Extrait 42585210
Extrait 42585210
Extrait 42585210
III
Cet ouvrage fait par tie de
Contrôle non destructif
(Réf. Internet ti675)
composé de :
Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires
IV
Cet ouvrage fait par tie de
Contrôle non destructif
(Réf. Internet ti675)
Jean-Luc BODNAR
Maître de Conférences, CATHERM/GRESPI, Université de Reims Champagne
Ardenne
Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires
V
Les auteurs ayant contribué à cet ouvrage sont :
Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires
VI
CND : méthodes globales et volumiques
(Réf. Internet 42585)
SOMMAIRE
Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires
VII
Contrôle de la fatigue des matériaux par émission acoustique IN226 97
Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires
CND : méthodes globales et volumiques
(Réf. Internet 42585)
1
1– Aspects généraux Réf. Internet page
2– Radiographie
3– Techniques électromagnétiques
Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires
9
1
10
Référence Internet
R1400
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Mesures et Contrôle R 1 400 − 1
11
Référence Internet
R1400
1 graphie, délimite bien l’objectif des contrôles non destructifs qui est la mise en
évidence de toutes les défectuosités susceptibles d’altérer la disponibilité, la
sécurité d’emploi et/ou, plus généralement, la conformité d’un produit à l’usage
auquel il est destiné.
En ce sens, le contrôle non destructif (CND) apparaît comme un élément majeur
du contrôle de la qualité des produits. Il se différencie de l’instrumentation de
laboratoire et industrielle puisque l’objet est de détecter des hétérogénéités et
anomalies plutôt que de mesurer des paramètres physiques tels que le poids
ou les cotes d’une pièce.
Situé ainsi aux frontières de la métrologie, de l’instrumentation industrielle,
scientifique et médicale, le domaine des contrôles non destructifs constitue un
secteur spécifique d’activité scientifique et industrielle possédant ses propres
structures professionnelles qui regroupent des industriels fabricants ou dis-
tributeurs spécialisés, des organismes d’étude et de formation, des sociétés de
services, ainsi que les départements spécialisés d’un certain nombre de grosses
entreprises industrielles fortement utilisatrices de ces techniques. Tout cela repré-
sente en France l’activité de près de 5 000 personnes et un marché présentant
un bon taux de croissance sur le moyen terme.
1. Contrôle non destructif : malgré tout, une bonne fiabilité. Les défauts recherchés sont ici
généralement bien identifiés, le fonctionnement est automatique
applications et tendances aboutissant à un repérage ou un tri des produits défectueux. Quand
le détecteur de défauts ne peut pas être installé en ligne de fabrica-
tion, on utilise dans l’industrie des bancs de contrôle correspondant
1.1 Champ d’application actuel bien souvent à des équipements importants en taille et en coût
d’investissement.
À travers son objectif, on aura compris que le contrôle non
destructif est essentiel pour la bonne marche des industries qui
Bref historique
fabriquent, mettent en œuvre ou utilisent les matériaux, les produits,
les structures de toutes natures. À l’heure où la qualité est devenue
un impératif difficilement contournable, le champ d’application des Comme l’instrumentation scientifique, le contrôle non
CND ne cesse de s’étendre au-delà de son domaine d’emploi tra- destructif (CND) constitue un champ d’application privilégié des
ditionnel constitué par les industries métallurgiques et les activités découvertes de la physique. Aussi l’histoire des essais non
où la sécurité est primordiale, telles que le nucléaire et l’aéronau- destructifs (END) commence-t-elle avec celle de la physique
tique. Après le contrôle des biens d’équipements, vient celui des moderne à la fin du XIXe siècle : découverte des rayons X, des
biens de consommation. La nature des défauts que l’on cherche à courants de Foucault, de la piézoélectricité, etc. Ce n’est toutefois
détecter se diversifie du même coup ; on recherche les défauts tech- qu’à partir de la seconde guerre mondiale que les techniques du
nologiques ponctuels graves, comme ceux inhérents à la fabrication CND ont pris leur essor dans l’industrie, en particulier dans la
et à l’utilisation des métaux (fissure de fatigue), mais aussi désormais métallurgie : contrôle des aciers, radiographie des soudures.
des défauts d’aspect (taches sur une surface propre) et des corps Une vigoureuse accélération du progrès et du développement
étrangers nuisibles (éclats de verre dans un emballage alimentaire). des END s’est manifestée ensuite vers les années 60/70 avec le
développement rapide de secteurs très demandeurs tels que le
On peut, par ailleurs, considérer que le contrôle non destructif d’un génie des centrales électriques nucléaires, l’aéronautique civile,
produit ou d’un objet peut être effectué à trois stades différents de les gazoducs, oléoducs et les plates-formes offshore. La dernière
sa vie, conduisant à trois types d’application se différenciant à la fois décennie enfin voit l’émergence des techniques de CND qui ne
par le contexte industriel et par la nature du contrôle lui-même. pouvaient pas être mises en œuvre sans l’apport d’une électro-
■ Le contrôle en cours de fabrication procède de la philosophie de nique intégrée et d’une informatique puissante ; on assiste ainsi
l’instrumentation industrielle en tant qu’outil de contrôle d’un au développement rapide des contrôles entièrement automa-
procédé souvent automatisé et impliquant alors un appareillage tiques et à l’essor des techniques gourmandes en traitement
installé à demeure en ligne de fabrication présentant une grande informatique, comme les contrôles optiques.
robustesse, une réaction rapide, un coût d’exploitation faible et,
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
R 1 400 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Mesures et Contrôle
12
Référence Internet
R1400
■ Le contrôle en recette d’un lot de pièces, d’une installation, d’un ■ Les défauts de surface, accessibles à l’observation directe mais
ouvrage au moment de la livraison procède d’une philosophie de par toujours visibles à l’œil nu, peuvent se classer en deux catégories
respect de conformité à des spécifications de qualité définies aupa- distinctes : les défauts ponctuels et les défauts d’aspect.
ravant. Si l’aspect coût et productivité peut avoir encore une certaine La première catégorie (défauts ponctuels) correspond aux défauts
importance à ce stade de contrôle, c’est surtout l’aspect procédure les plus nocifs sur le plan technologique, puisqu’il s’agit des criques,
de la démarche qui devient primordial, qu’il s’agisse du choix du piqûres, fissures, craquelures, généralement aptes à provoquer à
procédé, du choix des paramètres de réglage, de l’étalonnage, de la terme la rupture de la pièce, en initiant par exemple des fissures
présentation et de l’archivage des résultats obtenus. À ce stade, il
1
de fatigue. Dans les pièces métalliques, l’épaisseur de ces fissures
s’agit de détecter des défauts mais aussi bien souvent d’en définir est souvent infime (quelques µm) et elles peuvent être nocives dès
la nature et les dimensions. que leur profondeur dépasse quelques dixièmes de millimètre, ce
■ Le contrôle en service s’effectue sur pièces ou structures lors qui implique l’emploi pour leur détection de méthodes non destruc-
d’opérations de maintenance ou à la suite de détection d’anomalies tives sensibles, telles que le ressuage, la magnétoscopie, les cou-
de comportement du matériel. On en attend une très grande fiabilité, rants de Foucault, les ultrasons.
eu égard à l’importance des risques encourus par la non-détection La seconde catégorie correspond aux défauts d’aspect, c’est-à-dire
d’un défaut grave. Pour ce type de contrôle, il convient de pouvoir à des plages dans lesquelles une variation de paramètres géomé-
estimer le mieux possible la nature et les dimensions des défauts triques ou physiques (rugosité, surépaisseur, taches diverses) attire
pour pouvoir en apprécier la nocivité ; il faut disposer aussi d’une le regard et rend le produit inutilisable. Ici, le contrôle visuel est pos-
grande reproductibilité de l’examen non destructif, de façon à pou- sible, mais on cherche à le remplacer par des contrôles optiques
voir suivre l’évolution du dommage au cours du temps. automatiques.
■ Les défauts internes sont des hétérogénéités de natures, de
formes, de dimensions extrêmement variées, localisées dans le
1.2 Tendances et évolution volume du corps à contrôler. Leur nomenclature est très étoffée et
spécifique à chaque branche d’activité technologique et industrielle.
Dans les industries des métaux, il s’agira de criques internes, de
Globalement, en tant qu’outil majeur de la politique qualité d’une porosités, de soufflures, d’inclusions diverses susceptibles d’affecter
entreprise, les techniques de CND continueront à élargir leur champ la santé des pièces moulées, forgées, laminées, soudées. Dans
d’application vers de nouveaux secteurs d’activité économique. On d’autres cas, il s’agira simplement de la présence d’un corps étranger
constate aussi que l’objectif du contrôle non destructif évolue en rap- au sein d’une enceinte ou d’un produit emballé. Ici le contrôle visuel
prochant ce domaine de celui de l’instrumentation ; il ne suffit plus est généralement exclu d’office et l’on utilisera donc l’un ou l’autre
aujourd’hui de détecter un défaut, il faut aussi le caractériser et le des grands procédés du CND que sont la radiographie, le sondage
dimensionner ; il faut aussi imaginer des techniques et procédés non ultrasonore, ou encore des techniques mieux adaptées à certains cas
destructifs aptes à mettre en évidence des hétérogénéités physiques comme l’émission acoustique, l’holographie, l’imagerie infrarouge,
complexes ou des irrégularités de propriétés telles que, par exemple, la neutronographie.
des variations de microstructure dans un métal, des variations de
texture ou de rugosité sur une surface, des variations de propriétés
électromagnétiques sur une bande. Ces objectifs sont souvent dif-
ficiles à atteindre, car les lois de la physique sont ce qu’elles sont 2.2 Procédure de CND
et ainsi, dans ce domaine, les progrès sont lents.
Il n’en va pas de même pour l’automatisation des CND qui béné- L’opération de contrôle non destructif d’un objet ne se borne géné-
ficie pleinement des progrès de l’informatique ; il en résulte l’arrivée ralement pas à la détection d’éventuels défauts. En effet, même si
sur le marché, d’année en année, d’appareillages plus performants, le choix du procédé, de la méthode et du matériel a été effectué au
plus fiables et surtout plus faciles à utiliser dans le cadre du respect préalable, il faut envisager toute une procédure ayant les objectifs
de procédures de contrôles très strictes. L’évolution des CND doit suivants : fiabilité de l’examen, reproductibilité, localisation des
prendre toutefois en compte l’aspect coût, ce dernier pouvant freiner défauts, identification, caractérisation de ceux-ci, en particulier par
l’essor de nouvelles techniques très performantes, comme c’est le leur taille, classement, présentation visuelle, décision concernant
cas actuellement pour la tomographie X. l’affectation de l’objet, enfin archivage des résultats et des conditions
d’examen.
Ce sont des opérations d’étalonnage, de calibrage, de balayage
2. Principes de détection de la sonde, de traitement des données qui permettent d’atteindre
ces objectifs désormais dans de bonnes conditions, grâce à l’apport
des défauts. Différentes intensif de l’informatique en temps réel.
techniques du CND
2.3 Principe de la détection d’un défaut
2.1 Hétérogénéités et défauts
Le principe de la détection d’un défaut consiste à exciter celui-ci
Le terme défaut est ambigu, relatif et peu précis, mais sa conno- et à recueillir sa réponse. Schématiquement, on peut généralement
tation négative évoque bien le rôle que joue le contrôle non destructif distinguer les étapes suivantes, quelle que soit la méthode
dans la recherche de la qualité. En fait, détecter un défaut dans une employée :
pièce, c’est physiquement, mettre en évidence une hétérogénéité — mise en œuvre d’un processus physique énergétique ;
de matière, une variation locale de propriété physique ou chimique — modulation ou altération de ce processus par les défauts ;
préjudiciable au bon emploi de celle-ci. Cela dit, on a l’habitude de — détection de ces modifications par un capteur approprié ;
classer les défauts en deux grandes catégories liées à leur — traitement des signaux et interprétation de l’information
emplacement : les défauts de surface, les défauts internes. délivrée.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Mesures et Contrôle R 1 400 − 3
13
Référence Internet
R1400
Différents types d’énergie sont employés en pratique : énergie qu’ils favorisent la détection des défauts de surface ou des défauts
mécanique (ultrasons, ressuage), électromagnétique (radioscopie, internes. Le tableau 1 dresse la liste des procédés actuellement
observation dans le visible, flux magnétique...). On peut schéma- utilisés en contrôle industriel et résume leurs principes et leurs
tiquement distinguer deux groupes de méthodes de détection : champs d’application spécifiques.
■ les méthodes de flux, avec une excitation et une détection de Les performances des procédés de contrôle non destructif résul-
même nature et pour lesquelles le défaut introduit une perturbation tent à la fois de considérations théoriques et pratiques.
de flux qui peut être relevée soit directement dans le flux transmis
1
(radiographie) ou le flux rediffusé (ultrasons), soit par un effet de
proximité (bobine de sonde à courants de Foucault, flux de fuite
magnétique) : figure 1 ; la grande majorité des procédés du contrôle
non destructif se réfère à ce groupe de méthodes ;
■ les méthodes pour lesquelles l’excitation et la détection sont de
natures différentes, chacune mettant en jeu un processus original et
spécifique ; l’excitation la plus employée est la sollicitation mécani-
que ; elle conduit aux techniques d’analyse de vibrations mécaniques
ou de microdéformations (interférométrie holographique) ou encore
à une technique d’émission provoquée dont la plus connue est
l’émission acoustique.
(0)
Cartographie Délaminations,
Thermographie de perturbations hétérogénéités idem Cartographie
Caractérisation
infrarouge thermiques diverses Contrôle sur site des défauts
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
R 1 400 − 4 © Techniques de l’Ingénieur, traité Mesures et Contrôle
14
Référence Internet
R1400
1
matériaux de réglage des fissures
Perturbations
Essais dynamiques d’un amortissement Criques Contrôle de pièces
Fissures moulées Productivité Qualitatif
Mesure de vitesse
Essais hydrostatiques Détection de bulles
Défauts
Tests Tests avec gaz débouchants Grande étendue Contingences
traceurs (halogènes, Détection chimique Tubes et enceintes en
d’étanchéité dans joints de flux de fuite diverses selon
hélium) ou parois, tous matériaux selon la méthode la méthode
zone perméable
Détection sonore Bruit acoustique
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Mesures et Contrôle R 1 400 − 5
15
Référence Internet
R1400
1
concernent l’aspect optique avec un paramètre principal qui est
maîtrise de ces techniques somme toute complexes. l’acuité, c’est-à-dire le pouvoir séparateur de l’œil ; on le situe
entre 0,5 et 1 minute d’angle soit environ 50 µm à une distance
d’observation de 25 cm. Mais il ne s’agit là que d’une valeur
moyenne, car l’acuité visuelle dépend de la nature de l’image
3. Procédés optiques (éclairement et contraste), ainsi que de l’individu à travers son pou-
voir d’accommodation à la distance et à la luminance, pouvoir dont
on connaît la décroissance avec l’âge de celui-ci (presbytie).
3.1 Examen visuel
Les performances et les limitations d’ordre subjectif sont plus
difficiles à analyser, à mesurer et à prendre en compte ; il s’agit de
L’examen visuel est le premier des procédés de contrôle, le plus
perception et de conscience de l’image observée. Ainsi par exemple,
simple et le plus général puisque c’est aussi le point final de la
la perception n’est pas indépendante de la nature de l’image
majorité des autres procédés non destructifs.
(perception des figures géométriques) ou de celle de « l’état
En examen préalable, l’inspection visuelle d’un objet, d’une struc- d’esprit » de l’observateur, qui verra mieux s’il sait déjà la nature
ture, d’un assemblage tel qu’une soudure permettra de guider un de ce qu’il recherche. Cela montre d’ailleurs l’importance d’une édu-
observateur expérimenté dans la définition d’une autre technique : cation préalable du contrôleur quant à la genèse et la nature des
choix de l’angle de tir en radiographie, direction de magnétisation, défauts recherchés pour une pièce donnée.
fréquence ultrasonore.
On doit enfin prendre en considération d’autres facteurs physio-
L’examen visuel direct des pièces peut constituer un contrôle logiques et psychiques susceptibles de dégrader la fiabilité du
suffisant pour la détection des défauts débouchant en surface et sur- contrôle visuel : la rémanence de l’œil rend problématique le
tout des hétérogénéités locales et superficielles (taches de diffé- contrôle des objets en mouvement, la fatigue oculaire dégrade les
rentes natures) constituant des défauts d’aspect rédhibitoires pour performances dans le temps, de même que la fatigue nerveuse ou
des produits plats du types tôles, tissus, verre, etc. Toutefois l’exa- la distraction de l’observation [1].
men purement visuel présente des limitations de différentes natures
que nous allons examiner et qui justifient l’éclosion de toute une
gamme de procédés de contrôle optique, dont les principaux sont 3.1.3 Aides optiques à la vision
décrits plus loin (§ 3.2 et 3.3).
Il s’agit des instruments d’optique permettant d’accroître les
performances de l’œil ou encore plus généralement de donner la
3.1.1 Éclairage possibilité de contrôler des surfaces inaccessibles à la vision directe
de l’observateur.
Dans tous les cas d’observation d’un objet, les conditions
d’éclairage sont essentielles pour la fiabilité du contrôle optique. Il 3.1.3.1 Appareils optiques classiques
s’agit d’abord de se placer dans les conditions énergétiques, lumi-
nosité et longueur d’onde permettant à l’œil de travailler avec la Les appareils optiques classiques permettent de repousser les
meilleure acuité ; ainsi un éclairement de plus de 300 lux en lumière limites de l’acuité visuelle ; il s’agit en premier lieu des loupes et
vert-jaune à 0,55 µm est optimal. Il s’agit ensuite d’adapter le type des verres grossissants, accessoires optiques simples et courants,
et l’orientation de l’éclairage à la nature des défauts en vue d’amé- constitués généralement d’une ou deux lentilles donnant un gros-
liorer le contraste. L’éclairage diffus, fourni par exemple par un sissement allant de 1,5 à 20 environ, correspondant à des focales
ensemble de sources lumineuses placées derrière un écran dépoli, allant de 1 à 20 cm. La loupe doit en principe être tenue près de l’œil ;
est utilisé dans la recherche de défauts variés, sans orientation défi- son champ et sa profondeur de champ diminuent fortement lorsque
nie. Par contre, pour détecter facilement les défauts du type rayures le grossissement s’accroît, ces conditions sont peu satisfaisantes
orientées sensiblement dans la même direction, on doit préférer pour l’examen d’images de surface notablement supérieure au déci-
l’utilisation d’un éclairage directif associé à une observation de la mètre carré, pour lesquelles on pourra préférer utiliser un verre gros-
surface sous un angle voisin de celui de la réflexion spéculaire sissant, dispositif optique assimilable à une grosse lentille à faible
(figure 2) ; enfin les défauts présentant un certain relief sont en grossissement conçu pour être utilisé par les deux yeux à la fois.
général bien mis en évidence grâce à un éclairage rasant. Pour un examen approfondi en laboratoire, en particulier lorsque
l’on cherche à mettre en évidence de très fines fissures ou rayures,
on utilisera de préférence du matériel d’observation métallogra-
phique : loupe binoculaire à grossissement variable et éclairage
incorporé, éventuellement microscope métallographique si l’on
ressent la nécessité d’utiliser des grossissements importants, de 100
ou 1 000 et plus.
Nous noterons enfin que l’emploi des microscopes électroniques
à balayage (MEB) n’est plus désormais réservé aux seuls spécialistes,
ce qui devrait élargir son soutien au contrôle non destructif en
laboratoire.
Il va sans dire enfin que l’appareil photographique est devenu
l’outil majeur de tout inspecteur en contrôle ; les performances
Figure 2 – Éclairage directif et observation remarquables de l’appareil de format 24 × 36 haut de gamme associé
dans une direction proche de la réflexion spéculaire à des objectifs « macro » permettent un emploi universel, du labo-
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
R 1 400 − 6 © Techniques de l’Ingénieur, traité Mesures et Contrôle
16
Référence Internet
R1400
ratoire au chantier, dès qu’il s’agit de garder la trace d’un examen entièrement automatiques, à l’instar des autres procédés automa-
optique ponctuel. tiques du contrôle non destructif. Remplacer le couple œil-cerveau
ne peut se concevoir que lorsqu’il s’agit de détecter des défauts bien
3.1.3.2 Appareils optiques spécifiques identifiés et bien visibles ; en fait, il apparaît que le développement
de telles techniques est beaucoup plus lié à celui de la micro-
Des appareils optiques spécifiques ont été développés pour le informatique qu’à celui des capteurs optiques. Des chaînes de
contrôle non destructif. contrôle automatique ou semi-automatique existent cependant dans
l’industrie depuis plusieurs décennies.
1
■ L’endoscope est un appareil conçu pour pouvoir observer les
surfaces non directement accessibles à l’œil telles que les parois
d’un tube ou d’une cavité, d’un alésage ou d’un trou borgne. Mis au
point à l’origine pour les examens liés au diagnostic médical, les 3.2.1 Procédés par formation d’image
endoscopes classiques à lentilles ont été remplacés par des trans-
metteurs d’image à fibres optiques. Il s’agit de la catégorie la plus courante des procédés de contrôle
mettant en œuvre une chaîne de télévision industrielle associée à
L’endoscope se présente sous forme d’un tube ou d’un flexible
des moyens de traitement en temps réel du signal vidéo ayant pour
comportant à une extrémité une optique de prise de vues et souvent
but d’améliorer suffisamment les contrastes de l’image d’un défaut
d’éclairage et, à l’autre extrémité, un oculaire d’observation ; les
détecté, de façon que sa présence puisse être automatiquement
appareillages utilisés en contrôle non destructif ont un diamètre de
signalée ou enregistrée [3]. Ce type d’installation est principalement
l’ordre du centimètre et une longueur souvent inférieure au mètre,
utilisé pour le contrôle optique des pièces fabriquées en grande série.
les grands endoscopes pour l’examen des tubes ayant été éliminés
par la miniaturisation des caméras TV.
■ Le stroboscope est un appareil d’éclairage délivrant des brefs 3.2.2 Procédés par balayage
flashs lumineux à une cadence soutenue et réglable dans une
gamme de plusieurs dizaines de coups par seconde. Il permet, en Les procédés par balayage ont surtout été développés pour le
contrôle non destructif, l’examen visuel de pièces ou de produits en contrôle en ligne des produits en défilement du type bandes de tôle,
mouvement ; c’est ainsi qu’il a longtemps été utilisé pour l’examen de papier, de tissu, etc. La détection de petits défauts sur ces
de tôles en défilement dans les aciéries. Son utilisation systématique immenses surfaces est un problème très difficile qui impose, en par-
provoque toutefois une rapide fatigue visuelle pour les observateurs, ticulier, un système optique à la fois très fin et très rapide. Deux tech-
aussi cherche-t-on à remplacer ce type de contrôle par des contrôles niques différentes ont été développées : les appareillages à balayage
automatiques mettant en œuvre les techniques mentionnées plus par laser et les appareillages à barrettes de photodiodes.
loin (§ 3.2).
