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DE L’ÉDUCATION
NATIONALE ET
DE LA JEUNESSE
Les candidats peuvent utiliser les résultats énoncés dans les questions ou par-
ties précédentes, en veillant dans ce cas à préciser la référence du résultat
utilisé.
Notations
— Pour s un nombre complexe, on note Re(s) la partie réelle de s et Im(s) sa partie imaginaire.
— Si t est un nombre réel strictement positif et s est un nombre complexe, la puissance complexe
ts est définie par ts = exp((Re(s) + iIm(s)) ln(t)).
— Pour x réel, on définit la partie entière de x, notée x par
— Soit I un intervalle de R d’intérieur non vide. On désigne par L2 (I) le R-espace vectoriel des
fonctions f définies sur I, à valeurs dans R = R ∪ {−∞, +∞} telles que x → |f (x)|2 est
intégrable sur I (au sens de la mesure de Lebesgue).
— Pour f une fonction définie sur I ⊂ R, à valeurs dans R, on désigne par supp(f ) son support :
supp(f ) = I \ O où O est la réunion de tous les ouverts sur lesquels f est nulle presque partout.
En particulier, pour presque tout x ∈/ supp(f ), on a f (x) = 0.
— Pour une fonction f de L2 (]0, +∞[), on note f 2 la norme euclidienne de f définie par
Ç å1/2
2
f 2 = |f (x)| dx .
]0,+∞[
1
— Soit f une fonction mesurable sur ]0, +∞[ à valeurs réelles, on définit sa transformée de
Mellin par +∞
s ∈ C −→ Mf (s) = f (t)ts−1 dt (2)
0
aux points s de C pour lesquels t → f (t)ts−1 est intégrable sur ]0, +∞[.
— Soient (E, · E ) et (F, · F ) deux espaces vectoriels normés et T une application linéaire
de E dans F . Si la quantité Tu (u)
reste bornée quand u décrit E \ {0}, on appelle norme de
l’application linéaire T sa borne supérieure et on note
T (u)F
T = sup .
u=0 uE
Rappels
On rappelle ici quelques définitions utiles et des énoncés qui pourront être exploités sans démonstra-
tion tout au long du sujet.
— Théorème d’holomorphie pour les séries de fonctions
Soit Ω un ouvert de C et (fn )n∈N une suite de fonctions de Ω dans C. On suppose
• pour tout n ∈ N, fn est une fonction holomorphe sur Ω ;
• pour tout compact K de Ω, la série de fonctions n≥0 fn converge normalement sur K ;
alors, la fonction F définie sur Ω par F (z) = n≥0 fn (z) est bien définie et holomorphe sur Ω.
— L’ensemble des fonctions à valeurs réelles à support compact dans ]0, +∞[ et continues sur leur
support est dense dans L2 (]0, +∞[).
— Théorème de Plancherel
La restriction de la transformée de Fourier à l’ensemble des fonctions de L2 (R) intégrables
sur R se prolonge en un isomorphisme de L2 (R) sur L2 (R), que l’on note encore f → f.
Pour presque tout ξ ∈ R, f(ξ) est la limite au sens de la norme quadratique de L2 (R), lorsque
T −ixξ
T tend vers l’infini, de −T e f (x) dx.
De plus, pour tout f ∈ L2 (R),
1
|f (t)|2 dt = |f(ξ)|2 dξ.
R 2π R
— Lemme de Fatou
Pour toute suite (fn )n∈N de fonctions mesurables sur un intervalle I de R à valeurs dans
[0, +∞], la limite inférieure de fn est mesurable sur I pour tout n ∈ N et on a
lim inf fn (x) dx ≤ lim inf fn (x) dx.
I n→+∞ n→+∞ I
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Le sujet débute par quatre questions préliminaires, essentiellement calculatoires, qui serviront dans la
suite du problème mais qui penvent être traitées de manière indépendante. L’objectif de la partie II est
d’établir quelques propriétés de la transformée de Mellin définie par (2). La partie III est consacrée
à une étude de la fonction zêta de Riemann. Dans la partie IV, on établit un lien entre la fonction
partie fractionnaire et la fonction zêta de Riemann via la transformée de Mellin. Dans la partie V,
on démontre le sens « facile » du théorème de Baéz-Duarte en prouvant que si la fonction indicatrice
de l’intervalle ]0, 1] est dans l’adhérence d’un certain sous-espace vectoriel B dans L2 (]0, +∞[), alors
la fonction zêta ne s’annule pas dans la bande verticale {s ∈ C : 1/2 < Re(s) < 1}. Dans la partie VI,
on construit un endomorphisme invariant et continu de L2 (]0, +∞[) qui agit sur la fonction ρ étudiée
en partie IV comme l’opérateur d’inversion J. Enfin, dans la partie VII, on construit à l’aide de la
fonction µ de Möbius, une suite d’éléments de B qui converge simplement vers la fonction indicatrice
de l’intervalle ]0, 1] sur ]0, +∞[ mais qui diverge dans L2 (]0, +∞[).
