La Comptabilité Des Communes
La Comptabilité Des Communes
La Comptabilité Des Communes
Une commune n'est pas une entreprise qui pourrait faire faillite à la manière d'une société
anonyme et disparaître après liquidation et ses habitants ne sont pas les « actionnaires » de la
commune. La commune n'a pas été crée par levée de capital donnant lieu à émission d'actions,
et n'a pas de « propriétaires » à proprement parler. Elle est une portion du territoire national
délimitée par ses frontières avec les communes voisines et ce territoire se décompose en trois
parties :
• la plus grosse partie de ce territoire, bâti ou non, appartient à des propriétaires privés,
personnes physiques qui habitent ou pas la commune ou personnes morales ;
• certaines portions du territoire de la commune, bâties ou pas, comme les routes, les
voies navigables, les bâtiments publics (mairie, écoles, équipements sportifs construits
par la commune, etc.) constituent le domaine public, dont une partie peut être propriété
de la commune (écoles maternelles et primaires, mairie, par exemple) et d'autres parties
propriété d'autres collectivités locales (par exemple un collège, propriété du
département, un lycée, propriété de la région, ou une forêt domainiale, propriété de
l'État) ou établissements publics (par exemple les voies ferrées, propriété de Réseau
ferré de France)
• mais la commune peut aussi, au même titre que des particuliers ou des entreprises, être
propriétaire de terrains et bâtiments sur son territoire qui ne font pas partie du domaine
public au sens défini par le code de la propriété des personnes publiques en ses articles
L2111-1 et L2111-2, c'est-à-dire qui ne sont pas « soit affectés à l'usage direct du public,
soit affectés à un service public pourvu qu'en ce cas ils fassent l'objet d'un aménagement
indispensable à l'exécution des missions de ce service public » ou qui, « concourant à
l'utilisation d'un bien appartenant au domaine public, en constituent un accessoire
indissociable » ; c'est le cas, par exemple, lorsqu'elle achète ou fait construire des
logements qu'elle met ensuite en location ; on parle alors du domaine privé de la
commune.
Dans ces conditions, le plan comptable général a été adapté pour satisfaire aux besoins des
communes et le plan comptable résultant est décrit dans l'instruction comptable M14.
On retrouve dans cette instruction le cadre général du plan comptable général, et en particulier
la même division en classes (classes 1 à 8, avec les mêmes significations), et donc bien sûr les
comptes de charges (classe 6) et de produts (classe 7), mais aussi les comptes de bilan (classes
1 à 5) et les comptes spéciaux (classe 8), mais ces deux dernières catégories de comptes
(comptes de bilan et comptes spéciaux), ou du moins ceux de ces comptes qui ont un sens
pour une commune, ne concernent que le trésorier municipal et n'apparaissent pas dans les
documents présentés aux élus (sauf à ce qu'ils les demandent). Le compte administratif
présenté aux élus s'intéresse presque exclusivement aux comptes de classe 6 (charges, c'est-à-
dire principalement dépenses) et 7 (produits, c’est-à-dire principalement recettes) et
s'apparente donc à un compte de résultat sur une année. Mais comme il faut bien faire le lien
entre les années successive, ce compte inclut des reports d'une année sur l'autre permettant de
reprendre les résultats positifs ou négatifs d'une année dans les comptes de l'année suivante,
mais seulement de manière globalisée (le plus souvent, un excédent de fonctionnement et un
déficit d'investissement), alors que, pour le trésorier municipal, il n'y a aucune raison de
remettre à zéro tous le comptes au début d'une année : pour lui, chaque compte a au 1er
janvier d'une année la valeur qu'il avait à l'arrêté de la veille, dernier jour de l'année
précédente. Par ailleurs, il faut aussi, dans une vision budgétaire, prendre en compte dans le
budget d'une année, pour en assurer l'équilibre global, les dépenses et recettes déjà engagées
de manière irrévocable l'année précédente (par exemple marché de travaux signé, commande
passée, subvention à recevoir votée mais pas encore perçue), mais pas encore payées ou
encaissées (on ne peut engager de nouveaux investissements dans l'année qui commence si on
n'est pas au préalable capable de payer ceux qui ont déjà été engagées, pas encore fini de
payer, l'année précédente), anticipations qui n'ont pas lieu d'être dans la vision purement
comptable du trésorier municipal, qui traite les encaissements et décaissements au fur et à
mesure qu'ils se présentent. Ces différences de point de vue expliquent que le compte
de gestion produit par le receveur municipal n'ait pas la même présentation que le
compte administratif produit par le maire pour rendre compte de l'exécution de son
budget, et aussi que certaines lignes qui apparaissent au budget ne se retrouvent
pas dans le compte administratif.
Une autre différence entre la comptabilité des entreprises et la comptabilité publique est la
distinction entre fonctionnement et investissement, qui n'existe pas dans le plan comptable
général. En première instance, cette distinction ne devrait avoir pour conséquence que de
séparer en deux paquets les écritures en dépenses ou en recettes, celles qui concernent le
fonctionnement et celles qui concernent les investissements, mais en pratique, une contrainte
fondamentale imposée aux communes (et aux collectivités territoriales en général) complique le
processus : elles ne peuvent recourir à l'emprunt pour couvrir leurs dépenses de
fonctionnement. Tout au plus peuvent-elles recourir à des lignes de trésorerie (sortes de
« découverts » en banque) pour anticiper des recettes à venir, mais ces lignes de trésorerie
doivent impérativement avoir été remboursées en fin d'année. L'emprunt ne peut donc être
utilisé que pour les investissements. Cette interdiction se traduit par les deux règles suivantes :
Pour assurer le respect de ces deux règles, il faut prévoir des mouvements entre les deux
sections qui, du point de vue purement comptable, sont des mouvements fictifs, c'est-à-dire
des mouvements sur le papier sans véritable transfert de fonds associé, de simples jeux
d'écritures entre comptes comptables participant en fin de compte à une même « caisse », celle
de la commune. Ces mouvements, qu'on appelle « mouvements d'ordre », qui ne traduisent
aucun mouvement de fonds entre la commune et l'extérieur, viennent compliquer la
compréhension du budget et du compte administratif, sur lesquels ils apparaissent.
De manière générale, on trouve dans les mouvements d'ordre, des écritures qui constituent des
transferts entre des comptes visibles dans le budget et le compte administratif et des comptes
de bilan visibles du seul trésorier municipal (par exemple les amortissements, sur lesquels je
reviens plus loin dans cette page).
On y trouve aussi des mouvements résultant du fait que le second principe (toute recette non
spécifiquement affectée à des investissements rentre dans la section de fonctionnement)
s'applique aussi au produit des ventes de biens de la commune, malgré le principe 1 qui dit que
ce produit ne peut servir qu'à de nouveaux investissements. Il faut donc ensuite transférer ce
produit par des écritures d'ordre vers la section d'investissement et ce, en tenant compte le cas
échéant, des amortissements effectués sur le bien vendu (voir plus bas la section sur les
amortissements). C'est d'ailleurs sans doute pour permettre cet éclatement prenant en compte
les amortissements et permettant de prendre en compte la valeur comptable du bien vendu
pour faire apparaître soit un profit, soit une perte lors de la vente, que le produit de la vente
transite par un compte de passage qui a été associé à la section de fonctionnement.
