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Les Fractions Continues: Chapitre 8

Ce document décrit les fractions continues finies et leurs propriétés. Il présente la relation entre le développement d'un nombre rationnel en fraction continue finie et l'algorithme d'Euclide. Il introduit également les suites de numérateurs et dénominateurs associés aux réduites d'une fraction continue.

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Les Fractions Continues: Chapitre 8

Ce document décrit les fractions continues finies et leurs propriétés. Il présente la relation entre le développement d'un nombre rationnel en fraction continue finie et l'algorithme d'Euclide. Il introduit également les suites de numérateurs et dénominateurs associés aux réduites d'une fraction continue.

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Chapitre 8

Les fractions continues

8.1 Fractions continues finies


Considérons le nombre rationnel a/b, avec (a, b) = 1 et b > 0. L’algo-
rithme d’Euclide permet d’écrire

a = a1 b + b1 , 0 < b1 < b
b = a2 b1 + b2 , 0 < b2 < b1
b1 = a3 b2 + b3 , 0 < b3 < b2
.. .. (8.1)
. .
bn−3 = an−1 bn−2 + bn−1 , 0 < bn−1 < bn−2
bn−2 = an bn−1 .

Puisque tous les nombres bi ci-dessus sont des entiers positifs, il s’ensuit
que les termes a2 , a3 , . . . , an sont aussi des entiers positifs. En réécrivant ces
expressions, on a
a b1
= a1 +
b b
b b2
= a2 +
b1 b1
b1 b3
= a3 +
b2 b2
..
.
bn−2
= an .
bn−1

104
Par des substitutions successives, on obtient

a 1 1
= a1 + = a1 +
b (b1 /b) 1
a2 +
(b/b1 )
.. .. ..
. . .
1 déf
= a1 + = [a1 , a2 , . . . , an ].
1
a2 +
1
a3 +
..
. 1
an−1 + a1
n

Il découle de cette définition que


! "
1 1
[a1 , a2 , . . . , an ] = a1 + = a1 , a2 , . . . , an−2 , an−1 + .
[a2 , a3 , . . . , an ] an

L’expression à plusieurs étages que nous avons obtenue précédemment s’ap-


pelle le développement du nombre a/b en fractions continue finie (elle est
dite simple si tous les ai sont des entiers, 1 ! i ! n). On vient de voir son
lien étroit avec l’algorithme d’Euclide.
Deux problèmes se posent :
— Étant donné un nombre réel différent de zéro, quel est son dévelop-
pement en fraction continue ?
— Une fraction continue représente-t-elle toujours un nombre réel ? Si
oui, lequel ?

Exemple 70. En procédant comme ci-dessus, on obtient

17 1 1
=0+ =0+
37 37 1
2+
17 2
5+
3
1
=0+ = [0, 2, 5, 1, 2].
1
2+
1
5+
1
1+
2
Cette introduction permet d’énoncer le résultat suivant.

Théorème 8.1. Tout nombre rationnel peut s’exprimer comme une fraction
continue simple finie.

105
Remarque. La représentation d’un nombre rationnel comme fraction conti-
nue simple finie n’est pas unique. Dans l’équation (8.1), chaque ai est unique ;
cependant, si an > 1, on a
1
an = an − 1 + 1 = an − 1 +
1
et ainsi
a
= [a1 , a2 , . . . , an ] = [a1 , a2 , . . . , an − 1, 1].
b
Théorème 8.2. Toute fraction continue simple finie représente un nombre
rationnel.
Preuve. La preuve se fait par induction sur le nombre d’éléments dans la
fraction continue et par l’utilisation de l’identité
1
[a1 , a2 , . . . , an ] = a1 +
[a2 , a3 , . . . , an ]
nous obtenons le résultat.

