Le Trouble Bipolaire

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Livret d’accueil

Département d’urgences et
post-urgences psychiatriques
Responsable de l’Unité :
Pr P. Courtet

Le trouble bipolaire
Guide à l’usage des patients et des familles

CHU de Montpellier
Hôpital Lapeyronie
Pôle Urgences
371 avenue du Doyen G. Giraud
34295 Montpellier cedex 5
www.chu-montpellier.fr
Le trouble bipolaire (également connu sous le nom de maladie maniaco-dépressive)
est un trouble biologique sévère affectant de 1 à 8% de la population
générale.

Bien que variant d’un point de vue de ses symptômes et de sa sévérité,


le trouble bipolaire a presque toujours un retentissement important sur
ceux qui en sont atteints comme sur les membres de leur famille, leur
partenaire et leurs amis.

Si vous ou quelqu’un de votre entourage avez reçu le diagnostic de


trouble bipolaire, vous devez vous poser beaucoup de questions concer-
nant la nature de la maladie, ses causes et les traitements disponibles.
Ce guide a pour objectif de répondre à certaines des questions les plus
fréquemment posées à ce sujet.

SOMMAIRE

Qu’est-ce que le trouble bipolaire ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3

Comment soigne t-on le trouble bipolaire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17

Le réseau national des centres experts fondamental


pour les troubles bipolaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43

La grossesse .......................................................................... 51

Ce guide a été réalisé par les Drs F. Jollant et M. Abbar.


En collaboration avec le Pr Ph. Courtet et les Drs S. Guillaume et G. Collin.
2
Qu’est-ce que le
trouble bipolaire ?

3
4
QU’EST-CE QUE LE TROUBLE BIPOLAIRE ?

En tant qu’être humain, nous faisons tous l’expérience d’une variété


d’humeurs : bonheur, tristesse, colère pour en nommer quelques-unes.
Ces changements d’humeur sont des réactions normales de la vie
quotidienne et nous pouvons souvent identifier les événements qui en
sont la cause. Cependant, lorsque nous vivons d’importantes variations
d’humeur ou des humeurs extrêmes hors de proportion avec les événements
qui les ont produits, et que cela nous empêche de fonctionner normale-
ment, ces changements sont souvent le résultat d’un trouble de l’humeur.

Les troubles de l’humeur sont une catégorie de maladies psychiatriques


affectant notre capacité à vivre des états d’humeur normale.

Il existe deux groupes principaux de troubles de l’humeur : les troubles


dépressifs unipolaires dans lesquels les changements anormaux de
l’humeur se font toujours dans le sens d’un abaissement, et les troubles
bipolaires dont nous parlerons ici et qui impliquent des épisodes d’intense
exaltation de l’humeur alternant avec des épisodes d’abaissement anormal
de celle-ci.

Tous les troubles de l’humeur sont causés par des modifications de la


chimie du cerveau. Ils ne sont pas dus à la personne qui en souffre.
Ils ne sont pas non plus le résultat d’une personnalité faible ou instable.

Les troubles de l’humeur sont des maladies pour lesquelles il existe


des traitements spécifiques efficaces.

5
Comment faire le diagnostic ?

Bien que le trouble bipolaire soit clairement une maladie biologique, il


n’existe pas à ce jour de test de laboratoire ou d’autres procédures qu’un
médecin puisse utiliser pour faire un diagnostic définitif.
C’est à partir d’un ensemble de symptômes survenant simultanément que
le médecin va pouvoir diagnostiquer la maladie. Pour établir un diagnostic
précis, ce dernier à besoin d’établir l’histoire exacte des symptômes,
ceux que la personne présente mais également tous les symptômes
qu’elle a pu vivre dans le passé.

Quels sont les symptômes du trouble bipolaire ?

Le trouble bipolaire est une maladie dans laquelle les changements


d’humeur ont lieu par cycles. Tout au long de la maladie, la personne
présente des périodes d’humeur élevée, des périodes d’humeur abaissée
et des périodes pendant lesquelles l’humeur est normale. Il existe quatre
types différents d’épisode ayant lieu ou pouvant avoir lieu dans la maladie
bipolaire :

• L’épisode maniaque
La manie débute souvent par un sentiment agréable d’énergie augmentée,
de créativité et d’aisance sociale.
Cependant, ces impressions progressent rapidement vers une euphorie
excessive (humeur extrêmement élevée) ou vers une importante irritabilité.
Les sujets souffrant de manie manquent typiquement d’insight (regard
critique sur soi), nient tout problème et se mettent en colère contre ceux
qui leur font des réflexions.

6
L’épisode maniaque

Correspond à une période nettement délimité durant laquelle l’humeur


est élevée de façon anormale et persistante, d’une durée d’au moins
une semaine (ou moins si les troubles ont justifié une hospitalisation) et
pendant laquelle au moins trois (quatre si l’humeur est irritable) des
symptômes suivants sont présents et ont un impact important sur le
fonctionnement de la personne :

 Augmentation de l’estime de soi ou sentiment exagéré


de pouvoir, de grandeur ou d’importance.

 Réduction du besoin de sommeil bien qu’il existe une grande
dépense d’énergie.

 Plus grande communicabilité que d’habitude ou besoin


de parler constamment.

 Fuite des idées avec discours rapide que personne


ne peut suivre.

 Distractibilité importante : l’attention passe rapidement


d’un sujet à l’autre en quelques minutes.

 Augmentation de l’activité dirigée vers un but (social,


professionnel, sexuel,…) voire agitation psychomotrice.

 Implication dans des activités plaisantes mais possiblement


imprudentes sans se soucier des possibles conséquences
néfastes (par exemple dépenser trop d’argent, avoir une activité
sexuelle à risque ou réaliser des investissements non réfléchis).

Dans certains cas, la personne peut également présenter des symptômes


psychotiques tels qu’un délire (croire fermement des choses qui ne sont pas
vraies) ou des hallucinations (entendre ou voir des choses qui n’existent pas).

7
• L’épisode hypomaniaque
L’hypomanie est une forme de manie avec des symptômes similaires
mais moins intenses et causant moins de retentissement.
Durant un épisode hypomaniaque, la personne présente une humeur
élevée, se sent mieux que d’habitude et est plus productive.
Ces épisodes peuvent être si agréables que certains patients cherchent
à les retrouver en arrêtant leur traitement. Cependant, l’hypomanie peut
rarement être maintenue indéfiniment et elle est souvent suivie d’une
escalade vers la manie ou d’une chute vers la dépression.

• L’épisode dépressif majeur


Tout comme pour la manie, la dépression survient souvent rapidement
dans le trouble bipolaire.

L’épisode dépressif majeur

Les symptômes suivants sont présents depuis au moins deux semaines


et ont un impact important sur le fonctionnement de la personne :
 Sentiment de tristesse, de cafard et/ou
 Perte d’intérêt pour les choses que l’on apprécie habituellement.

Et au moins 4 des symptômes suivants :


 Difficultés pour dormir ou au contraire trop dormir.
 Perte d’appétit (+/- perte de poids) ou manger trop (+/- gain de poids).
 Problèmes pour se concentrer ou prendre des décisions.
 Sensation d’être ralenti ou au contraire avoir du mal à rester en place.
 Sentiment d’être sans valeur ou coupable ou avoir une très faible
estime de soi.

 Penser à la mort ou au suicide.

Les dépressions sévères peuvent également être associées à des halluci-


nations ou un délire.

8
• L’épisode mixte
Les épisodes probablement les plus troublants sont ceux incluant à la
fois des symptômes de manie et de dépression, symptômes ayant lieu
en même temps ou alternant rapidement durant la journée. Les personnes
sont excitables ou agitées comme dans la manie mais se sentent aussi
irritables et déprimées. Ils sont souvent difficiles à diagnostiquer.
Du fait de la combinaison d’une énergie élevée et de dépression, les
épisodes mixtes présentent le plus grand risque de suicide.

Chez une personne donnée, un type d’épisode commence souvent par le


même type de symptômes appelés prodromes par exemple une réduction
du temps de sommeil ou une fatigue. Il est important de connaître ses
propres prodromes afin de prendre en charge au plus vite l’épisode
avant que le tableau soit complet.

Quelles sont les différentes formes


de trouble bipolaire ?

Une terminologie particulière est utilisée pour décrire les formes


communes de trouble bipolaire selon le type d’épisodes :

• Dans le trouble bipolaire de type I, le patient souffre d’épisodes maniaques


ou mixtes et le plus souvent d’épisodes dépressifs.
Si quelqu’un présente pour la première fois un épisode maniaque, la
maladie est malgré tout considérée comme bipolaire bien qu’aucune
dépression n’ait eu lieu jusqu’alors. Il est en effet hautement probable
que des épisodes futurs de dépression auront lieu de même que des
épisodes maniaques à moins qu’un traitement efficace ne soit reçu.