Dans cette perspective, le chapitre est le plus souvent l'unité de base pour le vote des
budgets, car le voter au niveau le plus fin des articles introduirait une rigidité excessive dans la
pratique, puisque chaque modification du budget remettant en cause la distribution entre les
postes au niveau duquel il a été voté (chapitres ou articles) requiert un nouveau vote du conseil
municipal. En d'autres termes, lorsque le budget est voté par chapitre, un nouveau vote du
conseil municipal n'est nécessaire que pour transférer des fonds en cours d'année
d'un chapitre à un autre (si les fonds initialement prévus dans ce chapitre ne sont pas
suffisants pour couvrir toutes les dépenses qui doivent y être imputées dans l'année), alors que,
si le budget est voté par article, il faut revoter chaque fois qu'il devient nécessaire de transférer
des fonds d'un article à un autre, ce qui oblige en pratique à une beaucoup plus grande
précision dans l'élaboration du budget si l'on veut éviter la multiplication des décisions
modificatives.
En outre, certains chapitres n'existent que dans le budget et permettent en particulier de gérer
de manière prévisionnelle l'autofinancement (sur ces mécanismes et l'autofinancement en
général, voir la section qui y est consacrée plus loin dans ce document). L'instruction M14 parle
alors de « chapitres ne comportant que des prévisions sans exécution ».
Le découpage en chapitres est imposé par l'instruction M14, qui précise quels comptes (à deux
chiffres ou plus) font partie de chaque chapitre. En général, lorsque le chapitre a un numéro à
deux chiffres, cela indique qu'il regroupe tous les comptes du plan comptable général
commençant par ces deux chiffres (sauf exceptions spécifiées dans la définition du chapitre) et
on parle alors de chapitre « non globalisé » ; lorsqu'il a un numéro à trois chiffres, ces chiffres
n'ont plus rien à voir avec la numérotation du plan comptable général et la définition du
chapitre liste explicitement tous les comptes participant à ce chapitre ; on parle alors de
chapitre « globalisé ». Ces chapitres globalisés peuvent correspondre à des opérations réelles
(mouvements de fonds effectifs), ou à des opérations dites « d'ordre », qui ne sont que des
mouvements fictifs entre chapitres ou sections sans transferts de fonds réels entre la commune
et l'extérieur. Finalement, deux lignes apparaissant au budget et codifiées 001 (« Solde
d'exécution de la section d'investissement reporté » et 002 (« Résultat de fonctionnement
reporté ») ne constituent pas des chapitres et ne sont pas votées, puisqu'elles se contentent
d'intégrer dans le budget d'une année, pour participer à son équilibre, le résultat positif
(excédent enregistré en recette) ou négatif (déficit enregistré en dépense) de l'année
précédente consolidé en une seule ligne par section (fonctionnement et investissement).
La liste des chapitres (à jour au 01/07/2014) extraite de l'instruction M14, pour une commune
votant le budget par nature, est reproduite ci-dessous. Une définition plus précise des comptes
en 02 (chapitres ne comportant que des prévisions sans exécution) et en 04 (chapitres
globalisés regroupant des opérations d'ordre entre sections), reprise de l'instruction M14 et
adaptée au contexte de cette page, figure à la suite de cette liste.
SECTION D’INVESTISSEMENT
CHAPITRES GLOBALISÉS (dépenses et recettes)
Chapitres globalisés (réels)
010 - Stocks (regroupement des comptes 31, 33, 35). Le chapitre 010 est utilisé tant
en recettes qu’en dépenses pour retracer les opérations de stocks gérées dans
le cadre de la tenue d’un inventaire permanent simplifié autorisé pour les seules
opérations d’aménagement.
Chapitres globalisés (d’ordre)
040 - Opérations d’ordre de transfert entre sections
041 - Opérations patrimoniales
CHAPITRES NON GLOBALISÉS (dépenses et recettes)
10 - Dotations, fonds divers et réserves
13 - Subventions d’investissement (reçues)
16 - Emprunts et dettes assimilées
18 - Compte de liaison : affectation à... (budgets annexes - régies non
personnalisées)
20 - Immobilisations incorporelles (sauf le 204)
204 - Subventions d’équipement versées
21 - Immobilisations corporelles
22 - Immobilisations reçues en affectation
23 - Immobilisations en cours
26 - Participations et créances rattachées à des participations
27 - Autres immobilisations financières
CHAPITRES OPÉRATIONS D’ÉQUIPEMENT POUR LE COMPTE DE TIERS
4541 - complété du numéro unique d’opération - Travaux exécutés d’office pour le
compte de tiers (dépenses)
4542 - complété du numéro unique d’opération - Travaux exécutés d’office pour le
compte de tiers (recettes)
45611 - complété par le numéro d’opération de mandat - Opérations d’investissement
sur établissements d’enseignement remis à la région (dépenses)
45612 - complété par le numéro d’opération de mandat - Opérations d’investissement
sur établissements d’enseignement remis à la région (recettes)
45621 - complété par le numéro d’opération de mandat - Opérations d’investissement
sur établissements d’enseignement remis au département (dépenses)
45622 - complété par le numéro d’opération de mandat - Opérations d’investissement
sur établissements d’enseignement remis au département (recettes)
4581 - complété par le numéro d’opération de mandat - Opérations sous mandat
(dépenses)
4582 - complété par le numéro d’opération de mandat - Opérations sous mandat
(recettes)
CHAPITRES « OPÉRATIONS D’ÉQUIPEMENT » (dépenses)
L’organe délibérant a la possibilité d’opter pour le vote d’une ou plusieurs opérations en
section d’investissement.
L’opération est constituée par « un ensemble d’acquisitions d’immobilisations, de travaux
sur immobilisations et de frais d’études y afférents aboutissant à la réalisation d’un ou de
plusieurs ouvrages de même nature. Cette opération peut également comprendre des
subventions d’équipement versées ».
Le chapitre correspond à chacune des opérations ouvertes. Chaque opération étant
affectée d’un numéro librement défini par la commune ou l’établissement (à partir de
10), ce dernier est ensuite utilisé pour identifier chacun des chapitres « opérations
d’équipement ».
