D.I.P Devoir

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I – L’ordre public français en matière internationale

Nous étudierons dans cette partie la définition d’abord l’ordre public français
en matière internationale (A), ensuite ses effets(B).

A – Définition de l’ordre public français en matière internationale

L’ordre public français international est à distinguer de l’ordre public interne.


L’ordre public interne renvoie aux dispositions impératives c’est-à-dire celles
qui ne peuvent être écartées par convention aux termes de l’article 6 du code
civil français. L’ordre public international ou exception d’ordre public, est
beaucoup plus restreint, car il correspond à l’ensemble des principes
considérés à un moment donné en France comme des principes fondamentaux
du système français. L’exception d’ordre public apparait comme <<un correctif
exceptionnel permettant d’écarter la loi étrangère normalement compétente,
lorsque cette dernière contient des dispositions dont l’application est jugé
inadmissible par le tribunal saisi>>.

Dès lors, le juge qui a déterminé la loi compétente par application de sa règle
de conflit de lois, constatant que l’application de cette loi étrangère heurterait
à l’ordre public, évince la loi étrangère et lui substitue la loi du for. L’exception
d’ordre public intervient ainsi à la fin du raisonnement de droit international
privé opéré par le juge, ce qui la distingue particulièrement des lois de police
qui interviennent quant à elle avant la résolution du conflit de lois.

On dégage classiquement trois (03) domaines de l’ordre public français en


matière internationale. L’exception d’ordre public répond, tout d’abord, à la
volonté d’éliminer les lois étrangères qui contreviendraient à <<des principes
de justice universelle considérés dans l’opinion française comme doué de
valeur internationale absolue>>, selon la formule de la Cour de cassation dans
l’arrêt Lautour du 25 mai 1948 (par exemple la loi étrangère, portait atteinte à
la liberté individuelle). Ensuite, l’ordre public vise à préserver les fondements
politiques et sociaux de la France (exemple : la loi étrangère porterait atteinte à
la laïcité). La Cour de cassation fait également référence aux principes
essentiels du droit français tel que, l’indisponibilité de l’état des personnes.
Enfin, l’ordre public doit assurer la sauvegarde des options retenues par la
politique législative de la France par exemple :le refus de l’application, loi
étrangère admettant le divorce par consentement mutuel avant la réforme de
1975.

Ce contenu multiforme de l’ordre public en matière internationale peut aussi


être complété par des conventions internationales relatives aux droits de
l’homme ratifiées par la France. En ce sens, les droits consacrés par la
Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et ses
protocoles offrent des exemples de principes qui sont d’ordre public. Par
exemple : le respect à la vie privée, la parité, garantie d’un procès équitable.
Présente deux caractères. D’une part, il est variable dans le temps. D’autre
part, il est relatif. La variabilité de l’ordre public renvoie à la notion d’actualité
de l’ordre public. Le juge doit se placer au moment où il se situe pour apprécier
la contrariété ou le trouble découlant de l’application de la loi étrangère. La
relativité de l’ordre public signifie que l’ordre public dépend davantage de la
perturbation provoquée par l’application de la loi étrangère que de son
contenu même. Autrement dit, l’application du juge se réalise in concreto et
non in abstracto.

B – Les effets de l’ordre public français en matière internationale

Trois (03) effets sont généralement attachés à l’ordre public français en


matière internationale : un effet général(1), un effet atténué(2) et un effet
réflexe (3).

1° Effet général

L’effet général signifie que l’ordre public français en matière internationale


possède à la fois un effet d’éviction de la loi étrangère normalement
compétente : on parle d’effet négatif, et un effet de substitution de la loi
française : on parle d’effet positif. Ainsi, la loi française va venir se substituer à
la loi étrangère <<Cass. 1er civ 15 mai 1963 patino>>. Mais cette substitution
doit être limitée à la seule disposition de la loi étrangère qui enfreint l’ordre
public international français.

2° Effet réflexe
Le juge en principe, n’a pas à tenir compte de l’ordre public étranger. En effet,
c’est par rapport à son propre ordre juridique que le juge statue. Pourtant,
l’ordre public étranger peut être pris en considération dans le cas d’un droit
acquis à l’étranger conformément à cet ordre public local. Ainsi, l’exemple
classique de deux Polonais se mariant en Belgique alors que leur loi personnelle
n’admettait pas ce mariage. << interdiction du mariage entre deux personnes
de religion différente>>. La loi Polonaise sera évincée par l’ordre public français
belge et le mariage reconnu en Belgique. Le mariage sera de même reconnu en
France si l’ordre public français concorde avec l’ordre public belge : on
considère que l’ordre public étranger s’est réfléchi sur l’ordre public français
pour aboutir à la même solution. Il s’agit d’un principe selon lequel l’ordre
public international pris en compte est celui du for.

