Partie 1 Enjeux Et Caractéristiques Des Fusions-Acquisitions
Partie 1 Enjeux Et Caractéristiques Des Fusions-Acquisitions
Partie 1 Enjeux Et Caractéristiques Des Fusions-Acquisitions
Société A Société B
Nombre d’actions avant la fusion 10 000 20 000
Nominal des actions 100 € 50 €
Situation nette comptable avant la fusion 2 Millions € 1 Million €
Situation nette comptable après la fusion 2,5 Millions € 2 Millions €
7
2999
(II) = 2 millions € (II) = 2,5 millions €
6715
(II) – (I) = 1,25 million € (II) – (I) = 1,166700 million €
10:1
Figure 4.8 – Calcul de la prime de fusion (au sens comptable du terme)
35.2
43.2
De même que pour la fusion-absorption, la mise en œuvre d’une opération de fusion
par création de société nouvelle implique la réalisation « simultanée » de plusieurs
41.1
opérations :
––la création d’une nouvelle société ;
5:
––l’échange des actions de la société A contre des actions de la nouvelle société C ;
––une seconde augmentation de capital réalisée par la société nouvellement créée ;
:888
––l’échange des actions de la société B contre des actions de la nouvelle société C ;
1045
Société A
Société C
du passif de A vers C Création de C
Double
Actif Passif augmentation de
nc
capital de C
Aiva
deviennent
Transfert de l’actif et actionnaires de C
du passif de B vers C
rvox.
Dissolution de A et B
90
Formes juridiques et montages financiers ■ Chapitre 4
Techniquement, les opérations sont proches, les deux sociétés initiales A et B subis-
sant le même traitement que la société absorbée dans le cas d’une fusion-absorption.
Il faut néanmoins souligner les différences de traitement des salariés. Dans le cas
d’une fusion-absorption, seuls les salariés de l’absorbée pouvaient changer de statuts,
de conventions collectives et d’organes de représentation du personnel. Dans le cas
de la fusion par création de société nouvelle, tous les salariés sont concernés ; il est
alors obligatoire de recréer des organes de représentation du personnel pour le nouvel
ensemble, de redéfinir le statut et les conventions qui s’appliquent… L’impact social
d’une fusion par création d’une nouvelle société est donc beaucoup plus important
que dans le cas d’une fusion-absorption.
De même, les réévaluations comptables et les incidences fiscales s’effectuent pour
les deux sociétés qui fusionnent, induisant une augmentation importante des démar-
ches et des travaux à conduire. Ceci explique en partie la raison pour laquelle la
fusion par création de société nouvelle est beaucoup moins répandue que la fusion-
7
absorption. À l’inverse, la fusion par création d’une société nouvelle peut se justifier
2999
lorsque les différences sociales entre les deux entités sont trop grandes pour pou-
voir naturellement imposer un des deux systèmes préexistants au nouvel ensemble.
6715
La fusion par création d’une société nouvelle permet en effet de définir une nouvelle
logique organisationnelle qui tient compte de la stratégie du nouvel ensemble, en évi-
10:1
tant certaines inerties inhérentes à la survie de l’une ou l’autre des deux sociétés.
35.2
3 Les étapes clés du processus juridique d’une fusion
43.2
41.1
Compte tenu des nombreuses implications aux plans administratif et légal qu’elles
impliquent, les opérations de fusions sont fortement encadrées par un ensemble de
5:
largement le processus de fusion. Quel que soit le mode de fusion retenu – fusion-absorp-
tion ou fusion par création d’une société nouvelle – le processus administratif et légal est
:888
assez proche. Par conséquent, nous nous attacherons plus particulièrement au processus
de fusion-absorption. On distingue 4 grandes phases dans un processus de fusion :
1045
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
sociétés ;
––la phase de « formalisation du projet » qui se matérialise par la rédaction du projet
ity:21
rales extraordinaires ;
––la phase « d’information » qui comprend tout un ensemble de démarches d’infor-
rvox.
mations légales des publics concernés. Cette phase est entièrement formalisée
et revêt une importance cruciale dans la fin du processus de fusion car elle peut
la
scho
univ.
91
Partie 1 ■ Enjeux et caractéristiques des fusions-acquisitions
Phase 2 Phase 4
Phase 1 Phase 3
Formalisation Information
Négociation Décision
du projet des tiers
7
3.1 La négociation
2999
La phase de négociation est naturellement la phase la plus secrète et la moins
6715
formalisée du processus de fusion. Si la clause de secret s’applique pour presque
toutes les opérations (et configurations stratégiques), elle est d’autant plus impor-
tante lorsqu’au moins l’une des deux entreprises est cotée1. La phase de négo-
10:1
ciation comprend une étape de rapprochement et de présentation générale d’un
35.2
projet de fusion. Cette première étape est souvent difficile à réaliser car elle oblige
à un certain tâtonnement dicté par un principe de précaution allié à une forme de 43.2
détermination pour lever rapidement l’option de la fusion. Cette étape est indis-
pensable et ne peut être contournée, une opération de fusion étant par nature
41.1
du nouvel ensemble.
7199
l’intérêt de fusionner).
Enfin, la dernière étape vise à définir les éléments clés de l’opération de fusion
ity:21
avant de la présenter aux conseils d’administration concernés. Les éléments clés sur
lesquels une attention toute particulière doit être apportée sont :
nc
Aiva
1. Lorsque la conservation du secret apparaît impossible, il est d’usage d’annoncer que telle société envisage de
la
92
Formes juridiques et montages financiers ■ Chapitre 4
––la parité d’échange : implique de déterminer le rapport de force futur entre les
anciens actionnaires des sociétés absorbante et absorbée ;
––la structure future : implique de définir les grands principes d’organisation de la
future société, le nouvel organigramme ainsi que la répartition des postes clés
entre les deux anciennes équipes.
La phase de négociation se termine souvent par la rédaction d’un pré-projet de
fusion qui sera présenté aux conseils d’administration concernés et par la convocation
effective de ces organes sur ce sujet.
7
ou gérant les cas échéants). Ce projet de fusion contient l’ensemble des éléments clés
2999
de l’opération de fusion et doit a minima contenir les rubriques définies par la loi à
savoir :
6715
––la forme, la dénomination et le siège social de toutes les sociétés participantes ;
10:1
––les motifs, buts et conditions de la fusion ;
––la désignation et l’évaluation de l’actif et du passif dont la transmission à la société
absorbante est prévue ; 35.2
43.2
––les modalités de remise des actions et la date à partir de laquelle ces actions
donnent droit aux bénéfices, toute modalité particulière relative à ce droit, et la
41.1
apports ;
––les dates auxquelles ont été arrêtés les comptes des sociétés intéressées utilisés
:888
autres que des actions ainsi que, le cas échéant, tous les avantages particuliers.
ity:21
rapport mis à la disposition des actionnaires ainsi que les résolutions proposées aux
Aiva
assemblées.
com:
93
Partie 1 ■ Enjeux et caractéristiques des fusions-acquisitions
Par ailleurs, le projet doit être mis à disposition des actionnaires. Il est présenté
aux comités d’entreprises des sociétés concernées avant l’adoption de la fusion par
les assemblées générales extraordinaires. Enfin, le projet doit être soumis à l’avis
d’un commissaire à la fusion. Le commissaire à la fusion est nommé par le Président
du tribunal de commerce lors de toute opération de fusion entre deux sociétés de
capitaux (ou SARL). Dans ce cas, il fait aussi office de commissaire aux apports.
En revanche, dans l’hypothèse où seule la société absorbante est une société de capi-
taux, il est désigné un commissaire aux apports. Le commissaire à la fusion a pour
rôle de vérifier que l’actif net apporté est au moins égal à l’augmentation du capital de
la société absorbante, que les apports sont réels (reprise du rôle du commissaire aux
apports) et que certains engagements spécifiques ont bien été pris en compte (impôts
différés notamment). Le commissaire à la fusion s’assure en outre de la pertinence
des méthodes d’évaluation retenues. Il est à noter que deux commissaires à la fusion
doivent normalement être désignés (un par société), mais que l’absorbée et l’absor-
bante peuvent demander à avoir le même commissaire pour l’opération.
7
2999
6715
3.3 La décision effective de fusionner
La décision effective de fusionner revient aux assemblées générales extraordinaires
10:1
qui doivent statuer sur le projet de fusion à la majorité des 2/3 pour les SA et des 3/4
pour les SARL. La décision est par ailleurs soumise à la ratification des assemblées
35.2
spéciales des autres catégories d’actionnaires (détenteurs d’actions à dividende prio-
ritaire ou de certificats d’investissement), à la présentation du projet aux assemblées
43.2
de fusion.
7199
:888
Une fois ces démarches réalisées, la fusion est effective, indépendamment des
problèmes de gestion post-intégration et d’harmonisation opérationnelle des deux
rvox.
sociétés. Sur le plan juridique, il n’existe plus qu’une seule personnalité juridique
que constitue le nouvel ensemble fusionné.
la
scho
univ.
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Formes juridiques et montages financiers ■ Chapitre 4
c Repère
Propriété intellectuelle et fusions-scissions
Maître Guillemain Il est difficile d’identifier des critères :
Maître de conférences en droit privé au l’appréciation se fait au cas par cas par les
département GEA de l’IUT de Sénart, juges en cas de contentieux. En droit d’au-
Laboratoire Marchés, Institutions, Libertés teur par exemple, qui protège une œuvre
La question. Fusion et scission orga- de l’esprit reflet de la personnalité de
nisent une transmission universelle du l’auteur, la personnalité de l’exploitant est
patrimoine de la société absorbée à la susceptible d’avoir des conséquences sur
société absorbante. Ce patrimoine peut les modalités d’exploitation de l’œuvre.
