B2 L Epidemie Silencieuse
B2 L Epidemie Silencieuse
B2 L Epidemie Silencieuse
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34 Trop de glucides : comment l’insulino-résistance
vous fait du mal
35 Pourquoi les glucides des aliments transformés
sont encore pires
37 La graisse ne vous fait pas grossir !
56 Glucides et inflammation
3
60 D’autres facteurs qui compromettent votre
bien-être
60 Stress
61 Quantité de sommeil
62 Manque d’exercice
4
76 Les aliments qui sont une source de graisses saines
78 Consommation de protéines
82 Jeûne intermittent
84 Régime d’élimination
87 Le sommeil
88 Micronutriments et suppléments
93 Bibliographie
5
Contexte :
L’épidémie silencieuse
Quelque chose d’horrible est arrivé
à notre alimentation
Cette épidémie silencieuse n’est pas contagieuse. Et pourtant, elle
se répand. Chaque année un nombre croissant de Nord-Améric-
ains et d’Européens « attrapent » des maladies non transmissi-
bles, notamment des maladies cardiaques, le cancer, le diabète
et la maladie d’Alzheimer — sans parler des maladies reconnues
récemment telles que le syndrome métabolique.
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L’épidémie silencieuse
7
L’épidémie silencieuse
Comment est-on censé savoir quoi faire ?
Je vais vous dire quoi faire !
Et je vais m’appuyer sur la science.
1
seulement longue, mais en bonne santé et également heureuse et active.
3
alimentaires influent sur notre santé.
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L’épidémie silencieuse
Lors des dernières décennies, nous été reconnus par des personnes vivant
nous sommes habitués à une nouvelle il y a un siècle ou plus, toutes les parties
sorte normalité. Une grande partie de reconnaissables d’un animal sont donc
ce que nous mangeons de nos jours est de la « nourriture ».
disponible en paquets colorés, en pots,
en conserve, sous enveloppe, en sac et Michael Pollan met également en garde
en boîte. Une grande partie de nos « ali- les consommateurs contre tout produit
ments » sont faits d’une longue liste d’in- qui contiendrait plus de cinq ingrédients
grédients, qui ressemblent souvent plus — et je suis également d’accord avec
à un inventaire de laboratoire de chimie cette définition. Si vous voyez plus de
qu’à des animaux ou à des plantes iden- cinq ingrédients sur l’étiquette d’un pro-
tifiables. Une grande partie de ce que duit, ce dernier ne ressemble probable-
nous mangeons... disons élargit la défi- ment plus à aucun animal ni à aucune
nition d’« aliment ». Et pourtant nous le plante dont il est dérivé.
mangeons.
Qu’avez-vous mangé aujourd’hui ?
Qu’est-ce que la nourriture ? De nombreux Nord-Américains et Eu-
ropéens sont honnêtement obligés de
Le journaliste gastronomique et auteur répondre que bien peu de ce qu’ils ava-
de In Defense of Food, Michael Pollan, lent est encore considéré comme de la
donne ce qui en est peut-être la meil- nourriture — que ce soit selon la défi-
leure définition. Si votre grand-mère (ou nition de Michael Pollan (quelque chose
dans notre monde de plus en plus pluri- que la génération de votre grand-mère
culturel, la grand-mère de quelqu’un) ne reconnaîtrait) ou selon la mienne (une
sait pas ce que c’est, c’est que ce n’est partie reconnaissable d’une plante ou
pas de la nourriture. d’un animal). Et c’est parce que beau-
coup d’entre nous ont été entraînés
Le principe que je suggère c’est que « la dans ce qui est convenu d’appeler l’ali-
nourriture » doit être composée de la mentation moderne.
partie identifiable d’une plante ou d’un
animal. Des haricots verts, des pommes L’alimentation moderne c’est ce qui est
de terre, des lentilles, des épinards, une considéré comme étant le régime ali-
banane... il s’agit de parties de plant- mentaire typique des Américains et des
es reconnaissables, des choses qui au- Européens. On l’appelle également ré-
raient paru familières à une grand-mère gime alimentaire occidental, la mondial-
et qu’elle aurait mangées. Ça compte isation répandant les habitudes alimen-
comme de la nourriture. Une aile de taires Américaines et Européenes dans
poulet, un steak, un filet de poisson, un le monde entier.
homard entier... ceux-là aussi auraient
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L’épidémie silencieuse
Pourquoi nous sommes-nous éloi- tre-vingt, une bonne partie des infor-
gnés de la vraie nourriture et avons mations populaires à propos de la
nous été aspirés par cette alimenta- santé et de la nutrition étaient axées
tion moderne ? Eh bien tout d’abord sur la graisse et les liens supposés
parce que nous sommes occupés. Les entre la consommation de matières
aliments transformés sont rapides à grasses, le cholestérol et les maladies
préparer, et ils ne coûtent pas cher. cardiaques. (Comme nous le verrons
Ouvrez la boîte — ou la conserve ou plus en détail plus tard, des études
le bocal — faites chauffer et voilà le ont depuis réfuté tout lien de causal-
dîner. Ou, si vous n’avez même pas ité entre la consommation de graisses
le temps pour ça : allez au fast-food saturées et le cholestérol et les mala-
à emporter et prenez un hamburger dies cardiaques - mais c’est ce qu’on
ou un poulet grillé — ou comman- pensait à ce moment-là). Nathan Pri-
dez-vous une pizza. Non seulement tikin a publié son best-seller, The Pri-
pas besoin de faire la cuisine — mais tikin Program for Diet and Exercise en
pas de vaisselle non plus ! 1979, préconisant un régime pauvre
en graisses et riche en glucides non
Cependant, ce n’est pas toujours raffinés. L’année suivante, en 1980, le
juste une question de facilité. Tout le gouvernement Américain a publié sa
monde ne mange pas au fast-food. première édition de Dietary Guidelines
De nombreux Nord-Américains et for Americans, recommandant d’éviter
de nombreux Européens savent déjà les graisses, les graisses saturées et le
qu’ils doivent faire le ménage dans cholestérol et de manger des aliments
leur régime alimentaire, et ils essay- contenant de l’amidon et des fibres
ent vraiment. Mais ils sont confrontés « convenables ». En d’autres termes,
à de nombreux défis - notamment et des glucides.
pas parmi les moindres, celui de faire
avec les informations qu’ils reçoivent, Des millions de Nord-Américains ont
qui changent sans cesse et souvent suivi ce conseil à la lettre. À la fin des
de façon contradictoire. années soixante-dix et au début des
années quatre-vingt, ils ont réduit le
La plupart des gens se soucient de gras — en particulier les graisses an-
leur alimentation et de leur santé. imales — et ont augmenté en masse
Dans les années soixante-dix et qua- leur consommation de glucides.
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L’épidémie silencieuse
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L’épidémie silencieuse
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L’épidémie silencieuse
mais il s’agit également de la princi- abète et l’arthrite, à la fois en dépens-
pale cause d’invalidité. La plupart de es médicales directes et en perte de
l’argent que nous consacrons aux productivité, ou en perte de revenus.
de soins est consacré à ces 50 % qui Les frais médicaux liés à l’obésité se
souffrent de problèmes de santé montant à environ 150 milliards de
chroniques (et en grande partie évita- dollars par année.
bles). En 2006, ça a représenté 84 %
des dépenses de santé. Ces maladies chroniques évitables
nous coûtent à nous tous : personnel-
Le total des dépenses consacrées lement, par notre propre souffrance
aux personnes souffrant de maladies ou par celle de ceux que nous aimons,
cardiaques s’élève à plus de 300 mil- ainsi que d’un point de vue social.
liards de dollars par année - la plupart Plus loin nous examinerons plus en
en coûts médicaux directs, sans profondeur chacune des différentes
compter les coûts des soins infirmiers maladies chroniques. Mais d’abord,
à domicile. Les dépenses annuelles examinons le groupe des macronu-
pour soigner le cancer se chiffrent à triments qui constitue l’alimentation
plus de 150 milliards de dollars. Des moderne, les glucides — et voyons
centaines de milliards supplémen- comment et pourquoi augmenter la
taires sont dépensés chaque année consommation de glucides conduit
pour d’autres maladies telles que le di- aux maladies chroniques.
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L’épidémie silencieuse
Cependant, les recherches et les études n’augmentent pas votre taux d’insuline
récentes ont montré que c’était faux. aussi vite ou à un niveau aussi élevé que
Nous savons maintenant que ce sont les les glucides et les sucres raffinés. Cepen-
régimes alimentaires riches en glucides dant, avec les quantités de glucides que
qui résentent le plus grand risque pour la plupart des Nord-Américains mangent
ces maladies, ainsi que pour d’autres (actuellement, les glucides constituent
maladies parmi lesquelles : l’obésité (et environ 50 % de notre apport calorique
les risques associés pour la santé), le syn- total), même les glucides sains génèrent
drome métabolique (et les nombreuses une réponse soutenue de l’insuline.
maladies connexes), les maladies cardi- Sans oublier que nous grignotons en-
aques, le diabète, certains cancers et tre les repas — la plupart du temps des
même la maladie d’Alzheimer. glucides — notre taux d’insuline n’arrive
donc jamais à redescendre.
Beaucoup de gens sont conscients des
dangers que représente le fait de man- L’insuline est une hormone essen-
ger trop de sucre ou trop de glucides tielle : elle supprime le glucose
simples. Cependant, des recherches de votre sang, stocke son énergie
récentes montrent que même les glu- dans vos muscles ou dans les cel-
cides dits « sains » comme les pommes lules graisseuses. Cependant, des
de terre, les pâtes, le pain et les céréales niveaux élevés d’insuline à un niveau
complètes présentent un danger — tout chronique entraînent une myriade de
du moins s’ils forment une large partie problèmes de santé. Un haut niveau
de votre alimentation. Une grande par- d’insuline finit par rendre vos muscles,
tie de la partie centrale de ce livre est votre foie et d’autres organes, insensi-
consacrée aux détails du métabolisme bles à l’insuline : vous devenez résistant
des glucides : comment les glucides sont à l’insuline. Étant donné que vos mus-
traités par votre corps, ainsi qu’aux pro- cles ne peuvent plus détecter l’insuline,
duits biochimiques de ce métabolisme, l’énergie de votre glucose se dépose
dont certains sont nocifs pour votre sous forme de graisse, et vous êtes sus-
santé. Mais puisque vous n’en êtes pas ceptible de devenir obèse. Pendant ce
encore au milieu du livre, je vais vous temps, votre pauvre pancréas travaille
donner un rapide aperçu de quelques- dur et continue à produire plus d’insuline
uns des nombreux problèmes posés par pour essayer de suivre tous les glucides
les glucides, histoire de planter le décor. que vous mangez, il peut ainsi s’user ce
qui entraîne le diabète de type 2. Vous
L’un des problèmes majeurs d’un ré- perdez la possibilité de produire votre
gime alimentaire riche en glucides c’est propre insuline et vous pouvez finir par
que les glucides augmentent votre insu- dépendre d’injections d’insuline.
line. Il est vrai que les glucides « sains »
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L’épidémie silencieuse
Il y a également de nombreux autres prob-
lèmes avec un régime riche en glucides.
Bien qu’on pensait autrefois que les ré- Ce que nous
gimes riches en cholestérol ou en graiss-
es augmentaient le niveau de cholestérol entendons par
dans le sang, il est maintenant reconnu
que le métabolisme des glucides constitue
en fait la cause de ces niveaux élevés de
inflammation
cholestérol dans le sang — en particulier
ce qu’on appelle le « mauvais » cholestérol, La plupart des gens ont une idée
qui est un facteur de risque pour les mal- générale de ce qu’est une inflam-
adies cardiaques. En outre, la plupart des mation. Vous imaginez probable-
aliments riches en glucides contiennent du
gluten, une protéine présente dans le blé,
ment une rougeur autour d’une
l’orge et le seigle. Bien que tout le monde blessure, ou la chaleur et le gon-
ne soit pas sensible au gluten, selon cer- flement résultant d’une cheville
taines estimations jusqu’à 40% de la pop- tordue. C’est une inflammation
ulation présente une forme de sensibilité aiguë : une inflammation local-
au gluten, beaucoup de ces cas sont non isée autour d’un endroit particu-
diagnostiqués. Le gluten contribue aux in- lier, dans un but précis, et pour
flammations et peut causer de nombreux une période courte et définie.
autres problèmes de santé allant des dou-
leurs articulaires aux troubles du cerveau,
notamment le TDAH et la maladie d’Alzhei-
mer. Le type d’inflammation dont
nous parlons dans ce livre c’est
Les aliments riches en glucides peuvent l’inflammation chronique.
également augmenter les inflammations
chroniques par le biais d’autres mécanis-
mes. L’un de ces mécanismes c’est que les Une inflammation chronique est
niveaux élevés de « mauvais » cholestérol généralement interne, vous ne pouvez
causés par la consommation de glucides pas nécessairement la voir. Elle peut-
peuvent conduire à une inflammation des être localisée, mais peut également
parois artérielles, ce qui provoque des mal- se propager dans tout votre corps : à
adies cardiaques. Un autre effet c’est qu’ils travers votre système digestif et dans
perturbent notre équilibre d’acides gras les organes, de l’estomac au cerveau.
oméga-6 et oméga-3. Les oméga-3 se trou- Une inflammation chronique est «
vent dans les légumes feuillus et les fruits chronique » — en d’autres termes, elle
de mer. Les oméga-6 se trouvent dans les dure longtemps, voire indéfiniment.
aliments fabriqués à partir de graines (en
d’autres termes, nos glucides de base : blé, Une inflammation c’est supposé être
maïs, riz, etc.). Notre forte dépendance aux une bonne chose. Il sagit d’un sys-
céréales, notamment au blé, signifie qu’au- tème que votre corps a développé
jourd’hui nous ingérons trop d’oméga-6 pour vous protéger. Une inflamma-
par rapport aux oméga-3 qui combattent tion autour d’une blessure constitue
les inflammations. une étape normale dans le processus
de guérison : ça aide le système im-
En bref, ce sont les principaux mécanismes munitaire de votre corps à se lancer
par lesquels un régime alimentaire riche en apportant des globules blancs vers
en glucides — même en glucides soi-disant la plaie pour combattre l’infection.