Définition 27. Soit [a1 , a2 , . . . , an ] une fraction continue simple finie. La


fraction continue Ck = [a1 , a2 , . . . , ak ], où k = 1, 2, . . . , n, est appelée k-ième
réduite de la fraction continue [a1 , a2 , . . . , an ].
Avec cette notation, on a
C1 = [a1 ] = a1 ,
1 a1 a2 + 1
C2 = [a1 , a2 ] = a1 + = ,
a2 a2
1 (a1 a2 + 1) · a3 + a1
C3 = [a1 , a2 , a3 ] = a1 + =
1 a2 a3 + 1
a2 +
a3
((a1 a2 + 1)a3 + a1 ) · a4 + (a1 a2 + 1)
C4 = [a1 , a2 , a3 , a4 ] =
(a2 a3 + 1)a4 + a2
Pour simplifier les expressions ci-dessus, introduisons les suites {pn } et {qn }
définies par récurrence par :
p0 = 1, p1 = a1 , pn = an pn−1 + pn−2 , n " 2
(8.2)
q0 = 0, q1 = 1, qn = an qn−1 + qn−2 , n " 2.
On obtient facilement les inégalités suivantes :
0 = q0 < q1 ! q2 < q3 < q4 · · · .
Avec la définition ci-dessus, on constate que
p1 p2 p3
C1 = , C2 = , C3 = ,
q1 q2 q3
et on a également le résultat suivant.

106
Théorème 8.3. Pour toute réduite Ck de la fraction continue simple finie
[a1 , a2 , . . . , an ],
pk
Ck = , k = 1, 2, . . . , n.
qk
Démonstration. Il est facile de voir que le résultat est vrai pour k = 1 (et
aussi pour k = 2, 3). Supposons que le résultat est vrai pour un certain
k < n ; nous allons démontrer qu’il est aussi vrai pour k + 1. Puisque

Ck+1 = [a1 , a2 , . . . , ak−1 , ak , ak+1 ]


! "
1
= a1 , a2 , . . . , ak−1 , ak + ,
ak+1
alors # $
1
ak + pk−1 + pk−2
ak+1
Ck+1 = # $
1
ak + qk−1 + qk−2
ak+1
ak+1 (ak pk−1 + pk−2 ) + pk−1
=
ak+1 (ak qk−1 + qk−2 ) + qk−1
ak+1 pk + pk−1
= ,
ak+1 qk + qk−1
ce qui prouve le résultat pour k + 1.

Remarque. Les nombres pn et qn définis par les formules (8.2) sont appelées
respectivement numérateur et dénominateur de la ne réduite, n " 1.

8.2 Les propriétés de pn et qn


Théorème 8.4. Pour n " 4, on a

pn qn−1 − qn pn−1 = (−1)n .

Démonstration. Le résultat est immédiat pour n = 1. En supposant que le


résultat est vrai pour n, montrons qu’il est aussi vrai pour n + 1. Puisque

pn+1 qn − qn+1 pn = (an+1 pn + pn−1 )qn − (an+1 qn + qn−1 )pn


= −(pn qn−1 − qn pn−1 ) = (−1)n+1 ,

alors, en utilisant l’hypothèse d’induction, on obtient le résultat.

Ce théorème permet d’obtenir les deux corollaires suivants.


Corollaire 8.5. Si n " 0, alors

(pn , pn+1 ) = (qn+1 , qn ) = (pn , qn ) = 1.

107
Démonstration. En utilisant le théorème précédent et l’identité

pn+1 (−1)n+1 qn + pn (−1)n+2 qn+1 = 1,

on obtient le résultat.

Corollaire 8.6. soient a et b des entiers tels que (a, b) = 1 et b > 0. Si la


fraction continue a/b possède n termes, alors

x = qn−1 , y = −pn−1

est une solution de l’équation diophantienne

ax + by = (−1)n .

Exemple 71. Trouver une solution de 53x + 39y = 1.


solution.
D’après l’algorithme d’Euclide, on a

53 = 1 · 39 + 14
39 = 2 · 14 + 11
14 = 1 · 11 + 3
11 = 3·3+2
3 = 1·2+1
2 = 2 · 1,

53
d’où = [1, 2, 1, 3, 1, 2], et ainsi on a le tableau suivant :
39

n 0 1 2 3 4 5 6
an 1 2 1 3 1 2
pn 1 1 3 4 15 19 53
qn 0 1 2 3 11 14 39

On conclut que x = 14, y = −19 est une solution.

