Droit Etat Economie 2022
Droit Etat Economie 2022
Droit Etat Economie 2022
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ECONOMIE 19ème édition
MERCI!
Nous tenons à remercier tous les partenaires du Manuel pour leur précieuse collabora-
tion et leur grande compétence. La réalisation du Manuel «Droit Etat Economie» a été
rendue possible grâce à leur soutien matériel et idéel.
Administrations
Cantonales des
Contribution
www.coop.ch
www.swisstransplant.org
www.ernst-goehner-stiftung.ch
Chers étudiants, chers apprentis
Une formation solide est la base d’un avenir professionnel prometteur. Elle est importante pour
votre prospérité personnelle. Mais la Suisse dans son entier profite de professionnels bien formés.
Ils sont indispensables à assurer notre prospérité. La mondialisation augmente considérablement
la pression concurrentielle, et un petit pays sans matières premières significatives et sans accès à
la mer comme la Suisse est plus facilement soumis à une forte pression.
Dire que la formation est notre « matière première la plus importante » est donc bien plus qu’un
slogan. Notre modèle dual de formation professionnelle est un élément essentiel de notre com-
pétitivité.
Dans ce système, le secteur privé exerce une influence directe et veille à ce que la relève reçoive
une formation proche de la pratique et correspondant aux exigences actuelles. La Confédération,
pour sa part, s’efforce d’édicter des règlements adaptés à notre époque. Elle conçoit, en étroite
collaboration avec les cantons, des plans d’études intégrant des contenus d’enseignement moder-
nes. Pour les communiquer, nous avons besoin de manuels susceptibles de transmettre le contenu
de manière attractive et vivante pour que vous, étudiants et apprentis, en retiriez le maximum.
Acquérir les connaissances politiques de base nécessaires dont tous les habitants de la Suisse
doivent disposer peut se faire de différentes manières, notamment par l’étude du manuel « Droit
Etat Economie », vous tenez entre les mains. Il vous transmet une base solide axée sur la pratique.
Guy Parmelin
Conseiller fédéral
Chef du Département fédéral de l’économie,
de la formation et de la recherche (DEFR)
PRÉFACE
« Sponsoring », un thème délicat, « Sponsoring et écoles » encore
bien davantage. Il y a des enseignants qui rejettent l’utilisation de
manuels d’enseignement sponsorisés pour des raisons idéologiques.
Il y a même des écoles entières qui interdisent catégoriquement
de tels matériels d’enseignement. Par crainte d’un endoctrinement
des élèves sans défense.
Webmaster [email protected]
Directeur : Jürg Danuser
Bahnhofstrasse 12, 9445 Rebstein
Assistant : Oliver Tobler, Balgach Copyright © 2003 – 2023
Textes, illustrations, site www.schatzverlag.ch by Schatz Verlag GmbH, 9016 St. Gallen.
Édition 19ème édition, juin 2022 Tous droits réservés. L’ouvrage et les parties de cet ouvrage sont protégés par le droit d’auteur.
Toute reproduction, même partielle, est interdite sans l’autorisation expresse et écrite des
ISBN 978-3-033-00266-8 Editions Schatz Verlag GmbH, 9016 St. Gallen
DROIT
1 Introduction à notre ordre juridique 7
2 Le droit des personnes 16
3 Le droit de la famille 32
4 Le droit des successions 50
5 Les droits réels et la propriété intellectuelle 62
6 Le droit des obligations 66
7 La vente et l’échange 85
8 Les contrats d’usage 100
9 Le droit du travail et les contrats de travail 111
10 Contrat d’apprentisage et la formation professionnelle 126
11 Le contrat d’entreprise 129
12 Le mandat 133
13 Le cautionnement 135
14 Le droit des sociétés 137
15 Les titres et les papiers-valeurs 147
16 Droit de la poursuite pour dettes et de la faillite 152
17 Le système judiciaire et le droit pénal 164
ÉTAT
18 Notre Etat 187
19 Les impôts et les finances publiques 217
ÉCONOMIE
20 Questions fondamentales au sujet de l’économie 245
21 Économie nationale 260
22 Gestion d’entreprise 311
23 Les assurances 348
24 Héros, héroïne grâce au don de cellules souches du sang 370
25 Notre système de santé 375
26 Don d’organes et transplantation en Suisse 386
27 Budget – Économies – Placements – Crédits 390
28 Durabilité 405
Nous espérons que les dessins vous feront sourire ici et là.
LUZI ETTER
Il a grandi à Macolin et vit aujourd’hui dans
les environs de Zurich
1 INTRODUCTION À NOTRE
ORDRE JURIDIQUE
Dès que les êtres humains se rassemblent et vivent en société, ils ont besoin de règles de com-
portement, autrement c est toujours le plus fort qui finit par s’imposer.
Ces règles sont quelquefois intériorisées. Dans ce cas, c’est la conscience de l’individu qui guide
son comportement. Ce domaine est celui de l’éthique et de la morale. L’individu peut aussi se
conformer à ce qui est « usuel » dans une communauté ou une région déterminées. On parle à ce
propos des us et coutumes.
Le droit constitue la troisième source de règles de comportement. L’ordre juridique se compose
de règles qui, pour la plupart, ont une validité largement indépendante des positions morales
( variables d’un individu à l’autre ) et des usages en vigueur. C’est pourquoi ces règles doivent être
absolument fiables et claires. Les règles édictées par l’Etat, et contenues dans les nombreuses
lois, ordonnances et règlements, forment, ensemble, ce qu’on appelle l’ordre juridique. Elles sont
contraignantes pour tout un chacun. L’Etat veille à ce qu’elles soient respectées et, si ce n’est pas
le cas, il peut sanctionner leur violation.
La Constitution fédérale constitue le socle de notre ordre juridique et fixe le cadre dans lequel
s’insèrent les différentes normes juridiques.
EXERCICES | CHAPITRE 1
1 Quelles sont les relations entre les usages, la morale et le droit ? L’un est-il subordonné à
l’autre ? Le droit se déduit-il de la morale et de la coutume ? La morale et les usages peuvent-
ils se trouver en contradiction ?
7
DROIT | ETAT | ECONOMIE
2 Il y a douze ans, Pierre Baumann a épousé Sabine Roth. Elle apportait un héritage de CHF
600 000.–. Un an après leur mariage est né leur premier enfant, une fille baptisée Regula. Trois
ans plus tard a suivi une deuxième fille, P
riska. Cette année, la famille Baumann-Roth s’est en-
core agrandie avec la naissance d’un troisième enfant, un garçon cette fois. Hélas, quatre jours
après cette naissance, Madame Baumann est décédée subitement.
Parmi les suites découlant de ce tragique événement, relevez celles touchant au droit, aux
usages ( traditions )ou à la morale.
a ) Monsieur Baumann annonce au bureau de l’état civil l’heure et la date de naissance de son fils.
b ) Il précise que son fils s’appellera Tobias Michel et que son prénom usuel sera Tobias.
c ) Son frère, Paul Baumann et sa femme Iris, sont prévus comme parrain et marraine. Ils
seront avertis par téléphone immédiatement après la naissance.
d ) Il envoie des avis de naissance à ses amis, à ses connaissances et à sa parenté.
e ) Après le décès subit de son épouse, Monsieur Baumann, très touché, se présente au bureau
de l’état civil avec l’acte de décès de son épouse. Le jour et l’heure de l’enterrement sont
fixés.
f ) Monsieur Baumann discute de la cérémonie funéraire avec le prêtre. Il lui remet une fiche
retraçant la vie de la défunte.
g ) Monsieur Baumann fait paraître une annonce dans le journal local et envoie des faire-part
imprimés aux parents et connaissances.
h ) Son frère Paul et sa femme Iris, prévus comme parrain et marraine, s’occupent
momentanément du petit Tobias.
i ) L’autorité procède à l’inventaire de la succession de la défunte Madame Baumann.
Ses seuls h
éritiers désignés sont son époux, Peter Baumann, et leurs trois enfants.
j) Monsieur Baumann administre provisoirement l’héritage de ses enfants mineurs.
k) Les destinataires du faire-part de décès qui ne peuvent se rendre aux funérailles adressent
à Monsieur Baumann un message de sympathie.
3 Lesquels des énoncés suivants sont-ils fixés par le droit ? Consultez le Code civil ( CC ) et le
Code des obligations ( CO ). Citez les articles correspondants.
a ) Pour autant que ses parents lui demandent de participer aux besoins du ménage, un
apprenti doit leur céder une partie de son salaire. ( Voir Sommaire CC et CO ➞ Famille ➞
Enfants ➞ Produits du travail ).
b ) Dans le jardin du voisin, il y a un cerisier. Les fruits de la branche qui avance dans notre jar-
din nous appartiennent. ( Voir Sommaire CC ➞ Propriété foncière ➞ Rapports de voisinage )
c ) Les clients du cinéma font la queue devant la caisse. Je dois me mettre à la fin de la queue.
( Règle juridique ou de bienséance ? )
d ) Un employeur n’a pas le droit de résilier le contrat de travail d’une femme enceinte sauf
en cas de justes motifs. ( Voir Sommaire CO ➞ Contrat de travail ➞ Fin des rapports de
travail ). Comment s’intutile l’article de loi ?
e ) Si je trouve quelque chose dans la rue et que je le rends à son propriétaire,
j’ai droit à une récompense. ( Voir Sommaire CC ➞ Propriété mobilière ➞ choses trouvées )
f ) Si je conviens verbalement avec un collègue de lui vendre ma motocyclette à un certain prix,
il s’agit déjà d’un contrat juridiquement valable. ( Voir Sommaire CC ➞ Contrat ➞ Forme ).
g ) En ville, celui qui rencontre son supérieur doit le saluer. ( Règle juridique ou de bienséance ? )
h ) Lorsque que deux fiancés se séparent, ils peuvent exiger l’un de l’autre la restitution
des cadeaux faits pendant le temps des fiançailles. ( Voir Sommaire CC ➞ Fiançailles )
8
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Confédération, canton,
Europe Personnes privées
commune
Le droit privé ( ou droit civil ) régit les relations entre personnes privées,
situées sur le même plan juridique
Les normes de droit public ont un caractère impératif, ce qui signifie qu’il n’est pas possible de
s’en écarter ou de les modifier, même d’un commun accord. En revanche, parmi les normes de
droit privé, certaines ont un caractère impératif tandis que d’autres ont seulement un caractère
supplétif ( ou dispositif ).
EXERCICE | CHAPITRE 1.1
9
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Droit impératif Il y a cependant des cas où les parties ne peuvent prendre des dispositions qui dérogent à la loi.
Ces normes qui ne peuvent être modifiées ont alors un caractère impératif.
CONTRAT DE TRAVAIL
Partie : Exemple SA
Partie : Pierre Dubois
Poste : Informaticien dès le 1er janvier 20_ _
Salaire : CHF 6 000.– / mois brut
Rétribution
spéciale : CHF 4 000.–, payable le 15 décembre
Assurances
sociales : Les cotisations de l’employé
sont déduites du salaire, 6,4 %
Temps de travail : 8,5 h / jour
42,5 h / semaine
Temps d’essai : 3 mois
Vacances : 4 semaines de vacances/année
2 jours de travail payés pour
formation continue
Employeur employé
Lieu et date : .......................... ..........................
Signature : .......................... ..........................
Exemples de droit supplétif Une rétribution spéciale ne doit être versée que lorsqu’elle a été convenue par contrat. Art. 322 d CO
Prolongation du temps d’essai de 2 mois. Si rien n’a été convenu, seul le premier mois est considéré
comme temps d’essai. Art. 335 b CO
Exemples de droit impératif L’employeur s’engage à payer le salaire selon le temps ou le travail fourni. Art. 319 al. 1 CO
EXERCICE | CHAPITRE 1.2
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ECONOMIE | ETAT | DROIT
Dignité humaine
Art. 7 Cst.
La dignité humaine doit être respectée et protégée.
Egalité
1 Tous les êtres humains sont égaux devant la loi.
2 Nul ne doit subir de discrimination du fait notamment de son origine,
de sa race, de son sexe, de son âge, de sa langue, de sa situation sociale,
de son mode de vie, de ses convictions religieuses, philosophiques ou
politiques ni du fait d’une déficience corporelle, mentale ou psychique.
Art. 8 Cst.
3 L’homme et la femme sont égaux en droit. La loi pourvoit à l’égalité
de droit et de fait, en particulier dans les domaines de la famille, de la
formation et du travail. L’homme et la femme ont droit à un salaire
égal pour un travail de valeur égale.
4 La loi prévoit des mesures en vue d’éliminer les inégalités qui frappent
les personnes handicapées.
Application de la loi
1 La loi régit toutes les matières auxquelles se rapportent la lettre ou
l’esprit de l’une de ses dispositions.
Art. 1 CC 2 A défaut d’une disposition légale applicable, le juge prononce selon
le droit coutumier et, à défaut d’une coutume, selon les règles qu’il
établirait s’il avait à faire acte de législateur.
3 Il s’inspire des solutions consacrées par la doctrine et la jurisprudence.
Fardeau de la preuve
Art. 8 CC Chaque partie doit, si la loi ne prescrit le contraire, prouver les faits
qu’elle allègue pour en déduire son droit.
11
DROIT | ETAT | ECONOMIE
EXERCICE | CHAPITRE 1.3
6 a ) Outre les principes juridiques fondamentaux, quelle sorte de règles trouve-t-on également
dans la Constitution fédérale.
b ) Comparez quelques unes de ces règles avec celles qu’on rencontre dans d’autres pays
( France, Etats-Unis, Chine, etc. )
Dans l’exercice 6, vous avez dû chercher parmi des articles de loi tirés exclusivement de notre
Constitution fédérale. À côté de celle-ci, il existe de nombreux autres textes de loi avec lesquels
vous travaillerez dans le futur. Lorsque l’on doit indiquer dans quelle loi se trouve une norme
juridique, il convient de procéder de la façon suivante :
Pratique du Tribunal fédéral Remarque : le Tribunal fédéral cite les lois en indiquant la source après le numéro de l’article
( par ex. art. 13 CC ). Une grande partie de la doctrine suit également cette pratique.
12
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Conséquence juridique Quelle est la conséquence juridique prévue pour cet état de fait ?
Art. 117 CP : peine privative de liberté ou peine pécuniaire ( la conséquence juridique abstraite doit
être concrétisée par le juge )
Madame Jardinier sera condamnée à cent-vingt jours-amende avec sursis.
Etat de fait
Situation de départ
Evénement
Décision
Conséquence juridique
Effet concret
13
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Contrats
Actes illicites,
Cinquième partie : Enrichissement illégitime
Le droit des obligations Sociétés commerciales et sociétés coopératives
Art. 1 – 1186 CO Registre du commerce,
Comptabilité commerciale
Papiers-valeurs
L’art. 1 CC décrit clairement la démarche que sont censés suivre les tribunaux. Ses trois
paragraphes correspondent chacun à un palier du système juridique. Indiquez ces trois niveaux.
2 Monsieur Jordan est propriétaire d’un champ au bord du lac où Monsieur Boillat a l’intention
d’organiser son prochain camp scout. A la demande de ce dernier, Monsieur Jordan est dis-
posé à lui mettre son terrain à disposition dans ce but. Autour d’un verre de vin, les modalités
sont discutées et Monsieur Jordan précise avoir été membre du même groupe de scouts que
celui dont s’occupe Monsieur Boillat. Oralement, ils conviennent que le terrain sera remis
en état à la fin du séjour. Monsieur Jordan renonce à percevoir une location. Le camp est un
succès ; et pourtant, quelques jours plus tard, Monsieur Boillat reçoit une facture dans laquelle
Monsieur Jordan exige une location de CHF 50.– par jour. Analysez la situation juridique.
3 Ces dernières années, les disputes entre les familles Grosjean et Pittet, qui habitent des
maisons mitoyennes, sont devenues fréquentes. Jusqu’à présent, il s’est agi de broutilles.
Maintenant, cependant, la situation a pris une nouvelle tournure. Monsieur Grosjean a érigé sur
sa partie de terrain une haute palissade qui empêche la famille Pittet de voir le lac. Face aux
protestations de Monsieur Pittet, Monsieur Grosjean se fâche et lui répond qu’il a le droit de
construire ce qu’il veut sur son terrain tant qu’il ne viole pas les prescriptions de construction.
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ECONOMIE | ETAT | DROIT
4 Henri Durand achète un magnifique vase antique au marché aux puces. Le prix de CHF 300.–
lui semble bas. Il pense que le vendeur est un novice qui n’a pas une idée très précise du prix
réel. Or, il s’agit d’un bien volé. Que se passerait-il si le propriétaire découvrait par hasard
le vase volé lors d’une visite à Henri Durand ?
5 Joëlle Montandon, étudiante en informatique, est à la recherche d’un ordinateur bon marché.
Par hasard, elle déniche sur un site de petites annonces un portable dernier cri à un prix im-
battable. Cependant, quand elle rencontre le vendeur, certains indices – outre le prix – lui font
soupçonner qu’il pourrait s’agir d’un ordinateur volé : l’absence de facture d’achat, le chargeur
manquant, mais surtout une étiquette autocollante partiellement arrachée sur laquelle on
discerne encore un numéro d’identification, et dont le vendeur donne une explication fumeuse.
Elle achète malgré tout l’ordinateur. Pourrait-elle avoir à le regretter devant la justice ?
6 Pierre Bourquin achète une boîte de crayons de couleurs dans un magasin. Arrivé à la maison,
il s’aperçoit que tous les crayons sont inutilisables. Les pointes se cassent à tout moment.
Ils ont probablement un défaut de fabrication ou ont subi un dommage lors du transport.
Malheureusement, il a jeté le ticket de caisse. Peut-il faire quelque chose ?
8 Yannick et Séverine sont en instance de divorce. La garde de leurs trois enfants va être confiée
à Séverine, qui travaille à mi-temps pour un salaire modeste. Yannick n’a toujours pas digéré
la séparation et ne se résigne pas à l’idée de devoir payer une pension pour Séverine et les
enfants. Il conçoit alors le projet de se faire licencier par son employeur et de s’inscrire ensuite
au chômage, puis de chercher un emploi avec le moins d’empressement possible. Ainsi, avec
des revenus diminués, il s’attend à ce que le tribunal fixe une pension plus faible. Pourquoi le
projet de Yannick, en plus d’être malhonnête, n’est-il pas si malin du point de vue juridique ?
10 Martha vient de perdre son compagnon avec lequel elle vivait en concubinage depuis dix ans.
Or, la loi sur l’AVS ne prévoit pas de rente de survivant pour les concubins. Martha trouve cela
injuste et pense qu’un tribunal devrait pouvoir combler cette lacune de la loi sur la base de
l’art. 1 al. 2 CC. A-t-elle raison ?
11 Nicole réclame à Jonas une certaine somme d’argent que ce dernier lui a empruntée. Faute de
se mettre d’accord, les deux se retrouvent au tribunal. Nicole soutient que Jonas ne lui a jamais
rendu l’argent, alors que Jonas soutient le contraire.
Lequel des deux devra prouver ce qu’il allègue ?
15
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Plein exercice des Quant à l’exercice des droits civils, il consiste en la faculté d’acquérir des droits et des obligations
droits civils ( art. 13 CC ) par ses propres actes. On distingue trois degrés dans l’exercice des droits civils :
Pour qu’une personne puisse exercer ses droits civils de façon autonome – par exemple conclure
des contrats et accomplir d’autres actes juridiques – elle doit être majeure et capable de discer-
nement. La majorité est fixée à 18 ans révolus ( art. 14 CC ), et l’on est capable de discernement
lorsqu’on est en mesure d’agir raisonnablement ( art. 16 CC ). La capacité de discernement dépend
étroitement de l’âge.
Exercice limité des droits Les personnes capables de discernement mais privées de l’exercice des droits civils ( en particu-
civils ( art. 19 à 19c CC ) lier les mineurs ) ont une capacité civile partielle, dans le sens où :
➞ Elles n’ont pas besoin de ce consentement pour acquérir à titre gratuit ( p. ex. accepter un
cadeau ), pour régler les affaires mineures se rapportant à leur vie quotidienne ( p. ex. acheter
un sandwich à la Coop ), pour disposer du fruit de son travail ( art. 323 al. 1 CC ) ou encore
pour exercer leurs droits strictement personnels ( p. ex. accepter ou refuser un traitement
médical, reconnaître un enfant à l’état civil ).
Pas d’exercice Si une personne est incapable de discernement, elle n’a pas l’exercice des droits civils, c’est-à-
des droits civils dire qu’elle ne peut accomplir aucun acte juridique, peu importe qu’elle soit mineure ou majeure.
( art. 16 s. CC ) Il s’agit par exemple des jeunes enfants et des personnes atteintes de déficiences mentales. Ces
personnes ont un représentant légal qui gère leurs affaires.
16
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Capacité civile ( art. 12 s. CC ) = jouissance des droits civils + exercice des droits civils
Capacité de d
iscernement ( art. 16 CC ) Majorité ( art. 14 CC )
La personnalité d’un être humain commence avec la naissance et finit avec la mort ( art. 31 CC ).
Différents aspects de la personnalité d’un être humain sont protégés, par exemple la vie, la liberté,
l’intégrité physique et morale, l’honneur ou encore la sphère privée. Si un tel domaine protégé
est atteint par le comportement illicite d’une autre personne, la loi prévoit différents moyens juri-
diques. Le lésé peut agir en justice pour faire cesser une atteinte existante ( art. 28 a CC ). En cas de
violence de menaces ou de harcèlement, on peut saisir la justice et demander au juge d’interdire à
l’auteur de l’atteinte de s’approcher du demandeur ou d’accéder à un périmètre déterminé autour
de son logement ( art. 28 b CC ).
Art. 16 CC Capacité de
Faculté d’agir raisonnablement
discernement
2 Martin a fini par imposer sa volonté et il est très fier de sa voiture qu’il n’a pas encore le
droit de conduire. Un soir pourtant, il ne résiste plus à la tentation de faire sa première course
d’essai sur une route secondaire peu fréquentée. Quelques mètres à peine après son départ,
il se retrouve projeté dans le jardin d’une maison, occasionnant des dégâts importants.
En tant que mineur, doit-il répondre lui-même de ses actes ?
3 Jonas est un enfant de trois ans qui, pour le moment, adore imiter son père. Ce dernier fume la
pipe. Profitant d’un moment d’inattention, Jonas réussit à s’emparer de l’étui de la pipe de son
père. Il va immédiatement à la cave de l’immeuble et essaie d’allumer la pipe. Malheureuse-
ment, c’est la cave qui brûle. Jonas sera-t-il tenu pour légalement responsable ?
17
DROIT | ETAT | ECONOMIE
4 Que se passerait-il si Jonas n’avait pas agi seul mais avait été accompagné
de son frère âgé de 15 ans ?
6 Madame Meier travaille à mi-temps. Comme sa femme de ménage est absente le mercredi
après-midi, elle demande à Sandra, sa jeune voisine âgée de 13 ans, de venir chez elle pour
s’occuper de sa fille Monique, trois ans, en lui payant un petit salaire qui lui permettra de
compléter son argent de poche. Il y a 15 jours, Monique a absolument voulu jouer dans la
baignoire avec ses bateaux. Les deux fillettes ont donc ouvert le robinet de la baignoire,
mais ont oublié de le fermer, car il y avait à ce moment-là une série passionnante à la télé
vision. Résultat : un dégât d’eau non seulement dans l’appartement Meier, mais également
à l’étage du dessous. Qu’en est-il des responsabilités ?
8 Isabelle Hardi épouse Willy Margot. Ce dernier a encore un frère et une sœur. Ses parents et
ses grands-parents sont encore en vie. La sœur est également mariée et a déjà deux enfants.
Avec qui Isabelle Margot-Hardi sera-t-elle alliée par le mariage ?
9 Deux ans plus tard, Isabelle et Willy Margot-Hardi divorcent. Isabelle s’est liée avec
le frère de son mari. Après le divorce, reste-t-il toujours son beau-frère ?
11 Jean Meyer est bourgeois de Bâle. Il habite chez ses parents à Liestal.
Etudiant à l’Université de St-Gall, il loue un petit logement sur place. En fin de
semaine, de même que durant ses vacances semestrielles, il réside à Liestal.
Quel sera le domicile légal de Jean ?
12 Sandro Meier est un jeune hockeyeur très prometteur. A tout juste 18 ans, et malgré les
conseils de ses parents, il vient de signer un contrat avec un club professionnel, par lequel il
s’engage pour une durée de 10 ans, moyennant un salaire confortable. Le contrat prévoit
aussi qu’il ne pourra pas s’opposer à son transfert dans un autre club si son salaire lui maintenu.
Que faut-il penser de la validité de ce contrat ?
13 1. Olivia et Carlo Delcampo sont furieux : ils viennent de recevoir une facture de 900 CHF
d’un club de fitness où leur fils de 17 ans a pris un abonnement, sans même les avoir
consultés. Doivent-ils payer cette facture ?
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ECONOMIE | ETAT | DROIT
Transplantation d’organes
ETH IQUE ET DROIT
Entre l’éthique et le droit, il y a parfois des tensions, surtout lorsqu’il en va de la vie et de la mort, comme p. ex. dans le
domaine de la transplantation d’organes.
Voici trois cas à ce sujet. Discutez-en : Quelle décision prendriez-vous ? Pouvez-vous étayer votre point de vue par des
arguments objectivement justifiés ? Quelle est la situation juridique ?
Thèmes :
➞ Gratuité du don d’organes
➞ Législation libérale en Suisse – une relation familiale n’est pas nécessaire
➞ Citoyens étrangers dans des centres suisses
– Un homme de 65 ans ( Zurich ), 70 kilos, touche l’AI depuis 20 ans à cause de graves problèmes de dos.
– Un homme de 24 ans ( Berne ), étudiant en médecine, 60 kilos.
– Une femme de 38 ans ( Lausanne ), 65 kilos, mère de trois petits enfants.
Sion annonce une donneuse de 22 ans en état de mort cérébrale, groupe sanguin 0, 55 kilos et avec bonne fonction cardiaque.
Thèmes :
➞ Discrimination
➞ L’urgence doit être déterminée entre les centres – qui est le plus urgent ?
➞ Question de l’utilité
Thèmes :
➞ Définition du parent proche dans la loi sur la transplantation
➞ Don d’organes et prison
➞ Rôle du juge d’instruction
Suite
19
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DROIT | ETAT | ECONOMIE
Comme elle n’a pas mis ses volontés par écrit, son mari est confronté à la question de savoir s’il connaît la volonté de sa femme à
propos du don de ses organes.
Quelle est la situation lorsque la solution du consentement élargi ou la solution de l’opposition élargie s’applique ?
Thèmes :
➞ Modèles d’expression de la volonté
➞ Réglementation dans la loi
➞ Rôle des proches
A côté des personnes physiques ( personnes au sens courant du terme ), le droit reconnaît la
personnalité juridique à des entités abstraites : les personnes morales. Il existe des personnes mo-
rales de droit public ( Etats, organisations internationales, cantons, communes ) et des personnes
morales de droit privé. Celles-ci se subdivisent entre les corporations et les fondations. Les cor-
porations sont des groupements de personnes ( par exemple l’association et la société anonyme ),
tandis que les fondations sont des établissements, c’est-à-dire des ensembles de biens affectés
en faveur d’un but spécial.
Pour la plupart des personnes morales de droit privé, l’inscription au registre du commerce est
une condition d’existence ( art. 52 al. 1 CC ). Sont dispensés de cette formalité les associations qui
n’ont pas un but économique et certaines fondations ( art. 52 al. 2 CC ).
Les personnes morales ont la pleine capacité civile dès le moment de leur création. En outre, elles
peuvent acquérir tous les droits et assumer toutes les obligations qui ne sont pas inséparables
des conditions naturelles de l’homme, telles que le sexe, l’âge ou la parenté ( art. 53 CC ).
Ainsi, elles peuvent conclure des contrats ou participer à des procès, ont droit à la protection de
leur nom et de leur réputation, ont la possibilité d’exploiter une affaire ou d’être membres d’une
association, doivent payer des impôts, etc.
Les personnes morales agissent par leurs organes ( composés de personnes physiques ). Ces or-
ganes et leurs attributions sont définis par la loi pour chaque personne morale. Dans le cas de
l’association, par exemple, il s’agit de l’assemblée des membres, qui détient le pouvoir suprême,
et du comité, qui est l’organe exécutif.
Corporations Fondations
Groupements de personnes Patrimoine affecté en faveur
Par exemple : SA, Sàrl, association, d’un but spécial
cooperative Par exemple : caisse de pension,
fondation de famille
Association Les associations sont des organisations corporatives qui n’ont pas un but économique, mais po-
( art. 60 – 70 CC ) litique, religieux, scientifique, social, etc. La fondation d’une association nécessite au minimum
deux personnes. La création s’effectue par l’assemblée générale, qui approuve les statuts et
constitue la direction. Les statuts doivent au minimum mentionner le nom, le but, les ressources
et l’organisation de l’association. L’association répond seule de ses dettes. En principe, chaque
sociétaire peut quitter l’association en annonçant sa sortie six mois avant la fin de l’année civile.
Exemples : association de gymnastique, club de football.
20
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Organes de l’association L’assemblée générale est formée de l’ensemble des membres de l’association ( sociétaires ). Elle
en est le pouvoir suprême. Les décisions de l’association sont prises par l’assemblée générale.
Tous les sociétaires ont un droit de vote égal. L’assemblée générale prononce notamment sur
l’admission et l’exclusion de membres, nomme la direction et contrôle l’activité des organes.
La direction ( un membre au minimum ) gère les affaires de l’association et la représente. Elle tient
notamment un livre des recettes et des dépenses ainsi que de la situation financière de l’associa-
tion et convoque l’assemblée générale.
La fondation La fondation consiste en un ensemble de biens durablement affectés en faveur d’un but spé-
cial. Un patrimoine acquiert ainsi une personnalité juridique autonome. Le but d’une fondation
est souvent d’utilité publique ou de prévoyance ( caisses de pension ). Il ne peut plus être modifié
par le fondateur après la création. La fondation n’a pas de membres, puisqu’elle est un patrimoine
dédié à un certain but. Elle agit par l’intermédiaire du conseil de fondation ( organe ), qui peut être
composé d’une ou de plusieurs personnes. Toutes les compétences qui ne sont pas expressément
transmises à un autre organe par les statuts lui reviennent. Par ailleurs, elle doit désigner un or-
gane de révision externe. Exemples : Fondation Terre des hommes, Fondation de famille Sandoz,
Fondation de prévoyance de l’agriculture suisse.
1 Charles Hartmann et Urs Gehrig désirent fonder une association ayant pour
but d’organiser des rencontres musicales pour les amateurs de jazz.
Quel est le nombre minimal de personnes requis pour fonder une association ?
2 L’idée de Charles Hartmann et d’Urs Gehrig convainc et enthousiasme leur collègue Sandra
Bichsel. Ils espèrent gagner de nombreuses personnes à leur idée dès que l’association sera
créée. Que doivent-ils encore entreprendre afin de pouvoir la faire reconnaître officiellement ?
3 Les trois fans de jazz sont réunis et essaient en commun de rédiger des statuts aussi simples
et clairs que possible. Ils se posent rapidement la question de savoir ce qui doit obligatoire-
ment figurer dans leurs statuts Renseignez-les.
4 Après avoir consulté le Code civil, les trois amis décident de s’en tenir au minimum légal
pour élaborer leurs statuts. Lorsqu’à la suite d’une action publicitaire le nombre des membres
augmentera, ils travailleront à la rédaction de statuts mieux structurés.
Aidez-les à rédiger les statuts.
5 Les trois fondateurs arrivent rapidement à se mettre d’accord sur les buts de leur associa-
tion. Par contre, en ce qui concerne les aspects financiers, l’unanimité est difficile à atteindre.
Charles est d’avis qu’il ne faut pas encore fixer le montant des cotisations dans les statuts alors
que Sandra est persuadée que cette indication doit y figurer. Comment trancheriez-vous ?
Qu’en est-il de la responsabilité pour les dettes de l’association ?
6 Après s’être mis d’accord sur l’aspect financier, les trois fondateurs discutent des principes
de l’organisation. Quels sont les organes exigés par la loi ?
21
DROIT | ETAT | ECONOMIE
9 Jean Tanner n’a pas réussi à faire passer ses propositions. La commission va demander à
l’assemblée des membres de ne pas rédiger de règles statutaires inutiles, mais de s’en tenir
aux prescriptions du CC. Cette proposition est finalement acceptée. 32 membres sont présents.
Combien de voix doit-elle obtenir pour être acceptée ?
10 Lors de la même assemblée, il a été également décidé d’instituer une commission ayant
pour mandat d’organiser le premier concert. Le choix des membres constituant cette
commission s’est majoritairement porté sur des fans du free jazz. Cette décision ne plaît
pas à certains et, dans les semaines qui suivant, ils essaient d’inciter les membres absents
à la dernière assemblée à convoquer une assemblée générale extraordinaire visant à
modifier la composition de la commission. Combien de membres devront signer cette
proposition avant de la soumettre au comité ?
11 Le premier concert a connu un franc succès. Le déficit budgété, garanti par la commune,
ne s’est pas réalisé. Au contraire, la manifestation a dégagé un bénéfice de CHF 2 000.–.
Ce succès motive les membres à lancer très rapidement un deuxième concert. Pour mieux
remplir la caisse, la restauration devra être professionnalisée, ce qui n’avait pas été le cas
la première fois. Une telle activité est-elle permise dans le cadre d’une association ?
13 Une votation sur le remplacement éventuel du caissier a lieu lors de l’assemblée des membres
suivante. Entretemps, il a été découvert que Roland Dubois avait détourné quelques centaines
de francs. Un membre de l’association propose une deuxième votation sur l’opportunité de
porter plainte pénale contre lui. Seuls 26 membres participent à cette assemblée. Parmi ceux-ci
se trouvent le fils et l’épouse de Roland Dubois. Combien de voix seront-elles nécessaires pour
destituer le caissier et combien en faudra-t-il pour décider de déposer une plainte pénale ?
14 Lors de l’assemblée des membres du 25 octobre, il a été décidé que Roland Dubois
devrait quitter le comité. Pour la plainte pénale, la majorité requise n’a pas été obtenue.
Cependant, lui et les membres de sa famille veulent quitter l’association le plus vite possible.
Quand pourront-ils le faire selon la loi ?
16 Pierre aimerait fonder une association de canoë avec des amis. Mais ils n’ont tous que 16 ans.
Une telle fondation est-elle possible malgré leur jeune âge ?
17 Les sociétés de jeunesse de deux villages voisins ont décidé de fusionner. Le projet de statuts
prévoit que la nouvelle association aura deux sièges, un dans chaque village. Est-ce possible ?
22
ECONOMIE | ETAT | DROIT
La notion de droits de la Être une personne, au sens juridique du terme, c’est être un sujet de droits et d’obligations. Parmi
personnalité ces droits, certains font partie des attributs fondamentaux de l’être humain, autrement dit ce sont
des droits qui lui appartiennent du seul fait de son existence, comme le droit à la vie, à l’intégrité
physique et psychique, à la sphère privée ou encore à l’honneur. En droit civil, on les appelle des
« droits de la personnalité », et plusieurs d’entre eux font également partie des droits fondamen-
taux garantis par la Constitution fédérale ( art. 7 ss ). Tandis que ces derniers visent avant tout à
protéger l’individu contre les interventions de l’Etat ( effet vertical ), les droits de la personnalité
régissent essentiellement les rapports de droit privé ( effet horizontal ). Ils font l’objet des art. 27
ss CC, que complètent les dispositions de la loi fédérale sur la protection des données ( LPD ).
Les personnes morales jouissent également de droits de la personnalité, dans la mesure où elles
ont des intérêts similaires à ceux des êtres humains ( p.ex. l’intérêt à la protection de leur nom, de
leur honneur, de leur sphère privée, de leurs données personnelles ). En revanche, il va sans dire
qu’elles ne sauraient bénéficier des droits propres à la condition humaine, comme le droit à la vie
ou à l’intégrité physique et psychique.
Les caractéristiques des Les droits de la personnalité n’ont pas, en eux-mêmes, de valeur patrimoniale. Mais il y a encore
droits de la personnalité d’autres aspects par lesquels ils se distinguent des droits patrimoniaux.
Les biens de la personnalité On cherchera en vain dans le Code civil une liste exhaustive des droits de la personnalité. En effet,
le législateur a fait le choix de ne pas les énumérer, pour permettre à la jurisprudence de tenir
compte de l’évolution de la société et garantir donc une certaine souplesse du droit. C’est ainsi
qu’en 2009 le droit pour tout enfant de connaître son ascendance a été reconnu comme un droit
de la personnalité par le Tribunal fédéral.
Il n’y a pas de classification unique des biens de la personnalité (autrement dit des attributs
personnels qui font l’objet des droits de la personnalité). On peut néanmoins proposer celle-ci :
23
DROIT | ETAT | ECONOMIE
2 La personnalité affective désigne les liens d’affection qu’une personne entretient avec son en-
tourage. Sont ainsi protégés par la loi le droit pour le parent n’ayant pas la garde de ses enfants
de conserver des relations avec eux (dans les limites, cependant, tracées par l’art. 273 CC), ou
encore le droit, pour les proches d’une personne décédée, de protéger l’image et l’honneur
de celle-ci. On considère en effet que le dénigrement du défunt peut être une atteinte à leur
propre personnalité.
Autre exemple : dans le prolongement de l’art. 49 CO, qui permet à la famille d’une personne
décédée de réclamer une indemnité pour tort moral, le Tribunal fédéral a reconnu un droit
similaire aux proches d’une victime de lésions corporelles graves, en raison de la souffrance
indirecte qu’ils éprouvent.
3 La personnalité sociale comprend essentiellement la sphère privée, l’honneur, le nom, les don-
nées personnelles (voir ci-après) et la liberté économique.
Le droit à la protection du nom fait l’objet de dispositions spécifiques dans le Code civil ( art. 29
à 30a ). Il permet p.ex. à une personne d’empêcher que son nom soit usurpé ( art. 29 al. 2 CC ).
La sphère privée La sphère privée, quant à elle, est une notion complexe, qui a donné lieu à une abondante juris-
prudence. L’idée générale est que toute personne a le droit de s’opposer à ce qu’on interfère dans
sa vie privée et à ce qu’on révèle des faits relevant de sa vie privée. Entrent en particulier dans la
sphère privée la santé (physique et mentale), les relations et l’orientation sexuelles, la confession
religieuse, les conflits de famille, l’appartenance à une association. L’image et la voix en font éga-
lement partie, ce qui veut dire qu’elles ne peuvent – en principe – pas être captées, enregistrées et
diffusées sans l’accord de la personne concernée. Le principe comporte cependant des exceptions,
en lien notamment avec le droit à l’information du public et la liberté de la presse.
Par ailleurs, il faut relever que la notion de sphère privée ( par opposition à la sphère publique )
peut varier selon la situation sociale de la personne. La jurisprudence admet en effet que les per-
sonnalités publiques ( artistes, sportifs, hommes et femmes politiques ) ont une sphère privée plus
réduite et que les événements liés à leur activité publique ou qui sont à l’origine de leur célébrité
n’appartiennent pas à leur vie privée. Cela a pour conséquence que ces événements pourront être
rapportés, et qu’ils pourront être photographiés ou enregistrés, même sans leur consentement.
L’atteinte à la personnalité Elle se définit comme le trouble que subit une personne dans sa personnalité du fait du compor-
tement d’un tiers. Elle peut être la cause d’un préjudice ( dommage patrimonial ou tort moral ),
mais pas forcément.
L’art. 28 al. 2 CC pose le principe qu’« une atteinte est illicite, à moins qu’elle ne soit justifiée par le
consentement de la victime, par un intérêt prépondérant privé ou public, ou par la loi ». L’illicéité
est une notion objective, de sorte qu’il est sans importance que l’auteur soit de bonne foi ou non.
24
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Pour justifier une atteinte à la personnalité, le consentement doit être libre et éclairé. Tel est le
cas lorsque la personne concernée dispose de tous les éléments lui permettant de prendre une
décision en connaissance de cause ( p.ex. les conséquences prévisibles et les risques associés à
une opération chirurgicale ). Le consentement peut en principe être révoqué en tout temps, le
cas échéant avec des conséquences financières ( si l’autre partie subit une perte de ce fait ). Le
Tribunal fédéral a cependant jugé que, dans le cas de contrats ( typiquement les contrats publi-
citaires et de sponsoring ) portant sur l’utilisation du nom, de l’image ou de la voix, l’atteinte à la
personnalité pouvait donner lieu à un engagement irrévocable.
Dans le cas d’un mineur incapable de discernement, le consentement sera donné par le représen-
tant légal, qui devra décider uniquement en fonction de l’intérêt du mineur.
Comme exemple de motif justificatif basé sur la loi, on peut citer la publicité de certains registres
( tels que le registre foncier ).
Les moyens de protection En cas d’atteinte illicite à sa personnalité, la victime – ou son représentant légal – dispose de
de la personnalité différents moyens d’action.
D’abord, elle peut agir en justice pour sa protection. On parle à ce propos d’actions défensives.
L’art. 28a al. 1 CC permet ainsi de demander au juge :
Outre une action défensive, la victime peut aussi ouvrir une action en réparation si elle a subi
un préjudice par suite de l’atteinte à sa personnalité ( art. 28a al. 3 CC ). Elle peut ainsi réclamer
( cumulativement ) :
25
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Le droit de réponse Réglé par les art. 28g à 28l CC, le droit de réponse permet à toute personne touchée dans sa per-
sonnalité par la présentation de faits qui la concernent dans un média périodique ( presse, radio,
télévision, site web ) de faire diffuser dans ce même média sa propre version des faits. C’est un
moyen simple et rapide, puisqu’il ne nécessite pas d’ouvrir une procédure judiciaire.
Selon le Tribunal fédéral, une personne est directement touchée dans sa personnalité dès que
la version des faits rapportée par le média diffère de la sienne et la fait apparaître aux yeux du
public sous un jour peu favorable. La personne dispose donc d’un droit de réponse même s’il n’y
a pas de réelle atteinte à sa personnalité et, en cas d’atteinte, même si celle-ci est licite.
La protection contre les En complément des différents dispositifs de protection de la personnalité contre les tiers, la loi
engagements excessifs protège également la personne contre elle-même, à l’égard d’engagements inconsidérés qu’elle
aurait acceptés mais qui mettraient en péril sa liberté pour l’avenir. Tel est le sens de l’art. 27 al.
2 CC : « Nul ne peut aliéner sa liberté, ni s’en interdire l’usage dans une mesure contraire aux lois
ou aux mœurs. » Un engagement peut être excessif en raison de sa nature, de sa durée ou de son
étendue matérielle. Dans un tel cas de figure, la personne qui s’est engagée pourra saisir un juge
et obtenir qu’il réduise l’engagement excessif à la mesure convenable.
Celles-ci constituent un bien précieux à plusieurs titres. D’abord, elles sont une composante im-
portante de notre sphère privée, que tout un chacun tient à préserver, y compris les personnes
qui disent n’avoir rien à cacher. Il suffit, pour s’en convaincre, de voir l’omniprésence des mots de
passe dans la vie quotidienne de tous.
Par ailleurs, elles représentent un enjeu économique colossal. En constituant de vastes banques
de données, les entreprises – notamment celles du secteur numérique – peuvent dresser avec
une grande précision le profil des consommateurs ( découvrir la marque du véhicule que conduit
telle personne, les livres qu’elle lit, la musique qu’elle écoute, ce qu’elle dépense pour son habil-
lement, ses marques préférées, ses destinations de vacances, les personnes qu’elle fréquente et
qu’elle pourrait ensuite influence, etc. ), de manière à leur proposer ensuite des publicités ciblées.
Ces bases de données sont largement constituées sans même que nous nous en apercevions, en
particulier lorsque nous surfons sur Internet et que nous recourons à des services « gratuits », tels
que ceux des moteurs de recherche et des médias sociaux. À titre d’illustration, sur les 70 mil-
liards de dollars de chiffre d’affaires réalisé par Facebook en 2019, 98,5 % étaient tirés de la publi-
cité, ce qui confirme une fois de plus l’adage « quand c’est gratuit, c’est que vous êtes le produit ».
Aujourd’hui, plus que jamais, il est donc important d’être sensible à cette problématique et de ne
pas traiter ses données personnelles avec désinvolture, que ce soit sur Internet ou en complétant
des questionnaires ou des formulaires de concours, pour ne citer que deux exemples. S’agissant
des réseaux sociaux, en particulier, il faut prendre le temps de définir ses paramètres de confiden-
tialité et ensuite bien réfléchir, lors de l’ajout de nouveaux contenus, au cercle de personnes avec
lesquelles on souhaite les partager. Par ailleurs, il vaut la peine d’être un minimum renseigné sur
ses droits en la matière, de façon, le cas échéant, à pouvoir les faire valoir. Tel est le but du présent
chapitre.
26
ECONOMIE | ETAT | DROIT
C’est en 1992 qu’a été adoptée la loi fédérale sur la protection des données ( LPD ), notamment
pour regagner la confiance de la population suite à l’éclatement du « scandale des fiches » en
1989–1990. Elle a subi une révision majeure en 2006, afin de l’adapter aux technologies et à la
société d’aujourd’hui ; une nouvelle révision est en cours actuellement. La LPD est complétée par
une ordonnance d’application ( Ordonnance relative à la loi fédérale sur la protection des don-
nées, OLPD ), ainsi par que des lois cantonales.
Sont des données personnelles le nom, la date de naissance, la généalogie, le numéro de téléphone,
l’adresse postale, l’adresse électronique, le numéro AVS, le numéro d’immatriculation, les numéros
de comptes bancaires et de cartes de crédit, les empreintes digitales, les photos, films et enregistre-
ments vocaux, les images de vidéosurveillance, les données biométriques, les données génétiques,
les adresses IP, etc.
Données sensibles : les données personnelles sur les opinions ou activités religieuses, philosophiques,
politiques ou syndicales ; sur la santé, la sphère intime ou l’appartenance à une race ; sur des mesures
d’aide sociale ; sur des poursuites ou sanctions pénales et administratives.
Les données sensibles et les profils de personnalité exigent un niveau de protection plus élevé et sont
soumis à des exigences supplémentaires, en particulier concernant le consentement, l’information et
la déclaration de fichiers.
Traitement : toute opération relative à des données personnelles – quels que soient les moyens et
procédés utilisés – notamment la collecte, la conservation, l’exploitation, la modification, la communi-
cation, l’archivage ou la destruction de données.
Le but de la LPD est de protéger la personnalité et les droits fondamentaux des personnes qui
font l’objet d’un traitement de données, ceci par plusieurs moyens :
D’abord, elle énumère un certain nombre de règles à respecter par ceux qui traitent les données.
Parmi celles-ci on peut mentionner notamment :
➞ L’obligation de traiter les données dans le but indiqué lors de leur collecte
➞ Le devoir de rendre reconnaissable pour la personne concernée la collecte des données
et la finalité du traitement
➞ Le principe de proportionnalité, qui oblige à se limiter aux données indispensables pour
atteindre le but poursuivi
➞ Le principe de sécurité des données, tant par des mesures organisationnelles que par
des mesures techniques
Elle consacre le droit d’accès de toute personne aux données qui la concernent ( art. 8 al. 1 LPD ).
Ce droit est de nature strictement personnelle ( voir ci-dessus ).
27
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Le maître du fichier ( c’est ainsi qu’est désignée la personne privée ou l’organe public qui décide
du but et du contenu du fichier ) devra alors lui communiquer :
➞ toutes les données la concernant qui sont contenues dans le fichier, y compris les informa-
tions disponibles sur l’origine des données ;
➞ le but et éventuellement la base juridique du traitement, les catégories de données person-
nelles traitées, de participants au fichier et de destinataires des données.
Ces renseignements doivent être fournis gratuitement et par écrit. En cas de refus, la personne
concernée peut saisir le juge pour contraindre le maître du fichier à communiquer les renseigne-
ments.
La LPD précise également la notion d’atteinte à la personnalité, s’agissant des données, ainsi
que les conditions auxquelles la victime peut exercer les actions concernant la protection de la
personnalité ( art. 28 ss CC, voir ci-dessus ). En particulier, elle spécifie les motifs justificatifs sus-
ceptibles de lever l’illicéité ( cf. art. 28 al. 2 CC ). Un intérêt prépondérant pourra être, par exemple,
le fait que les données traitées sont en relation avec l’exécution d’un contrat ( contrat de travail,
mandat donné à un avocat, etc. ). Un motif justificatif légal pourra être, par exemple, le droit des
enquêteurs de police et des tribunaux de consulter ou réclamer certaines données ( casier judi-
ciaire, relevés de télécommunications, données d’accès à Internet, etc. ).
L’art. 15 LPD apporte aussi certains compléments aux actions découlant du Code civil.
Enfin, la LPD prévoit des sanctions pénales, aux art. 34 et 35, en cas de violation de certaines obli-
gations par celui qui traite les données. Par rapport à d’autres législations, ces sanctions restent
cependant très clémentes et sans doute peu dissuasives, ceci pour diverses raisons :
➞ Les infractions sont de simples contraventions, punissables d’une amende ( au maximum
CHF 10 000, selon l’art. 106 al. 1 CP )
➞ Comme toutes les contraventions, elles ne visent que des comportements intentionnels,
et non des actes de négligence.
➞ Seule la personne physique auteur de l’infraction peut être poursuivie, et non l’entreprise qui
l’emploie.
À titre de comparaison, Facebook a été condamné, en 2017, à une amende de 150 000 euros par
la Commission nationale de l’informatique et des libertés ( en France ), et, en avril 2020, à une
amende de 5 milliards de dollars par l’agence américaine de protection des consommateurs, suite
notamment au scandale Cambridge Analytica.
1 Après avoir subi des gênes pendant des années, Michèle a finalement décidé de se soumettre
à une septoplastie (intervention chirurgicale destinée à corriger une déviation de la cloison
nasale). À son réveil, elle constate que l’aspect de son nez a changé. Elle s’en inquiète auprès
du chirurgien, qui lui déclare, avec un grand sourire, qu’il a profité de l’opération pour embellir
son nez en réduisant la bosse de l’arête et en l’affinant, cela à la demande de son mari qui
souhaitait lui offrir le « nez parfait » dont elle rêvait depuis des années.
Analysez la situation juridique.
2 Ne pouvant se rendre à l’école aujourd’hui, Flavien demande à son ami Marco d’enregistrer les
cours avec son téléphone.
Juste avant que le premier cours de la journée commence, Marco s’approche donc du maître de
mathématiques, M. Merz, pour lui demander s’il a le droit de l’enregistrer. Ce dernier le remercie
pour sa courtoisie et lui répond que l’enregistrement d’un cours est toujours autorisé lorsque
c’est un dans un but de formation, à plus forte raison quand c’est pour rendre service à un
Suite
28
ECONOMIE | ETAT | DROIT
camarade absent. Du coup, Marco enregistre tous les cours de la journée sans demander la per-
mission aux autres enseignants. Lors du dernier cours, la maîtresse de biologie, Mme Mathey,
remarque le téléphone de Marco posé sur la table et lui en demande la raison. Ce dernier
répond en disant la vérité, ce qui provoque la colère de l’enseignante. Celle-ci exige de Marco
qu’il détruise immédiatement l’enregistrement.
3 Charles vient d’apprendre que son épouse Sophie entretient une relation extra-conjugale avec
Christophe, un de ses collègues de travail. Il vient vous demander conseil pour savoir de quelle
manière il pourrait faire cesser cette atteinte à sa personnalité.
4 Jonas a pris part à la fête d’anniversaire de son ami Thibaut, lors de laquelle il a bu plus que
de raison. À cette occasion, il a été pris plusieurs fois en photo, comme les autres participants,
ce contre quoi il n’a pas protesté. Quelques jours plus tard, il reçoit un e-mail d’Elodie (la sœur
de Thibaut), comportant un lien vers l’album de la fête et s’aperçoit que, sur plusieurs photos,
il est tout sauf à son avantage, avec sa mine d’ivrogne. Il prend immédiatement contact avec
Elodie pour lui demander de retirer ces photos. Celle-ci refuse, au motif que l’album est un
cadeau pour son frère, que Jonas avait consenti à ce qu’on le prenne en photo et qu’il apparaît
sur les photos avec d’autres personnes, qui ont aussi leur mot à dire.
Jonas peut-il se tourner vers l’administrateur du site Internet sur lequel est mis en ligne
l’album pour exiger qu’il soit retiré ?
5 Antoine et Céline ont vécu une belle histoire, mais l’heure du divorce a malheureusement
sonné. Néanmoins, ils éprouvent toujours des sentiments d’amitié l’un pour l’autre et,
comme gage de celle-ci, ils signent un contrat par lequel ils s’engagent mutuellement à
ne jamais se remarier.
Analysez la situation juridique.
6 La régie Zanetti tient une « liste noire » des locataires ayant eu régulièrement des retards de
paiement. Elle envisage de vendre cette liste à d’autres régies ou de l’échanger contre d’autres
listes similaires, afin d’avoir un fichier le plus étendu possible des mauvais payeurs.
Qu’en pensez-vous ?
8 Ophélie est la jeune rédactrice en chef du site web L’Écho du Léman, sur lequel elle vient de
publier un article où l’on peut lire ceci :
« Âge de 17 ans, Aurélien Pettenez (que les mauvaises langues de son école appellent « Pet
de nez ») est le metteur en scène d’une pitoyable adaptation théâtrale des Misérables, dans
laquelle tout sonne faux, autant les dialogues, le jeu des acteurs que les décors se voulant
avant-gardistes, mais d’une laideur à donner des cauchemars. Le pauvre Victor Hugo doit se
retourner dans sa tombe. »
a ) Aurélien peut-il exiger un droit de réponse pour défendre sa mise en scène ?
b ) Aurélien n’apprécie guère que son sobriquet ait été mentionné dans l’article.
A-t-il un moyen juridique à sa disposition ?
29
DROIT | ETAT | ECONOMIE
9 Justin vient de faire paraître son premier « roman » dans lequel il raconte en détail sa relation
sentimentale tumultueuse avec Clara. Pour qu’on ne reconnaisse pas les personnages, il a
toutefois modifié les noms et situé l’action dans un autre ville. Malgré cette précaution, Clara
s’est parfaitement reconnue et est vivement contrariée d’être dépeinte comme une hystérique,
tandis que Justin s’est donné le beau rôle.
A-t-elle une chance d’obtenir gain de cause si elle agit en justice contre Justin et l’éditeur
de son livre ?
10 Monsieur Bonnemain est un manager réputé. Pourtant, depuis un certain temps, il est régu-
lièrement pris à partie publiquement par une personne qui lui reproche de vendre des armes
illégalement. Monsieur Bonnemain considère que ces accusations sans fondement nuisent à sa
réputation.
Werner se demande s’il a le droit de s’y opposer ou, en tout cas, d’obtenir certaines assurances
de la part de la gérance. Conseillez-le.
12 Lorine vient de se désinscrire d’un site de rencontre et voudrait s’assurer que ses données
personnelles seront intégralement supprimées. Elle adresse donc un e-mail à l’administrateur
du site pour lui en demander la confirmation. Voici la réponse de ce dernier : « Conformément
à l’article 7 des Conditions générales d’utilisation, que vous avez acceptées en vous inscrivant,
vos données seront conservées pendant six mois après la clôture de votre compte et seront
automatiquement supprimées passé ce délai. Nous sommes donc au regret de ne pouvoir
donner une suite favorable à votre demande. »
Lorine peut-elle faire quelque chose ?
13 Arthur s’est rendu dans un restaurant pour fêter son anniversaire avec sa fiancée. Quelque
temps plus tard, il se rend sur le site Internet du restaurant, où il découvre une photo de lui et
sa fiancée attablés.
a ) Arthur peut-il demander le retrait de cette photo ? Justifiez votre réponse.
b ) Si Arthur était une personnalité publique (p.ex. s’il avait accédé à la célébrité par une
émission de télévision), votre réponse à la question précédente serait-elle la même ?
Pourquoi ?
c ) En supposant qu’Arthur ne soit pas plus dérangé que cela par la publication de cette
photo, ou même qu’il en soit flatté, a-t-il le devoir (juridiquement) de la signaler à
sa fiancée ?
30
À B A S L A
L E U C É M I E !
T A IM E R A IS F A IR E
S 1 8 A N S O U P LUS E
TU A E N R E G IST R E -T OI
LE S C H O S ES ? A LORS
BO U G E R E U R D E C E LL U LES
D O N N E U S E O U DON N
COM M E U V E D E S VIES :
NG E T S A
SO U C H E S D U S A A N G .C H
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DO N - C E LLU LES
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DROIT | ETAT | ECONOMIE
Mariage religieux
Pas de réglementation légale
Les fiançailles Par les fiançailles, un couple se promet de contracter mariage. Pour pouvoir se marier, il faut être
( art. 90 ss CC ) majeur et capable de discernement ( art. 94 CC ). Par ailleurs, il ne faut pas qu’il y ait d’empêche-
ments au mariage. Ainsi, les frères et sœurs ne peuvent pas se marier et une personne qui veut se
remarier ne peut le faire sans dissolution de son précédent mariage ( interdiction de la bigamie ).
La procédure préparatoire Une demande en vue du mariage est présentée par les fiancés auprès de l’office de l’état civil de
à la célébration du mariage l’un ou de l’autre ( art. 98 al. 1 CC ). Ensuite, l’office de l’état civil examine l’identité des fiancés et
( art. 97 ss CC ) s’il existe quelque empêchement au mariage ( art. 99 CC ). Le mariage peut être célébré dans les
trois mois qui suivent la communication de la clôture de la procédure préparatoire ( art. 100 CC ).
Un éventuel mariage religieux ne peut avoir lieu que lorsque le mariage civil a été célébré.
L’annulation du mariage Il existe des motifs pour lesquels un mariage doit être annulé. Toute personne intéressée peut
( art. 104 ss CC ) en tout temps intenter une action en annulation du mariage si l’un des partenaires, au moment
de la conclusion du mariage, était déjà marié ( interdiction de la bigamie ), s’il était durablement
incapable de discernement, si le mariage est prohibé en raison de la nature d’un lien de parenté
ou d’alliance ou s’il s’agit d’un mariage fictif en vue de contourner les règles sur l’admission et le
séjour des étrangers ( art. 105 s. CC ).
32
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Un époux peut demander l’annulation du mariage s’il était passagèrement incapable de discer-
nement lors de la célébration, s’il a déclaré par erreur consentir à la célébration ou s’il a contracté
mariage sous la menace. Il doit le faire dans le délai de six mois à compter du jour où il a décou-
vert la cause de l’annulation. Seul le juge peut prononcer l’annulation du mariage ( art. 107 ss CC ).
L’union conjugale La célébration du mariage crée l’union conjugale. Les époux s’obligent mutuellement à en assurer
( art. 159 CC ) la prospérité d’un commun accord et à pourvoir ensemble à l’entretien et à l’éducation des en-
fants. Ils se doivent l’un à l’autre fidélité et assistance.
Nombre de mariages 50 10
45 9
40 8
(Sources: OFS 2021 —
ESPOP, BEVNAT, STATPOP)
35 7
30 6
25 5
20 4
15 3
10 2
5 1
0 0
1900 1910 1920 1930 1940 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2020
Nom de famille Depuis 2013, les époux peuvent choisir librement leur nom de famille. En principe, lors du ma-
(art. 160 CC) riage, chacun conservera son nom de célibataire ( option 1 ). Ils peuvent aussi déclarer à l’état civil
qu’ils veulent porter, comme nom de famille commun, le nom de célibataire de l’homme ou de la
femme ( option 2 ).
L’enfant de parents mariés reçoit le nom de famille commun, ou, si ses parents portent un nom
différent, le nom de célibataire que ses parents ont choisi comme nom de famille au moment du
mariage.
Les personnes vivant en partenariat enregistré peuvent choisir l’un des deux noms de célibaraire
comme nom commun, ou bien garder chacune leur nom.
Droit de cité Par le mariage, la femme acquiert le droit de cité cantonal et communal de son mari sans perdre
( art. 161 CC ) le sien propre. Le mari conserve le sien, mais n’acquiert pas celui de la femme. Pour les étrangers,
l’acquisition de la citoyenneté suisse n’est pas automatique, mais elle est facilitée par le mariage :
le conjoint étranger d’un ressortissant suisse qui a résidé en Suisse pendant cinq ans au moins et
vit depuis trois ans en communauté conjugale peut demander la naturalisation facilitée.
33
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Mais une analyse de l’Office fédéral de la statistique ( OFS ) montre que presqu’aucun homme ne
fait usage de ce droit. Alors que 70,3 % des femmes adoptent le nom de leur époux, seuls 2,1 % des
hommes ont changé de nom de famille en 2016.
Par ailleurs, le canton de domicile, la confession et l’âge jouent également un rôle. Ainsi, les femmes de
Suisse latine ou de cantons urbains gardent plus souvent leur nom. Les femmes musulmanes procèdent
souvent à un changement de nom, alors que les femmes plus âgées aiment garder leur propre nom.
Demeure conjugale Pendant le mariage, les époux vivent en principe ensemble. Ils choisissent ensemble la demeure
( art. 162, 169 CC ) commune. Un époux ne peut, sans le consentement exprès de son conjoint, ni résilier le bail ni
vendre la maison ou l’appartement familial.
Entretien de la famille Les époux contribuent, chacun selon ses facultés, à l’entretien de la famille. Font notamment
( art. 163 ss CC ) partie de l’entretien le travail au foyer, les soins voués aux enfants, des prestations en argent et,
le cas échéant, l’aide que l’un des conjoints prête à l’autre dans sa profession ou son entreprise.
Par ailleurs, l’époux qui voue ses soins au ménage ou aux enfants ou qui aide l’autre dans sa pro-
fession ou son entreprise a le droit de recevoir de son conjoint un montant équitable dont il peut
disposer librement.
Représentation de l’union Chacun des époux représente l’union conjugale pour les besoins courants ( achat d’articles ména-
conjugale ( art. 166 CC ) gers, denrées alimentaires, location d’un appartement, etc. ). Les époux répondent de ces dettes
en commun. Au-delà des besoins courants de la famille ( achat d’une voiture ou d’un apparte-
ment, etc. ), le droit de représentation de l’union dépend de l’assentiment du conjoint ou de l’ur-
gence de l’acquisition.
Profession et entreprise Dans le choix et dans l’exercice de sa profession, chaque époux doit avoir égard à son conjoint et
des époux ( art. 167 CC ) aux intérêts de l’union conjugale.
Devoir de renseigner Chaque époux peut demander à son conjoint de le renseigner sur ses revenus, ses biens et ses dettes.
( art. 170 CC )
Protection de l’union La loi prévoit un éventail mesures à la disposition des époux qui connaissent des difficultés conju-
conjugale ( art. 171 ss CC ) gales ( mesures protectrices de l’union conjugale ). Ainsi, les cantons doivent veiller à ce que les
époux puissent s’adresser à des offices de consultation conjugale ou familiale ( art. 171 CC ). Le
juge des mesures protectrices de l’union conjugale peut également intervenir à la demande des
époux ou de l’un d’entre eux :
34
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Le concubinage On parle de concubinage lorsque deux personnes forment une communauté de toit, de table et
( union libre ) de lit. Contrairement aux époux, les concubins ne sont pas héritiers l’un de l’autre de par la loi.
Les enfants de concubins sont assimilés à des enfants nés hors mariage. En cas de séparation, il
n’y a aucun droit à une contribution d’entretien pour les ex-concubins ( mais il y en a un pour les
enfants ). La loi ne règle pas spécifiquement les droits et obligations des concubins. En cas de
litige, les tribunaux appliquent souvent les règles de la société simple. Il est néanmoins préférable
de conclure dès le début un contrat de concubinage, surtout lorsque le couple a des enfants.
➞ Logement : Qui pourra rester dans l’appartement commun lors d’une séparation ?
Et quels délais de résiliation y aura-t-il pour la partie qui quitte l’appartement ?
Le partenariat Deux personnes du même sexe peuvent faire officialiser leur relation de couple. Leur état civil est
enregistré ( LPart ) alors : « lié par un partenariat enregistré ». Il en découle les droits et devoirs suivants :
35
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Le « mariage pour tous » Le 26 septembre 2021, le peuple et les cantons suisses ont accepté la modification du Code civil
ouvrant le mariage aux couples de même sexe ( « mariage pour tous » ). Depuis le 1er juillet 2022,
les couples de femmes et les couples d’hommes peuvent ainsi se marier aux mêmes conditions
et avec les mêmes effets que les couples de sexe opposé. Ceux qui avaient conclu auparavant un
partenariat enregistré pourront convertir celui-ci en mariage par une déclaration à l’officier de
l’état civil de leur choix.
L’une des conséquences notables de cette réforme du droit du mariage est que les couples de
femmes peuvent désormais recourir à la procréation médicalement assistée ( insémination artifi-
cielle avec don de sperme ).
Depuis le 1er juillet 2022 et l’entrée en vigueur du « mariage pour tous », il n’est plus possible de
contracter de nouveaux partenariats enregistrés en Suisse. Les couples de même sexe qui veulent
s’unir officiellement peuvent seulement opter pour le mariage. Néanmoins, les partenariats déjà
conclus restent valables, sans obligation d’être convertis en mariages.
2 Walter Benz n’est pas très heureux que Brigitte veuille faire valoir ses droits par la voie légale.
Du coup, il demande qu’elle lui rende la bague de fiançailles qu’il lui avait offerte.
Brigitte doit-elle rendre la bague ?
3 Brigitte Paillod est en colère, à cause du repas qu’elle a offert à Walter il y a deux semaines.
Elle souhaite récupérer les CHF 100.– dépensés pour ce repas.
4 Sabine, 17 ans, et Mikaela, 19 ans, se connaissent depuis leur enfance. Elles font partie de la
même association, ce qui les a davantage rapprochées. Elles échangent des bagues en gage
de fidélité et se promettent de se marier prochainement. A quoi s’engagent-t-elles ainsi sur le
plan juridique ?
5 Patrick Moulin et Suzanne Landry sont amoureux. Il y a deux ans qu’il a terminé son apprentis-
sage de dessinateur en bâtiment et elle vient de passer son CFC d’employée de commerce.
Ils décident de vivre ensemble.
Comme Patrick loue depuis plus d’une année un petit trois pièces bon marché, Suzanne veut
emménager chez lui. Patrick informe le propriétaire de la nouvelle situation et le prie d’établir
un nouveau contrat à leurs noms. Pour le moment, Patrick gagne CHF 3 700.– et Suzanne,
engagée à mi-temps, touche CHF 1 600.–. Deux demi-jours par semaine, elle se rend à l’école
pour y préparer une maturité. Durant son temps libre, elle s’occupe du ménage commun. Comme
Suzanne gagne moins que son ami mais qu’elle investit plus de temps que lui dans le ménage,
il aimerait lui verser une compensation financière. Ils se mettent d’accord sur la somme de
CHF 500.–. Les autres frais de ménage seront partagés par moitié ; le loyer s’élève à CHF 1 200.–
Suite
36
ECONOMIE | ETAT | DROIT
par mois. Les frais généraux varient considérablement d’un mois à l’autre. D’ici quatre mois,
et pendant deux ans, Suzanne devra cesser toute activité pour se consacrer entièrement à la
préparation de l’examen de maturité. L’école sera à plein temps et elle ne gagnera plus rien.
La bourse à laquelle elle a droit ne suffira pas. Patrick désire l’aider en lui prêtant une somme
mensuelle de CHF 900.–. Avant l’arrivée de Suzanne, Patrick avait sensiblement augmenté sa
collection de CD ; de plus, il avait acquis une coûteuse installation stéréo. Il désire que la valeur
de ces biens figure sur un inventaire séparé afin d’éviter toute dispute en cas de séparation.
La valeur de cette collection est estimée à environ CHF 30 000.– et l’installation stéréo à
CHF 18 000.–. De son côté, Suzanne a emménagé avec son ordinateur portable estimé à environ
CHF 3 000.– y compris les logiciels. Elle tient également à en conserver la propriété tout en
léguant tous ses biens à Patrick par testament.
a ) Etablissez un projet de contrat de concubinage dans lequel vous réglerez les points suivants :
c ) Rédigez un contrat de prêt dans lequel vous préciserez que Suzanne recevra CHF 900.–
mensuellement depuis le 1er août 2018. Ce prêt est accordé pendant une période de deux
ans, sans intérêt.
6 Monique est enceinte. Bien qu’elle n’ait que 17 ans, elle se sent suffisamment mûre
pour épouser son ami Marc, de quatre ans plus âgé, qui serait prêt à franchir ce pas.
Un mariage est-il possible, en supposant que les parents de Monique soient d’accord ?
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DROIT | ETAT | ECONOMIE
Les deux personnes sont prêtes à subordonner leurs intérêts individuels à l’intérêt commun.
Mariage qui fonctionne
Divorce ou séparation L’intérêt individuel de la personne en couple prend le pas sur l’intérêt commun. L’intérêt commun
n’est plus représenté que par l’un des époux ou aucun.
Le divorce sur En cas d’accord complet, les époux demandent le divorce par une requête commune et proposent
requête commune au tribunal une convention règlant tous les effets du divorce, notamment le sort des enfants et le
logement ( art. 111 CC ).
En cas d’accord partiel ( les époux ne sont pas d’accord sur tous les points ), ils demandent éga-
lement le divorce par une requête commune, mais ils demandent au juge de régler les points
litigieux ( art. 112 CC ). Dans les deux cas, le juge entend les époux ensemble puis séparément. S’il
est convaincu que la requête en divorce et la convention ont été approuvées librement et après
mûre réflexion, il prononce le divorce.
Le divorce sur Lorsque l’un des deux époux n’est pas d’accord de divorcer, l’autre peut demander le divorce à
demande unilatérale condition que les deux aient vécu séparés pendant deux ans au moins ( art. 114 CC ). Un époux
peut cependant demander le divorce avant l’expiration du délai de deux ans lorsque des motifs
sérieux dont il n’est pas responsable ( par exemple la violence domestique, mais pas l’infidélité )
rendent insupportable la continuation du mariage.
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ECONOMIE | ETAT | DROIT
Conséquences personnelles Les conséquences personnelles concernent le nom et l’état civil. L’époux qui a changé de nom
conserve le nom de famille qu’il a acquis lors du mariage, à moins qu’il ne veuille reprendre son
nom de célibataire, ce qu’il peut déclarer à l’office de l’état civil en tout temps. Le divorce n’a pas
d’effet sur le droit de cité cantonal et communal. L’état civil est « divorcé », et non pas « célibataire ».
Conséquences économiques Les conséquences économiques concernent la liquidation du régime matrimonial ( art. 120 CC ), le
logement familial, la prévoyance professionnelle et l’entretien après le divorce.
En général, l’époux auquel est attribuée la garde des enfants se voit aussi attribuer le logement
familial. Si le logement familial appartient à l’un des époux, le juge peut attribuer à l’autre un droit
d’habitation de durée limitée moyennant une indemnité équitable ( loyer par exemple ) ( art. 121
CC ). Le 1er pilier ( AVS/AI ) et le 2e ( caisse de pension ) sont en principe partagés par moitié. Tou-
tefois, si l’un des époux perçoit déjà une rente de vieillesse ( et n’a donc plus de capital retraite
à partager ), le juge pourra ordonner un partage de la rente ( art. 124a CC ). Par ailleurs, les époux
restent libres de s’entendre, dans une convention de divorce, sur un partage autre que par moi-
tié, voire de renoncer carrément au partage. Le juge ne ratifiera alors la convention que si une
prévoyance vieillesse et invalidité adéquate reste assurée pour chacun des époux ( art. 124b CC ).
Si l’on ne peut raisonnablement attendre d’un époux qu’il pourvoie lui-même à son entretien après
le divorce, son conjoint lui doit une contribution équitable. Pour décider si une telle contribution
est allouée, l’on tient notamment compte de la durée du mariage, de l’âge et de l’état de santé,
des revenus et de la fortune et de la formation professionnelle. Le minimum vital du droit de la
famille constitue la limite inférieure de cette allocation, la limite supérieure dépend du niveau de
vie des époux pendant le mariage ( art. 125 CC ). L’allocation est généralement attribuée sous la
forme d’une rente de durée déterminée ( pension alimentaire ), plus rarement sous la forme d’un
capital ( art. 126 CC ). L’obligation d’entretien s’éteint au décès du débiteur ou du créancier ou en
cas de remariage de l’ayant droit ( art. 130 CC ).
Sort des enfants Le parent qui n’a pas l’autorité parentale a le droit de de voir régulièrement son enfant mineur
en cas de divorce ( droit de visite ), ce qui doit aussi permettre à l’enfant d’avoir une relation avec les deux parents
( art. 273 CC ). Ce même parent sera également informé des événements particuliers survenant
dans la vie de l’enfant et sera consulté avant la prise de décisions importantes le concernant
( art. 275a CC ). Le montant de l’entretien des enfants dépend d’une part des besoins de l’enfant
et de son âge, et d’autre part de la capacité contributive des parents ( art. 276 ss CC ). Il existe plu-
sieurs méthodes de calcul, mais les Tabelles zurichoises sont assez souvent utilisées ( un enfant
seul entre 1 et 6 ans, par exemple, coûte en moyenne CHF 2 045 par mois tout compris, coût à
répartir entre les parents ).
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DROIT | ETAT | ECONOMIE
15 3
10 2
5
Nouveau droit du divorce 1
depuis le 1er janvier 2000
(la notion de faute ne
joue plus de rôle)
0 0
1900 1910 1920 1930 1940 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2020
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ECONOMIE | ETAT | DROIT
EXERCICES | LE DIVORCE
1 Le mariage de Rose et d’Eric Wyss n’est plus une réussite depuis longtemps.
Les disputes sont de plus en plus vives. Eric rentre souvent ivre à la maison,
et il a même déjà battu Rose. Finalement, Rose aimerait engager une procédure
de divorce. Quel sera le tribunal compétent en matière de divorce ?
2 Après une violente bagarre avec Eric, mais avant de déposer sa demande de divorce,
Rose quitte le domicile conjugal avec leurs deux enfants. Elle est hébergée par sa mère
pendant trois semaines, en espérant qu’Eric se calmera d’ici là. Une amie lui conseille
de revenir immédiatement au domicile conjugal car, autrement, cela pourrait se
retourner contre elle lors de la procédure de divorce.
A-t-elle été conseillée judicieusement par cette amie ?
4 Rose a quitté son travail pour s’occuper de l’éducation des enfants. Comment le tribunal
procédera-t-il pour qu’elle ne se retrouve pas sans ressources après le divorce ?
7 Le tribunal a décidé qu’Eric verserait une pension mensuelle de CHF 1 500.– à son
ex-épouse durant 10 ans. Après trois ans, Rose se remarie. Eric en est ravi. Pourquoi ?
9 Finalement, Rose propose que sa fille préférée, Julia ( 12 ans ), reste avec elle. En contrepartie,
elle est disposée à laisser la garde de son fils Jonathan ( 10 ans ) à Eric. Ce dernier est d’accord
avec cette proposition.
Lorsque Rose annonce cette nouveauté à sa fille, celle-ci n’est pas enchantée, car elle aimerait pou-
voir continuer à vivre avec son frère Jonathan. Julia doit-elle accepter la décision de ses parents ?
10 Après son divorce, Mona a choisi de garder le nom de son ex-mari afin de porter le même nom
que leur fils. À présent, elle est enceinte de son nouveau compagnon ( avec lequel elle n’est pas
mariée ) et se demande si l’enfant portera le nom de son ex-mari, ce qu’elle aimerait mieux éviter.
Qu’en est-il ?
41
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Régimes matrimoniaux
Légal Conventionnels
– Participation aux acquêts ( régime ordinaire ) – Communauté de biens
– Séparation de biens ( régime extraordinaire ) – Séparation de biens
Rendements + Rendements
revenus Fortune de Fortune de + revenus
Biens Biens
l’époux + l’épouse +
propres propres
biens propres biens propres
époux épouse
Régime ordinaire
Participation aux acquêts
Le régime de la Le régime de la participation aux acquêts s’applique si les époux n’ont pas convenu d’un autre
participation aux acquêts régime par contrat de mariage et si un autre régime n’a pas été ordonné par un juge.
Biens propres ( art. 198 CC ) Sont réputés biens propres de par la loi :
➞ les effets personnels d’un époux
➞ les biens qui lui appartiennent au début du régime
➞ les créances en réparation de tort moral
➞ les biens acquis en remploi des biens propres
Acquêts ( art. 197 CC ) Les acquêts sont les biens acquis par un époux à titre onéreux pendant le régime. Ils comprennent
notamment :
➞ le produit de son travail
➞ les sommes versées par des institutions de prévoyance ou d’assurance
➞ les dommages-intérêts dus en raison d’une incapacité de travail
➞ les revenus de ses biens propres
➞ les biens acquis en remploi des biens propres
Chaque époux peut administrer et disposer de ses biens propres et ses acquêts ; il en a également
la jouissance. Mais les époux peuvent aussi gérer certains biens ensemble, ou l’un peut en confier
la gestion à l’autre. Un tel mandat est cependant révocable. Chaque époux répond lui-même
de ses dettes. Les héritages et les dons survenus pendant le mariage sont attribués aux biens
propres de l’épouse ou de l’époux qui les reçoit.
Situation après dissolution du Lors du décès d’un époux ou suite à un divorce / une séparation de corps, le régime est dissous.
régime pour cause de décès La notion de participation aux acquêts prend maintenant tout son sens puisqu’à ce moment-là
ou de divorce ( art. 204 CC ) chaque époux reprend ses biens propres et a droit à la moitié des acquêts de son conjoint après
déduction des dettes ( sauf celles en relation avec des biens propres ).
42
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Autrement dit : chaque époux garde ses biens propres et reçoit la moitié du bénéfice total de
l’union conjugale.
La communauté de biens Le régime de la communauté de biens se compose des biens communs et des biens propres de
( art. 221 ss CC ) chaque époux ( art. 221 CC ). On fait notamment la différence entre la communauté universelle
( cas normal ), la communauté d’acquêts ( c’est-à-dire réduite aux acquêts, convenue par contrat
de mariage ) et la communauté d’exclusion ( par exemple un immeuble, dont le revenu n’entrera
alors pas dans les biens communs ).
Contrat de mariage
BP époux
+
Biens communs
+
BP épouse
Communauté de biens
Les biens communs La communauté universelle se compose de tous les biens et revenus des époux qui ne sont
( art. 222 CC ) pas des biens propres de par la loi et qui sont à disposition des époux pendant le mariage. Ils
peuvent décider eux-mêmes de ce qui en fait partie, à l’exception donc des objets qui sont les
biens propres de l’un d’entre eux ( effets exclusivement affectés à son usage personnel ). Les biens
communs appartiennent aux deux, ce qui fait qu’une administration commune doit se faire dans
leur intérêt. Aucun d’eux ne peut disposer de sa part aux biens communs.
Les biens propres Ils sont constitués par contrat de mariage, par des libéralités provenant de tiers ou par l’effet de
( art. 225 CC ) la loi ( par exemple vêtements, bijoux, etc. ).
Chaque époux a l’administration et la gestion de ses biens propres ( art. 232 CC ).
Dissolution du régime Les motifs de dissolution sont les mêmes que pour la participation aux acquêts.
( art. 236 CC )
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DROIT | ETAT | ECONOMIE
La séparation de biens Le régime de la séparation de biens peut être convenu par contrat de mariage, mais aussi , dans
( art. 247 ss CC ) certains cas, imposé par la loi. Chaque époux a l’administration, la jouissance et la disposition de
ses biens, dans les limites de la loi. Le mariage n’a pas d’effet sur les biens des époux, ni pendant
la durée du régime ni après sa dissolution.
Contrat de mariage
Biens Biens
de l’époux de l’épouse
Séparation de biens
Régime extraordinaire A la demande d’un époux fondée sur de justes motifs, le juge prononce la séparation de biens
( art. 185 ss CC ) ( art. 185 CC ), ceci pour protéger les intérêts des époux. Par juste motifs, on entend par exemple :
Liquidation du régime : Exemple de cas : Inventaire relatif à la succession ( Josef Schelling, Claudine Maillat, 2 enfants )
Participation aux acquêts
Après le décès d’un des conjoints, il faut d’abord calculer les quatre masses de biens ( BP époux,
BP épouse, acquêts époux, acquêts épouse ). Chaque époux reçoit ses biens propres. Les acquêts
sont répartis entre les époux ( voir ci-dessus Régime de la participation aux acquêts, dissolution
du régime, calcul du bénéfice ). Si le bénéfice est négatif, on parlera de perte ou déficit, qui sera
supportée par le conjoint concerné ( pas de participation au déficit ).
( Chiffres en francs )
Biens épouse :
BP épouse Bijou 20 000.–
Héritage mère 60 000.–
Biens epoux :
BP époux Apportés dans le mariage 40 000.–
3 Louis Delaplace et son épouse ont tous deux une activité professionnelle qui les tient de plus
en plus souvent éloignés l’un de l’autre, si bien qu’après neuf années de vie commune,
ils désirent divorcer.
Aux CHF 600 000.– que Louis détenait avant le mariage se sont ajoutés des rendements pour
CHF 300 000.–. Par ailleurs, Louis a économisé CHF 100 000.– grâce à son travail ; il a aussi
acquis un héritage pour CHF 200 000.–. Quant à Marlène, elle a mis de côté CHF 250 000.– sur
ses revenus salariaux et les biens qu’elle détenait avant le mariage valent toujours CHF 50 000.–.
Quelle sera la situation financière de chacun après la dissolution du mariage ?
4 Nicolas Frei et Suzanne Mottet se marient. Leurs patrimoines au moment du mariage s’élèvent
respectivement à CHF 60 000.– et CHF 80 000.–. Les deux conjoints, déjà mariés une fois, ne
désirent plus prendre de risques financiers et conviennent ainsi d’adopter le régime de la
séparation de biens.
Cinq ans plus tard, c’est le divorce. Entre-temps, les capitaux de Nicolas ont augmenté de CHF
45 000.– et ceux de Suzanne de CHF 53 000.–. Grâce à son travail, Nicolas a constitué une
épargne de CHF 40 000.–. Enfin, ils ont l’un et l’autre reçu un héritage : CHF 100 000.– ( pour lui )
et CHF 120 000.– ( pour elle ).
45
DROIT | ETAT | ECONOMIE
7 Au moment de son mariage, Sandra Haller et Fritz Aeschbacher possèdent des actifs représentant
respectivement CHF 12 000.– et CHF 20 000.–. Dix ans plus tard, Sandra hérite CHF 40 000.– de
son père. Au même moment, les acquêts de Fritz se montent à CHF 60 000.– tandis que ceux de
Sandra représentent CHF 30 000.–. A ce moment-là, Sandra désire connaître la valeur de sa part
en cas de liquidation du régime matrimonial. Il n’y a pas de contrat de mariage.
8 Lors de la conclusion du mariage, les biens propres de l’époux se montaient à CHF 100 000.–,
ceux de l’épouse à CHF 20 000.–. Il n’y a pas de contrat de mariage. Le divorce est prononcé
dix ans plus tard. Les acquêts de l’épouse s’élèvent à CHF 120 000.–. Sachant que la part totale
de l’époux est de CHF 240 000.–, quel sera le montant de ses acquêts ?
9 Par contrat de mariage, François et Withney ont décidé que les revenus des biens propres ne
feraient pas partie des acquêts ( art. 199 al. 2 CC ). Au moment du mariage, les biens propres de
François s’élevaient à CHF 20 000.–, ceux de Withney à CHF 40 000.–. Lors du décès de Wit-
hney, ses acquêts s’élevaient à CHF 60 000.– et ceux de François à CHF 80 000.–. Les revenus
des biens propres sont de CHF 15 000.– pour François et de CHF 32 000.– pour Withney.
Quel est le montant des parts de Withney et de François ?
10 André achète une maison pour CHF 800 000.–, qu’il finance de la manière suivante :
CHF 600 000.– proviennent de ses biens propres et CHF 200 000.– lui sont remis par son
épouse Hélène qui les prélève sur sa fortune personnelle. Quelques années plus tard, c’est le
divorce. Hélène abandonne la maison dont la valeur a entretemps augmenté de
CHF 200 000.–. Quels seront les droits d’Hélène au moment de la liquidation du régime
matrimonial ?
Le nouveau droit de la protection de l’adulte est entré en vigueur le 1er janvier 2013. Dans ce
contexte, les dispositions du droit des personnes relatives à la capacité de discernement et l’exer-
cice des droits civils jouent un rôle important ( art. 12 ss CC ).
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ECONOMIE | ETAT | DROIT
Le nouveau droit de la protection de l’adulte contient des mesures destinées aux adultes ayant
besoin de protection. Outre les mesures personnelles anticipées, il prévoit des mesures appli-
quées de plein droit aux personnes incapables de discernement ( art. 374 – 387 CC ). Selon les
cas, l’autorité de protection de l’adulte peut instituer l’un des types de curatelle prévus dans la
loi ( art. 393 – 398 CC ). Elle désigne alors cas un curateur/une curatrice et lui confie un mandat
adapté individuellement, par exemple :
Par ailleurs, une personne souffrant d’un trouble psychique ou d’une déficience mentale ou encore
d’un grave état d’abandon peut être placée dans une institution appropriée sur ordre de l’autorité
de protection de l’adulte ou d’un médecin le cas échéant. Cette mesure, qualifiée de « placement à
des fins d’assistance », est régie par les art. 426 ss CC.
Mesures du droit de la
Droit de la protection
protection de l’adulte de l’adulte
Mesures demandées
Mesures prises par l’autorité
par la personne
Directives anticipées du
patient ( art. 370 ss CC )
Les mesures Le mandat pour cause d’inaptitude permet à une personne ayant l’exercice des droits civils (le
personnelles anticipées mandant) de désigner une personne physique ou morale (le mandataire) afin de fournir une assis-
tance personnelle, de gérer son patrimoine ou de la représenter dans les rapports juridiques avec
les tiers au cas où elle deviendrait incapable de discernement. Pour qu’il soit valable, l’art. 361 al.
1 CC stipule qu’il doit avoir été constitué soit en la forme olographe (c’est-à-dire rédigé entière-
ment à la main, daté et signé par le mandant ; cf. art. 505 al. 1 CC, relatif au testament olographe)
soit en la forme authentique (donc devant notaire).
47
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Mesures prises
Types de curatelle Influence sur l’exercice des droits civils de la personne sous curatelle
par l’autorité
Selon les cas, l’exercice des droits civils peut être limité. Dans
Curatelle de représentation
( art. 394 CC ) tous les cas, la personne est liée par les actes de son curateur.
Curatelle de coopération L’exercice des droits civils est limité : la personne ne pourra ac-
( art. 396 CC ) complir certains actes qu’avec le consentement du curateur.
Combinaison de curatelles
( accompagnement, représenta- Les trois types de curatelle peuvent être combinés,
tion et coopération ) ce qui assure une protection plus étendue de la personne.
( art. 397 CC )
But du droit de la Le but essentiel est la sécurité, la protection et le bien-être de la personne. Les mesures prises
protection de l’adulte n’ont en aucun cas un caractère punitif, bien que certains puissent considérer les ingérences dans
leur sphère juridique comme punitives, lorsqu’elles sont faites contre leur volonté.
But de la curatelle :
bien-être et protection
Curateur ou curatrice de la personne Personne sous curatelle
– Représentation légale
– Budget, impôts
– Formation ou formation
continue
– Encouragement dans le
domaine professionnel
– Vie quotidienne
Procédure L’autorité de protection de l’adulte compétente est celle du lieu de domicile de la personne concer-
née. Sur demande ou d’office, elle prend les mesures nécessaires lorsqu’elle a connaissance d’un cas
pouvant relever de son domaine de compétence. Elle examine si l’affaire relève de sa compétence
et si les conditions justifiant la prise de mesures adéquates sont réunies. Le CC contient certaines
prescriptions ( art. 443 – 450 e CC ) ; pour le reste, la procédure est régie par le droit cantonal.
48
ECONOMIE | ETAT | DROIT
640
TI
GE VS
Exemple: le canton de Vaud, où vivent environ 638 400 adultes, a prononcé l’an dernier 4085
curatelles portée générale, ce qui correspond à 640 cas pour 100 000 adultes ( record national ).
La moyenne suisse est de 221 ( 15 383 cas pour 6,96 millions d’adultes ).
Requête de levée de la Sur requête de la personne concernée ou d’un proche, ou bien d’office, l’autorité de protection de
curatelle ( art. 399 CC ) l’adulte lève la curatelle si elle n’est plus justifiée.
3 Claudine Maillat a besoin d’un curateur. Membre d’une association féministe depuis
de nombreuses années, elle désire que cette association assume la curatelle.
Est-ce possible ?
49
DROIT | ETAT | ECONOMIE
HÉRITIERS DÉVOLUTION
EFFETS DE LA
TESTAMENT DÉVOLUTION
( CC 551 SS )
PACTE SUCCESSORAL
PARTAGE ( CC 602 SS )
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ECONOMIE | ETAT | DROIT
Père Mère
Oncles, Oncles,
tantes tantes
Petits- Petits-
Nièces, Enfants
Cousins Cousins
neveux
Petits-enfants
Petites-nièces,
petits-neveux
Arrière-petits-enfants
La succession légale s’applique lorsque le défunt n’a pris aucune disposition ( testament, pacte
successoral ) pour régler sa succession. Dans ce cas, c’est la loi qui détermine le cercle des héri-
tiers et ce qui revient à chacun, selon le système des parentèles :
➞ La première parentèle se compose de tous les descendants du défunt ( aussi appelé de cujus )
➞ La deuxième parentèle est constituée par les parents du défunt et leurs descendants, à
l’exception des membres de la première parentèle. On y trouve donc les frères et sœurs du
défunt et leurs enfants ( nièces et neveux du défunt ), petits-enfants, etc.
➞ La troisième parentèle se compose des grands-parents du défunt et de leurs descendants, à
l’exception des membres des première et deuxième parentèles. Les oncles, tantes, cousins et
cousines du défunt en font donc partie.
➞ La quatrième parentèle ( celle des arrière-grands-parents ) n’hérite pas, puisque les derniers
héritiers sont ceux de la troisième parentèle ( art. 460 CC ). S’il n’y a pas d’héritiers légaux,
la succession est dévolue au canton du dernier domicile du défunt ( art. 466 CC ). Lorsque
celui-ci répudie l’héritage, il est procédé à la liquidation selon les règles de la faillite.
Les héritiers de la deuxième parentèle n’entrent en ligne de compte que s’il n’y a aucun héritier
dans la première parentèle. De même, ceux de la troisième parentèle n’entrent en ligne de compte
que s’il n’y a aucun héritier dans les deux premières parentèles. Le conjoint survivant ne fait pas
partie du système des parentèles, mais il a toujours la qualité d’héritier, même en présence de
descendants. Les autres membres de la famille héritent selon le degré de parenté ( art. 462 CC ).
Le partenaire enregistré est traité de la même manière que le conjoint, alors que le concubin est
traité comme un tiers en droit des successions, c’est-à-dire qu’il ne pourra hériter que si le défunt
a fait un testament en sa faveur.
➞ Bien que les parts des héritiers légaux et institués puissent être de taille différente,
les héritiers ont dans le partage un droit égal à tous les biens de la succession.
➞ Les héritiers forment une communauté héréditaire et disposent conjointement des droits de la
succession jusqu’à l’exécution du partage. Les décisions doivent être prises à l’unanimité.
➞ L’attribution s’effectue à la valeur vénale des biens
( sauf pour la reprise des exploitations agricoles ).
➞ En principe, chaque héritier peut exiger le partage à tout moment et poser ainsi le problème
du paiement ou de l’attribution des biens.
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DROIT | ETAT | ECONOMIE
Il existe une disposition particulière ( CC 612 a ) en faveur du conjoint permettant à celui-ci de pré-
server sa situation en ce qui concerne le logement :
➞ À sa demande, le conjoint survivant peut demander que lui soit attribué le logement dans
lequel vivaient les époux et qui appartenait au testateur, moyennant une imputation sur sa
part. Il en va de même pour le mobilier de ménage.
Un tel privilège donne au conjoint survivant une certaine latitude pour bénéficier d’un partage
adapté à ses besoins et à ses possibilités, en fonction de la situation qui prévalait jusqu’alors et
selon son choix entre l’usufruit et la propriété.
Le testament peut contenir des clauses réglant le partage des objets de la succession :
➞ Un héritier peut se voir accorder le droit de choisir en premier les objets qu’il désire,
➞ ou les héritiers peuvent être dans l’obligation de remettre certains objets à des héritiers désignés.
La réserve légale …
… correspond à une fraction de la part héréditaire légale ( c’est-à-dire en l’absence de toute dis-
position pour cause de mort ). Dans le cas du conjoint survivant, la réserve légale correspond à la
moitié de la part héréditaire légale.
La quotité disponible…
… est la part de succession qui dépasse la somme des réserves légales.
La quotité disponible de la succession peut faire l’objet d’une disposition pour cause de mort
( testament ou pacte successoral ) et être attribuée par le de cujus à qui bon lui semble.
Modifications du En décembre 2020, le Parlement fédéral a adopté une réforme du droit des successions allant
droit successoral dans le sens d’une plus grande flexibilité. La personne qui souhaite régler sa succession au moyen
d’un testament sera moins contrainte par les réserves héréditaires. Elle pourra disposer plus li-
brement de ses biens et favoriser davantage, par exemple, son partenaire de fait ou l’enfant de
celui-ci. La diminution des réserves vise également à faciliter la transmission successorale des
entreprises familiales.
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ECONOMIE | ETAT | DROIT
Un parents 1⁄2 –
1⁄1
+ des frères/sœurs 1⁄2 –
3⁄4
Parents 1⁄4 – 5⁄8
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DROIT | ETAT | ECONOMIE
Part de la 1⁄8
Réserve Part successorale
succession
successorale maximale
légale
Part de la
1⁄8 – 5⁄8
mère 1⁄8 3⁄4
Frères et
1⁄8 – 5⁄8
sœurs
EXERCICES | CHAPITRE 4
1 Quels types de successions distingue-t-on ?
4 Jules Clerc est décédé. Il a passé ses dernières années dans un EMS de la ville de Lausanne.
Son fils Charles vit à Neuchâtel et sa fille Noémie vit à La Neuveville avec sa famille.
Ils ne s’entendent pas sur la répartition de l’héritage. Noémie veut agir en justice.
Auprès de quel tribunal doit-elle le faire ?
5 Selon le testament de Mme Martin, ses héritiers reçoivent leur réserve successorale, le reste
de la succession devant revenir à son chien Bello. Les héritiers contestent ce testament.
Ont-ils une chance d’obtenir gain de cause ?
6 Pierre Schaller laisse en héritage un compte d’épargne d’une valeur de CHF 53 000.– ainsi
que des bons de caisse pour CHF 80 000.–. Il a en outre des factures non payées chez Mobilia,
marchand de meubles et dans d’autres entreprises pour une somme de CHF 11 000.–.
Que vont devenir ces dettes ?