Manie
ou Manie
mixte

Dépression

9
• Dans le trouble bipolaire de type II, le patient souffre d’épisodes
hypomaniaques et dépressifs sans aucun épisode maniaque ou mixte. Il
s’agit de la forme la plus fréquente.
Cette forme est souvent difficile à reconnaître car l’hypomanie peut
sembler normale si la personne est très productive et évite d’être impliquée
dans des problèmes sérieux. Les personnes avec un trouble bipolaire ne
recherchent pas d’aide pour les hypomanies mais seulement pour les
dépressions. Malheureusement, si un thymorégulateur n’est pas prescrit
avec un antidépresseur dans le cadre d’un trouble bipolaire II non
reconnu, l’antidépresseur seul peut être responsable d’une exaltation de
l’humeur ou rendre les cycles plus fréquents.
Hypomanie Hypomanie

Dépression

Quand débute le trouble bipolaire ?

Le trouble bipolaire débute habituellement à l’adolescence ou chez


l’adulte jeune bien qu’il puisse également commencer dans l’enfance ou
au contraire après 40 ou 50 ans. Quand un épisode maniaque a lieu pour
la première fois après 50 ans, la cause est avant tout à rechercher parmi
les problèmes imitant le trouble bipolaire, comme une maladie neurolo-
gique ou les effets de drogues, d’alcool ou de certains médicaments.

Comment évolue le trouble bipolaire ?

Le trouble bipolaire a une forte propension à la récidive.


Après 10 ans, plus de 95% des personnes ont vécu un nouvel épisode.
Le trouble bipolaire varie dans le type et la fréquence des épisodes.
Certaines personnes ont un nombre équivalent d’épisodes maniaques et
dépressifs, d’autres ont plus couramment l’un ou l’autre des types d’épisode.
La moyenne est de 4 épisodes durant les 10 premières années de la
maladie.
10
Les hommes débutent le plus souvent avec un épisode maniaque, les
femmes avec un épisode dépressif. Bien qu’un grand nombre d’années
puisse s’écouler entre le premier épisode et les épisodes suivants, les
personnes non traitées ont en fin de compte un pronostic plus sombre.
Parfois, les épisodes suivent un rythme saisonnier (par exemple devenir
hypomane l’été et déprimé l’hiver).

Les épisodes peuvent durer quelques jours, quelques mois et parfois même
quelques années. En moyenne, sans traitement, les épisodes maniaques
ou hypomaniaques durent quelques mois alors que les dépressions durent
souvent autour de six mois.
Certaines personnes guérissent complètement entre les épisodes et
peuvent vivre plusieurs années sans aucun symptôme alors que d’autres
continuent à avoir une dépression de faible intensité mais gênante ou de
légères oscillations de l’humeur.

Un petit nombre de personnes présente des cycles très fréquents voire


continuels durant l’année (ce qui est nommé trouble bipolaire à cycles rapides).
Ici, le patient souffre d’au moins 4 épisodes sur une période d’un an
pouvant combiner épisodes maniaques, hypomaniaques, mixtes ou dépres-
sifs. Cette forme est présente chez 5 à 15 % des patients ayant un trouble
bipolaire. Elle est souvent liée à l’utilisation d’un antidépresseur sans
thymorégulateur, ce qui peut augmenter la fréquence des cycles. Pour
des raisons inconnues, cette forme de trouble bipolaire semble plus fré-
quente chez les femmes.

Cycles rapides
Manie

Dépression

11
Existe t-il des troubles psychiatriques pouvant être
confondus ou coexister avec le trouble bipolaire ?
Le trouble bipolaire peut être confondu avec d’autres troubles incluant
le trouble dépressif récurrent (unipolaire), une variété de troubles anxieux
et de troubles psychotiques (comme la schizophrénie et le trouble schizo-
affectif). Ceci est dû au fait que l’anxiété et les symptômes psychotiques
ont souvent lieu durant le cours du trouble bipolaire.
Les personnes avec un trouble bipolaire souffrent par ailleurs fréquem-
ment de troubles psychiatriques dits comorbides (c’est à dire qu’ils sont
présents en plus du trouble bipolaire). Les plus fréquents sont les abus
de substances, le trouble obsessionnel compulsif et le trouble panique.
N’hésitez pas à demander à votre médecin comment il est arrivé au
diagnostic si vous avez des doutes.

Pourquoi est-il important de diagnostiquer et


de traiter le trouble bipolaire le plus tôt possible ?

En moyenne, les gens présentant un trouble bipolaire voient 3 à 4 médecins


et passent plus de 8 ans à chercher une prise en charge avant de recevoir
un diagnostic correct. Un diagnostic précoce et un traitement approprié
permettent de réduire le risque des événements suivants :

• Le suicide
Le risque est élevé dans les années initiales de la maladie.
Presque un individu sur dix avec un trouble bipolaire mourra de suicide
ce qui en fait l’une des maladies psychiatriques les plus létales.

• L’abus d’alcool et d’autres substances


Plus de 50 % des personnes avec un trouble bipolaire présentent un abus
d’alcool et de drogues durant leur maladie. Tandis que certains utilisent
ces substances comme une tentative d’automédication des symptômes
de la maladie (en particulier dans la dépression), d’autres augmentent leur
tendance à consommer (en particulier dans la manie). L’abus d’alcool et de
substances augmente le risque de déclenchement d’épisodes de l’humeur
et aggrave ces épisodes. En outre, l’abus d’alcool et de substances au
long cours aggrave l’évolution du trouble bipolaire.
12
• Des problèmes conjugaux et professionnels
Les épisodes ont le plus souvent des conséquences graves dans le domaine
du travail et des relations conjugales, familiales et amicales.
Un traitement rapide améliore les perspectives de relations sociales
stables et d’un travail productif.

• Des problèmes de réponse au traitement chez certaines personnes.


Il apparaît que les épisodes deviennent plus fréquents et plus difficiles
à traiter avec le temps.

• Un traitement incorrect, inapproprié ou insuffisant


Une personne avec un mauvais diagnostic comme une dépression seule
au lieu d’un trouble bipolaire peut recevoir de manière incorrecte des
antidépresseurs sans thymorégulateur associé. Ceci peut déclencher un
épisode maniaque ou mixte (virage de l’humeur), déclencher une évolution
de type cycles rapides et aggraver le pronostic de la maladie.

Quelle est la cause du trouble bipolaire ?

Il n’existe pas de cause prouvée du trouble bipolaire mais la recherche


suggère qu’il est le résultat d’anomalies dans la manière dont certaines
cellules du cerveau fonctionnent ou communiquent.
Quelle que soit la nature précise du problème biochimique sous-jacent,
le trouble bipolaire rend les personnes qui en souffrent plus vulnérables
aux stress émotionnels et physiques. Comme résultat, les expériences
difficiles de la vie, l’usage de substances, le manque de sommeil ou
d’autres stress peuvent déclencher des épisodes de la maladie même si
ces stress ne vont pas véritablement la cause du trouble.

13
Cette théorie d’une vulnérabilité innée (voir ci-dessous) interagissant avec
l’environnement est similaire aux théories proposées pour d’autres
troubles médicaux. Par exemple, dans les maladies cardiaques, une
personne peut hériter d’une tendance à avoir un taux de cholestérol
élevé ou une pression artérielle élevée, ce qui peut causer des diffi-
cultés croissantes d’oxygénation de son cœur. Durant un stress, comme
un effort physique ou une émotion, cette personne peut brutalement
développer une douleur de la poitrine ou avoir une crise cardiaque si
son oxygénation devient trop basse.
Le traitement dans ce cas est de prendre un médicament pour abaisser
le cholestérol ou la pression artérielle (c’est à dire traiter la maladie sous-
jacente) et dans le même temps changer de style de vie (par exemple :
exercice physique, régime, réduction du stress, qui peuvent enclencher des
épisodes aigus). De la même manière, dans le trouble bipolaire, nous
utilisons des thymorégulateurs pour traiter la maladie biologique
sous-jacente et dans le même temps nous recommandons des chan-
gements de style de vie (par exemple réduire le stress, avoir de bonnes
habitudes de sommeil, éviter l’abus de substance) de manière à réduire les
risques de rechute.

Hérite t-on du trouble bipolaire ?


