Evaluation Et Suivi de La Douleur Chronique Ches Des Patients en Ambulatoir
Evaluation Et Suivi de La Douleur Chronique Ches Des Patients en Ambulatoir
Evaluation Et Suivi de La Douleur Chronique Ches Des Patients en Ambulatoir
AVANT-PROPOS
La médecine est marquée par l’accroissement constant des données publiées et le développement
rapide de nouvelles techniques qui modifient constamment les stratégies de prise en charge
préventive, diagnostique et thérapeutique des malades. Dès lors, il est très difficile pour le
clinicien d’assimiler toutes les informations découlant de la littérature scientifique, d’en faire la
synthèse et de l’incorporer dans sa pratique quotidienne.
Les recommandations professionnelles contenues dans ce document ont été élaborées par un
groupe multidisciplinaire de professionnels de santé, selon une méthodologie explicite, publiée par
l’ANAES dans son document intitulé : « Les Recommandations pour la Pratique Clinique –Base
méthodologique pour leur réalisation en France – 1997 ».
La méthode utilisée a été celle décrite dans le guide d’élaboration des « Recommandations pour la
Pratique Clinique – Base méthodologique pour leur réalisation en France – 1997 » publié par
l’ANDEM.
L’ensemble du travail a été coordonné par Madame le Docteur Marie-José MOQUET sous la
responsabilité de Monsieur le Professeur Alain DUROCHER.
GROUPE DE TRAVAIL
GROUPE DE LECTURE
SOMMAIRE
AVANT-PROPOS ................................................................................................................................................................ 2
MÉTHODE GÉNÉRALE.................................................................................................................................................. 10
ARGUMENTAIRE ............................................................................................................................................................ 32
I. INTRODUCTION ..................................................................................................................................................... 32
I.1. Objectifs du travail ............................................................................................................................................ 32
I.2. Domaines spécifiques exclus.............................................................................................................................. 33
I.3. Critères de choix des outils................................................................................................................................ 33
I.4. Sélection des articles ......................................................................................................................................... 33
II. DÉFINITIONS.......................................................................................................................................................... 34
III. ÉVALUATION INITIALE .......................................................................................................................................... 37
III.1. Grille d’entretien semi-structuré ................................................................................................................... 37
III.2. Bilan étiologique........................................................................................................................................... 37
III.3. Intensité de la douleur................................................................................................................................... 40
III.4. Autres dimensions de la douleur.................................................................................................................... 43
IV. SUIVI...................................................................................................................................................................... 55
IV.1. Entretien semi-structuré ................................................................................................................................ 55
IV.2. Observance, automédication, consommation médicale .................................................................................. 55
IV.3. Intensité de la douleur................................................................................................................................... 55
IV.4. Évaluation du soulagement ........................................................................................................................... 56
IV.5. Agenda.......................................................................................................................................................... 56
IV.6. Retentissement psychologique sur le sujet ..................................................................................................... 56
IV.7. Note .............................................................................................................................................................. 56
MÉTHODE GÉNÉRALE
Ces recommandations et références médicales ont été élaborées par un groupe de travail, au terme
d’une analyse de la littérature scientifique et de l’avis des professionnels. Le texte a été soumis à
un groupe de lecture avant d’être finalisé. Les sociétés scientifiques ont été consultées pour
connaître les travaux réalisés antérieurement sur le sujet et pour proposer des personnes
susceptibles de participer aux groupes.
Pour chaque thème, l’ANAES a constitué un groupe de travail regroupant dix à quinze personnes
de diverses compétences. La parité du mode d’exercice (spécialistes et non-spécialistes en CHU
ou CHG, spécialistes ou généralistes libéraux) et la répartition géographique ont été prises en
compte. Ces groupes de travail comprenaient un président (qui a dirigé le groupe et collecté les
avis de l’ensemble des membres) et un chargé de projet (qui a collaboré directement avec le
président, et a rédigé le document final afin de le proposer et de le discuter avec le groupe de
travail). Un représentant de l’ANAES a assisté chaque groupe, s’est assuré de la cohérence de la
méthode de travail et a exercé une fonction de conseil auprès du chargé de projet.
Une recherche bibliographique a été réalisée par interrogation systématique des banques de
données : MEDLINE, EMBASE, HealthSTAR, COCHRANE et PASCAL. Elle a identifié d'une
part les recommandations pour la pratique clinique et les conférences de consensus (sur dix ans en
toutes langues) et d'autre part les revues de synthèse : méta-analyses, analyses de décision (sur
cinq ans en langue française ou anglaise). Elle a été généralement complétée par une recherche
d’essais cliniques en langue française ou anglaise, sur un ou plusieurs aspects du thème demandé.
Si nécessaire, d’autres banques de données ont pu être interrogées. La littérature grise (c’est-à-
dire les productions non indexées dans les catalogues officiels d’édition ou dans les circuits
conventionnels de diffusion de l’information) a été systématiquement recherchée (par contacts
directs auprès de sociétés savantes, par Internet ou tout autre moyen).
Cette bibliographie obtenue par voie automatisée a été complétée par une recherche manuelle.
D’une part, les membres du groupe de travail ou du groupe de lecture ont pu transmettre leurs
articles. D’autre part, les sommaires de revues générales et de revues du thème concerné ont été
dépouillés pendant la période de novembre 1997 à avril 1998. De plus, les listes de références
citées dans les articles déjà identifiés ont été consultées. Par ailleurs, les décrets, arrêtés et
circulaires du ministère de la Santé pouvant avoir un rapport avec le sujet ont été consultés.
L’ensemble des textes de recommandations et références a ensuite été soumis à l’avis du conseil
scientifique de l’ANAES.
Recherche automatisée
La recherche documentaire a été réalisée sur la période 1987 à fin avril 1998.
Des recherches complémentaires portant sur la période 1992-1998 ont été effectuées sur :
Family practice.
Cette stratégie a été complétée par une recherche de la littérature française sur la banque de
données PASCAL.
338 références ont été obtenues sur MEDLINE, 225 sur EMBASE, 14 sur HealthSTAR
et 163 sur PASCAL.
Recherche manuelle
Le sommaire des revues suivantes a été dépouillé de novembre 1997 à avril 1998.
å Revues générales :
Annals of Internal Medicine
Archives of Internal Medicine
British Medical Journal
Canadian Medical Association Journal
Concours Médical
JAMA
Lancet
New England Journal of Medicine
Presse Médicale
Revue de Médecine Interne
Revue du Praticien MG
Revue Prescrire.
å Pour cette même période, les Current Contents ont été consultés pour les revues
spécialisées suivantes :
Pain,
Clinical Journal of Pain,
Journal of Pain and symptom Management,
European Journal of Pain,
Spine.
221 articles ont été sélectionnés et analysés dont 67 références utilisées pour
l’élaboration des recommandations.
Dans l’élaboration de ces recommandations, le groupe a retenu les outils considérés comme
« validés », c’est-à-dire lorsque des travaux ont établi qu’ils répondaient aux trois qualités
métrologiques de validité, fidélité, sensibilité au changement. Mais, l’évaluation de la
douleur ne se limite pas à l’utilisation d’échelles : d’autres recommandations qui
apparaissent essentielles à la pratique clinique ont été formulées. Elles reposent sur un
accord professionnel.
Chaque professionnel de santé doit s’approprier les outils proposés, en comprendre les
avantages et les limites, les adapter à sa pratique quotidienne. Ils ne sont qu’un outil dans
une évaluation plus exhaustive, habituellement consommatrice de temps et qui nécessite un
climat relationnel de qualité et la disponibilité du praticien.
ÉVALUATION ET SUIVI
3. Les éléments cliniques essentiels sur lesquels se fonde l’entretien avec le malade
douloureux chronique sont indiqués dans la grille d'entretien semi-structuré
(tableau ci-après).
Tableau : Grille d’entretien semi-structuré avec le patient douloureux chronique établie par le groupe.
Ancienneté de la douleur
Mode de début
• circonstances exactes (maladie, traumatisme, accident de travail… )
• description de la douleur initiale
• modalités de prise en charge immédiate
• événements de vie concomitants
• diagnostic initial, explications données
• retentissement (anxiété, dépression, troubles du sommeil, incapacités fonctionnelle et professionnelle… )
Profil évolutif du syndrome douloureux
• comment s’est installé l’état douloureux persistant à partir de la douleur initiale
• profil évolutif : (douleur permanente, récurrente, intermittente… )
• degré du retentissement (anxiété, dépression, troubles du sommeil, incapacités fonctionnelle et
professionnelle… )
Traitements effectués et actuels
• traitements médicamenteux et non médicamenteux antérieurs, actuels
• modes d’administration des médicaments, doses, durées
• effets bénéfiques partiels, effets indésirables, raisons d’abandon
• attitudes vis-à-vis des traitements
Antécédents et pathologies associées
• familiaux
• personnels (médicaux, obstétricaux, chirurgicaux et psychiatriques) et leur évolutivité
• expériences douloureuses antérieures
Description de la douleur actuelle
• topographie
• type de sensation (brûlure, décharge électrique… )
• intensité
• retentissement (anxiété, dépression, troubles du sommeil, incapacités fonctionnelle et professionnelle… )
• facteurs d’aggravation et de soulagement de la douleur
Contextes familial, psychosocial, médico-légal et incidences
• situation familiale
• situation sociale
• statut professionnel et satisfaction au travail
• indemnisations perçues, attendues ; implications financières
• procédures
Facteurs cognitifs
• représentation de la maladie (peur d’une maladie évolutive… )
• interprétation des avis médicaux
Facteurs comportementaux
• attitude vis-à-vis de la maladie (passivité… )
• modalités de prise des médicaments
• observance des prescriptions
Analyse de la demande
• attentes du patient (faisabilité, reformulation)
• objectifs partagés entre le patient et le médecin
6. Le schéma des zones douloureuses est utile pour faire figurer la topographie de la
douleur dans le dossier du malade.
