Lecture Linéaire Une Charogne - Baudelaire
Lecture Linéaire Une Charogne - Baudelaire
Lecture Linéaire Une Charogne - Baudelaire
I. Introduction :
Le poème « Une charogne » est le 27ème poème de la section « Spleen et Idéal » de l’édition de
1861 du recueil majeur de Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal. Baudelaire, poète du XIXème siècle,
est « une origine » pour la poésie, comme le dit le poète Pierre Jean Jouve, qui a porté le romantisme
vers son dépassement, annonçant souvent le symbolisme. Il peut être considéré comme un « poète
maudit ». En effet, c’est un poète talentueux et à l’élégance recherchée incompris de son époque,
provocateur, refusant les valeurs bourgeoises de la société, hanté par la mélancolie et trouvant
refuge dans les paradis artificiels. Le recueil de Baudelaire, bien qu’il ai été censuré pour outrage à la
morale publique et aux bonnes mœurs en 1857, est une des œuvres majeures de la modernité
littéraire, ouvrant des voies nouvelles à la poésie par son architecture originale et la sensibilité
nouvelle qu’il met en œuvre. Il parvient à conserver une versification traditionnelle, parfois
parnassienne, tout en recourant à des images dérangeantes, frénétiques et fantastiques. Dans ce
poème intitulé « Une charogne », le poète décrit une promenade faite avec sa compagne au cours de
laquelle ils tombent sur une charogne en état de décomposition.
Vers 1 :
- « Rappelez-vous » : utilisation de l’impératif => invitation au souvenir ;
- « Vous », »nous » : utilisation de pronoms personnels => présence d’un objet aimé ;
- « Vîmes » : utilisation du passé simple => sentiment de nostalgie ;
- « Mon âme » : apposition => discussion personnelle, intérieure.
Vers 2 :
- « Beau matin d’été » : groupe nominal => mise en place d’un décor propice pour une
ballade en amoureux ;
- « Ce », « si » : allitération en sifflantes => fait ressortir la tranquillité, la douceur et
l’intimité du cadre.
Vers 3 :
- « Au détour d’un sentier une charogne infâme » : complément circonstanciel de lieu +
césure à l’hémistiche => le lecteur est orienté par le sentier, son regard est dirigé vers la
charogne ;
- « Charogne infâme » : adjectif amplificateur => la charogne est vu comme une chose
atroce et terrifiante, difficilement supportable.
Vers 4 :
- « Lit semé de cailloux » : antithèse => sensation d’inconfort face à cette charogne qui
gâche la ballade des amoureux plaçant ainsi le lecteur dans une posture incommodante.
Strophe 1 :
- « Âme/infâme », « doux/cailloux » => contraste des rimes qui sont rapprochées par des
mots de sens contradictoire.
Vers 5 et 6 :
- « Jambes en l’air », « femme lubrique », « brûlante et suant les poisons » : champ lexical
de la luxure => comparaison de la charogne avec un érotisme + idée de désir.
Vers 7 :
- « Nonchalante », « cynique » : adjectifs à connotation péjorative => la femme est
représentée comme une prostituée sans gêne.
Vers 8 :
- « ventre plein d’exhalaisons » : groupe nominal => représente la vie à travers un ventre
plein, porteur de la vie d’un enfant + renforce l’idée de puanteur.
Vers 9 :
- « Soleil » : allégorie => puissance divine ;
- « Soleil », « pourriture » : antithèse => la création continue alors que la charogne se
décompose.
Vers 10 :
- « Comme afin de la cuire à point » : comparaison => la charogne est comparée à un
vulgaire morceau de viande en train de cuire sous les rayons du soleil.
Vers 11 :
- « Nature » : allégorie => puissance divine + mise en mouvement des éléments naturels.
Vers 13 :
- « Le ciel regardait » : personnification => donne la vue au ciel ;
- « Carcasse superbe » : oxymore => transformation positive du corps.
Vers 14 :
- « Comme une fleur s’épanouir » : comparaison => rappel des Fleurs du Mal, idée
d’extraire la beauté du mal —> la mort est représentée de façon élégante à travers la
fleur qui fane et de façon provocante à travers la charogne qui pourrit.
Vers 15 et 16 :
- « La puanteur était si forte, que sur l’herbe vous crûtes vous évanouir » : utilisation du
passé simple + subordonnée circonstancielle de conséquence => volonté de faire rire +
description d’un vomissement par un vocabulaire précieux.