Le trouble bipolaire tend à être familial. Les chercheurs ont
identifié un certain nombre de gènes qui pourraient être liés à
ce trouble et à l’origine de différents problèmes biochimiques.
Il est clair toutefois que la maladie n’est pas causée par un seul
gène (comme dans l’hémophilie par exemple) mais par une combi-
naison complexe de gènes qui augmente le risque de déclencher
la maladie (c’est-à-dire rend plus vulnérable).
Comme dans les autres troubles complexes et innés, le trouble
bipolaire n’apparaît que chez une partie des individus à risque
génétique. Par exemple, si une personne a un trouble bipolaire
et son conjoint ne l’a pas, il existe seulement un risque de 1
sur 7 que leurs enfants le développe. Ce risque peut être plus
élevé si vous avez un plus grand nombre de parents ayant un
trouble bipolaire ou un trouble dépressif unipolaire.
14
Notes personnelles sur ce chapitre

Pensez à noter en particulier le type de trouble bipolaire dont vous


souffrez, l’âge de début de votre maladie, les premiers signes personnels
de rechute (prodromes) et les facteurs déclenchants éventuels.
Notez également si d’autres membres de votre famille souffrent de
problèmes psychologiques.

15
16
Comment soigne t-on
le trouble bipolaire ?

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18
Comment soigne-t-on le trouble bipolaire ?

Types de traitements

• Les médicaments sont nécessaires pour presque tous les patients


durant les phases aiguës et préventives.

• L’électroconvulsivothérapie est parfois indiquée.

• L’hospitalisation est parfois nécessaire, notamment durant un épisode


sévère.

• La psychoéducation est cruciale en permettant d’aider les patients et


leurs familles à gérer le trouble bipolaire et à prévenir ses complications.

• L’hygiène de vie.

• La psychothérapie aide les patients et leur famille à gérer les pensées,


les sentiments ou les comportements perturbants et ceci de manière
constructive.

Etapes du traitement

• Phase aiguë
Le traitement tend à mettre fin à l’épisode actuel maniaque, hypoma-
niaque, dépressif ou mixte.

• Phase de prévention et de maintenance


Le traitement est poursuivi au long cours de manière à prévenir les
épisodes futurs.

19
Les médicaments

C’est le traitement de choix à la fois des phases aiguës et de mainte-


nance. Différents types de médicaments sont utilisés pour contrôler les
symptômes du trouble bipolaire et éviter les rechutes.
Votre médecin peut aussi être amené à prescrire ponctuellement
d’autres médicaments contre l’insomnie, l’anxiété ou l’agitation.
Alors que nous ne savons pas précisément comment ces médicaments
fonctionnent, nous savons que tous agissent sur des molécules
du cerveau appelées neurotransmetteurs et impliqués dans
le fonctionnement des cellules nerveuses.

Les régulateurs de l’humeur

Un médicament est considéré comme un régulateur de l’humeur s’il


présente trois propriétés :
1) soigner un épisode aigu maniaque ou dépressif.
2) prévenir les rechutes.
3) ne pas aggraver la dépression ou la manie et ne pas aboutir à
une accélération des cycles.

Le lithium, certains anticonvulsivants, certains antipsychotiques


répondent en partie à cette définition. L’électroconvulsivothérapie
(E.C.T.) dont nous discuterons plus tard, est aussi considérée comme
un traitement stabilisant l’humeur.

• Le lithium (Téralithe®, Neurolithium®)


Il est le premier thymorégulateur connu. C’est un élément naturel
comme le sodium. Le lithium a montré ses effets comportementaux
pour la première fois dans les années 50 et est utilisé comme régulateur
de l’humeur depuis plus de 30 ans. Le dosage des taux sanguins de
lithium (lithiémie) peut réduire les effets secondaires et permet de vérifier
que le patient reçoit une dose adéquate permettant de produire la
meilleure réponse. La lithiémie doit être comprise entre 0,7 et 1 meq/
litre (les normes peuvent un peu varier selon les laboratoires).
20
Les effets secondaires les plus fréquents sont la prise de poids, des
tremblements et une diurèse élevée (fait d’uriner plus souvent).
Le lithium peut avoir des conséquences sur la glande thyroïde et les
reins de telle manière que des tests sanguins réguliers sont nécessaires
pour être sûr que ceux-ci fonctionnent correctement.

• L’acide valproïque (Dépakine®), le valpromide (Dépamide®)


et l’association des deux (Dépakote®)
L’acide valproïque a été utilisé pendant des années comme anticonvulsivant
c’est à dire pour traiter les crises d’épilepsie. Son action thymorégulatrice
a été confirmée par des études scientifiques. Les effets secondaires les
plus communs sont la sédation, la prise de poids, les tremblements et
les problèmes gastro-intestinaux. Le dosage des taux sanguins peut par-
fois aider à limiter les effets secondaires. L’acide valproïque peut causer
une légère atteinte du foie et peut affecter la production d’un type
de cellules sanguines appelées plaquettes. Bien que très rare, il est
important de réaliser des tests des fonctions hépatiques et de doser les
plaquettes régulièrement.

• La carbamazépine (Tégrétol®)
La carbamazépine est originellement un anticonvulsivant.
Bien que moins d’études cliniques aient été réalisées, elle semble avoir un
profil similaire à l’acide valproïque. La carbamazépine cause couramment
une sédation et des effets secondaires gastro-intestinaux. Du fait d’un
risque rare d’atteinte de la moelle osseuse et d’une atteinte hépatique,
des tests sanguins réguliers sont également nécessaires durant le
traitement.
Parce que la carbamazépine a des interactions compliquées avec
d’autres médicaments, il est important de la surveiller lorsqu’elle est
combinée à d’autres traitements. La carbamazepine peut être remplaçée
par l’oxcarbamazepine (Trileptal®), molécule soeur qui présente moins
de problème de ce genre mais n’a pas l’Autorisation de Mise sur le Marché
(AMM) dans l’indication Trouble Bipolaire.

• A noter parmi les nouveaux anticonvulsivants la lamotrigine (Lamictal®)


efficace essentiellement sur le traitement et la prévention des épisodes
dépressifs survenant lors d’un trouble bipolaire. La lamotrigine n’a pas
l’AMM en France dans cette indication.
21
Le principal effet secondaire de ce médicament est le risque d’érup-
tions cutanées parfois graves et imposant l’arrêt du traitement. Ces
effets indésirables surviennent surtout lors des 2 premiers mois de traite-
ment et sont favorisés par des doses initiales élevées, une augmentation
des doses trop rapide ou l’association à l’acide valproïque. L’instauration
du traitement se fait donc par paliers progressifs assortis d’une sur-
veillance médicale.

• Les antipsychotiques : L’olanzapine (Zyprexa®), la rispéridone


(Risperdal®), l’aripiprazole (Abilify®), la clozapine (Léponex®)
Ces médicaments ont d’abord été utilisés pour lutter contre les symp-
tômes psychotiques (délire et hallucinations). Plusieurs travaux de recherche
montrent que les nouveaux antipsychotiques ont aussi des propriétés régu-
latrices de l’humeur et peuvent aider à contrôler la dépression et la manie.
Ces médicaments peuvent ainsi être utilisés seuls comme régulateurs.
Ils sont également souvent ajoutés aux thymorégulateurs pour améliorer
la réponse des patients même chez ceux qui n’ont jamais eu de symptôme
psychotique.
Les effets secondaires communs de ces médicaments sont la somnolence,
la prise de poids ou une rigidité musculaire. Bien que très efficace, la
clozapine n’est pas un traitement de première intention car elle peut
causer de rares mais sérieux troubles hématologiques et donc nécessite
une surveillance sanguine hebdomadaire puis mensuelle.
Par ailleurs, elle n’a pas l’AMM dans cette indication en France.

Les antidépresseurs

Les antidépresseurs traitent les symptômes de la dépression mais ne


sont pas un traitement de première ligne dans la dépression bipolaire.
Dans le trouble bipolaire, en cas d’épisode dépressif, les antidépres-
seurs doivent toujours être associés à un thymorégulateur.
S’ils sont utilisés seuls et sans thymorégulateur, un antidépresseur
peut entraîner chez une personne ayant un trouble bipolaire un accès
maniaque.
22
Plusieurs types d’antidépresseurs sont disponibles avec des mécanismes
d’action et des effets secondaires différents.
La plus grande partie des recherches concernant les antidépresseurs
ont été faites chez des gens présentant une dépression unipolaire, c’est
à dire chez des gens qui n’ont jamais eu d’épisode maniaque. Dans la
dépression unipolaire, les différents médicaments disponibles sont
d’efficacité équivalente. Il y a eu très peu de recherches sur l’utilisation
des antidépresseurs dans le trouble bipolaire.

Les principales classes d’antidépresseurs sont :

• Les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine :


la fluoxétine (Prozac®), la fluvoxamine (Floxyfral®), la paroxétine (Déroxat®),
le citalopram (Séropram® et Séroplex®) et la sertraline (Zoloft®).

• Les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline :


la venlafaxine (Effexor®), le milnacipran (Ixel®), la duloxetine (Cymbalta®).