■ Les appareillages à balayage par laser éclairent le produit en défi-
lement par un petit impact laser qui le balaye transversalement à
3.1.3.3 Télévision
très grande vitesse, cela grâce à un système de miroirs tournants ;
La télévision apporte une aide précieuse au contrôle visuel ; un concentrateur de lumière, associé à une ou plusieurs cellules
permettant une observation à distance, elle complète ou remplace photoélectriques rapides, permet de capter les variations de lumi-
les endoscopes ; couplée à des moyens de traitement et d’enregis- nance qui se produisent dans la lumière réfléchie lorsque le spot
trement des images vidéo, elle permet le contrôle optique auto- laser rencontre un défaut (figure 3).
matique. Les appareils de marque Sick fonctionnent selon ce principe et
Le matériel de télévision utilisé en contrôle non destructif est géné- s’appliquent au contrôle des tôles minces et autres produits, métal-
ralement spécifique, car les performances recherchées ne sont pas liques ou non. Avec une fréquence de balayage de 3 kHz et un spot
les mêmes que celles requises dans les applications plus banales laser de 0,5 mm de diamètre, on atteint une bande passante
de la télévision ; ainsi on se contentera d’une transmission par câble de 100 MHz, supérieure à celle des systèmes vidéo TV.
d’une image vidéo en noir et blanc, sans le son. Par contre, on recher-
chera une caméra robuste, miniaturisée, télécommandable à dis- ■ Les appareillages à barrettes de photodiodes évitent d’avoir
tance et surtout possédant des qualités optiques et une bande recours à un balayage mécanique puisque le balayage des diodes
passante vidéo bien supérieures à celle du matériel courant. C’est est essentiellement électronique. Ce type de matériel peut présenter
en effet la faible performance en qualité d’images des tubes de prise une bonne résolution, car il existe des barrettes de photodiodes
de vues qui a longtemps freiné les applications de la télévision en comportant 1 024 (et plus) éléments unitaires ; ce type de caméra
contrôle qualité. L’apparition progressive de tubes de prise de vues vidéo « linéaire » est robuste et facile à protéger ; il faut toutefois
plus petits, plus sensibles, moins rémanents, mieux résolus en disposer d’objectifs optiques et de systèmes d’éclairage associés
nombre de points image que les premiers vidicons, et surtout très performants si l’on veut bénéficier pleinement des avantages
l’apparition plus récente de récepteurs solides (CCD charge coupled de cette technique qui tend désormais à supplanter la précédente
devices ou constitués d’une mosaïque de microphotodiodes dans les mêmes domaines d’application.
512 × 512 ou plus) ont permis d’élargir le champ d’application des
matériels de télévision [2].
3.2.3 Traitement d’images
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Mesures et Contrôle R 1 400 − 7
17
Référence Internet
R1400
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
R 1 400 − 8 © Techniques de l’Ingénieur, traité Mesures et Contrôle
18
Référence Internet
R1400
Le champ d’application concerné par cette rapide évolution est destructif dans la mesure où une répartition homogène de tempé-
celui du contrôle industriel en ligne, qu’il s’agisse du contrôle des rature à la surface d’une pièce peut être perturbée par la présence
produits fabriqués en continu tels que les bandes de tôle, de papier, de défauts sous-cutanés (figure 5). Cette technique est décrite en
de verre, de plastique ou du contrôle de pièces fabriquées en grande détail par ailleurs dans les Techniques de l’Ingénieur [4].
série, pour lesquelles on s’intéresse non seulement à l’absence de
défaut de surface mais aussi à celle de défauts d’aspect ou d’irré-
gularités dimensionnelles (contrôle de tuiles, de boîtes, de pièces 3.3.2 Imagerie radiofréquence
moulées, forgées, usinées).
Indépendamment du contrôle en fabrication, le contrôle optique
visuel, direct, par endoscope ou relayé par un équipement de télé-
vision est de pratique courante dans les opérations de maintenance
L’imagerie radiofréquence consiste à exploiter les propriétés des
ondes électromagnétiques dans les longueurs d’onde décimétri-
ques, centimétriques ou millimétriques, à l’instar des systèmes de
1
telles qu’on les effectue dans les domaines de l’aéronautique, du radar au sens large du terme. Ainsi, si l’auscultation radar d’un objet
génie nucléaire ou chimique, dans le génie civil. métallique conducteur ne présente pas d’intérêt pour le contrôle non
Le contrôle optique intervient enfin comme étape ultime des destructif, il n’en va pas de même pour celle d’objets isolants, légè-
procédés de contrôle décrits par ailleurs tels que le ressuage ou la rement conducteurs ou composites dont on pourra par ces inter-
magnétoscopie dont le rôle n’est d’ailleurs autre que d’améliorer la actions optiques à forte longueur d’onde mettre en évidence des
lisibilité optique des petits défauts. Il est utile aussi de rappeler que hétérogénéités dissimulées à l’œil de l’observateur.
les principales techniques de contrôle non destructif délivrent en L’application la plus connue de la technique radar au contrôle
fait des images qu’il faudra lire et éventuellement traiter : c’est non destructif des matériaux est celle de l’auscultation des parois
évident pour la radiographie ou la thermographie, mais la carto- de tunnels, routiers ou ferroviaires.
graphie des défauts devient petit à petit un élément important des
contrôles ultrasonores ou par courants de Foucault.
3.3.3 Holographie interférentielle
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Mesures et Contrôle R 1 400 − 9
19
1
20
Référence Internet
BM6450
1
par Mohammed CHERFAOUI
Docteur expert en CND (contrôles non destructifs)
21
Référence Internet
BM6450
1
CND suppose une bonne connaissance de tous les phénomènes mis en jeu, en par-
ticulier de la nocivité des défauts, de leur évolution dans le temps, des lois générales
de la mécanique de la rupture et, dans la pratique, les spécialistes en contrôle non
destructif sont plutôt confrontés à des problèmes d’interprétation de résultats de
contrôle par rapport à des critères établis en liaison avec le concepteur de la pièce.
Une définition des contrôles non destructifs plus proche de la réalité indus-
trielle consiste donc à dire qu’il s’agit de « qualifier, sans nécessairement quan-
tifier, l’état d’un produit, sans altération de ses caractéristiques par rapport à des
normes de recette ».
L’exécution de cette tâche demande une bonne connaissance des méthodes
d’investigation mises en œuvre, de leurs limites et surtout une adéquation par-
faite entre le pouvoir de détection de chacune d’elles et les critères appliqués
pour la mise en œuvre. On comprend qu’une grande importance soit accordée à
la formation des opérateurs en contrôle non destructif.
La Confédération Française des Essais Non Destructifs (COFREND) est l’orga-
nisme national qui délivre des certifications permettant de démontrer l’aptitude
des opérateurs à remplir les tâches qui leur sont confiées. Elle applique désor-
mais des réglementations européennes. La normalisation est aussi un aspect
fondamental pour définir les méthodes et leur application et de nombreux tex-
tes, nationaux, européens et internationaux, existent. Quelques-uns des plus
importants sont cités en [Doc. BM 6 450].
Le but de ce dossier est de présenter, sans rentrer trop dans les détails, les
principes physiques mis en jeu dans les principales méthodes en faisant ressor-
tir leurs spécificités et les domaines d’application concernés. Une information
approfondie sur les méthodes serait fournie dans des documents plus spéciali-
sés ou à l’occasion de formations telles que celles dispensées par le CETIM (Cen-
tre Technique des Industries Mécaniques).
1. Principales méthodes Cette liste de méthodes est loin d’être exhaustive. On citerait
encore, entre autres, l’étanchéité, dont la complexité de mise en
œuvre peut varier beaucoup selon le type et l’importance des
anomalies recherchées ou encore les méthodes qui utilisent des
Les méthodes de contrôle non destructif les plus couramment effets particuliers pour caractériser des matériaux ou des pièces
employées peuvent être classées en deux familles principales en (effet Barkhausen, par exemple). Enfin, de nouvelles méthodes
fonction du type d’anomalie recherchée dans la pièce. sont émergentes : TOFD, Phased Array (multi-éléments), ondes
Les méthodes de surface, (anomalies en surface extérieure) sont guidées…
les suivantes :
— examen visuel ;
—
—
ressuage ;
magnétoscopie ;
2. Mécanisme : analyse
— courants de Foucault. à partir d’un examen visuel
Les méthodes volumétriques (anomalies au sein de la pièce) sont
les suivantes : L’examen visuel est une méthode de contrôle non destructif dont
— ultrasons ; la mise en œuvre est souvent simple mais qui est très riche
— rayonnements ionisants. d’enseignements car elle permet d’expliquer le mécanisme d’un
contrôle.
D’autres méthodes existent et ont l’avantage d’être globales et en
temps réel. Il s’agit en particulier de : Il s’agit d’observer la surface d’un objet pour y déceler d’éventuel-
les anomalies. Cette observation nécessite une source de lumière
— la thermographie ; d’intensité et de longueur d’onde compatibles avec l’aptitude natu-
— l’émission acoustique. relle de l’œil de l’opérateur exécutant l’examen.
22
Référence Internet
BM6450
1
— la révélation, qui consiste à placer l’œil dans le champ du fais- Défaut
ceau réfléchi par la surface de la pièce. Des aides optiques telles que
loupe, binoculaire, microscope, endoscope… sont possibles.
Ces trois phases sont étroitement liées et on remarque l’impor-
tance de plusieurs paramètres : Pièce
23
1
24
CND : méthodes globales et volumiques
(Réf. Internet 42585)
1– Aspects généraux 2
2– Radiographie Réf. Internet page
3– Techniques électromagnétiques
Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires
25
2
26
Référence Internet
P2700
Rayonnement synchrotron
et applications
et
Laboratoire de physique des solides, université Paris-Sud 11, Orsay
José BARUCHEL 2
ESRF, Grenoble
27
Référence Internet
P2700
1. Caractéristiques Donc, plus l’énergie des particules est élevée, plus λc est petit et
plus le rayonnement émis se déplace vers les grandes énergies.
du rayonnement Typiquement, l’anneau de l’ESRF (European Synchrotron
Radiation Facility ) à Grenoble, l’un des plus puissants synchro-
synchrotron trons actuels, fonctionne avec une énergie de 6 GeV et une lon-
gueur d’onde critique de 0,06 nm, ce qui donne accès aux rayons
X durs. Le synchrotron SOLEIL fonctionne avec une énergie plus
faible (2,75 GeV) et une longueur d’onde critique de 0,144 nm, ce
1.1 Principe de l’émission qui ne permet pas de travailler pratiquement avec des rayons X de
plus de 70 keV mais est en revanche optimisé pour les rayons X
La lumière émise par des particules chargées, telles que des plus mous, l’ultraviolet et l’infrarouge.
électrons ou des positrons (« électrons » chargés positivement)
accélérés à une vitesse proche de celle de la lumière, est appelée
28
Référence Internet
P2700
Phot/s/0,1%/mm2/mrad2 1021
ID27
7 Courant : 200 mA
6 (4 m dans le vide)
Émittances : 4 et 0,03 nm
5
4
3
1020
7
6 ID16, ID18, ID28
2
5 (5 m dans l'air)
4
3
1019
3 4 5 6 7 8 9 2 3 4 5 6 7 8 9
10 keV 100 keV
Énergie
a ESRF
Phot/s/0,1%/mm2/mrad2
1020
U20
1019
HU80
HU640
HU256
1018
1017
1016
1015
1 eV 10 eV 100 eV 1 keV 10 keV Énergie
b SOLEIL
Figure 2 – Luminance en fonction de l’énergie des faisceaux délivrés par différentes lignes de lumière des deux installations
de rayonnement synchrotron en France
29
Référence Internet
P2700
■ Le rayonnement synchrotron est fortement polarisé linéaire- impulsion à de multiples domaines et en particulier à la science
ment dans le plan de l’orbite des particules. De part et d’autre de des matériaux. Actuellement, il existe plus d’une cinquantaine de
ce plan, cette polarisation linéaire diminue fortement et laisse centres de rayonnement synchrotron dans le monde qui se répar-
place à une polarisation circulaire. Comme nous le verrons plus tissent en Asie du Sud-Est (Japon, Corée, Taïwan, Chine), en Amé-
loin, en utilisant des onduleurs ou wigglers spéciaux (hélicoïdal, rique du Nord (États-Unis, Canada), du Sud (Brésil) et en Europe
asymétrique), on peut obtenir de la lumière circulairement polari- (Grande-Bretagne, Allemagne, Italie, France, Suisse, Suède,
sée avec un flux élevé. Russie), ainsi qu’en Australie.
■ La lumière émise par un paquet de particules est normalement À l’inverse de la tendance vers le gigantisme des installations,
incohérente puisque la source n’est pas ponctuelle et que chaque se développe en parallèle la tendance vers la miniaturisation.
particule est en soi une source polychromatique sans relation de Certaines firmes commercialisent de petits synchrotrons dont la
phase avec les photons émis par les autres particules. Cette source gamme spectrale est limitée aux X-mous et à l’ultraviolet, avec
ne satisfait à aucune des conditions de cohérence spatiale et tem- une luminance très nettement inférieure à celle des grandes
2
porelle d’une source telle qu’un laser. Toutefois, on peut rendre le machines, mais supérieure à celle des sources classiques de
faisceau de lumière cohérent au niveau d’un détecteur (et réaliser lumière malgré leur faible taille (environ 10 m de diamètre). D’ici
un hologramme par exemple) en sélectionnant un intervalle spec- quelques années seront commercialisées de petites machines
tral et un angle solide suffisamment petits. Pratiquement, on utilise capables de délivrer du rayonnement synchrotron dans le domaine
la lumière émise sur l’axe d’un onduleur qui est très intense et très des rayons X. Ces machines, actuellement en phase de dévelop-
peu divergente et on réalise ensuite les conditions de cohérences pement sont basées sur la diffusion Thomson (effet Compton
spatiale et temporelle grâce donc à une fente de sortie très étroite inverse). Les photons X sont produits par l’interaction entre un
et à un monochromateur. faisceau d’électrons de quelques MeV et un faisceau laser dans le
domaine du TW. Il sera alors tout à fait concevable que certains
■ Enfin, le rayonnement synchrotron a une intensité moyenne qui, industriels, ou des centres hospitaliers, puissent s’équiper de telles
à long terme, est décroissante car les paquets se « désagrègent » installations pour des applications spécifiques pouvant aller
lentement au cours du temps. Les périodes de décroissance vont jusqu’au contrôle de procédés et au diagnostic médical.
de quelques heures à une centaine d’heures selon les machines,
ce qui oblige à réinjecter des particules dans ces machines généra-
lement de deux fois jusqu’à plusieurs fois par jour.
1.3.2 Description des machines
Les machines produisant du rayonnement synchrotron le plus
couramment utilisées sont des anneaux de stockage d’électrons et
1.3 Machines non pas directement des synchrotrons. Cela permet d’éviter
d’alourdir la structure des anneaux par les dispositifs d’accé-
1.3.1 Évolution lération et de les rendre plus efficaces pour la délivrance de rayon-
nement.
Jusqu’au début des années soixante-dix, le rayonnement syn- Généralement, les particules sont produites dans un canon à
chrotron était considéré comme un phénomène parasite et gênant électrons, accélérées, par une série de klystrons dans un accélé-
pour la réalisation des expériences de physique des collisions, rateur linéaire puis éventuellement, comme pour les machines de
phénomène que l’on cherchait à minimiser dans les accélérateurs la troisième génération, dans un petit anneau synchroton appelé
de particules. C’est à cette époque que certains chercheurs « booster », dont le but est de porter les particules à l’énergie
confrontés aux problèmes de l’étude de la matière condensée ont nominale avant d’être injectées dans l’anneau de stockage
perçu l’avantage qu’on pourrait tirer de telles sources de lumière si proprement dit.
l’on arrivait à les exploiter correctement. Les premiers centres de
recherche utilisant le rayonnement synchrotron pour l’étude des La figure 3a représente le principe d’un anneau de stockage
matériaux se sont alors développés autour des synchrotrons exis- avec ses principaux éléments. La figure 3b montre la machine
tants, en utilisant cette source en « parasite », en dehors des ESRF à Grenoble avec son système d’injection, ses lignes aimants
heures de fonctionnement propres à la physique des particules. Le notées D et ses lignes à éléments d’insertion notées ID.
succès aidant, les centres de rayonnement synchrotron ont fini par L’anneau de stockage est constitué par une succession de
utiliser majoritairement les installations, puis enfin exclusivement, sections droites et de sections courbes. La courbure de la trajec-
en profitant par ailleurs du déclin d’activité des installations de toire est produite par des aimants dipolaires (environ 1T). Dans les
physique des particules, dont l’énergie se révélait insuffisante. sections droites sont placés les éléments permettant l’injection, la
Vers la fin des années 1980 sont apparus les premiers anneaux cavité radiofréquence qui permet de redonner aux particules
construits spécifiquement pour délivrer du rayonnement synchro- l’énergie perdue par émission synchrotron et de les rassembler en
tron. Enfin, en 1994, le premier synchrotron dit de la 3e génération paquets, des éléments électrostatiques (quadrupôles, sextupôles,
pour les rayons X durs a été mis en service à Grenoble (ESRF). Par octupôles...) destinés à focaliser la trajectoire, et enfin des
rapport aux précédents, il délivrait, grâce à la haute énergie éléments d’insertion (ID) qui jouent le rôle d’amplificateur de
communiquée aux particules stockées dans l’anneau de près de rayonnement, les onduleurs et les wigglers. Leur principe est basé
900 m de circonférence à une énergie de 6 GeV, des faisceaux dont sur des déviations de faible amplitude des trajectoires par des
le flux et la brillance dépassaient, dans la gamme des rayons X structures magnétiques périodiques ; à chaque courbure supplé-
durs, de plusieurs ordres de grandeur ceux des synchrotrons pré- mentaire, il y a émission de lumière (figure 4a ).
cédents. Deux autres synchrotrons du même type, l’un aux Dans le cas de l’onduleur, l’induction magnétique est faible
États-Unis et l’autre au Japon, ont été mis en service quelques (quelques dixièmes de tesla), il existe un phénomène d’interfé-
années plus tard. Plus récemment, plusieurs machines de dimen- rence de l’émission à chacune des oscillations et le spectre d’émis-
sions et d’énergie plus modestes ont été mises en service, ou sont sion mesuré à travers une petite fente située sur l’axe d’émission
sur le point de l’être : SLS en Suisse, SOLEIL en France, DIAMOND est un spectre de raies d’harmoniques d’intensité proportionnelle à
au Royaume-Uni, ALBA en Espagne, BOOMERANG en Australie, N 2, N étant le nombre de structures magnétiques de l’onduleur
ainsi que plusieurs machines en Asie du Sud-Est. L’Allemagne (figure 4b ). Dans le cas du wiggler, l’induction magnétique est
possède maintenant plusieurs machines performantes grâce à la forte (supérieure au tesla), ces phénomènes d’interférences
transformation d’anciens synchrotons. Les performances des s’estompent (car repoussés vers les ordres supérieurs, au-delà de
installations expérimentales installées sur les quelques dizaines de la centième frange) et le spectre revient à la superposition de
lignes de lumière issues de ces anneaux permettent le dévelop- l’émission issue de chaque oscillation. On notera que le spectre
pement de nouvelles techniques et ainsi donnent une nouvelle d’émission est alors déplacé vers les grandes énergies.
30
Référence Internet
P2700
Wiggler
Cavité radiofréquence
Aimant
de courbure
Injection
d'électrons
2
Onduleur
Central Building
)
RG
G)
)
RG
SC
EC
SH-SPLINE CR
)
BBLE CRG
M
MA
FA
P+
(FI
(X
29
0 M30 31 31
28
G)
BM
3 D
ID B I BM ID32 32 (IF CR
29
BM
ID
8
BM
BM26 (DU
27
ID2
ID 0 1
BM
BM25 (SPANI
32 1 ID02
31 2 BM02
ID26
30 3 (D2AM
ID03 CRG)
4
29
Op
tic
Booster
sl
28
ab
Synchrotron
.
ID24
27
6
BM
26
7
23
BM ID
ID2 M22 ID2
05 06
3
25
B
Public beamlines
BM
2
development beamlines
20
BM ID08
10
23
(R ID CRG beamlines
OBL 21
07
CR
G) Free bending magnet
11
22
BM08
ID2 ports
0
ID09
12
ID19 BM 21
(GILDA
19 Storage Ring
13
20
B
14
BM18 19
ID10 A +
15
CRG)
18 16
ID18 17
1
ID1
12
ID17 16
G) BM
ID
ISH CR ID16
13
(SPAN + B M14 + B
ID
5A B
ID1 G) 14 A
K CR ID
(U
31
Référence Internet
P2700
lignes pour les rayons X durs qui sont peu absorbés est moins
Émission poussé et des fenêtres isolant le vide des lignes de celui de
de lumière Direction l’anneau (en général en béryllium) peuvent être traversées.
e– d'observation Aux extrémités des lignes de lumière, on trouve les dispositifs
α
expérimentaux que l’on peut diviser en trois parties : l’optique, le
B poste d’analyse et le détecteur.
T
1.4.2 Optique
a rayonnement synchrotron émis par un électron relativiste
Le rôle de l’optique est de transformer le rayonnement sortant
circulant sur une trajectoire sinusoïdale dans un champ
de la ligne de lumière en un rayonnement adapté à l’utilisation
magnétique périodique de période T
souhaitée. Les éléments principaux sont les monochromateurs, les
2
miroirs et les dispositifs de focalisation.
Brillance (photons/s/mm2/mrad2/0,1% BW)
32
Référence Internet
P2700
plus faibles énergies. D’autres dispositifs plus sophistiqués, tels ou basse température, sous atmosphère réactive, et plus généra-
des guides d’onde, ont également été proposés et utilisés. Tous lement in situ, par exemple sous chauffage laser, à l’état nébulisé,
ces dispositifs, dans leur ensemble, à la différence des collima- à l’interface d’un solide sous tension, etc. Cette flexibilité explique
teurs classiques, non seulement sélectionnent une partie du fais- la grande variété des applications (cf. § 2.2.3 et 2.3.3). On peut éga-
ceau mais focalisent le faisceau, ce qui permet d’obtenir un flux lement envisager d’étudier des produits radioactifs dans une
élevé concentré sur une surface, de l’ordre ou inférieure au micro- cellule adaptée [activité maximale de l’ordre de quelques millicu-
mètre carré. Ils sont à l’origine des divers types de microanalyse et ries (mCi), selon les centres] ou dans une boîte à gants à condition
d’imagerie par balayage. Ils sont décrits plus en détail dans le de respecter les règlements en vigueur.
paragraphe 2.5.2 consacré à ce type d’imagerie.
1.4.5 Détecteurs
1.4.3 Postes d’analyse
Les détecteurs de photons utilisés sur les diverses expériences
2
La plupart des postes d’analyse que l’on trouve dans les centres dépendent énormément du type de mesure souhaité [2]. On trouve
de rayonnement synchrotron sont spécialisés dans une technique ainsi des compteurs ponctuels, des détecteurs linéaires, bidimen-
donnée et pour une gamme d’énergie donnée. Ils ont en commun sionnels, avec ou sans sélection d’énergie, avec des sensibilités
leur taille imposante par rapport aux expériences analogues de plus ou moins grandes, des dynamiques plus ou moins élevées,
laboratoire, et leur automatisme et motorisation qui sont très élabo- des résolutions spatiales de diverses qualités... Il n’existe bien sûr
rés à cause de l’interdiction (ou des difficultés dans le cas de rayon- pas de détecteur universel idéal, et l’optimisation de certains des
nement peu énergétique) d’accès lorsque le faisceau est présent. paramètres précédents se fait au détriment des autres.
Pour les rayons X durs, toutes les expériences sont enfermées dans Ce n’est pas l’objet de cet article de décrire les principes et les
des enceintes dont les parois sont imperméables au rayonnement. fonctionnements de tous ces détecteurs d’autant plus que leur
Pour les rayons X mous ou l’ultraviolet, il est moins nécessaire de évolution actuelle est très rapide. Cette évolution est précisément
protéger les utilisateurs par des enceintes car le rayonnement est induite par le développement des sources de lumière de plus en
absorbé par des épaisseurs très fines de matière et l’enveloppe des plus brillantes qui créent des besoins toujours plus exigeants dans
lignes de lumière suffit à protéger l’environnement. la détection, notamment par le grand nombre de photons qu’ils
Une autre caractéristique des expériences avec rayonnement délivrent dans des temps très courts.
synchrotron est leur mode de fonctionnement continu jour et nuit. Plus généralement, le grand essor que connaît l’utilisation du
Les attributions d’expériences se font pour des périodes portant rayonnement synchrotron joue un rôle moteur dans l’amélioration
sur un jour à quelques semaines par des comités scientifiques qui des performances des optiques, des postes expérimentaux et des
examinent l’ensemble des projets déposés pour chaque poste détecteurs. Ces améliorations sont en retour bénéfiques aux
d’analyse, généralement deux fois par an. Le délai pour accéder au équipements traditionnels de laboratoire, voire à ceux d’autres
poste d’analyse, si le projet est sélectionné, varie donc entre six branches de la recherche (imagerie médicale par exemple).
mois et un an. Il existe d’autres modes d’accès plus rapides pour la
recherche industrielle à condition d’acheter le temps de faisceau.