La doctrine est plus réservée quant au
7
comprendre des droits de propriété
2999
intellectuelle (droits d’auteur, brevets ou caractère intuitu personae des droits et
marques). La question, stratégique, est de contrats portant sur une marque ou sur un
6715
déterminer le régime juridique applicable brevet. Pourtant, la personnalité morale de
au sort de ces droits (propriété d’un logi- la société à qui une autre société consent
le droit d’autoriser sa marque n’est pas
10:1
ciel, d’une marque ou d’un brevet, etc.)
et des contrats d’exploitation portant sur indifférente pour la stratégie de communi-
cation externe de l’entreprise. En droit des
35.2
ces droits (contrat d’édition ou de produc-
tion audiovisuelle, contrat de licence de brevets, en revanche, où le droit moral est
43.2
marque ou de brevet, etc.) : le patrimoine réduit au droit à la paternité, la personne
immatériel de la société qui disparaît est-il du licencié pour un brevet, par exemple
41.1
droit des sociétés. Le principe est la trans- d’assurer la prévisibilité et la sécurité des
mission des droits et des contrats. Mais effets de l’opération de fusion ou de scis-
1064
ce principe est limité par une exception sion. Deux types de clauses peuvent être
résidant dans le caractère intuitu personae insérées dans le projet de fusion ou dans
le contrat de propriété intellectuelle. Le
ity:21
caractériser les opérations dans lesquelles le transfert des droits ou des contrats. Le
Aiva
la personnalité de l’une des parties est second type de clauses consiste en des
tenue pour essentielle […] en raison de clauses d’agrément par lesquelles le titu-
com:
95
Partie 1 ■ Enjeux et caractéristiques des fusions-acquisitions
7
2999
permet à un commerçant de matérialiser la valeur créée par son activité commerciale :
fidélisation de la clientèle et articulation/ordonnancement de ressources matérielles
6715
et immatérielles visant à optimiser l’exploitation commerciale de son activité (aména-
gements intérieurs, matériels professionnels, stocks, protections juridiques diverses…).
10:1
D’un point de vue juridique, le fonds de commerce1 est constitué de biens corpo-
rels (matériels servant à l’exploitation du fonds, marchandises et matières premières
35.2
destinées à la vente ou à leur transformation en vue de leur vente) et de biens incorpo-
rels (la clientèle, le droit au bail, le nom commercial, les droits de propriété intellec-
43.2
tuelle et les autorisations administratives d’exploitation d’activités réglementées…).
Le droit au bail est souvent un élément essentiel du fonds de commerce. Un bail
41.1
droit au bail et la reprise de l’ensemble des contrats de travail ainsi que le transfert des
contrats d’assurance. L’acquéreur du fonds de commerce reprend non seulement les
nc
contrats de travail mais aussi l’ensemble des dettes salariales associées à ces contrats.
Aiva
Cette obligation vaut quel que soit le mode de reprise (achat de fonds de commerce,
location-gérance de fonds de commerce ou achat de parts sociales ou d’actions).
com:
96
Formes juridiques et montages financiers ■ Chapitre 4
7
2999
6715
1.2 La location-gérance d’un fonds de commerce
Un commerçant qui souhaite arrêter son activité peut soit liquider son exploita-
10:1
tion, soit la céder, soit louer son fonds de commerce. La location du fonds de com-
merce peut être complète ou partielle (mise en location d’une partie de la surface
commerciale par exemple). La location d’un fonds de commerce s’effectue dans un 35.2
cadre juridique spécifique appelé location-gérance. Au terme d’un contrat de loca-
43.2
97
Partie 1 ■ Enjeux et caractéristiques des fusions-acquisitions
7
2999
D’un point de vue plus pragmatique, la location-gérance peut être utilisée comme
une période transitoire visant à faciliter la transmission définitive d’un fonds de com-
6715
merce. En effet, le gérant peut ainsi tester la valeur réelle du fonds de commerce avant
de l’acheter. De même, le bailleur peut s’assurer que le repreneur possède bien les
10:1
capacités nécessaires pour continuer l’activité.
Pour les personnes morales, la location-gérance est un instrument utile dans la
35.2
gestion fiscale d’un groupe de société en présence d’une filiale déficitaire. En effet,
alors que la cession ou la fusion de la filiale entraîne la disparition des déficits fiscaux
43.2
La vente d’une entreprise individuelle est une réalité économique mais n’a pas
1045
d’existence juridique. En effet, du point de vue juridique, une telle cession « en bloc »
n’existe pas. Le repreneur doit acheter chaque actif séparément.
1064
Dans la pratique, les actifs et contrats spécifiques repris sont listés un par un et font
com:
latentes et donc augmenter son résultat imposable. D’un point de vue pratique,
scho
univ.
98
Formes juridiques et montages financiers ■ Chapitre 4
7
l’entreprise individuelle.
2999
6715
3 L’acquisition des parts sociales ou d’actions
10:1
La cession de parts sociales ou d’actions concerne l’acquisition de sociétés établies
en tant que personnes morales. Parmi les principales sociétés, on distingue notamment
35.2
les sociétés anonymes, les sociétés par actions simplifiées, les sociétés à responsabilité
43.2
limitée et les sociétés en commandite par action. Les sociétés de personnes sont aussi
des personnes morales au sens juridique. Les plus courantes sont la société en nom
41.1
D’un point de vue fiscal, il convient de distinguer les sociétés qui sont soumises à
7199
l’impôt sur les sociétés de celles qui sont soumises à l’impôt sur le revenu. Certaines
sociétés sont obligatoirement soumises à un régime particulier (ex : les sociétés ano-
:888
nymes sont obligatoirement soumises à l’impôt sur les sociétés), d’autres peuvent
opter pour l’un ou l’autre des régimes fiscaux. En matière de transmission/cession,
1045
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
l’option fiscale retenue a des conséquences importantes sur le régime de taxation des
plus-values réalisées par le cédant.
1064
La reprise d’une société de capitaux passe par l’achat pur et simple des actions
émises par cette société. L’acte d’acquisition peut être réalisé sous seing privé ou par
nc
acte authentique (devant notaire). Aucun formalisme n’est requis à part les conditions
Aiva
Le paiement est le plus souvent réalisé en cash. L’acheteur obtient les titres de la
société cible en échange d’un moyen de paiement en numéraire. Le paiement peut
rvox.
être réalisé au comptant, le plus souvent par l’intermédiaire d’un chèque de banque,
ou avec un différé (crédit-vendeur). La situation la plus courante est celle d’un
la
99
Partie 1 ■ Enjeux et caractéristiques des fusions-acquisitions
7
2999
qui nommera les nouveaux administrateurs, puis à l’issue du conseil d’administration
qui nommera son président et éventuellement un directeur général en cas de sépara-
tion des fonctions. Durant la période intermédiaire, l’acquéreur peut se faire nommer
6715
comme administrateur en remplacement d’administrateurs démissionnaires et prendre
le contrôle de l’entreprise avant la tenue formelle de l’assemblée générale. L’ensemble
10:1
de ces dispositions peuvent être prévues dans le cadre du protocole d’accord.
35.2
La reprise d’une société dont le capital est constitué de parts sociales (SARL,
sociétés civiles) est plus complexe. Elle nécessite sur le plan juridique de respec-
43.2
ter un formalisme plus lourd et d’obtenir l’agrément préalable des autres associés.
En outre, en fonction du régime matrimonial de l’acquéreur et du cédant, des
41.1
morales à mi-chemin entre des sociétés de capitaux pures et des sociétés de personnes.
Les associés sont liés entre eux par des liens qui dépassent la simple participation
financière. Dans cette perspective, la loi a prévu l’obtention de l’agrément des asso-
:888
ciés au moment de la cession de parts de capital. À titre d’exemple, dans une SARL,
1045
Concernant le cédant, en cas de refus d’agréer un repreneur, les autres associés ont
Aiva
l’obligation de racheter les parts du cédant, soit eux-mêmes, soit par un tiers, soit par
la société elle-même (la société procédant ensuite à une réduction de son capital).
com:
rvox.
la
scho
univ.
100
Formes juridiques et montages financiers ■ Chapitre 4
7
2999
(ensemble d’actifs et de passifs). Du point de vue de la société mère, il s’agit de céder
à des tiers extérieurs au groupe des actifs ou des titres de participation. À l’issue de
6715
l’opération, la société mère obtient en contrepartie de la cession des liquidités ou des
actions d’une société détenue par l’acquéreur.
10:1
35.2
1.1 Les motifs stratégiques d’une opération de cession
Plusieurs motifs peuvent être avancés pour justifier une opération de cession au sein
43.2
naire, cette décision doit être prise lorsque la valeur actuelle nette du projet
de cession devient positive.
1064
L’évaluation d’une opération de cession sur les résultats du groupe est souvent diffi-
cile à réaliser du fait de l’existence d’interdépendances entre les activités cédées et les
com:
autres activités du groupe. Ces interdépendances sont appelées synergies dans le cas
d’une acquisition. En cas de cession, on détruit potentiellement les synergies qui ont
rvox.
pu être créées. Ainsi, l’évaluation de l’opération doit prendre en compte non seulement
les paramètres propres de l’activité cédée, mais aussi les paramètres liés à la destruc-
la
tion des synergies existantes. À l’inverse, la cession peut être l’occasion d’éliminer des
scho
univ.
101
Partie 1 ■ Enjeux et caractéristiques des fusions-acquisitions
synergies négatives, c’est-à-dire des coûts qui n’existent que du fait du rapprochement
entre le cédant et l’entité cédée (coûts de coordination, sous-investissement…).
7
2999
L’objectif est alors de proposer au marché financier des entités non diversifiées.
Une autre motivation consiste à se séparer d’une filiale pour favoriser son dévelop-
pement. En effet, certains secteurs, notamment ceux des hautes technologies, néces-
6715
sitent une adaptation permanente et rapide des structures et des stratégies. En phase
de fort développement, l’appartenance à un grand groupe hiérarchisé, aux procé-
10:1
dures très structurées, peut devenir un facteur limitant l’agilité stratégique nécessaire.
La scission est alors un moyen pour redonner des marges de manœuvre à une filiale
prometteuse. Plusieurs modalités existent pour réaliser une scission. On distingue 35.2
43.2
notamment les opérations de split-up, spin-off et split-off.
41.1
Dans le cadre d’une opération de split-up, la société mère disparaît par dissolution au
profit d’au moins deux entités regroupant tous les actifs et passifs de l’ancien groupe.
Les actionnaires du groupe deviennent actionnaires des entités nouvellement créées.
