Prévention Des Traumatismes Buccaux
Prévention Des Traumatismes Buccaux
Prévention Des Traumatismes Buccaux
Introduction
Les traumatismes bucco-dentaires constituent un motif de consultation d’urgence courant en
odontologie pédiatrique. En effet, 51% des enfants de moins de 6 ans ont eu un traumatisme.
Ils s’observent principalement entre l’âge d’1 an (apprentissage de la marche et pas de réflexe de
mettre les mains) et 3-4 ans (entrée à l’école et relations avec le monde extérieur). Ils sont trop
souvent ignorés. Les accidents en denture temporaire sont plus nombreux que ceux en denture
permanente. Du fait de la proximité de la racine des dents temporaires avec le germe sous-jacent,
les séquelles de ces traumatismes peuvent être importantes.
Les traumatismes bucco-dentaires surviennent aussi plus tard vers 8-9 ans lors d’activités sportives
chez l’enfant ou lors de jeux. A l'âge de 12 ans, 20 à 30% des enfants ont fait l'expérience d'un
traumatisme dentaire, qui pour la plupart, est représenté par la fracture coronaire sans exposition
pulpaire, avec un pic d'incidence chez les garçons vers 9-10 ans.
Que cela soit en DT ou en DP, ce sont les incisives centrales qui sont le plus souvent touchées.
Cette traumatologie est lourde de conséquences, tant du point de vue du patient (esthétique,
psychologique, pretium doloris, économique) que des pouvoirs publics (remboursements des soins
et de prothèses et de leurs renouvellements).
Des études menées dans différents pays ont montré que le coût moyen total (direct et indirect)
estimé par enfant traumatisé était d'environ 1500 euros.
1. Facteurs de risques
b. Sexe
Les garçons représentent 1 à 3 fois plus de risques de lésions que les filles. Ce facteur est retrouvé
pour la dent temporaire comme pour la dent permanente, et surtout lorsque l'étiologie est une rixe.
b. Dysharmonie dento-faciale
Des facteurs orthodontiques ont été clairement mis en évidence:
- Béance labiale: la lèvre supérieure courte ne remplit pas son rôle de protection ce qui
aggrave le risque
- Vestibulo-version des incisives maxillaires > 30°
- Proalvéolie: un enfant présentant une proalvéolie de 4 mm double son risque de
traumatisme dentaire par rapport à un enfant ayant une proalvéolie de 2 mm.
- Surplomb > 6 mm
- Ventilation buccale.
D'autres facteurs pathologiques peuvent être mis en cause : dents cariées, hypoplasiées, fêlées ou
obturées et habitudes déformantes (succion du pouce, de la tétine etc.).
c. Sport à risque
Tous les sports sont considérés à risque. Ainsi, les traumatismes dento-maxillaires représentent 5 à
6% des accidents recensés toutes disciplines confondues.
Néanmoins, certains d'entre eux sont plus violents, le rugby représente 15% des accidents, le
football américain et le hockey sur glace 25%. (62% des joueurs professionnels canadiens ont perdu
au moins une dent permanente.)
d. Autres
• Accidents en milieu hospitalier
Lors de l'anesthésie générale, l'endoscopie et l'intubation trachéale peuvent entraîner des fractures
ou des déplacements dentaires qui, chez le très jeune enfant, peuvent avoir des conséquences sur les
germes de la dent permanente.
• Accidents neurologiques
Certaines maladies (maladie de Parkinson, épilepsie, infirmité motrice cérébrale), certaines formes
de handicap (syndrome de Lesch Nyan), certaines situations (coma) peuvent entraîner des
traumatismes dentaires.
• Obésité
L'obésité semble être un risque aggravant.
• Concentration ou émotivité
La concentration chez un enfant est un facteur d'évitement des traumatismes.
A l'inverse, une étude a montré que les enfants "stressés" détectés par un taux urinaire de
catécholamines plus important, présentent plus de traumatismes.
• Maltraitance
Si le praticien a un doute sur les circonstances de l'accident, si les lésions dentaires ne
correspondent pas à l'anamnèse, si l'enfant est souvent victime de traumatisme, s'il présente d'autres
contusions sur les membres ou le visage et enfin si l'attitude parentale paraît suspecte (discordance
entre discours et observation clinique, famille isolée, enfant silencieux…), surtout si la consultation
est tardive, le praticien ne doit pas ignorer un cas de maltraitance. Toute fracture ou frein coupé
avant l'âge de la marche doit faire suspecter un traumatisme infligé.
Si un cas de maltraitance est suspecté, il doit appeler le 119 ou la PMI du conseil général le plus
proche et le médecin traitant. Signaler une maltraitance à enfant (mineur de moins de 15 ans) est un
devoir légal, judiciaire et ordinal pour le médecin. Ne pas le faire est susceptible d'une infraction de
non-assistance à personne en danger. (cf le ppt déjà donné)
Il peut, sous prétexte d'examens complémentaires, adresser l'enfant dans un service pédiatrique
d'urgence.
3. Prévention du risque traumatique
d. Information
Les accidents traumatiques sont souvent ignorés de la part des parents. Moins de la moitié des
enfants qui a subi un traumatisme en denture temporaire consulte un chirurgien-dentiste dans la
semaine suivant l'accident. Le pronostic des traitements est lié à la rapidité de la prise en charge du
patient. C'est pourquoi, il est primordial de diffuser des informations simples mais précises.
Conclusion
Les traumatismes en denture temporaire et mixte sont très fréquents et sont malheureusement trop
souvent ignorés.
Ils constituent avec les infections dentaires les vraies urgences pédodontiques nécessitant de la part
du praticien un diagnostic précis et la mise en place d'une stratégie thérapeutique adaptée orientée
vers l'évolution favorable des structures alvéolo-dentaires concernées et vers l'harmonie de la
croissance des maxillaires.
Il existe des moyens de prévention de ces traumatismes et il convient de les mettre en œuvre afin de
minimiser leur fréquence d'apparition et les fréquentes complications et séquelles qui en découlent.
Afin de prévenir les complications des traumatismes, la mise en place d’un suivi est indispensable.
Les conseils donnés aux parents lors de la pratique de sports violents doivent promouvoir le port de
protège-dents adaptés.
La répétition des traumatismes, outre la maltraitance en priorité, peut évoquer un problème
postural ; le chirurgien-dentiste peut adresser vers un kinésithérapeute sensibilisé aux problèmes de
posturologie (d’où l’importance de demander des renseignements sur le mode d’accouchement, le
début de la marche…)
Bibliographie
Naulin-Ifi C. Traumatologie clinique : De la théorie à la pratique. Edition Information
Dentaire. 2016.
Poisson P et al. Prévention des traumatismes bucco-dentaires chez l’enfant. Guide
d’odontologie pédiatrique. Edition CdP. 2018