7. Intensité de la douleur :
• l’échelle visuelle analogique, l’échelle numérique et l’échelle verbale simple ont
été validées pour mesurer l'intensité de la douleur. Elles n’apprécient donc pas
les autres dimensions de la douleur ; elles ne permettent pas de préciser le
diagnostic des mécanismes sous-jacents ;
• l'utilisation en pratique clinique quotidienne des mesures de l'intensité de la
douleur (échelle visuelle analogique, échelle numérique et échelle verbale simple)
est utile pour mieux détecter les malades ayant besoin d'un traitement
symptomatique ;
• il n’existe pas de lien direct entre la valeur obtenue sur une échelle et le type de
traitement antalgique nécessaire ;
• les scores calculés à partir des échelles d’intensité ont une valeur descriptive
pour un individu donné et permettent un suivi. Les scores ne permettent pas de
faire des comparaisons interindividuelles.
8. Les versions longues des questionnaires d'adjectifs ont été validées. Leur longueur les
rend difficilement applicables en médecine ambulatoire. Les scores donnent une
indication de l’importance de la douleur. Le vocabulaire de la douleur possède
également une valeur d'orientation diagnostique pour faciliter la reconnaissance de
certaines douleurs (par exemple les douleurs neurogènes), et apprécier le
retentissement affectif de la douleur. Les versions courtes ne sont pas actuellement
validées. L’expérience des utilisateurs indique qu’elles peuvent apporter des
informations utiles, notamment le questionnaire de la douleur de Saint-Antoine
(QDSA) abrégé.
12. Les malades douloureux chroniques doivent être réévalués périodiquement. Il n’a pas
été identifié d'étude permettant de déterminer la fréquence des réévaluations ; elle est
laissée au jugement du clinicien et est fonction des objectifs fixés avec le patient.
L'ensemble des instruments proposés lors de l'évaluation initiale peut être proposé
pour le suivi. Les évaluations, l’initiale et les successives (conservées dans le dossier),
servent de points de comparaison.
13. Les échelles d’évaluation du soulagement de la douleur (échelle visuelle analogique,
échelle verbale simple ou échelle numérique) sont utiles pour le suivi.
Pour la pratique on retiendra que les scores des échelles d’évaluation de l’intensité de la
douleur :
• ne donnent pas d’information sur la nature de la plainte douloureuse ;
• ne peuvent pas servir à comparer les patients entre eux ;
• permettent uniquement des comparaisons intra-individuelles ;
• aident à identifier les malades nécessitant un traitement de la douleur sans qu’il existe
un lien direct entre le score obtenu et le type de traitement antalgique nécessaire ;
• facilitent le suivi du patient.
Afin de préciser l’intensité de la douleur que vous ressentez actuellement (depuis les 8 derniers
jours), nous vous demandons de répondre aux questionnaires suivants. N’oubliez pas de répondre
à toutes les questions.
RE
1 PARTIE : SCHÉMA DES ZONES DOULOUREUSES
E
2 PARTIE : MESURE DE L’INTENSITÉ DE LA DOULEUR (UTILISER L’ÉCHELLE
1, 2 OU 3)
Trois échelles de mesure de l’intensité de la douleur vous sont proposées. Les réponses à une
seule échelle sont suffisantes. Essayez de remplir l’échelle 1, en cas de difficultés essayez de
remplir l’échelle 2, et en cas de difficultés remplissez l’échelle 3.
Nous vous proposons d’utiliser une sorte de thermomètre de la douleur qui permet de mesurer
l’intensité de la douleur.
L’intensité de votre douleur peut être définie par un trait tracé sur l’échelle comme dans l’exemple
ci-dessous.
douleur
pas de
maximale
douleur
imaginable
Indiquez par une croix ou un trait sur la ligne le niveau de votre douleur pour chacun des 3 types de
douleur :
douleur
Douleur au pas de
maximale
moment douleur
imaginable
présent :
douleur
Douleur pas de
maximale
habituelle douleur
imaginable
depuis les 8
douleur
Douleur la pas de
maximale
plus intense douleur
imaginable
depuis les 8
Entourez ci-dessous la note de 0 à 10 qui décrit le mieux l’importance de votre douleur pour
chacun des 3 types de douleur. La note 0 correspond à « pas de douleur ». La note 10 correspond
à la « douleur maximale imaginable ».
Douleur
Pas de
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 maximale
douleur
imaginable
Douleur
Pas de
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 maximale
douleur
imaginable
Douleur
Pas de
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 maximale
douleur
imaginable
Pour préciser l’importance de votre douleur répondez en entourant la réponse correcte pour
chacun des 3 types de douleur :
Douleur au 0 1 2 3 4
moment présent :
absente faible modérée intense extrêmement
intense
Douleur habituelle 0 1 2 3 4
depuis les 8
absente faible modérée intense extrêmement
derniers jours :
intense
Douleur la plus 0 1 2 3 4
intense depuis les
absente faible modérée intense extrêmement
8 derniers jours :
intense
E
3 PARTIE : QUALIFICATIFS DE LA DOULEUR
Vous trouverez ci-dessous une liste de mots pour décrire une douleur. Pour préciser le type de
douleur que vous ressentez habituellement (depuis les 8 derniers jours), répondez en mettant une
croix pour la réponse correcte.
0 1 2 3 4
absent faible modéré fort extrêmement
fort
non un peu modérément beaucoup extrêmement
Élancements
Pénétrante
Décharges électriques
Coups de poignard
En étau
Tiraillement
Brûlure
Fourmillements
Lourdeur
Épuisante
Angoissante
Obsédante
Insupportable
Énervante
Exaspérante
Déprimante
E
4 PARTIE : ÉCHELLE DU RETENTISSEMENT ÉMOTIONNEL
Les médecins savent que les émotions jouent un rôle important dans la plupart des maladies. Si
votre médecin est au courant des émotions que vous éprouvez, il pourra mieux vous aider. Ce
questionnaire a été conçu de façon à permettre à votre médecin de se familiariser avec ce que
vous éprouvez vous-même sur le plan émotif.
Ne faites pas attention aux chiffres et aux lettres imprimés à gauche du questionnaire.
Lisez chaque série de questions et soulignez la réponse qui exprime le mieux ce que vous avez
éprouvé au cours de la semaine qui vient de s’écouler.
Ne vous attardez pas sur la réponse à faire, votre réaction immédiate à chaque question fournira
probablement une meilleure indication de ce que vous éprouvez, qu’une réponse longuement
méditée.
E
5 PARTIE : ÉCHELLE DU RETENTISSEMENT DE LA DOULEUR SUR LE
COMPORTEMENT QUOTIDIEN
Pour chacune des 6 questions suivantes, entourez le chiffre qui décrit le mieux comment, la
semaine dernière, la douleur a gêné votre :
Humeur
Ne gêne Gêne
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
pas complètement
Capacité à marcher
Ne gêne Gêne
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
pas complètement
Sommeil
Ne gêne Gêne
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
pas complètement
Goût de vivre
Ne gêne Gêne
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
pas complètement
soulagement
pas de
maximal
soulagement
Pas de Soulagement
0% 10 % 20 % 30 % 40 % 50 % 60 % 70 % 80 % 90 % 100 %
soulagement maximal
Soulagement Scores
nul 0
faible 1
modéré 2
important 3
complet 4
ARGUMENTAIRE
Il s’agit d’une étude demandée à l’ANAES par le ministère délégué à la Santé. Ce travail s’inscrit
dans un contexte plus global de volonté des autorités de développer la reconnaissance et la prise
en charge de la douleur par les professionnels de santé français. Il est réalisé parallèlement à
d’autres actions comme le recensement des structures de prise en charge de la douleur. Il fait suite
au document sur « La prise en charge de la douleur du cancer chez l’adulte en médecine
ambulatoire » (1).
I. INTRODUCTION
Il s’agissait de réaliser un outil de travail destiné aux professionnels de santé. Le groupe a jugé
utile que ce document définisse :
• la douleur chronique et ses différentes dimensions ;
• les termes d’un langage commun utilisé par les différents professionnels de santé
concernés ;
• les outils permettant d’une part de détecter la douleur chronique, et d’autre part
d’objectiver la symptomatologie douloureuse clinique et de la quantifier lors de la prise en
charge initiale, lors du suivi, et apportant une aide aux décisions thérapeutiques.
L’hypothèse sous-jacente est que si la douleur chronique est mieux objectivée, cela devrait
concourir à une meilleure prise en charge thérapeutique du patient par les différents professionnels
de santé exerçant ou non dans un réseau. La notion d’évaluation de la douleur est souvent réduite
à la seule évaluation de son intensité. Certes, il s’agit d’une variable essentielle pour la décision
des traitements symptomatiques, mais ce n’est pas la seule variable à prendre en compte en
pratique quotidienne.
Dans le délai imparti, le sujet a dû être restreint et plusieurs aspects de la prise en charge du
patient douloureux chronique ont été écartés. D’une part, les douleurs pelviennes, les douleurs
d’origine digestive et l’évaluation chez le patient non communiquant ou détérioré psychiquement :
ces aspects recouvrent un domaine médical trop vaste ou bien concernent une prise en charge trop
spécifique.
D’autre part, le traitement des douleurs chroniques : les orientations thérapeutiques
multidisciplinaires et plurimodales, les différents aspects du traitement de la douleur
nécessiteraient à eux seuls d’autres études spécifiques.
Les outils ont été sélectionnés pour leurs qualités métrologiques établies par les études de
validation disponibles dans la littérature. Ceux qui ont été retenus pour la pratique ambulatoire
doivent répondre à certains critères définis par le groupe :
• être disponibles en français, et (si possible) validés dans leur version française ;
• être adaptés à la pratique ambulatoire ;
• ne pas comprendre plus de 40 items pour des raisons de réalisation pratique en médecine
ambulatoire ;
• ne pas nécessiter un apprentissage long de la part de l’utilisateur ; les tests d’auto-
évaluation tendent en général vers ce but.
Chaque article a été analysé selon les principes de la lecture critique de la littérature afin d'affecter
à chacun un niveau de preuve scientifique, excepté les articles concernant les qualités
métrologiques des échelles. Les grades A, B et C ont été attribués aux recommandations
proposées, selon le niveau de preuve scientifique figurant dans la classification proposée par
l'ANAES.