:888
À l’issue de l’opération de split-up, les actionnaires des entités séparées sont exac-
1045
tement les mêmes que ceux du groupe initial. La décision de split-up doit être prise
par l’assemblée générale extraordinaire des actionnaires. Elle implique l’affectation
de l’ensemble des passifs et actifs aux entités nouvellement créées.
1064
En France, les opérations de split-up sont le plus souvent réalisées sous le régime
ity:21
pour les fusions). L’application de ce principe amène les nouvelles entités créées à
Aiva
révéler comptablement des plus-values latentes. Ces plus-values sont a priori taxables
immédiatement. Sous certaines conditions, cette taxation peut cependant être reportée.
com:
Pour les actionnaires individuels, la fiscalité est identique à celle subie lors d’une opé-
ration d’acquisition par échange d’actions. Les plus-values éventuelles sont taxables
rvox.
102
Formes juridiques et montages financiers ■ Chapitre 4
Exemple
La société Eridania Beghin Say a mis en œuvre une opération de scission par dissolution
de la société mère en créant quatre groupes recentrés sur une activité : Provimi (nutrition
animale), Beghin Say (sucre et dérivés), Cerestar (amidon et dérivés) et Cereol (oléagi-
neux, huiles alimentaires, protéines et lécithines). Les objectifs affichés par les dirigeants
d’Eridania Beghin Say sont d’obtenir :
- une meilleure visibilité de la part du marché financier ;
- une motivation accrue du management ;
- un accès direct pour chacune des entités au marché des capitaux ;
- la suppression de la décote de holding ;
- une meilleure création de valeur pour les actionnaires.
7
2999
Une opération de spin-off ne concerne pas tout le groupe mais uniquement une
filiale ou une branche d’activité. Cette filiale (ou branche d’activité) est séparée
6715
du groupe. Les actions de la filiale sont remises aux actionnaires actuels du groupe
sous la forme d’une distribution de dividendes. Tous les actionnaires du groupe
10:1
initial reçoivent des actions de la filiale nouvellement séparée du groupe.
La fiscalité des opérations de spin-off suit la même logique que précédemment.
Il faut souligner le fait que dans ce type d’opération, il n’est procédé à aucune dissolu-35.2
tion. En outre, il n’est pas nécessaire de remettre aux actionnaires l’ensemble des titres
43.2
La société mère peut ainsi diminuer son pourcentage de contrôle et d’intérêt sans pour
autant se détacher complètement de sa filiale.
5:
spin-off :
− se désengager d’une filiale contrôlée à 100 % qui ne correspond plus aux objec-
:888
103
Partie 1 ■ Enjeux et caractéristiques des fusions-acquisitions
Filiale X
Actif Passif • Les actions de la filliale X sont données aux actionnaires du
groupe
• A sous la forme d’une distribution de dividendes en
actions (de la filiale).
• Il n’est procédé à aucune dissolution.
• Les actionnaires du goupe A deviennent automatiquement
actionnaires en direct de la société X.
7
2999
6715
Société X Société mère du groupe A
10:1
(diminué des titres de participations de la filliale X)
Actif Passif Actif Passif
35.2
Actionnaires du Actionnaires du
groupe A groupe A
43.2
41.15:
d’un agrément), alors que le choix de la cession pure et simple de la filiale engendre
des coûts fiscaux importants au niveau de la société mère (taxation des plus-values
1064
résultant de la vente des titres de participation de la filiale). Cette opération est en outre
censée créer de la valeur pour les actionnaires en recentrant la société mère sur son
cœur d’activité et en donnant des marges de manœuvre nouvelles à la filiale scindée.
ity:21
nc
le volontariat des actionnaires initiaux du groupe. Il est ainsi proposé aux action-
naires qui le souhaitent d’échanger leurs actions du groupe contre un certain nombre
rvox.
d’actions d’une filiale. Les actions de la société mère échangées par les actionnaires
qui acceptent l’opération sont ensuite annulées. Une opération de split-off est dans
la
les faits une proposition de rachat d’actions rémunérées en actions d’une des filiales
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univ.
104
Formes juridiques et montages financiers ■ Chapitre 4
7
2999
3 Les opérations de carve-out
6715
Une opération de carve-out consiste pour un groupe coté à introduire en Bourse une
de ses filiales. Techniquement, l’opération est similaire à l’introduction en Bourse de
10:1
toute autre société. Du point de vue de la société mère, on peut distinguer plusieurs
objectifs pour ce type d’opération :
35.2
• Dégager de fortes liquidités par la vente au niveau de la société mère d’une partie
43.2
des titres de participation de la filiale. Cet objectif sera d’autant plus important
que la tendance du marché est haussière et que le secteur d’activité de la filiale est
41.1
• Préparer des opérations d’acquisition par échange d’actions de la filiale. Cet objectif
7199
est d’autant plus important que les actions de la filiale sont fortement valorisées.
En particulier, cette opération permet de renforcer le positionnement concurrentiel
:888
a pour objectif de permettre une « juste » évaluation des actions de la filiale, indépen-
damment des actions du groupe. Soulignons néanmoins plusieurs inconvénients de ce
com:
105
Partie 1 ■ Enjeux et caractéristiques des fusions-acquisitions
L’essentiel
Les opérations de fusions-acquisitions sont caractérisées par une pluralité de
pratiques juridiques. On peut cependant noter l’existence de quatre configurations
de base : l’acquisition par achat d’actions, l’acquisition par échange d’actions, la
fusion-absorption et la fusion par création d’une société nouvelle. Il faut en outre
distinguer les cas où la cible est cotée. En effet, les acquisitions réalisées dans ce
contexte relèvent des procédures d’offres publiques. Elles sont soumises au respect
du formalisme strict des offres publiques d’achat (OPA), lorsqu’il s’agit d’une
acquisition par achat d’actions. De même, elles obéissent aux règles des offres
publiques d’échange (OPE), dans le cas d’une acquisition par échange d’actions.
7
2999
Au-delà des pratiques juridiques, sur le plan économique, ces manœuvres
consistent principalement à prendre le contrôle d’une société extérieure et à
6715
opérer un choix de financement impliquant un versement de liquidités aux
actionnaires vendeurs (acquisition par achat d’actions) ou un échange d’actions
10:1
(acquisition par échange d’actions ou fusion au sens strict). Il faut souligner que
le choix du financement dépasse la seule logique économique et introduit une
35.2
dimension politique, en associant ou non les actionnaires de la cible à la
direction du nouvel ensemble. En effet, dans le cas d’un financement par
43.2
106
univ.
scho
larvox.
com:
Aiva
ncity:21
1064
1045
:888
7199
5: 41.1
43.2
35.2
10:1
6715
2999
7
2
Analyse financière
Partie
7
2999
6715
10:1
La phase de préparation 35.2 Chapitre 5
43.2
Montage
et mise en œuvre des
opérations de fusions
et d’acquisitions
7
2999
6715
10:1
C
35.2
43.2
ette partie aborde les phases clés liées à la réussite des opérations de croissance
41.1
pas détaillés.
On distingue trois grandes phases clés lors de la mise en œuvre d’une opération
:888
rifier les objectifs de la croissance externe, de préciser les contraintes internes et externes
de l’opération, puis d’identifier un panel de cibles potentielles et de les évaluer.
ity:21
et ses actionnaires), en élaborant une stratégie d’offre qui tienne compte de la posi-
Aiva
à éviter (chapitre 8) tout au long des trois phases d’un processus de fusions-acquisitions.
univ.
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univ.
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larvox.
com:
Aiva
ncity:21
1064
1045
:888
7199
5: 41.1
43.2
35.2
10:1
6715
2999
7
Chapitre
La phase
51 de préparation
7
2999
6715
10:1
35.2
43.2
sommaire
41.1
L
1045
vent un des actes les plus importants de la stratégie d’une entreprise, avec
des implications financières immédiates mais aussi des conséquences importantes
ity:21
complexe. Ces opérations engagent l’entreprise sur le long terme et doivent être
Aiva
attendue doit être analysée au travers de l’opération dans son ensemble, ce qui
inclut des éléments concernant la cible, l’initiateur et les interactions futures
la
Section
1 Le caractère sporadique et spécifique
de la croissance externe
7
mique, en insistant d’une part, sur les actions génériques, de l’idée à la mise en œuvre
2999
de l’opération et d’autre part sur les facteurs qui influent sur la démarche managériale.
Le management d’un processus de croissance externe comprend différentes étapes
6715
sur lesquels se construit la politique de développement :
––l’idée, qui amène l’entreprise à réfléchir à sa politique de croissance. Cette idée
10:1
émane généralement d’opportunités internes (liées à un manque de ressources
35.2
ou à un besoin de complément) ou externes (liées à des opportunités de crois-
sance) ;
43.2
––la justification de la conduite adoptée, au regard de la mise en exergue de motifs
de nature stratégique, de la révélation des enjeux et des résultats attendus ;
41.1
112
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
Contexte de la firme
. Histoire
. Culture
. Structure
. Caractéristiques de la
firme
Préparation Intégration de
Idée Justification aux décisions Négociation l’entreprise acquise
. Liée au manque de . Motivations . Formalisation de la . L’optique de la cible . Gestion de la
ressources stratégie (voie et mode transition
. Enjeux . Montage juridique et
de développement)
. Liée aux opportunités financier de l’opération . Management de
. Résultats attendus
de croissance . Critère d’acquisition l’opération en
. Valorisation de
fonction des objectifs
. Sélection et évaluation l’opération (estimation)
de l’opération
de la cible
. Protection des intérêts
univ. de l’acheteur
scho
la rvox.
com:
Facteurs situationnels
Aiva
nc Facteurs stratégiques Facteurs culturels
et politiques et organisationnels
ity:21
. Conditions du marché 1064
1045
. Position et actions :888 . Convergence en termes . Taille de l’entreprise
des concurrents
7199
5: d’objectifs et d’intérêts acquise
41.1
. Besoins et attentes de 4.3Zone
.23éventuelle de concurrence . Qualité du management
la clientèle
5.21
0 de l’entreprise achetée
. Liens de complémentarité
:167 au
niveau des métiers et 1
des
52marchés
9997 . Performance
visés antérieure de la cible
. Position des autorités de tutelle . Proximité culturelle
. Réactions des concurrents
La phase de préparation
113
5
Partie 2 ■ Montage et mise en œuvre des opérations de fusions et d’acquisitions
7
2999
• Les facteurs situationnels : des facteurs liés à la dynamique concurrentielle
en vigueur dans le secteur peuvent également être une source de différence dans
le management du processus de croissance externe, en fonction :
6715
–– des conditions du marché (marché atomisé vs concentré, situation conjonc-
turelle…) ;
10:1
–– de la position et des actions de la concurrence (parts de marché, positionnement,
35.2
degré d’agressivité concurrentielle, manœuvres stratégiques opérées…) ;
–– des besoins et attentes de la clientèle (nouvelles aspirations, réduction du
43.2
concurrence ;
Aiva
–– la réaction des concurrents, qui peut avoir lieu durant le processus, suite aux
rumeurs et aux révélations par la presse de certaines tractations entre les parties,
com:
114
La phase de préparation ■ Chapitre 5
7
2999
le
Section
2 choix d’une voie de développement
6715
10:1
Une opération de croissance externe constitue un mode de développement parti-
culier, qui vient en concurrence ou en complément des deux autres modes de déve-
loppement possibles, à savoir la croissance interne et la croissance par coopération 35.2
ou alliance.
