Arithmétique Dans Z: Thomas Richez
Arithmétique Dans Z: Thomas Richez
Arithmétique Dans Z: Thomas Richez
Thomas Richez
On étudie dans ce chapitre l’ensemble des entiers relatifs Z = {. . . , −2, 1, 0, 1, 2, . . .}. On rappelle aussi
que N = {0, 1, 2, 3, . . .} désigne l’ensemble des entiers naturels.
Proposition 1 (Propriétés fondamentales) : (1) Toute partie non vide majorée de Z admet un plus
grand élément.
(2) Toute partie non vide et minorée de Z admet un plus petit élément.
Proposition 2 (Addition et multiplication) : (Z, +, ×) est un anneau commutatif intègre, ce qui signifie
que :
0 est l’élément neutre de Z pour + : ∀n ∈ Z, n + 0 = 0 + n = n
−n est l’inverse (ou opposé) de n pour + : ∀n ∈ Z, n + (−n) = (−n) + n = 0
+ une loi associative : ∀m, n, p ∈ Z, m + (n + p) = (m + n) + p
+ est une loi commutative : ∀m, n ∈ Z, n + m = m + n
1 est le neutre de Z pour la loi × : ∀n ∈ Z, n × 1 = 1 × n = n
× est associative : ∀m, n, p ∈ Z, m × (n × p) = (m × n) × p
× est distributive par rapport à + : ∀m, n, p ∈ Z, (m + n) × p = m × p + n × p et p × (m + n) = p × m + p × n
× est commutative : ∀m, n ∈ Z, n × m = m × n
L’anneau (Z, +, ×) est intègre : ∀m, n ∈ Z, n × m = 0 ⇐⇒ n = 0 ou m = 0.
1. Divisibilité
Définition 1 (Divisibilité) : Si m, n sont des entiers et n 6= 0, on dit que n divise m s’il existe un entier
k ∈ Z tel que m = kn. On note n|m.
On dit que « n divise m », que « m est un multiple de n », « m est divisible par n » ou encore que « n
est un diviseur de m ».
Lemme 1 : Soient m, n ∈ Z∗ tels que n|m. L’entier k tel que m = kn est unique.
1
2 THOMAS RICHEZ
Démonstration. Si on avait deux entiers k, l tels que kn = ln, cela impliquerait (k − l)n = 0, donc
k − l = 0 (car si un produit d’entiers est nul, au moins l’un des deux est nul), ou encore k = l.
Proposition 3 : Si m, n, p ∈ Z, on a
(i) n|m et m|p =⇒ n|p
(ii) n|m et m|n ⇐⇒ n = ±m.
(iii) n|m et n|p =⇒ n|m + p. Plus généralement, pour tous a, b ∈ Z, n|(am + bp).
Démonstration. (i) n|m donc il existe un k ∈ Z tel que m = kn. De même, m|p donc il existe
l ∈ Z tel que p = lm. Donc
p = ln = l(kn) = (lk) n
|{z}
∈Z
c’est-à-dire n|p.
(ii) Le sens réciproque est immédiat. Pour l’implication, si n divise m : ∃k ∈ Z, m = kn et m divise n,
donc ∃l ∈ Z tel que n = lm, alors
Si m = 0, alors n = l × 0 = 0 et on a bien n = ±m = 0.
Si kl = 1, soit l = k = 1, soit l = k = −1. Dans ce cas aussi, on a n = ±m. D’où (ii).
(iii) n|m donc ∃k ∈ Z : m = kn et n|p donc ∃l ∈ Z : p = ln. Donc
m + p = kn + ln = (k + l) n,
| {z }
∈Z
c’est-à-dire n divise m + p.
Démonstration. Il existe k ∈ Z tel que m = kn. On en déduit que |m| = |kn|, ce qui équivaut à
m = |k| × |n| (car m est positif). Par ailleurs, k est un entier non nul (car m 6= 0), donc |k| ≥ 1 et alors
|k| · |n| ≥ |n|. Finalement, m ≥ |n|.
Démonstration. Si m > 0, alors ses diviseurs appartiennent à l’intervalle [−m, m] d’après la proposition
4, intervalle qui contient un nombre fini d’entiers.
Si m < 0, alors ses diviseurs sont les mêmes que ceux de −m. Or −m > 0 et la première partie de la
preuve s’applique.
