de mutilation irréversible et
irréparable. L’épithèse reste statique n’assurant pas de fonctions sensorielle et motrice, d’où
un impact psychologique médiocre.
Dans un tel contexte, l’association de la chirurgie réparatrice de comblement de type
lambeau libre et d’un système épiprothétique implanto-porté semble un bon compromis.
Tout ceci concourt à retrouver rapidement une alimentation, une phonation à peu près
normale et une esthétique. Le patient récupère ainsi une certaine qualité de vie sociale.
107
Les moyens de fixation de la prothèse maxillo-faciale aux implants peuvent être des
attachements boules, des rétentions mécaniques (barres et cavaliers) ou un système
magnétique.
1.2.6. Conclusion
Positionnement Rétention de la
Site Nombre d’implant idéal des implants prothèse maxillo-
faciale
18 mm en arrière du
auriculaire 2 conduit auditif Barre + clips
externe
Bord supérieur et
orbite 3 latéral du cadre Système magnétique
orbitaire
-2 au niveau de Système magnétique
nasal 3 l’orifice piriforme ou
-1 au niveau de la Système mécanique
glabelle
Tableau 8: Récapitulatif concernant la mise en place des implants au niveau des sites
extra-oraux
Figure 25: En gris foncé les zones d’implantation temporale, nasale et orbitaire. D’après
Badie-Modiri B. et Coll. 2001 [10]
108
La prise en charge est multidisciplinaire. Chaque cas nécessite une analyse rigoureuse.
Les impératifs des uns et des autres doivent être respectés pour optimiser l’esthétique et la
pérennité de la réhabilitation.
L’état des bords de la perte de substance carcinologique importe plus que leur étendue
ou leur profondeur. C’est à ce niveau que la prothèse maxillo-faciale prend appui et que se fait
la jonction avec le plan cutané. Il est souhaitable que les bords soient soutenus par un plan
osseux. Ceci a pour but d’éviter le décollement de l’épithèse et de la rendre moins visible.
Les contours des pertes de substance d’origine traumatique n’ont pas la netteté de
celles d’origine chirurgicale. Les bords sont en général irréguliers et anfractueux. Ces derniers
présentent l’avantage d’augmenter la rétention mais au détriment de l’étanchéité périphérique.
Le chirurgien doit veiller à ce que le point d’émergence des piliers se situe à l’intérieur
du contour de la future prothèse et que la réduction tissulaire soit suffisante pour assurer
l’immobilisation la plus complète possible du plan cutané sur le plan osseux.
La priorité doit être donné à la chirurgie réparatrice si le patient le souhaite et si son
état général le permet.
Pourtant, il s’avère souvent nécessaire d’associer plusieurs techniques qui se
révèleront complémentaires.
109
2.1. Les intérêts au niveau chirurgical
[17], [26], [32], [34], [41], [46], [61], [75], [79], [80], [87], [96]
110
La solution prothétique implanto-portée peut être envisagée après un échec, une
impossibilité ou une contre-indication de la chirurgie réparatrice. La précarité de l’état général
du patient ou sa volonté de ne plus subir de lourdes et nombreuses interventions chirurgicales
sont deux paramètres qui peuvent orienter le malade vers une prothèse maxillo-faciale.
L’apparition de cicatrices chéloïdes et de tissus fibreux sont deux facteurs qui entravent la
qualité de la reconstruction chirurgicale. De même, les tissus brûlés ou irradiés ne sont pas
favorables à recevoir un greffon car l’apport sanguin de ces tissus est bien souvent restreint.
L’impossibilité du recours à la chirurgie réparatrice est conditionnée par la perte importante
de tissu et l’absence de site donneur convenable. Dans la reconstruction du pavillon de
l’oreille, le chirurgien se sert du cartilage costal comme préforme. Or si ce dernier est calcifié,
la chirurgie est vouée à un échec certain. D’autre part, la reconstruction du tiers inférieur de
l’oreille constitue un véritable challenge pour les chirurgiens. L’épithèse implanto-portée
constitue dans ces situations une alternative intéressante. Ainsi la solution épiprothétique se
situe à la limite de validité de la chirurgie reconstructrice.
