Guide ASN 29
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Guide ASN 29
TRANSPORT
GUIDE N° 29
Version du 29/03/2018
Préambule
1. INTRODUCTION ..............................................................................................................................5
1.1. CONTEXTE……. ...........................................................................................................................5
1.2. CHAMP D’APPLICATION ................................................................................................................5
1.3. OBJET DU GUIDE ..........................................................................................................................6
1.4. STATUT DU DOCUMENT................................................................................................................6
2. DÉFINITIONS ET CADRE RÉGLEMENTAIRE ...........................................................................6
2.1. DEFINITIONS….. ..........................................................................................................................6
2.2. TEXTES INTERNATIONAUX FONDANT LE CADRE REGLEMENTAIRE FRANÇAIS ...........................7
2.3. CADRE REGLEMENTAIRE FRANÇAIS .............................................................................................7
2.3.1 CODE DE LA SANTE PUBLIQUE ..................................................................................................... 8
2.3.2 CODE DU TRAVAIL..................................................................................................................... 10
2.3.3 CODE DES TRANSPORTS ........................................................................................................... 11
2.3.4 CODE DE L’ENVIRONNEMENT ..................................................................................................... 11
2.3.5 AUTRES TEXTES SPECIFIQUES APPLICABLES .............................................................................. 11
2.4. GUIDES………… ........................................................................................................................ 12
3. PROGRAMME DE PROTECTION RADIOLOGIQUE ................................................................ 12
3.1. NECESSITE D’UN PROGRAMME DE PROTECTION RADIOLOGIQUE............................................. 12
3.2. PORTEE DU PROGRAMME DE PROTECTION RADIOLOGIQUE (PPR) .......................................... 15
3.2.1 ACTIVITES DE L’ENTREPRISE ..................................................................................................... 15
3.2.2 CAS DES INTERACTIONS ENTRE PLUSIEURS ENTREPRISES........................................................... 15
3.3. ROLES ET RESPONSABILITES DANS L’ENTREPRISE ET EVENTUELLES INTERFACES AVEC DES
ACTEURS EXTERNES ...................................................................................................................... 16
3.4. ÉVALUATION DES DOSES ET OPTIMISATION DES EXPOSITIONS ................................................. 16
3.4.1 PRINCIPE ................................................................................................................................. 16
3.4.2 METHODES D’EVALUATION DE LA DOSE EXTERNE........................................................................ 17
3.4.3 METHODES D’EVALUATION DE LA DOSE INTERNE ........................................................................ 18
3.4.4 LIMITES DE DOSES, CONTRAINTES DE DOSES ET OPTIMISATION ................................................... 19
3.4.5 SURVEILLANCE DES DOSES REÇUES PAR LES TRAVAILLEURS....................................................... 21
3.5. CONTROLES DES AMBIANCES DE TRAVAIL, DES COLIS ET DES VEHICULES EN MATIERE DE
RADIOPROTECTION DES TRAVAILLEURS ET DU PUBLIC ............................................................... 22
3.5.1 CONTROLES INTERNES PREVUS PAR LE CODE DE LA SANTE PUBLIQUE ......................................... 22
3.5.2 CONTROLES PREVUS PAR LE CODE DU TRAVAIL .......................................................................... 22
3.5.3 CONTROLES PREVUS PAR LA REGLEMENTATION SUR LE TRANSPORT DE SUBSTANCES RADIOACTIVES
............................................................................................................................................... 23
3.6. DISTANCES DE SEPARATION ENTRE LES COLIS ET LES TRAVAILLEURS OU LES COLIS ET LE
PUBLIC…………… ........................................................................................................................ 26
3.7. FORMATION……. ....................................................................................................................... 29
3.8. SYSTEME DE MANAGEMENT (ASSURANCE DE LA QUALITE) ....................................................... 30
GLOSSAIRE ............................................................................................................................................. 35
1.1. Contexte
Près d’un million de colis de substances radioactives sont transportés chaque année sur le territoire
français. Parmi ceux-ci, seuls 12 % sont transportés pour le compte de l’industrie nucléaire. La très grande
majorité (88 %) concerne donc les secteurs de l’industrie non-nucléaire, de la santé ou de la recherche
(secteurs dits du « nucléaire de proximité »), dont 30 % pour l’approvisionnement des hôpitaux en
produits radiopharmaceutiques et en sources de curiethérapie. Ces transports ont principalement lieu par
route.
Les travailleurs impliqués dans le transport de substances radioactives sont potentiellement exposés à des
rayonnements ionisants, notamment du fait de leur proximité avec les colis. Les personnes du public se
trouvant dans le voisinage immédiat des véhicules de transport peuvent également être exposées, dans
une moindre mesure. La réglementation prévoit donc des dispositions afin de protéger les travailleurs, le
public et l’environnement des dangers des rayonnements ionisants. En particulier, la réglementation
relative au transport prévoit que les entreprises intervenant lors d’une opération de transport de
substances radioactives doivent établir un programme de protection radiologique. Sans préjudice d’autres
réglementations applicables, le programme de protection radiologique présente l’ensemble des
dispositions prises par une entreprise pour assurer la radioprotection à l’occasion des transports qu’elle
réalise.
Les inspections conduites par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) en 2015-2016 révèlent une prise en
compte insuffisante, par certains acteurs du transport, du risque d’exposition des travailleurs et du public
aux rayonnements ionisants dans la définition et la mise en œuvre de leurs mesures de prévention, alors
que les activités de transport peuvent présenter des enjeux de radioprotection importants, notamment
pour les travailleurs. Le suivi individuel de l’exposition aux rayonnements ionisants de ceux qui en
bénéficient (suivi dosimétrique) montre que les conducteurs transportant des produits
radiopharmaceutiques sont plus exposés que la moyenne des travailleurs intervenant dans les autres
secteurs d’activité, avec des doses annuelles pouvant atteindre 14 millisieverts par an (mSv/an), quand la
valeur limite réglementaire est fixée à 20 mSv/an.
En termes de recommandations destinées à la radioprotection lors d’opérations de transport, l’Agence
internationale de l’énergie atomique (AIEA) a publié le guide n° TS-G-1.3 [16], qui porte sur le contenu
recommandé pour un programme de protection radiologique (voir chapitre 3). Le présent document a
été élaboré sur la base de ce guide, tout en l’adaptant aux spécificités de la réglementation applicable en
France.
