Chap 1 Part 2

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Les facteurs de l’efficacité dans l’enseignement primaire p.

29

Pourcentage de femmes parmi les enseignants du primaire en 1985


en 1995
40
35
30
25
20
15
10
5
0

Centrafricaine
Côte d'Ivoire
Cameroun

Sénégal
Burkina Faso

Djibouti

Mali
Congo

Rép.
Source : Rappport mondial sur l’éducation, UNESCO, 1998

Il est intéressant de constater d’assez importantes variations d’un pays à l’autre.


Dans l’ensemble, la tendance est au recrutement accru de femmes. Peut-on
mesurer l’impact d’une telle orientation sur les acquis des élèves ? Faut-il
proposer une accélération de la tendance, si le niveau d’études des candidates
est suffisant ?

D. Ressources mobilisables

Avant d’aller dans le détail des propositions qui découlent des analyses du
PASEC, il convient de s’interroger sur les ressources disponibles dans les
pays concernés.

On doit certes distinguer deux choses : l’exercice de planification, qui recense


globalement besoins et ressources disponibles, et l’exercice effectué par le
PASEC, qui recherche à la marge les moyens d’augmenter l’efficacité de
l’allocation des ressources, aussi limitées soient-elles. Il n’en reste pas moins
vrai qu’une réallocation des ressources est d’autant plus facile que celles-ci
sont abondantes. Il serait donc naïf de ne pas faire intervenir l’examen des
ressources disponibles à côté de la question, théoriquement disjointe, de leur
allocation.
p. 30 Les facteurs de l’efficacité dans l’enseignement primaire

Les graphiques ci-dessous donnent la part des dépenses ordinaires d’éduca-


tion dans le PNB et la part spécifique de l’enseignement primaire et pré-
primaire, pour les huit pays considérés.

D é p e n se s o r d in a ir e s d 'é d u c a tio n e n % d u P N B
e n 1 98 0 e n 1 99 3-94

9
8
7
6
5
4
3
2
1
0

C e n tr a fr ica in e
B u r k in a F a so

C ô te d 'Iv o ir e

D jib o u ti

Sénégal
C am eroun

Congo

M a li

R ép.
Sources : Rapport mondial sur le développement humain, PNUD, 1997. Ce rapport utilise les
données de l’UNESCO. Pour Djibouti, la première donnée correspond en fait à l’an-
née 1985 ;
Rapport mondial sur l’éducation, UNESCO, 1998, pour le Sénégal, la seule donnée
disponible est pour 1995.

Comme figuré par le graphique ci-dessous, la part de l’éducation de base


varie également sensiblement d’un pays à l’autre.
P art du prim aire et pré-prim aire dans les dépenses ordinaires en 198 5
d'éducation (% ). en 199 5

80
70
60
50
40
30
20
10
0
C e n tra fric a in e
B u r k in a F a so

C ô te d 'Iv o ire

D jib o u ti

S é n ég a l
C a m e r ou n

M a li
C ongo

R ép.
Les facteurs de l’efficacité dans l’enseignement primaire p. 31

Un regard lucide sur ces données doit prendre en compte les contextes macro-
économiques auxquels ces pays sont confrontés. Le contexte devient favora-
ble lorsque la croissance économique est plus soutenue et la croissance démo-
graphique contenue. Qu’en est-il ? Sans se risquer à des projections, voyons
si la tendance des dernières décennies permet d’espérer des conditions macro-
économiques plus faciles. Un coup d’oeil rapide sur l’évolution contrastée des
deux courbes de croissance permet de mesurer l’ampleur du décalage, et la
persistance d’un effet de ciseaux qu’une reprise économique récente et en-
core incertaine ne fait qu’atténuer.

CROISSANCES COMPAREES DE LA POPULATION ET DE L'ECONOMIE


Burkina Faso

3
% par an

-1 1960-65 1965-70 1970-75 1975-80 1980-85 1985-90 1990-96


Taux de croissance du PIB (en
-2 % par an)
Période Taux de croissance de la
population (en % par an)

CROISSANCES COMPAREES DE LA POPULATION ET DE L'ECONOMIE Cameroun

Taux de croissance du PIB


10 (en % par an)
Taux de croissance de la
8 population (en % par an)
en % par an

0
1960-65 1965-70 1970-75 1975-80 1980-85 1985-90 1990-96
-2
Période
p. 32 Les facteurs de l’efficacité dans l’enseignement primaire

CROISSANCES COMPAREES DE LA POPULATION ET DE L'ECONOMIE


Congo

Taux de croissance du PIB (en %


par an)
14 Taux de croissance de la
12 population (en % par an)
en % par an

10
8
6
4
2
0
1960-65 1965-70 1970-75 1975-80 1980-85 1985-90 1990-96
Période

CROISSANCES COMPAREES DE LA POPULATIONET DE L'ECONOMIE


Côte d'Ivoire

Taux de croissance du PIB (en


10 % par an)
Taux de croissance de la
8 population (en % par an)
en % par an

0
1960-65 1965-70 1970-75 1975-80 1980-85 1985-90 1990-96
-2
Période

CROISSANCES COMPAREES DE LA POPULATION ET DE L'ECONOMIE


Mali

Taux de croissance du PIB (en


6 % par an)
5 Taux de croissance de la
population (en % par an)
4
en % par an

3
2
1
0
-1 1960-65 1965-70 1970-75 1975-80 1980-85 1985-90 1990-96

-2
Période
Les facteurs de l’efficacité dans l’enseignement primaire p. 33

CROISSANCES COMPAREES DE LA POPULATION ET DE L'ECONOMIE République Centrafricaine