1.5 Utilisation actuelle du rayonnement
1.4.4 Environnement d’échantillons synchrotron
■ Dans le domaine des rayons X durs (E > 3 keV), l’échantillon est Nous avons déjà dit que les centres de rayonnement synchrotron
placé dans le faisceau à l’air car la ligne de lumière est construite délivrent des faisceaux de lumière dont les qualités sont générale-
avec une fenêtre de beryllium en amont qui isole le vide de ment très supérieures à celles des sources conventionnelles.
l’anneau, tout en étant mécaniquement rigide et transparente au
rayonnement. Le tableau 1 montre une comparaison des performances du
rayonnement synchrotron avec quelques techniques concurrentes.
■ Dans le domaine des rayons X mous (E < 3 keV), il n’existe pas L’utilisation principale des sources synchrotron est la caractéri-
de matériaux convenables pour confectionner une fenêtre équiva- sation et l’analyse des matériaux, au-delà des techniques classi-
lente et l’échantillon est donc placé sous vide. ques, sous toutes leurs formes, essentiellement par des
Dans le premier cas, l’échantillon lui-même peut être étudié expériences d’absorption de diffraction et d’émission. Certaines
dans un environnement spécifique : cellule haute pression, haute techniques sont propres au rayonnement synchrotron, mais
Diffusion/diffraction X avec Structure 3D pour tous les Volume : 106 µm3 Grande
Oui pour les
générateur X éléments Z surtout les élé- Surface : 104 µm2 flexibilité qq sec Non échantillons
ments lourds organiques
Non, mais
Diffusion/diffraction avec Structure 3D pour tous les Volume : qq mm3
Grande Oui activation très
neutrons éléments Z surtout H Surface : flexibilité
qq min
(10–7 à 10–13 s) pénalisante
fraction de cm2
possible
33
2
34
Référence Internet
P950
Tomographie à rayons X
2
1. Principes physiques et mathématiques........................................... P 950v3 - 2
1.1 Atténuation des rayons X par la matière................................................. — 2
1.2 Production et détection du rayonnemen X ............................................. — 4
1.3 Principes mathématiques de la reconstruction....................................... — 5
2. Outil tomographique............................................................................. — 7
2.1 Architecture générale ................................................................................ — 8
2.2 Performances en matière de résolution .................................................. — 10
2.3 Extension aux domaines extrêmes : très haute énergie
et haute résolution..................................................................................... — 18
3. Évolution de la tomographie .............................................................. — 20
4. Applications ............................................................................................ — 21
4.1 Applications ............................................................................................... — 21
4.2 Applications aux sciences du vivant ........................................................ — 24
4.3 Perspectives d’avenir ................................................................................ — 25
5. Tomographie par autres rayonnements .......................................... — 28
5.1 Gamma tomographie ................................................................................ — 28
5.2 Tomographie à courants de Foucault ...................................................... — 28
5.3 Résonance magnétique nucléaire RMN .................................................. — 28
5.4 Tomographie par neutrons....................................................................... — 29
5.5 Tomographie Compton............................................................................. — 29
5.6 Tomographie à ultrasons : échographie.................................................. — 29
5.7 Tomographie à émission de positrons .................................................... — 29
5.8 Laminographie calculée à rayonnement rétrodiffusé ............................ — 29
5.9 Tomographie sismique et tomographie radar ........................................ — 29
5.10 Tomographies de procédés ...................................................................... — 30
6. Comparaison avec les autres méthodes de CND.......................... — 30
7. Conclusion ............................................................................................... — 30
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. P 950
35
Référence Internet
P950
36
Référence Internet
P950
µ–1 (µm)
µ–1 (µm)
µ–1 (µm)
106 10–1 10–1
105 1 106
I I
105 1 1
104 10 105
I 10
104
10
103 102 104
103 102 II
II 102
102 103 103
102 103
II
103
10 104 102
I 10 104
I’ III III
III I’
I’ 104
1 105 1 105 10
10–1 1 10 102 103 10–1 1 10 102 103 10–1 1 10 102 103
a carbone Z = 6 b cuivre Z = 29 c or Z = 79
1 eV = 1,60218 . 10–19 J
1 barn = 10–24 cm2
Les trois contributions sont représentées avec la prépondérance de l’absorption photoélectrique aux basses énergies.
L’ordonnée donne l’épaisseur de l’élément pur, par le biais de µ–1, qui conduit à une atténuation de e–1 = 0,368
Figure 1 – Section efficace totale de différents éléments pour des photons X de 0,1 keV à 1 MeV [9]
37
Référence Internet
P950
Tableau 1 – Coefficient d’atténuation massique / (en 10–1 cm2/ g) pour divers matériaux
en fonction de l’énergie
Énergie des photons (keV) Densité
Matériau
50 100 150 200 300 400 500 1 000 (g/cm3)
Aluminium 3,34 1,62 1,34 1,2 1,03 0,922 0,841 0,624 2,7
Cuivre 25,0 4,27 2,08 1,48 1,08 0,919 0,822 0,586 8,93
Fer 18,4 3,42 1,84 1,39 1,07 0,921 0,829 0,596 7,86
2
Tungstène 54,0 42,9 15 7,38 3,02 1,8 1,29 0,639 19,3
Plomb 72,2 52,3 18,9 9,45 3,83 2,2 1,54 0,69 11,34
Béton 3,61 1,7 1,4 1,25 1,07 0,958 0,873 0,637 2,3
Polyéthylène 2,01 1,70 1,53 1,40 1,22 1,09 0,995 0,727 0,92
Bakélite 1,91 1,58 1,42 1,30 1,13 1,01 0,921 0,673 1,2 à 1,7
Os 3,27 1,74 1,47 1,32 1,14 1,01 0,925 0,675 1,7 à 2
Muscle 2,14 1,66 1,48 1,35 1,17 1,05 0,959 0,700 »1
Eau 2,14 1,68 1,49 1,36 1,18 1,06 0,967 0,707 1
Air 1,96 1,51 1,34 1,23 1,06 0,953 0,870 0,636 0,0012
La conséquence concrète est qu’un petit précipité de quelques ficient µ/ρ, quand il est explicité comme dans l’équation (3), est
micromètres de métal lourd comme l’or donne (à 80 keV et dans indépendant de ρ et donc de l’état (solide, liquide, ou gazeux) de
une matrice transparente) un contraste (significatif) équivalent à cet échantillon.
celui donné par une épaisseur cent fois plus grande de carbone.
Cela explique aussi la nécessaire ingestion de sels de bismuth
(Z = 83) pour l’examen de l’abdomen d’un patient en radiologie 1.2 Production et détection
médicale. du rayonnement X
Plus précisément, on peut calculer, à partir de la formule (1) la
sensibilité en radiographie X (c’est-à-dire son aptitude à discerner
une variation locale d’absorption µ ou d’épaisseur x d’un petit 1.2.1 Production du rayonnement X
détail) ; sachant que la variation correspondante du taux de La tomographie dite « classique » utilise comme sources de
comptage est au moins trois fois supérieure aux fluctuations statis- rayonnement X des tubes scellés analogues à ceux utilisés en
tiques du nombre de photons transmis par la matrice, soit Nx , on radiologie médicale ou en radiologie industrielle (cf. [R 1 400]
a approximativement : Contrôle non destructif (CND)).
En tomographie basse énergie, le générateur délivre des
3
∆ ( µ x) ⭓ photons d’énergie comprise entre 40 keV et 100 keV.
Nx En tomographie haute énergie utilisée en milieu industriel, la
source délivre un faisceau de rayons X d’énergie comprise entre
quand ∆ (µx ) est plus petit que l’unité.
100 keV et 350 keV. Les flux délivrés sont intenses et la souplesse
Les mêmes phénomènes expliquent aussi l’impossibilité d’exploitation permet des réglages très précis par la haute tension
physique d’observer des fissures ou cavités : ou des filtrations. Pour des raisons physiques, le générateur doit
– dans des matériaux lourds et trop épais si l’atténuation expo- être utilisé dans le domaine Compton du matériau examiné.
nentielle dans de tels matériaux conduit à une absorption quasi Le spectre des rayons X émis par ces tubes est constitué d’un
totale du rayonnement incident et donc à la suppression quasi fond continu dû au freinage des électrons dans l’anticathode
complète du contraste correspondant ; auquel se superposent les raies caractéristiques de celle-ci
– dans un échantillon trop transparent qui introduit un bruit (figure 2) (cf. [P 2 695] Spectrométrie d’émission des rayons X.
Fluorescence X et [P 2 645] Spectrométrie de masse – Principe et
statistique (= Nx ) excessif. appareillage ). La distribution spectrale g (E ) en fonction de l’éner-
En pratique, il est donc nécessaire d’ajuster l’énergie des pho- gie E du fond continu est donnée approximativement par la
tons incidents à l’épaisseur et à la nature de l’échantillon à radio- formule de Kramers [10] en négligeant l’absorption qui joue un
graphier. La sensibilité optimale est atteinte quand l’épaisseur d de rôle important aux faibles énergies :
l’échantillon est telle que : g (E ) = k Z [(eV /E ) − 1]
38
Référence Internet
P950
14
12 Objet à
analyser
Raies caractéristiques
10
8
300 kV - 10 mA
2
6 Détecteur Réseau de Réseau de
250 kV - 10 mA détecteurs détecteurs
4 200 kV - 10 mA a 1re génération b 2e génération c 3e génération
2 150 kV - 10 mA
Source
0
0 100 200 x Source
Énergie (keV)
39
Référence Internet
P950
Transformée
Po
s iti de Fourier ky
on
1
p
Po
on
s iti
i
on
sit
s1
Po
u
u kx
I
2 I11
Ipm
Ipq
a b
I12
I Ip2
I1k ky
Ip1
I1m ∆θ
n positions : p varie de 1 à n
m détecteurs pour chaque position
k varie de 1 à m kx
q varie de 1 à m
On a m × n données
40
Référence Internet
P950
2
collectée par un détecteur élémentaire à l’intérieur de la surface
limitée par la source et ce détecteur.
En procédant de même pour chaque détecteur et pour les n a le point de départ concerne les profils d'absorption obtenus
profils obtenus sous les n angles différents, la superposition des n avec différents angles d'éclairement
rétroprojections va délimiter l’objet et moduler les différentes
rangées introduisant des renforcements et des affaiblissements
qui restituent la structure interne de l’objet initial (figure 6).
En fait, la reconstruction n’est pas parfaite et on observe que la
rétroprojection d’un ensemble discret de n projections n’est pas
identique à l’objet initial (la rétroprojection d’un objet ponctuel
restitue une étoile à n branches). Pour améliorer la méthode, il faut
procéder à une déconvolution par la fonction de projection qui est
une fonction linéaire en k (vecteur d’onde). La méthode de rétro-
projection filtrée consiste donc à prendre la transformée de Fourier
de chaque profil, ensuite à amplifier proportionnellement les
hautes fréquences (à l’aide d’un filtre) puis à revenir par transfor-
mation de Fourier inverse dans l’espace réel avant d’effectuer les
opérations de rétroprojection.
b on suppose que le profil observé vers la gauche correspond à des
1.3.3 Méthodes itératives absorptions uniformément distribuées sur des bandes horizontales
2. Outil tomographique
Née officiellement en 1971 à des fins d’applications médi-
cales, la tomographie X a beaucoup évolué depuis, tant dans le
domaine médical que dans le domaine industriel. Voir l’intérieur
d’un objet pour en reconstruire la structure interne en trois
dimensions, domaine d’excellence de la tomographie, apparaît
d en procédant de même pour les profils obtenus avec les autres
être en effet un atout majeur dans la mise au point et la fabrica- projections, on obtient une image de l'objet par rétroprojection
tion des pièces industrielles pour lesquelles la bonne qualité des
matériaux (absence de défauts) demeure la plus sûre garantie
contre des faiblesses et fragilisations en fonctionnement. Figure 6 – Illustration du principe de rétroprojection
41
2
42
Référence Internet
RE172
RECHERCHE
Points clés
Domaine : Techniques d’analyse et spectroscopie
Degré de diffusion de la technologie : Émergence | Croissance | Maturité
Parution : août 2012 - Dernière validation : mars 2022
43
Référence Internet
RE172
RECHERCHE
2
radiation, et les données révélées par les images diffèrent,
niveaux vibrationnels et rotationnels des matériaux. L’aspect
tous ces procédés sont basés sur le principe d’atténuation
spectroscopique dans ce domaine de fréquence peut, dès lors,
d’un rayonnement électromagnétique à travers la
mener à une caractérisation très large bande et à une identi-
matière [P 950] [IN 20].
fication unique des matériaux ou d’échantillons. De plus, le très
fort pouvoir pénétrant de ces ondes permet d’envisager une
visualisation d’objets invisibles en surface, en volume ou opa- Mathématiquement, le processus de tomographie est
ques dans le visible. Nous nous proposons de faire un état des composé de deux étapes distinctes :
lieux des différentes approches d’imagerie tomographique en – le modèle direct, qui décrit la phase d’acquisition,
bande térahertz. Les limitations physiques et technologiques c’est-à-dire comment calculer les projections ;
seront abordées. Enfin, des illustrations en contrôle non des- – le modèle inverse, qui définit la manière de recons-
tructif seront montrées. Pour de plus amples informations sur truire le volume imageant l’objet acquis.
les sciences autour du « térahertz », le lecteur peut se référer à
de nombreuses publications accessibles pour présenter et ana-
lyser cette technologie récente ([1] à [9] [RE 143] [RE 144]). 2.1 Définitions et principes
Un rayonnement électromagnétique a une énergie et un pou-
2. Principes de la tomographie voir de pénétration qui lui permet de traverser la matière. Pen-
dant ce processus, le faisceau de rayons subit fatalement une
et applications actuelles atténuation. Avec les rayons X, cette atténuation est localement
proportionnelle à la densité et à la quantité de matière traver-
La tomographie consiste en une technique d’imagerie sée. Ainsi, en radiographie X, les rayons transmis au patient
utilisée pour reconstruire le volume d’un objet à partir subissent une perte d’intensité globale proportionnelle à la
d’une série de mesures (projections) acquises depuis nature physico-chimique et à l’épaisseur des tissus traversés.
l’extérieur de celui-ci. C’est cette mesure de perte d’intensité relative – traduite en
une image en niveaux de gris – qui permet ensuite d’établir un
diagnostic.
Ce concept est apparu au début du XXe siècle, avec les tra-
vaux de Johann Radon [10] [11]. Mais il n’a été mis en pra- Dans un scanner à rayons X médical ou industriel, une
tique que dans les années 1970 lorsque le premier scanner coupe 2D de l’objet est acquise en mesurant l’atténuation des
médical à rayons X a été développé par G.N. Hounsfield et A. rayons pour différents angles autour de l’objet. Pour chaque
Cormark [12]. Une barrette de détecteurs diamétralement angle, on obtient une projection 1D. Une méthode de rétro-
opposée à un émetteur mesure l’atténuation subie par les projection permet de reconstruire la coupe 2D modélisant
rayons X au travers du patient à différents angles de visuali- l’objet acquis à partir de l’ensemble des projections [17] [18].
sation. Cette atténuation est proportionnelle à la quantité et à Une acquisition coupe par coupe permet ensuite de recons-
la densité des tissus traversés. Le volume imagé à l’intérieur truire le volume 3D.
du corps du patient est ensuite obtenu par des algorithmes de Soit par exemple un domaine f (x, y), représentant une
reconstruction spécifiques. fonction d’atténuation (figure 1a). Chaque projection 1D est
y θ(ρ) θ y
θ
ρ
f (x,y)
reconstruit
f (x,y)
θ θ
x x
a b
Figure 1 – (a) Une droite de projection est définie par un angle et une position radiale . Sa valeur correspond à la somme des
valeurs f (x, y) le long de la droite. Dans le cas où f (x, y) est la fonction d’atténuation, cette valeur correspond à l’atténuation globale
subie par le rayonnement, (b) Une seule projection ne suffit pas pour retrouver le domaine initial par « rétroprojection »
44
Référence Internet
RE172
RECHERCHE
θ2 θ2
θ3 θ3
y y
θ1
θ1
2
θ4 θ4
θ2
θ3 θ2
θ4 θ1 θ4
x x
f (x,y)
f (x,y) reconstruit
a b
Figure 2 – (a) Acquisition de plusieurs angles distincts ; (b) L’intersection des données disponibles sur les différentes projections
permet de reconstruire la fonction f de manière plus précise
définie selon un angle θ. Une droite de projection suivant θ est Le nombre d’échantillons par projection est noté Nρ . Il est
donnée par sa position radiale ρ et est notée (θ, ρ). La valeur commun à toutes les projections d’une acquisition donnée. Le
de projection θ (ρ) correspond à la somme des valeurs pas angulaire entre deux projections successives est noté
f (x, y) sur la droite, c’est-à-dire à l’atténuation globale subie π
par le rayonnement le long de cette droite. dθ = . De même, on note dρ le pas d’échantillonnage sur la
Nθ
Pour un angle donné, l’ensemble des valeurs θ (ρi ) définit projection, c’est-à-dire la distance entre deux droites de pro-
la projection θ, notée θ . Communément, on note et on jections successives.
appelle « sinogramme » l’ensemble des projections acquises
et utilisées dans les algorithmes de reconstruction. Comme le Une acquisition avec Nθ projections de Nρ échantillons four-
montre la figure 1b, une seule projection « rétroprojetée » nit le sinogramme *, qui est un sous-sinogramme du sino-
dans l’espace 2D ne permet de retrouver efficacement f (x, y). gramme idéal . Il est représenté par une image 2D, de taille
En revanche, grâce à des acquisitions à angles distincts Nρ × Nθ , où chaque ligne correspond aux valeurs d’une projec-
(figure 2a), f (x, y) est reconstruit de manière plus significa- tion. Soient iθ et iρ les index de la projection et de l’échantillon
tive et plus précise (figure 2b).
tels que 0 ⭐ iθ < Nθ et 0 ⭐ iρ < Nρ . Le pixel (iθ , iρ) contient la
Ce processus d’acquisition/reconstruction correspond
mathématiquement à la transformée de Radon [10], définie valeur θ (ρ) . Par exemple, l’image de la figure 3b représente
par Johann Radon en 1919. La transformée directe décrit la l’acquisition avec 180 projections et 512 échantillons/projec-
valeur d’une droite de projection à un angle θ et une position tion du fantôme de Shepp-Logan [20] représenté figure 3a. La
ρ par la somme des atténuations locales sur la droite première ligne (512 pixels) contient les valeurs de la projec-
(θ, ρ) [10] [11] : tion d’angle θ = 0o, la seconde ligne contient les valeurs de la
projection d’angle θ = 1o, et ainsi de suite.
∞ ∞
θ (ρ) = ∫−∞ ∫−∞ f (x, y) δ (ρ − x cos θ − y sin θ)dx dyy (1) Un tel sinogramme est utilisé pour reconstruire une image I
modélisant l’espace acquis. Cette reconstruction s’effectue
où θ et ρ sont respectivement les coordonnées angulaire et avec une version discrète de la BFP, notée R–1 telle que :
radiale de la droite (θ, ρ), et δ (•) est l’impulsion de Dirac.
Nθ −1 Nρ −1
La transformée inverse retrouve le domaine à partir de ses
projections. Soit un sinogramme contenant l’ensemble des R−1 (i , j) = I (i , j ) = ∑ ∑ BFP
θ
(ρ) pk (θ , ρ, i , j) (3)
acquisitions θ (ρ) telles que θ ∈ [0, π[ et ρ ∈⺢ , alors : iθ = 0 iρ = 0
45
Référence Internet
RE172
RECHERCHE
2
a b
Figure 3 – (a) Fantôme de Shepp-Logan analytique représenté dans une image 512 ⴛ 512 pixels ; (b) Sinogramme avec 180 projections
et 512 échantillons/projections
46
CND : méthodes globales et volumiques
(Réf. Internet 42585)
1– Aspects généraux
2– Radiographie
3
3– Techniques électromagnétiques Réf. Internet page
Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires
47
3
48
Référence Internet
RE143
RECHERCHE
Spectro-imagerie térahertz
Voir autrement
Abstract : The terahertz electromagnetic waves arouse the curiosity and the craze of
the scientists and the manufacturers because they allow a chemical analysis of mate-
rials in surface and in volume. Additional of the existing technologies, the
spectro-imaging at terahertz wavelength offers an important potentiality for the
domains of the biology, the security and the environment for example. This paper
reminds the basic principles, the limits and the last evolutions of this domain in full
emergence.
Points clés
Domaine : Techniques d’imagerie et d’analyse
Degré de diffusion de la technologie : Émergence | Croissance | Maturité
Parution : juin 2010 - Dernière validation : février 2020
49
Référence Internet
RE143
RECHERCHE
3 spectro-imagerie térahertz répond à cette problématique. Elle du contrôle qualité, soit de la défense et de la sécurité.
apporte une potentialité de contraste optique novateur, sensi-
ble aux niveaux vibrationnels et rotationnels des matériaux.
Il convient de rappeler quelques conversions d’unités
L’aspect spectroscopique dans ce domaine de fréquence peut
pour l’utilisateur. Un térahertz (THz) correspond à une lon-
dès lors mener à une caractérisation très large bande et à une
gueur d’onde de 300 µm dans le vide (figure 1), soit à un
identification unique des matériaux ou d´échantillons. De plus,
écart entre deux niveaux énergétiques de ∆E = 4,1 meV ou
le très fort pouvoir pénétrant de ces ondes permet d’envisager
encore une température équivalente de 48 K. Le rayon-
une visualisation d’objets invisibles en surface, en volume ou
nement térahertz présente l’avantage, comme les ondes
opaques dans le visible. Nous rappelons dans un premier
radio, de passer au travers de multiples obstacles mais
temps les caractéristiques de ce rayonnement ainsi que les
aussi, comme les ondes optiques, de pouvoir être focalisé
moyens de le générer et de le détecter. Ensuite nous présen-
pour fournir une image. En outre, la plupart des molécules
terons la mise en place d’une technique de spectro-imagerie
organiques ont une fréquence de résonance fondamentale
térahertz bidimensionnelle et son application à la visualisation
(de rotation ou de vibration) dans le domaine térahertz.
d’objets opaques.
Elles émettent donc naturellement dans ces fréquences, ce
qui permet d’utiliser des techniques d’imagerie totalement
passives et donc indétectables, avantage décisif pour les
2. Présentation du domaine applications militaires par rapport aux radars.
térahertz Jusqu’à l’horizon des années 1980, la production efficace et
la détection des ondes électromagnétiques (couplage d’un
2.1 Pourquoi le rayon T champ électrique et d’un champ magnétique qui oscillent et
s’induisent l’un l’autre en se propageant dans l’air à la vitesse
L’infrarouge lointain ou rayonnement térahertz est un de la lumière) dans cette plage du spectre électromagnétique,
domaine spectral complémentaire par rapport aux techniques restaient laborieuses. La plupart des sources THz étaient soit
employées actuellement (optique, RF, etc.). Son emploi se des émetteurs de faible brillance comme des sources ther-
démocratise depuis l’avènement simultané de lasers miques soit des lasers encombrants de type gaz moléculaires,
« femtoseconde », mais aussi grâce aux progrès constants dont la radiation en infrarouge lointain présente un choix de
dans la conception et la fabrication de nouveaux composants longueur d’onde sélectif dû à une largeur de bande étroite.
micro- voire nanoélectroniques. Pour les applications Conventionnellement, des détecteurs dits incohérents, comme
susceptibles d’être transférées, ces nouvelles techniques rem- des bolomètres et des détecteurs pyroélectriques, ont été
placent les moyens classiques de l’infrarouge lointain, qui uti- employés pour mesurer l’intensité de radiations THz, mais
lisent par exemple des corps noirs comme source de leurs inconvénients étaient un seuil de détectivité bas, des
rayonnement et des bolomètres comme détecteurs (avec de exigences cryogéniques et du bruit causé par la radiation ther-
longs temps de mesure). mique de fond. De plus, la perte de cohérence temporelle
L’intérêt d’employer ce rayonnement est multiple. En pre- réduisait fortement les possibilités d’application industrielle.
mier lieu par opposition aux rayons ionisants comme les Avec l’apparition de la spectroscopie temporelle térahertz au
rayons X bien connus, les radiations térahertz sont en effet milieu des années 1980, ces difficultés ont été surmontées
capables de pénétrer la matière organique ou inorganique rapidement. Le caractère multidisciplinaire du secteur de
sans causer de dommage. En second lieu, la radiation téra- recherche traitant les térahertz exige une connaissance pro-
hertz traverse certains milieux autrement opaques dans le fonde d’optique et photonique, d’ingénierie des micro-ondes et
domaine visible : vêtements, papier, bois, carton et plastiques de la physique des semi-conducteurs. Bien que la technologie
et la liste est non exhaustive. Cette transmission de l’onde progresse, peu de dispositifs sont disponibles dans le
térahertz sur plusieurs centimètres par divers matériaux est commerce.