Il sera mis à jour, si nécessaire, lors de la parution des textes réglementaires transposant la directive
2013/59/Euratom du 5 décembre 2013 [7].
2.1. Définitions
Les opérations de transport sont définies à l’article 1.7.1.3 de l’ADR [5]. Il s’agit de : la conception, la
fabrication, l’entretien et la réparation des emballages, l’envoi, le chargement, l’acheminement, y compris
l’entreposage en transit, le déchargement et la réception au lieu de destination final des chargements des
substances radioactives et des colis.
Comme indiqué au chapitre 1.2, le présent guide ne concerne que les opérations de transport au cours
desquelles il existe un risque d’exposition des travailleurs ou du public aux rayonnements ionisants.
La radioprotection consiste à protéger les personnes, qu’elles soient du public ou des travailleurs, et
l’environnement de l’effet néfaste des rayonnements ionisants.
Article L. 591-1 du code de l’environnement
La radioprotection est la protection contre les rayonnements ionisants, c'est-à-dire l'ensemble des
règles, des procédures et des moyens de prévention et de surveillance visant à empêcher ou à réduire
les effets nocifs des rayonnements ionisants produits sur les personnes, directement ou indirectement,
y compris par les atteintes portées à l’environnement.
1° Le principe de justification, selon lequel une activité nucléaire ne peut être entreprise ou exercée
que si elle est justifiée par les avantages qu'elle procure sur le plan individuel ou collectif, notamment
en matière sanitaire, sociale, économique ou scientifique, rapportés aux risques inhérents à l'exposition
aux rayonnements ionisants auxquels elle est susceptible de soumettre les personnes ;
2° Le principe d'optimisation, selon lequel le niveau de l'exposition des personnes aux rayonnements
ionisants résultant d'une de ces activités, la probabilité de la survenue de cette exposition et le nombre
de personnes exposées doivent être maintenus au niveau le plus faible qu'il est raisonnablement
possible d'atteindre, compte tenu de l'état des connaissances techniques, des facteurs économiques et
sociétaux et, le cas échéant, de l'objectif médical recherché ;
3° Le principe de limitation, selon lequel l'exposition d'une personne aux rayonnements ionisants
résultant d'une de ces activités ne peut porter la somme des doses reçues au-delà des limites fixées
par voie réglementaire, sauf lorsque cette personne est l'objet d'une exposition à des fins médicales
ou dans le cadre d'une recherche mentionnée au 1° de l'article L. 1121-1.
[1] Règlement de transport des matières radioactives, édition de 2012, prescriptions de sûreté
particulières de l’AIEA n° SSR-6
[2] Règlement concernant le transport international ferroviaire des marchandises dangereuses (RID)
[3] Instructions techniques de l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (IT de l’OACI)
[4] Code maritime international des marchandises dangereuses (Code IMDG)
[5] Accord européen relatif au transport international des marchandises dangereuses par route (ADR)
[6] Accord européen relatif au transport de matières dangereuses par voies de navigation intérieures
(ADN)
[7] Directive 2013/59/Euratom du Conseil du 5 décembre 2013 fixant les normes de base relatives à la
protection sanitaire contre les dangers résultant de l’exposition aux rayonnements ionisants
Article 1er
1
En application des articles L. 1333-4 et R. 1333-44 du code de la santé publique, les entreprises qui
réalisent les opérations de transport de substances radioactives mentionnées au présent article sont
soumises à un régime de déclaration dès lors que ces opérations ne sont pas totalement exemptées des
prescriptions de la réglementation applicable au transport de marchandises dangereuses de la classe 7,
mentionnée ci-dessous :
- le règlement (CEE) n° 3922/91 du Conseil du 16 décembre 1991 modifié relatif à
l’harmonisation de règles techniques et de procédures administratives dans le domaine de
l’aviation civile ;
- l’arrêté du 29 mai 2009 modifié relatif aux transports de marchandises dangereuses par voies
terrestres, dit « arrêté TMD » ;
- l’arrêté du 23 novembre 1987 modifié relatif à la sécurité des navires ;
- l’arrêté du 18 juillet 2000 modifié réglementant le transport et la manutention des matières
dangereuses dans les ports maritimes ;
- l’arrêté du 22 mars 2001 relatif aux envois postaux de matières radioactives.
Sont dispensées de la déclaration mentionnée au premier alinéa les entreprises qui réalisent des
opérations de transport seulement pour des substances radioactives pour lesquelles elles disposent
d’une autorisation de détention ou d’utilisation ou ont effectué une déclaration de détention ou
d’utilisation en application du b) du 1°) du I de l’article R. 1333-17 du code de la santé publique.
1
La partie législative du code de la santé publique a été modifiée depuis l’entrée en vigueur de la décision. L’article qui reprend
les dispositions de l’ancien L. 1333-4 est le L. 1333-8.
L’ASN souligne que les entreprises dispensées de la déclaration en application de l’article 1 de cette
décision ne sont pas pour autant dispensées de l’application des dispositions du code du travail, comme
par exemple :
- une entreprise qui charge des colis de substances radioactives dans l’enceinte d’une INB où le
code du travail s’applique, est soumise de fait à cette réglementation ;
- une entreprise qui réalise des opérations de transport seulement pour des substances radioactives
pour lesquelles elle dispose d’une autorisation de détention ou d’utilisation, d’un enregistrement
ou d’une déclaration est soumise aux dispositions du code du travail relatives aux rayonnements
ionisants du fait de cette autorisation (transport d’un gammagraphe par une entreprise de
gammagraphie industrielle, producteur de radiopharmaceutiques livrant lui-même les sources
destinées au traitement des patients qu’il a produites à un établissement hospitalier,…).
Par ailleurs, les dispositions du code du travail relatives à la prévention des risques liés à certaines activités
ou opérations, en particulier celles relatives aux opérations de chargement et de déchargement, fixées aux
Code du travail
Article R. 4515-4
Les opérations de chargement ou de déchargement font l'objet d'un document écrit, dit « protocole de
sécurité », remplaçant le plan de prévention.