En utilisant le théorème précédent on peut établir une relation impor-


tante sur les réduites.

Théorème 8.7. Si Ck est la k-ième réduite de la fraction continue simple


finie [a1 , a2 , . . . , an ], alors

C1 < C3 < C5 < . . . < C6 < C4 < C2 .

108
Démonstration. A l’aide des théorèmes 8.3 et 8.4, on obtient

Ck+2 − Ck = (Ck+2 − Ck+1 ) + (Ck+1 − Ck )


% & % &
pk+2 pk+1 pk+1 pk
= − + −
qk+2 qk+1 qk+1 qk
(−1) k+2 (−1) k+1
= +
qk+2 qk+1 qk+1 qk
k+1
(−1) (qk+2 − qk )
= .
qk qk+1 qk+2

Puisque qk+2 − qk > 0, le signe de Ck+2 − Ck est le même que celui de


(−1)k+1 . Il en résulte que Ck+2 > Ck pour k impair et Ck+2 < Ck pour k
pair. Il s’ensuit que

C1 < C3 < C5 < . . . et C2 > C4 > C6 > . . . .

En utilisant le théorème 8.4, on obtient, pour k pair,

(−1)k
Ck − Ck−1 = >0
qk qk−1

et alors Ck > Ck−1 . Ainsi, on déduit que

C2n > C2n+2j > C2n+2j−1 > C2j−1 , pour tout n et j,

ce qui prouve le résultat.

8.3 Fractions continues infinies


On a défini précédemment une fraction continue finie simple par son déve-
loppement [a1 , a2 , . . . , an ]. Il est donc naturel de définir une fraction continue
simple infinie [a1 , a2 , . . .] comme étant la limite de l’expression [a1 , a2 , . . . , an ]
lorsque n → ∞, si cette limite existe. Montrons que toute fraction continue
infinie représente un nombre irrationnel. C’est ainsi que nous établirons que
π admet la représentation

π = [3, 7, 15, 1, 292, 1, 1, 1, 21, . . .].

Théorème 8.8. Soit {an } une suite d’entiers, tous positifs sauf possiblement
a1 . Soit Cn = [a1 , a2 , . . . , an ]. Alors, {Cn } converge vers un nombre réel.

Démonstration. On peut considérer les Cn , comme étant les réduites d’une


fraction continue simple finie. D’après le théorème 8.2, la suite {C2n } est
décroissante bornée inférieurement par C1 , elle possède donc une limite α ;

109
par ailleurs, la suite {C2n+1 } est une suite croissante bornée supérieurement
par C2 , d’où elle possède une limite β. Puisque
−1
C2n+1 − C2n = → 0, lorsque n → ∞,
q2n+1 q2n
ces deux limites sont égales et, par conséquent, la suite {Cn } converge et
possède une seule limite.

Définition 28. Soient a1 , a2 , . . . une suite d’entiers, tous positifs sauf pos-
siblement a1 . L’expression [a1 , a2 , . . .] est appelée fraction continue simple
infinie et est définie comme étant le nombre

lim [a1 , a2 , . . . , an ].
n→∞

Montrons maintenant que toute fraction continue infinie représente un


nombre irrationnel.
Théorème 8.9. Toute fraction continue simple infinie représente un nombre
irrationnel.
Démonstration. Soit α = [a1 , a2 , . . .]. Alors, d’après le théorème 8.7, le nombre
α est compris entre Cn et Cn+1 , d’où
1
0 < |α − Cn | < |Cn+1 − Cn | = .
qn qn+1
En multipliant cette dernière équation par qn , on obtient
1
0 < |qn α − pn | < .
qn+1
Si α = a/b est un nombre rationnel, avec b > 0, alors l’inégalité ci-dessus
devient
b
0 < |qn a − pn b| < .
qn+1
Les entiers {qn } formant une suite qui croît indéfiniment, on peut choisir n
suffisamment grand pour que b < qn+1 . De cette possibilité on déduit que
l’entier |qn a − pn b| est compris entre 0 et 1, ce qui est impossible.