THz gap
Radio Microwave IR Visible UV
300 MHz 3 GHz 30 GHz 300 GHz 3 THz 30 THz 300 THz
1m 10 cm 1 cm 1 mm 1 µm 10 µm 1 µm
50
Référence Internet
RE143
RECHERCHE
2.2 Comment générer un tel rayonnement picoseconde. Dans les deux cas, les rendements de conversion
sont encore très faibles, et décroissent au fur et à mesure que
Les sources constituent actuellement la principale limitation la fréquence ciblée augmente.
de la technologie THz en termes de transfert industriel. Les Le laser à cascade quantique est probablement la source
moyens techniques dont on dispose aujourd’hui permettent de continue la plus prometteuse. Cette solution consiste à bénéfi-
réaliser des études en laboratoire, mais ne sont pas encore cier du comportement des électrons libres dans des structures
adaptés à des applications industrielles ou grand public. Leur quantiques. Les techniques de croissance cristalline, comme
encombrement, leur fiabilité et aussi leur coût ne sont pas l’épitaxie par jets moléculaires, permettent la fabrication d’un
encore compétitifs et attractifs pour des applications en empilement de couches semi-conductrices nanométriques de
PME-PMI. compositions différentes (multipuits quantique).
Les sources THz peuvent être réparties en différentes Dans un laser classique à semi-conducteur, la lumière est
familles, suivant qu’elles sont continues ou impulsionnelles, produite par la recombinaison de charges négatives et posi-
cohérentes ou incohérentes, basées sur des techniques élec- tives (les électrons et les trous) à travers la bande d’énergie
troniques ou optiques.
51
3
52
Référence Internet
RE144
RECHERCHE
Spectroscopie térahertz
3
(CPMOH UMR 5798) à Talence (33).
et Patrick MOUNAIX
Chargé de Recherche CNRS au Centre de Physique Moléculaire Optique et Hertzienne
(CPMOH UMR 5798) à Talence (33).
Fiche de synthèse
Domaine : Techniques d’analyse et spectroscopie
Degré de diffusion de la technologie : Émergence / Croissance / Maturité
Technologies impliquées : Optique, électronique, optronique, traitement du signal
Domaines d’application : Biologie, environnement, sécurité
Parution : juin 2010 - Dernière validation : février 2020
53
Référence Internet
RE144
RECHERCHE
3
de fréquence particulier. parois. La puissance rayonnée par unité de surface et de lon-
gueur d’onde (en W. m-2.m-1) est donnée à partir de la loi de
Planck par :
Le rayonnement THz cohérent fait référence soit à un
rayonnement monochromatique de grande pureté spectrale,
soit à une impulsion THz dont les différentes composantes (1)
spectrales ont une relation de phase bien déterminée qui
conditionne la forme temporelle de l’impulsion. C’est cette avec h constante de Planck,
dénomination que l’on utilise généralement, par opposition
au rayonnement incohérent d’une source telle que le corps λ longueur d’onde,
noir. kB constante de Boltzmann,
c célérité de la lumière dans le vide,
Nous nous proposons ici de faire un point sur l’état de T température.
l’art de différentes techniques qui interviennent dans la
spectroscopie THz. Nous abordons dans une première partie Ce rayonnement est très large bande. En particulier, une
les différentes sources et détecteurs THz ainsi que leurs quantité non négligeable couvre la partie THz du spectre élec-
paramètres et caractéristiques pertinents en spectroscopie. tromagnétique. C’est principalement le rayonnement de corps
Nous détaillons ensuite quelques spectromètres THz ainsi noir qui a imposé et impose encore de contraintes sur la détec-
que des méthodes ou des techniques de spectroscopie à tion du rayonnement THz par des méthodes bolométriques ; il
l’équilibre. Dans une dernière partie, nous présentons les faut notamment refroidir le capteur à des températures cryogé-
méthodes de spectroscopie hors équilibre du type pompe niques afin de ne détecter que l’énergie du rayonnement THz à
optique – sonde THz. étudier.
54
Référence Internet
RE144
RECHERCHE
3
Les antennes THz fonctionnent sur un principe analo- fréquences considérables de plusieurs dizaines de THz avoisinant
gue. L’étincelle est remplacée par un transitoire de cou- même la centaine de THz. Néanmoins ce genre de performances
rant dans un semi-conducteur photoexcité ; le taux de restent exceptionnelles et de manière plus conventionnelle les
répétition est celui du laser tandis que la fréquence antennes THz opèrent entre 0,1 à 10 THz.
caractéristique de l’impulsion est donnée par la durée
de vie de cette « étincelle » de courant. Au niveau du Dans un montage typique, la source optique utilisée est
récepteur, l’impulsion THz induit également un courant. un laser femtoseconde titane-saphir. En sortie du laser, une
Néanmoins pour pouvoir mesurer la forme temporelle lame séparatrice divise le faisceau en deux parties, le faisceau
du signal, il faut réaliser un échantillonnage optique de génération et le faisceau d’échantillonnage (parfois très
(étapes a) à e) de la figure 1) car, contrairement aux improprement appelés « pompe » et « sonde » respective-
ondes RF, aucun détecteur n’est suffisamment rapide ment). Les deux faisceaux obtenus délivrent des impulsions
pour détecter un transitoire THz dont la durée est sub- lasers synchrones qui permettent la génération et la détection
picoseconde. résolue en temps du signal THz à l’échelle subpicoseconde. Un
substrat de GaAs épitaxié à basse température sur lequel sont
L’impulsion laser de sonde déclenche la mesure en déposées des lignes coplanaires munies d’un gap sont utilisées
créant des paires électron-trou. La résistivité de l’antenne
respectivement en émetteur et détecteur. Habituellement,
mesurable avec un ohmmètre voit sa valeur fortement
lorsqu’on fait croître des couches cristallines de GaAs, la tem-
diminuer. Le champ térahertz incident entraîne les por-
pérature du substrat est de l’ordre de 600 ° C. Les matériaux
teurs photocréés ; ceux-ci induisent un courant Jd que l’on
obtenus peuvent être semi-isolants et comportent des impure-
mesure.
tés résiduelles responsables de la création d’un niveau
Principe de détection c)
nAmp b) d)
Courant induit
dans le récepteur a) e)
RX d)
c) e)
a)
RX b)
IOpt J ETHz
BC ETHz ⬃ dJ/dt
n
TX J⬃n
hν
TX Radio
p Thz
10 V DC BV
HT RF Mécanisme d’émission
Photocommutateur
Figure 1 – Analogie entre l’expérience de Hertz et les premières expériences THz à base de photocommutateurs. Les principes d’émission
et de détection sont détaillés dans les inserts
55
Référence Internet
RE144
RECHERCHE
accepteur proche de la bande de valence. À cause de la rayonné. Comme nous le verrons ultérieurement, la généra-
recombinaison entre les électrons et les trous dans le niveau tion THz en continu avec un photomélangeur est particulière-
accepteur, le matériau est quasi isolant à température ment bien adaptée aux mesures de spectroscopie de très
ambiante. Pour des températures de croissance abaissée de haute résolution. En effet, la résolution spectrale est directe-
l’ordre de 200 à 300 ° C, le GaAs cristallisé est dit GaAs basse ment pilotée par la largeur spectrale des lasers utilisés pour le
température (GaAs-BT) en anglais Low-Temperature Grown battement.
GaAs. La stœchiométrie du GaAs-BT diffère de celle du GaAs
standard, néanmoins il est considéré comme un cristal de 2.2.1.2 Émission par effets de surface
haute qualité. Après sa croissance, il existe dans le matériau Comme nous l’avons observé précédemment, les photo-
un excès d’arsenic dont le pourcentage est proche de 1 %. Cet commutateurs (antennes) offrent des caractéristiques remar-
excès d’arsenic cause la formation de plusieurs types de quables et sont largement utilisés aussi bien en recherche que
défauts : arsenic en antisite (AsGa), arsenic en site interstitiel pour des applications industrielles. Ils souffrent néanmoins de
(Asi), lacunes de galium (VGa) ou de complexes arsenic-galium deux problèmes étroitement liés. D’une part, la géométrie de
56
Référence Internet
E4062
Sources d’ondes
électromagnétiques térahertz
3
1. Physique et applications des ondes électromagnétiques THz ... E 4 062 - 3
1.1 Domaine des ondes térahertz ................................................................. — 3
1.2 Intéraction des ondes THz avec la matière ............................................ — 3
1.3 Principales applications des ondes THz ................................................. — 4
1.4 Problème des sources THz ...................................................................... — 4
2. Depuis Heinrich Rubens jusqu’au XXIe siècle :
brève histoire des sources THz .......................................................... — 4
3. Sources incohérentes : corps noirs................................................. — 6
4. Tubes électroniques ............................................................................ — 7
5. Composants électroniques ................................................................ — 8
5.1 Diodes à résistance différentielle négative ............................................ — 8
5.2 Diodes pour la multiplication de fréquence........................................... — 9
5.3 Composants pour le mélange de fréquences optiques ........................ — 10
5.4 Transistors ................................................................................................ — 12
5.5 Circuits intégrés monolithiques hyperfréquence .................................. — 13
6. Sources à excitation optique impulsionnelle ............................... — 13
6.1 Photo-commutation ................................................................................. — 13
6.2 Diodes pin................................................................................................. — 16
6.3 Redressement optique............................................................................. — 16
6.4 Plasmas photo-excités............................................................................. — 17
7. Sources THz continues de type optique ........................................ — 19
7.1 Lasers moléculaires ................................................................................. — 19
7.2 Lasers QCL................................................................................................ — 20
7.3 Génération paramétrique dans des cristaux non linéaires .................. — 21
8. Grands instruments ............................................................................. — 22
8.1 Gyrotrons.................................................................................................. — 22
8.2 Synchrotrons ............................................................................................ — 23
8.3 Lasers à électrons libres (FEL) ................................................................ — 24
9. Synthèse à propos des sources de rayonnement THz ............... — 25
10. Glossaire ................................................................................................. — 26
Pour en savoir plus ....................................................................................... Doc. E 4 062
57
Référence Internet
E4062
58
Référence Internet
E4062
électromagnétiques THz
1.1 Domaine des ondes térahertz
Fréquence (THz)
10
Énergie (meV)
Les frontières du domaine THz ne sont pas définies rigoureuse- 1
ment, mais font plutôt l’objet d’un consensus. Il est ainsi admis
que ce domaine s’étend entre les hyperfréquences et le moyen
infrarouge (MIR), sur l’intervalle spectral 100 GHz à 10 THz. Ces
chiffres « ronds » ont l’avantage d’être faciles à retenir. Vu la mon-
1
tée en fréquence des techniques micro-ondes, certains poussent
aujourd’hui la limite basse vers 300 GHz. On utilise les relations
suivantes entre l’énergie des photons E et la fréquence f, la lon- 0,1
gueur d’onde λ, ou la température équivalente T : 10 100 1 000 104
(1)
Longueur d’onde (µm)
3
Figure 1 – Domaine THz et ses différentes grandeurs associées
avec constante de Planck ,
constante de Boltzmann, de modèles comme celui de Maxwell-Garnett) et la faible diffusion
des ondes THz par ces inhomogénéités obéit à la loi de Rayleigh ;
célérité de la lumière dans le vide.
– la taille des inhomogénéités est de l’ordre de la longueur
Ainsi, le domaine THz s’étend de la longueur d’onde λ = 30 µm d’onde, la diffusion de type Mie est alors forte, et il n’existe pas de
jusqu’à 3 mm ; on dit souvent qu’il s’agit du domaine submillimé- modèle analytique pour calculer l’indice de réfraction et le pouvoir
trique. Le domaine des températures équivalentes débute à 4,8 K de diffusion ;
et finit à 478 K. L’énergie d’un photon aux fréquences THz est très – enfin, pour des inhomogénéités plus grandes, on retrouve le
faible, ce qui conduit à employer l’électron-volt plutôt que le Joule domaine de l’optique géométrique.
pour mesurer cette énergie (1 eV = 1,6 × 10–19 J). Ainsi, les limites
0,1 – 10 THz correspondent à 0,4 – 41,2 meV. Le domaine THz est
représenté sur la figure 1, qui présente la correspondance entre 1.2.3 Interaction résonante
toutes les unités que nous venons d’énoncer. Dans tout ce cha-
pitre, nous noterons Ω la pulsation (fréquence angulaire, Ω = 2πf ) L’interaction résonante entre la matière et les ondes THz apporte
dans le domaine THz et ω la pulsation dans le domaine optique. de nombreuses informations spectrales très utiles. Il convient de
séparer les trois états de la matière pour décrire cette interaction.
59
Référence Internet
E4062
des excitations localisées se produisent, conduisant à des bosses permet de très hauts débits d’informations. À cause de la forte
d’absorption nommées pics de boson. Lorsque le solide présente absorption par la vapeur d’eau, surtout quand les fréquences
des propriétés de conduction électrique, une partie de ses atomes dépassent le THz, ces télécommunications sont envisagées entre
ou molécules sont ionisés et libèrent des électrons qui se immeubles à proches distances, ou bien à l’intérieur de bâtiments.
déplacent pratiquement librement entre les atomes. Ces électrons Elles sont aussi étudiées pour transporter des signaux au sein de
libres sont facilement mis en mouvement oscillant par le champ gros ordinateurs et serveurs.
électrique d’une onde THz, puis ils relaxent cette énergie par choc
L’autre domaine de prédilection de la technologie THz est la
avec les phonons ou avec les défauts du solide : il en résulte que
recherche scientifique. Le nombre et la variété des sujets abordés
les ondes THz ne se propagent pas dans les conducteurs, mais se
et étudiés au moyen de cette technologique sont trop importants
réfléchissent à leur surface. De manière générale, la présence de
pour être décrits ici. Le lecteur trouvera une synthèse de ces
porteurs libres dans la matière conduit à une forte absorption des
recherches dans les références suivantes [1] [2] [3] [4].
ondes THz.
■ Interaction entre les ondes THz et les liquides
À retenir
Le comportement aux fréquences THz des liquides est
intermédiaire ; les molécules sont en contact entre elles, mais elles – Le domaine THz est la partie du spectre électromagnétique
ne sont pas assez liées pour former un solide, et elles se déplacent dont les fréquences s’étendent de 100 GHz à 10 THz, soit des
facilement sous l’effet d’une force appliquée. Néanmoins, la proxi-
3
longueurs d’onde comprises entre 30 µm et 3 mm. L’énergie
mité des molécules voisines atténue fortement les vibrations et les des photons THz varie de 0,4 à 41 meV.
rotations moléculaires. Dans les liquides « polaires » comme l’eau,
chaque molécule possède un moment dipolaire qui tendra à s’ali- – Un grand nombre de molécules présentent de nombreuses
gner dans la direction du champ électrique de l’onde THz. L’absorp- raies d’absorption THz, qui correspondent à l’excitation de
tion résultante, décrite par le modèle de Debye ou d’autres plus vibrations de l’ensemble du squelette moléculaire. Dans les
élaborés, est très forte ; les matériaux humides sont opaques au solides, l’excitation de phonons optique conduit aussi à des
rayonnement THz. Par contre, les liquides non polaires, comme les pics de forte absorption.
huiles, sont très transparents dans le domaine THz. – Dans le domaine THz, les propriétés des matériaux
peuvent être très différentes de celles dans le visible ou l’infra-
rouge. Par exemple, le polyéthylène noir, le carton, le papier
1.3 Principales applications sont transparents, alors que l’eau et les matériaux humides
des ondes THz sont opaques.
– Les applications de la science et de la technologie sont très
Les applications des ondes électromagnétiques THz sont princi- variées et prometteuses, mais leur développement demande
palement appuyées sur deux propriétés évoquées dans le des progrès importants en termes d’efficacité (génération-
paragraphe 1.2, à savoir la transparence de matériaux (qui peuvent détection), de compacité, de facilité d’emploi et de coût.
être opaques dans le visible et l’infrarouge) et la signature spec-
trale unique de certaines substances.
La transparence du papier, des cartons, des tissus et donc des 1.4 Problème des sources THz
vêtements, des films plastiques, etc., permet de détecter des objets
qui sont cachés par ces matériaux, par exemple des armes ou des Comme nous l’avons déjà écrit dans l’introduction, les sources de
objets prohibés transportés par des personnes potentiellement rayonnement THz doivent émettre des photons de très faible éner-
malveillantes. Ainsi, l’imagerie THz est en fort développement pour gie. Il s’ensuit que les sources de l’optique et de l’infrarouge, princi-
des raisons sécuritaires. Cette imagerie est aussi appliquée à des palement basées sur une désexcitation d’un niveau d’énergie
problèmes industriels, comme la détection de défauts dans des électronique élevé vers un niveau plus bas peu peuplé, sont de
structures (par exemple le renforcement de matériaux composites moins en moins efficaces, lorsqu’on s’éloigne de l’infrarouge pour
par des fibres en avionique), ou à l’étude d’œuvres artistiques atteindre le THz, l’agitation thermique peuplant tous ces niveaux de
(visualisation des différentes couches de peinture dans des manière égale. De même, les systèmes micro-ondes perdent leur
tableaux ou des fresques). En employant des signaux THz impul- efficience aux fréquences THz. Les composants électroniques de
sionnels, on peut mesurer l’épaisseur de couches transparentes base, comme les transistors, sont moins performants qu’à plus
aux fréquences THz, par exemple pour vérifier l’homogénéité des basses fréquences à cause du temps de réponse intrinsèque du
différentes couches de peinture d’une voiture. Dans le domaine composant, mais aussi des résistances et des capacités parasites
médical, on profitera de l’absorption très différente entre des tis- dans les composants et circuits. Ainsi, comme représenté sur la
sus fortement ou faiblement humides ; une application promet- figure 2, la puissance de différentes sources THz, commercialisées
teuse est la détection de mélanomes à la surface de la peau. en 2020, en fonction de la fréquence, montre un fossé situé vers
Les spectres d’absorption de certains matériaux ou substances 1 ~ 1,5 THz : c’est le fameux « gap THz » indiqué par des traits poin-
peuvent montrer nombre de pics qui constituent une signature tillés.
unique de la composition chimique de ces matériaux. C’est surtout
le cas des gaz pour lesquels ces pics sont très fins. Les domaines
d’application de la spectroscopie THz concernent l’environnement
(détection de polluants dans l’atmosphère), la sécurité (identifica- 2. Depuis Heinrich Rubens
jusqu’au XXIe siècle : brève
tion à distance des substances prohibées ou dangereuses trans-
portées de manière dissimulée par un individu), la médecine
(analyse du souffle d’une personne pour identifier des molécules
produites par certaines pathologies). Ainsi des constructeurs auto- histoire des sources THz
mobiles travaillent sur la mise au point de capteurs THz d’haleine
du conducteur, pour vérifier que ce dernier ne fera pas l’objet La partie visible du spectre électromagnétique est étudiée et
d’une crise cardiaque dans un temps très proche, ou pour contrô- exploitée depuis des millénaires, mais les sources et les détecteurs
ler son taux d’alcoolémie ! de lumière visible ont fait des progrès considérables avec l’avène-
Enfin, signalons le développement de systèmes de télécommu- ment de la technologie électrique. L’infrarouge a été découvert
nications avec une porteuse à fréquence THz. Cette porteuse par Herschel au début du XIXe siècle (même si Giambattista della
60
Référence Internet
E4062
3
oubliés. Il a fallu attendre la fin des années 1950 pour que Read
10–5 publie un effet NDR dans des diodes, puis pour que Gunn observe
0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 3,5 des oscillations aux fréquences GHz avec de telles diodes, appe-
Fréquence (THz) lées maintenant diodes Gunn. D’autres composants furent propo-
sés, comme les diodes IMPATT (effet Gunn associé à un
IMPATT UTC Globar phénomène d’avalanche) ou à effet tunnel. Les transistors ont
RTD BWO Lampe Hg aussi progressé vers un fonctionnement à très hautes fréquences,
MMIC Schottky surtout après l’invention du transistor HEMT (High Electron Mobi-
QCL Antenne PC lity Transistor) par la société Fujitsu en 1979.
La plupart de ces sources délivrant un faisceau THz continu sont des Les lasers moléculaires constituent une autre source puissante
composants électroniques, sauf les BWO (tubes électroniques) et les et monochromatique de faisceaux THz. Rappelons que le premier
lasers QCL. laser à ammoniaque, conçu et démontré par Gordon, Zeiger et
Pour comparaison, on a aussi tracé le spectre du signal THz impulsionnel Townes au milieu des années 1950, rayonnait un faisceau à
délivré par une antenne photo-conductrice, dont la puissance totale est 24 GHz. Faisant suite aux calculs de Prokhorov pour atteindre le
de 2 µW, ainsi que les spectres émis par des sources thermiques (Globar domaine sub-millimétrique, le premier laser far-infrared à vapeur
et lampe à mercure).
d’eau fut construit par Kimmit en 1964, suivi quelques mois plus
tard par un laser à gaz noble conçu par Patel et son équipe. À la fin
des années 1960, ces lasers furent grandement améliorés par deux
innovations majeures ; le pompage se fait dans un guide d’onde,
Figure 2 – Puissance THz en fonction de la fréquence pour et à l’aide d’un laser CO2. Contrairement aux lasers moléculaires,
différentes sources répertoriées en 2020
les lasers à effet de cascade quantique (QCL) sont très compacts.
Le premier laser QCL, fabriqué en 1994 aux laboratoires Bell,
rayonnait dans le moyen infrarouge. L’extension au domaine THz
Porta, un intellectuel italien, avait déjà signalé l’existence d’un
est délicate, mais a été néanmoins obtenue en 2002 par une
rayonnement invisible qui transportait de la chaleur dans son livre
équipe italo-anglaise.
Magia naturalis publié en 1558). Suite à la théorie électromagné-
tique de Maxwell, l’intérêt pour le domaine des hautes fréquences Grâce au développement des lasers dans le domaine
a débuté avec les célèbres travaux de Hertz, qui émettait et détec- optique, les années 1960 virent l’apparition de méthodes de
tait des signaux de fréquence ~ 50 MHz dans sa première expé- génération et détection de faisceaux THz par techniques
rience de génération, propagation et détection des ondes d’optique non linéaire (redressement optique, différence de fré-
électromagnétiques. quences), en particulier grâce aux travaux de Shen, puis avec la
première démonstration d’un faisceau THz continu par Matsu-
Suite aux travaux de Hertz, l’infrarouge lointain fut assez rapide- moto et Yajima en 1973. Plus tard, vers la fin des années 1980, la
ment investigué. Hertz employait comme source l’étincelle produit mise au point des lasers femtosecondes à modes bloqués de type
entre deux sphères (dipôle) sous une haute différence de potentiel, Ti:Sa (saphir dopé titane) révolutionna la technologie THz. En
situées à la discontinuité d’un cercle métallique servant d’antenne. effet, ces lasers disponibles commercialement présentent des
Le signal était détecté par un dispositif semblable. Ce système fut performances remarquables, sont fiables et faciles à utiliser.
amélioré dans les années 1890 par Bose qui caractérisa matériaux Grâce à la puissance crête extrêmement élevée, on peut redres-
et dispositifs jusqu’à 60 GHz, puis dans les années 1920 par ser les impulsions laser pour produire des impulsions électroma-
Nichols et Tear, qui atteignirent 1,36 THz. Un peu plus tard, gnétiques très brèves (sub-picosecondes), dont le spectre s’étend
Glagolewa-Arkadiewa généra d’intenses signaux de 6 GHz à au-delà du THz. La parfaite reproductibilité des trains d’impul-
3,66 THz en produisant une étincelle dans de la poudre métallique sions fournis par ces lasers permet de réaliser des mesures en
imprégnée d’huile. Ces dispositifs à étincelles furent optimisés temps équivalent pour accéder à la forme temporelle des impul-
jusque vers la fin des années 1950. sions THz et en déduire ses composantes spectrales par transfor-
mée de Fourier numérique. Deux dispositifs ont été proposés
Parallèlement à ces travaux, on développa des sources ther- pour redresser les impulsions laser :
miques en prolongeant vers l’infrarouge lointain les concepts
employés en infrarouge. Ces sources sont des corps chauffés qui – les interrupteurs à semi-conducteurs (photoswitches) où les
émettent un rayonnement thermique suivant la loi de Planck (§ 3). porteurs excités par l’impulsion laser dans le semi-conducteur
Dès 1892, Rubens a lancé de nombreuses études avec des man- court-circuitent une zone entre deux électrodes. Initialement
chons à incandescence (welschbach mantle), puis avec des lampes conçus pour le domaine micro-ondes par Mourou et son équipe,
à mercure. Les manchons furent rapidement remplacés par des ils ont été adaptés au THz par Auston en 1988, puis optimisés par
globar. Grischkowsky au début des années 1990 ;
61
Référence Internet
E4062
so
ur
10 000 ce Rub QCL
s t en Glagolewa synchrotron
he s
Rubens/Planck rm
corps noir iq
u es laser H2O Grischkowsky
FEL
1 000
g es Auston
ar carcinotron (BWO)
h Mourou
D éc OR
Fréquence (GHz)
Bose Nichols/Tear
100 Photo
commutation
10 HEMT
Gunn
klystron
1
Hertz
0,1
1880 1900 1920 1940 1960 1980 2000 2020
Année
N.B. : vu la multitude de sources THz, ce schéma n’est pas exhaustif).