(
0 0
n = mq 0 + r0
Démonstration. Unicité : Supposons qu’il existe deux autres entiers q , r ∈ Z tels que .
0 ≤ r0 < m
Donc
mq + r = n = mq 0 + r0
⇐⇒ mq − mq 0 = r0 − r
⇐⇒ m(q − q 0 ) = r0 − r.
0 ≤ r − m = n − mq − m = n − m(q + 1) ∈ A
2. PGCD et PPCM
Définition 2 (Plus Grand Commun Diviseur) : Soient n, m ∈ Z deux entiers non tous deux nuls. Le plus
grand entier qui divise à la fois m et n est appelé le Plus Grand Commun Diviseur (ou pgcd) de m et n. On
le note pgcd(m, n) ou encore m ∧ n. C’est un entier strictement positif.
Remarque 1 : On note Dn,m l’ensemble des diviseurs communs à n et m. C’est une partie non vide de Z
car 1 divise toujours n et m. C’est une partie majorée de Z par le plus petit des nombres |n| et |m|. Les
propriétés fondamentales de Z assure l’existence du plus grand élément de Dn,m : donc la définition de pgcd
à un sens.
de n et m, on a alors
dd0 ≤ d =⇒ d0 ≤ 1 (car d > 0)
0
=⇒ d =1 (car d0 > 0).
ARITHMÉTIQUE DANS Z 5
3. Théorème de Bezout
Le théorème suivant est très important et a de nombreuses conséquences. Nous en verrons plusieurs.
Théorème 2 (de Bezout) : Soient m, n ∈ Z∗ . Alors il existe (u, v) ∈ Z2 tel que un + vm = pgcd(n, m).
Une telle relation s’appelle une relation de Bezout.
où rN = pgcd(n, m) est le dernier reste 6= 0. On va montrer par récurrence (finie) sur k que, pour tout
1 ≤ k ≤ N , il existe (uk , vk ) ∈ Z2 tel que rk = nuk + mvk .
(Initialisation) k = 1 : C’est vrai car r1 = n × 1 + m × (−q1 ), donc u1 = 1 et v1 = −q1 conviennent.
k = 2 : C’est vrai aussi car
(Hérédité) Alors
rk = rk−2 − rk−1 qk
= (nuk−2 + mvk−2 ) − (nuk−1 + mvk−1 )qk
= n (uk−2 − uk−1 qk ) +m (vk−2 − vk−1 qk ) .
| {z } | {z }
:=uk ∈Z :=vk ∈Z
(
uk = uk−2 − uk−1 qk
Ainsi conviennent : la propriété est donc héréditaire. Etant vraie pour k =
vk = vk−2 − vk−1 qk
1, 2, elle est vraie pour tout 1 ≤ k ≤ N et
Exemple 6 :
129 = 12 × 10 + 9 =⇒ 9 = 129 − 12 × 10
12 = 9 × 1 + 3 =⇒ 3 = 12 − 9 × 1
⇐⇒ 3 = 12 − (129 − 12 × 10) × 1
⇐⇒ 3 = 129 × (−1) + 12 × (11) = pgcd(129, 12).
Exemple 7 : Soit n ≥ 2.
9n + 4 = (2n + 1) × 4 + n =⇒ n = 9n + 4 − (2n + 1) × 4
2n + 1 = n × 2 + 1 =⇒ 1 = (2n + 1) − n × 2
⇐⇒ 1 = (2n + 1) − ((9n + 4) − (2n + 1) × 4) × 2
⇐⇒ 1 = (9n + 4) × (−2) + (2n + 1) × (9) = pgcd(9n + 4, 2n + 1).
Démonstration. Première méthode : pgcd(np, mp) = p · pgcd(n, m) = p. Or n|np et n|mp (par hypo-
thèse), donc n|pgcd(np, mp), c’est-à-dire n|p.
Deuxième méthode (avec Bezout) : Par le théorème de Bezout, il existe des entiers u, v ∈ Z tels que
nu + mv = 1. Il s’ensuit que nup + mvp = p. Or n|nup et n|mvp (par hypothèse), donc n divise leur somme
qui est égale à p.
Définition 4 (Plus Petit Commun Multiple) : Le plus petit entier positif à la fois multiple des entiers m
et n est appelé le Plus Petit Commun multiple (ou ppcm) de m et n. On le note ppcm(m, n) ou encore m ∨ n.