« sains » — conduit à une inflammation Une inflammation (et la douleur) aut-
chronique. Comme nous le verrons dans our d’une entorse à la cheville aide la
les deux chapitres suivants, l’inflammation guérison en vous rappelant de ne pas
systémique de faible intensité est mainte- utiliser l’articulation.
nant réputée pour être l’un des facteurs
les plus importants du risque de maladies
chroniques.
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L’épidémie silencieuse
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L’épidémie silencieuse
C’est dans les années quatre-vingt-dix de CRP sont un signe que votre corps
que les chercheurs de la Harvard Med- fait face à une inflammation — même
ical School ont compris la relation entre si cette inflammation est interne et
l’inflammation chronique et les mala- semble démunie de symptômes. Les
dies cardiaques. Bien que le cholestérol chercheurs de Harvard ont pu montrer
élevé est toujours, même aujourd’hui, qu’un test de CRP était un meilleur pré-
considéré par de nombreuses per- dicteur du risque de maladie cardiaque
sonnes comme représentant l’un des qu’un test de cholestérol.
plus grands facteurs de risque de mala-
die cardiaque, en réalité seulement 50 % Une fois ce lien entre la maladie cardi-
des personnes qui ont des crises cardia- aque et l’inflammation établi, les cher-
ques présentent un taux de cholestérol cheurs ont commencé à se demander
élevé. Donc les tests de cholestérol ne si d’autres maladies chroniques pou-
sont pas vraiment de très bons facteurs vaient également être liées à l’inflam-
prédictifs des maladies cardiaques. mation et à des niveaux élevés de CRP.
Et ce qu’ils ont trouvé est tout simple-
Cependant, les chercheurs de Harvard ment étonnant : toute une gamme de
ont découvert autre chose de beaucoup maladies peut être liée à l’inflamma-
plus utile qu’ils pouvaient tester. Rap- tion chronique (et donc à notre alimen-
pelez-vous, j’ai mentionné plus haut que tation moderne riche en glucides pro-
l’un des effets de l’inflammation chro- voquant cette inflammation). Voici une
nique c’était qu’elle libérait des protéines liste de quelques-unes des maladies
de phase aiguë ? L’une de ces protéines les plus communes qui sont réputées
est appelée la protéine C réactive, ou jusqu’à présent pour avoir des liens
CRP pour faire court. Des niveaux élevés avec l’inflammation chronique.
Maladies du cœur
Les maladies cardiaques (également appelées maladies car-
dio-vasculaires, ou MCV) sont la principale cause de décès en
Amérique du Nord. Parmi les affections liées aux maladies cardi-
aques se trouvent :
• athérosclérose : l’accumulation de • arythmie : changements dans le
plaque sur les parois des artères ; rythme ou dans la fréquence des bat-
tements du cœur, souvent à la suite de
• maladie coronarienne : le durcisse- lésions du cœur après une crise cardi-
ment et le rétrécissement des artères aque ;
en raison de l’accumulation de plaque ;
• crise cardiaque : à la suite de dépôts
• insuffisance cardiaque : affaiblisse- de plaque, qui se détachent des parois
ment du muscle cardiaque au fil du artérielles et du blocage du flux san-
temps, en raison de maladies coronar- guin vers le cœur ;
iennes ;
• AVC : à la suite de dépôts de plaque
• angine de poitrine : douleur thora- qui se détachent des parois artérielles
cique, due à une maladie coronarienne et du blocage du flux sanguin vers le
qui ne permet pas un débit sanguin suf- cerveau.
fisant vers le cœur ;
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L’épidémie silencieuse
La plupart des gens souffrant de mal- teneur en glucides, destinée à lutter
adies cardiaques meurent d’une crise contre les maladies du cœur, qui pro-
cardiaque ou d’un accident vasculaire voque l’inflammation des parois des
cérébral. artères et conduit aux maladies cardi-
aques.
Comme j’ai décrit ci-dessus, l’inflam-
mation des parois artérielles est une
réponse du système immunitaire à la En qualité de chirurgien cardia-
présence de la plaque, que le corps que, le docteur Dwight Lundell
perçoit comme un élément étranger. explique dans un article publié en
Cependant, l’inflammation chronique 2012 sur sott.net :
est en premier lieu ce qui provoque
le dépôt de cholestérol sur les parois Pour faire simple, sans inflam-
artérielles. mation dans le corps, il n’y a au-
Le Docteur Lundell admet que pen- cun moyen pour le cholestérol de
dant la majeure partie de sa vie pro- s’accumuler sur la paroi des vais-
fessionnelle, il pensait que l’hyper- seaux sanguins et de provoquer
cholestérolémie causait les maladies des maladies cardiaques et des
cardiaques. Mais, dit-il, il est devenu accidents vasculaires cérébraux.
clair que les régimes à faible teneur Sans inflammation, le cholestérol
en matières grasses et les médica- circule librement dans tout le
ments anti-cholestérol ne font rien corps comme la nature l’a prévu.
pour stopper l’augmentation du nom- C’est l’inflammation qui piège le
bre de décès dus à une maladie cardi- cholestérol.
aque. Au contraire, c’est une alimenta-
tion à faible teneur en gras et à haute
Cancer
La corrélation entre le cancer et l’inflammation est connue
depuis plus de 150 ans.
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L’épidémie silencieuse
pelé les lésions génétiques causées part beaucoup de substances qui
par l’inflammation « l’allumette qui al- nous ont été présentées comme pou-
lume le feu » du cancer et l’inflamma- vant causer le cancer — de la fumée
tion ainsi que l’immunosuppression de cigarette aux produits chimiques
qui en résultent « le carburant qui ali- toxiques en passant par les aliments
mente les flammes ». malsains — et d’autre part la genèse
et la croissance des cellules can-
L’inflammation fait le lien entre d’une céreuses.
Diabète de type 2
Le diabète de type 2 est maintenant considéré par de
nombreux chercheurs comme une maladie inflammatoire.
Chez une personne en bonne santé, suline finissent par perdre la capacité
lorsque la glycémie augmente en de la détecter : elles deviennent in-
mangeant, le pancréas sécrète de sulinorésistantes. Finalement le pan-
l’insuline. L’insuline supprime le glu- créas s’use et ne peut plus produire
cose de votre sang, stocke son éner- suffisamment d’insuline.
gie sous forme de glycogène dans
vos muscles — et, s’il reste du glu- Les scientifiques commencent à peine
cose, convertit le surplus en graisse, à comprendre les nombreux liens en-
remplissant ainsi vos cellules grais- tre l’inflammation et le diabète. Une
seuses. étude récente montre que la raison
pour laquelle le pancréas perd sa ca-
Le diabète de type 1 est celui avec le- pacité à produire de l’insuline c’est que
quel certaines personnes naissent. Il les cellules immunitaires appelées
s’agit d’une incapacité du pancréas à macrophages envahissent le tissu
fabriquer de l’insuline. Le diabète de pancréatique, libérant des protéines
type 2 compte pour 90 % des cas de qui provoquent l’inflammation et
diabète aux États-Unis — et ce nom- détruisent les cellules qui produisent
bre est en augmentation. Le diabète l’insuline. Un autre mécanisme c’est
de type 2 est entièrement causé par que l’insulino-résistance conduit à
des choix de vie. l’inflammation, et cette inflammation
conduit à plus d’insulino-résistance :
Pour une personne souffrant de di- un cercle vicieux. Un autre lien c’est
abète de type 2, des antécédents de que les tissus adipeux — en particu-
consommation excessive de glucides lier le gras qui se dépose autour de
maintiennent un taux de glycémie la taille — sécrètent des substances
élevé. Le pancréas produit beaucoup chimiques qui provoquent une in-
d’insuline pour compenser. Les cel- flammation chronique faible, qui inhi-
lules musculaires surchargées d’in- be la fonction de l’insuline.
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L’épidémie silencieuse
Maladie d’Alzheimer
TDAH
Puisque nous parlons d’une inflam- ments comme le Ritalin pour modifier
mation du cerveau, nous allons étudi- leur comportement. Cependant dans
er une autre affection du cerveau dont Grain Brain, le docteur David Perlmut-
la survenance semble augmenter. En ter démontre que la consommation
2013, 11 % des écoliers américains ont de glucides, et en particulier la sensi-
été diagnostiqués comme présentant bilité au gluten, provoque l’inflamma-
un trouble du déficit de l’attention, tion qui mène au TDAH. Pour beau-
ou TDAH. Environ deux tiers d’entre coup d’enfants, un régime sans gluten
eux se sont vus prescrire des médica- résout leur TDAH.
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L’épidémie silencieuse
Syndrome métabolique
Le syndrome métabolique est une mala- er viscérale (abdominale). En présence de
die qui a été reconnue relativement réce- trop d’éléments nutritifs, ces adipocytes
mment, avec une définition proposée réagissent par une réaction inflammatoire.
seulement en 1999. Les principales car- Chez une personne mince, cette réponse
actéristiques du syndrome métabolique est faible et de courte durée. Cependant
sont : chez une personne qui mange trop et qui
a beaucoup de cellules de graisse viscérale,
• résistance à l’insuline ; l’inflammation peut devenir chronique.
L’inflammation elle-même peut être une
• obésité viscérale (où une grande des causes de l’insulinorésistance.
partie de la graisse corporelle se trouve
autour de la taille et entre les organes) Les symptômes du syndrome
et obésité ectopique (où la graisse est métabolique se confondent avec
déposée dans les organes, où elle ne ceux du prédiabète. Les per-
devrait pas se trouver) ;
sonnes atteintes du syndrome
• hypertension ; métabolique ont trois fois plus de
chances de souffrir d’une crise
• glycémie élevée à jeun ;
cardiaque ou d’accident vascu-
• triglycérides élevés ; laire cérébral, et cinq fois plus de
chances de développer un diabète
• et un faible taux de cholestérol à de type 2. Environ un tiers des
haute densité (HDL).
Américains présentent actuelle-
Le syndrome métabolique est com- ment un syndrome métabolique.
plexe, tant sur le plan de ses nombreux Pour ceux de plus de cinquante
symptômes que des nombreuses causes
possibles. Cependant, une des principales
ans, ce pourcentage atteint 44 %
causes est considérée comme étant la su- — près de la moitié.
ralimentation et l’obésité — en particuli-
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Cela crée un problème très réel pour les mations médicales et votre médecin
chercheurs. Tout d’abord : les types de généraliste ne peut pas être un expert
projets dans lesquels ils peuvent facile- et à jour dans tous les domaines. Il ou
ment se lancer doivent être ceux pour elle peut être sorti de l’université il y a
lesquels ils peuvent obtenir un finance- une décennie ou plus. Les soins préven-
ment. Deuxièmement : que se passe-t-il tifs et la nutrition ne sont pas le principal
s’ils découvrent des résultats que leurs objectif de la médecine traditionnelle, et
commanditaires financiers pourraient votre médecin n’est probablement pas a
considérer comme défavorables ? Si un
scientifique qui est parrainé par, disons,
Quaker ou Nabisco ou Kellogg, constate
qu’une alimentation riche en céréales
augmente le risque de maladie cardi-
aque, va-t-il publier ses découvertes ?
Bien sûr, peut-être — mais au risque de
se voir couper le financement pour les
recherches supplémentaires.
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L’épidémie silencieuse
Les conclusions de Yudkin impliquant le et ont commencé à grossir — sans parl-
sucre diététique comme étant la prin- er du développement des facteurs de
cipale cause des maladies cardiaques risque du syndrome métabolique et de
étaient en désaccord direct avec les la suite de maladies qui y est associée
conclusions de Keys, qui croyait que les : le diabète, les maladies cardiaques, le
graisses alimentaires étaient le coup- cancer, la maladie d’Alzheimer et bien
able. Les conclusions de Yudkin n’ont d’autres.
naturellement pas été soutenues par
l’industrie du sucre, ni par les fabricants Alors qu’est-ce que tout cela signifie ?
de produits alimentaires transformés Cela signifie que la relation entre la nour-
qui utilisent le sucre dans leurs produits. riture, le poids et la maladie ne peut pas
être expliquée uniquement par la quan-
Le travail de Keys a reçu en son temps tité que nous mangeons. Cela signifie
beaucoup de critiques scientifiques — que, comme nous allons le voir en détail
notamment pour avoir mis de côté de plus loin, une calorie n’est pas juste une
façon sélective les données provenant calorie. Essayer de comprendre la nour-
de pays qui ne correspondaient pas à riture, le gain et la perte de poids en
son modèle, et provenant de cultures termes de physique – la différence en-
comme les Inuits qui consomment de tre énergie absorbée et énergie émise
grandes quantités de graisse animale et — ne marche tout simplement pas. La
presque pas de glucides, et qui pourt- façon dont la nourriture est métabolisée
ant présentent une faible incidence de est un processus biochimique. Certains
maladies cardiaques. Il n’a également types d’aliments font que votre corps
pas testé la corrélation croisée : par- désire surtout stocker leur énergie
mi les populations qu’il a étudiées, bon (sous forme de graisse), alors que d’au-
nombre de celles qui présentaient une tres font que votre corps désire brûler
forte incidence de maladies cardiaques leur énergie (en d’autres termes, faire
consommaient des aliments riches en de l’exercice). Certaines catégories d’al-
matières grasses et en sucre — mais iments réagissent plus avec vos tissus
Keys n’a examiné que le lien avec les et favorisent l’inflammation, tandis que
matières grasses. d’autres types d’aliments sont plus inof-
fensifs, voir même participent à réduire
Pour une raison inconnue, en Amérique l’inflammation.
les recommandations concernant la
diminution des graisses de Keys l’ont « Vous êtes ce que vous mangez » n’est
emporté sur les avertissements de peut-être pas tout à fait vrai. Mais ce que
Yudkin sur le sucre. Lorsque le gouver- vous mangez influence très certainement
nement Américain a publié la première ce que vous êtes et comment vous êtes.