CHAPITRES NE COMPORTANT QUE DES PRÉVISIONS SANS EXÉCUTION
020 - Dépenses imprévues
021 - Virement de la section de fonctionnement (recettes)
024 - Produits des cessions d’immobilisations (recettes)
SECTION DE FONCTIONNEMENT
Dépenses
CHAPITRES GLOBALISÉS
Chapitres globalisés (réels)
011 - Charges à caractère général (regroupement des comptes 60 (sauf 6031), 61,
62 (sauf 621), 635, 637)
012 - Charges de personnel et frais assimilés (regroupement des comptes 621, 631,
633 et 64)
014 - Atténuations de produits (regroupement des comptes 701249, 70389, 70619,
7068129, 739, 7419, 748719, 748729 et 7489)
Chapitres globalisés (d’ordre)
042 - Opérations d’ordre de transfert entre sections
043 - Opérations d’ordre à l’intérieur de la section de fonctionnement
AUTRES CHAPITRES
65 - Autres charges de gestion courante (sauf le 656)
656 - Frais de fonctionnement des groupes d’élus
66 - Charges financières
67 - Charges exceptionnelles
68 - Dotations aux provisions semi-budgétaires
CHAPITRES NE COMPORTANT QUE DES PRÉVISIONS SANS EXÉCUTION
022 - Dépenses imprévues
023 - Virement à la section d’investissement
Recettes
CHAPITRES GLOBALISÉS
Chapitres globalisés (réels)
013 - Atténuations de charges (regroupement des comptes 609, 619, 629, 6419,
6459, 6479, 6032 en recettes et 6037 en recettes)
Chapitres globalisés (d’ordre)
042 - Opérations d’ordre de transfert entre sections
043 - Opérations d’ordre à l’intérieur de la section de fonctionnement
AUTRES CHAPITRES
70 - Produits des services, du domaine et ventes diverses
73 - Impôts et taxes
74 - Dotations et participations
75 - Autres produits de gestion courante
76 - Produits financiers
77 - Produits exceptionnels
78 - Reprises sur provisions semi-budgétaires
Les amortissements
D'un point de vue comptable, l'amortissement est une manière de prendre en considération la
dépréciation d'un bien au fil du temps, à la fois pour ajuster sa valorisation dans l'estimation de
la valeur du patrimoine de l'entreprise ou de la commune, et en principe pour constituer des
provisions permettant son remplacement lorsqu'il sera devenu hors d'usage. Le plan comptable
général fixe, pour les entreprises, la nature des biens soumis à amortissements et les règles
applicables selon le type de bien (durée, mode de calcul de la valeur à amortir chaque année,
etc.), en particulier parce que, pour inciter les entreprises à investir, ces amortissements sont
défiscalisés, c'est-à-dire que les sommes mises de côté par l'entreprise au titre des
amortissements sont déductibles du résultat imposable. Il ne faut donc pas qu'elles puissent
utiliser la mécanique des amortissements à leur guise pour échapper à l'impôt.
Dans le cas des communes, où la problématique fiscale ne se pose pas, la logique des
amortissements n'est entrée que tardivement dans la règlementation, comme un principe de
précaution obligeant les communes à un minimum d'investissements chaque année, au moins
en ce qui concerne le remplacement des biens renouvelables (ceux qui s'usent ou se périment)
et ce n'est que depuis 1996 que les communes (de plus de 3.500 habitants) sont tenues
d'amortir certains types de biens, comme le matériel de bureau et les équipements
informatiques, y compris les logiciels, le mobilier, les véhicules, etc.
La liste des biens renouvelables qui doivent donner lieu à amortissement est fixée par la
règlementation (cf. art. R2321-1 du code général des collectivités territoriales), tout comme les
plages de durée d'amortissement (durée minimum et maximum) en fonction du type de bien.
C'est ensuite le conseil municipal qui précise ces durées et peut laisser une marge de
manœuvre au maire pour déterminer au cas par cas la durée d'amortissement de chaque bien
amortissable. Le conseil municipal peut aussi opter pour un mode d'amortissement autre que
l'amortissement linéaire (1/n-ième de la valeur du bien chaque année pendant n années).
Du point de vue budgétaire, c'est-à-dire du point de vue des élus qui votent le budget, les
amortissements peuvent être vus comme une somme globalisée, calculée par le trésorier
municipal à partir de l'état des immobilisation qui inventorie le patrimoine de la commune et
des règles d'amortissement votées par le conseil municipal, qu'ils sont tenus chaque année de
prévoir au budget en tant que dépense de fonctionnement transférée en recette
d'investissement par un mouvement d'ordre, qui constitue donc une forme obligatoire
d'autofinancement. Mais, dans cette vision, il n'y a aucun lien entre les biens ainsi amortis et les
biens nouveaux que ces amortissements permettront d'acheter. Il s'agit simplement d'obliger la
commune à un investissement minimum, à charge pour elle de faire bon usage des sommes
ainsi dégagée et, sur la durée, de renouveler les équipements trop vétustes.
Par contre, d'un point de vue comptable, le trésorier municipal suit ces amortissements en lien
avec l'état des immobilisations au niveau individuel des biens en cause, de manière à connaître
à tout instant la valeur comptable de chacun des biens de la commune. Pour faire simple, on
peut dire que cette valeur comptable est égale au prix d'achat diminué des amortissements
successifs effectués au titre de ce bien jusqu'à ce que cette valeur devienne nulle lorsque le
bien est complètement amorti (ce qui ne veut pas dire que ce bien ne peut plus servir, s'il est
encore en état de le faire, mais que, comptablement, il a été complètement « racheté » par les
amortissements successifs). En pratique, les choses peuvent être un peu plus compliquées si
des aménagements qui en augmentent la valeur ont été faits sur le bien au-delà de l'entretien
courant et sont eux-mêmes amortissables (par exemple l'ajout d'équipements optionnels à un
véhicule, ou de mémoire supplémentaire à un PC), mais, dans une première approche, il n'est
pas nécessaire d'entrer dans ces complications. Ce qu'il est important de comprendre, c'est qu'à
chaque fois que le trésorier municipal réduit la valeur d'un bien de la commune au titre de
l'amortissement, puisque la perte ainsi constatée doit être compensée par un prélèvement de
montant équivalent sur les recettes de fonctionnement, utilisable uniquement pour d'autre
investissements, cet amortissement ne réduit pas la valeur d'ensemble du patrimoine de la
commune : ce qui est perdu sur un bien amorti se retrouve sur un bien entré cette année-là au
patrimoine de la commune. Mais le comptable n'a pas à faire le lien entre le bien amorti et le
bien entré à l'inventaire la même année grâce à l'amortissement (en fait, comptablement, il n'y
a aucun lien entre une dépense, quelle qu'elle soit, et la ou les recettes qui ont servi à la
financer). D'un côté il applique, pour chacun des éléments de patrimoine soumis à
l'amortissement inscrit à l'inventaire de la commune, les règles d'amortissement applicables et
déprécie les biens concernés en conséquence, par des opérations qui ne figurent pas au compte
administratif (opérations dites « non budgétaires ») et de l'autre il constate l'entrée à
l'inventaire de biens nouveaux sans se soucier de l'origine des fonds qui ont permis de les
financer, mais en sachant qu'une partie de ces biens ont été financés en tout ou partie, pour un
montant total exactement égal au montant cumulé des amortissements qu'il a dû faire, par un
prélèvement sur les recettes de fonctionnement de l'année de la commune, prélèvement qui est
constaté au compte administratif par des mouvements d'ordre en dépense au chapitre 42 de la
section de fonctionnement et en recette au chapitre 40 de la section d'investissement. Et si, au
pire, la commune décidait de ne faire aucun investissement cette année-là, les sommes
transférées en recettes en section d'investissement au titre des amortissements (obligatoires) et
provenant de recettes de fonctionnement bien réelles (impôts ou autres) ne pourraient
retourner vers la section de fonctionnement et constitueraient à l'arrêté des comptes un
excédent d'investissement reporté sur l'année suivante et utilisable uniquement pour de
nouveaux investissements.