A niveau de preuve I
B niveau de preuve II
C niveau de preuve III, IV et V
Le niveau de preuve scientifique proposé ne s’applique pas aux qualités métrologiques d’une
échelle. La définition et l’évaluation des deux principales qualités (validité et fidélité) d’une
échelle ont été précisées dans les standards définis par l’American Psychological Association (2).
Le niveau de preuve fourni par une étude est d’autant plus élevé que le contenu de ces standards
est respecté.
II. DÉFINITIONS
Les principaux termes utilisés dans ce document et concernant la douleur chronique ont été
définis dans un glossaire situé en annexe 2. Ils sont signalés par le signe « * » lors de leur
première apparition dans le texte.
La douleur* est une « expérience sensorielle et émotionnelle* désagréable, liée à une lésion
tissulaire existante ou potentielle, ou décrite en termes évoquant une telle lésion » (3). Cette
définition est celle de l’International Association for the Study of Pain (IASP) et fait référence au
plan national et international. Elle a été également retenue par l’OMS (4, 5). La dernière partie de
la définition signifie que tous les types de douleur sont ressentis comme si un tissu était lésé : le
fait qu’une lésion réelle existe ou non ne modifie pas le ressenti de la douleur. Par exemple, une
douleur lombaire causée par un problème mental sera ressentie avec le même degré de réalité
qu’une douleur causée par une lésion vertébrale. Il serait inexact de parler de « douleur
imaginaire » dans un cas et de « douleur réelle » dans l’autre cas (5).
La définition de la douleur chronique* est variable selon les auteurs (6-19) (tableau 1). L’état
chronique se définit après 3 à 6 mois d’évolution. Parmi les articles sélectionnés ayant donné une
définition de la chronicité (n=16), 3 ont défini comme chronique une douleur évoluant depuis plus
de 3 mois, 11 comme une douleur évoluant depuis plus de 6 mois. Un article a mentionné une
durée de plus d’1 mois (6) et un autre une durée de plus de 4 mois (7). Les différentes études
portant sur des patients douloureux chroniques n’ont généralement pas précisé s’il s’agissait de
douleur chronique quotidienne ou de douleur récurrente*.
L’IASP n’a pas donné de définition précise de la notion de chronicité (3). De même, la
Classification internationale des maladies de l’OMS (CIM 10, annexe 3) (20) n’a donné aucune
précision sur la douleur chronique qui apparaît dans les items : « R52.1 Douleur chronique
irréductible » et « R52.2 Autres douleurs chroniques ». Aucun texte explicatif n’aide le praticien
pour cette classification. La douleur chronique a été simplement opposée à l’item « R52.0
Douleur aiguë ». Elle fait partie du paragraphe « R52 Douleur, non classée ailleurs » c’est-à-dire
« ne pouvant être rapportée à un organe ou une seule partie du corps ». Les items où la douleur
concerne un organe n’ont pas fait ressortir la notion temporelle qui est à la base même de la
définition de la douleur chronique (20).
En revanche, l’OMS a défini la douleur chronique : « la douleur qui dure longtemps ou qui est
permanente ou récurrente [… ] est appelée chronique quand elle dure plus de 6 mois » (5).
La définition proposée par le groupe combine celle de l’IASP (3), celle de l’OMS (5) et celle de
l’ASA (21), associant à la notion d’évolution temporelle celle d’impact négatif sur l’individu :
« Une douleur chronique est une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, liée à
une lésion tissulaire existante ou potentielle, ou décrite en termes évoquant une telle lésion,
évoluant depuis plus de 3 à 6 mois et/ou susceptible d’affecter de façon péjorative le
comportement ou le bien-être du patient, attribuable à toute cause non maligne. »
Il convient de souligner ici que devant toute douleur difficile à soulager et qui tend à durer, le
médecin doit penser au risque d’évolution vers une douleur chronique. Il doit s’efforcer de
détecter ce risque le plus tôt possible pour tenter de prévenir la chronicisation de la douleur. La
douleur chronique doit être repérée. La plainte du patient doit pouvoir être objectivée.
La consultation avec le patient douloureux chronique est un acte médical et comme tel passe
toujours par un interrogatoire. Cet « interrogatoire » peut être qualifié plus élégamment
d’entretien et suivre une grille dont les items ont fait l’accord du groupe (tableau 2). L’utilité
d’une grille d’entretien dans l’évaluation de la douleur et la pertinence de chaque item sont très
difficiles à démontrer. La pertinence clinique repose sur un accord professionnel fort.
Le recueil de tous les éléments de cette grille demande du temps et peut être réalisé sur plusieurs
consultations. Il s’agit d’un entretien semi-structuré : l’entretien doit laisser le patient exprimer
librement sa problématique tout en le réorientant vers les informations recherchées.
Tableau 2. Grille d’entretien semi-structuré avec le patient douloureux chronique établie par le groupe.
Ancienneté de la douleur
Mode de début
• circonstances exactes (maladie, traumatisme, accident de travail… )
• description de la douleur initiale
• modalités de prise en charge immédiate
• événements de vie concomitants
• diagnostic initial, explications données
• retentissement (anxiété, dépression, troubles du sommeil, incapacités fonctionnelle et professionnelle… )
Profil évolutif du syndrome douloureux
• comment s’est installé l’état douloureux persistant à partir de la douleur initiale
• profil évolutif : (douleur permanente, récurrente, intermittente… )
• degré du retentissement (anxiété, dépression, troubles du sommeil, incapacités fonctionnelle et
professionnelle… )
Traitements effectués et actuels
• traitements médicamenteux et non médicamenteux antérieurs, actuels
• modes d’administration des médicaments, doses, durées
• effets bénéfiques partiels, effets indésirables, raisons d’abandon
• attitudes vis-à-vis des traitements
Antécédents et pathologies associées
• familiaux
• personnels (médicaux, obstétricaux, chirurgicaux et psychiatriques) et leur évolutivité
• expériences douloureuses antérieures
Description de la douleur actuelle
• topographie
• type de sensation (brûlure, décharge électrique… )
• intensité
• retentissement (anxiété, dépression, troubles du sommeil, incapacités fonctionnelle et professionnelle… )
• facteurs d’aggravation et de soulagement de la douleur
Contextes familial, psychosocial, médico-légal et incidences
• situation familiale
• situation sociale
• statut professionnel et satisfaction au travail
• indemnisations perçues, attendues ; implications financières
• procédures
Facteurs cognitifs
• représentation de la maladie (peur d’une maladie évolutive… )
• interprétation des avis médicaux
Facteurs comportementaux
• attitude vis-à-vis de la maladie (passivité… )
• modalités de prise des médicaments
• observance des prescriptions
Analyse de la demande
• attentes du patient (faisabilité, reformulation)
• objectifs partagés entre le patient et le médecin
III.3.1. AUTOÉVALUATION
L’intensité de la douleur peut être évaluée de façon reproductible par le patient grâce à plusieurs
types d’échelles.
L’échelle visuelle analogique (EVA) peut se présenter sous sa forme papier ou sous sa forme
« mécanique », c’est-à-dire à type de réglette (annexe 4). La forme classique comporte une ligne
horizontale (14) de 100 mm de long (23). Le patient indique le niveau de sa douleur en traçant un
trait sur la ligne (forme papier) ou en déplaçant un curseur le long de cette ligne (réglette
mécanique). Elle présente un fond blanc et ne comporte pas de mots autres que ceux figurant aux
extrémités.
Différentes variantes d’EVA mécaniques ont été décrites et utilisées en introduisant des couleurs,
des variations de taille… Aucune de ces nouvelles présentation n’a été validée*.
La présentation classique de l’EVA a été validée selon les principales étapes habituellement
retenues (tableau 3) (14, 23-26). C’est une échelle d’utilisation simple et rapide, et elle demande
peu de temps d’explication au patient. Elle peut être répétée sans difficulté, éventuellement
plusieurs fois par jour. Il existe toutefois un certain nombre de patients (10-15%) qui ne peuvent
pas définir l’intensité de leur douleur grâce à cet instrument (25). C’est un instrument très
largement utilisé qui est cité comme un des instruments de référence dans 10 articles (tableau 4)
(8, 13, 14, 22, 24, 26-30).
Les échelles visuelles analogiques permettent théoriquement une infinité de « mesures » entre les
2 extrémités. En pratique, les mesures étant réalisées au millimètre le plus proche, seules 101
mesures sont possibles pour une échelle de 100 mm.
* : les termes statistiques ont été définis dans le glossaire (annexe 3) ; † : EVA = échelle visuelle analogique ;
EN = échelle numérique ; EVS = échelle verbale simple ; ‡ : — donnée non étudiée dans l’article.
Les échelles numériques (EN) sont également utilisées pour l’évaluation de l’intensité de la
douleur. Il existe plusieurs types d’échelles numériques, généralement avec une numérotation de 0
à 10 ou de 0 à 100 (7, 10, 25). Le patient doit attribuer un chiffre à l’intensité de sa douleur, 0
étant l’absence de douleur et 10 ou 100 la douleur maximale imaginable (voir un exemple en
annexe 4). Les échelles à 101 niveaux n’apportent pas plus d’information que les échelles à 11 ou
21 niveaux (10). Ces échelles permettent d’obtenir une mesure de la douleur au moment de la
consultation mais également de façon rétrospective et ce de façon fiable (7). Elles peuvent être
utiles en cas de difficulté de compréhension de l’EVA (25).
Les échelles verbales simples (EVS) permettent également une évaluation de l’intensité
douloureuse. Elles sont fondées sur le choix d’un adjectif pour définir l’intensité de la douleur. Un
score correspond à chaque adjectif (annexe 4). La mesure se limite à 5 ou 6 niveaux (25). Elles
sont généralement réservées aux personnes ayant des difficultés (faible capacité d’abstraction) à
utiliser les deux types d’échelles précédents.
Tableau 4. Articles citant les instruments de mesure unidimensionnelle de l’intensité de la douleur comme
critère de référence, pour la validité contre critère, dans des études portant sur la douleur
chronique.