43.2
au sein du métier originel de l’entreprise. Cette voie n’est naturellement pas antino-
mique avec des logiques d’innovation ou de développement à l’international, à partir
la
115
Partie 2 ■ Montage et mise en œuvre des opérations de fusions et d’acquisitions
Exemple
Exemple
7
En 1997, la direction du groupe Danone a fait le choix d’un recentrage de ses activités
2999
dans les domaines des produits frais, eaux minérales et biscuits. Après une forte période
de diversification, il a en effet été décidé de concentrer le développement international du
6715
groupe sur trois métiers clés, en se désengageant de nombreuses activités (emballage,
bières, épicerie, pâtes alimentaires…).
10:1
Les mouvements de recentrage peuvent parfois être initiés sous la pression des
actionnaires, lorsque la diversification réalisée est perçue comme hasardeuse ou pré- 35.2
sente des signes forts d’incohérence.
43.2
41.1
métier à un raisonnement par filière. Il s’agit, pour une entreprise donnée, d’être pro-
gressivement présente à tous les stades de la filière. Les fondements économiques de
:888
116
La phase de préparation ■ Chapitre 5
Exemple
En théorie, l’intégration verticale peut aussi s’opérer par croissance interne, même si
dans la pratique l’internalisation d’activités différentes au sein de la filière requiert des
compétences et une organisation qui peuvent être difficiles à développer en interne.
L’intégration verticale par croissance externe est en général menée lorsque les sources
d’approvisionnements se raréfient ou les réseaux de distribution existants deviennent
menaçants (dépendance trop forte, risques de contrôle de certains débouchés par les
concurrents…).
7
L’intégration verticale repose souvent sur une logique d’optimisation de la filière.
2999
Cette voie de développement présente néanmoins des inconvénients liés notamment à
l’introduction d’une rigidité dans la conduite des opérations qui peut se révéler dange-
6715
reuse en cas d’incertitude élevée sur la rentabilité ou l’attractivité de la filière. De plus,
l’intégration verticale augmente le niveau des coûts fixes de l’entreprise et l’expose
10:1
plus fortement à des retournements de conjoncture. La stratégie d’intégration verti-
cale se révèle donc efficace dans des contextes de stabilité environnementale à long
terme. Les mouvements de recentrage constatés ces dernières années montrent que 35.2
la maîtrise d’une filière ne constitue pas une source d’avantage concurrentiel dans un
43.2
Au-delà des risques d’une plus grande rigidité dans le fonctionnement de l’organi-
sation, l’intégration verticale présente comme principal inconvénient de créer de pro-
5:
de fond sur la gestion du couple autonomie/contrôle est donc primordiale, pour éviter
une dilution des compétences et des changements culturels trop importants au sein du
:888
nouvel ensemble. Si les enjeux à court et moyen termes d’une politique d’intégration
verticale sont la plupart du temps identifiables, le véritable défi consiste donc à iden-
1045
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
tifier la nature des risques et à examiner les possibilités et les effets d’un recentrage
(et d’un désengagement rapide) en cas de modification de la donne concurrentielle.
1064
ity:21
portefeuille d’activités plus ou moins liées sans logique de filière. On distingue ainsi
Aiva
117
Partie 2 ■ Montage et mise en œuvre des opérations de fusions et d’acquisitions
Exemple
7
2999
Salomon, leader mondial de la fixation de ski, est entré sur le marché de la chaussure de
6715
ski, puis sur le marché de la fabrication de skis. Ce développement par acquisitions a ainsi
permis à cette entreprise de développer de nouveaux produits auprès de groupes d’ache-
teurs très proches de ceux de son activité d’origine.
10:1
nn La diversification conglomérale
35.2
43.2
La diversification conglomérale revient à l’acquisition de métiers stratégiques tota-
lement nouveaux (produit nouveau sur un marché non familier). Elle se traduit par
41.1
une absence de liens entre les chaînes de valeur des deux entreprises regroupées,
ce qui limite les synergies à des logiques purement financières. Ces stratégies sont
5:
incontestablement les plus risquées, puisqu’elles conduisent l’entreprise sur des ter-
7199
répartir ses risques. Il s’agit en particulier de réduire l’incertitude liée par exemple à
un retournement de conjoncture ou l’entrée d’un nouveau concurrent.
1045
La diversification conglomérale a connu son apogée dans les années 1960 avec le
1064
qui recherchent avant tout une plus grande visibilité et cohérence dans les activités
regroupées.
nc
Aiva
1. Depuis les années 1990, les opérations de croissance externe sont le plus souvent motivées par une intention
com:
stratégique visant à insérer des activités liées soit dans une logique de consolidation, soit dans une logique de redé-
finition. Par opposition, les opérations fondées sur une pure logique financière ou de conglomérat sont beaucoup
moins fréquentes (source : Mercer Management Consulting). Ainsi, d’anciens groupes aux activités diversifiées
rvox.
s’inscrivent aujourd’hui dans une politique de recentrage tous secteurs confondus, qu’il s’agisse du groupe Danone
(dans l’alimentaire), de Nokia (dans les équipements de télécommunications), d’ABB (dans les solutions
d’automation) ou encore d’Unilever, qui a décidé de céder son pôle chimie pour se concentrer sur le développement
la
118
La phase de préparation ■ Chapitre 5
7
l’activité initiale et s’apparente par conséquent à une logique de survie ou de réorienta-
2999
tion stratégique face à des métiers en phase de déclin ou parvenus à maturité (rentabilité
insuffisante). Cette stratégie est donc un moyen rapide pour l’entreprise de changer
6715
complètement de métier en s’orientant vers des activités plus rentables à court terme.
10:1
Exemple
métier traditionnel (métallurgie, aciérie…) pour évoluer vers un autre métier aux perspec-
5:
tives de croissance plus élevées. On est ici dans une diversification totale avec une finalité
7199
industrielle (changer de métier) basée sur des produits et des marchés qui sont sans lien
de parenté avec le métier d’origine. Ce changement global de métier s’est réalisé essen-
:888
tiellement par croissance externe et permet au « nouveau groupe » de réaliser plus des
trois quarts de son activité dans le domaine du tourisme. Preussag est aujourd’hui le lea-
1045
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
der européen du secteur et semble vouloir poursuivre son expansion dans ce domaine.
1064
Diversification et redéploiement
ity:21
Elle réside davantage dans la volonté d’adjoindre au métier de base (dont les perspec-
com:
1. Voir Détrie J.P. et Ramanantsoa B., Stratégie de l’entreprise et diversification, Nathan, 1983.
scho
univ.
119
Partie 2 ■ Montage et mise en œuvre des opérations de fusions et d’acquisitions
Exemple
7
ou métiers présentant un intérêt stratégique pour l’entreprise à moyen/long termes.
2999
Ce placement peut revêtir différentes motivations et permettre notamment d’envisager
des diversifications liées à moyen terme par l’entremise de la clientèle (consolida-
6715
tion de l’image de l’entreprise, renforcement de la réputation, élargissement de la
clientèle…). Le placement est dit industriel, en raison de l’engagement que porte
10:1
la direction de l’entreprise pour le projet qui constitue un axe de développement
structurant. D’ailleurs, l’activité acquise peut ne pas être immédiatement rentable.
35.2
En effet, sa valeur réside avant tout dans sa capacité à modifier progressivement le
positionnement stratégique de la firme, en la dotant (par exemple) d’une image nou-
43.2
velle, source à terme d’avantage concurrentiel.
41.1
Exemple
5:
7199
positionnée sur son métier de base dont les perspectives de croissance sont satisfaisantes.
1045
Cette position favorable a permis de dégager des excédents nets de liquidités utilisées par
la firme pour prendre pied sur le marché de l’hôtellerie de luxe dont la clientèle tradition-
nelle est proche de celle du métier de base.
1064
ity:21
120
La phase de préparation ■ Chapitre 5
Exemple
En rachetant Gymnase Club (fitness), Club Med a choisi de compléter son « offre » par
des activités de détente et de remise en forme susceptibles d’attirer une clientèle nouvelle.
Cette acquisition a donc essentiellement pour but de venir conforter l’activité initiale de
Club Med par des synergies de complémentarités entre les deux entreprises.
Exemple
7
2999
Sous l’ère de J. Welch, une grande partie du développement de General Electric s’est appuyée
sur l’acquisition de métiers (depuis les moteurs d’avion jusqu’à la finance en passant par les
6715
plastiques, la télévision ou l’éclairage) caractérisés par la recherche de rentabilité optimale.