• Les tricycliques : la clomipramine (Anafranil®), l’amitriptyline (Laroxyl®)…


Ils sont susceptibles de causer des effets secondaires
(hypotension, bouche sèche, constipation, glaucome par fermeture de l’angle
ou rétention urinaire chez les sujets prédisposés…) et de déclencher des
épisodes maniaques ou d’entraîner des cycles rapides.

• Les inhibiteurs de la monoamine oxydase (IMAO) non sélectifs :


le moclobémide (Moclamine®).

• Autres : La mirtazapine (Norset®), la miansérine (Athymil®),


la tianeptine (Stablon®).

23
Autres médicaments
• Les antipsychotiques (ou neuroleptiques), en dehors de leur action
régulatrice de l’humeur (voir plus haut) sont utilisés pour contrôler les
symptômes psychotiques comme les délires ou les hallucinations qui ont
parfois lieu dans les dépressions ou les épisodes maniaques sévères. Les
neuroleptiques peuvent aussi être utilisés comme sédatifs, en particulier
durant les premières étapes du traitement, contre l’insomnie, l’anxiété
et l’agitation. Il existe deux types de neuroleptiques : les anciens (souvent
appelés «typiques» ou conventionnels) et les nouveaux (ou «atypiques»).
Un des problèmes sérieux concernant les anciens neuroleptiques est
le risque d’un trouble moteur permanent appelé dyskinésie tardive,
risque bien plus faible pour les neuroleptiques atypiques.
C’est pourquoi ces derniers sont actuellement utilisés en première intention
quand un neuroleptique est nécessaire.
Il s’agit de : la clozapine (Léponex®), l’olanzapine (Zyprexa®), la rispéridone
(Risperdal®), l’aripiprazole (Abilify®).
Parmi les neuroleptiques conventionnels, nous noterons l’halopéridol
(Haldol®), la cyamémazine (Tercian®) ou la lévomépromazine (Nozinan®).
Ces médicaments ne sont pas prescrits en première intention.

• Les benzodiazépines. Il s’agit d’une famille de médicaments très utilisés en


raison de leurs propriétés anxiolytiques (contre l’anxiété), sédatives et
hypnotiques (et aussi anticonvulsivantes). Les molécules les plus prescrites
sont le diazepam (Valium®), le clorazepate dipotassique (Tranxène®), le
bromazepam (Lexomil®), l’alprazolam (Xanax®), le clonazepam (Rivotril®)
et le lorazepam (Temesta®).
Ces médicaments causent peu d’effets secondaires (somnolence, allergie…)
mais doivent être prescrits dans la mesure du possible sur des durées de
temps limitées (classiquement moins de 12 semaines) en raison du risque
de dépendance. Ils doivent être utilisés avec précaution ou évités chez les
patients qui ont une histoire de dépendance aux drogues ou à l’alcool.
Bien que les benzodiazépines comme les neuroleptiques puissent causer
une somnolence, la quantité de médicament peut être généralement
abaissée dès que la personne s’améliore. Malgré tout, certaines personnes
ont besoin de continuer à prendre un sédatif pour une période plus
longue de manière à contrôler certains symptômes comme l’insomnie
ou l’anxiété.
24
Phase aiguë
Episode maniaque ou mixte

Pour choisir le meilleur traitement, votre médecin prendra en considération


l’historique de votre traitement (si l’un a déjà marché pour vous dans le
passé), le sous-type de trouble bipolaire que vous présentez (par exemple
si vous avez une forme à cycles rapides), votre humeur actuelle (euphorique
ou mixte) et les effets secondaires particuliers.

Il n’est pas inhabituel d’associer les thymorégulateurs pour une meilleure


réponse. Si l’association n’est pas pleinement efficace, il est parfois
possible d’en associer un troisième.

Une hospitalisation est le plus souvent nécessaire durant cette phase


(voir ci-dessous).

Episode dépressif

Le traitement de première ligne des dépressions bipolaires sont les


régulateurs de l’humeur.

Toutefois, un antidépresseur est parfois nécessaire pour des dépressions


sévères. Il est important d’éviter de donner des antidépresseurs seuls
dans les troubles bipolaires parce qu’ils peuvent déclencher une augmen-
tation dans les cycles ou entraîner un «virage» c’est à dire un changement
d’une dépression vers une hypomanie ou une manie. Pour cette raison,
les antidépresseurs doivent toujours être donnés en association avec un
thymorégulateur dans le trouble bipolaire.

Si la dépression persiste malgré l’utilisation d’un antidépresseur avec


un thymorégulateur, l’adjonction de lithium (s’il n’est déjà utilisé) ou le
changement de régulateur de l’humeur peut aider.

Ici aussi, une hospitalisation est parfois nécessaire.


25
En combien de temps agissent les médicaments ?
Cela peut prendre quelques semaines avant qu’une bonne réponse
n’apparaisse.

Bien que le premier traitement essayé marche pour certains patients,


il est courant qu’un patient essaye deux ou trois traitements avant de
trouver celui qui est pleinement efficace et ne lui cause pas d’effet se-
condaire. En attendant l’effet, il est parfois utile de prendre un traitement
symptomatique pour améliorer les troubles du sommeil ou l’anxiété.

Les stratégies pour limiter les effets secondaires


Tous les médicaments sont susceptibles d’entraîner des effets secon-
daires. Il existe aussi de sérieuses mais rares complications médicales. De
même que différentes personnes peuvent avoir des réponses différentes
à des traitements différents, le type d’effets secondaires développés
peut varier grandement entre les personnes et certaines personnes
peuvent ne pas avoir d’effet secondaire du tout. Ainsi, si quelqu’un a des
problèmes d’effet secondaire avec un médicament, cela ne signifie pas
que cette même personne développera d’autres troubles avec d’autres
médicaments.

Certaines stratégies peuvent aider à prévenir ou à minimiser les effets


secondaires. Par exemple, le médecin peut démarrer à une dose basse
et ajuster le traitement à des doses plus élevées de manière lente.
Bien que cela nécessite d’attendre plus longtemps pour voir l’efficacité
du traitement sur les symptômes, cela réduit les risques de développer
des effets secondaires. Dans le cas du lithium ou de l’acide valproïque,
le dosage sanguin est très important pour s’assurer que le patient reçoit
assez de médicament pour l’aider, mais pas plus que nécessaire.
Si des effets secondaires apparaissent, les doses peuvent être fréquemment
ajustées pour faire disparaître ces derniers ou d’autres médicaments
peuvent être ajoutés. Il est important de discuter de ces problèmes ou
de tout autre problème que vous pouvez rencontrer avec votre médecin
de manière à ce qu’il puisse les prendre en compte dans votre traitement.
26
L’électroconvulsivothérapie (ECT)
L’ECT est souvent une mesure vitale dans les dépressions sévères et la
manie mais elle a une image négative. L’ECT est un traitement de première
intention quand le sujet est très suicidaire, sévèrement malade et ne peut
pas attendre que les médicaments soient efficaces (par exemple la
personne ne mangeant plus ou ne buvant plus), s’il y a une histoire d’essais
infructueux de plusieurs médicaments, si les conditions médicales ou
une grossesse rendent un traitement médicamenteux dangereux ou si
une psychose sévère est présente. L’ECT consiste à provoquer une crise
d’épilepsie sous anesthésie générale, donc complètement indolore, dans
des conditions strictes de surveillance médicale. Les patients bénéficient
typiquement d’environ 10 séances sur quelques semaines. Les effets
secondaires les plus fréquents sont les troubles de mémoire mais ces
troubles disparaissent après le traitement.

L’hospitalisation
Les patients avec un trouble bipolaire de type I sont le plus souvent
hospitalisés à un moment de leur maladie parce que l’accès maniaque
affecte l’évaluation de leur propre état et leur jugement. Les personnes
ayant une manie sont souvent hospitalisées contre leur volonté (Hos-
pitalisation à la demande d’un Tiers (HDT)), plus rarement Hospitalisation
d’Office (HO), ce qui peut être très éprouvant pour les patients comme
pour leurs proches. Cependant, la plupart des personnes maniaques sont
reconnaissantes après-coup des soins reçus même si à ce moment là
cela a été donné contre leur volonté. L’hospitalisation devrait être consi-
dérée lors des circonstances suivantes quand :

• la sécurité est en jeu du fait du risque d’impulsions suicidaires,


homicides ou agressives, ou d’actes réalisés,
• une détresse sévère ou un dysfonctionnement nécessite un soutien et
des soins permanents dans la journée (ce qui est difficile voire impossible
pour une famille pendant une longue période de temps),
• il y a un abus de substances en cours, de manière à prévenir l’accès
aux drogues,
• le patient présente un état médical instable,
• une observation permanente des réactions du patient aux médicaments
est nécessaire.
27
Phase de prévention et de maintenance

Les régulateurs de l’humeur sont la pierre angulaire de la prévention


des rechutes et du traitement de maintenance au long cours.

