Urgences en Gynécologie
Urgences en Gynécologie
Urgences en Gynécologie
Autres ouvrages
Échographie endovaginale Doppler - 3D, par N. Perrot, I. Frey, 7e édition, 2022, 352 pages.
Obstétrique pour le praticien, par L. Sentilhes, T. Schmitz, J Lansac, 7e édition, 2022, 644 pages.
Échographie en pratique obstétricale, par Ph. Bourgeot, B. Guérin du Masgenêt, V. Houfflin-Debarge.
6e édition, 2021, 944 pages.
120 questions en gynécologie-obstétrique, par H. Marret, coll. « Abrégés de médecine », 2020,
616 pages.
110 fiches pour le suivi post-natal mère-enfant, par A. Battut, T. Harvey, A. Lapillonne, 2e édition,
2020, 432 pages
Gynécologie pour le praticien, 9e édition, par J. Lansac et H. Marret, 2017, 656 pages.
Guide d’échographie, 5e édition, de P. Legmann et P. Bonnin-Fayet, 2017, 488 pages.
Échographie et imagerie pelvienne en pratique gynécologique, 6e édition, de Y. Ardaens, J.-M.
Levaillant, P. Coquel et T. Haag, 2017, 720 pages.
Pratique en gynécologie-obstétrique
Sous l’égide du Collège national des gynécologues et obstétriciens français
Conseillers éditoriaux
Philippe Descamps, François Goffinet, Brigitte Raccah-Tebeka
Urgences en gynécologie
Antoine Bourret
Praticien hospitalier, responsable des urgences gynécologiques, service de chirurgie
gynécologique, AP-HP, hôpital Cochin Port-Royal, Paris
Elsevier Masson SAS, 65, rue Camille-Desmoulins, 92442 Issy-les-Moulineaux cedex, France
Les praticiens et chercheurs doivent toujours se baser sur leur propre expérience et connaissances
pour évaluer et utiliser toute information, méthodes, composés ou expériences décrits ici. Du fait
de l’avancement rapide des sciences médicales, en particulier, une vérification indépendante des
diagnostics et dosages des médicaments doit être effectuée. Dans toute la mesure permise par la
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développement massif du « photo-copillage ». Cette pratique qui s’est
généralisée, notamment dans les établissements d’enseignement, pro-
voque une baisse brutale des achats de livres, au point que la possibilité
même pour les auteurs de créer des œuvres nouvelles et de les faire édi-
ter correctement est aujourd’hui menacée. Nous rappelons donc que la
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de poursuites. Les demandes d’autorisation de photocopier doivent être
adressées à l’éditeur ou au Centre français d’exploitation du droit de copie :
20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris. Tél. 01 44 07 47 70.
Liste des collaborateurs
Corinne Bordonné, praticien hospitalier, radiologue, Institut de la femme et de
l’endométriose (IFEEN), Paris.
Antoine Bourret, praticien hospitalier, responsable des urgences gynécologiques,
service de chirurgie gynécologique, AP-HP, hôpital Cochin Port-Royal, Paris.
Laetitia Campin, praticien hospitalier, service de chirurgie gynécologique, AP-HP,
hôpital Cochin Port-Royal, Paris.
Emmanuelle Cohen, praticien hospitalier responsable des urgences obstétricales,
service de gynécologie et obstétrique, AP-HP, hôpital Cochin Port-Royal, Paris.
Céline Deguette, praticien hospitalier, unité médico-judiciaire, AP-HP, hôpital
Hôtel-Dieu, Paris.
Charlotte Gorgiard, praticien hospitalier, chef de service de l’unité médico-
judiciaire, AP-HP, hôpital Hôtel-Dieu, Paris.
Emmanuelle Lhomme, praticien hospitalier, responsable du centre d’orthogénie,
unité d’orthogénie, AP-HP, hôpital Cochin Port-Royal, Paris.
Paul Marzouk, praticien hospitalier, service de chirurgie gynécologique, AP-HP,
hôpital Cochin Port-Royal, Paris.
Anne-Elodie Millischer-Bellaïche, praticien hospitalier, radiologue, Institut de la
femme et de l’endométriose (IFEEN), Paris.
Marion Ouazana, chef de clinique assistant, unité d’assistance médicale à la pro-
création, AP-HP, hôpital Cochin Port-Royal, Paris.
Adrien Pérez, chef de clinique assistant, département d’anesthésie réanimation,
AP-HP, hôpital Cochin Port-Royal, Paris.
Sandrine Pérol, praticien hospitalier, unité de gynécologie médicale AP-HP, hôpi-
tal Cochin Port-Royal, Paris.
Florie Pirot, chef de clinique assistant, service de chirurgie gynécologique, AP-HP,
hôpital Cochin Port-Royal, Paris.
Préface
Si l’objectif de ce livre était de combler un manque, force est de constater que
celui-ci est brillamment atteint. Cet ouvrage est, à ma connaissance, le seul consacré
spécifiquement à toutes les facettes des urgences gynécologiques que l’on peut
être amené à prendre en charge soit aux urgences d’un service de gynécologie,
d’une maternité, ou d’un hôpital, mais aussi en cabinet de ville lorsque qu’on
exerce son activité comme médecin généraliste, sage-femme ou gynécologue.
Faire la synthèse de ce sujet, avec une approche globale de la spécialité, était une
nécessité.
Cet ouvrage, très pédagogique, exhaustif et original dans sa conception est
construit en deux parties : la première, aborde les motifs de consultation
(« je consulte pour… ») et la seconde se présente sous forme de logigrammes.
Cette présentation permet d’avoir une approche complète de la problématique,
de présenter au lecteur la sémiologie et les différentes modalités diagnostiques
mais aussi de proposer les stratégies thérapeutiques. Richement illustré, avec
notamment des schémas originaux, ce livre aborde également des sujets rare
ment traités dans ce contexte comme la contraception d’urgence, les agressions
sexuelles et les problèmes médico-judicaires, les urgences dans un parcours de
procréation médicalement assistées …., autant de situations auxquelles les prati
ciens sont confrontés quotidiennement.
Cette préface est aussi l’occasion pour moi de remercier le docteur Antoine
Bourret qui, depuis dix ans, assure, entre autres, dans notre service de gynécologie
à la Clinique Universitaire Port-Royal à Cochin, la responsabilité de la prise en
charges des urgences gynécologiques. La qualité scientifique et didactique de cet
« ouvrage référence » dans le domaine tiennent à l’importante expérience clinique
accumulée durant toutes ces années, aux collaborations qu’il a su développer
et coordonner, ainsi qu’à son enthousiasme, son dynamisme et son esprit de
synthèse, qualités essentielles pour enseigner les jeunes praticiens (externes et
internes) en formation dans notre équipe.
A une période où la prise en charge des urgences s’avère, pour différentes raisons,
particulièrement compliquée dans notre pays, ce livre original arrive à point
nommé. Guide très complet, la lecture et l’utilisation en pratique quotidienne de
cet ouvrage sont à recommander à tous les acteurs amenés à traiter des urgences
gynécologiques : étudiants en médecine, sage-femmes, médecins généralistes,
urgentistes, gynécologues-obstétriciens.
Professeur Charles Chapron
Chef du service de Gynécologie et Médecine
de la Reproduction, CHU Cochin, Paris.
Abréviations
AC activité cardiaque
ACOG American College of Obstetricians and Gynecologists
AINS anti-inflammatoire non stéroïdien
ALAT alanine aminotransférase
AMP assistance médicale à la procréation
ASAT aspartate aminotransférase
ATO abcès tubo-ovarien
CeGIDD Centre Gratuit d’information, de Dépistage et de Diagnostic
CNGOF Collège national des gynécologues et obstétriciens français
CPAM Caisse primaire d’assurance maladie
CPK créatine phosphokinase
CRP C-reactive protein
DIU dispositif intra-utérin
ECBU examen cytobactériologique urinaire
ECG électrocardiogramme
ETV échographie transvaginale
EVA échelle visuelle analogique
FIV fécondation in vitro
FSH follicle stimulating hormone
GEU grossesse extra-utérine
GnRH gonadotropin releasing hormone
hCG human chorionic gonadotropin
hMG human menopausal gonadotropin
HSO hyperstimulation ovarienne
HSV Herpes simplex virus
ICSI intracytoplasmic sperm injection
IGH infection génitale haute
IIU insémination intra-utérine
IM voie intramusculaire
IMC indice de masse corporelle
IRM imagerie par résonance magnétique
IST infection sexuellement transmissible
IV voie intraveineuse
LCC longueur cranio-caudale
LH luteinizing hormone
MICI maladie inflammatoire chronique intestinale
XIV
1
Conduite pratique de
l’examen gynécologique
aux urgences
gynécologiques
Urgences en gynécologie
2 Urgences en gynécologie
Voies d’examen
Plus précise, la voie vaginale (Figure 1.2) est, à tort, souvent la seule voie pratiquée,
alors que les deux voies (sus-pubienne et vaginale) doivent être utilisées. Elles sont
en effet complémentaires l’une de l’autre.
L’échographie sus-pubienne a deux principaux intérêts :
■ compléter un toucher vaginal ou une palpation abdominale qui auraient
retrouvé un organe pelvien anormalement augmenté de taille (kyste ovarien ?
utérus myomateux ? utérus gravide à un terme plus avancé qu’attendu ?). Trop
limitée en profondeur, la voie vaginale ne permettra souvent pas de recueillir
l’ensemble des informations ;
■ quantifier un éventuel épanchement abdominopelvien, en examinant en
particulier l’espace de Morrison. En cas d’évaluation quantitative d’un hémopéri-
toine, cette information est indispensable.
4 Urgences en gynécologie
2
Je consulte en urgence
car… j’ai des douleurs
Conduite à tenir devant des
douleurs pelviennes aiguës
Définition
Quand parler de douleurs pelviennes aiguës ? Classiquement, les douleurs
pelviennes aiguës correspondent à des douleurs évoluant depuis moins de
1 mois, localisées au niveau de l’hypogastre et/ou de la fosse iliaque droite
et/ou de la fosse iliaque gauche. Au-delà de ce délai, on parlera de douleurs
pelviennes chroniques.
Je consulte en urgence car… j’ai des douleurs 13
Interrogatoire
Caractériser la douleur
Il faut caractériser les douleurs, cela permettra d’orienter le diagnostic. Voici une
liste des questions à poser au cours de la consultation.
Quand a débuté la douleur ?
Cet élément est essentiel : c’est ce qui permet de déterminer le caractère aigu
ou chronique de la douleur. Par exemple, des douleurs pelviennes chroniques à
recrudescence menstruelle orienteront vers une endométriose. L’heure de début
des douleurs en cas de torsion d’annexe est un élément pronostic important.
Comment a débuté la douleur ? Que faisiez-vous au moment de la douleur ?
Une douleur de début brutal doit faire craindre une torsion d’annexe, alors qu’un
début progressif oriente plus vers une IGH ou une appendicite aiguë.
Quelle note donnez-vous à votre douleur, entre 0, pas de douleur, et 10 pour la
douleur la plus intense que vous puissiez imaginer ?
Les échelles numériques verbales (de 0 à 10) ou les échelles visuelles analogiques
(EVA) sont fréquemment utilisées. La mesure de l’intensité de la douleur peut
permettre un tri des urgences vitales : ainsi, la douleur est habituellement très
intense en cas de torsion d’annexe, alors qu’elle sera modérée dans une IGH.
Où avez-vous mal ?
La topographie de la douleur peut orienter sur sa cause. Par exemple, le caractère
unilatéral est plutôt en faveur d’une pathologie annexielle, alors qu’une douleur
diffuse à l’ensemble du pelvis est classique en cas d’IGH. La douleur en fosse iliaque
droite doit faire penser à une appendicite aiguë. Les patientes montrent souvent
l’ensemble du pelvis avec la main ouverte, demander de montrer avec un seul
doigt peut améliorer la précision.