Type d’instrument Auteurs, année (référence) Type d’étude Type de douleur
* : EVA = échelle visuelle analogique ; EN = échelle numérique ; EVS = échelle verbale simple.
sensibilité* au changement de l’EVA après traitement est plus grande que celle de l’EVS en 4
points, dans des pathologies rhumatismales inflammatoires ou dégénératives chroniques (23).
III.3.2. HÉTÉRO-ÉVALUATION
Le schéma des zones douloureuses ou dessin de la douleur permet de mettre en évidence les
zones douloureuses. Le patient doit les indiquer sur le dessin d’un corps humain imprimé
(annexe 5). Cet outil a été testé dans les lombalgies chroniques où certains auteurs ont estimé
qu’il était une bonne appréciation de la « non-organicité » de la douleur (36) ou de la prédiction
de l’échec de la chirurgie sur la symptomatologie douloureuse (37). Ces études sous-entendent la
possibilité d’une détection de l’origne psychogène de ces douleurs grâce au dessin. Cependant
d’autres études n’ont pas confirmé cette hypothèse (15) et la littérature ne permet pas de trancher
(25, 26). Plusieurs systèmes de cotation existent, prenant en compte les surfaces désignées par le
patient. Ils recouvrent des domaines aussi différents que la cotation grâce à un « coup d’œ il »
réalisable par un utilisateur non expérimenté (36), l’utilisation d’une grille d’évaluation précise ou
des systèmes simples et ne prêtant pas à confusion (37, 38).
Le schéma des zones douloureuses est inclus dans la plupart des échelles multidimensionnelles
(26-28) (tableau 5). Il ne nécessite pas d’apprentissage particulier. Le dessin de la douleur ne doit
être utilisé que pour préciser la topographie et le caractère localisé ou diffus de la douleur (25).
Ces informations peuvent orienter le bilan étiologique (territoires neurologiques, reconnaissance
de plusieurs zones douloureuses d’une symptomatologie diffuse).
Tableau 5. Articles citant le schéma des zones douloureuses dans des études portant sur la douleur
chronique.
Auteur, année (référence) Type d’étude Type de douleur
Le MacGill Pain Questionnaire (MPQ) (39) est un questionnaire de 78 mots répartis en 25 sous-
classes qui peut être rempli en 5 à 15 minutes. Il est constitué d’une série d’adjectifs permettant
de qualifier la douleur.
Il n’a pas été identifié d’étude sur la validité contre critère et sur la sensibilité au changement, et
les revues de la littérature de Turk (43) et de Bowling (44) n’en ont pas mentionné. L’absence de
validation contre critère peut s’expliquer par le fait qu’il s’agit du premier outil développé pour
l’évaluation multidimensionnelle de la douleur. Le MPQ est un outil très largement répandu,
utilisé dans plus de 100 études et qui a été traduit dans plusieurs langues (43).
Le MacGill Pain Questionnaire (MPQ) a été traduit et adapté en français sous la forme du
questionnaire de la douleur de Saint-Antoine (QDSA) (40, 41). Il comporte moins de mots que le
MPQ (61 mots) et permet d’obtenir essentiellement les mêmes renseignements. Certains
qualificatifs possèdent une orientation diagnostique en particulier pour les douleurs neurogènes
(45).
Le vocabulaire de la douleur a une certaine valeur d'orientation diagnostique pour faciliter la
reconnaissance de certaines douleurs (par exemple les douleurs neurogènes), et apprécier le
retentissement affectif de la douleur (accord professionnel). Les versions longues des
questionnaires d'adjectifs sont validées. Leur longueur les rend difficilement applicables en
médecine ambulatoire (accord professionnel). Les versions courtes ne sont pas actuellement
validées. En l'absence de validation disponible, seule la présence de tel ou tel item est à retenir.
Une forme courte du MPQ (MPQ-SF) (42) et du QDSA (QDSA abrégé, annexe 6) (41) a été
développée. Ces formes abrégées ne sont pas validées mais présentent une utilité en pratique
ambulatoire.
En fait, la plupart des outils d’évaluation ont été construits pour une évaluation
multidimensionnelle du retentissement de la douleur sur le sujet. Ils comportent habituellement
plusieurs parties ou sous-échelles devant permettre l’évaluation de chacune des principales
dimensions considérées.
Trois outils ont été retenus (annexe 7). Il s’agit de trois questionnaires. Dans le langage
concernant les instruments de mesure de la douleur, « on distingue les tests que sont les
questionnaires (inventories) remplis par les patients, autoquestionnaires ou questionnaires
d’autoestimation et les échelles d’évaluation (rating scales) remplies par des tiers. Cette
distinction est moins tranchée dans la littérature anglo-saxonne où les questionnaires sont
souvent qualifiés de self rating-scales » (46).
Ils réunissent une partie des critères de relative simplicité d’utilisation définis au paragraphe I.3. et
de bonne qualité métrologique (c’est-à-dire validité contre critère, fidélité test-retest, sensibilité au
changement) (tableau 7) :
• le Brief Pain Inventory (BPI) (47) traduit en français : questionnaire concis sur les
douleurs (QCD) (48) (annexe 7) ;
• le Multidimensional Pain Inventory (MPI ou WHYMPI) (11) traduit en français par
Turk (annexe 7) ;
• le Dallas Pain Questionnaire (DPQ) (49) traduit en français (13) (annexe 7).
Tableau 8. Comparaison du contenu et des dimensions explorées par les différentes échelles d’évaluation
multidimensionnelle de la douleur.
MPI* BPI* BPI-SF* DPQ
(version française)*
*MPI = Multidimensional Pain Inventory ; BPI = Brief Pain Inventory ; BPI-SF = Brief Pain Inventory-Short-Form ;
DPQ = Dallas Pain Questionnaire ; EVA = échelle visuelle analogique ; EN = échelle numérique ; EVS = échelle verbale
simple.
† : — Donnée non étudiée dans l’article.
Il explore la plupart des dimensions de la douleur (51) (tableau 8). Il existe une traduction
française non validée à ce jour. Il comporte trois sections. Seule la section I a été donnée en
annexe 7. Elle est constituée de 28 items qui se répartissent dans la version anglaise en 5 sous-
échelles dénommées : retentissement (interference), soutien (support) sévérité de la douleur (pain
severity), contrôle des difficultés quotidiennes (life control) et détresse affective* (affective
distress). Les sections II et III qui correspondent respectivement aux « difficultés
interpersonnelles » et au « retentissement sur les activités quotidiennes » n’ont pas été présentées.
Le MPI est l’échelle multidimensionnelle la plus étudiée dans l’évaluation de la douleur chronique
(12, 19, 22). Cette échelle est citée comme un des instruments permettant l’évaluation de
l’efficacité de la rééducation chez le douloureux chronique (22). Le MPI permet d’identifier
plusieurs groupes de malades : les patients faisant face de façon adaptée, les patients
dysfonctionnels, les patients avec difficultés interpersonnelles (19).
SYNTHÈSE
Les trois principaux outils cités précédemment sont destinés à l’évaluation multidimensionnelle de
la douleur par le patient. Ils ont chacun une orientation particulière. Leurs qualités métrologiques
sont comparables pour les versions anglophones. Parmi les échelles multidimensionnelles, le MPI
dans sa version anglaise est le plus étudié dans les travaux d’évaluation de la douleur chronique.
Deux types d’instruments permettent l’évaluation du retentissement de la douleur sur les capacités
fonctionnelles des patients : des échelles multidimensionnelles ou des questionnaires visant à
explorer spécifiquement cette dimension.
Plusieurs types d’échelles multidimensionnelles existent. Le Medical Outcome Study Short Form-
36 (MOS SF-36) est un instrument multidimensionnel qui mesure la qualité de vie en général. Il
peut être utilisé quelles que soient les maladies (44). Il n’est pas destiné uniquement à l’évaluation
de la douleur chronique. Il existe une traduction française dont les qualités métrologiques (tableau
9) ont été vérifiées sauf la fidélité test-retest (53). Le Dallas Pain Questionnaire est destiné à
évaluer la douleur mais plus précisément dans les lombalgies et évalue l’incapacité fonctionnelle
dans ce domaine (13). Enfin, le MPI et le BPI comportent aussi une évaluation de l’incapacité
fonctionnelle.
Tableau 11. Outils de mesure de l’incapacité fonctionnelle, cités dans des articles de recommandations ou
de revue de synthèse portant sur l’évaluation de la douleur chronique.
Instruments Auteur, année Type d’article Type de douleur
(référence)
SIP Roland Scale = Saint Sanders, 1996 (22) Recommandations Douleur chronique
Thomas Q
SIP Rolland Morris = Dropsy, 1995 (29) Revue de synthèse Lombalgie chronique
Saint Thomas Q
Waddell Disability Index Beurskens, 1995 (28) Revue de synthèse Lombalgie chronique
*: MOS-SF = Medical Outcom Study-Short-Form-36 ; ODQ = Oswestry Disability Questionnaire ; SIP = Sickness Impact
Profil
* : les termes statistiques ont été définis dans le glossaire (annexe 2).
† : DPQ = Dallas Pain Questionnaire ; MOS-SF-36 = Medical Outcom Study-Short Form-36 ; MPI = Multidimensional Pain
Inventory ; BPI = Brief Pain Inventory ; BPI-SF = Brief Pain Inventory- Short Form.
Tableau 13. Comparaison des qualités métrologiques de différents instruments d’évaluation spécifique de
la dimension psychologique.
Auteur, année Instruments Domaines Nb Validité de Validité Fidélité Sensibilité
(référence) d’items contenu* contre test-retest* au
critère* changement
*
Son évaluation est utile à plusieurs points de vue. Elle permet notamment de mesurer
indirectement l’importance de la douleur (23) et la gravité des conséquences de la douleur. Les
questionnaires multidimensionnels comportent tous plusieurs items évaluant cette dimension
(tableau 8 et annexe 7). Parmi les instruments traduits en français le MPI (annexe 7) et le MOS-
SF-36 présentent plusieurs items répartis dans un document relativement long. Le DPQ explore
plus particulièrement le retentissement lié à la lombalgie (13). Le groupe propose d’utiliser une
partie du QCD (sous-échelle 23) présenté en annexe 7. Il est utilisé en version française dans le
cancer et le SIDA pour évaluer le retentissement sur le comportement (33). Cette sous-échelle
présente l’avantage d’être courte (7 items). Le premier item (A : « Activité générale ») n’est pas
retenu après analyse factorielle (Larue, communication personnelle : annexe 5) et on retient donc
6 items (B à G). Toutefois, en l'absence de validation, chaque item doit être coté et considéré
comme une information séparée (on n’a pas le droit d’additionner les scores pour effectuer un
score global).
