Rééducation de La Main Tome 1
Rééducation de La Main Tome 1
Rééducation de La Main Tome 1
de la main
Tome 1
Bilan diagnostique, techniques de rééducation
et poignet traumatique
Grégory Mesplié
Illustration
Josette Mesplié
Couverture
M. BOURIE et T. LEBOT
Avec la collaboration de
V. Grelet, O. Léger, S. Lemoine, V. Glémet, D. Maffray,
A. Noel, J. Mesplié, N. Craspail, M. Ithurbide
Chirurgiens de la main
Vincent Grelet - Olivier Léger - Stéphane Lemoine
Kinésithérapeutes
Vincent Glémet - Démécia Maffray - Annabelle Noel
Orthésiste
Josette Mesplié
Infirmière
Nathalie Craspail
Ergothérapeute
Maritxu Ithurbide
Illustrations
Josette Mesplié
Techniques orthétiques
Orthèses courantes de la main et du poignet
J. Mesplié, G. Mesplié...............................................................................................................................................................................157
Remerciements
La réalisation de cet ouvrage s’inscrit dans cet esprit, puisqu’il est le fruit du tra-
vail collectif de l’équipe pluridisciplinaire de l’Institut Sud Aquitain de la Main et du
Membre Supérieur à la Clinique Aguiléra de Biarritz.
« Dans une équipe pluridisciplinaire de la main, chaque maillon de la chaine doit
bonifier ou faciliter l’action des autres ».
Jean-Claude Guimberteau,
Chirurgien de la main
Notion d’équipe
La notion d’équipe est fondamentale dans la rééducation de la main et la com-
munication, entre ses membres, essentielle. Les éléments tels que les examens
paracliniques, les comptes rendus opératoires, les courriers entre soignants et les
bilans kinésithérapiques doivent être réalisés systématiquement et consultables
par tous les membres de l’équipe. Il convient cependant de déterminer un moyen
de communication sécurisé et accessible uniquement aux membres de l’équipe
soignante.
L’absence de ces éléments peut être à l’origine d’approximation pouvant avoir
des conséquences catastrophiques notamment en cas de lésions à l’origine d’une
fragilité tissulaire importante.
Le constat de Stanley récapitule bien cette interaction fondamentale et la place
essentielle de la rééducation dans les pathologies de la main :
Bon chirurgien + bon rééducateur = bons résultats
Bon chirurgien + mauvais rééducateur = résultats médiocres
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Les pansements ont également un rôle important dans cette prise en charge
pluridisciplinaire, car bien que la réfection d’un pansement soit un acte infirmier
réalisé sur prescription médicale, les transmissions au sein d’une équipe interdisci-
plinaire sont primordiales pour garantir une prise en charge globale et individuelle
des patients.
Comment évolue la cicatrisation ? Quelles zones ne doivent pas subir de varia-
tions thermiques : froid ou chaud souvent utilisés en rééducation sont parfois à
adapter en fonction d’une cicatrisation dirigée, d’une greffe ou d’un bourdonnet.
Comment effectuer un pansement qui ne gêne pas la mobilisation et le travail des
rééducateurs ?
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La cicatrice :
La cicatrisation de la plaie s’effectue en moyenne en une quinzaine de jours.
C’est une histoire naturelle qui varie en fonction de la nature de la plaie (trau-
matique, opératoire, brûlure, nécrose…) mais c’est aussi une histoire individuelle
et certaines pathologies ou facteurs de risque (tabac, alcool, diabète, mauvaise ali-
mentation) peuvent augmenter le temps de cicatrisation.
Lorsque la plaie est guérie, il reste la cicatrice, elle devra rester à l’air, et ce même
avec des fils résorbables, qui pourront être ôtés.
Il est important de récupérer rapidement la motricité et la fonction de la main.