ébauche des Dietary Goals for the United Nous allons jeter un œil à la façon dont
States en 1980, la recommandation don- nos trois principales sources de calories,
née aux Américains pour prévenir les également connues sous le nom de «
maladies cardiaques fut de réduire la macronutriments » — les glucides, les
consommation de gras et d’augmenter lipides et les protéines — sont métab-
la consommation de glucides jusqu’à 55 olisées, et nous allons voir quel est leur
% — 60 % de leur apport calorique quo- impact sur notre santé, pour le meilleur
tidien. (Souvenez-vous — nos ancêtres ou pour le pire.
hommes des cavernes consommaient
environ 5 % de glucides.)
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sont également un composant import- Une troisième catégorie de glucides
ant d’autres aliments en forme de grains, ce sont les fibres. Les fibres sont con-
comme les haricots, les lentilles, les sidérées comme étant un élément en
noix et le quinoa — bien que la plupart grande partie non digestible des ali-
des graines contiennent également ments d’origine végétale. Puisque nous
une quantité substantielle des autres ne pouvons pas les digérer, elles n’ont
catégories de macronutriments : graisse pas de calories à nous fournir : elles
et protéines. Les glucides complexes ne nous traversent tout simplement. Les
se trouvent pas dans les aliments d’orig- fibres sont présentes dans tous les ali-
ine animale comme la viande, le poisson ments végétaux dans une certaine me-
ou les œufs (bien que le lait contienne sure, mais elles se retrouvent en plus
du lactose, le sucre du lait). grande quantité dans les aliments tels
que les fruits et les peaux de légumes
Lorsque nous mangeons des glucides ainsi que les enveloppes des grains.
complexes, notre système digestif dé-
compose les chaînes glucidiques en Il existe deux types de fibres. Les fibres
molécules de glucides plus petites : en insolubles sont composées de glucides
particulier en glucose de sucre. Donc, complexes, le principal étant la cellu-
même si une consommation d’aliments lose. Les fibres insolubles sont essen-
riches en amidon peut donner l’impres- tiellement la substance fibreuse dans
sion que nous ne mangeons pas de su- les aliments : vous pouvez les sentir lor-
cre, ces glucides se transforment toujo- sque vous mâchez. Les fibres solubles,
urs en sucre une fois qu’ils ont atteint comme leur nom l’indique, sont solu-
notre flux sanguin. Comme nous le ver- bles dans l’eau. Elles se composent de
rons ci-dessous, à cause de ce processus chaînes de molécules de glucose, elles
de digestion, même les gens qui évitent absorbent l’eau et ralentissent la diges-
les sucreries peuvent malgré tout provo- tion. Les fibres solubles se retrouvent
quer des réponses insuliniques élevées dans les aliments tels que les flocons
et finir avec du diabète et d’autres prob- d’avoine, la partie pulpeuse des fruits -
lèmes de santé chroniques s’ils mangent par exemple les pommes et les prunes,
une alimentation riche en féculents. et dans les légumes tels que les carottes
et les concombres.
32
L’épidémie silencieuse
Lorsque le pancréas détecte une où on prend trois repas par jour avec
hausse du niveau de sucre dans des collations entre-deux. Nos an-
le sang, il libère l’hormone de l’in- cêtres des cavernes ne savaient pas
suline. L’insuline est une hormone toujours quand viendrait le prochain
jouant plusieurs rôles. Son rôle repas. Parfois ils pouvaient passer
principal est de retirer le sucre de des jours sans manger. Cette capacité
votre sang : idéalement en le stock- de stockage des graisses était essenti-
ant dans vos muscles où il forme elle à leur survie : ça leur garantissait
une source d’énergie rapidement d’avoir de l’énergie pour aller chas-
disponible et facilement accessible, ser ou pour partir dans une longue
appelée glycogène. Si reste encore expédition pour chercher et cueillir
du sucre dans votre sang une fois des aliments d’origine végétale. Aujo-
les muscles pleins (en d’autres ter- urd’hui cependant, beaucoup d’entre
mes, vous avez mangé beaucoup nous mangent plus de trois fois par
de glucides !) alors l’insuline stocke jour : nous n’avons pas besoin des
ce sucre dans vos cellules grais- graisses stockées. Nous n’avons ja-
seuses : le sucre est transformé en mais l’occasion de les brûler.
acides gras appelés triglycérides, et
il est stocké sous forme de graisse. Pire encore peut-être, les niveaux de
Une fois que les sucres sont tous sucre dans notre sang n’ont jamais
stockés et que les niveaux de su- l’occasion de descendre, car nous
cre dans le sang sont retombés, mangeons si souvent. Ce qui signifie
le pancréas arrête de produire de que le pancréas ne prend jamais de
l’insuline. Les niveaux d’insuline re- repos. S’il s’use, nous ne pouvons plus
descendent, et votre pancréas fait produire notre propre insuline. Cela
une pause. s’appelle le diabète de type 2.
35
L’épidémie silencieuse
sanguin depuis l’intestin grêle. Qu’est-ce er encore plus de ses produits. Et une
que cela signifie pour l’insuline ? Étant deuxième raison c’est l’augmentation de
donné que les sucres entrent dans le la durée de conservation : le sucre agit
flux sanguin plus lentement, votre taux également comme conservateur. Vive le
de sucre ne monte jamais en pointe Twinkie !
comme il le ferait si les sucres entraient
plus rapidement — donc il est plus facile Un dernier point à propos des aliments
pour votre pancréas de tenir le rythme transformés : il est important de con-
de la production d’insuline. sidérer toute la gamme de produits
qu’on définit comme « transformés ».
Et quel est le rapport avec les aliments
transformés ? Eh bien malheureuse-
ment, les fibres ne se conservent pas Beaucoup de gens
bien. Elles ont tendance à rancir. Les
fabricants d’aliments transformés ont,
pensent encore que le
dans un souci de rentabilité, besoin de jus de fruits est un pro-
s’assurer que les aliments qu’ils fabri- duit sain. Cependant, la
quent ont une durée de conservation plupart des jus de fruits
longue pour pouvoir être transportés
et présentés, sans perdre de bénéfices contiennent, à quantité
en raison de la détérioration. C’est la égale, la même quantité
raison principale pour laquelle on retire de sucre qu’un soda — si
la plupart des fibres des aliments trans-
formés. ce n’est plus !
En outre, de nombreux aliments trans-
formés contiennent du sucre ajouté. Bien sûr, les jus de fruits frais et bio con-
Nous ne parlons même pas de produits tiennent peut-être plus de vitamines
sucrés — même les produits comme la qu’un soda, mais ça n’atténue en rien
sauce tomate, le pain et les saucisses les effets négatifs sur votre taux de su-
contiennent souvent du sucre ajouté. cre dans le sang. Le jus de fruits est un
Pourquoi les fabricants de produits ali- aliment transformé, pas un aliment na-
mentaires transformés ajoutent autant turel. Souvenez-vous en la prochaine
de sucre ? Pour deux raisons. La première fois que vous attraperez une bouteille
c’est que le sucre améliore la palatabil- de jus qui prétend contenir l’équivalent
ité. C’est probablement une réaction qui de huit portions de fruits - bien entendu,
nous reste des temps ancestraux, lor- elle contient le sucre de ces huit portions,
sque le sucre était rare : pourquoi nous mais la partie saine de ce fruit, celle qui
en avons toujours envie. Par conséquent atténue les effets négatifs de ces sucres,
si un fabricant d’aliments ajoute du su- les fibres, a été supprimée.
cre, nous allons probablement achet-
36
L’épidémie silencieuse
Ce qui importe ici c’est que manger des matières grasses n’est pas ce qui vous fait
grossir. Avant le début de l’épidémie d’obésité, nous mangions plus de graisse qu’au-
jourd’hui, et moins de glucides. J’ai déjà fait remarquer que depuis 150 ans le sens
commun nous disait qu’un régime à haute teneur en glucides était ce qui causait
l’obésité ; ce n’est qu’au cours des dernières décennies, avec la publication des Dietary
Guidelines for Americans, que les gens ont commencé à croire que la consommation
de graisses faisait prendre du poids (et, malheureusement, ils ont agi selon ces croy-
ances, avec des conséquences désastreuses). Et j’ai déjà parlé de ce qu’on appelle le
« paradoxe français » — le fait que les Français affichent la plus forte consommation
de matières grasses parmi les nations dites développées, mais qu’ils présentent l’un
des taux d’obésité les plus bas. Nous avons déjà vu la façon dont nos ancêtres des
cavernes étaient contraints, de par les aliments à leur disposition, d’avoir une alimen-
tation riche en matières grasses et à faible teneur en glucides. Nos corps ont naturel-
lement évolué pour utiliser les graisses alimentaires comme source d’énergie.
37
L’épidémie silencieuse
Ce n’est qu’une fois qu’on nous a dit de
réduire la consommation de graisses
que les problèmes ont commencé.
38
L’épidémie silencieuse
Voici un aperçu rapide de la façon qui sont bien meilleures pour nous
dont les graisses alimentaires sont que d’autres : nous nous y penche-
métabolisées. Les molécules grais- rons plus en détail dans le chapitre
seuses, semblables aux molécules suivant. Toutefois, les informations
des glucides complexes, sont com- antérieures indiquant que les acides
posées de longues chaînes carbonées gras saturés (qui proviennent d’an-
(appelés acides gras). Elles passent de imaux) sont mauvais pour nous et
l’intestin grêle dans le flux sanguin et qu’ils provoquent des maladies cardi-
sont transportées vers le foie. Le foie aques ont été discréditées. Les graiss-
traite ces chaînes d’acides gras et les es saturées ne sont pas impliquées
décompose en fragments plus petits, comme cause dans les maladies
appelés cétones. cardiaques. Au contraire, un fort ap-
port en glucides et ses effets (niveaux
Les cétones peuvent alors aller di- élevés de sucre et d’insuline dans le
rectement aux cellules de nos organes sang, niveaux si inflammation chro-
et de nos muscles pour être utilisées nique) sont désormais considérés par
comme source d’énergie directe. Si- les médecins et les chercheurs com-
non, si nous n’avez pas besoin d’éner- me le principal facteur de risque des
gie à ce moment-là, le foie transforme maladies cardiaques (et aussi de di-
les cétones en particules de lipo- abète et d’Alzheimer) — même si les
protéines de basse densité (LDL), qui institutions comme le gouvernement
vont dans les les cellules graisseuses Américain et l’American Heart Associ-
pour y être stockées comme énergie ation n’ont pas encore adopté ces in-
(en d’autres termes, remplir les cellu- formations.
les graisseuses avec des triglycérides,
ou de la graisse). Notez que contraire-
ment au métabolisme des glucides, le Les graisses alimentaires
pancréas n’a pas à produire d’insuline devraient être un élément nor-
pour que cette réaction se produise. mal de notre consommation
de nourriture, elles nous gar-
Tant qu’il y a de l’insuline, cette éner- dent en bonne santé et équili-
gie reste stockée dans les cellules adi- brés. Notre cerveau est consti-
peuses. Cependant, si un jour vous tué de plus de 70 % de matières
avez faim et qu’il n’y a pas de nourri- grasses. Nous avons besoin
ture disponible, cette graisse stockée d’un bon apport en matières
devient disponible en tant que source grasses et en huiles pour main-
d’énergie. En l’absence d’insuline, tenir notre cerveau en état de
cette graisse stockée est libérée. Elle fonctionnement. Une pénurie
retourne vers le foie pour être trans- de matières grasses dans no-
formée en cétones, source d’énergie tre alimentation signifie que
immédiate pour vos muscles, votre nous devons remplacer ces
cerveau et vos autres organes. calories avec quelque chose,
et que ce « quelque chose »
L’importance des graisses alimen- tend généralement à être des
taires dépasse largement la question glucides. Et ce sont ces glu-
de ne pas prendre de poids. La graisse cides qui nous font grossir.
alimentaire n’est non seulement pas
mauvaise pour nous, elle est bonne
pour nous. Oui, il existe des graisses
39
L’épidémie silencieuse
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L’épidémie silencieuse
La manière exacte dont ces atomes de carbone sont liés entre eux dé-
termine si une molécule de graisse est de la graisse saturée ou insat-
urée. Les acides gras saturés sont constitués de chaînes de carbone,
dans lesquelles chaque atome de carbone est lié à deux atomes d’hy-
drogène. La chaîne carbonée est saturée avec des atomes d’hydrogène.