Les parties sont généralement indépendantes ; en cas de besoin, on pourra admettre les résultats établis
par certaines questions pour aborder les parties suivantes.
I Exercices préliminaires
1. Soient s un nombre complexe et t un réel strictement positif. Montrer que |ts | = tRe(s) .
(−1)n
2. (a) Montrer que la série de fonctions xn converge uniformément sur [0, 1] et que sa
n≥1
n
somme est une fonction continue sur [0, 1].
(−1)n
(b) Déterminer le rayon de convergence r de la série entière xn et rappeler la valeur
n≥1
n
de sa somme sur ] − r, r[.
+∞
(−1)n
(c) En déduire la valeur de .
n=1
n
3. (a) Déterminer les coefficients de Fourier an et bn (voir (1)) de la fonction 1-périodique
1
x −→ {x} − .
2
sin(2πnx)
(b) Montrer que la série converge simplement vers {x} − 1
2 sur R \ Z.
n≥1
−πn
+∞
sin x
4. (a) Montrer que l’intégrale généralisée dx converge.
0 x
(b) En appliquant, pour 0 < ε < R, le théorème des résidus à la fonction F (z) = eiz /z sur
le contour γε,R formé des segments [ε, R] et [−R, −ε] et des demi-cercles de centre 0 et de
+∞
sin x π
rayons ε et R situés dans le demi-plan supérieur, montrer que dx = .
0 x 2
3
Montrer que, s’il est non vide, I(f ) est un intervalle de R.
Dans ce cas, on note a(f ) = inf I(f ) et b(f ) = sup I(f ) (a(f ) et b(f ) sont des éléments de R).
2. Montrer que si f ∈ L2 (]0, +∞[) est presque partout nulle sur ]1, +∞[, alors ]1/2, +∞[⊂ I(f ).
On s’intéresse dorénavant à la transformée de Mellin (2) de f .
3. Montrer que Mf est bien définie sur la bande verticale du plan complexe (éventuellement non
bornée à droite ou à gauche) D(f ) = {s ∈ C tel que Re(s) ∈ I(f )}.
4. Déterminer l’intervalle I(1]0,1] ) et la transformée de Mellin de la fonction indicatrice 1]0,1] sur
D(1]0,1] ).
5. Soit λ un réel strictement positif et soit f une fonction mesurable sur ]0, +∞[ à valeurs dans R.
On note Tλ f la fonction définie sur ]0, +∞[ par Tλ f (x) = f (λx). Montrer que I(f ) = I(Tλ f )
et que pour tout s ∈ D(f ), on a M(Tλ f )(s) = λ−s Mf (s).
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iii. Montrer que si s = σ + it avec t ∈ R et σ ∈ [ε, 1 + ε], on a
Å ã
1 s−ε 1 + |t|
1+ − 1 ≤ .
n n
(d) Montrer que G définit une fonction holomorphe sur le demi-plan {s ∈ C tel que Re(s) > 0}.
4. En déduire que la fonction ζ se prolonge en une fonction méromorphe dans le demi-plan
{s ∈ C tel que Re(s) > 0}, que l’on notera encore ζ, et déterminer la valeur du résidu de ζ au
pôle s = 1.
On pourra utiliser la question I.2.
1/n
+∞
On pourra calculer xs−1 dx de deux manières différentes.
n=1 0
(c) En déduire que 1 est l’unique pôle de ζ dans le demi-plan {s ∈ C tel que Re(s) > 0} et
retrouver la valeur du résidu de ζ en s = 1.
5. Montrer que ]0, 1[⊂ I(ρ) et que pour s ∈ C tel que 0 < Re(s) < 1, Mρ(s) = − ζ(s)
s .
5
V Distance de 1]0,1] à un espace de fonctions
Soit N un entier positif. On note BN le sous-espace vectoriel de L2 (]0, +∞[) engendré par les fonctions
Tn ρ : x → ρ(nx) avec n ∈ {1, ..., N }. Autrement dit BN est l’ensemble des applications f :]0, +∞[→ R
définies par
N
f (x) = cn ρ(nx), (3)
n=1
puis que √
f˜ − 1]0,1] 2 ≤ (1 + 2)f − 1]0,1] 2 .
On pourra utiliser la question IV.2.