IV. SUIVI
Bien qu’il n’ait pas été identifié de données précises dans la littérature concernant les modalités
d’évaluation du suivi, il a semblé au groupe très souhaitable de produire un certain nombre de
recommandations. Elles reposent sur un accord professionnel. La surveillance périodique des
patients et la mesure des résultats cliniques sont importantes selon les experts de l’American
Society of Anesthesiologists (21). Le suivi nécessite des outils sensibles aux changements. Il
implique l’utilisation des instruments avant et après intervention du professionnel de santé.
Comme l’évaluation initiale, le suivi doit reprendre les différentes dimensions de la douleur
chronique et leur évolution depuis la consultation précédente.
S’agissant de la symptomatologie clinique, il est souhaitable de revoir le patient après la première
évaluation. Il semble préférable de fixer à l’avance avec le patient les dates des futurs contacts. Le
délai des prochains rendez-vous est laissé à l’appréciation du médecin. Ces consultations
permettront de surveiller l’observance et les effets du traitement.
Il n’est pas utile de renouveler dans sa forme in extenso l’entretien semi-structuré. En pratique il
peut être réparti sur plusieurs consultations. Une reprise de certaines parties peut permettre de
compléter les informations initiales.
Il n’existe pas d’instrument validé pour suivre la consommation de médicaments, les divers
recours au système de santé ou pour connaître l’observance et l’automédication.
Le minimum requis est la mesure de l’intensité de la douleur par l’instrument initalement utilisé
(EVA, EN ou EVS). Les conditions de mesure doivent être les mêmes que celles de la première
évaluation.
De même que l’on mesure l’intensité, on peut mesurer l’importance du soulagement. Les échelles
visuelles, verbales simples ou échelles numériques peuvent être utilisées ici, en remplaçant la
question sur l’intensité de la douleur par une question sur l’importance du soulagement : « Par
rapport à la précédente consultation, à combien estimez-vous l’importance du soulagement de la
douleur, entre 0 % (pas du tout) et 100 % (complètement soulagé) ? »
IV.5. AGENDA
Un outil semble utile : il s’agit de « l’agenda », où le patient compliant peut noter ses prises de
médicaments, le soulagement, les épisodes douloureux par exemple.
Si le patient a été retrouvé angoissé ou déprimé, une nouvelle utilisation de l’HAD peut permettre
de quantifier l’évolution de la symptomatologie. La persistance de scores de l’HAD notant
l’absence d’évolution positive des composantes anxieuse et/ou dépressive doit amener le praticien
à se questionner sur l’orientation à donner à la prise en charge de la partie psychologique sous-
tendant la plainte douloureuse.
IV.7. NOTE
L’absence d’évolution favorable des différentes mesures sur un certain laps de temps et sur un
certain nombre de consultations doit inciter à une réévaluation et à modifier en conséquence la
stratégie initialement adoptée et si besoin orienter le patient vers une prise en charge plus
spécifique.
Il existe différentes manières de suivre un patient. Il n’a pas été retrouvé d’études concernant
l’évaluation des stratégies du suivi sur les résultats des traitements antalgiques. Selon l’avis du
groupe et des experts de l’American Society of Anesthesiologists, la surveillance périodique des
patients et la mesure des résultats cliniques sont utiles (21).
Le suivi nécessite des outils sensibles aux changements. Il implique l’utilisation des instruments
avant et après intervention du professionnel de santé. La méthode des « agendas » ou des
« pancartes » pourrait avoir son utilité (prise en charge du patient par lui-même, ce qui a en soi un
effet thérapeutique).
Il serait utile de pouvoir définir les facteurs de gravité et de risque de chronicité. Toutefois,
devant l’absence de critères validés, ce thème pourrait faire l’objet d’un futur travail.
L'analyse de la littérature internationale fait apparaître le besoin d'instruments simples validés pour
l'évaluation du malade douloureux chronique en pratique ambulatoire. Les instruments identifiés
dans ce travail doivent faire l'objet d'un travail de validation en pratique ambulatoire.
Le groupe a jugé nécessaire de formuler un pré-requis pour la lecture du texte sur l’évaluation de
la douleur chronique car les problèmes rencontrés ici sont nombreux. La douleur est un
phénomène neuropsychologique complexe et multidimensionnel qui pose un problème de
définition : chaque professionnel de santé peut avoir sa propre représentation de la douleur et il
n’est pas toujours certain que les différents protagonistes parlent de la même chose.
En tant que signal d'alarme d'un désordre physique, tout doit être mis en œ uvre pour instaurer les
traitements les plus étiologiques qui sauront de façon indirecte réduire la douleur. En tant que
perception agressive, des actions symptomatiques éviteront son retentissement négatif sur
l'individu. En l'absence de traitement radical de la cause, seule cette action symptomatique reste
envisageable. Parfois seul reste envisageable le renforcement des capacités adaptatives face à la
douleur et à la maladie chronique. Aborder des aspects psychologiques chez un malade
douloureux chronique ne signifie pas que l'on cherche nécessairement à identifier une cause
initiale psychopathologique, il s'agit aussi d'évaluer le retentissement d'une douleur en sachant que
MÉCANISMES DE LA DOULEUR
1. ORIGINE ORGANIQUE
Tableau 15. Définitions et critères diagnostiques de certains syndromes douloureux chroniques extraits de
la Classification of chronic pain d’après H. Merskey, 1994 (3).
Syndrome régional complexe ou algodystrophie (anglais : complex regional pain syndrome, Type
I (Reflex sympathetic dystrophy)) : le syndrome régional complexe est un syndrome qui se développe
habituellement après un événement délétère. Il n’est pas limité au territoire d’un nerf périphérique
unique, et est apparemment disproportionné par rapport à l’événement initial. Il est associé à un
degré variable à un œ dème, des troubles vasomoteurs cutanés, une activité sudorale anormale dans la
région de la douleur, ou à une allodynie ou à une hyperalgésie.
2. ORIGINE PSYCHOGÈNE
L’origine psychogène de la douleur est toujours difficile à reconnaître et nécessite une attention
particulière à la rechercher. Comme il est précisé dans la CIM 10 de l’OMS (20) : « Il peut être
difficile d’affirmer l’origine psychologique de ces troubles même quand elle paraît très
probable. (… ) En l’absence d’arguments en faveur d’une cause psychologique, le diagnostic
doit rester provisoire, et on doit poursuivre les explorations somatiques et psychologiques. » De
plus, il est important de réaliser précocémment le diagnostic d’une pathologie psychiatrique à
l’origine de la douleur chronique. En effet les états conversifs* (désignés dissociatifs*dans la CIM
10) (20) « ayant déjà évolué depuis plus d’un ou deux ans (… ) sont souvent résistants à tout
traitement ».
Une douleur peut se rencontrer dans des pathologies psychiatriques bien définies qu’elles soient
du registre de la névrose ou de la psychose. La référence aux critères diagnostiques de la
classification CIM 10 peut être d’une aide précieuse (annexe 3). Il peut y être associé des
symptômes du registre de l’anxiété ou de la dépression. L’aide d’un spécialiste dans l’évaluation
des troubles psychiatriques sera nécessaire dans le cas où aucune entité psychopathologique
n’émerge après l’évaluation initiale et où le praticien reste convaincu d’une origine psychogène à
la plainte douloureuse chronique.
3. ORIGINE IDIOPATHIQUE
Quand le clinicien ne retrouve pas de lésion organique ou de cause psychogène, la douleur peut
être définie comme idiopathique*. C’est parfois dans ce cadre que rentrent certaines douleurs
dites « fonctionnelles », terme ne correspondant pas à une définition nosographique, même si ces
douleurs sont caractérisées sur le plan symptomatique (comme les glossodynies, par exemple).
Leurs mécanismes sont actuellement inconnus. On regroupe également ici les plaintes inclassables
ailleurs.
Toutefois comme on l’a vu au chapitre précédent, « en l’absence d’arguments en faveur d’une
cause psychologique, le diagnostic doit rester provisoire, et on doit poursuivre les explorations
somatiques et psychologiques » (20). En effet, il se peut que l’on arrive à rattacher une origine à
ces douleurs au cours de leur évolution.
Quel que soit son mécanisme initiateur somatique, neurologique ou psychologique, la douleur
proprement dite constitue dans tous les cas une expérience subjective, un phénomène
neuropsychologique, central. La classique dichotomie somatique/psychologique concerne donc le
mécanisme générateur (l'étiologie) mais non le phénomène douleur lui-même.
Il s’agit d’un phénomène complexe et l’on distingue quatre composantes interactives dans la
perception de la douleur : sensori-discriminative*, affective et émotionnelle, cognitive et enfin
comportementale (61). L’ensemble de ces dimensions est lui-même sous l’influence de facteurs
environnementaux, professionnels, familiaux, sociaux et culturels, passés ou présents. Un autre
facteur peut jouer un rôle important : il s’agit de la durée de la douleur en fonction de laquelle on
oppose la douleur aiguë à la douleur chronique.
1. COMPOSANTE SENSORI-DISCRIMINATIVE
2. COMPOSANTE AFFECTIVO-ÉMOTIONNELLE
Si la douleur occupe une place particulière parmi les perceptions, c'est du fait de sa composante
affective particulière qui fait partie intégrante de l'expérience douloureuse et lui confère sa tonalité
désagréable, agressive, pénible, difficilement supportable. Si la douleur intense impose un
traitement symptomatique, c'est à cause de ce retentissement sur l'individu.
Elle est déterminée, non seulement par la cause de la douleur elle-même, mais également par son
contexte. La signification de la maladie, l'incertitude sur son évolution sont autant de facteurs qui
vont venir moduler le vécu douloureux.