Dans les graisses insaturées, un ou plusieurs atomes de carbone sont
doublement liés ensemble, ce qui signifie que certains d’entre eux n’ont
pas de liaison disponible pour un atome d’hydrogène. Certains atomes
d’hydrogène manquent, donc le gras est insaturé.
Graisses saturées
Les graisses saturées proviennent prin- l’huile de palme et l’huile de noix de coco.
cipalement des produits d’origine ani- à 87 %. Même les « huiles saines » com-
male : viande, lait, produits laitiers et me l’huile d’olive contiennent entre 10 %
œufs. Cependant, il est important de noter et 20 % de graisses saturées. Bien que les
que les graisses animales ne sont pas fait- graisses saturées augmentent légèrement
es à 100 % de matières grasses saturées. le taux de cholestérol dans le sang, elles
Le gras de bœuf, par exemple, est fait à 50 ne sont plus impliquées comme cause des
% de graisses saturées. Certaines graisses maladies cardiaques, et sont des graisses
ou huiles végétales contiennent également sûres pour l’alimentation formant une par-
des niveaux élevés de graisses saturées — tie équilibrée de votre consommation to-
en particulier les huiles tropicales comme tale de matières grasses.
41
L’épidémie silencieuse
Graisses mono-insaturées
Si un atome d’hydrogène est d’olive et l’huile de canola, ainsi que
manquant dans la chaîne d’acide les graisses contenues dans les ali-
gras, alors il s’agit d’un acide gras ments comme les noix et les avocats.
mono-insaturé. Les gras mono-in- Les acides gras mono-insaturés sont
saturés sont liquides à température généralement considérés comme une
ambiante, mais solides dans le ré- source nutritionnelle saine ayant peu
frigérateur. Parmi les huiles qui se d’effet sur l’augmentation ou la dimi-
composent principalement d’acides nution du cholestérol dans le sang.
gras mono-insaturés figurent l’huile
43
L’épidémie silencieuse
44
L’épidémie silencieuse
(et qui n’existe pratiquement nulle part bien plus actives métaboliquement que
ailleurs dans le monde), provenant d’une les graisses saines. Les dépôts viscéraux
vache nourrie de force avec une alimen- provoquent en fait l’inflammation — et le
tation à base de grains, au point que des tissu adipeux lui-même est susceptible de
dépôts de graisse se forment dans ses présenter une inflammation chronique.
muscles. C’est la graisse ectopique. Des quantités élevées de graisse viscérale
vous font courir un risque accru de mala-
Les personnes ayant un poids normal ont die cardiaque, de cancer, de diabète et de
peu de graisse viscérale. Ceux qui sont démence. Des tailles plus larges ou des
en surpoids ou obèses ont tendance à rapports plus élevés que ceux énumérés
présenter des niveaux de graisse viscérale ci-dessus vous rendent plus susceptible
élevés. Bien qu’il existe des tests très so- d’être résistant à l’insuline (la graisse vis-
phistiqués et coûteux pour la graisse cérale contribue en fait à la résistance à
viscérale, le test le plus rapide et le plus l’insuline) et présentent un risque accru
simple consiste en une simple mesure du de maladie métabolique.
tour de taille : Plus de 101 cm pour les
hommes et de 89 cm pour les femmes En résumé, la graisse sous-cutanée est
constitue un indicateur fort de graisse vis- bonne pour vous. C’est un organe néces-
cérale. Vous pouvez également détermin- saire qui produit des hormones com-
er votre rapport taille/hanche. Un ratio de me la leptine et l’œstrogène, dont nous
plus de 1 chez les hommes, ou de plus de avons besoin pour la survie, et constitue
0,85 chez les femmes est également une un entrepôt pour le surplus d’énergie.
indication de la présence de beaucoup de La graisse abdominale (viscérale et ecto-
graisse viscérale. La graisse ectopique, à pique) est dangereuse. La graisse abdom-
l’intérieur des organes, est plus difficile à inale — dans et autour de vos organes
mesurer, mais un niveau élevé de graisse — provoque une inflammation et la mala-
viscérale est un très bon indicateur de die, et conduit au syndrome métabolique
graisse ectopique. et à toutes les autres maladies qui y sont
associées.
Ces graisses, viscérale et ectopique, sont
45
L’épidémie silencieuse
46
L’épidémie silencieuse
et qui sont liés à un haut taux d’insu- artificiellement sucrés, tout aliment qui
line : l’obésité (et plus particulièrement a un goût sucré contient du fructose.
l’obésité abdominale), le syndrome Les aliments qui indiquent « sucre » (ou
métabolique et ses maladies associées, saccharose) contiennent du fructose
le diabète et la démence. — il en est de même des substituts de
sucre « naturels » tels que le miel, le
Étant donné que le fructose ne se trans- sirop d’érable, d’agave, le jus de canne
forme pas en glycogène, il ne peut pas évaporé, le jus de fruits concentré... oh
être stocké dans les muscles. Au lieu de oui et celui dont tout le monde parle ces
ça, le foie le transforme en triglycérides, derniers temps : le sirop de maïs à haute
et son énergie est emmagasinée directe- teneur en fructose.
ment sous forme de graisse. Un grand
nombre des réactions cellulaires impli- Le sirop de maïs à haute teneur en fruc-
quées dans la transformation du fruc- tose a pénétré le marché Américain en
tose créent des sous-produits toxiques 1978. Le sirop de maïs à haute teneur en
qui sont susceptibles de contribuer à fructose est fait de 55 % de fructose et
l’inflammation, au vieillissement et à de 45 % de glucose — avec légèrement
certains cancers. plus de fructose que de saccharose, mais
dans l’ensemble, son métabolisme est
Le fructose se retrouve naturelle- similaire à celui du saccharose : en d’au-
ment dans les fruits et les autres al- tres termes, dur pour le foie, avec des
iments d’origine végétale. Le fruc- calories qui ont une propension à être
tose n’est pas dangereux lorsqu’il est stockées sous forme de graisse plutôt
consommé comme la nature l’a prévu que sous forme de glycogène muscu-
: en petites quantités et avec les fibres laire.
de la plante intactes. Par exemple, une
orange contient environ 3 grammes de Le problème avec le sirop de maïs enri-
fructose. Une orange moyenne (pelée) chi en fructose n’est pas que c’est pire
contient également environ 3 grammes que saccharose : c’est à peine différent
de fibres. Consommer ces fibres avec du saccharose. Le problème en grande
ces sucres du fruit ralentit la digestion, partie c’est qu’avec l’introduction du
donc la réponse insulinique, de même sirop de maïs à haute teneur en fruc-
l’effort déployé par le foie est moindre. tose, la consommation de sucre a
commencé à monter. Dans les années
Mais ce que nous avons tendance à faire 70, alors que le sirop de maïs à haute
maintenant c’est d’extraire le jus des teneur en fructose venait d’arriver, les
oranges. Oui, même le jus d’orange Américains consommaient en moyenne
bio fraîchement pressé compte com- 56 kg de sucre par personne et par an.
me aliment transformé. Un verre de En l’an 2000, ce nombre avait grimpé de
35 cl de jus d’orange contient environ plus de 20 %, à 68 kg par an, et la qua-
27 grammes de sucre, ou environ 13,5 si-totalité de cette hausse était due à des
grammes de fructose. C’est presque édulcorants à base de maïs : le sirop de
cinq fois plus fructose que dans l’orange maïs enrichi en fructose principalement.
et avec peu ou pas de fibres pour ralen-
tir sa métabolisation ! Ceci est la raison Pourquoi avons-nous commencé à
pour laquelle le jus n’est pas un choix manger plus de sucres ? Il y a probable-
sain. En fait, boire du jus est tout aussi ment plusieurs réponses à cette ques-
mauvais que boire du soda. tion. L’une est sans doute que les gens
considéraient les édulcorants à base
Où trouve-t-on le fructose ? Le fructose de fruits comme étant sûrs, - comment
est le sucre de la plante ayant un goût quelque chose appelé « fructose » pou-
sucré donc, à l’exception des produits vait être plus naturel et plus sûr ? Mais
47
L’épidémie silencieuse
une autre raison possible, beaucoup nombre de leurs produits - et pas
plus obscure, c’est que le fructose est seulement aux plus évidents, ceux qui
addictif. Tout comme la cocaïne et les un goût sucré. Aujourd’hui, si vous lisez
autres opiacés, le sirop de maïs à haute les étiquettes des ingrédients, vous allez
teneur en fructose altère la transmis- probablement trouver du sucre ajouté
sion des produits chimiques du cerveau (appelé par un ou plusieurs de ses dif-
tels que les endorphines, la dopamine férents noms) dans les produits allant
et la sérotonine. En d’autres termes, il de la sauce pour pâtes, aux pains pour
déclenche la sensation de récompense hamburgers en passant par les sauciss-
dans notre cerveau et nous donne envie es. Notre consommation de sucre n’aug-
d’en consommer plus. mente pas seulement parce que nous
sommes devenus gourmands, mais
Les entreprises alimentaires ont réagi parce que le sucre — le fructose — se
à cela en ajoutant du sucre à un grand retrouve dans presque tout.
48
L’épidémie silencieuse
protéine complète. Le quinoa est un ex- de bœuf qui contiennent de la farce,
emple d’une protéine végétale qui est comme de la mie de pain). La plupart
une protéine complète. de fruits de mer (poissons et crustacés)
contiennent entre 23 et 29 grammes de
Donc, devez-vous vous manger de la vi- protéines pour 100 grammes. Par exem-
ande ? Il s’agit en partie d’une question ple, une boîte de conserve de thon ou de
personnelle et en partie d’une question saumon avec de l’eau contient entre 40
sociétale, plus large. En termes de so- et 50 grammes de protéines. Une tasse
ciété, il est certain que plus de ressourc- de quinoa contient environ 8 grammes
es (par exemple de superficie de terres de protéines.
et d’eau) sont nécessaires pour produire
la viande que pour produire la même
quantité d’autres aliments. Il s’agit d’un
argument pour diminuer la consomma- Les protéines sont bonnes
tion de viande, mais cela ne signifie pas pour vous et nécessaires.
que nous ne devons pas manger de vi- Cependant, il peut être dan-
ande du tout. gereux pour vous de manger
trop de protéines animales.
Personnellement, la viande peut être D’une part, les protéines ani-
un choix sain si on n’en consomme pas
trop. Le poisson est généralement un males ne contiennent pas de
choix plus sain que la viande, principale- fibres, donc il est difficile de
ment en raison de son taux élevé de satisfaire à vos besoins quoti-
graisses oméga-3. Le bœuf, le porc ou le diens en fibres si vous mangez
poulet provenant des élevages industri- beaucoup de protéines.
els sont des choix moins bons comparés
à l’élevage bio, local et à petite échelle,
— aussi bien en raison de la probabil-
ité que les animaux aient été élevés à D’autre part, des études récentes ont
l’aide d’antibiotiques ou d’hormones permis de lier la consommation de vi-
artificielles, que parce que les animaux ande rouge à l’inflammation. Les per-
élevés industriellement sont générale- sonnes qui consomment des quan-
ment nourris au grain, ce qui signifie que tités plus importantes de viande rouge
leur chair contient des taux plus élevés présentaient des quantités plus élevées
d’oméga-6 et des taux inférieurs d’omé- de marqueurs tels que la protéine CRP et
ga-3, bons pour la santé. la ferritine dans le sang, ce qui indique la
présence de l’inflammation. Substituer
En règle générale la consommation de ces viandes rouges par d’autres sources
protéines ne doit pas dépasser environ
de protéines — volailles, poissons, len-
1 gramme pour 0,45 kg de poids corpo-
rel maigre (en d’autres termes, si vous tilles, haricots et noix — a été associé
êtes en surpoids utilisez votre poids avec de faibles quantités de marqueurs
idéal et pas votre poids réel). Pour une de l’inflammation.
femme de 63 kg ça représente un max-
imum de 140 grammes environ et pour Donc, en résumé, oui, vous avez besoin
un homme de 81 kg, un maximum de de protéines. Les protéines provenant
180 grammes environ. Vous aurez beso- principalement de plantes, de poisson et
in d’apprendre le contenu en protéines de volaille sont les meilleures, mais une
de diverses viandes et céréales afin de petite quantité de viande rouge dans le
convertir ces mesures en quantités d’ali- régime alimentaire ne pose aucun sou-
ments réels. Par exemple, 110 grammes ci. Essayez d’apprendre quelles sont vos
de bœuf haché maigre contiennent en- différentes sources de protéines et de
viron 33 grammes de protéines (à not- vous tenir aux plages recommandées
er que ce sera moins pour une viande que j’ai indiquées plus haut.
plus grasse, ou dans le cas de boulettes
49
L’épidémie silencieuse
En revanche, les intolérances alimentaires Un des gros problèmes avec les in-
sont très différentes. La réaction prend tolérances alimentaires c’est qu’elles con-
beaucoup plus de temps à se déclencher duisent à l’inflammation. Cela fait partie
— dans de nombreux cas jusqu’à 72 heu- de la réponse du système immunitaire à
res. Chaque système organique dans le une menace : augmentation du débit san-
corps peut être touché. Bien qu’il puisse guin accompagnée de chaleur et de gon-
y avoir des symptômes habituellement flement, afin de combattre l’intrus. Mais
associés aux « allergies », comme le nez lorsque la menace est à peine perceptible
bouché ou des éruptions cutanées, beau- et que l’intrus est quelque chose d’aussi
coup de symptômes peuvent ne pas être banal que le gluten (qui se trouve dans
typiques aux allergies, par exemple : léth- le blé, l’orge et le seigle) ou la protéine
50
L’épidémie silencieuse
caséine (dans les produits laitiers), et que Les dégâts actuels causés aux mem-
c’est quelque chose qui est consommé au branes cellulaires de votre intestin par
quotidien, alors cette inflammation devi- l’inflammation résultant d’une allergie al-
ent chronique. Comme nous l’avons vu imentaire peuvent également provoquer
ci-dessus, l’inflammation chronique peut ce que l’on appelle l’« intestin perméable
conduire à la foule de maladies qui for- ». Les dégâts à votre intestin permettent
ment aujourd’hui une épidémie moderne aux particules alimentaires d’aller de votre
: syndrome métabolique, maladies cardi- tube digestif à votre sang, vous rendant
aques, diabète, arthrite, Alzheimer et cer- plus sensible à l’inflammation systémique
tains cancers. et au développement d’autres intoléranc-
es alimentaires.