Le geste chirurgical que constituent les deux interventions pour la pose d’implant est
un acte bénin pour le patient comparé aux opérations à visée reconstructrice. En effet, elle est
éventuellement réalisable en ambulatoire sous anesthésie locale car le plan osseux est
directement accessible. Il s’agit d’un confort non négligeable chez les patients multi-opérés
aspirant à faire une pause dans les séquences thérapeutiques.
Boudard et Coll. [17] rappellent certaines caractéristiques de ce protocole implantaire.
C’est une intervention simple car elle correspond techniquement à une ostéo-synthèse
minutieuse, précise et atraumatique grâce aux séquences rigoureuses établies par le Professeur
Brånemark. Il s’agit d’une opération limitée car la mise en place d’implants extra-oraux se fait
dans un os immédiatement situé sous le plan cutané dans une même zone anatomique.
L’intervention est le plus souvent brève car elle équivaut à un repérage, un forage, un
taraudage et un vissage de l’implant. En somme, c’est un traitement rapide à mettre en œuvre,
peu invalidant, éprouvé et fiable. Même si une reconstruction chirurgicale est possible chez
les patients âgés, une solution prothétique sera préférée parce qu’elle assure un appareillage
rapide.
Son innocuité et son caractère réversible font de la technique implantaire une solution
de choix dans l’arsenal thérapeutique des chirurgiens. La dépose des piliers permet de revenir
à la situation initiale et donc d’envisager un traitement de chirurgie réparatrice.
111
La reconstruction chirurgicale apporte le plus souvent les solutions les plus
intéressantes sur le plan conceptuel. Cependant, la prise en charge complète du patient peut
être uniquement chirurgicale, épiprothétique ou par l’association des deux procédés mis en
œuvre en alternance ou en complémentarité.
2.2. Les intérêts au niveau carcinologique [17], [46], [76], [78], [79], [80], [81]
2.3. Les intérêts au niveau esthétique [8], [17], [26], [62], [87], [93]
112
Les progrès de la chimie des matières plastiques a permis de créer des élastomères de
silicone présentant des qualités qui se rapprochent de la texture de la peau naturelle. Le
spécialiste en prothèse maxillo-faciale peut proposer au patient des épithèses souples, plus
simples à mouler et à colorer qu’auparavant. Le rendu du grain de la peau, de sa pigmentation,
de la vascularisation sous-jacente et éventuellement du système pileux assurent un résultat
esthétique très satisfaisant. Le prothésiste peut à loisir retoucher la cire de modelage et les
pigments du silicone afin de garantir un aspect extérieur optimal et en adéquation avec les
doléances du patient.
Les épiprothèses sur implants par rapport aux épithèses fixées par d’autres artifices
présentent un intérêt esthétique non négligeable. Dans son étude, Arcuri [8] compare ces
différentes prothèses. Il constate, à partir des questionnaires remplis par les patients, une
amélioration de l’aspect cosmétique entre les épithèses implanto-portées et leurs anciennes
prothèses collées. Les premières présentent des bords fins beaucoup plus esthétiques, alors
que celles collées possèdent souvent des bords abîmés et discolorés par les solvants des
adhésifs. La conséquence directe est le renouvellement moins fréquent des prothèses fixées
sur implants.
113
Les pertes de substance faciales endo-orales et extra-orales génèrent des perturbations
esthétiques et fonctionnelles non négligeables qui sont à l’origine de troubles psychologiques.
Le souhait du patient est en général de recourir à un mode de réhabilitation rapide, simple et à
peu près satisfaisant. Certes, une reconstruction chirurgicale reste la meilleure des solutions,
mais elle demande de nombreuses interventions sur des mois voire des années. La réalisation
d’une prothèse provisoire constitue alors une étape importante dans le plan de traitement.
