Aristote - Logique D'aristote
Aristote - Logique D'aristote
Aristote - Logique D'aristote
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La logique d'Aristote
Aristote, Topiques Tome 1, Livre I-IV, texte traduit par J. Brunschwig, Ed. «
Les Belles Lettres », Paris - 1967
C'est chez Aristote que l'on trouve pour la première fois un langage propositionnel du
type :
si P alors Q
et des lettres utilisées pour exprimer des propositions non explicitées. Une proposition est
une affirmation (énonciation) du type « A est B » : A est le sujet (ce dont on parle) et B le
prédicat (du latin praedicare = proclamer, qui a donné prêcher), attribut qui peut être
affirmé ou nié.
« Tout homme est mortel », « Cet enfant a les yeux bleus », « 124 n'est pas multiple
de 3 » sont des propositions. La seconde peut cependant porter à controverse sur
l'appréciation de la couleur. On parle parfois à tort de prédicat pour désigner une
proposition.
de son contenu, mais qui s'avéra un socle insuffisant face à l'évolution des
mathématiques.
Cette logique basée sur le VRAI et le FAUX connut, dans les années 1930, quelques
soucis avec l'apparition de propositions indécidables et la vague intuitionniste de
Brouwer. Le raisonnement déductif use essentiellement des conjonctions et adverbes ET,
OU, SI, ALORS auxquels s'ajoute la négation (NON). Pour la rigueur du raisonnement de
l'esprit humain, il s'agit d'en donner un sens précis, ce que fit en particulier de Morgan au
19è siècle.
Concernant l'exemple donné pour ET précédent, P ∨ Q signifie « n est divisible par 3 ou n est
pair ». Autrement dit, rien de mieux... Mais on remarque que n peut égaler 6 : le "OU contient
le ET", tout comme la réunion de deux ensembles contient leur intersection. » Cantor
∗∗∗
Justifier par une argumentation élémentaire que (lois d'Abraham de Morgan):
non(P ∧Q) signifie nonP ∨nonQ et (dualité) : non(P ∨Q) signifie nonP ∧ nonQ
non(P ∧ nonP)
P ∨nonP
P et nonP ne peuvent coexister si l'une est vraie, l'autre ne l'est pas. (nc_te)
En effet, selon les lois de de Morgan, non(P ∧ nonP) n'est autre que nonP ∨ non(nonP),
c'est à dire nonP ∨ P, autrement dit le principe du tiers exclu.
6. non(nonA) est A :
7a. Connecteur d'implication logique (SI ... ALORS) également dit d'inférence :
(P ⇒ Q) signifie (nonP ∨ Q)
Cette définition formelle n'est pas simple à accepter car il faut admettre, comme étant
logique, que si P s'avère fausse l'implication P ⇒ Q, en tant que proposition composée,
est vraie et cela, que Q soit vraie ou fausse ! On dit parfois que le faux implique le vrai. A
tort a priori, car d'une hypothèse fausse on ne peut en fait rien déduire, mais dans le cadre
de la logique formelle (théorie abstraite de l'inférence), une proposition non réputée
fausse est vraie (» tiers exclu). Toutefois :
Il vous paraît sans doute naturel d'exprimer que non(P ⇒ Q) n'est vraie que si P est vraie
et Q fausse. autrement dit, non(P ⇒ Q) signifie (P ∧ nonQ). Dans ces conditions, et en
utilisant les lois de Morgan étudiées en exercice, P ⇒ Q signifie non(P ∨ Q).
➔ La notation utilisée ici pour l'implication est celle de Bourbaki, dès 1948. On utilisa
aussi la flèche simple → (comme Hilbert) ainsi que le signe ⊃signifiant la contenance
dans le langage des ensembles)
∗∗∗
1. Montrer que (P ∨Q) ∧ nonQ ⇒ P
Montrer que le principe du tiers exclu se résume à : P ⇒ P.
Tous les hommes sont mortels, or Socrate est un homme donc Socrate est mortel
peut s'écrire comme une tautologie (vraie quelle que soient la véracité ou la fausseté des
propositions entrant en jeu) au moyen des connecteurs ⇒ (implique) et ∧ (conjonction) :
[("homme" ⇒ "mortel") ∧ "homme"] ⇒ "mortel" et plus généralement :
[P ⇒ Q) ∧ P ] ⇒ Q
ET (∧), OU (∨) et lois de Morgan : » Logique des prédicats de Frege basé sur les
connecteurs ⇒ et ¬ : »
Explicité dans les Topiques, le raisonnement par l'absurde ou réduction à l'absurde est un
axiome fondamental de la logique aristotélicienne. Il voit sa consécration dans la preuve
(Premiers Analytiques, Livre II) de l'irrationalité de la racine carrée de 2, résultat déjà
prouvé, aux dires même d'Aristote, par les Pythagoriciens. Mais antérieurement à Aristote
et à son maître, Platon, on n'a pas de trace écrite de démonstration. Ce très important
résultat est aussi présent chez Euclide dans son livre IX des Éléments.
Or H est valide, donc nonH est faux et par suite, c'est C qui est vraie.