Pour les sources représentées par un cercle vide, il s’agit des performances initiales. Les sources
basées sur une décharge électrique sont représentées par des cercles noirs et la ligne continue indique
la tendance du développement de ces sources. De même, les sources basées sur la photo-commuta-
tions sont indiquées par des cercles gris. Enfin, les travaux de Rubens sur le rayonnement thermique
correspondent au trait gris, et ils commencent par la célèbre validation expérimentale de la loi de
Planck.
Figure 3 – Chronologie de l’apparition des principales sources de rayonnement THz et des fréquences produites
62
Référence Internet
E4063
Détecteurs d’ondes
électromagnétiques térahertz
2.
jusqu’aux composants du XXIe siècle ............................................
Mesurer l’amplitude et la phase, ou la puissance du champ
électromagnétique THz ? ...................................................................
E 4 063 - 2
— 3
3
3. Définition de la sensibilité, du bruit de détection
et de la dynamique............................................................................... — 4
4. Détecteurs de puissance (ou d’énergie)......................................... — 5
4.1 Bolomètres ............................................................................................... — 5
4.2 Diodes Schottky ....................................................................................... — 7
4.3 Transistors ................................................................................................ — 7
4.4 Détecteurs pyroélectriques ..................................................................... — 8
4.5 Cellule de Golay ....................................................................................... — 9
4.6 Caméras THz............................................................................................. — 9
4.7 Détection hétérodyne .............................................................................. — 10
5. Détecteurs sensibles à l’amplitude de l’onde THz ...................... — 11
5.1 Techniques de mesure ............................................................................ — 11
5.2 Antennes photo-commutatrices ............................................................. — 11
5.3 Techniques à plasma photo-généré ....................................................... — 13
5.4 Détection électro-optique ........................................................................ — 14
6. Synthèse sur les détecteurs de rayonnement THz ..................... — 16
7. Glossaire ................................................................................................. — 17
Pour en savoir plus ....................................................................................... Doc. E 4 063
63
Référence Internet
E4063
3
sites qui limitent leur bande passante.
Cet article présente tout d’abord un panorama historique de l’invention et du
développement des détecteurs THz, qui petit à petit ont progressé pour tenter
d’échapper aux contraintes que nous venons d’énumérer. Les bolomètres ont
fait des progrès spectaculaires, grâce par exemple à l’introduction des supra-
conducteurs, atteignant pratiquement, depuis les années 2000, les limites
quantiques de détection. Un autre progrès majeur a été apporté, à la fin des
années 1980, par la mise au point de techniques optoélectroniques basées sur
l’emploi de lasers impulsionnels femtosecondes. Enfin, les composants élec-
troniques sont de plus en plus développés et leur fréquence de coupure atteint
presque le THz.
Cet article donne ensuite une revue, établie en 2021, des principaux détec-
teurs de rayonnement THz. Leur principe de fonctionnement et leurs
performances seront décrits et listés. L’article se termine par une synthèse des
détecteurs et de leurs domaines d’application.
1. Détecteurs THz au cours puisqu’il utilisa des corps chauffés pour générer un rayonnement
thermique, méthode connue depuis des décennies, en particulier
du temps : depuis les grâce à Kirchhoff. Dès 1893, Rubens effectua des études jusqu’à
des fréquences d’environ 200 GHz pour atteindre le THz vers 1911.
thermopiles jusqu’aux Les remarquables mesures de Rubens ont contribué à l’établisse-
ment de la théorie de l’émission du corps noir par Planck en 1900.
composants du XXIe siècle Qu’en est-il du développement des détecteurs nécessaires à ces
travaux ? Rappelons brièvement que les détecteurs peuvent être
Le domaine des ondes électromagnétiques THz est situé entre classés suivant deux familles principales. Dans les détecteurs
l’infrarouge et les micro-ondes. Contrairement à la partie visible du thermiques, le rayonnement incident est absorbé par la surface
spectre électromagnétique à laquelle est sensible la vision de l’être du détecteur et cause une augmentation de température de ce der-
humain, il a fallu attendre les progrès des connaissances et de la nier, qui induit une variation de sa résistance électrique (bolo-
technologie électrique pour étudier et utiliser les ondes au-delà de mètre), une dilatation du volume d’une enceinte gazeuse
l’infrarouge. L’événement déclencheur a été la publication par (récepteurs pneumatiques) ou bien un effet thermoélectrique (ther-
Maxwell en 1865 de sa fameuse théorie électromagnétique, qui mocouple basé sur l’effet Seebeck). Dans les détecteurs appelés
suggérait la possibilité d’émettre des ondes avec des circuits élec- quantiques, les photons sont absorbés par les atomes ou molé-
triques oscillants. Cette prédiction fut brillamment validée en 1888 cules du solide, modifiant ainsi ses propriétés électriques par
par Hertz, qui a émis et détecté des signaux de fréquence ~ 50 MHz photo-émission, photo-conduction ou photo-électricité.
au moyen d’une étincelle produite entre deux sphères (dipôle) Jusqu’à la seconde guerre mondiale, la détection dans l’infra-
sous haute différence de potentiel, situées à la discontinuité d’un rouge lointain était réalisée surtout avec des thermopiles consti-
cercle métallique servant d’antenne. Très rapidement, Hertz a pro- tuées de plusieurs thermocouples reliés en série, inventées par
duit des signaux à 500 MHz, puis Bose a employé la même tech- Melloni et Nobili dans les années 1830, et plus rarement avec des
nique en 1897 pour atteindre le domaine des ondes millimétriques. bolomètres à ruban de platine, conçus par Langley en 1880. Ces
Nichols et Tear perfectionnèrent la technique et accédèrent au dispositifs présentaient des détectivités (§ 3) de l’ordre de
domaine THz dans les années 1920. À la même époque (1892-
1921), Rubens prit une approche complètement différente, .
64
Référence Internet
E4063
HEMT
caméra micro-bolomètre
Photo-conduction sub-ps
Bolomètre cryogénique
Redressement diode
Détection EO
Cellule de Golay
Détection HEMT
Diode Schottky
Diode Gunn
Thermopile
Bolomètre
Figure 1 – Chronologie de l’apparition des principales techniques et détecteurs THz, avec la liste des inventeurs
65
Référence Internet
E4063
électrique oscillant pour délivrer un signal non nul. Ces détec- lumière incohérente, le flux de photons obéit à la statistique de
teurs sont très rapides mais l’électronique de lecture, plus lente, Poisson.
nécessite des techniques en temps équivalent pour accéder à des
L’écart-type δn du flux n vaut . On appelle rapport
phénomènes sub-picosecondes et donc au spectre THz. L’avantage
signal-sur-bruit (signal-over-noise ratio en anglais, soit l’acro-
de la mesure du champ réside dans la possibilité d’avoir directe-
nyme SNR) le rapport (notons que le SNR porte
ment accès à la phase du signal, alors que cela demande des tech-
sur des puissances). Dans le circuit électrique, la puissance est pro-
niques plus compliquées (interférométrie) avec un détecteur de
portionnelle au carré du courant électrique, lui-même variant
puissance. On lira avec profit l’article de Joffre dans les Tech-
comme n [équation (2)], d’où le carré apparaissant dans la défini-
niques de l’Ingénieur consacré à la caractérisation d’impulsions
tion de SNR (n). En prenant comme intervalle de temps 1/2B, où B
optique et THz ultra-brèves [E 6 442].
est la bande passante de l’électronique de détection (1/2B est la
durée des évènements les plus brefs que l’électronique peut discri-
miner), on obtient l’écart-type du courant photo-généré :
À retenir
3
aléatoires contre les défauts du matériau ou avec les phonons. Ces
THz permettent de mesurer à la fois l’amplitude et la phase de
chocs aléatoires, qui obéissent aussi à la statistique de Poisson,
l’onde, en particulier en employant des techniques d’échantil-
rendent bruyant la valeur du courant électrique suivant la formule :
lonnage en temps équivalent.
(4)
66
Référence Internet
RE41
RECHERCHE
Contrôle électromagnétique
des interfaces libres
par Jacqueline ETAY
Directrice de recherche au Centre national de la recherche scientifique
Laboratoire SIMAP, CNRS Grenoble INP UGA, St.-Martin-d’Hères, France
et Yves FAUTRELLE
Professeur à l’institut national polytechnique de Grenoble
Laboratoire SIMAP, CNRS Grenoble INP UGA, St.-Martin-d’Hères, France
3
Résumé En métallurgie, il est souvent nécessaire de maîtriser la forme, la stabilité
d’une interface entre un métal liquide et un fluide de couverture ainsi que la cinétique des
éventuels transferts de masse à cette interface. L’utilisation de forces électromagnétiques
qui permettent d’agir sans contact matériel sur le métal est un moyen de contrôle souple
et efficace. Dans cet article, les mécanismes fondamentaux de l’induction sont introduits.
L’action de champs magnétiques sur le comportement des surfaces libres des métaux
liquides est illustrée par des exemples expérimentaux.
Abstract In metallurgy, controlling shape and stability of an interface between a liquid
metal and a covering fluid layers as well as possible mass transfers through this interface
is needed. The use of electromagnetic forces which allows to operate without physical
contact with the metal is a flexible and effective means of control. In this article, basic
mechanisms of induction are introduced. Actions of magnetic fields on the behavior of
liquid metals free surfaces are illustrated using experimental examples.
Mots-clés Interface libre, contrôle électromagnétique, force électromagnétique, lévita-
tion, dôme, transfert de masse aux interfaces, champ magnétique, induction.
Keywords : free interface, electromagnetic control, electromagnetic force, levitation,
dome, mass transfer, magnetic field, induction
1. Objectif
Après avoir présenté les mécanismes fondamentaux de l’induction, nous passons en
revue les effets d’un champ magnétique sur le comportement des surfaces libres de
métal liquide, selon l’intensité et la fréquence du champ. D’abord, les divers aspects liés
aux champs alternatifs monofréquence sont présentés : lévitation électromagnétique et
formage de dôme statique, oscillation de dôme, instabilité, émulsification... Puis, les effets
d’un champ magnétique présentant plusieurs fréquences sont exploités pour accélérer les
transferts de masse dans un procédé de dépollution. Le cas d’un champ magnétique
continu suit. Bien que ce dernier soit généralement stabilisant, son application en coulée
sidérurgique de brame peut favoriser des oscillations de forte amplitude et de basse
fréquence.
Tous ces cas sont illustrés par des photographies produites par le groupe EPM du
laboratoire SIMAP.
2. Forces électromagnétiques
Dans ce paragraphe, les bases théoriques relatives aux forces électromagnétiques sont
rappelées. Le lecteur soucieux de théorie peut approfondir ces bases en se rapportant à
Moreau [1] ou Davidson [2]. Celui qui s’intéresse aux applications lira directement le
paragraphe 3.
2.1 Principe
Sous l’influence d’un champ électrique E, les électrons ou les ions de certains matériaux
sont mis en mouvement, engendrant ainsi une densité de courant électrique j mesurée en
Parution : avril 2016
A/m2. La facilité avec laquelle les particules chargées circulent dans un volume élémen-
taire est considérée comme une propriété physique du matériau : c’est la conductivité
67
Référence Internet
RE41
RECHERCHE
3 Par convention, le champ électrique est la somme de deux µ = µ0 = 4 π × 107 (en unités SI)
champs :
En combinant les lois d’Ampère, d’Ohm et de Faraday, nous
un champ électrostatique Es donné par la loi de obtenons l’équation de l’induction :
Coulomb :
∂B 1 2
E s = − ∇V = ∇ × (u × B ) + ∇ B
∂t µ0σ
un champ électrique induit Ei par les variations tempo- C’est une équation classique de convection-diffusion, dont
relles du champ magnétique, donné par la loi de Faraday : nous allons voir qu’elle peut, dans les cas particuliers, dégénérer
sous des formes pratiques à manier.
∂B
∇ × Ei = − Le champ des vitesses est donné par l’équation de Navier-
∂t
Stokes dans laquelle la force électromagnétique j x B est
ajoutée :
Dans cette dernière, il est plus pratique d’introduire A, le vec-
teur potentiel du champ magnétique tel que ∇ × A = B . On peut ∂u ⎛ p⎞ j ×B
alors écrire l’équation précédente sous la forme : + (u ⋅ ∇ )u = − ∇ ⎜ ⎟ + ν∇2u +
∂t ⎝ ρ⎠ ρ
∂A
Ei = − avec r masse volumique du métal liquide (en kg · m-3) ;
∂t
L’énergie électromagnétique fournie au matériau par unité de n viscosité cinématique (cf. tableau 1) (en
temps et de volume est E · j ; elle est mesurée en W/m2 · s ou m2 · s-1) ;
bien en J/s. L’utilisation de la loi d’Ohm permet la décomposition p pression au point considéré (en Pa).
de cette énergie en deux parties :
À ces équations s’ajoutent les conditions initiales et aux
j2 limites.
, qui est toujours positive, c’est la partie de l’énergie
σ
dissipée sous forme de chaleur dans le matériau. En France, 2.3 Approximations
on l’appelle l’effet Joule ; D’après les définitions qui précédent, la solution aux problè-
mes de contrôle électromagnétique consiste à résoudre les
j · (u x B) = u · (j x B) qui peut être positive ou néga- équations différentielles régissant les évolutions temporelles et
tive, et qui représente le travail exercé par la force de spatiales des champs magnétiques (équation de l’induction) et
Laplace, j x B, sur le conducteur en mouvement. C’est de vitesse (équation de Navier-Stokes) avec les conditions initia-
l’énergie électromécanique. les et aux limites correspondant aux problèmes posés. En pra-
Le contrôle électromagnétique des métaux liquides utilise ces tique, résoudre de tels problèmes s’avère impossible. Des
deux types d’énergie. L’effet Joule sert à chauffer le métal, à le approximations sont donc introduites.
fondre et à en contrôler la température. La partie mécanique La première de ces approximations est celle qui consiste à
sert à en contrôler la pression interne et le mouvement. négliger l’effet de convection du champ magnétique par le
68
Référence Internet
RE41
RECHERCHE
69
3
70
CND : méthodes globales et volumiques
(Réf. Internet 42585)
1– Aspects généraux
2– Radiographie
3– Techniques électromagnétiques
4
4– Techniques ultrasonores et acoustiques Réf. Internet page
Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires
71
4
72
Référence Internet
P3790
Introduction à la technique
ultrasonore multiéléments
73
Référence Internet
P3790
Les possibilités offertes par les multiéléments dans des configurations classi-
ques sont présentées. Revenant, à la fin de l’article, sur la question des
ultrasons focalisés, quelques applications plus évoluées sont brièvement
décrites.
Cet article est illustré par des résultats de simulations numériques ; les
calculs ont été réalisés sous le logiciel CIVA (version commerciale 9.2) déve-
loppé par le CEA (lien dans le « Pour en savoir plus »).
ondes L), que l’on trouve également dans les fluides, et dont les
ondes sonores sont un cas particulier – et les ondes de cisaillement Du point de vue de la propagation des ondes mécaniques, une
– dites transverses (ou ondes T) spécifiques aux solides. En termes fissure dans un matériau peut être considérée comme une lame
mathématiques, les premières dérivent d’un potentiel scalaire, les d’air (ou de vide) et constitue une rupture brutale d’impédance
secondes d’un potentiel vecteur [AF 3 814] [1] ; dans la suite de dans le milieu de propagation. En première approche, la trans-
l’article, les illustrations obtenues par simulation sous le logiciel mission à travers cette lame d’air est quasi-nulle (ou nulle) et la
CIVA représentent l’amplitude du potentiel associé au mode réflexion de l’onde quasi-totale (ou totale) : ces deux phénomènes,
considéré. et le plus souvent le second, sont exploités pour la détection de
Ces ondes sont caractérisées par leurs célérités, qui s’expriment défauts (fissures, manques de matière...).
de la manière suivante :
En revanche, les impédances entre un solide et un liquide sont
E (1 − σ ) E dans les mêmes ordres de grandeur : les ondes mécaniques
cL = et cT = peuvent se transmettre d’un solide vers un fluide et récipro-
ρ (1 + σ ) (1 − 2σ ) 2 ρ (1 + σ ) quement.
où E et σ désignent respectivement les modules d’Young (en Pa) et Conséquence
le coefficient de Poisson, et ρ la masse volumique (en kg/m3).
ou encore : Pour pratiquer un examen par ultrasons, il est nécessaire d’assu-
rer la propagation aller-retour des ondes depuis le capteur, appelé
λ + 2µ µ aussi traducteur (figure 1a ), jusqu’aux éventuels défauts situés
cL = et cT =
ρ ρ dans la pièce, en assurant l’adaptation d’impédance qui convient :
où les notations λ et µ désignent classiquement les coefficients de – la première manière consiste à procéder à l’examen par
Lamé (en Pa ou N/m2). Dans la suite de l’article, λ désignera la lon- immersion, en plongeant dans un fluide (de l’eau par exemple) la
gueur d’onde du signal. pièce à examiner ainsi que le traducteur [BM 6 450] : les ondes
produites par le traducteur se propagent dans le fluide, se trans-
Dans les fluides : mettent dans le solide et, si un angle d’incidence est appliqué, se
réfractent en suivant la loi de Snell-Descartes connue en optique
1
c = cL = géométrique. Les indices de propagation qui apparaissent dans
ρχs cette loi sont définis comme les inverses des vitesses (d’après les
valeurs de célérité présentées ci-dessus, on note en particulier que
où χs désigne le coefficient de compressibilité isentropique. le rapport des indices entre l’eau et l’acier liant les sinus des
angles d’incidence et de réfraction des ondes longitudinales vaut
environ 4) ;
Ordres de grandeur [R 1 400] :
– dans l’acier ferritique : cL = 5 900 m/s et cT = 3 230 m/s – l’alternative consiste à mettre en œuvre, comme dans le
– dans l’acier inox : cL = 5 650 m/s et cT = 3 060 m/s domaine médical, les traducteurs au contact [BM 6 450]
– dans le plexiglas : cL = 2 750 m/s et cT = 1 100 m/s (figure 1d ). Il faut pour cela employer un couplant (du gel par
– dans l’eau : cL = 1 450 m/s exemple) entre le traducteur et le matériau à examiner pour éviter
la présence de toute lame d’air. De plus, on emploie généralement
une semelle en plexiglas, appelée sabot (figure 1b ), destinée à
1.1.2 Interaction avec un défaut appliquer un angle d’incidence à la pastille ultrasonore et donc à
produire un faisceau réfracté dans la pièce à examiner [R 1 400]. Le
Le milieu de propagation des ondes mécaniques est caractérisé point d’émergence est le point théorique du sabot duquel sort le
par une grandeur appelée impédance Z = ρc, ρ étant la masse volu- faisceau ultrasonore ; il se situe à l’intersection de la semelle du
mique et c la célérité des ondes mécaniques dans le matériau. sabot et de l’axe orthogonal à la pastille (figure 1c ).
74
Référence Internet
P3790
Amplitude
Pastille
Tracé théorique du faisceau
piézoélectrique
dans le sabot
Longueur du signal
Temps
Exemple :
– l’acier ferritique a un coefficient linéique de l’ordre de
0,01 dB/mm sur la plage de 1 à 3 MHz [2] : il peut être considéré en
pratique comme non atténuant pour les examens réalisés sur ce
Point d'émergence
domaine de fréquences ;
– dans certaines nuances d’acier, ce coefficient peut atteindre
0,025 dB/mm [3], voire plus.
4
c traducteur monté d mise en œuvre manuelle
sur le sabot d'un traducteur contact
In fine, les fréquences allant de 0,5 à 10 MHz couvrent la plus
Figure 1 – Examens par ultrasons
grande partie des applications de contrôle non destructif, car
elles permettent de satisfaire à la fois les conditions de préci-
sion de mesure (de l’ordre du millimètre), et d’atténuation
En immersion comme au contact, lorsque le faisceau est réfracté négligeable ou acceptable [R 1 400]. Ces ondes mécaniques, de
dans la pièce examinée en ondes transverses (respectivement lon- même nature que le son, se trouvent dans le domaine des
gitudinales) à 45o par exemple, on qualifie de « T45o » (respecti- aigus inaudibles et sont donc ultrasonores.
vement « L45o ») le traducteur, le sabot ou le mode de
propagation.
75
Référence Internet
P3790
4
sommation ([4] [5]) fournit l’allure de l’amplitude lumineuse (en sinus
cardinal) : le long de l’axe de propagation, on observe un maximum
d’amplitude et, de part et d’autre, des lobes secondaires (figure 7).
Figure 3 – Schéma de la diffraction d’un faisceau laser Dans le cas d’une ouverture circulaire de diamètre a, le calcul
par une fente fine montre que le premier anneau sombre est repéré par θ tel que :
λ
sin (θ ) = 1, 22 .
a
24 mm Le calcul mené ici pour une onde électromagnétique est
identique pour une onde mécanique.
Sabot
Conséquences
Lobes secondaires
En raison des dimensions finies de la surface émettrice du
traducteur, le faisceau ultrasonore n’est pas parallèle, mais
Faisceau λ
diverge, avec un angle (en radians) de l’ordre de θ ≃ ,
principal a
d’autant plus grand que l’ouverture est petite.
Ordre de grandeur typique en acoustique
La divergence d’un faisceau ultrasonore produit dans l’acier
ferritique par une pastille piézoélectrique de diamètre
c
a = 6,35 mm (quart de pouce) vibrant à 2 MHz λ = = 2, 95 mm
f
Figure 4 – Illustration de la diffraction dans le plan d’incidence est de l’ordre de θ = 34o.