3°Effet atténué

L’effet atténué s’analyse comme la réaction à l’encontre de situation nées à


l’étranger en conformité d’une loi étrangère et jugées inadmissibles par le droit
français. Il y’a bien opposition, mais cette opposition est moins forte. Comme la
Cour de cassation l’affirme dans son arrêt Rivière du 17 avril 1953 <<la réaction
à l’encontre d’une disposition contraire à l’ordre public n’est pas le même
suivant qu’elle met obstacle à l’acquisition d’un droit en France, ou suivant qu’il
s’agit de laisser produire en France les effets d’un droit acquis sans fraude à
l’étranger et conformité de la loi ayant compétence en vertu du droit
international français>>. Par exemple, une personne dont la loi de son pays
l’autorise la polygamie, ne peut valablement contractée un second mariage sur
le territoire français au cas où le premier n’est pas dissous. En revanche, la
seconde épouse d’un polygame dont le mariage a été valablement célébré à
l’étranger peut en France réclamer sa qualité d’épouse et avoir droit à une
pension alimentaire. A l’inverse, la Cour de cassation considère que << la
conception française de l’ordre public international s’opposait à ce que le
mariage polygamique contracté en Algérie par celui qui savait etre encore
l’époux d’une française produise des effets en France >> (cass 2e civ, 1er déc
2011, n°05 10.299) et Cass 1re civ. 25 avril 2007 n°06-13.284). L’intensité de
l’ordre public varie selon les critères spatio-temporels : l’acquisition du droit à
étranger.
En raison aujourd’hui, de la facilité déconcertante avec laquelle un justiciable
peut dès lors acquérir un droit à l’étranger pour s’en prévaloir ensuite en
France, en bénéficiant du jeu de l’ordre public atténué, la Cour de cassation
ajoute désormais comme variable la proximité du for avec la situation du droit.

II – Les lois de police

Dans cette partie nous exposerons en premier lieu sur la définition des lois
dites de police(A), et en second lieu les lois de police du for ou étranger(B)

A – Définition

Selon Phocion Francescakis, les lois de police se définissent comme les


« lois dont l’observation est nécessaire pour la sauvegarde de
l’organisation politique, sociale et économique du pays ». Les lois de police
se distinguent de l’exception d’ordre public à travers le moment de leur
mise en œuvre. En effet, les lois de police sont des lois d’application
immédiate, le juge doit les mettre en œuvre sans passer par la règle de
conflit. Il applique ainsi immédiatement la disposition substantielle définie
comme loi de police par son ordre juridique. C’est parce que l’Etat qui a
édicté veut garantir la mise en œuvre de sa politique publique que les lois
de police évincent la méthode conflictuelle. Cette définition se retrouve
notamment au sein du Rome I selon lequel « une loi de police est une
disposition impérative dont le respect est jugé crucial par un pays pour la
sauvegarde des intérêts publics, tels que son organisation politique, sociale
ou économique, au point d’en exiger l’application à toute situation entrant
dans son champ d’application quelle que soit par ailleurs la loi applicable au
contrat d’après le présent ten termine le domaine d’application (P. Mayer et
V. Heurzé, Droit international privé Montchrestien, 10eéd. 2010, p. 92).

Il demeure néanmoins particulièrement difficile de parvenir à identifier ces


lois de police. Ne répondant pas à une définition générique, elles sont
identifiées au cas par cas par le législateur ou surtout le juge. Ainsi, en est-il
de la protection du salarié exécutant son travail en France, des mesures
d’assistance éducative, de la protection du consommateur résidant en
France, du locataire d’un immeuble situé en France.
Ces domaines de prédilection des lois de police ne sont pas pourtant
« un bloc ».

Tout le droit de consommation, le droit du travail peut être qualifié de lois


de police. Seules les lois indispensables au respect de la politique publique
sont concertées. Il doit s’agir des règles fondamentales pour l’organisation
politique, sociale et économique du pays.

B – Les lois de police du for ou étrangères

Les lois de police du for sont des règles impératives qui s’imposent en tant
que telle au juge. Lorsqu’une règle est considérée comme étant d’application
immédiate, le juge doit se plier à la volonté de son ordre juridique. Pourtant, le
droit de l’Union européenne remet en cause l’impérativité des lois de police
d’un Etat membre lorsque ces dernières constituent une entrave à la libre
circulation des personnes, des biens ou des services. Ces lois de police ne
seront acceptées, face à un Etat membre que si elles sont justifiées par un
intérêt supérieur et si la loi de l’Etat d’origine ne propose pas un niveau de
protection.

Face aux lois de police étrangère, le juge du for doit-il ou peut-il les prendre
en considération? Le juge du for dispose d’un large pouvoir d’appréciation,
l’application des lois de police étrangères n’étant pas obligatoire. Cette faculté
laissée au juge est visible au sein du Règlement de Rome I qui dispose : « il
pourra également être effet aux lois de police du pays dans lequel les
obligations découlant du contrat doivent être ou ont été exécutées dans la
mesure où les dites lois de police rendent l’exécution du contrat illégale. Pour
décider si effet doit être donné à ces lois de police, il est tenu compte de leur
nature et de leur objet, ainsi que des conséquences de leur application ou de
leur non-application ».

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