La valeur comptable résultant de ces opérations est importante, car c'est elle qui permet, si la
commune décide de vendre un de ses biens (par exemple un véhicule ou un équipement
informatique dont elle n'a plus l'usage), de déterminer si cette vente va dégager une plus-value
(prix de vente supérieur à la valeur comptable) qu'il conviendra d'enregistrer en recette
d'investissement, ou au contraire une moins-value (prix de vente inférieur à la valeur
comptable) dont il faudra tenir compte en comptabilité. Cette valeur conditionne aussi la
procédure à appliquer lorsque le bien sort de l'inventaire de la commune pour toute autre
raison (destruction, usure le rendant inutilisable, etc.), selon qu'elle est nulle ou pas.
Pour illustrer ces mécanismes, nous allons prendre un exemple et suivre, année après année,
les mouvements comptables le concernant. Nous supposerons que la commune décide
d'acheter l'année A un camion pour les services techniques au prix d'achat PA et de le revendre
5 ans plus tard, n'en ayant plus l'usage, au prix de vente PV, à comparer avec une valeur
comptable VC. Le camion est enregistré au compte 2182 (« immobilisations corporelles,
matériel de transport ») et le maire, lors de l'achat, a décidé de l'amortir sur 10 ans.
L'amortissement se fait de manière dite « linéaire », c'est-à-dire à raison d'un dixième de la
valeur d'achat par an pendant les dix ans de l'amortissement. Le tableau ci-dessous décrit les
mouvements comptables qui apparaîtront dans les comptes de la commune. Chaque ligne du
tableau (il peut y avoir plusieurs lignes pour la même année) correspond à une écriture en
partie double, c'est-à-dire à un débit équilibrant un crédit (même montant au débit et au
crédit) ; pour les écritures budgétaires, c'est-à-dire visibles au budget et/ou au compte
administratif, le montant est précédé du numéro de chapitre suivi du numéro de compte,
séparés par un slash ; lorsque cette information n'est pas donnée, c'est qu'il s'agit d'une
écriture non budgétaire ; les écritures en petits caractères rouges correspondent aux réemplois
(en une ou plusieurs opérations, voire en participant à une opération de montant plus
important) des sommes rendues disponibles par les amortissement ou la vente ; les comptes de
tiers sont les comptes (de classe 4, non budgétaires) des interlocuteurs de la commune,
vendeurs ou acheteurs, dans ses livres de compte. Le libellé des comptes utilisés est donné
après le tableau et les différentes opérations y sont expliquées plus en détail.
Comptes de
Fonctionnement Investissement
Année tiers
Débit Crédit Recette Dépense Recette Dépense
A PA 21/2182 : PA
042/6811 : 040/28182 : PA/10 PA/10
PA/10 PA/10 (utilisé pour
A+1 d'autres
investissements)
• 192 : plus ou moins values sur cessions d'immobilisations, sous-compte du compte 19,
différences sur réalisations d'immobilisations
• 2182 : matériel de transport, sous-compte du compte 21, immobilisations corporelles,
de la section d'investissement
• 28182 : matériel de transport, sous-sous-compte du compte 28, amortissement des
immobilisations, sous-compte 281, amortissement des immobilisations corporelles (on
notera que les deux derniers chiffres de ce compte sont les mêmes que les deux derniers
chiffres du compte 21 utilisé, 82 dans notre cas : les chiffres qui suivent le 21 et ceux qui
suivent le 281 sont toujours les mêmes pour un bien donné et permettent de savoir de
quel type de bien il s'agit ; selon les catégories de biens, le nombre de chiffres
supplémentaires peut varier en fonction de la finesse de l'analyse comptable de cette
catégorie de biens)
• 675 : valeur comptable des immobilisations cédées, sous-compte du compte/chapitre
67, charges exceptionnelles
• 676 : différences sur réalisations (positives) transférées en investissement, autre sous-
compte du compte/chapitre 67, charges exceptionnelles
• 6811 : Dotations aux amortissements des immobilisations incorporelles et corporelles
• 775 : produit des cessions d'immobilisations, sous-compte du compte/chapitre 77,
produits exceptionnels
• 776 : différences sur réalisations (négatives) reprises au compte de résultat, autre sous-
compte du compte/chapitre 77, produits exceptionnels
L'année de l'achat, la commune paye le camion, qui constitue donc pour elle une dépense,
enregistrée au compte 2182. Pour régler cette dépense et créditer le tiers vendeur, le trésorier
municipal a deux contrôles à faire :
• vérifier que la somme nécessaire est disponible dans le compte de la commune (au sens
qu'a le mot « compte » quand on parle d'un compte bancaire, pas au sens de poste
comptable spécifique de sa comptabilité détaillée), dont le solde à un instant donné est
la différence (normalement positive) entre l'ensemble des recettes et l'ensemble des
dépenses enregistrées jusqu'à ce moment dans tous les comptes/postes comptables de
la commune ; en d'autres termes, il n'y a pas de spécialisation des recettes lorsqu'on en
vient à décaisser de l'argent pour la commune ; peu importe que les crédits enregistrés
correspondent à des recettes de fonctionnement ou d'investissement dans le budget,
proviennent des impôts, de l'emprunt ou d'autres sources, lorsqu'il s'agit de payer, le
trésorier se contente de vérifier qu'il y a l'argent dans les caisses de la commune ;
• vérifier que la dépense envisagée est cohérente avec le budget, c'est-à-dire, dans notre
cas, que cette somme ajoutée à toutes les dépenses déjà réglées depuis le début de
l'année au titre du chapitre 21 conduit à un total qui n'est pas supérieur à ce qui a été
voté pour le chapitre 21 en dépenses au budget de l'année.
Par ailleurs, le fait que l'achat du camion (ou de tout autre bien) se traduise par une dépense
veut dire que la valorisation du patrimoine de la commune est un cumul de dépenses : c'est le
solde net de tous les comptes de classe 2, qui est en général négatif. Pour faire simple, c'est la
somme de tous les prix d'achat de biens de la commune (dépenses) moins la somme de tous
les amortissements déjà réalisés sur ces biens, enregistrés au compte 28 (recettes).
Dans cette perspective, on voit que la valeur du patrimoine de la commune a augmenté l'année
A du prix d'achat du camion (en supposant qu'il n'avait pas été acheté grâce à des sommes
réservées au titre de l'amortissement d'autre biens), et que, du fait des mouvements liés à ce
camion, il ne change plus les années suivantes, jusqu'à l'année de la vente, puisque chaque
année, par le jeu des amortissements, on réinjecte dans le patrimoine, à travers d'autres
investissements, le montant de dépréciation (qui se traduit par une recette au chapitre 28)
enregistré au titre du camion. On notera que, tant que le camion n'est pas vendu (ou réformé
sans vente en fin de vie), le trésorier ne touche pas à la valeur du compte 21 et se contente
d'enregistrer les amortissements dans le compte 28 : dans ces deux comptes, il gère un sous-
compte par article à l'inventaire, donc en particulier un sous-compte pour le camion qui nous
intéresse ici, ce qui permet les rapprochements à tout instant pour déterminer la valeur
comptable de chaque article.