Encadré 2.1
Principales affections responsables de douleurs pelviennes
aiguës chez la femme
Étiologies secondaires à une grossesse
■
Grossesse extra-utérine
■
Fausse couche spontanée
■
Rétention post-fausse couche
■
Endométrite du post-partum ou du post-abortum
■
Complication de corps jaune gestationnel (corps jaune hémorragique, kyste du
corps jaune et ses complications)
Étiologies infectieuses
■
Infection génitale haute (salpingite, endométrite, pelvipéritonite, ATO)
■
Appendicite
■
Pyélonéphrite aiguë, infection urinaire basse
Étiologies annexielles
■
Torsion d’annexe
■
Complications des kystes ovariens (hémorragie intrakystique, rupture de kyste,
torsion d’annexe)
■
Dysovulation
■
Étiologies secondaires à la présence d’un fibrome
■
Nécrobiose aiguë
■
Torsion d’un myome sous-séreux pédiculé
■
Accouchement d’un myome sous-muqueux par le col utérin
Étiologies urologiques
■
Colique néphrétique
■
Pyélonéphrite aiguë, infection urinaire basse
Causes rares
■
Sacro-iléite bactérienne
■
Ostéite
■
Anévrisme de l’artère iliaque
■
Infection d’un kyste de l’ouraque
Source : Huchon C, et al. Algies pelviennes aiguës de la femme : orientation diagnostique et conduite à tenir.
Encycl Méd Chir (Elsevier, Paris). Gynécologie, 162-A15. 2010.
16 Je consulte en urgence
Examen clinique
Rechercher de signes de gravité
■ Évaluer les constantes (pression artérielle, fréquence cardiaque) : y a-t-il des
signes de choc ?
■ Palper l’abdomen : y a-t-il une défense ? une contracture ?
Avant de réaliser l’examen gynécologique et de rechercher la cause de la douleur,
il est important de rechercher des signes de gravité : la douleur peut révéler une
pathologie mettant en jeu le pronostic vital de la patiente, par exemple une GEU
rompue.
Examen au spéculum
■ Y a-t-il des métrorragies ? des leucorrhées anormales ?
■ Le col a-t-il un aspect normal ?
La présence de leucorrhées anormales, une cervicite peuvent orienter vers une
IGH ; la présence de métrorragies en début de grossesse doit faire rechercher
une GEU.
Toucher vaginal
■ Le toucher est-il douloureux ? Y a-t-il une douleur à la mobilisation utérine ? à
la palpation d’une seule annexe ? des deux annexes ?
■ Quelle est la taille de l’utérus ? Quelle est sa forme ?
■ Une masse est-elle palpable ? Est-elle médiane ou latéro-utérine ?
En cas de torsion d’annexe, la douleur est unilatérale, une masse peut être palpée.
En cas de complication de fibromes, la douleur est plutôt médiane, déclenchée
à la palpation d’un utérus bosselé, augmenté de taille. Dans les IGH, on retrouve
souvent une douleur provoquée à la palpation et/ou à la mobilisation utérine. On
retrouve également fréquemment une douleur à la palpation annexielle, le plus
souvent bilatérale.
Biologie
hCG
Un dosage négatif d’hCG est le meilleur moyen pour éliminer une GEU !
L’analyse quantitative des hCG plasmatiques est importante dans un contexte de
grossesse de localisation indéterminée (le seuil de visibilité échographique d’une
grossesse intra-utérine classiquement retenu est de 1500 IU/mL). Ce sera aussi le
point de départ pour suivre l’évolution à 48 h de la cinétique des hCG pour dis
tinguer une grossesse intra-utérine évolutive d’une grossesse intra-utérine arrêtée
ou d’une GEU.
Numération-formule sanguine
Y a-t-il une anémie ?
Une anémie importante doit faire craindre un hémopéritoine. Quelle que soit
l’origine de l’anémie, une transfusion pourra éventuellement être nécessaire pour
la corriger.
Y a-t-il une hyperleucocytose ?
Très fréquente en cas d’appendicite aiguë, l’absence d’hyperleucocytose ne doit
pas faire éliminer une IGH (si elle est présente, l’hyperleucocytose en cas d’IGH
doit faire rechercher une forme compliquée d’ATO).
Protéine C réactive
Elle est fréquemment augmentée en cas de pathologie infectieuse : IGH ou appen
dicite aiguë. Néanmoins, sa normalité n’élimine ni l’un ni l’autre de ces diagnostics.
Rechercher des signes directs et indirects de GEU si les hCG sont positifs
La présence d’une grossesse intra-utérine (signée par la présence d’une vésicule
vitelline ou d’un embryon dans un sac gestationnel intra-utérin) permet d’élimi
ner une GEU. En cas d’absence de grossesse intra-utérine, avec un taux d’hCG
plasmatiques supérieur à 1500 UI/mL, il faut rechercher une GEU (signes directs :
présence d’un sac extra-utérin avec éventuellement un embryon ; signes indi
rects : présence d’une masse latéro-utérine témoignant d’un hématosalpinx, d’un
hémopéritoine et d’un utérus vide).
TDM abdomino-pelvienne
Utile en cas de doute entre une IGH et une appendicite aiguë. Utile également
dans le cas d’un doute sur un ATO compliquant une IGH.
IRM pelvienne
Performante mais rarement accessible en urgence, l’IRM peut être utile dans les
doutes diagnostiques, par exemple dans certains cas non évidents d’IGH.
Cœlioscopie
Elle constitue bien sûr avant tout un traitement de la cause de douleurs pelviennes
aiguës, mais elle peut néanmoins être utile en cas de doute diagnostique (torsion
d’annexe, IGH, appendicite aiguë). Sa réalisation est également possible en cas de
mauvaise évolution en cours de traitement médical d’une IGH.
3
Je consulte en urgence
car… je saigne
Conduite à tenir devant
des ménorragies–métrorragies
À retenir
Réflexe à avoir en cas de saignement d’origine utérine chez la femme non
ménopausée : éliminer une grossesse → hCG urinaires ou plasmatiques.
En dehors des deux situations caricaturales précédentes, les origines sont très
diverses. Il faudra distinguer les saignements d’origine endo-utérine des saigne-
ments cervicaux ou vaginaux.
Urgences en gynécologie
22 Je consulte en urgence
■ Évaluation clinique :
• malaise, pâleur cutanée… ;
• tachycardie (> 120 battements/min) ;
• pression artérielle basse : pression artérielle systolique (PAS) < 80 mm Hg.
■ Mesures d’urgence :
• aux urgences :
– pose d’une voie veineuse périphérique pour remplissage vasculaire,
– réalisation d’un bilan préopératoire et prétransfusionnel,
– appel de l’équipe d’anesthésie–réanimation ;
• au cabinet : appeler le SAMU !
Interrogatoire
L’interrogatoire à deux buts principaux : évaluer l’abondance des saignements et
orienter le diagnostic.
Avez-vous beaucoup saigné ?
Cet élément est essentiel pour déterminer le caractère urgent ou non de la prise
en charge. En pratique, on demande à la patiente le nombre et le type de gar-
nitures utilisées, la présence ou non de caillots, si ses vêtements ont été tachés
par les saignements, etc. Dans le cadre de ménorragies, on peut s’aider du score
d’Higham (Figure 3.2).
Si la réponse est oui, il est indispensable de rechercher à l’interrogatoire des signes
d’anémie (asthénie, malaises, tachycardie).
Quand ont débuté les saignements ?
Je consulte en urgence car… je saigne 23
Source : Munro MG, et al. FIGO classification system (PALM-COEIN) for causes of abnormal uterine bleeding in
nongravid women of reproductive age. Int J Gynecol Obstet 2011 : 113(1) : 3-13, © Elsevier 2011.
24 Je consulte en urgence
La prise en charge est différente chez une femme en période d’activité génitale
chez qui on élimine en priorité une GEU. Chez une patiente ménopausée, c’est au
cancer de l’endomètre qu’il faut penser en priorité (Tableau 3.2).
Le lien des saignements avec les cycles peut quant à lui orienter vers des étiologies
différentes : par exemple, l’adénomyose est plutôt responsable de ménorragies,
alors qu’une néoplasie cervicale provoque des saignements sans lien avec le cycle.
Définitions
■
Métrorragies : saignements anormaux d’origine utérine en dehors des
périodes des règles.
■
Ménorragies : règles de durée anormalement longue (plus de 7 jours, en
général) et d’abondance anormalement excessive.
■
Ménométrorragies : association de métrorragies et de ménorragies.
Examen clinique
Ses buts principaux sont d’une part d’évaluer l’origine et l’abondance des saigne-
ments, d’autre part de rechercher un éventuel retentissement de ces saignements.
Examen au spéculum
Il permet d’établir l’origine des saignements : endo-utérins issus de l’endocol, cervi-
caux sur une lésion cervicale ou vaginaux sur une plaie vaginale.
L’examen au spéculum permet également d’évaluer si le saignement est toujours
actif ou non, et d’évaluer son abondance. En cas de suspicion de cancer de l’endo-
mètre d’emblée, on peut profiter de l’examen clinique initial pour réaliser une
biopsie d’endomètre à l’aide d’une pipelle de Cornier.
Parfois, aucune trace de saignement n’est retrouvée à l’examen vaginal au spéculum.
Ne pas hésiter à se poser la question d’une hématurie macroscopique ou de rec-
torragies qui auraient été prises par erreur par la patiente pour des saignements
gynécologiques. Dans le premier cas, un sondage urinaire évacuateur peut appor-
ter la réponse. Dans le second, c’est un toucher rectal qui peut rectifier l’origine
des saignements.
Toucher vaginal
Il recherche une masse du col, une induration, voire une infiltration des para-
mètres en cas de suspicion de néoplasie cervicale. Ne pas s’acharner toutefois :
dans un contexte de cancer du col, l’examen clinique est douloureux. Si besoin,
il sera au mieux complété sous anesthésie générale avec réalisation de biopsies,
d’une cystoscopie, etc.
Je consulte en urgence car… je saigne 27
Palpation abdominale
En cas de douleur associée et/ou d’hCG positifs, on recherche une défense, une
contracture, avec en arrière-pensée une GEU rompue.
Examens complémentaires
Le tout premier examen à réaliser chez une patiente en période d’activité génitale
qui consulte pour des saignements est un test de grossesse. Selon son résultat, les
étiologies et toute la prise en charge seront différentes. Si le test est positif, on reste
dans le cadre de métrorragies du 1er trimestre (voir chapitre 12), s’il est négatif, on
entre dans le cadre des ménométrorragies (voir chapitre 17).
hCG
Inutiles bien évidemment chez une femme ménopausée, ils sont indispensables
dans toutes les autres situations. Ils peuvent être urinaires, voire sanguins. En effet,
plasmatiques quantitatifs, ils permettront de suspecter une GEU d’emblée s’ils
sont élevés (> 1500 UI) et que l’échographie ne retrouve aucune image de gros-
sesse intra-utérine. En cas de grossesse de localisation indéterminée, cela permet
aussi d’avoir un point de départ pour le suivi.
Bilan de coagulation
Dans le contexte de l’urgence, il est rarement demandé. Il est plutôt effectué en
seconde intention dans le cadre de saignements chroniques. On peut retrouver
un abaissement du taux de prothrombine (TP) et du temps de céphaline activée
(TCA), une coagulopathie, etc.
Bilan prétransfusionnel
Si l’anémie est importante, mal tolérée, une transfusion sanguine peut être néces-
saire. Le bilan prétransfusionnel comprend deux déterminations de groupe san-
guin et la recherche d’agglutinines irrégulières.
Échographie pelvienne
Comme bien souvent en gynécologie, l’échographie pelvienne est l’examen
complémentaire essentiel.
La réalisation des hCG avant celle de l’échographie est primordiale. En effet, tout
comme pour l’interrogatoire, l’examen clinique et la prise en charge ultérieure,
l’analyse de l’échographiste est totalement différente en fonction du résultat des
hCG. Par exemple, un utérus vide en échographie avec des hCG > 1500 UI est
très évocateur d’une GEU, alors qu’un utérus vide en échographie avec des hCG
négatifs sera évocateur de pas grand-chose !
Si les hCG sont positifs, l’échographie cherche des signes évocateurs d’une gros-
sesse intra-utérine évolutive, d’une grossesse arrêtée ou bien d’une GEU (voir
chapitre 12).