Chez un tiers des personnes avec un trouble bipolaire, la réponse au


traitement au long cours sera totale c’est-à-dire qu’il n’y aura plus de
rechute. Les autres présenteront une importante réduction dans la fré-
quence et la sévérité des épisodes durant le traitement de maintenance.

Il est important de ne pas se décourager quand des rechutes ont lieu et


de reconnaître que le succès du traitement peut seulement être évalué à
long terme en prenant en compte la fréquence et la sévérité des épisodes.
Prenez bien soin de rapporter à votre médecin les changements d’humeur,
immédiatement, car l’ajustement de vos médicaments dès les premiers
signes d’alerte peut souvent restaurer une humeur normale et décapiter
un épisode avant son installation complète. Ces ajustements médica-
menteux devraient être vus comme une routine dans le traitement (de
la même manière que les doses d’insuline sont changées de temps en temps
dans le diabète). Beaucoup de patients qui souffrent d’un trouble bipolaire
répondent mieux à une association de médicaments. Souvent, la meilleure
réponse est réalisée avec un ou plusieurs régulateurs additionnés, de
temps en temps, d’un autre médicament.

Prendre un traitement correctement et de la manière dont il a été prescrit


(ce qui s’appelle l’adhésion thérapeutique) pendant longtemps est difficile, que
vous soyez traité pour un problème médical (comme une hypertension
artérielle ou un diabète) ou pour un trouble bipolaire.
Les personnes avec un trouble bipolaire sont souvent tentées d’arrêter de
prendre leur médicament durant la phase de maintenance pour plusieurs
raisons. Ne ressentant plus de symptômes, ils pensent qu’ils n’ont plus
besoin de médicaments. Ils peuvent également trouver que les effets
secondaires sont trop durs à supporter. Ils peuvent regretter la légère
euphorie qu’ils ont vécue durant l’épisode hypomaniaque.

28
Cependant, la recherche montre très clairement qu’arrêter un traitement
de maintenance aboutit presque toujours à une rechute, souvent dans
les semaines ou les mois suivant l’arrêt.
Dans le cas du lithium, le taux de suicide augmente de manière importante
après cessation du traitement. Il existe des preuves montrant que l’arrêt
brutal du lithium peut progressivement conduire à un plus grand risque
de rechute.

Donc, si vous devez interrompre votre traitement, cela doit être fait de
manière progressive sous supervision médicale rapprochée.

Quand un patient a seulement eu un épisode maniaque, il doit être évoqué


la possibilité de diminuer le traitement après un an.
Cependant, si cet épisode unique a lieu chez quelqu’un ayant une famille
présentant une histoire de trouble bipolaire ou si cet épisode est particuliè-
rement sévère, un traitement de maintenance à plus long cours doit être
envisagé. Si quelqu’un a eu deux ou plusieurs épisodes maniaques ou
dépressifs, les experts recommandent fortement de prendre un traitement
préventif à vie.

Le seul moment où il faut envisager l’arrêt d’un traitement préventif qui


marche bien c’est :
• lorsqu’un problème médical ou d’importants effets secondaires
compromettent son usage en toute sécurité,
• lorsqu’une femme désire avoir un enfant.

Même ces conditions ne sont pas des raisons absolues d’arrêt et des
traitements de remplacement peuvent être trouvés.
Vous devez discuter chacune de ces situations avec votre médecin.

29
La psychoéducation :
apprendre à vivre avec un trouble bipolaire
Une autre part importante du traitement est l’éducation.
Le centre expert bipolaire Languedoc Roussillon propose aux patients
souffrant d’un trouble bipolaire diagnostiqué et suivi par un psychiatre
référent ainsi que leurs familles des groupes de psychoéducation. Ces
séances permettent de mieux connaître le trouble bipolaire et sa prise en
charge afin de mieux y faire face.

Quels sont les objectifs des groupes ?

Pour les patients :


• Apporter du soutien aux patients.

• Echanger avec d’autres patients atteints de trouble bipolaire.

• Mieux comprendre la maladie, les différents troubles bipolaires,


les traitements médicamenteux et les aides psychologiques.

• Favoriser son acceptation et sa déstigmatisation.

• Avoir un impact sur la prévention des rechutes, détecter les signes


précoces de rechute.

• S’informer sur les stratégies à adopter.

Pour les familles :


• Améliorer la qualité de vie des proches.

• Avoir un impact sur la prévention des récidives.

• Mettre en place des stratégies et améliorer la communication entre les


proches et les patients.

• Améliorer la collaboration entre les proches et les équipes soignantes.

• Favoriser l’acceptation et la déstigmatisation du trouble.

• Prévenir les récurrences et diminuer le nombre et la durée des hospita-


lisations : identifier les symptômes qui annoncent une rechute.
30
Quels sont les thèmes abordés ?

• Les différents types de troubles bipolaires.


• Que dire, que faire en cas de rechutes thymiques.
• Le repérage des signes précoces de rechutes.
• Les différentes stratégies à adopter.
• La communication.
• Les traitements médicamenteux et les aides psychologiques.

Comment se déroulent les séances ?

• Avant le groupe : Un RDV individuel est convenu avec un des animateurs


du groupe afin de préciser la demande et les attentes.
• Pendant le groupe : 3 modalités non exhausitives

1 : Groupe psychoéducation pour les patients seuls :


• 8 séances d’1h30 à raison d’une séance/semaine, le jeudi de 12h30 à 14h.
2 : Groupe psychoéducation pour les proches de patients souffrant de
trouble bipolaire :
• 1 séance par semaine pendant 8 semaines, le vendredi de 12h à 13h30.
3 : Journée condensée de psychoéducation pour patients et/ou famille :
• 1 séance unique un mardi de 9h à 17h (repas compris sur place)
• Réservée aux patients et/ou famille habitant loin ou impossibilité de
participer aux groupes standards.
• Après le groupe : Une séance est proposée à distance afin de faire le
point sur les différents thèmes abordés et les apports de la psychoéducation.

Qui animent les séances ?

Neuropsychologues : Kathlyne DUPUIS-MAURIN - Lucie NASS - Doriane PELI


Infirmier(e)s : Gaëlle TARQUINI - Laurence BARDIN
Psychiatres : Dr Gachet - Interne du Centre Expert Bipolaire

Où se déroule les séances Hôpital Lapeyronie, service urgences post


urgences psychiatriques, niveau 0 (aile B), salle de cours en face du secrétariat.
31
Pour participer, contacter :

- Les infirmières du Centre expert bipolaire au : 04 67 33 07 92


ou par mail : [email protected]

Y’a t’il quelque chose que je puisse faire ?


Absolument !

• Devenez un expert de la maladie


Puisque le trouble bipolaire vous accompagnera durant toute votre vie,
il est essentiel que vous et vos proches connaissiez tout de cette
maladie et de son traitement. Lisez des livres, assistez à des conférences,
discutez avec votre médecin ou votre thérapeute et réfléchissez au
fait de rejoindre et vous impliquer dans une association de patients afin
de toujours rester au courant des derniers progrès médicaux mais aussi
d’apprendre avec les autres comment bien vivre sa maladie.
Etre un patient informé est le plus sûr moyen d’y parvenir.

• Obtenez le soutien de vos proches.


Cependant, souvenez-vous qu’il n’est pas toujours facile de vivre avec
quelqu’un qui a des variations de l’humeur.
Si vous et vos proches apprenez le mieux possible ce qu’est un trouble
bipolaire, vous serez bien plus à même de réduire les inévitables diffi-
cultés relationnelles que ce trouble peut causer. Même la famille la plus
calme aura parfois besoin d’une aide externe pour résoudre les stress
d’un proche présentant des symptômes. Demandez conseils à votre
médecin ou thérapeute. Une thérapie familiale ou un groupe de support
peuvent également être très utiles.

• Apprenez à reconnaître les petits signes d’appel d’un nouvel


épisode (prodromes).
Ces signes précoces diffèrent d’une personne à l’autre et ne sont pas les
mêmes pour un épisode maniaque ou dépressif. Mieux vous saurez re-
pérer ces signes d’appel, plus vite se mettra en place la prise en charge.

32
De légers changements d’humeur, de sommeil, d’énergie, d’estime de
soi, d’intérêt sexuel, de concentration, de volonté de s’investir dans de
nouveaux projets, des pensées de mort ou au contraire un optimisme
soudain, même des modifications d’habillage et de soins peuvent être
des avertissements précoces d’une rechute imminente. Faites particu-
lièrement attention aux modifications du sommeil car c’est un indice
fréquent de début d’un trouble. N’hésitez pas à demander à votre famille
de surveiller ces signes précoces qui peuvent vous échapper.

• Envisager de participer à une étude clinique.