Exemple 72. Trouver une approximation de α = [1, 1, 2, 1, 2, 1, 2, . . .] en


évaluant C6 .
solution.
On obtient facilement le tableau suivant :

n 0 1 2 3 4 5 6
an 1 1 2 1 2 1
pn 1 1 2 5 7 19 26
qn 0 1 1 3 4 11 15

110
Ainsi, C6 = 26/15 = 1.733 . . . . À l’aide de techniques que l’on développera

plus loin, il sera possible de montrer que ce nombre α est en fait 3.

Habituellement, pour écrire une fraction continue du type de l’exemple


précédent, on utilise une barre pour indiquer la répétition d’un bloc. Ainsi

[1, 1, 2, 1, 2, . . .] = [1, 1, 2].

Définition 29. Une fraction continue simple infinie [a1 , a2 , . . . , aj , aj+1 , . . . , aj+k ]
est dite périodique. La barre indique que la suite aj+1 , . . . , aj+k se répète
indéfiniment. Le plus petit k avec cette propriété est appelé la période.

Théorème 8.10. Si α = [a1 , a2 , . . .], alors a1 = [α]. De plus, si α1 =


[a2 , a3 , . . .], alors
1
α = a1 + .
α1
Démonstration. On sait que C1 < α < C2 . Puisque
1
C 1 = a1 et C 2 = a1 + + , a2 " 1,
a2
il s’ensuit que
a1 < α < a1 + 1 i.e a1 = [α].
De plus,
% &
1
α = lim [a1 , a2 , . . . , an ] = lim a1 +
n→∞ n→∞ [a2 , a3 , . . . , an ]
1 1
= a1 + = a1 + ,
lim [a2 , a3 , . . . , an ] α1
n→∞

ce qui démontre le résultat.

Théorème 8.11. Deux fractions continues simples infinies distinctes convergent


vers des valeurs différentes.

Démonstration. Supposons le contraire et soit α = [a1 , a2 , . . .] = [b1 , b2 , . . .].


Alors, le théorème précédent permet de conclure que [α] = a1 = b1 et
1 1
α = a1 + = b1 + .
[a2 , a3 , . . .] [b2 , b3 , . . .]

C’est pourquoi
[a2 , a3 , . . .] = [b2 , b3 , . . .].
En répétant l’argument ci-dessus, on obtient que a2 = b2 et, par induction,
on déduit que an = bn pour tout n " 1.

111
Exemple 73. Trouver la valeur de [1, 1, . . .].
solution.
Soit α = [1, 1, . . .]. D’après le théorème 8.10, on a

1
α=1+ ce qui implique que α2 − α − 1 = 0,
α

donnant ainsi la valeur α = (1 + 5)/2, un nombre souvent appelé «nombre
d’or».
Exemple 74. Trouver le nombre irrationnel représenté par la fraction conti-
nue simple infinie [2, 1, 8].
solution.
Soit x = [2, 1, 8], alors

1 1 x+6
x−2= = = ,
1 1 x+7
1+ 1+
1 8 + (x − 2)
8+
1
1+
.
8 + ..

et ainsi x = 2 6 − 2.

8.4 Les nombres irrationnels


Nous avons vu que toute fraction continue simple infinie représente un
nombre irrationnel. Inversement, étant donné un nombre irrationnel α, peut-
on montrer que ce nombre s’exprime comme une fraction continue simple
infinie ? La réponse est oui. Plus précisément, on montrera que tout nombre
irrationnel α1 peut s’exprimer comme une fraction continue simple infinie
[a1 , a2 , a3 , . . .] qui converge vers α1 . On définit la suite d’entiers a1 , a2 , . . . en
posant d’abord
1 1 1
α2 = , α3 = , α4 = ,...
α1 − [α1 ] α2 − [α2 ] α3 − [α3 ]
et par suite
a1 = [α1 ], a2 = [α2 ], a3 = [α3 ], . . . .
De manière générale, les ak sont définis par
1
ak = [αk ], où αk+1 = , k " 1.
αk − ak
Or, αk désigne un nombre irrationnel pour tout k " 1 et

0 < αk − ak = αk − [αk ] < 1.