Parfois, elle représente même une solution définitive si le patient la tolère bien. Elle permet
d’atténuer une préoccupation obsédante chez certains patients.
Dans un contexte traumatologique, la réhabilitation prothétique peut permettre de faire
une pause au sein d’un plan de traitement chirurgical long tout en permettant au patient une
intégration sociale et familiale acceptable.
Il faut noter que l’importance de la réaction psychologique n’est pas proportionnelle à
la mutilation. En effet, la réhabilitation prothétique des malformations acquises est
psychologiquement mieux tolérée que celle des anomalies congénitales. D’autre part, un
patient s’adapte plus rapidement à une prothèse s’il sait qu’elle est temporaire et qu’une
intervention chirurgicale ou une prothèse plus élaborée lui permettra d’accéder à brève
échéance à un plus grand confort.
Mais le plus important est d’obtenir la sécurité du maintien de la prothèse maxillo-
faciale quels que soient les mouvements de la tête. Ceci est rendu possible par l’ancrage endo-
osseux.
Selon Sabin [81], du point de vue psychologique, la pose d’implants correspond à une
intervention non douloureuse et peu invalidante. Elle est parfois réalisable en ambulatoire
sous anesthésie locale. Elle est donc moins redoutée par le patient qu’une opération
chirurgicale de reconstruction nécessitant une anesthésie générale et une hospitalisation.
Il est aussi important pour le patient de savoir que les interventions et la prothèse sont
prises en charges intégralement, ce qui n’est pas le cas des implants dentaires.
En ancrant la prothèse maxillo-faciale sur les implants, cette dernière ne constitue plus
un corps totalement étranger car elle devient une partie quasi intégrante de son anatomie. Elle
est par ailleurs mieux tolérée par les patients que les épithèses classiques collées ou fixées aux
montures de lunettes, et est incomparablement plus fiable.
La prothèse implanto-portée permet au patient de reprendre des activités quotidiennes
et sportives avec moins de difficultés et sans crainte d’une désinsertion inopinée.
114
Finalement, elle réduit les troubles psychologiques et facilite le retour à une vie socio-
professionnelle.
L’intérêt des implants est manifeste si l’on compare la prothèse sur implants aux
prothèses classiques dentaires et maxillo-faciales collées ou fixées aux montures de lunettes.
La possibilité d’ancrer la prothèse aux structures résiduelles permet de s’affranchir des
problèmes de rétention et de stabilité de cette dernière.
Les implants autorisent le positionnement précis et stable de la prothèse par le patient
lui-même sans l’aide d’une tierce personne. Contrairement aux épithèses collées, les prothèses
implanto-portées présentent des contraintes d’hygiène minimes et provoquent rarement des
réactions cutanées.
Dans son étude, Chang [27] compare les épiprothèses sur implants et les épithèses
collées à partir d’un questionnaire rempli par 37 patients.
115
Patients porteurs d’une Patients porteurs d’une
prothèse collée
prothèse implanto-portée
Nombre de patients 16 19
Qualité de la rétention en
fonction de l’activité 38 à 63 %
79 à 95 %
(manger, activité sportive,
transpiration, éternuement)
Au sein de la cavité buccale, les implants aident à maintenir le niveau osseux et dans
certaines situations, ils inversent l’atrophie des crêtes résiduelles. Ils peuvent aussi diminuer
la nécessité d’impliquer des dents adjacentes afin d’améliorer la stabilité prothétique.
Les cavités de résection maxillaire provoquent des préjudices fonctionnels que seules
la chirurgie et la prothèse peuvent corriger. Cependant, il est souhaitable de combiner les deux
approches. D’une part, la reconstruction chirurgicale va résoudre les problèmes de fuites
alimentaires et salivaires, et d’autre part, la réhabilitation prothétique va corriger les
problèmes phonatoires et masticatoires. Parfois la chirurgie reconstructrice n’est pas indiquée
et seul le recours prothétique est envisagé.