Remarque 2 : L’ensemble Mn,m des multiples communs positifs à n et m est non vide (car nm ∈ Mn,m ),
minoré (par 0), donc admet un plus petit élément. Le ppcm est donc bien défini.
— ppcm(n, 1) = n,
— ppcm(n, m) = ppcm(n, −m) = ppcm(−n, m) = ppcm(−n, −m),
— ppcm(7, 21) = 21 = 21 × 1 = 7 × 3,
— ppcm(11, 9) = 99 = 9 × 11,
— ppcm(15, 6) = 30 = 15 × 2 = 6 × 5.
Proposition 7 : Soient n, m ∈ N deux entiers naturels non tous deux nuls, alors nm = pgcd(m, n) ·
ppcm(m, n). En particulier, si pgcd(m, n) = 1, ppcm(m, n) = mn.
Démonstration. Soit d = pgcd(n, m) et p = ppcm(n, m). On veut montrer que dp = nm. Notons
n0 = n/d et m0 = m/d. On se ramène de cette manière à montrer que p = n0 m. Pour cela, on va montrer
successivement que
(1) n0 m ≤ p,
(2) et p ≤ n0 m.
Faisons-le :
(1) Par définition du ppcm, :
∃k, l ∈ Z : p = nk = ml.
Alors
n m
dn0 k = d k = nk = p = ml = d l = dm0 l.
d d
Puisque d 6= 0, on a donc n0 k = m0 l et donc n0 divise m0 l. Or pgcd(n0 , m0 ) = 1, donc par le théorème
de Gauss, n0 divise l :
∃q ∈ Z : l = n0 q.
Alors p = ml = mn0 q, donc n0 m|p. Il s’ensuit que
n0 m ≤ p.
(2) Par ailleurs, n0 m = nm0 = nm 0 0
d . Donc n m est un multiple de n. Mais n m est aussi un multiple de m
0
donc n m est un multiple commun à n et m. Par définition du ppcm, on e déduit que
p = ppcm(n, m) ≤ n0 m.
Ainsi, n0 m = p ⇐⇒ n
dm = p ⇐⇒ nm = dp.
Démonstration. (⇐) Supposons ppcm(n, m)|k. Comme n, m divisent ppcm(m, n), m, n divisent aussi
k (par transitivité de la relation |). Donc la réciproque est vraie.
(⇒) Soit d = pgcd(n, m) et p = ppcm(n, m). Posons aussi n0 = n/d et m0 = m/d. Alors pgcd(n0 , m0 ) = 1
d’après le lemme 3.
D’autre part, k étant un multiple commun à n et m, il existe q, l ∈ Z tels que k = nq = ml.
Alors nq = ml ⇐⇒ n0 q = m0 l car d 6= 0. Donc n0 |m0 l. Comme pgcd(n0 , m0 ) = 1, le théorème de Gauss
montre que n0 |l. Il s’ensuit que n0 m divise ml (car m 6= 0). Or la proposition 7 affirme que
dp
n0 m = = p.
d
Finalement p|ml = k. D’où le corollaire.
4. Equations diophantiennes
Définition 5 (Equation diophantienne) : On appelle équation diophantienne toute équation dont on
recherche les solutions entières.
Démonstration. (⇒) Si (1) a une solution (x0 , y0 ) ∈ Z2 , alors ax0 + by0 = c. Or pgcd(a, b) divise a et
b, donc ax0 + by0 , donc c.
(⇐) Réciproquement, supposons que pgcd(a, b) divise c :
∃k ∈ Z : c = k · pgcd(a, b).
D’après le théorème de Bezout, on a aussi
∃u, v ∈ Z : au + bc = pgcd(a, b).
En multipliant cette dernière égalité par k, il vient
a(ku) + b(kv) = k · pgcd(a, b) = c.
Ainsi (ku, kv) est solution de (1).
La preuve de cette proposition est constructive. Il faut savoir refaire le raisonnement détaillé ci-dessous
dans les exercices.
Exemple 9 : On considère l’équation 252x + 69y = 7. Vérifions que celle-ci n’a pas de solutions dans Z2 .
Pour cela, on commence par calculer pgcd(252, 69) :
252 = 69 × 3 + 45
69 = 45 × 1 + 24
45 = 24 × 1 + 21
24 = 21 × 1 + 3
21 = 7 × 3 + 0.