Si les hCG sont négatifs, il faut analyser l’épaisseur de l’endomètre : une atrophie
muqueuse peut provoquer des métrorragies, tout comme un endomètre épaissi.
Dans ce contexte, il faut penser au cancer de l’endomètre bien évidemment.
L’échographie recherche un obstacle intracavitaire (polype endométrial, myome à
composante sous-muqueuse, stérilet mal positionné), un kyste ovarien, etc.
Je consulte en urgence car… je saigne 29
4
Je consulte en urgence
car… ça gratte, ça pique,
ça brûle
Conduite à tenir devant
une vulvovaginite
Interrogatoire
Il doit préciser :
■ l’âge de la patiente, ses antécédents gynécologiques et obstétricaux, le
statut ménopausé ou non : la mycose est plus fréquente chez les jeunes femmes,
alors qu’un prurit chez une femme ménopausée peut faire évoquer un lichen ;
■ la notion de contage sexuel par le(s) partenaire(s) : certaines pathologies
vulvaires sont sexuellement transmissibles (herpès par exemple) et l’existence de
signes chez le partenaire peut orienter dans cette direction ;
■ la notion d’antibiothérapie récente : certaines antibiothérapies générales
peuvent favoriser chez certaines patientes le développement d’une atteinte
mycosique génitale basse ;
■ le type de contraception (contraceptifs oraux ou DIU) : certaines patientes
peuvent avoir des infections mycosiques génitales basses favorisées par le port
d’un DIU ;
32 Je consulte en urgence
■ la date des dernières règles afin de placer l’épisode au sein du cycle mens-
truel et de mettre en évidence une éventuelle périodicité : modifiant le pH
vaginal, les règles peuvent également favoriser l’apparition d’une mycose ; en parti
culier, certaines patientes souffrant de ménorragies peuvent de plus développer
des épisodes mycosiques à répétition ;
■ les caractères de cette gêne vulvaire : date d’apparition, type (brûlure, dou
leur, prurit) ;
■ les signes d’accompagnement (leucorrhée, dyspareunie, douleurs pelviennes,
dysurie, pollakiurie, brûlures mictionnelles, fièvre, métrorragies) et la chronologie
de leur apparition par rapport à la pathologie vulvaire.
Examen clinique
Il se déroule en trois temps :
■ inspection vulvaire et examen au spéculum : l’examen au spéculum peut être
particulièrement douloureux, la plus grande douceur est nécessaire ; dans certains
cas extrêmes, il ne sera même pas réalisable ;
■ toucher vaginal :
• recherche d’une douleur à la mobilisation utérine et/ou à la palpation
annexielle (IGH associée ?),
• s’il n’y a aucune douleur pelvienne et qu’il existe une vulvovaginite impor
tante, la réalisation du toucher vaginal n’est pas indispensable ;
■ recherche de signes associés : fièvre, signes urinaires. Un examen cytobactério
logique urinaire (ECBU) peut être demandé en cas de suspicion d’infection urinaire
basse (association ou diagnostic différentiel).
On recherche également des signes d’infection locorégionale (adénopathies inguino-
crurales dans le cadre d’un herpès par exemple) et une éventuelle hyperthermie.
Pathologies infectieuses
Candidoses vulvovaginales
Il s’agit de la classique mycose, la plupart du temps liée à Candida albicans, levure
d’origine digestive. Ce n’est donc pas une infection sexuellement transmissible.
Des altérations du pH vaginal peuvent favoriser leur apparition.
La patiente rapporte un prurit, des leucorrhées et des brûlures vaginales et/ou vul
vaires. Certains facteurs de risque peuvent être mis en évidence à l’interrogatoire :
prise d’antibiotiques, diabète non équilibré…
Tout traitement antibiotique par voie générale met en déséquilibre l’écosystème
vaginal et peut favoriser une infection mycosique. Cela est vrai également en cas
d’immunodépression ou d’intervention chirurgicale gynécologique récente.
L’examen clinique retrouve une vulve et/ou un vagin inflammatoires (rouges, œdé
matiés) avec d’éventuelles fissures. Les leucorrhées sont classiquement blanches
Je consulte en urgence car… ça gratte, ça pique, ça brûle 33
Herpès génital
Le virus responsable de l’herpès génital est Herpes simplex virus de type 2 (HSV-2)
dans 60 à 80 % des cas. Les cas d’herpès génital à HSV-1 sont plus rares.
Clinique
Primo-infection herpétique
Le virus se transmet par contact direct cutanéomuqueux ou muqueux avec un
sujet excrétant du virus (primo-infection, récurrence ou excrétion asymptoma
tique). La primo-infection survient 2 à 20 jours après le contact infectant (6 à
7 jours en général) et est parfois asymptomatique (50 à 90 % des cas selon les
études). Symptomatique, la patiente présente une vulvite extrêmement doulou
reuse, parfois accompagnée de fièvre et d’une altération de l’état général. L’éruption
vésiculaire vulvaire est éphémère, avec des lésions arrondies, parfois aphtoïdes,
s’étendant vers l’anus (Figure 4.1). Des lésions herpétiques peuvent coexister sur
les parois vaginales et le col. Des adénopathies inguinales sensibles sont fréquentes
et une rétention d’urine est possible (radiculomyélite compliquant l’infection). La
cicatrisation spontanée est obtenue en 2 à 3 semaines.
Récurrence
Pendant la période de latence, le virus migre dans les ganglions sensitifs spinaux
sacrés où il reste latent, à vie. À la faveur de circonstances favorables (fatigue, stress,
etc.), le virus peut recoloniser par voie axonale le territoire cutanéomuqueux où
s’était produite la primo-infection.
L’éruption est souvent précédée d’une sensation de brûlure, de picotements, de
prurit. Les vésicules sont groupées en bouquets sur une base érythémateuse et
évoluent sous une forme érosive, pour une durée moyenne de 7 jours.
Le siège des récurrences est fixe pour une patiente donnée. La guérison spontanée
se fait en 3 à 14 jours. La fréquence des récurrences est très variable selon les
patientes. Elles peuvent altérer fortement la qualité de vie et la vie sexuelle.
Diagnostic
Le diagnostic est clinique, mais il est préférable de documenter l’infection herpé
tique une fois, et donc de réaliser un prélèvement pour analyse, en particulier chez
la femme en âge de procréer.
Dans certaines formes sévères, en cas de doute diagnostique ou dans des cas
particuliers (3e trimestre de la grossesse), le recours aux examens de laboratoire
est également nécessaire.
Diagnostic direct : culture, recherche d’antigènes et PCR
Le prélèvement est effectué au niveau du plancher d’une vésicule ou d’une ulcé
ration à l’aide d’un écouvillon. La polymerase chain reaction (PCR) est la méthode
la plus sensible mais son coût est plus élevé que la culture virale ou la recherche
antigénique.
Diagnostic indirect : sérologies
Une séroconversion permet de poser le diagnostic de primo-infection. Cepen
dant, le diagnostic est tardif (deux prélèvements à 10 jours d’intervalle) ce qui
réduit son intérêt.
À l’heure actuelle, la place des sérologies reste à évaluer.
Traitement
Le traitement de la primo-infection repose sur l’aciclovir par voie orale et le valaci
clovir qui ont fait la preuve de leur efficacité, ce qui n’est pas le cas des traitements
locaux. Un traitement antalgique doit bien évidemment y être associé.
Le traitement curatif des récurrences a un intérêt limité. Il n’est indiqué qu’en cas de
gêne ou de contagion (aciclovir ou valaciclovir). Le traitement préventif des récur
rences est indiqué chez les patientes présentant plus de cinq récurrences par an.
Je consulte en urgence car… ça gratte, ça pique, ça brûle 35
Dermatoses inflammatoires
Lichens vulvaires
Les lichens (scléreux vulvaires et plans vulvaires) sont des dermatoses chroniques,
pouvant être responsable de douleurs, brûlures et prurits vulvaires. Bien que
chroniques, il n’est pas rare d’avoir à prendre en charge ce type de pathologie en
urgence lors d’un épisode aigu.
Le lichen scléreux vulvaire est une maladie auto-immune inflammatoire touchant
préférentiellement la femme ménopausée (mais peut aussi affecter la femme plus
jeune). Elle intéresse la région non pileuse de la vulve, associant pâleur (nacrée,
brillante), aspect scléreux et synéchies (pertes de relief des petites lèvres, encapu
chonnement du clitoris, etc. ; Figure 4.2). Le traitement repose sur la corticothé
rapie locale prolongée. En cas d’échec du traitement, un carcinome épidermoïde
vulvaire doit être recherché.
Le lichen plan vulvaire est également une maladie auto-immune inflammatoire.
L’aspect est soit blanchâtre en réseau (« en feuille de fougère »), soit érosif, soit
atrophique. Il intéresse principalement le vestibule et peut donner des synéchies
comparables au lichen scléreux. Le traitement repose sur la corticothérapie locale.
La transformation en carcinome épidermoïde vulvaire est plus rare que dans le cas
du lichen scléreux vulvaire.
Vulvodynies
Il s’agit là aussi d’une maladie chronique, douloureuse, à type de brûlures essen
tiellement, liée à une anomalie du système de modulation de la douleur. C’est
le plus souvent la zone vestibulaire qui est concernée. Il est fréquent d’avoir en
36 Je consulte en urgence
5
Je consulte en urgence
car… je suis enceinte
et je vomis
Conduite à tenir devant
des vomissements gravidiques
du 1er trimestre de grossesse
Définition
Les nausées et vomissements sont extrêmement fréquents pendant la grossesse
et peuvent toucher jusqu’à 80 % des femmes enceintes. Il s’agit le plus souvent de
nausées matinales survenant au cours du 1er trimestre de la grossesse (classique-
ment débutant vers 6 SA et maximales vers 9 SA) et disparaissant spontanément
au-delà de la 13e ou 15e SA.
L’hyperemesis gravidarum ou hyperémèse gravidique est une pathologie corres-
pondant à une forme sévère et persistante de vomissements liés à la grossesse
et touchant entre 0,5 et 2 % des femmes enceintes. Les patientes qui en sont
atteintes présentent des nausées et vomissements incoercibles, responsables
d’une perte de poids (supérieure à 5 % du poids initial), d’une déshydratation avec
possibles troubles hydro-électrolytiques ou d’une intolérance alimentaire totale,
nécessitant le plus souvent une hospitalisation.
La physiopathologie reste actuellement encore mal connue, mais elle est probable
ment multifactorielle : hypersusceptibilité à l’hCG, taux élevé d’hCG (en cas de
grossesse molaire ou de grossesse multiple), facteurs psychosociaux, stress…
38 Je consulte en urgence
Interrogatoire
■ Antécédents médicochirurgicaux : notamment pour rechercher les comor-
bidités qui pourraient être aggravées par les vomissements (diabète, insuffisance
rénale, cardiopathie…).
■ Antécédents gynéco-obstétricaux :
• gestité et parité ;
• date des dernières règles et/ou date de début de grossesse (si échographie
de datation disponible) ;
• grossesse multiple (les vomissements gravidiques sont majorés en cas de
grossesse multiple) ;
• vomissements gravidiques lors des précédentes grossesses (augmentation
du risque de récidive de vomissements gravidiques si antécédent de vomisse
ments lors des précédentes grossesses).
■ Caractérisation des vomissements :
• quand ont-ils commencé ?
• quelles sont leur quantité et leur fréquence quotidienne ?
• existe-t-il des facteurs d’aggravation ou d’amélioration ?
• existe-il une intolérance alimentaire totale ? aux solides ? aux liquides ?
• hypersialorrhée associée, ptyalisme (impossibilité d’avaler la salive et cra-
chats) ?
■ Autres symptômes associés :
• pour rechercher les signes de gravité : déshydratation, perte de poids,
malaise ;
• pour éliminer les diagnostics différentiels :
– douleurs abdominales,
– arrêt des matières et des gaz,
– diarrhée,
– hématémèse,
– céphalées,
– photo-phonophobie,
– vertiges.