Article R. 4515-5
Le protocole de sécurité comprend les informations utiles à l'évaluation des risques de toute nature
générés par l'opération ainsi que les mesures de prévention et de sécurité à observer à chacune des
phases de sa réalisation.
[8] Arrêté du 29 mai 2009 modifié relatif aux transports de marchandises dangereuses par voies
terrestres (dit « arrêté TMD »)
[9] Arrêté du 17 juillet 2013 relatif à la carte de suivi médical et au suivi dosimétrique des travailleurs
exposés aux rayonnements ionisants
[10] Arrêté du 6 décembre 2013 modifié relatif aux modalités de formation de la personne compétente
en radioprotection et de certification des organismes de formation
[11] Arrêté du 15 mai 2006 modifié relatif aux conditions de délimitation et de signalisation des zones
surveillées et contrôlées et des zones spécialement réglementées ou interdites compte tenu de
l'exposition aux rayonnements ionisants, ainsi qu'aux règles d'hygiène, de sécurité et d'entretien qui
y sont imposées (dit « arrêté zonage »)
2.4. Guides
Les guides ci-dessous apportent des recommandations de bonnes pratiques sur le sujet traité dans le
présent document.
[16] IAEA Safety Standards Series n° TS-G-1.3 “Radiation Protection Programmes for the Transport of
Radioactive Material”
[17] IAEA Specific Safety Guide SSG-26 “Advisory Material for the IAEA Regulations for the Safe
Transport of Radioactive Material (2012 Edition)”
[18] Guide de l’ASN n° 17 relatif au contenu des plans de gestion des incidents et accidents de transport
de substances radioactives
[19] Guide de l’ASN n° 34 relatif à la mise en œuvre des exigences réglementaires applicables aux
opérations de transport interne
2 Low Specific Activity : il s’agit de matières dont l’activité massique est en-dessous de seuils définis dans la réglementation.
3 Surface Contaminated Object : il s’agit d’objets non radioactifs avec une contamination externe ne dépassant pas certains seuils
définis dans la réglementation.
Quel que soit le niveau du risque, même faible, le PPR comporte obligatoirement (article 1.7.2.3 de
l’ADR) :
- les contraintes de doses individuelles 4 définies en deçà des valeurs limites réglementaires pour le
public et les travailleurs, ainsi que les mesures prises pour optimiser la radioprotection et la sûreté
en tenant compte des interactions entre le transport et d’autres activités éventuelles (article 1.7.2.2
de l’ADR : les « limites de doses pertinentes » auxquelles cet article fait référence doivent
s’entendre comme les limites réglementaires de dose) ;
- les estimations des doses prévisionnelles individuelles résultant des opérations de transport pour
les travailleurs et les dispositions de surveillance individuelle ou des lieux de travail retenues
(article 1.7.2.4 de l’ADR) ;
- les dispositions pour assurer la formation des travailleurs (article 1.7.2.5 de l’ADR) ;
- les mesures prises pour s’assurer du respect des distances minimales de séparation entre les colis
de substances radioactives et les travailleurs ou le public (article 7.5.11 CV33 (1.1) de l’ADR).
Extraits de l’ADR
1.7.2.1 Le transport des matières radioactives doit être régi par un programme de protection
radiologique, qui est un ensemble de dispositions systématiques dont le but est de faire en
sorte que les mesures de protection radiologique soient dûment prises en considération.
1.7.2.2 Les doses individuelles doivent être inférieures aux limites de doses pertinentes. La
protection et la sécurité doivent être optimisées de façon que la valeur des doses
individuelles, le nombre de personnes exposées et la probabilité de subir une exposition
soient maintenus aussi bas que raisonnablement possible, compte tenu des facteurs
économiques et sociaux, avec cette restriction que les doses individuelles sont soumises aux
contraintes de dose. Il faut adopter une démarche rigoureuse et systématique prenant en
compte les interactions entre le transport et d’autres activités.
1.7.2.3 La nature et l’ampleur des mesures à mettre en œuvre dans ce programme doivent être en
rapport avec la valeur et la probabilité des expositions aux rayonnements. Le programme
doit englober les dispositions des 1.7.2.2, 1.7.2.4, 1.7.2.5 et 7.5.11 CV 33 (1.1). La
documentation relative au programme doit être mise à disposition, sur demande, pour
inspection par l’autorité compétente concernée.
1.7.2.4 Dans le cas des expositions professionnelles résultant des activités de transport, lorsque l’on
estime que la dose efficace :
a) se situera probablement entre 1 et 6 mSv en un an, il faut appliquer un programme
d’évaluation des doses par le biais d’une surveillance des lieux de travail ou d’une
surveillance individuelle ;
b) dépassera probablement 6 mSv en un an, il faut procéder à une surveillance
individuelle.
Les chapitres 3.2 à 3.8 ci-dessous détaillent le contenu attendu pour chacun de ces chapitres ainsi que les
exigences réglementaires associées.
Le PPR doit être tenu à la disposition des autorités compétentes en matière de contrôles (§ 1.7.2.3 de
l’ADR).
Au titre de l’article R. 4121-1 du code du travail, l’employeur est tenu d’inventorier tous les risques
auxquels sont soumis les travailleurs, dans un document unique d’évaluation des risques (DUER). Afin
de ne pas dupliquer des documents avec des contenus identiques, l’employeur pourra simplement
Cette approche peut être généralisée aux autres parties du PPR : leur contenu peut également se trouver
dans des documents qui existent par ailleurs, à condition qu’ils soient référencés dans le PPR et tenus à
la disposition des autorités compétentes.
L’objectif du chapitre « Portée du programme » du PPR est donc de décrire les activités de l’entreprise,
au regard de leurs enjeux de radioprotection. Comme souligné au chapitre 3.1, le niveau de détail doit
être proportionné à l’importance des risques en matière de radioprotection des travailleurs et du public.