D’où pgcd(252, 69) = 3 et 3 ne divise pas 7.
Exemple 10 : Considérons l’équation 252x + 69y = 6. Comme pgcd(252, 69) = 3, ce qui divise 6, l’équation
admet des solutions. Cherchons une solution particulière avec l’algorithme d’Euclide étendu :
3 = 24 − 21 × 1
= 24 − (45 − 24) = 24 × 2 − 45
= (69 − 45) × 2 − 45 = 69 × 2 − 3 × 45
= 69 × 2 − 3 × (252 − 69 × 3) = 252 × (−3) + 69 × 11
donc 252 × (−6) + 69 × 22 = 6. Ainsi, (x0 , y0 ) = (−6, 22) est une solution particulière de l’équation. On en
déduit que la forme générale des solutions est (x, y) = (−6 + k × 23, 22 − k × 84) où k ∈ Z.
5. Nombres premiers
Définition 6 (Nombre premier) : Soit n ∈ N∗ . On dit que n est premier s’il n’admet que deux diviseurs
positifs distincts : 1 et lui-même. Un facteur premier de n est un nombre premier qui divise n.
Démonstration. Notons Dn l’ensemble des diviseurs ≥ 2 de n. Il est non vide puisque n ∈ Dn car
n ≥ 2 par hypothèse. Dn est minoré par 2 par définition. Ainsi Dn admet un plus petit élément p. Il faut
voir que p est premier. (
d|p
Soit d ≥ 2 un entier divisant p. Alors , donc d|n et par conséquent d ∈ Dn . Or d|p donc d ≤ p.
p|n
Par minimalité de p, on a donc d = p. Finalement tout diviseur ≥ 2 de p est égal à p, ce qui prouve que p est
bien premier.
Démonstration. (Preuve du à Euclide, III e siècle avec JC). Supposons par l’absurde qu’il y en a un
nombre fini N ≥ 1 et notons les p1 , . . . , pN .
Considérons
n = p1 × · · · × pN + 1 ≥ 2.
Comme n ≥ 2, il admet un facteur premier p ≥ 2 d’après le lemme 5. Si p est l’un des pi , alors
(
p|p1 p2 · · · pN
=⇒ p|n − p1 p2 · · · pN = 1
p|n
ce qui est impossible. Donc p est un nombre premier différent des p1 , . . . , pN : contradiction.
10 THOMAS RICHEZ
Lemme 6 (d’Euclide) : Soient p un nombre premier et n, m ∈ Z. Si p divise le produit nm, alors p divise
n ou p divise m.
Démonstration. Puisque p est premier, les diviseurs positifs de p sont 1 et p. Par conséquent, deux
cas se présentent :
(1) soit pgcd(p, n) = p, c’est-à-dire p|n. A fortiori, l’assertion p|n ou p|m est vraie ;
(2) soit pgcd(p, n) = 1 et dans ce cas l’hypothèse p|nm permet d’appliquer le théorème de Gauss pour en
déduire que p|m. Là encore le résultat annoncé est vrai.
Corollaire 4 : Si un nombre premier p divise un produit d’entiers n1 n2 · · · nk , alors p divise l’un des ni .
√
Proposition 10 : Soit n ≥ 2. Si n n’est pas premier, alors il admet un facteur premier p ≤ n.
et on vérifie en posant les divisions qu’aucun de ces nombres premiers ne divise 641.
Lemme 7 : Soit n ≥ 2 et n = pa1 1 pa2 2 · · · par r sa décomposition en produit de facteurs premiers. Alors tout
diviseur positif d de n s’écrit sous la forme d = pb11 pb22 · · · pbrr où les bi vérifient 0 ≤ bi ≤ ai .
Démonstration. Si d|n alors tout facteur premier de d est en particulier un facteur premier de n =
pa1 1 · · · par r . Par conséquent, d’après le lemme d’Euclide les facteurs premiers de d sont parmi les p1 , . . . , pr .
Donc d = pb11 · · · pbrr avec des entiers bi ≥ 0. Or d|n, donc chaque pbi i |pai i (encore par le lemme d’Euclide 6) et
nécessairement bi ≤ ai . Réciproquement, tous les entiers d de cette forme divisent n.
23 × 3 = 24 22 × 3 = 12 2×3=6 3 23 = 8 22 = 4 2 1.