Cette composante affective peut se prolonger vers des états émotionnels voisins comme l'anxiété
ou la dépression (63). Cette proximité explique une règle d'approche de tout malade douloureux
qui est d'évaluer systématiquement les niveaux d'anxiété et de dépression ainsi que les facteurs en
cause.
3. COMPOSANTE COGNITIVE
4. COMPOSANTE COMPORTEMENTALE
problème de douleur. Elles assurent aussi une fonction de communication avec l'entourage. Les
apprentissages antérieurs, fonction de l'environnement familial et ethnoculturel, de standards
sociaux liés à l'âge et même au sexe, sont susceptibles de modifier la réaction actuelle d'un
individu. Les réactions de l'entourage (familial, professionnel, soignant) peuvent interférer avec le
comportement du malade douloureux et contribuer à son entretien.
La notion de chronicité de la douleur renvoie à une dimension temporelle puisqu’elle est définie
habituellement par les auteurs anglo-saxons comme durant plus de 3 à 6 mois (5). Elle renvoie
également à une dimension comportementale signant sa gravité, avec un retentissement négatif sur
l’individu (21). On peut alors la considérer comme une maladie à part entière mettant en difficulté
les capacités d’adaptation des patients. Le syndrome douloureux chronique (ou « douleur-
maladie » selon Lériche) (65) est différent de la douleur chronique au sens strict du terme (définie
simplement comme durant plus de 3 à 6 mois) et ne concerne pas les patients pouvant vivre
« normalement » avec elle, s’adaptant à elle. Toutefois, il faut pouvoir détecter assez tôt parmi
ces patients, comme parmi ceux présentant une douleur aiguë, ceux qui pourraient présenter des
troubles directement liés à cette douleur qui deviendrait alors un syndrome douloureux chronique.
La frontière entre ces deux entités est parfois difficile à établir. Cette démarche doit permettre de
prendre en charge ces patients de façon optimale le plus précocément possible.
Les facteurs responsables de l'évolution d'une douleur vers la chronicité sont multiples et
imparfaitement connus. Les hypothèses disponibles concernent les niveaux neurophysiologique
(plasticité neuronale) et psychologique (phénomène d'apprentissage, conditionnement). Il est
généralement admis que la persistance contribue par elle-même à transformer les mécanismes
initiaux de la douleur. Une douleur due à une cause physique initiale, un traumatisme par exemple,
peut être perpétuée par des facteurs secondaires (66) : neurophysiologiques (plasticité),
neuropsychologiques (trace mnésique) et comportementaux (troubles du sommeil, dépression...).
On retrouve ici la classique théorie des cercles vicieux qui en pratique courante reste très utile
pour expliquer aux patients les mécanismes d'amplification et de persistance d'une douleur.
Le groupe a repris la définition classique qui fixe la limite entre douleur aiguë et chronique entre 3
et 6 mois (tableau 1). Ce repère temporel arbitraire implique surtout que, du fait même de sa
persistance, une douleur « rebelle », c’est-à-dire résistante au traitement, doit faire suspecter
l'évolution vers un syndrome douloureux chronique.
Les douleurs chroniques ne constituent pas un groupe homogène et il faut considérer au moins
deux grandes catégories distinctes : les douleurs liées à une pathologie évolutive maligne (par
exemple cancer ou SIDA) et les douleurs chroniques non malignes, parfois improprement
dénommées « bénignes », liées à une pathologie séquellaire, peu (ou pas) évolutive (lésion post-
traumatique, lombalgie, lésion nerveuse par exemple). La douleur liée à la progression de la
tumeur cancéreuse se rapproche plus d'une douleur aiguë persistante. Cette notion est confirmée
par la place de la morphine comme pièce maîtresse de la prise en charge tant de la douleur
cancéreuse que postopératoire (1).
Les douleurs chroniques cancéreuses et non cancéreuses ont en commun d'être des symptômes
inutiles et agressifs pour l'individu, devant être pris en charge pour eux-mêmes. Dans les deux cas,
il est recommandé de procéder à une évaluation globale, à la fois somatique et psychologique. Si
les niveaux d'analyse restent similaires (affectif, cognitif, comportemental), en revanche les
problématiques identifiées ne seront pas les mêmes. Les objectifs et l'esprit de la prise en charge
seront également différents.
ANNEXE 2. GLOSSAIRE
1
Affectif (angl. affective) : qui concerne les états de plaisir ou de douleur (simples : affects, sensations ; ou
complexes : émotions, passions, sentiments).
2
Allodynie (angl. allodynia) : douleur due à un stimulus qui ne provoque pas de douleur habituellement.
Analgésie2 (angl. analgesia) : absence de douleur en réponse à un stimulus normalement douloureux.
Anesthésie douloureuse2 (angl.anesthesia dolorosa) : douleur ressentie dans une aire qui est anesthésiée,
totalement privée de sensibilité.
Causalgie2 (angl. causalgia) : syndrome comprenant une douleur continue à type de brûlure, une allodynie et une
hyperpathie survenant après une lésion nerveuse traumatique, souvent associée à un dysfonctionnement de la
vasomotricité et de la sudation et plus tardivement de troubles trophiques.
Chronique (douleur) (angl. chronic pain) : voir paragraphe II de l’Argumentaire.
3
Cognitif (angl. cognitive) : qualifie les processus par lesquels un organisme acquiert des informations sur
l’environnement et les élabore pour régler son comportement : perception, formation de concepts, raisonnement,
langage, décision, pensée.
Comportement1 (angl. behaviour) : ensemble des réactions objectivement observables.
4
Conversion (angl. conversion) : mécanisme de défense, dans le cadre des névroses selon la conception
freudienne, utilisant l’expression corporelle pour concilier à la fois la manifestation du désir interdit et
l’interdiction elle-même.
5
Déficience (angl.deficiency) : toute perte de substance ou altération d’une structure ou fonction psychologique,
physiologique ou anatomique.
Désavantage social5 (angl.social disadvantage) : il résulte pour un individu donné d’une déficience ou d’une
incapacité qui limite ou interdit l’accomplissement d’un rôle normal (en rapport avec l’âge, le sexe, les facteurs
sociaux et culturels).
3
Dissociatif (angl. dissociative) : voir «F44 troubles dissociatifs [de conversion] » de la CIM 10 en annexe 3.
2
Douleur (angl. pain) : expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, liée à une lésion tissulaire existante
ou potentielle, ou décrite en termes évoquant une telle lésion.
Douleur centrale2 (angl. central pain) : douleur provenant ou causée par une lésion ou un dysfonctionnement
situés au niveau du système nerveux central.
Douleur de neuropathie2 (angl. neuropathic pain) : douleur provenant ou causée par une lésion ou un
dysfonctionnement situés au niveau du système nerveux.
Douleur neurogène2 (angl. neurogenic pain) : douleur provenant ou causée par une lésion, un
dysfonctionnement ou une perturbation transitoire situés au niveau du système nerveux périphérique ou central.
1
Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française. Paris: Éd. Robert; 1972.
2
Merskey H, Bogduk N. Classification of chronic pain. Descriptions of chronic pain syndromes and definitions of pain
terms. Seattle (VA): IASP Press; 1994.
3
Piéron H. Vocabulaire de la psychologie. Paris: PUF; 1990.
4
Duguay R, Ellenberger HF. Précis pratique de psychiatrie. Paris: Maloine; 1981.
5
Organisation Mondiale de la Santé. Traitement de la douleur cancéreuse et soins palliatifs. Genève: OMS; 1990.
1
Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française. Paris: Éd. Robert; 1972.
2
Merskey H, Bogduk N. Classification of chronic pain. Descriptions of chronic pain syndromes and definitions of pain
terms. Seattle (VA): IASP Press; 1994.
5
Organisation Mondiale de la Santé. Traitement de la douleur cancéreuse et soins palliatifs. Genève: OMS; 1990.
6
Fermanian J. Évaluer correctement la validité d’une échelle : les nombreux pièges à éviter. Rev Épidémiol Santé Publ 1996;
44: 278-86.
7
Dictionnaire de Médecine. Paris: Flammarion; 1982.
Nocicepteur2 (angl. nociceptor) : récepteur préférentiellement sensible à un stimulus capable de produire une
lésion tissulaire ou qui devient délétère s’il est prolongé.
Paresthésie2 (angl. paresthesia) : sensation anormale, désagréable ou non, spontanée ou provoquée.
Récurrence7 (angl. recurrence) : reprise évolutive d’une maladie aparemment guérie, sans nouveau contact
pathogène.
Sensibilité au changement6 (angl. sensibility to change ou responsiveness) : qualité d’un instrument
d’évaluation dont le score, chez un sujet donné, varie nettement lorsque le phénomène mesuré change.
8
Sensori-discriminatif (angl sensori discriminative) : correspond au caractère qualitatif de la douleur (piqûre,
brûlure, torsion, … ) mais aussi à sa durée, son intensité et sa localisation.
Seuil douloureux2 (angl. pain threshold) : expérience douloureuse la plus faible qu’un sujet puisse identifier
comme telle.
Validation6 (angl. validation) : processus général d’étude des différentes qualités métrologiques d’un
instrument : validité, fidélité, sensibilité au changement. Le processus de validation aboutit à décréter qu’un
instrument est validé.
Validé (instrument)6 (angl. valid) : se dit d’un instrument dont on a vérifié les trois qualités métrologiques
(validité, fidélité, sensibilité au changement).
Validité6 (angl. validity) : aptitude d’un instrument à mesurer exactement ce qu’il est censé mesurer. On dit alors
qu’il est valide.
Validité contre critère (sur critère) 6 (angl. criterion validity) : le phénomène mesuré est évalué à la fois par
l’échelle étudiée et un critère extérieur à celle-ci pris comme référence. Un nombre suffisant de sujets étant
évalué de manière indépendante par les deux instruments, on mesure l’intensité du lien statistique existant entre
les deux évaluations.
Validité du construit6 (angl. construct validity) : la conception théorique que nous avons du phénomène mesuré
par l’échelle nous permet de faire un certain nombre d’hypothèses. Celles-ci seront ensuite testées
expérimentalement.