Gluten
génétique joue un rôle sur la maladie
Le gluten est la cause d’hypersensi-
cœliaque ; en particulier les personnes
bilité alimentaire dont on a le plus
originaires du nord ou de l’ouest de
parlé au cours des dernières an-
l’Europe ainsi que certaines popula-
nées, en grande partie grâce à deux
tions autochtones d’Amérique cen-
livres récents : Wheat Belly, par le car-
trale et d’Amérique du Sud, présen-
diologue William Davis et Grain Brain
tent une incidence plus élevée de la
du diététicien agréé et spécialiste des
maladie cœliaque.
neurosciences, le docteur David Per-
lmutter. Le gluten est une protéine Toutefois, la maladie cœliaque ne tou-
que l’on trouve dans le blé, l’orge et che qu’un très faible pourcentage de
le seigle. Il est présent dans les ali- la population qui peut aussi souffrir
ments faits à partir de ces grains : les des effets néfastes du gluten. Le doc-
pains, les pâtes, les céréales, les ham- teur David Perlmutter considère le
burgers végétariens et la vodka. Il gluten comme l’un des déclencheurs
s’agit également d’un additif commun de l’inflammation les plus fréquents.
aux aliments transformés tels que le Les signes les plus simples et les plus
bouillon, le lait chocolaté, les sauciss- évidents de la sensibilité au gluten
es, le ketchup, les autres sauces et sont gastro-intestinaux : douleurs ab-
bien d’autres. dominales, diarrhée, ballonnements
et gaz. Mais chez beaucoup de gens, le
Un très faible pourcentage de gens
gluten peut provoquer des réactions
(probablement autour de 0,5 % et 3
dans d’autres parties du corps que
%) sont touchés par la maladie cœli-
dans le tractus gastro-intestinal. La
aque. La maladie cœliaque est une
réaction immunitaire de votre corps à
réaction allergique au gluten, ce qui
la protéine du gluten peut provoquer
endommage l’intestin grêle. Une
une inflammation chronique avec les
exposition continue au gluten pro-
risques pour la santé qui sont asso-
voque des dégâts permanents à l’in-
ciés à cette inflammation, elle peut
testin, interférant avec la capacité de
également augmenter le risque de
votre corps à absorber les vitamines
douleurs articulaires ou d’arthrite, de
et les nutriments, donc lorsqu’elle est
maladies auto-immunes ou encore
non diagnostiquée, la maladie cœli-
développer d’autres intolérances ali-
aque peut être très dangereuse. La
mentaires dans le futur.
51
L’épidémie silencieuse
Le docteur Perlmutter présente égale- L’alimentation moderne est extrême-
ment un argument solide selon lequel ment tributaire de deux céréales : le
les substances chimiques produites blé et le maïs. Le blé contient du glu-
à la suite de l’inflammation peuvent ten, et les variétés très hybrides du blé
attaquer le cerveau et être liées à cultivé aujourd’hui contiennent beau-
des maladies telles que le TDAH, la coup plus de gluten que les souches
maladie d’Alzheimer, la maladie de de blé d’il y a à peine quelques décen-
Parkinson, la sclérose en plaques et nies. Aujourd’hui, la plupart d’entre
peut-être même l’autisme. Il affirme nous consomment beaucoup plus de
également que beaucoup de gens blé et de produits issus du blé, par
présentant des maladies du cerveau conséquent beaucoup plus de gluten
comme la SLA ou les troubles du mou- que nos ancêtres récents, sans parl-
vement souffrent en fait d’une sensi- er de nos ancêtres hommes des cav-
bilité aiguë au gluten, et qu’un régime ernes : c’est pourquoi tant de gens
sans gluten résout leurs symptômes. ont développé une sensibilité à ce qui
était autrefois un aliment très rare.
Produits laitiers
Deux ou trois pour cent des bébés seront d’aucune utilité si vous êtes al-
présentent une allergie aux lergique à la caséine.
protéines de lait de vache, mais
la quasi-totalité dépassent cette Si vous présentez une allergie au lait,
allergie une fois arrivés à l’âge de vous pouvez remplacer les produits
trois ans. Cela dit, même les adultes laitiers par d’autres « laits » tels que le
peuvent développer une sensibilité lait de soja, le lait d’amande et lait de
aux protéines de lait — la plus cou- coco. Toutefois, vous devez connaitre
rante étant la caséine, bien que cer- les ingrédients de nombreux pro-
taines personnes soient allergiques duits alimentaires transformés, « non
au lactosérum — à tout moment au laitiers » en apparence, mais qui peu-
cours de leur vie. L’allergie à la caséine vent contenir de la caséine. Le from-
ce n’est pas la même chose que l’in- age de soja par exemple contient de
tolérance au lactose. la caséine, et tout aliment mention-
nant « caséinate » sur l’étiquette con-
La caséine se trouve dans tous les tiendra également de la caséine.
produits à base de lait de vache. Il
y a différents types de caséine : la
caséine dans les autres laits, comme
le lait de brebis, de chèvre ou de buf-
fle, est légèrement différente de la
protéine du lait de vache. Parmi ceux
qui ne peuvent pas consommer de
lait de vache, certains peuvent con-
sommer ces autres laits sans présent-
er aucune réaction, alors que d’autres
devront éviter tous les types de lait.
Les produits laitiers sans lactose ne
52
L’épidémie silencieuse
Autres aliments
couramment réactifs
Résultat :
Une calorie n’est pas une calorie
Vous avez probablement déjà com- c’est beaucoup plus complexe : il ne
pris où j’allais en venir. Une calorie s’agit pas de thermodynamique, mais
n’est pas juste une calorie. Ce qui de biochimie. Les processus bio-
compte, c’est comment nous absor- chimiques dictent la façon dont ces
bons ces calories — les aliments par- calories sont métabolisées et où elles
ticuliers qui contiennent cette énergie vont : si elles sont brûlées ou stockées.
calorique. Et ça compte beaucoup.
Bon nombre d’anciens paradigmes
Dans le passé on pensait qu’il s’agissait ont été remis en cause ces dernières
simplement de thermodynamique, un années. Consommer du cholestérol
équilibre entre les calories entrantes n’élève pas votre cholestérol. Manger
et les calories sortantes. Mangez de gras ne vous fait pas grossir. (En fait,
la nourriture, brûlez-la. Mais nous diminuer les graisses alimentaires est
savons maintenant que la nutrition plus susceptible de vous faire grossir !)
53
L’épidémie silencieuse
Les graisses saturées dans votre ali- breuses maladies qui font partie de
mentation ne sont plus considérées cette épidémie silencieuse ? C’est no-
comme un facteur de risque de mala- tre pain quotidien : les glucides. La
dies cardiaques. façon dont les glucides sont métab-
olisés, et la façon dont les produits de
Et quel groupe alimentaire est main- leur métabolisme affectent les autres
tenant considéré comme étant le plus parties de notre corps implique que
important contributeur de la hausse notre alimentation moderne actu-
récente et brutale des taux d’obésité elle, avec sa dépendance aux glucides
? le moteur de l’inflammation chro- comme principale source nutritive,
nique et la principale cause de nom- nous rend malades.
54
L’épidémie silencieuse
55
L’épidémie silencieuse
Glucides et inflammation
Donc une alimentation riche en glucides pèse sur notre pan-
créas, elle endommage une partie de notre cerveau nous don-
nant tout le temps une sensation de faim, supprime l’envie de
faire de l’exercice et nous prédispose au diabète. Les nouvelles
peuvent-elles être pires ?
Malheureusement oui.
Une alimentation riche en glucides nous topique entourant l’intestin peut con-
prédispose également à l’inflammation. tribuer à la maladie inflammatoire de
L’inflammation chronique est réputée l’intestin ou à la maladie de Crohn.
maintenant comme étant l’un des plus
importants facteurs de risque de mala- Certains chercheurs considèrent
dies cardiaques (pas une alimentation l’obésité elle-même comme une « mal-
riche en graisses saturées comme on adie inflammatoire à faible intensité »
ne le croyait), et de nombreuses autres — parce que l’abondance de graisse vis-
maladies chroniques que j’ai mention- cérale maintient le corps dans un état
nées à plusieurs reprises plus haut. d’inflammation permanente et le rend
donc de plus en plus sensible aux mal-
Les glucides conduisent à l’inflamma- adies. De nombreuses études ont mon-
tion de plusieurs manières différentes. tré que les personnes présentant d’im-
Par exemple, comme je viens de l’expli- portantes quantités de graisse viscérale
quer un régime alimentaire riche en glu- ont généralement des niveaux élevés
cides conduit à un taux chroniquement de produits chimiques dans le sang, qui
élevé d’insuline et à une augmentation constituent des marqueurs d’inflamma-
du dépôt de calories que vous mangez tion chronique à faible intensité, comme
sous forme de graisse. Mais pas com- la protéine C-réactive, la CRP.
me n’importe quelle graisse : la graisse
déposée par le biais de ce processus est Les glucides peuvent également en-
principalement de la graisse viscérale, traîner l’inflammation d’une manière
la « graisse ventrale » qui est distribuée beaucoup plus directe.
dans votre abdomen, entre les organes
et même à l’intérieur de ces derniers. Vous avez probablement entendu parl-
er des deux types de cholestérol : celui
La graisse viscérale est très active qu’on appelle le « bon » cholestérol (lipo-
métaboliquement. La graisse viscérale protéines de haute densité ou HDL) et le
est en fait un moteur de l’inflammation « mauvais » cholestérol (lipoprotéines de
chronique et systémique. Elle agit en basse densité ou LDL). Eh bien, il s’avère
libérant des hormones et d’autres pro- que même le « mauvais » cholestérol, ou
duits chimiques qui se déplacent vers LDL, il existe en types : le LDL à basse
d’autres parties du corps, comme le cer- densité et le LDL petit et dense. Le LDL
veau, le foie ou les muscles, où ces hor- à basse densité est formé par le métab-
mones peuvent déclencher une réponse olisme des graisses alimentaires. Mais
inflammatoire. La graisse viscérale peut c’est le métabolisme des glucides qui
aussi enflammer les organes voisins. forme le LDL petit et dense.
Par exemple, la graisse viscérale ou ec-
56
L’épidémie silencieuse
On pense que le LDL à basse densité, sont ce qu’on appelle la plaque artéri-
qui constitue environ 80 % de votre LDL, elle — en d’autres termes le début de la
n’est pas un facteur causal dans les mal- maladie cardiaque.
adies cardiaques. Cependant, le LDL pe-
tit et dense — celui qui est produit par Auparavant, on pensait que manger du
les glucides — est un facteur : il se loge cholestérol (qu’on trouve dans les graiss-
dans les parois artérielles et les abime, es animales) provoquait des niveaux
provoquant une réaction inflammatoire. élevés de cholestérol dans le sang. Nous
Les dépôts de cholestérol LDL se retrou- savons maintenant que manger des glu-
vent submergés de produits chimiques cides augmente le taux de cholestérol
et de cellules envoyées par le système dans le sang plus qu’en mangeant du
immunitaire pour faire face à cette in- cholestérol ou d’autres matières grass-
flammation. Ces masses de cholestérol es — et en particulier ça augmente les
et de cellules se développent sur les niveaux du LDL petit et dense qui provo-
parois des artères et se recouvrent de que l’inflammation, le pire cholestérol.
collagène. Les dépôts qui en résultent
57
L’épidémie silencieuse
matoires dans le corps, notamment intensité, et probablement causés en
les eicosanoïdes et les cytokines. L’in- partie par celle-ci.
flammation peut alors provoquer plus
de résistance à l’insuline, en particuli- Ce que je veux dire c’est que toutes
er dans le foie. ces maladies sont liées. Il n’y a que
(???) à propos de laquelle (desquelles
Qu’en est-il de l’inflammation et de la ?) que nous pouvons clairement faire
graisse ? J’ai déjà expliqué en détail quelque chose. Nous ne pouvons pas
plus haut comment les dépôts de immédiatement abaisser nos niveaux
graisse viscérale et la graisse au sein d’insuline, nos dépôts de graisse vis-
des organes peuvent provoquer une cérale ou nos niveaux d’inflammation.
inflammation locale et systémique. Mais nous pouvons changer notre
Bien que tous les processus ne soient consommation de glucides et ce fais-
pas encore bien compris, les dépôts ant nous pouvons agir sur les autres
de graisse et l’obésité sont de plus facteurs qui représentent des mar-
en plus considérés comme étant liés queurs de maladie chronique pour
à l’inflammation systémique à faible les amener à un équilibre plus sain.