54
ECONOMIE | ETAT | DROIT
5 L’héritage de Romain Graf s’élève à CHF 120 000.–. Il laisse une femme et deux enfants.
Ses parents et ses trois sœurs vivent encore. Il n’y a pas de testament.
Qui héritera et de combien ?
9 Qui hériterait et quelle serait la part de chacun si l’épouse de Romain Graf était prédécédée,
ainsi que ses enfants, mais que ses parents ainsi qu’un petit-fils étaient encore vivants ?
10 Qui hériterait et quelle serait la part de chacun, si Romain Graf n’avait pas été marié,
que ses parents étaient décédés et que son grand-père vivait encore ( on fait ici l’hypothèse
que ses parents étaient des enfants uniques ) ?
11 Qui hériterait et quelle serait la part de chacun si, non seulement le grand-père
paternel était encore en vie, mais également l’unique sœur de sa mère ?
12 Qui hériterait et quelle serait la part de chacun si Romain Graf n’avait plus
aucun parent vivant à l’exception d’un grand-oncle ?
13 Sur la base des réponses obtenues dans les exercices 5 – 12, dressez la liste des
règles les plus importantes permettant de déterminer les héritiers légaux.
15 Lors de son mariage, les biens propres de Madame Laurence s’élèvent à CHF 20 000.–
alors que ceux de son mari se montent à CHF 60 000.–. 30 ans plus tard, le mari décède.
Le couple était marié sous le régime de la participation aux acquêts. Les acquêts de Monsieur
Laurence s’élèvent à CHF 40 000.–, ceux de Madame Laurence à CHF 20 000.–. En plus de
son épouse, Monsieur Laurence laisse un enfant. Il n’y a pas de testament.
Procédez à la liquidation du régime matrimonial et au partage de la succession.
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DROIT | ETAT | ECONOMIE
16 Lors du décès de Monsieur Haller, ses biens propres s’élèvent à CHF 8 000.– et ses acquêts
à CHF 54 000.– alors que les biens propres de Madame Haller se montent à CHF 18 000.–
et ses acquêts à CHF 36 000.–. Le couple a quatre enfants. Quelle sera la part d’un enfant
si les époux Haller étaient mariés sous le régime matrimonial ordinaire et que les frais d’en-
sevelissement reviennent à CHF 7 000.– ?
17 Richard Giger est marié à Béatrice Giger-Hutter. Après une très longue maladie, elle décède.
Des deux enfants, Liliane et Remo, seule la fille est encore en vie. Remo a laissé un fils, Tobias.
Liliane est restée célibataire. La mère de Béatrice Giger vit encore ; son père, par contre, est
décédé. De plus, la sœur de Béatrice, Elisabeth, est toujours en vie. Le couple Giger-Hutter était
soumis au régime matrimonial ordinaire. Lors de son décès, Béatrice Giger laisse CHF 45 000.–
de biens propres. Les acquêts du couple s’élèvent à CHF 58 000.–. Les frais d’ensevelissement
représentent CHF 6 700.–. Qui hérite et quelle sera la part de chacun ?
18 Peu de temps après le décès de Blandine Paccaud, le père de celle-ci ( qui était veuf ) est
décédé à son tour. Blandine n’a pas eu d’enfant mais laisse un époux, Charles. Le frère de
Blandine, se demande s’il devra partager l’héritage de son père avec Charles. Qu’en est-il ?
19 Adam et Eve viennent de perdre leur fils Abel. Ce dernier, qui vivait en concubinage, n’a pas eu
d’enfant et n’a pas laissé de testament. Il y a quelques années, il avait fondé son entreprise en
raison individuelle mais celle-ci battait sérieusement de l’aile. Adam et Ève redoutent d’avoir à
rembourser les dettes d’Abel. Leur crainte est-elle justifiée ?
1. Je lègue à mon épouse, Corinne Normand, née Muller le 23 décembre 1945, la quotité
disponible de ma succession. La part successorale de mes descendants est réduite à la
part réserve.
2. Outre la quotité disponible, je laisse à mon épouse l’usufruit de toute la succession
dévolue à ma descendance si, au sens de l’art. 473 CC, elle désire renoncer à sa part
successorale au profit de l’usufruit de la succession.
3. A titre de prescription de partage, je confère à mon épouse le droit de décider elle-même
des biens de la succession dont elle désire disposer en nue-propriété ou en usufruit.
4. Je désigne mon épouse en qualité d’exécutrice testamentaire.
Genève, le 12 mars 2018 Blaise Normand
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ECONOMIE | ETAT | DROIT
Le testament public doit être établi par un officier public avec le concours de deux témoins ( forme
authentique ). Cet officier public ( un notaire, dans les cantons romands ) conserve ensuite le testa-
ment. Le testament olographe doit être entièrement rédigé, daté et signé de la main du testateur. La
signature doit permettre d’identifier clairement l’auteur de l’acte. Dans des circonstances exception-
nelles ( cas de nécessité ), le testament peut être fait en la forme orale. Celui qui prétend qu’aucun
cas de nécessité n’était réalisé peut intenter une action en nullité du testament ( CC 520 I ).
Le pacte successoral Le pacte successoral est un contrat conclu entre le de cujus et un ( ou plusieurs ) tiers, destiné à
( CC 512 – 525 ) régler par avance une ou plusieurs successions. C’est le seul moyen de renoncer par avance et
valablement à une succession future. Le pacte successoral ne déploie ses effets qu’à la mort du
de cujus. Comme le testament public, il doit être passé en la forme authentique pour être valable.
L’exhérédation À certaines conditions ( strictes ) prévues dans la loi, le de cujus peut priver un héritier de la ré-
serve à la laquelle il aurait normalement droit. Pour que l’exhérédation soit valable, le de cujus
doit en avoir indiqué la cause dans l’acte qui la prévoit. La réserve de l’exhérédé augmente en
principe la quotité disponible, autrement dit celle dont le de cujus peut disposer librement. Si le
de cujus n’a pas disposé de la part de l’exhérédé, la part de ce dernier va à ses héritiers légaux,
comme s’il était prédécédé.
Possibilité de favoriser Le testateur a la faculté de favoriser son conjoint, cela de plusieurs manières :
le conjoint survivant ➞ en lui attribuant la quotité disponible ;
➞ en lui laissant l’usufruit de toute la part dévolue à leurs enfants communs ( CC 473 ) ;
➞ en concluant avec ses héritiers réservataires des pactes successoraux,
par lesquels ils renoncent à leur réserve.
L’exécuteur testamentaire est désigné par le de cujus dans son testament. Puisqu’il exécute les
dernières volontés du défunt, il ne doit en principe pas accepter d’instructions de la part des hé-
ritiers. Seule une autorité étatique peut le destituer.
Un administrateur officiel intervient notamment en cas d’absence prolongée d’un héritier qui n’a
pas nommé de représentant, ou encore si certains héritiers du défunt ne sont pas connus.
Le représentant de la communauté héréditaire est désigné par une autorité à la demande de l’un
des héritiers. Il peut s’agir d’un héritier ou d’un tiers. Puisqu’il agit comme représentant de la
succession, on lui applique les règles sur la représentation ( CO 32 ss ).
2 Olivier Seuret vient de fêter son 60 anniversaire. Il a une épouse et deux filles.
e
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DROIT | ETAT | ECONOMIE
5 A part le fait de favoriser sa femme, Olivier Seuret désire avantager sa fille Marianne
au détriment de sa deuxième fille, Patricia. En effet, suite à une dispute, cette dernière
n’a pratiquement plus de contact avec la famille. En fait, il aimerait même la déshériter
complètement. Est-ce possible ?
6 Willi Marguerat est veuf et n’a pas d’enfants. Ses parents sont décédés. Son frère
cadet jouit d’une meilleure santé que lui, ce qui irrite Willi car une dispute amère,
vieille de dix ans, divise les deux frères. C’est pourquoi Willi n’a pas envie de voir
son frère hériter de son importante fortune. Peut-il le déshériter totalement ?
7 Lors d’un accident de la circulation, Vital Salamin est grièvement blessé. Sur les
lieux de l’accident, il a juste la force d’exprimer ses dernières volontés au médecin
des urgences en précisant que ses descendants recevront leur réserve légale,
et que son épouse recevra le reste. Un tel testament est-il valable ?
8 Quelle serait votre réponse si Vital Salamin avait exprimé ses dernières volontés
à sa femme légèrement blessée et sa sœur qui voyageait avec eux ?
10 Au décès de Madame Devaux, ses biens propres sont évalués à CHF 8 000.– et ses
acquêts à CHF 58 000.– alors que les biens propres de son mari valent CHF 14 000.–
et ces acquêts CHF 86 000.–. Les cinq enfants recevront leur réserve, le reste allant au mari.
Combien recevra un enfant si les parents étaient mariés sous le régime ordinaire,
sachant que les frais relatifs au décès s’élevaient à CHF 4 000.– ?
11 Bruno Burgi est décédé et laisse une veuve et trois enfants. Ses parents sont encore
en vie. L’héritage représente CHF 60 000.–. Il a rédigé un testament avec un legs en
faveur de l’Armée du Salut. Combien pouvait-il lui léguer au maximum ?
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ECONOMIE | ETAT | DROIT
La dévolution successorale
Conditions de
Ouverture de la succession la dévolution
DÉFUNT HÉRITIERS
( CC 537 ET 546 SS )
POINT DE SURVIE
MORT
( CC 32 SS )
La dévolution est l’acquisition de la succession par les héritiers, la succession s’ouvrant au mo-
ment de la mort ( CC 537 I ) et au dernier domicile du défunt ( CC 538 I ). Pour que s’effectue la
dévolution, il faut que certaines conditions soient remplies, tant du côté du de cujus que des
héritiers.
Le de cujus La première condition est le constat de la mort du de cujus. S’il s’avère que celle-ci ne peut pas
être affirmée avec certitude, on applique les dispositions relatives à la déclaration d’absence ( CC
546 ss ).
Il faut donc que l’héritier soit encore en vie au moment du décès du de cujus. Pour cela, il suffit qu’il
lui survive ne serait-ce qu’une seconde. Lorsque plusieurs personnes sont mortes sans qu’il soit
possible d’établir si l’une a survécu à l’autre, leur décès est présumé avoir eu lieu au même moment
( CC 32 II ). Dans ce cas, aucune de ces personnes ne peut être héritière de l’autre. Toute personne
( physique ou morale ), pour autant qu’elle ne soit pas indigne, peut hériter, et seules les personnes
peuvent hériter. Les animaux ne peuvent donc pas être institués héritiers ( CC 482 IV ). Est indigne
d’hériter , au sens de l’art. CC 540, celui qui :
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DROIT | ETAT | ECONOMIE
La succession inclut tous les actifs ( biens, créances, autres droits patrimoniaux ) et passifs
( dettes ) du de cujus. Font également partie du passif toutes les dépenses générées par la mort
du de cujus. La différence entre les actifs et les passifs représente la valeur nette de la succession.
Effets de la dévolution Les héritiers acquièrent la succession au moment où celle-ci est ouverte. Ils deviennent titulaires
en commun de tous les actifs de la succession, mais répondent également de toutes les dettes ( le
cas échéant, sur leur propre patrimoine ). Ils ont toutefois la possibilité de répudier ( c’est-à-dire
refuser ) la succession dans sa totalité, si les dettes sont supérieures aux actifs. Pour que la suc-
cession soit préservée autant que possible jusqu’au partage, la loi a prévu des mesures de sûretés
( CC 551 ss ) et l’action en pétition d’hérédité ( CC 598 ss ).
Partage de la succession Jusqu’à ce qu’intervienne le partage de la succession, les héritiers forment une communauté et
sont propriétaires en commun de l’ensemble de la succession ( CC 652 ss ). Le partage met fin à
la communauté héréditaire ; il consiste en la répartition des éléments composant la succession
( actifs et passifs ) entre les héritiers. Chacun des héritiers a le droit de demander le partage en
tout temps ( CC 604 ).
Après le partage, il subsiste entre les héritiers ( rapports internes ) une obligation de garantie ( CC
637 ), analogue à celle qu’on trouve dans le contrat de vente ( CO 197 ss ). Les héritiers sont ainsi
garants les uns envers les autres de la valeur des actifs qui leur ont été attribués. Chaque héritier a
aussi un droit de recours contre ses cohéritiers s’il a payé une dette dont il n’a pas été chargé. Vis-
à-vis des tiers ( rapports externes ), les héritiers demeurent solidairement responsables de toutes
les dettes successorales et continuent d’en répondre sur leur patrimoine personnel ( CC 639 I ).
Premier exemple : Le défunt Monsieur X. laisse derrière lui une épouse et deux enfants. Ses biens propres se montent
régimes matrimoniaux à CHF 30 000.– et ses acquêts à CHF 100 000.–. Les biens propres de Madame X s’élèvent à
et droit successoral CHF 40 000.– et ses acquêts à CHF 40 000.– aussi. Les frais funéraires sont de CHF 4 000.–.
Par testament, Monsieur X. a réduit la part de ses enfants à leur réserve et a attribué la quotité
disponible à son épouse.
Sur la base des données fournies ci-dessus, procédez à la liquidation du régime matrimonial et
déterminez la part successorale qui revient à chaque héritier.
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ECONOMIE | ETAT | DROIT
Solution :
1. Liquidation du régime Ursulin et Erna n’ont pas conclu de contrat de mariage. Ils sont donc soumis au régime légal de
matrimonial la participation aux acquêts.
Le seul bien propre d’Ursulin est l’immeuble, dont la valeur nette est de CHF 100 000.–
Acquêts ( = bénéfice ) d’Ursulin : son compte salaire CHF 20 000.–
Biens propres d’Erna : ses papiers-valeurs CHF 60 000.–
Les acquêts ( = bénéfice ) d’Erna sont les économies CHF 10 000.–
qu’elle a constituées pendant le mariage
2. Détermination des Une fois le régime matrimonial liquidé, on peut calculer la valeur des parts de succession. Ursulin
parts de succession n’ayant ni laissé de testament, ni conclu de pacte successoral, on applique les règles sur la suc-
cession légale ( voir pp. 42 ss ).
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DROIT | ETAT | ECONOMIE
La propriété intellectuelle, de son côté, porte sur les biens dits immatériels, par exemple une inven-
tion, une œuvre littéraire, une composition musicale, ou encore une marque commerciale. Les dispo-
sitions légales concernant les droits réels se trouvent dans le Code civil ; celles concernant la proprié-
té intellectuelle se trouvent dans des lois spéciales ( loi sur les brevets, loi sur le droit d’auteur, etc. ).
Propriété matérielle Le droit de propriété est le droit réel le plus étendu. Le propriétaire d’une chose a le droit d’en
disposer librement, dans les limites de la loi ( CC 641 I ). De telles limites peuvent notamment être
posées par le droit public ( exemple : interdiction de construire sur les terrains situés dans une
zone déterminée ) ou par le droit privé ( exemple : prohibition de l’abus de droit, CC 2 II ).
Types de propriété Selon le nombre de personnes titulaires d’un droit de propriété sur une chose et la manière dont
ces personnes exercent leur droit de propriété, on distingue la propriété individuelle, la propriété
commune et la copropriété.
Propriété individuelle Une seule personne est propriétaire de la chose. Elle peut en disposer comme elle l’entend.
Propriété commune Dans le cas de la propriété commune, le titulaire du droit de propriété est une communauté de
personnes, par exemple celle que forment les héritiers jusqu’au moment du partage. En principe,
toutes les décisions concernant la chose doivent être prises à l’unanimité ( CC 653 II ). Aussi long-
temps que dure la communauté, ses membres ne peuvent pas disposer de leur quote-part ( par
exemple la céder ).
Copropriété C’est un autre type de propriété collective. Ici, la propriété de la chose appartient non pas à
une communauté ( prise comme un tout ), mais à plusieurs personnes, chacune pour une quote-
part. Les décisions importantes se prennent à la majorité. Chaque copropriétaire peut librement
disposer de sa part de copropriété ( par exemple il peut la vendre ou la mettre en gage, CC 646
III ). Un règlement de copropriété peut cependant prévoir autre chose ( par exemple une appro-
bation par la majorité des copropriétaires ). Exemple : la propriété par étages ( CC 712 a – 712 t )
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ECONOMIE | ETAT | DROIT
Propriété foncière La propriété foncière est celle qui porte sur des immeubles ( terrains, bâtiments, etc., CC 655 ).
Le transfert de la propriété nécessite non seulement un titre juridique valable ( contrat de vente,
attribution par testament, etc. ), comme pour le transfert de la propriété mobilière, mais aussi
une inscription au registre foncier ( CC 656 I ). Cette inscription est présumée être véridique, tant
que la preuve du contraire n’a pas été apportée ( CC 9 ). Pour cette raison, le registre foncier est
public ( chacun est en droit de le consulter, CC 970 ) et toute personne de bonne foi qui acquiert
la propriété d’un immeuble en se fondant sur une inscription du registre est maintenue dans son
acquisition, même s’il apparaît par la suite que l’inscription était erronée ( CC 973 ).
Attention : l’acheteur d’une maison, par exemple, n’en devient propriétaire qu’à partir du moment
où il est inscrit au registre foncier.
Possession Le possesseur d’une chose est celui qui en a la maîtrise effective ( CC 919 ). Le possesseur d’une
chose est présumé en être le propriétaire, tant que la preuve du contraire n’a pas été apportée.
La possession remplit donc la même fonction que le registre foncier pour la propriété foncière.
Acquisition de la possession La possession se transfère généralement par la remise de la chose. Elle peut être transférée avec
( CC 922 – 925 ) la propriété ( remise de la chose à son acheteur, par exemple ) ou sans la propriété ( remise de la
chose à son emprunteur ou son locataire, par exemple ).
Propriété intellectuelle La propriété intellectuelle ( parfois aussi appelée propriété immatérielle ) est celle qui porte sur les
inventions ( droit des brevets ), les marques, les designs et les œuvres de l’esprit ( droit d’auteur ).
Les domaines qui constituent la propriété intellectuelle ont connu un grand essor au cours des
dernières décennies, notamment en raison des progrès techniques et de l’évolution sociale. Au-
jourd’hui, ils représentent un poids économique et un enjeu politique considérables. Pour les
entreprises innovantes ( comme Apple ou Victorinox ), les brevets sont souvent un facteur décisif
de succès, dans la mesure où ils permettent d’obtenir un avantage concurrentiel.
Les idées et les œuvres de l’esprit sont, par nature, faciles à imiter et à exploiter par ceux qui ne
les ont pas produites. La propriété intellectuelle permet aux créateurs de bénéficier d’une pro-
tection pendant une certaine durée et, ainsi, de récolter les fruits de leur travail. De ce fait, elle
contribue à encourager la créativité.
Alors que le droit d’auteur naît automatiquement et en même temps que l’œuvre, les autres
droits de propriété intellectuelle ( brevets, marques, designs ) doivent faire l’objet d’une demande
d’enregistrement et être renouvelés périodiquement. En Suisse, ces demandes d’enregistrement
doivent être faites auprès de l’Institut fédéral de la propriété intellectuelle ( IPI ), à Berne ; elles
doivent respecter certaines conditions ainsi que des exigences formelles.
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DROIT | ETAT | ECONOMIE
3 Trois amis achètent une maison de vacances en Hongrie. A cette occasion, ils ont constitué une
société en nom collectif. De quel genre de propriété collective s’agit-il dans ce cas ?
5 Deux frères ont hérité d’une entreprise de leur mère. Ils constituent une communauté
héréditaire. De quel genre de propriété collective s’agit-il dans ce cas ?
8 Depuis quelque temps, Vital Delaloy est propriétaire d’un appartement. Comme il est
souvent absent, il n’a guère le temps de s’en occuper. Le logement se dégrade de plus en
plus, avec des incidences sur l’ensemble de la maison. Analysez la situation juridique.
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ECONOMIE | ETAT | DROIT
3 Sabine a trouvé une montre en or sur la chaussée. Légalement, que doit-elle faire ?
Pendant combien de temps le propriétaire peut-il faire valoir ses droits sur cet objet ?
Passé ce délai, Sabine pourra-t-elle en devenir légalement propriétaire ?
4 Le concierge d’une grande banque a dérobé une partie des objets de décorations du hall d’en-
trée pour les remettre à une galerie d’art. Le propriétaire de la galerie en a vendu une partie.
A quel article de loi la banque peut-elle se référer pour exiger le retour des objets ?
5 Selim prête à son ami Willy le nouveau CD de Lars Holmer. Quelques jours plus tard,
Willy le revend à son c opain Henri. Lors d’une visite chez Henri, Selim découvre son
CD sur la console et l’emporte. Qui est réellement le propriétaire de ce CD ?
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DROIT | ETAT | ECONOMIE
Les contrats Un contrat est conclu lorsque les deux parties ont, réciproquement et d’une manière concordante,
manifesté leur volonté. L’accord doit porter sur tous les points essentiels du contrat. Un accord
oral peut déjà être un contrat.
Les actes illicites Le comportement de celui qui cause sans droit un dommage à autrui est considéré comme illicite.
La personne responsable, bien que sans lien juridique préalable avec la personne lésée, sera tenue
de l’indemniser en lui versant des dommages-intérêts.
L’enrichissement illégitime Il y a enrichissement illégitime lorsqu’une personne s’enrichit au détriment d’une autre personne
sans cause juridique valable. L’appauvri peut réclamer à l’enrichi qu’il lui restitue le montant de
son enrichissement.
Un contrat est formé lorsque deux parties manifestent leur volonté de façon réciproque et concor-
dante. Elles doivent se mettre d’accord sur tous les points essentiels du contrat. Dans la plupart
des cas, un accord oral suffit. Les parties sont ensuite tenues d’exécuter leurs obligations.
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ECONOMIE | ETAT | DROIT
De la formation à l’exécution
Parties au contrat
du contrat Partie A Partie B
p. ex. un vendeur p. ex. un acheteur
Offre
Contenu du contrat
Prestation ( fourniture
d’une marchandise,
d’un service, etc. )
Contre-prestation
( p. ex. paiement )
Forme du contrat Principe : la plupart des contrats ne nécessitent pas de forme spéciale. Dans quelques rares cas,
cependant, le législateur en prescrit une.
Contrats informels Il s’agit de contrats qui peuvent être conclus en la forme orale. On applique ici le principe de la
liberté de la forme. La plupart des contrats de la vie de tous les jours sont conclus oralement.
Exemples : emprunt de CHF 10.– à un ami, achat au comptant dans un kiosque ( contrat de vente )
D’autres contrats peuvent être conclus en la forme orale : prêt à usage, contrat de location, contrat
de bail à ferme, contrat d’entreprise, etc.
Même pour les contrats informels, les parties sont libres de prévoir ( par un accord préalable ) que
le contrat, des modifications ou encore la résiliation de celui-ci ne seront valables qu’en observant
une forme spéciale, généralement la forme écrite ( CO 16 ).
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DROIT | ETAT | ECONOMIE
Publication
C’est la forme la plus contraignante d’un contrat. Ces c ontrats mettent en jeu un intérêt public
particulier. Les parties importantes du contrat seront publiées, c’est-à-dire rendues publiques
dans la feuille officielle.
Exemples: adjudications de marchés publics ( publiées dans la feuille d’avis cantonale ), fusion de
sociétés ( publiées dans la Feuille officielle suisse du commerce ). Dans ce dernier cas, le but est
d’assurer une protection aux employés et créanciers des sociétés concernées en les informant de
l’opération. Il ne s’agit cependant pas d’une forme à proprement parler ( ce n’est pas une condi-
tion de validité du contrat ).
EXERCICE | CHAPITRE 6
Dans les exemples ci-dessous, citez les sources ayant amené à la formation des obligations.
1. Conformément au contrat qu’il a passé avec sa banque, Michel Plantaz reçoit un prêt qu’il
devra rembourser en trois ans.
2. Maya envoie un uppercut à Joseph qui doit alors se rendre chez le dentiste.
3. Gregorio travaille à plein temps chez Jarre SA. Son patron ne veut pas lui accorder de vacances.
4. Par erreur, la Banque Cantonale a crédité le compte de Paul Mathez d’une somme de
CHF 100 000.– au lieu de CHF 10.–.
5. André emprunte le VTT d’Eric pour faire un tour.
6. Une entreprise de construction n’a pas fermé son chantier. Un petit enfant grimpe sur
une poutre, tombe et se blesse grièvement. Les parents attaquent l’entreprise pour le préjudice
subi par leur enfant.
7. Durant la leçon d’informatique, Oscar perd ses nerfs et frappe du poing la souris de son
ordinateur. Celle-ci est totalement détruite.
8. Durant ses vacances, Martine Durand loue une voiture pour la semaine.
68
ECONOMIE | ETAT | DROIT
5 Josette et Alexandre sont fiancés et vont bientôt se marier. Désirant adopter un régime
matrimonial différent de celui prévu par la loi, ils signent un contrat de mariage en privé.
Que dit la loi à ce sujet ?
6 Il y a neuf ans, le physicien de laboratoire Paul Baudin a signé un contrat de travail avec
l’entreprise MECA SA. Aujourd’hui, il aimerait se mettre à son compte. Lors de la remise de sa
démission, son chef le rend attentif à la clause de non-concurrence qu’il a signée lors de son
engagement. Monsieur Baudin s’en souvient vaguement mais ne trouve aucune mention à ce
sujet dans son contrat de travail. Analysez la situation juridique.
7 Madame Keller a conclu un contrat de crédit à la consommation avec l’entreprise Fitus SA.
Par la suite, les deux parties au contrat désirent apporter certaines modifications au contrat.
Quelle devra être la forme de ces modifications ?
8 Suzanne Giger désire acheter une motocyclette. Elle se rend chez Speed SA et décide
d’acheter le dernier modèle. Le vendeur reprendra sa vieille motocyclette comme acompte et
préparera le contrat jusqu’au samedi suivant. Une semaine plus tard, le vendeur attend toujour
la visite de Suzanne. Quelle est la situation juridique ?
9 Jessica est toute contente : Norbert Dusapin, directeur de la société Dusapin SA, vient de
lui adresser un e-mail lui annonçant qu’il a retenu sa candidature pour le poste de responsable
du service des achats et l’invitant à passer signer son contrat de travail en début de semaine
prochaine. La joie est cependant de courte durée car Dusapin l’appelle deux jours plus tard
et, se confondant en excuses, lui explique qu’une autre candidate s’est présentée et qu’elle
correspond davantage au profil du poste. Quoique abattue, Jessica ne se laisse pas démonter
et rétorque qu’elle a été valablement engagée, puisque la conclusion d’un contrat de travail
ne requiert pas la forme écrite. A-t-elle raison ?
10 Est-il possible de modifier oralement un contrat qui a été conclu en la forme écrite ?
Contenu du contrat En principe, le contenu du contrat peut être librement déterminé par les parties : en vertu du prin-
( CO 19 – 21 ) cipe de la liberté contractuelle, chacun peut décider librement si, avec qui et avec quel contenu il
veut conclure un contrat ( CO 19 I ). Toutefois, le contenu du contrat doit encore respecter certaines
limites posées par la loi.
C’est ainsi qu’un contrat ayant pour objet une chose impossible, illicite ou contraire aux mœurs est
nul, autrement dit dépourvu d’effets juridiques ( CO 20 I ).
Contrats nuls Un contrat est impossible lorsque, au moment de sa conclusion, la prestation promise ne peut ob-
jectivement pas être exécutée ( c’est-à-dire qu’aucune personne ne pourrait l’exécuter ). Exemple :
contrat par lequel une personne s’engage à livrer une œvre d’art ayant été détruite.
Exemple : contrat par lequel une personne s’engage à tuer quelqu’un ou à livrer de la drogue.
Un contrat est contraire aux mœurs s’il porte atteinte aux droits de la personnalité d’une des parties
( CC 27 II ) ou s’il va à l’encontre de la morale ou de la bienséance.
Exemple : contrat par lequel une personne s’engage à en épouser une autre.
Lésion ( CO 21 ) On parle de lésion quand il y a une disproportion évidente entre la prestation et la contre-prestation.
Mais cette condition ne suffit pas : il faut encore qu’une des parties ait profité de la situation de
faiblesse dans laquelle se trouvait l’autre partie, cette situation de faiblesse pouvant être la gêne
(nécessité économique), la légèreté ou l’inexpérience. Dans ce cas, la partie lésée peut annuler le
contrat dans un délai d’un an à partir de sa conclusion.
69
DROIT | ETAT | ECONOMIE
2 Afin de financer son voyage aux Indes, Thomas conclut avec Nicolas un contrat portant
sur la livraison de 5 kg d’héroïne. Qu’en pensez-vous ?
3 L’ingénieur Gasser vend les plans de son « mouvement perpétuel » ( = machine dont la fonc-
tionnement viole les lois de la physique).
Qu’en est-il de ce contrat ?
4 Félix, jeune garçon un peu rêveur et naïf, entreprend un tour de Suisse avec la vieille moto que
son père lui a prêtée. Au bout de quelques jours, la moto tombe en panne. Félix se fait dépanner
par un garagiste local, qui lui annonce qu’il faut remplacer les bougies, ce qu’il offre de faire
sans délai pour la somme de CHF 1 200.–. Félix, qui voudrait reprendre son voyage, accepte, sans
se douter qu’une réparation de ce genre coûte en général moins de CHF 500.–. À son retour, il
raconte l’épisode à son père, qui lui apprend qu’il s’est fait rouler.
Félix peut-il faire quelque chose ?
5 André et Lucille concluent un contrat portant sur l’achat d’un immeuble au prix de CHF 200 000.–
( prix figurant sur l’acte notarié ). En fait, pour éluder certains impôts, les parties ont convenu
qu’André verserait à Lucille, de la main à la main, un dessous-de-table de CHF 100 000.–,
afin d’arriver à un prix total de CHF 300 000.–, conforme à la valeur réelle du bien.
A l’aide de l’art. 18 CO, analysez la situation.
6 Cédric est éperdument amoureux de Linda, qui est elle-même très amoureuse de son mari et
se refuse à Cédric. Ce dernier élabore alors un plan machiavélique pour parvenir à ses fins :
il s’entend avec Lisa pour que celle-ci, moyennant une rétribution de CHF 3 000.–,
séduise le mari de Linda et s’arrange pour que celle-ci les surprenne.
1 ) Que faut-il penser du contrat conclu entre Cédric et Lisa, au niveau juridique ?
2 ) En supposant que Cédric ait payé Lisa mais que celle-ci refuse de remplir sa part du
contrat, Cédric pourra-t-il obtenir qu’elle lui restitue les CHF 3 000.– ?
7 Jocelyne attend que lui soit livrée par camion une demi-douzaine de chevaux arabes qu’elle
a achetés le mois dernier. Alors qu’elle vient de trouver un acheteur pour ceux-ci et de
s’entendre avec lui sur les différents aspects du contrat, elle reçoit un coup de téléphone lui
annonçant que le camion a eu un accident et que tous les chevaux ont péri.
Qu’en est-il du contrat conclu avec son acheteur ?
8 Âgée de 93 ans, Bertille n’a plus tout à fait le sens des réalités économiques. Pas plus tard
que la semaine dernière, elle a fait appel à un sanitaire pour déboucher sa baignoire.
Celui-ci a tout de suite vu à qui il avait affaire et lui a proposé de faire le travail pour la
somme de CHF 6 000.–. Il a prétendu que c’était le prix normal pour ce genre de réparation,
car cela allait lui prendre toute la matinée. Bertille a accepté et s’est rendu à la poste pour
retirer l’argent, tandis que le sanitaire réparait la baignoire. Deux jours plus tard, elle a raconté
l’histoire à son petit-fils de 17 ans, qui a réussi à retrouver la trace du sanitaire et à lui faire
rendre la quasi totalité de l’argent. Imaginez ce qu’il a pu dire à ce dernier pour le persuader,
sachant qu’il avait un souvenir très vif des cours de droit suivis à l’école.
70
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Vices du consentement Si une partie veut se libérer d’un contrat qui a été conclu, elle doit établir qu’elle se trouvait dans
( CO 23 – 31 ) un cas de vice du consentement ( CO 23 ss ). Si elle y parvient, elle peut annuler le contrat dans
un délai déterminé par la loi. Tout se passe alors comme si le contrat n’avait jamais été conclu.
Erreur de déclaration Il y a erreur de déclaration quand une partie ne dit pas ce qu’elle voulait réellement dire. À l’in-
( CO 24 I ch. 1 – 3 ) verse de l’erreur de base et de l’erreur sur les motifs, ce n’est pas la formation de la volonté mais
la manifestation de celle-ci qui est défectueuse.
Erreur sur les motifs L’erreur sur les motifs se rapporte aux raisons pour lesquelles le contrat a été conclu. Elle affecte
( CO 24 II ) la formation de la volonté de conclure un contrat ou de le conclure à certaines conditions. Une telle
erreur n’est, en principe, pas essentielle et les parties sont donc liées par le contrat. ( Exemple : J’achète
une bague à ma petite amie pour lui faire plaisir, mais elle préfère avoir un téléphone portable. )
Erreur de base Il y a erreur de base dans le cas où une partie a conclu le contrat en se basant sur des faits qui ne
( CO 24 I ch. 4 ) correspondent pas à la réalité.
Exemples :
Le vendeur souhaite vendre le tableau X de Picasso pour CHF 50 000.– ( volonté ). Il déclare vou-
loir vendre le tableau X de Picasso pour CHF 50 000.– ( manifestation de volonté ).
L’acheteur, croyant que le tableau X de Picasso est un original, souhaite l’acheter pour CHF 50 000.–
( volonté ). Il déclare vouloir acheter le tableau X de Picasso pour CHF 50 000.– ( manifestation de
volonté ). Il découvre par la suite que le tableau est un faux. On est en présence d’une erreur de
base car l’acheteur n’aurait pas accepté d’acheter le tableau pour CHF 50 000.– s’il avait su que
ce n’était pas un original. Si le vendeur savait que le tableau n’était pas un original, mais l’a vendu
comme tel, il s’agit alors d’un dol ( voir ci-dessous ).
Dol Pour qu’on puisse retenir le dol, il faut que les conditions suivantes soient remplies :
( CO 28 )
Comportement trompeur
➞ Communication de fausses informations ou dissimulation de faits essentiels.
Intention de tromper
➞ L’auteur de la tromperie sait qu’il communique de fausses informations ou dissimule des
faits essentiels et il veut amener l’autre partie ( la dupe ) à conclure le contrat.
Lien de causalité
➞ C’est parce qu’elle a été induite en erreur par l’autre partie ( l’auteur de la tromperie ) que la
dupe décide de conclure le contrat.
Exemple : L’acheteur et le vendeur ont conclu un contrat de vente pour une BMW d’occasion au
prix de 35 000 CHF. Il s’agit d’une voiture accidentée dont le compteur kilométrique a été falsifié,
ce que le vendeur sait. L’acheteur a donc été induit à croire, à tort, que la voiture était d’une qualité
supérieure à ce qu’elle était en réalité. Cette erreur sur les faits a été causée par le dol du vendeur.
Crainte fondée Une partie craignait de subir un dommage sérieux si elle ne concluait pas le contrat et cette
( CO 29 ) crainte était justifiée, compte tenu des circonstances ( CO 30 I ) ; pour cette raison, elle a décidé
de conclure le contrat ( lien de causalité ). Sa volonté ne s’est donc pas formée librement : il y a
vice du consentement.
71
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Représentation À certaines conditions, il est possible pour une personne de conclure un contrat au nom et pour
( CO 32 – 39 ) le compte de quelqu’un d’autre. Il faut pour cela que le représentant ait reçu du représenté un
pouvoir de présentation ( appelé procuration, souvent attestée dans un document écrit qu’on dé-
signe par le même nom ) et qu’il ait fait savoir au tiers qu’il s’engageait pour le compte d’une autre
personne, et non pour son propre compte. La loi règle également divers cas de figure particuliers :
si le représentant ne s’est pas fait connaître comme tel, s’il a agi sans pouvoirs, etc.
2 Lors de l’élaboration d’un contrat de vente, Monsieur Mercurey, marchand de tapis, s’est trompé
dans son calcul ; il a noté 379 m2 à CHF 52.– = CHF 19 807.– au lieu de CHF 19 708.–. L’acheteur, qui
a déjà signé son contrat, désire s’en départir en constatant l’erreur. Conseillez Monsieur Mercurey.
3 Germaine vient d’acquérir un deuxième bien-fonds. Le vendeur lui a fait croire que c’était
un excellent terrain pour bâtir une villa. Cependant, après la vente, elle constate que cette
parcelle ne se trouve pas en zone constructible. Que peut faire Germaine ?
4 Monsieur Mollet désire louer une tondeuse à gazon à la coopérative agricole de son village.
Celle-ci,, qui l’a mal compris, lui fait signer un contrat de vente. Monsieur Mollet signe sans se
douter de l’erreur. Quels sont les moyens juridiques à sa disposition ?
6 Chez Quo Lee Quong, René Marquis achète pour CHF 70 000.– un vase antique de la
dynastie Shang ( 1500 – 1000 av. J. – C. ). Le plaisir du collectionneur est cependant de courte
durée puisqu’un expert consulté vient de lui dire qu’il s’agit d’une imitation très bien réalisée.
Dans quel délai René Marquis doit-il réagir ?
8 Conversation entendue dans un restaurant : « Si tu ne signes pas ce contrat, j’écraserai tous
tes chats avec ma voiture !» Le malheureux signe finalement le document.
Analysez la situation juridique.
10 Le même soir, Monsieur Boder reçoit encore de la visite ; un certain Charles Good veut le
convaincre de contracter une police d’assurance de protection juridique. Monsieur Boder se
laisse convaincre et signe le contrat. Peut-il le révoquer ?
72
ECONOMIE | ETAT | DROIT
12 Lors d’une manifestation publicitaire en marge d’une excursion, un vieil homme se laisse
convaincre d’acheter une couverture chauffante au prix de CHF 498.–.
Aidez-le à rédiger sa lettre de révocation.
13 La société immobilière Amron AG est propriétaire d’un appartement pour lequel elle
recherchait un locataire depuis 2017. Pendant plusieurs mois, elle a fait paraître dans la presse
locale une annonce dans laquelle était esquissé le plan de l’appartement et où était indiqué, en
caractères gras, qu’il s’agissait d’un « appartement confortable de 5 pièces avec 160 m2 de surface
habitable ». Wilfried Bauer, qui avait besoin d’un appartement plus grand à cause de l’agrandisse-
ment de sa famille, s’est annoncé chez Amron AG. Le 16 avril 2018, il a visité l’appartement avec sa
femme et, après de brèves négociations, a signé un contrat de location qui prévoyait un loyer net
de CHF 26 160.– + CHF 3 600.– de charges par année.
De retour à la maison, Bauer a commencé à douter de la surface habitable indiquée dans l’an-
nonce, ceci sur la base d’un plan qu’il avait reçu lors des négociations contractuelles. Accompa-
gné d’un spécialiste, il a alors visité l’appartement une seconde fois et l’a mesuré. Il en est résulté
une surface habitable de 144 m2. Le 18 avril 2018, il a communiqué à Amron AG qu’il ne voulait
pas maintenir le contrat de location à cause du manque de surface habitable. La bailleresse, qui
était elle-même partie d’une surface habitable de 160 m2, a refusé d’entrer en matière et s’est
seulement déclarée prête à chercher un locataire de remplacement. Finalement, l’appartement
a pu être reloué pour le 1er novembre 2018.
Le 25 octobre 2018, Amron AG a exigé de Bauer le paiement des loyers pour la période courant
du 1er juillet 2018 à octobre 2018, soit CHF 7 440.–.
14 Mathias a entendu dire qu’il était judicieux d’investir dans l’art. Comme il n’y connaît rien, il charge
son frère Bertrand – qui a longtemps tenu une galerie – d’acheter pour son compte une œuvre d’un
artiste prometteur, avec l’espoir que sa cote augmentera.
1 ) Mathias doit-il obligatoirement remettre à Bertrand une procuration écrite pour que
celui-ci puisse agir valablement comme son représentant ?
2 ) Bertrand a déniché une œuvre d’une jeune sculptrice très talentueuse, Blandine, et l’a
négociée pour CHF 8 500.–. Il l’a achetée pour le compte de Mathias, non sans avoir mon-
tré à Blandine la procuration rédigée et signée par celui-ci, qui comportait le texte suivant :
« Par la présente, je soussigné Mathias Dufour donne pouvoir à Bertrand Dufour pour
acheter une œuvre d’art en mon nom et pour mon compte. » Blandine et Bertrand ont
convenu que la sculpture serait payée par Mathias dans un délai d’une semaine et livrée
immédiatement après. Le jour même, Bertrand a envoyé à Mathias des photos de la
sculpture en le félicitant de son acquisition. Ce dernier l’a cependant trouvée horrible et
s’est vivement emporté contre son frère. Il a aussitôt téléphoné à Blandine pour lui dire
que Bertrand n’avait pas respecté ses instructions et que lui-même n’était donc pas lié par
le contrat conclu en son nom. Quelle est la situation juridique ?
3 ) Variante : la procuration établie par Mathias stipulait un prix maximal de CHF 5 000.–.
Cependant, persuadé d’avoir affaire à une occasion en or avec cette sculpture de Blandine,
Bertrand n’a pas montré à celle-ci la procuration, tout en déclarant conclure le contrat au
nom de Mathias. Quelle est la situation juridique ?
73
DROIT | ETAT | ECONOMIE
On appelle acte illicite un acte contraire au droit et qui porte atteinte aux intérêts autrui. Celui
qui répond d’un tel acte est tenu de réparer le dommage causé à autrui, en lui versant des dom-
mages-intérêts. On parle à ce propos de responsabilité civile.
Responsabilité civile
Responsabilité pour faute La responsabilité selon CO 41 ( responsabilité civile délictuelle ) doit être distinguée de celle basée
( CO 41 ) sur CO 97, qui concerne la responsabilité contractuelle. Tandis que la responsabilité selon CO 97
découle d’un contrat, la responsabilité délictuelle découle de la loi. Une personne est responsable
selon CO 41, et par conséquent tenue au versement de dommages-intérêts, lorsque les conditions
suivantes sont réunies :
Dommage
Le dommage est une diminution involontaire du patrimoine, qui peut par exemple être la consé-
quence d’une atteinte à l’intégrité corporelle ( CO 45 ss ) ou à un bien matériel. Le dommage
correspond à la différence entre l’état actuel du patrimoine du lésé et l’état hypothétique du
patrimoine si l’événement dommageable ne s’était pas produit.
Illicéité
Est illicite un acte qui porte atteinte aux intérêts d’autrui et qui viole une règle posée par l’ordre
juridique. Une infraction pénale est toujours un acte illicite ; par contre, l’inverse n’est pas toujours
vrai ( par exemple, un dommage à la propriété causé par négligence est un acte illicite, mais non
une infraction pénale ).
Faute
Un comportement est considéré comme fautif s’il est contraire à ce qu’on pouvait attendre d’une
personne raisonnable placée dans les mêmes circonstances. Il peut s’agir d’une faute intention-
nelle ou par négligence : elle est intentionnelle si le responsable a délibérément provoqué le
dommage ( ou s’il en a consciemment assumé l’éventualité ) ; on parle de négligence quand le
responsable n’a pas fait preuve de l’attention commandée par les circonstances. La faute présup-
pose, en outre, que le responsable soit capable de discernement.
Responsabilités objectives Dans le cas des responsabilités objectives, une personne peut être tenue pour responsable même
( ou causales ) si elle n’a commis aucune faute. Le dommage a été causé par des personnes, des choses ou en-
core par exemple des animaux dont la personne assume la responsabilité en vertu de la loi.
C’est ainsi, notamment, que le détenteur d’animal répond des dommages causés par celui-ci ( CO
56 ) et que l’employeur répond des dommages causés à un tiers par son employé dans l’accom-
plissement de son travail ( CO 55 ). Dans ces deux cas, le détenteur d’animal ou l’employeur peut
cependant se libérer de sa responsabilité s’il parvient à prouver qu’il a agi avec la diligence néces-
saire pour éviter un dommage du type de celui qui s’est produit ( responsabilité objective simple ).
Dans le cas de la responsabilité objective aggravée ( ou responsabilité pour risque ), le responsable
ne peut pas se libérer de sa responsabilité, sauf dans des cas exceptionnels ; il est tenu de réparer
le dommage par le simple fait qu’un risque dont il doit répondre s’est réalisé, et cela quelle que soit
la diligence dont il a fait preuve ( par exemple : responsabilité du détenteur de véhicule automobile,
responsabilité des chemins de fer ).
3 Elodie rentre chez elle et tombe nez-à-nez avec un intrus. Prise de panique, elle lui lance un
pot en terre cuite qui se fracasse contre sa tête, lui faisant perdre connaissance. Lorsqu’il
reprend ses esprits, la police lui a déjà passé les menottes au poignet. L’homme pourrait-il
demander une indemnisation à Elodie pour ses blessures ?
4 Un représentant en verroterie tombe dans l’escalier d’un immeuble locatif. L’escalier est
en très mauvais état. Le représentant n’a rien, mais ses bijoux sont inutilisables.
Qui doit supporter le dégât ?
5 La petite Verena, âgée de 3 ans, s’est amusée à écraser les 24 rosiers « Prince Nicolas »
( CHF 18.– pièce ) de la voisine. Qui répond du dommage ?
6 Aldo travaille depuis 15 ans comme maçon. Le responsable du trax étant malade, Aldo doit
le remplacer. Mais il n’a pas l’habitude de conduire ce type d’engin et blesse une passante.
Qui répond du dommage ?
7 Un taureau est en train de paître dans un pré clôturé. Apercevant des promeneurs, il charge et
défonce la barrière de protection. Résultat : un évanouissement, trois dents et un fémur cassés.
Qui répond du dommage ?
75
DROIT | ETAT | ECONOMIE
9 Monsieur Farine est handicapé mental et indigent. Lors d’un achat dans un magasin d’articles
ménagers, il casse par inadvertance plusieurs verres à vin de grande valeur, exposés sur
l’étalage. Qui répondra du dommage ? Quelle serait la situation si Monsieur Farine, malgré
son incapacité, disposait d’une importante fortune acquise à la suite d’un héritage ?
Enrichissement illégitime
En principe, l’enrichi doit restituer à l’appauvri la totalité de la perte patrimoniale subie par ce
dernier ( sous réserve des conditions supplémentaires posées par CO 63–64 ). L’appauvri doit
faire valoir sa créance dans un délai d’un an à partir du moment où il en a connaissance et dans
un délai de dix ans à partir de la naissance de la créance, sous peine de prescription ( CO 67 ).
2 Lors d’un concert en plein air, Marthe a voulu économiser l’argent du ticket d’entrée en escala-
dant, non sans risque, une abrupte paroi de rochers. Est-ce un enrichissement illégitime ?
3 Marc, apprenti de 17 ans s’est offert un VTT pour CHF 2 000.–. Son père exige du vendeur
qu’il rembourse ce montant en arguant du fait qu’il n’a pas donné son accord à cette vente.
Quelle est la situation juridique ?
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ECONOMIE | ETAT | DROIT
4 Il y a douze ans que la maison Tousbois SA a exécuté un banc d’angle pour la famille Blum,
et c’est seulement aujourd’hui qu’elle envoie une facture à Madame Blum, qui la paie rapide-
ment. Son mari est fâché car il sait qu’en vertu de l’art. 128 CO, la dette était prescrite. Il veut
récupérer la somme versée, qu’il estime être un enrichissement illégitime. Le peut-il ?
5 Suite à une erreur de la banque, Gabor Besic reçoit un salaire de CHF 400 000.– au lieu des
CHF 4 000.– habituels. Gabor se frotte les mains mais, pour le moment, il ne touche pas à
cette somme. Il a entendu parler de prescription et espère que ce délai sera aussi court que
possible. De combien de temps dispose la banque pour récupérer l’argent versé par erreur ?
Le débiteur n’est en principe pas tenu d’exécuter personnellement son obligation. Cela signifie
que, dans un contrat de vente, par exemple, un ami de l’acheteur peut payer le prix à sa place.
L’objet de l’exécution est ce qui a été convenu entre les parties, par exemple un tableau pour CHF
100.– ( CO 69 ss ).
Le lieu de l’exécution dépend du type de dette dont il s’agit ( CO 74 ). À moins que les parties
en aient convenu autrement, l’obligation peut être exécutée et l’exécution peut en être exigée
immédiatement. Dans le cas d’une vente, par exemple, cela signifie que le vendeur doit livrer
immédiatement le tableau et que l’acheteur doit payer comptant ( CO 75 s ).
3 Richard a acheté chez Sound SA un instrument à percussion ayant appartenu à Phil Collins.
L’instrument coûte CHF 17 000.– et se trouve à Montreux. Le vendeur est-il tenu d’assumer les
frais de transport ? Quel est le lieu d’exécution du contrat ?
4 Pour la fête organisée à l’occasion de son anniversaire, Antoine a commandé chez Denner
quatre caisses de bière et 30 litres de limonade.
Où devront être livrées les bouteilles si rien de spécial n’a été convenu ?
5 Sylvie Wegmann s’est rendue chez le décorateur d’intérieur Durst pour y acheter un fauteuil de
télévision. Elle désire l’emporter directement et demande une facture payable à 30 jours. Durst
exige le paiement comptant. Analysez la situation.
77
DROIT | ETAT | ECONOMIE
7 Le chauffeur d’Interspeed est particulièrement pressé, raison pour laquelle il désire livrer à
12h30 les bouteilles de verre soufflé commandées à la verrerie. L’aide comptable refuse la
livraison car il est seul durant la pause de midi. Que dit la loi à ce sujet ?
8 L’apprenti fleuriste François doit payer CHF 87.50 à son enseignant pour du matériel d’enseigne-
ment. L’enseignant refuse cependant de lui établir une quittance. Que dit la loi à ce sujet ?
9 Le 5 avril Annie a acheté un banc de jardin aux conditions suivantes : « Payable à 30 jours net ».
Quand la facture arrivera-t-elle à échéance ?
Violation du contrat
Dommages-intérêts Des dommages-intérêts peuvent être réclamés en raison de la violation d’un contrat si les condi-
tions suivantes sont remplies :
Violation positive du contrat La violation positive du contrat peut consister soit en l’exécution défectueuse d’une des presta-
tions principales ( par exemple le débiteur fournit la marchandise convenue, mais elle ne corres-
pond pas à la qualité promise ), soit en la violation d’une obligation accessoire ( comme le devoir
des parties de se comporter loyalement ).
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ECONOMIE | ETAT | DROIT
L’impossibilité initiale Ici, l’impossibilité d’exécuter la prestation existe déjà au moment de la conclusion du contrat. Dans ce
( CO 20 I ) cas, le contrat est nul. Il doit cependant s’agir d’une impossibilité objective, c’est-à-dire que la pres-
tation ne pourrait être exécutée par personne ( par exemple un contrat de bail portant sur la Lune ).
L’impossibilité subséquente Ici, l’impossibilité survient après la conclusion du contrat ( par exemple, un tableau de maître qui
se trouve détruit juste avant la date de livraison prévue ). L’impossibilité doit, là aussi, être objec-
tive. Ce n’est pas le cas si le débiteur ne peut plus exécuter la prestation ( par exemple le stock
de légumes du vendeur a été détruit ), alors qu’une autre personne le pourrait. Deux situations
doivent encore être distinguées :
➞ si l’impossibilité est due à des circonstances imputables au débiteur ( par exemple le vendeur
n’a pas pris suffisamment soin du tableau ), sa responsabilité est engagée sur la base de CO 97 ;
➞ si l’impossibilité n’est pas due à des circonstances imputables au débiteur ( par exemple
l’entrepôt où était gardé le tableau a été détruit par une catastrophe naturelle ), l’obligation
s’éteint ( CO 119 I ). La contre-prestation ( dans notre exemple, le paiement du prix de vente
des légumes ) ne peut plus être exigée et, si elle a déjà été fournie, elle doit être restituée
( CO 119 II ).
Demeure du débiteur Le débiteur se trouve en demeure quand il n’exécute pas la prestation due au moment où elle
( CO 102 ss ) devait l’être, alors que l’exécution reste possible. La demeure du débiteur intervient quand les
conditions suivantes sont réalisées :
➞ L’obligation n’est pas exécutée, alors qu’elle pourrait encore l’être.
➞ L’obligation est exigible ( CO 102 I ) et le créancier a interpellé le débiteur ( CO 102 I ).
L’interpellation n’est cependant pas nécessaire si les parties avaient préalablement
convenu du jour de l’exécution ( CO 102 II ).
Dans le cas d’un contrat bilatéral, le créancier dispose d’options supplémentaires. Pour pouvoir
disposer de ces options, il doit cependant fixer d’abord au débiteur un nouveau délai pour s’exé-
cuter ( délai de grâce ), sauf s’il apparaît d’emblée que la fixation de ce délai n’est pas nécessaire
( CO 108 ). Si, à l’expiration du délai, le débiteur ne s’est toujours pas exécuté, il se trouve alors en
demeure qualifiée et le créancier peut choisir entre différentes options :
oui non
non
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DROIT | ETAT | ECONOMIE
Si le créancier souhaite maintenir le contrat mais n’a plus d’intérêt à recevoir la prestation, il peut
alors renoncer à l’exécution et demander, à la place, des dommages-intérêts pour cause d’inexécu-
tion ( réparation de l’intérêt positif ). Concrètement, cela signifie que le créancier peut demander à
être placé dans la situation où il se trouverait si le contrat avait été convenablement exécuté. Dans
cette variante, il pourra par exemple réclamer le montant de son gain manqué.
Demeure du créancier Mais le créancier peut aussi préférer ne pas maintenir le contrat et choisir de s’en départir. Il pourra,
dans ce cas, réclamer des dommages-intérêts négatifs, c’est-à-dire demander à être replacé dans la
situation où il se trouverait si le contrat n’avait jamais été conclu ( par exemple, remboursement des
frais engagés en vue de la réception de la marchandise ).
Bien souvent, le débiteur ne peut exécuter son obligation que si le créancier effectue certains actes
de son côté. Si, par exemple, le créancier refuse d’accepter la prestation, alors que le débiteur a ré-
gulièrement proposé de l’exécuter, on parle de demeure du créancier ( CO 91 ). Le débiteur dispose
alors de plusieurs possibilités : il peut consigner la chose ( CO 92 ), vendre la chose avec l’autorisa-
tion du juge ( CO 93 ) ou encore se départir du contrat ( CO 95 ).
2 Charles Henry doit se rendre chez le dentiste. Bien qu’il ait noté son rendez-vous dans son agen-
da, il arrive avec deux heures de retard chez le praticien. Que fera probablement le dentiste ?
3 L’organisateur du concert donné par « Les fidèles mélomanes » a commandé 500 paires de
saucisses à rôtir pour 18 heures. A 22 heures, le boucher, qui attend toujours, finit par déposer
toutes les saucisses devant la porte fermée de la salle de l’Etoile.
Agit-il correctement ? Quelles sont les autres possibilités envisagées par la loi ?
4 Walter Messerli décide d’apprendre le russe. Il trouve en Raïssa Chrustschowa une professeure
patiente. Malheureusement il n’a pas beaucoup de persévérance et dès la troisième leçon, il brille
par son absence. Après l’avoir attendu à cinq reprises, Raïssa Chrustschowa demande conseil.
80
ECONOMIE | ETAT | DROIT
2 Quand le vendeur serait-il en demeure si la date de la livraison avait été fixé au 27 juillet de
l’année en cours ?
3 Dans le cadre d’une action publicitaire, un magasin commande à une confiserie 2 000 petits
lapins en chocolat. La date de la livraison est fixée au 5 avril à 14 heures précises ( 5 jours avant
Pâques ). Le 15 avril, l’entreprise livre ses lapins.
De quel genre d’affaire s’agit-il dans ce cas ? Le magasin est-il tenu d’accepter la livraison ?
5 Le 26 mai, Anne Calame achète un four à micro-ondes. Le délai de paiement convenu est de
30 jours. Le 12 juillet, Madame Calame est sommée de payer car elle n’a encore rien versé.
De quel cas de demeure s’agit-il ici ? Quelles seront les suites juridiques ?
6 Annabelle est contrariée : le garagiste, qui lui avait pourtant assuré que sa voiture serait répa-
rée pour cet après-midi, vient de l’appeler pour lui dire qu’il n’avait pas terminé la réparation
et que la voiture ne serait prête que demain, voire après-demain. Le lendemain, nouveau coup
de téléphone du garagiste : alors qu’Annabelle s’attend à une bonne nouvelle, elle s’entend dire
que l’atelier a partiellement brûlé pendant la nuit et que sa voiture est détruite !
Quelle est la situation juridique ?
2 Florian Meister commande et paie quatre jeunes cochons de lait à Monsieur Montavon, éleveur.
Il désire faire de l’élevage. Lorsqu’il vient chercher ses bêtes, Montavon lui fait savoir que les
animaux ont été enlevés la nuit précédente et qu’il lui est impossible de remplir sa part du
contrat. Quelles sont les conséquences juridiques ?
4 Par contrat du 14 septembre 2018, le marchand de chevaux Zoller a acheté auprès de l’éleveur
de chevaux Frei le sauteur Niquita au prix de CHF 60 000.–. Selon le contrat, le cheval devait
être remis et payé le 29 septembre 2018. Zoller connaissait plusieurs personnes intéressées ;
peu de temps après le 14 septembre 2018, quelqu’un lui a proposé CHF 80 000.– pour Niqui-
ta. Le 22 septembre 2018, Frei a voulu pour une dernière fois faire courir le cheval dans un
concours hippique. En se rendant au stade, il n’a pas respecté une priorité avec son van ; il en
est résulté des blessures si graves que Niquita a dû être abattu.
81
DROIT | ETAT | ECONOMIE
5 Le 15 mai 2018, l’exportateur Kommerz AG a conclu avec Peter Spreiter, un grossiste, un contrat
portant sur la livraison de 5 000 pièces produites en série par différents fabricants au prix
de CHF 40.– par pièce. Selon les termes du contrat, Kommerz AG a payé un acompte de CHF
10 000.– à la conclusion du contrat. La date butoir pour la livraison a été fixée au 31 août 2018.
Kommerz AG a revendu les objets immédiatement après la signature du contrat du 15 mai 2018.
Le 31 août 2018, la marchandise n’avait cependant toujours pas été livrée. Trois jours plus tard,
Kommerz AG s’est adressée à Spreiter en lui enjoignant d’être livrée sur-le-champ. Par lettre du
6 septembre 2018, Spreiter a répondu que son fournisseur des pièces était dans l’impossibilité de
le livrer. Il a demandé que l’on fasse preuve de compréhension devant cette situation et sollicité
l’annulation du contrat conclu le 15 mai 2018. Le 12 septembre 2018, Kommerz AG a réagi en
communiquant à Spreiter qu’elle se retirait du contrat et a fait valoir les prétentions suivantes :
restitution de l’acompte de CHF 10 000.–, frais administratifs divers se montant à CHF 1 000.–,
gain manqué de CHF 40 000.– et prétention en dommages-intérêts de son propre client à
hauteur de CHF 35 000.–.
La prescription ( CO 127 – 142 ) Toutes les créances se prescrivent par dix ans lorsque le droit civil fédéral n’en dispose pas au-
trement ( p.ex. CO 60 pour l’action fondée sur un acte illicite ; CO 67 pour l’action fondée sur
l’enrichissement illégitime ). Cela signifie que, passé ce délai, le créancier ne peut plus contraindre
le débiteur à exécuter son obligation ( pour autant que la prescription n’ait pas été interrompue,
cf. CO 135 ss ).
Depuis 2020, le délai de prescription en cas de mort d’homme ou de lésions corporelles a été
doublé. L’action en dommages-intérêts ou en réparation du tort moral se prescrit désormais par
vingt ans à compter du jour où le fait dommageable s’est produit ou a cessé.
Conseil pratique : les factures d’achat de marchandises doivent être conservées au minimum pen-
dant deux ans pour pouvoir faire valoir la garantie ; les justificatifs de paiement doivent l’être
pendant dix ans. À ne jamais jeter : les factures pour les achats de valeur ( pour les besoins de
l’assurance ), les certificats de travail, les documents successoraux ainsi que les pièces indiquant
la fortune au moment du mariage ( cf. K-Tipp n° 16, 2014, p. 24 ).
EXERCICES | LA PRESCRIPTION
1 Lili Beiner reçoit trois caisses de vin de Vinoteca Sàrl et une facture de CHF 378.– payable à 30
jours net. A partir de quand le délai de prescription commence-t-il à courir ?
2 Depuis 4 mois, Ida doit payer des intérêts sur un emprunt. Déterminez le délai de prescription.
3 Depuis le mois de mai, Madame Grandjean est en possession d’un acte de défaut de biens.
Quand sa créance sera-t-elle prescrite ?
4 Le 12 septembre, Roland a accordé à son ami un prêt qui doit être remboursé le 16 décembre
de la même année. Quand sa créance sera-t-elle prescrite ?
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ECONOMIE | ETAT | DROIT
6 Monsieur Bieri a réglé par erreur une créance prescrite. Peut-il demander le remboursement
de ce paiement s’il fait valoir un enrichissement illégitime ?
7 Depuis quatre mois, le responsable de Belussi SA attend la facture du repas que l’entreprise
a organisé au restaurant « A l’escargot ». Combien de temps devra-t-il patienter pour que la
créance soit prescrite ?
8 Un couvreur aménage le galetas de la famille Kaminski. La facture était échue le 31 mai. Le 24 juin,
Monsieur Kaminski règle une première tranche. Quand le reste de la créance sera-t-il prescrit ?
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DROIT | ETAT | ECONOMIE
2 Le 10 avril, Monsieur Pauli remarque un vase antique de grand prix dans la vitrine de
Monsieur Mäder, antiquaire. Il entre dans le magasin et demande le prix du vase à l’antiquaire.
Le vendeur articule un prix de CHF 2 000.–. Monsieur Pauli demande à réfléchir à la chose.
Le lendemain matin, il appelle l’antiquaire et lui dit qu’il est décidé à acheter le vase au prix de
CHF 2 000.–. Mäder en veut maintenant CHF 3 000.–. Analysez la situation.
3 Pierre Brunner commande, sur la base d’un catalogue, un ordinateur portable au prix de
CHF 1 900.–. Il le reçoit avec une facture de CHF 2 190.– La différence de CHF 290.– est expli-
quée par une « augmentation de prix en raison d’une petite quantité ». Qu’en pensez-vous ?
4 Après avoir réussi ses examens, Emile Farine n’est pas peu surpris de recevoir de la maison
Pentout SA un cadre interchangeable à bordures dorées pour son diplôme.
Que peut-il en faire ? Que ne doit-il surtout pas faire ?
5 Henri découvre dans un quotidien une offre pour une caméra d’action.
Il découpe l’annonce et commande l’appareil au prix imprimé de CHF 170.–.
Pourquoi ne peut-il pas forcément se fier à ce prix ?
6 Jean se rend dans un bistrot et s’assoit au comptoir. Comme il n’a pas d’argent, il demande
un verre d’eau du robinet, que la patronne lui sert en maugréant. Puis, il se laisse tenter par un
croissant dans une des corbeilles. Un contrat est-il conclu ?
8 Dans la vitrine de la bijouterie Perret, André Papin s’intéresse à une bague avec brillant affichée
pour CHF 4 000.–. Comme c’est l’anniversaire de sa femme ; il se rend au magasin pour y acheter
la bague. Monsieur Perret le rend cependant attentif au fait que le prix indiqué est inexact et que
l’objet coûte en réalité CHF 5 000.–. A quel prix Monsieur Papin peut-il acheter sa bague ?
9 Hier soir, Sandra Gagnebin s’est décidée à acheter le matelas à eau pour lequel elle venait de
recevoir une offre. Au cours de sa promenade nocturne, elle a remis sa commande à la poste.
Le lendemain matin, elle change d’idée et envoie immédiatement un fax au vendeur, par lequel
elle annule sa commande ( que le vendeur n’a pas encore reçue ). Analysez la situation.
10 L’entreprise Neocal s’est intéressée à de nouvelles chaises de bureau chez un marchand
spécialisé de la place. Celui-ci fait une offre écrite à un prix sensationnel.
Durant combien de temps le marchand est-il lié par son offre ?
11 Antoinette a prêté CHF 6 000.– à Michel, qui est censé les lui rendre au début de l’année
prochaine. Cependant, elle se trouve actuellement dans une mauvaise passe et a désespé-
rément besoin de liquidités. Elle en parle à Henri, qui se propose de lui racheter sa créance
contre Michel ( avec toutefois une décote de CHF 500.– ).
1 ) Est-ce possible ? Si oui, y a-t-il des conditions à respecter ? Michel peut-il s’y opposer ?
2 ) Quelle serait la situation juridique si Michel remboursait les CHF 6 000.– à Antoinette,
au lieu d’Henri ?
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ECONOMIE | ETAT | DROIT
7 LA VENTE ET L’ÉCHANGE
( CO 184 – 238 )
Le contrat de vente est l’acte juridique que l’on rencontre le plus souvent dans la vie quotidienne. Il
vise le transfert de la propriété d’une chose d’une personne à une autre. N’importe quel contrat de
vente – qu’il porte sur un journal ou sur un avion – fait naître des droits et des obligations pour les
deux parties. Les dispositions concernant le contrat de vente se trouvent aux art. 184 à 236 du CO.
Par le contrat de vente, le vendeur s’oblige à livrer la chose vendue à l’acheteur et à lui en trans-
férer la propriété, moyennant un prix que l’acheteur s’engage à lui payer.
La vente mobilière Ce type de vente concerne toutes les choses mobilières. On parle de vente mobilière lorsqu’elle
ne porte pas sur un immeuble.
On distingue les offres fermes ( ou offres au sens juridique ) et les propositions sans engagement
( offres au sens courant ) :
Offre orale, offre écrite, exposition de marchan- Listes de prix, tarifs, catalogues,
Exemples
dise ( p. ex. en vitrine ) avec indication du prix. prospectus, annonces publicitaires.
Transfert des risques Les profits et les risques de la chose passent à l’acquéreur dès la conclusion du contrat ( CO 185 I ).
Exemple : contrat de vente portant sur un vase asiatique précieux. L’acheteur paie le prix au mo-
ment de la conclusion du contrat ; les parties conviennent que l’acheteur viendra chercher le vase
une semaine plus tard. Dans cet intervalle, le magasin du vendeur est détruit par un incendie, avec
tout ce qu’il contient, notamment le vase. Le vendeur ne peut plus livrer le vase et, comme il n’a
pas commis de faute, il est libéré de son obligation ( CO 119 I ). L’acheteur, de son côté, ne peut
pas exiger la restitution du prix de vente, car les risques lui ont été transférés dès la conclusion
du contrat ( CO 185 I ). Toutefois, comme cette règle est seulement de droit dispositif, les parties
peuvent convenir d’autre chose. CO 220 prévoit une règle ( également dispositive ) plus favorable à
l’acheteur pour les ventes immobilières : dans ce cas, les profits et les risques passent à l’acheteur
seulement au moment de la prise de possession l’immeuble, et non de la conclusion du contrat.
Garantie en cas d’éviction Le vendeur ne s’engage pas seulement à livrer la chose à l’acheteur, mais aussi à lui en transférer
la propriété. Cela n’est pas possible si, par exemple, le vendeur a volé la marchandise à quelqu’un
d’autre. En effet, dans ce cas, le tiers ( à qui la chose a été volée ) est en droit de revendiquer la
chose, même si l’acheteur ignorait que la chose avait été volée ( CC 934 I ). L’acheteur peut alors
réclamer au vendeur la restitution du prix de vente ( CO 195 s ).
Garantie pour les défauts Les règles relatives à la garantie pour les défauts, d’une grande importance pratique, se trouvent
aux CO 197 à 210. La plupart de ces règles sont de nature dispositive, autrement dit elles peuvent
être modifiées contractuellement :
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DROIT | ETAT | ECONOMIE
Si la chose vendue présente un défaut et si les autres conditions du droit à la garantie sont remplies,
l’acheteur dispose alors des droits suivants à l’encontre du vendeur :
Modalités du Pour que le contrat soit conclu, il faut que l’acheteur et le vendeur se mettent d’accord sur les
contrat du vente points essentiels ( CO 1 et 2 ), soit dans tous les cas la chose, le transfert de propriété et le prix. Il
peut également y avoir des points subjectivement essentiels ( par exemple, l’acheteur exige de
pouvoir payer en espèces ), sur lesquels les parties devront se mettre d’accord pour que le contrat
soit conclu. Tous les autres points du contrat ( points dits secondaires, par exemple où et quand la
marchandise sera livrée, où et quand le prix sera payé ) peuvent faire l’objet d’un accord ultérieur
entre les parties. À défaut d’un tel accord, on appliquera les règles supplétives du CO.
Par exemple : Lieu de l’exécution ( CO 74 ) ; moment de l’exécution ( CO 75 – 83 )
« Donnant-donnant » La vente au comptant est la plus courante dans la vie de tous les jours. Le vendeur et l’acheteur
doivent exécuter simultanément leurs prestations : le vendeur remet la marchandise à l’acheteur,
qui paie immédiatement le prix.
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ECONOMIE | ETAT | DROIT
Objet
Paiement
Difficultés pouvant survenir Dans le cadre du contrat de vente, des difficultés peuvent survenir tant du côté de l’acheteur que du
dans le contrat de vente vendeur. Le schéma suivant expose le déroulement de la vente, de la commande jusqu’au paiement.
Offre
Vendeur Acheteur
Commande
Livraison Réception
Clarification de Réclamation
la réclamation 1 Réduction de prix
( résolution du problème ) 2 Remplacement de la chose
3 Annulation de la vente
Dette d’argent ( dette portable ) : selon l’art. 74 CO, le débiteur doit effectuer la prestation en
francs suisses au domicile privé ou au siège social du créancier.
Dette d’une chose déterminée : une chose déterminée est une chose unique, telle une œuvre
d’art, un cheval de course, un chien avec pedigree, etc. La prestation doit être exécutée au lieu où
la chose se trouve au moment de la conclusion du contrat. Les profits et risques sont transférés à
l’acheteur à la conclusion du contrat. Il s’agit d’une dette quérable.
Dette de genre : une dette de genre concerne des éléments fongibles, c’est-à-dire disponibles
en grandes quantités et de qualité égale. Un bien fongible peut être remplacé par une chose de
même nature. Les profits et risques sont transférés à l’acheteur lorsque la marchandise a été clai-
rement individualisée ( séparée des autres biens ). Si la marchandise est expédiée, les risques du
transport sont supportés par l’acheteur.
La facture Il est important que la facture comporte une description aussi précise que possible de la marchan-
dise. Pour éviter tout malentendu, une facture devrait comporter les indications suivantes :
➞ Titre : facture
➞ Adresse de l’émetteur ➞ Description de la prestation
➞ de la facture ( marchandise ou autre )
➞ Adresse du destinataire ➞ Prix total de la prestation
➞ Date d’émission de la facture ➞ Montant de la facture
➞ Date de la livraison ➞ Conditions de paiement
Important : Selon CO 127 – 142, les factures et quittances doivent être conservées pendant 5 ou
10 ans ( selon les cas ). Elles servent en effet de moyens de preuve, par exemple pour les autorités
fiscales, ou s’il y a besoin d’en faire un duplicata.
87
DROIT | ETAT | ECONOMIE
La quittance Les bases légales pour la quittance se trouvent aux art. 88 – 90 CO. Une quittance peut être rédi-
gée sur papier libre ou sur un formulaire préimprimé. Elle doit contenir les indications suivantes :
➞ Titre : quittance
➞ Adresse du débiteur
➞ Attestation, par le créancier, de la réception du paiement. Par exemple : « le soussigné at-
teste avoir reçu de M. X le montant de CHF _____ »
➞ Montant de la somme payée, en lettres et en chiffres
➞ But du paiement : indications détaillées
➞ Lieu du paiement
➞ Date du paiement
➞ Signature du créancier
CO 88. Le débiteur qui paie a le droit d’exiger une quittance et, si la dette est éteinte intégrale-
ment, la remise ou l’annulation du titre.
En apposant sa signature sur la quittance, le créancier certifie qu’il renonce dorénavant à réclamer la somme
d’argent indiquée. C’est pourquoi la quittance devrait être rédigée de façon aussi claire et complète que possible.
À gauche : la facture
À droit : la quittance
Pour faire les exercices sur la vente mobilière, il faut également parfois se référer aux prescriptions
de la partie générale du CO. Il peut en effet être nécessaire de déterminer si un contrat de vente
valable a été conclu ou non. Pour les exercices 1 – 3, consultez en particulier les art. 1 – 11 CO.
1 Dans un magasin de disques, André Masson recherche un CD spécial de son chanteur préféré.
Malheureusement il n’est pas disponible. Le vendeur lui fait savoir qu’il peut le commander.
André accepte verbalement, laisse son numéro de téléphone pour qu’on puisse le rappeler
dès que le CD sera arrivé. Cependant, André Masson trouve ce qu’il cherchait et à meilleur prix
dans un autre magasin spécialisé. Lorsque le vendeur l’appelle pour l’informer de l’arrivage de
son CD, André lui répond qu’il n’en a plus besoin.
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ECONOMIE | ETAT | DROIT
2 Bruno Beuclair a besoin de nouveaux CD. Il a lu dans une annonce qu’un supermarché les
proposait en action à moitié prix. Effectivement, il en trouve encore portant l’étiquette « moitié
prix ». La caissière refuse cependant de les vendre au prix affiché, parce que l’action s’est
terminée le jour précédent. Monsieur Beuclair exige de payer le prix réduit. En a-t-il le droit ?
3 Dans le cadre d’une action publicitaire, l’éditeur Santé pour tous envoie son nouveau livre avec
une brochure de recettes de cuisine diététique. Laure Allemand fait partie du « cercle de personnes
sélectionnées pour bénéficier de l’action spéciale ». Dans la même lettre, on peut lire que Madame
Allemand doit renvoyer son livre dans les dix jours si elle ne veut pas bénéficier du prix spécial de
CHF 42.–. Madame Allemand met ce livre de côté et l’oublie. Un mois plus tard, lorsqu’elle reçoit
de l’éditeur de « Santé pour tous » une mise en demeure de payer, elle la jette rapidement dans la
corbeille. Agit-elle correctement ?
4 Paul Mercier achète une imprimante laser dans un magasin d’électronique de Lausanne.
Comme il n’a pas de voiture, il demande que l’imprimante lui soit livrée à domicile. L’appareil
lui est livré dans les délais prévus. Pourtant, Monsieur Mercier refuse de régler la facture car
il avait supposé que les frais de transport étaient à la charge du vendeur, alors que ceux-ci
figurent sur la facture en supplément. Monsieur Mercier est-il dans son droit ?
5 Quelle serait la situation de Monsieur Mercier s’il avait signé sa commande sur un formulaire
précisant clairement que les prix s’entendent franco domicile ?
7 Lise Girard tient un petit magasin de spécialités bien connu pour sa sélection de légumes
et son offre de fruits. Pour cette raison, elle attache une grande importance à des achats
bien précis. Elle découvre chez un grossiste des figues particulièrement belles. Elle sélectionne
trois caisses. Comme elle doit encore liquider d’autres affaires, elle les fait mettre de côté
afin de les reprendre par la suite. Le montant de la facture figurera, comme d’habitude,
dans le décompte mensuel. Deux heures plus tard, lorsque Madame Girard vient les chercher
le grossiste lui déclare qu’un client a malheureusement fait tomber une pile de caisses sur
ses figues, qui sont gravement abîmées. Quelle est maintenant la situation juridique entre
Madame Girard et le grossiste ?
a ) Le grossiste a mis de côté les trois caisses pour que Madame Girard
puisse les prendre facilement.
b ) Le grossiste n’a pas encore eu le temps de préparer la commande de Madame Girard lors-
qu’un élévateur réduit trois caisses en bouillie en leur passant dessus.
9 Christophe Gentil est étudiant à l’université et vient de passer son permis de conduire.
Il est maintenant à la recherche d’une voiture d’occasion bon marché. Il convient avec
Monsieur Richard, son voisin, d’acheter la vieille voiture de celui-ci au prix de CHF 3 000.–.
Ils conviennent que Christophe viendra chercher la voiture le lendemain et la paiera
comptant. Lorsqu’il arrive à l’heure convenue avec l’argent, Monsieur Richard lui
explique qu’entre-temps il a vendu la voiture à un collègue de travail pour CHF 4 000.–.
Quelle est la situation juridique ?
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DROIT | ETAT | ECONOMIE
18 Monique Bourquin s’achète une nouvelle marmite à vapeur. Elle ne l’utilise que très peu et,
après quatre mois, remarque que la soupape est défectueuse. Elle n’a pas conservé le certificat
de garantie mais elle a gardé la quittance. Quelle est la situation juridique ?
19 La fabrique de vêtement Textilia SA conclut avec Sandro Grossi, propriétaire d’une boutique, un
contrat de vente portant sur dix vestes modèle « Marion », cinq blouses de soie modèle « Lager-
mann », couleur rose, dix pantalons modèle « Mirsoni » etc. L’ensemble de la commande représente
pour Sandro Grossi une somme de CHF 26 000.–. Comme il s’agit d’une livraison exceptionnelle,
Monsieur Grossi demande expressément que les modèles uniques soient tous contrôlés afin
d’éviter tout défaut de fabrication. Ce travail représente un coût supplémentaire de CHF 500.– pour
l’entreprise. L’emballage coûte CHF 480.–. Le transport revient encore à CHF 390.–. Qui paie ces
différents frais, pour autant que rien de spécial n’ait été mentionné dans le contrat ?
20 Albert a passé commande d’un canapé, qu’il vient juste de recevoir. Il s’étonne
que la facture indique « paiement net sous 10 jours », car il est convaincu que
toutes les factures sont payables à 30 jours. A-t-il raison ?
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ECONOMIE | ETAT | DROIT
22 Par contrat écrit du 7 juillet 2018, Alain Dupont a acheté à Pierre Lalive une voiture d’occasion
de la marque Mercedes Benz. La chose achetée, le prix d’achat et les modalités de paiement y
ont été décrits comme suit : « Objet acheté : Mercedes Benz 380 SEL, année 90, bleu foncé, no de
matricule XM357SLO786 ; kilométrage au 7 juillet 2018 : 140 348 km ; prix de vente : CHF 25 000.–,
payable dans les 30 jours après la remise du véhicule. » En outre, les parties sont convenues que :
« Le véhicule est remis tel qu’il a été vu et conduit, sans aucune garantie. »
Une semaine plus tard, le 15 juillet 2018, Alain Dupont a pris possession du véhicule chez Lalive.
Lalive n’ayant reçu par la suite aucun paiement, il a enjoint à Dupont le 31 août par écrit de ver-
ser immédiatement le montant de CHF 25 000.–. Le 1er septembre 2018, Dupont a répondu que,
sur le conseil de son garagiste, il avait fait faire une expertise chez un expert automobile et que
celle-ci lui était parvenue hier. On pouvait y lire qu’un précédent propriétaire avait fait remplacer
le moteur de la voiture alors qu’elle avait un kilométrage de 160 532 km. À cette occasion, le
compteur kilométrique avait à nouveau été remis à zéro. Compte tenu de ces éléments, Dupont
a fait savoir qu’il entendait se départir du contrat et qu’il n’avait donc rien à payer. Pierre Lalive
a rétorqué qu’il ne savait rien du changement de moteur et de la réinitialisation du compteur et,
dans une lettre du 5 septembre 2018, il a réclamé le versement du prix d’achat de CHF 25 000.–.
De septembre 2018 à décembre 2018, Alain Dupont a continué à utiliser la Mercedes et a par-
couru pendant ce temps environ 10 000 km. Le 20 décembre 2018, Pierre Lalive a introduit une
demande en paiement de CHF 25 000.–. Selon un rapport d’expertise, la valeur marchande de la
Mercedes, dans l’état où Lalive l’avait vendue, s’élevait à CHF 9 870.– à la date du 7 juillet 2018.
Toujours à cette date, pour un kilométrage de 140 348 km, la valeur marchande se serait élevée à
CHF 21 160.–.
La vente immobilière La vente immobilière est celle qui porte sur un immeuble.
( CO 216 – 221 ) Sont des immeubles, au sens de la loi ( CC 655 ) :
➞ les biens-fonds ( autrement dit les terrains et les constructions édifiées dessus )
➞ les parts de copropriété d’un immeuble ( par exemple les parts de propriété par étages )
➞ les mines
Formalités La vente immobilière n’est valable que si elle est faite par acte authentique ( devant notaire ). En
( CO 216 – 217, CC 656 ) outre, le transfert de propriété doit être inscrit au registre foncier, l’acheteur ne devenant formel-
lement propriétaire qu’à la date de son inscription.
Lorsqu’un terme a été fixé conventionnellement pour la prise de possession de l’immeuble vendu,
les profits et les risques de la chose sont présumés ne passer à l’acquéreur que dès l’échéance de
ce terme ( CO 220 ).
91
DROIT | ETAT | ECONOMIE
2 Quelle sera la forme des contrats conclus par Henri Badoux et Joseph Viannin ?
3 Eric Aebi a trouvé le terrain idéal pour son projet. L’achat n’est pas encore conclu
car il doit encore boucler le financement. Afin de ne pas perdre cette opportunité
d’achat, il conclut avec le vendeur un pacte de préemption d’une durée de cinq mois.
Quels droits assure-t-il par ce moyen-là ?
5 Eric Blanc achète la maison de la famille Durand par contrat signé le 24 mars.
Il ne pourra cependant entrer en jouissance de la maison que le 1er septembre.
En juillet, la rupture d’une grosse conduite occasionne des dégâts importants.
Qui est tenu de payer la réparation à ce moment-là ?
6 Monsieur Blanc a pu entrer en possession de la maison dans les délais. Le dégât d’eau
est réparé. Deux ans après, il constate que les fondations de la maison sont en si mauvais
état que la maison penche d’un côté et que de grandes fissures lézardent une façade.
Monsieur Blanc peut-il se retourner contre l’ancien propriétaire ?
7 Rico Albinoni achète à bon prix un terrain en zone agricole. Deux ans plus tard,
il aimerait revendre son bien en réalisant un juteux bénéfice. Le peut-il ?
( Pour répondre à la question, reportez-vous à la Loi fédérale sur le droit foncier rural. )
Quelques espèces de vente Ce chapitre du Code des obligations traite de certaines ventes spéciales, à savoir la vente sur
( CO 222 – 236 ) échantillon ( CO 222 ), la vente à l’essai ou à l’examen ( CO 223 ss ) et la vente aux enchères ( CO
229 ss ). Auparavant, on trouvait également dans ce chapitre les dispositions relatives à la vente
par acomptes ou vente à crédit. Celles-ci font maintenant partie de la loi sur le crédit à la consom-
mation ( cf. p. 65 ).
Vente à l’essai La vente à l’essai se rencontre dans le cas de la vente par correspondance ou du téléshopping.
L’acheteur commande une marchandise qui lui a été proposée dans un catalogue ou à la télévi-
sion. Ensuite, il la reçoit chez lui et peut l’essayer tranquillement. Si l’objet ne lui convient pas, il
peut le retourner au vendeur et le contrat est alors résilié. La possibilité d’essayer la chose avant de
l’acheter ( on peut ainsi s’assurer qu’un pullover se combine bien avec le reste de la garde-robe, ou
qu’une parure de lit est en harmonie avec la chambre ), de même que le droit de rétractation ( ou
droit de retour ) rendent ce type de vente attrayant. L’acheteur doit cependant lire attentivement
les termes du contrat, car ceux-ci excluent parfois le droit de retour pour certaines marchandises
tels que sous-vêtements, chaussures ou jeux vidéo. Dans tous les cas, le vendeur reste propriétaire
de l’objet tant qu’il n’a pas été payé ou que le délai de retour n’a pas expiré ( CO 223 II ).
Vente aux enchères La vente aux enchères, en revanche, a connu un véritable essor au cours des dernières années, en rai-
son notamment du succès de sites web comme Ricardo et eBay. Qu’elle se déroule dans une salle des
ventes ou sur une plateforme en ligne, la vente aux enchères est soumise aux mêmes règles de base :
➞ L’enchérisseur est lié par son offre tant qu’il n’y a pas de surenchère ( CO 231 ).
➞ Le contrat de vente est conclu au moment de l’adjudication de la chose par le vendeur ( CO
229 II ). C’est aussi à ce moment que la propriété de la chose passe à l’adjudicataire, autre-
ment dit l’acheteur ( CO 235 I ).
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ECONOMIE | ETAT | DROIT
➞ Le vendeur peut immédiatement se départir du contrat s’il n’est pas payé comptant ou selon
les conditions de vente ( CO 233 II ).
➞ Le vendeur est tenu de la même garantie que dans une vente ordinaire ; il a cependant la
faculté d’exclure toute garantie, excepté celle dérivant de son dol ( clause du type « objet
vendu en l’état et sans garantie », CO 234 III ).
LE COMMERCE ÉLECTRONIQUE
Contrairement à l’Union européenne, la Suisse n’a pas de législation spécifique sur le commerce élec-
tronique. Au début des années 2000, le Conseil fédéral avait envisagé de proposer une loi en la matière
puis y avait renoncé, estimant que le droit en vigueur était suffisant, malgré les avis contraires des
organisations de protection des consommateurs, périodiquement réitérés. Les contrats conclus en ligne
sont donc régis par les lois ordinaires régissant les autres contrats : CO, Loi fédérale sur la concurrence
déloyale (LCD), Loi fédérale sur l’information des consommateurs (LIC), Loi fédérale sur la protection
des données (LPD), etc. On se contentera donc ici de soulever certaines questions particulières et, pour
le surplus, on renverra à ce qui a été expliqué dans les pages précédentes. Par ailleurs, on se focalisera
sur le contrat de vente, qui représente la majorité des contrats conclus par Internet.
➞ D’abord, il n’est pas nécessaire que la marchandise soit décrite de façon complète ; il suffit qu’elle
soit décrite sommairement (p.ex. : tel modèle d’appareil photo de telle marque), le cas échéant à
l’aide d’une photo. En cas de doute sur les caractéristiques de l’objet, il est donc vivement con-
seillé de poser des questions au vendeur afin d’en savoir davantage, faute de quoi on s’exposera à
des déconvenues lors de la livraison.
➞ Ensuite, il n’est pas toujours simple de savoir si l’on a affaire à une offre au sens légal du terme.
En effet, la publicité et les catalogues ne sont pas considérés comme des offres (CO 7 al. 2) ; par
contre, l’exposition d’un objet avec l’indication du prix en est une (CO 7 al. 2). S’agissant d’une
marchandise présentée sur un site Internet, la majorité de la doctrine est d’avis qu’il ne s’agit
généralement pas d’une offre, mais d’une simple invitation à faire une offre. En d’autres termes,
les prix et délais de livraison indiqués sur Internet ne sont – en principe – pas contraignants.
➞ Enfin, dès l’instant que l’offre est clairement formulée, l’acceptation peut intervenir de la manière
la plus simple. Pour ce qui est des contrats conclus en ligne, un simple clic peut donc suffire une
fois qu’on a communiqué ses éléments d’identification (nom et adresse).
Le paiement effectif, par contre, n’est pas une condition à la conclusion du contrat. Du simple fait
qu’on n’a pas communiqué son numéro de carte de crédit ou effectué de virement bancaire, on ne
peut donc pas déduire qu’aucun contrat n’a été conclu.
Afin de protéger le consommateur, la Loi sur la concurrence déloyale impose certaines obligations au
vendeur en ligne (art. 3 al. 1 let. s). Celui-ci doit :
➞ fournir des données claires et complètes concernant son identité, son adresse de contact, et une
adresse e-mail valable ;
➞ indiquer les différentes étapes techniques entraînant la conclusion d’un contrat (les clients doi-
vent notamment savoir quel clic constitue l›envoi de la commande et à partir de quel moment le
contrat est conclu) ;
➞ mettre à la disposition du client des moyens techniques permettant à ce dernier d’identifier et de
corriger des erreurs saisies avant la confirmation de la commande ;
➞ adresser un e-mail de confirmation au client immédiatement après la passation de la commande.
Le non-respect de ces obligations entre dans les méthodes déloyales de publicité et de vente au sens
de la LCD. Le consommateur sera alors en droit de déposer une plainte pénale ou de dénoncer le
vendeur auprès du Seco (Secrétariat d’Etat à l’économie).
93
DROIT | ETAT | ECONOMIE
L’art. 8 LCD déclare illicites (et donc frappe de nullité) les clauses abusives, c’est-à-dire celles « qui, en
contradiction avec les règles de la bonne foi, prévoient, au détriment du consommateur, une dispro-
portion notable et injustifiée entre les droits et les obligations découlant du contrat ». En complé-
ment de cette disposition, la jurisprudence a forgé la notion de clauses insolites. Il s’agit de clauses
inhabituelles (p.ex. l’exclusion de garantie), sur l’existence desquelles l’attention de la partie la plus
faible ou la moins expérimentée en affaires doit être spécialement attirée (souvent par la typographie :
majuscules ou caractères gras), à défaut de quoi elles sont retranchées du contrat.
S’agissant des risques de la chose, ils passent à l’acquéreur dès que le vendeur s’en est dessaisi et
l’a remise au transporteur (art. 185 al. 2 CO), à moins que le contrat (typiquement dans les CG) en
dispose autrement.
Quelles sont les précautions à prendre lorsqu’on achète à un particulier ou sur un site peu connu ?
➞ Se renseigner sur la réputation du vendeur.
➞ Ne pas faire preuve de naïveté (une « Rolex » à 100 francs a toutes les chances d’être une fausse).
➞ Dans la mesure du possible, privilégier le paiement lors de la livraison. Si le vendeur n’est pas trop
éloigné, on pourra convenir d’un rendez-vous pour procéder à l’échange de la marchandise contre
le prix.
➞ Si cela n’est pas possible, on aura avantage à recourir à une plateforme en ligne ou une applica-
tion spécifiquement destinée à la sécurisation des transactions.
➞ En revanche, le paiement par virement bancaire n’offre pas une sécurité suffisante. Même si le
vendeur est correctement identifié, cela ne donne pas l’assurance que la marchandise sera con-
forme, ni même qu’elle sera livrée tout court.
➞ En cas de paiement par carte de crédit, on s’assurera que le paiement s’effectue par un moyen
sécurisé avec chiffrage des données (protocole https).
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ECONOMIE | ETAT | DROIT
Contrats de durée
Parmi les contrats fréquemment conclus par Internet, on trouve aussi des contrats de durée (contrat
d’abonnement à un magazine, adhésion à un site de rencontre, etc.). Il convient de prêter une attention
particulière aux conditions de renouvellement et de résiliation de ces derniers, généralement stipulées
dans les CG. Deux types de clauses peuvent s’avérer particulièrement dangereuses pour le client insou-
ciant : celles prévoyant le renouvellement tacite du contrat à l’échéance et celles imposant un délai et/
ou une forme spécifique pour la résiliation (p.ex. par lettre recommandée). Faute de dénoncer le contrat
en temps utile et selon la forme exigée, on s’expose ainsi à devoir payer pour une nouvelle période
contractuelle (un mois, trois mois, voire une année).
Néanmoins, il ne faut pas perdre de vue que, par nature, un contrat transfrontalier augmente toujours
le risque juridique. Cela est dû au fait que, si l’on parvient à obtenir un jugement en sa faveur devant
un tribunal suisse mais que le cocontractant refuse de s’y soumettre, on devra alors demander
l’exécution forcée de ce jugement devant l’autorité du lieu où ce dernier est domicilié (à moins qu’il
possède des biens en Suisse, ce qui sera rarement le cas). Ces démarches étant lourdes et onéreuses,
bien souvent le jeu n’en vaudra pas la chandelle.
2 Matthias a tellement de vêtements qu’il ne sait plus où les mettre. Malgré cela, il vient encore une
fois de craquer et s’est acheté un pantalon sur un site de vente en ligne. À peine quelques heures
plus tard, il regrette déjà sa commande. Son colocataire, qui suit des cours de droit à l’école profes-
sionnelle, lui dit de ne pas s’en faire car il dispose d’un droit de rétractation de quatorze jours. En
effet, d’après lui, la disposition légale qui institue ce droit pour les contrats conclus par téléphone
s’applique par analogie aux autres contrats conclus à distance, notamment par Internet.
Qu’en pensez-vous ?
3 Le site Que-du-toc.com indique, dans ses conditions générales, que les commandes peuvent être
annulées sans frais jusqu’à ce qu’elles entrent dans le processus d’expédition, le stade de traite-
ment de la commande pouvant être consulté à tout moment par le client dans son compte.
Sophie a commandé une paire de boucles d’oreilles il y a deux jours mais entretemps elle a changé
d’avis. Après avoir vérifié que sa commande n’était pas en cours d’expédition, elle envoie un e-mail
au service client pour en demander l’annulation. Trois jours plus tard, elle reçoit par e-mail la notifi-
cation que sa commande a été expédiée. Quelle est la situation juridique ?
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DROIT | ETAT | ECONOMIE
4 Une semaine après avoir reçu son colis, Marjorie trouve enfin le temps de le déballer. Quelle n’est
pas sa déception en découvrant que le sac à main qu’elle se réjouissait d’offrir prochainement à sa
mère a un accroc. Deux jours plus tard, elle adresse une réclamation au service clientèle du site sur
lequel elle l’a commandé, en joignant une photo du sac.
Analysez la situation juridique.
5 Le site d’articles de luxe Haut-de-gamme.com indique, dans ses conditions générales, que le client
dispose d’un délai de quatorze jours, dès réception de la marchandise, pour changer d’avis et
la retourner. En revanche, il n’est pas dit si les frais de retour sont à la charge du vendeur ou de
l’acheteur. Qu’en est-il ?
6 Plus d’un mois s’est écoulé depuis que Joëlle a commandé sa liseuse électronique et elle l’attend
toujours. Chaque fois qu’elle s’adresse au service clientèle, celui-ci lui répond qu’elle la recevra
« très prochainement ». Elle commence à perdre patience et aimerait annuler sa commande.
En a-t-elle le droit ?
7 Marianne a commandé un vêtement sur Internet et l’attend toujours. Après quelque temps, elle
reçoit une mise en demeure de la part du vendeur. Selon toute vraisemblance, le livreur a laissé
le paquet devant la porte et celui-ci a été volé. Marianne doit-elle payer la facture ?
8 Paul a déniché sur un site d’e-commerce un ordinateur portable au prix imbattable de CHF 690.–
(livraison en magasin) et a aussitôt passé commande. Peu de temps après, le vendeur l’informe
qu’à la suite d’une regrettable erreur lors de la saisie des données sur le site, l’ordinateur a été
affiché à CHF 690.– au lieu de CHF 960.–, son prix effectif.
Quelle est la situation juridique ?
1. Champ d’application La LCC ne concerne que les crédits à la consommation, c’est-à-dire des crédits personnels accor-
de la loi sur le crédit à la dés à des personnes physiques.
consommation ( LCC )
Champ d’application
La LCC protège le titulaire du compte en tant que preneur de crédit pour
➞ les avances sur compte courant et
➞ les découverts que la banque a acceptés tacitement.
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ECONOMIE | ETAT | DROIT
Crédit à la consommation
Crédit au comptant, contrat de
leasing, cartes de crédit, etc.