Ordres de grandeur typiques en optique
fente fine, du fait de son caractère ondulatoire, le faisceau s’élargit, Dans le cas d’un faisceau laser rouge de longueur d’onde
et cela d’autant plus que la largeur de la fente est fine, et présente λ = 600 nm passant à travers un trou de diamètre a = 0,1 mm, le
des lobes (figure 3). On obtient une figure de diffraction dont la premier anneau sombre est repéré par l’angle θ = 0,4o.
symétrie découle de celle de la fente [4] [5]. Concernant la source laser elle-même comportant une ouver-
En acoustique, la surface émettrice du traducteur qui constitue la ture de diamètre a = 2 mm, on obtient θ = 0,02o pour une longueur
source n’est pas ponctuelle mais de dimensions finies, ce qui d’onde λ = 600 nm. Contrairement au faisceau ultrasonore, le fais-
engendre de la diffraction : un traducteur conventionnel produit ceau laser n’est quasiment pas divergent, sa section est
donc un faisceau principal et des lobes secondaires d’amplitude quasi-constante à l’échelle du laboratoire : c’est un « rayon » laser.
moindre (figure 4), positionnés selon le rapport de la longueur
d’onde sur le diamètre de la pastille (cf. plus loin figure 8). Sur les simulations présentées figures 4 et 5a, l’effet de
Les résultats de simulation présentés sur les figures 4 et 5 ont diffraction n’est pas aussi net que sur la courbe de la figure 7. En
été obtenus sous le logiciel CIVA avec des traducteurs T45o à effet, la vibration d’un traducteur ultrasonore est amortie : l’onde
3 MHz, comportant des pastilles piézoélectriques rectangulaire acoustique engendrée possède un spectre fréquentiel de largeur
(figures 4 et 5a ; dimension 8 mm × 9 mm) et circulaire (figure 5b ; non nulle, elle n’est pas monochromatique et le calcul classique
diamètre 8 mm), en choisissant un signal accentuant le phéno- menant à la courbe en sinus cardinal n’est pas immédiatement
mène de diffraction. transposable ici. La figure de diffraction du traducteur est la
somme des figures de diffraction obtenues aux différentes fré-
Sur ces simulations, on retrouve la symétrie des lobes quences contenues dans la bande passante de celui-ci, c’est-à-dire
secondaires en fonction de l’ouverture du capteur (figure 5) ; on dans la largeur de son spectre (dans les simulations ci-dessus la
note que ces lobes sont d’amplitude faible. bande passante vaut 2 MHz).
76
Référence Internet
P3790
y
Faisceau
principal
z′
50 mm
Lobes secondaires
50 mm
a capteur rectangulaire
y
Faisceau
principal
4
z′
50 mm
Lobes secondaires
50 mm
b capteur circulaire
Amplitude lumineuse
sur la figure de diffraction
Masque
1
Onde plane
0,8
Direction
d’observation 0,6
M′
θ 0,4
M
δ
0,2
0
− 10 − 9 − 8 − 7 − 6 − 5 − 4 − 3 − 2 − 1 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Figure 6 – Application du principe de Fresnel au cas Figure 7 – Amplitude de la figure de diffraction à travers
de la diffraction par une fente fine une fente fine
77
4
78
Référence Internet
E4415
4
1.1.2 Modèle unidimensionnel ................................................................... — 3
1.1.3 Modèle de la source ponctuelle ........................................................ — 5
1.2 Régime d’ablation........................................................................................ — 7
1.3 Accroissement de l’efficacité ...................................................................... — 8
1.3.1 Réseau de sources.............................................................................. — 8
1.3.2 Effet d’une couche mince................................................................... — 9
2. Détection optique de déplacements mécaniques .......................... — 9
2.1 Méthodes non interférométriques ............................................................. — 9
2.1.1 Déflexion ............................................................................................. — 9
2.1.2 Diffraction............................................................................................ — 10
2.2 Méthodes interférométriques..................................................................... — 10
2.2.1 Sonde homodyne ............................................................................... — 11
2.2.2 Sonde hétérodyne .............................................................................. — 11
2.2.3 Interférométrie différentielle dans le temps. Vélocimétrie Doppler — 12
3. Exemples d’application .......................................................................... — 14
4. Conclusion ................................................................................................. — 16
Références bibliographiques ......................................................................... — 16
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique E 4 415 − 1
79
Référence Internet
E4415
1. Génération d’ondes
élastiques par impact laser
Les ondes élastiques, encore appelées ondes acoustiques ou
ondes ultrasonores, sont des ondes de matière qui nécessitent un
déplacement mécanique u . Dans un solide isotrope illimité deux
ondes peuvent se propager : une onde longitudinale dont la pola-
risation u L est parallèle à la direction de propagation et une onde
transversale dont la polarisation u T est perpendiculaire à la direction
de propagation. La vitesse de propagation c L de l’onde longitudinale
est toujours supérieure à celle c T de l’onde transversale (en fait
c L > c T 2 ). Ces vitesses, indépendantes de la direction de propa-
gation, sont de l’ordre de quelques milliers de mètres par
seconde [1] [2] [3]. Par exemple, dans l’aluminium c L = 6 300 m /s et
c T = 3 100 m/s.
Ces ondes sont solutions de la seule équation de propagation. En
4
pratique, les solides sont limités et les ondes élastiques sont
Figure 1 – Schéma général d’un système de génération
engendrées sur leur surface (figure 1). Les ondes doivent satisfaire
et de détection par laser d’ondes élastiques
à des conditions aux limites : par exemple, la tension mécanique doit
dans un solide fonctionnant en mode échographique
être nulle sur la surface libre. Les solutions satisfaisant aux équations
(détection D1) ou en mode transmission (détection D2)
de propagation et aux conditions aux limites conduisent à des ondes
dont le déplacement peut comprendre plusieurs composantes.
À la surface d’un solide isotrope semi-infini, une onde possédant
une composante longitudinale et une composante transversale,
déphasées de π/2, peut se propager. Sa polarisation est elliptique
et sa vitesse c R légèrement inférieure à c T . Le passage de cette onde
de surface, qui porte le nom de Rayleigh, provoque une ondulation
de la surface qui se fait sentir sur une profondeur de l’ordre de la
longueur d’onde [4].
Un faisceau laser pulsé, focalisé sur la surface d’un solide
semi-infini, selon un point ou une ligne, agit comme une source
ponctuelle ou linéique impulsionnelle qui engendre simultanément
ces différentes ondes. La figure 2 représente les fronts d’ondes à
l’instant t après l’impact de l’impulsion laser. Dans le cœur du maté-
riau, la perturbation mécanique est localisée sur deux arcs de cercles
de rayons c T t et c L t . Sur la surface libre, x 3 = 0, la perturbation due
à l’onde de Rayleigh apparaît aux points d’abscisses x 1 = ± c R t . Dans
la région |θ | > θc où θc est l’angle critique défini par rapport à la
normale à la surface libre par la relation :
cT
sin θ c = --------
c L- (1) Figure 2 – Fronts d’ondes engendrés par une source ponctuelle
ou linéique dans un solide isotrope semi-infini
il apparaît une perturbation supplémentaire, appelée onde de tête,
dont les fronts d’ondes sont parallèles à la ligne LT, qui a pour origine ■ du matériau :
le fait que l’onde longitudinale ne satisfait pas aux conditions aux
— coefficient d’absorption : η (%)
limites sur la surface libre. Sur cette surface, l’onde de tête se pro-
page à la même vitesse que l’onde longitudinale, mais comme elle — coefficient de dilatation linéique : α (K–1)
rayonne de l’énergie vers l’intérieur du matériau, son amplitude — masse volumique : ρ (kg/m3)
décroît beaucoup plus vite que celle de l’onde de Rayleigh avec la — capacité thermique massique : C (J/kg · K)
distance à la source. — conductivité thermique : K (W/m · K)
Les principaux paramètres qui interviennent dans la génération — constantes élastiques (de Lamé) : λ et µ (N/m2)
d’ondes élastiques par un faisceau laser sont ceux :
Les sources les plus utilisées sont le laser Nd:YAG constitué d’un
■ de l’impulsion laser : cristal Y3 Al5 O12 (Grenat d’Aluminium et d’Yttrium) dopé au néo-
— énergie incidente : E (mJ) dyme et le laser CO2 (dioxyde de carbone). Les longueurs d’onde
des rayonnements émis sont respectivement 1,064 µm et 10,6 µm
— énergie absorbée : Q (mJ)
pour des durées d’impulsion comprises entre 10 et 100 ns et des
— durée : ∆ (ns) cadences allant de 1 à 100 tirs par seconde.
— section de la zone irradiée : A (cm2) Suivant la densité de puissance, l’impact d’une impulsion lumi-
— densité de puissance absorbée : I (MW/cm2) neuse sur la surface libre d’un solide opaque engendre des ondes
— longueur d’onde : Λ 0 (µm) élastiques selon différents mécanismes qui relèvent de deux
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
E 4 415 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique
80
Référence Internet
E4415
catégories : ceux qui entraînent une modification de l’état de la sur- Le coefficient d’absorption η est donné par [5] :
face (phénomène d’ablation) et ceux qui ne le modifient pas (pres-
sion de radiation, effet thermoélastique). Lorsque la densité de 4π γ
η = ------------
Λ0 - (2)
puissance lumineuse ne donne lieu à aucune vaporisation de
matière, l’effet de la dilatation locale résultant de l’échauffement
(régime thermoélastique) est prépondérant par rapport à celui de Dans les mêmes conditions, la fraction de l’énergie incidente
la pression de radiation. La dilatation thermique provoque des forces absorbée est de l’ordre de 6 à 7 %. La profondeur de la source
essentiellement parallèles à la surface libre (figure 3a ). Si la densité thermoélastique est déterminée par le processus de diffusion ther-
de puissance lumineuse absorbée est suffisante (I > 15 MW/cm2 mique. L’élévation de la température T est régie par l’équation de
dans le cas de l’aluminium), l’impulsion incidente provoque une la chaleur [6] :
vaporisation de matière. Ce régime d’ablation, qui s’accompagne 1 ∂T Pa
d’un transfert de quantité de mouvement, crée des forces essen- ∇ 2 T – ------ ---------- = – --------- (3)
κ ∂t K
tiellement normales à la surface (figure 3b ). Si un film est présent
à la surface du matériau, les forces normales sont alors augmentées. avec K (κ = K/ρC ) conductivité (diffusivité) thermique,
Étudions ces trois modes de génération d’ondes élastiques par Pa = ηP puissance absorbée par unité de volume.
impact d’une impulsion laser.
En désignant par q (t ) la variation temporelle de la puissance lumi-
la surface du métal, dans l’épaisseur de peau. Un laser pulsé de faible t
Q κ z2 r2
intensité joue le rôle d’une source d’énergie thermique et engendre q(t – t ′)
∆ T ( r , z , t ) = --------- ----
- -′ – ---------------------------2 d t ′(4)
- exp – ------------
une déformation mécanique. Cette source thermoélastique ne crée π K π 0 ---------------------------------------------
t ′ (4κt ′ + a ) 2 4 κ t 4κt ′ + a
que des ondes longitudinales si elle se situe à l’intérieur du solide.
La présence de la surface est à l’origine d’une conversion en ondes Si la diffusivité κ et la durée ∆ de l’impulsion laser sont suffisam-
transversales. La combinaison des déplacements longitudinaux et ment petites pour que κ∆ a 2 , la diffusion transversale est
transversaux engendre une onde de Rayleigh qui se propage à la négligeable : la distribution radiale de la température suit celle de
surface du solide. l’intensité lumineuse absorbée.
La distribution de température est représentée sur la figure 4, dans
le cas de l’aluminium, pour une impulsion laser de la forme
1.1.1 Distribution de température q (t ) = (t /τ 2) exp (– t /τ ) de durée ∆ = 2,4 τ = 24 ns (énergie absorbée
Q = 1 mJ) et un faisceau de diamètre 2 a = 1 mm. La pénétration de
L’onde électromagnétique pénètre sur une profondeur égale à l’onde thermique reste inférieure à 10 µm, même 100 ns après le
l’épaisseur de peau γ qui dépend de la longueur d’onde Λ0 , de la début de l’impulsion lumineuse. Pendant la durée de celle-ci, la pro-
conductivité électrique σ et de la perméabilité µ du métal [5] : fondeur de diffusion atteint environ 2 µm ce qui est très petit par
rapport à la largeur du faisceau lumineux et la longueur d’onde
Λ0
-----------------
π σ c µ-
1⁄2 acoustique. La source thermoélastique est localisée sous la surface
γ = dans un disque très mince d’épaisseur d de l’ordre du micromètre
et de surface A = πa 2 (figure 5a ). L’échauffement local disparaît au
avec µ = µ0 µr produit de la perméabilité du vide (µ0 = 4 π · 10–7 H/m) bout d’un temps de l’ordre de 400 ns (figure 4). Des impulsions
par la perméabilité relative µr du matériau. arrivant avec une cadence inférieure à 1 MHz sont indépendantes.
∆T (t ) = ηρ Cdt
0
t I( ′) Q
-------------------- d t ′ = -------------
ρ CV
- H(t ) (6)
Figure 3 – Génération photothermique
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique E 4 415 − 3
81
Référence Internet
E4415
∆V = 3αV∆T (t ) =
ρ C-
---------
3α
QH ( t ) (7)
4
(0)
σ ij = c ijkl ( ε kl – α kl ∆ T ) = σ ij – ∆ σ ij (10)
Figure 4 – Distribution de température dans l’aluminium
où ∆σij = cijkl αkl ∆T représente les contraintes exercées par la source
en fonction de la profondeur, à différents instants
thermoélastique sur la matière qui l’entoure. Dans le cas d’un solide
isotrope, compte tenu des expressions du tenseur des rigidités
cijkl [1] en fonction des constantes de Lamé λ et µ et de celui des
dilatations αkl = α δkl , il vient :
σij = λεkk δij + 2µ εij – (3λ + 2µ )α ∆T δij (11)
Si les dimensions latérales de la source sont grandes devant la
longueur d’onde acoustique, la déformation ε33 selon la normale à
la surface est prépondérante. Comme la contrainte normale à la sur-
face irradiée :
σ33 = (λ + 2µ ) ε33 – (3λ + 2µ )α ∆T (12)
s’annule sur la surface libre x3 = 0, la déformation est donnée par :
∂ u3
λ + 2µ -
------------------------
3λ + 2µ
ε 33 = α ∆ T = ------------
∂x - (13)
3
λ + 2µ - ρC A
------------------------
3λ + 2µ α Q
u3 = --------- ------ ( t ) (14)
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
E 4 415 − 4 © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique
82
Référence Internet
IN8
INNOVATION
Résumé : La détermination des contraintes résiduelles par ultrasons est basée sur la
dépendance de la vitesse de propagation des ondes ultrasonores avec l’état de contrainte
dans le matériau. Lorsqu’un matériau est soumis à une contrainte, on constate une varia-
tion de la vitesse de propagation de l’onde ultrasonore. On définit généralement les
contraintes résiduelles comme étant les efforts internes qui subsistent dans les pièces
mécaniques lorsque ces dernières ne sont soumises à aucun effort extérieur. Dans cet
4
articles, différentes étapes de la méthode ultrasonore sont présentées, à savoir le principe
de la mesure des contraintes, des exemples d’applications réalisés sur des pièces mécani-
ques et un aperçu sur les développements futurs de la méthode ultrasonore.
Abstract : Ultrasonic determination of residual stress is based on the dependence of
the propagation velocity of the ultrasonic wave with the stress state in the material.
When a material is subjected to stress, there is a variation of the propagation velocity of
the ultrasonic wave. Residual stress is generally defined as the internal forces that remain
in the mechanical parts when they are not subject to any external force. In this article, dif-
ferent steps of the ultrasonic method are presented namely the principal of the stress
measurement, application examples realized on the mechanical parts and an overview on
futures developments of the ultrasonic method
Mots-clés : Contraintes résiduelles, Méthode ultrasonore, Acoustoélastique, Déforma-
tion des pièces, Méthode non destructive.
Keywords : Residual Stresses, Ultrasonic Method, Acoustoelasticity, Deformation
parts, NDT method
Points clés
Domaine : Technique de caractérisation
Degré de diffusion de la technologie : Émergence | Croissance | Maturité
Technologies impliquées : ultrason, logiciel, capteurs, électronique
Domaines d’application : Aéronautique, Automobile, Bâtiment, Énergie, Ferro-
viaire, Nucléaire, Pétrole et pétrochimie…
Principaux acteurs français :
Pôles de compétitivité :
Centres de compétence : SF2M – Groupe Français d’analyse de contraintes
Industriels :
Autres acteurs dans le monde : Don E. Bray, Inc. : http://www.brayengr.com/
Contact : – [email protected] – http://www.ultrars.com
Parution : octobre 2015
83
Référence Internet
IN8
INNOVATION
4 subsistent dans les pièces mécaniques lorsque ces derniè- contraintes résiduelles par ultrasons est basée sur la dépen-
res ne sont soumises à aucun effort extérieur. Dans une dance de la vitesse de propagation des ondes ultrasonores avec
section, la répartition des contraintes résiduelles résulte l’état de contrainte dans le matériau. Lorsqu’un matériau est
de l’équilibre mécanique entre la zone occupée par la soumis à une contrainte, on constate une variation de la vitesse
source des contraintes résiduelles, caractérisée par une de propagation de l’onde ultrasonore. Cette variation est due à
fonction de distribution bien définie, et le reste de la sec- des effets élastiques non linéaires formalisés par Murnaghan [1].
tion déformée élastiquement.
2.1 Résolution spatiale de la méthode
Ces contraintes internes proviennent des procédés de fabrica- ultrasonore
tion (usinage, forgeage, traitement thermique…). Elles influent Pour déterminer les contraintes résiduelles par ultrasons, trois
sur la durée de vie des composants mécaniques en accélérant ou configurations peuvent être utilisées comme indiqué sur la
en retardant l’apparition de fissures, elles n’ont donc pas toujours figure 1. Dans chaque cas, les ondes sont émises par un
un effet négatif sur le comportement mécanique des structures. transducteur émetteur, se propagent dans une zone du matériau
Elles peuvent aussi être bénéfiques, lorsque des contraintes de à analyser et sont ensuite détectées par le récepteur. La
compression en surface sont générées, pour augmenter leur contrainte moyenne est déterminée dans la région à travers
durée de vie en fatigue. Ainsi, le comportement mécanique et la laquelle l’onde se propage. Dans la configuration a, le même
durée de vie des structures mécaniques soumises à des charge-
transducteur est utilisé pour l’excitation et la réception (méthode
ments variés (mécanique, thermique ou chimique) dépendent de
par écho), et dans les configurations b et c, l’onde est reçue par
l’état des contraintes résiduelles induites dans le matériau.
un transducteur autre que celui utilisé pour l’émission (méthode
Les techniques de mesure des contraintes résiduelles par transmission).
existant actuellement sont destructives ou semi-destructives,
coûteuses et complexes à mettre en œuvre. La méthode par dif-
fraction des rayons X (RX) et la méthode du trou par perçage
incrémental sont les plus utilisées. La première limitée à quel-
ques micromètres reste non destructive ; la seconde est semi-
destructive et semble moins adaptée pour les mesures en sur-
face. La méthode de mesure des contraintes résiduelles du trou
par perçage incrémental est décrite dans l’article [M 1 180].
Une méthode originale dite « UltraRS », basée sur une simple
mesure de la vitesse de propagation des ondes longitudinales
subsurfaciques (LS), a été mise au point pour mesurer ces
contraintes résiduelles d’une façon non destructive et facile-
ment. En effet, il existe une relation de dépendance entre le
niveau des contraintes résiduelles et la vitesse de propa-
gation des ondes ultrasonores.
84
Référence Internet
R4040
4
2.2 Application de la théorie de l’acoustoélasticité à la mesure de tension
dans les vis .................................................................................................. — 4
2.3 Type d’onde utilisé pour la mesure de la tension de serrage ................. — 5
2.4 Approche pratique ...................................................................................... — 6
2.5 Paramètres d’influences sur la mesure de la tension de serrage ........... — 7
3. Applications et retours d’expériences .............................................. — 10
3.1 Exemples d’applications dans les secteurs nucléaire et hydraulique .... — 10
3.2 Quelques applications industrielles en cours de développement .......... — 11
4. Conclusions............................................................................................... — 13
5. Glossaire .................................................................................................... — 13
Pour en savoir plus .......................................................................................... Doc. R 4 040v2
85
Référence Internet
R4040
4
couple est correcte, il reste une grande incertitude sur la tension de μh coefficient de frottement sous la tête de
serrage de la vis. Le résultat du serrage final dépendra des coeffi- l’élément mis en rotation (vis ou écrou),
cients de frottement au niveau des filets de la vis et au niveau de la
rm rayon moyen d'appui sous la tête de
surface de contact (sous la tête de la vis). Le problème du serrage
l'élément (vis ou écrou) mis en rotation,
avec contrôle de couple est dû à la fluctuation des coefficients de
friction. La dispersion liée aux coefficients de frottements entraîne Sb+Sp et St respectivement souplesses du boulon, des
une dispersion sur la valeur de prétension installée pouvant aller plaques et souplesse en torsion de la vis.
jusqu’à 30%.
■ Contrôle d’élongation ou mesure par comparateur
Malgré ces inconvénients, la procédure de serrage avec La relation mathématique entre l’élasticité de la vis et la ten-
contrôle de couple est de loin la procédure la plus couramment sion (précontrainte) de serrage est plus précise que la relation
utilisée. Cela est dû au fait qu’il s’agit d’une procédure technique entre le couple et la tension de serrage. Une mesure directe de
relativement simple. l’élasticité conduit ainsi à des valeurs de précontrainte plus pré-
La relation liant le couple de serrage à la prétension est linéaire cises. Cela peut être obtenu par la mesure mécanique du perçage
et la formule la plus couramment employée est la formule de Kel- dans une vis, qui doit être plus profond que la longueur de ten-
lermann et Klein. sion de la vis utilisée.
Cette méthode ne trouve pas beaucoup d’applications dans la
(1) pratique étant donné qu’elle ne concerne que des vis ou goujons
de grande taille. Cette méthode présente d’autres inconvénients
avec car elle génère un surcoût à cause du perçage de la vis ou de gou-
C couple de serrage, jon en son milieu ; et la vis et le goujon sont fragilisés (concentra-
tion de contraintes)
Pr prétension installée,
On peut également mesurer l’allongement de la vis par l’inter-
p pas de la fixation, médiaire de fibres optiques à réseaux de bragg placées au cœur
μt coefficient de frottement dans les filets, de la vis, laquelle nécessite donc également un perçage.
d2 diamètre équivalent des filets, Le principe de mesure consiste à graver des réseaux de bragg
sur une fibre qui va alors se comporter de la même façon qu’une
μh coefficient de frottement sous la tête de vis
(ou de l’écrou),
Dext et Dint diamètres externe et interne de la tête de vis
(ou de l’écrou)
Q
Le serrage au couple est généralement utilisé en contexte
industriel via des clés dynamométriques, visseuses hydrauliques, Q0
pneumatiques ou électriques C
B
■ Procédure d’acquisition d’angle
μ (S.μ)
Le serrage à l’angle. Il est possible d’associer la procédure de
serrage avec contrôle de couple avec une procédure d’acquisition
d’angle. C’est à la fois l’angle de rotation et le couple qui sont uti- QS
lisés comme critères de contrôle. A
C
Le serrage est réalisé en deux étapes. On applique d’abord à
l’écrou du boulon un couple légèrement inférieur au couple nomi- C0 CS O θ
nal théorique et on lui impose ensuite un angle de rotation précis. θ
La dispersion sur l’effort de tension est réduite mais l’incertitude
reste non négligeable et on risque d’augmenter sensiblement la
contrainte de torsion « parasites » ; Figure 1 – Courbe prétension/angle lors du serrage
86
Référence Internet
R4040
4
vol d’une onde ultrasonore se propageant le long de la vis.
généralement de la contrainte résiduelle dans le matériau
Les atouts de la méthode ultrasonore résident dans le fait que c’est résultant des processus de fabrication et de traitement
une technique quantitative, précise et non destructive, facile à mettre thermique.
en œuvre, permettant des mesures en continu (suivre le serrage en
temps réel), et qui est indépendante des coefficients de frottement.
Il est intéressant de noter une grande diversité dans les moyens Une onde ultrasonore est transmise d'un transducteur à l'extré-
mis en œuvre pour arriver à contrôler la prétension de serrage mité d'un élément de fixation. Lorsque l'onde ultrasonore ren-
dans les fixations. Par ailleurs, toutes les technologies n’ont pas contre un changement brusque de densité, comme la fin de la vis
été présentées ici, en raison de leur trop grand nombre. Cela (fond), la majeure partie de l'onde se reflète. Cette réflexion
montre que ce sujet fait l’objet de nombreux travaux et qu’il remonte la longueur de la vis et dans le transducteur. Lorsque
constitue une vraie problématique industrielle. l'onde fait osciller l'élément piézo-électrique, un petit signal élec-
trique est produit. Ce signal est représenté sur l'écran de l’appareil
comme une onde sinusoïdale. C'est sur cette onde sinusoïdale
À retenir affichée que l'on peut voir l'événement de fin de parcours qui
déclenche une mesure. Cette onde parcourant la longueur de la
– Il existe différentes méthodes de contrôle qui fournissent vis est illustrée à la figure 3.
des informations (couple, tension, allongement, angle) sur la
qualité de serrage réalisée sur un assemblage
– Il existe des méthodes liées aux frottements au niveau des
éléments filetés de l’assemblage et d’autres non 2.1 Théorie de l’acoustoélasticité
– La dispersion induite par frottement sur la valeur de
couple de serrage appliqué pouvant aller jusqu’à 30 % La détermination des contraintes par ultrasons est basée sur
– La méthode ultrasonore permet de mesurer la prétension la dépendance entre la vitesse de propagation des ondes ultra-
de serrage indépendamment de frottements dans les assem- sonores et l’état de contrainte dans le matériau. Lorsqu’un
blages par éléments filetés matériau est soumis à une contrainte, on constate une variation
de la vitesse de propagation de l’onde ultrasonore. Cette varia-
tion est due à des effets élastiques non linéaires formalisés par
Murnaghan [2].