58
L’épidémie silencieuse
syndrome métabolique.
59
L’épidémie silencieuse
Stress
Nous avons tous entendu dire à quel Les niveaux de cortisol augmentaient en
point le stress peut être préjudiciable raison de ce stress, améliorant tout, de
à notre santé. Le stress provoque la la mémoire à la vigilance, en passant par
production de cortisol chimique — une la fonction immunitaire. Nos ancêtres
hormone essentielle dont nous avons fuyaient le prédateur et les taux de cor-
besoin pour vivre. Cependant, trop de tisol redescendaient à la normale.
cortisol ou une exposition au cortisol
pendant de longues périodes peut être Aujourd’hui, le problème c’est que les
très nocif pour nous. choses qui nous causent du stress n’ont
pas tendance à se résoudre rapidement.
J’ai mentionné plusieurs fois à quel point Nous stressons à propos du travail, de
les adaptations évolutionnaires de notre l’argent, de nos enfants... et ce stress
alimentation proviennent des aliments peut durer pendant des semaines, des
disponibles pour nos ancêtres hommes mois ou même des années. Les niveaux
des cavernes sur des millions d’années. de cortisol montent, et n’ont jamais l’oc-
Eh bien, notre réaction au stress provi- casion de redescendre.
ent aussi de ces ancêtres hommes des
cavernes. À l’époque, les situations qui Qu’est-ce que cette exposition à long
provoquaient le stress étaient habitu- terme au cortisol nous fait ? Malheu-
ellement de très courte durée : par ex- reusement, plusieurs choses - aucune
emple, rencontrer un prédateur et fuir. n’étant bonne.
60
L’épidémie silencieuse
Tout d’abord, le cortisol nous fait man- et des maladies associées.
ger plus. Il nous fait chercher les al-
Enfin, le cortisol influence l’endroit où la
iments dits de confort, et en particuli-
graisse se dépose ainsi que les taux de
er les aliments qui sont riches en gras
lipides dans le sang. Bien que les cher-
et en sucre. Chips, chocolat, gâteau au
cheurs ne peuvent pas faire de tests
fromage, entre autres — nous sommes
d’hormones hautement contrôlés sur
stressés et nous cherchons les aliments
les humains, ils les ont pratiqués sur des
qui nous font nous sentir mieux.
rats. L’augmentation de corticostérone
Deuxièmement, le cortisol nous rend (l’équivalent du cortisol humain chez
plus sensibles aux stupéfiants addic- le rat) a provoqué l’augmentation des
tifs. Je ne parle pas seulement ici des taux d’insuline — et nous avons déjà vu
drogues dures (bien que des études plus haut que des taux élevés d’insuline
ont montré que des singes présentant conduisent à une augmentation de la
des niveaux élevés de cortisol sont plus graisse viscérale et entraînent de nom-
susceptibles d’abuser de la cocaïne) — breux risques associés pour la santé.
mais également des drogues plus bana- Les dépôts de graisse et les taux de tri-
les comme la caféine et la nicotine. glycérides dans le sang, qui sont des fac-
teurs de risque de maladie cardiaque,
Troisièmement, les personnes présen- ont également été augmentés par la
tant des taux élevés de cortisol ont ten- présence de la corticostérone — même
dance à présenter également des taux lorsque les taux d’insuline étaient main-
élevés d’insuline. Des taux chronique- tenus constants. En d’autres termes,
ment élevés d’insuline peuvent en- l’effet a été la conséquence directe des
traîner la résistance à l’insuline, l’obésité taux de corticostérone élevés et non
et le diabète, et sont associés au dével- pas juste un effet secondaire d’un taux
oppement du syndrome métabolique élevé d’insuline.
Quantité de sommeil
Comme pour beaucoup de domaines liés à la nutrition,
au métabolisme et à la santé, il est impossible de com-
prendre un sujet en isolement. Le sommeil et le manque
de sommeil ne peuvent pas s’envisager sans prendre en
considération également le stress et la manière dont le
cortisol affecte le corps.
61
L’épidémie silencieuse
Manque d’exercice
L’activité physique et l’exercice ne taux de graisse corporelle. Si vous
peuvent pas non plus être abordés perdez du poids en faisant de l’exer-
sans tenir compte du stress et des cice, vous réduisez votre quantité de
niveaux de cortisol. graisse corporelle encore plus que ce
qu’indique la balance. Même si vous
L’activité physique utilise de l’éner- ne perdez pas de poids, l’exercice
gie et brûle des calories. Malgré cela, modifie la composition de votre corps
les chercheurs et les auteurs scien- pour le meilleur. Les différences se-
tifiques sont en désaccord sur le rôle ront notées en centimètres, plutôt
direct joué par l’exercice dans la perte qu’en kilos, au fur et à mesure que
de poids par dépense calorique. (Ceux vos muscles et votre graisse sont re-
qui plaident contre la promotion de la proportionnés et redistribués.
perte de poids par l’exercice le font sur
la base de l’affirmation selon laquelle Au-delà du renforcement musculaire,
l’exercice augmente votre appétit, et l’exercice apporte des bienfaits encore
que l’exercice ne fait perdre du poids plus avantageux pour la santé parce
que conjointement avec des change- qu’il fait que votre biochimie marche
ments alimentaires.) comme elle est censée marcher. L’ex-
ercice remet les hormones qui sont
Toutefois, la perte de poids ne doit peut-être détraquées, comme l’insu-
pas être l’objectif principal pour line, la leptine et le cortisol, à des taux
faire de l’exercice. Il y a tant de bien- qui favorisent la bonne santé et le
faits pour la santé à faire de l’exercice gain ou la perte de poids qui convien-
régulièrement, la perte de poids peut nent. L’exercice améliore la sensibilité
finalement être l’un des nombreux à l’insuline — en d’autres termes l’op-
bénéfices. posé de la résistance à l’insuline — et
L’exercice favorise le développement ce faisant, améliore vos signaux de
de la masse corporelle maigre : en leptine : de sorte que votre cerveau
d’autres termes des muscles. Même puisse recevoir ce fameux signal en-
si vous gardez un poids constant, en voyé par les cellules graisseuses, « Je
faisant de l’exercice et en fabriquant suis rassasié ».
plus de muscles vous réduisez votre
62
L’épidémie silencieuse
63
L’épidémie silencieuse
Un plan d’action :
Prendre votre
santé en main
Un nouveau plan pour la qualité de vie et la
longévité
La mauvaise nouvelle c’est que l’épidémie silencieuse se développe. La
vague d’obésité et de maladies chroniques qui s’abat sur les pays dével-
oppés et en particulier l’Amérique du Nord et l’Europe nous coûte à tous.
Sur un plan personnel, la maladie chronique nous prive de plusieurs
années de vie — elle diminue la qualité de vie et le plaisir pendant une
grande partie des années qui nous restent. Même si vous, en tant qu’in-
dividu, n’êtes pas la victime directe de l’épidémie silencieuse, vous êtes
probablement proche de quelqu’un qui l’est : un parent, un frère, un
ami proche. Et vous êtes touchés au travers de ces personnes — en tant
qu’aidant, parce que vous payez des frais médicaux, ou encore à cause
d’une diminution potentielle de votre héritage si vos parents perdent
des revenus et payent des frais médicaux. Sans parler de la dévastation
émotionnelle de voir un être cher décliner, et de le perdre trop tôt.
64
L’épidémie silencieuse
Mais il y a également de bonnes nou- vous a été donnée — il est maintenant
velles. C’est que la majorité de ces temps d’agir. Comme nous l’avons vu
maladies sont évitables. Vous — oui, dans le chapitre précédent, le che-
vous ! – vous pouvez faire partie d’une min vers la bonne santé s’articule en
tendance qui consiste à se détourner grande partie autour de deux facteurs
(et à détourner vos proches et même simples : maintenir un faible taux d’in-
votre société) de l’épidémie silen- suline et garder un niveau d’inflam-
cieuse. La première étape c’est l’édu- mation faible. Ce dernier chapitre est
cation, comprendre le problème. En consacré à des mesures concrètes
prenant et en lisant ce livre, vous avez que vous pouvez prendre pour y ar-
déjà franchi cette étape. river — et, ce faisant, diminuer les
facteurs de risque de maladies chro-
Vous êtes maintenant armé des con- niques, augmenter votre longévité et
naissances dont vous avez besoin. Si améliorer votre qualité de vie.
vous tenez à votre vie — la seule qui
Je ne vais pas vous mentir. Faire les change- sauf s’ils entreprennent également ces
ments nécessaires dans son style de vie changements importants dans leur style
pour y arriver peut parfois être difficile — de vie. Et troisièmement, les interventions
au moins dans un premier temps. Apport- pour la perte de poids présentent un nom-
er des changements dans son style de vie bre élevé de complications, créant souvent
demande de la conviction et de la force de encore plus de problèmes de santé.
caractère — et de se rappeler constamment
pourquoi vous le faites. Vous vous achetez le Même si vous êtes déjà une personne rai-
reste de votre vie (saine). sonnablement soucieuse de sa santé, qui
maintient un poids raisonnablement sain,
La médecine moderne aime vous soigner votre solde de suppléments alimentaires
avec des pilules ou des interventions chiru- diffère probablement peu de l’alimenta-
rgicales. Mais il n’y a pas de pilule pour cela tion moderne — en d’autres termes très
— ni d’intervention chirurgicale. Des opéra- tributaire des glucides. Même si vous sem-
tions chirurgicales pour traiter la perte de blez être en bonne santé aujourd’hui, il y a
poids existent, mais elles s’accompagnent des chances que vous présentiez déjà un
de nombreux problèmes — d’abord parce risque accru de développer un syndrome
que ce type d’intervention ne contribue pas métabolique et les maladies associées.
à vous empêcher de prendre des risques (En fait, selon le professeur Robert Lust-
accrus pour votre santé, sauf en étant cou- ig, 40 % des personnes ayant un « poids
plée avec des changements de mode de vie, qui normal » présentent déjà un syndrome
vous feraient de toute façon perdre du poids. métabolique.)
Ensuite, la plupart des patients retrouvent
leur poids après ce genre d’intervention, Ainsi, même si vous menez déjà une vie
65
L’épidémie silencieuse
relativement saine, il y a des chances que Si c’est le cas, la bonne nouvelle c’est qu’il
vous deviez faire quelques changements n’est pas trop tard. Vous pouvez faire les
diététiques pour réduire le risque de mal- changements de style de vie qui vont, pour
adies chroniques. Ces changements seront le moins, atténuer ou ralentir la progression
sans doute difficiles pendant les premières de votre maladie — et peut même inverser
semaines, le temps que votre corps s’habi- sa progression. La mauvaise nouvelle c’est
tue à une nouvelle façon de manger. que vous avez probablement pris de mau-
vaises habitudes avec le temps, ce qui vous
Ça sera encore plus difficile pour ceux a conduit là où vous en êtes. Ce qui rendra
qui ont déjà fait une « sorte de route » et peut-être les changements requis plus dif-
qui ont de mauvaises habitudes alimen- ficiles pour vous.
taires — ceux qui sont peut-être déjà en
surpoids ou obèses, ou ceux qui souffrent Il n’y a pas de solution miracle. Ni une pilu-
déjà de signes avant-coureurs (ou même le ni une intervention chirurgicale ne vous
de signes avancés) de maladie chronique. mèneront vers une bonne santé. Il n’y a que
Peut-être que votre médecin vous a préve- vous et vos priorités : à quel point il est im-
nu que vous devez perdre du poids, ou que portant pour vous d’avoir une vie longue,
vos taux d’insuline sont trop élevés et que agréable et heureuse.
vous êtes prédiabétique. Vous souffrez
peut-être déjà des effets de l’inflammation Nous vivons à une époque où nous som-
systémique chronique — faisant face à la mes occupés à un point jamais atteint : la
léthargie et à l’épuisement, ou à des dou- vie bouge rapidement, les exigences de
leurs articulaires ou tout simplement peut- carrière sont lourdes et immédiates, nous
être que vous vous sentez généralement sommes poussés à être de bons parents
fatigué et pas comme vous aimeriez vous pour nos enfants. Trouver un équilibre en-
sentir. On vous a peut-être déjà diagnos- tre toutes ces priorités est très difficile, et
tiqué une maladie cardiaque, le diabète ou très souvent ce sont les priorités relatives
un cancer. à notre propre santé — l’exercice, un bon
repas et un bon sommeil — qui passent à
la trappe.
La clé c’est de se rappeler pourquoi Oui, faire les changements de style de vie
vous faites cela. Faire des change- pour réparer les dégâts métaboliques de-
ments maintenant — diminuer les mande du temps. Vous aurez besoin d’ap-
glucides, vous forcer à faire de l’ex- prendre de nouvelles façons de manger et
ercice — ça peut être difficile au de prendre le temps de préparer des ali-
début. (Bien qu’au fur et à mesure ments nutritifs qui nourrissent et guéris-
que votre corps s’adapte, les cho- sent au lieu de vous nuire. Et vous devrez
ses s’améliorent.) Gardez toujours trouver du temps pour faire de l’exercice,
à l’esprit le pourquoi. Voulez-vous vous serez même peut-être agréablement
vraiment de passer les dernières surpris de constater le peu de temps que
décennies de votre vie à souf- ça demande avant de voir de véritables
frir de maladie chronique — sans changements biochimiques. Investir un peu
pouvoir voyager, ou jouer avec de temps, cependant, va en fin de compte
vos petits-enfants ? Vous voulez vous donner des années en plus — et ça
condamner les membres de votre sera de bonnes années.
famille au rôle de soignant ? Ne
Le reste de cet ouvrage est consacré à vous
préférez-vous pas vivre dans votre
donner un plan d’action clair, décrivant les
propre maison aussi longtemps
changements diététiques et de style de vie
que possible, plutôt que de faire
que vous devrez faire pour remettre votre
des séjours à l’hôpital ou vous re-
corps dans un état métabolique sain. Nous
trouver dans une maison de re-
allons commencer par l’aspect le plus im-
traite ?
portant de tous : réduire votre apport en
glucides.