2. Capacité de contracter Pour améliorer la protection des consommateurs, un examen de la capacité de contracter un
un crédit ( art. 22 – 32 LCC ) crédit a été introduit dans la LCC. Le prêteur est ainsi obligé de vérifier la situation financière
du consommateur, afin d’éviter son surendettement ( art. 22 LCC ). Celui-ci doit être en mesure
d’amortir son crédit en 36 mois ( même si le contrat prévoit un remboursement plus échelonné,
art. 28 al. 4 LCC ). Si le prêteur n’accomplit pas cette vérification, il peut perdre, au pire, le montant
du crédit y compris les intérêts et les frais ( art. 32 LCC ).
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DROIT | ETAT | ECONOMIE
Examen détaillé de la capaci- Avant la conclusion du contrat, le prêteur doit vérifier que le consommateur est solvable. Il sera
té de contracter un crédit notamment tenu compte du loyer, du montant des impôts et des engagements communiqués au
( art. 28 ss LCC ) Centre de renseignements sur le crédit à la consommation ( CRCC ) ( art. 23 LCC ). Le prêteur peut
s’en tenir aux informations fournies par le consommateur dans la mesure où celles-ci ne sont pas
manifestement fausses ( art. 31 LCC ). Le consommateur est jugé solvable lorsqu’il peut rembour-
ser le crédit sans grever la part insaisissable de son revenu, celui-ci correspondant au minimum
vital calculé par le canton de domicile du consommateur ( voir LP ).
Examen sommaire de la Contrairement à l’examen détaillé de la solvabilité du consommateur, le prêteur ne doit effec-
solvabilité ( art. 30 LCC ) tuer qu’un examen sommaire de la capacité de crédit lors d’un prêt consenti dans le cadre d’un
compte lié à une carte de crédit ou à une carte de client avec option de crédit ou d’un crédit
consenti sous la forme d’une avance sur compte courant. Cet examen sommaire se base sur les
données du preneur concernant son revenu et sa fortune. Dans ce cas, il n’est donc pas nécessaire
de tenir compte du revenu saisissable.
3. Centre de renseignements Le CRCC est un centre aidant à tenir compte des obligations d’un preneur de crédit lors de l’examen
sur le crédit à la consomma- de la solvabilité. Il est placé sous la surveillance de la Confédération et du Préposé à la protection
tion ( CRCC ) ( art. 23 LCC ) des données. L’accès à la banque de données est réservé aux utilisateurs disposant d’une autori-
sation ; seuls donc les prêteurs autorisés y ont accès et uniquement dans la mesure où ils doivent
remplir les obligations prescrites par la LCC en rapport avec l’examen de la capacité de crédit.
Obligation d’annoncer Les prêteurs doivent communiquer au CRCC les crédits accordés.
Remarque concernant l’obligation d’annonce : lorsque les conditions pour l’annonce au CRCC ne
sont plus actuelles, la mention correspondante est radiée à compter de la fin du deuxième mois.
4. Droit de révocation du Le preneur peut révoquer par écrit une avance en compte courant dans un délai de 14 jours après
preneur de crédit réception de la copie du contrat qui lui est destinée. Ce droit ne vaut pas pour les découverts
acceptés tacitement.
Pacte de réserve Le pacte de réserve de propriété permet au vendeur de rester propriétaire de la chose vendue
de propriété jusqu’à ce que l’acheteur ait payé la totalité du prix de vente. Un tel pacte n’est valable que s’il a
été inscrit dans un registre public tenu par l’office des poursuites, au plus tard au moment où le
vendeur remet la chose à l’acheteur ( CC 715 ).
1 Livio Meier aimerait acheter une installation stéréo très performante, qui coûte CHF 21 000.–.
Comme il n’a pas autant d’argent, il se met d’accord avec le vendeur pour payer CHF 7 000.–
au comptant et le reste en paiements mensuels échelonnés sur une période de deux ans.
L’installation doit être livrée dans les dix jours. Quel genre de contrat Livio conclut-il ?
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ECONOMIE | ETAT | DROIT
2 Quelle forme devront observer Meier et sont fournisseur pour que le contrat soit valable ?
3 En rentrant à la maison, Livio Meier a des doutes sur ses capacités financières,
qu’il pense avoir dépassées par cet achat. Après une nuit sans sommeil, il en
arrive à la conclusion qu’il s’est engagé trop vite. Peut-il encore se départir du contrat ?
4 Autre cas de figure : Livio Meier pense avoir fait une bonne affaire. Sa femme en
revanche est d’un autre avis. Elle préférerait pouvoir épargner davantage.
Meier peut-il lui imposer sa volonté ?
5 Livio Meier étudie encore une fois le contrat. Il ne sait pas exactement combien il devra payer
pour son installation, car le contrat est muet à ce sujet. Expliquez-lui la situation juridique.
6 Après étude du contrat, Livio Meier trouve encore un point qui n’est pas clair pour lui. Il s’agit
de la réserve de propriété du vendeur. Que signifie cette expression ? ( Consultez le CC )
7 Après avoir payé régulièrement ses mensualités durant une année, Livio Meier
réalise un gain substantiel au loto. Peut-il payer le reste de sa dette en une fois
et demander une adaptation de son crédit ?
8 Que se passerait-il si Livio Meier ne pouvait plus payer les mensualités après une année ?
9 Que pourrait faire Livio Meier s’il avait temorairement des difficultés financières suite à un
accident mais qu’il désirait malgré tout conserver son installation ?
10 Après sa maturité, Etienne Monnard travaille pendant deux ans chez Baumer Electric SA.
Il aimerait quitter cet emploi pour aller travailler dans le design à New-York. Il se rend à
la banque cantonale pour s’informer sur un crédit à la consommation.
Quelles conditions doit-il remplir dans le cadre de l’examen de capacité de crédit ?
12 Jean voudrait meubler le plus vite possible son appartement mansardé de 4 pièces.
Il vous demande de le renseigner sur les conditions de crédit. Expliquez-lui :
13 En fait, Jean pense qu’un contrat de leasing aurait aussi été possible.
(Voir également les pages 107 ss de ce livre.) Qu’entend-on par contrat de leasing ?
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DROIT | ETAT | ECONOMIE
Bail à ferme Usage et exploitation d’une chose productive Paiement du fermage et restitution
( CO 275 – 304 ) P. ex. restaurant, terrain agricole de la chose à la fin du contrat
Formation du contrat Comme pour n’importe quel contrat, la conclusion d’un contrat de bail à loyer nécessite un
échange de manifestations de volonté réciproques et concordantes portant sur les points essen-
tiels ( CO 1 et 2 ). Il faut donc que les parties se mettent d’accord sur 1 ) l’objet loué, 2 ) la cession
de l’usage de cet objet et 3 ) le montant du loyer. Le bail peut être conclu pour une durée déter-
minée ou indéterminée ( CO 255 I ). La loi n’impose aucune forme particulière pour la conclusion
d’un contrat de bail à loyer. Celui-ci peut donc parfaitement être conclu oralement ( y compris un
bail d’habitation ).
Droit à la sous-location La loi autorise le locataire à sous-louer l’objet. Certes, le consentement du bailleur est requis, mais
ce dernier ne peut le refuser que dans des cas exceptionnels ( CO 262 ).
100
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Sûretés fournies par le Si le contrat prévoit que le locataire doit fournir des sûretés ( dépôt de garantie ), le bailleur doit
locataire ( CO 257 e ) les déposer auprès d’une banque, sur un compte au nom du locataire.
Diligence et égards envers Le locataire est tenu d’user de la chose avec le soin nécessaire. S’il s’agit d’un immeuble, il est
les voisins ( CO 257 f ) également tenu d’avoir des égards pour les personnes habitant la maison et les voisins. En cas
de violation de ses obligations par le locataire, le bailleur peut adresser un avertissement écrit au
locataire. Si celui-ci persiste à violer ses obligations et si le maintien du bail est devenu insuppor-
table ( pour le bailleur ou les personnes habitant la maison ), le bailleur peut alors résilier le bail
aux mêmes conditions qu’en cas de non-paiement du loyer.
À la fin du contrat, le locataire doit restituer la chose dans l’état qui résulte d’un usage conforme
au contrat ( CO 267 I ). Cela signifie, par exemple, qu’un appartement doit être complètement net-
toyé avant la remise des clés.
Obligation d’aviser Le locataire doit signaler au bailleur les défauts auxquels il n’est pas tenu de remédier lui-même.
le bailleur ( CO 257 g ) S’il omet de le faire, il répond du dommage éventuellement causé au bailleur. Les menues répara-
tions ( en général jusqu’à CHF 150.– ) sont aux frais du locataire. Celui-ci n’est alors pas tenu d’en
informer le bailleur.
Obligation de tolérer les Le locataire doit tolérer les travaux nécessaires pour remédier aux défauts de la chose ou prévenir
réparations et inspections de des dommages.
la chose ( CO 257 h )
Fin du contrat de bail Le bail peut prendre fin de deux façons : soit par l’écoulement de la durée convenue ( bail à durée
déterminée, CO 266 I ), soit par une résiliation ( bail à durée indéterminée, CO 266 a I ). La partie
qui résilie le contrat doit respecter certains termes et délais ( fixés par la loi ou par le contrat, voir
CO 266 c pour les baux d’habitation ).
En cas de justes motifs, le bail peut être résilié à tout moment, en respectant seulement le délai
de congé légal ( résiliation extraordinaire, CO 266 g I ). Un exemple typique est le cas où le loca-
taire cesse de payer le loyer ( CO 257 d ), ou encore lorsqu’il viole son obligation de diligence et
d’égards envers les voisins ( CO 257 f ).
Forme du congé pour CO 266l – 266 n prévoient des règles spéciales pour la résiliation des baux d’habitation et de lo-
les habitations et caux commerciaux ; ces règles sont impératives et leur violation entraîne la nullité du congé. Ainsi,
les locaux commerciaux selon CO 266 l, le congé doit être donné par écrit et, s’il est donné par le bailleur, en utilisant une
formule officielle, agréée par le canton.
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DROIT | ETAT | ECONOMIE
Chambres meublées,
2 semaines ( CO 266 e ) Fin d’un mois de bail
places de stationnement
2 La famille Dubois désire comme convenu par contrat, entrer en possession de son apparte-
ment le 1er mai. Cependant, compte tenu des importants travaux de rénovation en cours, il sera
impossible d’emménager avant le 15 mai.
Que peut faire la famille Dubois ?
3 Le 15 mai la famille Dubois peut enfin déménager dans son appartement. Locataire et proprié-
taire dressent d’abord un état des lieux. A cette occasion Monsieur Dubois constate que, bien
que rénové complètement, de nombreux petits défauts subsistent, légèrement cachés par les
récents travaux. Afin d’éviter une surprise ultérieure désagréable, Monsieur Dubois aimerait
voir l’état des lieux de sortie du précédent locataire. En a-t-il le droit ?
4 Les craintes de Monsieur Dubois se sont révélées fondées. Le logement dans lequel il réside
avec sa famille est loin de la perfection. Six mois plus tard, au début de la période de chauf-
fage, les Dubois constatent que le chauffage ne fonctionne pas. Ils réclament immédiatement
auprès du bailleur, qui ne donne aucune suite. Conseillez la famille Dubois.
102
ECONOMIE | ETAT | DROIT
6 Encouragé par le succès obtenu avec le radiateur, Monsieur Dubois demande que le
bailleur mette également à sa disposition les ampoules électriques qui doivent parfois
être remplacées. Le bailleur doit-il accepter cette prétention ?
7 Gabrielle Dubois qui est en deuxième année d’apprentissage comme dessinatrice en bâtiment
écoute sa musique préférée à pein volume. Les voisins de Gabrielle n’ont pas les mêmes
goûtes et se plaignent lorsque les séances musicales se déroulent durant la nuit. Comme cela
ne suffit pas, ils s’adressent au bailleur. Que doit-il entreprendre maintenant ?
8 Madamed Widmer a enfin trouvé l’appartement de ses rêves. Cependant, avec CHF 2 400.–
par mois, le loyer est encore bien élevé. Mais elle ne veut pas laisser filer sa chance. Le bailleur
exige de Masame Widmer une sûreté de CHF 10 000.– à fourmir à la signature du contrat.
Madame Widmer doit-elle accepter cette exigence ?
10 Quelques jours plus tard, Madame Widmer reçoit effectivement une lettre recommandée,
sur papier à en-tête de l’enterprise du bailleur, notifiant la résiliation du bail pour le prochain
terme. Les délais légaux sont respectés. Madame Widmer doit-elle accepter cette résiliation ?
11 François Geiger réside depuis tout juste un an dans une chambre meublée. Cette situation n’a
toujours été qu’une solution temporaire. Il vient justement de trouver un appartement convenable.
Pour quand a-t-il la possibilité de résilier le contrat de location de sa chambre meublée ?
12 Sabine Parret a loué un appartement très onéreux car elle n’a rien trouvé de moins coûteux.
Afin de ne pas avoir à supporter seule son loyer, elle désire sous-louer une chambre.
En a-t-elle le droit ?
13 Suite à une annonce parue dans le journal, Sabine Perret a rapidement trouvé une sympa-
thique sous-locataire. Elle informe le propriétaire que cette personne s’installera chez elle le
mois prochain. Celui-ci désire connaître le montant du loyer demandé par Sabine Perret.
Elle trouve que le propriétaire outrepasse ses droits et refuse de le renseigner. Dans ces
conditions, le propriétaire l’informe qu’il n’accepte pas la sous-location. Le peut-il ?
14 La famille Weber réside depuis 12 ans dans le même appartement. Cependant, le bailleur
communique la résiliation du bail à M. Weber sur la formule officielle en respectant les délais
de résiliation. Le bailleur a-t-il respecté toutes les conditions d’une résiliation juridiquement
incontestable ?
15 Avec M. Roland Fleury, la société Immoba S.A. a joué de malchance. Depuis plus d’un an, il est
en retard dans le paiement de ses loyers. De ce fait, la résiliation ne s’est pas fait attendre et
Roland Fleury déménage. De quelles possibilités Immoba S.A. dispose-t-elle désormais pour
récupérer son arriéré de loyer ?
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DROIT | ETAT | ECONOMIE
16 La famille Schuler a donné congé de son appartement pour le 31 mars. Comme ce jour tombe
un samedi, le bailleur demande que l’état des lieux et la remise des clés soient effectués le
vendredi précédent. Les Schuler peuvent-ils s’opposer à cette demande ?
17 Déborah vient d’accepter une proposition d’emploi à l’étranger pour une année et a réussi à sous-
louer son appartement ( avec l’accord du propriétaire ) durant cette période. Malheureusement,
l’expérience se passe assez mal et elle songe à rentrer après seulement trois mois. Comme le
contrat a été conclu oralement et que, par ailleurs, il s’agit d’une sous-location, elle pense qu’elle
peut se contenter de le résilier par téléphone. Est-ce exact ?
Protection contre les CO 269 définit comme abusif un loyer qui permet au bailleur d’obtenir un rendement excessif de la
loyers abusifs ( CO 269 ss ) chose louée ( CO 269 a fournissant toute une liste d’exceptions ). Le locataire qui entend contester
son loyer, au motif qu’il est abusif, doit saisir l’autorité de conciliation, puis éventuellement le tribu-
nal ; celui-ci aura pour tâche de vérifier si le loyer est abusif ou non, en fonction des critères posés
par la loi et la jurisprudence. Dans un certain nombre de cas, le locataire qui veut agir en justice doit
le faire dans un délai fixé par la loi, faute de quoi on considèrera qu’il a accepté le loyer.
Hausse de loyer Pour être valable, une majoration de loyer doit respecter les conditions cumulatives suivantes :
( CO 269 d )
➞ Notification au moyen de la formule officielle
➞ Indication claire des motifs de majoration
➞ Respect du délai ( dix jours au moins avant le début du délai de résiliation, pour que la
majoration entre en vigueur au prochain terme de résiliation )
➞ Absence de résiliation simultanée ou de menace de résiliation
Baisse de loyer Le locataire a le droit de demander une diminution du loyer s’il a une raison d’admettre que la
( CO 270 a ) chose louée procure au bailleur un rendement excessif, à cause d’une notable modification des
bases de calcul, en particulier suite à une baisse des frais. Le cas typique est la baisse du taux
hypothécaire de référence, publié quatre fois par an par l’Office fédéral du logement. Si ce taux
a baissé depuis l’entrée en vigueur du bail ou la dernière modification du loyer, le locataire peut
exiger une baisse de son loyer pour le prochain terme de résiliation.
Protection contre les congés La résiliation prend effet au moment de la réception par le destinataire ( il suffit que ce dernier
soit en mesure d’en prendre connaissance ; peu importe si, pour une raison ou pour une autre, il
n’en prend pas effectivement connaissance ). Il est préférable, pour une question de preuve, d’en-
voyer la résiliation en lettre recommandée. Si l’agent postal n’a pas pu la remettre effectivement
au destinataire, le pli est considéré comme reçu à l’expiration du délai de garde de sept jours à
compter de l’échec de la remise. Les parties peuvent convenir d’un délai de congé plus long, mais
non plus court que le délai légal ( CO 266 a I ). Si le délai de résiliation n’est pas respecté, la résilia-
tion ne produit son effet que pour le prochain terme pertinent ( CO 266 a II ).
104
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Résillation extraordinaire Le bailleur est fondé à résilier le bail de manière anticipée dans les cas suivants :
Si l’un de ces cas n’est pas réalisé, le congé anticipé est inefficace et le locataire n’a même pas be-
soin de saisir le tribunal pour le faire annuler. Il en va de même lorsque le congé est nul parce que
le bailleur n’a pas utilisé la formule officielle ( CO 266 l II ) ou n’a pas notifié le congé séparément
au locataire et à son conjoint ou son partenaire enregistré ( CO 266 n ).
En cas de retard dans le paiement du loyer, le bailleur peut impartir au locataire un délai supplé-
mentaire de 30 jours ( au moins ) en le menaçant de résilier le bail à défaut de paiement dans ce
délai. Celui-ci commence à courir le lendemain du jour où le locataire a reçu la menace de résilia-
tion. Si la résiliation intervient avant l’échéance du délai, elle est inefficace.
Si le locataire viole son devoir de diligence, le bailleur peut résilier le bail de façon anticipée si :
Annulation du congé Le bailleur ( de même que le locataire, d’ailleurs ) peut aussi notifier un congé extraordinaire en
cas de justes motifs, c’est-à-dire lorsque des circonstances qui n’existaient pas lors de la conclu-
sion du contrat et n’étaient pas prévisibles rendent intolérable le maintien du bail. Il peut s’agir,
par exemple, d’un besoin urgent des locaux par le bailleur. Dans tous les cas, le bailleur doit in-
diquer clairement au locataire les motifs de la résiliation. Le locataire, de son côté, a la faculté de
demander une prolongation du bail.
Si le locataire estime que le congé contrevient aux règles de la bonne foi ( p. ex. parce que le loca-
taire réclame une baisse de loyer à laquelle il a droit ou se plaint d’un défaut de la chose louée ),
il peut en demander l’annulation dans les 30 jours qui suivent la réception du congé ( CO 271 I,
271 a et 273 I ).
Prolongation du ball Le locataire peut saisir l’autorité de conciliation et demander une prolongation du bail lorsque
la fin du contrat aurait des conséquences pénibles pour lui ou sa famille, sans que les intérêts du
bailleur le justifient ( CO 272 et 273 II ). L’autorité de conciliation et, par la suite, éventuellement
le tribunal, devront donc procéder à une pesée des intérêts ( CO 272 II ). La prolongation est de
quatre ans au maximum pour les baux d’habitation ( CO 272b I ). Elle n’est jamais accordée si le
locataire a gravement violé ses obligations contractuelles ( CO 272a I ).
2 Les autres locataires de l’immeuble où réside la famille Guillaume ont également reçu un avis de
majoration qui fait l’objet d’une irritation croissante et de discussions dans les escaliers. Madame
Guillaume fait savoir à sa voisine, Madame Martin, qu’elle et son mari feront opposition à cette
Suite
105
DROIT | ETAT | ECONOMIE
hausse. A la suite de cet entretien, Madame Martin pense qu’elle ne doit pas s’engager dans la
procédure puisqu’un locataire s’oppose déjà à une hausse de loyer et qu’il pourra représenter
l’ensemble des locataires durant la procédure de conciliation. A-t-elle raison ?
3 En prenant connaissance de l’opposition formée par la famille Guillaume, le bailleur entre dans
une violente colère et lui notifie un congé pour le prochain terme.
Comment doit réagir la famille Guillaume ?
4 Monsieur Glauser reçoit un avis de majoration de loyer pour le prochain terme prévu sur le
contrat de location de son 2 pièces. Sur la lettre qui accompagne le formulaire officiel dans
lequel figurent les éléments relatifs à l’augmentation, on peut lire la remarque suivante :
« Faites-nous part de votre accord en signant le double de cette lettre dans les 10 jours. Dans
le cas où vous ne seriez pas d’accord avec l’augmentation, nous prenons note que votre refus
s’assimile à une résiliation pour le prochain terme ». Comment Monsieur Glauser doit-il réagir ?
5 La famille Jeanrenaud a de la peine à trouver un appartement. Ses quatre enfants âgés de trois
à dix ans constituent un handicap qui incite les bailleurs à préférer une famille plus petite. De plus,
le modeste salaire de Monsieur Jeanrenaud limite son choix à des appartements à loyers modérés.
Finalement, par nécessité, les Jeanrenaud sont contraints de s’orienter vers un appartement dont
le loyer dépasse les possibilités financières de la famille. Peu après leur entrée en jouissance, ils
reprennent contact avec le locataire précédent pour régler un problème de tapis tendu. A cette oc-
casion, ils apprennent que leur prédécesseur payait un loyer très inférieur au leur. Monsieur Jeanre-
naud trouve que ce n’est pas correct puisqu’en dehors de la remise en état usuelle, le logement n’a
pas subi de rénovations importantes. Les Jeanrenaud ont-ils un moyen légal de se défendre ?
6 Anne Signoret réside depuis plusieurs années dans le même logement. Elle a accepté les
différentes hausses du loyer, car elle savait qu’elles étaient justifiées par les hausses du taux
hypothécaire. Depuis quelque temps cependant, par la lecture des journaux, elle apprend que
les taux hypothécaires sont en diminution. Elle s’attend à ce que son bailleur répercute cette
baisse sur son loyer. Comme rien ne se passe, elle veut agir. Que doit-elle entreprendre ?
7 Le bailleur de Madame Signoret n’est pas du tout d’accord avec sa demande de baisse de loyer.
Il lui fait savoir que, de nombreuses années durant, son rendement a été trop bas pour pouvoir ac-
tuellement diminuer son loyer, ceci même si les intérêts continuaient de baisser. Madame Signoret
saisit l’autorité de conciliation. Résumez le déroulement de la procédure de conciliation.
9 La famille Monnier vit une situation identique à celle de la famille Jeanrenaud et vient
également de recevoir son congé. Ils se mettent immédiatement à la recherche d’un autre
appartement mais sont cependant obligés de constater qu’il leur est impossible de trouver un
logement pour une famille nombreuse à un prix supportable. Un ami leur suggère de deman-
der une prolongation de bail. Comment les Monnier devront-ils procéder ?
106
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Le bail à ferme ( CO 275 ss ) Dans le bail à loyer, le bailleur cède exclusivement l’usage d’une chose ; dans le bail à ferme,
par contre, le bailleur cède également la jouissance de la chose, autrement dit le droit d’en tirer
profit. Pour cette raison, le bail à ferme porte nécessairement sur un bien ou un droit productif,
par exemple un terrain agricole, un cheptel, un hôtel ou encore un restaurant. Les obligations du
fermier sont analogues à celles du locataire : il doit en effet non seulement payer au bailleur une
redevance ( le fermage ) ainsi que les frais accessoires, mais également entretenir la chose et faire
preuve de diligence et d’égards envers les voisins ( CO 281 ss ).
Le prêt à usage Selon la définition du contrat de bail ( CO 253 ), le bailleur cède l’usage de la chose en contrepartie
( CO 305 ss ) d’un loyer. Si la cession de l’usage est accordée sans contrepartie, on n’est plus en présence d’un bail
mais d’un contrat de prêt à usage.
Chose
Prêteur Emprunteur
Cession de l’usage et
de la jouissance
Le prêt de consommation Comme dans le prêt à usage, les parties au contrat sont le prêteur et l’emprunteur. Cependant, à
( CO 312 ss ) la différence du prêt à usage, le prêt de consommation porte sur une somme d’argent ou d’autres
choses fongibles ( c’est-à-dire qui se consomment par l’usage ). Le prêteur s’engage à en trans-
férer la propriété à l’emprunteur, qui s’engage à lui en rendre autant de même espèce et qualité.
Même si la loi n’impose aucune forme particulière pour ce contrat, il est prudent de le conclure en
la forme écrite, pour des raisons de preuve.
Banque
Demande de prêt
Examen de la demande,
puis acceptation
Le contrat de leasing Le leasing ( ou crédit-bail ) fait aujourd’hui intégralement partie de la vie économique. Les entre-
( LCC 11 – 16 et 26 – 32 ) prises y ont couramment recours, mais également les particuliers, notamment pour l’acquisition
d’automobiles. Il est ainsi de plus en plus rare qu’une voiture soit achetée et payée comptant. Dans
la plupart des cas, elle est désormais acquise en leasing et payée sous forme de mensualités.
107
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Le contrat de leasing est réglementé dans la loi sur le crédit à la consommation ( LCC, voir
p. 83 ss ). C’est généralement un contrat de moyenne durée. Dans le cas des leasings automobiles,
par exemple, il est presque toujours conclu pour une durée supérieure à deux ans. Pour les biens
d’équipement, la durée des contrats est très variable, selon l’utilisation du bien. Pour les machines
de chantier, par exemple, c’est souvent une année, alors que pour des installations industrielles
complètes le contrat dure en général plusieurs années.
On distingue le leasing direct – lorsque le fournisseur de la marchandise est aussi le donneur de
leasing ( ou crédit-bailleur ) – et le leasing indirect, qui met en présence trois partenaires : le fournis-
seur ( p. ex. un constructeur d’avions ), le donneur de leasing – société financière intervenant comme
intermédiaire – et le preneur de leasing ( p. ex. une compagnie aérienne ).
Parties au contrat
Contenu du contrat
de leasing d’après LCC 11 II CONTRAT DE LEASING
1 Parties au contrat ( donneur de leasing / preneur de leasing )
2 Description de l’objet du leasing
3 Prix d’achat au comptant lors de la conclusion du contrat
4 Nombre, montant et échéances des redevances
5 Montant de l’éventuel dépôt de garantie
6 Eventuelle obligation d’assurance et coût de celle-ci
7 Taux d’intérêt annuel effectif global
8 Droit de révocation et délai de révocation ( 7 jours )
9 Montant à payer par le preneur en cas de résiliation anticipée du contrat
et valeur résiduelle de l’objet au moment de la résiliation
10 Eléments pris en compte lors de l’examen de la solvabilité du preneur
Lieu Date
Signatures :
Donneur de leasing Preneur de leasing
Exemples de clauses ➞ Vérification de la solvabilité du preneur ( par exemple extrait du registre des poursuites,
fréquemment intégrées aux renseignements auprès de l’employeur, etc. )
conditions générales des ➞ Les frais d’utilisation et d’entretien sont à la charge du preneur
contrats de leasing ➞ En cas de retard dans la livraison, le preneur ne peut pas se départir du contrat
( exemple du leasing ➞ Utilisation de l’objet donné en leasing : exclusivement par le preneur ou ses proches ( l’utili-
automobile ) sation comme taxi ou voiture de course n’est pas autorisée )
➞ Obligation de signaler tout accident ou dommage au donneur de leasing, y compris trans-
mission du constat d’accident, du rapport de police et des photos
➞ En cas de résiliation du contrat : remboursement de l’amortissement de l’objet, indemnité
kilométrique, redevances restantes, dédommagement pour les tracasseries
108
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Coût d’utilisation pour 48 mois CHF 17 700.– CHF 28 800.– ( Acompte + ( 48
mois x 475.– ) )
Avantages du leasing ➞ On a l’usage d’un objet sans avoir à consentir de gros investissements
➞ On peut tester un objet pour l’acheter éventuellement plus tard
➞ On garde son épargne à disposition pour d’autres dépenses ou investissements
109
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9 LE DROIT DU TRAVAIL ET
LES CONTRATS DE TRAVAIL
Dans notre économie, les rapports entre employeurs et travailleurs sont régis par des contrats
de travail. Des prescriptions légales limitent la liberté d’action des parties au contrat. Outre les
conventions collectives de travail auxquelles la Confédération a donné force obligatoire, le Code
des obligations constitue la principale base juridique en la matière.
Ces dispositions, ainsi que celles d’autres lois telles que la Loi sur le travail ( LTr ), le Code civil, la
Loi sur l’assurance-maladie et la Loi sur l’assurance-accidents, forment le cadre dans lequel s’ins-
crit le contrat individuel de travail.
CCT
Pas de portée générale
CO Code des obligations
LTr Loi sur le travail
CCT étendue CC Code civil
Portée générale LAMal Loi sur l’assurance maladie
( déclaration de force obligatoire ) LAA Loi sur l’assurances-accidents
LAVS Loi sur l’AVS
LPP Loi sur la prévoyance professionnelle
CTT LACI Loi sur l’assurance chômage
Contrat-type de travail LEg Loi sur l’égalité entre femmes et
hommes
111
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Naissance et formation Un contrat individuel de travail naît s’il y a une manifestation d’une volonté réciproque et concor-
dante entre deux parties au sens de l’art. 1 al. 1 CO. Cette manifestation ne doit pas forcément
être expresse, mais peut aussi être tacite. Selon l’art. 320 al. 2 CO, un contrat individuel de travail
est réputé conclu lorsque l’employeur accepte pour un temps donné l’exécution d’un travail qui,
d’après les circonstances, ne doit être fourni que contre un salaire.
Sauf disposition contraire de la loi, le contrat individuel de travail n’est soumis à aucune forme
spéciale ( art. 320 al. 1 CO ).
Si le contrat est conclu, le premier mois est considéré comme temps d’essai ( art. 335 b CO ). Les
parties peuvent convenir d’une durée plus longue pour autant qu’elle ne dépasse pas trois mois.
2 Durant ses vacances, un étudiant en l’école d’ingénieur a réparé et révisé des appareils électroni
ques dans le magasin d’un collègue. Lorsqu’il demande à être payé pour ce travail, le gérant de
l’entreprise répond qu’il ne lui doit rien puisqu’ils n’ont rien convenu par écrit. A-t-il raison ?
112
ECONOMIE | ETAT | DROIT
3 Madame Good travaille à mi-temps dans une librairie. Son chef prétend qu’il ne s’agit pas d’un
contrat individuel de travail au sens du Code des obligations, car elle n’est pas engagée à plein
temps. Qu’en pensez-vous ?
Responsabilité du travailleur L’art. 321 a al. 1 CO pose l’obligation de diligence du travailleur. La mesure de la diligence incom-
( art. 321e CO ) bant au travailleur se détermine par le contrat compte tenu du risque professionnel, des connais-
sances nécessaires pour accomplir le travail ainsi que des aptitudes et qualités du travailleur
( art. 321 e al. 2 CO ). Le travailleur répond du dommage causé à l’employeur par négligence.
Composantes de salaire
113
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Caisse de pension
Les bonifications sont déterminées en fonction du salaire coordonné, le taux variant selon l’âge de
l’assuré. Ex : salaire coordonné = CHF 5 000 – CHF 2 091.25 = CHF 2 908.75
Cotisations = CHF 2 908.75 * 5 % = CHF 145.45
1 3 1 3 1 3
2 4 2 8 2 – 3 9
3 – 4 9 3 9 4 – 10 13
5 – 9 13 4 10 11 – 19 17
10 – 14 17 5 11 20 22
15 – 19 22 6 12 21 + 26
114
ECONOMIE | ETAT | DROIT
2 Ce soir, le tailleur Fernand Mojon désire participer comme d’habitude à l’entraînement de son
club. Son chef exige cependant qu’il fasse des heures supplémentaires car un client a absolu-
ment besoin de son costume pour le lendemain matin. Fernand refuse.
Est-il dans son droit ?
3 C’est la haute saison pour les jardiniers. De nombreux clients exigent que leurs arbres soient
taillés et que le jardin soit impeccable. Pendant deux semaines, toute l’équipe doit effectuer
des heures supplémentaires. Durant la troisième semaine, c’est le même rythme ; quelques
ouvriers refusent. Le chef menace de ne pas leur payer les heures supplémentaires des deux
semaines précédentes. En a-t-il le droit ?
4 Madame Soleri est femme de ménage. Un soir, sous l’influence de l’alcool, elle renverse un vase
antique chinois qui se brise en mille morceaux.
Quelle obligation Madame Soleri n’a-t-elle pas respectée ? Que va-t-il se passer pour elle ?
5 L’employeur Bruno Borner interdit à toute son équipe de fumer durant le temps passé en salle
de production. A quel genre d’obligation du travailleur peut-il se référer ?
6 Pendant son temps de travail, l’ingénieur Thomas Jenni a exécuté différentes commandes
au noir pour son propre compte. En avait-t-il le droit ?
7 Paul Reich a dévoilé à un fournisseur concurrent la composition d’une laque spéciale utilisée dans
les urinoirs et qui a la particularité d’éliminer les odeurs. A quelle obligation a-t-il contrevenu ?
8 Claudine travaille dans une entreprise de fabrication de cadres pour tableaux. Sur une peinture,
elle efface une tache qui représentait la signature de l’artiste. Pour cette raison, le tableau a
perdu beaucoup de valeur. L’employeur tient la jeune fille pour responsable du dommage. Clau-
dine pense ne pas avoir été suffisament informée de l’importance de la signature d’un artiste.
L’employeur a-t-il le droit d’exiger de Claudine le remboursement intégral de ce dommage ?
9 Charles Wegmann travaille pour une entreprise qui met à sa disposition une voiture. Au cours
d’une visite chez un client, il glisse sur la chaussée mouillée et entre en collision avec un
camion qui circulait devant lui et qui avait dû freiner d’urgence. Le montant total des dégâts
s’éleve à CHF 9 000.–. Qui doit payer ?
10 Janine vient d’être engagée comme secrétaire à plein temps dans une entreprise. Lors de
son premier jour de travail, son chef lui explique qu’elle aura chaque jour une pause entre 12 h
et 13 h, mais qu’elle devra cependant rester à sa place de travail et continuer de prendre les
appels. Janine fait la grise mine. Son employeur est-il en droit d’exiger cela d’elle ?
115
DROIT | ETAT | ECONOMIE
11 Matthias est employé dans une petite entreprise de menuiserie. Le directeur vient d’annoncer
à tous les employés que l’entreprise, en raison d’un carnet de commande peu rempli, fermera
pendant deux semaines au mois de juillet et que cette période sera imputée sur le temps de
vacances de chacun. Cela n’arrange pas du tout Matthias qui vient vous demander si son em-
ployeur a le droit de procéder de cette façon. Qu’allez-vous lui répondre ?
12 Frank Schneider est employé par une entreprise horlogère qui vient juste de mettre au point un
nouveau type de mouvement, qu’elle s’apprête à faire breveter. Un soir qu’il partage un verre avec
un ancien camarade d’études travaillant pour un concurrent, il se laisse aller à des confidences sur
le sujet et, emporté par son élan, va même jusqu’à montrer les plans du nouveau mouvement.
À quoi s’expose Frank Schneider, en plus d’être licencié ?
2 Madame Sautebain a démissionné de son poste pour la fin du mois d’août. Les années précé-
dentes, elle avait reçu une gratification en fin d’année.
A-t-elle droit à une partie de sa gratification pour cette année ?
3 Emile Iseli désire prendre ses cinq semaines de vacances en une seule fois car il a prévu un voyage
en Chine. L’employeur n’est prêt à lui en donner que trois d’affilée. Quelle est la situation juridique ?
4 La collègue de Rita est malade depuis des mois. Bien qu’elle se trouve dans sa 3 e
année de
service, elle n’a reçu qu’un mois de salaire durant sa maladie. Est-ce normal ?
5 Après une longue activité dans l’entreprise, Jean Grimm est envoyé en mission à l’étranger.
A la fin du mois, il établit sa note de frais pour l’employeur. Ce dernier estime que ces frais
sont compris dans le salaire, vu que celui-ci est très confortable. Qu’en pensez-vous ?
6 Christian Cousin travaille dans une fabrique de produits chimiques. Un jour, on lui demande de
nettoyer un très gros réservoir. Incommodé par les vapeurs, il refuse de terminer le travail.
A quelle obligation de l’employeur peut-il se référer ?
7 Monsieur Farine quitte son emploi à la fin septembre. Jusqu’à ce jour, il n’a bénéficié que de
deux semaines de vacances sur quatre. Son employeur lui doit-il encore quelque chose ?
8 Véronique Leveneur, 27 ans, effectue un travail bénévole pendant son temps libre en
s’occupant de toxicomanes. Elle aimerait participer à un cours d’une semaine pour se
perfectionner dans cette activité. A-t-elle droit à ce congé ?
9 Giger, vendeur de tapis, a résilié son contrat de travail. Il projette d’intégrer une école
mais doit, pour cela, encore passer un examen. Son chef ne veut pas le libérer pour cette
occasion. A-t-il le droit d’agir ainsi ?
10 Antoine Monney attend depuis plus de trois mois le paiement de son salaire. Conseillez-le.
116
ECONOMIE | ETAT | DROIT
11 Carlo Peccei est poseur de poutres en fer dans une entreprise du bâtiment et est payé à la
tâche. Actuellement, son employeur ne peut pas lui fournir suffisamment de travail pour que
son salaire soit maintenu. Carlo est-il démuni face à cette situation ?
12 Albert Kohli vient d’être engagé comme jardinier. Son employeur refuse de lui remettre tabliers
et outils, de sorte qu’Albert est ainsi obligé d’utiliser son propre matériel pour effectuer son
travail. Le patron refuse même de l’indemniser pour l’entretien et les réparations de son matériel.
Analysez la situation.
13 Samuel Détraz rencontre des difficultés financières depuis un certain temps. Il est en retard
dans le paiement de son loyer et risque de voir son bail résilié s’il ne paie pas son arriéré d’ici
le 15 du mois. Prenant son courage à deux mains, il va trouver son employeur pour lui deman-
der une avance de salaire. Ce dernier peut-il la lui refuser ?
Fin des rapports de travail Le contrat de travail prend fin soit lorsque la durée prévue est terminée ( contrat à durée détermi-
née, art. 334 CO ), soit par résiliation ( contrat à durée indéterminée ).
Résilation ordinaire La résiliation ordinaire se fait le plus souvent par écrit, en tenant compte des délais et des termes
légaux ou contractuels ( art. 335 ss CO ). Pendant le temps d’essai, chacune des parties peut ré-
silier le contrat moyennant un délai de sept jours ( art. 335 b al. 1 CO ). Après le temps d’essai, un
délai de congé d’un à trois mois doit être observé ( art. 335 c al. 1 CO ).
Résiliation extraordinaire Il existe aussi des cas où une résiliation extraordinaire ( immédiate ) est admissible. L’art. 337 al. 1
CO exige pour cela de justes motifs. Sont considérés comme de justes motifs toutes les circons-
tances qui, selon les règles de la bonne foi, ne permettent plus exiger de la partie qui résilie la
continuation des rapports de travail. Un travailleur peut, par exemple, résilier immédiatement le
contrat en cas d’insolvabilité de l’employeur ( art. 337 a CO ). Un employeur peut congédier un tra-
vailleur sans délai s’il commet un vol, par exemple. Dans un tel cas, le lien de confiance est rompu
et on ne peut plus attendre de l’employeur qu’il poursuive la relation de travail avec l’employé.
Les art. 337 b et 337 c CO règlent les conséquences de la résiliation extraordinaire. Si celle-ci est
justifiée, la partie fautive doit réparer intégralement le dommage causé à l’autre. Lorsque l’em-
ployeur congédie le travailleur immédiatement sans justes motifs, celui-ci a droit au minimum à
ce qu’il aurait gagné jusqu’à l’échéance du délai de résiliation ordinaire. Selon les circonstances,
le juge pourra également accorder au travailleur une indemnité allant jusqu’à six mois de salaire.
117
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Protection contre les congés Les art. 336 – 336 d CO prévoient deux types de protection contre les congés :
1. Une résiliation met fin au contrat de travail, quel qu’en puisse être le motif. Il y a cependant des
raisons qui font qu’une résiliation est abusive. Ce sont les cas énumérés à l’art. 336 CO. La partie
qui résilie abusivement le contrat doit verser à l’autre une indemnité allant jusqu’à six mois de
salaire ( art. 336 a CO ).
2. D’autre part, la résiliation ne peut pas intervenir pendant certaines périodes, appelées temps
inopportun ( art. 336 c, 336 d CO ) :
Le congé donné pendant une de ces périodes est nul. Si toutefois le congé est donné avant l’une de
ces périodes et si le délai de congé n’a pas expiré avant, ce délai est suspendu et ne continue à courir
qu’après la fin de la période ( art. 336 c al. 2 CO ).
son temps d’essai si rien de particulier n’a été convenu ? Le jeudi déjà, Jean ne se plaît plus à
son poste de travail. Pour quand pourra-t-il résilier son contrat de travail ?
2 Bruno Wild a une période d’essai de trois mois. Il passe six semaines de cette période au lit à
la suite d’une jaunisse. Qu’en est-il du temps d’essai ?
3 Marthe Francey reçoit une résiliation ordinaire. Lorsqu’elle demande à son employeur de moti-
ver le congé, celui-ci refuse. Qu’en pensez-vous, d’un point de vue juridique ?
4 Dans le contrat de travail, un employeur a prévu pour lui-même un délai de résiliation plus
court que celui prévu par son employé. Que pensez-vous de cela ?
5 Depuis un an et demi, Daniel Weber travaille chez König & Cie. Le contrat de travail ne prévoit
rien concernant la durée de son engagement. Quand Weber aura-t-il la possibilité de quitter
l’entreprise s’il donne son congé le 22 septembre ?
6 Un de vos collègues affirme avoir convenu oralement du délai de congé avec son employeur.
Qu’en pensez-vous ?
7 Florian Huber travaille dans la construction. Son chef arrive souvent ivre sur le chantier et le chi-
cane. Lorsqu’une fois de plus, en présence de toute l’équipe, le chef lui jette son verre de bière à la
figure, Florian se fâche. Il rentre directement à la maison et donne son congé avec effet immédiat.
Le chef estime que résiliation immédiate est inacceptable. Quel avis portez-vous sur la situation ?
8 Patrick est commissionnaire et doit se rendre chez les clients de son employeur afin d’y encais-
ser des sommes d’argent. Récemment, la secrétaire a constaté qu’il manquait régulièrement de
l’argent et les soupçons se portent aussitôt sur Patrick. A quel type de congé s’expose-t-il,
s’il s’avère qu’il est l’auteur des détournements d’argent ?
9 Depuis longtemps, Marguerite Nusch est harcelée par son chef. Aujourd’hui, elle n’en peut
plus et donne sa démission avec effet immédiat. Quelles seront les conséquences juridiques ?
118
ECONOMIE | ETAT | DROIT
10 Roland Blum arrive un jour sur deux au travail avec dix minutes de retard. Jusqu’à aujourd’hui,
tout allait bien ; le responsable de la division ne lui a jamais rien dit. Hélas pour lui, le directeur
est aujourd’hui en visite et le licencie avec effet immédiat en raison de son retard.
Ce congé est-il justifié ?
11 Fabienne Durussel vient de licencier un de ses employés, dont le travail ne lui donnait pas
satisfaction. Au moment de rédiger le certificat de travail de celui-ci, elle se trouve très
embarrassée car elle voudrait éviter de lui causer du tort. Conseillez-la.
2 Parce que Stéphane s’est opposé à la construction d’une usine hydro-électrique et a collecté des
signatures pour une pétition, il est licencié par son employeur. Comment analysez-vous la situation ?
3 Le serrurier Henri Wipf est membre du syndicat Unia, où il se montre très actif. Un jour, il reçoit
sa lettre de licenciement. Henri suppose que le motif de son licenciement tient à son activité
au sein du syndicat. Comment doit-il procéder ?
4 Ayant appris que Madame Signoret était enceinte, son chef en est contrarié et voudrait la
licencier. Qu’en p
ensez-vous ? Pour quand pourra-t-il résilier le contrat au plus tôt ?
5 Le 7 juin, Jean-Paul Girardin entre au cours de répétition pour trois semaines. Le 28 juin, il
recommence à travailler. De quelle date à quelle date son employeur n’a-t-il pas le droit de
résilier son contrat ?
6 Depuis trois ans, Jacques Gasser travaille pour l’entreprise de peinture Giovani & Cie.
Une grave inflammation des poumons le cloue au lit depuis bientôt deux semaines. Parce
qu’il a beaucoup de travail, Giovani engage un nouveau peintre et donne son congé à Jacques.
Quelles sont les conséquences de cette résiliation ?
7 Jack Bron commence un cours de cadre de la protection civile ( prévu pour durer huit jours ) en
étant complètement démoralisé. En effet, il a été licencié il y a deux jours.
Analysez la situation juridique.
2 Il y a huit ans que Samuel Thomas travaille dans la même entreprise comme informaticien chef.
Actuellement, il a la possibilité de prendre un poste de direction dans une autre entreprise.
Son ancien employeur lui remet une simple attestation de travail au lieu du certificat de travail
détaillé désiré. Samuel doit-il se contenter de cette attestation ?
119
DROIT | ETAT | ECONOMIE
3 Après quelques années d’activité, Barbara fait parvenir sa lettre de congé à son employeur. Autant
pour elle que pour lui, toutes les créances découlant du contrat de travail deviennent exigibles et la
prescription commence à courir. Que signifie-t-elle et combien de temps va-t-elle durer ?
4 Carine Wicht s’est bien habituée à l’outillage que son employeur avait mis à sa disposition. A
l’échéance de son contrat, elle désire l’emporter avec elle. Le chef le lui interdit. Qu’en pensez-vous ?
5 Robert Noser, fondé de pouvoir chez UTB SA, a eu accès à des dossiers confidentiels. Ayant
quitté l’entreprise il y a quelques années, il divulgue des secrets d’affaires au cours d’un repas
dans un restaurant avec un ami. Un collaborateur d’UTB SA entend la conversation.
Analysez la situation juridique.
6 Lorsque le coiffeur Eric Mangin résilie son contrat de travail pour se mettre à son compte, son
patron exige qu’il n’ouvre pas de salon dans un rayon inférieur à 10 km.
Peut-il imposer une telle exigence ?
7 Danièle Frei postule pour une place de laborantine en chimie chez TECHEM SA. Comme elle
aura accès à des informations hautement confidentielles, son employeur insère une clause de
non-concurrence dans son contrat, d’une durée de dix ans. Qu’en pensez-vous ?
8 Albert Bourquin, qui a commencé à travailler le 1 janvier, a résilié son contrat pour la fin
er
septembre. En juin, il aimerait encore prendre des vacances. Cependant, il ne connaît pas le
nombre exact de semaines auxquelles il a droit. Aidez-le.
Dispositions de protection La LTr et ses ordonnances d’application se rapportent surtout à la protection du travailleur ( donc
de la Loi sur le travail ( LTr ) aussi de l’apprenti et du stagiaire ) et ne contiennent que des prescriptions minimales qui ne
peuvent être modifiées qu’en faveur du travailleur. Les normes de la LTr sont donc relativement
impératives.
➞ Art. 6 LTr : L’employeur est tenu de prendre toutes les mesures nécessaires et possibles pour
protéger la santé des travailleurs.
➞ Art. 9 LTr : La durée maximale de la semaine de travail est de 45 heures pour les travailleurs
occupés dans les entreprises industrielles, pour le personnel de bureau, le personnel
technique et les autres employés, y compris le personnel de vente. Il est de 50 heures pour
tous les autres travailleurs.
➞ Art. 12 s. LTr : Le travail supplémentaire ne peut en principe dépasser pas deux heures par
travailleur et par jour.
➞ Art. 15 LTr : Les pauses doivent être rémunérées par l’employeur lorsque le travailleur ne peut
quitter sa place de travail. Les pauses sont d’au moins :
➞ un quart d’heure si la journée de travail dure plus de cinq heures et demie
➞ une demi-heure si la journée de travail dure plus de sept heures
➞ une heure si la journée de travail dure plus de neuf heures.
➞ Art. 15 a LTr : Le travailleur doit bénéficier d’une durée de repos quotidien d’au moins onze
heures consécutives.
120
ECONOMIE | ETAT | DROIT
➞ Art. 16 – 20 LTr : L’employeur doit accorder une majoration de salaire de 25 % au moins au
travailleur qui effectue un travail de nuit à titre temporaire. En cas de travail de nuit
régulier, le travailleur a droit à une compensation en temps équivalant à 10 % de la durée de
ce travail. En ce qui concerne le travail du dimanche, l’employeur accorde une majoration
de salaire de 50 % ( travail temporaire ). Le travail nocturne / dominical est autorisé lorsque :
➞ l’employeur a obtenu une autorisation,
➞ des raisons techniques ou économiques le rendent indispensables
( travail de nuit régulier ou périodique ),
➞ il est urgent ( travail de nuit temporaire ) et
➞ le travailleur y a consenti.
Les art. 35 s. LTr énumèrent les prescriptions minimales pour les femmes enceintes et les mères qui
allaitent. Ainsi, par exemple, les femmes enceintes et celles qui allaitent ne peuvent être occupées
sans leur consentement ( art. 35 a al. 1 LTr ).
121
DROIT | ETAT | ECONOMIE
La convention collective de Les conventions collectives de travail occupent une place importante dans notre vie économique.
travail ( art. 356 – 358 CO ) A maints égards, elles sont à la base de l’amélioration des conditions de travail et de la paix du
travail. La CCT est un accord passé entre des associations de travailleurs ( syndicats ) d’une part,
et des employeurs ou associations d’employeurs d’autre part. Par la CCT, les e mployeurs ( ou
associations d’employeurs ), et les associations de travailleurs ( syndicats ) établissent en com-
mun des clauses sur les salaires minimaux, les vacances, la maladie, les délais de résiliation, etc.
( art. 356 CO ). Les accords particuliers ainsi que le montant du salaire doivent cependant être
fixés par contrat individuel de travail. Les conventions collectives de travail valent pour tous
les membres des syndicats concernés et de l’association d’employeurs. De telles CCT sont donc
importantes, car elles peuvent déterminer des conditions de travail uniformes pour tous les tra-
vailleurs de la même branche. En concluant une CCT, les parties contractantes s’obligent à la faire
respecter et à s’abstenir de tout moyen de combat quant aux matières réglées dans la convention
( art. 357 a CO ).
Par une loi spéciale, le Conseil fédéral ou le gouvernement cantonal ( Conseil d’Etat ) peuvent don-
ner force obligatoire à une CCT. Cela peut concerner un canton ou toute la Suisse. Par la déclaration
de force obligatoire générale, les dispositions de la CCT sont applicables non seulement aux parties
contractantes et à leurs membres, mais également aux employeurs et travailleurs de la branche qui
n’appartiennent pas à l’une des associations signataires.
0 200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800 2000 2200
122
ECONOMIE | ETAT | DROIT
2 Dans une convention collective de travail, le délai de résiliation a été fixé à deux semaines dès
la seconde année de service. Est-ce légal ?
3 Supposons qu’une CCT prévoie cinq semaines de vacances pour des travailleurs ayant plus de
48 ans et plus de 10 ans d’activité dans la même entreprise. Quelle serait la situation d’une
entreprise liée par la CCT, mais qui appliquerait d’autres dispositions dans le cadre d’un
contrat individuel de travail ?
4 Soit une convention collective de travail prévoyant un salaire minimum. Vu la situation conjonctu-
relle, les employeurs trouvent des travailleurs prêts à travailler pour un inférieur au salaire minimum
prévu. En représailles, les responsables du syndicat appellent à la grève. Que dit le CO à ce sujet ?
La Loi fédérale sur l’égalité Depuis le 1er juillet 1995, la ( LEg ) a pour but de promouvoir dans les faits l’égalité entre femmes
entre femmes et hommes et hommes ( art. 1 LEg ). Elle interdit notamment toute discrimination à raison du sexe ( art. 3 al. 1
( LEg ) LEg ). Par ailleurs, elle s’appuie sur l’art. 8 al. 3 Cst. pour faciliter la réalisation du droit constitu-
tionnel à un salaire égal pour un travail de valeur égale. Cependant, le fait est que les femmes
continuent à être désavantagées dans ce domaine sans qu’il y ait de raison objective.
Une particularité notable de la LEg est l’allègement du fardeau de la preuve prévu à son art. 6, qui
déroge à la règle ordinaire en la matière ( art. 8 CC ). Ainsi, lorsque l’employé( e ) est parvenu( e )
à rendre vraisemblable l’existence d’une discrimination ( sans pour autant l’avoir rigoureusement
prouvée ), le tribunal devra la considérer comme établie, sauf si l’employeur parvient à prouver
qu’il n’a pas commis de discrimination ( ce qui sera souvent difficile en pratique ).
123
DROIT | ETAT | ECONOMIE
2 Sandra Albino demande un certificat de travail à son ancien employeur. Elle le reçoit
rapidement mais est très étonnée d’y lire que son travail est qualifié d’extraordinairement peu
engagé et très en-dessous de la moyenne. Comment devrait-elle réagir ?
3 Thomas Kubik a été licencié cinq semaines avant le début de son école de recrues. Voici les
raisons invoquées par son employeur : « Dans environ un mois, vous entrerez à l’école de
recrues et vous ne serez plus disponible pour travailler pendant 21 semaines ».
Cette résiliation est-elle valable ? Que peut faire Kubik ?
4 Depuis quinze jours, Ralph Wirz occupe une nouvelle place de travail. Au cours de la troisième
semaine, il a un accident de moto. Après un court séjour à l’hôpital, il reprend son travail.
Son supérieur lui fait savoir qu’il ne sera pas payé pour cette absence. Suite à ses protesta-
tions, il se retrouve licencié pour la semaine suivante.
Ralph Wirz a-t-il droit à son salaire ? Que pensez-vous du congé ?
5 Depuis deux ans, Henri Schmidt est engagé comme géographe chez LOOKOUT SA. La même
année, il est absent de son poste de travail, la première fois parce qu’il participe à un cours
de répétition durant un mois, la seconde fois parce qu’à la suite d’un accident de voiture il
reste alité trois mois. Pour cette raison, l’employeur ne veut lui donner que deux semaines de
vacances au lieu des quatre prévues dans le contrat. Henri Schmidt s’oppose à la réduction
de ses vacances. Que dit la loi à ce sujet ?
6 Ursula Marti postule en même temps dans deux entreprises comme jardinière. Elle est
immédiatement engagée par la première. Comme la deuxième entreprise lui propose
un meilleur salaire, elle téléphone à la première la veille de son entrée en fonction et dit à
son futur patron : « Je commencerai seulement si vous acceptez de me verser le même salaire
que m’offre l’autre entreprise ». Ce dernier lui rappelle qu’ils se sont mis d’accord sur les
termes du contrat. Le lendemain, Ursula se rend au travail dans l’entreprise qui lui a offert le
salaire le plus élevé. Que peut faire valoir la première entreprise ?
7 L’année passée, Madame Mrazovac n’a eu qu’une semaine de vacances. Elle a des difficultés
financières et désire se faire payer les vacances qu’elle n’a pas prises. Son chef refuse.
Là-dessus, elle décide de travailler comme s urveillante de piscine durant les vacances.
Le chef a-t-il le droit de refuser de les lui payer ? A-t-elle le droit de travailler durant une
partie de ses vacances ?
124
ECONOMIE | ETAT | DROIT
1 L’entreprise BLACK SA ne veut pas lui rendre les documents relatifs à sa postulation.
Que pensez-vous de cette situation ?
2 SMOKE SA désire inscrire dans le contrat une période d’essai d’un mois. Est-ce correct ?
3 Après quatre mois d’activité, Barbara a un accident de travail. Deux semaines durant,
elle sera dans l’incapacité de travailler. Son chef refuse de lui payer son salaire durant cette
période. Que dit la loi à ce sujet ?
4 La même année, Barbara participe à une école de recrues qui dure quatre semaines.
Son employeur pense réduire de moitié sa période de vacances et l’obliger à prendre le
solde durant les deux premières semaines de janvier de l’année suivante. En a-t-il le droit ?
Barbara travaille depuis bientôt six ans chez SMOKE SA. Durant ses heures de loisir, elle se
consacre à un groupe de théâtre pour jeunes. C’est là qu’elle fait la connaissance de Klaus Boom.
8 Quel délai de résiliation doit-elle respecter ? Quels sont les obligations qui lient encore
les deux parties après la résiliation ?
Suite à une annonce parue dans le journal, Barbara se fait engager par BLACK SA pour un poste
de ramoneuse à 50 %.
Il y a bientôt dix ans que Klaus travaille pour la même entreprise, à la satisfaction de tous. Ces
derniers mois, pourtant, il commet de grosses erreurs. Son employeur le licencie le 17 août avec
effet immédiat. Klaus n’a pas encore pris ses vacances et n’a pas encore touché son 13e salaire.
Malgré tous ses efforts, il ne trouve une nouvelle place que pour le 1er décembre.
10 Citez trois exigences que Klaus peut formuler envers son ancien employeur.
11 Que doit faire Klaus si son patron refuse de satisfaire ces exigences ? Quelles seront ses
chances ?
125
DROIT | ETAT | ECONOMIE
10 CONTRAT D’APPRENTISSAGE ET
FORMATION PROFESSIONNELLE
Généralités La formation professionnelle se fait d’une part en entreprise, d’autre part à l’école professionnelle
( système dual ). Ce système a désormais largement fait ses preuves et a notamment permis à
l’économie suisse de bien surmonter la dernière crise par rapport à d’autres pays. Le système de
formation est complété par les cours interentreprises ( CI ) dispensés par les associations profes-
sionnelles, qui transmettent aux personnes en formation les bases des capacités demandées par
leur métier.
La loi sur la formation professionnelle ( LFPr ) et d’autres lois et ordonnances édictées par la
Confédération et les cantons constituent le cadre légal de la formation professionnelle. Les or-
ganes d’exécution ( offices, associations, etc. ) reçoivent du législateur le mandat de préciser les
ordonnances et règlements pour les entreprises formatrices et les écoles professionnelles. En
Suisse, il existe plus de 300 formations professionnelles différentes.
La conclusion du contrat Quatre signatures sont requises pour la validité d’un contrat d’apprentissage.
d’apprentissage
Contrat d’apprentissage
4 signatures
Office de la formation
professionnelle
( l’instance de contrôle
cantonale approuve tous les
contrats d’apprentissage )
Le contrat d’apprentissage fait partie des contrats individuels de travail à caractère spécial
( art. 344 ss CO ). C’est l’un des premiers contrats que l’apprenti est amené à signer lui-même. Le
représentant légal de l’apprenti mineur doit le signer également, puisque ce dernier n’a pas la
pleine capacité civile. De plus, le contrat d’apprentissage doit être approuvé par l’office cantonal
de la formation professionnelle ( art. 14 al. 3 LFPr ). Le contrat d’apprentissage est limité dans sa
durée, ce qui signifie qu’il n’a pas besoin d’être résilié à la fin de l’apprentissage. Si le contrat
d’apprentissage n’est pas résilié durant le temps d’essai ( avec un préavis de 7 jours ), il est valable
pour toute la durée de l’apprentissage ( art. 346 al. 1 CO ). Ensuite, il ne peut être résilié que pour
de justes motifs ( art. 346 al 2. CO ). Dans un tel cas, la résiliation doit être communiquée immédia-
tement à l’autorité cantonale et à l’école professionnelle le cas échéant ( art. 14 al. 4 LFPr ).
126
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Les bases déterminantes du contrat d’apprentissage se trouvent dans le CO, la LTr, la LFPr ainsi
que dans les ordonnances y relatives et les règlements cantonaux. De plus, l’Office fédéral de la
formation et de la technologie ( OFFT ) – le centre de compétence de la Confédération pour les
questions liées à la formation professionnelle, aux hautes écoles spécialisées et à l’innovation –
édicte des ordonnances sur la formation professionnelle initiale, dont il ne sera cependant pas
question de manière plus détaillée ici. Les dispositions générales du CO relatives au contrat de
travail sont applicables au contrat d’apprentissage, pour autant que les articles 344 ss CO n’y
dérogent pas.
Le Code des obligations Les art. 344 – 346 a CO notamment contiennent des normes spéciales sur la formation et la
forme, les effets et la fin du contrat d’apprentissage, qui prévalent sur les dispositions générales
relatives au contrat de travail.
La Loi sur la formation La LFPr contient des dispositions spéciales concernant la formation professionnelle et les contrats
professionnelle de formation. Elle régit notamment la formation professionnelle initiale y compris la maturité pro-
fessionnelle fédérale, la formation continue à des fins professionnelles, les examens finals et la
participation de la Confédération aux coûts de la formation professionnelle ( art. 2 LFPr ). L’ordon-
nance d’application de la LFPr précise les dispositions générales de la loi.
Pour chaque métier, il y a des ordonnances sur la formation professionnelle initiale.
La Loi sur le travail La LTr et ses ordonnances d’application régissent surtout la protection du travailleur, et donc
aussi de la personne en formation ou du stagiaire. Elles ne contiennent que des prescriptions
minimales qui ne peuvent être modifiées qu’en faveur de la partie la plus faible. Les normes de la
LTr ont donc un caractère impératif.
Obligations de l’employeur Dans le cadre de son mandat de formation, un employeur agréé par le canton s’engage à former
l’apprenti à l’exercice d’une activité professionnelle déterminée, conformément aux règles du métier
( art. 344 CO ). L’employeur veille à ce que la personne en formation soit formée sous la responsa-
bilité d’une personne du métier ayant les capacités professionnelles et les qualités personnelles
nécessaires ( art. 345 a al. 1 CO ). Il laisse à la personne en formation, sans réduction de salaire, le
temps nécessaire pour suivre les cours de l’école professionnelle et les cours interentreprises, et
pour passer l’examen de fin d’apprentissage ( art. 345 a al. 2 CO ).
Obligations de l’apprenti L’apprenti s’engage à travailler au service de l’employeur ( art. 344 CO ). Il doit s’efforcer d’atteindre
le but de l’apprentissage ( art. 345 CO ). Il exécute avec soin le travail qui lui est confié et est tenue
d’utiliser selon les règles en la matière les instruments de travail, les appareils et les installations
techniques, etc. mis à sa disposition ( art. 321 a CO ) ; il répond du dommage qu’il cause à l’employeur
intentionnellement ou par négligence ( art. 321 e CO ). Par ailleurs, il est tenu de fréquenter l’école
professionnelle et les cours interentreprises ( art. 21 LFPr ).
127
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Droits de l’apprenti L’apprenti qui n’a pas encore atteint l’âge de 20 ans révolus a droit à au moins cinq semaines de va-
cances par année d’apprentissage ( art. 345 a al. 3 CO ). Au terme de l’apprentissage, l’apprenti reçoit
un certificat de travail ( art. 346 a CO ). Par ailleurs, L’apprenti a le droit d’être consulté ( art. 10 LFPr ).
Le temps de travail hebdomadaire maximal est de 45 heures pour les travailleurs occupés dans des
entreprises industrielles, les employés de bureau, les techniciens ou d’autres employés, y compris le
personnel de vente des grands établissements du commerce de détail. Il est de 50 heures pour tous
les autres travailleurs ( art. 9 LTr ).
Protection des Par ailleurs, la LTr contient des dispositions spéciales pour les jeunes travailleurs. La durée quoti-
jeunes travailleurs dienne du travail ne dépassera pas 9 heures. Cette durée comprend le travail supplémentaire et
le temps consacré aux cours obligatoires ( art. 31 LTr ). L’ordonnance sur la protection des jeunes
travailleurs ( Ordonnance 5 relative à la LTr, OLT 5 ) prescrit que les jeunes doivent disposer d’un
repos quotidien d’au moins 12 heures consécutives ( art. 16 OLT 5 ). L’occupation de jeunes pendant
la nuit ou le dimanche peut être autorisée pour autant que cette occupation soit indispensable
pour atteindre les buts de la formation professionnelle initiale ou remédier à des perturbations de
l’exploitation dues à la force majeure, que le travail soit mené sous la responsabilité d’une personne
qualifiée et qu’il ne porte pas préjudice à l’assiduité du jeune à l’école professionnelle ( art. 12 s. OLT
5 ). Les métiers de la restauration, de l’hôtellerie et de la santé n’ont pas besoin d’autorisation.
A titre exceptionnel, la durée maximum de la semaine de travail peut être dépassée en cas d’ur-
gence ou de surcroît extraordinaire de travail, pour dresser un inventaire, arrêter des comptes ou
procéder à une liquidation, ou encore pour prévenir ou supprimer des perturbations dans l’entre-
prise ( art. 12 LTr ). Seules les personnes en formation ayant atteint les 16 ans révolus peuvent être
occupées pendant un temps supplémentaire pour autant que celui-ci soit nécessaire au bon fonc-
tionnement de l’entreprise ( art. 12 LTr ) et qu’il ne leur porte pas préjudice ( art. 31 LTr ). Il faut faire
la distinction entre le temps supplémentaire et les heures supplémentaires ( qui vont au-delà des
heures de travail normales et que le travailleur doit effectuer dans la mesure où il peut s’en charger
et où les règles de la bonne foi permettent de l’exiger de lui, art. 321 c CO ).
Formation initiale et
formation continue à
des fins professionnelles
Formation initiale La maturité professionnelle ( MP ) comprend une formation à la pratique professionnelle, une for-
mation scolaire composée d’une partie de culture générale et d’une partie spécifique à la profes-
sion. La maturité professionnelle fédérale permet à son titulaire de s’inscrire dans une haute école
spécialisée, ou encore dans une université ou une EPF, moyennant des cours complémentaires.
La MP offre cinq orientations :
➞ Technique, architecture et sciences de la vie (en complément à une formation
professionnelle initiale de type technique ou artisanal)
➞ Nature, paysage et alimentation (en complément à une formation professionnelle initiale
dans le secteur de la nature et de l'environnement)
➞ Économie et services (en complément à une formation professionnelle initiale dans une
entreprise de la branche économie et services ou dans une école de commerce)
➞ Arts visuels et arts appliqués (en complément à une formation professionnelle initiale dans
les professions artistiques ou des arts appliqués)
➞ Santé et social (en complément à une formation professionnelle initiale dans le domaine
socio-sanitaire ou dans les soins du corps)
Formation continue à des La formation continue permet aux jeunes d’améliorer leurs capacités pour atteindre un d egré de
fins professionnelles qualification professionnelle supérieur, qui leur permettra ensuite d’avoir davantage de responsa-
bilités et d’indépendance. Ce qui est important, ce ne sont pas seulement les buts professionnels,
mais aussi l’épanouissement personnel. Si l’apprenti ne s’épanouit pas dans le métier appris, il
doit avoir la possibilité de viser un nouveau but correspondant à ses talents et ses aspirations. En
cas de mauvaise orientation, une réorientation est donc toujours possible.
128
ECONOMIE | ETAT | DROIT
2 Jean Mani cherche une place d’apprentissage pour son fils Roger. Il se met d’accord autour
d’une bière avec Rolf, son partenaire de golf. Une poignée de main et c’est fait :
Roger a une place d’apprentissage de coiffeur. Ce contrat est-il valable ?
5 Jean vient de commencer son apprentissage. Le contrat prévoit qu’il touchera 20 % de salaire de
moins que ce qui est habituellement payé dans la branche. Interrogé à ce sujet, le patron répond que
son apprenti passe le cinquième de son temps à l’école professionnelle. Que dit la loi à ce sujet ?
6 Robert Walser a 21 ans et vient de terminer avec succès son apprentissage de maçon.
Il décide de poursuivre un apprentissage complémentaire comme dessinateur en bâtiment.
Il se renseigne à l’Office de la formation professionnelle sur le nombre de semaines de
vacances auxquelles il aura droit. Que recevra-t-il comme réponse ?
11 LE CONTRAT D’ENTREPRISE
( CO 363 – 379 )
Formation du contrat Comme tout contrat, la conclusion d’un contrat d’entreprise nécessite un échange de manifes-
tations de volonté réciproques et concordantes portant sur les points essentiels ( CO 1 et 2 ). Les
parties – soit l’entrepreneur et le maître de l’ouvrage – doivent se mettre d’accord sur la nature
et l’étendue des prestations, à savoir d’un côté l’ouvrage et de l’autre le prix. Déterminer si un
contrat est un contrat de vente ou un contrat d’entreprise n’ est pas toujours facile. Comme le
vendeur, l’entrepreneur assume l’obligation de livrer une chose et d’en transférer la propriété ;
toutefois, à la différence du vendeur, l’entrepreneur doit également produire cette chose ( en
principe personnellement ) selon les instructions du maître.
Quelques exemples La validité du contrat d’entreprise n’est pas subordonnée à une forme déterminée. Cependant,
typiques d’ouvrages : pour les projets d’une certaine importance, il est usuel de recourir à la forme écrite.
129
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Obligations du maître La principale obligation du maître est de payer le prix de l’ouvrage. Le prix peut être fixé à
l’avance, d’entente entre les parties ( prix forfaitaire ), ou d’après la valeur du travail et les dé-
penses de l’entrepreneur ( CO 374 ).
Garantie pour les Les règles relatives à la garantie pour les défauts ( CO 367 – 371 ) sont de nature dispositive et
défauts de l’ouvrage peuvent donc être modifiées au gré des parties.
130
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Après la livraison de l’ouvrage, le maître doit en vérifier l’état et signaler immédiatement les éven-
tuels défauts à l’entrepreneur. Pour ce qui est des défauts cachés ( autrement dit qui ne pouvaient
pas être découverts lors d’une vérification diligente de l’ouvrage ), le maître doit les signaler à
l’entrepreneur dès qu’il en a connaissance. Un délai d’une semaine après la découverte du défaut
est encore considéré comme acceptable, mais un avis des défauts donné deux semaines plus tard
a été jugé tardif par le Tribunal fédéral.
Si ces différentes conditions sont remplies, le maître dispose de trois possibilités ( CO 368 ) :
1 Lorsque les défauts sont tellement graves que l’ouvrage est inutilisable ou que le
maître ne peut équitablement pas être contraint de l’accepter, celui-ci est en droit de
refuser l’ouvrage ( et donc de refuser le paiement du prix ).
2 Si les défauts sont de moindre importance, le maître peut exiger une diminution du prix
en proportion de la moins-value de l’ouvrage, ou
3 exiger que l’entrepreneur répare l’ouvrage à ses frais, si la réfection est possible sans
dépenses excessives.
Fin du contrat En principe, le contrat d’entreprise prend fin lorsque les parties ont exécuté leurs obligations.
Cependant, la loi prévoit d’autres cas d’extinction du contrat :
➞ En cas de dépassement excessif du devis, sans faute du maître, celui-ci peut se départir du
contrat, mais seulement dans le cas où l’ouvrage n’est pas une construction immobilière ( CO
375 ).
➞ Perte de l’ouvrage ( CO 376 ) : si, avant la livraison, l’ouvrage périt par cas fortuit, l’entrepre-
neur ne peut réclamer ni le prix de son travail, ni le remboursement de ses dépenses. C’est
donc l’entrepreneur qui assume le risque de perte de l’ouvrage si un cas fortuit survient.
➞ Résiliation par le maître avant la livraison de l’ouvrage ( CO 377 ) : tant que l’ouvrage n’est
pas terminé, le maître peut toujours se départir du contrat, en payant le travail fait et en
indemnisant complètement l’entrepreneur.
➞ Mort ou incapacité de l’entrepreneur ( CO 379 )
EXERCICES | CHAPITRE 11
1 Madame Suter a demandé à un magasin spécialisé de lui coudre des rideaux. Lorsqu’elle
veut les installer chez elle, elle remarque que les mensurations n’ont pas été respectées.
Que doit faire Madame Suter ?
2 Quelles auraient été les possibilités juridiques offertes à Madame Suter si, au lieu d’une
erreur de mensuration, le spécialiste lui avait fourni la mauvaise qualité d’étoffe ?
3 En vue de son mariage qui aura lieu dans un mois, Henri Küng a commandé un costume sur
mesure chez un tailleur de la place. Que doit-il faire s’il constate que le tailleur a commencé
son travail avec du retard et qu’il lui sera impossible d’obtenir son vêtement dans les délais ?
4 La fiancée d’Henri a également l’intention de se faire confectionner une robe de mariée sur
mesure et elle s’adresse à un tailleur pour lui passer commande. Le tailleur s’était déjà mis
à l’ouvrage lorsqu’elle a découvert par hasard dans un petit magasin spécialisé la robe de ses
rêves qui lui va à merveille. Elle désire annuler alors sa commande auprès du premier tailleur.
Le peut-elle ?
131
DROIT | ETAT | ECONOMIE
5 Le tailleur de Monsieur Küng livre ponctuellement le costume. Six mois plus tard, le jeune
marié retourne chez son tailleur pour lui réclamer le remboursement de son investissement
car, prétend-il, le vêtement est si étroit que les coutures craquent.
Le tailleur doit-il rembourser Monsieur Küng ?
6 Le menuisier Messerli a fabriqué une armoire en bois pour Monsieur Moratta. Dix mois plus tard,
le bois ayant travaillé, il n’est plus possible de fermer les portes de l’armoire. Monsieur Moratta
demande le remplacement de l’objet. La menuiserie peut-elle refuser d’éliminer ce défaut au
motif qu’elle a fabriqué l’armoire conformément à la commande, qu’elle n’est pas responsable
de la qualité du bois et que Monsieur Moratta doit s’adresser au fournisseur du bois ?
7 Monsieur Castagna, maraîcher, fait construire une nouvelle serre durant les mois d’été. Il a
confié l’installation du chauffage à la maison Caldo SA Selon les conditions contractuelles,
les travaux devraient se terminer à la fin du mois de septembre. Le 15 septembre, Monsieur
Castagna prie la maison Caldo de bien vouloir commencer les travaux. Malgré de nombreuses
promesses et plusieurs sommations, le chauffage n’est toujours pas installé fin octobre.
Monsieur Castagna doit pourtant bientôt commencer son premier ensemencement car il a
conclu un contrat pour fournir un grossiste durant les mois d’hiver. Il craint de ne pas pouvoir
respecter ce contrat. Que peut entreprendre Monsieur Castagna dans cette situation ?
9 Madame Jäger doit aussi faire réparer sa voiture. Elle accepte de confier les travaux à un
garagiste pour un prix de CHF 1 720.–. Lorsqu’elle va récupérer sa voiture, le garagiste l’informe
que le temps nécessaire à la réparation a été supérieur à ce qu’il avait prévu et que le travail
coûte 2 260.–. Madame Jäger doit-elle payer cette somme ?
11 Robin s’apprête à conclure un contrat avec une entreprise générale de construction pour re-
faire son appartement à neuf. Les travaux sont censés durer deux mois mais Robin est méfiant
car il a déjà eu de mauvaises expériences par le passé. Il se demande donc s’il serait possible
d’insérer dans le contrat une clause prévoyant une indemnité de CHF 500.- par jour en cas de
retard dans l’achèvement des travaux. Conseillez-le.
www.testdatei.schatzverlag.ch
132
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Le mandataire ( soit celui qui s’engage à exécuter la prestation de service ) ne promet pas un résultat
déterminé, mais une activité en vue d’un résultat. L’avocat n’ est donc pas tenu de gagner le procès
de son client, ni le médecin d’obtenir la guérison de son patient. Par contre, ils doivent faire preuve
de toute la diligence requise afin d’atteindre le résultat souhaité par le client ou patient.
L’étendue du mandat est déterminée par le contrat ou, si les parties ne l’ont pas fixée clairement,
par la nature de l’affaire. Le mandataire sera ainsi habilité à agir comme représentant de son man-
dant, c’est-à-dire à accomplir des actes juridiques au nom de celui-ci, si l’exécution du mandat
l’exige.
Différence par rapport L’entrepreneur a une obligation de résultat, tandis que le mandataire n’a qu’une obligation de
au contrat d’entreprise moyens. C’est ainsi que le contrat conclu entre un médecin et un patient est un mandat, car le
médecin ne peut garantir la guérison du patient.
Différence par rapport Le contrat de travail est caractérisé par un lien de subordination entre le travailleur et l’employeur.
au contrat de travail Le mandataire, par contre, exécute de manière indépendante les tâches qui lui ont été confiées.
Le mandant peut certes donner des directives, mais de manière limitée. Par ailleurs, le contrat de
travail ne peut jamais être conclu à titre gratuit.
Formation du contrat Le contrat de mandat est conclu lorsque les parties se sont mises d’accord sur tous les points
essentiels ( CO 1 et 2 ). En l’occurrence, le seul élément essentiel est le travail à accomplir ( CO
394 I ) ; ni le montant, ni même le principe des honoraires ne sont un point essentiel, même si une
rémunération peut être due quand elle est usuelle, par exemple pour un médecin ( CO 394 III ).
Dans certains cas, le mandat peut être conclu en l’absence d’une acceptation expresse par le
mandataire ( CO 395 ). Enfin, la forme du contrat est libre. Pour les projets d’une certaine impor-
tance, il est cependant fréquent d’avoir recours à la forme écrite.
Obligations du mandataire Le mandataire doit rendre le service ou gérer l’affaire qui lui a été confiée ( CO 394 I ). Il doit
exécuter son mandat personnellement, fidèlement et avec diligence ( CO 398 ). La mesure de la
diligence due sera déterminée, le cas échéant, par les règles en vigueur dans la profession ( les
règles de l’art ). S’il viole ses obligations contractuelles et qu’il en résulte un dommage pour le
mandant, ce dernier pourra lui réclamer des dommages-intérêts.
Substitution Le mandataire doit exécuter personnellement son mandat. Il a néanmoins le droit de recourir
à des auxiliaires, mais doit répondre de leurs actes comme s’ils étaient les siens ( CO 101 ). Les
auxiliaires sont des personnes qui travaillent sous le contrôle et la responsabilité du mandataire
( par exemple l’assistante médicale d’une doctoresse, ou le stagiaire d’un avocat ). Ce cas doit être
133
DROIT | ETAT | ECONOMIE
distingué de la substitution, qui désigne le fait, pour le mandataire, de déléguer à un tiers ( agis-
sant sous sa propre responsabilité ) la tâche que lui a confiée le mandant. Si le mandant a autorisé
cette substitution et si le sous-mandataire viole ses obligations, alors la responsabilité du manda-
taire n’ est engagée que s’il a personnellement commis une faute dans le choix et l’instruction du
sous-mandataire ( CO 399 II ). Par contre, si le mandant n’avait pas autorisé la substitution, alors le
mandataire répond des actes du sous-mandataire comme s’ils étaient les siens ( CO 399 I ). Il s’agit
donc de la même responsabilité que pour les actes des auxiliaires.
Le mandant doit rembourser au mandataire les avances et frais que celui-ci a faits pour l’exé-
cution régulière du mandat ( CO 402 I ). Dans le cas d’un mandat onéreux, il doit également une
rémunération ( honoraires ) au mandataire.
Dans le cas ordinaire, le mandat prend fin lorsqu’il a été exécuté, soit lorsque le mandataire a
rendu tous les services qui lui étaient demandés. Par ailleurs, le mandat peut être révoqué ( par
le mandant ) ou répudié ( par le mandataire ) en tout temps ( CO 404 I ). Cependant, la partie qui
révoque ou répudie le contrat en temps inopportun ( c’est-à-dire sans motifs sérieux ) doit réparer
le préjudice qu’elle cause ainsi à l’autre partie ( CO 404 II ). Les autres causes de fin du contrat sont
la mort, l’incapacité et la faillite du mandant ou du mandataire.
EXERCICES | CHAPITRE 12
1 Qualifiez les différents contrats évoqués dans cette petite histoire : Monsieur Gendre
démissionne de son poste pour se mettre à son compte. Il désire créer une entreprise de
conseils techniques pour ordinateurs. Afin de ne pas se trouver confronté à des problèmes lors
de la fondation, il demande à un avocat de le conseiller. Il fait aménager son bureau selon ses
goûts par une entreprise de construction. De plus, il acquiert divers objets pour son
installation. Bientôt, il pourra commencer comme indépendant.
2 Monsieur Stucky s’est blessé en passant la tondeuse à gazon et doit être conduit d’urgence
chez le médecin. Comme aucun taxi n’est disponible, il demande à son voisin s’il peut rapide-
ment le conduire chez le spécialiste. L’aller et le retour durent plus de trois heures. Le voisin
de Monsieur Stucky a-t-il le droit de lui demander une remunération pour ce transport ?
3 Luigi Meier est complexé par son physique. Pour cette raison, il s’adresse au Dr Tomasi, célèbre
chirurgien en esthétique, pour lui demander de corriger son nez qu’il trouve un peu trop crochu.
Lorsque la narcose a fait son effet, le Dr Tomasi confie de l’opération à son assistant avant de
partir jouer au golf. En a-t-il le droit ?
4 Monsieur Major commande un taxi pour 20 h 25 précises afin d’être à l’heure à l’aéroport.
A 20 h 30, alors que le taxi n’est pas encore arrivé, son voisin lui propose de le conduire direc-
tement à l’aéroport afin qu’il ne manque pas son avion. A 20 h 45, le chauffeur de taxi se présente
à son épouse pour exiger le remboursement de ses frais de déplacement. Doit-elle payer ?
5 Monsieur Jeanneau se rend chez le coiffeur. Il convient avec lui d’une coupe de cheveux et
de la taille de la barbe. Après la coupe de cheveux, Monsieur Jeanneau, qui est pressé, veut
renoncer à la taille de la barbe. Peut-il rompre ainsi le contrat ?
6 Sylvie doit se rendre chez le dentiste pour 10 heures. Lorsqu’elle avait fixé son rendez-vous il y
a quatre semaines, elle avait oublié qu’elle avait une obligation importante au même moment.
A 9 h 30, elle téléphone à son dentiste pour lui demander de repousser son rendez-vous.
Quelle est la situation sur le plan juridique ?
7 Max Keller a chargé la banque PICSOU de gérer sa fortune. Lors d’un krach boursier,
il perd une grande partie de sa fortune. Peut-il se retourner contre la banque ?
134
ECONOMIE | ETAT | DROIT
8 Henri Studer a demandé à son ami Leo Muller de chercher un acheteur pour sa villa. Il lui
promet une commission correspondant à 3 % du montant de la vente. Leo Muller trouve
bientôt un acheteur qui offre CHF 2 000 000.– pour la maison. Le marché est conclu. Lorsque
Leo Muller réclame sa commission, Studer trouve que payer CHF 60 000.– pour quelques
coups de téléphone est disproportionné. Il lui verse CHF 2 000.–. Qu’en pensez-vous ?
9 Jonas Panchaud a recueilli un chien blessé et l’a emmené chez le vétérinaire. A sa grande
surprise, il reçoit une facture de celui-ci pour les soins donnés au chien ( confié, entre-temps,
à un refuge ). Il téléphone au vétérinaire pour lui rappeler qu’il n’est pas le propriétaire du
chien et lui dit que, pour cette raison, il ne voit pas pourquoi il devrait payer ces soins.
Quelle est la situation sur le plan juridique ?
10 Osram AG s’adresse à l’avocat Fritz Reindorf en raison de différends avec son fournisseur
Klein. Après que Osram AG a payé un acompte de CHF 5 000.–, l’avocat Reindorf a déposé
auprès du tribunal d’arrondissement compétent une action en paiement de CHF 25 000.–.
Le tribunal rejette la demande, à la suite de quoi l’avocat Reindorf conseille à sa cliente de
faire appel devant le tribunal cantonal. Par erreur, l’avocat Reindorf a assimilé le délai d’appel
de 30 jours à un mois, avec pour conséquence que le délai a été dépassé d’un jour.
Le tribunal supérieur n’est donc même pas entré en matière sur l’appel.
Quelles prétentions Osram AG peut-elle faire valoir à l’égard de l’avocat Reindorf s’il s’avère
qu’elle aurait certainement obtenu gain de cause sur toute la ligne dans le procès en appel ?
Garanties
Garanties personnelles – Le cautionnement est une garantie personnelle par laquelle une personne ( appelée la caution )
Le cautionnement s’engage envers le créancier à garantir le paiement de la dette contractée par le débiteur pour le
( art. 492 – 512 CO ) cas où ce dernier ne s’en acquitterait pas.
A la différence de la plupart des contrats, qui sont des contrats bilatéraux ( où les deux parties
assument des obligations réciproques ), le cautionnement est un contrat unilatéral, puisque seule
la caution s’engage envers le créancier.
Afin de protéger la personne qui se porte caution, le législateur a édicté certaines prescriptions
de forme.
➞ Lorsque la caution est une personne physique et que la somme cautionnée dépasse
CHF 2 000.–, le contrat de cautionnement doit revêtir la forme authentique ( devant notaire ).
➞ Si la somme ne dépasse pas CHF 2 000.–, il suffit que la caution inscrive le montant à la
main dans le contrat ( forme écrite qualifiée / acte sous seing privé ).
➞ Une personne mariée ne peut cautionner valablement qu’avec le consentement écrit de son
conjoint ( art. 494 al. 1 CO ).
Il existe différents types de cautionnement. Nous ne traiterons ici que le cautionnement simple et
le cautionnement solidaire.
Le cautionnement simple En cas de cautionnement simple, le créancier ne peut poursuivre la caution que lorsque le débi-
( art. 495 CO ) teur principal est définitivement défaillant ( acte de défaut de biens ), donc insolvable. La procé-
dure de poursuite peut durer jusqu’à deux ans.
Débiteur principal
1 Commandement de payer
2 Poursuite pour dettes
3 Saisie/faillite
Créancier 4 Acte de défaut de biens Caution
Le cautionnement solidaire Dans le cas du cautionnement solidaire, le créancier peut se retourner contre la caution plus ra-
( art. 496 CO ) pidement. Il suffit pour cela que le débiteur principal ait été sommé en vain de s’acquitter de la
dette. Le cautionnement solidaire étant encore plus risqué pour la caution, la loi prescrit qu’un
tel engagement figure expressément dans le contrat ( sinon on devra considérer qu’il s’agit d’un
cautionnement simple ). De plus, lorsque plusieurs personnes sont cautions solidaires, elles ga-
rantissent ensemble le créancier et chacune d’elles est engagée pour le tout.
EXERCICES | CHAPITRE 13
1 Pourquoi le contrat de cautionnement est-il risqué pour la caution ?
3 Quelle forme devra respecter André Gosteli, qui est marié, s’il veut se porter garant
d’une amie auprès de la banque pour une somme s’élevant à CHF 1 700.– ?
136
ECONOMIE | ETAT | DROIT
5 Antoine Marchon vient de signer un contrat de cautionnement en faveur de son ami Jan Malec,
qui a une dette de CHF 3 000.– envers un garagiste. Claudine Marchon, la femme d’Antoine,
trouve que ce cautionnement est une idée insensée. Peut-elle s’y opposer ?
6 A l’aide du CO, expliquez les différents types de contrats de cautionnement ( vous pouvez
répondre au moyen d’un schéma ).
– Cautionnement simple
– Cautionnement solidaire
– Cautionnement conjoint
7 Gustave Amiguet est un paysan du pays d’En-Haut. Il y a quelque temps, on lui a demandé de
participer à un cautionnement conjoint pour l’achat d’une faucheuse. Ne sachant pas très bien
ce qu’est un cautionnement conjoint, il vous demande conseil.
Les personnes qui souhaitent s’associer pour constituer une société ont le choix entre différentes
formes juridiques. L’objet de ce chapitre est de présenter ces formes juridiques.
L’Ordonnance sur le registre du commerce ( ORC ) définit l’entreprise comme « une activité éco-
nomique indépendante exercée en vue d’un revenu régulier » ( art. 2 let. b ). On parle d’entreprise
commerciale lorsque sa nature et son importance nécessitent une organisation particulière. Le
fait d’exploiter une entreprise commerciale implique une obligation de s’inscrire au RC ( CO 934 )
et de tenir une comptabilité commerciale ( CO 957 ). Le nom sous lequel une entreprise est ins-
crite au RC s’appelle la raison de commerce ( CO 944 ss ).
137
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Types de sociétés Les sociétés commerciales ( ou sociétés à but lucratif ) sont : la société en nom collectif, la société
en commandite, la société en commandite par actions, la société anonyme et la société à respon-
sabilité limitée.
La société simple, quant à elle, est un simple contrat, ce qui se remarque d’ailleurs d’après sa
place dans le CO. Toute société ( au sens expliqué plus haut ) qui ne présente pas les caracté-
ristiques d’un autre type de société réglé par la loi est une société simple ( type subsidiaire, CO
530 II ). En règle générale, on adopte la forme de la société simple quand les rapports entre les
associés sont relativement simples et qu’il y a peu d’associés. Si l’organisation devient complexe,
il est préférable d’opter pour une autre forme de société.
Il n’est pas nécessaire de former une société pour exploiter une entreprise commerciale. Un individu
seul peut aussi exploiter une entreprise. On parle alors d’entreprise individuelle. Le schéma suivant
propose un aperçu général et une classification des différentes formes juridiques d’entreprises.
Sociétés de personnes
société coopérative
– société simple
– société en nom
collectif ( SNC )
– société en commandite association
Sociétés de capitaux
– société anyonyme
( SA )
– société en commandite
par actions
– société à responsabilité
limitée ( Sàrl )
138
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Petites entreprises, activités menées Entreprises petites à moyennes, Toute entreprise axée sur
Idéal pour
par des individus ( p. ex. artistes ) étroitement liées aux personnes la recherche du profit
Responsabilité illimitée de l’en- Les dettes de la société ne sont Les dettes de la société ne sont
Responsabilité
trepreneur sur son patrimoine garanties que par l’actif social. garanties que par l’actif social.
pour les dettes
personnel CO 794 CO 630
139
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Entreprise individuelle L’entreprise individuelle ( ou raison individuelle ) est la deuxième forme juridique d’entreprise la
plus répandue en Suisse, la première étant la SA. Elle est formée par une personne physique
exerçant une activité économique indépendante en la forme commerciale. L’avantage de cette
forme juridique est que l’entrepreneur peut décider seul de la manière dont il veut conduire son
affaire. L’entreprise individuelle est constituée dès que l’entrepreneur démarre son activité. Au-
cune formalité particulière n’est requise. La raison de commerce doit contenir au moins le nom de
famille de l’entrepreneur. L’inscription au registre du commerce n’est obligatoire que si le chiffre
d’affaires annuel dépasse CHF 100 000.–.
Sociétés de personnes En résumé, les avantages de l’entreprise individuelle sont la grande liberté dont jouit l’entrepre-
neur ainsi que la fondation simple et rapide. L’inconvénient réside dans la responsabilité illimitée
de l’entrepreneur ( risque de mettre en péril son patrimoine personnel si son affaire périclite ).
Sociétés de capitaux Le caractère personnel est l’élément central de ce type de société : la personnalité des associés et
le rôle qu’ils jouent dans la société sont déterminants. On classe parmi les sociétés de personnes
la société simple, la société en nom collectif, la société en commandite et la société coopérative.
Les associés répondent des dettes sociales sur leur patrimoine personnel. Cependant, dans le cas
de la société coopérative, c’est la fortune sociale qui répond seule des engagements de la société,
sauf disposition contraire des statuts ( CO 868 ).
Dans ce type de société, l’élément prépondérant n’est pas l’engagement personnel des associés
mais l’apport en capital. Les associés ne comptent que par leur participation financière. On classe
parmi les sociétés de capitaux la SA et la Sàrl ( même si celle-ci constitue, à certains égards, une
forme hybride ), et la société en commandite par actions. Seule la fortune sociale répond des
engagements de la société. Enfin, la société n’ existe juridiquement qu’à partir de son inscription
au RC.
EXERCICE | CHAPITRE 14
1 De quelles formes de société s’agit-il dans les exemples ci-dessous,
respectivement quelles formes juridiques choisiriez-vous ?
140
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Société simple La société simple est la forme la plus simple de société de personnes. Il s’agit d’un contrat par
( CO 530 ss ) lequel deux ou plusieurs personnes conviennent d’unir leurs efforts ou leurs ressources en vue
d’atteindre un but commun. Souvent, les sociétés simples ne sont créées que pour une courte du-
rée, comme par exemple le consortium de construction qui, une fois le projet terminé, est dissous.
Vue de l’extérieur, une société simple se présente comme une communauté d’intérêts écono-
miques. Elle n’a donc pas de personnalité juridique et ne doit pas se présenter sous un nom
propre. La société simple peut être créée sans formalité particulière et ne peut pas être inscrite au
RC. Il est conseillé de rédiger un contrat qui règle, entre autres, la gestion, la répartition du travail
et des domaines de compétence, les contributions, ainsi que la répartition des gains et des pertes.
En matière de responsabilité, les associés répondent tous, solidairement et sans limites, des
dettes de toute la société. Cependant, lorsqu’un associé agit uniquement en son nom, il répond
seul de la dette contractée.
Florian Gonseth, André Colin et Henriette Ducommun décident d’organiser ensemble une fête dans
leur quartier. Florian organise la publicité dans la presse et au moyen de feuilles volantes. André
s’occupe des autorisations officielles et des émoluments communaux et Henriette est responsable
des boissons. Les trois n’ont pas dépensé les mêmes sommes. Ils forment une société simple.
3 André pense que la direction de l’entreprise lui revient. Pour cette raison il loue une petite
tente de fête au nom du groupe. En a-t-il le droit ? Les deux autres pourraient-ils l’empêcher
de conclure ce contrat de location ?
6 Les étudiants Hans Wachter, Felix Stauffer et Kurt Halder sont convenus ensemble
d’entreprendre un long voyage pendant les vacances de semestre. Dans ce but, une
voiture d’occasion devait être achetée et revendue après la fin du voyage.
Pour s’informer de la situation du marché d’occasion, les trois étudiants ont visité ensemble un
après-midi quelques garages automobiles à St-Gall. À l’insu de ses camarades, Hans Wachter
s’est rendu le jour suivant au garage Senn, avec lequel les étudiants avaient négocié – sans s’en-
gager – le jour précédent. Au nom des trois étudiants, Hans Wachter a conclu un contrat d’achat
portant sur une vieille Pontiac.
Ayant été informés de l’achat, ses camarades sont horrifiés. Ils lui reprochent d’avoir acheté de sa
propre initiative une voiture consommant beaucoup trop d’essence. Felix Stauffer et Kurt Halder
prennent immédiatement contact avec le garage Senn et expliquent que le contrat d’achat ne les
engage pas.
Est-ce vrai ?
141
DROIT | ETAT | ECONOMIE
7 Depuis des années, Ralph Fischer et Peter Dörler gèrent ensemble une entreprise de plâtre-
rie-peinture sous la dénomination « Entreprise de plâtrerie Fischer & Dörler ». Il n’y a jamais eu
d’inscription au registre du commerce. En 2016 et 2017, un chiffre d’affaires de CHF 900 000.–,
respectivement CHF 950 000.–, a été réalisé. Outre une réglementation concernant le partage
du bénéfice, les deux propriétaires de l’entreprise avaient conclu un accord sur la conclusion
de contrats avec des tiers. Selon cet accord, chaque associé ne pouvait engager l’entreprise
que jusqu’à concurrence de CHF 5 000.–. Pour la conclusion de contrats plus importants,
l’accord des deux associés était nécessaire.