Aujourd’hui orienté également vers les nouvelles technologies, ce groupe a en effet bâti sa
10:1
croissance et sa réputation sur le développement de métiers présentant les caractéristiques
suivantes :
– devenir leader mondial ; 35.2
43.2
– éviter l’affrontement concurrentiel ;
– obtenir un retour sur investissement rapide ;
41.1
Entreprise globale, General Electric est ainsi devenu un géant de la finance mondiale,
7199
offrant aux observateurs un sujet de réflexion probablement unique en son genre. Numéro
un ou numéro deux dans nombreux de ses métiers, General Electric y dégage des marges
:888
d’exploitation, des bénéfices et des flux de trésorerie qui lui valent la notation flatteuse de
« triple A ». Ce « triple A » lui permet d’emprunter sur le marché à des conditions privi-
1045
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
l’entreprise et à ses choix en termes de développement. Ainsi, des motifs liés à l’aug-
com:
121
Partie 2 ■ Montage et mise en œuvre des opérations de fusions et d’acquisitions
c Repère
7
2999
Les points à prendre en compte pour une stratégie
de croissance externe
6715
Opportunités nouvelles liées à l’opération :
10:1
––Menaces en cas de réalisation de l’opération par un concurrent.
––Menaces en cas de non-réalisation de l’opération.
35.2
––Besoins en matière d’apports extérieurs.
––Importance accordée au contrôle stratégique des ressources.
43.2
––Nature et ampleur des changements sur le plan organisationnel et culturel.
––Durée du retour sur investissement attendue.
41.1
concurrence.
la
scho
univ.
122
La phase de préparation ■ Chapitre 5
7
2999
Ces barrières à l’entrée peuvent être :
–– financières (économies d’échelle, besoins en capitaux, niveau des investissements,
6715
effet d’expérience, avantages coûts détenus par les entreprises établies…) ;
–– réglementaires (taxes, quotas, normes de sécurité ou de qualité) ;
10:1
–– technologiques : pour intervenir sur certains marchés, l’entreprise se doit de dis-
poser de compétences spécifiques (brevets, procédés de fabrication tenus secrets,
matériaux spécifiques) difficiles à mettre au point rapidement et déjà possédées 35.2
par les entreprises du secteur ;
43.2
–– commerciales : l’entrée sur un nouveau marché peut être rendue difficile en raison
41.1
nouvel entrant comme la solution la moins risquée et la plus immédiate pour entrer
efficacement sur le marché visé.
1064
Exemple
ity:21
Dans cet esprit, la crise économique qu’a connu l’Asie a constitué une opportunité de
nc
croissance très importante pour les constructeurs occidentaux dans leur politique de déve-
Aiva
123
Partie 2 ■ Montage et mise en œuvre des opérations de fusions et d’acquisitions
7
2999
tés de manager des situations de crise (manque de confiance, intérêts divergents) et
la nécessité, face à l’absence de solution commune, d’une reprise en main forte par
6715
l’un des acteurs en position de force. Les pratiques de croissance externe même les
plus coopérative (acquisitions de collaboration, acquisitions d’innovation)1 peuvent
10:1
ainsi constituer une garantie pour l’acheteur, dans le cas où les objectifs attendus
de la relation se révèlent in fine décevants, en permettant de remédier rapidement à
35.2
des risques de déviance importants. 43.2
nn La possibilité de tirer profit des effets du regroupement
41.1
entreprise par une autre favorise l’intégration de différents facteurs économiques qui
peuvent venir mécaniquement renforcer le pouvoir de dimension de la firme par rap-
:888
port aux autres acteurs du marché : augmentation des parts de marché et du chiffre
d’affaires, accroissement des effectifs, élargissement de la zone d’influence de l’entre-
1045
1. Des travaux suggèrent que l’acquisition peut conduire à la mise en place de relations basées sur une logique
non plus de domination mais de collaboration (Napier, 1989 ; Schweiger et Ivancevich, 1987). Ces recherches
proposent un modèle de croissance mettant en avant des changements d’attitude de l’acquéreur à l’égard de
nc
l’entreprise acquise, notamment en ce qui concerne l’équilibre des pouvoirs au sein du nouvel ensemble. Pour
Aiva
certains auteurs, l’acquisition peut même conduire à des relations d’innovation qui accordent une forte autonomie
culturelle et organisationnelle à l’entité acquise (Haspeslagh et Jemison, 1991). En cas de difficulté, quelle qu’en
com:
soit l’origine, l’autorité de droit de l’acheteur peut reprendre inévitablement le dessus avec le passage de la coopéra-
tion à la hiérarchie (Meier, 2001).
2. On entend par « effets du regroupement » (combination benefits) des avantages issus de l’opération
rvox.
n’impliquant aucun transfert de ressources entre les entités, comme les parts de marché, le chiffre d’affaires, la taille
de l’entreprise, les effectifs ou encore le renforcement de la réputation.
la
3. Au-delà d’un certain seuil, l’accroissement des dimensions de l’entreprise peut conduire à des effets inverses à ceux
scho
escomptés, en entraînant des déséconomies d’échelle liées à l’augmentation des coûts de coordination et de gestion.
univ.
124
La phase de préparation ■ Chapitre 5
frappe impressionnante, a priori objectivée par son caractère chiffrable. Il est d’ailleurs
à noter que l’opération de fusion-acquisition est celle qui, suite à sa réalisation, fait le
plus fréquemment l’objet de chiffrage, d’évaluations et de commentaires sur la force
« effective » que représente le nouvel ensemble, en comparaison avec d’autres formes
de développement (comme les partenariats techniques ou commerciaux).
7
acquisition importante peut profondément modifier la donne du marché. En effet, elle
2999
peut mettre les principaux concurrents dans une position inconfortable, en les obligeant
à réagir avec rapidité mais aussi pertinence. Or cette réponse n’est pas forcément aisée
6715
et peut donner l’impression aux dirigeants des entreprises concurrentes de se retrouver
dans une forme d’impasse stratégique (absence réelle d’alternative).
10:1
35.2
nn L’existence sur le marché de sociétés cibles attractives 43.2
Le recours à la croissance externe peut parfois provenir d’opportunités liées à la
mise en vente subite d’une entreprise pour des raisons d’ordre économique (difficul-
41.1
a en effet la possibilité d’acquérir à un prix raisonnable une entreprise dont les actifs
sont sous-évalués ou du moins insuffisamment valorisés. Parmi les critères d’attrac-
:888
c Repère
1064
ity:21
☞
univ.
125
Partie 2 ■ Montage et mise en œuvre des opérations de fusions et d’acquisitions
☞
Les objectifs fixés sont-ils des thèmes sus- principaux clients ? Quel est le degré d’ori-
ceptibles de mobiliser (fédérer) les respon- ginalité de l’orientation choisie ? Existe-t-il
sables et le personnel de l’entreprise (nature des antécédents et si oui, y a-t-il des dif-
des changements) ? Quelle est la légitimité férences notables avec le contexte actuel ?
économique et sociale du projet ? Quels sont les principaux risques externes
3) Quel est le mode de développement posés par ce développement (concurren-
privilégié (voie interne ou externe) ? Dans tiels, financiers, technologiques) ?
le cas de croissance interne, la stratégie 5) Dans quelle mesure la structure et les
adoptée exploite-elle bien les savoir-faire ressources existantes sont-elles adaptées à
de l’entreprise ? Dans le cas inverse (crois- l’option proposée ? Quelle est l’ampleur des
sance externe ou conjointe), les objectifs changements à attendre sur le plan du fonc-
assignés sont-ils compréhensibles pour tionnement et de l’organisation ? Quels sont
les autres acteurs concernés par la rela- les principaux risques « internes » posés par
tion ? Quels sont les thèmes propices à une ce développement (organisationnels, cultu-
7
bonne communication (interne et externe) rels, relationnels, sociaux, humains) ?
2999
de l’opération ? 6) Quelles sont les actions permettant de
4) En quoi la stratégie retenue vient-elle pallier ce type de risques ? Quels seront
6715
modifier les règles du jeu concurrentiel ? les moyens mis en œuvre pour contrôler et
Comment vont réagir la concurrence et les piloter l’opération de croissance ?
10:1
35.2
43.2
Section
3 Le cadrage stratégique De l’opération
41.15:
7199
Le choix d’une politique de croissance externe doit être réalisé en cohérence avec
la politique générale de l’entreprise, sur la base d’un diagnostic stratégique visant à
analyser les forces et les faiblesses de l’entreprise acquéreur et à identifier les oppor-
:888
En tant que telle, la décision d’engager une entreprise dans une politique de crois-
sance externe est souvent lourde de conséquences pour son développement, voire sa
1064
pérennité, et impose une préparation minutieuse. Les enjeux et les risques associés à
ces opérations portent à la fois sur des dimensions politiques en modifiant la structure
ity:21
synergies implique une forme d’interdépendance entre les entités acquises et l’acqué-
reur. Pour toutes ces raisons, il est d’usage de désigner une équipe projet, responsable
com:
d’opération.
la
scho
univ.
126
La phase de préparation ■ Chapitre 5
7
––l’évaluation stratégique et financière ;
2999
––la réalisation ou l’organisation des premiers contacts ;
6715
––le suivi des opérations relatives aux audits d’acquisition ;
––le suivi et l’organisation des négociations ;
10:1
––le montage juridique et financier du projet ;
––la définition des scénarios d’intégration possibles et la valorisation de l’opération ;
––le suivi et l’organisation de la rédaction des contrats et du bouclage du finance- 35.2
43.2
ment ;
––le suivi et l’organisation des opérations à mener avant la signature des contrats
41.1
Les objectifs stratégiques sont directement issus de l’exposé des motifs de la poli-
Aiva
de risques accepté.
la
scho
univ.
127
Partie 2 ■ Montage et mise en œuvre des opérations de fusions et d’acquisitions
D’un point de vue global, la réalisation d’une opération de croissance externe pré-
sente deux grands risques :
––ne pas créer suffisamment de valeur pour justifier la prime offerte aux actionnaires
de la cible ;
––détruire de la valeur au sein de la société cible, voire au sein de la société acqué-
reur.
La gestion de ces risques est d’autant plus délicate que les opérations de crois-
sance externe intègrent généralement une dimension paradoxale que l’on nomme
destruction créatrice. On parle de destruction créatrice lorsque celle-ci est une étape
nécessaire à la création d’une valeur supplémentaire plus importante ; en ce sens, la
destruction créatrice constitue une forme d’investissement spécifique aux opérations
de fusions-acquisitions.