C'est lorsque la vente se fait que le trésorier doit annuler le sous-compte correspondant au
camion dans le compte 2182 pour pouvoir sortir le camion de l'inventaire et faire disparaître les
sous-comptes le concernant.
• Le premier mouvement comptable qu'il fait pour cela, qui est un mouvement non
budgétaire, c'est la reprise des provisions enregistrées au compte 28182 (dans le cas de
notre camion ; plus généralement au compte 28 associé au bien vendu) par débit de ce
compte et crédit du compte 2182 correspondant.
• Le second mouvement est le même dans tous les cas, c'est celui qui annule ce qui reste
dans le compte 21(82), c'est-à-dire la valeur comptable du bien, sans se soucier du prix
de vente ; il s'agit d'un mouvement d'ordre de transfert entre sections, qui crédite le
compte 21(82) par débit du compte 675 de la section de fonctionnement en dépenses,
dans laquelle le prix de vente a été enregistré au compte 775. Au terme de ces deux
opérations, le sous-compte correspondant au camion du compte 2182 est à zéro.
• Si la vente s'est faite à la valeur comptable du camion (PV=VC), il n'y a rien de plus
à faire. Concrètement, dans le budget de l'année de la vente, le prix de vente apparaît
finalement en recette dans la section d'investissement au chapitre 040 et peut donc
contribuer au financement de nouveaux investissements, ce qui veut dire que, au titre de
ce camion, il n'y a pas eu de variation dans la valeur du patrimoine total de la commune.
Et donc, globalement, sur la durée de vie du camion dans les comptes de la commune, la
seule variation qui lui est due dans la valeur du patrimoine de la commune est celle
induite par son achat ; les années suivantes, par le jeu des amortissements et de la
vente, il n'induit aucune dépréciation du patrimoine de la commune.
• Si la vente s'est faite à une valeur supérieure à la valeur comptable du camion
(valeur d'achat moins quatre ans d'amortissements) (PV>VC), cela signifie que la
commune a réalisé un profit, au moins du point de vue comptable, sur cette vente, ou, si
l'on préfère, a accru la valorisation de son patrimoine, qui n'est de toutes façons qu'une
valorisation théorique ne correspondant pas nécessairement à la valeur de marché des
biens qui en font partie. Or ce profit, provenant de la vente d'un bien constituant un
investissement, ne doit pouvoir servir qu'à de nouveaux investissements. Mais comme le
produit de la vente a été enregistré au compte 775 en recette (exceptionnelle) de
fonctionnement et que pour l'instant, le comptable n'a débité la section de
fonctionnement que de la valeur comptable du camion, il faut un autre mouvement pour
transférer le profit en recette d'investissement. Ce transfert, qui constitue une écriture
d'ordre, se fait par débit du compte 676 (« différences sur réalisations (positives)
transférées en investissement ») en section de fonctionnement (dépense) pour créditer
le compte 192 (« plus ou moins values sur cessions d'immobilisations ») de la section
d'investissements en recette. La somme transférée est la différence entre le prix de
vente et la valeur comptable, et elle participe ainsi aux recettes d'investissement de
l'année et donc au financement des investissements de l'année, au même titre que le
reste du prix de vente transféré au compte 21(82) en recette. Du fait de ces
investissements, la valorisation (théorique) du patrimoine de la commune s'est
augmentée de l'équivalent du profit fait sur la vente du camion.
• Si la vente s'est faite à une valeur inférieure à la valeur comptable du camion
(valeur d'achat moins quatre ans d'amortissements) (VC>PV), cela signifie que la
commune a réalisé une perte, qui traduit un appauvrissement réel (au moins
théoriquement) de la commune. Dans ce cas, le mouvement qui a transféré la valeur
comptable du camion de la section de fonctionnement en dépense (compte 675) vers la
section d'investissement en recette (compte 2182) a prélevé plus sur la section de
fonctionnement que ce qu'y avait injecté le prix de vente. Il faut donc corriger cela en y
réinjectant la différence entre la valeur comptable et le prix de vente. C'est l'objet du
mouvement comptable d'ordre de transfert entre sections, qui débite le compte 192 de la
section d'investissement en dépenses pour créditer le compte 776 de la section de
fonctionnement en recette. Ce débit en section d'investissement opère donc une
réduction du montant disponible cette année-là pour de nouveaux investissements. On
notera que, dans les trois cas, l'ensemble des mouvements comptables effectués sur la
section de fonctionnement ont une somme nulle, ce qui veut dire que l'opération est
finalement transparente pour la section de fonctionnement. Cet apparent crédit de la
section de fonctionnement ne viole donc pas le principe selon lequel la commune ne peut
vendre son patrimoine pour financer le fonctionnement. L'apparente recette de
fonctionnement qu'il enregistre n'est là que pour compenser la dépense fictive qui a
permis d'annuler la valeur comptable du camion au compte 2182 de la section
d'investissement en prélevant plus que ce qu'avait rapporté la vente. Elle ne produit donc
aucune recette réelle supplémentaire pour la commune et par contre, sa contrepartie en
section d'investissement réduit les recettes d'investissement et donc la capacité de la
commune à investir l'année de la vente à perte. En fin de compte, dans ce cas comme
dans les autres, il n'y a que le produit de la vente qui constituera une recette disponible
pour de nouveaux investissements.
L'autofinancement
Les divers modes de financement des investissements
La loi fait obligation à une commune de prendre en charge ses frais de fonctionnement, au
moins ceux qui sont obligatoires, avant de se lancer dans des investissements. C'est la raison
pour laquelle toutes les recettes de la commune ou presque, hors les subventions
d'investissement et le produit des emprunts, entrent dans la section de fonctionnement. L'un
des objectifs de l'élaboration du budget est alors, après avoir estimé les frais de
fonctionnement, d'estimer quelle part des recettes enregistrées initialement dans la section de
fonctionnement peut être transférée vers la section d'investissement et consacrée à
l'investissement. C'est cet excédent des recettes sur les dépenses escompté dans la section de
fonctionnement qui permet ce qu'on appelle l'« autofinancement », c'est-à-dire le financement
par la commune d'une partie de ses investissements sur ses ressources propres .