4,5 Taux de croissance du PIB (en


4 % par an)

3,5 Taux de croissance de la


population (en % par an)
en % par an

3
2,5
2
1,5
1
0,5
0
1960-65 1965-70 1970-75 1975-80 1980-85 1985-90 1990-96
Période

CROISSANCES COMPAREES DE LA POPULATION ET DE L'ECONOMIE


Sénégal
4,5
4
3,5
en % par an

3
2,5
2
1,5 Taux de croissance du PIB (en
% par an)
1
Taux de croissance de la
0,5 population (en % par an)
0
1960-65 1965-70 1970-75 1975-80 1980-85 1985-90 1990-96
Période

Note : Les données de ces sept graphiques proviennent deux sources : jusque 1990, il s’agit des
données établies par Heston et Summers (Penn World Tables) ; après 1990, ce sont les Indica-
teurs Mondiaux de Développement (World Development Indicators) de la Banque Mondiale.

E. Qu’attendre des évaluations du PASEC ?

Rappelons les objectifs du PASEC établis à Djibouti en 1991 :

• l’identification de modèles de scolarisation efficaces dans le primaire,


par la comparaison nationale et internationale des performances, des
méthodes et des moyens ;
p. 34 Les facteurs de l’efficacité dans l’enseignement primaire

• le développement, dans chacun des Etats participants, d’une capacité


interne et permanente d’évaluation ;
• la diffusion des méthodes, des instruments, et des résultats en matière
d’évaluation, et plus largement le renforcement du rôle d’observatoire
des systèmes éducatifs au niveau du STP de la CONFEMEN.

Comment ces objectifs s’articulent-ils concrètement avec les situations que


nous venons de décrire pour le Burkina Faso, le Cameroun, le Congo, la Côte
d’Ivoire, Djibouti, le Mali, la République Centrafricaine et le Sénégal ?

Le PASEC utilise la diversité des situations existantes entre pays et dans ces
pays pour répondre à la question suivante : qu’est-ce qui fait que les élèves
progressent plus ou moins vite ? Pour cela, un échantillon d’élèves de chaque
pays est testé en début et en fin des 2ème et 5ème années du cycle primaire, en
français et mathématique. Parallèlement sont recueillies par questionnaire
(auprès des enfants, des maîtres et des directeurs) des données sur les carac-
téristiques des élèves, des classes et des écoles. En comparant les divers
moyens mis en œuvre et les résultats obtenus, il est possible de répondre
statistiquement à la question suivante : quel est l’effet propre des différentes
variables scolaires ? c’est-à-dire en supposant que deux classes ne diffèrent
en rien sauf pour une variable (le niveau de formation du maître, par exemple),
quelle différence de progression observe-t-on chez les élèves ?

Appliquons ce questionnement aux dimensions de l’organisation scolaire que


ce chapitre a mises en évidence :

• les taux de scolarisation restent bas ; les filles et les ruraux ont un accès
plus limité à l’école. Comment la qualité des apprentissages est-elle
affectée si on augmente la taille des classes, ou bien si pour attein-
dre les populations rurales on développe les classes multigrades ?
Les filles ou les ruraux ont-ils un handicap scolaire, à conditions
d’apprentissage semblables ?

• la qualité des acquis reste fragile ; des lacunes demeurent pour l’appli-
cation des savoirs à la vie quotidienne ou à des problèmes nouveaux.
Quels moyens pédagogiques sont les plus efficaces ? La qualité
sera-t-elle plus facilement rehaussée par l’emploi de livres, par la
formation pédagogique des maîtres ? Dans le second cas, faut-il
privilégier la formation initiale ou la formation continue ?
Les facteurs de l’efficacité dans l’enseignement primaire p. 35

• le problème du recrutement des enseignants est crucial : ils représen-


tent l’essentiel du budget éducatif des pays, mais ils demeurent peu
nombreux par rapport au nombre d’élèves. Quels maîtres recruter ?
La qualité des apprentissages est-elle modifiée lorsque l’on em-
ploie des maîtres plus ou moins diplômés ? lorsque l’on emploie
des femmes plutôt que des hommes ?

• les choix organisationnels sont divers d’un pays à l’autre : classes mul-
tigrades, double flux,… sont autant de tentatives de remplir l’objectif de
scolarisation de base universelle à partir de ressources limitées. Où
faire les économies ? Les élèves progressent-ils sensiblement moins
lorsqu’ils sont dans une classe à double flux ? dans une classe
multigrade ?

Ce sont là des questions ambitieuses auxquelles le PASEC ne peut apporter


que des réponses partielles. Parfois, il serait tentant de remettre les conclu-
sions pour de plus amples investigations : il est sûr que passer à des analyses
plus spécifiques, avec des protocoles expérimentaux travaillés pour résoudre
un point précis constitue une étape ultérieure éminemment souhaitable. Les
résultats sont à lire avec précaution. Mais les décisions sont à prendre quoti-
diennement ! Par conséquent, ce rapport de synthèse va essayer de répondre
le plus concrètement possible aux questions ci-dessus. En l’état actuel de nos
connaissances, quelles orientations prendre pour que les élèves progressent
plus efficacement ?

* *

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