Les communications bucco-naso-sinusiennes altèrent la stabilité de la prothèse
obturatrice à cause des fuites d’air et de liquide à travers les différentes cavités, ce qui
compromet certaines fonctions.
116
La technique implantaire semble apporter la solution à ces différents problèmes.
L’utilisation d’une barre transvissée aux implants sur laquelle se clipse l’obturateur fournit un
moyen relativement intéressant pour améliorer la qualité de vie de ces patients. L’obturateur
implanto-porté restaure ainsi un cloisonnement étanche entre les cavités sinusales, nasales et
buccale, tout en rétablissant la fonction masticatoire et la phonation. Fukuda [35] rappelle que
la satisfaction fonctionnelle est essentielle pour recouvrer une qualité de vie acceptable. Il
remarque par ailleurs que la capacité de mastication est quasi similaire à une denture normale.
Il est important pour les patients de pouvoir manger et boire sans fuite nasale.
Ainsi, les implants fournissent un moyen de rétention et de stabilisation
supplémentaire des obturateurs maxillaires après une maxillectomie.
Une perte de substance mandibulaire peut être compensée par une réhabilitation
prothétique dentaire à la fois esthétique et fonctionnelle. Elle permet d’assurer une phonation,
une déglutition et une mastication correcte.
Dans la plupart des situations, il est souhaitable de combiner une reconstruction
chirurgicale et une restauration prothétique. La première a pour but de restaurer l’intégrité
structurelle et la continuité du défect mandibulaire incluant la crête alvéolaire avec la forme et
les dimensions appropriées. La partie greffée est bien évidemment édentée. L’ancrage endo-
osseux a pour finalité de pouvoir réaliser une prothèse dentaire qui n’exerce pas trop de forces
compressives sur le greffon.
Les implants intra-oraux ont un rôle mécanique prépondérant pour gagner en rétention
et en stabilité. C’est le cas lors de restaurations mandibulaires par lambeau libre de fibula,
distraction osseuse ou après une exérèse carcinologique.
La déformation post-chirurgicale consécutive à une hémi-mandibulectomie entraîne
une déviation vers la lésion opérée avec des troubles d’élocution et de déglutition.
L’assistance prothétique est d’une grande aide en complément de l’acte chirurgical dans
l’amélioration de certaines fonctions. Cependant, la présence de brides cicatricielles, de tissus
117
de comblement non muqueux, l’absence de vestibule jugal et lingual ainsi que la xérostomie
liée à la radiothérapie sont des facteurs qui augmentent les difficultés de rétention d’une
prothèse amovible classique. L’emploi d’implants permet de garantir cette rétention.
Dans certaines situations, la hauteur d’occlusion disponible est insuffisante pour
appareiller les patients avec une prothèse amovible. Cette constatation est souvent rencontrée
chez les malades irradiés qui présentent également une hyposialie, une fragilité tissulaire et
une limitation de l’ouverture buccale consécutive à une fibrose. Le manque de lubrification
salivaire compromet l’interface entre la prothèse et la muqueuse, qui présente en général une
absence de crête mandibulaire. La muqueuse orale devient alors atrophique et fragile
prédisposant à des ulcérations. Cela explique pourquoi une réhabilitation fixée est souhaitable
pour préserver les tissus mous et prévenir le risque d’apparition des ostéoradionécroses.
Selon Labbé [46], la reconstruction d’une région de la face par une épithèse implanto-
portée constitue un complément ou une alternative thérapeutique à la reconstruction
chirurgicale, grâce à sa simplicité, sa stabilité, sa commodité de manipulation et la qualité
cosmétique du résultat qu’elle procure.
La diversité des implants extra-oraux permet de faire face à la plupart des situations
même en présence d’une faible épaisseur d’os voire d’une absence.