Le 12 octobre 2018, Ralph Fischer a rencontré par hasard l’architecte et entrepreneur général Karl
Stiefel. Celui-ci était l’un des meilleurs clients de Fischer & Dörler. Comme Stiefel se trouvait dans
une crise de liquidités, il a demandé un prêt de courte durée à Ralph Fischer en sa qualité d’associé
de Fischer & Dörler. Avec l’intention de promouvoir les bonnes relations d’affaires avec l’architecte
et entrepreneur Stiefel, Ralph Fischer a répondu favorablement à cette demande de crédit. Encore
le même jour, il a conclu avec Karl Stiefel un contrat de prêt au nom de Fischer & Dörler, contrat
s’élevant à CHF 20 000.–, et lui a promis que le montant lui serait remis le 15 octobre 2018. Comme
Peter Dörler se trouvait en voyage à l’étranger, Fischer n’a pas pu en informer son associé. Il est
cependant parti du principe que celui-ci serait d’accord avec l’octroi du prêt.
Peter Dörler est rentré de vacances plus tôt que prévu, le 14 octobre 2018. Contrairement à ce
qu’imaginait Ralph Fischer, il s’est prononcé contre l’octroi du prêt à Stiefel. Lorsque, le lende-
main, celui-ci a demandé que lui soit versée la somme prévue dans le contrat, Peter Dörler a fait
valoir que Fischer & Dörler n’était pas liée par le contrat de prêt, car le consentement des deux
associés était nécessaire pour que le contrat soit valablement conclu.
Société anonyme Avec la raison individuelle, la SA est la forme juridique la plus répandue en Suisse, car elle offre
( CO 620 ss ) également aux petites entreprises beaucoup d’avantages en matière de responsabilité, de ré-
glementation des capitaux, etc. Seule la fortune sociale répond des dettes de la SA. En cas de
faillite, les actionnaires ne perdent donc que la valeur de leurs actions. Une SA peut être consti-
tuée par une ou plusieurs personnes physiques ou morales. Le capital-actions doit s’élever à
CHF 100 000.– minimum. Toutefois, les actionnaires ne sont tenus de libérer ( verser ) au minimum
que 20 % du capital prévu, mais en tout cas CHF 50 000.–. Le capital peut également être versé
sous forme d’apports en nature ( par ex. biens immobiliers, machines, etc. ).
Les actionnaires apportent un certain capital et reçoivent en contrepartie des actions. Les actions
peuvent être au porteur ou nominatives. Leur valeur nominale doit s’élever au moins à un centime.
Dans le cas d’actions au porteur, les actionnaires restent anonymes. Depuis 2021, ce type d'ac-
tions a été aboli, à quelques exceptions près (par exemple pour les sociétés cotées en bourse).
Dans le cas des actions nominatives, l’action est établie au nom du propriétaire, qui doit être
inscrit au registre des actionnaires de la société. Ainsi, la SA peut, en partie, contrôler son action-
nariat : dans le cas des actions nominatives, la société et ses organes connaissent les actionnaires,
ce qui n’est pas le cas avec les actions au porteur.
www.testdatei.schatzverlag.ch
142
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Les organes de la SA sont tout d’abord l’assemblée générale des actionnaires, qui constitue l’or-
gane suprême de la société. Elle approuve notamment les statuts, élit le conseil d’administration
et l’organe de révision. Le conseil d’administration est l’organe de direction de la SA. Enfin, une SA
doit disposer d’un organe de révision qui doit être désigné lors de la fondation. Chaque année, il
doit remettre un rapport de gestion au conseil d’administration.
2 But de la société
Le but social est la distribution de produits alimentaires à destination de particuliers,
d’institutions et d’entreprises, avec un réseau de succursales sur l’ensemble du territoire suisse.
5 Organes de la société
Assemblée générale
Conseil d’administration
Organe de révision
6 Assemblée générale
L’assemblée générale prend toutes les décisions qui lui réservées par la loi ou les statuts.
Une assemblée générale ordinaire est convoquée une fois par année, quatre à six mois après la
clôture de l’exercice annuel. Le conseil d’administration peut convoquer une assemblée
générale extraordinaire dans les formes prévues par la loi.
7 Conseil d’administration
Le conseil d’administration se compose de cinq à dix administrateurs,
élus pour une année et rééligibles.
8 Organe de révision
Les membres de l’organe de révision sont élus par l’assemblée générale pour deux ans ; ils sont ré-
éligibles. L’assemblée générale peut aussi désigner un établissement fiduciaire pour la révision des
comptes annuels ( inventaire, bilan, compte de résultat, vérification des pièces, rapport annuel ).
143
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Véronique Lalève, Eliane Montandon, Edith Mazzoni et Béatrice Janotta désirent fonder une SA dont
le but sera la vente d’ouvrages et de vidéos sur les traitements naturels, ainsi que l’offre de conseils
et de formations dans ce domaine. Elles espèrent voir leur entreprise grandir rapidement. Aidez ces
personnes à trouver dans le CO les réponses aux questions ci-dessous.
3 Quelle sera la somme minimale qui devra être libérée lors de la fondation de la SA ?
10 Eliane Montandon désire assumer le travail de l’organe de révision.
Est-ce possible juridiquement ?
13 Comparez la responsabilité d’un actionnaire avec celle de l’associé d’une société en nom collectif.
144
ECONOMIE | ETAT | DROIT
15 Pimax-AG a un capital-actions d’un million de francs. Il est réparti en 1 000 actions nomina-
tives de CHF 1 000.– chacune. Ernst Benz détient 150 actions ; 250 actions sont détenues par
Benz-Holding AG, contrôlée à 70 % par Ernst Benz. Les 600 actions restantes de Pimax-AG
se répartissent entre Willi Buschor ( 200 ), Werner Weber ( 200 ), Oskar Merz ( 150 ) et Victor
Spirig ( 50 ). Benz est par ailleurs le seul membre du conseil d’administration de Pimax-AG et
le président du conseil d’administration de Benz-Holding AG.
Le 21 février 2018, Benz s’est adressé à tous les actionnaires et leur a communiqué ceci : « L’as-
semblée générale ordinaire de Pimax-AG aura lieu le 26 février 2018 dans la salle de conférence
de l’entreprise. Les points à l’ordre du jour seront communiqués au début de l’assemblée géné-
rale. » Le 26 février 2018, Benz a tout d’abord constaté que tous les actionnaires étaient présents
et qu’ainsi toutes les actions étaient représentées à l’assemblée générale.
Puis il a communiqué les points de l’ordre du jour. La décharge du conseil d’administration
y figurait en cinquième point, la décision concernant un changement de l’organe de révision
en septième point.
Il a été décidé par 450 voix de donner décharge au conseil d’administration. Oskar Merz, Victor
Spirig et Benz-Holding AG, représentée par Ernst Benz, ont voté pour la décharge. Werner
Weber et Willi Buschor s’y sont par contre opposés. Ernst Benz n’a pas pris part au vote avec les
actions qu’il détenait personnellement.
Victor Spirig a quitté l’assemblée générale après le point 5. En partant, il a confié à son parte-
naire de tennis Oskar Merz le soin de défendre ses intérêts. Par la suite, le changement d’organe
de révision a été accepté par 600 voix contre 400. Oskar Merz a voté pour ce changement avec
ses propres actions et celles de Spirig. Weber et Buschor, quant à eux, ont voté contre.
Le 8 avril 2018, Willi Buschor s’est adressé à Me Sigrist, avocat, et lui a demandé ce qu’il pourrait
entreprendre contre la décision d’octroyer la décharge adoptée le 26 février 2018. Le 3 mai 2018,
Weber s’est également adressé à Me Sigrist et s’est informé sur le fait de savoir s’il pouvait, d’une
manière ou d’une autre, s’opposer au changement d’organe de révision.
La société à La dénomination « responsabilité limitée » peut prêter à confusion car la société est entièrement
responsabilité limitée responsable de ses dettes. Etant donné que le capital social doit être libéré en totalité, la respon-
( CO 772 – 827 ) sabilité personnelle de chaque associé n’est pas engagée, sauf obligation de versement complé-
mentaire ou de prestation accessoire inscrite dans les statuts.
La Sàrl est une forme intermédiaire entre la SA et la SNC. Cette forme juridique est la troisième
forme la plus répandue en Suisse. Une ou plusieurs personnes physiques et/ou morales sont
requises pour fonder une Sàrl. Chaque associé participe au capital social à hauteur d’une part
sociale au moins. L’apport minimum par associé, en numéraire ou en nature, est de CHF 100.–.
Une Sàrl n’existe que dès son inscription au RC. Au préalable, les fondateurs de l’entreprise
doivent, par un acte authentique, déclarer qu’ils fondent la société, établir les statuts et désigner
les organes. Ceux-ci sont l’assemblée des associés, organe principal de la Sàrl ( qui détermine les
statuts ), et le ou les gérants. Il peut aussi y avoir un organe de révision.
145
DROIT | ETAT | ECONOMIE
3 Le capital initial, qui se monte à CHF 25 000.–, et les droits de vote sont répartis comme suit :
David Vetsch CHF 10 000.– Le capital social est
Regula Walser CHF 10 000.– divisé en parts sociales
Andreas Rupf CHF 5 000.– de CHF 1 000.–.
4 La société est gérée par les trois associés. Chacun dispose du droit de signature individuelle.
Chacun trois perçoit un salaire mensuel brut de CHF 5 000.–.
6 Les communications de Broad Sàrl adressées aux associés seront adressées en recommandé.
3 Quel montant minimal doit être libéré par chaque associé lors de la fondation ?
5 Quelle est la proportion de voix nécessaire à l’assemblée des associés pour qu’une décision
puisse être valablement prise ?
6 Quel est le montant maximal que Madame Walser pourrait perdre dans cette entreprise ?
8 Les trois fondateurs aimeraient augmenter le capital à 6 millions de francs. Est-ce possible ?
10 Pour quels types d’entreprises la Sàrl est-elle une forme juridique particulièrement adéquate ?
La société coopérative La société coopérative est un groupement de personnes ( corporation ) qui poursuit principale-
( CO 828 – 921 ) ment le but de favoriser des intérêts économiques déterminés de ses membres. On peut citer
comme exemples de coopératives importantes :
2 Quelles sont les dispositions qui doivent obligatoirement figurer dans les statuts d’une coopérative ?
4 Quels seront les devoirs des coopérateurs lors des assemblées générales et de combien de
voix chacun disposera- t-il ?
7 Au fil des années, la coopérative Autopartenaire prend de l’ampleur et atteint bientôt 367
coopérateurs. Il deviendra difficile de tenir raisonnablement une assemblée générale.
Quelles solutions propose la loi ?
L’association Les associations politiques, religieuses, scientifiques, artistiques, de bienfaisance, de loisirs ou autres
( CC 60 – 79 ) qui n’ont pas un but économique acquièrent la personnalité juridique dès qu’elles expriment dans
leurs statuts la volonté d’être organisées corporativement. Pour pouvoir atteindre leurs buts, elles
peuvent exercer une industrie en la forme commerciale. Sauf dispositions contraires des statuts,
l’association répond seule de ses dettes, qui sont garanties par sa fortune sociale ( voir pp. 20 ss ).
147
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Le titre est un support matériel manifestant une idée de son auteur. Il peut s’agir d’un écrit, mais
aussi d’un support impliquant l’emploi d’un moyen technique externe ( tel que bande magnétique,
disque dur, microfilm, etc. ). La matière du support est sans importance. C’est généralement du pa-
pier, mais cela peut être aussi du plastique ou n’importe quelle autre matière.
La fonction principale des titres est de servir de moyen de preuve. En cas de litige, ils sont donc
souvent décisifs ( pensons par exemple au ticket de caisse, qui tiendra lieu de preuve d’achat en cas
de défaut de la chose vendue ).
Les titres revêtent une grande importance pratique, tant dans la vie quotidienne ( ticket de bus,
contremarque de vestiaire, carte de fidélité, etc. ) que dans la vie des affaires ( carte de crédit, lettre
de change, cédule hypothécaire, instruments de placement financier, etc. ).
Les différents types de titres Parmi les nombreuses sortes de titres, une place particulière doit être faite au titre de créance. La
notion de créance doit être ici entendue dans un sens large. On appelle ainsi titre de créance tout
titre ( tel que défini ci-dessus ) constatant la reconnaissance d’un droit. Ce droit peut être :
➞ une créance au sens strict, autrement dit le droit pour une personne ( le créancier )
d’exiger d’une autre personne ( le débiteur ) un comportement particulier ( versement d’une
somme d’argent, remise d’un objet, accès à un spectacle, etc. ) ;
➞ un droit réel ( par exemple droit de gage sur un bien immobilier, dans le cas de la cédule
hypothécaire ) ;
➞ un droit corporatif ( ou droit de participation ), soit la reconnaissance, par un groupement
de personnes, de la qualité de membre à un individu déterminé ( action de la société
anonyme, bon de participation, etc. ).
Au sein des titres de créance, il faut encore distinguer les titres de créance simples des titres de
créance qualifiés, qui se définissent par le fait qu’une clause de titre leur est associée. Sans entrer
dans les détails de cette notion, qui déborderaient le cadre de cet ouvrage, une clause de titre
correspond au rôle – voulu par les parties – que doit jouer le titre au moment de l’exercice du
droit reconnu. Une telle clause n’a pas besoin d’être écrite et, dans la plupart des cas, sera même
convenue tacitement. Concrètement, si la clause prévoit que le débiteur aura le droit d’exiger la
présentation du titre pour exécuter sa prestation, on parlera de titre de présentation ( p. ex. bon
d’achat, billet d’avion ). Si la clause prévoit que le débiteur sera valablement libéré en exécutant sa
prestation envers celui qui présente le titre ( à condition d’être de bonne foi, cf. art. 3 CC et 976 CO ),
on parlera de titre de légitimation ( p. ex. contremarque de vestiaire, carte de crédit, billet de théâtre
avec place numérotée ).
Un certain nombre de dispositions légales visent spécifiquement le titre de créance simple : art. 18
al. 2, 88, 90, 116, 137 al. 2, 164 al. 2, 170 al. 2 CO et art. 900 CC.
Il n’est pas toujours facile de savoir si l’on a affaire à un titre de créance simple ou qualifié et
d’identifier la clause de titre qui s’y applique. Le cas échéant, et quand les parties sont en
désaccord, on devra donc recourir à l’interprétation.
148
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Par ailleurs, la loi prévoit des conséquences différentes en cas de perte du titre :
➞ S’il s’agit d’un titre ordinaire, une annulation privée suffit ( art. 90 al. 1 CO ).
➞ En revanche, un papier-valeur peut seulement être annulé par décision judiciaire ( art. 971 CO ).
Les différents genres La loi distingue trois genres de papiers-valeurs : les titres nominatifs ( art. 974–977 CO ), les titres à
de papiers-valeurs ordre ( art. 1145–1146 CO ) et les titres au porteur ( art. 978–989 CO ).
Les titres nominatifs sont dits « imparfaits », à cause de leur faible négociabilité. Ils ont toujours été
rares dans le commerce et ont quasiment disparu aujourd’hui, raison pour laquelle on ne fera ici
que les mentionner.
Les titres à ordre et les titres au porteur sont qualifiés de papiers-valeurs parfaits ( ou encore pa-
piers-valeurs de foi publique ), du fait de leur aptitude à circuler. Celle-ci est due à une caractéris-
tique qui les distingue des papiers-valeurs nominatifs, à savoir l’inopposabilité des exceptions du
débiteur ( art. 979 et 1146 CO ). Concrètement, cela signifie que le débiteur ne peut pas opposer au
porteur d’un papier-valeur des exceptions qu’il avait contre la personne en faveur de laquelle le
papier-valeur a été constitué, ou contre des précédents porteurs ( exemples d’exceptions : vice du
consentement dans le contrat ayant donné lieu à la créance, droit à la diminution du prix en cas
de défaut de la chose vendue, compensation, etc. ). Ce principe assure ainsi une grande sécurité à
l’acquéreur du papier-valeur.
Le titre à ordre, défini à l’art. 1145 CO, est un papier-valeur dans lequel le débiteur promet de payer à
celui qui est légitimé par le texte du titre. Le transfert du titre se fait normalement par endossement
( art. 968–969 CO ).
Le titre au porteur, défini à l’art. 978 al. 1 CO, est un papier-valeur dans lequel le débiteur promet
de payer au porteur sur simple présentation du titre. C’est le papier-valeur le plus facilement négo-
ciable, mais aussi celui qui présente le plus de risque pour le créancier en cas de perte ou de vol.
Exemples de titres au porteur : obligation, bon de caisse, action au porteur, bon de jouissance, bon
de participation, coupon, chèque au porteur.
La lettre de change ( art. 991–1095 CO ) est un papier-valeur par lequel le tireur donne l’ordre au tiré
de payer au preneur ou à son ordre une somme déterminée à une époque et en un lieu déterminés.
Le billet à ordre ( art. 1096–1099 CO ) est un papier-valeur par lequel le souscripteur s’engage à
payer au bénéficiaire ou à son ordre une somme déterminée, à une époque et en un lieu déterminés.
Ainsi, tandis que la lettre de change met en rapport trois personnes, le billet à ordre ne crée de
rapport juridique qu’entre deux personnes. Par renvoi de l’art. 1098 CO, la plupart des dispositions
sur la lettre de change sont également applicables au billet à ordre.
Dans le commerce local, l’effet de change a pour ainsi dire disparu. En revanche, dans le commerce
international, il continue de jouer un rôle important.
Les effets de change A l’origine, les effets de change servaient essentiellement au transfert d’argent. Ce rôle a toutefois
diminué au profit du papier-monnaie, puis des chèques, des opérations de virement interbancaires
et, plus récemment, des cartes de crédit et des crédits documentaires. Aujourd’hui, ce sont essen-
tiellement :
149
DROIT | ETAT | ECONOMIE
➞ des instruments de crédit : au lieu de payer comptant, le débiteur émet un effet en faveur
du bénéficiaire avec une échéance déterminée ;
➞ des instruments de garantie : l’effet est alors utilisé pour garantir une dette existante ;
➞ des instruments de liquidité : le détenteur d’un effet de change qui ne souhaite pas
attendre jusqu’à l’échéance pour encaisser l’argent peut remettre l’effet à l’escompte auprès
de sa banque et recevoir la somme due, déduction faite des intérêts ( l’escompte ).
Le chèque ( art. 110–1144 CO ) est un papier-valeur par lequel un ordre écrit est donné au tiré par le
tireur de payer une certaine somme au bénéficiaire, ou à son ordre, ou au porteur.
Le chèque Comme la lettre de change, le chèque met en rapport trois personnes. Par contre, il y a plusieurs
différences entre la lettre de change et le chèque :
➞ Tandis que la lettre de change nécessite l’acceptation par le tiré ( art. 1011–1019 CO ), le
chèque ne peut pas être accepté ( art. 1104 CO ).
➞ Dans le cas du chèque, le tiré est nécessairement une banque ( art. 1102 CO ).
➞ Au niveau économique, la lettre de change et le chèque remplissent des fonctions
différentes, dans la mesure où le chèque sert uniquement comme moyen de paiement,
et non comme instrument de crédit ou de garantie ( un adage dit : « Celui qui remet un effet de
change a besoin d’argent ; celui qui remet un chèque a de l’argent »! )
Remarque : lorsque le débiteur est sujet à la poursuite par voie de faillite, le bénéficiaire d’un chèque
ou d’un effet de change peut recourir à un type de poursuite spécial, plus rapide que la poursuite
ordinaire : la poursuite pour effet de change ( art. 177 ss LP ). Ce risque accru pour le débiteur peut
constituer un moyen de pression efficace pour le créancier.
La cédule hypothécaire Selon la loi, la cédule hypothécaire est « une créance personnelle garantie par un gage immobilier »
( art. 842 CC ). Cela signifie que le débiteur d’une cédule hypothécaire est responsable de la dette,
non seulement jusqu’à concurrence du prix de réalisation de l’immeuble grevé, mais jusqu’à la com-
plète extinction de la dette. Autrement dit, si, à la suite de la vente forcée de l’immeuble objet du
gage, il reste un découvert, le créancier pourra agir par la voie de la poursuite ordinaire et le débi-
teur répondra de ce découvert sur l’ensemble de son patrimoine.
EXERCICES | LES PAPIERS-VALEUR
1 Chercher la définition des papiers-valeurs suivants :
– le connaissement
– le warrant
2 Evelyne a une dette de CHF 500.– envers Thomas, en paiement du prix d’un tableau.
Par la suite, Thomas cède sa créance à Joséphine, y compris la reconnaissance de dette
signée par Evelyne.
150
ECONOMIE | ETAT | DROIT
a ) Par la suite, Corinne égare la reconnaissance de dette. A l’échéance du prêt, elle se tourne
néanmoins vers Michael et demande à celui-ci le remboursement de la somme prêtée.
Michael est-il tenu de s’exécuter, même si Corinne ne peut pas présenter la
reconnaissance de dette ?
b ) Michael est un peu juste financièrement et ne parvient à rembourser que CHF 2 000.–
à Corinne. Celle-ci accepte de différer le remboursement du solde de CHF 3 000.–.
Quelle précaution Michael devrait-il prendre ?
4 Ariane a déposé son manteau au vestiaire du théâtre mais ne parvient pas à retrouver la
contremarque qui lui a été remise.
5 Adèle vient d’acheter un billet de loterie. Deux jours plus tard, alors qu’elle discute avec Hugo
sur Whatsapp, ce dernier propose de lui racheter son billet au triple du prix qu’elle l’a payé, car
Adèle a la réputation d’être chanceuse. Adèle envoie à Hugo une photo du billet avec un bref
texte confirmant la teneur de leur accord. Quelques jours passent et le tirage a lieu : le billet
est gagnant ! Adèle fait savoir aussitôt à Hugo qu’elle n’a aucune intention de lui remettre le
billet. D’après elle, elle n’aurait pris aucun engagement valable, puisqu’elle n’a rien signé. Hugo
ne l’entend pas de cette oreille et se demande s’il peut aller encaisser lui-même le lot auprès
de la loterie avec la photo du billet et la preuve de la conclusion du contrat.
Quelle est la situation juridique ?
6 Alpha SA achète des marchandises à Bêta SA pour CHF 100 000.–. Comme elle a quelques
difficultés de trésorerie, elle demande à Bêta SA de lui faire crédit pendant six mois, ce que
celle-ci accepte. Cependant, comme Bêta SA a également besoin de liquidités, elle demande
à sa banque, Gamma SA, de reprendre la créance et de lui avancer la somme, déduction faite
d’un escompte. Ceci amène Bêta SA à rédiger une lettre de change invitant Alpha SA à payer
à Gamma SA la somme de CHF 100 000.– à une certaine date. Après avoir obtenu l’accord
d’Alpha SA, Bêta SA vend la lettre de change à la banque. Indiquer qui sont le tireur, le tiré
et le preneur.
7 Leguma SA double son capital-actions. Il a été décidé de n’émettre que des actions au porteur.
Quels sont les risques induits par cette décision ?
8 Benoît et Claudine concluent ensemble un contrat de vente, à la suite duquel Claudine remet à
Benoît un titre au porteur incorporant la créance en paiement du prix de vente. Il s’avère par la
suite que le contrat est affecté d’un vice du consentement.
151
DROIT | ETAT | ECONOMIE
16 D
ROIT DE LA POURSUITE POUR
DETTES ET DE LA FAILLITE
16.1 Fondements de la poursuite
par voie de saisie et de faillite
Procédure de poursuite Dans un Etat de droit, le créancier ne peut pas contraindre le débiteur à régler ses dettes, puisque
c’est l’Etat qui détient le monopole de la force. L’Etat a donc mis en place des autorités et des
procédures permettant aux créanciers de recouvrer leurs créances.
La procédure de poursuite permet aux créanciers de recouvrer leurs créances. Elle est réglée de
manière uniforme en Suisse. Trois parties sont en présence : le créancier, le débiteur et l’office des
poursuites. La poursuite pour dettes est régie par la Loi fédérale sur la poursuite pour dettes et
la faillite ( LP ).
Poursuite par voie de saisie Dans la poursuite par voie de saisie, seuls sont frappés de saisie et réalisés ( c’est-à-dire liquidés )
les biens du débiteur nécessaires à la couverture du montant de la dette et des frais de poursuite.
Poursuite par voie de faillite La faillite aboutit à une liquidation générale des biens du débiteur.
Comment engager L’office des poursuites détermine la voie par laquelle la poursuite doit être engagée.La réquisi-
une poursuite ? tion de poursuite est adressée par le créancier à l’office des poursuites par écrit ou verbalement.
L’autorité compétente est l’office des poursuites du lieu de domicile ou de siège du débiteur. Les
offices des poursuites délivrent des formulaires à cet effet.
La réquisition de poursuite Le formulaire de réquisition de poursuite doit être déposé par le créancier à l’office des poursuites
( art. 67 LP ) du lieu de domicile du débiteur.
L’office des poursuites examine la réquisition de poursuite, vérifie si elle remplit les différents
critères formels et s’il est compétent. Les frais de poursuite sont à la charge du débiteur. Le
créancier doit cependant les avancer. L’office peut différer toute opération dont les frais n’ont
pas été avancés.
152
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Un extrait du registre des poursuites est systématiquement demandé avant la conclusion de certains
contrats, tels que le contrat de bail ou le contrat de prêt, dans la mesure où il permet d’évaluer la quali-
té d’un débiteur. Le fait d’avoir des poursuites, et à plus forte raison des actes de défaut de biens, peut
donc sérieusement compromettre la possibilité d’une personne de trouver un logement ou d’obtenir
un crédit.
Toutefois, une poursuite peut être injustifiée. En effet, lorsque l’office des poursuites reçoit une
réquisition de poursuite, il n’examine pas si elle est bien fondée, mais seulement si elle remplit les exi-
gences formelles. Si tel est le cas, il notifie le commandement de payer au débiteur (même si celui-ci
ne doit rien du tout !). C’est uniquement si le débiteur fait opposition à la poursuite (voir ci-après)
et si le créancier demande la mainlevée de l’opposition qu’un juge examine s’il a réellement un droit
contre le débiteur.
Le fait que, d’une part, le registre ne fasse pas de différence entre les poursuites justifiées et injusti-
fiées, et, d’autre part, que les poursuites restent inscrites pendant cinq ans, même lorsque le créancier
n’a pas demandé la mainlevée de l’opposition, peut être préjudiciable à la personne qui, pour une rai-
son ou pour une autre, a besoin d’une attestation de non-poursuite. Cette situation injuste a conduit
à ce que la LP soit modifiée en 2019, de manière à permettre, à certaines conditions, qu’une poursuite
ne soit pas portée à la connaissance des tiers (LP 8a al. 3 let. d).
Mainlevée définitive
Action en libération ( juge )
de dette
Réquisition de
continuer la poursuite
( créancier ) **
Le commandement de payer Dès réception de la réquisition de poursuite du créancier, l’office des poursuites rédige et envoie le
adressé au débiteur commandement de payer, par lequel le débiteur est sommé de payer dans les vingt jours le mon-
( art. 69 LP ) tant de la dette, ou de former opposition dans les dix jours. En même temps, on avertit le débiteur
que s’il n’obtempère pas au commandement de payer ou s’il ne forme pas opposition, la poursuite
suivra son cours.
La notification est opérée par le préposé, par un employé de l’office ou par la poste. Si la poursuite
concerne une personne morale ou une société, la notification se fait à son représentant.
153
DROIT | ETAT | ECONOMIE
L’opposition du débiteur Le débiteur poursuivi n’est pas obligé de motiver son opposition. L’opposition suspend la poursuite.
Pour faire lever l’opposition, le créancier doit s’adresser au juge. Sinon, il ne pourra pas requérir la
La mainlevée définitive continuation de la poursuite.Lorsque la créance repose sur un jugement exécutoire, le juge ordonne
( art. 80 ss LP ) la mainlevée définitive de l’opposition. Il n’y a pas de procédure de conciliation préalable.
La mainlevée provisoire Le créancier dont la poursuite se fonde sur une reconnaissance de dette écrite peut requérir la
( art. 82 ss. LP ) mainlevée provisoire. Si la mainlevée provisoire est prononcée, le débiteur peut ensuite intenter
au for de la poursuite une action en libération de dette ( procès civil ). Il n’y a pas de procédure de
conciliation préalable.
La mainlevée devient définitive si le débiteur ne fait pas usage de ce droit ou s’il est débouté de
son action.
Action en reconnaissance Lorsque le créancier ne dispose pas d’une reconnaissance de dette écrite, il ne lui reste que la voie
de dette du procès civil ordinaire. Un tel procès engendre cependant des frais élevés.
EXERCICES | CHAPITRE 16.1
1 Il y a un certain temps, André E. a promis d’inviter son ami Sébastien H. au restaurant de la
Truite. Jusqu’à présent, le repas n’a pas eu lieu, bien que Sébastien lui rappelle régulièrement
cette promesse. Peut-il mettre André en poursuites pour l’obliger à s’exécuter ?
2 Armand V. est un homme très occupé : il dirige sa propre entreprise spécialisée dans
l’immobilier ; il spécule à la bourse, siège dans les conseils d’administration de plusieurs
sociétés anonymes et s’occupe des affaires de la maison Armand et Paul, une société en nom
collectif spécialisée dans le commerce de fenêtres, qu’il a fondée avec son ami Paul T.. Il est
tellement occupé qu’il a « oublié » la facture et les sommations relatives à sa nouvelle voiture
de sport. Le vendeur de la voiture met Armand V. en poursuites.
Quel sera le mode de poursuite ?
3 Jérome E. n’a pas les moyens de régler les intérêts hypothécaires relatifs à l’hypothèque de
sa villa. Pour cette raison, la banque a résilié le prêt hypothécaire. Bien entendu, il ne peut pas
rembourser la dette hypothécaire et, dans ces conditions, une autre banque n’est pas prête
à reprendre l’hypothèque. Une fois passée l’échéance du délai de remboursement, la banque
met Jérome E. en poursuite. Quelle sera le mode de poursuites dans ce cas ?
Emile Maillat, route de Neuchâtel 3, 2520 La Neuveville, se refuse à payer la marchandise livrée pour
CHF 3 000.– et ce en dépit des rappels écrits qui lui ont été adressés le 28 février et le 30 avril 2011
par le vendeur, Olivier Clerc . Ce dernier désire maintenant recouvrer sa créance. Il remplit une
réquisition de poursuite sur la base des renseignements suivants :
Olivier Clerc envoie ensuite la réquisition de poursuite à l’office des poursuites compétent.
Dès réception de la réquisition, l’office des poursuites notifie au débiteur Emile Maillat un commande-
ment de payer par la poste ( lettre recommandée ) ou par un employé de l’office. Il est établi en deux
exemplaires, dont l’un est laissé au débiteur et l’autre renvoyé signé au créancier.
154
ECONOMIE | ETAT | DROIT
RÉQUISITION DE POURSUITE
A l’office des poursuites
Canton
Banque désignée pour recevoir les paiements préalables selon l’art. 227 b CO :
Autres observations
155
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Verso du formulaire
Explications
1 Lorsque la poursuite est dirigée contre des codébi- 7 Le créancier, bailleur de locaux commerciaux, qui
teurs, le créancier doit remplir autant de réquisitions n’a pas encore requis une prise d’inventaire pour la
de poursuite différentes qu’il y a de débiteurs. sauvegarde de son droit de rétention, doit le faire au
moment de la réquisition de poursuite.
2 Si la poursuite est dirigée contre une succession,
le créancier doit en indiquer le représentant ou, si 8 Le créancier qui requiert la poursuite pour effets de
ce dernier est inconnu, l’héritier auquel les actes de change doit l’indiquer expressément et joindre à sa
poursuite doivent être notifiés. réquisition l’effet de change ou le chèque.
3 Si le débiteur marié est soumis au régime matrimo- For de la poursuite ( art. 46 – 52 LP ) :
nial de la communauté de biens ( art. 221 ss CC ), il
faut aussi indiquer dans la réquisition de poursuite 1 Poursuite par voie de saisie ou de faillite : Le for de la
les nom, prénom et adresse exacte de son conjoint. poursuite se trouve :
Tous les actes de poursuite doivent dans ce cas a ) pour les personnes capables d’agir :
être notifiés au conjoint du débiteur, qui peut aus- à leur domicile ;
si former opposition au commandement de payer. b ) pour les mineurs : au domicile du détenteur de
( Art. 68 a LP ). Si, dans une poursuite introduite l’autorité parentale ;
contre une femme mariée vivant sous le régime c ) pour les personnes sous tutelle :
de l’union des biens ou de la communauté externe au siège de l’autorité tutélaire ;
de biens selon les dispositions du Code civil dans d ) pour les personnes morales et sociétés inscrites
sa teneur de 1907 ( art. 9 e et 10 Titre final CC ), le au registre du commerce : au siège social
créancier prétend que la poursuite se continue non indiqué en dernier lieu par les publications de la
seulement sur les biens réservés, mais aussi sur les « Feuille officielle suisse du Commerce »;
apports de la femme, respectivement sur les biens e ) pour les personnes morales non inscrites :
de la communauté, il doit indiquer, dans la réquisi- au siège principal de leur administration ;
tion de poursuite, le régime matrimonial et exiger de f ) pour les indivis : à défaut de représentant,
manière expresse que le commandement de payer au lieu où ils exploitent l’indivision en commun ;
et les actes de poursuite subséquents soient aussi g ) pour la communauté des propriétaires par
notifiés au mari ( en indiquant ses nom, prénom et étages : au lieu de situation de l’immeuble ;
adresse ). Celui-ci peut former opposition au com- h ) pour le débiteur qui n’a pas de domicile fixe :
mandement de payer. Si le créancier ne sait ni ne au lieu où le débiteur se trouve ;
doit savoir que les époux demeurent soumis à un i ) pour les successions : au lieu où le défunt pouvait
régime matrimonial de l’ancien droit, il lui suffit de lui-même être poursuivi à l’époque de son décès ;
requérir la poursuite contre l’épouse ( art. 9 e al. 2 et k ) pour le débiteur domicilié à l’étranger ;
10 a al. 1 Titre final CC ). qui possède un établissement en Suisse :
au siège de l’établissement ;
4 Lorsque la poursuite est requise par une succession, l ) pour le débiteur domicilié à l’étranger, qui a
il y a lieu d’indiquer dans la réquisition les noms de élu domicile en Suisse pour l’exécution d’une
tous les héritiers. obligation : au domicile élu.
5 Lorsque la créance est garantie par gage, mentionner 2 Poursuite en réalisation d’un gage mobilier : la pour-
sous « Autres observations » l’objet du gage, le lieu où il suite s’opère au for selon ch. 1 ou au lieu où se trouve
se trouve et, le cas échéant, le nom et l’adresse du tiers le gage.
propriétaire du gage. Lorsque l’objet du gage est un
immeuble, il y a lieu d’indiquer s’il sert de logement fa- 3 Poursuite en réalisation d’un gage immobilier : la
milial au débiteur ou au tiers. S’il s’agit d’un immeuble poursuite s’opère au lieu de situation de l’immeuble.
loué ou affermé, l’extension du gage aux loyers et fer-
mages doit faire l’objet d’une déclaration expresse de 4 Poursuite après séquestre : la poursuite s’opère au
la part du créancier gagiste poursuivant. for selon ch. 1 ou au lieu où l’objecte séquestré se
trouve, à moins que le créancier n’ait introduit une
6 Si la poursuite est précédée d’un séquestre, indiquer le poursuite ou une action déjà avant l’ordonnance de
numéro d’ordre et la date du procès-verbal de séquestre. séquestre ( art. 279 al. 1 LP ).
Frais de poursuite
1 Le créancier fait l’avance des frais de poursuite, mais il 2 Dans la poursuite en réalisation d’un gage immo-
a le droit de les prélever sur les premiers versements bilier, le créancier doit, s’il exige que le gage com-
du débiteur. L’office peut différer toute opération prenne les loyers et fermages ( art. 806 CC ), verser
dont les frais n’ont pas été avancés, à la condition d’en à l’office — outre les frais du commandement de
aviser le créancier, en lui fixant un délai convenable payer — une avance des frais en vue des mesures lé-
pour effectuer l’avance réclamée. Si le créancier ne gales prévues pour assurer l’encaissement de loyers
s’exécute pas dans le délai, il est réputé avoir renoncé et fermages. Cette avance doit être effectuée même
à l’opération requise. dans le cas où, lors de l’introduction de la poursuite
en réalisation du gage, l’immeuble fait déjà l’objet
d’une saisie ( art. 91 ORFI ).
Avis
Les réquisitions de poursuite peuvent aussi être faites pendant les féries et la suspension des poursuites.
156
ECONOMIE | ETAT | DROIT
2 Suite de l’exercice précédent ) Dans le doute, Flavie téléphone à son mari, qui lui dit de faire
immédiatement opposition à la poursuite pour son compte. Est-ce possible, d’après la loi ?
EXERCICES | CHAPITRE 16.1
1 Charles F. apprend par l’avis de saisie que celle-ci sera exécutée lundi prochain à 10 heures.
A ce moment-là, il prévoit d’être absent et pense que cela lui permettra d’éviter la saisie.
La décision de Charles F. est-elle judicieuse ?
2 Charles F. a finalement abandonné son idée et s’est présenté ponctuellement lors la saisie
de ses biens. Le préposé lui a demandé s’il possédait de l’argent liquide ou des valeurs, ce à
quoi il a répondu par la négative. Le préposé n’a trouvé qu’un logement très modeste équipé
d’un lit, d’une armoire à habits et de quelques vêtements de peu de valeur ; dans la cuisine,
quelques conserves et les articles hygiéniques usuels propres à une salle de bain.
3 Douze ans se sont écoulés depuis que Charles F. a fait l’objet de la saisie. Le temps des vaches
maigres appartient au passé. En effet, il a trouvé une bonne place de travail, a déménagé et
dispose d’un appartement bien meublé : œuvres d’art, installation stéréo, deux appareils de
télévision et bien d’autres choses encore. Il est même propriétaire de deux voitures.
Le créancier qui, à l’époque, l’avait poursuivi sans succès, prend connaissance de cette
nouvelle situation. Peut-il engager une nouvelle poursuite contre Charles F.?
4 Chez Marianne B., le préposé trouve quelques objets de valeur qu’il a la possibilité de saisir.
Ces objets figurent sur le procès-verbal de saisie et sont munis d’une étiquette autocollante de
l’office des poursuites précisant qu’ils ont été saisis. Quel est l’effet de la saisie et quelle est
la signification de cet étiquetage ?
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DROIT | ETAT | ECONOMIE
6 Les trois parties « créancier », « débiteur » et « office des poursuites » sont les acteurs de la
poursuite par voie de saisie. Complétez le schéma ci-dessous en indiquant les étapes de la
procédure.
Juge
Procédure de mainlevée
158
ECONOMIE | ETAT | DROIT
De nombreux contrats sont conclus moyennant la fourniture d’une garantie sous la forme d’un gage
mobilier ( nantissement ) ou immobilier ( hypothèque ). Ce mode de poursuite présente deux avan-
tages : d’abord, il permet de requérir la réalisation du gage immédiatement après la poursuite pré-
alable ; ensuite, il permet au créancier d’être remboursé en priorité sur le produit de la réalisation
du gage. S’il y a plusieurs créanciers gagistes pour le même bien gagé, le créancier de 1er rang est
remboursé en priorité, puis celui de 2e rang, et ainsi de suite.
La poursuite en réalisation du gage a une grande importance pratique dans le domaine de l’immobilier.
Réquisition de poursuite et
commandement de payer
Réquisition du gage
Réquisition de continuer
la poursuite
Commination de faillite
Avis de saisie puis saisie
puis faillite
EXERCICE | CHAPITRE 16.2
1 Eric B. a accordé à son collègue Eugène G. un prêt de CHF 10 000.– pour une durée de trois
ans. En garantie de ce prêt, Eugène G. a remis en gage à Eric B. un tableau de valeur.
La fortune ne sourit guère à Eugène G. qui est incapable de payer la dernière tranche d’intérêt
annuel, ni de rembourser le prêt à l’échéance convenue.
159
DROIT | ETAT | ECONOMIE
160
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Commination de faillite
Réquisition de faillite
Ouverture de la faillite
Procédure de faillite
Clôture de la faillite
161
DROIT | ETAT | ECONOMIE
2 Le tribunal exige une avance de frais de CHF 3 000.– pour l’ouverture de la faillite
de la maison Sontrans SA. Félix J. n’est pas disposé à payer cette avance de frais.
Quelle influence cette décision aura-t-elle sur la procédure ?
4 La maison Sontrans SA bénéficie d’un prêt consenti par une banque de la place, prêt dont
l’échéance de remboursement est prévue dans deux ans. La banque doit-elle attendre deux ans
avant de pouvoir exiger le remboursement de son prêt ?
5 Antoine H. travaille chez Sontrans SA. Depuis trois mois, il n’a pas reçu de salaire. Il craint de ne
plus recevoir son dû car il n’a fait valoir sa créance de salaire que deux semaines après l’appel
aux créanciers et il sait que la banque a annoncé depuis longtemps sa demande de rembourse-
ment du prêt. Il se plaint en disant que « les petits sont toujours les derniers servis ».
Les craintes d’Antoine H. sont-elles fondées ?
6 Présentez graphiquement les principes selon lesquels est établi l’état de collocation.
7 Comment et à quel moment peut-on avoir une idée de l’importance de la masse de la faillite ?
10 Joseph S. vit sur un grand pied, vraisemblablement sur un trop grand pied. Il a accumulé les
poursuites et ses revenus ne suffiront probablement pas à éponger sa montagne de dettes
dans un délai raisonnable. Joseph S. a-t-il encore une chance de pouvoir repartir à zéro ?
12 La poursuite pour effet de change est une forme de poursuite accélérée. Quand peut-on,
au plus tôt, ouvrir une faillite dans le cas d’une poursuite pour effet de change ?
162
ECONOMIE | ETAT | DROIT
16.5 Le séquestre
Le séquestre est une procédure accélérée qui permet la mainmise provisoire sur les biens d’un
débiteur. Le créancier peut le requérir lorsqu’il y a lieu de craindre que le débiteur ne dispose de
ses biens avant qu’une saisie puisse intervenir.
16.6 La révocation
La révocation a pour but de soumettre à l’exécution forcée des biens qui lui ont été soustraits
par suite d’un des actes mentionnés dans la loi ( art. 286 à 288 LP ). Autrement dit, il s’agit de
révoquer des actes accomplis par le débiteur et qui ont porté préjudice à ses créanciers. Des
biens qui ne faisaient plus partie du patrimoine du débiteur y seront réintégrés et seront ainsi
soumis à la saisie ou tomberont dans la masse de la faillite.
Un des cas de figure prévu par la loi est celui d’une donation faite par le débiteur ( cadeaux
usuels mis à part ) dans l’année qui précède la saisie ou la déclaration de faillite. Sont aussi révo-
cables les actes par lesquels le débiteur a frauduleusement diminué son patrimoine saisissable
( par exemple en transférant ses biens à des prête-noms ) dans les cinq ans précédant la saisie
ou la déclaration de faillite.
2 Rober G., entrepreneur indépendant, est propriétaire d’une petite entreprise de taxi. Au fil des
ans, sa fortune lui a permis de s’offrir une villa. Lorsqu’il remarque que la rentabilité de son en-
treprise décline, que ses dépenses augmentent et qu’il creuse son déficit chaque mois, il prend
peur et craint de devoir vendre sa villa pour payer les dettes qui s’accumulent. Il décide alors
de mettre la maison au nom de sa femme et conclut avec elle un contrat de mariage stipulant
la séparation de biens. Quatre mois plus tard, Rober G. se déclare insolvable et demande sa
mise en faillite. Comment ses créanciers, qui le tenaient pour un entrepreneur prospère et
propriétaire d’une villa, peuvent-ils se défendre ?
La faillite n’est pas toujours la meilleure solution pour les débiteurs car il peut y avoir des valeurs
immatérielles dans les entreprises. Ces valeurs disparaîtraient dans la faillite avec l’élimination
économique du débiteur. Pour cette raison, la LP prévoit une alternative à la faillite : la procé-
dure concordataire. Dans le cadre d’un concordat, les créanciers renoncent à une partie de leurs
créances pour permettre à l’entreprise de survivre.
La loi prévoit une démarche similaire, discrète et sans frais pour les particuliers. Le juge leur
accorde un sursis de trois mois, prolongeable jusqu’à six mois au maximum, pendant lequel un
commissaire conseille le débiteur afin de l’amener à présenter une proposition d’assainissement
financier à ses créanciers. Le débiteur peut proposer un dividende à ses créanciers ( autrement
dit l’effacement d’une partie de leurs créances ), demander un sursis supplémentaire ou d’autres
facilités de paiements.
163
DROIT | ETAT | ECONOMIE
17 LE SYSTÈME JUDICIAIRE
ET LE DROIT PÉNAL
Là où des êtres humains se rassemblent – que ce soit pour cohabiter, travailler ou passer des
loisirs –, surgissent inévitablement des problèmes, qui peuvent dégénérer en conflits, quelquefois
même en affrontements. C’est alors le rôle et le devoir de l’Etat d’imposer – si nécessaire par la
contrainte – le respect de la loi. Cette tâche importante revient au système judiciaire.
Les conflits entre personnes et les atteintes à l’ordre juridique sont d’une grande diversité et ap-
pellent donc des solutions différenciées.
ETAT
Le cloisonnement entre procédure pénale et procédure civile n’est pas toujours hermétique. En
effet, il arrive parfois qu’un litige comporte à la fois des aspects civils et des aspects pénaux. Pour
ce qui est des litiges avec l’administration, ils sont soumis à une procédure spécifique : en général,
ils sont d’abord traités au niveau interne par l’administration concernée ( parfois par une autorité
administrative supérieure ), puis, dans un deuxième temps, ils sont portés devant le tribunal ad-
ministratif.
L’organisation judiciaire varie d’un canton à l’autre. Les autorités cantonales de première instance
portent généralement les noms suivants : autorité de conciliation, tribunal d’instance, tribunal de
district ou tribunal d’arrondissement. L’autorité judiciaire de deuxième instance est le plus sou-
vent appelée tribunal cantonal, parfois tribunal supérieur.
La plupart des cantons ont également institué des autorités spécialisées pour certains types de
litiges, telles que tribunaux de commerce, tribunaux de prud’homme ( pour les litiges de droit du
travail ), tribunaux des baux, etc. Pour les affaires civiles de moindre importance, de même que
pour les infractions de faible gravité, le tribunal est souvent composé d’un juge unique, alors que
pour les affaires civiles plus importantes et les infractions graves, le tribunal est formé de trois ou
cinq juges ( tribunal collégial ) : un( e ) président( e ) et deux ou quatre assesseurs ( le plus souvent
des laïcs, c’est-à-dire des magistrats non professionnels ).
164
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Toute personne peut être partie dans un procès. Cependant, pour pouvoir agir en justice, il faut
avoir l’exercice des droits civils. Les personnes n’ayant pas la capacité civile doivent donc agir par
l’intermédiaire de leur représentant légal ( parents ou curateur ).
Le tribunal civil
Président du tribunal
Juges assesseurs
1 Procédure de conciliation
Le juge de conciliation tente d’amener les parties
( demandeur et défendeur ) à un accord.
2 Dépôt de la demande auprès du tribunal
( si la conciliation a échoué )
Exposition des arguments et des moyens de preuve.
3 Transmission de la demande au défendeur
par le tribunal
4 Dépôt de la réponse par le défendeur
Déterminations sur les arguments du demandeur, exposition
des contre-arguments et des moyens de preuve.
5 Audience
Audition des parties, des témoins, des experts, etc.
6 Jugement
Le tribunal admet ou rejette la demande.
7 Appel ou recours
L’affaire est portée devant l’autorité supérieure.
Le procès civil Le procès civil concerne les litiges entre des personnes privées, demandeur( s ) d’une part,
défendeur( s ) d’autre part. Une procédure civile n’est jamais entamée d’office, mais seulement si une
personne prend l’initiative de saisir le tribunal. On applique ici l’adage « pas de juge sans plaignant ».
Les parties se trouvent engagées dans un procès parce qu’elles ont des prétentions opposées. Le
rôle du tribunal est de mettre fin au litige en rendant un jugement par lequel il admet la demande
( entièrement ou partiellement ) ou, au contraire, la rejette.
En Suisse, sauf dans quelques rares exceptions, un procès civil doit commencer par une procé-
dure de conciliation. Si la conciliation échoue, l’affaire peut alors être portée devant le tribunal de
première instance, avec les coûts élevés qui en découlent ( frais d’avocat et frais de justice ). Pour
certains types de litiges ( notamment les litiges de droit du travail dont la valeur litigieuse est infé-
rieure à CHF 30 000.– ), la procédure est gratuite ( s’agissant des frais de justice, seulement, bien
sûr, et non des frais d’avocat ! ). Si l’une des parties est mécontente du jugement, elle a la possi-
bilité de le contester devant l’autorité de deuxième instance en déposant un appel ou un recours.
Le procès pénal
Président du tribunal
Juges assesseurs
Procureur ( représentant du
ministère public, il défend les Prévenu Défenseur du prévenu
intérêts de la société )
165
DROIT | ETAT | ECONOMIE
La procédure pénale vise à découvrir et réprimer les comportements contraires à la loi. Elle n’a
pas pour but principal de satisfaire des prétentions privées, mais d’infliger les sanctions prévues
par le législateur.
La partie spéciale du Code pénal définit un certain nombre d’infractions et, pour chacune d’elles,
fixe le cadre de la peine. Le Code pénal et le Code pénal militaire ne sont cependant pas les seules
lois à contenir des dispositions pénales. On en trouve dans environ 300 autres lois fédérales,
parmi lesquelles la loi sur la circulation routière, la loi sur les stupéfiants, la loi sur les armes ou
encore la loi sur les douanes.
Tandis qu’un procès civil ne débute que si une personne ( physique ou morale ) saisit le tribunal
avec une demande, en droit pénal il y a deux cas de figure possibles : si l’infraction se pour-
suit seulement sur plainte ( p. ex.: injure, calomnie, voies de fait, lésions corporelles simples par
négligence ), le lésé doit porter plainte pour que la procédure pénale s’enclenche. Par contre,
dans le cas des infractions poursuivies d’office ( crimes et délits plus graves, p. ex. meurtre, viol,
enlèvement, brigandage ), la procédure est enclenchée dès que la police ou le ministère public
conçoit des soupçons laissant présumer qu’une infraction a été commise ( par exemple suite à
une dénonciation ).
166
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Le droit public Le droit public régit les relations entre les personnes privées ( particuliers, associations, entre-
prises, etc. ) et les autorités étatiques. Le droit administratif en constitue la partie la plus impor-
tante ( du point de vue de nombre de lois ) et concerne des domaines très divers : droit fiscal
( impôts et taxes ), droit de la construction, droit des télécommunications, etc.
Il existe de très nombreuses autorités administratives, chacune ayant son domaine de com-
pétence : les décisions de taxation sont rendues par les autorités fiscales, les autorisations de
construire sont octroyées par les municipalités, les permis de conduire sont délivrés ( et aussi,
parfois, retirés ! ) par les services des automobiles, etc.
Toute décision en matière administrative doit obéir à un certain nombre de principes fondamen-
taux, le plus important d’entre eux étant le principe de la base légale, qui impose à l’autorité de
fonder sa décision sur une loi.
Les décisions des autorités administratives peuvent être contestées par la voie d’une opposition
ou d’un recours. L’autorité qui a rendu la décision ( par exemple le refus d’octroyer le permis de
construire ou la suspension du permis de conduire ) est tenue d’indiquer auprès de quelle autorité
et dans quel délai le destinataire de la décision peut la contester.
Les litiges entre personnes Les infractions ( p. ex. au Code Les litiges entre les personnes pri-
privées conduisent à un pénal ) déclenchent une vées et l’Etat donnent lieu à une
EXERCICES | CHAPITRE 17
■ 1. Claude Berger résilie le contrat de bail de François Perrier, car celui-ci n’a pas payé son loyer,
ceci pour la deuxième fois au cours de la même année. En même temps, Berger envoie une lettre
en recommandé à son locataire pour le sommer de s’acquitter sans délai des loyers dus.
■ 2. Mariés depuis trois ans seulement, Lucie et Pierre Jubin veulent divorcer.
Ils sont convoqués par le juge.
■ 3. Pascal a rempli sa première déclaration d’impôt et l’a envoyée dans les délais. Il fait valoir
comme frais professionnels l’achat de son nouvel ordinateur, d’une imprimante laser couleur,
d’un scanner ainsi que de trois logiciels professionnels. L’office d’impôt n’a retenu que les frais
d’achat de l’ordinateur et de l’imprimante. L’opposition formée par Pascal a été rejetée. Pascal
fait recours pour obtenir le droit de déduire de son revenu tous ses frais professionnels.
167
DROIT | ETAT | ECONOMIE
■ 6. Charles Lunard a été pincé par les douaniers alors qu’il tentait de faire passer
la frontière à un immigré clandestin qu’il avait caché dans le coffre de sa camionnette.
Il doit s’en expliquer devant le tribunal.
■ 10. Louis Charmin attend son train à la gare. Alors qu’il fume un joint, il est interpellé
par une patrouille de la police ferroviaire.
■ 11. Le FC Souribout a perdu un match important. Après le match, quatre jeunes supporters
frustrés démolissent les antennes et les rétroviseurs de toutes les voitures stationnées dans les
environs du stade. Des automobilistes furieux appellent la police. L’un d’entre eux a réussi à
prendre les hooligans en photo et remet les clichés à la police.
■ 12. En sortant d’un concert, Cyril et Guillaume ont une querelle et commencent à se battre. Cyril
balance un coup de poing à Guillaume et lui casse une dent.
Pour une action en dommages-intérêts d’une valeur litigieuse de CHF 100 000.– dans le
canton de Zurich, il faut prévoir CHF 600.– pour l’émolument de conciliation. Pour les
frais de première instance, il faut ensuite compter entre CHF 6 000 et 17 500.–. La partie
qui perd le procès doit verser des dépens à son adversaire, d’un montant allant de CHF
7 000.– à 22 000.–. Des frais du même ordre sont à prévoir pour la procédure d’appel ou
de recours devant le Tribunal cantonal. Les dépens sont légèrement moins élevés. Enfin,
devant le Tribunal fédéral, les frais pour un recours en matière civile ( avec la même valeur
litigieuse de CHF 100 000.– ) se montent entre CHF 2 000.– et 5 000.– et les dépens oc-
troyés à la partie victorieuse entre CHF 5 000.– et 10 000.–. En cas de lésions corporelles,
( Source : NZZ n° 44, 2015, p. 23 )
une expertise médicale est souvent nécessaire, avec des frais supplémentaires compris en
moyenne entre CHF 10 000.– à 20 000.–, et qui seront mis à la charge de la partie succom-
bante. Un procès conduit jusqu’en dernière instance et portant sur une valeur litigieuse de
CHF 100 000.– peut ainsi, entre les frais de justice, les frais d’avocat et les dépens dus à
l’autre partie, coûter plus cher que la somme réclamée. De plus, le demandeur ou le recou-
rant doit faire l’avance des frais de justice et, en cas de gain du procès, c’est lui – et non
la caisse du tribunal – qui devra les recouvrer auprès de la partie adverse, avec tous les
risques liés à l’éventuelle insolvabilité ou faillite de celle-ci.
168
ECONOMIE | ETAT | DROIT
La fonction du droit pénal Pour que la vie sociale soit possible, il est nécessaire d’édicter des normes de comportement sous
la forme d’interdictions ou d’ordres. Dans certains cas, le respect de ces normes peut être imposé
par la contrainte. C’est le cas du vélomoteur trafiqué qui est confisqué. La contrainte la plus sé-
vère reste la peine : il ne suffit pas de reprendre l’objet volé à un voleur pour le restituer au lésé ;
le voleur sera en plus sanctionné, par ex. par une peine privative de liberté. Les sanctions pénales
sont ainsi un soutien nécessaire du droit en tant que fondement de l’ordre social.
Le but de la peine Selon la conception moderne de la peine, celle-ci doit viser trois objectifs :
1 La rétorsion
La peine vise à « compenser » le mal que l’auteur a commis par un mal que lui inflige
intentionnellement l’Etat.
Ces trois objectifs conduisent à une réflexion sur le type et l’étendue de la peine.
De l’idée de rétorsion, on peut déduire que la sanction, en tant que compensation du tort causé,
doit être maintenue dans une juste proportion. Une peine équilibrée ne doit être ni trop lourde, ni
trop légère, au regard de la gravité de l’acte commis.
La menace de peines sévères basées sur la loi est un moyen généralement efficace pour dissuader
les gens de commettre des délits. La discussion s’enflamme cependant rapidement lorsqu’il s’agit
de condamner des actes particulièrement odieux ; des voix se font alors souvent entendre pour
appeler au rétablissement de la peine de mort.
169
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Enfin, l’exécution de la peine est orientée vers la resocialisation du coupable. Cela nécessite une
sanction individualisée, adaptée à la personnalité de l’auteur.
Pour ces raisons, le législateur n’a pas prévu des peines fixes pour chaque infraction, mais un cadre
assez large permettant au juge d’adapter la sanction au cas individuel. Si l’on prend l’exemple du
vol, l’art. 139 ch. 1 CP fixe une fourchette allant d’un jour-amende à une peine privative de liberté de
cinq ans. Le tribunal dispose donc d’une importante marge de manœuvre.
La faute En condamnant le coupable à une peine, l’Etat lui impute la responsabilité d’un comportement
contraire à la loi. Cela n’est cependant possible que si l’auteur de l’acte a agi de manière fautive,
c’est-à-dire si ses actes peuvent lui être personnellement reprochés. Un comportement n’ est donc
répréhensible que si son auteur disposait de la faculté mentale et de la possibilité matérielle de
reconnaître le caractère illicite de son acte et de se déterminer d’après cette appréciation.
Si ces capacités lui faisaient défaut à l’instant de l’acte, l’auteur de l’acte sera déclaré irresponsable
et donc acquitté ( le tribunal pourra cependant ordonner une mesure, si la sécurité publique l’exige ) ;
si elles étaient diminuées, sa responsabilité sera restreinte et la peine réduite en conséquence.
Faute
+
capacité mentale possibilité matérielle
de reconnaître le caractère
illicite d’un acte
et de se déterminer
d’après cette appréciation
Le comportement peut
être reproché à l’auteur
Crimes – Délits – Dans la plupart des systèmes juridiques, le caractère illicite d’une infraction est apprécié de ma-
Contraventions nière différenciée. Ainsi, celui qui tue un être humain de manière barbare est puni bien plus
sévèrement que l’automobiliste qui n’attache pas sa ceinture. C’est pourquoi la loi introduit une
gradation parmi les délits, en fonction de leur gravité. On distingue ainsi :
Les crimes Les crimes sont les infractions passibles d’une peine privative de liberté de plus de trois ans
( art. 10 al. 2 CP ). La durée maximale est de 20 ans, sauf dans les cas où la loi prévoit expressé-
ment la réclusion à vie ( art. 40 CP ).
Les délits Les délits sont les infractions passibles d’une peine privative de liberté de moins de trois ans ou
d’une peine pécuniaire ( art. 10 al. 3 CP )
Peine privative de liberté : 6 mois à 3 ans ( art. 40 CP ). La réforme du droit des sanctions, qui entrera
en vigueur le 1er janvier 2018, abaissera la durée minimale de la peine privative de liberté à 3 jours.
Peine pécuniaire : 360 jours-amende au maximum ; le tribunal fixe la valeur du jour-amende entre
CHF 10.– et CHF 3 000.– ( art. 34 CP ). Le minimum de CHF 10.– n’a pas été fixé par le législateur
mais par le Tribunal fédéral, qui a estimé qu’en-dessous de ce seuil la sanction perdrait toute
signification ( 135 IV 180 ). A partir du 1er janvier 2018, la valeur minimale du jour-amende sera
portée à CHF 30.– ( avec néanmoins la possibilité pour le juge, si la situation personnelle et éco-
nomique du délinquant l’exige, de le réduire jusqu’à CHF 10.–). D’autre part, la peine pécuniaire ne
pourra plus être inférieure à 3 jours-amende ni dépasser 180 jours-amende.
Travail d’intérêt général : 720 heures au maximum ; seulement avec le consentement de l’auteur
( art. 37 CP )
170
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Les contraventions Les contraventions sont les infractions passibles de l’amende ( art. 103 CP )
Amende : CHF 100.– à CHF 10 000.– ( art. 106 al. 1 CP )
Peine privative de liberté de substitution de 1 jour à 3 mois ( art. 106 al. 2 CP )
Travail d’intérêt général : 360 heures au maximum ; seulement avec le consentement de l’auteur
( art. 107 CP )
EXERCICES | LA PUNISSABILITÉ
1 Joseph Keller est victime d’une crise d’épilepsie dans un magasin de porcelaine ; dans sa chute,
il entraîne une étagère ainsi qu’une table sur laquelle étaient exposées des pièces de collec-
tion. Les dégâts sont considérables. Monsieur Keller peut-il être condamné pour dommages à
la propriété au sens de l’art. 144 CP ?
2 Susanne a quitté son concubin Thomas et réside désormais dans son propre appartement.
Thomas n’a pas encore accepté sa nouvelle situation et désire, selon ses propres termes, se
venger de son ancienne amie. Il décide de pénétrer nuitamment dans le nouveau logement de
celle-ci et d’y mettre le feu. Cependant, le soir prévu, quelques scrupules le retiennent ; il se
met à boire pour se donner du courage. Après avoir consommé plus que de raison, il exécute
son plan. Susanne est sauvée au dernier moment, tandis que son logement brûle entièrement.
Au cours de la procédure, Thomas fait valoir une ivresse avancée et estime avoir été complète-
ment irresponsable. Thomas peut-il réellement espérer être exempté de toute peine ?
3 Depuis qu’elle a découvert que son mari avait une maîtresse, Hélène Jeanneret projette
de l’assassiner. Pour y parvenir, elle prend contact avec Herbert Koller, homme de main
capable de tout moyennant finances. Elle lui offre CHF 50 000.– pour qu’il tue son mari.
Herbert exécute le sordide marché et se fait arrêter par la police quelques jours plus tard.
Il est condamné pour assassinat ( art. 112 CP ).
Quelle sera la sanction appliquée à l’égard d’Hélène Jeanneret ?
4 Claude et Michel ont des difficultés financières. Une nuit, ils décident de dévaliser le kiosque
du parc. Claude fait le guet tandis que Michel, grâce à un outillage spécialisé, pénètre par
effraction dans le kiosque, vide la caisse et emporte divers articles alimentaires, cigarettes,
etc. Finalement, les deux compères prennent la fuite, mais ils sont bientôt arrêtés. Michel est
condamné pour effraction ( art. 186 CP ), dommages à la propriété ( art. 144 CP ) et vol
( art. 139 CP ). D’après vous, comment Claude sera-t-il jugé ?
5 David et Nicolas projettent de braquer une banque. Tout est planifié jusque dans les
moindres détails. Il ne leur manque plus qu’un chauffeur pour le véhicule dans lequel ils
prendront la fuite. Ils prennent donc contact avec Luc et lui promettent CHF 1 000.– s’il les
attend avec sa voiture devant la banque et les emmène lorsqu’ils en sortiront. Luc n’a pas
été mis au courant du projet de hold-up mais flaire quelque chose de louche. Il accepte
cependant la proposition. Après tout, se dit-il, cela met toujours du beurre dans les épinards.
Le braquage réussit, mais à peine arrivent-ils au deuxième carrefour que la police les arrête
tous les trois. David et Nicolas sont condamnés comme coauteurs du vol à main armée.
Comment le tribunal appréciera-t-il le rôle tenu par Luc ?
6 Marguerite Grandjean, riche veuve, a été victime d’un vol. L’enquête de la police a permis
d’arrêter les voleurs : Théodore Grandjean, neveu de Mme Grandjean, et Bruno Martin. Une
procédure pénale a été ouverte contre Bruno Martin pour vol ( art. 139 CP ). Quant à Théodore,
il a été entendu par la police, mais n’a pas été inculpé. Comment expliquez-vous cela ?
171
DROIT | ETAT | ECONOMIE
7 Caché dans le recoin sombre d’une ruelle, Pierre Leduc jaillit sur l’homme d’affaires Jean Clerc.
Armé d’un pistolet, il lui crie : « La bourse ou la vie ». Mais Jean Clerc n’a pas oublié sa forma-
tion militaire au combat rapproché et Pierre Leduc se retrouve rapidement au sol avec une
côte cassée, une fracture du bassin et une commotion cérébrale. Jean Clerc doit-il s’attendre
à répondre devant la justice de lésions corporelles simples ( art. 123 CP ) ? Comment
jugeriez-vous l’affaire si Jean Clerc avait sorti un couteau et poignardé à mort Pierre Leduc ?
9 Afin de gagner un peu de temps, Jonas a pris l’habitude de traverser à pied le jardin de son
voisin pour se rendre au travail le matin. Celui-ci, excédé, lui a fait savoir que désormais il n’en-
tendait plus le tolérer. Quelque temps plus tard, cependant, Jonas se trouve derechef en retard
pour attraper son train et ne résiste pas à la tentation d’emprunter à nouveau son raccourci fa-
vori. Le soir, en rentrant du travail, son voisin l’interpelle et lui fait savoir qu’il a déposé plainte
pénale contre lui. Jonas ne voit pas quelle infraction on pourrait lui reprocher. Éclairez-le.
L’exécution de la peine Avec la révision de la partie générale du Code pénal, entrée en vigueur le 1er janvier 2007, la dis-
privative de liberté tinction entre réclusion, emprisonnement et arrêts a été abandonnée au profit de l’unique peine
privative de liberté.
Les cantons doivent exécuter les jugements rendus par leurs tribunaux pénaux ( art. 372 CP ). Pour
cela, ils doivent mettre en place deux types d’établissements : des établissements ouverts et des
établissements fermés, qui pourront être différenciés encore davantage en fonction des besoins
réels ( art. 76 al. 1 CP ). Le détenu pourra être placé dans un établissement fermé, ou dans la section
fermée d’un établissement ouvert, si l’on peut craindre qu’il prenne la fuite ou commette d’autres
actes délictueux ( art. 76 al. 2 CP ).
La dignité du prisonnier doit être respectée pendant l’exécution d’une peine privative de liberté.
Ses droits ne peuvent être restreints que dans la mesure où la privation de liberté et la vie collective
dans l’établissement pénitentiaire l’exigent ( art. 74 CP ). L’exécution de la peine doit viser à améliorer
le comportement social du détenu, notamment son aptitude à vivre sans commettre d’infraction
( art. 75 al. 1 CP ). Le détenu est astreint au travail et reçoit une rémunération en rapport avec ses
prestations et adaptée aux circonstances ( art. 83 al. 1 et art. 83 al. 1 CP ). Ce revenu doit permettre au
détenu de couvrir ses dépenses durant sa détention ( par exemple pour des produits courants tels
que l’alimentation, l’affranchissement du courrier, le téléphone, l’usage d’un téléviseur, ou encore
les abonnements à des journaux ), mais aussi d’assumer ses obligations privées ( assainissement
des dettes, obligations d’entretien, etc. ) ou de verser un dédommagement aux victimes. Cepen-
dant, le détenu ne peut disposer, durant l’exécution de sa peine, que d’une partie de sa rémuné-
ration. L’autre partie alimente un fonds de réserve qui lui servira de capital de départ lorsqu’il sera
libéré ( art. 83 al. 2 CP ).
Lorsque le détenu a purgé les deux tiers de sa peine mais au moins trois mois, il peut bénéficier
d’une libération conditionnelle si son comportement durant l’exécution de sa peine ne s’y oppose
pas et s’il n’est pas à craindre qu’il commette de nouveaux crimes ou délits ( art. 86 al. 1 CP ). En cas
de condamnation à vie, la libération ne peut pas intervenir avant 15 ans ( art. 86 al. 5 CP ). Le détenu
libéré conditionnellement se voit impartir un délai d’épreuve d’une durée égale au solde de la peine,
mais d’au moins un an et au plus cinq ans ( art. 87 al. 1 CP ). S’il se comporte bien durant cette mise
à l’épreuve, la libération devient définitive ( art. 88 CP ). Si, par contre, il commet un nouveau crime
ou délit pendant cette période, il est renvoyé dans l’établissement pénitentiaire pour y subir le reste
de sa peine ( art. 89 al. 1 CP ).
172
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Formes d’exécution Plusieurs formes sont prévues pour l’exécution des peines :
a Dans l’exécution ordinaire, le détenu passe en principe tout son temps ( de travail, de repos
et de loisirs ) dans l’établissement ( art. 77 CP ).
c Pour les peines privatives de liberté de six mois à un an, le Code pénal prévoit enfin le
régime de la semi-détention, s’il n’est pas à craindre que le détenu prenne la fuite ou com-
mette de nouvelles infractions ( art. 77 b CP ). La personne condamnée poursuit son travail
ou sa formation pendant l’exécution de sa peine et passe seulement son temps de repos et
de loisirs dans l’établissement. Le détenu doit participer aux coûts d’exécution de la peine
car, à la différence du détenu en régime ordinaire, il peut conserver ses revenus. Les peines
privatives de liberté fermes inférieures à six mois sont aussi, en principe, exécutées sous
forme de semi-détention ( art. 79 al. 1 CP ).
d Depuis le 1er janvier 2018, l’art. 79b CP permet que les peines privatives de liberté comprises
entre 20 jours et douze mois soient exécutées sous la forme d’une surveillance électronique
(p.ex. bracelet électronique porté par le condamné). Cette forme d’exécution alternative
est également possible, pour une durée de trois à douze mois, en remplacement d’une des
formes d’exécution envisageables en fin de peine, comme le travail externe (art. 77a CP).
Sursis et sursis partiel Les peines privatives de liberté comprises entre six mois et deux ans, ainsi que les peines pé-
à l’exécution de la peine cuniaires et les travaux d’intérêt général, sont en règle générale assortis du sursis, lorsqu’une
peine ferme ne paraît pas nécessaire pour détourner l’auteur d’autres crimes ou délits ( art. 42 al. 1
CP ). Cela signifie que le coupable ne subira pas la peine, pour autant qu’il ne commette pas de
nouvelles infractions durant un délai d’épreuve compris entre deux et cinq ans ( art. 45 CP ). Une
peine avec sursis peut être cumulée avec une peine pécuniaire ferme ou avec une amende ( art. 42
al. 4 CP ). Les amendes sont toujours fermes.
Avec la dernière révision du CP a été introduite la possibilité du sursis partiel, applicable aussi
bien à une peine privative de liberté qu’à une peine pécuniaire ou un travail d’intérêt général
( art. 43 CP ). En ce qui concerne les peines privatives de liberté, le sursis partiel peut être accordé
173
DROIT | ETAT | ECONOMIE
pour une peine allant d’un à trois ans. La partie à purger ne peut pas dépasser la moitié de la
peine. Ni la peine à purger ni la peine suspendue ne peuvent être inférieures à six mois. La partie
à exécuter se trouve donc dans une fourchette de 6 à 18 mois, et la partie suspendue dans une
fourchette de 6 à 30 mois. Une libération conditionnelle est exclue en cas de sursis partiel. Le dé-
lai d’épreuve auquel est soumis le condamné est également compris entre deux et cinq ans pour
les peines assorties du sursis partiel ( art. 44 al. 1 CP ).
Le casier judiciaire Au moment de juger l’auteur d’une infraction, les autorités de poursuite pénale sont intéressées à
( art. 365 – 371 CP ) savoir si celui-ci a déjà commis des infractions précédemment. Par ailleurs, il peut être important de
savoir, pour l’octroi de certaines autorisations ( par exemple la délivrance du permis d’élève conduc-
teur ) ou le recrutement de personnes dans des postes à responsabilités, si le candidat a déjà été puni
par la justice. C’est pour ces raisons que l’Office fédéral de la justice, en collaboration avec d’autres
autorités fédérales et les cantons, tient un casier judiciaire informatisé relatif aux condamnations et
aux enquêtes pénales en cours ( art. 365 al. 1 CP ).
Responsabilité L’Office fédéral de la justice, en collaboration avec d’autres autorités fédérales et les cantons
(art. 365 et 367 al. 1 CP).
Inscriptions ➞ tous les jugements pour crime ou délit, pour autant qu’une
( art. 366 CP ) peine ou une mesure ait été prononcée ;
➞ les jugements prononcés pour les contraventions au Code pénal ou à
une autre loi fédérale désignées dans une ordonnance du Conseil fédéral ;
➞ les jugements prononcés à l’étranger et qui donnent
lieu à une inscription en vertu du Code pénal ;
➞ les faits qui entraînent une modification des inscriptions portées au casier ;
➞ les condamnations de mineurs à une privation de liberté
ou un placement en établissement fermé.
Consultation des données Certaines autorités expressément mentionnées dans la loi (telles que les autorités de la justice
par les autorités pénale, les autorités compétentes en matière de migrations et de naturalisations, les autorités de
(art.367 CP) protection de l’enfant et de l’adulte) peuvent consulter les données enregistrées dans le casier
judiciaire. Toutes les autres autorités ne peuvent obtenir des informations enregistrées dans le
casier judiciaire qu’indirectement, en demandant aux personnes concernées de produire un ex-
trait destiné aux particuliers.
Droit de consultation Toute personne a le droit de consulter dans son intégralité l’inscription qui la concerne.
par les particuliers
(art.370 CP)
Extraits du casier judiciaire Toute personne peut demander au casier judiciaire central suisse un extrait écrit de son propre
destinés à un particulier casier judiciaire ( art. 371 CP ). Seuls sont mentionnés sur cet extrait les jugements pour crime et
délit. Les contraventions n’y figurent que lorsqu’une interdiction d’exercer une profession a été
prononcée ( art. 371 al. 1 CP ).
Elimination de l’inscription Les jugements qui prononcent une peine privative de liberté sont éliminés d’office lorsqu’il s’est
écoulé, à compter de la fin de la durée de la peine fixée par le jugement ( art. 369 al. 1 CP ) :
Les jugements qui prononcent une peine privative de liberté avec sursis, une peine pécuniaire, un
travail d’intérêt général ou une amende comme peine principale sont éliminés d’office après dix
ans ( art. 369 al. 3 CP ).
L’inscription ne doit pas pouvoir être reconstituée après son élimination. Le jugement éliminé ne
peut plus être opposé à la personne concernée ( art. 369 al. 7 CP ).
174
ECONOMIE | ETAT | DROIT
En plus des cas mentionnés à l’art. 369 CP, sont éliminés du casier judiciaire les inscriptions
concernant les personnes dont une autorité a annoncé le décès ( art. 12 de l’Ordonnance sur le
casier judiciaire informatisé ).
La procédure pénale Exemple d’une procédure pénale : de l’infraction à l’exécution de la peine
2 ) Pierre ( 26 ans ) vole une voiture de sport et passe un témoin à tabac.
7 ) Procès
AVEC SURSIS
Les dispositions spéciales du Code pénal énumèrent les différentes infractions et les sanctions
dont sont passibles leurs auteurs. Ces comportements sont qualifiés d’infractions.
Les deux premiers titres de la partie spéciale, consacrés aux infractions contre la vie et l’intégrité
corporelle ( art. 111 – 136 CP ) et aux infractions contre le patrimoine ( art. 137 – 172ter CP ), four-
nissent une bonne illustration des dispositions spéciales.
Pour un aperçu des autres infractions, on pourra se reporter directement au Code pénal.
175
DROIT | ETAT | ECONOMIE
2 Claude Muller fonce avec son snowboard à travers la piste de ski, sans regarder autour de lui,
et percute un skieur qui descendait tranquillement. Celui-ci est gravement blessé et hurle de
douleur. Claude s’enfuit mais il est rapidement identifié comme le responsable de l’accident.
Quelles infractions pourra-t-on retenir contre lui ?
3 A la suite d’un accident de la circulation, un cercle de curieux s’est formé autour d’un blessé.
Une partie des personnes sont sur la route. Elles ont abandonné leur véhicule, un bouchon
s’est formé et rend très difficile l’arrivée des secours et de la police. Un gendarme relève l’im-
matriculation des véhicules ainsi que l’identité des curieux. Les personnes concernées devront
s’attendre à des poursuites pénales. Que pourra-t-on leur reprocher ?
4 Gérald Châtelain et Simon Gerber sont voisins et se disputent à cause d’une branche
d’arbre qui s’avance un peu trop loin. Durant la querelle, Gérald sort un pistolet et abat
Simon. Quelle est l’infraction commise par Gérald Châtelain ?
5 Au cours de la foire annuelle, la cabine d’un carrousel se détache et s’écrase près du mur
d’une maison. Les trois passagers de la cabine sont tués. L’enquête sur l’accident établit
que le monteur de l’installation a oublié de serrer un boulon de sécurité. Dans quel cadre
se situera la peine encourue par le monteur ?
7 Frédéric et Marianne Becker sont mariés ; on ne peut pourtant pas parler d’un couple vivant
en harmonie. Frédéric ne travaille que très irrégulièrement, rentre souvent ivre à la maison,
bat sa femme et la menace souvent de cette façon : « Un de ces jours, tu y passeras ». Un jour,
Frédéric rentre à la maison complètement soûl ; il cogne autour de lui comme un sauvage,
fracasse quelques meubles et passe Marianne à tabac. D’un air enragé, il se dirige à nouveau
vers elle, cette fois avec un couteau dans la main. À ce moment, Marianne attrape le fer à
repasser et porte un coup fatal à Frédéric. Le lendemain, un journal à sensation proclame en
gros titre : « Un mari assassiné à coups de fer à repasser ».
176
ECONOMIE | ETAT | DROIT
2 Théo Vard désire passer des vacances à Singapour ; il pense pouvoir financer son voyage
en négociant des imitations de montres de luxe qu’il pourra acheter au prix de CHF 35.–
et qu’il revendra à des connaissances en Suisse pour CHF 150.–.
Théo Vard aimerait connaître votre avis sur cette idée.
3 Marc Bourgois est un fan d’ordinateur. Il vient enfin de réussir à craquer le code permettant
d’accéder à la base de données d’une caisse maladie. Il furète pendant quelques minutes mais
s’aperçoit rapidement que ces données sont sans intérêt pour lui et quitte le réseau. Lorsqu’il
raconte son « exploit » à ses collègues, ceux-ci le mettent en garde, car son acte est probable-
ment punissable. Marc réplique qu’il ne peut pas être sanctionné puisqu’il n’a ni modifié les
données, ni puisé de renseignements pour ses propres besoins. Qui a raison ?
4 Une nuit, Manuel Bonvin prend ses sprays de peinture et recouvre de graffiti les
murs d’un immeuble résidentiel. Une procédure pénale est ouverte contre lui.
Quelle infraction peut-on lui reprocher ?
20
0
1986 88 90 92 94 96 98 2000 02 04 06 08 10 12 14 16 18 20
Total condamnations Code pénal ( CP ) Loi sur les stupéflants ( LStup )
Circulation routière ( LCR ) Loi sur les étrangers ( LEtr )
177
DROIT | ETAT | ECONOMIE
mée si l’auteur des faits est principe pas la divulguer. demander la poursuite pénale
emprisonné ou s’il a été libéré. et la sanction, d’autre part
En outre, la victime a le droit Protection particulière pour pour se constituer partie civile
de connaître l’issue de la les victimes d’infractions et ainsi demander que le juge
procédure pénale. contre l’intégrité sexuelle statue en même temps sur des
Pour les victimes de délits prétentions civiles – p. ex. des
Protection sexuels, les droits de protection dommages-intérêts. Ceci pré-
À tous les stades de la procé- vont encore un peu plus loin : sente l’avantage de lui éviter de
dure pénale, la victime peut elles peuvent p. ex. demander devoir entamer une procédure
se faire accompagner par une à être entendues par une civile séparée.
Autrefois, le droit pénal des mineurs était régi par le Code pénal, comme le droit pénal des
adultes. Depuis le 1er janvier 2007, le droit pénal des mineurs est réglé dans une loi spéciale :
la Loi fédérale régissant la condition pénale des mineurs ( DPMin ). Cette loi a enfin vu le jour après
une gestation de plus de 20 ans.
La loi s’applique aux jeunes délinquants âgés de 10 à 18 ans révolus ( art. 3 al. 1 DPMin ). Avant
2007, les enfants étaient punissables à partir de sept ans déjà. Désormais, il faut être âgé de 10
ans au moins pour encourir une responsabilité pénale, c’est-à-dire pour devoir répondre de ses
actes devant la justice.
La loi sur le droit pénal des mineurs ne définit pas ce qui est défendu, et n’énumère pas non
plus toutes les infractions possibles. Les infractions restent définies par le Code pénal. Le DPMin
définit les peines s’appliquant aux jeunes délinquants et les mesures pouvant être prises pour
les « ramener sur le droit chemin ». Il élargit le spectre des sanctions ( c’est-à-dire les peines et
les mesures ). L’autorité compétente dispose ainsi d’un éventail de sanctions plus large, ce qui lui
permet de tenir compte au mieux des besoins de chaque délinquant en particulier. Avant 2007, on
commençait par regarder s’il fallait prendre des mesures ; sinon, une peine pouvait être pronon-
cée. Maintenant, le législateur a prévu la possibilité de cumuler peines et mesures.
178
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Jeunes placés
selon le droit pénal
2012
Total selon âge
2013
2014
( Source : OFS, cit. selon NZZ 2015
du 19.02.2016, p. 13, actualisé ) 2016
2017
2019
2020
2021
0 100 200 300 400 500 600 700 800
L’éducation du mineur Selon la procédure pénale applicable aux mineurs ( PPMin ), et contrairement au CPP ( applicable
aux adultes ), c’est l’autorité du lieu de résidence du jeune délinquant, qui est compétente pour
poursuivre les infractions commises par des mineurs. Compte tenu des mesures à prendre, c’est
judicieux, car les autorités locales connaissent mieux la situation personnelle et l’environnement
du mineur. D’autre part, le juge des mineurs collabore étroitement avec l’autorité de protection de
l’enfant lorsque celle-ci a déjà pris une mesure relevant du droit civil, en désignant par exemple
un curateur.
Les infractions définies dans la partie spéciale du Code pénal ( art. 111 à 332 ) peuvent être com-
mises aussi bien par des adultes que par des mineurs. Cependant, l’Etat ne réagit pas de la même
manière selon que l’auteur est mineur ou adulte. Le droit pénal des adultes poursuit les buts
énumérés plus haut ; le droit pénal des mineurs, par contre, pas essentiellement l’éducation du
mineur. L’autorité va mener une enquête sur les causes de l’activité délictuelle du mineur pour
pouvoir prendre les mesures de protection ou prononcer les peines qui s’imposent. Ce que l’on
cherche avant tout à éviter, c’est la récidive. L’objectif principal de la loi est la resocialisation,
autrement dit la réinsertion sociale. Les autres buts tels que la dissuasion ou la rétorsion ne sont
pas prioritaires. C’est pourquoi les délinquants mineurs ne sont pas jugés par les mêmes autorités
que les adultes : la plupart des cantons ont mis en place des autorités spécialisées pour juger les
mineurs délinquants.
Dans les cantons romands, cette autorité est le juge des mineurs. Il existe aussi des policiers spé-
cialement formés, pour ne nommer que la brigade des mineurs à Genève. Ces autorités disposent
d’une équipe de travailleurs sociaux qui enquêtent sur l’environnement personnel des jeunes dé-
linquants, posant ainsi la base des mesures qui devront éventuellement être prises. D’autre part,
les travailleurs sociaux sont chargés de coordonner l’exécution des mesures, puis de les exécuter
sous la direction du juge compétent.
Le droit pénal des mineurs distingue plusieurs tranches d’âge pour assurer un suivi éducatif et
thérapeutique individualisé et prévoit tout un éventail de peines et de mesures de protection :
179
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Les peines ( Selon l’art. 22 DPMin, une réprimande est une réprobation formelle de l’acte commis, c’est-à-dire
( art. 21 ss. DPMin ) une lettre envoyée par le juge, qui explique au mineur que cet acte est interdit et que s’il récidive,
il sera puni. Le juge peut imposer au mineur un délai d’épreuve de six mois à deux ans. Si, pendant
ce temps, il commet à nouveau une infraction, il sera puni d’une peine plus sévère ( prestation
personnelle, amende ou privation de liberté ).
Prestation personnelle ( art. 23 DPMin ) : le mineur doit travailler à la voirie, dans un EMS, etc. pour
réparer le tort causé. Il peut aussi être obligé de suivre un cours où il apprendra par exemple à
contrôler son agressivité.
Amende ( art. 23 DPMin ) : le mineur doit s’acquitter d’une amende pouvant s’élever à
CHF 2 000.– au maximum.
Privation de liberté ( art. 23 DPMin ) : celle-ci est exécutée dans un établissement où le mineur de-
vra respecter strictement certaines règles. Ces établissements sont un mélange entre école, lieu
de travail et prison. Le but de ces établissements est de les rendre aptes à réintégrer la société.
Les mesures de protection En complément aux peines, les mesures de protection suivantes peuvent être ordonnées jusqu’à
( art. 11 ss. DPMin ) l’âge de 25 ans au maximum ( art. 19 al. 2 DPMin ) :
Surveillance ( art. 12 DPMin ) : le mineur est placé sous la surveillance d’une autorité ou d’une per-
sonne. Cette autorité ou cette personne a un droit de regard sur l’éducation du mineur ; elle a
aussi le droit de demander aux parents des informations sur lui.
Assistance personnelle ( art. 13 DPMin ) : l’autorité compétente désigne une personne ( employé
de l’office des mineurs, travailleur social, etc. ) chargée d’assister les parents dans leur tâche édu-
180
ECONOMIE | ETAT | DROIT
cative. L’autorité de jugement ( tribunal des mineurs dans les cantons romands ) peut ordonner
une limitation de l’autorité parentale ; la personne désignée reprend dans ce cas une partie de
l’autorité parentale. Elle peut notamment gérer le salaire de l’apprenti mineur ( art. 13 al. 2 DPMin ).
Traitement ambulatoire ( art. 14 DPMin ) : le mineur est traité par un médecin ou dans un hôpital ; il
ne doit cependant pas y dormir. Ceci peut notamment être ordonné en cas de toxicodépendance.
Placement ( art. 15 s. DPMin ) : le mineur est placé soit chez des particuliers ( par exemple des fa-
milles nourricières ) soit dans des établissements d’éducation tels que des homes spécialisés dans
ce domaine. Ce placement est destiné à combler des lacunes éducatives ; le mineur fréquente
l’école ou fait une formation. En bref, l’établissement assure tout ce qui ne peut être assuré par ses
parents. Aux conditions prévues par l’art. 15 al. 2 DPMin, l’autorité de jugement peut également
ordonner son placement dans un établissement fermé : le mineur y vit ( reçoit les traitements
nécessaires, est resocialisé, reçoit une formation, etc. ) et ne peut quitter l’établissement que lors-
qu’il y est autorisé ( à peu près comme dans une prison ).
Jeunes adultes En principe, on devient pleinement responsable pénalement à 18 ans : le délinquant est alors puni
( art. 61 – 62 d CP ) selon le droit pénal des adultes, c’est-à-dire selon les règles du Code pénal ( art. 9 al. 2 CP ).
La loi prévoit cependant des exceptions ( art. 61 CP ). Si l’auteur a entre 18 et 25 ans au moment
de l’infraction et souffre de graves troubles du développement de la personnalité, le juge peut
ordonner son placement dans un établissement pour jeunes adultes aux conditions suivantes :
Le placement doit favoriser l’aptitude du jeune adulte à vivre de façon responsable et sans com-
mettre d’infractions. Selon art. 61 al. 3 CP, il doit notamment lui permettre d’acquérir une forma-
tion ( sanctionnée par un certificat fédéral de capacité ( trois ou quatre ans ) ou une attestation
fédérale ( deus ans ) par exemple ).
2 Rémi, 13 ans, vient à nouveau de voler des pièces de mobylette pour trafiquer la sienne.
Malheureusement pour lui, il se fait pincer et passe en jugement. Quelles sont les peines et
mesures de protection à disposition des autorités pour sanctionner Rémi ?
3 Eric n’est pas encore majeur mais a déjà toute une série de délits à son actif. Les autorités respon-
sables des mineurs ont l’impression qu’il a sombré dans la délinquance en raison d’un environne-
ment familial néfaste. L’assistance personnelle, pas plus que la surveillance ordonnée, n’ont mené à
quelque chose. Quelles pourraient être les mesures ordonnées, en parallèle avec une peine ?
4 Marc Petitpierre a aujourd’hui 20 ans. À 17 ans déjà, il quittait la maison pour vivre dans
différentes communautés. Il a arrêté son apprentissage quelques mois après l’avoir commencé,
vivant au jour le jour de menus travaux, de mendicité ou de vol à l’étalage.Arrêté en flagrant
délit de vol avec effraction, il se retrouve bientôt devant le juge. Dans le rapport d’expertise
psychologique, on peut lire que Marc souffre de troubles dans le développement de sa person-
nalité. Le juge est d’avis qu’une peine privative de liberté n’est pas la meilleure solution pour
Marc, car elle ne lui permettrait pas, à sa sortie, de trouver sa place dans la société. Marc doit
pouvoir bénéficier d’une aide mieux ciblée.
Quelles sont les possibilités offertes au juge pour aider Marc à retrouver le droit chemin ?
181
DROIT | ETAT | ECONOMIE
5 Luc, Adrien et Rémy, 17 ans, sont en apprentissage. Lors d’un camp, ils se rendent dans
un bar et sont bientôt impliqués dans une bagarre. Sous l’influence de l’alcool, Adrien perd ses
nerfs et assène un violent coup de poing à un inconnu. Ce dernier tombe à terre, heurtant
violemment le sol. Résultat : de graves blessures à la tête. Il se retrouve aux soins intensifs.
Trois jours après, sa vie n’est heureusement plus en danger.
De quel délit s’agit-il et quelles sont les sanctions à disposition du juge des mineurs ?
Structure de la loi Dans ses articles 1 à 89, la loi dresse la liste des règles de comportement pour la circulation rou-
sur la circulation routière tière. Les dispositions pénales contenues dans les articles 90 à 103 indiquent les conséquences
de l’inobservation des règles précédemment énoncées.
Retrait du permis Le retrait du permis de conduire est une mesure administrative, et non une sanction pénale,
de conduire même s’il est souvent vécu de cette manière par les intéressés.
Conduite en état d’ébriété Selon l’art. 1 al. 1 de l’Ordonnance concernant les taux d’alcoolémie limites en matière de circu-
lation routière, « un conducteur est réputé incapable de conduire lorsqu’il présente un taux d’al-
coolémie de 0,5 ‰ ou plus ou que son organisme contient une quantité d’alcool entraînant un
tel taux d’alcoolémie ( état d’ébriété ). » Une telle quantité d’alcool entraîne donc une incapacité
de conduire, avec toutes les conséquences pénales et administratives qui en découlent pour un
contrevenant.
Selon l’art. 1. al. 2, « est réputé qualifié un taux d’alcoolémie de 0,8 ‰ ou plus ». Conduire avec une
telle alcoolémie est donc assimilé à un délit, qui sera inscrit dans le casier judiciaire.
Un verre d’alcool ( 2,5 dl de bière, 1 dl de vin, 2 cl d’eau-de-vie ) conduit, chez un homme de 70 kg,
à un taux d’alcoolémie de 0,25 ‰, chez une femme de 50 kg à un taux d’alcoolémie de 0,35 ‰.
Amendes d’ordre : Dans certains cas clairement délimités, la police peut elle-même infliger une amende. Cette pro-
procédure simplifiée cédure simple et rapide est régie par la Loi sur les amendes d’ordres ( LAO ) et l’Ordonnance y
relative ( OAO ). Dans cette procédure, des frais ne peuvent pas être perçus. Cependant, l’auteur
a toujours le droit de refuser cette procédure et de demander à être jugé selon la procédure
ordinaire.
Les amendes d’ordre sont des amendes dont le montant est fixé à l’avance pour des infractions
déterminées, exhaustivement énumérées dans l’OAO. Ainsi, le défaut de présentation du permis
de conduire ( art. 10 al. 4 LCR ) coûte CHF 20.–. Le montant maximum de l’amende d’ordre est
actuellement de CHF 300.–. Les amendes d’ordre ne sont pas inscrites au casier judiciaire.
La procédure d’amendes d’ordre est exclue si l’auteur met en danger la vie de quelqu’un, s’il a
provoqué des dégâts matériels ou s’il n’a pas été pris sur le fait par un policier. Font exception à
cette dernière condition les contrôles de vitesse et les installations de surveillance.
182
ECONOMIE | ETAT | DROIT
2 Edouard Favre n’a son permis de conduire que depuis un mois. Lors d’une excursion, il ren-
verse une vieille dame. Celle-ci gît, inconsciente, au bord de la route. Edouard constate les
dégâts causés à son véhicule, mais poursuit néanmoins sa route, sans se préoccuper de la
victime. Comment le comportement d’Edouard doit-il être qualifié sur le plan pénal ?
3 Dans le trafic urbain, Toni Alberini s’irrite constamment de ne pouvoir avancer plus
rapidement avec sa voiture. Il lui vient alors l’idée d’installer un gyrophare bleu sur le
toit de son véhicule et de s’équiper d’une sirène, ce qui lui permet effectivement de
gagner du temps. En vérité, pas très longtemps, car il est vite arrêté par la police.
La brillante idée de Toni serait-elle contraire à la loi ?
4 Thomas Simenon a une semaine chargée derrière lui. Il se détend en compagnie de ses amis
au bistrot du coin. À l’apéritif, il consomme un petit verre de blanc, puis trois à quatre verres
de rouge durant le repas, ensuite trois bières pour étancher sa soif, et enfin un café à l’eau-
de-vie pour terminer la soirée. Le temps est alors venu de rentrer chez lui. Ses collègues lui
conseillent de prendre un taxi, mais Thomas les tranquillise en leur disant qu’il supporte bien
l’alcool, qu’il a l’habitude de boire, qu’en plus il a beaucoup mangé et que l’alcool doit être en
bonne partie digéré, puisqu’il y a bien six heures que la fête a commencé. Malheureusement
pour lui, Thomas est pris dans un contrôle de police. Après l’alcootest, une prise de sang est
effectuée : elle indique une alcoolémie de 0,92 pour mille.
De quelles sanctions Thomas est-il passible ?
183
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partie théorique
WOW !
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Conseil fédéral
Départements fédéraux
Fédéralisme
Droits populaires
18 NOTRE ETAT
Comme nous l’avons vu dans la partie Economie, nous avons de nombreux besoins que nous ne
pouvons pas satisfaire seuls, mais seulement en commun, par exemple la sécurité, la justice, une
infrastructure performante ( transports publics, énergie ), un système bien développé de forma-
tion et de santé, etc. Ces besoins collectifs sont couverts par l’Etat.