La cicatrice va évoluer dans les 6 mois qui suivent, il faudra :
• surveiller l’apparition d’une rétraction ou d’une cicatrice hypertrophique ou
chéloïde ;
• la masser quotidiennement avec une crème hydratante ;
• ne pas exposer la cicatrice sans une protection écran-totale (indice sup. à 50)
pendant 1 an.
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Matériel
Le matériel utilisé doit nous permettre de réaliser des bilans les plus complets
possibles, en respectant les impératifs de reproductibilité et de simplicité cités
précédemment. L’utilisation de modèles pré-imprimés permet de favoriser la re-
productibilité entre thérapeutes tout en laissant un espace pour les remarques
particulières (fig. 3). Ces modèles ne conviennent évidemment pas pour toutes les
pathologies de la main, mais couvrent la majorités des pathologies traumatiques-
courantes rencontrées.
Mètre à ruban
Il permet de mesurer les périmétries des zones concernées et de les comparer au
côté sain. Il permet d’objectiver les œdèmes et les amyotrophies présentes après
un traumatisme et/ou une immobilisation (fig. 5).
Thermomètre laser
Il permet d’évaluer les variations de température cutanée et doit être comparatif
au côté sain car elle peut varier de 28 et 36 °C (fig. 6).
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Monofilaments
Ce sont des esthésiomètres permettant de déterminer le seuil de perception à
la pression (SPP) en les utilisant dans l’ordre décroissant (Cf Chapitre “Physiologie et
rééducation des lésions sensitives et motrices”) (fig. 7bis)
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Goniomètres
Ces outils de mesure d’angle permettent d’objectiver les amplitudes actives et
passives des articulations évaluées.
Ils sont comparatifs au côté sain ou à la norme selon les cas.
Il en existe plusieurs types en
fonction de la taille et du type de
mobilité étudiée :
Goniomètre à 2 branches dit
“de Cochin”
La branche de référence est
placée le long du segment ad-
jacent au segment mobilisé,
la jonction des 2 branches est
placée en regard du centre arti-
culaire de l’articulation étudiée.
La branche mobile est placée
Fig. 8 : Goniomètre de cochin
en regard du segment mobilisé
(fig. 8).
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Fig. 10 : Grasp
Poigne
Il permet d’évaluer la force globale de
serrage réalisée par le travail synergique
des musculatures intrinsèques et extrinsè-
ques (fig. 11).
Fig. 11 : Poigne
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Pinch
Il permet d’évaluer les forces de serrage pollici-digitales. Les mesures les plus utili-
sées sont la pince pouce index termino-latérale et termino-terminale (fig. 12 et 12’).
Pince étau
Il permet d’évaluer de façon sélective la force intrinsèque puisque la pince étau
est réalisée par les muscles interosseux et thénariens.
Dynamomètre de mesure de la force en flexion/extension et inclinaison
ulnaire/radiale
Il permet d’évaluer la force des fléchisseurs et extenseurs du poignet et des sta-
bilisateurs radiaux et ulnaires
Dynamomètre de pronosupination
Il permet d’évaluer la force des pronateurs et supinateurs, coude fléchi à 90°
pour éviter la participation des rotateurs de l’articulation gléno-humérale.
Réglet
Permet de mesurer la distance rectiligne entre 2 points. Nous l’utilisons notam-
ment pour mesurer l’empan (fig. 13).
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Fig. 14 et 14’ :
L’utilisation d’un ap-
pareil photo ou vidéo
peut permettre au pa-
tient et au thérapeute
de mieux appréhen-
der les progrès réali-
sés, notamment s’ils
sont lents
Interrogatoire
Il nous permet de prendre connaissance des renseignements administratifs
(âge, civilité, profession, loisirs), de l’anamnèse, de la perception et des objectifs
prioritaires du patient.
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Bilan de la douleur
Selon le dictionnaire de médecine Flammarion, la douleur est “une sensation
anormale et désagréable provoquée par l’excitation excessive d’une partie vivante de
l’organisme, perçue et intégrée au niveau le plus élevé du cortex cérébral, qui lui confère
son caractère de vécu personnel et sa tonalité émotionnelle et affective”.