3.3. Rôles et responsabilités dans l’entreprise et éventuelles interfaces avec des acteurs
externes
Le PPR devrait contenir une description du rôle de chacun des acteurs, pour ce qui concerne la
radioprotection. Il s’agit de définir clairement les responsabilités de chacun, en indiquant notamment les
personnes en charge de la bonne application du PPR, les personnes manipulant les colis, les personnes
réalisant les mesures de débit de dose et de contamination, les personnes effectuant les contrôles (y
compris documentaires) pour s’assurer du respect des différentes exigences, etc. Un organigramme peut
utilement illustrer ces aspects.
Conformément aux dispositions de l’article R. 1333-7 du code de la santé publique, « le chef d'établissement
ou le chef d'entreprise est tenu de mettre à disposition de la personne physique, responsable d'une activité nucléaire, tous les
moyens nécessaires pour atteindre et maintenir un niveau optimal de protection de la population contre les rayonnements
ionisants, dans le respect des prescriptions réglementaires qui lui sont applicables. » Pour l’application de cet article,
l’entreprise de transport doit, dans le cadre de son système de management (voir article 1.7.3.1 de l’ADR
et chapitre 3.8) :
- désigner la ou les personnes en charge de la gestion et du suivi du PPR. Elles doivent être dotées
des compétences et de l’autorité nécessaires pour appréhender les enjeux de radioprotection et
pour contrôler la bonne application du PPR dans l’entreprise. Ce rôle pourrait par exemple être
confié au conseiller à la sécurité des transports (s’il existe : voir chapitre 4.2) ou à la personne
compétente en radioprotection désignée au titre du code du travail (voir chapitre 4.1) ;
- définir et mettre à disposition les moyens et ressources nécessaires à la mise en œuvre du PPR
(pouvoir décisionnel, personnel qualifié, matériel, formation, assurance de la qualité, etc.) ;
- vérifier que les objectifs de radioprotection au titre des différentes réglementations applicables
(respect des contraintes de dose et efficacité des actions d’optimisation) ont été atteints ou, dans
le cas contraire, identifier et analyser les causes des écarts par rapport aux objectifs, afin de mettre
en œuvre les actions correctives nécessaires dans une optique d’amélioration continue.
Ces obligations doivent donc se concrétiser, sans pour autant démultiplier les démarches.
3.4.1 Principe
L’évaluation des doses susceptibles d’être reçues par les travailleurs et le public constitue un élément clef
du PPR, car elle permet d’adapter les dispositions de radioprotection aux enjeux radiologiques.
Jeunes travailleurs
(entre 15 et 18 ans,
sous réserve d’y 6 mSv sur douze mois 150 mSv sur douze mois 150 mSv sur douze mois
être autorisé pour consécutifs consécutifs consécutifs
les besoins de leur
formation)
En outre, cette obligation de surveillance des doses doit s’articuler avec les dispositions fixées par le code
du travail concernant, le cas échéant, le classement des travailleurs, le suivi radiologique adapté et le suivi
individuel renforcé de leur état de santé.
Le classement des travailleurs susceptibles d’être exposés aux rayonnements ionisants, en catégorie A ou
B, ne concerne que les travailleurs qui entrent en zone réglementée (zone surveillée ou zone contrôlée
ou zone d’opération identifiée autour d’une source de rayonnements ionisants). Lorsqu’ils entrent dans
de telles zones, les travailleurs sont classés :
- en catégorie A s’ils sont susceptibles de recevoir une dose efficace annuelle supérieure à 6 mSv
sur douze mois consécutifs (ou une dose équivalente annuelle aux organes supérieure à 3 dixièmes
des limites rappelées dans le tableau du chapitre 3.4.4) ;
- en catégorie B, s’ils sont susceptibles de recevoir une dose efficace annuelle supérieure à 1 mSv
et inférieure à 6 mSv/an sur douze mois consécutifs (ou une dose équivalente annuelle aux
organes supérieure aux limites pour le public).
Les travailleurs classés doivent alors faire l’objet d’une surveillance individuelle de l’exposition, par un
suivi dosimétrique adapté au mode d’exposition (article R. 4451-62 du code du travail) et un suivi médical
(articles R. 4451-82 et suivants et articles R. 4624-22 et suivants du code du travail).
Les travailleurs intervenant lors d’opérations de transport de substances radioactives seront classés en
fonction de l’évaluation de la dose susceptible d’être reçue lorsqu’ils entrent en zone réglementée. Le cas
échéant, le suivi radiologique mis en place s’étendra également aux opérations de transport se déroulant
hors des zones réglementées.
En revanche, pour les travailleurs intervenant lors d’opérations de transport qui ne seraient pas classés
en catégorie A ou B, seules les dispositions de l’ADR s’appliquent pour le suivi de l’exposition. L’ASN
recommande cependant que les travailleurs non classés mais susceptibles de recevoir une dose efficace
entre 1 et 6 mSv/an fassent l’objet d’une surveillance individuelle même s’ils n’entrent pas en zone
réglementée, conformément aux dispositions prévues par la directive européenne 2013/59/Euratom [7].
L’utilisation supplémentaire d’un dosimètre opérationnel est une bonne pratique que l’ASN recommande
d’appliquer lorsque les doses prévisionnelles pour une opération sont élevées. La dosimétrie
opérationnelle offre en effet une mesure et une lecture en temps réel de la dose reçue et permet donc de
détecter au plus tôt une exposition anormalement élevée, notamment en paramétrant les seuils d’alarme.
Le PPR doit décrire les dispositions prises pour surveiller l’exposition des travailleurs et justifier qu’elle
est adaptée à la nature de l’exposition. La surveillance médicale est quant à elle définie par le médecin du
travail.
[…] En outre, [le chef d’établissement ou le chef d’entreprise] met en œuvre un contrôle interne visant
à assurer le respect des dispositions applicables en matière de protection contre les rayonnements
ionisants et, en particulier, il contrôle l'efficacité des dispositifs techniques prévus à cet effet,
réceptionne et étalonne périodiquement les instruments de mesure et vérifie qu'ils sont en bon état et
utilisés correctement. [...]
En revanche, le 5° de cet article est pleinement applicable dans le cadre d’une activité de transport de
substances radioactives.
L'employeur procède ou fait procéder à un contrôle technique de radioprotection des sources et des
appareils émetteurs de rayonnements ionisants, des dispositifs de protection et d'alarme ainsi que des
instruments de mesure utilisés.