112
On a donc,
1
αk+1 = >1
αk − ak
de sorte que les entiers ak+1 sont " 1 pour tout k " 1. Il découle de cette
construction que les entiers a2 , a3 , . . . sont tous positifs, sauf peut-être a1 .
Ce procédé inductif de la forme
1
αk = ak +
αk+1
conduit à ! "
1 1
α1 = a1 + = [a1 , α2 ] = a1 , a2 +
α2 α3
= [a1 , a2 , α3 ] = . . . = [a1 , a2 , . . . , am−1 , αm ].
Ceci suggère que α1 est une fraction continue simple infinie [a1 , a2 , . . .]. On
pose
αn pn−1 + pn−2
α1 = [a1 , a2 , . . . , an−1 , αn ] = .
αn qn−1 + qn−2
On a alors, pour n " 2,
αn pn−1 + pn−2 pn−1
α1 − Cn−1 = −
αn qn−1 + qn−2 qn−1
pn−1 qn−2 − pn−2 qn−1 (−1)n−1
=− = .
qn−1 (αn qn−1 + qn−2 ) qn−1 (αn qn−1 + qn−2 )
Puisque αn > 0 pour n " 2 et comme {qn } est une suite croissante, on a
α1 − Cn−1 → 0 lorsque n → ∞, i.e
α = lim Cn = lim [a1 , a2 , . . . , an ].
n→∞ n→∞

On peut donc énoncer le résultat suivant.


Théorème 8.12. Tout nombre irrationnel a une représentation unique comme
fraction continue infinie.

Exemple 75. Exprimer 5 comme fraction continue simple infinie.
solution. √
Puisque 2 < 5 < 3, la suite des nombres irrationnels αk (de même que la
suite d’entiers ak = [αk ]) peut se calculer assez facilement comme suit.
√ √
α1 = 5 = 2 + ( 5 − 2), a1 = 2,
1 1 √ √
α2 = =√ = 5 + 2 = 4 + ( 5 − 2), a2 = 4,
α1 − [α1 ] 5−2
1 1 √
α3 = =√ = 5 + 2, a3 = 4.
α2 − [α2 ] 5−2
Puisque α4 = α3 = α2 , il est facile de voir qu’en continuant le procédé, on
obtient √
5 = [2, 4].

113

Exemple 76. Montrer que le développement du nombre irrationnel a2 + 2a
est [a, 1, 2a].
solution. √
La partie entière de a2 + a est a (a %= 0), alors
' 2a 1
N= a2 + 2a − a = √ = .
a2 + 2a + a 2a + N
2a
On obtient
1 N 1
N= et =
N 2a 2a + N
1+
2a
et ainsi
1
N= .
1
1+
2a + N
On verra qu’on aura les coefficients 1 et 2a se répétant à l’infini.

Remarque. Si d est un entier positif qui n’est pas √ un carré parfait, on peut
montrer que la fraction continue qui représente d a la forme

d = [a0 , a1 , a2 , a3 , . . . , a3 , a2 , a1 , 2a0 ].

Exemple 77. Trouver la valeur de quelques réduites de la fraction continue


infinie du nombre π = 3.14159 26535 89793 23846 26433 83279 . . .
solution.

α1 = π = 3 + (π − 3), a1 = 3,
1 1
α2 = = = 7.06251330 . . . , a2 = 7,
α1 − [α1 ] 0.1415926535 . . .
1 1
α3 = = = 15.99659440 . . . , a3 = 15,
α2 − [α2 ] 0.06251330 . . .
1 1
α4 = = = 1.00341723 . . . , a4 = 1,
α3 − [α3 ] 0.99659440 . . .
1 1
α5 = = = 292.63724 . . . , a5 = 292,
α4 − [α4 ] 0.00341723 . . .
1 1
α6 = = = 1.5692 . . . , a6 = 1.
α5 − [α5 ] 0.63724 . . .
La fraction infinie de π est donc

[3, 7, 15, 1, 292, 1, . . .]