Pour Schoen [84], les avantages des implants sont évidents. Ils améliorent la rétention,
la stabilité, le positionnement de la prothèse maxillo-faciale tout en autorisant une
insertion/désinsertion aisée par le patient lors de sa maintenance. L’épithèse est ainsi moins
considérée comme un corps étranger, ce qui offre une amélioration de la qualité de vie.
Contrairement aux adhésifs, les implants ne provoquent pas d’irritation et ils ne discolorent
pas, ni détériorent le silicone. Il en découle un renouvellement moins fréquent de la prothèse.
118
Les implants en titane sont très bien tolérés dans l’os temporal. Cet ancrage endo-
osseux constitue une fixation fiable et solide et permet la fabrication d’épithèse auriculaire
plus légère, plus souple et plus naturelle. Le patient peut supporter sans aucun problème les
branches d’une monture de lunettes.
Devant une étiologie traumatique par arme à feu, la reconstruction du pavillon de
l’oreille par une épiprothèse est particulièrement intéressante, car sur le plan loco-régional, la
peau cicatricielle risque de compromettre la chirurgie réparatrice. De même chez les patients
âgés on privilégie la solution prothétique. On préfère l’emploi d’implants plutôt qu’une
prothèse collée notamment si l’hygiène du patient est relative et qu’il a une perte de sa
dextérité.
Les implants extra-oraux ont révolutionné la prise encharge des agénésies majeures
d’oreille. En outre ils permettent la fixation d’une prothèse auditive à ancrage osseux et la
rétention d’une épithèse auriculaire.
119
des fosses nasales et la faible épaisseur de l’os ne sont pas favorables à la mise en place
d’implants endo-osseux. Le système implantaire extra-oral et juxta-osseux est privilégié pour
disposer les piliers au dessus du vide et donc permettre l’ancrage de l’épithèse.
Pour Wolfaart [96], si le défect s’étend à la cavité buccale et/ou à l’orbite, la solution
épiprothétique offre le traitement le plus approprié.
Les épithèses peuvent être indiquées dans les cas de perte de substance complexe,
étendue à plusieurs régions anatomiques de la face. La prothèse est alors composée de
plusieurs éléments : les uns externes, les autres endo-cavitaires. L’intérêt des implants est
évident dans cette situation. Ils assurent la stabilisation des prothèses dentaire et maxillo-
faciale chez un même patient.
D’après Palmer [61], il existe une véritable complémentarité des implants. Il est
possible d’une part d’utiliser en extra-oral des implants dits « dentaires » et d’autre part de
stabiliser une prothèse amovible complète supérieure en s’appuyant sur des implants fronto-
malaires. Ainsi dans les défects faciaux étendus intéressant notamment le prémaxillaire,
l’association des implants intra-oraux et extra-oraux constitue une alternative à la chirurgie
reconstructrice.
120
CONCLUSION
121
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AUTORISATIONS DE REPRODUCTION
This permission is given for one-time use only and solely for the purpose
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Sincerely,
Carol L. Thomas
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De : Marcillet, Madeleine (ELS-PAR) <[email protected]>
Envoyé : vendredi 23 février 2007 11:33:36
À: <[email protected]>
Objet : RE: autorisations de reproduction pour ma thèse
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De : Guillaume Hode [mailto:[email protected]]
Envoyé : lundi 19 février 2007 16:28
À : Lambert, Evelyne (ELS-PAR)
Objet : autorisations de reproduction pour ma thèse
Bonjour Monsieur,
HODE Guillaume
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133
From: Guillaume Hode [mailto:[email protected]]
Sent: Monday, February 19, 2007 9:55 AM
To: Health Permissions (ELS)
Subject: request permission
Dear Sir,
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HODE Guillaume
134
which permission is hereby given.
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Thèse de Doctorat en Chirurgie Dentaire
Résumé de la Thèse
Résumé de la thèse
Mots clés :
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