Ce contrôle technique comprend, notamment :
1° Un contrôle à la réception dans l'entreprise ;
2° Un contrôle avant la première utilisation ;
3° Un contrôle lorsque les conditions d'utilisation sont modifiées ;
4° Un contrôle périodique des sources et des appareils émetteurs de rayonnements ionisants ;
5° Un contrôle périodique des dosimètres opérationnels mentionnés à l'article R. 4451-67 et des
instruments de mesure utilisés pour les contrôles prévus au présent article et à l'article R. 4451-30,
qui comprend une vérification de leur bon fonctionnement et de leur emploi correct ;
6° Un contrôle en cas de cessation définitive d'emploi pour les sources non scellées
Les contrôles d’ambiance prévus par l’article R. 4451-30 du code du travail sont également pleinement
applicables aux opérations de transport de substances radioactives.
Pour contrôler :
- le risque d’exposition externe au sens du 1° de cet article, un dispositif de mesure intégrateur
permettant d’enregistrer la dose sur la période considérée, tel qu’un dosimètre passif d’ambiance
par exemple, peut être positionné dans la cabine du chauffeur. La bonne pratique, pour un
Afin de permettre l'évaluation de l'exposition externe et interne des travailleurs, l'employeur procède
ou fait procéder à des contrôles techniques d'ambiance.
Ces contrôles comprennent notamment :
1° En cas de risques d'exposition externe, la mesure des débits de dose externe avec l'indication des
caractéristiques des rayonnements en cause ;
2° En cas de risques d'exposition interne, les mesures de la concentration de l'activité dans l'air et de
la contamination des surfaces avec l'indication des caractéristiques des substances radioactives
présentes.
Lorsque ces contrôles ne sont pas réalisés de manière continue, leur périodicité est définie
conformément à une décision de l'Autorité de sûreté nucléaire prise en application de l'article R. 4451-
34.
La décision n° 2010-DC-0175 de l’ASN [13] ne définissant des fréquences de réalisation des contrôles
techniques d’ambiance que pour les « installations », cette décision n’est pas applicable pour les véhicules.
Ainsi :
- pour les contrôles d’ambiance réalisés par l’entreprise, l’ADR se trouve être le seul cadre
réglementaire applicable : la fréquence des contrôles est définie par l’entreprise de manière
proportionnée aux enjeux ;
- pour les contrôles d’ambiance effectués par des organismes extérieurs (R. 4451-32 du code du
travail), aucun cadre réglementaire ne fixe actuellement les fréquences des contrôles. Il est donc
considéré qu’ils n’ont pas à être réalisés.
Avant le départ du transport, il faut s’assurer du respect des limites de contamination et de débit de dose
autour des colis (voir articles 4.1.9.1.2, 4.1.9.1.4, 4.1.9.1.10 à 12 de l’ADR) et des véhicules 6 (voir article
7.5.11 CV 33 (3.3) et (3.5) de l’ADR). Les contrôles réalisés (mesures radiologiques ou démonstrations
appropriées) doivent être enregistrés dans le cadre du système de management imposé à l’article 1.7.3.1
de l’ADR (voir également le chapitre 3.8).
Extraits de l’ADR
2.2.7.2.4.1.2 Un colis contenant des matières radioactives peut être classé en tant que colis excepté
à condition que l’intensité de rayonnement en tout point de sa surface externe ne
dépasse pas 5 µSv/h.
6 Les limites sur les véhicules indiquées dans l’ADR ne sont pas applicables dans le cas des transports par voie aérienne ou
maritime. Se reporter aux instructions techniques de l’OACI [3] ou au code IMDG [4] pour plus d’information.
7
Utilisation par un seul expéditeur d’un véhicule ou d’un grand conteneur, pour laquelle toutes les opérations initiales,
intermédiaires et finales de chargement, d’expédition et de déchargement se font conformément aux instructions de
l’expéditeur ou du destinataire, lorsque cela est prescrit par l’ADR.
8 TI signifie « indice de transport ». L’article 5.1.5.3 de l’ADR indique comment le calculer.
Le (5.3) du 7.5.11 CV 33 de l’ADR prévoit une vérification périodique de la contamination des matériels
et véhicules utilisés habituellement pour le transport de substances radioactives. La fréquence de ces
contrôles est déterminée par l’entreprise en fonction de la probabilité de contamination et des flux
transportés. Cette fréquence doit être indiquée dans le PPR.
L’ADR n’indique pas précisément qui doit effectuer les vérifications mais celles-ci doivent être réalisées
par des personnes compétentes, disposant d’une formation adéquate (voir la section 1.3 et l’article 1.7.2.5
de l’ADR).
Les contrôles de contamination sur le véhicule réalisés au titre de l’ADR peuvent tenir lieu des contrôles
d’ambiance requis par le 2° de l’article R. 4451-30 du code du travail pour évaluer le risque d’exposition
interne. En particulier, pour la contamination non fixée, les niveaux de contamination des surfaces des
véhicules en-dessous desquels une décontamination n’est pas nécessaire sont ceux de l’article 4.1.9.1.2 de
l’ADR : 4 Bq/cm2 pour les émetteurs gamma, béta et alpha de faible toxicité et 0,4 Bq/cm2 pour les
autres émetteurs alpha. De plus, l’intensité de rayonnement due à la contamination fixée doit être
inférieure à 5 µSv/h (voir article 7.5.11 CV 33 (5.4) de l’ADR).
La surveillance de routine de la contamination des moyens de transport et des équipements n’est pas
nécessaire pour des sources radioactives scellées, s’il peut être démontré que le risque de contamination
est très faible, ce qui est notamment le cas pour les matières radioactives sous forme spéciale (par exemple,
les appareils de gammagraphie). Cela suppose néanmoins qu’aucun aléa, incident ou accident susceptible
de compromettre l’intégrité de la source ne soit survenu.
Extraits de l’ADR
7.5.11 CV 33 Les véhicules et le matériel utilisés habituellement pour le transport de matières
(5.3) radioactives doivent être vérifiés périodiquement pour déterminer le niveau de
contamination. La fréquence de ces vérifications est fonction de la probabilité d’une
contamination et du volume de matières radioactives transporté.