12 S’appuyant sur les travaux de Murnaghan concernant l’élasticité
EXTERNAL non linéaire en milieu isotrope, le premier travail en acoustoélasti-
30
CONNECTOR 28 cité a été effectué par Hughes et Kelly qui, en 1953, ont montré
EPOXY BRAGG GRATING 20 que, pour certains états de contraintes (compression uniaxiale et
24 de pression hydrostatique), les variations des vitesses des ondes
FIBER longitudinales et transversales peuvent être précisément prédites
25 18 en modélisant le matériau comme ayant la fonction d’énergie de
déformation proposée par Murnaghan . Cette dernière fait interve-
nir des termes d’ordre trois de la déformation qui conduisent à
13 16
une non-linéarité des relations constitutives [3].
Remarque
14
FT
En plus des deux constantes classiques de l’élasticité
linéaire, trois constantes élastiques, appelées constantes de
Murnaghan ou constantes de troisième ordre, sont néces-
Figure 2 – Principe d’application issu de Hay saires pour la description d’un matériau isotrope.
87
Référence Internet
R4040
ALLER RETOUR
DE L’ONDE ULTRASONORE ÉLÉMENT DE TRANSDUCTEUR
ENVOIE ET REÇOIT UNE ONDE ULTRASONIQUE
Pour un milieu soumis à un chargement uniaxial dans la direc- Lors de son serrage, deux effets vont faire augmenter le temps
tion 1 (2 et 3 étant perpendiculaires), les vitesses des ondes élas- de parcours des ondes ultrasonores. L’effet acoustoélastique tout
tiques s’écrivent en fonction de la contrainte : d’abord, qui est l’effet direct provoqué par la contrainte de traction
88
Référence Internet
R2057
4
2.1 Caractéristiques de l’émission acoustique des fuites............................... — 2
2.1.1 Généralités .......................................................................................... — 2
2.1.2 Sources d’émission acoustique dans les fuites ............................... — 2
2.1.3 Cas des fuites à travers des fissures ................................................. — 3
2.1.4 Influence de divers paramètres ......................................................... — 4
2.2 Application de l’écoute acoustique à la détection de fuite sur robinet... — 5
2.2.1 Méthodes de détection de fuite spécifiques aux robinets .............. — 5
2.2.2 Systèmes commercialisés ................................................................. — 7
2.2.3 Discussion ........................................................................................... — 8
3. Expérimentations ..................................................................................... — 9
3.1 Expériences .................................................................................................. — 9
3.2 Résultats ....................................................................................................... — 9
3.2.1 Première expérience........................................................................... — 9
3.2.2 Deuxième expérience......................................................................... — 10
3.2.3 Troisième expérience ......................................................................... — 10
3.3 Conclusions des expérimentations ............................................................ — 10
4. Solutions acoustiques spécifiques...................................................... — 10
4.1 Détection d’émission fugitive par nez acoustique .................................... — 10
4.2 Détection d’émission fugitive par méthode photoacoustique ................ — 11
4.2.1 Spectrométrie photoacoustique avec cellule de collecte de gaz .... — 11
4.2.2 Spectrométrie photoacoustique sans collecte de gaz ..................... — 11
4.3 Comparaison des différentes méthodes acoustiques .............................. — 12
5. Conclusion ................................................................................................. — 12
Références bibliographiques ......................................................................... — 13
’émission acoustique est une technique très utilisée dans l’industrie pour la
L recherche de fuite. La méthode est plus sensible en gaz qu’en liquide et a
souvent été utilisée avec succès. Toutefois sa sensibilité est aléatoire et dépend
de nombreux facteurs (nature du fluide, géométrie du défaut, bruit environ-
nant, etc.). En règle générale sa sensibilité est plutôt de l’ordre du litre par
heure.
Ce résultat a été confirmé par les essais réalisés, sur le site du pôle d’activité
« Technologies de l’étanchéité » avec du matériel dont les spécifications étaient
similaires à celles des instrumentations du commerce.
Cela suggère que l’émission acoustique « classique » est difficilement trans-
férable au cas des faibles débits des émissions fugitives.
Par contre, des méthodes acoustiques alternatives, nez acoustique ou photo
acoustique, semblent être prometteuses.
Parution : mars 2004
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur R 2 057 − 1
89
Référence Internet
R2057
1. Objet —
—
turbulence de l’écoulement ;
jet gazeux ou liquide ;
— cavitation ;
Les législations concernant l’environnement imposent des limi- — pulsation des bulles ;
tes d’émission dans l’atmosphère des produits de l’industrie chimi- — explosion des bulles ;
que et pétrochimique. La profession de la robinetterie industrielle — choc des bulles sur les parois ;
est la première concernée, car on estime que 70 % des problèmes
— vaporisation de liquide (flashing ).
rencontrés sur site proviennent des robinets et plus particulière-
ment des étanchéités au niveau des presses-étoupes [1].
Lors de sa réunion du 7 novembre 2001, le groupe de travail 2.1.2.1 Turbulence de l’écoulement
« émission fugitive » issu de la commission Robinetterie du CETIM
a demandé que soit réalisé un dossier d’instruction sur la possibi- L’écoulement turbulent est un écoulement non permanent dont
lité d’utiliser l’émission acoustique pour la détection et la mesure le champ des vitesses possède un caractère aléatoire et non cor-
des émissions fugitives sur site de production ou sur site d’exploi- rélé dans l’espace et dans le temps.
tation au niveau des presses-étoupes des robinets. Le régime d’écoulement turbulent apparaît du fait de l’interac-
Les travaux réalisés en ce sens ont comporté trois phases : tion du fluide avec les parois de la conduite et de la présence éven-
tuelle d’obstacles. La vitesse du fluide dans une conduite est
— l’établissement de l’état de l’art de la détection de fuites par
maximale au centre et nulle sur la paroi. La structure d’écoulement
émission acoustique ;
est alors déterminée par le rapport des forces d’inertie et des
— l’étude des solutions acoustiques existantes (émissions acous- forces de viscosité dans le fluide. Ce rapport est défini par le
tique ou alternative) ; nombre de Reynolds :
— des essais de faisabilité.
UD
4
R = ----------
ν
avec D largeur de section,
µ
2. État de l’art ν viscosité cinématique du fluide égale à ------ ( µ étant la
ρ
viscosité dynamique et ρ la masse volumique),
L’étude de l’état de l’art d’une solution « émission acoustique » U vitesse de l’écoulement :
s’est articulée autour d’une analyse bibliographique des travaux de
Q
recherche menés sur la détection de fuite par émission acoustique U = ------
ainsi que d’une veille technologique du matériel commercialisé. A
Plusieurs bases d’informations ont été consultées : avec Q débit volumique et A section de l’orifice.
— Compendex ; Lorsque R est petit, les forces de viscosité sont prépondérantes
— Pascal ; partout et la vitesse du fluide nulle sur la surface de la paroi croît
— bases de données de brevets ; lentement de zéro à une valeur Umax lorsque l’on s’éloigne de
— Internet. celle-ci (figure 1a ).
Lorsque R est grand, la variation de la vitesse croît rapidement
lorsque l’on dépasse une distance δ depuis la surface de la paroi,
2.1 Caractéristiques de l’émission la valeur de cette distance étant faible devant la dimension de la
acoustique des fuites conduite. L’écoulement n’est alors très lent que dans une épaisseur
de couche inférieure à δ (figure 1b ).
Dans cette couche limite au voisinage de la paroi ou des obsta-
2.1.1 Généralités cles qui s’y trouvent, l’écoulement est laminaire, c’est-à-dire que le
fluide s’écoule en filets continus suivant régulièrement le contour
L’émission acoustique est créée par les fluctuations locales du des surfaces en présence.
champ de pression associées à divers phénomènes dans le fluide.
Si la vitesse d’écoulement augmente (ou si les dimensions de la
Chaque fluctuation est un phénomène transitoire, qui engendre conduite sont réduites), des instabilités se développent au niveau
une onde acoustique de forme impulsionnelle. Si un grand nombre de la couche limite. Celle-ci décolle et des tourbillons apparaissent,
de fluctuations se produit pendant la durée de mesure, et cela de fluctuent dans le temps, disparaissent pour réapparaître à d’autres
façon aléatoire et incohérente dans le temps et dans le volume de endroits. Le régime d’écoulement devient turbulent d’une façon
fluide, le signal résultant a l’allure d’un bruit, quasi stationnaire au d’autant plus marquée que le fluide rencontre des irrégularités sur
moins à l’échelle de la seconde. C’est ce que l’on appelle de les surfaces ou sur les bords d’attaque.
l’émission acoustique continue.
L’émission acoustique continue, dans le cas des fuites, se mani-
feste par une augmentation apparente du bruit de fond. Les
variations temporelles des fluctuations de pression étant très diffé-
rentes, le spectre en fréquence du bruit acoustique généré est alors
très étendu, proche de celui d’un bruit blanc. δ
Umax Umax
2.1.2 Sources d’émission acoustique
dans les fuites
Il existe a priori plusieurs phénomènes principaux dans l’écou- a R petit b R grand
lement d’un fluide à travers un orifice, tel qu’une fissure ou une
vanne, qui donnent naissance à de l’émission acoustique
détectable : Figure 1 – Écoulement du fluide suivant la valeur du nombre de Reynolds
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
R 2 057 − 2 © Techniques de l’Ingénieur
90
Référence Internet
R2057
On considère que la transition entre l’écoulement laminaire vis- bulle. S’ensuivent alors des échos dus à l’onde de choc. L’allure du
queux et l’écoulement turbulent est située à une valeur d’environ spectre du bruit généré par un impact est comparable à celle de la
2 000 à 4 000 du nombre de Reynolds. Autrement dit, pour qu’un cavitation. Néanmoins, la différence tient à ce que le bruit créé par
écoulement soit turbulent, il faut au moins que la vitesse d’écou- un impact est directif et plus énergétique que le bruit de cavitation
4 000 ν pour les fluides en écoulements rapides [3] [4].
lement soit supérieure à -------------------- ou un débit Q > 4 000 ν D dans le
D
cas d’un orifice circulaire par exemple. 2.1.2.6 Jet gazeux ou liquide
Au travers de la valeur de ν, la température du fluide aura une
Un gaz ou un liquide s’écoulant à travers un orifice de fuite se
forte influence sur le phénomène de turbulence.
mélange en sortie de ce dernier avec le fluide ambiant sous forme
D’après la théorie de Lighthill, la puissance acoustique rayonnée d’un jet. Quel que soit le profil de vitesse du fluide, le jet est
par la turbulence varie en U8 ou l’intensité acoustique en U6. entouré d’une couche de cisaillement dès qu’il pénètre dans le
fluide ambiant.
2.1.2.2 Cavitation dans l’écoulement
Le développement de la zone de mélange dépend du nombre de
La cavitation dans un liquide se produit chaque fois que la Reynolds et de la géométrie de l’orifice. Pour un nombre de Rey-
pression chute localement à une valeur inférieure à la pression de nolds supérieur à 1 000, des instabilités se développent dans la
vaporisation du liquide ou à la pression partielle d’un gaz dissous couche de cisaillement et produisent des tourbillons plus ou moins
dans ce liquide. organisés.
Cette chute de pression provoque alors la formation de bulles de Ce phénomène de création de mouvements tourbillonnaires au
vapeur ou de gaz. Les bulles se déplacent et disparaissent très bru- sein du fluide s’accompagne en général de fluctuations de débit et
talement par implosion aussitôt que la pression remonte. de forces sur le bord de l’orifice de fuite. Plus la vitesse de sortie
Les variations locales de pression qui sont à l’origine de la cavi- est élevée, plus les tourbillons sont petits et la fréquence du bruit
4
tation peuvent être provoquées par la circulation du fluide sans émis est élevée.
qu’il y ait nécessairement des turbulences. Les variations de
dimensions de la conduite, les coudes, les changements de direc- 2.1.2.7 Vaporisation du liquide (flashing )
tion, les obstacles, les aspérités des parois... sont autant de causes
possibles pour modifier le profil de pression du liquide en écoule- La vaporisation rapide de l’eau surchauffée est très émissive.
ment. L’énergie acoustique engendrée peut être jusqu’à huit fois celle
que cause un phénomène de turbulence.
Le degré de cavitation dans une fuite à travers un orifice est
directement proportionnel aux pressions dans l’orifice de fuite et
inversement proportionnel à la différence entre la pression locale 2.1.2.8 Vibrations intrinsèques de la colonne de fluide
statique P et la somme PV des pressions partielles des vapeurs Ce mécanisme [5] se produit dans les tubes étroits selon la
saturantes et des gaz dissous. relation :
La durée d’un événement de cavitation dans l’eau est estimée 0,5 d < 0,61 λ
dans l’ordre de grandeur de 1 à 50 µs, ce qui implique l’émission
d’ondes dans un spectre de fréquence s’étendant largement de avec d diamètre de l’orifice,
quelques kHz à quelques MHz. λ longueur d’onde correspondant aux vibrations longi-
On retiendra que la cavitation se traduit par des événements tudinales de la colonne de fluide.
discrets, plus ou moins discernables dans le temps par les appa- Par exemple, ce phénomène pourrait exister dans le cas des
reils de mesure classiques, dont l’énergie acoustique est au moins fuites dans un réservoir d’épaisseur 3 mm et il correspondrait à
supérieure à un ordre de grandeur de celle engendrée par le phé- une fréquence élevée de l’ordre de :
nomène de turbulence.
C 1 500
2.1.2.3 Pulsation de bulles de vapeur ou de gaz f = ------ = -------------------------- = 0,5 MHz
λ 3 × 10 –30
(atomisation)
L Ce phénomène conduit donc à un spectre à bande étroite et
冢 冣
À l’entrée d’un orifice long ------ >>1 aux bords aigus, le courant
D pourrait en particulier apparaître lors d’un impact sur un obstacle.
de fluide est comprimé, puis se détend à la sortie. La chute de La fréquence serait alors fonction de la longueur réelle de l’écou-
pression entraîne la formation de bulles ou même de poches de lement ( 3 mm pour l’épaisseur de paroi) augmentée, le cas
vapeur ou de gaz. Le calcul et l’expérience ont démontré que cette échéant, de la distance de l’obstacle.
chute de pression est insuffisante pour produire une cavitation,
mais l’évolution des bulles et la formation de poches s’accompa-
gnent d’oscillations qui peuvent entraîner des pulsations de pres- 2.1.3 Cas des fuites à travers des fissures
sion. Ces bulles peuvent être considérées comme des oscillateurs
dont la fréquence de résonance dépend de leur taille. Une appro- En première approximation, une fuite à travers une fissure peut
che théorique montre que des diamètres de 0,1 à 1 mm conduisent être assimilée à un écoulement d’un fluide dans une conduite. Les
à des bruits de fréquences de 5 à 40 kHz. mécanismes générant de l’émission acoustique dépendent gran-
dement de deux paramètres : le profil de la pression et la géomé-
2.1.2.4 Explosion des bulles trie du canal de fuite.
Le profil de la pression le long du canal est lié à la différence de
Les bulles provoquées par l’introduction de gaz dans un liquide
pression totale de part et d’autre de l’épaisseur de la paroi (carac-
migrent verticalement. Lorsqu’elles atteignent la surface libre du
térisée par la perte de charge totale) et au rapport longueur du
liquide, elles éclatent et produisent une onde mécanique facile-
canal sur diamètre hydraulique L/D. La géométrie de la fuite est
ment détectable.
définie principalement par la forme de la section, le rapport L/D,
l’existence de rétrécissements éventuels et la rugosité de la paroi.
2.1.2.5 Chocs des bulles
Dans un tel cas et s’il s’agit d’une fuite hydraulique, la cavitation
Le bruit d’impact d’une bulle sur une paroi est assez semblable est la source principale de l’émission acoustique [5] [6]. Le niveau
dans son principe à la cavitation. Le choc crée l’explosion de la du signal acoustique augmente brusquement à partir d’une
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur R 2 057 − 3
91
4
92
Référence Internet
R1402
Microscopie acoustique
par Thomas MONNIER
Maı̂tre de conférences à l’université de Lyon
Laboratoire acoustique et vibrations de l’Institut national des sciences appliquées de Lyon
(INSA de Lyon)
Note de l’éditeur :
cet article est la mise à jour de l’article « Microscopie acoustique » rédigé en 1998 par
Jacques ATTAL.
4
des matériaux ..................................................................................... — 4
4. Systèmes de focalisation .............................................................. — 6
4.1 Lentille de focalisation ....................................................................... — 6
4.2 Calottes et membranes sphériques : microscopie acoustique
« basse fréquence » ........................................................................... — 7
4.3 Focalisation linéaire ........................................................................... — 8
4.4 Focalisation électronique : vers la microscopie tridimensionnelle .. — 8
4.5 Microscopie acoustique en champ proche ........................................ — 8
5. Applications ..................................................................................... — 9
5.1 Microélectronique .............................................................................. — 9
5.2 Métallurgie ......................................................................................... — 10
5.3 Polymères et composites ................................................................... — 11
5.4 Matériaux poreux ............................................................................... — 12
5.5 Biomédical .......................................................................................... — 13
5.6 Agroalimentaire .................................................................................. — 14
6. Perspectives d’avenir ..................................................................... — 14
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. R 1 402v2
93
Référence Internet
R1402
1. Avantages des ultrasons piézoélectrique, qui convertit un signal électrique incident en signal
acoustique. Les fréquences f en acoustique correspondent à des
pour l’imagerie longueurs d’onde l de l’ordre du micromètre, compte tenu de la
vitesse v des ultrasons, qui est de l’ordre de plusieurs milliers de
mètres par seconde (l = v / f). Il s’ensuit que la résolution spatiale
maximale atteinte, du fait de la limitation par la diffraction, est de
Optique, électronique et maintenant acoustique sont les trois l’ordre d’une fraction de longueur d’onde. Cette résolution s’obtient
domaines exploités par la microscopie. L’utilisation des ultrasons en interposant entre la source d’ultrasons et l’objet un moyen de
en microscopie remonte aux années soixante-dix, suite notamment focalisation (lentille acoustique dans la grande majorité des dispo-
aux travaux des équipes de recherche de l’université de Stanford sitifs disponibles).
(Californie) où des transducteurs fonctionnant dans des gammes
de fréquences de plusieurs centaines de mégahertz ont vu le jour & En optique, une lentille est constituée d’un dioptre sphérique
dès le début des années soixante. La mise sur le marché des pre- séparant deux milieux d’indices de réfraction (c’est-à-dire de vites-
miers instruments s’est faite, elle, vers la fin des années quatre- ses de propagation d’ondes électromagnétiques) différents. En
vingt. Plusieurs constructeurs sont aujourd’hui présents de par le acoustique, un tel dioptre est réalisé en utilisant deux matériaux
monde (voir la fiche documentaire en fin d’article). Le microscope dont, cette fois, le rapport des vitesses acoustiques avoisine la
acoustique, par la nature des ondes utilisées, présente les avanta- dizaine. Ainsi, le barreau de saphir constitue le premier milieu (le
ges habituels des ultrasons : rayonnements non ionisants et de plus rapide) et comporte, sur la face plane opposée à celle du trans-
faible intensité (quelques milliwatts à quelques centaines de milli- ducteur, un petit dioptre sphérique creusé et poli d’un diamètre de
watts), donc sans danger pour les applications biomédicales, et l’ordre d’une centaine de mm. Les ultrasons ne se propageant pas
non destructif lorsqu’il s’agit d’observer les solides au voisinage dans l’air à ces fréquences (~ 1 GHz), le deuxième milieu sera
de leur surface ou en profondeur (observations ne nécessitant pas liquide, afin d’assurer le couplage acoustique avec l’objet.
d’attaque chimique). La résolution de cet instrument, qui condi- Le rôle de ce liquide de transmission est capital : le choix de ses
tionne le grandissement maximum, est comparable à celle des caractéristiques (vitesse et atténuation) est lié à la nature (céra-
94
Référence Internet
R1402
S
Y TG B C
TD
B Liquide
X
D L
E S
+ C Balayages
A Al
T
ZnO Liquide
L Or
E
Y
a réflexion
Balayages
X
A Faisceau acoustique L Lentille
B Saphir S Signal de sortie (vers l’écran de télévision)
C Échantillon T Transducteur piézoélectrique
D Circulateur TD Transducteur détecteur b transmission
E Signal électrique d’entrée TG Transducteur générateur
4
L’objet dans le plan focal est animé de mouvements de translation perpendiculaires qui assurent la prise de l’image point par point
en une dizaine de secondes.
X, Y dans le plan focal de la lentille. Les informations reçues à la de mode. Tout comme en optique, les plus classiques sont les
sortie des transducteurs sont numérisées à haute fréquence modes réfléchis et transmis, mais il en existe bien d’autres en
d’échantillonnage puis stockées dans une mémoire en correspon- acoustique, connus sous l’appellation modes de surface et d’inter-
dance avec les déplacements de l’objet, et l’image finale est visua- face. Les informations provenant du capteur sont enregistrées et
lisée sur un moniteur vidéo classique. Les développements techno- analysées de manière différente ; et l’on peut par ailleurs jouer sur
logiques récents en matière de balayage mécanique concernent la largeur de bande des signaux émis selon que l’on souhaite défi-
soit l’augmentation des vitesses de balayage afin d’augmenter nir précisément la fréquence ou que l’on recherche au contraire une
d’autant la cadence des images obtenues, en conjonction avec les bonne discrimination en temps.
progrès de l’électronique de numérisation, soit la mise au point de
robots permettant l’auscultation de surfaces courbes. Ces avancées
concernent plus particulièrement la microscopie acoustique 3.2 Microéchographie : une imagerie
« basse fréquence » utilisée dans le cadre du contrôle non destruc- qualitative
tif de pièces ou structures industrielles de formes variées.
Les grandissements atteints, comparables à ceux obtenus en & Le premier type de mode concerne la focalisation des ondes de
optique, vont d’une dizaine à 2 000 environ. Le champ maximal volume et n’appelle aucune remarque particulière excepté que les
observé varie suivant les possibilités mécaniques du système de modes qui y participent sont le plus souvent longitudinaux et quel-
balayage et de l’utilisation faite de l’instrument. Il varie d’une frac- quefois transversaux ; ils obéissent aux mêmes règles de réfraction
tion de centimètre carré à un décimètre carré pour un temps qu’en optique pour les matériaux transparents. La différence fonda-
d’acquisition d’image d’une dizaine de secondes à plusieurs mentale est que la vision acoustique de la profondeur peut se faire
minutes. sur des matériaux optiquement opaques et les informations qu’on
en retire sont bien souvent très difficiles, voire impossibles, à obte-
nir par d’autres techniques non destructives. Ce mode de fonction-
nement étant similaire à celui utilisé en échographie médicale ou
3. Imagerie et signature pour le contrôle non destructif des matériaux, on pourra se reporter
à la lecture la section « Ultrasons, échographie ultrasonore » de
acoustique l’article de Jacques Dumont-Fillon référencé [R 1 400].