Cette définition traduit bien le fait que la douleur est liée à des facteurs physi-
ques dont la perception varie en fonction des individus.
Il s’agit donc de définir le plus précisément possible le ressenti du patient
concernant le type de douleur, son rythme, sa localisation, son intensité et les fac-
teurs apaisants. Il convient de préciser si l’évaluation de la douleur est réalisée sous
traitement antalgique ou pas afin de ne pas biaiser le comparatif avec les bilans
suivants.
Attention car la douleur peut être projetée ou référée, ce qui se traduit par une
localisation autre que celle de la zone lésée…
La douleur est-elle aiguë ou chronique (si elle se prolonge au-delà de 3 mois).
Le rythme peut être mécanique (après un effort) ou inflammatoire (nocturne
avec notion de dérouillage matinal). Les douleurs peuvent être brutales, lancinan-
tes, à type de brûlures, avec une sensation de compression, électriques…
Le thérapeute doit déterminer avec précision, s’ils sont identifiables, les gestes
déclenchants la douleur afin d’en déterminer la cause.
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La douleur est un phénomène complexe qui peut être une douleur par ex-
cès de nociception, neuropathique, entretenue par le système sympathique ou
psychogène.
Dans tous les cas, son évaluation est complexe et son traitement peut nécessiter
une prise en charge plus globale de la sensibilité et de la psychologie du patient
(cf. chapitre “physiologie et rééducation des lésions sensitives et motrices”).
Bilan trophique
Ils concernent tous les troubles liés à la trophicité de la zone lésée, c’est-à-dire
l’expression de la nutrition tissulaire par les systèmes vasculaires :
- Au niveau des téguments, nous observons la pilosité, la couleur (hyperhémie,
peau blanche ou marbrée) et l’importance des sécrétions (objectivable par le
test de Moberg ou test à la ninhydrine) qui nous informent sur l’altération des
systèmes vasculaires locaux. La palpation doit nous permettre d’évaluer les
propriétés mécaniques tégumentaires (extensibilité, élasticité, consistance et
mobilité par rapport aux tissus voisins). La cicatrice si elle est présente doit être
étudiée pour définir son étendue, sa sensibilité et ses propriétés mécaniques.
Elle peut être inflammatoire, douloureuse, hypertrophique (voire chéloïde), ré-
tractée ou adhérente et on peut fréquemment observer des troubles sensitifs à
sa périphérie (cf. chapitre “Physiologie tégumentaire, massage et traitement des
cicatrices”). L’examen tégumentaire est fondamental car toute perturbation à
son niveau peut avoir des conséquences sur la mobilité, l’œdème, la force, la
sensibilité et donc la fonction de la main.
- Les phanères sont étudiés et peuvent être cassants, hypertrophiques ou secs
signant une altération de leur trophicité.
- L’œdème est une infiltration liquidienne qui se traduit par un gonflement des
parties molles. Il peut s’agir d’un œdème veineux, lymphatique ou mixte ob-
jectivable par la recherche du godet. Après avoir réalisé une pression pulpaire
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brachio-radial
rond pronateur
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Bilan neurologique
Cet aspect du bilan concerne la motricité et la sensibilité de la main. Les mo-
dalités de cette partie du bilan sont développées dans le chapitre “physiologie et
rééducation des lésions sensitives et motrices”.
Bilan articulaire
Il concerne les troubles liés à l’articulation étudiée. Il est basé sur la palpation,
l’évaluation de la mobilité et la recherche d’instabilités.