En revanche, il existe un risque que cette destruction de valeur ne s’accompagne
7
pas ultérieurement d’une création de valeur supplémentaire. Par conséquent, avant
2999
toute opération de fusion-acquisition, il est nécessaire de limiter le champ souhaité
des interactions et de définir les activités principales ou de support que l’on souhaite
6715
préserver au sein de l’acquéreur, celles que l’on souhaite consolider ou développer
par le biais de la fusion-acquisition et celles pour lesquelles une position de principe
10:1
sera décidée au moment de l’opération.
La fixation de ces contraintes stratégiques a pour but :
–– de préserver certains avantages concurrentiels de l’entreprise acquéreur en évitant35.2
43.2
toute forme d’interactions futures avec la cible ;
–– d’affiner les critères de sélection de la cible en précisant les types d’avantages
41.1
lièrement adapté à cet exercice. Selon cette approche, une entreprise peut être analysée
comme un portefeuille de ressources et de compétences qui s’orchestrent et se com-
binent au sein de processus. La logique de création de valeur d’une entreprise dépend
:888
alors de sa capacité à mobiliser des ressources clés autour d’un ou plusieurs proces-
1045
plusieurs avantages. Elle permet de s’interroger, dès le départ, sur la réalité des processus
de création de valeur à l’œuvre dans l’entreprise et sur les objectifs (réels) de la politique
ity:21
La séparation entre les fonctions de contrôle dévolues aux dirigeants et les fonctions
rvox.
d’assomption du risque assumées par les actionnaires crée aussi des différences entre
le pouvoir managérial, qui est lié à la position des dirigeants à la tête des entreprises,
la
et le pouvoir actionnarial qui est lié à la détention des droits de vote. Les opérations
scho
univ.
128
La phase de préparation ■ Chapitre 5
7
2999
Exemple
6715
Dans l’opération de rapprochement entre Carrefour et Promodès, l’évolution des pouvoirs
10:1
est caractéristique d’une situation contrastée selon que l’on analyse le rapprochement en
terme de pouvoir managérial ou actionnarial. Le leadership managérial incontestable de
35.2
Carrefour, qui s’est traduit par la disparition du nom Promodès et de sa marque phare
« Continent », contraste avec la modification profonde de la géographie du capital de
43.2
Carrefour où l’actionnaire de référence est désormais la famille Halley, actionnaire prin-
cipal de Promodès. Sur le plan managérial, il s’agit donc d’une prise de contrôle de
41.1
Carrefour sur Promodès. Sur le plan actionnarial, la situation apparaît plus contrastée,
voire opposée.
5:
7199
des réflexions, en raison d’une évolution qui peut (quelque fois) aller à l’encontre
des intérêts des actionnaires de l’entreprise acheteuse. Dans le cas d’une fusion,
rvox.
cas d’une acquisition, cette question se pose également mais de manière plus indirecte.
scho
univ.
129
Partie 2 ■ Montage et mise en œuvre des opérations de fusions et d’acquisitions
En effet, la réalisation d’une politique d’acquisition peut être directement liée à une
politique de renforcement du pouvoir managérial des dirigeants de l’entreprise ache-
teuse, par le biais d’une augmentation des actifs contrôlés et/ou par le biais d’une
stratégie d’enracinement.
Les contraintes en termes de répartition de pouvoir doivent par conséquent être
analysées en amont de la politique de croissance externe et fixées sur le plan du prin-
cipe avant la phase de recherche active et de montage de l’opération de rapprochement
proprement dite.
7
2999
L’étape de sélection et d’évaluation des cibles potentielles constitue la première
6715
démarche proactive d’une stratégie de fusions-acquisitions. Elle implique la défi-
nition de critères de sélection, puis une recherche active au travers de bases de
10:1
données ou par l’intermédiaire de contacts spécialisés tels que les banques d’affaires
ou des réseaux d’avocats. L’arrivée de l’Internet permet aujourd’hui de réaliser
plus rapidement ce type de recherche, du fait d’un nombre croissant de bases de 35.2
données en ligne désormais disponibles qui permettent souvent de réaliser une
43.2
vagues et pas assez reliés aux motifs stratégiques de l’opération, avec un risque de
5:
dilution des efforts et de la recherche, ou des critères trop précis dès le départ, avec
7199
un risque de ne pas trouver de cibles potentielles. Dans la pratique, il n’est pas rare
de procéder par approximation, en pré-sélectionnant d’abord certaines cibles selon
:888
des critères très macro d’ordres stratégiques (le métier de la cible, ses marchés, sa
localisation géographique), puis en affinant la recherche par l’adjonction de critères
1045
Dans certains cas, les cibles ne sont pas préalablement identifiées. Il importe
Aiva
130
La phase de préparation ■ Chapitre 5
Ces critères visent à s’assurer que les cibles présélectionnées répondent aux moti-
vations stratégiques du futur acquéreur. La principale difficulté réside dans le fait que
les motivations stratégiques sont souvent relativement fines et précises, tandis que les
critères de sélection à retenir dans un premier temps ne peuvent être que généraux.
La liste suivante propose un ensemble de critères qui peuvent être utilisés pour
caractériser l’adéquation stratégique d’une cible éventuelle avec les besoins du futur
acquéreur.
Ce type de déterminants constitue par conséquent les hypothèses sur lesquelles l’ini-
tiateur va s’appuyer pour saisir une opportunité de croissance externe. Au-delà de ces
critères, une analyse plus fine de la cible peut permettre d’entrevoir d’autres facteurs
susceptibles d’augmenter la valeur d’attrait de la cible pour l’entreprise initiatrice.
7
2999
Critères d’adéquation de la cible
6715
avec les objectifs stratégiques de l’acquéreur
(liste non exhaustive)
10:1
Secteurs et marchés concernés
Possibilité d’extension géographique
35.2
Degré de proximité entre les métiers
Degré de complémentarité entre les activités
43.2
Position stratégique de la firme au sein de la filière
Qualité du portefeuille technologique
41.1
Rentabilité financière
Croissance des activités
…
:888
1045
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
1064
ity:21
intrinsèques aux cibles identifiées, dont les spécificités peuvent accroître l’attrait de
Aiva
l’opération pour l’entreprise initiatrice. La liste suivante propose une liste de critè-
res d’attractivité qui peut être utilisée pour mieux apprécier l’intérêt stratégique de la
com:
131
Partie 2 ■ Montage et mise en œuvre des opérations de fusions et d’acquisitions
Réputation de l’entreprise
Image et notoriété de l’entreprise
Potentialités de croissance de l’entreprise
Qualité du management de la cible
Taille relative de l’entreprise
Capacités de liquidités à court terme
Durabilité des avantages concurrentiels
Qualité du ratio productivité/secteur
Évolution du taux de croissance
Performances antérieures
…
7
2999
6715
10:1
1.3 Catégorie C : critères de rejet
Il est souvent d’usage de recourir à des critères de rejet, c’est-à-dire des critères 35.2
43.2
qui peuvent amener à refuser une opération, en dépit de sa pertinence et l’attrait
de la cible. Il s’agit principalement de critères visant à gérer des risques spécifiques.
41.1
critères d’exclusion est souvent très variable d’une opération à l’autre. Ils peuvent
concerner aussi bien des éléments stratégiques, politiques qu’éthiques. Le fait par
exemple de ne pas vouloir acquérir des entreprises ayant une image non respec-
:888
sion, des critères plus politiques et/ou tactiques liés au degré d’ouverture du capital
de la cible (refus, par exemple, de se lancer dans des opérations hostiles), à la nature
nc
1. Dans certains cas, une stratégie peut, au contraire, consister à rechercher de telles entreprises pour acquérir à
bas prix une ressource spécifique ou accéder à un marché particulier. Il s’agit alors d’un critère d’attrait pour
la
132
La phase de préparation ■ Chapitre 5
7
2999
ce fait être réalisée non plus de façon isolée (attraits spécifiques) mais par rapport
aux qualités de l’entreprise initiatrice. Elle va en effet porter principalement sur le
degré de compatibilité entre les deux futurs « partenaires » sur le plan stratégique,
6715
organisationnel et culturel :
10:1
––d’un point de vue stratégique, il s’agit essentiellement de s’assurer que les deux
entreprises sont en phase en ce qui concerne leurs objectifs stratégiques (finali-
35.2
tés). Il convient avant tout d’éviter des divergences trop fortes en matière de poli-
tiques de croissance (voies et modes de développement), de gestion des risques ou
43.2
de stratégies concurrentielles (avantages concurrentiels, positionnement, marchés
prioritaires). Cette interrogation vaut principalement lorsque le regroupement
41.1
deux cas envisagés, la nature du désaccord peut également porter sur la méthode
ou les moyens utilisés pour réaliser les objectifs (organisation, calendrier, réparti-
1045
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
avant tout à la cohérence qui peut exister entre les firmes et à l’importance des
changements internes induits par le rapprochement (transformation de l’organisa-
ity:21
––au niveau culturel, le choix de la cible pose la question des valeurs clés de la firme,
Aiva
133
Partie 2 ■ Montage et mise en œuvre des opérations de fusions et d’acquisitions
7
2999
Évaluation de l’entreprise
dans une optique externe Comparaison avec des Audits d’acquisition
6715
(sur la base de données de marché
l’information publique (opérations comparables)
disponible)
10:1
35.2
Négociation finale sous
43.2
Estimation d’une première
fourchette de prix réserve de la levée des
conditions suspensives
41.15:
7199
Choix de la cible
Proposition finale
1045
Le but de cette démarche n’est pas ici d’évaluer l’opération future de fusion ou
1064
constitue le prix minimum qu’il faut débourser pour acquérir 100 % du contrôle.