7.5.11 CV 33 Sous réserve des dispositions du paragraphe (5.5), tout véhicule, équipement ou partie
(5.4) dudit, qui a été contaminé au-delà des limites spécifiées au 4.1.9.1.2 pendant le
transport de matières radioactives, ou dont l’intensité de rayonnement dépasse
5 µSv/h à la surface, doit être décontaminé dès que possible par une personne
qualifiée, et ne doit pas être réutilisé, à moins que les conditions suivantes ne soient
remplies :
a) la contamination non fixée ne doit pas dépasser les limites spécifiées au
4.1.9.1.2 ;
b) l’intensité de rayonnement résultant de la contamination fixée ne doit pas
dépasser 5 µSv/h à la surface.
3.6. Distances de séparation entre les colis et les travailleurs ou les colis et le public
Pendant les opérations de transport, des distances minimales de séparation entre les colis et les travailleurs
qui ne font pas l’objet d’une surveillance dosimétrique individuelle, ainsi qu’entre les colis et le public,
doivent être respectées (§ 7.5.11 CV 33 (1.1) et tableau A associé de l’ADR). Ces distances de séparation
s’appliquent également aux zones de travail et aux zones normalement accessibles au public. Elles visent
à réduire les doses reçues en éloignant les sources de rayonnements ionisants des personnes.
Extraits de l’ADR
7.5.11 CV 33 Les colis, suremballages, conteneurs et citernes contenant des matières radioactives et
(1.1) les matières radioactives non emballées doivent être séparés au cours du transport :
a) des travailleurs employés régulièrement dans des zones de travail
i) conformément au tableau A ci-dessous ;
ii) par des distances calculées au moyen d’un critère pour la dose de 5
mSv en un an et de valeurs prudentes pour les paramètres de modèles ;
[…]
b) des membres du public, dans des zones normalement accessibles au public
i) conformément au tableau A ci-dessous ;
ii) par des distances calculées au moyen d’un critère pour la dose de 1
mSv en un an et de valeurs prudentes pour les paramètres de modèles ;
c) […]
Exemple : pour un chargement dont l’indice de transport est égal à 1 (et donc non supérieur à 2), les colis des catégories II-
Jaune et III-Jaune de ce chargement doivent être placés à au moins 1 m des personnes du public (en considérant l’hypothèse
minimale d’exposition du tableau A, à savoir une zone où le public a régulièrement accès mais n’est exposé que 50 h/an).
L’entreprise de transport peut également choisir de ne pas utiliser les valeurs du tableau A et calculer elle-
même les distances minimales à appliquer, avec un critère de dose maximal de 5 mSv/an pour les
travailleurs qui ne font pas l’objet d’une surveillance dosimétrique individuelle et de 1 mSv/an pour le
public et en utilisant des hypothèses prudentes (§ 7.5.11 CV 33 (1.1) a) ii) et b) ii) de l’ADR). Il faut de
plus tenir compte des contraintes de dose fixées pour le public et pour les travailleurs (voir chapitre 3.4.4).
Le PPR doit indiquer les distances de séparation à appliquer (lorsque cela est pertinent au vu des activités
de l’entreprise).
Sans préjudice des prescriptions des 8.4 et 8.5, les dispositions suivantes s'appliquent au stationnement
en cours de transport des véhicules transportant des matières radioactives et à l'entreposage en transit
des matières radioactives, en dehors des établissements expéditeur et destinataire si ceux-ci relèvent de
l'un des régimes mentionnés à l'article L. 1333-4 du code de la santé publique.
Extraits de l’ADR
8.4.1 Les véhicules transportant des marchandises dangereuses dans les quantités indiquées dans
les dispositions spéciales S1 (6) et S14 à S24 du chapitre 8.5 pour une marchandise donnée
selon la colonne (19) du tableau A du chapitre 3.2 9 seront surveillées, ou bien ils pourront
stationner, sans surveillance, dans un dépôt ou dans les dépendances d’une usine offrant
toutes les garanties de sécurité. Si ces possibilités de stationnement n’existent pas, le
véhicule, après que des mesures appropriées de sécurité auront été prises, peut stationner
à l’écart dans un lieu répondant aux conditions énoncées aux a), b) ou c) ci-après :
a) un parc de stationnement surveillé par un préposé qui aura été informé de la nature
du chargement et de l’endroit où se trouve le conducteur ;
b) un parc de stationnement public ou privé où le véhicule ne courra probablement
aucun risque d’être endommagé par d’autres véhicules ; ou
c) un espace libre approprié situé à l’écart des grandes routes publiques et des lieux
habités et ne servant pas normalement de lieu de passage ou de réunion pour le
public.
Les parcs de stationnement autorisé au b) ne seront utilisés qu’à défaut de ceux qui sont
visés au a), et ceux qui sont décrits au c) ne peuvent être utilisés qu’à défaut de deux qui
sont visés aux alinéas a) et b).
9 La colonne (19) du tableau A du chapitre 3.2 de l’ADR indique que la disposition spéciale S21 du chapitre 8.5 est applicable
pour toutes les substances radioactives
3.7. Formation
Tous les travailleurs, dès lors qu’ils sont susceptibles d'être exposés aux rayonnements ionisants lors d’une
opération de transport, doivent suivre une formation en radioprotection, afin de connaître les
caractéristiques des rayonnements ionisants, les risques qu’ils présentent, les façons de s’en protéger et
d’en protéger les autres, ainsi que les dispositions réglementaires (voir article 1.7.2.5 de l’ADR). Cette
exigence permet également de faire progresser la culture de radioprotection au sein de l’entreprise, qui
est un élément indispensable pour maintenir les expositions aussi basses que raisonnablement possible.
Le niveau de formation doit être proportionné au niveau de risque et aux responsabilités du travailleur.
Les travailleurs (voir paragraphe 7.5.11 CV 33 nota 3) doivent être formés de manière appropriée sur
la radioprotection, y compris les précautions à prendre pour restreindre leur exposition au travail et
l’exposition des autres personnes qui pourraient subir les effets de leurs actions
En outre, cette obligation de formation doit s’articuler avec celles fixées par le code du travail en matière
d’information et de formation de manière générale et, de manière spécifique, en cas de risque d’exposition
aux rayonnements ionisants.