Examen clinique
L’examen clinique a pour principaux objectifs de rechercher les signes cliniques de
gravité et d’éliminer les diagnostics différentiels :
■ prise des constantes (pouls, pression artérielle, température, saturation) et
évaluation de l’état général ;
■ poids à l’entrée et calcul de la perte de poids ;
■ diurèse ;
Je consulte en urgence car… je suis enceinte et je vomis 39
Diagnostics différentiels
■ Gastro-intestinaux : le diagnostic d’appendicite aiguë est plus difficile à poser
en cours de grossesse et les pathologies hépatobiliaires (hépatite, cholécystite,
pancréatite) ne sont pas rares. Elles peuvent constituer un véritable piège diagnos-
tique. On élimine aussi gastrite, ulcère gastroduodénal, hernie hiatale, occlusion…
■ Neurologiques : migraines, méningite…
■ ORL : toute pathologie ORL responsable de vertiges.
■ Endocriniens : hypercalcémie, maladie d’Addison, thyrotoxicose…
■ Prise médicamenteuse.
■ Psychiatriques : troubles du comportement alimentaire.
■ Pathologie gravidique sous-jacente : grossesse molaire (les signes sympathiques
de grossesse sont exacerbés).
Bien que très fréquent, le diagnostic de vomissements gravidiques doit être consi-
déré comme un diagnostic d’élimination des pathologies précédentes.
Examens complémentaires
■ Échographie obstétricale : vérifier l’évolutivité de la grossesse, recherche d’une
grossesse multiple ou d’une grossesse molaire.
■ Bilan biologique à faire d’emblée aux urgences ou en ville en l’absence de signe
clinique de gravité :
• numération-formule sanguine (NFS), plaquettes ;
• ionogramme sanguin, urémie, créatininémie, ionogramme urinaire ;
• bilan hépatique complet, lipasémie ;
• calcémie, phosphorémie, magnésémie (classiquement abaissée, aggravant
nausées et vomissements) ;
• thyroid stimulating hormone (TSH), thyroxine (T4) ;
• glycémie.
40 Je consulte en urgence
Traitement (figure 5.1)
Prise en charge à domicile
En l’absence de signe de gravité et de comorbidité, une prise en charge en ambu-
latoire est possible.
Outre les traitements médicamenteux, certaines règles hygiéno-diététiques per-
mettront de diminuer les vomissements gravidiques et d’en éviter les complica-
tions. Ainsi, le fractionnement des repas, l’éviction de certains aliments (trop gras,
trop épicés ou au goût trop prononcé) et un apport hydrique suffisant feront
partie intégrante de la prise en charge thérapeutique.
Certaines méthodes non médicamenteuses pourront également être conseillées
telles que la prise de gingembre, de jus de citron ou la pratique de l’acupuncture.
Si les méthodes non médicamenteuses sont insuffisantes, certains traitements
pourront être prescrits : la doxylamine seule (Donormyl®, Lidène®) ou en asso-
ciation à la vitamine B6 (Cariban®) ou le métoclopramide (Anausin®, Primpéran®,
Prokinyl®).
En première intention, on pourra proposer le métoclopramide (Primpéran®) à la
dose de 10 mg 3 fois/jour per os, en sublingual ou en suppositoire. La doxylamine
(Donormyl®) peut également être proposée à la dose de 15 mg le soir.
En seconde intention, il peut être prescrit la doxylamine + vitamine B6 (Cariban®) :
2 gélules de 10 mg le soir au coucher à J1. Si ce traitement est efficace sur les
nausées du matin mais qu’il persiste des symptômes dans la journée, on pourra
ajouter 1 gélule de 10 mg le matin + 1 gélule l’après-midi (dose maximale de
4 gélules par jour).
En cas d’échec, la prescription d’ondansétron (Zophren®, Sétofilm®) est envisa-
geable, à la dose de 4 mg 3 fois/jour, si possible après 10 SA, en raison de certaines
données récentes de la littérature faisant état d’une augmentation minime des
fentes labiales ou palatines (prévalence de 0,11 % versus 0,08 % en population
générale, sans que cette association ne soit univoque et nécessite confirmation).
Dans tous les cas, une prise en charge psychologique peut être proposée.
Enfin, il est important d’informer la patiente sur les signes devant la faire consulter.
Je consulte en urgence car… je suis enceinte et je vomis 41
6
Je consulte en urgence
car… j’ai une boule
en bas
Conduite à tenir devant une
tuméfaction vulvovaginale
Interrogatoire
Caractériser la « boule »
En premier lieu, il faut caractériser la « boule ».
Où se situe le problème ?
S’agit-il d’un problème cutané (folliculite, condylome) au niveau des grandes
lèvres (glandes de Bartholin), proche du clitoris (abcès clitoridien, skénite, polype
urétral) (Figure 6.1) ou dans le vagin (prolapsus génital, tumeur de Gartner…) ?
Depuis quand avez-vous remarqué sa présence ?
La réponse permet de distinguer le caractère aigu ou chronique. Par exemple,
l’histoire naturelle d’une infection de glande peut débuter par l’apparition il y a
plusieurs semaines, mois, voire années, d’un kyste indolore ayant augmenté de
44 Je consulte en urgence
volume récemment. Au contraire, l’abcès peut être apparu très rapidement sur
une glande initialement saine.
Est-ce que cela fait mal ?
Cette question sous-entend également d’interroger la patiente sur l’usage ou non
d’antalgiques.
Les infections de kystes de la glande de Bartholin sont classiquement très doulou-
reuses. L’évaluation du faciès et de la posture de la patiente durant la consultation
permet d’appréhender son inconfort.
Ne pas oublier d’interroger la patiente sur la prise d’anti-inflammatoires, car ces
derniers risquent d’aggraver une infection en cours.
Existe-t-il des pertes associées ?
Il faut distinguer les leucorrhées des écoulements issus de la masse qui traduisent
un phénomène de fistulisation spontanée. Bien souvent, la survenue d’une fis-
tulisation est suffisante sur le plan thérapeutique et permet de surseoir le geste
chirurgical de drainage. Néanmoins, cela ne signifie pas nécessairement une abs-
tention thérapeutique totale : des soins locaux peuvent être nécessaires.
Avez-vous eu des frissons ou de la fièvre ?
Le but de cette question est d’identifier un début de sepsis. En effet, ces critères
valident l’indication chirurgicale. Les sepsis sévères sont rares mais existent, c’est
pourquoi il faut identifier les situations à risque.
Évaluer le terrain
La suite de l’interrogatoire a pour objectif d’évaluer le terrain.
Prenez-vous des médicaments, avez-vous des maladies ?
Je consulte en urgence car… j’ai une boule en bas 45
Examen clinique
Où est la tuméfaction ? Inspection
Il faut en premier lieu éliminer une collection cutanée (folliculite). Concernant
les collections vulvaires ou vaginales, la localisation donne la plupart du temps le
diagnostic. Une collection vulvaire latérale et postérieure est le plus souvent liée à
une glande de Bartholin (Figure 6.2a), alors qu’une collection latérale et antérieure
est le plus souvent liée à une glande de Skène. Une tuméfaction intravaginale,
médiane, est plus en faveur d’un prolapsus génital (Figure 6.3).
Quels examens complémentaires ?
Aucun ! Peuvent se discuter un bilan préopératoire en cas d’antécédents particu-
liers et une glycémie à jeun en cas d’abcès récidivants, mais le diagnostic est cli-
nique et aucun examen complémentaire n’est nécessaire dans la plupart des cas.
Traitement
La conduite à tenir devant une tuméfaction vulvovaginale ayant pour origine une
glande de Skène ou une glande de Bartholin sera différente en fonction de l’état
infecté ou non.
En cas d’infection
Phase inflammatoire, pas de collection
À la phase inflammatoire, la priorité est le soulagement de la patiente : des antal-
giques doivent être prescrits. L’administration d’antibiotiques per os (amoxicilline +
acide clavulanique 1 g 3 fois/jour pendant 7 jours) est possible. Il faut réévaluer
la patiente en fin de traitement pour constater l’amélioration ou bien l’évolution
vers un abcès.
Phase collectée
En cas de constatation d’une collection, une évacuation de l’abcès est nécessaire.
Une simple ponction à l’aiguille est à éviter : la recollection est trop fréquente.
C’est un drainage chirurgical qui est nécessaire. Il comprend une incision, si pos-
sible dans le sillon nympho-hyménéal, une évacuation de l’abcès avec un éventuel
effondrement de logettes, un lavage et la pose d’une mèche ou d’une lame. Des
soins infirmiers locaux à domicile sont nécessaires jusqu’à cicatrisation. L’ajout
d’antibiotiques en plus d’un drainage chirurgical n’est pas utile. La prescription
d’antalgiques est là aussi bien évidemment indispensable.
Dans le cas d’un abcès de la glande de Bartholin, un geste visant à limiter les risques
de récidive est parfois possible à la phase aiguë (marsupialisation : voir plus loin).
Il est préférable de revoir les patientes en consultation à 1 mois, en particulier en
cas d’épisodes récidivants. Cela peut permettre de proposer un traitement chirur-
gical préventif de récidive (voir plus loin).
48 Je consulte en urgence
En l’absence d’infection
Les kystes de la glande de Bartholin (Figure 6.2b), lorsqu’ils ne sont pas infectés
(bartholinite) peuvent être gênants (en position assise, lors de la pratique du
sport, de la pratique du vélo, lors des rapports sexuels, etc.) et peuvent dès lors
nécessiter un traitement chirurgical. Le traitement chirurgical a pour but de sou-
lager ces symptômes, mais aussi de prévenir un éventuel épisode infectieux (en
particulier quand il y en a déjà eu plusieurs).
Une ablation chirurgicale du kyste et de la glande est possible, mais en raison des
risques de douleurs et d’hématome postopératoires, d’autres techniques peuvent
être proposées.
La marsupialisation (Figure 6.4) consiste à inciser le kyste dans le sillon nympho-
hyménéal pour l’évacuer. Cette incision doit être assez large pour permettre par
la suite une évacuation constante du liquide kystique et éviter la recollection. La
paroi du kyste est suturée à la muqueuse de la petite lèvre par plusieurs points de
fil résorbable. Cela permet à distance d’obtenir un drainage continu de la glande
et d’éviter la formation d’un nouveau kyste.
L’alternative est la pose d’un cathéter de Word (Figure 6.5) : après incision du kyste,
ce cathéter est mis en place dans la cavité kystique. Le ballonnet que l’on gonfle
permet le maintien du cathéter dans le kyste. Le cathéter sera enlevé, en consul-
tation, à 1 mois de la pose. Le but est le même que la marsupialisation : permettre
un drainage du kyste permanent grâce à la création d’un orifice de drainage plus
large que l’orifice naturel.
Figure 6.4. Traitement d’un abcès de la glande de Bartholin droite par marsupialisation.
Source : illustration Carole Fumat.
Je consulte en urgence car… j’ai une boule en bas 49
Figure 6.5. Traitement d’un abcès de la glande de Bartholin droite par pose
d’un cathéter de Word
a. incision ; b. pose du cathéter ; c. gonflement du ballonnet
Source : illustration Carole Fumat.
Prolapsus génital
Le prolapsus génital est caractérisé par la descente d’un ou plusieurs
organes pelviens dans le vagin ou en dehors, suite au relâchement de leurs
moyens de fixité. Par conséquent, il peut se manifester sous la forme de
bombement vaginal, voire d’extériorisation d’organe, que les patientes
décriront comme une « boule vaginale ». La survenue est classiquement
chronique mais cela peut parfois arriver de manière soudaine et inquiéter
fortement la patiente. Ce type de consultation ne relève pas de l’urgence
thérapeutique. En urgence, il faut rassurer la patiente, en particulier quant à
l’absence de risque immédiat d’infection, d’aggravation, de dysfonctionne
ment d’organe, etc. Après avoir été rassurée, lors de la consultation
d’urgence, la patiente sera orientée vers un médecin spécialisé dans la prise
en charge des troubles de statique pelvienne (chirurgien gynécologue ou
urologue en général). Il n’y a pas de place pour la pose d’un pessaire ou
pour la réalisation d’une chirurgie en urgence.