Si les ressources propres de la commune et les subventions qu'elle a réussi à obtenir pour
certains de ses projets d'investissement ne suffisent pas à les financer tous ses projets
d'investissements, reste le recours à l'emprunt. Mais si l'emprunt peut résoudre le problème
immédiat, il n'est qu'une avance que la commune devra rembourser sur ses ressources propres
à venir les années suivantes. La loi ne met qu'une seule limite à la capacité d'emprunter d'une
commune, celle qui découle du fait qu'elle doit rembourser les échéances des emprunts
antérieurement souscrits à partir de ses ressources propres et ne peut emprunter pour ce faire
(un emprunt ne peut servir à rembourser un autre emprunt, sauf dans les cas de
renégociations, où il ne s'agit pas de rembourser à proprement parler, mais d'obtenir des
conditions plus favorables sur des emprunts en cours pour les échéances restantes).
Concrètement, cela se traduit de la manière suivante, étant entendu que, d'un point de vue
comptable, les intérêts des emprunts constituent des dépenses de fonctionnement (ils ne
constituent pas une dépense qui accroît le patrimoine de la commune, ce n'est que le « loyer »
de l'argent emprunté) alors que le remboursement du capital est une dépense d'investissement
(il permet à la commune de devenir petit à petit pleinement propriétaire des biens financés
initialement par l'emprunt) : le remboursement des intérêts constitue une dépense obligatoire
de la section de fonctionnement, qui contribue à réduire l'excédent disponible pour les
investissements ; mais comme le remboursement du capital est aussi une dépense obligatoire,
cette fois de la section d'investissement, il faut que l'excédent de fonctionnement tranférable en
section d'investissement couvre au moins les remboursements de capital inclus dans les
échéances de l'année des prêts déjà souscrits, car, si ce n'était pas le cas, la seule manière
d'équilibrer la section d'investissement serait de recourir à l'emprunt, ce qui reviendrait à
emprunter pour rembourser les emprunts déjà souscrits. Il en résulte que n'est disponible pour
l'autofinancement de nouveaux projets que ce qui reste éventuellement de l'excédent de
fonctionnement après déduction de ce qui est nécessaire pour rembourser ce qui est dû en
capital cette année-là au titre des emprunts. Et si l'excédent ne suffit pas à couvrir cette part de
capital, le budget est considéré comme n'étant pas en équilibre et ne passera pas le contrôle de
légalité : la commune devra revoir son budget et soit rogner sur les dépenses de
fonctionnement non obligatoire ou compressibles, soit augmenter l'impôt pour trouver les
ressources supplémentaires nécessaires pour l'équilibrer.
Comme on l'a vu dans la section précédente, les amortissements constituent une forme
d'autofinancement obligatoire pour la commune, qui se traduit par des écritures d'ordre entre la
section de fonctionnement en dépenses (compte 6811 du chapitre 042) et la section
d'investissement en recettes (comptes 28xx du chapitre 040). Les prévisions d'autofinancement
au-delà de ce minimum imposé par la règlementation apparaissent dans le budget à travers
deux lignes de montant égal, constituant deux chapitres budgétaires sans réalisation : une ligne
de dépense dans la section de fonctionnement (chapitre 023, « Virement à la section
d’investissement ») induisant une ligne de montant égal en recettes dans la section
d'investissement (chapitre 021, « Virement de la section de fonctionnement »). Il résulte de ce
qui précède que le montant de cette ligne doit être au moins égal au montant de capital à
rembourser dans l'année au titre des emprunts en cours, qui apparaît en dépenses au chapitre
16, « Emprunts et dettes assimilées », de la section d'investissement.
Si la commune prévoit un excédent de fonctionnement important et ne souhaite pas en
consacrer la totalité aux investissements de l'année, elle peut enregistrer ce qu'elle ne veut pas
consacrer aux investissements de l'année au chapitre 022, « dépenses imprévues », de la
section de fonctionnement en dépenses (voir plus haut, dans la section consacrée au
découpage en chapitres, le mode de fonctionnement de ce chapitre).
Les chapitres 023 et 021 du budget ne donnent pas lieu à réalisation pour la simple raison que
le montant de l'excédent de fonctionnement effectif ne peut être connu tant que l'année n'est
pas terminée et que les comptes ne sont pas arrêtés. C'est donc seulement lors de l'arrêté du
compte administratif que l'on sera en mesure de savoir à la fois de combien la commune peut
disposer pour l'autofinancement et de ce dont elle a effectivement besoin au vu de ce qui a été
réalisé ou engagé en termes d'investissements, si bien que les écritures comptables qui
traduisent l'autofinancement d'une année apparaissent dans les comptes de l'année suivante.
L'arrêté des comptes d'une année, lors du vote du compte administratif au début de l'année
suivante, permet de faire apparaître le résultat de l'année, qui se décompose en trois parties :
Le déficit d'investissement (hors RAR), s'il en apparaît un, est, quant à lui, reporté au budget de
l'année suivante à la ligne 001, « déficit d'investissement reporté », de la section
d'investissement en dépenses, qui ne donne pas lieu à vote, puisque son montant est imposé
par l'arrêté des comptes de l'année précédente. Si la section d'investissement (hors RAR),
dégage un résultat excédentaire et non un déficit (ce qui peut être le cas si une grosse partie
des investissements prévus sont engagés tardivement dans l'année et se retrouvent en RAR, et
n'est donc pas incompatible avec le fait que, globalement, l'année se termine avec un besoin de
financement à couvrir), cet excédent est reporté dans le budget de l'année suivante, toujours
en ligne codifiée 001, mais cette fois en recettes d'investissement, sous le libellé « excédent
d'investissement reporté ».
S'il reste un excédent de fonctionnement au-delà de ce qui est nécessaire pour combler le
besoin de financement de la section d'investissement, le conseil municipal peut, soit le reporter
en totalité à la ligne 002, « excédent ordinaire reporté » de la section de fonctionnement en
recettes, qui ne constitue pas un chapitre et ne donne pas lieu à vote puisque son montant est
imposé par les résultats de l'année précédente (c'est le solde du compte 110, « report à
nouveau », après prélèvement pour alimenter le compte 1068), soit décidée d'en affecter la
totalité, ou une partie seulement, au compte 1068 de la section d'investissement au titre de
réserves exclusivement utilisables pour des investissements futurs (une sorte d'autofinancement
en anticipation), et le reste éventuel seulement à la ligne 002, en prenant en compte le fait que
ce qui est affecté au compte 1068 au-delà du strict nécessaire pour combler le besoin de
financement ne pourra servir qu'à des investissements futurs, alors que ce qui reste en ligne
002 de la section de fonctionnement pourra servir indistinctement au fonctionnement ou aux
investissements.
En fin de compte, la combinaison des lignes 001, 002 et 1068 du budget d'une année reprend
intégralement les résultats hors RAR de l'année précédente, c'est-à-dire les résultats découlant
de toutes les opérations passées en comptabilité dans l'année, en recettes comme en dépenses,
en fonctionnement comme en investissement. Par ailleurs, tous les restes à réaliser sont repris
en section d'investissement du budget et, comme le besoin de financement a été calculé pour
arriver à équilibrer les recettes et les dépenses, RAR compris, de l'année précédente, l'impact
des reports de l'année précédente sur la section d'investissement est nul, le cumul de la ligne
1068 (hors réserves éventuelles au-delà du besoin de financement), d'un éventuel excédent
d'investissement (hors RAR) reporté et des RAR en recettes équilibrant exactement le cumul
d'un éventuel déficit d'investissement (hors RAR) reporté et des RAR en dépenses.