Définition Un peuple s’unit dans un certain territoire ou pays, établit des règles concernant la vie en com-
mun ( législation ), les exécute et sanctionne les infractions ( jurisprudence ). Ce qui est important
pour un Etat, c’est la volonté d’unité, d’indépendance et de liberté ( souveraineté ).
La souveraineté extérieure signifie qu’un Etat, quel que soit sa taille, est sur un pied d’égalité avec
les autres Etats et peut, de ce fait, négocier et conclure librement des traités ou encore décider de
la guerre ou de la paix. La souveraineté intérieure signifie que l’Etat seul est en droit de recourir
à la force ou d’autoriser le recours à la force.
Le pouvoir suprême peut se trouver entre les mains d’une seule personne ( monarchie, dictature ),
d’un groupe élu ( Parlement ) ou du peuple lui-même.
Séparation des pouvoirs Afin que le pouvoir ne soit pas exercé de manière arbitraire et sans restriction, de nombreux
pays connaissent la séparation des pouvoirs. Les trois pouvoirs qu’on distingue classiquement
( pouvoir législatif, pouvoir exécutif et pouvoir judiciaire ) sont ainsi répartis entre trois organes
indépendants les uns des autres.
Conseil national
Confédération Conseil fédéral Tribunal fédéral
Conseil des Etats
Grand conseil
Gouvernement Tribunal supérieur
Cantons Conseil cantonal
Conseil d’Etat Tribunal cantonal
Landsgemeinde
Conseil communal
Conseil communal Municipalité Juge de paix
Communes 1
Conseil général Conseil administratif Médiateur
( GE )
1
Les grandes communes sont dotées d’un Parlement communal appelé dans les cantons romands Conseil
général, Conseil communal ou encore Conseil municipal, tandis que les plus petites communes ont une
assemblée de tous les électeurs ( assemblée communale ou assemblée primaire ). L’organe exécutif est
appelé, selon les cantons, Conseil communal, Conseil administratif ou municipalité. Il en découle que le
Conseil communal est dans certains cantons l’exécutif ( comme Fribourg et le Valais ) alors que dans d’autres
il est le législatif ( comme Vaud ). Source CHFwikipedia.org/wiki/Politique_de_la_Suisse, 01.06.10
Le nom des organes, qui peuvent différer aussi bien au niveau cantonal que communal, reflète la
diversité de la Suisse, conséquence du fédéralisme ( voir p. 194 s ).
La plupart des Etats se donnent une base juridique ou un fondement sous la forme d’une loi fon-
damentale ou d’une Constitution.
187
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Constitution fédérale
Lois
Ordonnances d’exécution Règlements
par ex. CP CO, CC
Lois Un Etat a besoin de lois qui concrétisent et précisent les normes fondamentales de la Constitu-
tion. Les lois contiennent des règles fixant des droits, des obligations et des interdictions.
Ordonnances Aux lois sont subordonnées les ordonnances, qui sont édictées sur une base légale.
Règlements Les règlements finalement précisent tel ou tel article d’une ordonnance.
7790
4000
2000
3057
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0
03
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07
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20
20
20
188
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Ainsi, il existe tout un « édifice juridique » qui règle la vie communautaire. En résumé, la Constitu-
tion sert de socle sur lequel reposent les lois, qui elles-mêmes servent de socle aux ordonnances
et règlements.
Dans une démocratie ( du grec ancien « pouvoir du peuple » ), la souveraineté appartient au peuple ;
il faut cependant distinguer la démocratie parlementaire ( ou indirecte ) et la démocratie directe.
Démocraties parlementaires Dans les démocraties parlementaires, le citoyen élit les membres du Parlement ( pouvoir législatif )
et, parfois aussi, ceux du gouvernement ( exécutif ). Les élus remplissent ensuite leur mandat pour
le compte des citoyens.
Démocraties directes Dans les démocraties directes, le citoyen « fabrique » le droit lui-même, c’est-à-dire qu’il assume
le rôle du pouvoir législatif. En raison de son histoire, la Suisse se distingue par une démocratie
directe beaucoup plus développée que dans les autres pays ( voir section « Droits populaires » ).
Surtout, le système crée une acceptation élevée pour les décisions et rend les citoyens (même
ceux qui ne vont pas voter) responsables des situations dans le pays, situations avec lesquelles ils
doivent tous vivre. L’expérience en Suisse montre en outre que «la sagesse de la masse» donne des
résultats qui se laissent voir – particulièrement par rapport aux résultats présumés de la «sagesse du
Parlement» dans d’autres pays. »
Comme le citoyen ne peut pas se rendre constamment aux urnes, c’est cependant le Parlement
qui exerce l’essentiel du pouvoir législatif.
20
0
1800 20 40 60 80 1900 20 40 60 80 2000 17
189
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Pays libres et
non-libres 2018
libres
partiellement libres
non-libres
35
Selon la population en %
45 38
24
38
25
Le graphique de la page précédente, qui reproduit la diffusion des démocraties, est très im-
pressionnant. Malgré cela, nombre de pays ont encore «un retard à rattraper». Freedom House,
une organisation non-gouvernamentale (ONG) dont le siège principal se trouve à Washington,
publie depuis 1973 l’indice de la liberté dans le monde: sur la base de douzaines de critères et de
sous-critères concernant les droits et les libertés citoyennes (p.ex. élections libres et équitables,
droits des minorités, liberté de la presse, État de droit) est établi un indice. En 2020, la Norvège,
la Suède et la Finlande ont atteint la valeur la plus haute de 100; la Suisse est arrivée à 96 points,
l’Allemagne à 94, l’Autriche à 93, la France à 90, l’Italie à 89 et les USA à 86. La démocratie la plus
peuplée, l’Inde, a atteint 71 points. Le degré de liberté en Corée du Nord (3), en Érythrée (2) et au
Sud-Soudan (-2) est presque impossible à mesurer. La Chine (10), l’Iran (17), la Russie (20) et la
Turquie (32) obtiennent également de mauvais résultats.
190
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Au niveau fédéral, notre Parlement ( ou Assemblée fédérale ) se compose de deux Chambres :
Conseil national Le Conseil national représente le peuple ( 200 membres ) ; chaque canton a droit à un nombre de
représentants proportionnel à sa population. Tous les cantons ont au moins un conseiller national
( c’est le cas des deux cantons d’Appenzell, Glaris, Obwald, Nidwald et Uri ).
Conseil des Etats Le Conseil des Etats représente les cantons ( 46 membres, à raison de deux par canton, sauf les
anciens demi-cantons, qui n’en ont qu’un ). Parler de « représentant des cantons » peut prêter à
confusion dans la mesure où les conseillers aux Etats ne sont pas censés défendre seulement les
intérêts de leur propre canton, mais peuvent prendre leurs décisions librement.
En règle générale, le Conseil national et le Conseil des Etats siègent séparément. Toute décision
( modification de la Constitution, lois fédérales, arrêtés fédéraux, ratification de traités internatio-
naux ) requiert l’approbation des deux Chambres. En cas de divergence, une procédure d’élimina-
tion des divergences est organisée en vue de parvenir à un consensus entre les Chambres. Pour
certaines décisions, telles que l’élection du Conseil fédéral, du Chancelier de la Confédération, des
juges au Tribunal fédéral ou du Général en cas de guerre ou de crise grave, les Chambres siègent
ensemble.
Dans l’exercice de leur mandat, les conseillers nationaux et les conseillers aux Etats ne sont pas
tenus de suivre des consignes émanant de leurs cantons, de leurs partis ou d’autres groupements.
C’est même interdit. Cependant, dans la réalité politique, de nombreux parlementaires repré-
sentent les intérêts de diverses branches professionnelles ou associations.
CONSEIL NATIONAL
Composition du Parlement
3 sièges
selon les partis politiques 25
16 28
pendant la période législative es sièges sièg
2019–2023 sièg es
CONSEIL DES ETATS 28 es
g
siè
siè
13
53 s
12
ge
es
39
5
sièg
9
46 200
6
17
4 9
0 0 0 0
– 1 – 2
– 4 – 4 – 4
– 3
– 12
Les Les
PS Verts PDC PLR UDC Autres PS Verts GLP PDC PDB PLR UDC Autres
191
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Parlement de milice Le Parlement suisse est un parlement de milice, ce qui signifie que les conseillers nationaux et les
conseillers aux Etats n’exercent ( théoriquement ) pas leur mandat à plein temps. Ils ne touchent
donc pas de salaire de l’Etat, mais des jetons de présence. Cependant, vu l’importante charge
de travail liée à leur mandat, leur profession d’origine ne joue souvent qu’un rôle secondaire. Par
ailleurs, la plupart d’entre eux ont d’autres mandats, en partie lucratifs, dans des conseils d’admi-
nistration ou des conseils de fondation, ou en tant que présidents d’organisations et de comités
de toute sorte voire aussi en tant que conseillers.
Conseil fédéral Le Conseil fédéral est le gouvernement de la Suisse ( l’exécutif ). Il est composé de sept membres
dotés du même pouvoir et dont chacun( e ) est à la tête d’un département différent. Le Conseil
fédéral est élu par l’Assemblée fédérale réunie ; sa composition du point de vue des partis est de
2 UDC, 2 PSS, 2 PLR, 1 Le Centre (PDC).
Ignazio Cassis, ( président de la Conféderation 2022) Collina d’Oro, parti libéral-radical PLR, DFAE
Viola Amherd, Brig, parti démocrate-chrétien Le Centre (PDC), DDPS
Alain Berset, (vice-président 2022) Fribourg, parti socialiste PSS, DFI
Karin Keller-Sutter, Saint Galle, parti libéral-radical PLR, DFJP
Ueli Maurer, Zürich, union démocratique du centre UDC, DFF
Guy Parmelin, Bursins, union démocratique du centre UDC, DEFR
Simonetta Sommaruga, Berne, parti socialiste PSS, DETEC
Le président de la Confédération est élu pour une année par l’Assemblée fédérale. Traditionnelle-
ment, les conseillers fédéraux sont élus « président » chacun à leur tour en fonction de leur ancien-
neté. Le président reste chargé de son département et conduit les séances du Conseil fédéral en
tant que « primus inter pares » ( le premier entre les égaux ). Le président de la Confédération n’est
donc pas le chef de l’Etat.
Démocratie de concordance En regardant la composition du Conseil fédéral nous remarquons que ses membres sont d’origine
politique très différente, allant du PSS au PDC en passant par le PRL et l’UDC. Ceci est l’expres-
sion de la démocratie de concordance, c’est-à-dire que toutes les forces politiques importantes
sont représentées au gouvernement et doivent sans cesse être à la recherche d’une solution
consensuelle. Il leur faut donc faire des compromis. Tous les conseillers ont les mêmes droits et
obligations vis-à-vis de l’extérieur. Les membres du Conseil fédéral doivent défendre les décisions
prises par le collège ( principe de collégialité ).
Démocratie concurrentielle A la différence de cette concordance, la plupart des pays pratiquent une « démocratie concur-
rentielle » ( système d’opposition ). Dans une telle démocratie, un parti seul ou plusieurs partis
( coalition ) détiennent la majorité au Parlement et composent le gouvernement. Les autres partis
forment l’opposition.
Les départements fédéraux Un travail intensif est effectué au Parlement et au Conseil fédéral. Pour faire face aux défis du
futur, des prévisions, des propositions de solutions ainsi que des projets sont développés. Etant
donné que les tâches de la Confédération couvrent presque tous les domaines de la vie, il n’est
pas facile d’obtenir une vue d’ensemble.
192
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Département fédéral des affaires étrangères ( DFAE ). Sa mission est de sauvegarder les inté-
rêts de la Suisse à l’étranger et face à l’étranger. Le moyen pour atteindre cet objectif est la poli-
tique étrangère de la Suisse, définie comme suit à l’art. 54, al. 2 de la Constitution :
« La Confédération s’attache à préserver l’indépendance et la prospérité de la Suisse ; elle contri-
bue notamment à soulager les populations dans le besoin et à lutter contre la pauvreté ainsi qu’à
promouvoir le respect des droits de l’homme, la démocratie, la coexistence pacifique des peuples
et la préservation des ressources naturelles. »
193
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Le fédéralisme La Suisse est une nation fondée sur la volonté de vivre ensemble de plusieurs groupes de langues
et de religions différentes. Depuis 1848, elle est un Etat fédéral, l’un des 25 que l’on compte dans le
monde et le plus ancien après les Etats-Unis d’Amérique. La structure étatique de la Suisse est fédé-
raliste.
Définition Le fédéralisme ( du latin « foedus, foedera », « union », « entente », « contrat » ) est un système po-
litique dans lequel le gouvernement central d’un Etat ( qu’on appelle, en Suisse, la Confédération )
partage avec les gouvernements des collectivités qui forment cet Etat ( en Suisse les cantons ) les
diverses compétences constitutionnelles : législation, juridiction et administration.
Le contraire du fédéralisme est l’Etat unitaire gouverné de manière centrale, appelé aussi Etat central.
La Confédération n’assume donc que des tâches qui lui sont expressément déléguées par la
Constitution – toutes les autres tâches étatiques étant de la compétence des cantons ( et, selon
leurs constitutions cantonales, en partie déléguées aux communes ). Toute modification de la
Constitution nécessite l’approbation de la majorité du peuple et des cantons.
En pratique, de nombreuses tâches sont partagées entre la Confédération et les cantons. Il arrive
souvent, en effet, que la Confédération édicte des règles générales et en laisse l’exécution aux
cantons, par exemple l’aménagement du territoire. Il est aussi possible que la Confédération règle
certains aspects, et les cantons d’autres. Ainsi, dans le domaine de la chasse, le droit fédéral règle la
protection du gibier et le droit cantonal le système de chasse, ou encore, dans le domaine de l’eau,
194
ECONOMIE | ETAT | DROIT
la protection des eaux est assurée par la Confédération et son exploitation par les cantons. Il existe
également des compétences parallèles, notamment dans le domaine de la culture où la Confédé-
ration, les cantons et les communes peuvent chacun prendre des mesures de manière autonome.
La souveraineté des cantons leur confère un large éventail de responsabilités. Pour les assumer,
les cantons disposent de moyens financiers très différents. Ainsi, par exemple, un canton doté
d’une place économique forte dispose de plus de ressources qu’un canton de montagne. Un
système de péréquation financière et de compensation des charges a donc été instauré afin de
compenser ces disparités. Par ce système, les cantons riches soutiennent les cantons les moins
favorisés ( voir p. 236 ss ).
( Source : Keystone )
Les droits populaires Il n’y a guère de pays où le peuple participe aussi largement qu’en Suisse aux décisions politiques.
Pour que notre système puisse fonctionner, il faut pourtant que chacun ait la volonté de l’utiliser
et de connaître ses droits politiques. Sur le plan fédéral, le citoyen suisse dispose des droits po-
litiques suivants :
Le droit d’élire ses Tous les quatre ans, le peuple élit les 200 membres du Conseil national et les 46 membres du
représentants Conseil des Etats. Tous les Suisses et toutes les Suissesses ayant 18 ans révolus ont le droit de vote
( droit d’élire ) et d’éligibilité ( droit d’être candidat et d’être élu ).
Lors de l’élection au Conseil des Etats, dans 24 cantons sur 26, l’élection a lieu selon au scrutin
majoritaire. Celui qui recueille le plus grand nombre de voix est élu. Neuchâtel et le Jura élisent
quant à eux leurs sénateurs au scrutin proportionnel. L’élection au scrutin majoritaire favorise les
grands partis et les petites formations sont donc souvent perdantes, sauf dans le canton du Jura
et de Neuchâtel, qui élisent à la proportionnelle leurs deux Conseillers aux Etats.
Pour le système majoritaire, l’on distingue en principe entre la majorité absolue ( au minimum la
moitié des voix valables + 1 ), la majorité relative ( est élu le candidat ayant obtenu le plus de voix )
et la majorité qualifiée ( le nombre de voix doit atteindre une proportion déterminée à l’avance
( par ex. 2/3 ).
L’élection du Conseil national se fait au scrutin proportionnel. La répartition des sièges s’effectue
en proportion du nombre de suffrages obtenus par les partis. Ce système repose sur l’idée que
les citoyens et citoyennes se prononcent d’abord pour un parti et ensuite pour une personne. On
commence par compter les suffrages des partis afin de déterminer leur poids. Puis on détermine
le nombre de sièges récolté par chacun. A l’intérieur des partis sont élus les canditat( e )s ayant
obtenu le plus de voix.
195
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Dans les cantons ayant plus d’un siège au Conseil national, les électeurs ont plusieurs possibilités
de choisir les candidats qui leur conviennent le mieux. Ils peuvent inscrire sur un bulletin vierge
les noms des candidats qu’ils préfèrent, ou déposer tel quel ou encore modifier un bulletin pré-
imprimé portant les noms des candidats d’un parti. Les modifications peuvent se faire de trois
manières différentes et peuvent être combinées : biffer des noms du bulletin, remplacer certains
noms par des noms figurant sur d’autres listes ( panachage ), inscrire une seconde fois des noms
figurant déjà sur le bulletin ( cumul ).
Panacher Panacher signifie mélanger. Des noms d’une liste peuvent être tracés et remplacés à la main par
ceux de candidats figurant sur une autre liste du même arrondissement électoral.
Dans ce cas, le parti dont la liste est utilisée perd des voix au profit du ou des partis des can-
didat( e )s dont le nom est rajouté. Cette possibilité affaiblit la position des partis en général et
permet de se prononcer pour des individus indépendamment de leur parti.
Cumuler Pour l’élection à la proportionnelle du Conseil national, le nom d’un( e ) candidat( e ) peut figurer
deux fois, d’où le terme de « cumul ».
Les partis peuvent faire figurer deux fois ( mais pas plus ) le nom de leurs candidats. Il s’agit dans
ce cas d’un « cumul préalable ». Ce qui permet d’augmenter les chances de tel ou telle candidat( e )
ou de compléter la liste de mandats. Ainsi les candidat( e )s obtiennent deux voix au maximum.
Liste Nr 01 Partei A
Le droit de déposer Quatre fois par an, les citoyens sont appelés à se prononcer sur des questions de politique fédé-
une initiative rale. En moyenne, trois à quatre objets peuvent être approuvés ou rejetés. Des objets cantonaux
ou communaux sont souvent traités en même temps.
La votation fait suite au dépôt d’une initiative populaire, d’une demande de référendum ou d’un
référendum obligatoire.
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ECONOMIE | ETAT | DROIT
La basse participation des jeunes est assez constante depuis des décennies, dit Georg Lutz de
l’Université de Lausanne. Pour le politologue, la raison principale en est que la politique est quelque
chose d’abstrait à cet âge. Par ailleurs, à cet âge, d’autres thèmes sont au premier plan : formation,
relations, entrée dans la vie professionnelle. En outre, les jeunes adultes changent aussi de point
d’attache physique, n’ont pas d’enfants et ne paient pas d’impôts.
(…) Mais ce ne sont pas toujours les mêmes 30 % des jeunes adultes qui participent. Sur une période
de temps de quatre ans, 80 % des votants entre 18 et 25 ans ont participé au moins une fois à une
votation ou une élection, comme le montre une étude de l’Université de Berne. (…) Peut-être que ce
ne sont pas 80, mais tout de même 60 à 70 % des jeunes qui se laissent de temps à autre mobiliser
pour des votations ou des élections.
Le droit de déposer Les citoyens et citoyennes peuvent demander à soumettre au vote une modification de la Consti-
une initiative tution. Contrairement à ce qui se passe au niveau cantonal, les citoyens ne peuvent pas demander
l’élaboration ou la modification d’une loi.
Pour qu’une initiative populaire aboutisse, elle doit recueillir 100 000 signatures valables dans un
délai de 18 mois.
En moyenne, seulement 10 % des initiatives soumises au peuple sont acceptées. Néanmoins, même
les initiatives rejetées peuvent influencer la législation : soit indirectement, en déclenchant une dis-
cussion politique et en incitant à intégrer certaines préoccupations dans les futures délibérations
législatives ; soit directement, en poussant les autorités à opposer un contre-projet à l’initiative dans
l’espoir que le peuple et les cantons donnent la préférence à ce dernier. Le contre-projet va généra-
lement moins loin que l’initiative. Depuis 1987, le double oui a permis d’accepter à la fois l’initiative
populaire et le contre-projet. La réponse donnée à la question subsidiaire détermine lequel des
deux textes entrera en vigueur s’ils ont tous deux recueillis la double majorité.
L’initiative est un moyen de faire évoluer la législation ; c’est pourquoi elle est définie comme étant
un « moteur politique ».
197
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Inondation d’initiatives Depuis 1848, la Suisse a voté sur 228 initiatives populaires, mais seulement 25 d’entre elles ont
été acceptées (état : janvier 2022). Alors que durant les 152 premières années, les auteurs d’une
initiative n’ont réussi à la faire passer que tous les douze ans en moyenne, le peuple et les cantons,
depuis 2000, en acceptent une en moyenne tous les vingt mois. Treize initiatives populaires ont
en effet été adoptées ces seize dernières années.
198
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Initiatives populaires
DE L’IDÉE À LA RÉALISATION
Une initiative populaire fédérale peut être Problème : En Suisse, il n’y a pas assez de donneurs d’organes. Pour éviter d’autres décès
lancée par tous les Suisses et les Suissesses inutiles, il s’agirait de passer au modèle du consentement présumé, qui est déjà en vigueur
ayant le droit de vote, y compris ceux de dans beaucoup de pays.
l’étranger.
C’est la « Jeune Chambre Internationale de la Riviera » à Montreux qui a initié la proposi-
tion. Il s’agit d’une chambre locale de l’ONG « Junior Chamber International » qui, selon
Il faut fonder un comité d’initiative ses propres indications, est « l’organisation leader des jeunes cadres et entrepreneurs » et
constitué d’au minimum 7 et au maximum « indépendante sur le plan politique et confessionnel ».
27 personnes qui ont le droit de vote au
niveau fédéral.
Initiative populaire fédérale « Pour sauver des vies en favorisant le don d‘organes »
La Constitution est modifiée comme suit :
Le 13 septembre 2019, le Conseil fédéral a adopté un projet de loi introduisant une solution
Référendum: l’initiative ou le contre-projet
d’opposition élargie et a ouvert la procédure de consultation (contre-proposition indirec-
direct doit être approuvée par la majorité
te). Celle-ci a duré jusqu’au 13 décembre 2019. Le 25 novembre 2020, le Conseil fédéral a
du peuple et des États. Dans le cas d’une
transmis au Parlement le message concernant la révision de la loi sur la transplantation. Le 5
contre-proposition indirecte, la majorité
populaire est suffisante si un référendum à
mai 2021, le Conseil national a approuvé le contre-proposition indirect à une large majorité.
son encontre est organisé. Un référendum lancé contre ce texte a été clairement rejeté par le peuple en mai 2022. La
loi entrera donc en vigueur en 2024.
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www.swisstransplant.org
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Le droit de lancer Le référendum est obligatoire pour toute modification de la Constitution et pour l’adhésion de la
un référendum Suisse à certaines organisations internationales. L’adoption du projet requiert la double majorité :
celle du peuple et celle des cantons.
Les lois, nouvelles et modifiées, les arrêtés du Parlement assimilés à des lois et certains accords in-
ternationaux peuvent faire l’objet d’un référendum, si 50 000 citoyens et citoyennes ayant le droit
de vote le demandent dans les 100 jours suivant la publication de l’acte ( référendum facultatif ).
En pareil cas, seule la majorité du peuple est requise.
Le référendum est un moyen pour le peuple de freiner les modifications législatives votées par le
Parlement en les bloquant ou en les différant mais il contribue aussi à la concordance. Il conduit
en effet le Parlement à associer autant que possible tous les milieux concernés lorsqu’il débat
d’une loi ou d’une modification de loi. Il l’incite aussi à trouver une solution de compromis sus-
ceptible rallier une majorité pour éviter le lancement d’un référendum.
Les citoyens et citoyennes sont ainsi appelés à se prononcer sur des objets parfois très com-
plexes. Malheureusement, bon nombre d’entre eux ne participent pas aux votations, soit par dé-
sintérêt, soit parce qu’ils se sentent dépassés par la complexité de la question posée.
Il vaut donc mieux étudier la documentation sur les initiatives et s’informer dans les médias
( journaux, magazines, radio, télévision, internet ), analyser les arguments des uns et des autres.
La politique peut être passionnante, et chaque voix compte, puisqu’en Suisse c’est finalement le
citoyen qui décide.
La liste de signatures :
Seuls les citoyens résidant dans
la commune indiquée en tête
de la liste peuvent y apposer
leur signature. Les citoyens qui
appuient la demande doivent la
signer de leur main.
200
ECONOMIE | ETAT | DROIT
L’ancienne chancelière fédérale Annemarie Constitution une présomption selon laquelle les
Huber-Hotz ( PLR ) veut interdire aux partis initiatives sont mises en œuvre conformément aux
formant un groupe parlementaire l’utilisation de traités internationaux de la Suisse, pour autant
l’instrument de l’initiative, comme elle l’a dit à la que l’initiative ne demande pas explicitement
« Zentralschweiz am Sonntag ». la résiliation du traité en question. Lorsqu’une
initiative est contraire aux traités internationaux, le
Passage obligatoire par les bureaux officiels peuple devrait aussi voter en même temps sur la
En 1993 déjà, le conseiller national PDC Ulrich résiliation du traité en question.
( E-VOTING )
Lorsque les cantons veulent utiliser le E-Voting, ils doivent aujourd’hui demander une autorisation
à la Chancellerie fédérale. Cette autorisation demande notamment que le secret du vote soit préservé
et que la vérifiabilité individuelle soit donnée. Ce dernier point signifie que le système confirme au
citoyen que sa voix a été correctement enregistrée, normalement au moyen d’un code.
Jusqu’au début de l’année 2019, le vote électronique était proposé dans dix cantons. À l’époque, les
cantons avaient le choix entre deux systèmes de vote électronique : celui du canton de Genève et celui
de la Poste. En juin 2019, le canton de Genève a annoncé que son système ne serait plus disponible
avec effet immédiat. Puis, en juillet de la même année, la Poste a fait savoir que le système de vérifica-
tion individuelle ne serait plus proposé aux cantons. Comme aucun système de vote électronique n’est
maintenant disponible en Suisse, le vote électronique n’est plus possible pour le moment.
201
DROIT | ETAT | ECONOMIE
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vers l’étranger
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et La Confédération en bref / www.parlament.ch)
(Sources: NZZ du 28. 08. 2019 (Smartvote)
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ECONOMIE | ETAT | DROIT
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15 PLR
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1983 1987 1991 1995 1999 2003 2007 2011 2015 2019
203
DROIT | ETAT | ECONOMIE
C’est la démocratie directe qui permet la diversité ; le principe de milice qui empêche la politique profes-
sionnelle ; l’absence de centralisme qui admet les différences ; et la concordance qui vit du compromis.
Par-dessus tout cela, il y a la conception communautaire de l’État, qui ne laissera pas en Suisse devenir
hypocrisie la déclaration « L’État, c’est nous tous ». »
EXERCICES | CHAPITRE 18
1 Citez trois possibilités de participer activement à la vie politique.
3 Prenez un texte actuel soumis à votation par la Confédération, votre canton ou votre commune
et rassemblez des arguments pour et contre. Essayez ensuite de convaincre vos collègues de
vos arguments, puis procédez à un vote à bulletin secret.
5 Pourquoi est-il si important que les jeunes participent activement à la vie politique ?
7 Formez des groupes représentant chacun l’un des partis politiques suivants : UDC, PS, PLR, Le
Centre, Les Verts et PVL et répondez aux questions suivantes :
a ) Quels sont les buts et les valeurs défendues par le parti ?
b ) Sa section Jeunes est-elle active ? Dans quelle mesure leurs revendications
sont-elles prises en considération par le parti ?
c ) Quel est son pouvoir au niveau communal, cantonal et fédéral ?
Ce pouvoir a-t-il plutôt augmenté ou diminué ces dernières années ?
d ) Quel est le nom du plus jeune politicien élu au National ?
Rendez-vous sur son site Internet. Présentez brièvement vos résultats à la classe.
8 Rassemblez des arguments pour ou contre le fédéralisme. D’une part, on parle de l’« esprit
cantonaliste », d’autre part, des recherches montrent que les gens sont plus heureux dans des
systèmes de démocratie directe fédéralistes. Pouvez-vous expliquer cette contradiction ?
204
ECONOMIE | ETAT | DROIT
12 En page 192 se trouve la photo du Conseil fédéral actuel. Pouvez-vous nommer tous les
conseillers fédéraux ? Sur la même photo, il y a une huitième personne. De qui s’agit-il et
quelles sont ses fonctions ?
15 L’Agence fédérale allemande pour l’éducation civique est d’un avis différent. Dans un texte sur
la démocratie directe ( https://www.bpb.de/147764/eine-bessere-demokratie-durch-neueformen-
politischer-partizipation?p=1 ), les critiques suivantes sont adressées à la démocratie directe :
elle serait une porte ouverte à la démagogie et au populisme, ne permettrait pas de faire
émerger des compromis et désavantagerait les minorités et les personnes socialement faibles.
Qu’en pensez-vous ?
16 On entend souvent des gens se plaindre du fait que les étrangers et les adolescents ne
peuvent pas prendre part aux décisions politiques. En réponse à cela, des appels sont
lancés en faveur du droit de vote des étrangers et de l’abaissement de la majorité civique.
Reiner Eichenberger et Anna Maria Koukal ont fait une proposition originale à ce sujet ( voir
Weltwoche n° 39/20, p. 36 ) : les étrangers et les adolescents ne devraient pas avoir le droit
de vote, mais ils devraient pouvoir lancer et signer des référendums et des initiatives.
Que pensez-vous de cette proposition ?
Notre pays n’est devenu membre de l’ONU ( Organisation des Nations unies – United Nations
( UN ) ou United Nations Organization UNO ) qu’en 2002, bien que le deuxième siège important
de cette organisation se trouve à Genève depuis longtemps.
La Suisse est le seul pays ayant intégré l’ONU suite à un référendum. Les objectifs de la poli-
tique étrangère de la Suisse sont ancrés dans la Constitution, à savoir soulager les souffrances
et la pauvreté dans le monde, promouvoir le respect des droits de l’homme, la démocratie et la
coexistence pacifique entre les nations, soit quasiment les mêmes objectifs que ceux de l’ONU.
Définition L’ONU est une organisation internationale regroupant 193 Etats et a pour objectifs de promouvoir
la collaboration entre les Etats et d’assurer ainsi la paix au niveau mondial. Le respect du droit in-
ternational, la protection des droits de l’homme, la lutte contre la pauvreté et l’aide aux indigents
font partie des autres missions de cette organisation.
Charte Le traité à la base de l’ONU est la Charte des Nations Unies, signée à San Francisco en juin 1945.
Il s’agit d’un traité international de durée indéterminée, qui décrit notamment les différents or-
ganes des Nations unies, les modes de règlement pacifique des différends, ainsi que les mesures
à prendre en cas de menaces ou de ruptures de la paix.
205
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Le siège principal des Nations unies se trouve à New York et il y a trois autres sièges ou offices à
Genève, Nairobi et Vienne. A La Haye siège la Cour internationale de justice ( CIJ ).
Les Nations unies comportent aujourd’hui six organes principaux et une série d’organes subsi-
diaires et d’institutions spécialisées.
Assemblée générale L’Assemblée générale est le forum des discussions politiques mondiales. Des résolutions poli-
tiques y sont adoptées mais ne sont pas contraignantes. Son rôle est principalement consultatif.
Un Etat ( membre ou non ) peut par exemple saisir l’Assemblée générale sur des questions tou-
chant au maintien de la paix ou à la sécurité internationale mais ses conclusions n’ont qu’une va-
leur de recommandation. Au final, c’est le Conseil de sécurité qui tranchera. Elle décide également
de l’admission de nouveaux membres, adopte le budget et fixe le montant des cotisations des
membres. Par ailleurs, elle émet des recommandations concernant d’éventuelles modifications
de la Charte. Ensuite, elle nomme les membres non permanents du Conseil de sécurité, tous les
membres du Conseil économique et social, le Secrétaire général de l’ONU sur recommandation
du Conseil de sécurité ainsi que les 15 juges de la Cour internationale de justice. Tous les Etats
membres ont un siège et une voix à l’Assemblée générale.
Conseil de sécurité Le Conseil de sécurité a la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité inter-
nationale. Il se compose de 15 membres ; parmi eux, la Chine, la Russie, la France, la Grande-Bre-
tagne et le Etats-Unis sont des membres permanents. Les dix autres membres non permanents
sont désignés par l’Assemblée générale. Chaque année, cinq Etats sont élus pour une période de
deux ans. Les résolutions adoptées par le Conseil de sécurité sont obligatoires et contraignantes.
Elles nécessitent l’approbation d’au moins neuf membres, dont les cinq membres permanents
( droit de veto ). Les résolutions comptent notamment des mesures visant à assurer le maintien
de la paix, à établir des sanctions internationales et des interventions militaires, ou encore des
moyens de pression non militaires, par exemple des embargos commerciaux.
Actuellement ( état début 2018 ), il y a 19 opérations de maintien de paix dans le monde, dont
l’effectif ( composé essentiellement de soldats ) s’élève à 120 000 personnes. Le budget de ces
opérations s’élève à plus de 8 milliards de francs suisses.
Conseil économique et social Le Conseil économique et social ( ECOSOC ) est l’organe principal de l’ONU pour la coordination
des activités économiques et sociales. Il se réunit alternativement à New York et Genève.
206
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Secrétaire général Le Secrétaire général est le plus haut fonctionnaire de l’ONU. Il est membre du Secrétariat des Na-
tions Unies. Il est nommé pour cinq ans et, à côté de ses tâches administratives, joue également
un rôle politique ; il peut, par exemple, se voir confier certaines tâches par le Conseil de sécurité.
Le titulaire actuel est l’ancien Premier ministre du Portugal, António Guterres.
Cour internationale La Cour internationale de justice ( CIJ ), qui a son siège à la Haye ( Pays-Bas ), exerce la fonction
de justice de tribunal mondial. Elle statue sur les différends entre les Etats qui reconnaissent sa juridiction
et établit un rapport annuel. Les 15 juges sont élus pour neuf ans. Ses arrêts sont adoptés à la
majorité relative des juges présents.
Agences spécialisées Des agences spécialisées ont été créées par l’Assemblée générale de l’ONU pour s’occuper de
certaines tâches. Elles ont leur propre système administratif mais ne sont pas basées sur le droit
international. Elles ne sont donc pas des sujets de droit international comme l’ONU. Il s’agit no-
tamment du Conseil des droits de l’homme, implanté à Genève, du Fonds des Nations unies pour
l’enfance ( UNICEF ), du Programme alimentaire mondial ( PAM ), du Haut Commissariat pour les
réfugiés, du Programme des Nations Unies pour le développement ( PNUD ) ou encore du Pro-
gramme des Nations Unies pour l’environnement ( PNUE ).
Organisations Les organisations faisant partie du système de l’ONU sont des organisations internationales indé-
pendantes du point de vue juridique, organisationnel et financier, mais qui ont conclu des accords
avec les Nations unies. Certaines d’entre elles sont antérieures à l’ONU. Il exist actuellement 16
institutions spécialisées qui sont reliées à l’ONU par des accords de coopération : l’UNESCO ( Or-
ganisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture ), l’OMS ( Organisation mon-
diale de la Santé ), l’OIT ( Organisation Internationale du Travail ), le FM, la Banque mondiale, etc.
207
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Les critiques accusent l’ONU de manquer d’efficacité. Dans un monde qui fonctionne de plus en
plus par réseaux, où les grands défis majeurs tels que la protection de l’environnement, les migra-
tions, la gestion des ressources naturelles, les épidémies nécessitent une coopération au niveau
mondial, l’ONU est une importante organisation où tous les pays sont représentés. Elle a donc une
légitimité unique dans le mise au point de solutions aux défis mondiaux.
2 L’un des objectifs importants de l’ONU est de promouvoir les « droits de l’homme ».
Que faut-il comprendre par « droits de l’homme »?
3 Est-ce que la CIJ de la Haye est comparable à nos tribunaux nationaux, par exemple
un tribunal cantonal ou fédéral ?
4 Présentez une des agences spécialisées de l’ONU ( par exemple l’UNICEF, le PAM, l’UNHCR ) et/
ou une des organisations faisant partie du système de l’ONU ( par exemple l’UNESCO, l’OMS,
l’OIT, le FMI, etc. ). Quels sont les objectifs de cette organisation ? Quelles sont ses sources de
financement ? De quels succès peut-elle se prévaloir ? Où y a-t-il les plus gros problèmes ?
Vous trouverez des renseignements à ce propos sur Internet.
5 Discussion : le droit de veto des membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU doit-il
être supprimé ?
6 Discussion : la Suisse devient membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU pour
2023 /24 : Peut-elle y exercer son droit de vote tout en restant « neutre » ?
208
ECONOMIE | ETAT | DROIT
L’Union européenne ( UE ) L’Union européenne ( UE ) est une association de 27 Etats regroupant plus de
450 millions d’habitants.
Marché intérieur commun Le traité de Maastricht ( 1992 ) a institué une politique de sécurité extérieure et intérieure com-
mune entre les membres de l’UE ainsi qu’une étroite collaboration entre eux dans les domaines
de la justice, des affaires intérieures ainsi que pour l’introduction de l’euro.
Ni une Confédération d’Etat, La qualification de l’Union européenne est controversée, dans la mesure où elle constitue une
ni un Etat fédéral forme inédite au cours de l’histoire. Elle est plus qu’une confédération d’Etats car elle bénéficie
de sa propre souveraineté. Toutefois, elle n’est pas un Etat fédéral car ses membres disposent de
trop de pouvoirs. C’est pourquoi on parle plutôt d’une communauté de pays.
Associations européennes
UNION DOUANIÈRE
Turquie
EEE UE
( Source : NZZ du 8.10.2016, p.9
Bulgarie Croatie Roumanie
actualisé )
ESPACE SCHENGEN Suède Danemark Pologne
République tchèque Hongrie
Le Conseil européen Le Conseil européen réunit les chefs d’Etat et de gouvernement des Etats membres ainsi que le
président de la Commission européenne. Il définit les grandes orientations et les objectifs de la
politique européenne. Au Conseil européen, les décisions sont prises par consensus, donc à l’una-
nimité.
210
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Le Conseil de l’Union Le Conseil de l’Union européenne est l’un des deux organes législatifs de l’UE. Le conseil réunit les
européenne ministres de chaque pays membre de l’UE et décide conjointement avec le Parlement européen des
actes législatifs.
Le Parlement européen Le Parlement européen partage le pouvoir législatif conjointement avec le Conseil de l’Union eu-
ropéenne. A côté de sa fonction législative, il vote le budget de l’UE et exerce un contrôle parle-
mentaire. Tous les cinq ans, depuis 1979, le Parlement est élu directement par les citoyens des Etats
membres. Il se réunit principalement à Strasbourg et parfois à Bruxelles.
La Commission européenne La Commission européenne exerce la fonction exécutive. Cependant, elle prend également part
au processus législatif car elle dispose d’un droit d’initiative quasi exclusif dans ce domaine. Elle
peut ainsi proposer de nouveaux actes législatifs ( directives, ordonnances, décisions ). La Com-
mission est composée de 27 commissaires ( un par Etat membre de l’UE ), élus à la majorité qua-
lifiée, par le Conseil européen pour une durée de cinq ans. Les commissaires sont exclusivement
au service de l’UE et ne reçoivent pas de directives de la part de leur Etat. La Commission est
donc une institution supranationale indépendante, en tout cas en théorie. Ursula van der Leyen,
d’Allemagne, est actuellement présidente de cette Commission.
Le Haut-Représentant Le Haut-Représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité tient le rôle
de l’Union pour les affaires de « ministre des affaires étrangères ». Le titulaire actuel est l’Espagnol Josep Borrell. Le Haut-Re-
étrangères et la politique présentant est assisté par le Service européen pour l’action extérieure ( SEAE ). Le SEAE maintient
de sécurité une représentation diplomatique dans plus de 140 pays, dont la Suisse.
La Banque centrale La Banque centrale européenne ( BCE ) conduit, depuis 1999, la politique monétaire de la zone
européenne euro. La BCE est politiquement indépendante. Son directoire est nommé par le Conseil européen
et fixe les taux directeurs. La Banque centrale européenne forme, avec les banques centrales
nationales des 28 Etats membres de l’UE, le Système européen de banques centrales ( SEBC ).
La Cour de justice La Cour de justice de l’Union européenne interprète la législation européenne de manière à ga-
de l’Union européenne rantir son application uniforme dans tous les pays de l’UE. Elle est également habilitée à statuer
sur les différends opposant les Etats membres de l’UE, les institutions de l’UE mais aussi les en-
treprises et les personnes privées.
Défis De nos jours, en raison d’importantes disparités économiques entre ses membres, l’Union eu-
ropéenne est sous pression. Les Etats les plus productifs doivent verser des milliards d’euros
en faveur des pays économiquement moins avancés. La question est de savoir s’il convient de
procéder à une réelle union de transfert et ouvrir la voie à une fédération d’Etats. Cela aurait des
conséquences importantes pour les pays membres de l’UE, qui devraient renoncer à leur indépen-
dance dans plusieurs domaines ( par exemple ceux de la fiscalité et du budget ). Une alternative
serait la voie du retour à une Condédération d’Etats, c’est-à-dire que les membres bénéficieraient
de plus d’indépendance et que l’Union européenne serait réduite à une zone de libre-échange
économique.
211
DROIT | ETAT | ECONOMIE
2 Rien d’autre que le marché unique: Recentrage sur le marché unique, puisque les 27 membres de
l’UE ne parviennent pas à s’accorder pour faire plus dans beaucoup d’autres domaines d’action.
3 eux qui veulent plus font plus (Europe à plusieurs vitesses): L’UE continue comme aujourd’hui, mais
C
permet à des membres intéressés de collaborer dans certains domaines, p.ex. la défense, la sécurité
intérieure ou les affaires sociales. Il en résulterait des coalitions entre ceux qui veulent.
4 Faire moins mais de manière plus efficace: Tentative d’atteindre plus rapidement des résultats
dans des domaines d’action choisis. Concentration sur des thèmes choisis tels que la défense, le
commerce ou la protection des frontières. Dans d’autres domaines, p.ex. la protection des consom-
mateurs ou la politique de la santé publique, le degré d’harmonisation serait réduit au minimum.
5 Faire beaucoup plus ensemble: Intégration à large échelle dans tous les domaines. Partage des
compétences et des ressources et prise de décisions communes.
Un autre problème de l’Union est son déficit démocratique. Les détenteurs effectifs du pouvoir
au sein de l’Union sont des politiciens membres de l’exécutif qui, dans le Conseil ou la Commis-
sion, déterminent les grandes orientations de l’UE et sont en règle générale peu contrôlés par le
Parlement. Pour beaucoup, Bruxelles semble être un lieu éloigné et dépourvu de transparence où
les lois sont élaborées par des fonctionnaires sous l’influence de lobbyistes, peu en phase avec
les préoccupations des citoyens.
péenne (ICE)
Depuis 2012, environ 9 millions 19 ont été déclarées irrecevables 48 ont été déclarées recevables et enregistrées
de citoyens de l’UE ont signé
une ICE
23 n’ont pas obtenu les signatures nécessaires
2018)
7 sont encore en cours
4 ont abouti
Le mérite de l’UE Néanmoins, il faut admettre que l’objectif initial de l’intégration européenne, à savoir éviter de
nouvelles guerres au sein de l’Europe, a sans aucun doute été atteint. En 2012, l’UE a obtenu le
prix Nobel de la paix « pour une contribution de plus de six décennies, à la promotion de la paix
et de la réconciliation, de la démocratie et des droits de l’homme en Europe ».
212
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Les relations UE-Suisse La question s’est posée très tôt de savoir si la Suisse ne devait pas être partie prenante de cette
idée et s’impliquer activement dans la construction européenne. Notre pays est le troisième par-
tenaire commercial de l’Union européenne, après les Etats-Unis et la Chine, et devant la Russie et
le Japon. Plus de 1,3 million citoyens européens vivent et travaillent en Suisse, beaucoup passent
quotidiennement la frontière pour venir y travailler.
Les citoyens suisses se sont montrés sceptiques à plusieurs reprises et, après le refus populaire
de l’adhésion à l’Espace économique européen ( EEE ) en 1992, notre gouvernement s’est engagé
dans la voie bilatérale. Avec ce choix, la Suisse a opté pour le principe du bilatéralisme, où deux
partenaires politiques à égalité de droits s’assoient à une même table, tandis qu’au sein de l’UE,
les discussions se conduisent habituellement entre 16 ou 27 membres.
Les accords bilatéraux forment le socle des relations entre l’UE et la Suisse. Hors de la Suisse, il
est usuel de faire référence aux accords UE/Suisse.
Les Accords bilatéraux I La première série d’accords bilatéraux a été conclue en 1999 et comportait sept accords : libre cir-
culation des personnes, transport aérien, transports terrestres, agriculture, obstacles techniques
au commerce, marchés publics et recherche.
Dans certains domaines, ces accords profitent plutôt à la Suisse, dans d’autres plutôt à l’UE. Pour
éviter qu’une des parties ne puisse « tirer la couverture à soi », les accords ont été assortis d’une
« clause guillotine », selon laquelle, en cas d’échec ou de dénonciation de l’un des accords, les
autres accords devenaient également caducs.
Les accords ont réglé dans quelle mesure les dispositions du droit de la Communauté européenne
devenaient également applicables à la Suisse. Une reprise automatique des modifications du
droit européen décrétées par l’UE a été exclue. Au lieu de cela, il a été décidé de mettre en place,
pour chaque accord sectoriel, une « commission bipartite », chargée d’étudier si et quand les mo-
difications devaient s’appliquer à la Suisse. Les décisions s’y prennent d’un commun accord, c’est-
à-dire à l’unanimité. Aucune décision ne peut donc être prise sans être approuvée par la Suisse.
Les Accords bilatéraux II Le deuxième volet des Accords bilatéraux avait pour but de rapprocher encore davantage la
Suisse et l’UE. Dans un premier temps, la Commission européenne n’a pas voulu entrer en ma-
tière sur un deuxième paquet d’accords. Cependant, les intérêts respectifs de l’UE ( fiscalité de
l’épargne et lutte contre la fraude fiscale ) et de la Suisse ( adhésion à l’accord de Schengen et
résolution des questions laissées ouvertes par la première série d’accords ) ont poussé les deux
parties à s’entendre sur l’ouverture de nouvelles négociations.
La deuxième série d’accords concerne notamment les domaines suivants : adhésion de la Suisse
aux accords de Schengen/Dublin ( suppression des contrôles de personnes aux frontières, coopé-
ration policière, asile ), fiscalité de l’épargne, lutte contre la fraude, produits agricoles transformés,
environnement, statistique, médias, retraites, éducation.
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213
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Les partisans Les partisans de l’adhésion insistent cependant sur les idées de solidarité. En outre, il serait pré-
férable, en tant que membre de l’UE, de participer activement à l’élaboration des décisions de
l’UE plutôt que d’y être simplement confronté comme partenaire extérieur. Enfin, les partisans
avancent que l’entrée dans une UE ne reculant pas devant les réformes serait bénéfique à notre
marché intérieur ( stimulation de la croissance économique ).
Les opposants Les opposants à l’adhésion craignent que nous devions renoncer à notre démocratie directe et
que les grands Etats membres dictent leur volonté. Il faudrait aussi s’attendre, selon eux, à une
hausse de la fiscalité ( TVA ) et des taux d’intérêt et se préparer ( en tout cas à moyen terme ) à
renoncer au franc. Enfin, la Suisse serait sans aucun doute, et très largement, un contributeur net,
ce qui signifie qu’elle devrait verser davantage à l’Union européenne qu’elle n’en recevrait.
Questions controversées L’UE exige depuis 2008 que la Suisse, si elle veut participer à d’autres secteurs du marché inté-
Intégration institutionnelle rieur européen, reprenne désormais obligatoirement les développements ultérieurs du droit du
marché intérieur. Par ailleurs, selon l’UE, la Suisse devrait se soumettre à la juridiction européenne
en cas de conflits survenant lors de la mise en œuvre. Ce serait la seule manière de garantir que
les mêmes règles s’appliquent à l’ensemble du marché intérieur européen.
Accord institutionnel Ces demandes ont été inscrites dans l’accord-cadre institutionnel négocié avec la Suisse. Notre
controversé pays rechigne cependant à l’accepter.
D’une part, on connaît l’importance du marché européen pour notre économie et l’on craint que
le rejet de cet accord ne signifie la fin graduelle de la voie bilatérale. Baisse du niveau de vie,
délocalisations d’entreprises et disparition de places de travail pourraient s’ensuivre. D’autre part,
une acceptation de ce « contrat colonial » mènerait à une perte de souveraineté et aurait des consé-
quences sociales et politiques considérables. Dans sa forme actuelle, l’accord conduirait la Suisse
à rejoindre progressivement l’UE.
Quelle suite ? Le Conseil fédéral a refusé de signer l’accord-cadre institutionnel à la mi-2021, de peur que l’accord
soit rejeté par les électeurs suisses.
De son côté, l’UE continue d’insister sur l’accord-cadre institutionnel et augmente la pression sur
la Suisse ( pas de mise à jour des accords bilatéraux actuels et pas de conclusion de nouveaux ac-
cords bilatéraux, ainsi que des mesures punitives à motivation politique ( par exemple l’exclusion
d’Erasmus et d’Horizon ) ).
214
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Une expérience professionnelle en Europe et des compétences transversales : un plus dans le CV !
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215
DROIT | ETAT | ECONOMIE
● l’introduction de l’euro
● une politique étrangère et de sécurité commune
● l’adhésion de la Suisse à l’Espace de Schengen
● la conclusion de négociations sur les produits agricoles
● la coopération dans la lutte contre la fraude fiscale
● l’adaptation du droit fiscal au droit européen.
4 Quels seraient, pour ses partisans, les avantages d’une adhésion de la Suisse à l’UE ?
1. 2.
3. 4.
5 Discutez en classe des répercussions d’une adhésion de la Suisse à l’UE en ce qui concerne :
la TVA
la monnaie
les possibilités d’exportation pour l’économie suisse
la souveraineté
la démocratie populaire
216
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Les impôts existent effectivement depuis l’Antiquité. Les premières traces que l’on en a pro-
viennent d’Egypte où, au 3e siècle avant Jésus Christ déjà, des scribes géraient les impôts sur les
récoltes et percevaient des droits de douane sur le Nil. La Bible elle-même ne dit-elle pas qu’il faut
remplir ses obligations fiscales ? ( Epître de Paul aux Romains 13,7 : « Rendez à chacun ce qui lui
est dû : à qui l’impôt, l’impôt ; à qui les taxes, les taxes ; à qui la crainte, la crainte ; à qui l’honneur,
l’honneur. » ).
Ces activités doivent être financées. Il se pose donc la question de savoir avec quels moyens
chaque tâche doit être payée. L’Etat actuel connaît trois sources différentes :
Les impôts directs Les impôts directs sont prélevés sur la base de caractéristiques personnelles des contribuables
telles le revenu, la fortune, le statut familial et le nombre d’enfants. C’est pourquoi ces impôts
varient selon la situation personnelle. Les impôts doivent être payés indépendamment de toute
prestation de l’Etat. La personne qui supporte l’impôt direct en est redevable et doit donc s’en
acquitter.
217
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Les impôts indirects Pour les impôts indirects, les caractéristiques personnelles ne jouent aucun rôle. Ils sont par ex. pré-
levés sous forme de TVA pour des achats de biens et de services ou de droits de douane lors de
l’importation de marchandises. Pour l’impôt indirect, une personne ( le redevable ) paie l’impôt et
une autre la verse ( le contribuable ).
Les taxes Les taxes doivent être payées pour des prestations concrètes de l’Etat. En font partie par ex. l’éta-
blissement de documents ( permis de conduire, passeports, etc. ) ou l’élimination des déchets. Les
taxes ne sont dues que lorsque la prestation est utilisée. Elles couvrent tout ou partie des coûts
induits par la fourniture de prestations par l’Etat.
Crédits sur le Lorsque les impôts et les taxes ne suffisent pas à financer les tâches de l’Etat, celui-ci peut
marché des capitaux s’endetter en recourant à des crédits sur le marché des capitaux. De la sorte, il peut financer
ses dépenses courantes avec des crédits à la consommation, tout comme le fait une entreprise
privée pour payer ses investissements ou un ménage privé. Au niveau mondial, l’endettement
a nettement pris de l’importance ces dernières années. Nous nous occuperons plus tard de ses
avantages et inconvénients ainsi que des instruments servant à le limiter.
EXERCICE | CHAPITRE 19
1 a ) Quelles sont les différences entre impôts et taxes ? Nommez deux exemples concrets de
chaque catégorie, que vous avez à supporter vous-même.
b ) Quelles sont les différences entre impôts directs et indirects ? Nommez deux exemples
concrets de chaque catégorie.
Suite
En Suisse, aussi bien la Confédération que les cantons et les communes disposent de la souverai-
neté fiscale et sont habilités à percevoir des impôts de manière autonome. Notre système fiscal
est donc très diversifié. Les impôts les plus importants en Suisse sont :
218
ECONOMIE | ETAT | DROIT
La répartition des impôts entre Confédération, cantons et communes s’effectue comme suit :
( Source : Statistique financière de Autres impôts directs 5.5 4.3 2.6 12.4
la Suisse 2020, Neuchâtel, 2022 ) Impôts sur la possession ou la dépense – 2.4 0.1 2.5
La Confédération encaisse presque la moitié de tous les impôts, alors que les cantons en per-
çoivent environ un tiers et les communes environ un cinquième. Les impôts directs sont perçus
par tous les échelons de l‘État ; la plus grosse partie par les cantons et les communes. Par contre,
les impôts indirects ou impôts sur la consommation (TVA, impôts sur les huiles minérales, droits
de timbre, impôt sur le tabac et sur les alcools) sont prélevés uniquement par à la Confédération.
EXERCICES | CHAPITRE 19
a ) Répartissez les impôts du tableau ci-dessus en impôts directs ou indirects ainsi
2
qu’en impôts à la source ou impôts basés sur la taxation.
b ) Le trend est aux impôts indirects. Pourquoi ?
Confédération
Canton
Commune
Vous trouverez les réponses à cet exercice dans le pdf « Aperçu du système fiscal suisse »
( https://www.estv.admin.ch/estv/fr/home/allgemein/steuerinformationen/fachinformationen/
schweizerisches-steuersystem/das-schweizerische-steuersystem.html).
Suite page 221
219
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Pourquoi des impôts ? L’objectif initial de la perception des impôts était de fournir à l’Etat suffisamment de moyens
financiers pour satisfaire certains besoins collectifs. C’est ainsi l’objectif fiscal qui prédomine,
comme pour les impôts sur le revenu, la fortune, le bénéfice et le capital ou la TVA.
Les impôts servent d’autre part aussi à réaliser une répartition plus juste des revenus et de la
fortune. C’est alors l’objectif de redistribution qui est mis en évidence. Celui-ci justifie les impôts
sur les successions et les donations mais aussi la progression fiscale.
Taux d’imposition et Le taux d’imposition détermine le calcul de l’impôt. Il est généralement fixé en pourcent ou pour-
coefficient d’imposition mille de l’assiette d’imposition (base de calcul de l’impôt). Un taux d’imposition de 14 %, p. ex.,
conduit à un impôt de CHF 14 000.– pour un revenu de CHF 100 000.–.
Lorsque le taux d’imposition varie avec l’assiette, un barème fiscal fixe les différents taux d’impo-
sition pour chaque montant imposable.
L’impôt résultant du barème fiscal s’appelle l’« impôt de base ». Les impôts cantonaux et commu-
naux réellement dus se calculent en multipliant l’impôt de base par le coefficient d’imposition.
En règle générale, les coefficients d’impôt ne sont pas fixés dans la loi, mais une fois par année
lors du vote du budget.
Taux d’imposition et L’impôt sur le revenu est dû sur les revenus du travail (salaires, honoraires, etc.) et de la fortune
progressivité (intérêts, dividendes), le montant de l’impôt variant selon le domicile, l’état civil et l’importante
des revenus.
Domicile : la charge fiscale est influencée d’une part par le taux d’imposition et d’autre part par
le coefficient d’imposition (voir paragraphe précédent). Le taux d’imposition est déterminé par la
fiscale cantonale, tandis que le coefficient d’impôt est fixé par le parlement cantonal, respective-
ment l’organe législatif communal (son nom spécifique varie selon les cantons).
État civil : pour les couples mariés, les taux d’imposition sont plus bas que pour les personnes
célibataires ou vivant seules, sachant que les revenus du couple sont additionnés et imposés
globalement.
Importance des revenus : plus le revenu augmente, plus le taux d’imposition est élevé. Les revenus
sont ainsi imposés de façon non proportionnelle, c’est-à-dire que si l’on gagne le double de son
voisin, on paie plus que le double d’impôts. C’est ce qu’on appelle la progressivité fiscale.
La progression fiscale Le tableau ci-dessous montre quelle serait la charge fiscale si elle augmentait linéairement par
rapport aux revenus :
220
ECONOMIE | ETAT | DROIT
14 000.–
12 000.–
10 000.–
8 000.–
charge fiscale linéaire
6 000.–
4 000.–
2 000.–
montant du revenue imposable ( CHF )
0
EXERCICE | CHAPITRE 19
4 Indiquez les valeurs réelles de l’impôt fédéral direct par tranches de CHF 20 000.– environ
du revenu imposable sur le tableau ci-dessus et reliez les points. Vous obtiendrez ainsi la
représentation de la progression fiscale.
Il y a donc progressivité fiscale lorsque le taux d’imposition augmente avec le revenu. Pour les
revenus élevés, le taux d’imposition peut ainsi dépasser les 50 % dans les pays à forte fiscalité.
Sous le nom de progression à froid, on désigne l’augmentation du taux d’imposition dû au simple
renchérissement et non à l’augmentation des revenus en termes réels.
L’imposition par tête est un système alternatif, dans lequel chacun paierait le même montant
d’impôts quel que soit son revenu. Le taux d’imposition est par conséquent régressif, c’est-à-dire
qu’il diminue lorsque les revenus augmentent. Un autre système est l’impôt proportionnel ou à
taux constant, dans lequel chaque contribuable paie le même pourcentage de ses revenus.
La plupart des pays – dont la Suisse – ont adopté un système d’impôt progressif. La raison en est
que les personnes aisées ressentent moins le poids de l’impôt que les personnes moins favorisées
économiquement. La redistribution qui en résulte est justifiée politiquement et éthiquement et
améliore la situation des couches sociales inférieures. Dans les discussions politiques, l‘impôt fé-
déral direct, par exemple, avec sa forte progressivité, est souvent qualifié d’impôt sur la richesse.
Le graphique suivant montre la progression du taux d’impôt sur le revenu du travail pour un cé-
libataire sans enfant et un couple marié ayant deux enfants, domiciliés à Zurich, en additionnant
les impôts fédéraux, cantonaux, communaux et ecclésiastiques. Alors que les personnes mariées
ayant un revenu cumulé de CHF 40 000.– ne paient quasiment pas d’impôts grâce aux déductions
pour famille et enfants, la taxation des célibataires est déjà moins négligeable, même pour des
revenus très bas. Avec l’augmentation du revenu, la charge fiscale des deux catégories croît et
finit par se stabiliser aux alentours de 33% pour des revenus de 1 million de francs.
221
DROIT | ETAT | ECONOMIE
charge fiscale en %
25.0
( Source : Charge fiscale en Suisse, 20.7
chefs-lieux cantonaux – chiffres 20.0 17.1
cantonaux 2017, Neuchâtel 2018 )
15.0 12.9 13.3
10.7
8.6 9.2
10.0
5.7 4.8
5.0 3.3 3.5
célibataire sans enfant 2.0
0.2 0.2
couple marié avec deux enfants 0.0
20 000 40 000 60 000 80 000 100 000 150 000 200 000 500 000 1 000 000
Punition du mariage La Suisse compte un nombre croissant de ménages à deux revenus. Les couples mariés et les
couples en partenariat enregistré sont imposés comme une seule entité par les autorités fiscales
qui additionnent les deux revenus.
En raison de la progressivité de l’impôt, ce revenu total est généralement imposé plus lourdement
que si chaque membre du couple était imposé individuellement. En d'autres termes, à revenus
égaux, les concubins ( qui sont taxés individuellement ) doivent payer moins d'impôts que les
couples mariés. C'est pourquoi on l'appelle aussi la « punition du mariage ».
Bien que des déductions pour le deuxième revenu aient été introduites pour atténuer cette situa-
tion, elles n'y remédient pas complètement. Une solution radicale et cohérente serait donc le pas-
sage à une imposition individuelle indépendante de l'état civil, comme le réclame le PLR-Femmes,
avec d'autres organisations partenaires, dans une initiative.
Celui qui est assujetti à l’impôt et utilise une prestation fournie par une autre entreprise pour pro-
duire sa propre prestation ne doit pas supporter le poids de l’impôt. Il peut donc déduire la TVA
facturée par son fournisseur de prestations (impôt préalable).
Sont imposables (objet de l’impôt) toutes les prestations fournies à titre onéreux sur le territoire
suisse pour lesquelles la loi ne prévoit aucune exclusion du champ de l’impôt. Les prestations en
provenance de l’étranger sont également soumises à la TVA. En revanche, les exportations ne
sont pas soumises à l’impôt, puisqu’elles doivent s’acquitter de la TVA étrangère.
Pour des raisons sociales et économiques, certaines prestations ne sont pas soumises à la TVA, ou
le sont à un taux plus bas. C’est ainsi que les prestations fournies dans les domaines de la santé,
de la formation, de la culture et du sport, notamment, sont exclues du champ de l’impôt. Cer-
taines prestations servant à couvrir les besoins humains fondamentaux sont imposées seulement
à un taux réduit. Enfin, un taux spécial s’applique aux prestations d’hébergement des hôtels et
établissements de cure et à la parahôtellerie.
222
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Depuis le 1er janvier 2018, les taux de TVA en Suisse sont les suivants: taux normal : 7,7 %, taux réduit :
2,5 % et taux spécial : 3,7 %.
Comme le nom l’indique déjà, seule la valeur ajoutée doit être imposée. L’impôt fonctionne
comme indiqué dans le tableau suivant (pour avoir des chiffres ronds, on a fait les calculs avec
un taux de TVA de 8 %).
Un détaillant
Un marchand Un couturier Un grossiste vend les différents
vend des tissus produit des costumes vend des costumes costumes aux
consommateurs
TVA 8 % CHF 8.– TVA 8 % CHF 16.– TVA 8 % CHF 8.– TVA 8 % CHF 16.–
EXERCICE | CHAPITRE 19
5 a ) Comment est-ce que les impôts à la consommation réagissent à la conjoncture par
rapport aux impôts sur le revenu et la fortune ?
b ) Notez en mots-clés les domaines dans lesquels il faut payer un taux de TVA réduit et
ceux dans lesquels on paie un taux spécial. Pourquoi ces domaines ne paient-ils pas
le taux normal ?
c ) Le financement de l’AVS est assuré par les salaires. Ceci augmente les charges salariales
des entreprises et diminue le montant du salaire versé aux salariés, donc leur pouvoir
d’achat. En comparaison internationale, une augmentation de la TVA consacrée au
financement de l’AVS se justifierait-elle alors en termes de politique sociale ? Veuillez
motiver votre réponse.
223
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Le principe de la
déclaration d’impôt Revenu brut Revenus accessoires / Revenus provenant
De la totalité des revenus au de remplacement de la fortune
revenu imposable
+
–
Revenu total
Déductions générales
p. ex. frais d’acquisition
du revenu ( dépenses
professionnelles )
intérêts passifs /
cotisations sécurité sociale
et prévoyance, etc.
–
Revenu net
Déductions sociales
p. ex. allocations enfants,
personnes mariées,
retraités, etc.
Revenu imposable
L’impôt anticipé C’est une des obligations du contribuable de déclarer tous ses revenus et la totalité de sa fortune.
Le système de l’impôt anticipé sur les intérêts de l’épargne vise à combattre la fraude fiscale. Si
le contribuable déclare correctement toute sa fortune et ses intérêts, l’impôt anticipé de 35 % lui
est restitué.
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224
ECONOMIE | ETAT | DROIT
EXERCICES | CHAPITRE 19
6 Expliquez brièvement et avec vos propres mots le mécanisme de l’impôt anticipé.
Préparation de la 7 Avant de remplir la déclaration d’impôt, il faut se procurer quelques informations de base :
déclaration d’impôt a ) Les droits et obligations des contribuables
b ) Les conseils pour remplir la déclaration d’impôt
c ) Les adresses des administrations fiscales des cantons.
8 A présent, il convient d’élaborer une déclaration d’impôt. Vous avez trois possibilités :
Elaborer une
déclaration d’impôt 1. Exemples simplifiés :
Sur www.steuern-easy.ch/fr/remplireasy/ vous trouverez cinq profils de différents
contribuables. Choisissez un profil et faites-en un exemple.
2. Un exemple électronique :
De plus en plus de déclarations d’impôt sont faites de manière électronique. Le canton de
Saint-Gall met la déclaration d’impôt à disposition sous : ( https://www.sg.ch/steuern-finanzen/
steuern/elektronische-steuererklaerung/informationen-fuer-jugendliche.html). Le logiciel
actuellement utilisé est disponible par téléchargement. Avec ce même logiciel, travaillent les
cantons de BS, BE, LU, SZ, TG, TI et ZG. Remplir à l’aide de ce programme les cas 1 et 2 ci-dessous.
225
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Déclaration d’impôt Remplissez les formulaires de la déclaration d’impôt de votre canton résidentiel à l’aide des indi-
1er cas de figure cations données.
Procédé
1 Notez pour ce cas de figure les numéros correspondants des instructions pour chaque poste.
2 Lisez attentivement les explications correspondantes. Inscrivez au crayon les montants
corrects/permis respectifs dans les cases.
3 Reportez, au crayon, ces montants dans la déclaration d’impôt officielle.
4 Comparez vos solutions avec la solution type et discutez les divergences éventuelles avec vos
collègues et votre professeur.
Martin Modèle vient de terminer son apprentissage. Depuis le 1er août de l’année en cours, il est
employé comme collaborateur dans la même entreprise.
Indications
Caisse-maladie / assurances
Frais administratifs
Déclaration d’impôt Remplissez les formulaires de la déclaration d’impôt de votre canton résidentiel à l’aide des indi-
2e cas de figure cations données.
Procédé
1 Notez pour ce cas de figure les numéros correspondants des instructions pour chaque poste.
2 Lisez attentivement les explications correspondantes. Inscrivez au crayon les montants
corrects / permis respectifs dans les cases.
3 Reportez, au crayon, ces montants dans la déclaration d’impôt officielle.
4 Comparez vos solutions avec la solution type et discutez les divergences éventuelles
avec vos collègues et votre professeur.
La famille Modèle François et Marie habite dans le chef-lieu de son canton résidentiel, chemin des
Collines 1, dans leur propre maison individuelle. Les deux enfants Claude ( 14 ans ) et Patrick ( 17 ans )
vont à l’école. Claude est au cycle et Patrick au collège. Patrick habite en collocation avec d’autres
étudiants.
226
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Indications époux
Indications épouse
Caisse-maladie/assurances
Dons
227
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Taxation Après le dépôt de la déclaration d’impôt, la taxation est envoyée au contribuable. Elle est la base
pour les calculs des impôts fédéraux, cantonaux et communaux.
C’est pourquoi il est conseillé de contrôler la taxation avec la déclaration d’impôt envoyée. En cas
d’inexactitude, une opposition peut être faite dans les 30 jours.
www.testdatei.schatzverlag.ch
228
ECONOMIE | ETAT | DROIT
EXERCICES | CHAPITRE 19
9 Vous trouverez sous: www.estv.admin.ch/estv/fr/home/allgemein/steuerstatistiken/
fachinformationen/steuerbelastungen/steuerbelastung.html la charge fiscale dans les
chefs-lieux des cantons. Regardez les exemples « Célibataire sans enfants » et « Personne
mariée avec deux enfants ». Cherchez dans le tableau « Revenu brut du travail en CHF / Charge
fiscale en CHF » les valeurs auxquelles vous vous attendez quand vous gagnerez votre vie
et calculez la différence entre votre chef-lieu actuel et celui qui est le plus avantageux.
10 a ) Informez-vous sur le site Internet de votre canton résidentiel des taux fiscaux des com-
munes. Si vous n’y trouvez rien, cherchez sous www.google.ch avec la bonne combinaison
de mots-clés ou procurez-vous ces informations auprès d’une fiduciaire. Quel rang occupe
votre commune résidentielle ?
b ) Recherchez tout ce qui concerne les recettes et dépenses de votre commune résidentielle.
Quels sont les postes de dépenses qui pèsent lourd sur le budget ? Quels sont les contri-
buables forts ? Qu’offre la commune en contrepartie de vos impôts ? Vous trouverez les
informations nécessaires auprès de l’administration communale.
Les infractions La déclaration d’impôt doit être remise dans les délais. Le contribuable confirme par sa signature
aux lois fiscales manuscrite que les indications sont complètes et conformes à la réalité. Par ailleurs, le contri-
buable doit régler sa facture d’impôt dans les délais. Les indications fausses ou incomplètes sont
punies d’amendes fiscales. Si les délais ne peuvent être respectés, le contribuable doit s’adresser
à l’administration fiscale pour éviter des amendes.
EXERCICE | CHAPITRE 19
11 Lisez les instructions pour savoir quelles amendes fiscales la loi fiscale cantonale
prévoit en cas d’infraction.
229
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Demande de sursis
En cas de « coups durs », un payement retardé par mensualités peut être accordé.
EXERCICE | CHAPITRE 19
12 Ecrivez une demande de prorogation d’échéance et une demande de sursis bien fondées.
■ Taxe CO₂
■ Impôt sur le revenu progressif
■ Flat Tax
■ Droits de mutation
■ Impôts sur les successions et les donations
■ Impôt sur les véhicules à moteur
■ Impôt sur les chiens
■ TVA
2 Quelles différences y a-t-il entre évasion fiscale, soustraction d’impôt et fraude fiscale ?
● Véhicules privés
● Véhicules d’entreprise
● Denrées alimentaires
● Médicaments
● Il vise à permettre aux personnes à faibles revenus d’accéder aux produits de base
● et ne concerne donc pas les riches.
Suite
230
ECONOMIE | ETAT | DROIT
9 a ) Suite à un accident qui vous a coûté très cher, vous n’êtes pas en mesure de payer
vos impôts dans le délai imparti. Que faites-vous et dans quel délai ?
b ) Vous n’êtes pas d’accord avec la taxation fiscale que vous avez reçue. Que faites-vous
et dans quel délai ?
c ) Pour des raisons indépendantes de votre volonté, vous vous trouvez dans une situation
financière difficile. Que faites-vous ?
231
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Dans la plupart des cantons et des communes, le peuple peut voter sur des projets importants
tels de nouvelles écoles ou de nouvelles routes en saisissant le référendum financier. A part en
Suisse, ces droits de démocratie directe ne sont aménagés de manière aussi prononcée que dans
très peu de pays comme les Etats-Unis et le Canada.
Le tableau suivant montre de quelle manière les dépenses étatiques se répartissent en 2020 sur
les trois échelons Confédération, cantons et communes en fonction des domaines de tâches. Le
quatrième secteur économique étatique des assurances sociales avec l’AVS, l’AI, les APG, les AF
n’est pas compris dans le tableau.
Protection envir.,
1.0 1.5 4.5 7.0
aménagement du territoire
Avec près de la moitié, les cantons supportent la plus grande partie de toutes les dépenses. Puis
viennent la Confédération et les communes. À tous les échelons de l’Etat, la sécurité sociale et la
formation utilisent de loin le plus de moyens. Pour la Confédération, les priorité sont la sécurité
sociale et le trafic, pour les cantons la formation, la sécurité sociale et la santé. Et pour les com-
munes la formation et la sécurité sociale.
Le fédéralisme accentué en Suisse fait que nombre des domaines de tâches sont établis à tous les
échelons étatiques. Ceci est le plus prononcé pour la sécurité sociale et le trafic. Avec différentes
réformes de répartition des tâches entre Confédération et cantons et entre cantons et communes,
l’on a procédé à un désenchevêtrement des tâches en les attribuant le plus clairement possible
à un échelon étatique. Ainsi les autoroutes par exemple sont-elles entièrement du ressort de la
Confédération. Les routes cantonales relèvent de la compétence des cantons, alors que les com-
munes sont responsables des routes communales. Mais il reste encore beaucoup de tâches com-
munes, qui sont du ressort de plusieurs niveaux étatiques. La formation, décidée et financée par
les cantons et les communes en est un exemple typique. La Confédération lui donne son cadre,
232
ECONOMIE | ETAT | DROIT
s’occupe des Ecoles polytechniques fédérales ( EPF de Zurich et Lausanne ) et encourage les uni-
versités cantonales et les Hautes écoles spécialisées en leur octroyant des subsides.
Sur le tableau suivant sont représentés les soldes de dépenses et de recettes selon le compte de
financement des cinq dernières années. Un déficit est signalé par un un – .
Résultats de financement
Milliards de francs 2017 2018 2019 2020 2021
Confédération, cantons et
communes de 2017 – 2021 Confédération 2.8 3.2 3.6 –15.8 –12.2
Alors que la Confédération enregistrait encore d’importants excédents de 2017 à 2019, la pandé-
mie de coronavirus a provoqué un revirement dramatique en 2020 et 2021, avec des déficits de 16
et 12 milliards de francs. Après le déficit de 2020, les cantons ont pu de nouveau afficher un excé-
dent en 2021. L’évolution a été plus régulière pour les communes, qui ont généralement enregistré
des déficits moins importants.
EXERCICES | CHAPITRE 19
13 a ) Qui est responsable des décisions budgétaires à la Confédération, dans les cantons
et les communes ?
b ) Quel est le plus grand domaine de tâches de la Confédération, des cantons et
des communes ?
c ) Selon les estimations actuelles, quel est le montant des dépenses supplémentaires de la
Confédération, des cantons et des communes pour les mesures Covid ?
14 Dans le tableau suivant, vous voyez à quelles fins principales l’Etat utilise les recettes.
Lisez les exemples et placez les termes suivants dans la bonne colonne :
233
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Confédération
l’environnement et invalidité • cantons
• stations d’épuration • cotisations à • aux branches économiques
des eaux STEP l’assurance-maladie • régions économiques
• formation
• armée
Canton
• STEP • assistance sociale
• formation
• coûts administratifs
Commune
en eau et EMS • adjudication de travaux
• STEP • construction de pour édifices publics
• entretien des immeubles logements sociaux
• éclairage public
Le graphique suivant montre la quote-part fiscale et la quote-part d’Etat en Suisse avec la Confé-
dération, les cantons, les communes et les assurances sociales en % du produit intérieur brut. Les
valeurs à partir de 2022 sont basées sur des estimations.
Evolution de la quote-part 38
fiscale et de la quote-part d’Etat 36
de 1990–2025 en % du PIB Quote-part d’Etat
34
32
( Source : Statistique financière de la 30
Suisse 2021, Neuchâtel, 2022 ) 28
Quote-part fiscale
26
24
22
20
1993
2000
1990
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2001
2002
2017
2005
2024
2014
2003
2011
2016
2019
2020
2025
2004
2022
2023
2007
2018
2006
2009
1991
2010
2015
2013
2008
2012
2021
1992
234
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Alors que la quote-part de l’État a fortement augmenté au début des années 1990, la quote-part
fiscale a augmenté plus lentement mais régulièrement au cours de cette période. Dans les années
2000, cependant, les deux ratios ont chuté, atteignant des planchers d’environ 30 % et 26 %, res-
pectivement, en 2007. Dans les années 2010, les deux ratios ont à nouveau légèrement augmenté.
La forte hausse de la quote-part de l’État en 2020 et 2021 est liée au coronavirus ; celle-ci pourrait
revenir à son ancien niveau vers 2024.
Le tableau suivant montre la quote-part des recettes et la quote-part de l’État en 2018 et 2022
pour la Suisse en comparaison avec les pays voisins et les autres pays. Ces comparaisons an-
nuelles révèlent de manière impressionnante l’impact de la pandémie sur chacun des pays.
Ces deux ratios sont nettement plus faibles en Suisse que dans la plupart des autres pays. Seuls
les États-Unis ont des ratios similaires à ceux de la Suisse. Les pays d’Europe continentale dé-
passent les ratios de la Suisse d’environ 15 points de pourcentage, avec des quotes-parts des
recettes d’environ 45 % et des quotes-parts de l’État supérieures à 50 %. La France se situe nette-
ment en tête pour ces deux ratios.
Sur les quatre années entre 2018 et 2022, les quotes-parts des recettes sont restées globalement
stables dans la plupart des pays. En Espagne, elles ont augmenté massivement en raison de l’aug-
mentation des impôts, tandis qu’elles ont diminué en Allemagne, en Autriche et en France. En
ce qui concerne la quote-part de l’État, on constate une augmentation générale. L’augmentation
est nette en Allemagne, en Italie, en Espagne, au Japon, au Royaume-Uni et aux États-Unis. Ces
chiffres reflètent la fin de la lutte contre la pandémie.
Ces comparaisons doivent cependant être faites avec prudence, en raison des différences dans la
structure des tâches. Malgré tout, elles témoignent du fait que les Suisses ne veulent pas d’un État
imposant et rejettent souvent par référendum les attributions de nouvelles tâches à l’État ou l’aug-
mentation des impôts. D’un autre côté, des quotes-parts fiscales et de l’État plus faibles signifient
que les gens doivent moins compter sur des prestations de l’État et davantage sur la prévoyance
personnelle, par exemple en matière de santé, de retraite ou de garde d’enfants. Cependant, les
faibles ratios de la Suisse sont également le signe d’un État efficace et économe de ses ressources.
235
DROIT | ETAT | ECONOMIE
EXERCICE | CHAPITRE 19
15 a ) Quelle est la définition de quote-part d’Etat et de quote-part fiscale ?
b ) La quote-part d’Etat et la quote-part fiscale ont-elles augmenté ou diminué
en Suisse depuis 1996 ?
c ) Est-ce la Suède ou l’Italie qui a la quote-part d’Etat la plus élevée ?
d ) La crise du coronavirus entraînera-t-elle une augmentation permanente ou seulement
temporaire des quotes-parts de l’État et des recettes ?
Avec la Confédération, les cantons et les communes, la Suisse connaît une structure fédéraliste,
appliquant le principe de subsidiarité ( voir p. 194 s ).
Dans le domaine des finances, le fédéralisme est encore plus marqué. Dans le cadre des pres
criptions fédérales, Confédération, cantons et communes peuvent déterminer leurs systèmes fis-
caux et le montant des impôts en grande partie eux-mêmes.
Ce fédéralisme financier a de gros avantages. La concurrence fiscale entre cantons et communes
mène à des avantages en termes d’efficience. Des impôts bas peuvent inciter certaines entreprises
ou des particuliers à s’établir dans d’autres cantons ou communes fiscalement intéressants. Mais
la concurrence s’exerce également pour les prestations étatiques. Si les citoyens se contentent
de prestations communales modestes en renonçant par ex. consciemment à la construction d’une
piscine couverte de luxe, ils en seront récompensés par une charge fiscale plus basse. Mais un
canton qui a de mauvaises prestations étatiques risque de perdre des contribuables attractifs.
Une politique fiscale fortement compétitive entre localités diminue donc tendanciellement la
charge fiscale et accroît l’efficience de la fourniture des prestations étatiques.
Mais le fédéralisme a aussi des désavantages. En raison de leur position d’accessibilité centrale
ou d’avantages géographiques tels la beauté de la nature, quelques cantons ont des contribua
bles très riches et ainsi des ressources financières élevées. Par contre, dans les régions monta
gneuses peu peuplées ou ayant une forte part de personnes à faible revenu, d’autres cantons
ont de lourdes charges. Ainsi par exemple, une commune de montagne ne peut tabler que sur
des recettes fiscales modestes, mais doit quand même assumer la construction et l’entretien des
routes. La mobilité d’aujourd’hui permet de profiter des prestations des communes-centres ou
des beaux cadres naturels des communes rurales tout en habitant dans une commune ayant une
imposition fiscale peu élevée.
Pour contrebalancer ces inconvénients, l’on a créé en Suisse la péréquation financière. Il y a d’une
part la péréquation financière intercantonale entre les cantons et la Confédération, et d’autre part
la péréquation financière intercommunale entre les communes et les cantons.
236
ECONOMIE | ETAT | DROIT
L’actuelle péréquation financière entre la Confédération et les cantons se nomme Nouvelle péré-
quation financière ( RPT ). Après une phase de projet de plus de 10 ans, elle a été acceptée par le
peuple suisse en 2004. Elle est revue tous les quatre ans et adaptée le cas échéant. Elle consiste
en trois piliers principaux : péréquation des ressources, compensation des charges et collabora-
tion intercantonale.
Le canton qui, avec une grande avance, a le plus de ressources est le canton de Zoug avec un
indice de 255 points. Schwyz, Nidwald, Bâle-Ville et Genève suivent de loin. Les cantons les plus
faibles sont le Valais et le Jura avec environ 65 points. Parmi les grands cantons, Zurich a un indice
de 123 points. Le canton de Vaud se trouve exactement dans la moyenne, tandis que le canton
d’Argovie avec 82 points et en particulier Berne avec 80 points présentent des valeurs sensible-
ment inférieures à la moyenne. Ces dernières années, le canton d’Obwald a fortement rattrapé
son retard et se situe légèrement au-dessus de la moyenne.
Sur la base de l’indice des ressources sont effectués les paiements de la péréquation des res-
sources entre la Confédération et les cantons. À la péréquation des ressources vient s’ajouter
la compensation des charges pour les charges géo-topographiques ( régions de montagne ) et
sociodémographiques ( villes-centres, précarité, structure d’âge et intégration des étrangers ). La
compensation totale nette de 5,2 milliards de francs en 2022 est financée par la Confédération
(3,5 milliards) et par les cantons à fort potentiel de ressources.
Le graphique suivant montre les paiements de compensation nets des ressources et des charges
par habitant en 2022. Il y a six cantons-donateurs et 20 cantons reçoivent des paiements.
Sur la base de leur population, Zurich paie 493, Zoug 328, Schwyz 200 et Genève 150 millions de
francs. Berne reçoit 936, le Valais 799, Fribourg 537 et Argovie 482 millions de francs.
237
DROIT | ETAT | ECONOMIE
3000
Paiements de compensation
nets en 2022 en francs,
par habitant 2000
– 1000
– 2000
– 3000
ZG SZ NW BS ZH GE BL SH OW VD TI LU AI SG AG AR TG BE GR NE SO GL FR UR JU VS
EXERCICE | CHAPITRE 19
16 a ) Quel canton reçoit le plus par habitant et lequel paie le plus par habitant en 2022 ?
b ) Quel canton reçoit le plus en chiffres absolus ?
c ) Selon un magazine alémanique, les cantons romands vivent aux dépens des Alémaniques
«performants » dans le système de la péréquation financière.
Cette affirmation est-elle correcte ?
Comme cela a été expliqué dans l’introduction, l’Etat peut aussi financer ses tâches avec des
dettes. Pour ce faire, il contracte des emprunts ou des prêts sur le marché des capitaux. En s’en-
dettant, l’Etat prend deux engagements : il doit payer chaque année les intérêts dus et procéder
au remboursement du prêt à échéance. Lorsque l’endettement est élevé et que les taux d’intérêt
le sont aussi, les charges d’intérêts représentent un très gros poste budgétaire. Il y a donc lieu de
craindre que les investisseurs ne soient plus sûrs que le paiement des intérêts et le rembourse-
ment s’effectueront à temps et complètement. La solvabilité de l’Etat diminue, et le taux d’intérêt
augmente. L’Etat ne peut se sortir de ce cercle vicieux qu’en procédant à un assainissement du
budget durable et en rétablissant la confiance des investisseurs.
Avantages de L’endettement peut être utilisé pour le financement des trois objectifs suivants :
l’endettement public ➞ Investissements publics
➞ Lissage des recettes fiscales
➞ Stabilisation de l’économie
Pour les investissements de longue durée comme par ex. les routes, les chemins de fer ou les bâ-
timents, les futurs bénéficiaires profitent des investissements. C’est pourquoi il faut que les géné-
rations futures contribuent au financement par leurs impôts. Ce qui est cependant problématique,
c’est que les futurs contribuables n’étaient pas impliqués dans la décision d’investissement. C’est
pourquoi la prudence et la modération sont de mise, et la rentabilité des investissements doit
être élevée.
238
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Même si les budgets sont équilibrés, les comptes peuvent révéler un déficit à cause d’erreurs d’es-
timation ou d’un changement de la situation économique. L’équilibre annuel de telles fluctuations
non prévisibles ne peut à court terme être compensé par des baisses de dépenses ou des augmen-
tation d’impôts. C’est pourquoi des endettements publics temporaires sont autorisés. Mais comme
des excédents sont réalisés au cours des bonnes années, les dettes contractées seront compensées
sur plusieurs années.
Les économistes sont d’avis que les déficits publics sont autorisés et judicieux en cas de mauvaise
situation conjoncturelle accompagnée d’une diminution des recettes fiscales et de tâches supplé-
mentaires dues à la conjoncture. Ainsi, l’état de la conjoncture ne se dégrade pas sous l’effet d’une
politique financière restrictive. Avec les déficits, l’Etat contribue à la stabilisation et au rétablis-
sement de la conjoncture. Ce concept présuppose que l’Etat réalise des excédents en période de
bonne conjoncture. Ainsi, il peut réduire l’endettement pendant la durée de tout un cycle conjonc-
turel. Ceci n’est toutefois pas simple. L’on attribue à l’économiste et politicien Joseph Schumpeter
l’affirmation selon laquelle : « Un chien se constitue plus facilement une réserve de saucisses qu’un
Etat démocratique une réserve budgétaire ».
Une approche qui est aujourd’hui de nouveau d’actualité – notamment aux États-Unis – promeut
un financement global par la dette. La théorie monétaire moderne postule que la politique éco-
nomique ne doit pas être limitée par les recettes. Un État souverain doté de sa propre monnaie
ne peut pas faire faillite, contrairement aux ménages et aux entreprises privées. Le niveau des
dépenses et de la dette publiques ne pose problème que lorsque l’économie atteint ses limites de
capacité et que l’inflation menace. Les taxes ne sont pas considérées comme un outil de finance-
ment de l’État, mais de régulation de l’inflation.
La grande majorité des économistes rejettent cette théorie et avertissent que l’émission monétaire
illimitée conduit à l’hyperinflation et à la destruction de la monnaie. Ils citent des exemples édifiants
comme l’Allemagne au début des années 1920 ou, ces dernières années, des pays comme le Zim-
babwe et le Venezuela. Ils doutent également que le gouvernement soit en mesure de mettre en
œuvre les augmentations d’impôts et les réductions de dépenses nécessaires face à une inflation
galopante, car les luttes catégorielles rendraient difficile la recherche d’une majorité politique.
Avec un endettement élevé, l’Etat immobilise de grosses parties des moyens de placement sur le
marché privé des capitaux. De par ce fait, les investissements privés sont dans une situation diffi-
cile. Les moyens deviennent rares et les intérêts élevés, ce qui peut faire diminuer la propension à
l’investissement privé.
Les charges d’intérêts représentent une dépense liée, puisqu’elles doivent être payées selon les
contrats de prêt conclus. Si elles représentent une part de plus en plus élevée du budget de l’Etat,
il y aura moins de moyens pour d’autres tâches publiques productives comme la formation ou
l’infrastructure.
Lorsque l’endettement de l’Etat échappe à tout contrôle, il y a lieu de craindre une monétarisation
– comme le disent les économistes – de la dette publique. Cela signifie que l’Etat s’endette directe-
ment auprès de la banque centrale ou qu’il lui impose de reprendre les dettes publiques à des taux
d’intérêt bas, ce qui induit une politique monétaire expansive accompagnée d’un élargissement
massif de la masse monétaire. À long terme, il peut en résulter une inflation croissante.
Lorsque le financement par la banque centrale n’est plus possible et que p. ex. la dette étrangère
doit être remboursée, il y a menace d’insolvabilité. Pour éviter la faillite, l’État essaie de négocier
avec ses créanciers un assainissement de la dette visant à réduire les dettes. Chypre, la Grèce ou
l’Argentine en sont les exemples les plus récents. Lorsque ceci n’est plus non plus possible, l’État
sombre dans une banqueroute nationale. Les salaires et les biens et services achetés ne peuvent
plus être payés, car il n’y a plus de liquidités.
239
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Evolution des dettes en Le graphique suivant montre l’évolution des dettes en pourcentage du produit intérieur brut
Suisse et à l’étranger ( PIB ). Cet indicateur est souvent utilisé en comparaison internationale.
60 Irlande
Suède
40
Suisse
20
0
2000 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20
Dans la zone euro, la dette est restée à peu près stable entre 2000 et 2008. L’éclatement de la
crise financière et bancaire mondiale en 2008, la récession qui a suivi et la nécessaire restructu-
ration des banques ont entraîné une augmentation massive de la dette de nombreux pays. Le cas
le plus extrême a été celui de la Grèce, où la dette a quasiment doublé. La Suède et la Suisse, en
revanche, ont été en mesure de réduire continuellement leur taux d’endettement jusqu’à un niveau
inférieur à 40 %. L’Allemagne a également réduit régulièrement sa dette pour la ramener à environ
60 % à partir de 2011. L’évolution de l’Irlande est intéressante : de son niveau le plus bas au début
des années 2000, le ratio a explosé pour atteindre environ 120 % au moment de la crise financière,
avant d’être réduit de moitié, repassant sous la barre des 60 %. Avec la pandémie de coronavirus,
les quotes-parts ont augmenté massivement dans tous les pays. Seules l’Irlande, la Suède et la
Suisse ont connu une hausse modeste.
Il se pose la question de savoir pourquoi les dettes ont tendance à augmenter, et ce qui peut être
fait pour endiguer ce phénomène.
Raisons pour l’augmentation Plusieurs raisons jouent un rôle important pour l’augmentation de la dette publique :
de la dette publique ➞ l’endettement est mieux accepté que l’augmentation de l’imposition ou les baisses de dépenses
➞ la prise de décision en matière de dépenses est séparée de celle du financement
➞ les négociations au sein des groupes de pression font augmenter les dépenses
➞ conflits de répartition entre les générations
➞ décalage des ajustements budgétaires
Dans les systèmes de gestion du budget, l’on observe une tendance à séparer les décisions concer-
nant de nouvelles dépenses de celles de leur financement. Les décisions de dépenses sont prises
au fur et à mesure des projets correspondants de constructions ou de nouvelles tâches, alors que
les décisions en matière de financement ne sont prises qu’avec le budget. À ce moment-là, il est
souvent trop tard pour assurer le financement ou revenir sur les décisions de dépenses.
Les groupes de parlementaires, qui représentent certains intérêts, prennent souvent leur décision
de vote selon le principe suivant : Je vote pour ta requête si tu votes aussi pour la mienne. L’agricul-
ture, qui parvient souvent à recueillir l’approbation des camps politiques les plus divers, est connue
pour cela.
240
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Pour les conflits de répartition entre les générations, la génération actuelle essaie de profiter des
tâches de l’État financées par la dette et de laisser la charge fiscale qui en découle à la génération
suivante. Cette génération n’a pas d’influence dans le processus politique courant, car elle est
jeune et n’a donc pas le droit de vote ou n’est pas encore née.
Un décalage des ajustements budgétaires peut se produire lorsqu’à la suite d’un choc budgétaire
ou de nouveaux gros défis de la politique financière, l’on est certes d’accord qu’il faut agir. Par
contre, et vu leurs opinions politiques différentes, les acteurs politiques n’arrivent pas à s’en-
tendre sur la manière avec laquelle il faut assainir le budget, que ce soit p. ex. par des augmenta-
tions d’impôts ou des diminutions de dépenses.
Freins à l’endettement pour En Suisse, les dettes de la Confédération, des cantons et des communes – définies en tant que
limiter les dettes taux d’endettement par rapport au produit intérieur brut ( PIB ) – n’ont cessé d’augmenter, pas-
sant de près de 30 % en 1990 à bien 50 % en 1998. À ces dettes inscrites sous fonds étrangers au
bilan de l’Etat viennent s’ajouter les dettes implicites, qui ne figurent pas dans le bilan. Ce sont
des dettes pour des engagements pris dans le présent pour les assurances sociales telles l’AVS
par ex. mais qui ne seront exigibles que dans le futur.
Dépenses Recettes
Francs
cturel
conjon
Déficit
cturel
ent conjon
Excéd
Temps
Le frein à l’endettement est un mécanisme simple qui sert à piloter l’ensemble des dépenses de la
Confédération. Il vise à empêcher les déficits chroniques et le creusement de la dette qui s’ensui-
vrait.
Les finances fédérales doivent être équilibrées par le biais du frein à l’endettement à moyen terme,
c’est-à-dire sur l’ensemble d’un cycle conjoncturel. Des excédents doivent être dégagés en période
de haute conjoncture afin qu’il soit possible de compenser les déficits dus à la phase de récession
suivante.
A est le montant maximum des dépenses totales demandées, E est l’estimation des recettes et k est
le facteur économique. Le facteur de cycle économique est défini comme le rapport entre le produit
intérieur brut tendanciel estimé et le produit intérieur brut courant estimé:
k<1 PIB
k =
PIB tendanciel tendanciel
PIB courant k<1
k>1 PIB
courant
En période de boom, le facteur cyclique est inférieur à un, ce qui entraîne des excédents. En période
de récession, le facteur économique est supérieur à un, de sorte que les déficits sont autorisés. Sur
l’ensemble du cycle économique, les excédents et les déficits s’équilibrent et le budget est équilibré à
plus long terme.
241
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Freins à l’endettement La Confédération distingue entre le budget ordinaire et le budget extraordinaire. Les dépenses
et le coronavirus extraordinaires sont dues à des évolutions extraordinaires et non contrôlables par la Confédéra-
tion, telles que des récessions graves, des catastrophes naturelles, des pandémies ou des épi-
démies. En conséquence, les deux instruments fiscaux sont tenus en dehors du compte d’Etat
« Compte de compensation » pour le compte ordinaire et « Compte d’amortissement » pour le
compte extraordinaire. Ils montrent les excédents ou les déficits cumulés depuis l’introduction
des deux freins à l’endettement.
Après l’audition de mars 2022, le Conseil fédéral a soumis au Parlement un message contenant
une adaptation de la loi sur les finances. Pour remédier aux déficits, le régime transitoire prévoit
les mesures suivantes :
➞ l’attribution des distributions supplémentaires à la Suisse. La Banque nationale
s’élève à environ 1,3 milliard de francs par an.
➞ la répartition des déficits budgétaires du budget ordinaire d’environ 1 milliard de
francs par an.