7
Je consulte en urgence
car… j’ai une boule
douloureuse au sein
Conduite à tenir devant un abcès
du sein
Interrogatoire
Dans un premier temps, il convient de préciser le terrain de la patiente.
Y a-t-il un allaitement en cours ?
52 Je consulte en urgence
Définitions
■
Mastite : inflammation du sein avec infection ou non. La lymphangite
correspond plus à une mastite inflammatoire et la galactophorite à une
mastite infectieuse. C’est la présence de pus dans le lait en cas d’allaite-
ment qui signe cette dernière (signe de Budin).
■
Cliniquement, la patiente présente un syndrome pseudo-grippal avec une
hyperthermie supérieure à 38,8 °C. Le sein est porteur d’une zone inflam-
matoire, rouge et indurée, avec parfois un nœud lymphatique associé.
■
Abcès : il s’agit classiquement d’une évolution défavorable d’une mas-
tite, avec un sein rouge, douloureux, chaud et avec un œdème. Ce qui le
différencie de la mastite, c’est la perception d’une masse fluctuante avec
changement de coloration cutanée (peau rouge violacée). L’hyperthermie
est classiquement moins marquée que dans la mastite.
Examen clinique
L’examen sénologique est toujours bilatéral et comparatif. Il doit s’accompagner
d’un schéma ou de photographies qui permettront un suivi optimal de la prise
en charge.
Le premier temps de l’examen correspond à l’inspection : recherche d’un éry-
thème, d’une zone de fistulisation, d’une rétraction cutanée ou mamelonnaire…
Je consulte en urgence car… j’ai une boule douloureuse au sein 53
Conclusion
L’abcès du sein est une pathologie fréquente qui constitue une urgence gynéco
logique thérapeutique plus ou moins diagnostique. Le traitement en cas d’allaite
ment repose sur le drainage de l’abcès. En dehors de l’allaitement, il semble
pertinent de tenir compte de l’ancienneté de l’abcès, de sa taille et des antécé-
dents de la patiente. Il conviendra systématiquement d’éliminer une néoplasie
sous-jacente après la prise en charge d’abcès non puerpéraux par la réalisation
d’une imagerie mammaire à distance du traitement.
8
Je consulte en urgence
car… j’ai été agressée
Conduite à tenir devant
une agression sexuelle
À retenir
Les termes « viol » comme « agression sexuelle » sont des termes juridiques
et non médicaux. La qualification de viol ne pouvant être retenue que par
un magistrat, ce terme ne doit jamais figurer dans les certificats médicaux.
À retenir
Dans le cas d’agression à caractère sexuel sur un mineur ou d’une personne
qui n’est pas en mesure de se protéger en raison de son âge ou de son inca
pacité physique ou psychique, il est nécessaire de réaliser un signalement
auprès du procureur de la République (tribunal judiciaire) du lieu d’habita
tion de la victime (voir annexe 4, p. 143). En effet, la levée du secret médical
et le signalement sont possibles dans ces cas par dérogation légale. Le signale
ment est une obligation déontologique.
Conduite à tenir
Faits datant de moins de 8 jours
Il existe une urgence médicale et judiciaire.
Patiente souhaitant déposer plainte
L’objectif est la préservation de la preuve judiciaire. Il faut donc limiter les mani-
pulations de la victime.
Dans le cas où vous exercez :
■ dans une structure hospitalière : rechercher s’il existe un protocole de lien
direct avec le service de police/gendarmerie de secteur, permettant un dépôt de
plainte « rapide » ;
■ en libéral : il est recommandé de conseiller à la patiente d’aller déposer plainte
au plus tôt auprès du service de police/gendarmerie de son lieu de vie ou du lieu
de l’agression.
Les services de police/gendarmerie pourront rapidement organiser un examen
auprès d’un service de médecine légale (unité médico-judiciaire ou UMJ) sur
réquisition judiciaire.
Dans un contexte d’urgence judiciaire, la conduite à tenir dépend de la présence
ou non d’une UMJ ou d’un médecin légiste de référence.
62 Je consulte en urgence
À retenir
Tout examen génital comme anal doit être réalisé avec le consentement de la
patiente et doit être expliqué au préalable, ainsi qu’au fur et à mesure.
L’examen débute par une inspection de la face interne des cuisses puis de la région
vulvaire : fourchette postérieure, grandes lèvres et petites lèvres vulvaires, méat
urinaire et région clitoridienne.
En cas de constatation de lésions, les décrire dans le dossier médical en les locali-
sant sur un cadran horaire.
L’examen se poursuit par un examen du bord de l’hymen, y compris chez les
patientes ayant une activité sexuelle. Pour ce faire, il est réalisé une traction douce
de la partie inférieure des grandes lèvres vers le bas et vers l’avant. L’examen peut
parfois être complété par l’utilisation d’une sonde à ballonnet pour déplisser
l’hymen [1] :
■ recherche de lésions traumatiques : ecchymoses, déchirure complète ou
incomplète ;
■ en cas de constatation de lésions, les décrire dans le dossier médical en les
localisant sur un cadran horaire ;
■ attention ! Ne jamais utiliser le terme de « vierge », « virginité » : un hymen peut
être intact chez une patiente ayant une activité sexuelle (hymen dit « souple »).
En cas de rupture de l’hymen, il est recommandé d’utiliser le terme « défloration ».
64 Je consulte en urgence
L’examen au spéculum peut ensuite être réalisé pour l’examen des parois vaginales
comme du col de l’utérus. Attention ! Celui-ci est réalisé uniquement chez les
femmes ayant déjà eu des rapports sexuels.
L’examen se poursuit par un examen du périnée postérieur dont la partie cutanée
entre les organes génitaux externes et la marge anale.
Examen anal
L’examen anal se réalise par déplissement doux des plis radiés de la marge anale à
la recherche de lésions : ecchymoses, fissures (plaies superficielles), érosions.
Il est également important de noter d’éventuelles lésions médicales : hémorroïdes,
fissure en raquette (pouvant être liée à la constipation), condylome, etc.
L’examen anal peut parfois se compléter d’un toucher rectal afin de vérifier le tonus
sphinctérien (à la recherche d’une rupture de l’anneau sphinctérien), toujours avec
le consentement de la patiente et avec explication de l’intérêt de l’examen.
Retentissement psychologique
Rechercher des symptômes d’hypervigilance, de trouble du sommeil (endormis-
sement, cauchemars, réveils nocturnes), de trouble de l’appétit, d’évitement (voir
DSM-5 – Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux), de comporte-
ment (repli sur soi, mutique, agitation, etc.), ainsi que des éléments anxieux et/ou
dépressifs, etc.
Ils pourront également être décrits dans le certificat remis à la patiente. Toutefois,
ne jamais se prononcer sur un diagnostic psychiatrique sur le certificat.
Rédiger un certificat médical
Le certificat reprend les éléments de votre examen clinique (voir modèle dans
l’annexe 3, p. 142) et il est remis en main propre à la victime.
À retenir
Un examen génital comme anal normal ne permet généralement pas
d’exclure des faits de pénétration et d’agression à caractère sexuel !
Garder une copie de votre entretien, des symptômes présentés comme de votre
examen clinique dans le dossier médical.
En fonction de l’intensité de la symptomatologie sur le plan psychologique,
évaluer l’intérêt d’adresser pour une hospitalisation ou un suivi en ambulatoire,
évaluer l’intérêt d’une consultation avec psychiatre ou psychologue.
Discuter la prescription d’un arrêt de travail en fonction de l’état de santé phy-
sique et psychologique de la personne.
Examens à prescrire
Un bilan initial d’IST est important à réaliser, celui-ci correspondant au statut séro-
logique de la patiente au moment de l’agression : hCG plasmatiques, VIH, VHB,
VHC, syphilis, Chlamydia, gonocoque.
Je consulte en urgence car… j’ai été agressée 65
À retenir
Ne pas oublier de mentionner les traitements donnés à la victime sur le
document et/ou compte rendu de passage transmis à la patiente.
Prophylaxie du VIH
En cas de pénétration sexuelle, il est recommandé de débuter la trithérapie le plus tôt
possible, y compris lorsqu’un examen dans une UMJ est prévu. Un kit peut être déli-
vré pour 24 à 72 heures en attendant un rendez-vous en service spécialisé (en mala-
dies infectieuses, aux urgences, à l’UMJ, etc. en fonction des organisations locales).
Les recommandations concernant la trithérapie sont régulièrement mises à jour.
Les dernières datent de 2017 [2] et sont, pour les adultes, les suivantes :
■ le choix préférentiel (sauf en cas de grossesse) est :
• Eviplera® (emtricitabine–rilpivirine–ténofovir disoproxil) compte tenu de
sa bonne tolérance et de sa simplicité de prise, soit 1 cp/j ou 2 cp/j,
• avec l’association de 1 cp de Emtriva® (emtricitabine) et de 1 cp de Edurant®
(rilpivirine), du fait du faible risque d’interactions médicamenteuses et de son
plus faible coût ;
■ les autres choix possibles sont soit :
• l’association :
– Truvada® (emtricitabine–ténofovir) et Prezista® (darunavir)–Norvir 800®
(ritonavir), préférentiellement sous forme générique compte tenu du moin-
dre prix, soit 3 cp en 1 prise/j,
– Truvada® (emtricitabine–ténofovir) et Prezista® (darunavir)–Isentress®
(raltégravir), soit 3 cp en 2 prises/j ;
• le Stribild® (elvitégravir–cobicistat–emtricitabine–ténofovir disoproxil) 1 cp/j.
À retenir
Prescrire/réaliser un bilan préthérapeutique : NFS, ionogramme, créatininé
mie, transaminases.
66 Je consulte en urgence
À retenir
Les inhibiteurs de la pompe à protons sont contre-indiqués, car ils diminuent
l’absorption des antirétroviraux et par conséquent leur efficacité.
Dans le cas d’une mineure, un avis spécialisé sur le choix du traitement est
nécessaire.
Prophylaxie de la grossesse
Une contraception d’urgence doit être proposée en cas de risque de grossesse :
■ dans un délai de 72 heures après les faits : lévonorgestrel (Norlevo®), 1,5 mg en
dose unique ;
■ dans un délai jusqu’à 5 jours post-agression : acétate d’ulipristal (Ellaone®),
30 mg en dose unique, ou la pose d’un DIU au cuivre.
Bien informer la patiente des effets indésirables des traitements.
Si souhait de déposer plainte : favoriser la préservation de la preuve
Il est recommandé de conseiller à la patiente d’aller déposer plainte au plus tôt
auprès du service de police/gendarmerie de son lieu de vie ou du lieu de l’agres-
sion.
Conseils à donner
■
Ne pas se laver avant l’examen à l’UMJ.
■
Mettre de côté, dans un sac en papier (la macération dans un sac en plas
tique détruit l’ADN), les sous-vêtements et vêtements portés lors des faits.
À retenir
Ne pas oublier de mentionner les bilans réalisés sur le document et/ou
compte rendu de passage transmis à la patiente.
Examen clinique
Examen génital et anal
Aucune indication à faire un examen gynécologique/anal, sauf si nécessité de
soins ou dans le cadre d’une réassurance.
Examen clinique corporel
Il peut être réalisé à la recherche de lésions cutanées. Des faits de violences phy-
siques sont souvent associés et peuvent être encore présents et visibles à l’examen.
Votre certificat pouvant être secondairement intégré dans le certificat médico-
légal réalisé sur réquisition judiciaire, il apportera des preuves supplémentaires.
Retentissement psychologique
Rechercher des symptômes d’hypervigilance, de trouble du sommeil (endormisse
ment, cauchemars, réveils nocturnes), de trouble de l’appétit, d’évitement (voir
DSM-5 – Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux), de comporte-
ment (repli sur soi, mutique, agitation, etc.), ainsi que des éléments anxieux et/ou
dépressifs, etc.
Ils pourront également être décrits dans le certificat remis à la patiente. Toutefois,
ne jamais se prononcer sur un diagnostic psychiatrique sur le certificat.
Examen
Votre examen, tel que décrit Comme décrit précédemment (p. 142), comprend :
■ un entretien afin de déterminer les circonstances et les antécédents ;
■ un examen clinique corporel complet (avec accord de la victime pages 62-66) ;
■ un examen génito-anal (orienté par les faits rapportés par la victime).