3. Montrer que pour s ∈ C tel que 0 < Re(s) < 1 et f˜ ∈ B
N , on a
1
ζ(s)
f˜(x)xs−1 dx = −Qf˜(s) .
0 s
On pourra utiliser les questions II.5 et IV.5.
4. Supposons qu’il existe β ∈ C tel que 1/2 < Re(β) < 1 et ζ(β) = 0. Soit f une fonction de BN .
Déduire des questions précédentes la minoration suivante de la distance dans L2 ([0, +∞[) entre
la fonction indicatrice 1]0,1] et f˜ :
»
2Re(β) − 1
f˜ − 1]0,1] 2 ≥ .
|β|
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VI Applications linéaires de L2(]0, +∞[).
1. Soit θ un √réel strictement positif. Pour f ∈ L2 (]0, +∞[), on définit Dθ f :]0, +∞[→ R par
Dθ f (x) = θf (θx) pour x > 0.
(a) Montrer que Dθ est une application linéaire bijective sur L2 (]0, +∞[) telle que
Dθ f 2 = f 2 .
(b) Montrer que l’ensemble {Dθ , θ > 0} muni de la loi de composition est un groupe commutatif.
On dira qu’une application de L2 (]0, +∞[) dans L2 (]0, +∞[) est invariante si elle
commute avec les endomorphismes Dθ pour tout θ > 0.
Ä ä
2. Pour f ∈ L2 (]0, +∞[), on définit Jf :]0, +∞[→ R par Jf (x) = x1 f x1 pour x > 0.
(a) Montrer que J est un endomorphisme continu de L2 (]0, +∞[) et déterminer sa norme.
(b) Pour θ > 0, déterminer θ tel que JDθ = Dθ J.
3. Pour f ∈ L2 (]0, +∞[), on définit Hf :]0, +∞[→ R par Hf (x) = x1 0x f (t) dt pour x > 0.
(a) Soit f ∈ L2 (]0, +∞[). On suppose de plus que f est continue.
Montrer que Hf ∈ L2 (]0, +∞[) et Hf 2 ≤ 2f2 .
On pourra majorer, pour 0 < ξ < X, l’intégrale ξX Hf (x)2 dx en commençant par intégrer
par parties.
(b) Montrer que H est un endomorphisme continu de L2 (]0, +∞[).
4. (a) Montrer que si f ∈ L2 (]0, +∞[), alors pour presque tout
réel x, la limite au sens de la norme
quadratique · 2 , lorsque T tend vers l’infini, de 2 0T f (u) cos(2πxu) du existe. On note
G(x) cette limite. Montrer que G ∈ L2 (R).
(b) On note C l’application qui à f ∈ L2 (]0, +∞[) associe Cf :]0, +∞[→ R définie
presque partout sur ]0, +∞[ par Cf (x) = G(x).
Montrer que C est un endomorphisme continu de L2 (]0, +∞[) et donner une majoration de
sa norme.
5. On note I l’identité de L2 (]0, +∞[) et V l’application V = (H − I)CJ.
(a) Montrer que V est une application linéaire continue de L2 (]0, +∞[) dans L2 (]0, +∞[).
(b) Soit f ∈ L2 (]0, +∞[). On suppose de plus f à support compact et continue sur son support.
Montrer que pour x > 0, on a
+∞
d sin(2πx/v)
V f (x) = f (v) dv.
0 dv πx/v
(c) Montrer que V est une application invariante.
(d) Le but de cette question est de montrer que V ρ = Jρ.
i. Soit n un entier strictement positif. Montrer que pour x ∈]0, +∞[\{1/n, n}, on a
n−1
ρ(x)1]1/n,n] (x) = (J1]1/n,n] )(x) − j1]1/(j+1),1/j] (x).
j=1
ii. En utilisant la question précédente, montrer que pour x ∈]0, +∞[\{1/n, n}, on a
Ñ é
2πxn n
1 sin(u) sin(2πxj)
V (ρ1]1/n,n] )(x) = sin(2πx/n) + du − .
πx 2πx/n u j=1
j
Ä ä
iii. Montrer que la suite de fonctions V (ρ1]1/n,n] ) n∈N∗ converge simplement vers Jρ sur
]0, +∞[\N∗ .
On pourra utiliser les résultats des questions I.3 et I.4.
iv. En déduire V ρ = Jρ presque partout sur ]0, +∞[.
7
VII Convergence d’une suite de ∪N BN vers 1]0,1]
Soit µ : N∗ → R la fonction de Möbius définie par
1
si n = 1
µ(n) = 0 si n est divisible par le carré d’un nombre premier,
(−1)k si n est le produit de k nombres premiers distincts.
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