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LECTURE EN
TROIS TABLEAUX DES POLITIQUES PUBLIQUES
TOURE Mamoutou
Maître-Assistant
Institut de Géographie Tropicale, Laboratoire Espace-Système
Université Félix Houphouët-Boigny (Abidjan, Côte d’Ivoire)
[email protected]
RÉSUMÉ
La présente contribution est un regard critique sur les référents théoriques affichés par la nouvelle politique de l’aménagement du
territoire en Côte d’Ivoire au regard des politiques passées. Elle s’appuie principalement sur la documentation accumulée par le minis-
tère ivoirien du plan à la fois concepteur et maître d’œuvre de ces politiques. L’analyse révèle que l’aménagement du territoire ivoirien
procède d’une vision coloniale d’organisation du territoire que les politiques publiques ont reconduite dans la Côte d’Ivoire indépendante
en y apportant des correctifs. Plus de cinquante ans après, la Côte d’Ivoire est toujours à la recherche du meilleur aménagement de
son territoire alors que les référents théoriques des nouvelles politiques s’apparentent à des copies conformes des politiques passées.
Mots-Clés : Politiques publiques, aménagement du territoire, stratégies, Côte d’Ivoire.
SUMMARY
The contribution is a critical look at the theoretical references displayed by the new policy of land in Ivory Coast in terms of past
policies. It relies mainly on documentation accumulated by the Ivorian Ministry of Planning both designer and master of implementa-
tion of these policies. The analysis revealed that land Ivorian territory stems from a colonial vision of territorial organization that public
policies were renewed in Côte d’Ivoire by bringing independent patches. Over fifty years later, the Ivory Coast is always looking for the
best development of its territory, while the theoretical referents of the new policies are like carbon copies of past policies.
Tags : Public policies, regional planning, strategies, Ivory Coast.
TABLEAU 1-
TABLEAU 3
Cependant, il n’y a jamais eu réellement de choix entre le meilleur « aménagement du territoire » possible.
Le déploiement de l’appareil institutionnel ne procède pas vraiment d›une recherche de la complémentarité
CONCLUSION
Une relecture approfondie et croisée du corpus documentaire du ministère ivoirien du plan laisse trans-
paraître une conduite intelligente du développement national à partir de l’appréciation réaliste du contexte
social, géographique, des ressources et de l’organisation spatiale héritée de la colonisation.
L’aménagement du territoire se traduit par la continuité avec la logique productiviste imprimée par le
système colonial à travers une approche volontariste et reposant sur le modèle itinérant et agro-exportateur.
L’Etat ivoirien élargit la base de l’accumulation, lancée dans le Sud-Est, par le déploiement à différents pas
de temps de projets agricoles d’envergure. Parallèlement aux nombreuses actions intégrées, dotées de gros
moyens, plus discrètes mais nombreuses, les opérations sectorielles (plans palmier, cocotier, hévéa, coton,
sucre, soja, etc.) concourent au même but de promotion régionale dans toutes les campagnes ivoiriennes,
notamment dans le Nord ivoirien où ces actions prennent une ampleur particulière.
La fin de la décennie 1960-1970 marque un changement de cap. Au modèle de production assis sur
l’arboriculture d’exportation est associé un autre deuxième modèle qui intègre les questions de diffusion
spatiale de la croissance. Il s’agit de la politique des villes au travers des pôles urbains à différents niveaux
d’échelle : des pôles à vocation internationale, des pôles principaux et des pôles secondaires. Cette arti-
culation apparaît alors comme une démarche pertinente pour tenir les objectifs nationaux de production
agricole et faire face aux disparités émergentes matérialisées par la trop grande influence d’Abidjan dans
le réseau urbain souche.
La subtile combinaison entre le modèle de production et la structuration de l’espace est le résultat d’un
long processus depuis l’indépendance d’appropriation de la problématique de l’aménagement du territoire
dans un pays dont les réalités socio-économiques sont peu connues. Cela se traduit par la collecte de
données régionalisées suivies de plans quinquennaux amendés par des études connexes menées depuis
le milieu des années 60. C’est véritablement le troisième Plan quinquennal (1976-1980) qui concrétise le
modèle productiviste et urbain. Ce montage entre le souci de produire et de structurer l’espace ivoirien
avait un double objectif : continuer la croissance en modernisant la production agricole, mais assurer une
répartition équitable des fruits de la croissance par l’atténuation du poids d’Abidjan dans le réseau urbain
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