➞ la prolongation jusqu’en 2035 du délai de résiliation du déficit de 6 à 12 ans
La Confédération est d’avis que ces mesures, qui ne prévoient pas d’économies ni d’augmenta-
tions d’impôts, permettront de compenser le compte d’amortissement dans un délai d’environ 13
ans. L’objectif est de rétablir la bonne situation financière avant la crise du coronavirus afin de
pouvoir faire face aux nouvelles charges financières prévisibles telles que le changement clima-
tique et le vieillissement de la population.
Freins à l’endettement La plupart des cantons eux aussi ont introduit des freins à l’endettement. Ils se différencient dans
des cantons le détail, mais tous ont pour but de limiter, voire de diminuer le niveau de l’endettement. Les
freins à l’endettement sont souvent complétés par des freins aux dépenses et de règles visant
à stabiliser la quote-part d’Etat. Toutes ces règles poursuivent l’objectif d’autoriser de nouvelles
dépenses avec retenue.
Dans les villes et les communes de Suisse, les freins à l’endettement sont peu répandus, d’une
part parce que la nécessité politique est moins présente et, d’autre part, parce que les ménages
sont gérables.
EXERCICE | CHAPITRE 19
242
É CO N O M I E
20 Questions fondamentales au sujet de l’économie
20.1 Que signifie « gérer » ?
21 Economie nationale
21.1 Le circuit économique simplifié
22 Gestion d’entreprise
22.1 Le processus de valeur ajoutée
22.7 Marketing
23 Les assurances
28 Durabilité
ECONOMIE | ETAT | DROIT
20 QUESTIONS FONDAMENTALES
AU SUJET DE L’ÉCONOMIE
Cette section du manuel traite d’une partie importante de votre vie.
Pour pouvoir survivre, les hommes doivent travailler. Ils le font dans des entreprises ou des collec-
tivités publiques ( Confédération, cantons, commune ) et obtiennent en contrepartie de l’argent.
Cet argent, ils le dépensent ensuite pour satisfaire des besoins vitaux ( alimentation, logement,
formation, etc. ) ou secondaires ( vacances, livres, blu-ray, téléphone portable ). Ces dépenses
donnent du travail à d’autres personnes, permettant ainsi au circuit de continuer à fonctionner.
Il sera avant tout question des principes fondamentaux et des mécanismes que vous devriez
connaître comme futur employeur ou employé, entrepreneur ou citoyen, pour pouvoir vous insé-
rer avec succès dans l’économie.
Outre le fait que beaucoup d’entre nous s’ennuieraient rapidement dans un tel pays, la réalité
en est également très éloignée. Les hommes doivent attraper ou élever les pigeons, les tuer et
les plumer, les rôtir et les préparer. Pour se procurer des biens, les gens doivent se livrer à des
activités coûteuses en effort ou sacrifier d’autres biens. En d’autres termes, ils doivent « gérer ».
Définition Gérer signifie se procurer, produire et distribuer les biens et les services nécessaires pour couvrir
les besoins humains selon le principe économique.
Etudions, les uns après les autres, les éléments de notre définition de l’économie.
Un besoin se fait sentir lorsque nous remarquons que quelque chose nous manque, par exemple
une boisson, de la nourriture, un morceau de musique, un jeu vidéo, Internet, un téléphone portable,
un moyen de transport.
Tâche de l’économie Ou encore, comme l’a affirmé un célèbre spécialiste en marketing, la tâche de l’économie est de :
À ce propos, il est intéressant de se demander si les besoins existent dès le départ, et doivent
seulement être « décelés », ou bien si l’économie les fait émerger, c’est-à-dire les crée. Qu’en
pensez-vous ?
Quoi qu’il en soit, les besoins sont ressentis très différemment d’un individu à l’autre. Un tel veut
absolument posséder le dernier smartphone avec toutes les fonctions possibles, tandis qu’un
autre se contente d’un vieux téléphone rudimentaire
Besoins secondaires Les besoins primaires ou vitaux sont les besoins humains qui doivent être couverts en priorité,
ou culturels car ils font partie de toute existence ( normale ). Dans cette catégorie, on peut ranger par exemple
l’alimentation, les vêtements, le logement. Ce qui appartient aux besoins primaires est dépendant
de l’époque où l’on vit ( par exemple le téléphone ) et du niveau de prospérité ( des types de biens
alimentaires, par exemple, ou du confort des logements ).
Les besoins secondaires ou culturels se situent entre les besoins vitaux et les besoins de luxe. Il
n’est pas nécessaire de les satisfaire pour survivre. Les biens secondaires, cependant, font que la
vie mérite d’être vécue, garantissent la dignité humaine et permettent aux individus de dévelop-
per leurs capacités. Livres, téléviseurs, ordinateurs, magazines, théâtre, salles de sport et cinéma
notamment font partie de cette catégorie.
Besoins de luxe Les besoins de luxe sont les besoins humains correspondant à des biens ou services dont l’ab-
sence n’a jamais été remarquée négativement auparavant par l’individu. Lorsqu’on se procure des
biens de luxe, c’est souvent pour se démarquer du plus grand nombre. Il en va ainsi des biens
reflétant un statut social, comme les vêtements griffés, les croisières ou les bijoux précieux.
Besoins complémentaires Les besoins de base, c’est-à-dire toutes les conditions de vie qui doivent être remplies pour qu’un
être humain puisse mener une vie saine, satisfaisante et digne, et les besoins complémentaires,
soit tout ce qui n’entre pas dans les besoins de base.
Besoins individuels Une classification nette n’est, la plupart du temps, pas possible. Faites vous-mêmes le test. Sup-
et collectifs posons que vous soyez un huissier chargé de faire une saisie dans votre propre maison. Vous
devriez ainsi emporter tous les biens qui ne sont pas indispensables à la couverture des besoins
de base. Que saisiriez-vous ? Table et chaises, canapé, bibliothèque, lits, téléviseur, ordinateur,
voiture ?
246
ECONOMIE | ETAT | DROIT
De nombreux besoins peuvent être satisfaits par l’individu seul ( smartphone, moto, coupe de
cheveux, etc. ). D’autres, en revanche, ne peuvent être satisfaits que de manière collective. Ainsi
l’Etat s’occupe-t-il du réseau routier et ferroviaire qui facilite notre mobilité, il gère un système
de formation dont bénéficient les jeunes, ou encore un système judiciaire qui garantit la sûreté. À
côté des besoins individuels on trouve ainsi des besoins collectifs, dont la couverture est généra-
lement financée par le produit des impôts et des taxes.
La pyramide des
besoins de Maslow
Accomplissement de soi
Reconnaissance
Appartenance
Sécurité
Besoins physiologiques
Une autre classification des besoins est utilisée Puis, l’on voudrait atteindre dans la société
dans le monde du travail. Le psychologue amé- une certaine estime et jouir d’une certaine
ricain Abraham Maslow ( 1908–1970 ) a regroupé reconnaissance. Lorsque tous ces besoins sont
les besoins humains et les a hiérarchisés. Selon suffisamment satisfaits, il se manifeste, selon
lui, les besoins les plus urgents sont ceux du Maslow, le dernier besoin, celui de l’accomplis-
corps ( besoins physiologiques ) : manger, boire, sement personnel : j’aimerais pouvoir faire ce
se vêtir, s’abriter. Une fois ces besoins satisfaits, qui correspond à mes aspirations, ce qui me
d’autres font leur apparition. Ce sont les besoins permet de me réaliser.
de sécurité : aujourd’hui, j’ai assez à manger et à
boire, mais qu’en sera-t-il de demain, ou quand Un bon employeur devrait donc se demander ce
je serai malade ou âgé ? Ces besoins étant satis- que recherche en priorité chacun de ses colla-
faits, on aimerait être avec ses semblables ( car borateurs ( sécurité, reconnaissance, accomplis-
l’homme est un « animal social » qui n’aime pas sement personnel ? ) et lui confier un travail qui
être seul longtemps ). lui permette de satisfaire ce besoin. Ainsi, il le
motivera pour atteindre des performances plus
élevées.
247
DROIT | ETAT | ECONOMIE
248
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Biens libres Les biens libres, par exemple la lumière du soleil et l’air, sont gratuits et disponibles en quantité
presque illimitée.
Biens ( et services ) La plupart des biens, cependant, sont disponibles en quantité limitée et présentent donc un in-
économiques térêt pour l’activité économique, car des gens seront prêts à payer pour ces biens économiques.
Par définition, tous les services en font partie.
De même que pour les besoins, on peut classifier les biens économiques en biens vitaux, biens
culturels et biens de luxe. Toutefois, on utilise aussi fréquemment la classification suivante :
Biens de consommation Les biens de consommation servent à un usage privé. Ils peuvent être soit consommés immédia-
tement ( par exemple une pizza ), soit utilisés sur une certaine durée ( par exemple un téléviseur ).
Selon les cas, on parlera de biens de consommation durables ou non durables.
Biens d’équipement et Les biens d’équipement sont des biens durables qui servent à la production de biens ou de ser-
biens intermédiaires vices, sans y être intégrés matériellement. Il s’agit des machines, des bâtiments, des outils, etc. Ils
sont conçus pour une utilisation prolongée. Les biens intermédiaires sont des matières premières
et des produits semi-finis qui sont transformés par l’industrie. Ils entrent dans la composition du
produit final.
Ici également, la distinction n’est pas toujours aisée. Souvent, le type de bien dépend de son uti-
lisation. Un ordinateur peut par exemple être utilisé dans une entreprise pour des tâches de plani-
fication ( bien d’équipement ) ou dans un ménage pour jouer à des jeux ( bien de consommation ).
Services En dehors des biens, nous avons déjà mentionné les services. Une prestation de service comble
un besoin mais sans nécessiter les transfert d’un objet matériel. La banque qui prête de l’argent,
l’assurance qui couvre un risque, l’enseignant qui dispense un savoir ou le coiffeur qui réalise une
coupe de cheveux sont tous des producteurs de services. Les services ne peuvent pas être stoc-
kés ; leur production coïncide nécessairement avec leur utilisation.
249
DROIT | ETAT | ECONOMIE
■ a ) Monsieur A. acquiert une voiture pour aller en vacances avec sa famille.
■ b ) Il achète des produits de nettoyage pour l’entretien de sa voiture.
■ c ) L’entrepreneur de taxi Rapide acquiert une nouvelle voiture pour son parc.
■ d ) Il achète des produits de nettoyage pour l’entretien de ses taxis.
■ e ) L’apprenti Thomas achète un magazine sur son hobby, le tuning auto.
■ f ) Le garagiste M. s’abonne à un magazine sur le tuning auto.
■ g ) Voulant confectionner ses vêtements elle-même, Mme N., ménagère, s’achète une
machine à coudre.
■ h ) Elle achète également de l’étoffe et du fil à coudre.
■ i ) Désirant confectionner des vêtements pour d’autres personnes contre rémunération,
Mme N., ménagère, acquiert une machine à coudre.
■ k ) Dans ce but, elle achète de l’étoffe et du fil à coudre.
250
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Définition Le principe économique ( ou principe fondamental de l’économie ) implique la recherche d’un
rapport optimal entre les ressources employées ( input ) et le résultat d’une activité ( output ).
Principe de maximisation Un principe de maximisation, qui conduit à rechercher le meilleur résultat possible à partir d’une
quantité donnée de ressources.
Exemples : À partir d’une feuille de tôle métallique, on va s’efforcer, grâce à une disposition
judicieuse, d’obtenir le plus grand nombre de pièces possible.
Pensez aussi à la manière dont vous planifiez l’utilisation de votre argent de poche :
avec une somme donnée, vous cherchez à satisfaire le plus grand nombre possible
de vos désirs.
Principe de minimisation Un principe de minimisation, qui conduit à utiliser le moins de ressources possible afin d’atteindre
un résultat donné.
Principe min-max / On pourrait concevoir aussi une combinaison de ces deux principes : un principe min-max ou
Principe d’optimisation principe d’optimisation, soit la tentative d’obtenir un résultat maximal en engageant un minimum
de ressources. Cela n’est toutefois pas possible. Ainsi, on ne peut pas à la fois rouler aussi vite
que possible ( pour arriver le plus tôt possible ) et consommer en même temps le moins de carbu-
rant possible. En fin de compte, on doit décider si l’on accorde davantage de valeur à l’input ( la
consommation de carburant ) ou à l’output ( la vitesse ).
251
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Cette distinction renvoie à une classification des activités économiques en trois groupes ou
secteurs.
Le secteur primaire Ici, c’est la nature qui fournit directement les biens économiques. On range dans le secteur primaire
l’agriculture, la sylviculture, la chasse, la pêche ainsi que l’exploitation minière. Ce secteur exigeant
une grande implication physique de la part des producteurs, il est donc intense en travail.
Le secteur secondaire Les biens produits par le secteur primaire doivent très souvent être transformés ( le lait permet de
faire du fromage, le bœuf des steaks et le minerai de fer de l’acier ). Telle est justement la fonction
du secteur secondaire, où l’on range l’industrie et l’artisanat. Ce secteur nécessite des matières
premières, des outils et des machines. Il est intense en matériel.
Le secteur tertiaire Les biens produits par les secteurs primaire et secondaire doivent encore être distribués. Cette
tâche appartient aux commerçants, qui font partie du secteur tertiaire. Comme on range aussi dans
ce domaine l’ensemble des activités de services ( banques, assurances, administrations publiques,
santé, hôtellerie, etc. ), on parle globalement du secteur des services. La majorité des services étant
fournis par des personnes, il est intense en main-d’œuvre.
Il est intéressant d’observer l’évolution du nombre d’actifs par secteur dans un pays déterminé.
252
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Actifs selon
les secteurs d’activité 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
( Moyennes annuelles,
S. primaire 164 170 166 164 155 152 141 140
en milliers )
S. secondaire 1031 1044 1051 1044 1044 1050 1062 1061
( Source : Office fédéral de la S. tertiaire 3538 3608 3678 3754 3809 3852 3898 3892
statistique )
Total 4733 4822 4895 4963 5008 5054 5101 5093
D’emblée, on remarque que la part des actifs du secteur primaire est faible. En 2020, celui-ci ne
représentait que 2.8 % des actifs occupés. À l’inverse, un nombre croissant de personnes (76 % en
2020) travaillent dans le secteur tertiaire.
Cette évolution est en cours depuis déjà longtemps. Il y a deux siècles, 70 % des actifs étaient
occupés dans le secteur primaire, et seulement un petit nombre dans le secteur des services.
Aujourd’hui, c’est l’inverse.
4 Mio.
50 %
Evolution structurelle Pays agricole aux environs de 1800, la Suisse est devenue un pays industriel au début du XIXe siècle,
avant de se transformer en une société de services. Les pays d’Europe occidentale ont tous connu
une évolution similaire, qu’on peut aussi constater de nos jours dans les pays en voie de dévelop-
pement tels que la Chine.
Auxi-
( Source : SECO, cit. selon NZZ du Artisans et – 50 liaires
30.10.2015, p. 31 ) – 52
métiers similaires
Professions académiques
Secrétariat et + 561
professions Cadres
similaires + 218
Professionnels de
l’agriculture et Diminution
– 172
de la sylviculture – 11 Augmentation
■ intense en matériel
■ intense en travail
■ intense en personnel
■ produit des biens
■ production de pétrole
■ agriculture
■ administration
■ santé
■ occupe encore environ 4 % des salariés suisses
■ occupe 74 % des actifs en Suisse
2 Citez les trois phases de l’évolution économique en Suisse ces 200 dernières années :
1
2
3
3 Donnez l’exemple typique d’un pays se trouvant actuellement dans chacune de ces 3 phases :
1
2
3
254
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Définition Une entreprise est généralement un groupement de plusieurs individus ayant pour but de mettre
des biens ou des services à la disposition de tiers.
Vous faites vous-mêmes partie de nombreux groupes sociaux, par exemple dans votre classe,
votre club de loisirs, votre ville ou village, votre famille. Une entreprise ressemble, par certains
aspects, à ces groupes sociaux. Cependant, tandis que les groupes précédemment cités sont es-
sentiellement consommateurs, l’entreprise se range du côté des producteurs de biens et services.
Ces biens et services, elle ne les produit toutefois pas pour elle-même, mais pour des tiers, en
l’occurrence ses clients.
Dans la vie de tous les jours, on utilise également souvent le terme de « firme », à côté de celui
d’« entreprise ». Les deux termes ont le même sens, et seront donc employés indifféremment dans
la suite de cet ouvrage.
Qu’il s’agisse d’entreprises individuelles ou de sociétés, toutes les entreprises présentent un cer-
tain nombre de points communs, auxquels nous allons nous intéresser de plus près dans le cha-
pitre 22 « Economie d’entreprise ».
( Source : Schweizer KMU-Studie. Allemagne ( 2016 ) 2.6 83.7 13.7 2.2 99.6 0.4
Eine Analyse der Zahlen 2020, p.32 )
France ( 2017 ) 2.8 95.5 3.7 0.6 99.9 0.1
Définition On entend par facteurs de production les moyens matériels, immatériels et humains qui per-
mettent à une entreprise de produire des biens et des services.
255
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Survol Les facteurs de production typiques sont le sol, le travail, le capital et le savoir-faire.
Savoir-faire Entreprise
Brevets, licences, savoir-faire
de l’entreprise. Le savoir- réalise une création de
faire constitue le capital valeur, à travers la
immatériel de l’entreprise, production.
ou « capital-capacités »
Cette valeur est répartie Capital
entre : salaires ( facteur Capital financier : fonds
Travail travail ), intérêts ( facteur investis dans l’entreprise
Travail physique ( force ), capital ), loyers, fermages,
travail intellectuel ( intel- intérêts hypothécaires Capital physique : machines,
ligence ), connaissances, ( facteur sol ). installations, outils
savoir-faire du collaborateur
Réinvestissement ou
redistribution par ex. primes, Sol
salaires plus élevés ( travail ) Site, terrain ;
ou versement aux matières premières,
détenteurs du capital agricoles et minérales
Le sol Dans le secteur primaire, le sol ( la nature ) fournit des denrées alimentaires ( dans l’agriculture
et la pêche ), mais aussi d’autres matières premières, tels le bois, les minerais ou le pétrole.
En outre, pour pouvoir déployer leur activité économique, les entreprises ont besoin d’un site,
autrement dit d’un local ou d’un terrain.
Les sites qui attirent le plus de firmes sont ceux qui sont bien aménagés, en ce sens qu’ils sont
bien desservis en moyens de transport ( route, rail, transport aérien ) et en énergie ( électricité )
et en eau. La collecte des déchets et l’évacuation des eaux usées font aussi partie des condi-
tions du désenclavement d’un site.
Dans un petit pays comme la Suisse, qui plus est très montagneux, le sol approprié pour les
activités économiques est rare, d’autant plus qu’une bonne partie des terrains sont occupés
pour l’habitat et la détente. C’est pourquoi l’Etat, par le biais de l’aménagement du territoire,
réglemente l’utilisation du sol, en délimitant des zones réservées à des usages bien spécifiques
( zone agricole, zone industrielle et artisanale, zone résidentielle, zone de loisirs ).
Le travail Le « travail » au sens économique signifie toute activité physique ou intellectuelle permettant de
dégager un revenu.
Pour beaucoup d’êtres humains, le travail est la seule chose qu’ils peuvent proposer à l’économie.
Ils doivent donc faire en sorte d’être attractifs pour les employeurs, en acquérant une qualifica-
tion, c’est-à-dire les capacités requises pour les postes qu’ils convoitent.
Avant tout, l’évolution structurelle provoque des modifications dans le type de travail qui est de-
mandé, ce qui oblige parfois les travailleurs à suivre une formation continue ou à se reconvertir.
Le facteur de production « travail » en Suisse est plutôt rare ( ceci en contraste avec de nombreux
pays en voie de développement ou en plein essor, comme l’Inde et la Chine ). La Suisse a donc
fait et continue de faire appel à la main-d’œuvre étrangère ; par ailleurs, on essaie d’exploiter de
nouvelles « sources de travail » ( offres de retour à l’emploi et de temps partiel pour les femmes
au foyer ).
256
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Ici aussi, l’Etat joue un rôle régulateur, les buts visés étant la prévention des abus et la protection
des partenaires économiques les plus faibles ( droit du travail et sécurité sociale ).
Le capital L’être humain a appris à multiplier sa force au moyen des outils et des machines. On désigne ces
ressources sous le nom de capital. Sa constitution implique l’investissement de moyens humains
et matériels ( matières premières ). À la différence de la nature ( le sol ) et du travail, on dit que
c’est un facteur de production dérivé, ou encore moyen de production produit.
Il prend la forme du capital financier ( argent liquide et monnaie scripturale ) et du capital phy-
sique ( machines, installations, outils ).
Comme le capital est rare, il est en général mis à disposition en échange d’une rémunération :
l’intérêt du capital. Cet intérêt est un dédommagement pour le fait qu’on n’utilise pas son argent
immédiatement, mais qu’au contraire on le met de côté pour l’investir.
En effet, si aucune épargne n’est constituée, l’investissement est impossible. Les entreprises ne
peuvent pas se procurer de nouveaux équipements et donc améliorer le rapport entre output et
input ( application du principe économique ).
Dans l’autre sens, il n’y a aucun intérêt à épargner si l’argent n’est pas investi ; en effet, les
banques ne seraient pas en mesure de payer un intérêt si elles ne pouvaient pas elles-mêmes
prêter l’argent contre rémunération.
Le savoir-faire Même si, par le passé, on rangeait le savoir-faire dans le facteur capital, en l’assimilant à un
« capital-capacités », il est aujourd’hui de plus en plus souvent cité comme un facteur de pro-
duction à part entière. Au cours de l’activité de l’entreprise, de nombreuses informations sont
utilisées et assimilées ; la mise en relation judicieuse de ces informations les unes avec les autres
permet de constituer peu à peu un savoir.
Grâce à son savoir-faire, l’entreprise parvient à connaître les meilleures manières de conduire
ses activités économiques. Ce savoir-faire, ou « know how », peut être exclusif, juridiquement
protégé ( par des brevets ) et entrer dans le commerce, c’est-à-dire être acheté et vendu. Pour le
succès d’une entreprise, le savoir-faire est souvent un facteur décisif, à côté du travail, du sol et
du capital.
Création de valeur Toute entreprise doit se procurer les facteurs de production mentionnés. À partir de là, elle va
créer un produit, en espérant que la valeur de celui-ci dépassera la valeur des ressources em-
ployées. L’entreprise crée ainsi de la valeur ajoutée. Ce processus est appelé création de valeur.
Sol
Travail Produit fini
Entreprise
Capital Service
Savoir-faire Processus de création de valeur
257
DROIT | ETAT | ECONOMIE
5 Montrez, à partir de l’exemple de deux facteurs de production non dérivés, comment l’Etat
intervient de manière régulatrice dans leur utilisation.
■ marché d’approvisionnement
■ débouchés
■ autres fabricants du même produit ou produit d’utilisation / utilité semblable
258
ECONOMIE | ETAT | DROIT
En revanche, si les dépenses dépassent les recettes, l’entreprise réalise une perte.
Dépenses Recettes
Recettes Dépenses
Profit Perte
Il est clair que les entreprises qui accumulent les pertes finissent par tomber en faillite, avec pour
conséquence la disparition des places de travail.
Bénéfices À l’inverse, une entreprise saine réalise des bénéfices, qui lui permettent notamment :
➞ d’investir dans la recherche et le développement, de manière à améliorer ses produits et,
ainsi, à accroître ses ventes à long terme ( par exemple dans l’industrie automobile )
➞ d’augmenter ses dépenses publicitaires, défricher de nouveaux marchés et, de cette façon,
acquérir de nouveaux clients ( par exemple dans le secteur des télécommunications )
➞ de créer des places de travail attractives grâce à de bonnes rémunérations ( par exemple
dans le secteur bancaire )
➞ ou encore de distribuer l’argent aux propriétaires de l’entreprise ( sous forme de divi-
dendes ).
L’Etat ( et à travers lui toute la collectivité ) profite aussi de la bonne santé des entreprises, car
celles-ci paient des impôts sur leurs bénéfices et financent ainsi la couverture de nombreux be-
soins collectifs.
259
DROIT | ETAT | ECONOMIE
EXERCICES | THÉORIE ET FAITS
1 Chap. 20.4 Le principe économique
Exemples relatifs à Regardez les deux graphiques et mettez-les en relation avec le principe économique
l’économie et à l’Etat
Nombre d’heures de travail / PIB / actif, en $ ( 2014,
année par actif corrigé du pouvoir d’achat )
USA Suisse Allemagne USA Suisse Allemagne
3000 140 000
2500 120 000
100 000
2000
80 000
1500
60 000
1000
40 000
500
20 000
0 0
1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010
21 ECONOMIE NATIONALE
Nous avons jusqu’ici expliqué ce que signifie « gérer » pour un individu et ce qu’est une entreprise.
Nous allons à présent regarder de quelle manière les agents économiques entrent en relation les
uns avec les autres, et ainsi tenter d’avoir une vue d’ensemble en prenant une certaine distance.
Nous appelons cette approche « économie nationale », car elle prend pour objet le réseau global
qui constitue le tissu économique.
Définition On entend par « économie nationale » l’ensemble des agents économiques ( ménages, entreprises,
Etat ) actifs dans un espace économique ( Etat ou association d’Etats ) et mutuellement dépendants.
La coopération de ces agents isolés est souvent représentée graphiquement sous la forme d’un
cycle ou circuit. Nous allons maintenant nous intéresser de plus près à ce circuit.
260
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Les entreprises et les ménages sont des groupes sociaux. Cependant, alors que les entreprises
sont conçues pour produire, la fonction principale des ménages est de consommer. De cette
distinction découlent les relations suivantes :
Facteurs de production
Entreprises Ménages
Biens et services
PIB et RN Les ménages mettent à disposition des entreprises les facteurs de production ( sol, travail, capital,
savoir ). Ceux-ci sont transformés par les entreprises en biens et en services, qui sont
consommés par les ménages.
Pour obtenir ces biens et ces services, les ménages doivent payer ; ils sont en mesure de le faire
grâce aux revenus ( loyers, salaires, intérêts ) que leur versent les entreprises pour la mise à dis-
position des facteurs de production.
C’est ainsi que se forment deux circuits entre les agents « entreprises » et « ménages ».
Dans le premier cas, on parle de flux réels (flèches vert foncé), dans le second cas de flux mo-
nétaires (flèches vert clair).
Les flux réels et les flux monétaires sont d’une importance capitale dans une économie, parce
qu’ils représentent le cœur de l’activité économique. Pour cette raison, on prête une attention
particulière à leur évolution, en les mesurant régulièrement sous la forme du produit intérieur
brut et du revenu national.
Facteurs de production
Entreprises Ménages
Biens et services
PIB
261
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Le PIB est la somme de toutes les plus-values pour la consommation finale ; les produits inter-
médiaires n’en font pas partie, sinon, il y a des comptages en double. En outre, « tous les biens et
services nouvellement à disposition », indépendamment du fait qu’ils remplacent d’autres biens
ou non. En d’autres termes : bien qu’en définitive un accident de voiture provoque une destruction
de valeur, il augmente le PIB, parce qu’il donne lieu à une production de services ( réparation,
soins hospitaliers ).
Les biens et services sont évalués « à leur prix de marché ». Nous traiterons des prix de marché
dans la section 21.2.
Ici, nous retiendrons que : seuls les biens et services qui sont fournis pour le marché font partie
du PIB, ce qui signifie que « la production qui n’a pas de valeur marchande » n’est pas comprise,
comme p. ex. l’éducation des enfants, les soins aux membres de la famille, le travail associatif, etc.
La dernière partie de notre définition parle d’une « période définie » ( généralement une année ) et
de biens et services « produits par les agents économiques résidant dans un pays ».
Principes de territorialité Cela signifie que le PIB désigne la quantité cumulée de biens et services produite en Suisse,
et de nationalité par exemple, que ce soit par des travailleurs nationaux ou étrangers ( sont donc inclus les
frontaliers, qui résident à l’étranger et travaillent ici ). On parle également, à ce propos, de
« principe de territorialité ».
Par contraste, c’est le « principe national » qui s’applique au Produit National Brut ( ou Revenu
National Brut ), lequel inclut la production à l’étranger des travailleurs nationaux, tandis qu’on re-
tranche la production en Suisse des personnes domiciliées à l’étranger ( les travailleurs frontaliers,
par exemple ).
Adaptation aux normes Fin 2014, le calcul du PIB a connu une adaptation due aux changements des normes interna-
internationales tionales. Plusieurs domaines, tels que les charges pour la recherche et le développement et les
dépenses d’armement, mais également l’économie souterraine ( notamment la drogue et la pros-
titution ), qui n’étaient pas prises en compte jusqu’ici, le seront désormais.
De ce fait, le PIB augmente sensiblement ( en Suisse par exemple de 5,7 % ), ce qui influence diffé-
rents chiffres-clés. Ainsi, l’endettement public rapporté au PIB diminue chez nous de 2 %, passant
à env. 33 %. Il en va de même pour le taux de la fiscalité.
PIB par tête Le PIB par tête de la population sert à mesurer la performance économique d’un pays, et donc
sa prospérité. Vous pouvez consulter une comparaison internationale récente sur le site Internet
du Fonds Monétaire International ( www.imf.org ). La Suisse y fait figure de pays riche et occupe
depuis de nombreuses années le haut du classement.
262
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Comme on peut le voir en tête du tableau, le PIB par habitant calculé est un PIB nominal. Qu’est-
ce que cela signifie ?
On sait que les biens et services sont évalués à leur prix de marché. Cependant, les prix peuvent
connaître des fluctuations au cours du temps ( voir chapitre 21.2.1 « Inflation et déflation » ).
La variation du produit intérieur brut d’une année à l’autre indique la croissance d’une économie.
Toutefois, les fluctuations de prix nous obligent à distinguer entre variation du PIB nominal et du
PIB réel.
Le PIB nominal Dans le PIB nominal, les biens et services sont évalués au prix courant de l’année correspondante.
La variation du PIB nominal par rapport à l’année précédente indique la croissance nominale.
Celle-ci traduit à la fois l’évolution du volume de la production et des prix.
Le PIB réel Dans le PIB réel, les prix courants des biens et services sont corrigés en ce sens que l’on ne tient pas
compte des éventuels renchérissements. La variation du PIB réel par rapport à l’année précédente
indique la croissance réelle. Celle-ci traduit seulement l’évolution du volume de la production.
263
DROIT | ETAT | ECONOMIE
6.0 224
2.0 184
1.6 180
1.2 176
0.8 172
0.4 168
0 164
-0.4 160
-0.8 156
-1.2 154
-1.6 150
-6.0 104
-6.4 100
2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021
Le tiers du PIB suisse est réalisé dans cinq villes : Zurich, Genève, Bâle, Berne et Lausanne.
a ) A combien se montait en moyenne notre PIB en 2015 et à combien s’élevait-il par habitant ?
b ) Notre PIB a-t-il augmenté entretemps ?
264
ECONOMIE | ETAT | DROIT
%
PIB réel par tête
140 4
130 3
(Source: BFS, VGR, RSPOP,
120 2
STATPOP)
110 1
100 0
9 -1
80 -2
70 -3
60 -4
1991 1993 1995 1997 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015 2017 2018 2019
Le PIB par tête représente le niveau de vie matériel moyen dans un pays (voir à ce propos le
chapitre « prospérité, bien-être et durabilité »).
Répartition du PIB
mondial depuis 1500 100 %
24
90 %
( Source : Angus Maddison,
University of Groningen )
80 %
17
70 %
60 %
18
50 %
40 % 11
6
30 %
3
20 %
21
10 %
1500 1550 1600 1650 1700 1750 1800 1850 1900 1950 2000
Chine Europe de l’Ouest Amérique latine Japon Inde USA tous les autres pays
265
DROIT | ETAT | ECONOMIE
266
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Courbe de Lorenz La répartition des revenus dans une population peut être décrite d’une façon simple au moyen
d’une courbe appelée courbe de Lorenz. Ce graphique montre quelle proportion des revenus est
perçue par quelle proportion des ménages.
Deux points sont toujours fixes : 0 % des ménages perçoivent 0 % des revenus, et 100 % des ménages
perçoivent 100 % des revenus.
Si tous les revenus sont égaux, 10 % des ménages reçoivent 10 % des revenus, 20 % des ménages
reçoivent 20 % des revenus, 30 % des ménages reçoivent 30 % des revenus, et ainsi de suite. En
plaçant ces points sur un graphique, on obtient une droite de pente 1.
Si on reporte à présent la répartition des revenus effective dans un pays, les points s’écartent de
cette droite et forment une courbe convexe. Les inégalités de revenu dans une société sont d’autant
plus grandes que la courbe de Lorenz s’écarte de la droite de référence.
Indice de Gini Sur la base de la courbe de Lorenz, le statisticien italien Corrado Gini a construit un indice, appelé
indice de Gini, permettant de mesurer le degré d’inégalité dans la répartition des revenus. Il se cal-
cule en prenant la surface comprise entre la courbe de Lorenz et la diagonale, divisée par l’aire du
triangle inférieur ( soit la moitié du carré ). L’indice peut prendre n’importe quelle valeur entre 0 et
100 %. Plus il est proche de 100 %, plus le degré d’inégalité est élevé. Ainsi, un indice de Gini de 0 %
signifie l’égalité parfaite ( tout le monde a le même revenu ) et 100 % l’inégalité parfaite ( une per-
sonne a tout le revenu, les autres n’ont rien ). D’après les estimations des Nations Unies, les tensions
sociales commencent à apparaître lorsque l’indice de Gini est supérieur à 40 %.
Formule 100 %
Concentration de la richesse 20
Part du revenu national
15
entre les mains de 1%
de la population 10
5 1980
0 2008–2012
( Source : The World Top
Income Database, 2014 ) Australie France Italie Nouvelle Zélande Singapour Suède
Danemark Irlande Japon Norvège Espagne USA
267
DROIT | ETAT | ECONOMIE
0,300
( Source : Eurostat, 2018 )
0,250
0,200
Grande-Bretagne
0,150
Luxembourg
Allemagne
Danemark
0,100
Roumanie
Slovaquie
Pays-Bas
Tchéquie
Belgique
Finlande
Portugal
Norvège
Autriche
Espagne
Slovénie
Bulgarie
Lettonie
Pologne
Lituanie
Hongrie
Croatie
Estonie
Islande
Chypre
France
Suisse
Suède
Grèce
Malte
Italie
0,050
0
Moyenne UE 28
0.2
2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2017
Revenu brut
Revenu disponible
268
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Regardez les graphiques de la page précédente et tirez-en des conclusions, par exemple :
Quelle est la répartition des revenus en Suisse avant et après impôts et prestations sociales ?
Comment la répartition du revenu en Suisse a-t-elle évolué ces dix dernières années ?
Comparez notre situation avec celles des Etats voisins.
269
DROIT | ETAT | ECONOMIE
● Si le citoyen allemand Otto B. s’établit dans le canton de Zoug, où les impôts sont bas, et
que les rendements de sa chaîne de grands magasins allemands sont rapatriés en Suisse, il
fait augmenter le PNB de la Suisse et le PIB de l’Allemagne.
● Quand le citoyen allemand Otto B. s’établit dans le canton de Zoug, où les impôts sont
bas, et que les rendements de sa chaîne de grands magasins allemands sont rapatriés en
Suisse, il fait augmenter le PNB de la Suisse et le PIB de l’Allemagne.
● Le PIB est calculé selon le principe de territorialité.
● Le PIB est calculé selon le principe de nationalité.
● Le PNB est calculé selon le principe de nationalité.
● Le PNB est calculé selon le principe de territorialité.
5 Complétez :
Le revenu national ( RN ) est la de tous les revenus
et ( , ,
, ,etc. ), , obtenus par les travailleurs
nationaux en l’espace d’une année.
Dans notre définition de l’entreprise, nous avons admis que les firmes produisaient des biens et
des services destinés à des tiers. Dans le circuit économique, ces tiers correspondent aux mé-
nages. Ménages et entreprises ont cependant besoin d’un lieu pour se rencontrer, où les firmes
peuvent proposer leurs biens et leurs services et les ménages les acquérir. Ce lieu, nous le dési-
gnons sous le nom de marché.
Définition Le marché est le lieu ( réel ou virtuel ) de rencontre entre l’offre et la demande d’un bien ou d’un
service.
Selon notre circuit, il existe aussi bien des marchés pour les facteurs de production ( marché du
travail, marché immobilier, marchés de capitaux ) que pour les biens et services ( marchés des
biens de consommation et des biens d’équipement ), où le « lieu de la rencontre » peut être réel
ou virtuel, comme c’est le cas par exemple avec eBay ou Ricardo.
Définition Le prix est le montant que l’on doit débourser lorsqu’on achète un bien ou un service. Il indique
la rareté relative d’un bien.
270
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Courbe de demande Normalement, plus le prix d’un bien ou d’un service est élevé, plus la demande de ce bien ou
de ce service est faible. Si l’on représente cela graphiquement dans un système de coordonnées
( l’axe des y représentant le prix et l’axe des x la quantité demandée ), on obtient une courbe de
demande qui descend d’en haut à gauche ( = prix élevés, faible quantité demandée ) jusqu’en bas
à droite ( = prix bas, grande quantité demandée ) :
Prix
Demande
0
Quantité
Courbe d’offre C’est exactement le contraire avec l’offre : l’offre augmente avec la croissance des prix, et l’offre
diminue lorsque le prix se réduit. Nous obtenons donc, dans le même système de coordonnées,
une courbe d’offre, qui monte d’en bas à gauche ( = prix bas, faible quantité offerte ), jusqu’en
haut à droite ( = prix élevés, grande quantité offerte ) :
Prix
Offre
0
Quantité
Equilibre de marché Dans un marché livré à la concurrence ( c’est-à-dire où les offreurs et les demandeurs sont nom-
breux ), le prix se stabilise lorsque l’offre et la demande se rencontrent ( équilibre de marché ). En
effet, si l’offre est plus grande que la demande, le prix se met à baisser. Un prix plus bas attire de
nouveaux demandeurs, prêts à acheter le produit, tandis qu’au contraire les offreurs se retrouvent
moins nombreux à proposer ce produit. La demande augmente et le prix baisse, jusqu’à ce que
soit atteint le prix d’équilibre. Cela peut se représenter graphiquement :
Prix
Demande Offre
Prix d’équilibre
Prix de marché
0
Quantité d’équilibre Quantité
271
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Intervenir dans ce libre jeu de l’offre et de la demande peut conduire à des situations de surplus
ou de pénurie.
Surplus Exemple d’un surplus ( excès d’offre ) : Sur le marché du travail, l’Etat fixe un salaire minimal su-
périeur au salaire d’équilibre. Conséquence : pour ce salaire élevé, les employeurs ne proposent
qu’une quantité d’emplois Q1, tandis que les travailleurs, stimulés par ce salaire attractif, pro-
posent une quantité Q2. S’ensuit l’apparition d’un surplus, qui se traduit par une situation de
chômage ( autrement dit, des salariés potentiels s’inscrivent à la caisse de chômage, car ils ne
trouvent pas d’emploi ) et / ou de travail au noir ( c’est-à-dire que certains employeurs, de manière
illégale, emploient du personnel en-dessous du salaire minimal ).
Prix
Salaire minimum
Salaire d’équilibre
Salaire de marché
0
Q1 Q2 Quantité
Quantité de travailleurs ne
trouvant pas de travail à cause
du salaire minimum.
Pénurie Exemple d’une pénurie ( excès de demande ) : Dans quelques pays, l’Etat prévoit un prix plafond
pour l’essence. Si celui-ci se trouve au-dessous du prix d’équilibre, par exemple en raison d’une
forte hausse du prix du pétrole brut, peu de producteurs d’essence seront prêts à proposer du
carburant pour un prix si bas ( Q1 ). En face de cette offre réduite se maintient au contraire une
demande importante ( Q2 ). Pour remédier à la pénurie, l’Etat doit faire en sorte qu’une offre suffi-
sante soit disponible, même pour ce bas prix ; il peut y parvenir en proposant un soutien financier
( subventions ) aux producteurs.
Prix
O1
O2
Prix d’équilibre
Prix de marché
Excès de demande
Prix maximum
0 Q1 Q2 Quantité
272
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Elasticité-prix de la demande Attardons-nous encore un peu, pour terminer, sur la demande. La courbe de la demande peut
avoir des allures très différentes, en fonction de sa pente, par exemple :
P2 P2
D
P1 P1
D
0 0
Q2 Q1 Quantité Q2 Q1 Quantité
Dans le cas A, une légère modifiction du prix conduit à une hausse ou une baisse importante de
la quantité demandée. Dans le cas B, cette hausse ou cette baisse de la demande est de moindre
ampleur. On parle, dans le cas A, d’une demande élastique, et dans le cas B d’une demande iné-
lastique.
Définition L’élasticité-prix de la demande indique dans quelle mesure une variation de prix se répercute sur
la demande.
Dans la majorité des cas, une hausse des prix provoque un recul de la demande, mis à part pour
quelques biens de luxe, que des prix plus élevés rendent encore plus « exclusifs » et pour lequel
l’effet snobisme joue également un rôle. La question que se posent de nombreuses entreprises
est cependant de savoir de quelle ampleur sera la baisse de la demande.
La demande de cercueils, pour prendre un exemple, est inélastique, car il n’y a pas vraiment de pro-
duits de substitution ; on ne peut pas en dire autant d’un repas au restaurant ( il y a de nombreux
restaurants et snacks, mais on a aussi la possibilité de se faire à manger à la maison ). Enfin, l’impact
sur le comportement de la demande sera différent si le litre d’essence passe à CHF 5.– en l’espace
d’une nuit, ou bien s’il grimpe progressivement jusqu’à ce niveau sur une durée de deux ans.
Facteurs de production
Entreprises Ménages
Biens et services
273
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Flux réels = flux monétaires Dans une économie équilibrée, il faut vérifier que les flux réels soient équivalents aux flux moné-
taires, c’est-à-dire que circule la quantité d’argent exactement suffisante pour payer les biens et
services proposés.
La vitesse de circulation de la monnaie indique combien de fois une unité monétaire change de
main, au cours d’une période déterminée.
Inflation L’inflation ( du latin « inflare » qui signifie « enfler » ) désigne une augmentation durable du niveau
des prix. Elle se traduit par une dépréciation de la monnaie.
De cette formule, on peut déduire que le niveau des prix augmente toujours lorsque
➞ la masse monétaire s’accroît
➞ la vitesse de circulation de la monnaie augmente
➞ le volume de la production diminue
Le volume de la production peut diminuer par exemple en cas de mauvaises récoltes et de défail-
lance de la production ( grèves, troubles et guerres, réduction du temps de travail avec maintien
des salaires ).
La vitesse de circulation de la monnaie dépend de la confiance que l’on a en elle. Si cette confiance
diminue, on cherchera à se débarrasser aussi vite que possible de son argent en l’échangeant
contre des biens et services, ce qui augmentera encore la vitesse de circulation de l’argent et
conduira à une dépréciation de la monnaie, ce qui dégradera à nouveau la confiance en celle-ci,
et ainsi de suite. Un cercle vicieux se forme alors.
Enfin, la masse monétaire peut augmenter. Comment est-ce possible ? Notre circuit économique
simplifié ne nous fournit aucune explication, car il manque à ce modèle un acteur important de
notre économie : l’Etat, plus particulièrement la Banque nationale, qui a la responsabilité de la
politique monétaire. Nous sommes dès lors obligés d’élargir notre circuit économique.
274
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Déflation Par « déflation » on entend un recul général et durable des prix des biens et services. Le pouvoir
d’achat de l’argent augmente.
La déflation est le contraire de l’inflation, et ses causes peuvent être aussi être mises en évidence
à partir de notre formule :
Production ( en volume ) × Prix = Masse monétaire × Vitesse de circulation
Tant l’inflation que la déflation sont dommageables, parce qu’elles favorisent certains groupes
isolés au détriment d’autres.
Gagnants et perdants de Ceux qui trouvent des avantages à l’inflation sont, par exemple :
l’inflation et de la déflation
➞ Les débiteurs : certes, la valeur nominale de leurs dettes reste inchangée ; mais leur valeur
réelle diminue, en raison de la dépréciation de la monnaie.
➞ Les propriétaires d’actifs réels : l’immobilier et d’autres objets de valeur ( comme l’or,
par exemple ) ne se déprécient pas en période d’inflation. Mieux encore : comme plus de
personnes cherchent à se protéger contre la dévalorisation de la monnaie, elles se
précipitent sur les actifs réels, qui voient par conséquent leur prix augmenter.
➞ L’Etat : c’est le plus grand bénéficiaire de l’inflation, car il est généralement endetté.
De plus, il prélève sans cesse davantage d’impôts, car les revenus nominaux augmentent et,
corrélativement, les impôts et taxes qui s’y rattachent. On parle alors de progression à froid.
➞ Les créanciers et épargnants : comme l’argent perd de sa valeur, la valeur des fonds prêtés
et des dépôts d’épargne s’amenuise constamment. Plus personne ne veut épargner ( fuite
vers les actifs réels ), ni accorder de crédit.
➞ Les rentiers : le pouvoir d’achat des rentes ( AVS, caisse de pension ) diminue. Une éventuelle
adaptation au renchérissement n’intervient que tardivement.
Ces avantages et inconvénients, qui touchent certains groupes de la population, peuvent conduire
à des troubles sociaux, raison pour laquelle l’Etat a un intérêt à maintenir l’équilibre du circuit éco-
nomique, ce qui nous ramène au circuit économique élargi.
275
DROIT | ETAT | ECONOMIE
L’un des indices le plus souvent utilisés est l’indice national des prix à la consommation. Celui-ci
recense régulièrement les mouvements de prix des biens et services qui représentent une part
significative dans le budget des ménages. Des milliers de prix, répartis en groupes ou catégories,
composent cet indice.
IPC
Structure globale et pondéra-
tion du panier-type 2022
( 5.883 % ) Autres biens et services
Restaurants et hôtels ( 5.823 % )
Enseignement (0.949 % ) (12.608 % ) Alimentation et boissons non-alcoolisées
Loisirs et culture ( 6.775 % )
Communications ( 3.029 % )
( 3.482 % ) Boissons alcoolisées et tabacs
Transport (10.976 % )
( 2.691 % ) Habillement et chaussures
Verkehr(11.600 %)
IPC Gesundheitspflege
(14.992 %) (4.533 %)Hausrat und laufende
Structure globale et pondéra- Haushaltsführung
Equipement ménager
et entretien courant ( 7 % )
Panier-type Dans le panier-type qui compose l’indice, le poids de chaque bien correspond à son importance
dans le budget des ménages : on parle d’un indice « pondéré ». Une hausse de 10 % du prix des
saucisses, par exemple, aura davantage d’impact sur l’indice qu’une hausse de 10 % d’un spray
déodorant. Tant pour les groupes de biens pris isolément que pour l’ensemble des groupes de be-
soins, un indice des prix est construit afin de refléter avec précision l’évolution du renchérissement.
276
ECONOMIE | ETAT | DROIT
L’IPC est le plus important instrument de mesure du renchérissement : pour un revenu donné,
une hausse de l’indice signifie une diminution du pouvoir d’achat et de la valeur de l’argent. Le
taux de renchérissement déterminé au moyen de l’IPC sert généralement de base au calcul des
primes de renchérissement pour les différents revenus. À côté de l’IPC, l’indice des prix de gros
joue également un rôle important.
2 Complétez :
Le marché est le lieu de rencontre entre et
d’un bien ou d’un service.
■ marché de l’emploi
■ L’entreprise de transport commande un nouveau poids lourd.
■ L’entrepreneur M. cherche de nouveaux bureaux ( locaux ).
■ L’apprenti Y. s’achète un roller.
■ marché des capitaux
■ marché immobilier
4 Cochez les affirmations correctes :
● Quand la demande est supérieure à l’offre, le prix augmente.
● Quand les prix baissent, la demande augmente.
● Quand l’offre est supérieure à la demande, le prix augmente.
● Quand les prix augmentent, les producteurs augmentent l’offre.
● Si tous les producteurs concurrents augmentent leur offre, l’offre dépassera la demande
à un certain moment.
● À ce moment-là, les prix baisseront et les producteurs réduiront l’offre.
● Le prix d’équilibre s’établit lorsque l’offre et la demande se rencontrent.
277
DROIT | ETAT | ECONOMIE
d’offre est cependant si considérable qu’ils n’arrivent pas à vendre tous les œufs, même en dessous
du prix de revient, donc à perte, car le marché des œufs est saturé. Les bénéfices déjà réalisés par
le paysan A. lui permettent de suspendre la production d’œufs non rentable, ce dont profitent ses
voisins, qui peuvent désormais continuer à produire à un prix d’équilibre acceptable.
● Le marché du travail fonctionne exactement de la même manière que le marché des œufs :
si le prix du facteur travail ( le salaire ) devait s’établir à un niveau si bas qu’il ne permet
plus à l’offreur d’assumer le coût de la vie pour les besoins de base, il se retirera du mar-
ché du travail et vivra de ses économies et du revenu de son patrimoine ; l’offre baissera,
l’excès de la demande diminuera et un prix acceptable pour l’offreur et le demandeur
s’établira.
● Le marché du travail fonctionne exactement de la même manière que le marché des œufs :
la plupart des offreurs du marché du travail ne disposent pas ou de très peu d’économies.
Ils n’ont pas de patrimoine et ne peuvent donc pas vivre des facteurs de production capital
ou sol. Ils ne peuvent pas pratiquer l’auto-approvisionnement, et ils doivent payer un loyer
ou des intérêts hypothécaires. Même lorsque l’excès de la demande est si grand que le
prix d’équilibre est inférieur au coût de la vie, ils sont obligés d’offrir leur travail : le niveau
salarial du nombre croissant d’offreurs à revenu minimal peut être si bas qu’ils n’arrivent
plus à acheter les biens produits ( working poors – travailleurs pauvres ).
● Lorsqu’un Etat peut se permettre de soutenir les chômeurs et ceux qui sont arrivés en fin
de droit par la caisse de chômage et l’assistance sociale, les personnes concernées ne se
sentent plus forcées ni motivées à accepter des conditions de travail avec des salaires peu
attractifs ; l’excès d’offre est artificiellement baissé.
● Ceci maintient également le niveau salarial de ceux qui ont un travail, puisque l’excès
d’offre est artificiellement baissé.
● Dans tous les Etats qui ne connaissent ni salaire minimum ni réseau social, le prix d’équi-
libre peut s’établir librement. Il y a donc toujours plein emploi, et tous les travailleurs ont
un salaire suffisant.
● Dans beaucoup d’Etats qui ne connaissent ni salaire minimum ni réseau social, le prix
d’équilibre s’établit au niveau de la couche salariale la plus basse, à un niveau très bas.
Comme les travailleurs n’arrivent souvent pas à en vivre, ils prolongent leur temps de tra-
vail ou prennent même deux ou trois jobs ; dans la mesure du possible, tous les membres
d’une famille font la même chose. Ceci fait augmenter encore davantage l’excès de la
demande, exerçant encore plus de pression sur les salaires.
● Si le plein emploi était réalisé grâce au salaire d’équilibre librement établi, il n’y aurait plus
de travail au noir.
● Si le plein emploi pouvait être réalisé grâce au salaire d’équilibre librement établi, il y
aurait moins de travail au noir. Une partie du travail au noir subsisterait, car dans ce cas ni
les travailleurs ni les employeurs ne paient les charges salariales pour l’AVS ou la caisse de
retraite, etc. et peuvent se partager les montants économisés.
● L’offre de travail est plutôt élastique.
● L’offre de travail est plutôt inélastique.
● Les gens commencent à partager volontairement leurs produits alimentaires avec d’autres.
● Les gens essaient immédiatement d’acheter des provisions et les stockent.
● Pour la plupart des gens, les prix deviennent inabordables.
● La demande de produits alimentaires de base est plutôt élastique.
● La demande de produits alimentaires de base est plutôt inélastique.
● L’Etat peut intervenir et rationner les denrées alimentaires ; il fait ainsi artificiellement
baisser l’excès de la demande.
● L’Etat peut intervenir et rationner les denrées alimentaires ; il fait ainsi artificiellement
baisser le surplus de l’offre.
278
ECONOMIE | ETAT | DROIT
( Traduction libre : « Le capitalisme... Vous êtes accusés d’avoir mis en danger à la légère les moyens de
subsistance des masses. Quelle est votre défense ? – Je suis relativement docile » )
Comme nous l’avons constaté dans la définition de l’économie, cette activité vise à satisfaire
les besoins humains, qu’il s’agisse d’individus ( par exemple, une assiette de spaghettis ) ou de
groupes ( besoins collectifs, tels que les routes et les ponts ).
Mais qui ou quoi détermine quels biens et services sont mis à disposition et à quelles conditions
( qualité, prix ), ou comment, entre autres, les gens trouvent-ils leur lieu de travail ?
Le système économique n’est donc rien d’autre que notre cycle économique.
Nous parlons d’une économie de marché si les conditions suivantes sont remplies :
➞ La propriété privée des moyens de production, la libre création d’entreprise
➞ Le marché du travail libre, la liberté contractuelle
➞ La planification décentralisée par les entreprises et les ménages
➞ Le prix du marché réglemente l’interaction de ces planifications
➞ La performance économique est récompensée par le profit
➞ Les défaillances sont pénalisées par la perte ( jusqu’à la faillite )
279
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Nous parlons d’une économie planifiée centrale si les conditions suivantes sont remplies :
➞ La propriété de l’État sur les moyens de production, il n’y a que des entreprises d’État
➞ Le marché du travail réglementé par l’État, pas de liberté contractuelle
➞ La planification centralisée « de haut en bas »
➞ La coordination de tous les plans par l’autorité de planification
➞ La récompense des prestations de niveau par des primes, des titres et des décorations
➞ Les contrôles plus stricts en cas de défaillance
Plus ou moins d’État Le rôle de l’État est très différent. Il ne peut pratiquement rien réglementer dans l’économie de
marché et faire jouer les forces du marché ( mot-clé « Etat gardien de nuit » ) ou poser certaines
conditions-cadres pour protéger les plus faibles ( p. ex. lois sur le travail, protection des consom-
mateurs ). Si l’État intervient finalement dans la répartition des revenus et de la fortune au moyen
de la législation sociale et fiscale, nous parlons de l’économie sociale de marché au lieu de parler
de l’économie libre.
En revanche, dans l’économie planifiée centrale, l’État détermine pratiquement toutes les activités.
Différentes visions La méthode choisie par une société dépend notamment de l’image de l’homme qui prévaut dans
de l’homme cette société :
L’individualisme
➞ La liberté de l’individu avant les intérêts du groupe
➞ L’initiative privée et responsabilité individuelle comme vertus universellement acceptées
➞ L’égalité personnelle, l’égalité des chances
➞ La distribution des résultats par performance
Le collectivisme
➞ Les intérêts du groupe avant la liberté de l’individu
➞ Le bien-être du collectif a la plus haute priorité
➞ L’engagement pour le collectif en tant que vertu universellement acceptée
➞ La distribution aussi égale que possible des résultats
Influence
gouvernementale
l’économie dirigiste
le collectivisme
280
ECONOMIE | ETAT | DROIT
3 Dans quels pays l’ordre économique ( A ) est-il fondé sur l’économie de marché ou ( B )
est-il fondé sur l’économie planifiée ?
■ Cuba
■ Corée du Nord
■ Corée du Sud
■ Suisse
■ Singapour
■ USA
■ Vietnam
281
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Entreprises Ménages
Biens et services
Intérêts
Intérêts Intérêts
Prêts Banques/Assurances Epargne
Rôle de l’Etat L’Etat prélève des impôts auprès des entreprises et des ménages privés. En sens inverse, il ac-
corde des aides financières ( subventions ) et passe des commandes publiques aux entreprises,
verse des salaires à ses employés et des prestations sociales ( rentes, prestations complémen-
taires, aide sociale, etc. ) à ses habitants. En outre, il approvisionne en monnaie le circuit écono-
mique ( par l’intermédiaire de la Banque nationale ).
Rôle des banques Les banques et les assurances collectent l’épargne des ménages et la redistribuent sous forme de
et des assurances prêts ( accordés par exemple aux entreprises, à l’Etat ), en contrepartie desquels elles perçoivent
des intérêts. Une partie de ces intérêts est reversée aux épargnants. Nous avons ici fait ressortir
particulièrement le rôle des banques/assurances et de l’Etat. Mais ces deux acteurs sont égale-
ment impliqués dans le circuit simplifié, c’est-à-dire qu’ils utilisent des facteurs de production et
les transforment en prestations de services qu’ils font payer, ce qui leur permet ensuite de verser
les salaires, loyers et intérêts. Le fait qu’ils remplissent par ailleurs des rôles tout à fait spécifiques
dans l’économie justifie cependant qu’on accorde une place à part à ces deux acteurs.
Pour l’Etat, il est particulièrement important de recenser les activités économiques, car il peut
ainsi créer des conditions-cadres propices au développement économique. En cas de besoin, il
peut également remplir une fonction régulatrice.
Banque nationale suisse L’Etat assume en outre la tâche importante d’approvisionner l’économie en monnaie et de piloter
( BNS ) la masse monétaire.
Cependant, l’Etat est partie prenante dans la vie économique et, de ce fait, il pourrait être tenté
d’influencer l’évolution de la masse monétaire dans le sens de ses propres intérêts, et au détri-
ment des autres acteurs économiques ( par exemple en laissant filer l’inflation lorsque la dette
publique est élevée ). C’est pourquoi il a été décidé de déléguer cette mission à une institution
indépendante : la Banque nationale suisse ( BNS ). La BNS, selon l’article 99 de la Constitution
fédérale, doit mener une politique monétaire « servant les intérêts généraux du pays », autrement
dit nous tous ( créanciers et débiteurs, rentiers et travailleurs, entreprises et consommateurs ).
La BNS règle la circulation de l’argent en Suisse et veille à maintenir un délicat équilibre : en effet,
elle doit faire en sorte qu’une quantité suffisante de monnaie se trouve à disposition de l’écono-
mie, mais sans qu’il y en ait trop, afin d’éviter de créer une inflation.
Comme toutes les banques nationales, la BNS approvisionne l’économie en argent par l’intermé-
diaire des banques commerciales, en leur accordant des crédits. C’est pourquoi on l’appelle aussi
la « banque des banques ».
En contrepartie de la couverture d’assurance qui leur est accordée, les assurés doivent s’acquit-
ter d’une prime. L’assureur utilise les primes perçues pour indemniser ceux des membres de la
communauté de risque qui subissent un sinistre. Le principe de la mutualisation permet la prise
en charge de risques qui seraient trop lourds à supporter pour une seule personne ( physique ou
morale ). Ce faisant, l’assurance contribue dans une mesure importante à notre prospérité.
La surveillance des Le secteur de l’assurance a une importance primordiale pour l’économie suisse. Les garanties
compagnies d’assurance financières en jeu peuvent atteindre des sommes très élevées, raison pour laquelle le législateur a
mis en place un dispositif visant à protéger les preneurs d’assurance. Il s’agit d’une part de la loi
fédérale sur le contrat d’assurance ( LCA ), qui régit les relations entre les clients et leurs assureurs,
et d’autre part de l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers ( FINMA ), qui surveille
les compagnies d’assurance. La Loi sur la surveillance des marchés financiers ( LFINMA ), la Loi sur
la surveillance des assurances ( LSA ) ainsi que l’Ordonnance sur la surveillance ( OS ) constituent
les fondements de ce dispositif.
( Voir le chapitre « Assurances » )
La différence entre argent et capital réside dans le fait que l’argent est plutôt défini comme
moyen d’échange à court terme, alors que le capital est de l’argent placé à plus long terme.
Les clients typiques auxquels les banques mettent de l’argent et du capital à disposition sont,
selon le circuit économique, les entreprises ( et parmi elles d’autres banques ) ainsi que les mé-
nages publics ( Etat, communes ) et privés.
283
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Différents types Les banques octroient des crédits, gèrent l’argent des clients ( l’épargne par exemple ) et font le
d’opérations bancaires négoce de papiers-valeurs. Selon les cas, on parle de :
➞ opérations passives ( fonds confiés à la banque par des clients, par exemple dépôts d’épargne )
Les déposants qui confient leur argent à la banque touchent un intérêt. La banque devient
donc leur débitrice. L’intérêt servi étant moins élevé que celui qu’elle accorde lorsqu’on lui
prête de l’argent, elle peut, avec la différence d’intérêt, payer les salaires, les loyers, etc. Ce
qui, après paiement de toutes les charges, représente le bénéfice de la banque. Les opéra-
tions passives sont inscrites au passif du bilan de la banque, parce qu’elles représentent des
engagements vis-à-vis des clients.
Opérations actives
et passives
Intérêts
CHF
Intérêts
Les entreprises, l’Etat
La banque paie des
et les particuliers paient CHF CHF intérêts pour les capitaux
des intérêts pour les
déposés
capitaux empruntés
Opérations bancaires
hors bilan
284
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Les banques suisses Ce n’est pas par hasard que la Suisse est la patrie de banques renommées et que notre place
financière joue un rôle important.
Après la Première Guerre mondiale ( 1914–1918 ), nos banques ont atteint une forte position au niveau
international. En effet, la plupart des pays européens étaient affaiblis par cette longue guerre, et la
valeur de leur monnaie s’était effondrée ( l’Allemagne par exemple, a connu une « hyperinflation » avec
plusieurs dévaluations de 100 % par année ). En tant que pays neutre, la Suisse jouissait par contre de
conditions stables et d’une monnaie saine et forte. C’est pourquoi nombre d’Européens ont commen-
cé à placer leurs économies en Suisse et donc à recourir aux services de nos instituts bancaires.
Ces derniers temps, le secret professionnel du banquier ( aussi appelé secret bancaire ) a été de
plus en plus mis sous pression. En principe, il protège le titulaire d’un compte contre l’immixtion
des institutions étatiques ( police, autorités fiscales ), ce qui signifie qu’elles n’ont pas accès à ce
compte. Mais avec l’échange automatique des informations qui sera introduit au niveau mondial
ces prochaines années, le secret bancaire est supprimé à l’échelon international. Mais à l’intérieur
de la Suisse, il continue à subsister.
En Suisse, le système bancaire revêt une grande importance macroéconomique. Il emploie environ
90 000 collaborateurs et contribue à 9 % du produit intérieur brut.
Grandes banques 20 50
Banques cantonales
0 0
2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
Fonction macroéconomique Les banques remplissent des fonctions importantes dans toutes les économies nationales. En
voici quelques exemples :
Au fond, le secteur financier fournit deux services importants : il agit comme une sorte de
« machine à traverser le temps économique » en aidant les épargnants à transférer leurs excé-
dents actuels dans le futur et en permettant aux emprunteurs d’utiliser dès aujourd’hui des reve-
nus futurs. L’économie financière offre également un réseau de sécurité sous forme d’assurances
couvrant de nombreux risques.
Avec ces deux services, un secteur financier qui fonctionne bien rend notre monde ( par nature
incertain ) plus prévisible, plus sûr et permet ainsi à l’économie de prospérer.
285
DROIT | ETAT | ECONOMIE
[ A ] opérations actives [ B ] opérations passives [ C ] opérations hors bilan
3 Pourquoi est-il en général préférable, du point de vue économique, que ce soient les
banques qui accordent des crédits aux entreprises plutôt que celles-ci se mettent elles-
mêmes à la recherche de bailleurs de fonds ( voir la petite annonce ci-dessous ) ?
Occasion unique
Pour le lancement sur le marché suisse d’une nouveauté mondiale
prometteuse, entreprise commerciale bien établie cherche d’urgence
prêt de CHF 250 000.– pour 3 ans minimum. Financement partiel
possible. Intérêts attractifs garantis.
4 L’entreprise dont il est question dans la petite annonce ci-dessus promet un intérêt.
De quoi dépend le taux de cet intérêt ?
286
ECONOMIE | ETAT | DROIT
2 Formulez l’équation des échanges à l’aide des termes corrects : masse monétaire,
flux monétaire, production ( en volume ), prix, vitesse de circulation de la monnaie
5 Quel rôle jouent les banques / assurances dans le circuit économique ? Formulez une
explication complète en utilisant les termes « ménages », « entreprises » et « Etat ».
6 Quel rôle jouent l’Etat et la Banque nationale dans le circuit économique ? Formulez une explica-
tion complète en utilisant les termes « ménages », « entreprises » et « banques / assurances ».
7 Pourquoi la Banque nationale suisse ( BNS ) est-elle une institution indépendante de l’Etat ?
287
DROIT | ETAT | ECONOMIE
8 Selon la Constitution fédérale, la BNS doit mener une politique monétaire « servant les inté-
rêts généraux du pays ». Nommez les six groupes principaux intéressés au rôle de la BNS :
1. 2.
3. 4.
5. 6.
11 Les assurances fonctionnent selon le principe de la mutualité. Expliquez cette notion en utilisant
les termes suivants : « tous les assurés », « sinistre », « prime », « fonds commun », « paiement ».
12 De quoi dépend le taux d’intérêt demandé par les banques lorsqu’elles accordent un crédit ?
1.
2.
Définition On appelle conjoncture l’activité économique d’une économie nationale par rapport à la tendance
au long terme. Elle est mesurée sur la base du PIB réel ( = après correction des variations des prix )
par rapport à la tendance réelle du PIB à long terme. Elle se reflète dans le degré d’utilisation du
capital physique et de la main-d’oeuvre ( taux de chômage ).
Par croissance économique on entend la croissance du produit intérieur brut ( PIB ). Cette crois-
sance est rarement régulière, linéaire, mais plutôt ondulatoire.
288
ECONOMIE | ETAT | DROIT
C’est pourquoi l’évolution économique peut être représentée sous la forme de cycles conjonctu-
rels. Ces cycles concernent l’économie dans son ensemble et présentent des similitudes, même si
leur longueur et leur amplitude peuvent varier. Un cycle se compose d’une phase de croissance
( expansion ), du point culminant ( haute conjoncture / boom ), d’un fléchissement conjoncturel
( refroidissement ) et du point le plus bas, la récession.
Cycles conjoncturels
Taux de croissance
du produit national
Point culminant
Tendance
Ralentissement
TREND
positive
Expansion
Expansion Aufschwung
0
négative
Plancher
Année
Jahre
1er cycle conjoncturel 2e cycle conjoncturel
en croissance en forte
Prix en stagnation en baisse
modérée croissance
proche du
Emploi en hausse en baisse bas
plein emploi
On ne sait pas exactement d’où viennent ces hauts et ces bas. L’ingénieur russe Nikolaï Kondra-
tieff, par exemple, pensait reconnaître des vagues ou cycles déclenchés par des inventions et se
terminant par des crises.
289
DROIT | ETAT | ECONOMIE
C’est ainsi que le troisième cycle Kondratieff est lié à l’électrotechnique ; il s’est terminé avec la Deu-
xième Guerre mondiale. Le quatrième cycle Kondratieff a eu comme moteur l’industrie automobile
et a duré jusqu’à la crise pétrolière des années 1970. La récession suivant le 11 septembre 2001 et
la crise financière marquent de la fin du cinquième cycle Kondratieff, qui a été influencé par les
technologies de l’information.
Quoi qu’il en soit, l’Etat et la Banque nationale essaient d’influer sur le déroulement de ces phases
au moyen de la politique conjoncturelle.
Les mesures de politique conjoncturelle sont souvent contestées. Aux yeux de certains, elles
manquent leur but, sont insuffisantes ou trop tardives, voire contre-productives, c’est-à-dire
qu’elles aggravent la situation qu’on espérait améliorer.
Dans les discussions de politique conjoncturelle, il est fréquent de rencontrer deux points de vue,
ou « écoles », diamétralement opposées : l’interventionnisme et le monétarisme.
L’interventionnisme ou Pour les tenants de cette école, l’Etat doit intervenir activement dans la vie économique en agis-
politique de la demande sant sur la demande. Son intervention doit être « anticyclique », c’est-à-dire qu’en période de ré-
cession, il doit injecter davantage d’argent dans les marchés publics, afin de stimuler la demande ;
à l’inverse, il doit réduire fortement ses dépenses en période de haute conjoncture, afin d’éviter une
surchauffe de l’économie. Promouvoir ainsi un rôle actif de l’Etat suppose d’accepter que celui-ci
s’endette en période de basse conjoncture. C’est pourquoi on parle aussi de « deficit spending ».
L’interventionnisme se fonde sur les idées de l’économiste britannique John Maynard Keynes,
qui les a surtout développées pendant la Grande Dépression des années 1930. C’est pourquoi on
emploie aussi le terme keynésianisme.
Le monétarisme ou Selon les monétaristes, les entreprises investissent dans de nouvelles installations et fabriques
politique de l’offre lorsque le retour sur investissement qu’elles attendent est positif. Par ces investissements, elles
créent de nouveaux emplois et accroissent l’offre ( d’où l’expression « politique de l’offre » ). La
priorité, pour les monétaristes, est donc d’améliorer les conditions d’investissement. Quant à l’in-
tervention active de l’Etat, il faut y renoncer autant que possible. Bien au contraire, il faut favori-
ser la réduction de la bureaucratie et la déréglementation, l’abaissement des coûts de production
( par exemple les charges salariales annexes ), la simplification du système fiscal et la réduction
des taux d’imposition, etc., autrement dit tout ce qui est susceptible d’encourager les entreprises
à investir.
L’Etat doit seulement faire en sorte que l’approvisionnement de l’économie en monnaie soit suffi-
sant ( d’où le nom « monétarisme » ), rôle généralement délégué à la Banque nationale. Le repré-
sentant le plus important de ce courant de pensée est l’économiste américain Milton Friedman.
290
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Ce bref aperçu des deux écoles montre déjà qu’elles s’affrontent vivement sur la conception du
rôle de l’Etat. Les interventionnistes réclament un Etat fort, intervenant vigoureusement dans la
vie économique, tandis que les monétaristes veulent un Etat passif, qui se contente de créer un
climat favorable à l’investissement et d’assurer l’approvisionnement en monnaie.
Du point de vue scientifique, il n’est pas possible d’établir la supériorité de l’une ou l’autre des
conceptions, raison pour laquelle les partisans des différents systèmes de croyances politiques
( ce qu’on appelle les idéologies ) se combattent avec autant de véhémence. Les défenseurs d’une
politique de la demande se situent à gauche, tandis que le camp bourgeois défend généralement
une politique conjoncturelle de l’offre.
En Suisse, comme nous privilégions les compromis et favorisons la concordance, notre politique
conjoncturelle présente des aspects aussi bien interventionnistes que monétaristes.
Acteurs de la Les équipes de recherche sur la politique conjoncturelle universitaires observent l’évolution éco-
politique économique nomique et proposent des mesures. Les partis politiques, les associations économiques et les
syndicats posent des exigences. De même, la Banque nationale suisse effectue ses propres en-
quêtes économiques et en tire des conclusions pour sa politique monétaire. Enfin, sur le plan
national, les mesures de politique conjoncturelle de la Confédération sont coordonnées par le
Secrétariat d’Etat à l’économie ( Seco ).
De nombreux acteurs essaient donc d’influencer l’évolution économique. Même si leurs proposi-
tions diffèrent parfois fortement, ils s’entendent en général sur les buts de la politique conjonctu-
relle, qu’on peut représenter sous la forme d’un « hexagone magique ».
Plein emploi
Hexagone magique
Le moins de chômage possible
Préservation de Equilibre du
l’environnement commerce extérieur
Réduction de la pollution Une balance des paiements
Budget général de l’État courants équilibrée
équilibré
Equité sociale
Paix sociale grâce à
la justice redistributive
Ces buts sont en relation les uns avec les autres. Les mesures prises pour leur réalisation se sou-
tiennent, se neutralisent, ou s’entravent mutuellement. C’est pourquoi il faut vérifier l’impact de
chaque mesure de politique conjoncturelle sur les différents objectifs. Pour que ceux-ci puissent
être atteints, le Conseil fédéral s’emploie à créer des conditions-cadres permettant la prospérité,
la protection sociale et la durabilité de notre pays.
291
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Tâches de la La Banque nationale suisse a les tâches suivantes : elle doit assurer la stabilité des prix, assurer
Banque nationale l’approvisionnement de l’économie en liquidités et ainsi et faciliter et assurer le trafic des paie-
ments. Et puis, elle doit contribuer à la stabilité du système financier. ( Loi sur la Banque nationale
du 3 octobre 2003, SR 951.11, article 5 ). Le taux d’intérêt de l’argent placé à court terme ( càd de
un jour à trois mois ) lui sert d’instrument principal. Elle fixe ce taux d’intérêt de sorte que les prix
des biens de consommation ( mesurés selon l’indice suisse des prix à la consommation ➞ voir
21.22 ) augmentent de 0–2 % par année.
Le trilemme politique Pour atteindre les objectifs mentionnés, la Banque nationale doit résoudre un problème fon-
damental, le trilemme politique. En principe, il faudrait avoir un taux de change stable ( = fixe )
pour la monnaie nationale, la pleine liberté de mouvement pour la circulation internationale des
capitaux et une politique monétaire librement déterminable ( autonome ). Dans une économie de
marché, ces trois facteurs ne peuvent être réalisés en même temps. Une banque nationale doit
renoncer à l’un pour pouvoir réaliser les deux autres.
Pour une place financière importante comme la Suisse, la deuxième possibilité n’entre pas en
ligne de compte. La Banque nationale suisse doit donc se décider entre la possibilité 1 et la 3.
Vu ces décisions, le franc suisse s’est fortement évalué depuis 1973, comme le montre le gra-
phique suivant. Pour la compétitivité des prix de l’économie suisse, le cours des changes réel (càd
corrigés de l’inflation) est décisif. Comme vous pouvez le voir sur le tableau dans le graphique,
l’appréciation réelle du franc entre 1973 et 2021 a fluctué entre 30 % et 67 % selon les devises, càd
de 0,6 à 1,1 % par an.
( Source : Shutterstock )
292
ECONOMIE | ETAT | DROIT
3.50
3.00
2.50
2.00
1.50
1.00
0.50
0.00
1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 2020
Place financière Les différentes branches économiques ont des intérêts différents et sont différemment concer-
contre place nées par la politique des taux d’intérêt et celle de change de la Banque nationale. En raccourci,
économique l’on peut parler de l’opposition entre place financière et place économique.
Trilemme politique : libre circulation des capitaux, taux de change stable, stabilité
qu’est-ce qu’il faut atteindre stabilité des prix ( au moyen d’une des prix ( au moyen d’une poli-
absolument ? politique monétaire autonome ) tique monétaire autonome )
Trilemme politique :
qu’est-ce qu’on peut sacrifier taux de change stable libre circulation des capitaux
le plus facilement ?
293
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Le graphique montre que depuis 1999 le taux d’inflation n’a que brièvement dépassé l’objectif de
2 % en 2008. Toutefois, des valeurs négatives, c’est-à-dire une baisse des prix à la consommation,
ont été enregistrées en 2009, en 2012–2016 et à la fin de 2019 jusqu’à mars 2021. Le taux d’infla-
tion a ensuite augmenté pour atteindre 2 % en février 2022. Les prix de l’énergie ont joué un rôle
déterminant dans cette évolution. Ils ont augmenté rapidement à partir de 2021 dans le cadre
de la reprise économique suite au reflux de la pandémie de coronavirus et en 2022 en raison de
l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
3.5
Taux d’inflation 1999–2022
3
(par rapport au même mois
de l’année précédente, en %) 2.5
1.5
1
(Source: SNB)
0.5
–0.5
–1
–1.5
–2
1999-01
2000-01
2001-01
2002-01
2003-01
2004-01
2005-01
2006-01
2007-01
2008-01
2009-01
2010-01
2011-01
2012-01
2013-01
2014-01
2015-01
2016-01
2017-01
2018-01
2019-01
2020-01
2021-01
2022-01
Depuis 20 ans, la BNS oriente le taux d’intérêt nominal à trois mois du franc suisse par sa politique
monétaire. Cette politique monétaire peut être illustrée en comparant ce taux d’intérêt avec celui
des autres devises les plus importantes.
4
(Source: SNB)
3
-1
01 06 11 04 09 02 07 12 05 10 03 08 01 06 11 04 09 02 07 12 05 10 03 08 01 06 11 04 09 02 07 12 05 10 03 08 01 06 11 04 09 02 07 12 05 10 03 08 01 06 11 04 09 02 07 12
-2
2000
1999
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
GBP USD
Euro JPY CHF
294
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Le diagramme montre les différences dans le niveau des taux d’intérêt. Toutefois, on peut éga-
lement observer de nombreux parallèles dans les hauts et les bas ( c’est-à-dire dans la politique
des taux d’intérêt des banques nationales ). Par exemple, jusqu’en 2009, le taux d’intérêt du yen
japonais était le plus bas, alors que depuis 2009, le taux d’intérêt du franc suisse est le plus bas.
Depuis le début de l’année 2015, il se situe autour de –0,75 % : le taux d’intérêt est négatif.
Le principe de l’intérêt Normalement, vous obtenez un rendement pour un crédit sur un compte bancaire. Cela dépend
négatif du taux d’intérêt en vigueur : plus le taux d’intérêt est élevé, plus le rendement est important.
Comme le montre le diagramme, la BNS a fixé le taux d’intérêt à trois mois à environ –0,75 % par
an depuis 2015. Cela signifie que 0,75 % de toutes les banques qui ont un solde créditeur auprès
de la BNS seront déduites de leur solde chaque année. Au lieu d’un rendement, elles subissent
une perte sur leurs avoirs auprès de la BNS. En 2017–2018, la BNS a ainsi collecté en moyenne
2 milliards de francs par an. En outre, le taux d’intérêt négatif affecte également les titulaires de
soldes créditeurs auprès des banques. Il peut s’agir d’autres banques, de grandes entreprises, de
l’État ( Confédération, cantons, communes ) ou de caisses de pension.
Pourquoi la BNS a introduit La principale préoccupation de la BNS était l’évolution du cours de change du franc suisse. Au
des taux d’intérêt négatifs cours des 45 dernières années, le franc suisse s’est apprécié par rapport à toutes les autres de-
vises ( voir graphique p. 293 ), tant en termes nominaux que réels. La conséquence positive de
cette évolution a été la baisse des prix des biens importés. En revanche, l’augmentation du prix
des produits suisses à l’exportation par rapport aux concurrents étrangers est une source d’in-
quiétude. C’est pourquoi la BNS a introduit un taux plancher de 1,20 franc par euro en septembre
2011. Elle soulignait alors qu’il s’agissait d’une solution transitoire, en attendant de revenir à un
taux de change déterminé par le marché.
C’est ce qu’elle a fait en janvier 2015. À cette époque, il était prévisible que le franc se renforce
immédiatement si le taux de change était laissé flottant. Pendant une courte période, le franc
s’est même retrouvé à parité avec l’euro. Afin d’éviter une telle appréciation, qui aurait sensible-
ment affaibli les secteurs de l’exportation et du tourisme dans la concurrence internationale et
augmenté le chômage, la BNS a introduit des taux d’intérêt négatifs dès le début de 2015. L’effet a
été de réduire l’attractivité du franc suisse en tant que monnaie de placement, et donc de réduire
les volumes d’achat.
Les désavantages sont évidents : l’argent devient trop bon marché et le taux d’intérêt ne peut
que partiellement remplir l’objectif d’orienter les capitaux à court et à long terme vers les utilisa-
tions les plus productives. L’une des conséquences est l’envolée des prix de l’immobilier, car les
hypothèques sont devenues très bon marché. En outre, les taux d’intérêt négatifs pèsent sur les
banques, les grandes entreprises et les caisses de pension, qui sont obligées d’investir l’argent de
manière plus risquée ( notamment en actions ) afin d’obtenir un rendement suffisant. Il s’en est
suivi un boom boursier.
295
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Depuis plusieurs années, des critiques ont déploré cette vision matérialiste en raison de ses effets né-
fastes pour l’environnement et appelé à la décroissance. Cependant, la plupart des gens sont d’avis
que nous avons besoin d’une croissance économique pour maintenir la qualité de notre système so-
cial, à savoir des rentes de vieillesse garanties, un système de formation performant, des allocations
familiales, une assurance-invalidité, un soutien aux personnes en situation de précarité, etc.
En d’autres termes : un Etat social a besoin d’une économie forte et d’une croissance écono-
mique ( soit une croissance du PIB ) afin d’augmenter ses recettes fiscales et ainsi de financer les
nombreuses tâches qui relèvent de la protection sociale.
Le concept de protection sociale traduisait initialement le souci pour les personnes indigentes et
menacées. Aujourd’hui, c’est plutôt un concept générique rattaché à la notion de qualité de vie
et désignant l’ensemble des mesures qui contribuent au bien-être des individus.
Europe 144 903
(Source: Credit Suisse 2018)
Monde 63 100
Asie/Pacifique 48 119
Chine 47 810
Inde 7024
Afrique 4138
Protection sociale Dès le début de notre Constitution fédérale ( article 2 ), il est assigné comme but à la Confédéra-
tion de favoriser « la prospérité commune, le développement durable, la cohésion interne et la di-
versité culturelle du pays » et de s’engager « en faveur de la conservation durable des ressources
naturelles. »
296
ECONOMIE | ETAT | DROIT
40
30
0 10 000 20 000 30 000 40 000 50 000
Durabilité On appelle développement durable un développement qui répond aux besoins des générations
présentes sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire les leurs. En d’autres
termes : le développement de l’humanité ne devrait pas par exemple reposer sur une exploitation
excessive de la nature, mais au contraire laisser aux générations suivantes au moins les mêmes
chances de vie que celles dont a disposé la génération actuelle. La génération actuelle ne devrait
pas non plus reporter sur les générations futures les coûts des assurances sociales ( AVS / AI ), en
laissant se creuser les déficits. ( Voir aussi le chapitre 28 sur la durabilité. )
L’intervention de l’Etat L’Etat intervient régulièrement dans la vie économique pour assurer la protection sociale et ga-
rantir la durabilité de notre mode de vie :
➞ Il interdit certains types de publicité ( pour l’alcool et le tabac à la télévision ), édicte des mises
en garde ( sur les risques encourus par les fumeurs ) ou prohibe certaines substances ( drogues ).
➞ Il protège les consommateurs à travers des règles contraignantes ( par exemple dans le
domaine du crédit à la consommation ou du bail à loyer ).
➞ Il taxe les ménages et les entreprises pour les dommages causés par eux ( redevances sur les
sacs poubelles, taxe sur les poids lourds, taxe sur le CO2 ).
➞ Il produit et finance lui-même les biens et les services que le marché délaisserait ou fournirait à
des prix trop élevés ( recherche fondamentale, institutions de formation, défense nationale ).
297
DROIT | ETAT | ECONOMIE
L’intervention de l’Etat Ces quelques exemples montrent cependant que l’intervention de l’Etat n’est pas incontestée.
Nous nous trouvons perpétuellement devant cette alternative : donner la priorité à la liberté in-
dividuelle ( qui est aussi un élément du bien-être ) ou à la protection des plus faibles ( mais aussi
des personnes naïves, candides et sottes ), qui peut conduire à étendre l’intervention de l’Etat à
presque toutes les situations de vie.
■ refroidissement
■ boom
■ récession
■ expansion
298
ECONOMIE | ETAT | DROIT
9 Quels sont les objectifs de la politique conjoncturelle qui ne font l’objet d’aucune controverse ?
1.
2.
Interdictions :
Règles contraignantes :
299
DROIT | ETAT | ECONOMIE
« L’indice suisse des prix à la consommation ( IPC ) détermine le renchérissement à partir des prix
de biens et services inclus dans un panier-type. La sélection et la pondération des évolutions
de prix se basent sur les dépenses de consommation moyennes des ménages privés en Suisse.
Par conséquent, l’IPC montre le renchérissement pour l’ensemble des ménages privés suisses et
pas le renchérissement d’un ménage en particulier. En raison des différences entre la structure
de consommation moyenne suisse et la structure de consommation d’un ménage en particulier,
chaque ménage est touché différemment par le renchérissement. A titre d’exemple, un ménage
qui ne possède pas de voiture ne ressentira pas directement les effets d’une hausse des prix de
l’essence. De même, seul le fumeur verra son pouvoir d’achat diminuer suite à l’augmentation
des prix du tabac, etc. L’application on-line présentée ici permet aux utilisateurs de comparer
leur propre renchérissement avec le renchérissement officiel publié et de juger s’ils sont moins
ou davantage touchés par le renchérissement que la moyenne suisse. »
Calculez maintenant le renchérissement pour votre ménage et comparez le résultat avec ceux de
vos camarades de classe. Comment expliquez-vous les différences ?
300
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Entreprises Ménages
Biens et services
Intérêts
Intérêts Intérêts
Prêts Banques / Assurances Epargne
Importations Exportations de
Rémunération
de capital capital
des importations
Importations
Exportations Reste du monde
Rémunération des exportations
Des flux réels et monétaires entrent en Suisse et partent de Suisse vers l’étranger. En effet, notre
pays exporte et importe des biens et services. En contrepartie des exportations, il obtient des
devises, avec lesquelles il peut financer ses importations.
Certains pays importent davantage qu’ils n’exportent, par exemple les Etats-Unis. D’autres, à
l’inverse, exportent plus qu’ils n’importent. C’est le cas notamment de la Chine, mais aussi de la
Suisse. La balance des paiements est le document comptable qui synthétise les relations écono-
miques d’un pays avec le reste du monde.
301
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Ici sont recensées l’aide au développement ainsi que les rentes ver-
La balance des
sées aux personnes ayant exercé une activité en Suisse, mais habi-
transferts courants tant maintenant à l’étranger. En Suisse, cette balance est déficitaire.
Somme toute, notre pays occupe une place solide dans les relations économique internationales.
Nous avons une balance des transactions courantes traditionnellement positive, ce qui contribue
largement à notre prospérité.
Balance des mouvements
Genres de devises Les devises sont des monnaies étrangères sous forme d’avoirs bancaires ; un importateur suisse,
par exemple, en a besoin pour régler les factures de ses fournisseurs allemands, japonais, chinois
et américains, qui sont libellées en euros, yens, yuans ou dollars. Dans ce but, il offre des francs
suisses, qu’il désire changer ou convertir en devises. Il y a les devises librement convertibles,
pouvant donc être converties sans limite : ce sont les devises fortes. Les monnaies faibles, par
contre, ne sont pas toujours échangeables ( convertibles ) librement. Pour ce qui est des devises
non convertibles, l’échange contre d’autres monnaies est interdit.
302
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Suite
Négoce au Forex Comme pour tous les autres biens, l’échange s’effectue sur un marché, dans ce cas particulier le
Forex ( Foreign Exchange Market, FX Market ). C’est le plus grand marché financier du monde, un
marché virtuel, c’est-à-dire électronique. Les transactions se font 24h / 24, dans le monde entier.
Les devises le plus souvent négociées sont celles des grands espaces économiques ( dollars amé-
ricains, euros, yens ) et les devises des pays qui ont des places financières fortes ( par exemple la
livre britannique et le franc suisse ). Les taux de change les plus importants sont donc : USDCHF,
USDJPY, GBPUSD, EURUSD, EURCHF, EURJPY, EURGBP.
Fluctuations des Le taux de change ( ou cours ) d’une devise est son prix exprimé dans une autre devise. Pour la
taux de change compétitivité d’un pays, le taux de change est très important. D’autre part, les variations de taux
de change représentent un risque pour les entreprises actives au niveau international et pour les
investisseurs.
L’abolition du cours plancher par la BNS en janvier 2015 a conduit à une forte appréciation du
franc suisse par rapport à l’euro. Pour notre industrie d’exportation, dont les prix sont libellés en
francs suisses, cela a eu pour conséquence de renchérir ses produits dans les marchés de la zone
euro. Elle a ainsi perdu en compétitivité. Les investisseurs suisses qui ont fait des placements en
euros avant janvier 2015 ont également perdu de l’argent en raison de l’appréciation du franc
suisse. Le secteur hôtelier souffre également de la diminution de la clientèle européenne.
Une appréciation de la monnaie ( respectivement dépréciation ) implique ainsi une perte ( res-
pectivement un gain ) de compétitivité pour les entreprises indigènes car les produits exportés
deviennent plus chers ( respectivement moins chers ), avec pour effet une baisse ( respectivement
une hausse ) des importations.
Lorsqu’un pays maintient délibérément sa monnaie à un niveau bas pour renforcer sa compétiti-
vité, cela entraîne une perte de compétitivité pour les autres pays. On parle alors souvent d’une
politique « beggar-thy-neighbour », autrement dit une politique du « chacun-pour-soi », que l’on
reproche par exemple depuis longtemps au Japon.
303
DROIT | ETAT | ECONOMIE
➞ La politique des taux d’intérêt de la banque centrale. Des taux d’intérêt plus élevés ren-
forcent l’attractivité d’une monnaie, et favorisent la hausse de son cours. En cas de baisse
des taux, c’est le contraire qui se produit.
➞ Des facteurs psychologiques, par exemple lorsque la situation politique au niveau mondial
devient précaire ; les investisseurs placent alors leur argent dans des pays stables. C’est le
cas de la Suisse, dont le monnaie fait depuis longtemps office de valeur refuge.
Commentez ce graphique.
2.40
2.20
2.00
1.80
1.60
1.40
1.20
1.00
(Source : Bloomberg)
21.7.3 La mondialisation
La Suisse tire profit du commerce international, c’est pourquoi elle ne rejette pas la mondialisation.
Définition Par mondialisation, on entend l’interdépendance globale croissante des Etats et la modification
des relations économiques, sociales et culturelles qui l’accompagne.
La mondialisation est un processus rendu possible et soutenu par le progrès technique dans le
domaine de l’information et de la communication ( Internet, pour faire bref ), de la production
( internationalisation de la production, avec gestion centralisée ) et des transports ( avions gros
porteurs, porte-conteneurs ), mais aussi, sur le plan politique, par la libéralisation croissante des
échanges commerciaux ( diminution des restrictions au commerce ). La mondialisation suscite
des opportunités et des risques et donne donc lieu à différents points de vue.
304
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Ainsi, la mondialisation s’est très fortement développée ces 30 dernières années, comme le
montre de manière impressionnante le graphique ci-dessous :
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Somme des exportations et
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importations globales
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(Source: NBER Macrohistory, cit.
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2015
40 47,2
1913
38,1
30
20
10
Première vague Deuxième vague Hyper-
1. 2.
de mondialisation GM Protectionnisme GM de mondialisation mondialisation ?
Chances liées à La mondialisation comporte des chances et des dangers et est donc estimée différemment
la mondialisation
➞ La mondialisation favorise la croissance, l’élévation du niveau de vie et la variété des
produits. Le commerce international n’est pas un « jeu à somme nulle », où les avantages
obtenus par l’un le sont au détriment de l’autre, car tous les pays qui participent aux
échanges internationaux bénéficient d’une hausse de leur niveau de vie.
Risques liés à la ➞ Grâce à la mondialisation des échanges, la pauvreté et la faim ont fortement reculé dans
mondialisation le monde durant les dernières décennies. Même le nombre des conflits recule, parce que,
dans un monde globalisé, ils deviennent trop coûteux pour les belligérants.
Baisse significative de la pauvreté 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0 1.2 1.4 1.6 1.8
Nombre de personnes en milliards
vivant dans une pauvreté absolue 1990 0.28 0.51 0.97
(moins de $ 1.90 par jour, parité
économique 2011). 2013 0.39 0.26 0.07
➞ Le citoyen n’a presque aucune influence sur les évolutions en cours. Il manque un organe
démocratique doté d’une légitimité, qui supervise et pilote la mondialisation.
Sentiment d’impuissance Ce qui inquiète souvent dans la mondialisation est que l’individu ( et même l’Etat isolé ! ) est
apparemment impuissant face à cette évolution. Il n’existe aucune institution qui est la « cause »
de la mondialisation et sur laquelle il serait possible d’en rejeter la responsabilité. Par ailleurs,
l’interdépendance augmente fortement. Il y a des répercussions sur le monde entier lorsque sur-
viennent des catastrophes naturelles ( locales ), des pertes de récoltes, des crises économiques,
des épidémies, etc.
D’autre part, aucun Etat ne peut s’isoler ou « descendre du train » sans accepter un recul considé-
rable en termes de prospérité et de liberté ( voir par exemple le cas de la Corée du Nord ).
C’est la raison pour laquelle la Suisse doit également tirer le meilleur parti de la mondialisation,
par le biais d’accord internationaux, et consolider sa place dans la compétition internationale.
Nous avons vu dans la section précédente qu’aucune institution n’est « responsable » de la mon-
dialisation, mais que la rapide accélération du commerce international était presque un phéno-
mène « spontané ».
La Banque mondiale La Banque mondiale ( ou Groupe de la Banque mondiale, car elle se compose en fait de cinq or-
ganisations ) a son siège à Washington ( Etats-Unis ). Créée par les accords de Bretton Woods en
1994, son rôle était à l’origine de financer la reconstruction des Etats dévastés par la Deuxième
Guerre mondiale. Elle se consacre aujourd’hui au développement économique des pays membres
les plus pauvres à travers une aide financière et technique et des conseils. La Banque mondiale
cherche ainsi à contribuer à la réalisation des objectifs internationaux de développement. Elle sert
aussi de catalyseur pour des soutiens de tiers, par exemple en octroyant des prêts à long terme
ou des crédits à taux zéro pour des projets d’investissement et des programmes de réforme. La
pratique de la Banque mondiale en matière d’aide au développement est critiquée par des organi-
sations de protection de l’environnement et des groupes altermondialistes. Elle soutiendrait trop
306
ECONOMIE | ETAT | DROIT
souvent de grands projets, tels que des barrages ou des oléoducs qui causeraient des dommages
irréparables à l’environnement et des nuisances aux populations avoisinantes. On lui reproche aussi
d’être surtout au service des multinationales des pays industrialisés et des classes favorisées des
pays en développement, au lieu de promouvoir réellement le développement de ces derniers.
Suite à ces critiques, la Banque mondiale est récemment devenue plus prudente et lie de plus en
plus ses engagements à des conditions portant sur l’écologie et la démocratie.
Le Fonds monétaire Le Fonds monétaire international ( FMI ) est une organisation rattachée aux Nations Unies, dont le
international ( FMI ) siège se trouve également à Washington. Il a été créé en même temps que la Banque mondiale.
Parmi ses missions, on trouve l’encouragement à la coopération internationale dans le domaine
de la politique monétaire, le soutien au développement du commerce mondial, la stabilisation des
taux de change, l’octroi de crédits, la surveillance des politiques financières et l’aide technique.
Le FMI accorde, à des conditions définies, des crédits limités dans le temps à des Etats qui tra-
versent des problèmes économiques. Parmi les conditions posées à l’octroi de ces crédits se
trouvent par exemple la réduction des dépenses publiques, la lutte contre l’inflation, l’augmenta-
tion des exportations, ainsi que la libéralisation du secteur bancaire.
Les conditions imposées aux Etats peuvent inclure la privatisation d’entreprises publiques et
mener indirectement à des licenciements massifs. De la même façon que les crédits octroyés, les
aides au développement accordées par le FMI sont soumises à des conditions déterminées ( lutte
contre la corruption, démocratie… ). Dans les pays concernés, ces conditions sont souvent perçues
comme trop strictes et conduisent parfois à des contestations massives.