Il s’agit d’une valeur plancher en dessous de laquelle les actionnaires actuels de la
nc
cible n’ont pas d’intérêt particulier à céder leurs participations. Il faut noter que cet
Aiva
argument n’est pas universel. Il s’applique d’autant plus que la cible est une grande
entreprise cotée. Dans le cas d’une entreprise de moindre taille et non cotée, une offre
com:
même inférieure au prix plancher peut se concevoir. Elle permet aux actionnaires
actuels de se désengager dans des conditions acceptables en rendant liquides leurs
rvox.
participations. C’est souvent le cas dans des entreprises au capital familial où certains
actionnaires détiennent une faible participation avec peu de chance de pouvoir la
la
134
La phase de préparation ■ Chapitre 5
7
valeur peut affecter significativement l’évaluation de l’ensemble (il peut s’agir de par-
2999
ticipations financières, de propriétés immobilières, d’actifs immatériels non exploités,
etc.). Dans la suite de cet ouvrage, on considère que la valeur de marché des actifs
6715
hors exploitation est nulle.
10:1
On note VHE la Actifs
valeur de marché hors exploitation
35.2
des actifs hors On note VCP la
Capitaux valeur de marché
exploitation propres
43.2
des capitaux
propres
41.1
On note Vε la Actifs
valeur de marché d’exploitation
5:
des actifs
7199
des dettes
de la firme)
1045
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
1064
des flux de trésorerie positifs dans le futur. C’est principalement une approche pros-
pective fondée sur un prévisionnel d’affaires. L’actualisation des flux futurs est alors
com:
135
Partie 2 ■ Montage et mise en œuvre des opérations de fusions et d’acquisitions
7
nn Le cas où l’entreprise n’est pas endettée
2999
Dans l’hypothèse où l’entreprise à évaluer n’est pas endettée, nous nous trouvons
6715
dans un cas simple, où par définition la valeur de l’actif est égale à la valeur des
capitaux propres. Par définition, la valeur financière d’un actif est égale à la valeur
10:1
actuelle des flux de trésorerie futurs générés par cet actif. En l’absence de dettes, les
flux revenant aux actionnaires (FCFE) et les flux générés par l’entreprise (FCFF) sont
35.2
identiques et par conséquent les taux de rentabilités requis sont eux aussi identiques.
La mise en œuvre concrète de cette approche implique dès lors à estimer :
43.2
Le flux de trésorerie disponible (free cash flow) est le flux de trésorerie résiduel après
investissement. Il est formellement égal au flux de trésorerie d’exploitation moins les
rvox.
dépenses d’investissement.
la
scho
univ.
136
La phase de préparation ■ Chapitre 5
Résultat d’exploitation
– Impôts sur les sociétés normatif ( = Taux d’IS effectif × Résultat d’exploitation)
+ Dotations aux amortissements
– Variation du besoin en fonds de roulement (BFR)
– Investissements nets de cessions
7
2999
du taux légal. La prise en compte des dotations aux amortissements dans le calcul du
flux de trésorerie permet de passer d’une logique comptable de la mesure de la perfor-
6715
mance à une mesure financière fondée sur les décaissements. Le résultat d’exploitation
(EBIT en anglais) est en effet un agrégat comptable qui incorpore des produits et des
charges non décaissées comme les dotations aux provisions et aux amortissements.
10:1
Ces derniers reflètent une dépréciation de la valeur du patrimoine de l’entreprise
35.2
aujourd’hui, mais pas une diminution de sa capacité à générer des flux de trésorerie
futurs, sous réserve que le décaissement des coûts de maintenance et d’investissements
43.2
futurs adéquats ait été pris en compte dans les projections.
De même, la prise en compte de la variation du besoin en fonds de roulement vise
41.1
Le coût du capital est le taux de rentabilité requis par les investisseurs pour investir
dans un projet ou une entreprise. Le modèle d’équilibre des actifs financiers (Médaf)
nc
est le modèle le plus utilisé en pratique pour déterminer le taux de rentabilité requis
Aiva
(RCP). Selon la formule du Médaf, le taux de rentabilité d’un actif est égal au taux sans
risque plus une prime de risque (Rf). Le taux sans risque correspond à la rémunération
com:
d’un placement sans risque comme des obligations d’État. La prime de risque corres-
pond à l’excès de rentabilité en moyenne du marché dans son ensemble par rapport
rvox.
au taux sans risque (E(Rm) − Rf), multiplié par un coefficient caractéristique du risque
du projet appelé coefficient « bêta » (β).
la
scho
univ.
137
Partie 2 ■ Montage et mise en œuvre des opérations de fusions et d’acquisitions
Formule du Médaf
Cov( Rm ; RCP )
avec β =
var( Rm )
Le modèle repose sur une distinction entre le risque spécifique de l’entreprise et
son risque systématique. Le risque spécifique est aussi appelé diversifiable dans la
mesure où il s’agit d’une partie du risque économique qui peut être éliminée par un
investisseur en diversifiant son portefeuille. Le risque systématique est la partie du
risque qui ne peut pas être diversifiée, il est lié à la sensibilité de l’entreprise aux
fluctuations du marché. Le coefficient « bêta » mesure ce risque systématique. Si
l’entreprise possède un « bêta » supérieur à 1, cela signifie que son activité amplifie
7
les fluctuations du marché tandis que si elle possède un « bêta » inférieur à 1, cela
2999
signifie que son activité atténue les cycles du marché. Dans le cas d’une entreprise
non endettée, le coefficient bêta représentatif du risque non diversifiable des actions
6715
est identique au coefficient bêta représentatif du risque non diversifiable de l’actif.
On appelle ce coefficient le bêta actif (asset beta).
10:1
La détermination de l’horizon de prévision
Sauf cas particulier, la durée de vie d’une entreprise n’est pas a priori bornée. 35.2
Des flux de trésorerie seront générés à court, moyen et long termes. L’horizon perti-
43.2
nent est ainsi supposé être l’infini. Pour rendre opératoire cette posture, il est d’usage
41.1
simplifiée. Elle démarre avec l’estimation d’un flux de trésorerie en N+1. On appelle
ce flux le flux normatif.
:888
constant g, appelé taux de croissance à l’infini, de telle sorte que le flux en N+n est
égal au flux en N+n-1 × (1+g). On peut alors montrer que la valeur actuelle des flux
nc
futurs générés pendant la période de prévision simplifiée suit une suite géométrique
Aiva
138
La phase de préparation ■ Chapitre 5
t0 1 2 3 4 5 6 n
7
l’infini
2999
Finalement, la valeur de l’entreprise (ou de manière équivalente la valeur des capi-
taux propres en l’absence de dettes) est égale à :
6715
FFCFt FFCFN+1
10:1
N 1
Vε = VCP = ∑ + × NE
t=1
(1 + R NE t
) (1 + R NE
)
N
R CP − g
35.2
CP CP
Le taux de rentabilité requis par les actionnaires pour l’entreprise non endettée est
43.2
défini par la relation du Médaf et peut s’écrire :
41.1
Avec :
RNECP La rentabilité requise (espérée) par les actionnaires.
:888
risque).
βNECP Le coefficient bêta, estimé comme suit : βNECP = cov(RCP
NE
; Rm)/Var (Rm).
ity:21
Afin d’illustrer cette démarche, prenons l’exemple d’une société A non endet-
nc
tée dont le capital social est composé d’un million d’actions. Le taux sans risque
est supposé être de 5,25 %, la prime de risque du marché de 6,5 % et le bêta des
Aiva
actions de 1,5 de telle sorte que la rentabilité requise par les actionnaires est estimée
com:
à 15 % (5,25 % + 6,5 % × 1,5). Les prévisions de flux de trésorerie ont été réali-
sées sur 5 ans (2012 à 2016). Au-delà, un flux normatif a été estimé à 3472 K €.
rvox.
139
Partie 2 ■ Montage et mise en œuvre des opérations de fusions et d’acquisitions
Il est dès lors possible d’estimer la valeur actuelle des flux futurs. On distingue la
somme des flux futurs actualisés sur la période de prévision explicite, la valeur ter-
minale et la valeur terminale actualisée :
5 FFCFt FFCFN+1 1 FFCFN+1
∑ =10433K€ RNE − g = 24798K€ (1+RNECP)N × RNE − g = 12329K€
7
(1+RNECP)t
2999
t=1
CP CP
6715
2012 2013 2014 2015 2016
Flux de trésorerie 2 373 3 438 2 938 3 674 3 495
10:1
Facteur d’actualisation des flux 0,8696 0,7561 0,6575 0,5718 0,4972
Flux de trésorerie actualisés 2 064 2 600 1 932 2 100 1 737
35.2
Somme des flux futurs actualisés 10 433 43.2
Flux de trésorerie norminatif 3 472
41.1
Valeur totale de l’entreprise 22 762 Nb d’actions 1 000 000 Soit un prix par action de : 22,76 €
:888
La valeur totale de l’entreprise est alors égale à la somme des flux futurs actualisés
1045
sur la période de prévision explicite (5 ans dans cet exemple), plus la valeur terminale
actualisée. En l’absence d’endettement, la valeur de l’entreprise est égale à la valeur
1064
financière des capitaux propres, soit 22 762K€. Le prix d’une action est donc égal à
la valeur des capitaux propres divisée par le nombre d’actions soit 22,76 € par action.
ity:21
tibles et que par conséquent elles vont avoir pour effet de réduire la charge d’impôts.
scho
univ.
140
La phase de préparation ■ Chapitre 5
La valeur résultante, la valeur de l’entreprise endettée, reste à répartir entre les action-
naires et les créanciers. Dans cette représentation simplifiée, on fait l’hypothèse que
l’entreprise ne peut pas faire faillite. La prise en compte des coûts de faillite et de la
probabilité de faillite constituent des prolongements naturels de cette approche.
Valeur financière
Valeur de des capitaux propres
l’entreprise en en présence de E
N
FCFE t
l’absence de dettes VCP = å E t
dette V E t =1 (1 + RCP )
NE CP
Ve
¥
FCFFt
Ve = å
E
t
t=1 (1 + Re ) Valeur financière
Valeur actuelle des
économies fiscales
des dettes ¥
CFDt
VD = å(
7
associées à la dette
VD 1+ R D )t
2999
VecoIS t =1
6715
L’évaluation de la valeur financière des capitaux propres en présence de dettes peut
10:1
dès lors s’effectuer de trois manières différentes :
35.2
––par l’actualisation des flux revenant aux actionnaires (FCFE) ;
––par addition des différentes composantes de l’actif (valeur de l’entreprise en
43.2
l’absence de dette + valeur actuelle des économies fiscales), puis par soustraction
de la valeur financière des dettes ;
41.1
flux de trésorerie générés par l’entreprise au taux requis, puis par soustraction de
7199
miner le taux d’actualisation requis par l’entreprise qui permet d’obtenir la valeur
de l’entreprise endettée en actualisant directement les flux générés par l’entre-
1045
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
prise (flux non endettés). Le taux requis est appelé coût moyen pondéré du capital.