Proposition 11 : Soient m, n ∈ N∗ , m = pa1 1 pa2 2 · · · par r et n = pb11 pb22 · · · pbrr pour certains entiers ai , bi
éventuellement nuls et des pi premiers. Alors,
Qr min(ai ,bi )
— d := pgcd(m, n) = i=1 pi ,
Qr max(ai ,bi )
— p := ppcm(m, n) = i=1 pi .
Alors
pgcd(12, 129) = 20 × 31 × 430 = 3 et ppcm(12, 129) = 22 × 3 × 43 = 516.
Démonstration. Clairement, d|n et d|m (car min(ai , bi ) ≤ ai et ≤ bi ; c’est le lemme précédent) : d est
un diviseur commun de n et m. Par ailleurs, d’après le lemme précédent, tout diviseur positif de n et de m
s’écrit
pε11 · · · pεrr 0 ≤ εi ≤ ai , 0 ≤ εi ≤ bi
ce qui est équivalent à demande 0 ≤ εi ≤ min(ai , bi ). Donc d est bien le plus grand d’entre eux.
On sait enfin que n × m = pgcd(n, m) × ppcm(n, m). Donc
n×m a +b −min(a1 ,b1 )
ppcm(n, m) = = p1 1 1 · · · prar +br −min(ar ,br ) = p
d
car on a toujours ai + bi = min(ai , bi ) + max(ai , bi ). D’où la proposition.
12 THOMAS RICHEZ
6. Congruences
6.1. Définitions et propriétés. On fixe dans toute cette partie un entier n ≥ 1.
Remarque 4 : Les propriétés (i),(ii) et (iii) traduisent le fait que la relation de congruence modulo n est ce
qu’on appelle une relation d’équivalence sur Z.
Exemple 18 : 1e méthode (récurrence) : cf. TD 7n − 1 est divisible par 6 pour tout n ∈ N (ou encore
7n ≡ 1 mod 6). En effet, on peut procéder par récurrence sur n.
Si n = 0 : 7n − 1 = 1 − 1 = 0 est bien divisible par 6.
Supposons que pour un certain n ≥ 0, 7n − 1 est divisible par 6 et montrons que c’est encore le cas pour
n+1
7 − 1. On a 7n+1 = 7 × 7n . Or
7≡1 mod 6
et 7n ≡ 1 mod 6 par hypothèse de récurrence. Alors la propriété (v) du lemme 8 entraîne que 7 × 7n ≡ 1 × 1
mod 6, c’est-à-dire 7n+1 ≡ 1 mod 6. La propriété est donc héréditaire. Etant vraie pour n = 0 elle est vraie
pour tout n ≥ 0.
2e méthode (congruence) : On a 7 ≡ 1 mod 6 et on utilise le point (v) du lemme n fois pour obtenir
7 ≡ 1n = 1 mod 6 ; c’est-à-dire 6|7n − 1.
n
Remarque 5 (importante) : Ce lemme nous dit notamment que deux classes de congruence a, b sont égales
dans Z/nZ si et seulement si les entiers a, b sont congrus dans Z modulo n.
Démonstration. ( Par le théorème concernant la division euclidienne, il existe un unique couple (q, r)
a = nq + r
d’entiers tels que . Donc a − r = nq, c’est-à-dire n|a − r, ou encore a ≡ r mod n. Ceci montre
0≤r<n
la première partie de la proposition.
Si 0 ≤ r < n et 0 ≤ r0 < n, alors, −n < r − r0 < n. Or
r ≡ r0 mod n ⇐⇒ n | r − r0 ⇐⇒ r − r0 = nk pour un certain entier k.
Ainsi, −n < nk < n. Il s’ensuit que nk = 0 puis k = 0 (car n 6= 0). Donc r − r0 = 0, c’est-à-dire r = r0 .
Exemple 20 (Important : Puissance modulo un entier) : Quel est le reste de la division euclidienne par 13
de 1001000 ?
Comme 100 = 7 × 13 + 9, 100 ≡ 9 mod 13. Par propriété (v) des congruences, 1001000 ≡ 91000 mod 13.
Or 92 ≡ 81 ≡ 3 mod 13 (car 81 = 13 × 6 + 3) et donc 93 ≡ 9 × 92 ≡ 9 × 3 ≡ 1 mod 13. Finalement,
1001000 ≡ 91000 ≡ 93×333+1 ≡ (93 )333 × 9 ≡ 1333 × 9 ≡ 9 mod 13.