Même si de nombreux progrès ont été réalisés dans la connaissance et
le traitement du trouble bipolaire, beaucoup reste à faire.
Pour avancer, la recherche repose sur la mise en place d’études cliniques.
Il s’agit d’évaluer un grand nombre de personnes sur, par exemple, les
symptômes ou l’histoire de leur maladie, leurs antécédents familiaux...
Souvent, ces études portent sur l’évaluation de nouveaux traitements.
Les patients reçoivent au préalable une information claire et détaillée.
Ils donnent alors leur consentement libre et éclairé et peuvent à tout
moment quitter l’étude sans modification de leur prise en charge.
«Faites avancer la recherche !»

Et si vous avez envie d’interrompre le traitement

Il est normal de temps en temps d’avoir des doutes ou de se sentir gêné


par rapport au traitement. Si vous avez l’impression qu’un traitement ne
marche pas ou est la cause d’effets secondaires indésirables, parlez-en
à votre médecin.
N’ajustez pas et n’arrêtez pas votre
traitement médicamenteux
tout seul.
N’ayez pas peur de demander
à votre médecin d’organiser
un second avis médical si
les choses ne vont pas bien.

33
A quelle fréquence dois-je voir mon docteur ?
Durant les accès aigus, dépressifs ou maniaques, la plupart des patients
voient leur médecin au moins une fois par semaine afin de contrôler
l’évolution des symptômes, les doses de médicaments et les effets se-
condaires. Au fur et à mesure de votre amélioration, les contacts sont
moins fréquents. Une fois la récupération complète, vous voyez votre
médecin pour un bref bilan selon un rythme de plusieurs mois.

Ne tenez pas compte des rendez-vous médicaux ou de dosages sanguins


et appelez votre médecin rapidement si vous avez :
• Des envies de suicide ou des sentiments violents,
• Des modifications de votre humeur, de votre sommeil ou d’énergie,
• Des changements dans les effets secondaires de vos médicaments,
• Un besoin d’utiliser un traitement sans ordonnance par exemple
contre la douleur,
• Une maladie générale ou besoin d’une intervention chirurgicale, de
soins dentaires ou d’une modification d’un autre traitement que vous
prenez habituellement,
• Si votre entourage vous le conseille.

Comment puis-je contrôler les progrès


de ma propre prise en charge ?

Tenir à jour un journal est un bon moyen d’aider votre docteur, vous-
même et vos proches à gérer votre maladie. Ceci consiste en un relevé
de vos sensations quotidiennes, vos activités, l’état de votre sommeil,
vos traitements et leurs éventuels effets secondaires, et les événements
importants de votre vie. Le plus souvent, quelques mots suffisent.
Beaucoup de gens aiment utiliser un diagramme de l’humeur s’étendant
du «plus déprimé» au «plus maniaque» que vous ayez connu, le «nor-
mal» se trouvant au milieu. Noter les modifications du sommeil, les
stress de la vie et ainsi de suite peut vous aider à identifier les signes
d’appel d’une dépression ou d’une manie et les types de déclencheurs
qui vous concernent.
34
Que peuvent faire votre famille et vos amis
pour vous aider ?

Si vous êtes un membre de la famille ou l’ami d’une personne souffrant


d’un trouble bipolaire :
• Informez-vous sur la maladie, ses origines et son traitement.

• Discutez régulièrement avec le médecin du patient.

• Apprenez à reconnaître les signes d’appel d’une dépression ou d’une


manie, signes propres à la personne. Evoquez avec le patient, pendant
qu’il ou elle est bien, ce que vous devez faire en cas de rechute.

• Encouragez le patient à suivre son traitement, à voir son médecin, à


éviter l’alcool et les drogues. S’il ne va pas bien ou a de sévères effets
secondaires, encouragez-le à prendre un second avis médical mais en
aucun cas à interrompre le traitement.

• S’il rechute et considère alors vos préoccupations comme une ingérence,


souvenez-vous que ce n’est pas un rejet de vous-même mais un symptôme
de sa maladie.

• Connaissez les signes d’appel du suicide et prenez chaque menace au


sérieux. Si la personne met un terme à ses affaires, parle de suicide,
discute fréquemment des moyens de mettre fin à ses jours ou montre
des sentiments grandissants de désespoir, faites appel au médecin du
patient, un membre de la famille ou des amis.
Le respect de la vie privée est secondaire devant le risque de suicide.
Appelez le 15 si la situation devient critique.

• Avec une personne prédisposée aux épisodes maniaques, profitez des


périodes d’humeur normale pour organiser à l’avance des plans afin
d’éviter des problèmes lors des épisodes futurs de la maladie. Discutez
du moment auquel prendre des mesures de sécurité, telles que retirer
les cartes de crédit, les accords de découvert bancaire, les clefs de voiture
et aller à l’hôpital.

35
• Partagez la responsabilité de prendre soin du patient avec d’autres
proches. Cela vous aidera à réduire les effets stressants que la maladie
provoque chez les soignants et préviendra lassitude et amertume.

• Quand les patients récupèrent d’un épisode, donnez-leur le temps de


retrouver la vie à leur propre rythme.
Evitez les attentes excessives. Essayez de faire des choses avec eux et
non à leur place de manière à ce qu’ils retrouvent leur confiance en eux.
Traitez-les normalement mais soyez toujours vigilants aux symptômes.
S’il y a rechute de la maladie, vous pourriez les noter avant la personne.
Signalez-lui ceux-ci de manière prudente et suggérez-lui d’en parler à
son médecin.

• Autant vous que le patient avez à apprendre la différence entre un


bon jour et une hypomanie, et entre un mauvais jour et une dépression.

Les personnes ayant un trouble bipolaire ont comme les autres de bons
et de mauvais jours. L’expérience et la conscience du trouble vous per-
mettront de faire la différence.

• Profitez de l’aide fournie par les groupes de soutien


(voir coordonnées plus loin).

36
Hygiène de vie
Vous pouvez également réduire les petites variations d’humeur et les
stress qui conduisent parfois à de plus sévères épisodes en faisant atten-
tion à ce qui suit. Ces conseils permettent aussi d’améliorer votre santé
physique ce qui important en général, mais particulièrement pour les
patients bipolaires qui tendent à être en moins bonne santé physique que
la population générale.

• Maintenez des rythmes de sommeil réguliers


Couchez-vous et levez-vous à peu près à la même heure chaque jour.
Un sommeil irrégulier semble pouvoir causer des modifications chimiques
dans votre corps susceptibles de déclencher des troubles de l’humeur.
S’il vous faut faire un long voyage entraînant un décalage horaire, prenez
conseil auprès de votre médecin. Si vous vous couchez tard un soir,
pensez à vous coucher à l’heure le lendemain.

• Ayez des activités régulières.


Ne restez pas inactif cela augmente le risque
de dépression. Toutefois, ne vous surmenez pas.

• Ayez une activité physique régulière.


Ceci a montré un effet antidépresseur.

• Mangez de manière équilibrée et à heure régulière.


Ceci est important pour votre santé physique. Mangez de tout en quantité
raisonnable. Eviter la consommation excessive de graisses et de sucres
rapides qui sont des facteurs de risques cardio-vasculaire et de surpoids.
Evitez de trop consommer de sel qui augmente les risques d’hypertension
artérielle. En outre, favorisez la consommation de poissons, notamment
les poissons gras riches en acides gras essentiels de type Oméga-3 (thon,
saumon, sardines… ainsi que les crustacés) qui semblent posséder des pro-
priétés antidépressives. Les repas réguliers permettent en outre de réguler
les rythmes de votre vie. Ils sont aussi important sur le plan social, vous
permettant d’échanger avec votre entourage.
37
• Ne faites pas un usage excessif d’alcool ou de drogues.
Ces derniers peuvent en effet déclencher un trouble de l’humeur et
modifier l’efficacité des médicaments. Il se peut que vous trouviez tentant
de traiter vos problèmes d’humeur ou de sommeil par de l’alcool ou des
drogues.
Ceci rend les choses pratiquement toujours pires. Si vous avez un problème
avec des substances psychoactives, parlez-en à votre médecin. Soyez
très prudent sur la consommation quotidienne d’alcool, de caféine ou
de médicaments sans ordonnance pour par exemple les allergies ou la
douleur. Même de petites quantités peuvent interférer avec le sommeil,
l’humeur ou votre traitement médicamenteux.

• Essayez de réduire les stress professionnels.


Bien entendu, vous voulez donner le meilleur de vous à votre travail.
Cependant, gardez à l’esprit qu’éviter les rechutes est plus important et
vous permettra à long terme d’augmenter votre productivité générale.
Essayer de conserver des horaires vous permettant de dormir à des heures
convenables. Si vos symptômes modifient vos capacités de travail, dis-
cutez avec votre docteur de l’opportunité de poursuivre ou de prendre
un arrêt de travail. Le choix de parler ou pas de votre maladie à votre
employeur ou à vos collègues ne dépend que de vous. Si vous êtes
incapable de travailler, un membre de votre famille peut dire à votre
employeur que vous ne vous sentez pas bien, que vous êtes soigné par
un médecin et que vous serez de retour dès que possible.