114
8.5 Approximation de nombres irrationnels
Soient α un nombre réel et N un entier > 1. Parmi tous les nombres
rationnels dont les dénominateurs sont plus petits ou égaux à N , il y en a un
qui est plus près de α : on l’appelle la meilleure approximation rationnelle 1
de α. On montrera que les réduites pn /qn sont les meilleures approximations
rationnelles de α.
Soit α = [a1 , a2 , . . .]. Puisque α est un nombre réel compris entre Cn et
Cn+1 , on obtient le résultat suivant.
Théorème 8.13. Si Cn est la ne réduite du nombre irrationnel α, alors
1 1
|α − Cn | < < 2.
qn qn+1 qn

Exemple 78. Nous savons que 5 = [2, 5], alors on a

n 0 1 2 3 4 5 6
an 2 4 4 4 4 4
pn 1 2 9 38 161 682 2889
qn 0 1 4 17 72 305 1292

En prenant la 6e réduite de 5, nous obtenons
( (
(√
( 5 − 2889 ( < 1 < 0.599 · 10−6 .
(
( 1292 ( 12922
Corollaire 8.14. Soit α un nombre irrationnel arbitraire. Alors, il existe
une infinité de nombres rationnels a/b tels que
( a (( 1
(
(α − ( < 2.
b b
Démonstration. D’après le théorème précédent, on voit que toutes les ré-
duites de α vérifient la condition du corollaire.

Le prochain résultat ainsi que le résultat qui le suit, montrent que les
réduites de la fraction continue de α sont les meilleures approximations ra-
tionnelles de α, en ce sens que pn /qn est plus près de α que tout autre nombre
rationnel avec un dénominateur plus petit que qn .
Théorème 8.15 (Lagrange). Soit n " 1 et soit Cn = pn /qn la ne réduite
du nombre irrationnel α. Soient a, b ∈ Z tels que 1 ! b ! qn+1 , alors

|qn α − pn | ! |bα − a| .
1. Un rationnel r = a/b est dite une des meilleures approximations de α si
! ! ! !
|bα − a| = b |α − r| < b" !α − r " ! = !b" α − a" !
pour tous les nombres rationnels rationnels r " = a" /b" avec 0 < b" ! b.

115
Démonstration. Considérons le système d’équations
)
pn x + pn+1 y = a
qn x + qn+1 y = b.
Puisque le déterminant des coefficients pn qn+1 − qn pn+1 = (−1)n %= 0, le
système possède une solution unique en entiers :
x = (−1)n (aqn+1 − bpn+1 ), y = (−1)n (bpn − aqn ).
Notons que x %= 0, car autrement qn+1 y = b, auquel cas qn+1 |b, ce qui est
contraire à l’hypothèse. D’un autre côté, y = 0 est possible. Cependant, dans
ce cas, puisque a = pn x, b = qn x, on aura
|qn α − pn | ! |x| · |qn α − pn | = |bα − a| ,
qui est le résultat que l’on doit démontrer.
On peut donc supposer que x %= 0 et y %= 0. Dans ce cas, on a que x et y sont
de signes opposés. En effet, pour y < 0, l’équation qn x = b − qn+1 y implique
que qn x > 0 et ainsi que x > 0. Si y > 0, l’hypothèse b < qn+1 implique
b < yqn+1 et ainsi xqn = b − yqn+1 < 0 ; il s’ensuit que x < 0. D’après
le théorème 8.8, le nombre réel α est entre deux réduites consécutives, i.e
entre pn /qn et pn+1 /qn+1 . Dans ce cas, on a que qn α − pn et qn+1 α − pn+1
sont de signes opposés. Cela implique donc que les nombres x(qn α − pn ) et
y(qn+1 α − pn+1 ) sont du même signe et ainsi que la valeur absolue de leur
somme est le somme de leurs valeurs absolues. À l’aide de ces considérations,
on obtient
|bα − a| = |(qn x + qn+1 y)α − (pn x + pn+1 y)|
= |x(qn α − pn ) + y(qn+1 α − pn+1 )|
= |x(qn α − pn )| + |y(qn+1 α − pn+1 )|
= |x| |(qn α − pn )| + |y| |(qn+1 α − pn+1 )| " |qn α − pn | ,
ce qui démontre le résultat.
Le prochain résultat mentionne que pn /qn est la «meilleure approxima-
tion rationnelle» de α pour tout dénominateur inférieur à qn .
Théorème 8.16. Si 1 ! b ! qn , le nombre rationnel a/b satisfait
( ( ( (
(α − ( ! ((α − a (( .
p
( n (
( qn ( b
Démonstration. Si ( ( (
(α − pn ( > ((α −
( ( a ((
(,
( qn ( b
alors ( ( (
( pn (( ( a ((
|qn α − pn | = qn (α − ( > b (α −
( ( = |bα − a| ,
qn b
ce qui est impossible et qui prouve le résultat.