1000
Ainsi le reste de la division euclidienne de 100 par 13 est 9.
Corollaire 5 : Si a ∈ Z, il existe un unique 0 ≤ r < n tel que a ≡ r mod n. On en déduit que Z/nZ
possède n éléments et Z/nZ = {0, 1, . . . , n − 1}.
De manière générale, on a toujours n = 0 dans Z/nZ. En effet, 0 est le reste dans la division euclidienne
de n par n. De même, n + 1 = 1, n + 2 = 2,etc.
Remarque 6 : Cette définition a un sens car a + b et ab ne dépend pas de a et b mais dépend uniquement de
a et b. Autrement dit, si a = a0 et b = b0 , on vérifie que a + b = a0 + b0 et a · b = a0 · b0 . C’est une conséquence
du lemme 8 (iv) et du lemme 9.
14 THOMAS RICHEZ
Démonstration. (Exercice)
Remarque 7 : (Z/nZ, +, ·) est un anneau commutatif, c’est-à-dire que toutes les propriétés de Z listées en
début de chapitre (Proposition 2) restent valables pour (Z/nZ, +, ×) sauf la dernière propriété concernant
l’intégrité.
Exemple 23 : Attention : si n n’est pas premier, Z/nZ n’est pas premier. Par exemple dans Z/6Z, on a
aussi 2 × 3 = 6 = 0.
+ 0 1 2 3 4 5
0 0 1 2 3 4 5
1 1 2 3 4 5 0
2 2 3 4 5 0 1
3 3 4 5 0 1 2
4 4 5 0 1 2 3
5 5 0 1 2 3 4
Définition 10 (Classe inversible) : Un élément a ∈ Z/nZ est dit inversible s’il existe b ∈ Z/nZ, appelé
inverse de a tel que a · b = b · a = 1.
3 ∈ Z/4Z× .
Proposition 14 : Soit a ∈ Z/nZ. Si a est inversible, son inverse unique. On parle alors de l’inverse de a
(au lieu de un inverse de a).
c = c · 1 = c · (a · b) = (c · a) · b = 1 · b = b.
a·u=1 ⇐⇒ au = 1
⇐⇒ 1 − au = 0
⇐⇒ 1 − au = 0.
Conséquence 1 : Si p est un nombre premier, tous les éléments non nuls de Z/pZ sont inversibles. On dit
alors que Z/pZ est un corps. En particulier, Z/pZ est intègre.
Démonstration.
ax ≡ b mod n ⇐⇒ ax ≡ ax0 mod n
⇐⇒ n|ax − ax0
⇐⇒ n|a(x − x0 )
⇐⇒ n0 |a0 (x − x0 ) en divisant par pgcd(a, n) 6= 0
⇐⇒ n0 |x − x0 par le théorème de Gauss
⇐⇒ ∃k ∈ Z, x − x0 = kn0 .
16 THOMAS RICHEZ
n
Remarque 8 : Autrement dit, si une solution existe dans Z, elle est unique modulo pgcd(a,n) (ie. unique
n
dans Z/ pgcd(a,n) Z).
Exemple 26 : Résoudre l’équation 24x ≡ 4 mod [10]. Comme 24 = 23 · 3 et 10 = 2 · 5, pgcd(24, 10) = 2 qui
divise bien 4. Donc cette équation admet au moins une solution.
Commençons par chercher une solution particulière. On peut deviner que 1 est une solution évidente.
Sinon, on cherche une relation de Bezout entre 24 et 10. On a par l’algorithme d’Euclide :
24 = 2 × 10 + 4
10 = 2 × 4 + 2
4=2×2+0
Ainsi,
2 = 10 − 2 × 4
= 10 − 2 × (24 − 2 × 10)
= 24 × (−2) + 10 × 5.
Il s’ensuit que 24 × (−4) + 10 × (10) = 4 et donc que 24 × (−4) ≡ 4 mod 10. Donc x0 = −4 est une solution
particulière.
Cherchons la solution générale en reprenant la démarche de la proposition ci-dessus. Soit x ∈ Z solution.
Ceci équivaut à
24x ≡ 4 mod 10 ⇐⇒ 24x ≡ 24x0 mod 10
⇐⇒ 10|24(x + 4)
⇐⇒ 5|12(x + 4)
⇐⇒ 5|x + 4 par le théorème de Gauss
⇐⇒ ∃k ∈ Z : x = −4 + 5k.