Les images obtenues par balayage représentent les variations de
propriété d’origine structurelle (propriété mécanique) ou géomé-
trique (relief, microfissures…) de la surface du matériau étudié. Le
3.1 Modes de volume et modes volume de mesure est défini par l’aire de la tache focale et par la
de surface profondeur subsurface (dépendant de la longueur d’onde dans le
matériau). Les potentialités de la technique seront illustrées plus
Ces deux notions complémentaires sont apparues au fil du déve- loin au travers de différentes applications.
loppement de l’instrument, copiant un peu l’évolution des techni-
ques de microscopie électronique. L’emploi de modalités ayant En résumé, il s’agit donc d’un moyen d’imagerie
une interaction différente avec le matériau à observer offre en généralement :
effet des possibilités de recoupement afin de faciliter l’interpréta-
– utilisé en réflexion ;
tion des résultats. L’imagerie en mode C, c’est-à-dire par plans
– avec un fonctionnement en mode impulsionnel ;
parallèles à la surface, a été développée la première mais rapide-
– en utilisant des transducteurs d’angle d’ouverture faibles ;
ment la nature plutôt qualitative des observations a cédé le pas à
– et en travaillant sur l’amplitude du signal reçu (traitement
une analyse quantitative. Lorsqu’un faisceau acoustique fortement
du signal relativement simple).
convergent frappe la surface de l’objet, on assiste à une conversion
95
Référence Internet
R1402
& Les méthodes dites « résolues en temps » permettent, grâce à considérable et induit un temps d’acquisition beaucoup plus long
l’excitation d’impulsions courtes et au fenêtrage adéquat du signal (autour de la minute) que la simple prise d’image. Ce dernier
reçu, d’accéder à la topographie de surface des pièces (voir sur la point constituera une limitation à l’utilisation de ce genre de moda-
figure 2 un exemple d’imagerie en temps de vol d’un échantillon lité, notamment dans le cas de l’imagerie de cellules vivantes.
de composite de carbure de silicium tissé SiC/SiC) ou à des infor- Quant à la résolution, elle dépendra de la durée de l’impulsion
mations fines concernant la position de défauts internes (chevau- ultrasonore émise, de la fréquence propre du transducteur, du
chement de fibres dans les composites comme dans le cas du SiC/ degré de focalisation de la lentille acoustique et de la nature du
SiC sur la figure 3, défaut d’empilement dans les structures multi- liquide de couplage.
couches, décohésion, délaminage, etc.). La possibilité de multiples
post-traitements est conditionnée à l’enregistrement pour chaque & Avec une excitation en bande étroite, c’est-à-dire par l’émission
position du dispositif de l’intégralité du signal reçu, possibilité et la réception de trains d’ondes quasi monofréquentiels, la topo-
offerte par exemple par le système de Kibero GmBH (Saarbrücken) graphie de surface des échantillons peut aussi être obtenue, avec
mais qui requiert la capacité de stocker une quantité de données une résolution meilleure qu’un millième de la longueur d’onde, à
condition de conserver à la fois la phase et l’amplitude du signal
détecté. Le profil de hauteur h sera cette fois déduit de l’informa-
tion de phase f en utilisant la relation h = l · f/4p, à condition de
dérouler la phase (uniquement déterminée modulo 2p) de manière
continue à partir d’un signal de référence originaire du plan de
balayage. Dans de nombreuses applications, notamment en termes
de détection de défauts, le contraste de phase apporte des informa-
tions complémentaires à celles données par le contraste d’ampli-
tude. Enfin, la phase peut être exploitée à des fins de détermination
de l’épaisseur de films minces, ou encore pour le traitement numé-
rique des images afin d’éliminer l’effet de texture de la surface
4
z (mm)
3.3 Micro-interférométrie :
y (x10 -1
α
Transducteur
II Lentille I II
acoustique
θR
Fluide de Surface de
couplage l’échantillon
Ondes de surface
β ∆z
évanescentes
Plan focal (z = 0)
z
chevauchement de fibres
96
Référence Internet
IN226
INNOVATION
Contrôle de la fatigue
des matériaux par émission
acoustique
par Stéphanie DESCHANEL
Maître de conférence à l’INSA de Lyon
MATEIS, INSA de LYON/Université de Lyon, France
et Jérôme WEISS
Directeur de recherche au CNRS
ISTerre, CNRS/Université Grenoble-Alpes, France
4
Résumé La fatigue, c’est-à-dire la rupture de structures mécaniques sous l’effet de
chargements cycliques, demeure une gageure technologique considérable, car elle sur-
vient de façon inattendue lorsque la structure fonctionne apparemment dans un régime
stabilisé et sûr, sans signe extérieur de détérioration mécanique. Après avoir présenté ce
contexte et les méthodes classiques de contrôle de la fatigue par émission acoustique
(EA), une nouvelle méthode non destructive de détection spécifique de la propagation de
fissures de fatigue est exposée à partir de multiplets acoustiques : signaux d’EA répétitifs,
aux formes d’ondes quasi identiques. Des perspectives de contrôle en service sont ensuite
proposées.
Abstract Fatigue, i.e. the failure of mechanical structures under cycling loading,
remains a considerable technological challenge as it occurs unexpectedly when the struc-
ture is operating apparently in a safe and steady state regime, without external signs of
mechanical deterioration. After introducing this context as well as classical methods of
fatigue monitoring from acoustic emission (AE), we present a new, non-destructive
method to unambiguously detect fatigue crack propagation from specific, repeating AE
signals with quasi-identical waveforms. Perspectives in terms of fatigue control in service
are then given.
Mots-clés : fatigue ; rupture ; contrôle non destructif ; émission acoustique
Keywords : fatigue ; failure ; non-destructive monitoring ; acoustic emission
Parution : décembre 2018 - Dernière validation : janvier 2021
97
Référence Internet
IN226
INNOVATION
4
des quasi identiques, signature d’une source unique, et sont déclenchés
de façon répétée sur de nombreux cycles de chargement successifs au
même niveau de contrainte. Ils marquent la propagation lente et incré-
mentale d’une fissure de fatigue à chaque cycle, ou le frottement le long
des surfaces de rupture. Étant spécifiques à la fissuration incrémentale
par fatigue, ils peuvent être utilisés comme des avertissements précur-
seurs de la propagation des fissures, qui mènera en définitive à une rup-
ture globale. Leur détection et leur caractérisation ouvrent ainsi la voie à
un nouveau suivi fiable de l’apparition des fissures de fatigue lors d’essais
mécaniques ou au sein de structures en service.
Points clés
Domaine : Contrôle non destructif
Degré de diffusion de la technologie : Émergence
Technologies impliquées : Émission acoustique
Domaines d’application : Contrôle non destructif de la fissuration par fatigue
Contact :
[email protected]
[email protected]
98
Référence Internet
IN226
INNOVATION
4
100 µm 10 µm
Figure 1 – Micrographie au MEB révélant des stries de fatigue, inégalité et rugosité des surfaces sur le faciès de rupture après 3 000 cycles
(essai de fatigue sur aluminium pur à De = 0,95 %)
difficile à effectuer par contrôle visuel [7]. Il débouche finale- d’avancement de la fissure [16], mais l’extension de cette
ment sur une rupture macroscopique brutale (stade III) [6], méthodologie à ces cas plus complexes demeure difficile
que l’on cherche bien entendu à prédire et à éviter. (§ 3). Ces difficultés sont renforcées par le fait que diverses
sources d’EA sont possibles dans les matériaux métalliques
Pour pallier ces problèmes, de nombreuses méthodes de
sollicités de manière cyclique, comme la plasticité [17], certai-
contrôle et de suivi non destructives ont été proposées, toutes
nes transformations de phase (par exemple, la transformation
basées sur une modification significative des propriétés
martensitique [18]), ou le maclage [18]. Ainsi, au cours des
globales comme la résistivité électrique [8], l’impédance élec-
premiers cycles de charge, lors de la phase initiale de durcisse-
tromagnétique [9], les propriétés électrochimiques [10], ou la
ment, une activité acoustique significative liée à la déformation
propagation des ultra-sons [11]. Toutefois, une limitation com-
plastique peut être observée [19], sans lien direct avec l’amor-
mune à toutes ces méthodes est qu’elles se basent sur la çage ou la propagation de fissures. Comme détaillé au para-
détection d’une modification des propriétés moyennées sur graphe 3 de cet article, le caractère non spécifique de ce type
toute la structure (ou du moins, en situation industrielle, sur d’analyse globale en limite donc fortement son utilisation pour
une fraction importante d’une pièce), et sont donc très peu détecter le degré d’avancement du processus de fissuration
sensibles à l’avancée d’une (ou de quelques) microfissure(s). par fatigue.
Si l’on ajoute à cela les contraintes habituelles de rapport
signal/bruit, ceci entraînera la plupart du temps une alarme Un travail récent [20], mené par les auteurs de cet article,
(trop) tardive, précédant de peu la rupture instable macrosco- a mis en évidence, pour la première fois, des signaux acousti-
pique. De plus, étant donné la durée des stades I et II de fati- ques très particuliers, caractérisés par des formes d’onde quasi
gue, il peut être envisagé de maintenir en service une pièce ou identiques, se déclenchant à chaque cycle au même niveau de
structure pendant un certain nombre de cycles, même si contrainte, parfois sur un nombre de cycles très important
l’amorçage de microfissures peut être détecté visuellement en (plusieurs centaines). Comme présenté dans ce qui suit, ces
surface (notion de tolérance au dommage [12]). Dans ce cas, multiplets acoustiques sont une signature spécifique de la
toute information sur l’avancée du processus de fissuration propagation incrémentale de fissure par fatigue lors du
obtenue par contrôle non destructif, en particulier la transition stade II. Cette spécificité vis-à-vis du mécanisme source per-
entre les stades I et II, serait capitale. met ainsi une détection précoce du processus, tout en s’affran-
chissant partiellement des problèmes de rapport signal/bruit.
Des signaux d’Émission Acoustique (EA) sont générés dans Leurs caractéristiques et la méthodologie utilisée pour les iden-
les matériaux lorsque des déformations irréversibles se produi- tifier sont décrites au paragraphe 4, alors que les perspectives
sent de manière suffisamment brutale [13]. L’EA a donc été en termes d’applications et de détection automatique en cours
proposée depuis longtemps [14] comme un outil de monitoring de chargement cyclique sont présentées au paragraphe 5.
de l’endommagement et de la fissuration par fatigue. Toute-
fois, à l’image des autres méthodes de contrôle non destructif
évoquées plus haut, ces travaux anciens, comme les plus 2. Émission acoustique : rappels
récents, ont été basés sur une mesure globale de l’activité
acoustique produite (par exemple, nombre de coups ou de
et définitions
signaux détectés, évolution du bruit acoustique (RMS Root L’émission acoustique (EA) correspond, selon la norme
Mean Square)). Il a ainsi été montré qu’une éventuelle corréla- AFNOR [21], à un « phénomène de libération d’énergie élastique
tion entre cette activité acoustique et le degré d’endommage- sous forme d’ondes élastiques transitoires au sein d’un matériau
ment ne devenait significative qu’à proximité de la rupture durant des processus dynamiques de déformation ». Un maté-
finale [15]. Dans le cas, très favorable, de la propagation riau soumis à déformation inélastique dissipe de l’énergie en
d’une fissure macroscopique unique sur éprouvette pré-entail- créant des microdéplacements de matière, dont une fraction
lée de type CTS (ASTM Compact Tension Specimen), un sous la forme d’ondes élastiques, si ces déformations s’effec-
certain degré de corrélation a été observé entre l’activité tuent de manière brutale [22] [23]. Ces ondes se propagent
acoustique globale (nombre de coups/cycle) et la vitesse dans le matériau et subissent d’éventuelles modifications liées
99
Référence Internet
IN226
INNOVATION
au milieu traversé avant d’atteindre la surface de l’échantillon Les principaux paramètres enregistrés en temps réel sont les
étudié. La vibration de surface est recueillie par un capteur suivants :
piézo-électrique qui produit en réponse un signal électrique : — amplitude maximale A du signal ;
le signal d’émission acoustique. Le domaine de fréquence de — énergie E du signal (intégration du signal au carré sur la
l’EA est compris entre 50 kHz et 1,5 MHz. durée de la salve) ;
Par abus de langage, le terme d’émission acoustique est — durée qui sépare le premier et le dernier dépassement de
employé pour désigner la technique de mesure. Cette technique seuil ;
est utilisée pour l’étude de phénomènes physiques comme — nombre de coups nc correspondant au nombre de franchis-
la déformation plastique, le maclage ou des mécanismes sements de seuil par le signal sur toute la durée de la salve ;
d’endommagement des matériaux et, par extension, — temps de montée correspondant au temps qui sépare le
comme méthode de Contrôle Non Destructif (CND). Elle permet premier dépassement de seuil et l’amplitude crête du signal ;
en effet de détecter en temps réel l’existence de défauts évolu- — fréquence moyenne donnée par la plupart des systèmes
tifs. En revanche, elle ne permet pas d’obtenir de cartographie d’acquisition non obtenue par la transformée de Fourier du
des défauts existants dans une structure donnée : il ne s’agit signal, mais correspondant au nombre de coups d’une salve
donc pas d’une technique d’imagerie. divisé par sa durée.
Généralement, on distingue l’émission acoustique continue La localisation vise à déterminer le point ou la zone, où le
de l’émission acoustique discrète ou par salves. Pour cette phénomène physique générateur d’EA a eu lieu. L’utilisation de
Temps d’arrivée de la salve cerbé en situations réelles ou industrielles pour lesquelles les
Nombre de coups sources de bruit ambiant sont nombreuses et mal caractérisées.
Temps de montée Dans le cas d’essais de chargement cyclique d’une pièce de fuse-
lage, il a été estimé que le nombre de fausses détections était
0,2 environ un million de fois plus grand que le nombre de signaux
Amplitude
100
Référence Internet
R4043
Franck AUGEREAU
Docteur, maître de conférences
IES, Université de Montpellier, CNRS, Montpellier, France
Emmanuel LE CLEZIO
Docteur, professeur des universités
IES, Université de Montpellier, CNRS, Montpellier, France
4
Gilles DESPAUX
Docteur, professeur des universités
IES, Université de Montpellier, CNRS, Montpellier, France
Jean-Yves FERRANDIS
Docteur, ingénieur de recherche habilité à diriger des recherches
IES, Université de Montpellier, CNRS, Montpellier, France
et Eric ROSENKRANTZ
Docteur, maître de conférences
IES, Université de Montpellier, CNRS, Montpellier, France
101
Référence Internet
R4043
4
échantillons, échantillons microstructurés, radioactifs, biologiques…
Après une présentation du transducteur ultrasonore monoélément piézoélec-
trique, les approches expérimentales par méthode de pulse-écho dédiées à la
caractérisation fine des solides puis des liquides seront détaillées. L’accent
sera mis sur les différentes ondes pouvant être exploitées (de volume, de sur-
face, longitudinales, transverses…) ainsi que sur certains bancs de mesures
spécifiques : approche en réflexion, transmission, réflectométrie à angles cri-
tiques, bancs dédiés aux mesures en fonction de la température…
Même si le sujet est traité de façon plutôt académique, le lecteur trouvera en
fin de document divers résultats expérimentaux dans le domaine biomédical,
agroalimentaire et nucléaire.
102
Référence Internet
R4043
4
telle que son épaisseur est égale au quart de la longueur d’onde
(Vp /4fo) et son impédance à avec Zc = ρcVc l’impédance du
liquide de couplage. Cette couche permet, à la fréquence centrale
fo, d’avoir Zp = Zc (adaptation d’impédance) et ainsi d’injecter plus
d’énergie dans le couplant puis dans le matériau étudié.
Toutefois, avec une seule couche d’adaptation, la bande fréquen-
tielle d’adaptation est faible. L’utilisation de plusieurs couches dites
« antireflets » augmente la bande fréquentielle d’adaptation mais éga-
lement la bande passante de la sonde [5] [6] [7]. L’augmentation de
la bande passante de la sonde permet de réduire la réponse tempo-
relle de cette dernière. Ceci est un point très important car une
réponse temporelle courte apparaît souvent comme un impératif
dans bien des applications et ce, dès lors qu’il est question de discri-
miner dans le temps plusieurs signaux ultrasonores.
Même si les couches antireflets agissent sur la bande passante,
le contrôle de cette dernière est surtout assuré par le dos. C’est un
matériau très atténuant qui a pour but d’absorber l’énergie acous-
tique émise en face arrière de l’élément actif et d’amortir la réso-
Figure 2 – Photographie de transducteurs ultrasonores monoélé- nance de ce dernier. L’impédance du dos Zb permet de contrôler
ments classiquement utilisés en contrôle non destructif
la bande passante mais également la sensibilité de la sonde. On
distingue deux cas extrêmes :
La nature du matériau piézoélectrique permet de générer soit – le premier est tout simplement de ne pas mettre de dos,
une onde longitudinale soit une onde transverse auquel cas dans auquel cas Zb = 0. Dans cette configuration, toute l’énergie est
la relation ci-dessus Vp représentera la vitesse correspondant au transmise en face avant du piézoélectrique et la sensibilité de la
type d’onde. Notons que la fréquence centrale de la sonde dépend sonde est maximale ;
également de la face avant et du dos qui, par leur présence, – à l’inverse, Zb = Zp et le dos est adapté : la bande passante est
auront tendance à modifier légèrement la valeur de cette dernière. alors la plus élevée que l’on puisse obtenir. En pratique Zb est tou-
jours différent de Zp et les bandes passantes relatives des sondes
(Δf0/f0) sont comprises entre 50 % pour les sondes les plus sen-
Impédance acoustique et coefficient de réflexion sibles et 110 % pour les sondes larges bandes.
À l’interface entre deux milieux 1 et 2, le coefficient de Enfin, pour optimiser le rendement du transducteur, il est
réflexion en pression qui représente le rapport entre la pres- nécessaire d’adapter également le port électrique [5] par lequel le
sion ultrasonore réfléchie et la pression incidente prend la piézoélectrique va être excité par un générateur. Le transducteur
forme r = (Z2 – Z1)/(Z1 + Z2) [E2690]. Le coefficient de transmis- piézoélectrique peut être représenté par le circuit équivalent de la
sion en pression noté t vaut alors (1 + r). figure 3. Ainsi, l’impédance électrique complexe du piézoélec-
trique est constituée par la somme de trois termes où ω repré-
Dans ces expressions, Z est l’impédance acoustique et sente la pulsation :
s’exprime en Rayleigh. Elle représente le rapport entre la pres-
sion acoustique et la vitesse particulaire. C’est une grandeur
locale qui, dans le cas particulier d’une onde plane, s’écrit (2)
Z = ρV où V peut désigner la vitesse longitudinale ou trans-
verse et ρ représente la masse volumique. Ainsi donc si les
Le premier terme est la réactance due à la capacité statique du
impédances des milieux 1 et 2 sont très différentes, le coeffi-
matériau piézoélectrique. Les deux autres termes représentent
cient de réflexion tend en valeur absolue vers 1 : aucune éner-
l’impédance motionnelle dont la partie réelle, la résistance de
gie acoustique n’est injectée dans le milieu 2.
rayonnement Ra(ω) est la traduction du phénomène de conversion
103
Référence Internet
R4043
du piézoélectrique
Champ Champ
proche lointain
+
Transducteur Ra(ω)
–
4
Dans sa version la plus simple, l’adaptation d’impédance du
port électrique est effectuée en compensant la capacité statique La zone de champ proche (ou zone de Fresnel) est caractérisée
C0. Pour ce faire, on rajoute en série avec l’impédance du généra- par une variation rapide du module et de la phase du champ de
teur (généralement égale à Ro = 50 Ω) une inductance Ls de réac- pression jusqu’à la distance N de la sonde égale à a2/λ où a est le
rayon actif de la sonde, λ la longueur d’onde pour la fréquence
tance telle que Lsω0 = 1/C0ω0 [8]. Cependant, cette adaptation se d’émission ultrasonore f. La distance N correspond à la tache focale
fait au détriment de la bande passante. Pour pallier ce problème, naturelle d’une sonde plane. Ainsi donc, aussi surprenant que cela
plutôt que d’adjoindre une inductance il est préférable de choisir puisse paraître, une sonde plane focalise légèrement les ondes
dans (3) 1/C0ω0 proche de Ro en modifiant la surface A de l’élé- ultrasonores. Cette distance correspond au dernier maximum de
pression. Au-delà, la pression décroît de manière monotone. La
ment piézoélectrique car où ε est la permittivité de l’élé- tache focale fait approximativement 0,27 fois le diamètre actif de la
ment piézoélectrique et e son épaisseur [8]. Enfin, si l’impédance sonde. L’adjonction d’une lentille permet d’obtenir des sondes forte-
du générateur Ro est très différente de Ra, alors il est nécessaire ment focalisées, ce qui permet de réduire encore cette tache focale.
d’utiliser des circuits spécifiques d’adaptation d’impédance. Elles ont par exemple tout leur intérêt en microscopie acoustique
[R1402], ou dans la détection de défauts de petite taille.
La zone de champ lointain (ou zone de Fraunhofer), au-delà de N,
1.2 Rayonnement et correction des effets est caractérisée par une variation d’amplitude et de phase lente de
dus à la diffraction la pression et une divergence du faisceau. Le faisceau est globale-
ment contenu dans un cône d’angle au sommet α tel que [8]
Les dimensions finies du transducteur font que le champ émis
[P3790] : sin , où VL est la vitesse ultrasonore des
par la sonde n’est pas celui d’une onde plane [P3790]. Ainsi donc
le champ de pression est beaucoup plus complexe que l’on peut ondes longitudinales dans le liquide de couplage. Cette expression
l’imaginer. Une des conséquences majeures est l’apparition de
phénomènes de diffraction conduisant en particulier à une non- est souvent approximée par où a est le rayon du piézoélé-
directivité du faisceau (figure 4). ment et λ la longueur d’onde dans le milieu d’émission [E2690].
Pour la plupart des applications, ces grandeurs approchées suf-
fisent à guider l’expérimentateur dans le choix des sondes à utiliser.
Y (m) Axe central Mais pour réaliser une mesure précise de la vitesse et de l’atténua-
tion il est impératif de prendre en compte correctement les effets
dus à la diffraction. La diffraction a pour conséquence de déphaser
0,4
le signal reçu, un excès de phase conduisant à surestimer la vitesse
réelle. Par rapport à une onde plane, la divergence du faisceau
acoustique tend à diminuer l’amplitude des échos reçus. Sans cor-
rection, cela conduit donc à surestimer l’atténuation.
Lorsque le diamètre de l’émetteur et du récepteur sont égaux,
0,2 et que a > 7λ ou que Y > 7a où Y est la distance parcourue par
l’onde, les effets de la diffraction sont facilement pris en compte
en multipliant la solution en onde plane par un facteur correctif
complexe [9] :
Piézoélectrique (4)
–0,02 –0,01 0,01 0,02 X (m)
–0,005 0 0,005
avec Jn fonction de Bessel d’ordre n de première espèce,
Figure 4 – Représentation dans le plan X-Y du champ de pression théo-
rique d’une sonde de 10 mm de diamètre émettant dans de l’eau s paramètre de Fresnel donné par : .
104
Référence Internet
R4043
Amplitude (V)
Sonde
(Émission / Réception) Δt = 2e/V
Mode réflexion
Fine couche t = 2e/V
de couplant
Lame
Temps
Amplitude (V)
Δt = 2e/V
Mode transmission
t = e/V
Sonde Sonde
(Émission) (Réception)
Temps
Figure 7 – Représentation schématique d’échogrammes typiques en mode réflexion ou transmission pour des solides peu atténuants et non
dispersifs
105
Gagnez du temps et sécurisez vos projets
en utilisant une source actualisée et fiable
RÉDIGÉE ET VALIDÉE MISE À JOUR 100 % COMPATIBLE SERVICES INCLUS
PAR DES EXPERTS PERMANENTE SUR TOUS SUPPORTS DANS CHAQUE OFFRE
NUMÉRIQUES
Questions aux experts* Articles Découverte Dictionnaire technique multilingue Archives Info parution
Les meilleurs experts techniques La possibilité de consulter 45 000 termes en français, anglais, Technologies anciennes et versions Recevez par email toutes les nouveautés
et scientifiques vous répondent des articles en dehors de votre offre espagnol et allemand antérieures des articles de vos ressources documentaires
*Questions aux experts est un service réservé aux entreprises, non proposé dans les offres écoles, universités ou pour tout autre organisme de formation.
www.techniques-ingenieur.fr
CONTACT : Tél. : + 33 (0)1 53 35 20 20 - Fax : +33 (0)1 53 26 79 18 - E-mail : [email protected]
Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)