38
La psychothérapie
La psychothérapie dans le trouble bipolaire aide la personne à gérer les
problèmes de la vie, à faire face aux changements de l’image de soi ou
des projets d’avenir, et à comprendre les effets de la maladie sur les re-
lations importantes. Elle est un complément au traitement et ne remplace
pas les médicaments.
Quand elle est utilisée en phase aiguë, la psychothérapie est plus
adaptée aux dépressions qu’aux manies. Il est en effet difficile pour un
patient maniaque d’écouter le psychothérapeute.
Les psychothérapies au long cours peuvent aider à prévenir les manies
et les dépressions en réduisant les stress qui déclenchent les accès et en
augmentant l’adhésion au traitement.

Les types de psychothérapie particulièrement utiles durant une dépression


aiguë et durant les rémissions sont :

• La thérapie comportementale se concentre sur les comportements


pouvant augmenter ou diminuer les stress, et sur les moyens d’augmenter
les expériences agréables qui peuvent aider à améliorer les symptômes
dépressifs.

• La thérapie cognitive cherche à identifier et à changer les pensées


pessimistes et les croyances pouvant amener à la dépression.
Elle est souvent associée à la thérapie comportementale (on parle de
thérapie cognitivo-comportementale ou TCC).

• La thérapie interpersonnelle vise à réduire les tensions qu’un


trouble de l’humeur peut créer au sein des relations sociales.
Elle vise aussi l’amélioration des rythmes sociaux.

• D’autres types de psychothérapies existent, moins bien étudiées dans


le trouble bipolaire ou peu utilisées en France.

La psychothérapie peut être individuelle (seulement vous et le thérapeute),


de groupe (avec des gens ayant des problèmes similaires) ou familiale.
Le thérapeute peut être votre médecin ou une autre personne, tel qu’un
infirmier ou un psychologue qui travaille en partenariat avec votre médecin.
39
Pour tirer le plus profit de votre psychothérapie :

• Respectez vos rendez-vous.

• Soyez honnête et ouvert avec le psychothérapeute.

• Faites le travail thérapeutique qui vous est demandé hors consultation.

• Renseignez le thérapeute sur l’efficacité du traitement.

Souvenez-vous que la psychothérapie fonctionne habituellement de manière


plus progressive que les médicaments et qu’elle peut nécessiter plus de
deux mois avant de montrer sa pleine efficacité.
Cependant, ses effets peuvent être durables. Comme pour les médi-
caments, les personnes réagissent différemment aux psychothérapies.

40
Notes personnelles sur ce chapitre
Pensez à noter les médicaments que vous avez reçus, leur posologie
(doses), leur efficacité, leurs effets secondaires éventuels et la durée
du traitement. Notez les mesures que vous avez prises pour améliorer
votre humeur et votre santé physique (rythmes réguliers, alimentation,
activité physique…).

41
42
Le réseau national des centres
experts fondamental

43
44
Centres Experts Troubles Bipolaires en pratique
Patients concernés

Les Centres Experts FondaMental s’adressent à tous les patients qui


souffrent de troubles bipolaires déjà diagnostiqués mais aussi aux sujets
dont le diagnostic est envisagé mais pas encore établi et qui souhaitent
bénéficier d’une confirmation de diagnostic. Le patient devra être suffi-
samment stable, c’est à dire à distance d’un épisode de dépression ou
d’excitation caractérisé.

Les apports du bilan centre expert

Il vise à établir un diagnostic, à évaluer les caractéristiques du


trouble comme les réponses aux traitements antérieurs et à re-
chercher des comorbidités psychiatriques et somatiques. Il peut
proposer un bilan neuropsy-chologique et permet de bénéficier
de recommandations thérapeutiques personnalisées, en fonc-
tion des données les plus récentes de la littérature scientifique.
Il s’agit donc de proposer un « état des lieux » complet de la maladie,
ce qui permet de définir les orientations possibles de la prise en charge
thérapeutique, mais aussi de suivre l’évolution de la maladie.

Modalités d’accès

Les Centres Experts reçoivent les patients adressés par leur psychiatre ou
leur médecin généraliste. Les évalua-tions réalisées au Centre Expert ne se
substituent pas au suivi réalisé par le médecin ou psychiatre traitant.

Processus au sein des Centres Experts


1 : Le patient est d’abord reçu pour une consultation spécialisée qui débou-
chera sur une première approche diagnostique ou un avis thérapeutique.

2 : Si l’indication d’un bilan est posée et si l’humeur du patient est com-


patible avec celui-ci, le patient est reçu par l’équipe du Centre Expert
(composée d’un médecin psychiatre, d’un neuropsychologue et d’une infirmière)
pour une journée de bilan organisée en hôpital de jour.
45
3 : Au terme des évaluations, un rendez-vous est proposé au patient
afin de faire la restitution des informations obtenues lors du bilan. Des
recommandations sur le mode de prise en charge (modification du trai-
tement médicamenteux, proposition d’interventions psychothéra-peutiques, règles
de surveillance…) sont proposées. Un compte-rendu détaillé est remis au
patient et est adressé au médecin référent.

Déroulement type du bilan

Cette organisation est modulable selon les patients et selon les Centres
Experts FondaMental.

Matinée Après-midi
Bilan neuropsychologique
Bilan infirmier : bilan biolo-
(attention, concentration,
gique, prise des constantes
mémoire…)
Bilan somatique : facteurs de
Pause
risque cardiovasculaires, etc.
Évaluation du fonctionnement
social/professionnel, de la
Petit-déjeuner
réactivité émotionnelle, du
sommeil et de la vigilance
Évaluation des symptômes
d’humeur, antécédents
(médicaux et psychiatriques), Auto-questionnaires
revue des traitements et des
effets secondaires
Caractérisation du trouble
bipolaire, des comorbidités
anxieuses, addictives, suicid-
aires

46
3 : Au terme des évaluations, un rendez-vous est proposé au patient
afin de faire la restitution des informations obtenues lors du bilan. Des
recommandations sur le mode de prise en charge (modification du trai-
tement médicamenteux, proposition d’interventions psychothéra-peutiques, règles
de surveillance…) sont proposées. Un compte-rendu détaillé est remis au
patient et est adressé au médecin référent.

A l’issu du 1er bilan

Un bilan plus restreint est proposé tous les six mois ou tous les ans. Il
vise à surveiller l’évolution des troubles et évaluer l’impact de la prise
en charge préconisée.

Modalités de prise en charge

Les consultations et la restitution du bilan sont des presta-tions médi-


cales spécialisées. Les évaluations sont réalisées dans le cadre d’une
prise en charge en hôpital de jour. Pour ce type de bilan, les patients
doivent (idéalement) disposer d’une prise en charge à 100%. Dans le
cas contraire, une partie des frais sera à la charge de leur mutuelle ou à
la charge des patients eux-mêmes.

Les évaluations ont lieu au sein de l’hôpital Lapeyronie.

Les Centres Experts FondaMental, un dispositif


de soins et de recherche
Labellisés par la Fondation FondaMental et hébergés au sein de services
hospitaliers, les Centres Experts Fonda-Mental sont spécialisés dans
l’évaluation, le diagnostic et l’aide à la prise en charge d’une patho-
logie psychiatrique spécifique. Construits autour d’équipes pluri-
disciplinaires, ils utilisent tous les mêmes standards d’évaluation.
Ils sont destinés à faciliter une prise en charge person-nalisée des patients
et permettent le développement de la recherche clinique.

47
Labellisés par la Fondation FondaMental et hébergés au sein de services
hospitaliers, les Centres Experts Fonda-Mental sont spécialisés dans
l’évaluation, le diagnostic et l’aide à la prise en charge d’une patho-
logie psychiatrique spécifique. Construits autour d’équipes pluri-
disciplinaires, ils utilisent tous les mêmes standards d’évaluation.
Ils sont destinés à faciliter une prise en charge person-nalisée des patients
et permettent le développement de la recherche clinique.

Concrètement, les centres experts fondamental proposent


aux patients :
• des consultations spécialisées pour un diagnostic ou un avis thérapeutique ;

•l’accès à un bilan exhaustif et systématisé réalisé en hôpital de jour


pour des patients adressés par un médecin généraliste ou un psychiatre ;

•des soins peu diffusés en pratique courante (psychoéducation, ateliers de


gestion du stress, remédiation cognitive, etc.) ;

• la participation à des projets de recherche clinique visant à mieux


comprendre la pathologie et à développer de nouvelles stratégies thé-
rapeutiques.