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L’épidémie silencieuse
La bonne chose avec la diminution des • une tasse de riz blanc ou brun ;
glucides c’est que les autres aliments par
lesquels vous les remplacez — les matières • deux tasses de flocons d’avoine cuits ;
grasses et les protéines de qualité —
sont très rassasiants. Sur une période de • trois tranches de pain de grains en-
quelques semaines, la biochimie de votre tiers ;
corps s’ajustera à votre nouvelle et plus
saine façon de manger. Les envies de glu- • une pomme de terre cuite ou bouillie
cides vont disparaître, vous vous retrou- moyenne ou grande ;
verez à manger naturellement moins de
calories, et vous sentirez plus sain et plus • un tiers de tasse de maïs ;
énergique.
• deux pommes moyennes ;
Votre consommation de glucides par jour
ne doit pas dépasser 100 à 125 grammes. • deux petites bananes ou 1 grande ba-
(Notez que comme expliqué ci-dessous, nane et demie ;
pendant les 21 premiers jours de ce pro-
gramme votre consommation quotidienne • 40 centilitres de Coca ou de jus.
devra être encore plus basse.) Par exemple,
Voici les étapes pour un apport en glucides
voici quelques portions qui contiennent en-
qui redescend à des niveaux acceptables et
viron 50 grammes de glucides :
Comment faire face aux glucides sains.
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L’épidémie silencieuse
Évitez les édulcorants artificiels : Les raciné ces habitudes en nous, par exem-
édulcorants artificiels, tels que la saccha- ple en nous récompensant nous-mêmes
rine, l’aspartame et le sucralose, étaient avec une barre de chocolat après avoir
autrefois considérés comme des alter- passé un examen. Utiliser la nourriture
natives saines aux sucres, car ils contien- comme récompense ne conduit qu’à l’in-
nent peu ou pas de calories. Cependant, gestion de calories vides et à l’augmen-
nous savons maintenant que la gestion tation de notre consommation de sucre.
du poids et la santé en général ne dépen- Examinez vos propres habitudes alimen-
dent pas de l’apport calorique seul, et que taires et trouvez de meilleures façons de
les substances que nous ingérons influen- vous récompenser.
cent notre biochimie d’une manière que
nous ne comprenons pas encore pleine- Évitez les aliments transformés : les al-
ment. Les édulcorants artificiels augmen- iments transformés contiennent presque
tent le taux de sucre dans le sang chez toujours des sucres ajoutés. L’industrie
les souris et chez les humains, et peuvent alimentaire aime ajouter du sucre à ses
également présenter d’autres risques produits parce que ce dernier agit comme
pour la santé. Ils doivent être complète- conservateur, ce qui diminue la détéri-
ment évités. oration et donc augmente les profits, et
parce qu’il vous donne envie d’en manger
Ne buvez pas de boissons sucrées (ce plus, ce qui augmente encore les profits.
qui inclut le jus !) : Les boissons sucrées Il est facile de se tourner vers les aliments
représentent non seulement des calories transformés, car ça permet des repas
vides riches en sucre — elles sont beau- rapides à une époque où les jours sont
coup trop faciles à consommer rapide- bien remplis. Comme je l’ai mentionné
ment. En ce qui concerne la teneur en ci-dessus, toutes les étapes menant à une
sucre, les sodas et les jus sont égaux. Évi- bonne santé ne sont pas faciles. Acheter
tez-les. de la vraie nourriture et faire la cuisine à
partir de zéro (et pour certains, d’abord
N’utilisez pas les sucreries comme ré- apprendre à cuisiner) prend du temps.
compense : faites attention à vos hab- C’est à vous de définir vos priorités. Con-
itudes alimentaires. Beaucoup d’entre sidérez à quel point votre bonne santé et
nous ont appris à voir les sucreries com- celle de votre famille comptent, apprenez
me un aliment de récompense. Peut-être progressivement à prendre le temps de
que nos parents nous récompensaient réduire votre dépendance à l’égard des
avec une barre de chocolat pour avoir été aliments transformés et à commencer à «
« gentil », ou peut-être avons-nous en- manger vrai ».
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avez probablement plus qu’assez de • le bœuf ou l’agneau nourri à
graisses saturées. l’herbe ;
Bien qu’il soit important de faire en sorte que les matières grasses constituent
la plus grande partie de votre apport calorique, il est également important de
reconnaître et d’éviter les graisses qui sont nocives pour votre santé. Voici une
liste des graisses à éviter :
• les huiles provenant des graines, car elles sont riches en mauvaises huiles
oméga-6 (voir ci-dessous) ;
• la restauration rapide ou les aliments frits dans les restaurants, car c’est
pratiquement toujours très riche en dangereux gras trans et en graisses hy-
drogénées ;
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Consommation de protéines
Les protéines sont nécessaires pour construire et en-
tretenir les muscles, votre consommation minimale de
protéines doit être d’environ 50 grammes par jour. La
plupart des gens en Amérique du Nord et en Europe n’ont
aucun problème pour atteindre ce minimum de protéines.
En fait la plupart, sauf peut-être quelques végétaliens,
consomment beaucoup trop de protéines.
Vous devez viser entre 0,6 à 1 gramme de protéines pour 0,45 kg de masse cor-
porelle mince. Pour une femme de 63 kg ça fait entre 84 et 140 grammes envi-
ron et pour un homme typique de 81 kg, entre 108 et 180 grammes environ.
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quantités dangereusement élevées. to-adaptation, pendant les 21 pre-
Ce qui provoque l’acidification de leur miers jours de notre programme, lim-
sang. La céto-acidose peut-être être itez vos glucides à un maximum de 50
mortelle. La cétose, en revanche, est grammes par jour.
l’état naturel et sain du métabolisme
humain en l’absence de quantités im- • Une fois que vous êtes cé-
portantes de glucides alimentaires to-adapté, gardez votre consomma-
— en d’autres termes, le processus tion de glucides en dessous de 100 à
métabolique principal de nos an- 125 grammes par jour.
cêtres hommes des cavernes.
• Laissez votre glycémie et votre
Selon le docteur Jeff Volek et le docteur taux d’insulinémie revenir à leur
Stephen Phinney, auteurs de The Art niveau naturel faible pendant des
and Science of Low Carbohydrate Living, périodes prolongées. Cela signifie
la suppression de la capacité de votre éviter de grignoter entre les repas
corps à utiliser ses réserves de graisse et considérer le jeûne intermittent
se poursuit pendant plusieurs jours (décrit ci-dessous).
après avoir consommé des glucides,
pas seulement pendant les quelques •
heures pendant lesquelles vous con-
sommez de la nourriture alors que
•
votre taux d’insuline est élevé. Deve- •
nir céto-adapté nécessite donc plu-
sieurs semaines d’habitudes alimen- •
taires modifiées : limiter vos glucides,
permettant ainsi aux taux d’insuline à •
la fois de descendre et de rester bas,
et vous alimenter principalement à •
partir des graisses. C’est exactement
pourquoi nous recommandons que •
pendant les 21 premiers jours de no-
tre programme, vous limitiez votre
•
consommation de glucides à de très •
faibles doses — pour accélérer ce
processus d’adaptation. •
Des livres entiers pourraient être • Faites de longs exercices à faible
(et ont été) écrits sur la façon de intensité sans ravitaillement. Si vous
céto-adapter votre corps. Voici faites des activités plus longues, d’in-
quelques-uns des grands principes tensité plus faible, comme la marche,
(rappelez-vous, le but c’est d’arriver à la randonnée pédestre, le vélo ou un
un taux d’insuline bas et de le garder simple jogging, ne mangez pas au
bas) : préalable — ou, mieux encore, es-
sayez de les faire vers la fin d’un jeûne
• Modifiez l’équilibre général de intermittent — lorsque votre corps
votre alimentation afin de tirer 60 % manque de glucose et qu’il tourne de
de vos calories des lipides. toute façon sur les cétones. Faites de
l’exercice en l’absence de glucose et
• Pendant que vous êtes en cé-
l’insuline contribuera à pousser votre
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L’épidémie silencieuse
corps pour lui apprendre encore vous ne vous épuisez plus tout à coup
plus à créer et à utiliser des cétones. ou que vous n’arrivez plus à une lim-
Cependant, ne vous forcez pas à ne ite, parce que votre corps n’est plus à
pas manger avant ou pendant l’exer- court de carburant. Bien que limiter
cice si ça vous fait vous sentir mal, en les glucides et entraîner votre corps
particulier dans le cas d’un entraîne- à tourner sur les graisses va sembler
ment d’une intensité plus élevée. étrange au début, votre corps s’adap-
tera rapidement. Les niveaux d’insu-
Si vous suivez les directives ci-dessus, line chutent, et votre système de sig-
la céto-adaptation pourra prendre nalisation de la leptine commence à
plusieurs semaines. Pendant cette fonctionner à nouveau. Ne plus gri-
période, vous remarquerez moins gnoter entre les repas devient facile
de sensation de faim et de moins et vos goûts changeront de sorte que
de fringales. Si vous êtes un athlète, vous n’aurez plus envie de sucre et
vous remarquerez peut-être que d’autres glucides.
Jeûne intermittent
Une des façons d’aider votre corps à se La plupart des protocoles de jeûne in-
céto-adapter est le jeûne intermittent. termittent suggèrent de ne prendre au-
Le jeûne reproduit ce qui était autrefois cune calorie sur des périodes allant de
un évènement normal pour l’homme, 14 à 24 heures. Certains suggèrent de
mais presque impensable pour nous au- le faire de façon régulière, par exem-
jourd’hui : ne pas avoir de nourriture di- ple deux jeûnes de 24 heures par se-
sponible pendant plusieurs jours. Nos maine. Même des jeûnes intermittents
corps ont très bien évolué pour faire face relativement courts contribueront à cé-
à l’indisponibilité temporaire de nour- to-adapter votre corps. Votre taux de
riture : les faibles taux d’insuline qui en sucre et d’insuline dans le sang descend
résultent déclenchent la combustion de quelques heures après le repas.
notre graisse corporelle, fournissant une
source de carburant qui pouvait jadis sau- Le jeûne intermittent n’est pas aussi dif-
ver la vie à nos ancêtres des cavernes en ficile que cela peut paraître. Si, par ex-
leur permettant d’aller à la chasse ou à la emple, vous avez terminé votre dîner
recherche d’aliments végétaux. à dix-neuf heures, et si vous pouvez
retarder le petit-déjeuner jusqu’à dix
Cependant, ce processus ne nous est plus heures le lendemain matin, vous aurez
vraiment utile aujourd’hui avec nos trois atteint quinze heures de jeûne. Ceci
repas par jour (et les fréquentes collations est une excellente façon de commenc-
entre-deux). Notre insuline ne descend er le jeûne intermittent : priver votre
jamais — et nous n’avons jamais l’occa- corps de glucose disponible, l’entraîner
sion de brûler cette réserve de graisse à brûler la graisse corporelle et à tourn-
corporelle. Heureusement, il s’agit d’une er sur les cétones. C’est encore mieux si
situation que nous pouvons reproduire vous arrivez à faire une marche ou un
facilement. On appelle ça le jeûne, ou le jogging alimentés par les cétones avant
jeûne intermittent. Cela signifie se priver le petit-déjeuner (ne faites rien de trop
délibérément de nourriture pendant une intensif).
période de temps définie.
82
L’épidémie silencieuse
noglobulines G ou IgG. Il existe des Les tests IgG peuvent être pratiqués
informations contradictoires sur l’effi- par certaines cliniques et pharmacies
cacité réelle du test IgG pour les sen- naturopathiques. L’analyse elle-même
sibilités alimentaires. Les partisans de peut coûter entre quelques centaines
analyses sanguines IgG prétendent et plus de mille dollars. Étant donné
qu’un simple test, souvent fait en util- qu’on ne dispose pas encore de con-
isant tout juste un échantillon prélevé clusions sur le degré de précision des
par une piqure au doigt, peut dépister analyses sanguines IgG, nous recom-
la sensibilité à plus d’une centaine de mandons, si vous choisissez de vous
produits alimentaires. Les analyses y soumettre, que vous en compreniez
sanguines IgG n’ont pas été examinées les limites actuelles et que vous util-
avec rigueur par des études scien- isiez les résultats comme des indica-
tifiques, et certains chercheurs con- teurs pour faire vos propres tests par
sidèrent la présence d’anticorps IgG des régimes d’élimination.
comme représentative de l’exposition
à un aliment et donc de la tolérance Rien n’indique que d’autres tests pour
à cet aliment, plutôt qu’à l’indication les allergies alimentaires (par exem-
d’une intolérance. De nombreuses ple ce qu’on appelle les tests Vega et
organisations professionnelles d’al- le les K-tests, ou le test de cheveux)
lergologues, à la fois en Amérique du aient un quelconque fondement sci-
Nord et à l’étranger, ne considèrent entifique ou qu’ils produisent des
pas les tests d’IgG comme étant d’une résultats cohérents ou même repro-
quelconque utilité pour le diagnostic, ductibles.
et ne les recommandent pas.