À retenir
Le certificat établit sur réquisition judiciaire est à remettre directement à
l’autorité requérante (copie possible pour la victime).
À retenir
Les résultats des examens réalisés à visée médicale (contrairement aux pré
lèvements à visée judiciaire : voir plus loin) ne doivent pas être transmis aux
autorités judiciaires ! Ils font partie intégrante du dossier médical et de la
prise en charge de la victime, et sont donc soumis au secret professionnel.
Prescriptions
Elles sont identiques à celles effectuées hors réquisition judiciaire. Prescription à
adapter en fonction du délai entre les faits et l’examen (voir plus haut, p. 64-66).
À retenir
Penser à rechercher également des violences devant les enfants et/ou sur les
enfants, qui peuvent faire l’objet d’une information préoccupante ou d’un
signalement.
Quels conseils ?
■
Évoquer avec la patiente les faits et mettre des mots sur les violences.
■
Donner une information orale et écrite concernant les violences faites
aux femmes (rappel des interdits, des signes de gravité, que faire pour
se protéger, que faire en cas de danger, coordonnées d’associations de
soutien…).
■
Expliquer l’intérêt d’un dépôt de plainte ou au minimum d’une main
courante.
■
L’adresser à des associations d’aide sur le plan psychologique, comme juri
dique, voire à une assistante sociale (centre d’information sur les droits
des femmes et des familles, associations pour les victimes de violences,
permanence juridique des mairies, etc.).
■
Proposer de revoir la patiente.
Recommandations
Lors de la découverte d’une MSF chez une mineure (soit toute personne de
moins de 18 ans), il est du devoir du médecin de réaliser un signalement auprès
du procureur de la République du tribunal judiciaire du lieu de résidence de la
famille (le Code pénal autorise la levée du secret médical) [4].
Il est du ressort des autorités, et non de celui du médecin, de déterminer si les
faits de MSF ont eu lieu en France ou dans un autre pays, avec ou sans l’accord
des parents.
Lors de la découverte de MSF [4] au cours d’un examen gynécologique d’une
femme adulte, il est important de :
■ en parler avec elle. Partez du principe que vous êtes sûrement (voire probable-
ment) le premier professionnel à lui en parler (même si elle a déjà accouché et/ou
eu un suivi gynécologique). Il ne faut pas craindre d’aborder le sujet. Ne surtout
pas faire comme si vous n’aviez rien vu + + + . Toutefois, cette annonce doit se
faire avec tact, surtout si la patiente n’était pas au courant ;
■ l’écrire dans le dossier médical ;
■ évaluer avec elle l’impact de la MSF sur sa santé et rechercher d’éventuelles
complications génitales, psychologiques, sexuelles en lien avec la MSF ;
■ organiser une prise en charge ou adresser à un centre spécialisé dans la prise en
charge des MSF, lors de complications rapportées par la patiente.
Par ailleurs, cette annonce peut permettre une discussion, dans un second temps,
sur ce que souhaitent cette patiente et son conjoint pour leurs enfants actuels
ou à venir.
Le fait d’en parler, d’expliquer la loi française et les complications éventuelles d’une
MSF est un acte de prévention en faveur des enfants.
Il est important d’évaluer les risques de mutilation sexuelle féminine de ses filles
et de celles à naître.
9
Je consulte en urgence
car… j’ai quelque chose
coincé dans mon vagin
Conduite à tenir devant un corps
étranger intravaginal
Bien que le corps étranger intravaginal n’apparaisse pas comme une urgence
vitale, il nécessite parfois une réelle prise en charge médicale.
Par définition, un corps étranger est un objet qui n’était pas destiné à être placé
dans le tractus génital, ou bien qui n’était pas destiné à y rester coincé (pessaire,
dispositifs contraceptifs et menstruels par exemple ; figure 9.1). Il peut avoir été
Interrogatoire
Caractériser le corps étranger
En premier lieu, il faut caractériser le corps étranger :
De quel type de corps étranger s’agit-il ?
L’imagination des patientes peut parfois surprendre, néanmoins certains objets
sont traumatiques. Il faudra donc s’assurer de l’absence de lésion séquellaire au
niveau des muqueuses. Ces lésions peuvent avoir été créées par la patiente lors de
l’introduction du corps étranger, mais aussi au moment du retrait par le médecin.
Selon le type de corps étranger, il faut être particulièrement vigilant pour ne pas
blesser plus la patiente (et ne pas se blesser soi-même). Par ailleurs, si le corps
étranger s’avère être lié à un trafic de stupéfiants, il faut être très précautionneux
pour l’ablation afin d’éviter la rupture du dispositif utilisé.
Depuis quand le corps étranger est-il présent ?
Là encore, les réponses sont variables. La consultation peut survenir après deux ou
trois tentatives d’autoretrait infructueuses, ou bien plusieurs jours/semaines après
lorsque les symptômes (pertes et odeurs essentiellement) révèlent « l’oubli ».
Évaluer le contexte
Vient ensuite l’évaluation du contexte, à ne jamais négliger :
Quelle était la fonction de ce corps étranger ?
L’objectif est d’identifier un éventuel contexte de pathologie sous-jacente (infec-
tion génitale basse, prolapsus…).
Y a-t-il eu violence ?
Cette question est beaucoup plus difficile à amener, mais il est toutefois capital
d’arriver à la poser afin d’identifier les contextes de maltraitance. Attention ! Cette
question est vraie quel que soit l’âge de la patiente, se méfier en particulier des
âges extrêmes.
Examen clinique
Prudent, l’examen au spéculum permet de visualiser le corps étranger, de recher-
cher des leucorrhées, des saignements, des érosions ou d’éventuelles plaies
associées.
Le toucher vaginal permet d’enlever le corps étranger le plus souvent. Lors du tou-
cher vaginal, la recherche de douleurs pelviennes traduisant une infection génitale
haute est nécessaire. Un nouvel examen au spéculum une fois le corps étranger
enlevé peut être intéressant si la recherche initiale d’érosions ou plaies était gênée
par la présence du corps étranger.
Dans de rares cas, le corps étranger pouvant être volumineux ou tranchant, son
ablation en consultation est impossible et doit être réalisée au bloc sous anes-
thésie. Si une plaie est présente, elle pourra être suturée à cette occasion.
En l’absence de signes généraux et/ou de douleurs pelviennes, il n’est pas néces-
saire de réaliser d’examens complémentaires. En revanche, en cas de suspicion
d’infection génitale haute, de fistule ou de toute autre complication, des examens
de biologie et d’imagerie seront à réaliser au cas par cas.
Traitement
Il est simple et évident : il consiste au retrait du corps étranger lors du toucher
vaginal. Il faudra être particulièrement précautionneux en cas d’objet tranchant
ou bien en cas de trafic de stupéfiants.
En cas d’infection génitale basse caractérisée notamment par la présence de
leucorrhées pathologiques, un traitement antibiotique local ou général, secon-
dairement adapté aux résultats des prélèvements bactériologiques, pourra être
prescrit. L’intérêt de l’utilisation d’antiseptiques locaux – ovules de polyvidone
iodée (Bétadine®) par exemple – est limité et nous n’avons pas l’habitude d’en
prescrire.
En cas de suspicion d’infection génitale haute associée (patiente présentant des
signes infectieux généraux, des douleurs pelviennes), celle-ci devra être traitée en
conséquence. En cas de plaies vaginales, celles-ci devront être suturées au bloc
opératoire.
Enfin, en cas de contexte de violences, ou bien de trafic de stupéfiants, tout le
volet médico-légal devra être pris en charge.
10
Je consulte en urgence
car… j’ai eu un accident
de contraception
Conduite à tenir devant une
demande de contraception
d’urgence
Une contraception d’urgence peut et doit être utilisée à chaque fois que néces-
saire. Cependant elle reste moins efficace qu’une contraception régulière. Sa
prescription doit être l’occasion de réexpliquer le bon usage de la contraception
précédemment utilisée et/ou de rechercher avec la patiente le moyen contracep-
tif qui lui conviendra le mieux.
La demande d’une contraception d’urgence est un motif légitime de consultation.
Ce motif peut être évoqué dès le début de la consultation ou en toute fin d’une
consultation un peu confuse, dont le motif s’éclaire alors. Dans les deux cas, il est
important de prendre le temps de bien comprendre la situation de la patiente
pour en saisir tous les enjeux qui peuvent parfois aller bien au-delà de ce motif.
Il est nécessaire de :
■ comprendre le mode de contraception habituel, les raisons de l’échec de
contraception pour adapter au mieux la proposition de contraception d’urgence,
mais également proposer une contraception efficace à plus longue échéance ;
■ comprendre le contexte afin d’évaluer le risque d’exposition aux IST, proposer
un dépistage et un traitement adapté ;
■ interroger sur le rapport sexuel consenti ou non, l’existence de violences
sexuelles lors de ce rapport ou de tout type de violence précédemment dans la
vie de la femme, afin d’accompagner la prise de conscience de ces violences dépis-
tées et leur prise en charge.
82 Je consulte en urgence
Interrogatoire
Caractériser l’urgence
Il faut dans un premier temps préciser le caractère de l’urgence :
De quand date le rapport sexuel non protégé ?
Moins de 3 à 5 jours, délai maximum pour proposer une contraception d’urgence
efficace.
Je consulte en urgence car… j’ai eu un accident de contraception 83
Y a-t-il eu plusieurs rapports non protégés dans les semaines précédentes ? Si oui,
y a-t-il déjà eu une prise de contraception d’urgence ?
L’existence de plusieurs rapports sexuels non protégés datant de plus de 3
à 5 jours n’empêche pas de prescrire une contraception d’urgence pour le dernier
mais change la stratégie de suivi.
La prise antérieure d’une contraception hormonale d’urgence (acétate d’ulipristal)
peut diminuer l’efficacité d’une nouvelle prise.
Quelle était la date des dernières règles ? Les cycles sont-ils habituellement réguliers ?
La notion d’une date des dernières règles incertaine, lointaine ou de cycles irrégu-
liers peut faire suspecter une grossesse préexistante à cette situation d’urgence et
amener à réaliser un test de grossesse sans attendre.
Examen clinique
Un examen clinique ne se justifie pas forcément dans ce contexte, mais il peut
être proposé à la patiente pour effectuer des dépistages d’IST, vérifier l’état vulvo-
vaginal en cas de rapports sexuels violents et/ou douloureux. Chez une patiente
désirant la pose d’un DIU en urgence mais n’ayant jamais eu d’examen gynéco
logique jusque-là, l’examen clinique permet de vérifier la possibilité de la pose
d’un spéculum chez une patiente.
Liens utiles :
CeGIDD. VIH et IST : se faire dépister en France dans un CeGIDD. En ligne : https://vih.org/cegidd/
Centre de référence sur les agents tératogènes. En ligne : www.lecrat.org
OnSEXprime. http://www.onsexprime.fr
QuestionSexualité. Choisir sa contraception. https://questionsexualite.fr/choisir-sa-contraception
Santé publique France : http://www.santepubliquefrance.fr
CHAPITRE
11
Je consulte en urgence
car… je suis suivie
en assistance médicale
à la procréation et j’ai
mal au ventre
Bien évidemment, toute patiente suivie en assistance médicale à la procréation
(AMP) doit être prise en charge en urgence comme toute autre patiente : en cas
de métrorragies, une GEU doit être éliminée et en cas de douleurs, une torsion
annexielle doit être écartée. En outre, il existe une complication spécifique aux
techniques d’AMP : le syndrome d’hyperstimulation ovarienne (SHSO).
En cas de réponse excessive, le SHSO apparaît et peut avoir des formes cliniques
différentes.
Il est donc important de déterminer rapidement le degré de gravité qui condi-
tionne la prise en charge. Le SHSO peut être léger, modéré ou sévère.
Il peut apparaître de façon précoce après le déclenchement de l’ovulation ou plus
tardivement, aggravé par la grossesse.
Les complications majeures sont la thrombose ou la torsion d’annexe.