30°
Fig. 16 : La mise en tension et pal-
pation du faisceau principal du LLI
du pouce est réalisée avec la MP en
flexion à 30° afin de détendre le fais-
ceau accessoire
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Le thérapeute peut observer une limitation symétrique (dans les 2 sens) ou asy-
métrique (dans 1 seul sens) de l’articulation. L’origine de la limitation peut être dé-
terminée sans certitude en fonction du type de butée ressentie. Si la butée est dure
et ne peut être dépassée, elle est probablement le fait d’un contact osseux dont
les causes sont variées (remaniement articulaire post-fracture, ostéophytes…). Si
la butée est élastique et ferme mais pouvant être dépassée légèrement, elle est
probablement le fait du système capsulo-ligamentaire et tendineux pour la chaîne
digitale (rétractions, adhérences ligamentaire ou tendineuse…). Si la butée est
molle, il s’agit d’une limitation par écrasement des tissus mous (le plus souvent les
muscles) agonistes au mouvement.
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Bilan de la force
Cette évaluation est réalisée par l’intermédiaire de dynamomètres spécifiques,
qui permettent d’évaluer avec précision la force des muscles étudiés.
Les mesures sont comparatives au côté sain et réalisées selon des modalités dé-
finies et reproductibles.
Les mesures du Grasp et de la poigne sont réalisées poignet en extension à 30°
car c’est la position où les fléchisseurs développent le plus de force.
L’évaluation du pinch est réalisée coude fléchi et sans flexion de l’interphalan-
gienne pour éviter la participation du long fléchisseur du pouce (sauf cas particu-
lier où la récupération de la force extrinsèque du pouce est recherchée).
L’évaluation de la pince étau est réalisée coude fléchi et posé sur le plan du dy-
namomètre (fig. 21).
L’évaluation de la force de pronation et supination est réalisée tronc droit, coude
fléchi à 90° et bras maintenu le long du corps pour éviter les compensations par les
rotateurs d’épaule ou par le tronc (fig. 22).
L’évaluation de la force du poignet en flexion/extension et Inclinaison ulnaire/
inclinaison radiale est réalisée coude fléchi à 90° et avant-bras fixé pour éviter la
participation des muscles de l’épaule et du coude (fig. 23).
e Me
sur r su
Me ateu pin sure
n ate
pro ur
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Evaluation fonctionnelle
Cette évaluation permet d’évaluer l’impact de la pathologie du patient sur ses
capacités fonctionnelles en donc, sur son quotidien.
Il existe des bilans fonctionnels objectifs basés sur l’analyse des gestes que le
patient doit enchaîner comme le test de Moberg et le bilan 400 points et subjectifs
basé sur le ressenti du patient concernant sa gêne dans les activités de la vie quo-
tidienne comme le DASH (Disability of Arm-Shoulder-Hand), le quick-DASH ou le
PWRE (Patient-Rated Wrist Evaluation, plus spécifique au poignet).
Pour notre part, nous utilisons préférentiellement le bilan 400 points et un quick-
DASH modifié (fig. 24).
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Bibliographie
1. Anaes (HAS) Le dossier du patient en masso-kinésithérapie. Recommandations pour la
pratique clinique, 2000 1. Viel E. Bien rédiger le bilan-diagnostic kinésithérapique. Mise
en œuvre des recommandations de la haute autorité de santé. Masson, Paris, 2006.
2. Cleland J, Netter FH. Examen clinique de l’appareil locomoteur : tests, évaluation et
niveaux de preuve. Paris, Masson, 2008.
3. Dufour M. Examen clinique articulaire et bilan, EMC 26-074-A-10. Elsevier Masson,
2007
4. Dufour M. Masso-kinésithérapie et thérapie manuelle pratiques. Tome 1, Masson 2009.
5. Hoppenfeld S. Examen clinique des membres et du rachis, Masson 2006.
6. Rouzaud JC, Chammas M, Allieu Y, Rousselin G. Evaluation de la fonction des ten-
dons fléchisseurs et extenseurs à la main.
7. Viel E. Le diagnostic kinésithérapique - le bilan-diagnostic en pratique libérale et hospi-
talière. Paris, Masson, 2000
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