L’Organisation mondiale L’Organisation mondiale du commerce ( OMC, en anglais World Trade Organization ) est une orga-
du commerce ( OMC ) nisation ayant son siège à Genève, chargée de réguler les relations économiques et commerciales
entre les Etats. Créée en 1994, son objectif est le démantèlement progressif des restrictions au
commerce et, par conséquent, la libéralisation des échanges internationaux, avec l’objectif indi-
rect d’élever le niveau de prospérité des pays membres. Sa mission et ses règles de fonctionne-
ment sont consignées dans les différents accords instituant l’OMC, négociés et signés par les plus
importantes nations commerçantes.
Tous les membres de l’OMC se sont engagés à respecter certaines règles fondamentales dans
l’organisation de leurs relations commerciales, par exemple :
Les manquements à ces règles peuvent être portés l’organe de règlement des différends de
l’OMC, qui peut aussi prononcer des sanctions. C’est une chose exceptionnelle pour une organi-
sation internationale et cela confère ainsi un véritable pouvoir à l’OMC.
307
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Définition On appelle concurrence des places économiques la concurrence entre les pays ( ou les régions )
pour attirer les facteurs de production mobiles ( travail, capital, savoir ).
Lorsque, par exemple, l’entreprise américaine Google recherchait un site pour son centre de re-
cherche européen, elle avait le choix entre de nombreuses implantations. Plusieurs pays auraient
volontiers accueilli l’entreprise en raison de la création d’emplois qualifiés qui découlait de son
installation. Le fait que la Suisse ait été retenue montre que notre pays a des atouts dans la
concurrence internationale entre les places économiques.
Nos avantages compétitifs La Suisse peut faire valoir les atouts suivants :
➞ Bon état d’esprit au travail : l’implication des personnes dans le travail, chez nous,
est au-dessus de la moyenne. Recherche de l’excellence, paix du travail, fiabilité et
précision sont aussi des atouts dans le contexte international.
➞ Système fiscal compétitif : malgré la concurrence des pays d’Europe de l’Est, la Suisse
reste un pays où l’imposition des particuliers et des entreprises est relativement basse.
➞ Très bonne qualité de vie : avec leur nature préservée, des paysages somptueux,
un taux de criminalité bas, une importante classe moyenne et une remarquable
diversité culturelle, les habitants de la Suisse jouissent d’une excellente qualité de vie.
308
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Quand on pense qu’il y a 200 ans notre pays était encore un pays pauvre, et que la nature ne l’a
pas doté de beaucoup d’avantages ( peu de matières premières, aucun accès à la mer, une grande
partie du sol improductive, un marché intérieur étroit ), notre solide position internationale est
d’autant plus étonnante.
Nos atouts sont, pour l’essentiel, le fruit de notre travail et ne sont pas des acquis définitifs. Nous
devons être attentifs à les préserver, notamment pour maintenir la compétitivité de notre pays
dans le futur.
Chine
Ascension et
Allemagne
chute de nations Suisse
Changements de France
compétitivité de Grand-Bretagne
2004 à 2014, en % Singapour
Autriche
Norvège
( Source : World Economic USA
Forum, cit. selon Entretien Suède
Notenstein, décembre 2014, p. 2 ) Portugal
Espagne
Grèce
Islande
■ aide au développement
■ importations et exportations de services
■ importations et exportations de marchandises
■ tourisme
■ revenus des Suisses réalisés à l’étranger
■ paiements effectués aux frontaliers
■ rentes versées aux personnes ayant exercé une activité en Suisse,
mais habitant maintenant à l’étranger
● déficitaire
● en équilibre
● positive
309
DROIT | ETAT | ECONOMIE
commerce international
développement technique
pauvreté
répartition de la prospérité
influence démocratique
du citoyen
culture
épidémies
8 Nommez quatre conditions économiques que le FMI peut poser lors de l’octroi de crédits.
1. 2.
3. 4.
Donnez un exemple montrant les conséquences négatives que ces conditions économiques
peuvent avoir sur la population.
310
ECONOMIE | ETAT | DROIT
9 Par quelles mesures l’OMC cherche-t-elle à élever le niveau de prospérité des pays membres ?
11 Quels sont les avantages de la place suisse ? Cochez les affirmations correctes.
● niveau salarial bas
● système fiscal compétitif
● qualité de vie élevée
● main-d’œuvre qualifiée
● diversité linguistique et culturelle
● richesse en matières premières
● coût de la vie bas
● infrastructures modernes
● grande fertilité
22 GESTION D’ENTREPRISE
Alors que l’économie politique considère le tissu économique dans son ensemble, càd l’interac-
tion entre entreprises et ménages, la gestion d’entreprise ne concerne que l’entreprise seule.
Nous savons déjà ce qu’est une entreprise ( chapitre 20.6 ). Dans ce chapitre-ci, nous analysons
cette organisation depuis l’intérieur, avec ses processus et ses voies de décision.
Sol
Travail Produit fini
Entreprise
Capital Service
Savoir-faire
Processus de création de valeur
311
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Le processus de valeur ajoutée peut aussi être nommé processus de création de valeur.
Définition Un processus est une succession d’activités destinée à créer une valeur pour le client.
Prenons l’exemple d’un salon de coiffure. L’entreprise dispose de tous les facteurs de production
nécessaires : un bon emplacement sur un lieu de passage très fréquenté ( sol ), un personnel qua-
lifié ( travail ), les équipements nécessaires ( capital ) et un excellent savoir-faire.
Dès l’instant où un client entre dans le salon, plusieurs activités différentes forment un « processus
de réponse à la demande »: le client est salué et attribué à un coiffeur. L’employé se renseigne
sur les souhaits du client, lui lave les cheveux, les coupe, les sèche et les coiffe. Pour finir, le client
paie pour le service dont il a profité. Au bout du processus de réponse à la demande, on trouve
un client ( en principe ) satisfait, qui a bénéficié d’un service d’une certaine valeur.
De nombreux processus sont mis en œuvre dans une entreprise. Aujourd’hui, on considère les
entreprises comme des « faisceaux de processus », parmi lesquels on peut distinguer :
Les processus opérationnels Le processus de création de valeur pour le client a véritablement lieu ( par exemple la fabrication, la vente ).
Les processus de support Leur rôle est de soutenir les processus opérationnels ( par exemple l’achat de matières premières,
la gestion du personnel, l’informatique ).
Les processus Ils assurent l’orientation et la coordination entre les autres processus ( par exemple la direction,
de management le contrôle de qualité ).
Pour satisfaire le principe économique et faire face à la concurrence, les entreprises s’efforcent
constamment de perfectionner leurs processus.
Le partage des tâches rend nécessaire leur coordination. C’est le rôle de l’organisation de l’entreprise.
Une bonne organisation de l’entreprise doit, pour chaque collaboratrice et chaque collaborateur,
fournir une réponse claire aux trois questions suivantes :
➞ Que dois-je faire ?
➞ Comment dois-je le faire ?
➞ Vers qui dois-je me tourner en cas de problème ?
Les réponses sont le plus souvent fixées par écrit, pour la première question ( « Que dois-je
faire ? » ) sous la forme d’une description de poste, pour la deuxième question ( « Comment dois-je
le faire ? » ) sous la forme de consignes et de règlements et pour la troisième question ( « Vers qui
dois-je me tourner en cas de problème ? » ) sous la forme d’un organigramme.
Organigramme Un organigramme est une représentation graphique de la manière dont une entreprise est ordon-
née ou hiérarchisée. Il indique sous la responsabilité de qui se trouve chaque personne.
312
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Direction
J.-P. Maillat
Jean-Paul Maillat dirige l’entreprise et, avec deux employés, travaille aux fourneaux ; sa femme
Ursula s’occupe des achats, de la comptabilité et de la correspondance. Elle forme l’apprenti de
commerce Olivier Clerc. Leur fille Claudine se charge de la vente.
Différentes possibilités de Cette boulangerie familiale est structurée selon des tâches ou fonctions ( direction, administration,
structures fonctionnelles production et vente ), une structure fonctionnelle très répandue dans la pratique. Mais il est aussi
possible de structurer une organisation en fonction des produits / services ou encore des marchés.
➞ Suisse
➞ la « proximité du marché » est d’importance significative
➞ Europe
pour le succès de la vente,
➞ outre-mer
➞ la mentalité des clients est différente sur les divers
ou :
marchés.
➞ gros clients
➞ revendeurs
➞ consommateurs
313
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Structure organisationnelle Nous venons de traiter la structure fonctionnelle d’une entreprise. Mais nous avons aussi souligné
que des processus de création de valeur ont lieu dans l’entreprise, que nous pourrions considérer
comme « faisceau de processus ».
Un processus important est p. ex. le déroulement d’une commande, qui peut se faire comme suit
dans une entreprise de production typique :
Direction
Ordre du client
Processus avec interfaces La commande passe par différents services spécialisés, et le processus comprend divers passages
d’un domaine à l’autre. Au lieu de « passages », l’on parle aussi d’interfaces.
C’est à ces interfaces que surviennent des retards ( parce que p. ex. un collaborateur est absent ou
surchargé ) ou des malentendus ( le collaborateur qui suit ne dispose pas de toutes les informa-
tions nécessaires pour exécuter sa part de l’ordre ).
Ces interfaces représentent un problème lorsque l’on veut rendre les processus toujours plus ra-
pides, meilleurs et meilleur marché. La structure organisationnelle peut en être la solution.
Le diagramme de flux ou le flowchart est un instrument très répandu pour représenter les processus.
Les flowcharts Les flowcharts sont des représentations graphiques montrant comment les processus se dé-
roulent dans une entreprise. Ils montrent quelles démarches ou activités un processus comprend.
En d’autres mots : à l’organigramme des fonctions correspond le diagramme de flux dans la struc-
ture organisationnelle.
314
ECONOMIE | ETAT | DROIT
DÉBUT
7 8
4 13
aller chercher fournir les
prendre préparer
les pièces de pièces de
des mesures la facture
rechange rechange
1
accepter
OUI
le travail
5 6 14
transmettre pièces de encaisser
l’ordre au rechange
le montant
nécessaires ?
mécanicien
2 automobile
établir le
diagnostic NON
FIN
9
effectuer
3
la réparation
transmettre
l’ordre au
chef d’atelier
11 10
réparation informer
NON irréprochable ? le chef
OUI d’atelier
12
assembler
les documents
pour la
comptabilité
De tels diagrammes de flux représentent soit la pratique du moment ( état actuel ) ou montrent
un avenir optimisé ( situation future ).
Optimisation de Afin d’optimiser l’organisation, il faut mesurer la chaîne d’effets sur les processus et en évaluer
l’organisation l’incidence au moyen d’indicateurs, comme le temps de traitement des commandes, le pourcen-
tage de respect des délais, le pourcentage d’erreur, le coût par incident, etc.
315
DROIT | ETAT | ECONOMIE
3 Quels sont les trois termes qui permettent de décrire le principe économique de la manière
la plus simple ?
■ production
■ administration
■ vente
■ direction
■ Le cuisinier aimerait savoir si le nettoyage de la cuisine fait aussi partie de ses tâches.
■ La serveuse constate que le menu 1 pour la table 3 n’est toujours pas prêt.
■ Le gérant a décidé que les tables doivent être dressées pour le repas de midi à 11:30.
6 Si je veux avoir des renseignements sur les fonctions d’une entreprise, je regarde :
Si je veux en apprendre davantage sur les processus dans une entreprise, je consulte :
316
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Pensez p. ex. à Disney qui, pour l’établissement du plus grand parc d’attractions européen, a dû
choisir un site en Espagne, en Allemagne, en Angleterre ou en France ( c’est finalement Paris
qui l’a emporté ), ou à Google qui, à la recherche d’un lieu pour son centre de développement
européen, a reçu des offres très attractives de nombreux pays ( et a ensuite opté pour Zurich, en
Suisse ).
De nombreux facteurs Selon le type d’entreprise et la situation du moment, ce sont des facteurs d’approvisionnement,
d’établissement de production ou d’écoulement qui sont primordiaux, p. ex. l’existence de matières premières ou
d’énergie bon marché, d’établissements de recherche et de formation ou la proximité d’un marché
important.
possibilités de formation et de
climat physique impôts, taxes, disponibilité des surfaces
école qualité et quantité de l’offre
offre culturelle de main-d’œuvre
qualité de l’habitat raccordement aux réseaux
loisirs de transport
administration favorable aux entreprises flexibilité et rapidité
contexte urbain / attractivité du centre-ville de l’administration
mentalité de la population, attitude face au travail débouché
Facteurs image en tant que place régional
« soft » économique
difficile
faible Signification pour la décision du choix du site de l’entreprise haute
317
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Prenons l’exemple de notre salon de coiffure. La coiffeuse a le choix entre déménager dans un nouveau
centre commercial situé à la périphérie ou rester à l’emplacement qu’elle avait jusqu’ici au centre-ville.
Lorsqu’on doit choisir entre différentes alternatives qui s’excluent mutuellement ( une nouvelle voi-
ture, l’achat ou la location d’un nouveau bâtiment, un nouvel emplacement et, pourquoi pas, une
nouvelle ou un nouveau partenaire ) et qu’on veut procéder de manière rationnelle, il faudrait pro-
céder à une analyse multicritère.
Emplacement
Pondération Centre commercial Centre-ville
Critère
Total 66 45
6 Ensuite, il faut mettre en relation la faisabilité d’une solution exprimée en chiffres ( 66
« points de faisabilité » contre 45 ) et les coûts :
Dans l’exemple du salon de coiffure, le coût annuel du loyer et des charges s’élève à
CHF 132 000.– dans le centre commercial, à CHF 84 000.– au centre-ville. En utilisant une
simple règle de trois, on peut établir une comparaison basée sur l’utilité :
par rapport à la valeur ajoutée qu’offre le centre commercial face au local du centre-ville,
les coûts de loyer du centre commercial ne devraient pas s’élever à plus de CHF 123 200.–.
7 Sur la base de cette analyse rationnelle, c’est la solution ayant le meilleur rapport coût /
faisabilité qui devrait être choisie.
318
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Une analyse Mais il faut bien souligner une chose : le résultat d’une analyse multicritère reste subjectif, dépend
subjective donc de ceux qui l’ont faite. Les analyses multicritère ne rendent donc pas une décision plus ob-
jective, mais transparente et compréhensible. ( Pourquoi s’est-on décidé pour X et non pour Y ?
Où est-ce que X a obtenu de meilleurs résultats que Y ? ) C’est surtout dans les cas où la décision
est préparée par un groupe et qu’un autre groupe, p. ex. la direction, le conseil d’administration ou
( pour des projets politiques ) le Parlement opte pour cette décision ou l’approuve que l’analyse
multicritère est un instrument de communication indispensable.
Ces hautes écoles utilisent, en règle générale, un modèle d’entreprise, sur lequel se base l’en-
seignement.
Dans l’Europe germanophone, le modèle d’entreprise de l’Université de St-Gall ( HSG ) est très
connu. Nous le reproduisons ici – quelque peu simplifié – en guise d’exemple.
Une entreprise et
son environnement Environnement écologique
Environnement technologique
Environnement économique
Environnement social
Concurrence Investisseurs
Processus de management
Fournisseurs Processus commerciaux Clients
Processus de support
Etat Collaborateurs
Société
Ce modèle résume quelques aspects que nous avons déjà abordés, mais en ajoute aussi de nouveaux :
319
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Voici un aperçu des parties prenantes importantes avec leurs attentes par rapport à l’entreprise :
Cette énumération sommaire met déjà en évidence de nombreuses divergences d’intérêts. Pour
cette raison, il n’est pas possible de tous les satisfaire simultanément. La direction de l’entreprise
doit fixer des priorités, et dès lors accepter de décevoir certains groupes.
320
ECONOMIE | ETAT | DROIT
■ recettes fiscales
■ sécurité de l’emploi
■ relation prix / prestation la meilleure possible
■ préservation de l’environnement
■ salaire élevé
■ entreprise solide, rentable
■ fournir le plus possible, à des prix élevés
■ client fiable des produits semi-finis
■ attitude loyale
1
2
3
4
Le modèle de l’Université de St-Gall montre qu’une entreprise n’est pas une entité isolée du milieu
dans lequel elle agit, mais qu’elle doit réagir à de nombreux changements environnementaux
( écologique, technologique, économique et social ).
Beaucoup d’influences Prenons l’exemple d’une station de ski suisse connue dans laquelle vous gérez un grand hôtel. En
environnementales tant que propriétaire, vous êtes confronté aux évolutions suivantes :
➞ Les clients allemands ne viennent plus à cause du franc fort ; par contre,
le nombre des clients en provenance d’Asie et des pays arabes augmente fortement.
➞ L’Etat aimerait relever les taux de la TVA ; par ailleurs, le taux spécial
pour l’hôtellerie est remis en question.
➞ Si vous n’effectuez pas des travaux de rénovation importants, vous risquez de perdre une étoile.
➞ De nombreux collaborateurs quittent l’entreprise pour raison d’âge ; il est difficile de recruter
du personnel de remplacement qualifié dans une région de montagne.
➞ Le changement climatique induit des hivers pratiquement sans neige ;
mais les organisations environnementales bloquent l’utilisation des canons à neige.
➞ Il y a sur Internet un nouvel intermédiaire qui propose des
appartements de vacances dans votre région.
➞ etc.
Quelles mesures prendre ? Quelle attitude adopter ? Quelles mesures à court, moyen et long terme prendre pour que votre
hôtel survive ou même se développe ?
Définition Une stratégie donne des réponses claires aux questions suivantes :
On peut comparer le tout avec un voyage en bateau : d’abord on choisit le port de destination,
ensuite l’itinéraire à suivre, puis le type de bateau, la composition de l’équipage, l’équipement et
la nourriture nécessaires. Mais on peut p. ex. choisir un autre but ou une autre route, selon que
l’on dispose d’une simple barque ou d’un transatlantique. Enfin des vents contraires peuvent nous
obliger à suivre d’autres chemins pour arriver à notre but.
Analyse de Analyse de
l’environnement l’entreprise
Développement
de la stratégie
Mise en œuvre
et contrôle
Commençant par une analyse de l’environnement, on cherche à définir quels sont les courants et
les tendances qui représentent un risque ou au contraire une chance à saisir ( en anglais « Oppor-
tunities and Threats » ). Par ailleurs, on procède aussi à sa propre analyse : à l’aide d’une analyse
de l’entreprise, on répond à la question de savoir où sont ses points forts et ses points faibles ( en
anglais : « Strengths and Weaknesses » ).
Les résultats de cette partie d’analyse sont repris dans une SWOT, la base du développement de
la stratégie proprement dite.
Enfin, il s’agit de mettre en œuvre la stratégie élaborée et de la vérifier régulièrement, avec les
différentes corrections ou adaptations qui peuvent en résulter.
Regardons plus attentivement les différents stades de développement, ce qui nous permettra en
même temps d’apprendre à connaître quelques méthodes et instruments très courants :
322
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Concurrents
Entreprise
Marchés
Analyse des facteurs Commençons par l’analyse des facteurs macro-environnementaux, càd par les domaines éloignés
macro-environnementaux – du point de vue de l’entreprise : des aspects de l’environnement qui concernent l’économie en
général. Ce qui nous intéresse, ce sont les changements de tendance. L’évolution démographique
en est un exemple typique : est-ce que le nombre des habitants d’un pays, d’une région augmente
ou décroît ? Est-ce que la composition de la population change ( jeunes et personnes agées ;
femmes et hommes ; nouveaux arrivants et indigènes ) ? – Cette tendance démographique a de
grandes répercussions sur de nombreux secteurs économiques, tels que p. ex. la santé, l’éduca-
tion, le bâtiment, le commerce de détail, etc.
Pour n’oublier aucun aspect des facteurs macro-environnementaux, nous procédons de manière
structurée et utilisons une checklist à l’exemple de PESTEL, une liste utilisée couramment.
Politique
« Legal » / droit « Economics » / économie
Économie /
Branche /
Entreprise
« Environment » / Écologie Social et culture
Technologie
323
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Dès que nous avons listé les nombreuses tendances de l’environnement, il s’agit d’en définir les
trois ou quatre plus importantes, celles qui influenceront de façon déterminante l’économie, et
surtout notre branche, que ce soit dans un sens positif ou négatif.
Analyse sectorielle La première couche de notre modèle de « l’oignon » de l’analyse de l’environnement ainsi définie,
nous attaquons la suivante. Nous examinons notre branche à l’aide de l’analyse des cinq forces
de Porter.
Analyse des cinq forces Michael Porter, professeur de stratégie de la Harvard Business School, a développé ce modèle
dans les années 1980, ce qui l’a rendu célèbre.
Il affirme que toutes les entreprises d’une branche sont soumises aux mêmes cinq forces, et que
celles-ci déterminent de façon significative l’attractivité d’une branche.
Menace de nouveaux
entrants
Menace de produits
de substitution
Première force Quelle est la force de la concurrence au sein d’une branche ? Beaucoup de concurrents impor-
tants se rendent-ils mutuellement la vie difficile et rivalisent ? L’environnement concurrentiel est-
il plutôt tranquille, càd qu’on se mêle pas des différentes sphères d’influence des entreprises et
laisse-t-on jouer la concurrence ? ( Exemple : la branche de la mode face aux transports publics )
Deuxième force Elle concerne les fournisseurs. Quelle est la force de leur pouvoir de négociation ? Est-ce que
un ou deux fournisseurs clés dictent les conditions d’achat ( quantité, qualité, prix ) pour toute
la branche ou bien la concurrence est-elle intensive ? ( Exemple : Intel en tant que fournisseur de
microprocesseurs leader dans la branche des ordinateurs face aux fournisseurs de fruits dans le
secteur agro-alimentaire )
Troisième force Le côté clients. Nous analysons à quel point leur pouvoir de négociation est fort. Dépendons-nous
d’un petit nombre de clients qui peuvent en tout temps s’adresser ailleurs ou bien ceux-ci dé-
pendent-ils plutôt de nous et de nos produits et services uniques en leur genre ? ( Exemple : Mi-
gros et Coop en tant que clients importants dans le secteur alimentaire suisse )
Quatrième force Une force vite oubliée : Existe-t-il d’autres entreprises agissant dans notre segment ? Quels par-
ticipants au marché ont une offre semblable ou totalement différente pouvant répondre aux
mêmes besoins que la nôtre ? ( Exemple : gaz naturel et pétrole )
Cinquième force Finalement nous nous demandons si d’autres concurrents pourraient éventuellement pénétrer
notre marché alors qu’ils étaient jusque-là étrangers à la branche. À quel point leur est-il facile de
s’implanter dans notre branche ? ( Exemple : Apple Watch et branche horlogère )
324
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Mesure de l’attractivité Nous évaluons les cinq forces par rapport à leur pouvoir d’influence : plus la somme des forces est
de la branche forte / faible, plus une branche est peu attrayante / attractive.
Si p. ex. nous plaçons la force sur une échelle de 1 ( faible impact ) à 5 ( déterminante et décisive )
et représentons cela sur un graphique, cela donne l’image suivante :
Toile d’araignée d’une branche attractive Toile d’araignée d’une branche peu attrayante
5 5
4 4
3 3
2 2
Ce qu’on peut dire Après en avoir terminé avec la deuxième « couche de l’oignon » et après nous être livrés à un exa-
des chances men plus intensif de nos concurrents ( p. ex. qui a gagné des parts de marché ces derniers temps,
et des dangers qui en a perdu, et pourquoi ? ) et des marchés ( p. ex. sur quels marchés pourrait-il y avoir des
restrictions légales ? ), nous pouvons conclure notre étude de l’environnement et préciser quels en
sont ses chances et dangers.
Passage en revue du Afin de procéder de manière structurée, nous passons en revue le processus de création de va-
processus de leur dans le sens d’une checklist. Dans une entreprise de production, Michael Porter distingue
création de valeur p. ex. quatre activités principales :
Logistique d’approvisionnement : les matières premières et les produits de base doivent être ré-
ceptionnés, vérifiés, entreposés et transmis à la production en temps voulu.
Marketing & vente : le marché doit connaître nos produits ; les demandes clients sont transfor-
mées en commandes et administrées ( de la confirmation à la facture ).
Services : en fait partie le service de réclamation ( comment traitons-nous les réclamations des
clients ? ) ainsi que le service après-vente sur place ( comme l’entretien d’une machine ).
S’agissant des processus, nous pouvons nous poser la question CQR ( voir p. 314 ) pour chaque
opération : où sommes-nous plus rapides, meilleurs et meilleur marché que la concurrence, où
sommes-nous moyens et où même moins bons ?
325
DROIT | ETAT | ECONOMIE
En considérant nos activités principales, nous tenons compte des ressources existantes et de nos
services de soutien. Les ressources sont des moyens qui permettent l’engagement d’une activité
ou la bonne marche d’un processus. Une ressource peut être un bien matériel ou immatériel,
p. ex. un emplacement, des sources d’énergie, des collaborateurs hautement motivés, un brevet ;
les services de soutien typiques comprennent les services du personnel, l’achat, l’informatique, la
recherche et le développement.
Nous devons aussi déterminer nos points forts et nos points faibles en ce qui concerne les res-
sources et les services de soutien : où sommes-nous forts, faibles ou moyens par rapport à la
concurrence ?
Un profil des points forts / des points faibles reflète le résultat de notre analyse :
Production : Gap
p. ex. largeur de la diversité de production
Logistique de commercialisation :
p. ex. nombre d’erreurs de livraison
Service du personnel :
p. ex. encouragement au travail à temps partiel
Entreprise concurrente B
Les écarts ( « gaps » en anglais ) sont particulièrement intéressants : considérant la distance entre
nos concurrents et nous, nous sommes clairement meilleurs ou plus mauvais qu’eux. Ces écarts
représentent donc nos forces et nos faiblesses.
326
ECONOMIE | ETAT | DROIT
22.6.3 SWOT
La SWOT en résumé Strength, Weaknesses, Opportunities, Threats. La SWOT est un résumé de nos analyses. Les
chances et les risques résultant de l’analyse de l’environnement ainsi que les points forts et les
points faibles découlant de l’analyse de l’organisation sont résumés sous forme de tableau.
Forces Faiblesses
Diagnostic interne
Strengts ( S ) Weaknesses ( W )
Chances Risques
Diagnostic externe
Opportunities ( O ) Threats ( T )
1 Liés en grande partie à l’environnement, les chances et les dangers sont prédéterminés.
Nous ne pouvons les influencer, seulement y réagir, càd tirer profit des chances et faire face
aux risques. Par contre nous pouvons influencer directement les points forts et les points
faibles, càd agir et intervenir là où nous sommes plus lents au lieu de plus rapides, plus
mauvais au lieu de meilleurs et plus chers au lieu de meilleur marché.
2 La SWOT est la base de la définition de la stratégie. En elle-même, elle n’est pas encore une
stratégie mais seulement le résultat de la phase d’analyse. C’est sur cette base que com-
mence la réalisation créative du développement de la stratégie.
22.6.4 TOWS
Les TOWS pour Threats, Opportunities, Weaknesses, Strength. TOWS, une variante qui permet d’évaluer les ré-
élaborer des stratégies sultats définis dans la SWOT. On établit un nouveau tableau où les forces, faiblesses, chances et
risques se retrouvent dans les titres des colonnes et des lignes.
Nous obtenons ainsi quatre quarts nous permettant de réfléchir à différentes options :
327
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Outre l’analyse TOWS, il existe d’autres méthodes pour élaborer des stratégies. En voici trois très
courantes dans la pratique :
Comme pour l’analyse TOWS, il en résulte un tableau avec quatre quarts, la matrice P / M :
PRODUIT
existant nouveau
MARCHÉ
MARKT
Stratégie de pénétration Nous essayons de vendre encore davantage des mêmes produits à nos clients existants, p. ex. au
du marché moyen de promotions avec rabais.
Stratégie de développement Quels nouveaux produits ou services pourrions-nous offrir à nos clients existants ? ( p. ex. McDo-
de produits nald’s, qui a fait une entrée en force dans le secteur du café pour s’attaquer à Starbucks. )
328
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Stratégie d’extension Nous désirons prospecter de nouveaux marchés avec les produits existants ; expansion géo-
de marché graphique ( nouvelles régions, expansion à l’étranger ) ou bien s’adresser à d’autres groupes de
clients ( p. ex. familles au lieu d’individus, hommes au lieu de femmes ).
Stratégie de diversification Selon Ansoff, « diversification » signifie nous ouvrir à des marchés que nous ne connaissons pas
avec de tout nouveaux produits ( p. ex. Victorinox, connu pour ses couteaux de poche, qui offre
maintenant des parfums ).
De toute façon, l’on peut dire qu’un portefeuille représente un résumé catégorisé. Une banque
p. ex. envoie régulièrement à sa clientèle placements un portefeuille d’actifs ou de titres, càd une
récapitulation de toutes les valeurs patrimoniales, catégorisée selon les actions, les obligations,
les parts de fonds, etc. Dans l’économie d’entreprise, un portefeuille est un résumé de toutes les
offres de produits et de services d’une entreprise, subdivisé selon certains critères. Le type du
portefeuille dépend maintenant du choix des critères.
Deux approches célèbres Il y a une multitude de portefeuilles qui se différencient uniquement par le choix des critères de
catégorisation. Les approches les plus connues proviennent de deux entreprises conseils, le Bos-
ton Consulting Group ( avec les critères Part de marché relative et croissance du marché ) et
McKinsey ( avec les critères Force concurrentielle relative et attractivité du marché ). Ces deux
approches ont fait leurs preuves dans les réflexions stratégiques de bien des branches :
Attractivité de marché
élevée
petite grande
Part de marché relative Nous examinons de près la part de marché de notre produit / service. Quel est le marché de réfé-
rence ? Est-ce la région, le pays, tout le continent, le monde entier ? Dans la pratique, cette déli-
mitation s’avère souvent difficile ; on n’attend donc pas une définition mathématique exacte des
parts de marché. Il suffit d’une approximation avec une répartition grossière : ou nous sommes le
numéro un ou deux sur le marché et tous lèvent les yeux sur nous. Les autres concurrents se me-
surent à nous ( donc notre part de marché est grande ), ou la concurrence nous ignore, car nous
sommes peu connus et à peine perçus ( notre part de marché est donc petite ).
L’attractivité du marché Le deuxième critère touche à l’attractivité du marché et ouvre deux possibilités. Un marché at-
tractif ayant de l’avenir, des taux de croissance élevés, peu de concurrents et ainsi des marges
intactes ; au contraire un marché peu attrayant avec une demande stagnante et en recul, des
mauvaises perspectives d’avenir, une lutte concurrentielle intense menant à une baisse des prix
et des marges.
Nous pouvons maintenant mettre notre gamme de produits dans ce portefeuille et le subdiviser
de la manière suivante :
329
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Des produits vedette Nous préférerions avoir beaucoup de produits / services sur un marché attractif avec une part de
à produits dilemme marché importante ; des « produits vedette ». Si nos prestations ont une part de marché significa-
tive mais que nous nous trouvons sur un marché peu attrayant, nous parlons de « produits vache
à lait » ( angl. « Cash Cows » ). Et finalement, nous pouvons nous trouver sur un marché attractif
avec une petite part de marché ; nos produits sont des « produits dilemme »; dans un environne-
ment peu attrayant, nous parlons de « produits poids mort ».
Hypothèses de Cette approche permet des recommandations stratégiques pour chaque catégorie de pro-
base importantes duits / services. L’analyse se fonde cependant sur deux hypothèses de base :
Pouvez-vous avec vos produits influencer votre part de marché de façon considérable ? – La
réponse est OUI. Vous pouvez mener une campagne publicitaire coûteuse, investir dans des amé-
liorations de produits ou racheter des concurrents. Toutes ces mesures vont faire croître votre
part de marché, mais représentent des coûts importants. En d’autres mots : vous pouvez bien in-
fluencer le déplacement du portefeuille sur l’axe horizontal, mais cela ne se fait pas gratuitement,
cela demande notamment de larges moyens financiers.
Si nous acceptons ces hypothèses, nous sommes en mesure d’émettre pour nos gammes de pro-
duits des recommandations stratégiques évidentes :
Recommandation de straté- Que faisons-nous des liquidités générées par les produits vedette ? – Nous les réinvestissons
gie pour les produits vedette dans ces produits, car nous nous trouvons sur un marché attractif sur lequel d’autres aimeraient
bien progresser. Il faut donc défendre notre position forte et si possible l’élargir. Il serait fatal de
retirer de l’argent aux produits vedette et ainsi de les affaiblir ; au contraire, il faut renforcer les
mesures publicitaires et lancer régulièrement sur le marché des produits améliorés. Tant que dure
l’attractivité du marché, il ne s’agit pas de se laisser évincer de notre position dominante. Exemple
actuel : Apple et ses iPhones.
Recommandation de straté- Nous pouvons investir ailleurs une partie de l’argent généré par les produits vaches à lait, car nous
gie pour les vaches à lait nous trouvons sur un marché peu attrayant qui déclinera un jour ou l’autre. Ce n’est pas ici que se
trouve l’avenir de notre entreprise ; laissons à ces produits juste assez de moyens pour maintenir
leur position forte et investissons dans un autre domaine. Exemple : Coca Cola avec son « navire
amiral » Coke.
330
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Recommandation de L’avenir de l’entreprise se trouve clairement dans les produits dilemme… pour autant que l’at-
stratégie pour les tractivité du marché dure. Mais la part de marché est petite, il faut donc bien investir dans son
produits dilemme expansion, p. ex. en renforçant la R&D, en faisant de la publicité ou en rachetant des entreprises.
Mais il s’agit de reconnaître à temps les marchés attractifs ou, si nous avons plusieurs produits di-
lemme dans notre portefeuille, miser sur le bon produit. Le défi des entreprises pharmaceutiques,
comme des entreprises automobiles est toujours de décider dans quels produits de leur gamme
ils doivent concentrer leurs efforts.
Recommandation de Nous nous trouvons sur un marché sans avenir, et de plus avec une petite part de marché. Tout
stratégie pour les effort financier et managérial est du gaspillage. Il vaudrait mieux utiliser le temps et l’argent là
produits poids mort où cela en vaut la peine. Débarrassons-nous donc de ces produits ; désinvestissons, stoppons la
commercialisation ou vendons ce secteur d’activités, comme l’ont fait Konika et Nikon p. ex. avec
leurs appareils photo réflex.
Limites de Cette méthode permet aux entreprises disposant d’une large gamme de produits et services de
cette approche savoir quelles offres maintenir, promouvoir ou abandonner. Cependant, cette approche a aussi
ses limites. Ainsi l’analyse de portefeuille ne donne-t-elle pas de réponse à la question importante
de savoir où se trouvent les marchés attractifs qu’il vaut la peine de pénétrer. L’analyse peut tout
au plus montrer que l’entreprise n’a pas de produits dilemme, ni donc de perspectives d’avenir.
Cette méthode ne saurait remplacer le talent et le flair du management.
➞ la stratégie de différenciation
➞ la stratégie de domination par les coûts
Domination par les coûts consiste à atteindre, à qualité égale, des coûts inférieurs à ceux de la
concurrence grâce à des coûts d’approvisionnement, de production et de distribution bas.
Dans les deux cas, nous avons une liberté de manœuvre dans la fixation des prix et réalisons des
bénéfices plus élevés. De plus, il est possible de combiner les deux stratégies, comme le montre
le graphique suivant :
élevée
« zone de combat »
« zone de danger »
« vallée de la mort »
basse
basse Coûts relatifs élevée
331
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Si nous réussissons à créer une différenciation relative élevée ( « relative » par rapport à la concur-
rence ) à des coûts nettement plus faibles, nous avons des conditions idéales et sommes dans le
« jardin d’Éden ».
Si par contre nos produits ne se différencient en aucune manière de ceux de la concurrence et que
nos coûts sont comparativement élevés, nous sommes condamnés à disparaître.
Egale importance de Henry Mintzberg, le professeur canadien en sciences de gestion, différencie les types de straté-
l’élaboration de la stratégie gies suivants :
et de sa mise en oeuvre
➞ Stratégies délibérées effectivement réalisées
➞ Stratégies délibérées qui ne sont pas réalisées, ou réalisées différemment
➞ Stratégies réalisées, qui n’ont pas été prévues
Il croit que le premier type ne se rencontre que rarement dans la pratique. – Quoi qu’il en soit :
élaborer une stratégie et la mettre en œuvre vont de pair, et les entreprises peuvent échouer aussi
bien lors de l’élaboration que de la mise en œuvre.
Pour la mise en œuvre de la stratégie, l’économie d’entreprise recommande donc différentes méthodes
susceptibles de faciliter le processus. En voici un exemple développé par l’Université de St-Gall ( HSG ) :
Ligne directrice Il s’agit tout d’abord de faire en sorte que les tiers ( collaborateurs, clients, fournisseurs ) com-
prennent notre stratégie. C’est le but de la ligne directrice.
La ligne directrice doit déclarer clairement ce que l’entreprise a l’intention de faire ( objectifs ),
comment elle entend atteindre ces objectifs ( voies et valeurs ), et comment elle gère les res-
sources ( moyens ) nécessaires à leur atteinte. Elle est en premier lieu un moyen de communica-
tion. Chacun doit pouvoir la comprendre.
Pas de formules toutes faites ! Les bonnes lignes directrices ne contiennent pas de formules toutes faites, vides de sens, comme :
Chaque déclaration est significative. La ligne directrice répond aux questions suivantes :
➞ Quels sont les principes fondamentaux qui doivent guider notre comportement face
à nos partenaires de marché ( clients, fournisseurs, concurrents ) ?
➞ Quelle est notre attitude fondamentale face aux intérêts des collaborateurs ?
( rémunération, développement personnel, sécurité sociale, participation
aux décisions, participation financière, etc. )
Concept entrepreneurial Après avoir communiqué notre stratégie, il nous faut maintenant la concrétiser, afin que les col-
laborateurs agissent en conséquence et poursuivent au quotidien les objectifs qui sont en accord
avec la stratégie.
333
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Stratégie de base,
Ligne directrice destinée
« direction de marche »
au public
de l’entreprise
ces prochaines années
Concept entrepreneurial
Cela mènerait trop loin d’étudier ici en détail chaque élément d’un tel concept entrepreneu-
rial. L’important est de constater que le concept sert à concrétiser la stratégie de l’entreprise dans
tous les domaines. Dans le domaine de la performance économique, il s’agit du produit physique,
la prestation concrète de l’entreprise, le domaine des activités financières aborde les moyens finan-
ciers et le domaine social est dédié à la ressource importante que représentent les collaborateurs.
Interdépendance Ces domaines représentent le « cœur » de l’entreprise, ils sont liés les uns aux autres. Cela signifie
p. ex. que la décision concernant une prestation économique – où produira-t-on quoi ? – a des
répercussions directes sur le domaine social ( de combien de collaborateurs avec quelle qualifica-
tion avons-nous besoin et où ? ) et sur les finances ( combien coûtent les matières premières, les
installations de production et les salaires ? Comment financer le tout ? ). Les éléments du concept
entrepreneurial sont donc interdépendants.
334
ECONOMIE | ETAT | DROIT
2 Les moyens et processus suivants servent à : ( Mettez les numéros corrects )
[ 1 ] l’analyse de l’environnement [ 2 ] l’analyse de l’entreprise
[ 3 ] le développement de la stratégie [ 4 ] l’implantation de la stratégie
■ ligne directrice
■ profil des points forts et des points faibles
■ TOWS
■ liste des chances et des risques
■ matrice P / M
■ analyse des cinq forces
■ concept entrepreneurial
■ analyse de portefeuille
Les clients allemands ne viennent plus à cause du franc fort ; par contre, le nombre des clients
en provenance d’Asie et des pays arabes augmente fortement.
L’État aimerait relever le taux de la TVA ; par ailleurs, le taux spécial pour
l’hôtellerie est remis en question.
Le changement climatique induit des hivers pratiquement sans neige ; mais les organisations
environnementales bloquent l’utilisation des canons à neige.
b ) Quelles parties d’une SWOT l’entreprise peut-elle influencer, lesquelles non ?
5 Mettez une croix : Lesquelles des stratégies TOWS peut-on réaliser le plus facilement :
● les stratégies SO
● les stratégies WO
● les stratégies ST
● les stratégies WT
6 Définissez : Quelle est la définition précise de « diversification » selon Ansoff et sa matrice P / M ?
335
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Entreprise A Entreprise B
22.7 Marketing
Orientation vers L’idée fondamentale du marketing est l’orientation conséquente de toute l’entreprise vers les
les besoins du marché besoins du marché. Le marketing porte aussi sur promotion des ventes.
Ainsi, le marketing revêt un rôle clé dans la réalisation de la stratégie. Il s’agit d’un mode de pen-
sée qui place le client et ses besoins au cœur de toute démarche. Contrairement à la vente, où il
s’agit directement de la conclusion du contrat, le marketing, lui, est la rampe de lancement pour
les ventes ( ne dit-on pas que le marketing sème et que la vente récolte ? ).
la capacité du marché
montre la capacité d’absorption maximale possible du marché, indépendamment du pouvoir
d’achat ( prix = 0 ) le nombre des utilisateurs x les besoins moyens dépend de l’évolution démo-
graphique, des habitudes d’utilisation
le potentiel du marché
correspond à la dimension réalisable lorsque les mesures de marketing de tous les offrants sont
mises en place de façon optimale
il dépend notamment du pouvoir d’achat, de la politique des prix, de la politique de distribution
le volume du marché
montre la taille effective du marché et correspond au total des chiffres d’affaires de tous les offrants
la part de marché
désigne la part exprimée en pourcentage ( quantité, valeur ) d’un offrant par rapport à l’ensemble
du volume du marché
La prochaine question est de savoir combien de fois par jour quelqu’un devrait raisonnablement
se brosser les dents. Une fois ne suffit sûrement pas, cinq fois est un chiffre trop élevé. Prenons
trois fois, càd après chaque repas principal. Et puis, nous devrions aussi évaluer la quantité de
dentifrice nécessaire par utilisation. Partons de 2 grammes, ce qui donne à notre formule de ca-
pacité du marché le résultat suivant :
6 million d’utilisateurs × ( 3 × 2 grammes de besoins journaliers ) × 365 jours = 13 140 tonnes
La Suisse peut donc théoriquement consommer 13 140 tonnes par an au maximum. Si le nombre
d’habitants augmente ou si l’utilisation du dentifrice change ( imaginons que nous l’utilisions aussi
en tant que savon ), la capacité du marché sera plus élevée.
Finalement, pour le marché potentiel du marché suisse, nous devons tenir compte du fait que les
utilisateurs n’aiment pas tous le dentifrice ( parce que p. ex. il y a peu de goûts différents ), que le
produit est trop cher, qu’ils ne savent pas qu’il y a du dentifrice ou que dans certaines régions le
dentifrice n’est pas disponible.
Etant donné que ce n’est pas le cas en Suisse, nous partons du principe que le potentiel de mar-
ché du dentifrice suisse correspond à peu près à la capacité du marché. Il en serait autrement
p. ex. dans un pays en développement, où le dentifrice est peut-être trop cher, inconnu ou pas
disponible.
Pour calculer le volume du marché, nous devons nous renseigner auprès de tous les offrants en
Suisse ( producteurs ou revendeurs ), et additionner les chiffres d’affaires, ou quantités vendues,
de l’année passée. Des entreprises de marketing spécialisées font de telles enquêtes pour de
nombreux produits.
337
DROIT | ETAT | ECONOMIE
C’est pourquoi chaque offrant est aujourd’hui obligé de subdiviser le marché en secteurs parta-
geant des besoins similaires, pour pouvoir les cibler de façon optimale.
Il y a aussi des combinaisons de ces critères de segmentation, p. ex. des sauts à l’élastique pour
managers craintifs dans l’Oberland bernois comme mesure thérapeutique.
Garantie de succès Pour que les segmentations du marché soient couronnées de succès, il faut que la taille du seg-
ment soit suffisante, qu’elle soit délimitée, qu’elle reste plus ou moins stable par rapport aux
besoins perçus, et surtout que le produit ou le service soit parfaitement adapté au groupe cible.
338
ECONOMIE | ETAT | DROIT
« Mix » signifie que les quatre P doivent être combinés de façon optimale, que les différentes me-
sures ne doivent pas être en contradiction les uns avec les autres, mais se renforcer et se suppléer
mutuellement.
Ce mélange de mesures difficile à copier est à la source du succès du marketing d’une entreprise :
Facteurs de réussite L’histoire de la « Swatch » offre un exemple impressionnant de la réussite d’une telle combinaison :
de la « Swatch »
Il y a une cinquantaine d’années, notre industrie horlogère était sérieusement menacée par la
concurrence japonaise. Les Japonais avaient repris la technologie du quartz qui avait été dévelop-
pée chez nous et l’avaient systématiquement appliquée. Il en était résulté des montres-bracelet
extrêmement précises. Il fallait sensiblement moins de pièces mécaniques que n’en nécessitaient
les montres traditionnelles suisses. Les Japonais sont ainsi devenus leaders en matière de coûts
( voir Stratégies génériques p. 331 ) et ont pu offrir au client une montre précise à un prix sensi-
blement plus bas que leurs concurrents suisses.
La situation de l’industrie horlogère suisse est devenue dramatique, et les banques, qui avaient
beaucoup d’argent à perdre, ont demandé au conseiller indépendant Nicolas Hayek de procéder
à son sauvetage. Lui et son équipe ont alors développé leur propre montre à quartz en matière
synthétique composée d’encore moins de pièces dont la production se faisait presque automati-
quement. C’est avec ce produit que les Suisses ont pris une place dominante en matière de coûts.
Le procédé logique aurait été de suivre une stratégie de coûts bas et de battre la concurrence
japonaise en pratiquant systématiquement des prix inférieurs.
Au lieu de cela, Hayek a choisi une voie totalement différente : la nouvelle montre à quartz en
plastique a été offerte à un prix tellement bas que le client pouvait sans problème s’acheter
plusieurs montres ( et non pas, comme cela était courant jusque-là, une « montre pour toute une
vie » ). Mais pour cela, il fallait que la montre devienne article de mode.
339
DROIT | ETAT | ECONOMIE
La « Swatch » et les quatre P Le marketing mix a donc été systématiquement adapté à cette nouvelle orientation :
Produit : la forme de base de la montre ( et son intérieur ) ne pouvait certes pas être modifiée, mais
le cadran, le boîtier et le bracelet oui. On a donné à la montre un nom tendance ( « Swatch » ) et,
comme dans la branche de la mode, l’on a conçu différentes collections. Des designers connus ont
régulièrement créé de nouvelles « Swatch »; à chaque saison, de nouveaux modèles ont été lancés.
Prix : Pour que la Swatch soit perçue comme accessoire de mode, son prix devait correspondre
à celui d’un bijou fantaisie. On a fixé un prix de vente unitaire de CHF 50.– par pièce au niveau
mondial ( les montres à quartz japonaises coûtaient alors CHF 200.– et plus ).
Place : La Swatch n’a pas été vendue dans des magasins de montres ( qui de toute façon refu-
saient au début d’intégrer dans leur assortiment la montre en plastique bon marché ), mais dans
les grands magasins, les boutiques et partout où l’on vendait des bijoux fantaisie.
Promotion : C’était alors les débuts de la station américaine MTV. Swatch a exploité activement
le nouveau canal pour attirer un public de « jeunes fêtards branchés ». Bientôt, les stars portaient
des « Swatch » dans leurs clips de musique, ce qui a encore stimulé les ventes.
La Swatch est devenue la « success story » absolue et a sauvé l’industrie horlogère suisse, cela
surtout grâce à son marketing mix optimal.
22.7.4 Le produit
Le cycle de vie du produit montre que la plupart des produits ou services présentent si l’on consi-
dère l’évolution dans le temps un développement de chiffre d’affaires et de bénéfice typiques :
CHF
Le cycle de vie du produit
CA
bénéfice
temps
Break-Even
Déroulement idéal Dans la phase de développement, il faut investir pour faire connaître le produit ; des pertes s’en-
suivent. Dans la phase de l’introduction, malgré les premières ventes, le chiffre d’affaires ( CA )
ne couvre de loin pas les dépenses ( p. ex. publicitaires ) ; nous continuons à faire des pertes. Mais
lors de la transition vers la phase de croissance, nous devrions enfin atteindre le seuil de renta-
bilité ( break even ), càd passer des pertes aux bénéfices. Bénéfice et CA croissent énormément
jusqu’au tournant de la maturité : c’est le recul d’abord du bénéfice, puis du CA. Ce recul s’ac-
centue dans la phase de saturation avant que le produit ne « meure » dans la phase de recul, à
nouveau avec de petites pertes.
340
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Explications Il faut tenir compte de la phase dans laquelle se trouve le produit afin de prendre des mesures
adéquates au niveau des prestations.
Introduction : Une phase délicate, car notre prestation devient soit un succès soit un flop. Les
prestations peuvent souvent être adaptées ( p. ex. davantage de services au même prix ), mais
pas les produits terminés. Pourtant des améliorations du produit devraient être possibles à court
terme ( p. ex. mises à jour de logiciels ). D’autres services complémentaires ( garantie de service,
possibilités d’échange, etc. ) donnent au nouveau client la certitude d’avoir pris la bonne décision
d’achat. Les exemples actuels sont les voitures électriques de différents constructeurs.
Croissance : A ce stade on vise à augmenter l’attrait de l’offre de base en créant des prestations
supplémentaires. Apple, par exemple, développe constamment de nouvelles applications pour
sa montre.
Saturation : Il s’agit ici de ralentir le recul, soit en introduisant sur le marché de nouvelles variantes
du produit et / ou des alternatives meilleur marché, comme le fait actuellement Apple avec les
iPhones.
Recul : Dans cette phase, nous n’avons plus que deux possibilités : ou réfléchir à de nouvelles
variantes d’utilisation du produit à l’exemple de l’aspirine qu’on peut prendre contre les maux de
tête mais aussi pour prévenir les problèmes cardiaques, ou simplifier le produit pour pouvoir le
produire en série à bas coûts comme les trottinettes.
t t
Le P produit ne concerne donc pas seulement le produit en lui-même, mais toute la performance
du marché, qui comprend également les options, l’emballage, l’offre de services, le design, les
prestations de garantie, etc.
341
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Tout d’abord, il faut tenir compte du comportement du client. Comment réagira-t-il à mon prix
( élasticité des prix, voir chap. 21.2 ) ? La réaction de la concurrence n’est pas négligeable non plus,
en cas de guerre des prix p. ex. Par ailleurs, les moindres changements de prix ont des répercus-
sions énormes sur les gains ou les pertes.
Le coût de revient complet, en anglais le Cost-up Pricing : on calcule les coûts ( de production )
d’un produit, d’un service et l’on ajoute une marge bénéficiaire à ce prix de revient. Ce procédé
est très répandu, p. ex. auprès des artisans ou dans la construction.
Le coût-cible, en anglais le Target Pricing : on fixe à l’avance un prix de vente final auquel les pro-
ducteurs doivent absolument se tenir. Les chaînes de mode internationales ( p. ex. Zara ou H & M )
décident p. ex. qu’un pull d’hiver peut coûter CHF 39.50. Ensuite, on détermine celui qui fournit
et/ou confectionne de façon à pouvoir offrir le produit ( y compris la marge bénéficiaire ) au prix
visé ( target ).
Politique des prix En outre, la politique des prix déterminera quelle remise revendeur accorder aux intermédiaires
ou dans quelle mesure les listes de prix sont fermes et définitives. Par ailleurs, elle décide si elle
veut appliquer une stratégie de prix élevés ou bas. Une démarche à plusieurs niveaux s’avère aus-
si possible : le prix est élevé lors de l’introduction et ira en diminuant au cours du cycle de vie. On
parle d’écrémage, en anglais « skimming », une stratégie très souvent appliquée dans l’industrie
de l’électronique de divertissement ou observée aussi quant à de nombreux smartphones.
342
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Les intermédiaires sont utiles Les intermédiaires, les grossistes facilitent la distribution des marchandises :
Commer- Commer-
Client W Client W
çant A çant A
Commer- Commer-
Client X Client X
çant B çant B Inter-
mé-
Commer- Commer- diaires
Client Y Client Y
çant C çant C
Commer- Commer-
Client Z Client Z
çant D çant D
Par contre de puissants distributeurs ( chaînes commerciales ) exercent un fort pouvoir de négo-
ciation et empêchent souvent le contact direct entre producteur et consommateur final.
Politique multicanal Il est souvent conseillé d’adopter une politique multicanal ( Multi Channel Strategy ), càd que l’on
offre ses produits aussi bien dans le commerce de détail que sur son propre site Internet. Ou alors, à
l’exemple de Swatch, on sélectionne des partenaires de distribution, on vend dans ses propres points
de vente ainsi que sur Internet.
22.7.7 La promotion
La prospection du marché comprend la publicité, la promotion des ventes et les relations publiques.
Les relations publiques Avec les Public Relations ou relations publiques ( RP ), une entreprise essaie de créer un rapport
de confiance qui facilite les futures relations entre elle et les clients potentiels ou d’autres parties
prenantes ( stakeholders ). Il faut établir de la sympathie et de la compréhension face à l’entre-
prise.
Les RP visent donc à améliorer l’image eassaie de l’entreprise en général et s’adressent à toutes les
parties prenantes. Le marketing par contre essaie d’accroître les ventes par le biais d’une commu-
nication ciblée avec le client. C’est pourquoi les spécialistes en RP ne sont pas tous d’accord avec
le fait que les relations publiques font partie du marketing. Ils parlent d’une discipline totalement
distincte.
➞ le message publicitaire
Il s’agit de la formulation concrète du message publicitaire ( p. ex. « Raiffeisen …. Ouvrons la
voie » ou « Avec Victorinox, chaque jour est une aventure » ).
➞ les médias publicitaires
Nous faisons la différence entre supports publicitaires ( p. ex. journaux, zones de construc-
tion, émissions radio et TV, jeux vidéo ) et moyens publicitaires ( p. ex. annonces ou supplé-
ments, affiches, spots radio et TV, pop-ups ).
➞ la période promotionnelle
Fixation de la période promotionnelle et répartition de la publicité dans le temps.
➞ l’emplacement publicitaire
Quelle délimitation géographique l’action publicitaire devra-t-elle avoir ?
➞ le budget publicitaire
Chiffrer l’impact financier du concept publicitaire.
Pour les moyens de RP, l’on pourrait p.ex. prendre en considération : des articles de journaux et
de magazines, des conférences de presse, des visites d’entreprise, des rapports de gestion, des
brochures d’entreprise, le site web, le sponsoring, les dons et les fondations.
Impact publicitaire limité Éveiller les besoins et « séduire » le consommateur font partie du mythe de la publicité. En réalité,
des limites étroites sont posées à l’impact publicitaire. Un produit qui n’a pas de sens ou qui est
défectueux n’atteindra pas les clients, même avec la meilleure publicité. Malgré cela, des inter-
dictions de publicité ( p. ex. pour le tabac, l’alcool ou les produits sucrés ) sont toujours à l’ordre
du jour. La conséquence de telles interdictions n’est pas tellement un recul de la consommation,
mais une consolidation de la situation actuelle du marché ( càd que les marques de bières et de
cigarettes existantes continueront à être consommées ; mais de nouveaux produits ne peuvent
plus s’établir sur le marché à cause de l’interdiction de publicité ).
La promotion des ventes La promotion des ventes est un instrument auxiliaire soutenant l’activité de vente. Elle comprend :
344
ECONOMIE | ETAT | DROIT
L’entreprise Pronostics SA pense qu’une fois tous les moyens publicitaires épuisés,
l’on pourrait écouler pour environ 2 milliards de francs d’articles de grignotage.
3 Décidez :
De quel type de segmentation s’agit-il dans les cas suivants ?
Product : Un mélange doux avec un « composé secret » qui permet de rester éveillé
plus longtemps. Cannette aux couleurs pop criardes luisant dans le noir.
Place : Distribution par Internet seulement ( site web ), livraison franco domicile
dès commande de 10 cannettes.
Promotion : Distribution d’échantillons gratuits dans les gares. Vous planifiez d’utiliser
« Stress » comme support publicitaire.
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345
DROIT | ETAT | ECONOMIE
EXERCICES | CHAPITRE 22.7
1 Parties prenantes
Listez les parties prenantes qui peuvent être importantes pour votre école. Quelles attentes
ces parties prenantes ont-elles et comment l’école devra-t-elle réagir face à ces attentes ?
2 « Diversification »
Comparez notre définition de « diversification » ( selon Ansoff ) avec celle qui est
usuelle dans la littérature germanophone :
« ( ... ) pour une entreprise, la diversification sera définie ici comme une stratégie de
croissance de l’extension prévue des activités prioritaires jusqu’ici vers des marchés
et des domaines de prestations se trouvant en amont et en aval, à proximité ou
totalement nouveaux. » ( traduit de Welge/Al-Laham 2012, p. 442 )
De par le fait que le cours de l’euro a diminué d’environ 10 % par rapport au franc suisse durant
l’exercice écoulé, ces produits deviennent de plus en plus chers pour les clients allemands ; un
retournement de la tendance n’est pas prévisible à moyen terme. La clientèle habituelle commence
à se tourner vers la concurrence meilleur marché d’Extrême-Orient. Ainsi, une perte de CA de 15 %
a été enregistrée l’année dernière. Il faut s’attendre à d’autres reculs pour les prochaines années.
La direction vous demande d’analyser cette situation qui devient lentement critique
et d’élaborer des possibilités de solutions visant à améliorer l’état actuel.
6 « Marketing mix »
Vous êtes le/la responsable marketing d’un producteur de parfums pour un jeune public de 15
à 30 ans. Vous avez été chargé( e ) de lancer une nouvelle ligne de parfums.
« Le nom Stöckli est synonyme d’un choix exceptionnel dans le domaine des vêtements de ski,
des chaussures de ski, du snowboard, du ski de fond et des nombreux accessoires qui en font
partie. Nous ne sommes toutefois pas uniquement actifs en hiver, et notre immense assortiment
estival englobe entre autres le bike, le trekking, la marche, la course à pied et le Inline. Notre
service « Teamsport » ( impression de survêtements, t-shirts, pulls, etc. ) représente aujourd’hui un
autre secteur important de l’entreprise. Il propose d’excellentes conditions d’achat aux groupes
et aux sociétés. Nous nous sommes également établis à l’international. A l’heure actuelle, environ
40% de la production annuelle est exportée dans 33 pays. »
Suite
346
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Possibilité de commander
par Internet.
347
DROIT | ETAT | ECONOMIE
23 LES ASSURANCES
( Voir aussi le sous-chapitre Les assurances p. 283 )
23.1 Généralités
Histoire de la naissance Dans les grandes familles d’autrefois, il était naturel que l’on s’aide mutuellement. Bien que cette
de l’assurance forme de vie en communauté ne soit plus courante aujourd’hui, le principe de l’aide volontaire
par solidarité continue à exister. L’on peut encore aujourd’hui compter sur l’aide de la famille et
des amis proches. Dans d’autres communautés aussi, par exemple des associations, l’on s’aide
mutuellement en cas de problèmes.
Dans des communautés plus grandes et compliquées, l’aide volontaire mutuelle atteint cepen-
dant rapidement ses limites. C’est pourquoi des communautés de risque sont nées avec le temps.
Suivant le principe de la mutualité – « Un pour tous, tous pour un » – les hommes se sont mis
ensemble et ont convenu d’assumer ensemble un dommage possible lors de certains dangers.
La communauté de risque s’est ensuite développée en assurance telle que nous la connaissons
aujourd’hui. Chaque membre verse des cotisations dans la caisse commune gérée par une com-
pagnie d’assurance, qui met à disposition de ceux qui ont subi un dommage les moyens financiers
servant à couvrir les pertes. En concluant une assurance, le client se protège et acquiert de la sé-
curité. Il ne doit plus se préoccuper de perdre les bases de son existence en situation de détresse.
800
Plus de dommages météorologiques : tempêtes
causés par la nature hydrologiques : inondations, glissements de terrain, avalanches 700
climatologiques : températures extrêmes, sécheresse, incendies de forêt 600
500
(Source: Münchener Rück, 400
cité selon The Economist du
300
02.09.2017, p. 20, actualisé)
200
100
0
1983 85 87 89 91 93 95 97 1999 01 03 05 07 09 11 13 15 17 19
348
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Financement L’assurance doit payer les sinistres des clients avec leurs primes. Pour cela, il y a différents sys-
tèmes de financement. Voici les trois systèmes les plus fréquents :
Le système de capitalisation
Les primes des assurés sont collectées et placées. Chaque assuré amasse donc son propre capi-
tal. Ce système convient pour des contrats d’assurance conclus pour le long terme. Ceci est par
exemple le cas pour la prévoyance vieillesse et la prévoyance professionnelle ( voir à ce propos le
Chapitre « Caisses de pension » ).
Données statistiques Coûts d'assurance par habitant Marché suisse des assurances
Le secteur des assurances Primes 20171 en milliards de CHF en milliers
35 49
Hong Kong
(Source : FuW du 02.02.2019, Suisse 30 48
p. 24) États-Unis
25 47
Royaume-Uni
Corée du Sud 20 46
Japon
15 45
Australie
Allemagne 10 44
Espagne
5 43
Chili
0 42
in $ 0 2000 4000 6000 8000 2011 12 13 14 15 16 17 18A
1
pays choisis A
Estimation
Les types d’assurances L’une des manières les plus courantes de répartir les différents types d’assurances est de les clas-
sifier selon l’objet de l’assurance :
349
DROIT | ETAT | ECONOMIE
La prévoyance
vieillesse en Suisse
le système des trois piliers LA PRÉVOYANCE
VIEILLESSE EN SUISSE
le système des trois piliers
1er pilier Le 1er pilier garantit le minimum vital. Il assure les dangers liés au décès, à l’invalidité et à la vieillesse.
Il est obligatoire pour toutes les personnes résidant en Suisse, pour toutes celles qui y travaillent et
pour les citoyens suisses travaillant à l’étranger pour la Confédération, une organisation internatio-
nale reconnue par la Confédération ou une œuvre de bienfaisance.
Les cotisations sont réparties par parts égales entre l’employé et l’employeur. Les indépendants et
les inactifs paient les cotisations eux-mêmes.
Ce pilier est également financé par les contributions de l’Etat ( impôts sur le tabac, l’alcool, la TVA )
ainsi que les intérêts du rendement du fonds de compensation AVS.
2e pilier 2e et 1er piliers permettent ensemble de sauvegarder le niveau de vie antérieur jusqu’à une certaine
limite du revenu. Le 2e pilier assure les dangers liés au décès, à l’invalidité et à la vieillesse.
L’affiliation à une caisse de pension est obligatoire pour tous les salariés qui dépassent un certain
revenu.
Les cotisations sont réparties par parts égales entre l’employé et l’employeur.
3e pilier En complément des deux premiers piliers, la prévoyance individuelle ( 3e pilier ) permet d’établir une
protection de prévoyance individuelle et de couvrir des besoins personnels.
La Confédération et les cantons favorisent en partie le 3e pilier par des mesures fiscales et par un
encouragement à l’accès à la propriété.
Avec la « prévoyance liée 3 a », les contribuables actifs ont une possibilité de se constituer une pré-
voyance fiscalement allégée.
L’avoir 3 a doit exclusivement et irrévocablement être utilisé à des fins de prévoyance. Cette épargne
peut prendre la forme d’une assurance vie liée ou d’un plan d’épargne bancaire.
350
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Obligation de cotiser Les personnes exerçant une activité lucrative sont tenues de payer des cotisations dès le 1er jan-
vier qui suit le 17ème anniversaire, les personnes sans activité lucrative à partir du 1er janvier qui suit
le 20ème anniversaire.
Toutes les personnes assujetties à l’AVS doivent également payer l’AI et les PC. Salariés et em-
ployeurs se partagent les cotisations. Actuellement, chaque partie paie 4,35 % pour l’AVS, 0,7 % pour
l’AI, 0,25 % pour les PC. Les indépendants paient entre 5,371 et 10 % pour l’AVS, 1,4 % pour l’AI et 0,5 %
pour les PC. Les assurés non actifs s’acquittent d’une cotisation annuelle de CHF 503.– au minimum.
Splitting Les revenus réalisés pendant le mariage et les bonifications pour tâches éducatives ou d’assis-
tance sont répartis à parts égales entre chacun des conjoints. L’on procède au splitting lorsque
les deux conjoints ont droit à la rente, en cas de divorce ou lorsqu’un conjoint est décédé et que
l’autre a droit à une rente vieillesse ou invalidité.
Les hommes touchent la rente vieillesse dès 65 ans révolus, les femmes dès 64 ans révolus. A part
les rentes vieillesse, l’AVS paie également des rentes de veuve ou de veuf, des rentes pour enfants,
des rentes d’orphelins et des allocations pour impotents.
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351
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Démographie Suisse
Quotient d’âge en %
( Nombre des personnes
âgées de 65 ans et + par cen-
taine d’actifs de 20 à 64 ans )
49.2
30.5
33.4
27.5
53.1
51.3
43
20
24
25
23
1970 1980 1990 2000 2010 2015 2020 2030 2040 2050 2060
Actifs 5 4.2 4.3 4 3.6 3.3 3 2.3 2 1.9 1.9
par retraités
Le deuxième pilier Le 1er janvier 1985 est entrée en vigueur la Loi fédérale sur la prévoyance professionnelle vieil-
lesse, survivants et invalidité LPP ; celle-ci est obligatoire. La prévoyance professionnelle assure
les risques liés à l’âge, le décès et l’invalidité et doit permettre, avec les prestations du 1er pilier,
de maintenir le niveau de vie habituel.
Personnes assurées Sont soumis à l’assurance obligatoire les salariés qui reçoivent d’un même employeur un salaire
annuel soumis à l’AVS supérieur à CHF 21 510.– ( 2022 )
➞ dès le 1er janvier qui suit la date à laquelle ils ont eu 17 ans pour les risques de décès et d’in-
validité et
➞ dès le 1er janvier qui suit la date à laquelle ils ont eu 24 ans pour la vieillesse
Les indépendants peuvent se faire assurer à titre facultatif ( avec leurs employés dans une orga-
nisation professionnelle, institution supplétive ).
Montants limites La LPP connaît des montants limites fixés par les montants limites de l’AVS/AI. Le seuil d’entrée
permettant une assurance obligatoire LPP s’élève à CHF 21 510.–. Le salaire AVS maximal se monte
à CHF 86 040.–; seul cependant le salaire coordonné est assuré. Celui-ci correspond au salaire AVS,
moins le montant de coordination de CHF 25 095.–. Cette déduction est faite pour que la partie du
salaire couverte par l’AVS ne soit pas encore une fois assurée dans la caisse de pension.
Prévoyance
professionnelle
Salaire max. déterminant CHF 86 040 surobligatoire
AVS
Prévoyance étatique
352
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Les caisses de pension gèrent pour chaque salarié un compte qui est crédité des montants épar-
gnés et des intérêts. Ces montants s’appellent avoirs de vieillesse. Le montant de ces avoirs dé-
pend de l’âge et est calculé en pourcent du salaire coordonné:
18 %
15 %
10 %
7 %
La caisse de pension prélève une prime de risque pour les prestations « survivants et invalidité ».
Son montant dépend de l’âge et du sexe ainsi que de la branche dans laquelle la personne assurée
travaille.
Outre l’avoir de vieillesse et la prime de risque, d’autres positions entrent dans le calcul des
montants, tels par exemple la compensation du renchérissement prescrite par la loi, le fonds de
sécurité ou des coûts administratifs.
Administration Puisque de nombreuses années s’écoulent entre l’accumulation progressive du capital et son
utilisation, l’argent doit être géré entretemps ; cette tâche est assumée par les caisses de pension.
Les grandes entreprises et organisations occupant de nombreux employés disposent de leur
propre caisse de pension ( celle d’ABB, des CFF ou celle du Canton et de la Ville de Berne ).Les
PME par contre s’affilient à des fondations collectives, qui sont souvent gérées par des assurances
ou des banques.
Dispositions légales Les caisses de pension suisses gèrent des milliards de francs dont les assurés profiteront à l’âge
de la retraite. C’est pourquoi la Confédération édicte des lois pour éviter les abus et garantir les
droits des salariés.
50 000.–
0
0 20 30 40 50 60 70 80 90
Commencement de la 64 / 65 Âge
phase d’épargne Âge de retraite
femmes / hommes
Taux d’intérêt minimal Il indique le taux annuel de rémunération minimal de l’avoir vieillesse prescrit. Il est fixé par le
Conseil fédéral et se monte actuellement à 1 % ( 2022).
353
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Evolution du taux %
4.5
d’intérêt minimal
4.0
3.5
3.0
2.5
2.0
1.5
1.0
0.5
0.0
2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022
Taux de conversion Le capital constitué est converti en rente de vieillesse annuelle au moyen d’un facteur de conver-
sion ou taux de conversion. Ce taux a été réduit successivement à cause de l’allongement de
l’espérance de vie, de 7,2 à 6,8 % en 2014.
Espérance de vie
1600 en Suisse * 21.2
quadruplée depuis 1600
L’espérance de vie moyenne à 1800 en Suisse * 41.5
35.1
la naissance n’a cessé d’aug-
menter dans le courant de 1970 en Suisse 76.1
l’histoire ; âge en années. 70.1
0 20 40 60 80 100
Obligations de prestations En moyenne, le capital vieillesse accumulé dans le 2ème pilier d’une génération de retraités est de
non couvertes loin épuisé avant que celle-ci ne meure. Même en admettant de façon optimiste un taux d’intérêt
technique de 3,5 %, le taux de conversion minimal des 55 ans actuels ne devrait s’élever qu’à
5,8 % au lieu de 6,8 % pour que leurs prétentions puissent être pleinement financées par l’avoir de
vieillesse accumulé.
354
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Pour les jeunes générations, cela devient toujours plus grave, comme le montre cette représentation:
Obligations de prestations En millions de fr. (prix actuels, ajustés par rapport à l’inflation) hommes femmes
non couvertes
0.30
Selon l’âge Année de naissance
0.25
(Source: UBS, cité selon
Vorsorge Guide 2017/18, p. 9) 0.20
0.15
0.10
0.05
55 50 45 40 35 30 25 20 15 10 5 0 2019 2029
Exemple de lecture du tableau: A l’âge de la retraite, la génération actuelle des 20 ans présentera
un déficit de CHF 180 000 (hommes) resp. CHF 110 000 (femmes) par personne, pour autant que
les prestations des caisses restent au niveau valable aujourd’hui. Ce système ne peut être main-
tenu à court terme que par des « subventions croisées » entre les jeunes et les personnes âgées.
Mais ceci contredit le principe de la retraite par capitalisation du deuxième pilier.
Nécessité d’une révision Le Conseil fédéral voulait assainir ensemble le 1er et le 2ème pilier en un gros paquet; mais cette
révision a été rejetée par le peuple en automne 2017. Maintenant, le Conseil fédéral avance l’AVS,
parce que les besoins d’action y sont les plus urgents.
EXERCICES | CHAPITRE 23.3.2
1 Pour quelle raison le législateur a-t-il créé une « déduction de coordination »?
2 Vous avez 20 ans et vous commencez à travailler dans une entreprise suisse de moyenne
importance. Payez-vous des cotisations à la caisse de pension ?
3 Le taux de conversion est fixé par la loi et donne lieu à des discussions véhémentes.
De quels facteurs dépend son pourcentage ?
4 Vous et votre employeur versez au total CHF 20 000 par année dans la caisse de pension.
Calculez votre rente annuelle théorique après 30 ans de cotisation en tenant compte:
a ) d’un taux d’intérêt minimal de 2 % et d’un taux de conversion de 6,8 % et
b ) d’un taux d’intérêt minimal de 1 % et d’un taux de conversion de 5,4 %.
355
DROIT | ETAT | ECONOMIE
7 Nous l’avons vu, dans la prévoyance vieillesse, la Suisse connaît le système des trois piliers.
Chacun de ces trois piliers comporte des dangers/désavantages. Attribuez à l’un de ces piliers
le fait suivant :
Invalidité L’invalidité est définie comme une incapacité de gain permanente ou de longue durée ou une
capacité de gain partielle résultant d’une maladie, d’un accident ou d’une infirmité congénitale.
Rentes L’obligation de cotiser ainsi que le montant de la rente sont régis selon les mêmes principes que
ceux de l’AVS. La rente invalidité se mesure selon le degré d’invalidité : un degré d’invalidité de
40 % minimum équivaut à un quart de rente, de 50 % minimum à une demi-rente, de 60 % mini-
mum à trois quarts de rente, rente entière dès 70 % minimum.
Les APG sont un régime octroyant une compensation partielle de la perte de gain en cas de ser-
vice militaire ou civil. Par ailleurs, ces allocations couvrent une partie de la perte de gain en cas de
maternité.
356
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Rente AI,
24 dès 25 ans ou avec obl. degré d’invalidité 520 1 )
minimum 40 %
1 )
Droit à 120 indemnités journalières supplémentaires si l’assuré est tombé
au chômage 4 ans avant d’avoir atteint l’âge de retraite AVS
* Sont libérés de l’obligation de payer des cotisations les assurés qui n’ont pas pu le faire pendant plus
d’une année pour cause de formation, formation complémentaire, maladie, accident ou grossesse
Le gain assurée maximal s’élève à CHF 12 350.– / mois, le montant annuel maximum à CHF 148 200.–.
L’assuré touche 5 indemnités journalières par semaine et, selon la consigne de l’ORP ( Office régio-
nal de placement ), doit s’efforcer de trouver un poste de travail.
357
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Offre favorable
80
Allocation de chômage dans
la 1ère année suivant le 70
licenciement (en pour-cent
60
de l'ancien salaire net)
50
40
(Source: OCDE, cité selon
Handelszeitung no 47 du 30
22. 11. 2018, p. 13)
20
10
0
CH DK NL F I D A OCDE GB USA
Les autres assurés touchent une indemnité journalière de 70 % du gain assuré.
Tous les salariés assujettis à l’AVS et leurs employeurs doivent payer des cotisations à l’AC. Ils se
partagent les cotisations.
Jusqu’à une limite de CHF 148 200.–, le taux de cotisation par partie s’élève à 1,1 % du salaire an-
nuel déterminant. Pour les parts de salaire dès CHF 148 200.-, ce taux se réduit à 0,5 % par partie.
358
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Caractéristiques Est réputé accident toute atteinte dommageable, soudaine et involontaire, portée au corps hu-
main par une cause extérieure extraordinaire qui compromet la santé physique, mentale ou psy-
chique ou qui entraîne la mort. Tous les travailleurs occupés en Suisse sont assurés à titre obli-
gatoire. Est considéré comme salarié quelqu’un qui exerce une activité lucrative dépendante. Les
salariés dont la durée de travail est inférieure à 8 heures hebdomadaires ne sont assurés que
contre les accidents survenant pendant le travail ou sur le chemin pour aller au travail. Si le temps
de travail est plus élevé, le salarié est également assuré contre les accidents survenant pendant
le temps libre. La couverture débute le jour où il commence son travail et cesse le 30e jour qui
suit celui où a pris fin le droit à la moitié de son salaire au minimum. D’entente avec la compagnie
d’assurance, l’assuré peut cependant prolonger la protection d’assurance pour un maximum de
180 jours. Cette assurance par convention doit impérativement être conclue avant l’extinction de
la couverture d’assurance-accidents obligatoire.
Prestations L’assuré a droit au traitement médical approprié des lésions résultant de l’accident.
Le traitement médical, pouvant inclure plusieurs jours d’hospitalisation en division commune, est
assumé sans limitation par l’assurance-accidents. Les prestations couvrent aussi les médicaments
nécessaires, les thérapies prescrites, etc., ainsi que les moyens auxiliaires compensant des dom-
mages corporels ( par exemple prothèses, appareils auditifs, lunettes ). Le choix du médecin ou
de l’hôpital est libre.
Les frais de transport et de sauvetage et les frais de voyage et de transport nécessaires sont rem-
boursés. Les frais nécessaires au transport d’un corps au lieu d’ensevelissement également. Les
frais d’enterrement sont remboursés jusqu’à un certain montant maximal.gret
Depuis le 1er janvier 2016, le montant maximum du gain assuré s’élève à CHF 148 200.– par année.
Lorsque l’assuré ne peut plus travailler suite à un accident, il a droit à une indemnité journalière,
payée dès le troisième jour suivant l’accident. En cas d’incapacité de travail totale, l’indemnité
journalière s’élève à 80 % du gain assuré ; pour une incapacité de travail partielle, l’indemnité est
réduite en conséquence.
Lorsque l’assuré est invalide à 10 % au minimum suite à un accident, il a droit à une rente invalidité,
accordée lorsque le traitement médical n’apporte plus aucune amélioration de santé sensible.
Lorsque l’assuré meurt des suites de l’accident, le conjoint survivant et les enfants ont droit à des
rentes de survivants.
Ces dernières années, l'on a pu observer une forte concentration dans l'assurance-maladie légale.
Seules 50 caisses-maladie sur plus de 300 en 1996 ont survécu jusqu'à aujourd'hui. Les plus gros
assureurs dominent environ 80% du marché.
Caractéristiques Est réputée maladie toute atteinte à la santé physique, mentale ou psychique qui n’est pas due à
un accident et qui exige un examen ou un traitement médical ou provoque une incapacité de tra-
vail. Toute personne domiciliée en Suisse doit s'assurer (obligation d'assurance), et les assureurs
selon la LAMal ne peuvent pas refuser d'assurés (obligation d'admission)
Prestations En cas de maladie, l’assuré a droit au traitement économique approprié des suites de la maladie.
359
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Indemnités L’assurance de base, qui doit offrir les mêmes prestations à tous les assurés, couvre les frais de
journalières et rentes traitements ambulatoires ainsi que les frais d’hospitalisation en division commune d’un hôpital
reconnu. Elle couvre également les accidents dans la mesure où aucune assurance-accidents
selon la LAA n’en assume la prise en charge. Les traitements dentaires ne sont couverts que dans
certaines conditions.
Primes En principe, la prime de l’assurance de base est la même pour tous. Mais selon la loi, les primes
des enfants ( jusqu’à 18 ans ) doivent être plus basses que pour les adultes. Par ailleurs, les caisses
maladie peuvent fixer des primes plus basses aux jeunes adultes jusqu’à 25 ans, et déterminer le
montant des primes selon les régions, celui-ci étant en général plus bas dans les régions rurales
que dans les villes.
Les assurés de condition économique modeste ont droit à des subventions, la réduction indivi-
duelle des primes (RIP). Celle-ci est fixée par les cantons et financée par la Confédération. Selon
les cantons, un tiers à un quart de la population touchent la RIP. Les cantons responsables versent
la RIP directement aux assurés ou à l'assurance-maladie.
Participation aux coûts Les assurés doivent participer dans une juste mesure aux coûts des traitements. D'une part, ils
paient eux-mêmes chaque année les premiers CHF 300.– à 2 500.– (franchise librement choisie),
d'autre part ils participent aussi directement aux frais de traitement jusqu'à hauteur de CHF 700.–
au maximum avec 10 % de quote-part. Ainsi, la demande en prestations de santé devrait être amoin-
drie. Les experts doutent de l'effet de cette quote-part. Ils craignent qu'ainsi l'on ne fasse appel trop
tard aux prestations médicales et qu'il ne s'en suive des coûts ultérieurs inutiles.
23.4.1 L’assurance-vie
L’assurance-vie fait partie du système des assurances privées du 3e pilier.
L’assuré peut ainsi :
➞ se constituer un capital prévoyance vieillesse ( prévoyance planifiée )
➞ protéger les survivants ( en cas de décès )
➞ se protéger en cas d’invalidité
Grâce à ses nombreuses combinaisons, l’assurance-vie s’adapte à toutes les situations person-
nelles et familiales de l’assuré.
L’assurance risque Elle offre une grande protection et sécurité financière aux survivants en cas de décès de l’assuré.
en cas de décès Si celui-ci décède pendant la durée du contrat, qui peut être fixée librement, la somme d’assu-
rance convenue sera versée aux bénéficiaires, par exemple au conjoint ou aux enfants. Selon les
besoins, l’assurance risque en cas de décès peut être conclue sous forme de capital décroissant,
constant, annuel ou de rente.
L’assurance perte de gain L’assurance perte de gain apporte une protection en cas de perte de revenu et complète les presta-
tions des deux premiers piliers en cas d’incapacité de gain durable par suite d’accident ou de maladie.
En cas d’incapacité de travail, elle garantit à l’assuré un revenu de compensation régulier sous forme
de rente. Après un délai d’attente librement choisi préalablement, l’assuré touchera sa rente jusqu’à
l’échéance du contrat ou aussi longtemps que l’incapacité durera.
L’assurance-vie mixte L’assurance-vie mixte permet d’une part d’assurer le risque découlant d’un décès prématuré,
d’autre part de constituer par l’épargne la prévoyance vieillesse. Avec l’assurance-vie mixte, la
couverture du risque de décès est liée à la prévoyance vieillesse.
Si l’assuré est en vie à l’échéance du contrat, il touche le capital convenu ( prévoyance vieillesse ).
En cas de décès prématuré, le capital assuré sera versé aux bénéficiaires mentionnés dans la clause
bénéficiaire ( protection contre les conséquences financières en cas de décès ).
360
ECONOMIE | ETAT | DROIT
La valeur de rachat L’assurance-vie mixte est la forme la plus courante de l’assurance-vie. Elle peut être conclue sous
forme conventionnelle ou liée à des fonds.
La valeur de rachat est le montant qui sera restitué au preneur d’une assurance-vie mixte en
cas de résiliation anticipée. Ce montant correspond à la somme des primes déjà versées, aug-
mentée du taux d’intérêt technique, moins les coûts d’acquisition non encore amortis. Le capital
d’épargne et l’intérêt technique forment ensemble le capital de couverture.
En règle générale, un rachat peut se faire après trois ans resp. après un dixième de la durée du
contrat.
L’affiliation à cette assurance peut se faire de 16 à 65 ans. Les assureurs doivent accepter toute
personne remplissant les conditions.
Pour pouvoir être admis, l’assuré doit répondre à un questionnaire sur des maladies existantes ou
préexistantes. Des réserves peuvent être posées pour ces dernières.
L’assurance d’indemnités journalière maladie connaît le libre passage, c’est-à-dire qu’un chan-
gement d’assureur peut se faire jusqu’à 65 ans. Vu l’échelonnement des primes selon l’âge et les
réserves possibles, ce changement pourrait être lié à des inconvénients.
Les assureurs ne sont pas obligés d’accepter tous ceux qui en font la demande, ce qui signifie
qu’ils peuvent exiger un examen de santé ou poser des questions relatives à des maladies pré-
existantes ou actuelles et poser des réserves les excluant de la couverture.
361
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Offre de prestations des Les prestations de l’assurance-accidents obligatoire selon la LAA et de l’assurance des soins obli-
assurances complémentaires gatoire selon la LAMal sont limitées. La conclusion d’une assurance complémentaire permet par
exemple les extensions de couverture suivantes :
Capital invalidité
Rente invalidité
Capital décès
Il n’y a pas de libre passage pour les changements d’assurances complémentaires. Avant résilia-
tion, il faut donc s’assurer si et à quelles conditions ( primes, réserves ou rejet ) un changement
entre en ligne de compte.
Ce type d’assurance permet de couvrir une diminution du patrimoine. Un exemple typique est
celui de l’assurance responsabilité civile ( RC ), ou l’assurance de protection juridique, ou encore
l’assurance perte d’exploitation.
La responsabilité pour faute Responsabilité pour faute : art. 41 CO, obligations résultant d’actes illicites, pp. 74 ss.
Le dommage
Celui qui prétend avoir droit à une indemnité doit prouver qu’il a subi un dommage corporel, ma-
tériel ou patrimonial. Par dommage, l’on entend une diminution de patrimoine aussi bien qu’une
augmentation de patrimoine qui ne s’est pas réalisée.
362
ECONOMIE | ETAT | DROIT
La faute
Par faute, on entend un comportement fautif, c’est-à-dire un manque de la diligence prévue par
la loi.
L’acte illicite
Est considéré comme acte illicite toute violation d’une norme juridique ou d’une règle de com-
portement impérative face à des tiers. Les dommages causés en état de légitime défense par
exemple, ne sont pas des actes illicites.
La responsabilité causale Responsabilité causale : art. 55, 56, 58 CO ainsi que art. 679 et 333 CC
363
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Responsabilité contractuelle Responsabilité contractuelle : art. 97 et 101 CO, inexécution de l’obligation pp. 78 ss.
Lorsque deux parties concluent un contrat, elles peuvent convenir d’une responsabilité allant
au-delà de la responsabilité légale. Cette responsabilité n’est pas couverte par l’assurance.
Les assurances RC Les compagnies d’assurances offrent différents contrats en raison de la diversité des domaines
de responsabilité :
➞ Assurance RC privée pour une personne seule et pour des familles. Est par exemple
comprise la responsabilité du chef de famille, du détenteur d’un animal ou du propriétaire
d’une maison qu’il habite lui-même.
➞ Assurance RC professionnelle pour enseignants, médecins, ingénieurs, avocats, etc.
➞ Assurance RC pour entreprises, hôpitaux, écoles, etc.
➞ Assurance RC pour détenteurs de véhicules à moteur ( obligatoire ).
Recours de la compagnie S’il est prouvé qu’en cas de sinistre un assuré a agi de manière gravement négligente ou même
d’assurance contre l’assuré intentionnelle, la compagnie d’assurance se retournera contre lui et exigera le remboursement
d’une partie de la somme versée au lésé. Un cas typique est celui d’un accident causé par un
conducteur en état d’ivresse. L’assureur dédommagera les victimes, mais recourra contre le
conducteur qui s’est rendu coupable d’une lourde faute. Le comportement d’un automobiliste qui
conduit en état d’ébriété ou qui ne respecte pas les signaux de la circulation, etc. est considéré
comme lourde faute.
Aujourd’hui, l’on peut encore assurer d’autres dangers : l’assurance dégâts d’eau, bris de glaces,
etc., est facultative et peut être conclue auprès d’assurances privées ainsi qu’auprès de quelques
institutions publiques en complément à l’assurance incendie obligatoire.
364
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Toute personne possédant des biens mobiliers peut conclure une assurance contre les dégâts
d’incendie, les dégâts d’eau, le bris de glaces et le vol. Contrairement à l’assurance bâtiment,
l’assurance ménage est facultative dans la plupart des cantons ; ce sont des compagnies privées
qui se chargent d’assurer ces sortes de risques. Aujourd’hui, elles offrent normalement une com-
binaison d’assurances de choses : incendie y compris dommages naturels, eau, bris de glaces et
vol. Les biens sont assurés au lieu désigné dans la police ( l’appartement habité par l’assuré ).
La protection de l’assurance est fortement restreinte dans d’autres lieux ( par exemple lors de
voyages ou de séjours de vacances ).
Valeur à neuf ou En règle générale, les choses, par exemple les meubles, vêtements, tapis, etc., sont assurées à leur
valeur actuelle valeur à neuf / de remplacement.
Les cyclomoteurs, vélos et skis ne sont en partie assurés qu’à leur valeur actuelle, c’est-à-dire à
leur valeur à neuf sous déduction de la perte de valeur due à l’âge et à l’usure.
Somme d’assurance Cette somme est fixée par le preneur d’assurance ; elle devrait correspondre à la valeur à neuf
du ménage, c’est-à-dire à une valeur permettant le rachat d’objets neufs. La prime d’assurance
dépend directement de la somme assurée.
Sous-assurance et En cas de sous-assurance, la somme d’assurance est plus basse que la valeur de remplacement
surassurance des objets assurés. En cas de dommages, la compagnie d’assurance ne paie qu’un dédommage-
ment réduit proportionnellement.
Si l’ensemble du mobilier d’un ménage a une valeur de CHF 100 000.– mais n’est assuré qu’à
CHF 50 000.–, l’assuré ne touchera que CHF 5 000.– lors d’un dégât d’eau de CHF 10 000.–, car
une sous-assurance de 50 % entraîne une réduction de l’indemnité de 50 %.
Il y a surassurance lorsque la somme d’assurance dépasse la valeur à neuf effective des objets. Dans
ce cas également, l’assurance ne couvrira que la perte effectivement subie en cas de dommage.
Solutions
➞ Estimer et adapter régulièrement la somme d’assurance.
➞ Dresser un inventaire complet des biens, conserver soigneusement quittances et factures.
➞ Conclure l’assurance à somme indexée de sorte qu’il y aura adaptation automatique au
renchérissement.
365
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Bonus
En cas d’absence de sinistre, la prime diminue chaque année jusqu’à la limite
100 %
minimale. Lors de la conclusion d’une assurance, l’assureur tient compte de
la catégorie de risques statistique dont fait partie le détenteur du véhicule. 90 %
C’est pourquoi les nouveaux conducteurs paient une prime plus élevée que 80 %
les preneurs d’assurance qui n’ont pas eu de sinistre pendant une longue
...
période ( bonus ). À chaque nouvel accident, la prime augmente ( malus ).
Casco complète Même couverture que la casco partielle, mais incluant les dégâts de collision
facultative causés au propre véhicule ( par ex. inadvertance du propriétaire : dégâts de
carrosserie après avoir endommagé une clôture de jardin en reculant ).
Protection juridique Aident à régler les différends juridiques en relation avec la circulation
circulation routière.
Protection juridique
véhicules à moteur
facultative
• Lorsque le véhicule a été loué, pris en leasing ou acheté à crédit, la partie cocontractante demande la souscription
d’une assurance casco complète. En cas de sinistre, le montant de l’indemnisation est versé à cette dernière.
• Dans certains pays étrangers, le montant de l’indemnisation de celui qui a causé l’accident peut être limité.
Selon le droit suisse, la somme manquante doit être payée par le détenteur du véhicule, par ex. les frais de
guérison des passagers. A ce propos, il faut également tenir compte des conditions de la « carte verte ».
366
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Pour pouvoir bénéficier d’une protection complète, il est recommandé de conclure une assurance
voyages annuelle. Cette assurance permet une garantie des risques pendant une année entière
lors de voyages ou d’excursions. L’assurance de courte durée n’est valable que pour l’arrangement
ayant fait l’objet de la réservation. Pour chaque voyage, il faut donc renouveler la protection d’as-
surance. À partir de deux ou trois voyages par année déjà, il vaut en général la peine de conclure
une assurance annuelle.
EXERCICES | CHAPITRE 23
1 Après la fin de vos études, vous aimeriez avoir votre propre appartement.
Quelles assurances au minimum devriez-vous conclure ?
2 Sur les sites de plusieures assurances, vous avez la possibilité de faire un bilan
des besoins en assurances. Comparez les recommandations à la liste établie dans
l’exercice 1. Avez-vous surestimé ou sous-estimé vos besoins ?
4 Après votre formation, vous êtes au chômage. Pouvez-vous toucher des allocations chômage ?
Quelles sont les conditions ?
367
DROIT | ETAT | ECONOMIE
● La prise en charge des dommages par une collectivité diminue les risques financiers
pour l’individu.
● La prise en charge des dommages par une collectivité diminue chez chaque individu
les risques d’accidents et de maladie.
● Celui qui commet une fraude à l’assurance enfreint le principe de solidarité.
● Celui qui commet une fraude à l’assurance n’enfreint pas le principe de solidarité.
● La notion d’assurance est fondée en premier lieu sur le principe de solidarité.
2 Désignez par la lettre P les assurances de personnes, par la lettre C les assurances
de choses, PA les assurances de patrimoine et AS les assurances sociales :
■ caisse de retraite
■ assurance casco des véhicules à moteur
■ assurance RC des entreprises
■ assurance dégâts d’eau
■ assurance accidents selon LAA
■ assurance incendie
■ assurance-maladie
■ assurance-vie
■ AVS
■ assurance bris de glace
■ assurance protection juridique
3 Quelles sont les assurances offertes par des institutions étatiques ?
● AVS/AI
● assurance vol
● assurance RC pour véhicules à moteur
● assurance-accidents des entreprises industrielles
● prestations complémentaires ( PC )
● assurance-maladie
● assurance-vie
5 Quelles sont, parmi les affirmations suivantes, celles qui s’appliquent à l’assurance maladie ?
● Les primes des caisses maladie de l’assurance de base ne dépendent pas de l’âge
d’entrée des assurés.
● Les assureurs ne peuvent exiger aucun examen médical avant la conclusion
d’une assurance maladie complémentaire.
● Le traitement pendant un séjour à l’hôpital s’appelle traitement ambulatoire.
● L’assuré doit assumer lui-même une partie des frais de maladie sous forme de franchise
ou de participation.
● Les caisses maladie sont obligées de garantir le libre passage intégral à chaque assuré
qui change de caisse.
● L’assurance-maladie est obligatoire dans toute la Suisse.
● Les frais d’hospitalisation en division semi-privée ne sont couverts que par une assurance
complémentaire.
Suite
368
ECONOMIE | ETAT | DROIT
● Pour certaines personnes, les cotisations à l’assurance de base sont subventionnées par
l’Etat.
● L’assurance d’indemnités journalières permet d’assurer une perte de gain temporaire.
8 Quelles sont, parmi les affirmations suivantes, celles qui s’appliquent à l’assurance-vie ?
● L’assurance-vie n’est pas obligatoire.
● Une assurance-vie de risque n’a pas de valeur de rachat.
● Une partie de la prime de l’assurance-vie mixte est utilisée pour constituer le capital épargne.
● L’assurance-vie n’appartient pas au 3 pilier e
■ AVS
■ caisse de pension
■ APG
■ ANP
■ prévoyance liée
■ maintien du niveau de vie habituel
■ garantie du minimum vital
■ couverture de besoins individuels
10 Citez les 5 catégories de dommages qui sont généralement couverts par l’assurance ménage :
1. 2.
3. 4.
5.
369
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Chaque jour, des personnes de tout âge sont frappées par la leucémie, provoquée par un dérègle-
ment de la formation du sang dans la moelle osseuse. Voici comment se manifestent les maladies
du système hématopoïétique :
➞ Lorsque l’organisme produit trop peu de globules blancs matures ou des globules blancs
dégénérés, le système immunitaire ne fonctionne plus parfaitement. Il s’ensuit fréquemment
des infections, qui peuvent être sévères.
➞ Lorsque l’organisme manque de globules rouges, il n’est pas en mesure de véhiculer suffi-
samment d’oxygène. Les personnes qui en souffrent s’épuisent rapidement.
➞ Lorsque l’organisme forme trop peu de plaquettes sanguines, la coagulation sanguine est
perturbée. Les blessures ne se referment alors plus comme d’habitude, entraînant saigne-
ments et hémorragies.
Non traitées, les maladies sanguines comme la leucémie sont susceptibles d’avoir une issue fa-
tale. Il est possible d’aider nombre de patientes et patients avec une transplantation de cellules
souches du sang. Ces cellules donnent naissance aux plaquettes et globules sanguins dans la
moelle osseuse. La transplantation permet de remplacer les cellules souches du sang nocives par
de nouvelles cellules saines, grâce auxquelles la moelle osseuse retrouve sa fonction normale et
produit à nouveau des cellules sanguines. Il faut pour cela des donneuses et donneurs appropriés.