Il est considéré comme une bonne pratique que la formation dispensée au titre de l’ADR (voir article
1.7.2.5) suive les modalités de la formation prévue par le code du travail pour les travailleurs entrant en
zone réglementée (articles R. 4451-47 à 50 du code du travail), en particulier qu’elle soit renouvelée tous
les trois ans. Si ce n’est pas le cas, l’employeur doit pouvoir justifier que la formation qu’il délivre est
appropriée au regard des risques d’exposition.
La réglementation prévoit également que les travailleurs doivent recevoir une formation adaptée à leurs
responsabilités portant sur les prescriptions réglementaires les concernant et sur la sûreté en général. À
ce titre, ils doivent notamment être formés à la gestion de situations accidentelles (cf. guide ASN n° 17
[18]), et recevoir une information comme le prévoit en outre l’article R. 4451-52 du code du travail s’ils
travaillent en zone contrôlée.
La mise en œuvre du PPR doit répondre aux exigences de formalisation et de traçabilité du système de
management exigé pour toute opération de transport (voir article 1.7.3.1 de l’ADR), qui permet de
s’assurer de la conformité aux exigences réglementaires. Cela s’applique en particulier aux résultats des
différents contrôles ou évaluations qui doivent être réalisés.
Un système de management fondé sur des normes internationales, nationales ou autres qui sont
acceptables pour l’autorité compétente doit être établi et appliqué pour toutes les activités relevant de
l’ADR, telles qu’indiquées au 1.7.1.3, pour garantir la conformité avec les dispositions applicables de
l’ADR. Une attestation indiquant que les spécifications du modèle ont été pleinement respectées doit
être tenue à la disposition de l’autorité compétente. Le fabricant, l’expéditeur ou l’utilisateur doit être
prêt à :
a) fournir les moyens de faire des inspections pendant la fabrication et l’utilisation, et
b) prouver à l’autorité compétente qu’il observe l’ADR.
Lorsque l’agrément ou l’approbation de l’autorité compétente est requis, cet agrément ou cette
approbation doit tenir compte et dépendre de l’adéquation du système de management.
Au titre du système de management, le PPR doit faire l’objet d’évaluations de son efficacité, basées
notamment sur une analyse du retour d’expérience et sur des revues périodiques. Le système de
management doit donc prévoir de telles revues et les cadrer de façon qu’elles couvrent l’ensemble des
domaines traités dans le PPR, selon des fréquences adaptées aux enjeux et aux particularités de
l’entreprise. Ceci contribue également au respect des dispositions de l’article R. 1333-7 du code de la santé
Pour les activités de transport de matières radioactives, la PCR doit être titulaire d’un certificat délivré à
l’issue d’une formation dite :
- de niveau 1, secteur « transport de substances radioactives », si les colis transportés sont
uniquement de type excepté 10 ;
- de niveau 2, secteur « transport de substances radioactives », dans tous les autres cas.
Cette PCR est désignée parmi les travailleurs de l’entreprise. Toutefois, les activités de transport étant
soumises au régime de déclaration prévu par le code de la santé publique, l’employeur peut désigner une
PCR externe (sauf s’il exerce une activité qui est par ailleurs soumise à autorisation). Une PCR externe
doit avoir suivi une formation de niveau 2.
10
Les colis exceptés sont ceux qui correspondent au plus bas niveau de risque radiologique (cf. définition 2.2.7.2.4.1 de l’ADR)
Dans le cas d’une entreprise n’effectuant que quelques opérations de transport par an, l’obligation de
disposer d’une PCR ne s’applique que sur la durée de réalisation de ces opérations (en l’absence d’autres
activités nucléaires).
Les missions de la PCR, qu’elle soit interne ou externe à l’entreprise, sont fixées aux articles R. 4451-110
à R. 4451-113 du code du travail.
Article R. 4451-110
La personne compétente en radioprotection est consultée sur la délimitation des zones surveillée ou
contrôlée et sur la définition des règles particulières qui s'y appliquent.
Article R. 4451-111
La personne compétente en radioprotection participe à la définition et à la mise en œuvre de la
formation à la sécurité des travailleurs exposés, organisée en application de l'article R. 4451-47.
Article R. 4451-112
Sous la responsabilité de l'employeur et en liaison avec le comité d'hygiène, de sécurité et des conditions
de travail ou, à défaut, avec les délégués du personnel, la personne compétente en radioprotection :
1° Participe à la constitution du dossier de déclaration ou de demande d'autorisation prévue à l'article
L. 1333-4 du code de la santé publique ;
2° Procède à une évaluation préalable permettant d'identifier la nature et l'ampleur du risque encouru
par les travailleurs exposés. À cet effet, les personnes assurant l'encadrement des travaux ou des
opérations lui apportent leur concours ;
3° Définit, après avoir procédé à cette évaluation, les mesures de protection adaptées à mettre en
œuvre. Elle vérifie leur pertinence au vu des résultats des contrôles techniques et de la dosimétrie
opérationnelle ainsi que des doses efficaces reçues ;
4° Recense les situations ou les modes de travail susceptibles de justifier une exposition subordonnée
à la délivrance de l'autorisation spéciale requise en application de l'article R. 4451-15, définit les
objectifs de dose collective et individuelle pour chaque opération et s'assure de leur mise en œuvre ;
5° Définit les moyens nécessaires requis en cas de situation anormale.
Article R. 4451-113
Lorsqu'une opération comporte un risque d'exposition aux rayonnements ionisants pour des
travailleurs relevant d'entreprises extérieures ou pour des travailleurs non-salariés, le chef de l'entreprise
utilisatrice associe la personne compétente en radioprotection à la définition et à la mise en œuvre de
la coordination générale des mesures de prévention prévue à l'article R. 4451-8.
À ce titre, la personne compétente en radioprotection désignée par le chef de l'entreprise utilisatrice
prend tous contacts utiles avec les personnes compétentes en radioprotection que les chefs
d'entreprises extérieures sont tenus de désigner.
L’article 6 de l’arrêté « TMD » précise les cas d’exemption. Les entreprises ne réalisant que des transports
par voies aérienne ou maritime 11 ne sont pas soumises à cette obligation.