L’ensemble des solutions de l’équation est donc
S = {−4 + 5k ∈ Z | k ∈ Z}.
6.3. Système d’équations diophantiennes. On considère le système
(
x ≡ a mod n
(2)
x ≡ b mod m.
Proposition 17 : Soient m, n ≥ 2. Le système (2) admet une solution si et seulement si pgcd(m, n)|(a−b).
(
x0 ≡ a mod n
Démonstration. (⇒) Notons d := pgcd(m, n). Si , alors n|x0 − a et m|x0 − b. Or
x0 ≡ b mod m.
d|n et d|m. Donc d|x0 − a et aussi d|x0 − b et aussi d divise (x0 − b) − (x0 − a) = a − b.
(⇐) On suppose que d|a − b, c’est-à-dire qu’il existe k ∈ Z tel que a − b = kd. Posons
n m
n0 = et m0 =
d d
et on considère une relation de Bezout n0 u + m0 v = 1 entre n0 et m0 . Soit
x0 := bn0 u + am0 v (Formule à retenir).
Montrons que x0 convient. On a
x0 = bn0 u + am0 v
= (a − kd)n0 u + am0 v
= a(n0 u + m0 v) − kdn0 u
= a − n(ku),
ARITHMÉTIQUE DANS Z 17
Corollaire 6 (Théorème des restes Chinois) : Soient m, n ≥ 2 deux entiers premiers entre eux. Le
système (2) admet une solution dans Z.
Remarque 11 : On lit « k parmi n ». Il s’agit du nombre de manière de choisir k éléments parmi une liste
de n éléments (sans tenir compte de l’ordre). On parle de k-combinaison.
18 THOMAS RICHEZ
Proposition 18 :
n n n n
= =1 = n.
k n−k 0 1
Démonstration. (Exercice)
Exemple 27 :
(x + y)2 = 1x2 + 2xy + 1y 2
(x + y)3 = 1x3 + 3x2 y + 3xy 2 + 1y 3
(x + y)4 = 1x4 + 4x3 y + 6x2 y 2 + 4xy 3 + 1y 3 ...
Remarque 13 : La formule du binôme de Newton est vraie pour toutes matrices M, N ∈ Mn (K) telles que
MN = NM.
Lemme 11 : Soit p un nombre premier. Si k est un entier tel que 0 < k < p, alors p divise kp .
Démonstration. Soit k un entier entre 0 < k < p. On a par définition des coefficients binomiaux :
p
p! = k!(p − k)! .
k
Comme p divise p!, p divise aussi k!(p − k)! kp et puisque p est premier, le lemme d’Euclide assure que p
Démonstration. Soit x ∈ Z.
On commence par le cas p = 2. Alors, on a x2 − x = x(x − 1). Donc x2 − x est le produit de deux entiers
consécutifs, donc est pair. Il s’ensuit que x2 − x ≡ 0 mod 2 et le résultat est vrai.
Dans le cas où p est premier > 2, p est impair et on montre par récurrence sur x ∈ N que xp ≡ x mod p.
(1) Si x = 0, le résultat est vrai.
(2) Supposons que l’on a xp ≡ x mod p.
(3) Alors par la formule du binôme de Newton,
p p p p−1 p p−2 p p−k p
(x + 1) = x + x + x + ... + x + ... + x + 1.
1 2 k p−1
Le lemme précédent montre que p divise kp pour 0 < k < p. Autrement dit, kp ≡ 0 mod p pour
Démonstration. Soit x ∈ Z tel que p ne divise pas x. Alors d’après le petit théorème de Fermat,
xp − x ≡ 0 mod p. Autrement dit, p divise xp − x = x(xp−1 − 1). Or p étant premier et ne divisant pas x,
il est premier à x. Le théorème de Gauss montre que donc p divise xp−1 − 1, ce qui signifie que xp−1 ≡ 1
mod p.
Exemple 28 : Calculons 7241 mod 13. Puisque 13 est un nombre premier et que 13 ne divise pas 7, on
obtient 712 ≡ 1 mod 13. Comme 241 = 12 × 20 + 1, on en déduit que
7241 ≡ 712×20+1 ≡ (712 )20 × 7 ≡ 120 × 7 ≡ 7 mod 13.