Cette racine carrée peut alors s'écrire comme fraction irréductible a/b vérifiant alors
a2 = 2b2 (toute fraction est simplifiable jusqu'à la rendre irréductible : il suffit de
diviser a et b par leur pgcd). Le carré de a étant pair, a est lui-même pair, donc de la
forme 2n; il suit alors que le carré de b est 2n2 et par là que b lui-même est pair :
Absurde car a/b est irréductible : nonC induit donc une contradiction.
En conséquence, C est valide (tiers exclu) : la racine carrée de 2 n'est pas un nombre
rationnel.
On dira que le côté d'un carré et sa diagonale sont incommensurables ou que la diagonale
d'un carré est incommensurable à son côté : voir alinéa suivant. Voir aussi ci-après un
raisonnement par anthyphérèse.
➔ Le raisonnement par l'absurde, comme le raisonnement par récurrence a ses limites : en effet,
par manque d'information ou d'intuition, on n'est pas toujours en mesure de formuler le résultat
escompté... D'autre part ce type de raisonnement s'avère invalide pour les intuitionnistes car ils
réfutent l'équivalence logique, non(nonA) ⇔ A, évoquée ci-dessus par rejet du principe du tiers
exclu.
Calcul approché de √2 : »
On montrerait de même que √3 est irrationnel et plus généralement que toute racine carré
d'un entier naturel premier p est irrationnel en remarquant que tout nombre non multiple
de p est de la forme np + k où n et k sont entiers naturels, 0 < k < p.
La notion de grandeur :
Tout chose (objet, concept ou phénomène, inerte ou vivant) possède des caractéristiques
qualitatives et quantitatives. Par qualitatives, on entend par exemple sa forme, sa couleur,
sa nature (solide, liquide, gazeux), sa constitution (bois, métal, alliage). À certaines de ces
qualités, on peut associer un caractère quantitatif exprimant leur quantité dans l'objet en
question. Depuis l'Antiquité, c'est ce caractère quantitatif, à savoir un nombre, que l'on
appelle grandeur, quoique aujourd'hui suranné. Il correspond de nos jours à ce qu'on
désigne par mesurable, quantifiable.
Il s'agit alors de définir, pour une grandeur donnée, son unité (unité de mesure) à savoir la
grandeur d'un objet de même nature pris comme référence. Les exemples fourmillent. Les
grandeurs les plus connues, étudiées dès l'école primaire, sont :
Les aires exprimées en mètres carrés (m2), centimètres carrés (cm2), millimètres
carrés (mm2), ares (a, 100 m2), hectares (ha = 10 000 m2 = 100 a), ...
! 1cm2 est l'aire c2 d'un carré de côté c = 1 cm = 0,01 m. Donc 1cm2 = 0,0001 m2, soit
un dix-millième de m2 et non pas un centième comme pourrait le laisser penser
l'appellation "centimètre carré". Erreur usuelle des jeunes élèves...
! Autre erreur souvent rencontrée : c'est quoi 100 m2 ? Il s'agit de l'aire d'un carré qui,
exprimée en m2, est 100. L'aire d'un carré de côté c est c2. Or, 100 = 10 × 10 : 100 est
donc l'aire d'un carré de côté 10 et surtout pas un carré de côté 100 !
Les volumes exprimés en mètres cubes (m3), centimètres cubes (cm3), millimètres
Les capacités exprimées en litres (l), décilitres (dl, un dixième de litre), centilitres
(cl, un centième de litre), ...
Les poids exprimés en grammes (g), kilogrammes (kg = 1000 g), hectogrammes (hg
= 100 g), tonnes (1000 kg), ...
La mesure des angles exprimée en degrés d'arc, minutes d'arc, secondes d'arc, en
grades ou en radians;
...
...
Deux grandeurs sont dites commensurables (mot à mot : mesurables ensemble) pour
signifier qu'elles possèdent une mesure commune tout comme au sens moderne de la
théorie de la mesure. Cette notion, théorisée par Euclide dans le livre X de ses Éléments
remonte à Pythagore. Plus précisément :
Deux grandeurs a et b sont commensurables s'il existe une unité de mesure u et des
entiers m et n
tels que a = n × u et b = m × u
En d'autres termes, a et b sont commensurables dès que l'une des trois assertions ci-
3. le rapport a/b peut s'exprimer sous la forme d'une fraction n/m. L'unité est alors u =
a/n = b/m.
Sinon, les grandeurs sont dites incommensurables (non mesurables ensemble). On pourra
dire également que a est incommensurable avec b (et vice versa).
Remarque :
Il est dit ci-dessus des entiers : on aurait pu dire des fractions (nombres rationnels),
nombres acceptés par les grecs de l'Antiquité. En effet, une unité u étant choisie, si a/b
(c'est à dire a/b × u) mesure le côté du carré et si p/q peut mesurer sa diagonale,
choisissons l'unité u' telle que u = u' × bq. Avec cette unité le côté est entier : a × q et la
diagonale également : p × b.
Anthyphérèse et commensurabilité :
Considérons un carré ABCD de côté AB, une de ses diagonales est AC.
c' = c/2 de diagonale A'C' = d' = d/2 : c' et d' entiers et pairs. Au bout d'un certain nombre
d'itérations, on finira par obtenir un côté entier inférieur à u, ce qui n'est pas possible :
l'unité serait plus grande que la longueur (multiple de u) mesurée !