Le CST doit justifier d’un certificat couvrant la classe 7 (matières radioactives) et les modes de transport
terrestres utilisés (routier, ferroviaire et fluvial), délivré par un organisme agréé. La fonction de CST peut
être assurée par toute personne de l’entreprise (y compris le chef d’entreprise) ou par une personne
n’appartenant pas à cette dernière, à condition que l’intéressé soit effectivement en mesure de remplir ses
tâches de conseiller.
Le CST, expert auprès de l’entreprise en matière de sécurité des transports, et la PCR, experte auprès de
l’employeur en matière de radioprotection des travailleurs, ont des compétences spécifiques distinctes.
Leur formation et leur nomination répondent à des exigences différentes. Ils ne peuvent donc pas se
substituer l’un à l’autre. La collaboration entre la PCR et le CST est cependant essentielle. Par ailleurs, les
deux fonctions peuvent être exercées par la même personne.
Le SIR comprend un examen médical d’aptitude, effectué par le médecin du travail préalablement à
l’affectation sur le poste. La fréquence du SIR est annuelle pour les travailleurs classés en catégorie A
(article R. 4451-84 du code du travail), elle est déterminée par le médecin pour ceux classés en catégorie
B sans dépasser quatre ans, et ponctuée d’une visite intermédiaire par un professionnel de santé au plus
tard deux ans après la visite avec le médecin du travail.
Pour les travailleurs non classés, seule la visite d’information et de prévention dite « VIP » (articles
R. 4624-10 à R. 4624-21 12 du code du travail) s’applique.
Conformément à l’article R. 4451-9 du code du travail, les travailleurs non-salariés prennent les
dispositions nécessaires pour bénéficier d’un suivi médical adapté.
11
On entend par transport aérien toute opération de transport sur plate-forme aéroportuaire et toute opération
d’acheminement par voie aérienne. On entend par transport maritime seulement l’opération d’acheminement par voie
maritime proprement dite.
12 Issus du décret n° 2016-1908 du 27 décembre 2016 relatif à la modernisation de la médecine du travail
Lors de la phase d’acheminement sur la voie publique, seule la réglementation « transport » (ADR et
arrêté TMD) s’applique, notamment les dispositions sur les distances minimales entre les colis et le public
et les prescriptions relatives au stationnement (voir chapitre 3.6).
Dans le cas des zones de fret aérien, c’est la réglementation relative au transport par voie aérienne qui
s’applique.
En phase d’acheminement d’une opération de transport empruntant la voie publique, les entreposages
en transit ou les stationnements dont les durées dépassent celles permises par l’article 2.6.3 de l’annexe I
de l’arrêté TMD (72 heures dans le cas général, voir chapitre 3.6) ne relèvent plus de la réglementation
transport et c’est donc l’arrêté « zonage » [11] qui s’applique alors.
Lorsque l’arrêté « zonage » [11] s’applique, il convient de définir des zones selon les règles fixées pour les
installations (articles 3 à 11 de l’arrêté).
13 On entend par :
- opérations en amont : la préparation du colis et le chargement du véhicule ;
- opérations en aval : la réception et le déchargement du véhicule.
Calcul de l’exposition
En considérant que la source est ponctuelle (approximation acceptable pour de petits colis, étant donné
les faibles enjeux), le facteur d’atténuation dû à la distance entre le débit de dose à d 0 = 1 m (l’indice de
transport) et le débit de dose à d = 10 m (distance entre les travailleurs et les colis) peut être considéré
comme égal à l’inverse du rapport des distances au carré, soit :
d0 2 12 1
� � = 2=
d 10 100
Compte tenu de la distance entre les colis et les travailleurs, et de l’épaisseur du mur, le facteur de
réduction totale par rapport au débit de dose à 1 m est de :
1/100 ×1/50 = 1/5000
Le débit de dose dans le bureau est donc de 100/5000 = 0,02 µSv/h lorsque les colis sont présents, ce
qui correspond, compte tenu de la durée de présence maximale des colis de 3 heures par jour, à 0,06 µSv/jour.
Pour une durée annuelle de 230 jours travaillés, la dose efficace retenue sera donc de 230 × 0,06 = 13,8
µSv.
Calcul de l’exposition
En considérant que la source est ponctuelle et en appliquant donc la loi d’atténuation en inverse des
carrés des distances, on obtient un facteur d’atténuation entre le débit de dose à 1 m et celui à 2 m égal à
12 1
22
= 4.
Le débit de dose auquel est soumis le conducteur est donc 0,1/4 = 0,025 mSv/h pour chaque colis, soit
2 × 0,025 = 0,05 mSv/h pour l’ensemble des deux colis.
En considérant que le conducteur effectue un voyage d’une heure par jour, 230 jours par an, sa dose
prévisionnelle annuelle est de 230 × 0,05 = 11,5 mSv.
Remarque : Au vu de l’exposition prévisionnelle calculée, le PPR devrait prévoir des moyens techniques
ou organisationnels pour réduire l’exposition du conducteur. Par exemple, une plaque de
plomb de 3 mm derrière le poste de conduite offrirait une réduction de dose de l’ordre de
30 %, (dans le cas de colis contenant du fluor 18), ce qui réduirait la dose annuelle prévisible
du conducteur à 8 mSv.
Calcul de l’exposition
L’employé est donc exposé à 0,1 mSv/h x 2 min = 3,3 µSv à chaque passage de camion.
Sur un an, cet employé, en considérant de manière prudente qu’il s’agit toujours de la même personne,
est exposé à 174 µSv du fait de cette seule pratique.
Remarque : Au vu de l’exposition prévisionnelle, le PPR devrait envisager une optimisation de la dose reçue par
ce membre du public. Des moyens techniques et organisationnels pour réduire l’exposition de
l’employé du péage peuvent encore être envisagés (la limitation de l’activité des colis, le blindage
supplémentaire du véhicule, l’éloignement des colis de la paroi du véhicule pour diminuer le débit
de dose au contact...), voire l’utilisation du télépéage afin de ne plus exposer l’employé du péage.
14 Ce tableau est reproduit ici avec l’aimable permission de l’Agence internationale à l’énergie atomique.