116
Exemple 79. La fraction continue infinie [3, 7, 15, 1, 292, 1, 1, . . .] représente
le nombre irrationnel π. De plus, il n’existe pas de nombre rationnel autre
que 355/113 dont le dénominateur est plus petit que 113 et qui soit une
meilleure approximation rationnelle de π.
solution.
On a le tableau suivant :

n 0 1 2 3 4 5 6
an 3 7 15 1 292 1
pn 1 3 22 333 355 103993 104348
qn 0 1 7 106 113 33102 33215

À l’école élémentaire, on utilisait souvent 22/7 comme valeur approchée


de π. Cependant, depuis la mise en marché des calculatrices, cette pratique
est peut être moins courante. On peut remarquer que la valeur 22/7 est
la deuxième réduite de π dans le développement en fractions continues.
Les suivantes sont 333/106 et 355/113. En général, on préfère 355/113 à
333/106 car, pour dénominateur sensiblement le même, l’approche de π est
bien meilleure, 0.266 · 10−6 au lieu de 0.832 · 10−4 . Par exemple,
( (
(π − 355 ( < 1 1
( (
< 6.
( 113 ( 113 · 33102 10

Remarquons que p4 /q4 est la meilleure approximation rationnelle de π parmi


tous les nombres rationnels dont le dénominateur ne dépasse pas 113. No-
tons cependant que ce résultat ne désigne pas la meilleure approximation
rationnelle de π. En effet, il n’y a aucune raison de croire que 355/113 est la
meilleure approximation rationnelle.

Théorème 8.17. Pour tout entier n " 1, l’une des réduites pn /qn ou
pn+1 /qn+1 satisfait à
( a (( 1
(
(α − ( < 2 .
b 2b
Démonstration. Le théorème 8.15 montre que qn α − pn et qn+1 α − pn+1 sont
de signes contraires. Donc on a
( ( ( ( ( (
(α − pn ( + (α − pn+1 ( = ( pn − pn+1 ( = 1
( ( ( ( ( (
.
( qn ( ( qn+1 ( ( qn qn+1 ( qn qn+1

Or pour des nombres réels distincts on sait que 2ab < a2 + b2 et ainsi
1 1 1
< 2 + 2 .
qn qn+1 2qn 2qn+1

Ce qui démontre le résultat.

117
Théorème 8.18. Soient a et b > 0 deux entiers. La relation
( a (( 1
(
(α − ( < 2
b 2b
implique que a/b est une réduite de α.

Démonstration. Puisque {qn } est une suite croissante, alors il existe un entier
n tel que qn ! b ! qn+1 . Or,
( ( ( (( (
( a pn ( ((
( − ( ! (α − a (( + (α − pn ( = 1 |bα − a| + 1 |qn α − pn | .
(
(b qn ( b ( qn ( b qn

En utilisant le théorème 8.15, on obtient


( ( % &
( a pn (
( − ( ! 1 + 1 |bα − a|
(b qn ( b qn
ou encore
1 1
|aqn − bpn | ! (b + qn ) |bα − a| < 2b · = ! 1.
2b2 b
D’où finalement on a |aqn − bpn | < 1. Comme aqn − bpn est un entier, ceci
implique que aqn − bpn = 0 et donc a/b = pn /qn .

118

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