Validité de contenu6 (angl. content validity) : on évalue dans quelle mesure les items composant l’échelle sont
pertinents et constituent un échantillon représentatif de l’univers de tous les items possibles pouvant décrire le
phénomène mesuré.
6
Fermanian J. Évaluer correctement la validité d’une échelle : les nombreux pièges à éviter. Rev Épidémiol Santé Publ 1996;
44: 278-86.
8
Melzack R, Wall PD. Pain assessment. A new theory. Science 1965: 971-5.
Les items suivants ont été extraits de la dixième classification internationale des maladies
(CIM 10) de 1992 (20).
Comprend :
hystérie (de conversion) ;
psychose hystérique ;
réaction de conversion.
À l’exclusion de :
Simulateur (Z76.5)
À l’exclusion de :
dysfonctionnement sexuel non induit par un trouble ou une maladie organique (F52.-)
facteurs psychologiques ou comportementaux associés à des maladies ou des troubles
classés ailleurs (F54)
habitude de se ronger les ongles (F98.8)
lallation (F80.0)
onychophagie (F98.8)
s’arracher les cheveux (F98.4)
succion du pouce (F98.8)
syndrome de Gilles de la Tourette (F95.2)
tics de l’enfance et de l’adolescence (F95.-)
trichotillomanie (F63.3)
troubles dissociatifs (F44.-)
zézaiement (F80.8)
F45.0 Somatisation
Les principales caractéristiques sont des symptômes physiques multiples, récurrents et variables
dans le temps, persistant au moins deux ans. Dans la plupart des cas, les sujets entretiennent,
depuis longtemps, des relations complexes avec les services médicaux, spécialisés et non
spécialisés, et ont subi de nombreuses investigations ou interventions exploratrices négatives. Les
symptômes peuvent renvoyer à n’importe quel système ou partie du corps. Le trouble a une
évolution chronique et fluctuante, et s’accompagne souvent d’une altération du comportement
social, interpersonnel et familial. Quand le trouble est de durée plus brève (moins de deux ans) ou
quand il se caractérise par des symptômes moins évidents, on doit faire un diagnostic de trouble
somatoforme indifférencié (F45.1).
À l’exclusion de :
Simulateur (Z76.5).
À l’exclusion de :
dysmorphophobie délirante (F22.8)
idées délirantes stables concernant le fonctionnement ou la forme du corps (F22.-)
À l’exclusion de :
facteurs psychologiques et comportementaux associés à des maldies ou des troubles classés
ailleurs (F54)
F45.4 Syndrome douloureux somatoforme persistant
La plainte essentielle concerne une douleur persistante, intense, s’accompagnant d’un sentiment
de détresse, non expliquée entièrement par un processus physiologique ou un trouble physique et
survenant dans un contexte de conflits émotionnels et de problèmes psychosociaux suffisamment
importants pour constituer la cause essentielle du trouble selon le clinicien. Le trouble assure
habituellement au patient une aide et une sollicitude accrues de la part de son entourage et des
médecins. Une douleur considérée comme psychogène mais survenant au cours d’un trouble
dépressif ou d’une schizophrénie ne doit pas être classée ici.
Céphalées
Psychogène(s)
Dorsalgie
Douleur somatoforme
Psychalgie
À l’exclusion de :
céphalée de tension (G44.2)
douleur
• SAI (R52.9)
• aiguë (R52.0)
• chronique (R52.2)
• irréductible (R52.1)
mal de dos SAI (M54.9)
R51 CÉPHALÉE
Douleur faciale SAI
À l’exclusion de :
algie faciale atypique (G50.1)
migraine et autres syndromes d’algies céphaliques (G43-G44)
névralgie du trijumeau (G50.0)
À l’exclusion de :
céphalée (R51)
colique néphrétique (N23)
douleur (de) :
• abdominale (R10.-)
• articulaire (M25.5)
• dent (K08.8)
• dos (M54.9)
• épaule (M75.8)
• gorge (R07.0)
• langue (K14.6)
• mammaire (N64.4)
• membre (M79.6)
• oculaire (H57.1)
• oreille (H92.0)
• pelvienne et périnéale (R10.2)
• psychogène (F45.4)
• rachis (M54.-)
• région lombaire (M54.5)
• thoracique (R07.1-R07.4)
1. FORME PAPIER
Ligne horizontale ou verticale de 100 mm, orientée de gauche à droite ou de bas en haut. Les
deux extrémités de la ligne sont définies respectivement par des termes tels que « pas de douleur »
et « douleur maximale imaginable » (1). Le patient répond en traçant un trait sur la ligne.
L’intensité de la douleur est mesurée par la distance entre la position du trait et l’extrémité « pas
de douleur ».
douleur
pas de
maximale
douleur
imaginable
2. FORME « MÉCANIQUE »
Réglette sur laquelle est tracée une ligne horizontale ou verticale de 100 mm sur la « face
patient », orientée de gauche à droite ou de bas en haut (1). Les deux extrémités de la ligne sont
définies respectivement par des termes tels que « pas de douleur » et « douleur maximale
imaginable ». Le patient répond en déplaçant le curseur de la réglette. L’intensité de la douleur est
mesurée par la distance entre la position du curseur et l’extrémité « pas de douleur » sur la « face
médecin ».
Ligne horizontale ou verticale de 100 mm, orientée de gauche à droite ou de bas en haut. Les
deux extrémités de la ligne sont définies respectivement par des termes tels que « pas de
soulagement» et « soulagement maximal ». Le patient répond en traçant un trait sur la ligne.
L’intensité du soulagement est mesurée par la distance entre la position du trait et l’extrémité
« pas de soulagement ».
soulagement
pas de
maximal
soulagement
Pas de Douleur
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
douleur maximale
imaginable
Pas de Soulagement
0% 10 % 20 % 30 % 40 % 50 % 60 % 70 % 80 % 90 % 100 %
soulagement maximal
Le schéma des zones douloureuses a été extrait d’une communication personnelle de F Larue.
Indiquez sur ce schéma où se trouve votre douleur en hachurant la zone. Mettez sur le schéma un
« S » pour une douleur près de la surface de votre corps ou un « P » pour une douleur plus
profonde dans le corps. Mettez un « I » à l’endroit où vous ressentez la douleur la plus intense.
1. Au cours de notre vie, la plupart d’entre nous ressentent des douleurs un jour ou l’autre (maux
de tête, rage de dents) : au cours des huit derniers jours avez-vous ressenti d’autres
douleurs que ce type de douleurs « familières » ?
1. p oui 2. p non
Si vous avez répondu « non » à la dernière question, il n’est pas utile de répondre aux
questions suivantes. Merci de votre participation.
2. Indiquez sur ce schéma où se trouve votre douleur en noircissant la zone. Mettez sur le dessin
un « S » pour une douleur près de la surface de votre corps ou un « P » pour une douleur plus
profonde dans le corps. Mettez aussi un « I » à l’endroit où vous ressentez la douleur la plus
intense.
3. SVP, entourez d’un cercle le chiffre qui décrit le mieux la douleur la plus intense que vous
avez ressentie la semaine dernière.
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
4. SVP, entourez d’un cercle le chiffre qui décrit le mieux la douleur la plus faible que vous
avez ressentie la semaine dernière.
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
5. SVP, entourez d’un cercle le chiffre qui décrit le mieux votre douleur en général.
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
6. SVP, entourez d’un cercle le chiffre qui décrit le mieux votre douleur en ce moment.
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
8. La semaine dernière, quel soulagement les traitements ou les médicaments que vous prenez
vous ont-ils apporté : pouvez-vous indiquer le pourcentage d’amélioration obtenue ?
0% 10 % 20 % 30 % 40 % 50 % 60 % 70 % 80 % 90 % 100 %
Aucune Amélioration
amélioration complète
9. Entourez le chiffre qui décrit le mieux comment, la semaine dernière, la douleur a gêné
votre :
A) Activité générale
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
B) Humeur
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
C) Capacité à marcher
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
F) Sommeil
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Ne gêne pas Gêne complètement
G) Goût de vivre
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
1. Date : ....................
2. Numéro de dossier : ....................
3. Âge : ....................
4. Date de naissance : Année ............... Mois ............... Jour ...............
5. Sexe : p Masculin p Féminin
6. Quand votre douleur a-t-elle commencé ? Mois ............... Année ...............
7. Avez-vous déjà subi une intervention chirurgicale en rapport avec cette douleur ?
(Cocher une seule case)
p Jamais p Une fois p Deux fois p Trois fois p Plus de trois fois
10. Occupation (Les femmes ou les hommes au foyer doivent également cocher une case)
p Travail à temps plein (plus de 30 heures par semaine)
p Travail à temps partiel (moins de 30 heures par semaine)
p Sans emploi, avec prestations de l’aide sociale
p Sans emploi, avec prestations d’invalidité (CSST, IVAC, SAAQ, RRQ, ...)
p Sans emploi et sans prestation d’invalidité ou autres
Exemple :
À quel point êtes-vous nerveux en voiture lorsque la circulation est dense ?
0 1 2 3 4 5 6
Pas du tout Extrêmement
nerveux nerveux
Si vous n’êtes pas nerveux du tout en voiture lorsque la circulation est dense, vous encerlez le
chiffre 0. Au contraire, si vous êtes nerveux vous encerclez le chiffre 6. Ainsi plus le chiffre est
bas, moins vous êtes nerveux, et, plus il est élevé et plus vous êtes nerveux.
SECTION 1 :
3. Depuis que vous avez commencé à ressentir de la douleur, jusqu’à quel point a-t-elle changé
votre capacité à travailler ?
(p Cocher ici si vous avez pris votre retraite pour une raison autre que la douleur)
0 1 2 3 4 5 6
Aucun Énormément de
changement changement
4. À quel point la douleur a-t-elle changé le niveau de satisfaction ou de plaisir que vous retirez
de vos activités sociales ou de vos loisirs ?
5.
0 1 2 3 4 5 6
Aucun Énormément
changement de changement
5. Dans quelle mesure votre conjoint/e vous soutient-il/elle ou vous aide-t-il/elle relativement à
votre douleur ?