Notons qu'il n'est pas nécessaire, lors du vote du compte administratif, de vérifier que le besoin
de financement, qui correspond à l'autofinancement réel, est bien supérieur au montant de
capital d'emprunts remboursé dans l'année, comme cela doit être fait dans le cas du budget. Il
serait d'ailleurs trop tard pour corriger le tir si ce n'était pas le cas, puisque le compte
administratif, au contraire du budget qui n'est qu'un ensemble de prévisions, rend compte de
l'ensemble des opérations passées dans l'année qui s'est terminée quelques mois plus tôt. Il
suffit, pour s'assurer que l'emprunt n'est pas utilisé pour rembourser l'emprunt, que le trésorier
municipal vérifie, lors de la souscription effective de chaque emprunt, non seulement que cet
emprunt est compatible avec le budget, c'est-à-dire que, cumulé avec les éventuels emprunts
précédemment souscrits dans l'année, il ne fait pas dépasser le montant d'emprunts inscrit au
budget, mais encore qu'il est destiné à financer des dépenses d'investissement effectivement
engagées par ailleurs et que le montant emprunté ne dépasse pas le montant de ces dépenses,
déduction faite des subventions éventuelles obtenues pour les financer (sachant que des
subventions ne peuvent être obtenues pour des travaux déjà engagés : le plan de financement
doit être établi en totalité avant d'engager les dépenses). Si en effet le montant cumulé des
emprunts et des subventions enregistrés dans l'année ne dépasse pas le montant des
investissements nouveaux engagés dans l'année, il faudra nécessairement avoir trouvé ailleurs
les ressources pour financer le remboursement du capital d'emprunts, et cet ailleurs ne peut
être que l'autofinancement.
Je n'envisage ici que le cas normal où la commune n'est pas en déficit global, c'est-à-dire a un
excédent de fonctionnement capable de couvrir le besoin de financement de la section
d'investissement. Pour une vison plus complète de ces mécanismes, incluant les cas de déficits
de fonctionnement et ceux d'excédents d'investissements, on pourra se reporter à l'instruction
M14, tome 2, « le cadre budgétaire », titre 3, « l'exécution budgétaire », chapitre 5, « la
détermination des résultats » ainsi qu'au titre 4, « la tenue des comptabilités », du même
document, chapitre 1, « la comptabilité de l'ordonnateur », section 7, « établissement du
compte administratif » et chapitre 2, « la comptabilité du receveur municipal », section 6,
« arrêté des écritures ».
• certaines dépenses (et recettes) d'investissement de l'année A sont en effet des restes à
réaliser de l'année A-1 ;
• certaines dépenses engagées dans l'année A (et certaines recettes certaines pour
financer ces dépenses) ne seront comptabilisées que l'année A+1, et sont donc reportées
en restes à réaliser dans le budget de A+1 ;
• et, pour tout arranger, c'est l'autofinancement de l'année A-1 qui est comptabilisé dans
les comptes de l'année A et celui de l'année A ne sera comptabilisé que dans les comptes
de l'année A+1 (je parle ici de l'autofinancement issu de l'arrêté du compte administratif,
pas des autres formes d'autofinancement comme les amortissements, qui, eux, sont
comptabilisés dans l'année qu'ils concernent, puisque déterminables d'avance à partir de
l'état des immobilisations et des règles d'amortissement, dans la mesure où
l'amortissement d'un bien ne commence que l'année suivant son entrée à l'inventaire, ce
qui veut dire que les amortissements d'une année ne portent que sur les biens inscrits à
l'inventaire au 1er janvier de l'année).
Au vu de ces interférences entre années, le seul ratio d'autofinancement qui a un sens est celui
qui concerne les investissements engagés une année donnée, qu'ils aient été payés dans
l'année ou reportés en reste à réaliser sur l'année suivante, et qui prend en compte
l'autofinancement de cette même année, y compris ce qui ne sera comptabilisé que l'année
suivante, après l'arrêté du compte administratif. Pour calculer ce ratio RAF (A), il faut donc :
• du côté des dépenses : partir des dépenses réelles d'investissement de l'année A (DRI
(A)) telles qu'elles apparaissent au compte administratif et :
o en déduire le déficit d'investissement (DEFI (A-1)) éventuel reporté de l'année A-1
(ligne 001 du budget de A) et les reste à réaliser (RAR (A-1)) en dépense reportés
de l'année A-1 vers le budget de l'année A
o y ajouter les restes à réaliser (RAR (A)) en dépenses reportés dans la section de
fonctionnement de l'année A+1
o en déduire le montant de capital d'emprunts remboursés dans l'année A (CAP(A)),
puisque ces dépenses doivent être financées à 100% par l'autofinancement (le
même montant sera déduit de l'autofinancement)
• du côté de l'autofinancement, partir du besoin de financement calculé à l'arrêté du
compte administratif de l'année A (BF (A)), correspondant en principe au montant viré au
compte 1068 de l'année A+1 pour réaliser comptablement l'autofinancement de A, et :
o y ajouter le montant des amortissements enregistrés au compte administratif de
l'année A (AMORT (A))
o y ajouter le solde net des opérations enregistrées en recettes et en dépenses dans
les comptes 21xx et 192 du chapitre 040 de la section de fonctionnement du
compte administratif de l'année A (PVBC(A)), qui correspond au transfert vers la
section de fonctionnement du prix de vente des biens de la commune vendus
dans l'année (voir ci-dessus la section sur les amortissements), puisque le produit
de ces ventes constitue bien, lui aussi, des ressources propres de la commune
o en déduire le montant de capital d'emprunts remboursés dans l'année A (CAP(A)),
puisque ces dépenses doivent être financées à 100% par l'autofinancement et que
le calcul du ratio d'autofinancement ne doit porter que sur les investissements
nouveau et n'inclure que l'autofinancement restant une fois ce capital remboursé
en totalité
On a donc la formule :
On notera qu'on voit apparaître dans cette formule le déficit d'investissement de A-1, mais pas
l'excédent d'investissement s'il y en a un. La raison en est la suivante : le déficit
d'investissement de A-1 intervient, avec les RAR de A-1, dans le calcul des dépenses
d'investissement de A, pour éliminer les reports en dépenses de A-1 vers A, de manière à ne
conserver que les dépenses engagées durant l'année A ; ce déficit, tout comme les RAR en
dépenses, sont intégralement couverts par le virement au compte 1068 de l'année A résultant
de l'arrêté du compte administratif de A-1, qui participe à l'autofinancement de A-1 et non pas
de A ; si cet arrêté fait apparaître, non pas un déficit, mais un excédent d'investissement, cet
excédent, par la mécanique du calcul du besoin de financement de l'année A-1, participera en
tant que « recette » d'investissement au budget de l'année A au financement des dépenses
reportées de A-1 vers A, et non pas au financement des dépenses d'investissement nouvelles
de l'année A ; quant au résultat de l'année A, il est implicitement pris en compte par le fait que
ce qui intervient dans la formule, c'est le besoin de financement de l'année A, qui est calculé en
tenant compte de ce résultat, qu'il soit un déficit ou un excédent.