Interrogatoire
Certains facteurs du protocole peuvent favoriser la survenue d’un SHSO et sont à
rechercher à l’interrogatoire. Quelques exemples sont proposés ci-dessous :
Quel âge avez-vous ? Quels sont votre taille et votre poids ?
Un âge inférieur à 35 ans et un indice de masse corporelle (IMC) bas sont des
facteurs favorisants la survenue d’un SHSO.
Avez-vous un syndrome des ovaires polykystiques ?
Les risques de faire un SHSO sont augmentés en cas de syndrome des ovaires
micropolykystiques (SOMPK).
Avez-vous eu un transfert d’embryon frais ? Sinon, avez-vous eu une réponse
excessive lors de la stimulation ovarienne nécessitant de congeler les embryons et
de ne pas faire de transfert d’embryon ?
En cas de transfert d’embryon frais, la patiente peut déjà être enceinte et la
grossesse entretient le SHSO. Au contraire, une stimulation initialement exces-
sive ayant contre-indiqué la poursuite de la prise en charge peut orienter vers
un SHSO.
Quels étaient les résultats de prise de sang et d’échographie en fin de stimulation ?
Un taux d’estradiol élevé et un nombre important de follicules à l’échographie
peuvent favoriser un SHSO.
Êtes-vous enceinte ?
La survenue d’une grossesse entretient et aggrave les symptômes par la sécrétion
d’hCG par le trophoblaste.
Il faut rechercher des signes cliniques permettant d’établir le diagnostic et de
connaître rapidement le caractère sévère afin d’orienter la prise en charge.
Avez-vous des nausées ou des vomissements ?
Avez-vous l’impression d’avoir le ventre gonflé ? une sensation d’inconfort ?
Avez-vous des difficultés à respirer ?
Allez-vous uriner normalement ?
Avez-vous mal au ventre ? Si oui, avez-vous besoin de prendre des antalgiques ?
Sur une échelle de 1 (pas de douleur) à 10 (douleur très intense), quelle note
donnez-vous à votre douleur ?
La mesure de l’intensité de la douleur peut permettre d’éliminer aussi une compli-
cation comme la torsion d’annexe dont la prise en charge est urgente.
Je consulte en urgence car… je suis suivie en assistance médicale à la procréation... 91
En cas de torsion d’annexe, la douleur est le plus souvent de début brutal, très
intense, unilatérale, alors qu’elle sera le plus souvent modérée et diffuse dans un
SHSO non compliqué d’une torsion.
Avez-vous mal aux mollets ?
Il est important de toujours penser à la thrombose veineuse qui peut être une des
complications du SHSO.
Avez-vous eu un transfert d’embryon frais ? Si oui, il y a combien de temps ?
Une grossesse en cours est un facteur pouvant aggraver le SHSO.
L’évaluation initiale est clinique et échographique.
Examen clinique
■ Recherche de signes de gravité :
• évaluer les constantes (pression artérielle, fréquence cardiaque) : y a-t-il une
tachycardie ? une hypotension ?
• bilan respiratoire, mesure de la saturation : y a-t-il des difficultés respira-
toires, une dyspnée sévère ? Y a-t-il une désaturation ?
• examen de la diurèse : y a-t-il une oligurie ?
■ Recherche de complications thromboemboliques.
■ Recherche d’œdèmes :
• pesée, mesure du périmètre abdominal et palpation de l’abdomen : y a-t-il
eu une prise de poids très rapide ? La prise de plus de 2 kg en 2 jours est un
signe de sévérité ;
• L’abdomen est-il distendu ? Y a-t-il la présence d’une ascite évidente ? La
mesure du périmètre abdominal est un élément important qui devra être
renouvelé pendant tout le suivi.
Surveillance
■ Clinique quotidiennement :
• diurèse ;
• constantes : pression artérielle, pouls, saturation ;
• poids et périmètre abdominal ;
• feuille entrées/sorties.
■ Biologique (NFS, bilan de coagulation, bilan hépatique, ionogramme) en fonc-
tion de la gravité et des perturbations du bilan.
■ Imagerie :
• échographie pelvienne (ascite et taille des ovaires) ;
• radiographie du thorax et ECG si nécessaire.
Le protocole des traitements est le même pour une stimulation simple ou une IIU.
La Figure 11.1 résume le déroulement d’un cycle type permettant de comprendre
où en est la patiente dans son parcours.
Traitements utilisés
Lorsqu’une patiente vous parlera de ses traitements, il est important de détermi-
ner la molécule utilisée afin de comprendre son rôle.
Ainsi, nous proposons ici un récapitulatif des différentes molécules disponibles.
Il est précisé la fréquence habituelle d’utilisation de ces traitements ainsi que les
modalités d’administration afin de répondre aux questions que l’on peut vous
96 Je consulte en urgence
Figure 11.2. Ponction folliculaire par voie vaginale échoguidée, pelvis féminin
en coupe sagittale.
Source : illustration Carole Fumat.
poser (« On m’a prescrit ce traitement, dois-je le faire une fois ou le renouveler ? »,
« Dois-je attendre les indications du médecin ? », « Quel est le mode d’adminis-
tration ? »...).
En cas de question sur un traitement, l’idéal est de se référer au protocole écrit
donné à la patiente ou de demander à son centre d’AMP.
Antagonistes de la GnRH
Ces produits sont démarrés soit de façon systématique à 6 ou 7 semaines de la
stimulation, soit de façon plus flexible lorsqu’à l’échographie le follicule est supé-
rieur à 14 mm et/ou le taux d’œstradiol supérieur à 400–600 pg/mL. Cela permet
d’éviter une ovulation prématurée.
■ Produit à demi-vie courte → injection sous-cutanée quotidienne :
• Orgalutran® (ganirélix) 0,25 mg (seringue reconstituée prête à l’emploi) ;
• Cetrotide® (cétrorélix acétate) 0,25 mg.
■ Produit à demi-vie plus longue → injection sous-cutanée tous les 3 jours :
• Cetrotide® (cétrorélix acétate) 3 mg.
98 Je consulte en urgence
12
Métrorragies et douleurs
au 1er trimestre de
grossesse
Tout comme les douleurs, les métrorragies en début de grossesse sont un des
motifs de consultation les plus fréquents aux urgences gynécologiques. Dans les
deux cas, la conduite à tenir est très similaire (Figure 12.1) et consiste en priorité à
éliminer une grossesse extra-utérine (GEU).
En cas de métrorragies du 1er trimestre, les principaux diagnostics différentiels
sont les GEU, les rares môles hydatiformes et les fréquentes fausses couches. Une
fois la GEU éliminée, il peut être utile de prendre son temps avant d’instaurer
le traitement d’une grossesse arrêtée : de nombreuses grossesses parfaitement
évolutives saignent au 1er trimestre.
En cas de saignement au 1er trimestre de la grossesse, la question du rhésus de la
patiente (et éventuellement celui du conjoint) doit être posée. En effet, en cas de
saignements chez une patiente enceinte, de rhésus négatif, une prévention de l’allo-
immunisation fœtomaternelle anti-D, par une injection intramusculaire ou intravei-
neuse de Rhophylac® (immunoglobuline humaine anti-D) 200 µg, doit être réalisée.
Si le conjoint est de rhésus négatif et la paternité certaine, elle n’est pas obligatoire.
Les délais pour affirmer qu’une grossesse est arrêtée sont indiqués dans la
Figure 12.2.
Figure 12.2. Délais nécessaires pour affirmer une grossesse arrêtée en cas
de grossesse de localisation indéterminée – recommandations du Collège national
des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF)
104 Fiches pathologies
hCG plasmatiques. La surveillance biologique est hebdomadaire jusqu’à
obtention de trois dosages négatifs successifs. Cette surveillance est pour-
suivie mensuellement pendant 6 mois en cas de môle partielle et pendant 1
an en cas de môle complète (les môles complètes se négativant rapidement
en moins de 8 semaines peuvent n’être surveillées que pendant 6 mois). La
réalisation d’autres échographies pelviennes sera guidée par l’évolution des
hCG, l’aspect initial de l’échographie et l’évolution clinique. Durant la sur-
veillance biologique, l’utilisation d’une contraception est recommandée :
une nouvelle grossesse est contre-indiquée durant toute la durée de la sur-
veillance biologique.
Afin de ne pas méconnaître une éventuelle récidive, un dosage des hCG est
à réaliser après chaque nouvelle grossesse, quelle que soit son issue.
of
Métrorragies et douleurs au 1er trimestre de grossesse 107
■ Thrombopénie < 100 000/mm3.
■ Leucopénie < 2000/mm3.
■ Élévation de la créatinine > 130 µmol/L.
■ Élévation des enzymes hépatiques : alanine aminotransférase (ALAT) ou aspar-
tate aminotransférase (ASAT) supérieures à 2 fois la normale.
Cas particuliers
■ Activité cardiaque visible.
■ hCG > 5000 UI/L
■ Taille de la GEU > 4 cm.
Dans ces cas, le traitement de première intention est chirurgical. Mais un traite-
ment médicamenteux reste envisageable, en particulier en cas de cœlioscopie a
priori difficile. Dans ces cas, se rappeler que l’efficacité du traitement médical est
moindre.
Bilan préthérapeutique
■ hCG.
■ NFS + plaquettes, TP, TCA, fibrinogène.
■ Groupe sanguin, rhésus, recherche d’agglutinines irrégulières (RAI).
■ Créatinine, bilan hépatique (ASAT et alAT).
■ Consultation d’anesthésie.
■ Contre-indications :
• difficultés de surveillance en ambulatoire (patiente non compliante,
éloignement géographique, isolement) ;
• taux initial hCG > 1500 UI/L, activité cardiaque positive.
■ Surveillance : hCG 1 fois par semaine jusqu’à négativation.
Pour toute patiente
■ Groupe sanguin, rhésus.
■ Pour toute patiente rhésus négatif, prévention de l’allo-immunisation rhésus :
• Rophylac® (immunoglobuline humaine anti-D) 200 µg : 1 injection IV
directe après contrôle des RAI (sans en attendre les résultats) ;
• pas de contrôle après injection.
Cas particuliers
■ GEU proximales (interstitielle, cornuale…) :
• si stable, un traitement médical peut être effectué en première intention,
y compris en cas de découverte cœlioscopique. Ses modalités sont définies au
cas par cas avec l’équipe chirurgicale et comprennent une initiation en hos-
pitalisation et des injections répétées de méthotrexate (J0, J2, J4, J6) ;
• si instable, le traitement chirurgical s’impose (laparotomique ou cœlio
scopique selon l’état de la patiente). L’injection in situ n’a pas prouvé son inté-
rêt et aucune technique chirurgicale n’a prouvé sa supériorité (cornuostomie,
résection cornuale…) par rapport à une autre.
■ Si GEU ovarienne ou abdominale, préférer le traitement médical même si le
diagnostic est fait en percœlioscopie.
■ De la même manière, préférer un traitement médical, à une laparoconversion
si l’abdomen est adhérentiel, rendant la chirurgie cœlioscopique a priori difficile.
■ En cas de grossesse dans la cicatrice de césarienne, proposer un traitement médi-
cal avec injection directe in situ de méthotrexate sous contrôle échographique.
■ En cas de grossesse cervicale, traitement médical avec discussion d’une embo-
lisation hypersélective des artères utérines.
■ En cas de traitement cœlioscopique conservateur avec GEU active (activité
cardiaque positive) ou avortement tubo-abdominal, il est possible d’adjoindre
systématiquement une injection de méthotrexate à 1 mg/kg IM.
Résultats
■ Le taux de succès du traitement radical est proche de 100 %.
■ Le taux de succès du traitement conservateur est de 90 % et proche de 100 %
si méthotrexate systématique.
■ Le taux de succès du traitement médical est de 85 %.
110 Fiches pathologies
Fertilité
Elle semble quasi identique quel que soit le traitement proposé.
13
Infections génitales
hautes
Définitions
Le terme d’infection génitale haute (IGH) correspond au concept anglo-saxon de
pelvic inflammatory disease (PID) qui décrit mieux la réalité que le terme réduc-
teur de salpingite.