Régime d’élimination
Faire un régime d’élimination ça veut yaourt avec votre petit-déjeuner, et
dire éviter complètement un aliment des lasagnes pour le dîner. Voyez en-
suspect pendant au moins deux se- suite ce qui se passe. N’oubliez pas, il
maines — et mieux vaut le faire pen- vous faudra trois jours pour dévelop-
dant quatre semaines. (Tant qu’a y per une réaction, donc soyez patient
consacrer des efforts autant le faire et attentif.
bien afin de pouvoir être sûr des résul-
tats.) Si vous présentez une sensibil- Les régimes d’élimination ne donnent
ité à l’aliment que vous avez éliminé, pas des résultats immédiatement
vous devriez constater une réduction comme une analyse sanguine. Toute-
des symptômes pendant cette péri- fois, ils ne coûtent rien, et donnent
ode. Mais vous ne le saurez à coup des résultats sans équivoque. Il vous
sûr qu’une fois que vous aurez fait le faut juste un peu de patience et de
test : réintroduire l’aliment et voir ce discipline.
qui se passe.
Parmi les coupables les plus fréquents
Par exemple, si vous avez testé votre de la sensibilité aux aliments figurent
sensibilité aux produits laitiers en les le gluten et les produits laitiers (plus
évitant pendant quatre semaines, précisément la protéine caséine
vous pourrez essayer de prendre un ou, plus rarement, la protéine lac-
84
L’épidémie silencieuse
tosérum). Parmi les autres aliments Si vous choisissez d’essayer plusieurs
qui génèrent souvent des sensibilités aliments, assurez-vous de n’en réin-
figure la famille des solanacées (no- troduire qu’un à la fois, laissez passer
tamment les pommes de terre, les au moins cinq jours avant de le réin-
tomates, les aubergines et les poiv- troduire afin de pouvoir identifier les
rons), les arachides ou les autres noix, réactions possibles, puis refaites le
le soja, les crustacés, les œufs et les test en réintroduisant l’aliment suiv-
agrumes. ant. Par exemple, si vous éliminez
les produits laitiers et le gluten pen-
Faire des tests de sensibilité au gluten dant quatre semaines, vous pouvez
ou aux produits laitiers nécessitera faire l’essai en réintroduisant certains
probablement d’investir un peu pour produits laitiers, puis attendre une
s’informer, puisqu’il s’agit d’additifs semaine pour noter toute réaction
alimentaires ordinaires qui peuvent avant de réintroduire le gluten.
se retrouver sous plusieurs noms sur
les étiquettes. Si possible, évitez les Lorsque vous faites un régime d’élim-
aliments transformés, ou cherchez ination, il est extrêmement important
uniquement les produits étiquetés de vous en tenir au régime. Prendre
sans gluten ou sans produits laitiers. ne serait-ce qu’un peu de la substance
en question ferait que vous ne pour-
Vous pouvez essayer un régime riez pas faire confiance aux résultats
d’élimination en vous concentrant de votre test — en d’autres termes,
sur un seul aliment à la fois, ou vous il n’y a absolument aucune raison de
pouvez en tester plusieurs à la fois. faire ça.
Cependant, il existe d’autres remèdes que vous pouvez également utiliser pour
réduire les niveaux de stress et de faim et pour améliorer la sensibilité à l’insu-
line et la fonction métabolique globale, au travers de vos choix de vie.
85
L’épidémie silencieuse
L’exercice
Faire de l’exercice régulièrement est (l’opposé de la résistance à l’insuline),
essentiel pour une bonne santé, et ce qui fait pour commencer que votre
pas seulement parce que ça vois fait pancréas n’a pas à produire plus d’in-
brûler des calories. Bien que certains suline.
chercheurs débattent pour savoir si
faire de l’exercice vous aidera effec- En d’autres termes, l’exercice amélio-
tivement à perdre du poids — met- re votre sensibilité à l’insuline et donc
tant en avant le fait qu’augmenter maintient votre taux d’insuline bas.
votre activité ne fait qu’accroitre votre
appétit et donc vous fait consommer Tous les types d’exercice contribuent
plus de calories — nul ne conteste à améliorer votre sensibilité à l’insu-
que l’exercice est bon pour la santé à line dans une certaine mesure. Cepen-
plusieurs titres. dant, il y a un type d’exercice parmi
tous qui convient mieux. On l’appelle
Un des avantages plus intrigants de « entraînement par intervalles à haute
l’exercice, que beaucoup de gens ig- intensité » ou HIIT. Un des avantages
norent encore, c’est qu’il aide à con- du HIIT c’est qu’il est extrêmement ef-
trôler les niveaux d’insuline. Il le fait ficace pour améliorer la sensibilité à
avec deux mécanismes différents : l’insuline de vos muscles. Mais un au-
tre avantage c’est que le HIIT nécessite
• En augmentant votre masse cor- des séances très courtes, mesurées
porelle maigre et en diminuant votre en minutes plutôt qu’en heures. Cela
taux de graisse viscérale, l’exercice signifie qu’il est beaucoup plus facile
crée un meilleur équilibre dans vos de tenir les programmes HIIT dans un
hormones, notamment l’insuline. emploi du temps chargé que les pro-
grammes d’exercices aérobiques plus
• L’exercice rend également vos traditionnels et plus chronophages.
muscles plus sensibles à l’insuline
86
L’épidémie silencieuse
Le sommeil
Le sommeil, et en particulier dormir avez est limitée à six heures — sen-
assez est un défi pour beaucoup de siblement moins que les sept heures
gens aujourd’hui. Nos vies sont rem- et demie à huit heures dont la plupart
plies, et nous n’avons tout simplement des adultes en bonne santé ont beso-
pas le temps pour tout. Le sommeil in. L’autre obstacle c’est la qualité du
est l’une des choses les plus simples à sommeil : toutes les heures passées
faire passer à la trappe. au lit ne procurent pas de sommeil
réparateur.
Toutefois, comme nous l’avons vu,
la privation de sommeil entraîne de Le temps passé au lit est sous votre
nombreux problèmes. Elle contribue propre contrôle. Encore une fois, on
au stress en augmentant les taux de en revient à vos priorités : vous devez
cortisol et modifie le taux d’autres décider quelle importance votre santé
hormones, vous rendant plus sensi- et votre avenir ont pour vous, et si oui
ble aux envies et à la boulimie — et ou non il existe d’autres activités chro-
plus susceptible de prendre du poids. nophages que vous pouvez diminuer
Le manque de sommeil affecte votre ou éliminer pour aller au lit plus tôt,
santé, vous rendant plus inefficace, ou pour dormir plus longtemps.
plus stressé et encore plus suscepti-
ble de sacrifier davantage de sommeil La qualité du sommeil est plus difficile
pour arriver à tout faire. à contrôler. Cependant, il y a un cer-
tain nombre de choses que vous pou-
Il y a deux obstacles principaux à un vez faire pour augmenter vos chanc-
sommeil suffisant. Le premier est es de bien dormir. Incorporez les
le temps passé au lit : si vous n’allez changements alimentaires indiqués
vous coucher qu’à minuit et que vous ci-dessus et ne mangez pas une ou
devez être debout à 6 heures, la quan- deux heures avant d’aller vous couch-
tité maximale de sommeil que vous er. Ajouter de l’exercice à votre rou-
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L’épidémie silencieuse
Micronutriments et suppléments
Vous devriez pouvoir atteindre une grande partie de vos ob-
jectifs alimentaires grâce à des choix de repas sains. Cepen-
dant, il y a certains micronutriments qui aident à augment-
er la sensibilité à l’insuline ou à réduire l’inflammation (ou
les deux), et que l’alimentation ne peut pas fournir en quan-
tité suffisante. Prenez ces suppléments — et prévoyez de les
prendre à vie :
L’acide alpha-lipoïque
(également appelé acide lipoïque) est un antioxydant puissant, qui complète et
soutient l’action des vitamines C et E. Il est également actif dans le métabolisme
des glucides : il améliore la résistance à l’insuline et abaisse par conséquent la
glycémie, et il aide à se protéger contre la glycation des protéines. Prenez en 600
milligrammes par jour.
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L’épidémie silencieuse
Le DHA
est une huile oméga-3 liée à la bonne santé du cerveau. Le DHA est naturelle-
ment présent dans l’huile de poisson et les algues marines, mais il est impos-
sible de tirer vos besoins quotidiens de ces sources. Prenez un supplément de
DHA de 1 000 milligrammes par jour.
L’huile de coco
en plus de ses propriétés antiinflammatoires, est considérée par le neurologue
David Perlmutter comme un supercarburant pour le cerveau. Vous pouvez l’uti-
liser pour cuisiner, vous pouvez l’ajouter aux plats cuisinés comme vous le feriez
pour l’huile de lin, ou vous pouvez la prendre à la petite cuillère comme supplé-
ment. L’huile de coco est solide lorsqu’elle est conservée dans le réfrigérateur,
vous devrez donc peut-être la réchauffer légèrement avant de l’utiliser. Prenez
une cuillère à café par jour, soit directement, soit en l’utilisant pour faire la cui-
sine.
Les probiotiques
sont des microbes intestinaux : des micro-organismes qui vivent à l’intérieur de
nous et qui sont bénéfiques pour la santé. Ils servent à tout, en partant de lutte
contre les infections, à la régulation de la sensibilité à l’insuline, en passant par
la réduction du risque de cancer. Ils doivent être consommés vivants et sont di-
sponibles sous forme de capsules. La posologie est d’une capsule trois fois par
jour.
Les vitamines C et E
sont des antioxydants ainsi que des antiinflammatoires. La vitamine E contribue
également à rétablir des taux sains de glucose et d’insuline. Vous pouvez avoir
de la vitamine C en consommant des fruits et des légumes frais. Toutefois, pour
atteindre des niveaux thérapeutiques, vous besoin de suppléments. Les supplé-
ments de multivitamines standards contiennent des vitamines C et de petites
quantités de vitamine E, mais vous aurez probablement à prendre d’autres sup-
pléments de vitamines. Pour votre santé et à des fins de prévention, prenez en-
tre 500 et 1000 mg de vitamine C deux fois par jour. Si vous avez un syndrome
métabolique, si votre immunité est compromise, ou si vous êtes exposé aux
virus du rhume ou de grippe, doublez cette dose à quatre fois par jour. Pour la
vitamine E, recherchez la version « naturelle » et pas la version « synthétique ».
(Si elle n’est pas étiquetée comme telle, vérifiez l’étiquette des ingrédients et as-
surez-vous qu’elle contienne « d-alpha » et pas « dl-alpha »). Pour votre santé et
à des fins de prévention, prenez 400 UI de vitamine E par jour. Si vous souffrez
de diabète, du syndrome métabolique ou de maladies cardiaques, prenez en
800 UI par jour.
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L’épidémie silencieuse
Le resvératrol
est un des composants antiinflammatoires actifs dans le vin rouge et les raisins.
Il est difficile (ou plus précisément dangereux !) de tenter de tirer les quantités
thérapeutiques de resvératrol simplement en buvant du vin rouge — mais, heu-
reusement, il existe des suppléments. Prenez en 100 mg deux fois par jour.
La vitamine D
contribue à réduire l’inflammation et à améliorer la sensibilité à l’insuline. La
vitamine D contribue également à la santé du cerveau, et il a été prouvé qu’elle
diminuait le risque de développer la maladie d’Alzheimer. La vitamine D se
trouve naturellement présente dans les aliments comme le poisson d’eau froide
et les champignons, et elle est aussi synthétisée naturellement par l’exposition
de votre peau au soleil. Cependant, la plupart des Nord-Américains et des Eu-
ropéens sont déficients en vitamine D. Faites tester votre taux de vitamine D et
prévoyez de prendre des doses de suppléments de 5000 UI par jour, au moins
pendant les mois d’hiver. Ça peut nécessiter plusieurs mois de prise de supplé-
mentation, avant de voir des résultats.
Le curcuma
est l’épice qui donne sa couleur jaune au curry. Son ingrédient actif, la curcum-
ine, est un antiinflammatoire et un antioxydant, il améliore également le mé-
tabolisme du glucose. Le curcuma peut être utilisé comme ingrédient alimen-
taire savoureux, mais il est difficile de tirer la dose recommandée des sources
alimentaires. Le curcuma est disponible sous forme de gélules : prenez en 350
milligrammes deux fois par jour.
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L’épidémie silencieuse
Le gingembre
est un aliment qui possède des propriétés antiinflammatoires. Vous pouvez uti-
liser le gingembre pour la cuisine — notamment dans les plats asiatiques épicés.
Vous pouvez également faire bouillir des tranches de gingembre pendant plu-
sieurs minutes et boire le thé ou ajouter le thé aux currys, aux soupes ou aux
ragoûts.
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L’épidémie silencieuse
Bibliographie
Prof. Robert Lustig, Fat Chance: Beating the Odds Against Sugar, Pro-
cessed Food, Obesity, and Disease
Gary Taubes, Good Calories, Bad Calories: Fats, Carbs, and the Controver-
sial Science of Diet and Health
Docteur Jeff Volek et docteur Stephen Phinney, The Art and Science of
Low Carbohydrate Performance
93