• du côté des dépenses, il faut ne tenir compte que des dépenses réelles d'investissement
correspondant aux inscriptions nouvelles (DRIN(A)), c'est-à-dire ne pas tenir compte des
reste à réaliser de A-1 repris au budget, et il n'y a pas de distinction à faire ) ce point
entre dépenses réelles effectivement comptabilisées et reports vers l'année suivante (on
suppose que tout ce qui est budgété en inscriptions nouvelles sera engagé dans
l'année) ; par contre, il faut toujours déduire l'éventuel déficit d'investissement reporté
de A-1, qui apparaît dans les inscriptions nouvelles en dépenses d'investissement au
budget, à travers la ligne 001, ainsi que le montant des remboursements en capital
• du côté de l'autofinancement, le besoin de financement est remplacé par son estimation
au chapitre 023 de la section de fonctionnement en dépenses et 021 de la section
d'investissement en recette (qui ont même montant) et l'estimation du prix de vente de
biens de la commune prévus à la vente dans l'année est obtenu à la ligne 024, « produits
des cessions d’immobilisations » en recettes d'investissement.
Dans les ressources qui contribuent à l'autofinancement, on peut distinguer trois catégories :
Section de fonctionnement
Dépenses 7.676.886,26 €
Recettes 11.800.755,80 €
________________
Excédent de fonctionnement 4.123.869,54 €
Investissement
Résultat du compte de gestion de 2013 (exemple sous la forme des deux tableaux
suivants) :
SECTION SECTION DE
TOTAL DES SECTIONS
D'INVESTISSEMENT FONCTIONNEMENT
RECETTES
Prévisions budgétaires totales (a) 6 879 893,49 11 539 536,45 18 419 429,94
Titres de recettes émis (b) 3 323 694,36 8 743 230,43 12 066 924,79
Réductions de titres (c) 0,00 6 150,08 6 150,08
Recettes nettes (d = b - c) 3 323 694,36 8 737 080,35 12 060 774,71
DÉPENSES
Autorisations budgétaires totales
6 879 893,49 11 539 536,45 18 419 429,94
(e)
3 719 842,63 7 848 385,37 11 568 228,00
Mandats émis (f)
0,00 171 499,11 171 499,11
Annulations de mandats (g)
3 719 842,63 7 676 886,26 11 396 728,89
Dépenses nettes (h = f - g)
RÉSULTAT DE L'EXERCICE
(d - h) Excédent 1 060 194,09 664 045,82
(h - d) Déficit 396 148,27
Résultat d'exécution du budget principal
et des budgets des services non personnalisés
RÉSULTAT À LA TRANSFERT OU
PART AFFECTÉE À
CLÔTURE DE INTÉGRATION DE
L'INVESTISSEMENT RÉSULTAT DE
L'EXERCICE RÉSULTATS PAR
: L'EXERCICE 2013
PRÉCÉDENT : OPÉRATIONS D'ORDRE
EXERCICE 2013
2012 NON BUDGÉTAIRE
I - Budget principal
Investissement -640 876,32 0,00 -396 148,27
Fonctionnement 3 959 068,94 895 393,49 1 060 194,09
TOTAL I 3 318 192,62 895 393,49 664 045,82
II - Budget des services à
caractère administratif
TOTAL II
III - Budget des services à
caractère industriel
et commercial
TOTAL III
TOTAL I + II + III 3 318 192,62 895 393,49 664 045,82
Les reste à réaliser de 2013 reportés sur 2014 ne sont toujours pas pris en compte, mais ils
participent au calcul du besoin de financement qui donnera lieu à un crédit du compte 1068 des
recettes d'investissement pour 2014 et qui figurera dans la colonne 3 du second tableau de
synthèse du compte de gestion 2014. C'est pourquoi le résultat de 3.086.844,95 € en section de
fonctionnement ne correspond toujours pas aux 1.183.563,16 € reportés de 2013 sur 2014.
Pour arriver à ce chiffre, il faut soustraire aux 3.086.844,95 € d'excédent de fonctionnement le
solde net des dépenses et recettes déjà engagées en 2013 mais non encore comptabilisées (les
RAR reportés sur 2014) de 1.903.281,79 € :
Section de fonctionnement
Dépenses 8.351.050,80 €
Recettes 11.780.770,98 €
________________
Excédent de fonctionnement 3.429.720,18 €
Investissement
Note : l'excédent d'investissement de l'année 2011 s'explique par trois raisons principales, qui
peuvent se résumer ainsi (par exemple) : peu de dépenses nouvelles d'investissement
effectivement payées en 2011 et une importante rentrée exceptionnelle liée à la vente de
terrains. Plus précisément :
• un important report de RAR de 2010 sur 2011, d'un montant de 1.918.900,00 €, était
entièrement financé donc par le virement au compte 1068 début 2011 du besoin de
financement identifié lors du vote du compte administratif 2010, ce qui signifie que seuls
1.307.167 € (3.326.067 - 1.918.900) restaient à financer sur les recettes
d'investissement enregistrées en 2011 ;
• le plus gros des investissements nouveaux de 2011 a glissé vers 2012, comme ça avait
déjà été le cas en 2010, puisqu'on trouve 1.963.300,00 € de reste à réaliser en dépenses
reportées de 2011 sur 2012 ;
• la vente de terrains appartenant à la commune pour la création d’une ZAC (par
exemple), a conduit à l'enregistrement au compte 192, « plus-values sur cessions
d'immobilisations », au chapitre 040 en recettes de la section d'investissement, d'une
somme de 1.338.149 € (les terrains nus vendus, devenus propriété de la commune avant
la mise en place du mécanisme des amortissements, ne figuraient pas à l'état des
immobilisation avec une valeur comptable, si bien que tout le produit de la vente était
considéré comme une plus-value) : cette somme, à elle seule, faisait plus que couvrir les
dépenses d'investissement nouvelles enregistrées en 2011 pour 1.307.167 € (voir point
1).
La seule différence dans la manière d'arrêter les comptes est que cet excédent vient en
déduction du déficit des restes à réaliser pour la détermination du besoin de financement, alors
qu'un déficit d'investissement vient s'ajouter au déficit des RAR. En d'autres termes, le besoin
de financement est la valeur absolue de la somme algébrique du résultat de la section de
fonctionnement (positif en cas d'excédent, négatif en cas de déficit) et du solde net des RAR
(lui aussi positif en cas d'excédent, négatif en cas de déficit), lorsque cette somme algébrique
est négative (déficit global ; si elle était positive, cela voudrait dire que l'année finit, après prise
en compte des reste à réaliser, avec un excédent de recettes d'investissement qui serait alors
enregistré en réserve pour des investissements futurs et ne pourrait retourner vers la section de
fonctionnement). Dans les tableaux de synthèse du compte de gestion, un excédent est positif
et un déficit négatif et les sommes sont toujours des sommes algébriques.