En effet, le mécanisme de développement de cette pathologie débute par une
ascension de germes depuis le vagin et se poursuit par une atteinte infectieuse
de l’endomètre (endométrite) avant de s’étendre aux trompes (salpingite). Autre-
ment dit, il n’y a pas de salpingite sans endométrite, le terme d’IGH est plus adapté
que le terme de salpingite.
La pelvipéritonite et les abcès tubo-ovariens (ATO) sont les formes compliquées
des IGH.
Les germes responsables des infections génitales sont pour 85 % des germes
sexuellement transmissibles (Chlamydia trachomatis, Mycoplasma genitalium et
Neisseria gonorrhoeae). Il y a très souvent des co-infections avec des germes de la
flore commensale du vagin, Escherichia coli et les germes anaérobies en particu-
lier. Les formes non sexuellement transmissibles sont iatrogènes pour la plupart,
intervenant après un geste endo-utérin (une pose de stérilet, une hystéroscopie
opératoire, une hystérosalpingographie, etc.).
L’enjeu de la prise en charge d’une IGH réside dans ses répercussions à long terme
(GEU, stérilités tubaires et douleurs pelviennes chroniques ; figure 13.1). Un bon
diagnostic ainsi qu’un traitement antibiotique adapté sont essentiels afin de pré-
server au mieux la fertilité de ces jeunes patientes (65 % ont moins de 25 ans).
La mise en place précoce du traitement antibiotique a probablement un impact
positif sur la préservation de l’état tubaire de ces patientes : le traitement anti
biotique probabiliste ciblant les germes précédemment évoqués doit être débuté
dès les prélèvements bactériologiques réalisés.
114 Fiches pathologies
Les formes simples d’IGH sont des formes non collectées. On parle d’IGH compli-
quée quand une collection annexielle est présente, tubaire ou ovarienne. La dis-
tinction entre les deux est le plus souvent difficile, c’est pour cela que l’on parle
plus facilement d’ATO que de pyosalpinx ou d’abcès ovarien.
En termes de prévention, s’agissant d’infections sexuellement transmissibles, l’uti-
lisation de préservatifs en prévention primaire ou secondaire est à encourager
fortement.
Enfin, afin de limiter les risques de récidives, les meilleurs moyens de lutte sont
le traitement du partenaire et la mise en place d’un suivi gynécologique régulier.
■
revoir les patientes à 48–72 h pour réévaluation clinique dans les formes
simples.
■
Si ATO > 3 cm, un drainage de la collection est nécessaire en plus d’un
traitement antibiotique. En première intention, si la collection est acces
sible, la voie vaginale avec guidage échographique est préférée.
■
Mettre en place un suivi gynécologique à distance afin de limiter les
risques de récidive.
Prélèvements bactériologiques
■ Endocol.
■ Sur milieu spécifique, germes intracellulaires en vue d’une PCR + recherche
gonocoque.
■ Ablation et mise en culture d’un éventuel DIU.
Critères de sévérité
■ Suspicion de pelvipéritonite :
• hyperthermie > 39 °C ;
• défense.
■ Récidive avec désir de grossesse.
Figure 13.2. Conduite à tenir en cas d’infection génitale haute (IGH). ATO : abcès
tubo-ovarien.
Infections génitales hautes 117
d’administrer la ceftriaxone d’emblée en cas de facteurs de risque d’IST ou d’ajouter secondairement la ceftriaxione
en cas de détection de NG résistant aux fluoroquinolones à l’antibiogramme lorsqu’il est disponible entre le 3e et le
5e jour. Ne pas represcrire de fluoroquinolones en cas d’administration au cours des 6 derniers mois.
4 Sur des bases pharmacologiques et d’essais cliniques, la lévofloxacine à 500 mg 1 fois/j peut remplacer l’ofloxacine.
5 L’utilisation de la moxifloxacine impose de vérifier l’ECG, l’absence de conditions pro-arythmogènes, de co-pres-
clinique l’autorise.
AMM : autorisation de mise sur le marché ; BGN : bacilles à Gram négatif ; CT : Chlamydia trachomatis ; IM : intra-
musculaire ; IV : intraveineuse ; NG : Neisseria gonorrhoeae ; PO : per os.
Source : recommandations du CNGOF 2018.
118 Fiches pathologies
la prise orale.
3 Antibiotiques validés par des études cliniques, mais absence de couverture des bacilles à Gram négatif (BGN)
■ Antibiothérapie parentérale :
• métronidazole 1,5 g/j + doxycycline 200 mg/j + ceftriaxone 1 à 2 g/j ; selon
gravité clinique et fonction rénale ± gentamicine (5 mg/kg/j) ;
• relais PO selon amélioration clinique et après 48 h d’apyréxie :
– en première intention, ofloxacine + métronidazole (voir Tableau 13.2),
– à adapter aux résultats bactériologiques.
■ Durée 14 à 21 jours, selon évolution clinique et biologique (CRP).
14
Infections génitales
basses
Le principal symptôme amenant à consulter en cas d’infection génitale basse est
la leucorrhée. Néanmoins attention, toute leucorrhée n’est pas pathologique (voir
plus loin). Les aspects respectifs de la leucorrhée, du col et de la vulve, la recherche
de signes associés à l’interrogatoire sont autant de moyens pour déterminer le
type de germe responsable. L’ensemble de ces caractéristiques cliniques permet
de mettre en place un traitement probabiliste (tableau 14.1).
Un prélèvement vaginal est indiqué en cas de : signes cliniques atypiques ; pré-
sence de signes d’IGH ; urétrite chez le partenaire ; échec d’un premier traitement ;
récidive des symptômes.
Il comporte :
■ un prélèvement vaginal simple pour recherche d’une candidose, d’une vagi-
nose ou d’une vaginite ;
■ une recherche d’IST par les techniques d’amplification des acides nucléiques
(TAAN) pour recherche de Chlamydia trachomatis, Mycoplasma genitalium et
Neisseria gonorrhoeae.
Fiches pathologies
CRP : C-reactive protein ; ECBU : examen cytobactériologique urinaire ; IGH : infection génitale haute ; IST : infection sexuellement transmissible ; NFS : numération-formule sanguine.
Infections génitales basses 123
Bibliographie
Bourret A. Infections en gynécologie. In : Guillevin L, Mouthon L, Lévesque H, editors. Traité de méde-
cine. 5e éd. Paris : TdM Éditions ; 2020. 2020-S28-P01-C02.
Brunham RC, Paavonen J. Reproductive system infections in women: lower genital tract syndromes.
Pathog Dis 2020;78(5):ftaa022.
CHAPITRE
15
Prise en charge d’un
abcès du sein chez les
patientes allaitantes
Elle est présentée dans la figure 15.1.
Indications
■ En première intention pour toutes les patientes allaitantes avec abcès du sein
(même > 28 jours après l’accouchement) : ponction écho-guidée.
■ Indication à une mise à plat chirurgicale : si échec > 3 ponctions.
Circuit
1. Prise en charge ambulatoire avec prescription d’emblée d’une antibiothérapie
par pyostacine 1 g 3 fois/j PO (strictement toutes les 8 h) pendant 10 jours ± ibu-
profène 200–400 mg 3 fois/j pour 48 h.
2. Poursuite de l’allaitement sur les deux seins et prescription systématique d’un
tire-lait électrique double-pompage.
3. Ponction écho-guidée dans les 48 h.
4. Avis d’une sage-femme systématique (auprès d’une sage-femme référente en
allaitement si possible).
5. Contrôle clinique ± échographique à 24–48 h.
6. Si mauvais tolérance clinique : hospitalisation (avec le bébé si < 28 jours ou
sans si > 28 jours du post-partum), mise en place de l’antibiothérapie et ponction
le lendemain.
126 Fiches pathologies
Matériel nécessaire
■ Appareil d’échographie avec sonde mammaire.
■ Champs stériles et gel d’échographie stérile.
■ Biseptine® (chlorhexidine + chlorure de benzalkonium + alcool benzylique).
■ Compresses stériles.
■ Anesthésie locale type lidocaïne 10 %.
■ Aiguille de 13G.
■ Ampoules de 20 cc de sérum physiologique.
■ Seringues 10 et 30 cc.
■ Steri-Strip®.
Déroulement de la ponction
■ Le matin à jeun.
■ Réalisation de la ponction en chambre (en hôpital de jour par exemple, à adap-
ter selon la structure).
■ Désinfection de la zone à la Biseptine® (chlorhexidine + chlorure de benzal
konium + alcool benzylique) et anesthésie locale à la lidocaïne 10 %.
■ Ponction sous contrôle échographique.
■ Point d’entrée le plus éloigné du mamelon.
■ Rinçage au sérum physiologique si cloisons.
■ Pas de bilan infectieux ni préopératoire.
■ Envoi en bactériologie du liquide ponctionné.
■ Compte rendu à remettre à la patiente.
Suivi
■ Rendez-vous de consultation à 24–48 h après la ponction.
■ Contrôle clinique ± échographique ± adaptation de l’antibiothérapie en fonc-
tion de la bactériologie.
■ Indication à une mise à plat chirurgicale si échec > 3 ponctions.
■ Vérifier que la patiente est en relation avec une sage-femme référente en lactation.
■ Communiquer les coordonnées de SOS allaitement (numéro départemental
ou régional).
16
Complications
des kystes ovariens
Elles sont présentées dans la Figure 16.1.
Dans le cadre de l’urgence, un kyste ovarien se complique le plus souvent sous la
forme d’une douleur pelvienne aiguë. La douleur est volontiers intense, d’appari-
tion brutale, latéralisée et peut être accompagnée de vomissements.
La complication la plus grave des complications des kystes ovariens est la torsion
d’annexe, le pronostic vital de l’ovaire étant en jeu. Le diagnostic de certitude
d’une torsion d’annexe est chirurgical : l’absence d’altération au Doppler n’élimine
pas le diagnostic. Une cœlioscopie est réalisée au moindre doute, comprenant le
risque de cœlioscopie normale (« cœlioscopie blanche ») que l’on explique en
préopératoire à la patiente.
Plus rarement, certains kystes peuvent se surinfecter (endométriomes essentielle-
ment). La prise en charge des abcès ovariens est détaillée dans le chapitre 13.
Une fois une grossesse éliminée (hCG négatifs), le diagnostic différentiel principal
est la colique néphrétique qui peut présenter un tableau clinique très proche :
avant de passer au bloc opératoire pour une suspicion de torsion d’annexe, tou-
jours vérifier la bandelette urinaire !
130
Fiches pathologies
Figure 16.1. Conduite à tenir en cas de complication des kystes de l’ovaire.
CRP : C-reactive protein ; hCG : human chorionic gonadotropin ; IGH : infection génitale haute ; NFS : numération-formule sanguine.
Complications des kystes ovariens 131
Figure 16.3. Échographie par voie vaginale, torsion d’annexe droite, tours de spire
au Doppler Energie.
Source : Dr Corinne Bordonné .
17
Ménométrorragies
aux urgences
(hors grossesse)
La conduite à tenir est présentée dans la Figure 17.1.
Les ménométrorragies sont un des motifs les plus fréquents de consultation gyné-
cologique urgente.
Le premier réflexe est d’éliminer une grossesse en cours. La prise en charge par
la suite sera guidée par l’origine des saignements : est-il endo-utérin ? cervical ?
vaginal ?
La plupart du temps, l’enjeu urgent dans ce contexte est l’évaluation du retentisse
ment des saignements, sur le plan hémodynamique et en termes d’anémie. Une
transfusion peut être nécessaire.
Cela peut être le mode de révélation d’un cancer du col utérin : afin de gagner
du temps sur la suite de la prise en charge, ne pas hésiter à réaliser en urgence au
minimum un frottis, voire une biopsie cervicale.
Pour les mêmes raisons, en cas d’hypertrophie de l’endomètre suspecte à l’écho-
graphie, une biopsie d’endomètre peut être réalisée aux urgences.
134
Fiches pathologies
Figure 17.1. Conduite à tenir en cas de ménométrorragies.
hCG : human chorionic gonadotropin.
Ménométrorragies aux urgences (hors grossesse) 135
Figure 17.4. Polypes utérins : polype pédiculé fundique et polype sessile latéral gauche.
Source : illustration Carole Fumat.