Où trouver un Centre Expert pour les troubles


bipolaires ?
• BESANÇON (CHRU, Hôpital Jean Minjoz)
• BORDEAUX (Centre Hospitalier Charles Perrens)
• BREST (CHRU, Hôpital Bohars)
• CLERMONT-FERRAND (CHU, Hôpital Gabriel Montpied)
• COLOMBES (Hôpital Louis Mourier)
• CRÉTEIL (Hôpital Albert Chenevier)
• GRENOBLE (CHU de Grenoble)
• LYON (Centre Hospitalier Le Vinatier)
• MARSEILLE (Hôpital Sainte Marguerite)
• MONACO (Centre Hospitalier Princesse Grace)
• MONTPELLIER (Hôpital Lapeyronie)
• NANCY (Centre Psychothérapique de Nancy)
• PARIS (Hôpital Fernand Widal)
48 • VERSAILLES (Hôpital André Mignot)
Les Centres Experts FondaMental, un dispositif
de soins et de recherche
Créée en 2007 par le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la
Recherche, la Fondation FondaMental est une fondation de coopéra-
tion scientifique dédiée à la lutte contre les maladies psychiatriques.
Son statut lui permet de recevoir des dons et legs ouvrant droit à des
réductions d’impôts.

Ses missions

• Améliorer le dépistage, le diagnostic et la prise en charge des patients


souffrant de maladies psychiatriques.
• Encourager et soutenir la recherche en psychiatrie.
• Former les professionnels de santé et les chercheurs.

Son champ d’action

La Fondation FondaMental se concentre sur certaines maladies psychia-


triques parmi les plus fréquentes et les plus invalidantes : les troubles
bipolaires, la schizophrénie, l’autisme de haut niveau (ou syndrome
d’Asperger), les dépressions résistantes, les TOC résistants et le stress
post-traumatique.

Ses membres fondateurs

• Inserm
• Assitance Publique des Hôpitaux de Paris
• UPEC
• UPMC
•Paris DESCARTES
• CEA

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Les réseaux des Centres Experts FondaMental

Il existe aujourd’hui 46 Centres Experts en France et à Monaco organisés


en quatre réseaux spécialisés :

• 14 Centres Experts dédiés aux troubles bipolaires.


• 10 Centres Experts dédiés à la schizophrénie.
• 9 Centres Experts dédiés aux troubles du spectre de l’autisme.
• 13 Centres Experts dédiés à la dépression résistante La Fondation
FondaMental assure auprès des Centres Experts FondaMental l’instal-
lation et les mises à jour du dossier médical informatisé. Elle assure aussi
le dévelop-pement de projets de recherche, l’animation et la formation
des équipes médicales ainsi que le suivi qualité.

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La grossesse

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LA GROSSESSE

La question d’avoir un enfant se pose bien évidemment un jour aux


jeunes femmes. Il est nécessaire de savoir un certain nombre de choses
sur la grossesse lorsqu’on souffre d’un trouble bipolaire :

• Comme pour toute grossesse, il est important que le désir d’enfant


soit partagé entre les 2 futurs parents. Ceci est important pour l’enfant
à venir. C’est également important pour assurer une grossesse en toute
sérénité notamment chez une femme souffrant d’un trouble bipolaire
c’est-à-dire plus sensible encore à la qualité de l’environnement.

• Contrairement à une idée répandue,


il a été clairement mis en évidence que la
grossesse ne protège pas des variations de
l’humeur, dépression ou manie. L’arrêt de
tout traitement régulateur de l’humeur
expose donc à une rechute durant la
grossesse dans plus de 80% des
cas.

• Or, les épisodes thymiques durant


la grossesse compliquent le bon
déroulement de la grossesse et
représente une charge
supplémentaire sur les épaules
de la mère et de son entourage.
Ils augmentent de fait les risques
de complications obstétricales.
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• En outre, il est clairement établi que le développement émotionnel et
comportemental de l’enfant, in utero et dans les premières années de
vie, est très influencé par l’état émotionnelde la mère.
Ainsi, il est capital d’obtenir une stabilisation satisfaisante de l’humeur
avant et pendant la grossesse.

• La difficulté vient du fait que certains traitements augmentent le


risque de malformations fœtales.

Ce risque est surtout lié à une prise durant les 2 mois qui suivent la
conception. C’est le cas des dérivés de l’acide valproïque, de la carba-
mazepine et du lithium. Les antipsychotiques et la lamotrigine n’ont pas
montré de risque particulier sur le développement fœtal à ce jour. Dans
tous les cas, gardez en tête que toute grossesse expose à un risque mal-
formatif, de l’ordre de 1 à 3% en population générale.

Alors, que faire ?


Deux cas se présentent :
• Idéalement, il est nécessaire de préparer la grossesse lorsqu’on
souffre d’un trouble bipolaire. Parlez-en à votre médecin bien avant !
Il s’agira de trouver un traitement thymorégulateur qui ne présente pas
de risque pour le développement fœtal et qui stabilise l’humeur de la
mère. La conception pourra ensuite se faire dans des conditions opti-
males. Il sera toujours possible à partir du second trimestre de reprendre
le traitement thymorégulateur initial si celui-ci est plus satisfaisant. Notez
que le lithium nécessite une surveillance plus rapprochée de la lithiémie.

• Vous pensez être enceinte alors que vous prenez un traitement thymo-
régulateur. Ne vous affolez pas. Parlez-en rapidement à votre médecin.
Il sera d’abord important de confirmer la grossesse et d’évaluer le terme.
La décision dépendra du traitement que vous recevez et de l’avancée de
la grossesse. Une surveillance rapprochée sans arrêt du traitement pourra
vous être proposée. Ayez à l’esprit que l’arrêt brutal du traitement ex-
pose la mère et l’enfant à des problèmes sérieux à court et long terme.
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En dehors des traitements thymorégulateurs, plusieurs types de traitements
sont possibles durant la grossesse.

• Si vous êtes déprimée, une psychothérapie à visée antidépressive


peut vous être proposée. Ce type de thérapie n’est toutefois pas efficace
dans les formes sévères de dépression.

• Un antidépresseur peut être prescrit si nécessaire (à l’exception de la


paroxetine, Déroxat®). Un antidépresseur plus ancien peut être préféré
par le médecin en raison du recul que nous avons.

• Les benzodiazépines ne présentent pas de risque évident mais néces-


sitent d’être diminués et arrêtés au cours du 3ème trimestre pour éviter
les manifestations de sevrage chez l’enfant après l’accouchement.

• Si vous traversez un épisode thymique sévère, une alternative efficace


et à faible risque est l’électroconvulsivothérapie.
Il est important de savoir que les convulsions ne sont pas transmises à
l’enfant.

Après l’accouchement (post-partum)


• Le risque de rechute persiste.

• Il sera important de différencier une rechute dépressive du «baby


blues» normal qui s’améliore spontanément en quelques jours.

• Tous les médicaments passent dans le lait maternel. Il est souvent préfé-
rable de privilégier le lait artificiel.

• Faites vous aider par votre entourage. Les perturbations des rythmes
sont normales et importantes durant les premiers mois de l’enfant, or
vous y êtes sensibles du fait de votre trouble bipolaire.

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Coordonnées utiles
Service de Post Urgences Psychiatriques (accueil 24h/24, 7j/7)
CHU de Montpellier - Hôpital Lapeyronie
Secrétariat : 04 67 33 85 81
Rendez-vous : 04 67 33 82 89
Salle de soins : 04 67 33 85 84
Urgences psychiatriques : 04 67 33 22 93

Centre de Thérapies de Troubles de l’Humeur et Emotionnels


CHU Montpellier - Hôpital La Colombière / Tél. : 04 67 33 28 29

Fondation Fondamental
Pour des compléments d’information sur le trouble bipolaire
https://www.fondation-fondamental.org/les-maladies-mentales/les-
troubles-bipolaires

ARGOS 2001
Association nationale d’aide aux personnes atteintes de troubles bipolaires
et à leur entourage. Conférences, groupes de paroles.

Antenne Gard-Hérault : 08 71 21 57 00
[email protected] ou [email protected]
http://argos.2001.free.fr

JANUS 34

Réalisation service Communication - 04 67 33 93 43 - 04/21 (E.K.)


Association d’aide aux personnes atteintes de troubles bipolaires
et à leur entourage. Groupes d’Entraide Mutuelle (GEM).
1445 route de Mende - 34090 Montpellier
04 67 04 87 68
[email protected]
http://www.gemjanus34.org

France Dépression
603 Avenue du Pont Tinquât
Parc des Aiguerelles
34070 Montpellier
Tél : 06 37 26 03 16
e-mail : [email protected] CENTRE HOSPITALIER
UNIVERSITAIRE

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