Transplantation de cellules Les caractéristiques tissulaires, ou caractéristiques HLA, jouent un rôle crucial dans la transplan-
souches du sang tation de cellules souches du sang. Si la receveuse, le receveur et la donneuse, le donneur ne
partagent pas les mêmes caractéristiques tissulaires, la personne malade court le danger de faire
une réaction de rejet. C’est pourquoi il faut disposer d’un pool ou registre aussi vaste que possible
de potentiels donneurs et donneuses dans lequel rechercher à chaque fois la donneuse idéale, le
donneur idéal.
Ils sont quelque 40 millions dans le monde à être inscrits dans des registres de donneuses et
donneurs de cellules souches du sang. Notre registre en Suisse en compte plus de 170 000. La
plupart d’entre eux ne seront jamais sollicités pour un don de cellules souches du sang du fait de
la multiplicité des combinaisons de caractéristiques tissulaires et donc de l’infime probabilité de
trouver une concordance. Ainsi, 70 personnes en moyenne donnent chaque année leurs cellules
souches du sang en Suisse.
370
www.don-cellules-souches-sang.ch
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Recherche / prélèvement /
transplantation 2021
Procédure Lorsque l’on identifie une donneuse, un donneur dont les caractéristiques HLA pourraient conve-
nir à celles d’une patiente, d’un patient, la division Swiss Blood Stem Cells de Transfusion CRS
Suisse prend contact avec cette personne. Il existe deux formes de don :
Prélèvement de cellules souches du sang périphérique ( dans une veine du bras ) : En Suisse,
80 % des prélèvements se déroulent de la sorte aujourd’hui. Quelques jours avant le prélève-
ment, la donneuse, le donneur se voit administrer des facteurs de croissance afin que les cellules
souches du sang se multiplient dans la moelle osseuse et se mobilisent dans la circulation san-
guine.
Le prélèvement ne nécessite en principe pas d’hospitalisation et est effectué dans l’un des trois
centres de prélèvement de Bâle, Genève ou Zurich. Des voies veineuses sont posées sur les deux
bras afin que le sang puisse circuler d’un bras vers le séparateur de cellules, qui retient les cellules
souches du sang, puis retourner par l’autre bras dans l’organisme du donneur, de la donneuse. La
perte de sang est alors minime. Cette procédure demande entre trois et six heures. En général, la
donneuse, le donneur peut quitter le centre de prélèvement le jour-même. Selon les contraintes
physiques liées à l’activité professionnelle, il faut prévoir une incapacité de travail de deux à cinq
jours.
Prélèvement de moelle osseuse : Ce type de prélèvement ne se pratique que dans 20 % des cas,
et ce dans l’un des trois centres de prélèvement de Bâle, Genève ou Zurich. On ponctionne alors
de la moelle osseuse à l’aide d’une seringue dans plusieurs endroits des os du bassin. L’interven-
tion dure entre une heure et demie et deux heures et se fait sous anesthésie générale.
Habituellement, la donneuse, le donneur peut quitter l’hôpital le lendemain. Mais il faut quand
même prévoir un congé maladie de trois à dix jours. La moelle osseuse se régénère intégralement
en l’espace de quatre semaines environ.
371
www.don-cellules-souches-sang.ch
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Coordination par
Patient | Médecin | Centre de transplantation Donneur | Médecin | Centre de prélèvement
Transfusion CRS Suisse
The League for Hope La « League for Hope » est un mouvement commun en faveur du don de cellules souches du sang
réunissant des personnes de tous horizons : celles et ceux qui se sont enregistrés et sont prêts
à donner leurs cellules souches du sang en cas de besoin, et d’autres qui financent l’extension
du registre ou s’engagent d’une autre manière. Tous contribuent à diffuser une vague d’espoir à
travers le pays. Transfusion CRS Suisse vise ainsi à trouver le don approprié à chaque patiente et
patient au bon moment.
372
www.don-cellules-souches-sang.ch
ECONOMIE | ETAT | DROIT
2 Comment dois-je procéder pour devenir membre du registre des potentiels donneurs et
donneuses ?
3 Sur https://www.blutstammzellspende.ch/fr/magazine/tu-nas-rien-perdre-mais-tout-
gagner, un donneur raconte l’expérience vécue. Le don était-il douloureux ?
373
www.don-cellules-souches-sang.ch
APPRENDRE
avec la vaste
partie théorique
WOW !
TOUT DANS UNE
S’EXERCER SEULE MAIN
avec plus de 800
exercices et petits cas
APPROFONDIR
? avec le fichier d’appren-
tissage individualisé
VÉRIFIER
avec le fichier test interactif
En 2020, il y avait dans les 276 hôpitaux et cliniques suisses 174 000 emplois à plein temps.
Viennent s’y ajouter 100 500 emplois à plein temps dans les 1600 EMS ainsi que 25 800 emplois à
plein temps à la Spitex. De plus, il y avait chez nous cette année-là 21 700 médecins praticiens et
4300 dentistes. Le travail à temps partiel et une part élevée de femmes sont très répandus dans
les hôpitaux, comme le montre le graphique suivant :
60%
( Source : OFS )
40%
20%
femmes
0% hommes
t
if
te es
p
an
au
al
c
so
t
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Pe
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un
rv
Pe
Pe
Pe
rs
Se
Pe
m
co
Dépenses élevées En 2019, 80,5 milliards de francs suisses ont été investis dans notre système de santé, ce qui
correspond à une augmentation plus de 100 % depuis 1996. La quote-part des coûts de la santé
au produit intérieur brut ( PIB ) a atteint 11,3 % ; ainsi, notre pays est le troisième système de santé
le plus cher, juste derrière les USA et l'Allemagne.
En 2018, CHF 785.– par habitant et par mois ont été dépensés en Suisse pour la santé, ce sont
CHF 16.– de moins que l’année précédente. CHF 293.– par personne ont été couverts par les
prestations de l’assurance-maladie obligatoire, l’assurance complémentaire, les assurances so-
ciales et l’assurance accidents ainsi que les subventions des cantons couvrant un autre 35 %.
De la sorte, les ménages ont dû payer directement CHF 216.–, en plus des primes d’assurance.
Ce montant comprenait surtout les prestations pour les établissements médicosociaux, les soins
dentaires et les participations aux coûts ambulants et stationnaires des assurances-maladie.
375
DROIT | ETAT | ECONOMIE
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
Les soins ambulatoires, y compris les traitements dans les hôpitaux, représentent plus du quart
des dépenses de santé.
Les soins de longue durée comprennent les soins aux personnes âgées dans des EMS ainsi que les
soins de longue durée à domicile (Spitex, etc.) Ils génèrent un cinquième des dépenses de santé
et ainsi autant que les traitements curatifs stationnaires.
31 administration
20.3 % 21 prévention
En général on suppose qu’en Suisse le secteur médical est de haute qualité. Pourtant les indica-
teurs ou les chiffres concrets à ce sujet sont plutôt rares. Il manque une plus grande transparence
en matière d’indicateur de qualité (c’est-à-dire si le bon diagnostic a été posé et le traitement ef-
fectué adéquat) ou en matière de résultats (par exemple, si une opération a réussi et si le patient
va mieux). La Suisse a un retard à combler dans ce domaine.
376
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Il est clair que notre espérence de vie n’a cessé d’augmenter ces dernières décades. En 2107, elle
s’élevait chez l’homme à 81,4 ans en moyenne, chez la femme à 85,4 ans. A titre de comparaison :
en 1981, ce n’étaient que 72,4 pour l’homme et 79,2 ans pour la femme.
En Suisse, les hommes et les femmes vivent non seulement plus longtemps, mais ils restent aussi
plus longtemps en bonne santé. Ainsi, l’espérance de vie en bonne santé a légèrement augmenté
ces dernières années malgré l’augmentation des maladies chroniques. En 2015, l’espérance de vie
moyenne s’élevait à environ 83 ans pour les deux sexes, dont 73 ans en bonne santé.
11.4 %
Un système fortement
réglementé avec de Associations de Industrie Assureurs Acteurs
Prestataires
nombreux groupes d'intérêt patients pharmaceutique étatiques
Prestations
Assurés/Patients Prestataires
Rémunération
Primes Rémunération
Assurances
377
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Les prestataires, caisses Il y a tout d’abord les prestataires, par exemple les hôpitaux, les médecins, les pharmaciens, les
d'assurance maladie, EMS, les organisations d’aide et de soins à domicile ( Spitex ), qui fournissent les soins médicaux,
et les assurés payés d’une part par le patient ou par l’assuré ( à titre obligatoire ) lui-même, et d’autre part, pour
une grande partie, par les assurances-maladie, qui de leur côté touchent les primes du patient.
En résumé, la loi dicte aux caisses d’assurance maladie quelles prestations doivent être rembour-
sées et lesquelles pas. L’assurance de base est obligatoire pour toute personne domiciliée en
Suisse. Les primes doivent correspondre aux coûts régionaux. Aucun bénéfice ne doit être réalisé.
Les assurés paient leurs primes, ont recours aux prestations médicales et participent à leurs
coûts au moyen d’une cotisation annuelle dont le plafond est limité, sous forme de franchise et
de quote-part.
De nombreuses influences La relation entre fournisseur de prestations-patient-assureur est strictement réglementée par la
loi.
Les fournisseurs de prestations sont contrôlés par les cantons (formation, perfectionnement,
homologation, etc.) et par les assureurs, qui vérifient toutes les prestations médicales selon les
critères EAE (efficacité, adéquation, économique). En outre, il existe ce qu’on appelle l’obligation
de contracter, qui oblige les assureurs maladie à conclure un contrat de service avec chaque
médecin agréé. En plus du catalogue susmentionné des prestations dictées par l’État, le Conseil
fédéral et l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) réglementent dans les moindres détails
le calcul des primes, l’interdiction de réaliser des bénéfices, la constitution de réserves, et bien
plus encore.
De nombreux groupes d’intérêt essaient d’influencer le processus législatif, tels que par exemple
la Fédération des médecins suisses ( FMH ), l’Association des entreprises pharmaceutiques en
Suisse ( interpharma ), l’Association suisse de physiothérapie ( physioswiss ), les assureurs-maladie
( santésuisse, curafutura ), l’Association suisse des pharmaciens ( pharmasuisse ), etc.
Mais l’Etat lui-même est également actif dans le domaine de la santé en exploitant des hôpitaux
( cantonaux ) ou en subventionnant aussi bien des fournisseurs de prestations que des assurés.
Il ne faut finalement pas oublier l’influence de l’économie ( par exemple la branche pharmaceu-
tique ou la technique médicale en tant que sous-traitants importants ), la démographie ( espé-
rance de vie, taux de natalité, immigration ) et la société dans son ensemble ( avec par exemple sa
perception de ce que signifie « être malade » ou « être en bonne santé » ).
Dans le domaine de l’assurance de base (AOS), la loi sur l’assurance maladie (LAMal) constitue la
base juridique. Elle stipule un mandat légal pour les activités des assureurs et doit être respectée
impérativement sans exception. En 2020, 51 entreprises proposaient une assurance de base. En
cas de « dommage », l’AOS garantit à tous les citoyens l’accès à des soins de base de haute qua-
lité, complets et financièrement abordables.
378
ECONOMIE | ETAT | DROIT
23 %
L’assurance complémentaire volontaire couvre des prestations qui vont au-delà de l’assurance de
base légale (par exemple, prestation privée dans les hôpitaux et traitement par un médecin en
chef, traitements dentaires, médecine alternative, etc.). La base juridique dans ce cas est la loi
sur les contrats d’assurance (LCA) qui s’applique également aux domaines autres que l’assurance
maladie complémentaire. Bien que la tendance aille de plus en plus vers des interventions ré-
glementaires, les compagnies d’assurance, contrairement à l’assurance de base, disposent d’une
marge de manœuvre considérable pour déterminer quels contrats et quelles prestations elles
souhaitent conclure avec qui.
Organes de surveillance La surveillance des assureurs de base est effectuée par l’Office fédéral de la santé publique
( OFSP ). La surveillance des assurances complémentaires privées ( par exemple division privée
dans les hôpitaux, traitements dentaires ) relève du droit de l’assurance privée et incombe à l’Au-
torité fédérale de surveillance des marchés financiers ( FINMA ).
L’OFSP est responsable de l’application uniforme de la LAMal par les assureurs. Il veille à ce que
la sécurité financière des caisses soit assurée. Par ailleurs, les primes de la caisse-maladie doivent
être approuvées chaque année par l’OFSP pour être valables.
Et que font Les assureurs maladie remplissent leur mandat légal et garantissent ainsi l’accès à une vaste
les assureurs maladie? gamme de prestations médicales de haute qualité pour tous les assurés. Leur fonction va bien
au-delà du simple contrôle et du paiement des factures. Chaque année, plus de 130 millions de
factures qui sont envoyées directement à l’assureur maladie par le prestataire de services ou indi-
rectement par la personne assurée, sont vérifiées en partie de manière entièrement automatique
à l’aide de systèmes de contrôles complexes et, en l’absence d’irrégularités, ensuite automatique-
ment remboursées. La gestion des coûts des prestations (prévention de la fraude, gestion des
cas complexes, etc.) prend progressivement une place toujours plus importante. Les différents
assureurs maladie conçoivent leur rôle plus activement et adoptent une approche plus globale
de la santé que par le passé. L’assuré doit être accompagné dans toutes les situations de la vie
présentes et à venir et non pas seulement en cas de maladie. Il en résulte de nombreux modèles
d’assurance alternatifs (voir 25.5) qui répondent aux besoins des clients en termes de haute quali-
té et de coûts abordables. Des nouvelles possibilités d’innovation offrent une valeur ajoutée réelle
à l’assuré, surtout dans ce domaine.
379
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Notre système de santé est régi par la Loi sur l’assurance-maladie ( LAMal ), qui défend notam-
ment les principes suivants :
Obligation de s’assurer L’assurance de base est obligatoire pour l’ensemble de la population résidant en Suisse. Toute
personne résidant en Suisse doit s’assurer dès la naissance dans un délai de trois mois. Aucune
réserve ne peut être apportée par l’assureur pour des raisons de santé.
Solidarité L’assurance de base garantit la solidarité entre personnes en bonne santé et malades, jeunes
et vieux, femmes et hommes. A Zurich et chez le même assureur-maladie, un patient de 85 ans
auquel on a dû mettre un stimulateur cardiaque paie autant de primes par tête qu’un employé de
26 ans. Dans l’assurance de base, il n’y a pas de primes correspondant aux risques.
Obligation d'admission L’obligation de l’assurance de base et les divers coûts des différents groupes à risques font
que les assureurs ne sont autorisés à aucune réserve concernant l’état de santé au moment de
l’admission.
Compensation des risques Un fonds spécifique a été créé au sein des assureurs afin de compenser le désavantage concur-
rentiel des assureurs ayant un portefeuille d’assurés coûteux (c’est-à-dire un grand nombre d’as-
surés avec des coûts de prestations supérieurs à la moyenne), mais aussi pour empêcher la sé-
lection des risques (par exemple, en faisant fuir les assurés coûteux ou en attirant les personnes
en bonne santé par des offres particulièrement intéressantes). Pour chaque canton, un montant
est attribué directement aux assureurs en fonction de l’âge, du sexe, des hospitalisations et des
prescriptions de médicaments de l’année précédente pour compenser ces risques. Ces quatre
indicateurs permettent une estimation du risque des coûts futurs.
Libre choix Pour son assurance de base, l’assuré peut choisir librement l’assureur maladie. En principe, il peut
également choisir le médecin tant en hospitalier (s’il figure sur la liste des hôpitaux cantonaux)
qu’en ambulatoire. En choisissant un modèle d’assurance alternatif, l’assuré peut renoncer au libre
choix du médecin et bénéficier de mesures de qualité spécifiques et d’un rabais sur la prime (voir
chapitre 25.5).
380
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Catalogue légal La loi sur l’assurance maladie (LAMal) stipule que l’assurance de base en cas de « dommage »
de prestations doit couvrir les prestations en cas de maladie, d’accident (sauf si l’assurance accident est compé-
tente) et de maternité. Les assureurs maladie savent jusqu’au moindre détail quelles prestations
doivent être payées (liste des prestations remboursables figurant dans un catalogue et principe
de confiance pour les prestations médicales). Si une prestation n’est mentionnée ni dans la loi ni
dans une réglementation connexe (OAMal, OPAS, etc.), elle ne peut être remboursée. Il n’y a donc
aucune marge de décision individuelle dans l’assurance de base et aucune possibilité de bonne
volonté de la part de la compagnie d’assurance maladie.
Principe de confiance et EAE On considère qu’en principe tout ce que fait le corps médical est justifié (principe de confiance).
Les assureurs vérifient ensuite si le principe EAE est respecté :
➞ Approprié : l’effet souhaité individuel est effectivement atteint sous une forme adéquate
Primes, bénéfices et réserves L’assurance de base repose sur le système de la répartition des coûts. Les dépenses courantes
doivent en principe être couvertes par les recettes courantes. Les primes d’une année doivent
donc correspondre aux coûts de la même année. Pour l’AOS, il s’agit de l’unique assurance sociale
financée par des primes uniformes par tête (qui varient selon le canton de domicile et la région
des primes). Les autres d’assurances sociales sont financées par des pourcentages de salaire
ou les impôts. Les primes sont toujours estimées l’année précédente sur la base de prévisions
sur l’évolution des coûts des prestations et approuvées par l’Office fédéral de la santé publique
(OFSP). En réalité, l’OFSP a donc une grande influence sur le niveau des primes. Si les primes
approuvées ou fixées par l’OFSP pour une année donnée sont supérieures aux coûts réels, ce
bénéfice est intégré dans les réserves de l’assureur. Inversement, si les primes sont trop faibles,
les assurés ne doivent pas compenser, les réserves couvrent le manque à gagner. Il est interdit
de dépenser les bénéfices de l’assurance de base. Les réserves ainsi créées sont destinées à des
événements imprévisibles. Le système d’assurance maladie doit être capable de faire face sans
turbulences excessives à un événement exceptionnel, comme une pandémie, qui sévit statistique-
ment une fois tous les 100 ans.
Franchise à option : renforcer Afin d’encourager sa responsabilité personnelle, chaque assuré doit participer aux coûts en pre-
la responsabilité personnelle nant à charge une franchise et une quote-part. En cas de grossesse, une partie des coûts est
exonérée de franchise et de quote-part dès le début. Dès la 13ème semaine de grossesse jusqu’à
huit semaines après l’accouchement, les futures mères ne paient aucune participation aux coûts.
Si les assurés ont recours à des prestations médicales dans le cadre de l’assurance de base,
la loi prévoit qu’ils doivent contribuer aux coûts par une contribution annuelle fixe (franchise).
Jusqu’à ce que la franchise soit atteinte, 100 % des coûts sont à la charge des assurés. La fran-
chise minimum standard pour les adultes s’élève à CHF 300.–. Si une personne pense que l’année
suivante les coûts prévus seront plus bas et le risque financier supplémentaire acceptable, elle
peut choisir une franchise optionnelle jusqu’à CHF 2 500.– et profiter d’une réduction significa-
tive des primes (remise jusqu’à 50 %, maximum CHF 1 540.–). Une fois la franchise atteinte, la
quote-part est déduite. Ce montant représente 10 % des coûts pour tous les assurés et est limité à
CHF 700.– par an.
381
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Un exemple: Une personne choisit une franchise de CHF 300.–. La première facture du médecin généraliste
s’élevant à CHF 140.–, elle est entièrement à la charge de la personne assurée. La deuxième fac-
ture d’un institut de radiologie s’élevant à CHF 330.– est partiellement couverte par l’assurance.
Lors d’une hospitalisation qui dépasse CHF 15 000.– l’assuré ne doit participer qu’avec 10 % du
montant jusqu’à un maximum de CHF 700.–. La quatrième facture s’élevant à CHF 240.– pour le
suivi et tous les frais supplémentaires de cette année sont entièrement pris en charge par l’assu-
rance maladie.
Franchise, quote-part
Franchise Quote-part
et cotisation d’assurance Facture Assureur maladie
de 300.– de 10 %
Modèles d’assurance alterna- Les modèles d’assurance qui restreignent le choix des fournisseurs de prestations sont en général
tifs : une meilleure qualité à appelés modèles alternatifs d’assurance (MAA). Ce faisant, les assurés renoncent volontairement
moindre coût à leur libre choix de médecin et s’engagent généralement à avoir recours à une sorte de système
de filtrage, c’est-à-dire à un premier point de contact prédéfini. Les urgences et la gynécologie
en sont exclues. La fonction de médecin de premier recours peut être prise en charge par une
assistance téléphonique, un cabinet médical de groupe, un médecin généraliste ou, depuis peu,
une pharmacie ou une application smartphone. C’est à ce contact que sont évaluées les mesures
nécessaires et que sont déterminées et coordonnées les prochaines étapes de traitement. Si une
consultation avec un spécialiste ou un traitement hospitalier s’avère nécessaire, la plupart des
modèles prévoient pour le moment le libre choix du médecin et de l’hôpital (liste des hôpitaux).
À l’avenir, les produits d’assurance alternatifs qui permettent de mieux canaliser les prestations
médicales et de gérer les patients de façon plus efficace, deviendront plus courants.
Selon l’assureur et le modèle d’assurance choisi, un rabais de 5 % à 20 % par rapport à un modèle
d’assurance ordinaire est possible. Les assureurs ne sont pas libres d’accorder des réductions.
Dans le cadre du processus d’approbation des primes, ils doivent prouver à l’OFSP que les coûts
d’un modèle spécifique sont effectivement inférieurs à ceux du modèle ordinaire.
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382
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Cependant, pour les MAA il ne s’agit pas en premier lieu de modèles de réduction à des coûts
toujours plus bas. Le système du médecin de premier recours permet d’une part d’éviter le traite-
ment de cas bénins (visites inutiles au cabinet du médecin ou aux urgences) et, d’autre part, de
coordonner les traitements médicaux. Par exemple, un patient est pris en charge par un seul mé-
decin dans un cabinet médical de groupe qui exerce la fonction de coordination globale entre les
différents spécialistes et les hôpitaux. Le même médecin a également un aperçu des différentes
analyses, des résultats de laboratoire et des médicaments prescrits. Il en résulte une meilleure
qualité de soin et par conséquent des coûts moins élevés.
L’évolution des coûts Depuis des années, les coûts du système de santé suisse augmentent démesurément, bien plus
que le renchérissement général. Les coûts résultent de la quantité multipliée par le prix. Par consé-
quent, l’augmentation des coûts est due à l’augmentation des volumes et à l’évolution des prix.
Augmentation des volumes L’évolution des coûts totaux des dernières années est principalement due à une augmentation
de la quantité des prestations médicales. On pense naturellement que la raison en est le « vieil-
lissement ». Pourtant les mesures de dissuasion induites par le système en sont un aspect encore
plus important. D’une part, certaines règles de financement favorisent les soins de santé géné-
rateurs de coûts (détails à ce sujet au prochain paragraphe « Mesures de maîtrise des coûts »),
d’autre part les prestataires ont une longueur d’avance en termes d’informations (les dites « in-
formations asymétriques ») par rapport aux patients et aux assureurs. Dans la plupart des cas,
seuls les fournisseurs de prestations savent quels traitements sont nécessaires et lesquels ne le
sont pas. Leur revenu dépend aussi de l’étendue des prestations. En cas de doute, on traite donc
plutôt plus que trop peu.
383
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Mesures de maîtrise La maîtrise des coûts est possible, même en supposant que le niveau actuel des prestations de
des coûts l’assurance de base soit maintenu et que le rationnement ou la réduction des prestations ne soit
pas souhaité. Toutefois, il est très peu probable que les coûts diminuent à long terme. Le Conseil
fédéral et le Parlement travaillent actuellement sur des mesures visant au moins à ralentir la
hausse des coûts ou à améliorer la qualité tout en maintenant les coûts au même niveau.
Mesure n° 1 : Une bonne qualité empêche les erreurs de traitements et les traitements répétés et est donc
Qualité avantageuse à long terme dans bien des cas. Des efforts ont déjà été faits en ce sens et doivent
être intensifiés à tous les niveaux. Dans un premier temps, il convient d’assurer la transparence
parmi les prestataires de services afin de pouvoir prendre des mesures concrètes dont les résul-
tats sont mesurables. Mais les assureurs maladie doivent également y contribuer. Des modèles
de soins MAA novateurs qui incitent à une approche des soins globale et intégrée mènent à une
hausse de la qualité et à une réduction des coûts.
Mesure n° 2 : Les soins ambulatoires avant les soins hospitaliers: de plus en plus le progrès technologique et
AVOS médical permet des traitements sans séjour hospitalier. La chirurgie moins invasive diminue le
risque d’infection ainsi que le taux de complications et réduit considérablement la durée du sé-
jour hospitalier. Cela mène à une réduction des coûts et à une augmentation de la qualité.
Mesure n° 3 : Le financement identique des prestations ambulatoires et hospitalières : les assureurs maladie
EFAS couvrent aujourd’hui 100 % des coûts des soins ambulatoires. Les assurés ne payent que 45 %
des frais d’hospitalisation. L’autre partie de la facture (55 %) est adressée directement au canton
de domicile et est financée par les impôts. Afin de faire avancer AVOS, tous les coûts relatifs aux
soins devraient être remboursés selon une clé de répartition identique entre l’assureur et le can-
ton. Cela signifierait qu’à l’avenir, par exemple, les assureurs prendraient à charge environ 75 %
et les cantons environ 25 %. Cela permettrait non seulement d’éliminer les incitations négatives à
l’interface ambulatoire/hospitalier, mais aussi de garantir que la part cantonale financée par des
impôts progressifs (les salariés à salaire élevé paient une grande partie des impôts) ne soit pas
réduite au détriment des primes d’assurance dégressives (les salariés ordinaires paient autant
que les salariés à salaire élevé).
Mesure n° 4 : La Suisse, toute petite soit-elle, est un pays doté d’une structure fédérale et d’un système de
Planification sanitaire santé très fragmenté. On dit très justement « À chaque vallée son hôpital ». Cela conduit à des
supracantonale doublons coûteux et à une surcapacité inefficace qui ne tiennent pas compte de la réalité médi-
cale. La planification sanitaire et hospitalière à une échelle supracantonale pourrait apporter plus
d’ordre et d’efficacité.
Mesure n° 5 : Les médicaments coûtent souvent beaucoup plus cher en Suisse qu’à l’étranger. Les différences
Système de prix de référence de prix sont particulièrement importantes lorsqu’il s’agit des génériques (produits copiés avec la
pour les médicaments même substance active que les médicaments dont la protection par brevet a expiré). Un système
dit de prix de référence fixant un montant maximum pour les substances actives contenues dans
les médicaments, payé par l’assurance de base, présente un fort potentiel d’économie.
Mesure n° 6 : Créer des chaînes de traitements, assumer une fonction de coordination dans le système médical
Soins intégrés ou participer à des cercles de qualité entraînent non seulement une hausse de la qualité et une
plus grande efficacité des soins, mais aussi par conséquent une réduction des coûts. Il faudrait
déployer les efforts pour développer un système de santé vers des soins intégrés et des modèles
MAA avec les assureurs maladie.
Mesure n° 7 : La santé resp. la maladie n’est pas un problème individuel, mais est massivement influencée par la
Prévention et promotion société, la situation de vie et de travail et par le propre comportement. L’on sait aujourd’hui que
de la santé l’éducation à la santé dans les écoles, le management de la santé au lieu de travail ou la promotion
de la santé dans les communes sont de bonnes conditions pour influencer le comportement en
matière de santé. La Confédération, les cantons et les assureurs prennent différentes mesures pour
contribuer à la santé.
384
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Conclusion : Les coûts des soins de santé continueront d’augmenter en raison des progrès de la technique mé-
les coûts augmentent. dicale et des exigences élevées imposées au système de santé. Cette partie des coûts ne peut être
Comment pouvons-nous influencée qu’avec difficulté. Afin de garantir des soins de qualité et accessibles à tous, il est donc
contribuer à inverser nécessaire de corriger les incitations erronées du système de soins de santé, telles que certains
la tendance ? mécanismes de financement. Toutefois, il ne faut pas oublier que le comportement de chacun a
également une grande influence sur les coûts. Tant directement dans le sens de décisions pour ou
contre les services de soins de santé, qu’indirectement avec son propre style de vie.
EXERCICES | CHAPITRE 25
1 L’assurance de base (AOS) est réglementée dans les moindres détails par la loi.
Citez les six piliers fondamentaux de l'AOS et expliquez-les à vos camarades de classe
à l'aide de quelques exemples.
2 Notre système de santé connaît l’obligation de contracter, ce qui signifie qu’aucune assurance
de base ne peut refuser un fournisseur de prestations (médecin, thérapeute, hôpital).
Cette obligation est politiquement contestée. Recueillez des arguments pour et contre cette
réglementation. Quelle décision prendriez-vous si vous étiez membre du Parlement ?
3 L’augmentation des coûts des soins de santé est un sujet brûlant dans les médias et la politique.
Dans quelle mesure considérez-vous personnellement que le problème est urgent ?
Quelles mesures jugez-vous judicieuses pour ralentir l'augmentation des coûts ?
4 Accédez au site Web de votre compagnie d’assurance et déterminez votre prime d’assurance
de base. Assurez-vous que vous choisissez le bon assureur, le bon modèle d’assurance, le bon
niveau de franchise et le bon lieu de domicile.
385
DROIT | ETAT | ECONOMIE
26 DON D’ORGANES ET
TRANSPLANTATION EN SUISSE
Chaque année en Suisse, environ 500 personnes reçoivent un nouvel organe. Pour eux, une nou-
velle vie commence après la transplantation. En raison d’une maladie ou d’une malformation
congénitale, ce sont plus de 1450 personnes qui sont sur liste d’attente depuis le début de 2021.
Du point de vue médical, la transplantation restaure les fonctions de l’organe qui n’a plus d’autre
possibilité de traitement. Cela n’assure pas uniquement la survie mais permet également une
amélioration durable de la qualité de vie. Le don d’organes porte sur les organes suivants : le
cœur, les poumons, le foie, les reins, le pancréas et l’intestin grêle.
Qui s’occupe de la Du point de vue fédéral, la transplantation d’organes, de tissus et de cellules est règlementée
répartition par la loi suisse sur la transplantation. Les différentes ordonnances relatives à la loi dictent à qui,
équitable des organes ? quand et dans quelles circonstances un nouvel organe peut être attribué.
Swisstransplant, la Fondation nationale pour le don d’organes et la transplantation, est mandaté
par la Confédération pour l’attribution conforme à la loi des organes en Suisse et est donc res-
ponsable des tâches suivantes :
Qui peut être donneur Tout le monde peut fondamentalement donner ses organes. Il n’y a pas de limite d’âge. Mis à
d’organes ? part des maladies rares, seuls des cancers actifs et des infections graves ou d’origine inconnue
sont des raisons médicales claires pour l’exclusion au don d’organes. Si le donneur a consenti
au don d’organes, la bonne fonction de l’organe et la mort cérébrale établie sont des facteurs
déterminants. La mort cérébrale équivaut à la mort du patient. Le diagnostic de mort cérébrale
est établi par des médecins spécialisés et coïncide au moment du décès du patient. La mort
cérébrale est irréversible et correspond à une défaillance complète du cerveau et du tronc
cérébral. Elle ne doit pas être confondue avec le coma, dont la circulation et la respiration sont
aussi maintenues par des mesures médicales intensives. Le thème du don d’organe n’est soulevé
qu’une fois que toutes les tentatives pour sauver la vie du patient ont échoué.
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ECONOMIE | ETAT | DROIT
Il est également possible de faire don d’un rein ou d’une partie du foie de son vivant. Un don de
son vivant est habituellement effectué au profit d’une personne connue au sein de son cercle
social proche.
Attribution d’organes Si le consentement au don d’organes est obtenu et que la mort cérébrale a été confirmée selon la
après le consentement loi par deux médecins indépendants, Swisstransplant est alors contacté. Un consentement au don
d’organes existe quand la personne décédée a décidé de son vivant de faire don de ses organes
et a transmis sa décision aux proches. En l’absence de documents attestant le consentement, les
proches doivent prendre une décision sur le don d’organes correspondant à la volonté supposée
du défunt. Un programme informatique détermine la priorité des receveurs potentiels sur la liste
d’attente en tenant compte de critères d’attribution. Les critères appliqués à l’attribution des
organes sont déterminés par le Conseil fédéral et tiennent compte, entre autre, de l’urgence mé-
dicale, du domicile du patient et de l’efficacité médicale (voir figure).
Urgence médicale
Domicile en Suisse
Efficacité médicale
Délai d’attente
Comment l’organe du don- Une fois tous les organes attribués par écrit, l’heure du prélèvement d’organes est déterminée avec
neurarrive-t-il au receveur ? l’équipe médicale responsable du prélèvement. Un donneur d’organes peut donner jusqu’à sept
organes. Après le prélèvement, les organes sont emballés de façon stérile dans de l’eau glacée et
sont amenés dans une glacière aux différents hôpitaux des receveurs. Cette période de transport
doit idéalement être inférieure à quatre heures pour le coeur. Pour les poumons, la durée maximale
d’ischémie est de six heures alors que pour le foie cette dernière est de huit à dix heures et de
24 heures pour les reins. Pour des trajets qui durent plus de 90 minutes, par conséquent pour les
poumons et le coeur, le transport est effectué par hélicoptère avec les équipes médicales. Pour des
organes provenant de l’étranger, ces derniers sont transportés par jets. La logistique de transport
est assurée par Alpine Air Ambulance (AAA) en mandat avec des taxis et des ambulances.
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DROIT | ETAT | ECONOMIE
La Suisse dispose de six centres de transplantation dont les programmes sont différents :
Hôpital universitaire de Bâle (USB) Hôpital universitaire de Zurich (USZ) Hôpital cantonal de Saint-Gall (KSSG)
Rein 2 Cœur 1, 3, poumon,1 foie, rein1, 3, pancréas , Rein
cellules des îlots de Langerhans, intestin grêle
Bâle
1
Transplantation également chez les enfants. Saint-Gall
2
Transplantations de reins de donneurs Zurich
vivants sur des enfants plus âgés.
3
En colla boration a vec l’hôpital
des enfants de Zurich.
Berne
Lausanne
Genève
Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) Hôpital universitaire de Berne (Inselspital)
Foie1, rein, pancréas, cellules des îlots Cœur 1, poumon, rein 1 Cœur 1, foie, rein1
de Langerhans, intestin grêle
2165
1480
1478
1457
1384
1415
1412
582
577
519
552
504
Patients transplantés
par an
2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021
Comment se portent les L’excellente prise en charge du donneur aux soins intensifs et la vaste expérience de l’équipe de
receveurs après une transplantation aboutissent à d’excellents résultats en Suisse par rapport à la moyenne internatio-
transplantation ? nale malgré la pénurie des donneurs et les conséquences qui en découlent. Une greffe n‘offre pas
uniquement une nouvelle vie au receveur, mais également une nouvelle qualité de vie.
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ECONOMIE | ETAT | DROIT
Et moi, que puis-je faire ? Pour bien des gens, le don d’organes est un sujet tabou parce qu’il impose de se confronter à
sa propre mort. Toutefois, il est important de ne pas laisser aux proches cette lourde décision.
Je vis maintenant.
Je décide maintenant. Que puis-je faire ensuite ?
#madécis
io n
➞ Installe l’application EchoSOS. La carte d’urgence permet aux services de sauvetage
prélèvement d’organes, de tissus ou de cellules. prélèvement d’organes, de tissus ou de cellules.
Veuillez informer vos proches de votre volonté concernant le Veuillez informer vos proches de votre volonté concernant le
Remarques : Remarques :
Carte de donneur d’organes Carte de donneur d’organes et aux premiers secours de disposer des données médicales essentielles de la personne
accidentée. Dans la carte d’urgence, tu peux indiquer les médicaments que tu prends,
S’inscrire
tes allergies et tes contacts d’urgence, mais également ton inscription au Registre national
Déclaration pour ou contre le prélèvement Déclaration pour ou contre le prélèvement
d’organes, de tissus ou de cellules à des fins
de transplantation maintenant
de transplantation !
d’organes, de tissus ou de cellules à des fins Carte de donneur d’organes
du don d’organes. En cas d’urgence, les secours peuvent accéder à ces informations
Déclaration pour ou contre le prélèvement
d’organes, de tissus ou de cellules à des fins
de transplantation
Celui qui ne voudra pas donner d'organes pourra documenter son opposition d'une autre manière
que par l'inscription au registre. On pourra par exemple consigner sa volonté dans des directives
anticipées, ou donner des instructions à sa famille pour le cas où l'on décéderait à l'hôpital. »
EXERCICES | DON D’ORGANES
1 Dans la partie Droit en page 19, tu trouveras des cas concernant le don d’organes.
Résous-en quelques-uns ou tous en classe.
2 Quelle est ta position personnelle face au don d’organes ? Peut-être tu t’es déjà inscrit(e)
dans le Registre national du don d’organes ou tu as déjà rempli une carte de donneur ?
Est-ce que tu accepterais un organe « étranger » ?
Budgétisation Pour avoir une « idée » de ses propres recettes et dépenses, rien ne vaut l’établissement de son
budget personnel.
Les dépenses récurrentes comme le loyer, les assurances, les abonnements, etc., sont des paie-
ments prévisibles qu’il est possible de répartir à l’avance sur l’échéancier annuel. Les paiements
annuels, semestriels et trimestriels sont ramenés au prorata mensuel.
Pour évaluer les dépenses variables, p. ex. les en-cas ou les billets de cinéma, etc., il suffit de passer
en revue les relevés de compte et les tickets de caisse des dépenses déjà effectuées. Si on réperto-
rie ces dépenses par rubriques ( p. ex. restauration à l’extérieur, sorties ) durant deux ou trois mois,
on dispose alors d’une bonne base pour estimer l’évolution des dépenses à venir. Le résultat en est
souvent très surprenant. Bien souvent, ce ne sont pas les grosses sommes exceptionnelles mais
bien l’accumulation de ces petites dépenses quotidiennes qui s’élève à un montant considérable.
D’une manière générale L’objectif est de dresser un budget mensuel fiable permettant d’anticiper un excédent ou un défi-
cit éventuel. On peut alors soit épargner pour assumer une dépense importante, p. ex. un voyage,
soit trouver de nouvelles sources de revenus ou encore réduire les dépenses.
Les dettes imposent des restrictions ; soit on est susceptible de les justifier de manière convain-
cante ( p. ex. investissement dans sa formation, son propre logement ou sa propre affaire ), soit il
faut éviter d’en faire.
390
ECONOMIE | ETAT | DROIT
EXERCICES | ETABLIR UN BUDGET
1 Voici ci-après quelques recettes et dépenses d‘Emma, apprentie. Veuillez cocher pour
indiquer si le poste concerné est une recette ou une dépense et s‘il s‘agit de montants
fixes ou variables :
Dépense
Variable
Recette
Fixe
Type
Salaire d’apprenti
Abonnement de bus
Caisse-maladie
Pourboires
Achat de vêtements
2 Établissez librement votre budget personnel, c’est-à-dire sans modèle, sur la base de ce
qui a été précédemment décrit.
5 En vous servant du même calculateur de budget établissez maintenant avec l’aide de vos
parents un budget mensuel pour votre propre famille.
6 Le lycéen Theo souhaite réaliser un rêve après sa maturité : effectuer un séjour linguistique de
deux mois en Nouvelle-Zélande, suivi d’un voyage d’un mois à travers le pays.
Il s’est déjà renseigné sur les coûts auxquels il devra faire face :
➞ Vol ( aller-retour ) CHF 1 500.–
➞ Ecole de langue avec séjour en famille ( demi-pension, deux mois ) CHF 2 300.–
➞ Argent de poche durant le cours de langue
( pour les excursions, la restauration de midi, les sorties ) CHF 2 400.–
Suite
391
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Coûts attendus pour le voyage ( toutes les données s’entendent en dollar néo-zélandais ) :
➞ Transport NZD 500.–
➞ Restauration NZD 1 200.–
➞ Hébergement NZD 1 080.–
➞ Autres NZD 300.–
Pour les imprévus ( dont les fluctuations monétaires et l’inflation sur les prochaines années ),
Theo compte une réserve à hauteur de 10 % des coûts totaux.
En Suisse, Theo a budgété les recettes et les dépenses mensuelles suivantes :
➞ Argent de poche CHF 300.–
➞ Petit boulot en tant que webdesigner CHF 500.–
➞ Cadeaux en espèces pour l’anniversaire et Noël CHF 50.–
➞ Abonnement transports publics CHF 80.–
➞ Restauration CHF 160.–
➞ Coiffeur CHF 45.–
➞ Sorties CHF 200.–
➞ Autres CHF 150.–
➞ Vêtements, chaussures, caisse maladie, portable, fournitures scolaires et vacances sont financés
par les parents.
Theo peut-il se permettre ce séjour linguistique à l’issue des trois prochaines années
scolaires ? – Que doit-il éventuellement faire ?
7 Vous souhaitez organiser avec d’autres jeunes enthousiastes une grande fête d’école et
dressez à cet effet un premier budget approximatif sur la base de quelques données.
L’objectif est de déterminer combien d’entrées vous devez au moins vendre pour atteindre
le seuil de rentabilité ( break-even ), donc pour n’avoir au final ni perte ni gain.
392
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Revenus 494
de la fortune et Autres assurances,
7 000
de la location 984 –591 taxes et transferts
Economies et placements Dans un cas idéal, vos revenus sont supérieurs à vos dépenses ; vous avez donc un potentiel
d’épargne. Que voulez-vous en faire ?
Vous pouvez mettre cet argent de côté pour financer ensuite une acquisition importante ( p. ex. une
voiture ou un grand voyage ), ou pour avoir quelques économies en cas de coup dur ( maladie,
chômage ) ou encore vous assurer une retraite confortable.
Vous allez bien sûr veiller à ce que cet argent vous assure un rendement, afin que votre capital augmente.
Moyennant intérêt, vous pouvez p. ex. le prêter à un collègue, ou à son entreprise moyennant une
part du bénéfice, voire acheter des actions d’une grande entreprise contre un dividende.
Si cela vous paraît trop risqué ou si vous ne voulez pas immobiliser votre capital à long terme,
vous avez la possibilité de prêter votre argent à une banque contre intérêt. Il vous faut donc main-
tenant définir un objectif d’épargne.
1. Vous effectuez un placement unique de CHF 25 000.– à 1,5 % pendant 20 ans. Combien
cette somme rapportera-t-elle à échéance ? À combien s’élèvera la somme à un taux
d’intérêt de 3,0 % ou 5,0 % ?
2. En versant chaque mois CHF 150.– sur un compte épargne rémunéré de 1,5 % d’intérêt, à
combien vos économies s’élèveront-elles au bout de 10 ans ? Dans l’exemple donné, quel
est le montant des intérêts composés ? Quelles en sont les valeurs avec un taux de 4,0 %?
393
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Le triangle magique Vu la faible rémunération des comptes, il vaudrait mieux réaliser des rendements plus élevés par
d’autres moyens.
Mais cela implique de courir davantage de risques ou d’immobiliser l’argent sur une longue pé-
riode. Car il faut toujours trouver un équilibre entre risque, disponibilité et rendement.
Sécurité
Investisseur orienté
vers la sécurité
Investisseur
orienté
vers le rendement
Disponibilité Rentabilité
2 En fonction de vos propres réflexions, placez les termes suivants dans le tableau :
Rendement faible / Risque de placement faible / Disponibilité faible / Rendement élevé / Risque
de placement élevé / Disponibilité élevée
Placement conservateur
Placement agressif
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394
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Une multitude de placements Toute personne ayant réalisé des économies dispose d’un nombre infini de possibilités pour les
placer : elle peut investir dans des objets rares ( art, antiquités, monnaies, timbres, voitures de col-
lection, etc. ) en espérant qu’ils prendront de la valeur au fil du temps, ou prêter l’argent à un ami
qui a une idée d’affaires prometteuse, ou encore acheter p. ex. des métaux précieux ( or, platine ).
Un investissement en papiers-valeurs peut donc s’avérer plus judicieux afin de créer une relation
plus équilibrée à l’intérieur du triangle magique.
Selon le code des obligations ( art. 965 CO ), des papiers-valeurs correspondent à tous les titres
auxquels un droit est incorporé d’une manière telle qu’il soit impossible de le faire valoir ou de
le transférer indépendamment du titre. Autrement dit : un titre représente un droit sur quelque
chose, et ce droit peut être vendu par la transmission du titre.
Les actions garantissent une part dans une entreprise, les obligations sont des titres de dette
émis par des particuliers ou les pouvoirs publics ( Etats, Confédération, cantons, communes ).
Le fait de posséder des actions permet d’être copropriétaire de l’entreprise, d’y avoir un droit
d’intervention ainsi que de participer aux bénéfices et aux pertes. Dans le cas d’obligations, la
personne devient créancière, elle attend un intérêt ainsi qu’un remboursement de la dette au
moment convenu.
Risque de
Rendement Disponibilité
placement
Obligations italiennes
Action Microsoft
Action Novartis
Obligation de la
Confédération
395
DROIT | ETAT | ECONOMIE
2000
1000
500
0
2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019
Bourse L’avantage de la plupart des titres est le fait qu’ils sont facilement négociables. S’ils sont cotés en
bourse, ils peuvent être cédés ou achetés à tout moment.
La bourse est le lieu de négoce des titres ( actions, obligations, etc. ), des devises ( bourse des
devises ) et des marchandises standardisées ( notamment les métaux précieux, le café, le pétrole
sur les bourses de commerce et des matières premières ). Le prix du jour est établi en fonction de
l’offre et de la demande. Ce prix est appelé cours pour les papiers-valeurs.
Contrairement au négoce hors bourse « over the counter » ( négoce OTC ), le négoce boursier
est contrôlé par l’autorité de surveillance nationale ainsi que par les services de surveillance du
négoce des bourses eux-mêmes. Ces autorités de surveillance veillent à empêcher les manipu-
lations de cours. Tous les acteurs du marché doivent suivre les mêmes règles et disposer des
mêmes chances. A partir du moment où les conditions deviennent déloyales, les participants
désavantagés restent en dehors du marché, qui alors s’effondre.
Grâce à des achats et à des ventes judicieuses, mais aussi à d’autres instruments boursiers, il peut
réaliser soit des bénéfices en cas d’augmentation, soit des pertes en cas de chute des cours.
Comme les spéculations représentent toujours un risque, les petits investisseurs, en particulier,
ne devraient placer qu’une partie de leur argent dans des affaires boursières et tenir compte de
pertes éventuelles.
396
ECONOMIE | ETAT | DROIT
0 100
-20
-40
Fonds de placement Une longue expérience montre qu’il vaut mieux, à long terme, placer son argent dans des titres
( actions et obligations ) que sur un compte épargne. Certes, les risques et fluctuations sont plus
grands, mais ils sont récompensés par un rendement plus attrayant.
Les épargnants ne disposant que d’un faible capital peuvent participer aux titres au moyen d’un
fonds : de nombreux investisseurs placent leurs économies dans un « pot commun ». Des gestion-
naires de fonds professionnels s’occupent de la gestion de l’argent.
Ces gestionnaires placent l’argent dans différents titres et réduisent ainsi le risque. Ils diversifient
le placement. C’est-à-dire qu’au lieu de « mettre tous les œufs dans le même panier » et courir ainsi
le risque de tout perdre en cas de la chute d’un cours, l’investissement est réparti sur plusieurs
titres, plusieurs catégories de placements et/ou différentes monnaies ou différents pays.
En règle générale, les parts de fonds ne sont pas limitées dans le temps et peuvent être retirées en
cas de besoin d’argent. Les gestionnaires investissent dans différents types de fonds en fonction
de la stratégie de placement qui peut être plus ou moins orientée vers le bénéfice ou la sécurité.
Capital
Particuliers, entreprises,
Banque
caisses de pension
Parts sociales
397
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Exemple : de nombreux investisseurs ( 5 000 p. ex. ) versent des montants relativement faibles
( p. ex. CHF 1 000.– chacun ) à la société de fonds. Celle-ci dispose donc de CHF 5 mio pour les
placements et peut tenir dûment compte du principe de la répartition des risques grâce à cette
somme élevée.
Le fonds effectue ses opérations bancaires par l’intermédiaire d’une banque dépositaire qui
conserve en son nom les papiers-valeurs. Il y a différents types de fonds :
Durée de
Risque Rendement
placement
Fonds monétaire
uniquement monnaies
faible faible à moyen dès 6 mois
monnaies locales
monnaies étrangères
Fonds obligataire
moyen moyen dès 3 mois
uniquement obligations
Fonds immobilier
uniquement immobilier
moyen à élevé moyen à élevé dès 8 ans
selon les sites / selon les objets
selon l’utilisation
Fonds en actions
uniquement actions
élevé élevé dès 8 ans
selon les régions / selon
les pays / selon les branches
Règle générale Pour réaliser le rendement le plus élevé de son patrimoine en prenant le moins de risque possible,
l’investisseur devrait demander conseil aux spécialistes bancaires. Il existe aussi sur le marché de
nombreux prestataires fournissant toutes sortes de possibilités de placements qui garantissent
des « rendements de rêve ». Mais la plus grande prudence est recommandée dans ces cas-là.
Épargner en vue Le système de prévoyance sociale suisse repose sur le principe des trois piliers. Vous trouverez
de la retraite des explications détaillées à ce propos dans le Chapitre assurance de ce Manuel.
La prévoyance privée liée ( pilier 3a ) pour les salariés et les indépendants est destinée à combler
les lacunes de la prévoyance vieillesse. En application de la Constitution fédérale et de concert
avec les cantons, la Confédération encourage la prévoyance individuelle par des mesures de poli-
tique fiscale et d’accès à la propriété privée. Ainsi, chaque employé et chaque indépendant peut
déduire des impôts ses versements de prévoyance, dans la mesure où ils s’effectuent auprès d’une
institution de prévoyance reconnue. En 2022, les employés peuvent verser jusqu’à concurrence
de CHF 6883.– par an dans leur troisième pilier et les déduire de leur revenu imposable.
Au vu des économies d’impôts, les produits du 3e pilier sont intéressants. Mais, surtout dans son
jeune âge, il faudrait absolument tenir compte du taux d’intérêt, c’est-à-dire choisir des formes de
placement qui offrent de bons rendements. En effet, au cours des années, de petites différences
d’intérêt peuvent avoir des répercussions considérables ( voir à ce propos le paragraphe « Objectif
d’épargne et intérêt » ).
398
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Vous pouvez augmenter le rendement en plaçant tout ou une partie de la fortune ainsi épargnée
dans des papiers-valeurs, mais le risque en est aussi plus élevé.
Prêts et crédits Dans certaines circonstances, il peut être judicieux d’emprunter de l’argent pour faire face à des
difficultés passagères. Ainsi l’exemple d’une jeune entreprise paysagiste qui pense ne pas pou-
voir honorer une commande importante, car ses propres moyens financiers ne suffisent pas pour
acquérir le matériel nécessaire. Elle s’adresse alors à sa banque pour obtenir un crédit en compte
courant qui lui permettra d’acheter ce qu’il lui faut. Une fois que le client aura payé son dû,
l’entreprise pourra réapprovisionner le compte et dégager un bénéfice. Dans ce cas, cela aurait
certainement été une erreur de ne pas recourir au crédit et de refuser la commande en raison
d’une insuffisance de capitaux. Rappelons encore une fois qu’une économie monétaire en bonne
santé a besoin de débiteurs solvables du moment que les créanciers ou les déposants s’attendent
à toucher des intérêts sur leurs prêts.
Quant à savoir si les emprunts font sens d’un point de vue économique, tout dépend de l’utilisa-
tion de l’argent et des ressources du débiteur. Pour évaluer la solvabilité de ce dernier, on tient
compte en particulier des sûretés qu’il propose en échange d’un crédit, c’est-à-dire s’il a des actifs
réalisables ou admis en nantissement, des contre-valeurs pouvant être saisies ou des revenus
fixes.
Prêts L’emprunteur reçoit du prêteur une somme fixe à un taux en principe fixé pour une période
également déterminée. Le prêteur peut être une banque, une société ou un particulier. Le rem-
boursement est également convenu d’avance ( paiement en une ou plusieurs tranches ). Si aucune
échéance n’est prévue, le délai de résiliation est de 6 mois pour les deux parties.
Montant du Crédit
prêt en CHF accordé en
CHF
Un contrat de prêt est conclu entre le prêteur et l’emprunteur ( art. 312 – 318 CO ).
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399
DROIT | ETAT | ECONOMIE
2 a ) Consultez les art. 313 et 318 CO et notez sur une feuille les éléments essentiels.
b ) Rédigez en groupes de deux un contrat de prêt clair et complet, qui contienne les points
principaux et les informations nécessaires. Présentez votre travail devant la classe. Élabo-
rez un modèle avec l’aide de l’enseignant/e.
Selon l’art. 88 CO, le contrat de prêt ne requiert pas la forme écrite. En effet, une quittance de
l’emprunteur suffit si la somme est modeste :
J’ai reçu ce jour de M. Pierre Keller, Lausanne, un prêt de CHF 2 000.– ( deux mille francs ). Je
m’engage à verser un intérêt annuel de 6 %. Le remboursement du prêt s’effectuera dans deux
ans, le 31 mai 20….
Lausanne, le 24 mai 20… Julien Clerc
Crédit Contrairement aux prêts, pour le crédit, ce n’est pas une somme fixe qui est prêtée. Au lieu de
cela, l’emprunteur peut utiliser son crédit jusqu’à concurrence d’un montant fixé ( limite de cré-
dit ). Reprenons l’exemple de notre jeune entreprise paysagiste. Elle pourra épuiser momentané-
ment son crédit pour acheter du matériel ; lorsque le client aura effectué un premier versement,
elle pourra rembourser une partie de sa dette, qui va ainsi diminuer et lui permettre de comman-
der du matériel supplémentaire ; la dette augmentera alors à nouveau. Une fois la totalité de la
somme remboursée par le client, le compte courant de la jeune entreprise affichera même un
solde positif jusqu’à la prochaine commande.
Les crédits sont remboursables en tout temps et, sauf convention contraire, résiliables à six se-
maines pour les deux parties.
Crédit à la consommation Quelques banques accordent des crédits aux particuliers pour le financement de biens de consom-
( petit crédit ) mation. Ces crédits étant accordés sans garanties – on les appelle aussi des crédits en blanc –
et les frais de traitement par rapport au montant du crédit étant élevés, les intérêts sont relati-
vement hauts. La loi prévoit une limite supérieure de 10 %, resp. de 12 % pour les cartes de crédit.
Les crédits à la consommation sont réglés en détail dans une loi spéciale ( Loi sur le crédit à la
consommation LCC, voir aussi pp. 94 ss ).
Prêts hypothécaires Bien des Suisses rêvent de posséder leur propre maison, leur propre appartement. Cependant,
le terrain à bâtir de notre petit pays entrecoupé de montagnes est rare ; la réalisation de ce rêve
devient donc cher. Une partie du financement se fera pour la plupart à l’aide d’un crédit bancaire
particulier appelé hypothèque.
Dans nombre de pays, on encourage la propriété foncière, car cette forme de propriété contribue
à la stabilité d’une société. Ainsi, les intérêts hypothécaires sont déductibles des impôts en Suisse,
ce qui augmente l’attractivité de cette forme de financement.
400
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Transfert de propriété Les terrains et les maisons ne peuvent pas être simplement « remis » comme une voiture ou
un smartphone. Il existe un registre foncier officiel, dans lequel chaque bien immobilier sis en
Suisse est inscrit. Le transfert de propriété ne devient valable en droit que lorsqu’il figure dans
ce registre foncier. Y sont également inscrites les servitudes qui s’y rapportent ( p. ex. droits de
passage ou hypothèques ).
Financement Pour financer un achat immobilier, il faut tout d’abord disposer de fonds propres. En règle gé-
nérale, ceux-ci devraient représenter au minimum 20 % de la valeur du bien-fonds. Ces fonds
propres proviennent par exemple d’économies, d’avances d’hoirie et de donations ou des capi-
taux de la caisse de pension, mais aussi de l’argent du 3e pilier.
Les fonds nécessaires restants sont mis à disposition par un institut de crédit, une banque ou une
assurance, sous forme de prêts garantis par gages immobiliers ; « garanti par gage immobilier »
signifie que le crédit est inscrit dans le registre foncier. Ainsi, un bien immobilier ne peut changer
de propriétaire sans que le bailleur de crédit n’en soit informé et remboursé le cas échéant.
C’est pourquoi de tels prêts garantis par gage immobilier sont considérés comme particulière-
ment sûrs ; dans le language courant, ils sont appelés hypothèques.
Il y a des hypothèques en 1er, en 2e et en 3e rang. L’octroi de l’avance sur un terrain repose dans
le cadre de l’hypothèque en 1er rang lorsque la banque en a financé 70 % au maximum. Les prêts
complémentaires sont financés avec des hypothèques de deuxième ordre. Le prêt – et le risque
– étant plus élevés, ces hypothèques sont plus chères ( taux d’intérêt plus élevés et prescriptions
de remboursement plus strictes ).
Sur le marché, l’on fait en principe la différence entre hypothèques à taux variable ( variation
constante du taux d’intérêt ) et hypothèques à taux fixe ( taux d’intérêt fixe pendant une longue
période ). Aujourd’hui, les banques offrent également des formes mixtes novatrices.
Le débiteur doit payer des intérêts ; mais il doit également amortir sa dette, c’est-à-dire rembour-
ser son emprunt petit à petit. D’une manière générale, il faudrait veiller à ce que le paiement des
intérêts et l’amortissement ne dépassent pas le tiers du revenu brut du débiteur.
Les familles suivantes ont-elles les moyens d’acquérir leur propre logement ?
Aidez-vous du calculateur hypothécaire d'une banque.
401
DROIT | ETAT | ECONOMIE
3 Comptes :
● plus les possibilités de retrait sont nombreuses, plus le taux d’intérêt est élevé
● plus les possibilités de retrait sont limitées, plus le taux d’intérêt est élevé
● le trafic mensuel des paiements peut être effectué via les comptes privés
● le trafic mensuel des paiements peut être effectué via e-banking
Suite
402
ECONOMIE | ETAT | DROIT
actionnaire/créancier
5 Les obligations :
● elles offrent en principe un taux d’intérêt inférieur à celui d’un compte d’épargne
● plus leur durée est longue, plus le taux d’intérêt est élevé
● sur la durée, le taux d’intérêt d’une obligation varie en fonction de l’évolution du marché
● le débiteur d’une obligation de caisse d’une banque est cette banque elle-même
● la banque auprès de laquelle on a acheté un emprunt obligataire est la débitrice
● Pour les emprunts obligataires : plus la solvabilité du créditeur est bonne,
plus l’intérêt est élevé
6 Les actions :
● plus le bénéfice de la société est élevé, plus l’intérêt versé à l’actionnaire est élevé
● plus le bénéfice de la société est élevé, plus le dividende est susceptible d’être élevé
● actions au porteur : le porteur est le propriétaire
● actions au porteur : il est vérifié à qui elles sont vendues
● actions nominatives : il est normalement vérifié à qui elles sont vendues
● les gains en capital réalisés sur les actions sont imposables en Suisse
7 Nommez quatre facteurs importants qui déterminent le cours boursier d’une action.
1. 2.
3. 4.
de leur revenu
● 3 e
pilier : les salariés peuvent déduire plus de CHF 6 000.– environ par année
de leur revenu imposable
● l’argent du 3 e
pilier peut être utilisé en tout temps, pour acheter une voiture par exemple
403
DROIT | ETAT | ECONOMIE
■ somme fixe
■ variation du taux d’intérêt en fonction de l’évolution du marché
■ taux de remboursement fixe
■ peut normalement être résilié dans les 48 heures
■ ne peut être résilié que conformément au contrat
404
ECONOMIE | ETAT | DROIT
28 DURABILITÉ
28.1 Economie, écologie et durabilité
Les notions d’économie et d’écologie proviennent toutes deux de la racine de l’ancien grec
« oikos » ( la maison, le ménage ).
Dans ce contexte, l’écologie se réfère aux « principes de la gestion de la nature » et l’économie aux
« principes de la gestion » tels qu’ils se reflètent dans le principe économique ( voir chapitre 20.4).
Ces deux notions n’ont pas seulement la même racine, mais elles impliquent de plus une manière
de penser commune: nous devons « ménager » nos biens rares, aussi bien dans le domaine écono-
mique que dans le domaine privé. Toutes nos actions doivent refléter la durabilité.
Définition Un comportement n’est qualifié de durable que lorsqu’il permet à long terme le même comporte-
ment aux générations futures sans compromettre leurs chances.
➞ Durabilité écologique
Pratiquer une écologie durable signifie adopter un mode de vie qui exploite les ressources
fondamentales de la vie que dans la mesure où elles peuvent se régénérer ( pas de « surex-
ploitation de la nature » ).
➞ Durabilité économique
Une gestion économique est durable lorsqu’elle peut se pratiquer à long terme tout en mé-
nageant les ressources rares ( pas question de « vivre au-dessus de ses moyens » ).
➞ Durabilité sociale
Un Etat ou une société doivent être organisés de telle sorte que les tensions sociales soient
limitées et que les conflits puissent être réglés d’une manière pacifique ( « évolution au lieu
de révolution » ).
405
www.coop.ch
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Objectifs de développement PAS FAIM BONNE SANTÉ ÉDUCATION ÉGALITÉ ENTRE EAU PROPRE ET
durable DE PAUVRETÉ «ZÉRO» ET BIEN-ÊTRE DE QUALITÉ LES SEXES ASSAINISSEMENT
2016–2030
EXERCICES | CHAPITRE 28.1.1
b) Les moyens financiers (ressources) susceptibles d’être utilisés pour concrétiser ces
objectifs sont limités. Vous disposez d’un CHF 1.00.–. Répartissez ce franc parmi les objec-
tifs: combien de centimes êtes-vous prêt à investir pour chaque objectif ?
Additionnez les montants individuels par objectif dans votre groupe/classe. Vous obtiendrez
alors l’ordre des priorités pour votre groupe/classe. Comparez cette structure à la vôtre:
où se situent les différences les plus significatives? Qu’elle en est la cause ?
406
www.coop.ch
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Pour que la communauté internationale soit sur la bonne voie et que les objectifs soient mis en
pratique, un système d’observation et de contrôle efficace doit être mis en place. L’Agenda 2030
prévoit un mécanisme qui englobe les niveaux national, régional et mondial, avec pour base les
rapports nationaux.
En Suisse, l’Office fédéral de la statistique a établi un système basé sur environ 100 paramètres
(indicateurs) qui ont été groupés conformément aux 17 ODD. Ces indicateurs sont actualisés
chaque année en automne.
L’ensemble des résultats des contrôles nationaux sont rassemblés à l’échelle mondiale lors du
« Forum politique de haut niveau pour le développement durable » de l’ONU (High Level Political
Forum on Sustainable Development, HLPF). Le HLPF est la commission chargée de contrôler la
mise en application de l’Agenda 2030. Le forum discute des résultats, tire des conclusions et
formule des recommandations. Chaque pays a la possibilité de prendre part à la discussion et de
présenter l’état d’avancement dans son propre pays.
De plus, les entreprises et les organisations privées en viennent de plus en plus à faire référence
aux ODD dans
EXERCICES | CHAPITRE 28.1.2
c) Choisissez une colonne du tableau qui vous parait particulièrement importante et examinez
les objectifs pluriannuels de Coop qui y sont énumérés. Que pensez-vous des mesures prises
par Coop pour contribuer à atteindre les ODD ?
Dans ce manuel, nous nous concentrons sur les acteurs du cycle économique (cf. chapitre 21.1), les
entreprises et les ménages. Que signifie la durabilité pour ces deux groupes ?
Les entreprises sont des entités productives. Par un processus de valeur ajoutée, elles transfor-
ment les facteurs de production sol, travail, capital et savoir en biens et services ( voir chap. 20.7 ).
Cependant, les facteurs de production naturels ( sources de matières premières et d’énergie )
sont rares.
407
www.coop.ch
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Raréfaction des ressources La croissance de la population mondiale et le niveau de vie de plus en plus élevé entraînent une
diminution des ressources, notamment des matières premières fossiles telles le pétrole et le gaz
naturel. Les répercussions de cette raréfaction peuvent en particulier se refléter dans des aug-
mentations de prix, une diminution de la qualité de vie et une augmentation des conflits.
Extraction et traitement Lors de la production, il s’agit de différencier entre matières premières agraires et industrielles.
des ressources Les premières proviennent de l’agriculture, de la sylviculture et de la pisciculture et sont de
nature animale ou végétale. Elles sont capables de se régénérer, pour peu que la surexploitation
soit évitée. Les matières premières industrielles par contre sont de nature anorganique ou fos-
sile, sont extraites des mines et quantitativement limitées. Par ailleurs, la plupart des matières
premières doivent être affinées dans les usines avant de pouvoir être consommées par les
ménages. Ce traitement, souvent même déjà l’extraction, cause un rejet perturbant d’émissions
dans l’environnement.
Les entreprises sensibilisées à l’écologie veillent à « ménager » les ressources précieuses et rares
et essayent de réduire les émissions nocives, ceci pour éviter la pollution de l’air, du sol ou des
nappes phréatiques d’une part, et d’autre part pour protéger collaborateurs, habitants et clients
contre les atteintes à l’environnement. Ce faisant, elles contribuent massivement à améliorer la
qualité de vie. Ces entreprises conscientes de leurs responsabilités documentent souvent leurs
efforts dans ce domaine en publiant des rapports environnementaux ou en établissant des bilans
écologiques ( voir partie 28.7 Ecobilans ).
Par exemple les initiatives « des actes et non des paroles » de Coop ont pour but de:
➞ Éviter
Objectif pluriannuel 4.2 P « Eviter le gaspillage alimentaire et s’assurer que 99 % des denrées
alimentaires produites arrivent dans les canaux de vente .»
➞ Réduire
Objectif pluriannuel 4.4 D « Réduire de 20 % par rapport à 2021 la part de plastique dans les
emballages et produits jetables de marque propre. »
➞ Compenser
Objectif pluriannuel 3.1.4 / 5 Émission de dioxyde de carbone: « Les émissions de CO2
générées par le transport aérien sont compensées intégralement depuis 2007 par des
projets développés en coopération avec le Fonds mondial pour la nature (WWF) dans
le cadre de la chaîne de valeur de Coop. »
Du point de vue de la durabilité, les entreprises peuvent être réparties dans les catégories suivantes:
Contribuer à résoudre
Durabilité Préoccupations économiques, Création d’avantages
les problèmes de durabilité
entrepreneuriale 3.0 écologiques et sociales pour la société
de la société
( Source: Représentation simplifiée, voir Thomas Dyllick « Eine Typologie unternehmerischer Nachhaltigkeit », cit. selon NZZ du 16.12.2015, p. 29 )
408
www.coop.ch
ECONOMIE | ETAT | DROIT
EXERCICE | CHAPITRE 28.2
Choisissez une entreprise suisse importante qui vous est familière ( p. ex. parce que vous
y faites votre apprentissage, qu’un de vos parents y travaille ou qu’elle est située dans votre
région ). Faites une recherche et classifiez les efforts de durabilité de cette entreprise selon
le tableau de la page précédente.
À quel niveau se trouve cette entreprise ? Justifiez votre réponse.
Alors que les Objectifs de développement durable ( ODD ) ( voir introduction du chapitre)
s’adressent en premier lieu aux pays et invitent les autorités publiques à agir, cette approche des
objectifs basés sur la science ( Science Based Target Initiative ( SBTI ) ) s’adresse aux entreprises.
SBTI est une initiative commune du CDP ( www.cdp.net ), du United Nations Global Compact
UNGC ( www.globalcompact.de ), du World Resources Institute WIR ( www.wri.org ) et du WWF
( www.wwf.ch ), qui développe des méthodes et des critères pour une protection efficace du cli-
mat dans les entreprises et évalue les objectifs correspondants des entreprises.
Une approche globale L’approche englobe le processus de création de valeur au sein de l’entreprise elle-même, mais
aussi les secteurs situés en amont et en aval, comme le montre ce schéma :
( Source : https://www.my-
climate.org/fr/sengager/ CH4 HFCS
clients-entreprises/objec-
SF6
tifs-science-based-targets/ ) CO2 PFCS
N2O
Scope 3 Scope 3
INDIRECT INDIRECT
Scope 2 investissements
biens mis en location Scope 1
INDIRECT DICEKT
franchises
déplacements approvision
pendilaires nement en installations
biens mis en
électricité, de l’entreprise
déplacements location
vapeur, chaleur
professionnels véhicules
et froid pour traitement de
de l’entreprise
déchets générés son propre fin de vie des
durant l’exploitation usage processus produits vendus
transport et
distribution utilisation des
produits vendus
combustibles et
consommation transformation
d’energie des produits
vendus
biens d’équipement
approvisionnement transport et
en biens et services distribution
409
www.coop.ch
DROIT | ETAT | ECONOMIE
Ainsi, SBTI recommande aux entreprises d’investir également en dehors de leur propre processus
de création de valeur afin d’atténuer le changement climatique, en développant des méthodes,
des critères et des recommandations spécifiques à chaque secteur ( par exemple pour la finance,
l’industrie textile ou le secteur informatique ).
Plus de 1000 entreprises dans le monde ont aujourd’hui adhéré à cette initiative, en Suisse par
exemple Coop.
Pour illustrer cette consommation de ressources, le Suisse Mathis Wackernagel et ses collègues
ont implanté la notion d’empreinte écologique. L’empreinte écologique est la superficie géogra-
phique nécessaire pour subvenir de façon durable aux besoins d’un être humain et absorber ses
déchets, compte tenu des technologies et de la gestion des ressources actuelles. Elle comprend
donc les surfaces nécessaires à l’habitat, à la production de vêtements et de denrées alimentaires,
à la mise à disposition d’énergie, mais aussi à l’élimination des déchets.
L’empreinte écologique est une sorte de « comptabilité des ressources » et montre si et dans
quelle mesure l’utilisation de la nature dépasse la capacité de notre espace vital de produire
des matières premières et de résorber les matières nuisibles ( biocapacité ). L’utilisation des res-
sources serait écologiquement durable si l’empreinte écologique correspondait à la biocapacité.
En 2017, l’empreinte écologique par tête mondiale a dépassé la biocapacité par tête de 1.2 gha. Les
pays d’Amérique du Nord et quelques pays européens consomment jusqu’à 4.5 fois plus de res-
sources par personne que celles qui leur reviennent selon la biocapacité mondiale de 1.6 gha, alors
que le Sud-Est asiatique et l’Afrique se situent notablement en-dessous de la moyenne mondiale.
USA (8.0 gha) La Suisse ( 4.5 gha ) La Chine ( 4.0 gha ) Le Burundi ( 0.9 gha )
410
www.coop.ch
ECONOMIE | ETAT | DROIT
Empreinte écologique de 8
la Suisse et biocapacité
7
mondiale
en hectares globaux 6
par personne 5
0
1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015
L’objet de critiques L’« empreinte écologique » et la « biocapacité » font cependant aussi l’objet de critiques. Ainsi,
l’empreinte écologique n’évalue-t-elle que presque exclusivement la charge de CO2 causée par
l’homme ; les problèmes tels la destruction des sols, la raréfaction de l’eau ou la diminution des
espèces ne sont pas pris en considération par l’empreinte écologique. Et puis, la biocapacité est
bien trop statique. L’offre de ressources de la Terre n’est pas une grandeur fixe, mais dépend
notamment du progrès technique. La capacité de récupérer des matières premières ( exemple
« fracture hydraulique » ) ou d’éliminer des substances nocives ( exemple « stations d’épuration
des eaux » ) est fortement influencée par les innovations techniques, ce qui de nouveau change
notre biocapacité.
EXERCICES | CHAPITRE 28.4
a ) En regardant le graphique au-dessus, vous constatez que notre biocapacité par tête stagne
depuis les années 1960 et est même en recul. Pour quelle raison ?
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Températures moyennes
mondiales depuis 1850 1850 1900 1950 2000
Définition Le « changement climatique » désigne généralement toute modification du climat. Selon les
conclusions scientifiques, le réchauffement climatique se produit actuellement à une échelle sans
précédent.
L’augmentation rapide de la température peut avoir des conséquences dramatiques dans notre
monde densément peuplé ( inondations, précipitations et glissements de terrain d’une part,
sécheresse et mauvaises récoltes d’autre part ); c’est pourquoi l’on aimerait limiter le réchauffe-
ment global.
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Russie
8 % Japon Inde
4 % 3 %
production d’électricité
air 13.6
1.0
transports routiers
7.3
eau
0.9
autre 1.6
train 0.2
EXERCICES | CHAPITRE 28.5
c ) Dans les milieux de la durabilité, l’on travaille et argumente souvent avec « l’équivalent CO2 ».
Faites une petite recherche sur Internet pour savoir de quoi il s’agit et pourquoi
ce terme est utilisé.
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IPCC Les connaissances scientifiques actuelles concernant le changement climatique sont discutées et
résumées par le GIEC ( Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat [en an-
glais Intergovernmental Panel on Climate Change ( IPCC] ). Le GIEC demande une limitation de la
hausse de la température à 2° C par rapport au niveau de l’ère préindustrielle. Son dépassement
ne permettrait plus de contrôler les conséquences du changement climatique ; il en résulterait des
conditions météorologiques extrêmes et d’autres événements climatiques dangereux.
Résistances politiques Mais la politique a de la peine à agir, et ceci pour deux raisons :
1 Les contremesures sont chères et influencent fortement notre manière de vivre habituelle.
Leur impact se situe loin dans le futur et ne sera bénéfique que pour des gens qui ne peuvent
pas encore voter.
2 Le changement climatique est un problème global, mais les gens continueront à penser au
niveau national et local aussi longtemps qu’ils ne verront aucune menace claire et immédiate
au niveau global.
Malgré cela, on est parvenu dans un « accord sur le climat » à une entente internationale après des
années de tergiversations.
Objectifs et 1 Ancrage d’un objectif climatique. Ainsi, le réchauffement global moyen de l’atmosphère ter-
mesures convenus restre doit rester notablement inférieur à 2° C par rapport au niveau de l’ère préindustrielle.
2 Tous les pays doivent présenter à l’ONU des objectifs de réduction définis au niveau national.
Ceux-ci seront vérifiés en 2023 et ensuite tous les cinq ans et renforcés le cas échéant.
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Entre 2050 et 2100, les émissions de gaz à effet de serre doivent tomber à zéro net, càd qu’il faut
réaliser un « équilibre entre les émissions causées par l’homme et l’élimination des émissions de
gaz à effet de serre en les diminuant » ( p. ex. reconstitution des forêts ou autres formes d’élimi-
nation artificielle de CO2 ).
Selon la communauté scientifique, les émissions nettes de CO2 et d’autres gaz à effet de serre
devraient être réduites rapidement et ramenées à zéro au niveau mondial entre 2040 et 2050 au
plus tard. Plus la réduction est rapide, plus la probabilité de ne pas dépasser 1,5 degré est grande.
Un équilibre doit donc être atteint entre les émissions dûes à l’être humain ou l’élimination des
émissions de gaz à effet de serre (par exemple grâce à un reboisement des forêts ou à d’autres
formes d’élimination artificielle du CO2 de l’atmosphère).
Et finalement, le Conseil mondial du climat est appelé à faire d’ici 2018 un rapport indiquant com-
ment atteindre un objectif de 1,5 degrés.
Les Conférences de l’ONU Deux ans après l’accord de Paris sur le climat, un «recueil de règles» a été élaboré dans la ville al-
de Bonn et Katowice sur les lemande de Bonn par des représentants de gouvernements et des experts. Il donne des directives
changements climatiques pour les rapports que les pays participants devront à l’avenir déposer tous les cinq ans sur l’«état
des lieux global». Il faut p.ex. pouvoir s’assurer qu’une tonne de dioxyde de carbone signifie la
même chose partout. Par ailleurs, les rapports doivent informer de manière uniforme sur des
mesures concernant l’adaptation aux changements climatiques.
En outre, il s’est agi du mécanisme «ambitions» ou «à cliquet». Celui-ci prévoit que les mesures
pour la protection du climat planifiées deviendront plus ambitieuses tous les cinq ans.
Fin 2018, 14 000 délégués de 195 pays se sont réunis à Katowice, en Pologne, et ont convenu
d’un ensemble de règles pour concrétiser les intentions exprimées dans l’accord de Paris. Outre
l’entente sur des questions techniques (par exemple: qu’est-ce qui compte comme réduction de
CO2, qui surveille les progrès des pays?), les «nationally determined contributions» (NDC) ont été
au centre de l’attention.
Dans celles-ci, les pays s’engagent, sur base volontaire, à prendre des mesures concrètes au ni-
veau national pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris.
L’accord de Paris n’a été rendu possible que parce que les pays participants acceptent de plus en
plus une protection du climat basée sur le volontariat. C’est pourquoi il n’y aura guère de progrès
dans ce domaine sans bonne volonté mutuelle. On l’a vu notamment lors des deux conférences
de suivi à Madrid et Glasgow. Les résultats de ces rencontres ont été modestes.
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À l’instar de Greta Thunberg, initiatrice du mouvement, les collégiens descendent dans la rue
chaque vendredi pendant les heures de cours pour protester. Depuis, de nombreuses organisations
de soutien régionales, nationales et mondiales se sont constituées, en particulier le mouvement
Scientists for Future qui fournit aux jeunes des bases scientifiques leur permettant d’argumenter
avec plus de force.
Les acteurs politiques réagissent à cette « pression de la rue » en adoptant des mesures de plus en
plus incisives au niveau national. Le mouvement a toutefois perdu de sa force en raison d’autres
crises ( pandémie de coronavirus, conflit ukrainien ). Nombre de ses militants de la première
heure se sont retirés ou poursuivent désormais une carrière politique traditionnelle ( par exemple
comme candidats aux élections législatives ).
PD écologiques Les paiements directs (PD) sont un instrument de pilotage important de la politique agricole
suisse. Avec les PD écologiques sont compensées des prestations particulièrement écologiques.
L’objectif de ces paiements directs est notamment de préserver la biodiversité dans les régions
agricoles et de l’augmenter, d’élever les animaux de rente de façon spécialement respectueuse,
de réduire l’utilisation des engrais et des produits phytosanitaires, de diminuer la charge en ni-
trates en phosphore des eaux et d’utiliser la zone d’estivage (les Alpes) de façon durable.
Labels Nos deux détaillants Coop et Migros écoulent ensemble plus de 80 % des produits agricoles
indigènes. Ils sont très importants pour la vente des produits suisses et peuvent donc inciter da-
vantage les paysans à pratiquer la durabilité dans leurs relations avec les plantes et les animaux.
Ils utilisent leurs propres labels, grâce auxquels le client reconnaît immédiatement la qualité des
produits:
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Naturaplan p. ex. est le label de Coop pour les denrées alimentaires produites de façon biologique
selon les directives de Bio Suisse, avec le label de qualité du Bourgeon. Le Bourgeon est la marque
des entreprises agricoles et horticoles suisses qui cultivent selon les directives de Bio Suisse ; ces
directives fixent les standards bio les plus élevés au niveau mondial.
La surface agricole bio de la Suisse s’étend sur plus de 177 000 hectares, ce qui correspond à en-
viron 250 000 terrains de football. Par rapport à il y a 20 ans, le nombre des exploitations suisses
bio a presque quintuplé. Entretemps, quelque 7 500 paysan /nes produisent selon les directives
de Bio Suisse.
Des exigences strictes Les exigences sont multiples et strictes: pour leurs champs, les paysans bio utilisent en grande
partie des engrais organiques. Il n’est pas permis d’utiliser des engrais azotés synthétiques, car leur
production nécessite beaucoup d’énergie et a une incidence sur le climat. Le paysan ne cultive ja-
mais deux fois de suite la même plante sur un champ bio. Après le chou vient p. ex. le poireau, puis
la salade, ensuite les carottes, etc. Ainsi, les sols restent fertiles à long terme et ne sont pas lessivés.
Les fruits et légumes bio ne contiennent pas de résidus toxiques, car les pesticides chimico-syn-
thétiques tels que les herbicides, les insecticides et les fongicides sont interdits dans les fermes
bio, ce qui signifie davantage d’êtres vivants et une plus grande biodiversité. Les animaux bio sont
robustes et vivent longtemps, car ils proviennent de races adaptées au lieu. Les mammifères se
nourrissent principalement d’herbe et de trèfle. Concrètement, ils sont nourris à 90 % minimum de
fourrages grossiers tels que l’herbe et le foin. Les aliments concentrés ne peuvent représenter que
10 % au maximum de l’alimentation, et le foin provient en règle générale de la ferme elle-même.
Le respect de ces directives est contrôlé régulièrement par une instance indépendante.
Quelques défis L’agriculture est la plus grande utilisatrice de surface de Suisse ; elle porte une grande responsa-
bilité pour la biodiversité, la protection du climat, des eaux et des sols ainsi que pour la qualité de
l’air. Des engrais utilisés de manière inappropriée, les produits phytosanitaires ou les méthodes
d’exploitation peuvent entraîner des charges environnementales graves. C’est pourquoi il faudra à
l’avenir prêter une plus grande attention à l’utilisation d’engrais et de pesticides, mais aussi d’an-
tibiotiques. Avec les nouveaux résultats de recherche et une formation des paysan/nes actifs et
futurs, l’on vise une utilisation plus écologique de ces adjuvants qui restent importants ; de même
le développement de produits phytosanitaires biologiques est-il indispensable. Les PD déjà men-
tionnés soutiennent également cette évolution.
Le recul constant des exploitations agricoles pose un autre problème. Alors que certains y voient
un assainissement structurel nécessaire, d’autres craignent une menace pour la sécurité de l’ap-
provisionnement et l’abandon d’espaces de montagne entiers. Il est cependant possible d’influen-
cer cette évolution par une politique de PD axée sur la durabilité.
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Producteur important Chocolats Halba produit du chocolat pour le commerce et l’industrie. Elle génère plus de 80 % de
son chiffre d’affaires en Suisse. A son siège principal à Pratteln, la productrice de chocolat trans-
forme le cacao du Ghana, du Honduras, d’Equateur et du Pérou en plaques, couvertures, lapins de
Pâques et articles de confiserie.
L'approche durable complet Dans le secteur du chocolat, Chocolats Halba joue un rôle de pionnière dans le domaine de la
durabilité. Elle réalise 80 % de son CA avec des produits chocolatiers qui remplissent les plus
hautes exigences en matière de durabilité et porte au minimum l’un des labels « Fairtrade »,
« Bio », « UTZ » ou « Carbon Neutral Product ».
La coopérative Coop est en même temps propriétaire et plus grosse cliente de l’entreprise.
Sur la base d’un dialogue intensif entre elle et de nombreuses autres parties prenantes (les
« Stakeholders » comme collaborateurs, fournisseurs, autorités et organisations non gouvernemen-
tales), Chocolats Halba a développé une stratégie pour le développement durable reposant, qui re-
pose sur les trois piliers: approvisionnement, production & collaborateurs ainsi que marketing & vente.
Intégrité
Objectif: Chocolat Halba est une entreprise digne de confiance (intègre) et est perçue
comme telle par ses parties prenantes.
PILIERS STRATÉGIQUES
Le tout est un excellent exemple d’approche durable complet. La stratégie développe des objec-
tifs et attend des actions dans les domaines écologie, économie et social. Elle comprend toute
la chaîne de valeur et ne se limite pas seulement à ce qui se passe sur son propre terrain de
fabrication.
D’ailleurs, Chocolats Halba a emménagé en 2017 dans un nouveau site de production à Prat-
teln BL. L’énergie consommée provient à 90 % d’énergies renouvelables. L’électricité provient de
l’énergie hydraulique et d’installations solaires placées sur le toit. Pour la production de chocolat,
il faut énormément de chaleur. La chaleur peut être produite à 47 % par une installation à copeaux
de bois et à 53 % par récupération de chaleur provenant d’appareils de ventilation et générateurs
d’air comprimé. La provenance du bois utilisé pour le chauffage à copeaux se situe dans un rayon
de 50 km autour de Pratteln. Comme Pratteln est idéalement connecté au réseau fluvial et fer-
roviaire, une partie de la marchandise peut être acheminée par voie d’eau et par chemin de fer.
Quelques défis Dans l’approvisionnement, les projets de culture mixte qui ont du succès continuent à être dé-
veloppés, par exemple en Équateur, au Ghana et au Honduras. Les petits paysans profitent dans
la même mesure que le producteur de chocolat du cacao qualitativement élevé de culture bio-
logique. Le changement climatique, les sols épuisés et les monocultures sensibles aux maladies
représentent en effet des défis pour toute la branche du cacao.
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Le nouveau site de production de Pratteln permet à Chocolats Halba de franchir un pas important
dans la production durable. Il s’agit ici de promouvoir d’autres améliorations de l’approvisionne-
ment en énergie. Par ailleurs, il faut encourager la durabilité sociale (par exemple concilier vie
familiale et vie professionnelle).
Des efforts divers Mais la plupart des efforts en matière de durabilité ne sont pas immédiatement visibles pour le
client: cela commence par le réassortiment, donc le fait de (re)commander des marchandises.
Comme tous les produits sont munis de codes-barres, l’on sait rapidement et exactement quels
marchandises sont vendues et doivent être recommandées. Cela permet d’éviter les stockages
trop longs et les altérations de marchandises. Les livraisons elles-mêmes s’effectuent autant que
possible par rail. Pour cela, Coop s’est vu décerner le Prix de la Fondation suisse pour l’envi-
ronnement 2015 récompensant tout ce qu’elle fait pour promouvoir l’approvisionnement de ses
points de vente au moyen du transport combiné non accompagné (TCNA). Plus de la moitié de
tous les transports entre les centrales de distribution nationales et régionales se font aujourd’hui
déjà par chemin de fer. Pour la distribution fine, l’on utilise des camions à biodiesel ou même des
camions électriques.
Une conception innovante La construction d’une succursale permet d’économiser énormément d’énergie et de CO2. Ainsi,
un magasin Coop a récemment ouvert ses portes à Fully VS. Il s’agit d’une conception innovante.
Le bâtiment est l’un des 27 projets pilotes certifiés par le nouveau « Standard de Construction
Durable Suisse » (SNBS). La nouvelle construction joue notamment un rôle de pionnier en ma-
tière énergétique. En effet, bien que Coop se conforme au standard Minergie pour les travaux de
construction et de rénovation de ses points de vente, le SNBS va bien plus loin. Ainsi p. ex. les
émissions annuelles de CO2 de Fully ne s’élèveront-elles plus qu’à 2,5 tonnes environ.
(Source: Le magasin Coop à Fully ;
Nicolas de Neve)
Diverses mesures permettent d’atteindre de telles valeurs: « Pour le chauffage, nous utilisons
d’une part les rejets thermiques des installations frigorifiques, d’autre part une pompe à chaleur
air/eau », explique un responsable de Coop. « De plus, 673 m2 de panneaux photovoltaïques ins-
tallés sur le toit fournissent de l’électricité verte. La production annuelle d’environ 100 000 kWh
couvre une partie de la consommation de courant du point de vente. »
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DROIT | ETAT | ECONOMIE
L’impact de telles mesures sur la consommation d’énergie et des émissions de CO2 est impres-
sionnant :
Succursales Coop magasin non rénové nouveau magasin Fully (SNBS certifié)
Consommation d’energie
C
et émission de CO2
CO2
100 % 100 %
100 %
80 %
4 % 4 %
Utilisation novatrice de la Coop cherche constamment des mesures novatrices pour faire baisser la consommation d’énergie
technique photovoltaïque et les émissions de CO2 dans ses points de vente. L’accumulateur de glace permet d’éliminer deux
(PV) problèmes avec une solution plus efficiente du point de vue énergétique: l’installation photovol-
taïque (PV) placée sur le toit du magasin d’Etagnières produit, surtout le dimanche, du courant
excédentaire. Celui-ci devrait normalement alimenter le réseau électrique, ce qui le chargerait trop
à cause des variations de la puissance. Au lieu de cela, on se sert de cette énergie pour produire
de la glace.
Cette glace est à son tour utilisée pour le refroidissement du magasin. Comme l’énergie frigo-
rifique commerciale représente près de 60 % de la consommation d‘énergie totale annuelle des
plus gros consommateurs, l’accumulateur de glace permet de réduire considérablement le besoin
en électricité. Ce concept permet de décharger le réseau électrique, et l’utilisation propre de
l’installation PV peut être augmentée de 60 % à plus de 90 %.
(Source: Philipp Zinniker)
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Par ailleurs, outre le toit, les façades du magasin d’Etagnières sont également utilisées pour gé-
nérer de l’énergie solaire.
Ce magasin n’est pas le seul où Coop applique ces techniques. La façade du Letzipark à Zurich
génère également du courant.
Quelques défis Pour l’approvisionnement, Coop mise de plus en plus sur une transparence complète. D’où vient
un bien et dans quelles conditions a-t-il été produit ? Ces informations ne sont pas toujours faciles
à se procurer ni à contrôler, surtout dans le commerce international ; c’est pourquoi une coopé-
ration avec des organisations à but non lucratif reconnues, p.ex. avec la fondation Max Havelaar,
devient de plus en plus importante.
Pour avoir une logistique plus durable, Coop mise d’une part sur les produits régionaux, qui ne
nécessitent pas des trajets trop lointains. D’autre part, elle achemine p. ex. le plus souvent possible
les marchandises par chemin de fer. En outre, Coop a ouvert la première station-service à hydro-
gène de Suisse et transporte des marchandises avec le premier camion à hydrogène en série au
monde.
Au point de vente finalement, l’on introduit constamment des nouveautés techniques qui rendent
possibles des économies d’énergie. Par ailleurs, la production d’énergie sur place (installations
solaires, couplage chaleur-force) doit être étendue.
Les écobilans permettent l’analyse des points faibles écologiques. Les producteurs peuvent utili-
ser ces informations pour développer des produits plus éco-compatibles. Le consommateur peut
étudier ces écobilans, les comparer à ceux de biens alternatifs et modifier ainsi sa consommation.
En principe, le procédé permettant d’établir un écobilan dans une norme ISO est fixé dans le
monde entier. Des données relatives à la charge environnementale sont collectées pour toutes
les phases du cycle de vie. Mais maintenant suit la phase décisive, l’interprétation des chiffres.
Un produit nuit peut-être moins à l’eau, mais par contre produit beaucoup d’émissions de CO2.
Et c’est le contraire pour un autre produit. Qu’est-ce qui pèse le plus: la consommation d’eau ou
les émissions de CO2 ?
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Vient s’y ajouter le fait qu’il n’y a pas de méthodes d’évaluation largement acceptées pour beau-
coup d’aspects environnementaux, comme p. ex. pour des domaines centraux tels que la biodiversité
ou la qualité des sols. D’autres thèmes tels que p. ex. les risques liés aux centrales nucléaires ou la
pollution causée par les catastrophes pétrolières n’entrent pas non plus dans les écobilans. Ni tous
les autres domaines de la durabilité comme p. ex. le bien-être des animaux ou des aspects sociaux.
Rien que ce petit exemple du plaisir du café illustre la complexité des relevés ( et des hypothèses
formulées ):
C’est pourquoi il faut toujours veiller aux dimensions de l’écobilan considéré, càd de quels aspects
( aussi bien dans le sens de la simplification que de la manipulation ) il ne tient pas compte.
EXERCICES | CHAPITRE 28
1 L’accord climatique de Paris
Suivez dans la presse et les médias le développement actuel dans le contexte de l’accord
climatique de Paris. Quelles sont les mesures prises par la Suisse ou par d’autres pays de
votre choix et qui se réfèrent à cet accord ?
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ECONOMIE | ETAT | DROIT
2 Labels alimentaires
En coopération avec le WWF Suisse, Helvetas et la Fondation pour la protection des consomma-
teurs SKS, la Fondation suisse pour la pratique environnementale Push a
évalué les 31 labels les plus importants représentés sur le marché alimentaire suisse du
point de vue durabilité et en a publié l’évaluation dans un guide. N’ont été évalués que
les labels alimentaires couvrant plus d’un aspect en matière de durabilité et présents
dans toute la Suisse ou dans de grande parties de la Suisse. Téléchargez le guide sous
www.labelinfo.ch/fr/home et expliquez en quelques mots à votre classe sur la base
de quels critères tel ou tel label a été évalué comme étant « excellent » ou
« partiellement recommandé ».
3 Les écobilans
Il y a les écobilans qui tiennent compte de l’aspect environnemental d’un produit, les écobilans
comparatifs qui en comparent plusieurs et les bilans globaux qui tiennent compte d’aspects
économique, techniques et/ou sociaux. Cherchez des exemples de tels bilans et présentez-en
le résumé à votre classe.
4 Agriculture
A quelles différences essentielles une exploitation agricole doit-elle veiller si elle désire fournir
Coop sous le label « SUISSE GARANTIE » ou « Naturaplan » ?
5 Chocolats Halba
Chocolats Halba réalise plus de 80 % de son chiffre d’affaires avec des produits qui portent au
moins l’un des labels « Fairtrade », « Bio », « UTZ » ou « Carbon Neutral Product ». Présentez ces
labels à votre classe après avoir fait une petite recherche.
8 Fairtrade
Dans la courte vidéo que vous trouverez sur la page du partenaire de Coop (durée: 3:14 minutes),
le représentant local de Fairtrade porte vers la fin un t-shirt muni du logo de Fairtraide avec la
devise « The POWER OF YOU »
423
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INDEX DES MATIÈRES
H
hexagone magique 291
E hypothèque 400
écobilans 421
économie de marché 279
économie nationale 260 I
économie planifiée 280 impôt anticipé 224
économie, tâche de 246 indice de Gini 267
effets du mariage 33 indice national des prix à la consommation 276
égalité entre femmes et hommes (LEg) 123 individualisme 280
élasticité des prix 273 initiative populaire 197
empreinte écologique 410 Intérêts négatifs 294
entreprise 255 IPC 276
entreprise individuelle 139
Etat 187
évolution structurelle 253 K
exécution des obligations 78 Keller-Sutter, Karin 192
expansion 289 Keynes, John Maynard 290
F L
facteurs de production 255 l’atteinte à la personnalité 24
facture 87 League for Hope 372
fédéralisme 194 lettre de change 149
flowchart 314 ligne directrice 332
flux financiers 261 LPD, but de la 27
flux réels 261
FMI 307
Fonds monétaire international 307 M
formation professionnelle 126 marché 270
T
taux de change 303
taux de conversion 354
taux d’intérêt minimal 353
taxation 228
testament 56
titre 147
titre de créance 148
titres à ordre 149
titres au porteur 149
TOWS 327
traité de Maastricht 210
APPRENDRE
avec la vaste
partie théorique
WOW !
TOUT DANS UNE
S’EXERCER SEULE MAIN
avec plus de 800
exercices et petits cas
APPROFONDIR
? avec le fichier d’appren-
tissage individualisé
VÉRIFIER
avec le fichier test interactif
l'appli le manuel
le fichier les fiches de
test interactif répétition