0 1 2 3 4 5 6
Aucun Très grand
soutien soutien
8. En général, quelle était l’intensité de votre douleur pendant la semaine qui vient de
s’écouler ?
0 1 2 3 4 5 6
Aucunement Extrêmement
intense intense
augmentera ?
0 1 2 3 4 5 6
Incapable Très capable de
de prédire prédire
10. À quel point la douleur a-t-elle changé votre capacité à participer à des activités sociales ou
de loisirs ?
0 1 2 3 4 5 6
Aucun Énormément
changement de changement
11. Dans quelle mesure limitez-vous vos activités afin d’éviter que la douleur s’aggrave ?
0 1 2 3 4 5 6
Ne limite Limite
pas du tout énormément
12. À quel point votre douleur a-t-elle changé le niveau de satisfaction ou de plaisir que vous
retirez des activités familiales ?
0 1 2 3 4 5 6
Aucun Énormément
changement de changement
13. Dans quelle mesure votre conjoint/e s’inquiète-t-il/elle de vous à cause de votre douleur ?
0 1 2 3 4 5 6
Ne s’inquiète S’inquiète
pas du tout énormément
14. Pendant la semaine qui vient de s’écouler, avez-vous l’impression d’avoir eu la maîtrise de
ce qui s’est passé dans votre vie et jusqu’à quel point ?
0 1 2 3 4 5 6
Aucune Excellente
maîtrise maîtrise
15. Au cours d’une journée, à quel point votre douleur varie-t-elle (augmente ou diminue) ?
0 1 2 3 4 5 6
Ne varie Varie
pas du tout énormément
16. Quel est le degré de souffrance que vous ressentez à cause de votre douleur ?
0 1 2 3 4 5 6
Aucune Énormément
souffrance de souffrance
17. À quelle fréquence pouvez-vous faire quelque chose qui aide à diminuer la douleur ?
0 1 2 3 4 5 6
Jamais Très souvent
18. À quel point votre douleur a-t-elle changé vos relations avec votre conjoint/e ou votre
famille ?
0 1 2 3 4 5 6
Aucun Énormément
changement de changement
19. Dans quelle mesure la douleur a-t-elle changé le niveau de satisfaction ou de plaisir que
vous procure votre travail ? (p Cocher ici si vous ne travaillez pas actuellement)
0 1 2 3 4 5 6
Aucun Énormément
changement de changement
20. À quel point votre conjoint/e vous donne -t-il/elle de l’attention à cause de votre douleur ?
0 1 2 3 4 5 6
N’est pas Extrêmement
attentif/ve attentif/ve
21. Pendant la semaine qui vient de s’écouler, dans quelle mesure avez-vous l’impression
d’avoir pu faire face à vos problèmes ?
0 1 2 3 4 5 6
Pas du tout Énormément
Aucune Grande
maîtrise maîtrise
23. À quel point votre douleur a-t-elle changé votre capacité d’accomplir les tâches
domestiques ?
0 1 2 3 4 5 6
Aucun Énormément
changement de changement
24. Pendant la semaine qui vient de s’écouler, à quel point avez-vous réussi à faire face aux
situations stressantes dans votre vie ?
0 1 2 3 4 5 6
Pas du tout Exrêmement
réussi bien réussi
25. Dans quelle mesure la douleur vous a-t-elle empêché de planifier des activités ?
0 1 2 3 4 5 6
Pas du tout Beaucoup
empêché empêché
26. Pendant la semaine qui vient de s’écouler, à quel point avez-vous été irritable ?
0 1 2 3 4 5 6
Pas du tout Extrêmement
irritable irritable
27. Dans quelle mesure la douleur a-t-elle changé vos relations amicales avec les gens autres
que votre famille ?
0 1 2 3 4 5 6
Aucun Énormément
changement de changement
28. Pendant la semaine qui vient de s’écouler, à quel point avez-vous été tendu/e ou
anxieux/se ?
0 1 2 3 4 5 6
Les 16 échelles visuelles du DRAD peuvent être remplies en 3 à 5 minutes et le résultat chiffré
obtenu en 50 à 60 secondes ou moins. Chaque échelle visuelle a été segmentée pour mieux
graduer la douleur. En attribuant un nombre de segments à chacune, on simplifie l’évalution
chiffrée en évitant de multiplier chaque valeur par un certain coefficient avant de faire la somme
des valeurs.
L’évaluation chiffrée se fait en attribuant, pour chaque question, la valeur 0 au segment le plus à
gauche, 1 au segment voisin, 2 au segment voisin, etc. jusqu’au dernier segment.
Ces valeurs élémentaires sont additionnées et mutipliées par un facteur constant pour évaluer le
retentissement de la douleur sur chaque domaine de la qualité de vie.
1. La somme des questions 1 à 7 est mutlipliée par 3 pour évaluer le retentissement de la
douleur sur les activités quotidiennes.
2. La somme des questions 8 à 10, 11 à 13, et 14 à 16 est multipliée par 5 pour évaluer le
retentissement de la douleur dans chacun des domaines travail / loisirs, anxiété /
dépression, et comportement social.
On obtient ainsi, pour chaque domaine, une estimation en pourcentage du retentissement de la
douleur chronique.
À lire attentivement :
Ce questionnaire a été conçu pour permettre à votre médecin de savoir dans quelle mesure votre
vie est perturbée par votre douleur. Veuillez répondre personnellement à toutes les questions en
cochant vous-même les réponses.
Pour chaque question, cochez en mettant une croix (X) à l’endroit qui correspond le mieux à
votre état sur la ligne continue (de 0 % à 100 % ; chaque extrémité correspondant à une
situation extrême).
4. La marche :
Dans quelle mesure votre douleur limite-t-elle maintenant votre distance de marche par rapport à
celle que vous pouviez parcourir avant votre problème de dos ?
Je marche comme avant Presque comme avant Presque plus Plus du tout
0% 100 %
5. La position assise :
Dans quelle mesure votre douleur vous gêne-t-elle pour rester assis(e) ?
Pas du tout (pas Moyennement Je ne peux pas rester
d’aggravation de la assis(e)
douleur)
0% 100 %
6. La position debout :
Dans quelle mesure votre douleur vous gêne-t-elle pour rester debout de façon prolongée ?
Pas du tout (je reste debout Moyennement Je ne peux pas rester
comme avant) debout
0% 100 %
7. Le sommeil :
Dans quelle mesure votre douleur gêne-t-elle votre sommeil ?
Pas du tout (je dors comme Moyennement Je ne peux pas dormir du
avant) tout
0% 100 %
8. Activité sociale :
Dans quelle mesure votre douleur perturbe-t-elle votre vie sociale (danser, jeux et
divertissements, repas ou soirées entre amis, sorties, etc.) ?
Pas du tout (ma vie sociale Moyennement Je n’ai plus aucune activité
est comme avant) sociale
0% 100 %
13. La dépression :
Dans quelle mesure vous sentez-vous déprimé(e) depuis que vous avez mal ?
Je ne suis pas déprimé(e) Je suis complètement
déprimé(e)
0% 100 %
Instructions :
Ce questionnaire comporte plusieurs séries de quatre propositions. Pour chaque série, lisez les
quatre propositions, puis choisissez celle qui décrit le mieux votre état actuel.
Entourez le numéro qui correspond à la proposition choisie. Si, dans une série, plusieurs
propositions vous paraissent convenir, entourez les numéros correspondants.
Elle est composée de deux sous-échelles, une évaluant l’anxiété, l’autre la dépression.
• Mode de passation : la passation de l’échelle est très aisée. Il est demandé au sujet de remplir
ce questionnaire afin d’aider son médecin à mieux connaître les émotions ressenties au cours
de la semaine écoulée et de souligner les réponses qui semblent le mieux correspondre à l’état
éprouvé. Il est également recommandé de demander au patient de bien lire le préambule avant
de remplir l’échelle, et, selon les auteurs, lors de l’utilisation en médecine interne, de lui
signaler qu’en aucun cas ses réponses impliquent obligatoirement un examen psychiatrique,
ceci afin de faciliter l’acceptation de cette échelle par des patients peu enclins à une telle
approche (60).
• Cotation : chaque réponse est cotée de 0 à 3 sur une échelle [… ] l’intensité du symptôme au
cours de la semaine écoulée. Cette intensité est appréciée par un adverbe ou une courte
phrase la qualifiant. [… ] L’intervalle des notes possibles s’étend donc pour chaque sous-
échelle de 0 à 21, les scores les plus élevés correspondant à la présence d’une
symptomatologie plus sévère. Certains auteurs ont également proposé de calculer un score
global correspondant à la somme des deux échelles. La présentation de l’échelle, avec dans la
colonne de gauche les notes correspondant à chaque item, facilite grandement un calcul
rapide des scores de chaque échelle (60).
Pour les deux scores (dépression et anxiété), des valeurs seuils ont été déterminées :
— un score inférieur ou égal à 7 = absence de cas ;
— un score entre 8 et 10 = cas douteux ;
— un score supérieur ou égal à 11 = cas certain.
• Intérêt-Limites : [… ] plus qu’un indicateur des troubles dépressifs et anxieux, au sens des
classifications actuelles [… ], elle évalue un indice de sévérité symptomatique [… ] (60).
C’est-à-dire qu’elle ne permet pas d’effectuer le diagnostic de syndrome dépressif ou
anxieux, mais qu’au-delà d’un certain seuil elle est considérée comme un signal d’alarme.
Les médecins savent que les émotions jouent un rôle important dans la plupart des maladies. Si
votre médecin est au courant des émotions que vous éprouvez, il pourra mieux vous aider. Ce
questionnaire a été conçu de façon à permettre à votre médecin de se familiariser avec ce que
vous éprouvez vous-même sur le plan émotif.
Ne faites pas attention aux chiffres et aux lettres imprimés à gauche du questionnaire.
Lisez chaque série de questions et soulignez la réponse qui exprime le mieux ce que vous avez
éprouvé au cours de la semaine qui vient de s’écouler.
Ne vous attardez pas sur la réponse à faire, votre réaction immédiate à chaque question fournira
probablement une meilleure indication de ce que vous éprouvez, qu’une réponse longuement
méditée.
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