Pour le déterminer, nous pouvons identifier plusieurs égalités fondamentales.
1064
Vε E = Vε NE + VecoIS = VCPE + VD
nc
Aiva
Les flux de trésorerie générés à l’actif (flux généré par l’activité + flux liés aux éco-
nomies fiscales) sont égaux aux flux à répartir au passif (flux revenant aux actionnaires
com:
141
Partie 2 ■ Montage et mise en œuvre des opérations de fusions et d’acquisitions
Pour déterminer le coût moyen pondéré du capital (CMPC), nous allons faire, sans
perte de généralité, l’hypothèse que les flux de chaque composante constituent des
rentes perpétuelles de telle sorte que nous puissions écrire :
E
Vε E = FCFF / RCMPC ⇔ FCFF = Vε × RCMPC
VD = CFD / RD ⇔ CFD = VD × RD
ecoIS = TIS × VD × RD
E E E E
VCP = FCFE / RCP ⇔ FCFE = VCP × R CP
Nous pouvons aussi noter que la valeur des économies fiscales a été déterminée en
multipliant le taux d’impôt par la valeur de la dette et par le taux d’intérêt de la dette.
Cette approche repose sur des hypothèses fortes qui peuvent être aménagées et qui
expliquent notamment l’existence de plusieurs formulations du coût moyen pondéré
7
2999
du capital. Connaissant la valeur de chaque flux et l’équation qui régit l’égalité entre
les flux, nous pouvons désormais écrire :
6715
E E E
Vε × RCMPC = VCP × RCP + VD × RD − TIS × VD × RD
10:1
V E E V
RCMPC = CPE × RCP + (1 − TIS ) × DE × RD
Vε Vε
35.2
43.2
Nous avons ainsi montré que le coût moyen pondéré du capital est bien le taux
requis par l’entreprise qui permet de déterminer directement la valeur de l’entreprise
41.1
N FCFFt 1 FCFFN+1
V Eε = ∑ + +
t=1 (1 + RCMPC)t (1 + RCMPC)N RCMPC − g
1064
La méthode du CMPC est sans aucun doute l’une des plus utilisées. Sa mise en
œuvre nécessite cependant d’opérationnaliser deux paramètres complémentaires,
ity:21
d’une part la rentabilité requise par les actionnaires compte tenu du niveau d’endet-
E
E
tement ( RCP
VCP
nc
E
Estimer RCP
com:
La détermination du taux requis par les actionnaires compte tenu du niveau d’endet-
tement passe par une reformulation du Médaf :
rvox.
E
E ( R) = RCP = R f + ( E ( Rm ) − R f ) × β CP
la
scho
univ.
142
La phase de préparation ■ Chapitre 5
E
où β CP est le coefficient bêta compte tenu de l’endettement.
Il existe une formule qui permet de passer directement du bêta actif au béta des capitaux
propres en situation d’endettement :
E VD
β CP = βactif + E
× (1 − TIS) × (βactif − βD)
VCP
où βD est le coefficient bêta de la dette.
7
2999
La détermination de la rentabilité requise par les actionnaires repose donc princi-
6715
V
palement sur l’estimation du bêta actif et sur l’utilisation du ratio d’endettement DE .
VCP
10:1
Le bêta actif peut être obtenu directement à partir de données publiques (voir par exemple
35.2
le site damodaranonline) ou par une estimation ad hoc sur la base d’un échantillon
d’entreprises comparables.
43.2
E
VCP
Estimer
41.1
VE
5:
La spécification
E
complète du modèle de valorisation implique de déterminer la
VCP
7199
E
dans la mesure où il est nécessaire pour déterminer VCP E
de connaître VCP .
Deux approches co-existent pour résoudre ce paradoxe. La première consiste à utiliser
1045
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
des taux d’endettement cible. Cette approche peut néanmoins s’avérer dangereuse si
ces taux cibles ne sont pas respectés. La seconde approche consiste à procéder par
1064
––Utiliser ce CMPC calculé pour actualiser les free cash flow et obtenir une valeur
E
Aiva
calculée de VCP .
E
––Remplacer l’hypothèse initiale de VCP par sa valeur calculée.
com:
143
Partie 2 ■ Montage et mise en œuvre des opérations de fusions et d’acquisitions
7
2999
la structure de financement optimale. Il faut noter que les problèmes posés par cette
question sont beaucoup plus complexes dans la réalité et qu’il n’existe pas à ce jour
6715
de théories satisfaisantes.
10:1
nn Les méthodes fondées sur la théorie des options
Les méthodes fondées sur l’actualisation des flux sont parfois critiquées pour leurs 35.2
insuffisances à évaluer la véritable « valeur stratégique » d’un projet. Ces insuffisances
43.2
sont d’autant plus visibles dans le cas des opérations de fusions-acquisitions, où les
primes d’acquisition observées sont parfois difficilement justifiables sur la seule base
41.1
des projections de cash flow1. De nouvelles méthodes ont été développées pour pallier
5:
certaines de ces insuffisances. Connues sous le nom « d’options réelles », ces tech-
7199
de la conjoncture.
La principale critique que l’on peut en effet adresser aux méthodes plus tradition-
1045
nelles est leur caractère statique, c’est-à-dire leur incapacité à intégrer la valeur ajoutée
apportée par un management actif du projet. En effet, utiliser le critère de la VAN
1064
et ses déclinaisons (méthode des free cash flow), c’est faire l’hypothèse que quelles
que soient les évolutions de la conjoncture, le management n’interviendra pas dans le
ity:21
projet pour le modifier, voire pour l’abandonner en cas d’échec patent. De ce fait, la
VAN a tendance à sous-évaluer la valeur des projets et notamment des projets d’acqui-
sition. Dans l’optique d’estimer la valeur « stratégique » d’un projet d’acquisition, le
nc
1. À titre d’exemple, on se reportera à l’article de Sarre (1990), « Prix majoritaires et industriels. Une analyse
la
144
La phase de préparation ■ Chapitre 5
7
2999
valeur, soit parce qu’elles sont cotées en bourse, soit parce qu’elles ont fait l’objet d’une
transaction récente (reprise, cession, augmentation de capital, etc.). Sous le même
vocable de méthode des comparables, on distingue en fait deux méthodes distinctes :
6715
––la méthode des multiples de sociétés comparables ;
10:1
––la méthode des multiples de transactions comparables.
L’approche des multiples est une méthode d’évaluation fondée sur le principe que
41.1
des actifs comparables se vendent à des prix similaires. Cela suppose qu’un ratio
comparant la valeur observée à certaines statistiques propres à l’entreprise (ventes,
5:
EBE, résultat d’exploitation, résultat net, capitaux propres, etc.) doit être identique
7199
une entreprise X, le ratio valeur des capitaux propres/résultat net est égal à 5, cela
signifie qu’avec un multiple de résultat net de 5, l’entreprise X est valorisée à hauteur
1045
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
de l’entreprise, puis la valeur des capitaux propres. Les seconds sont plus directs mais
scho
univ.
145
Partie 2 ■ Montage et mise en œuvre des opérations de fusions et d’acquisitions
normalisent les structures financières de l’échantillon. Ils peuvent cependant être plus
adaptés dans certains cas, comme par exemple en présence d’intérêts minoritaires signi-
ficatifs.
À titre d’exemple, on cherche à évaluer par la méthode des comparables la société
Alpha. On dispose pour ce faire d’un échantillon de trois entreprises comparables.
Entreprise à évaluer
Valeur de Valeur de
Dettes
Chiffre Résultat marché des marché de
(en millions €) EBE Résultat net Financières
d’affaires d’exploitation capitaux l’entreprise
nettes
propres (VE)
Alpha 25 12 9 5,78 12 ??? ???
Panel d’entreprises comparables
Valeur de
Résultat Dettes
7
Chiffre Capitalisation marché de
2999
(en millions €) EBE d’exploitation Résultat net Financières
d’affaires boursière l’entreprise
(REX) nettes
(VE)
Concurrent 1 30 15,5 11 7,10 12 22 34
6715
Concurrent 2 25 14 9 5,74 15 17 32
Concurrent 3 27 16 9 5,91 2 25 27
10:1
L’étape suivante consiste à déterminer les multiples de valorisation de chaque entre-
prise de l’échantillon. La valeur de marché de l’entreprise 1 est ainsi égale à 1,13 fois son
35.2
chiffre d’affaires, à 2,19 fois son EBE et à 3,09 fois son résultat d’exploitation. La valeur
de marché de ses capitaux propres est égale à 3,1 fois son résultat net. En reproduisant
43.2
l’exercice pour les deux autres entreprises, on peut déterminer un multiple de valorisa-
tion moyen. Ainsi, en moyenne, une entreprise de l’échantillon vaut 2,06 fois son EBE.
41.1
Multiples de valorisation
5:
7199
146
La phase de préparation ■ Chapitre 5
Il est à noter que dans certaines industries, les indicateurs les plus pertinents ne
sont pas des indicateurs financiers. Pour des entreprises du secteur Internet, on a vu
des estimations se réaliser en déterminant des multiples liés au nombre de clients ou
d’abonnés, au nombre de connexions Internet journalières…
c Repère
7
2999
6715
Les méthodes des comparables
10:1
• Estimation à partir de transactions comparables
L’entreprise A cherche à évaluer l’entreprise B en vue d’une opération d’acquisition. 35.2
43.2
L’observation de transactions comparables (transactions a et b) nous permet de calculer
des ratios moyens entre la valeur de la cible dans ces opérations et la valeur d’indica-
41.1
teurs types.
5:
Prix Chiffre
7199
Résultat net de
d’acquisition de d’affaires de la Ratio 1 Ratio 2
la cible
la cible cible
:888
Le chiffre d’affaires (CA) de l’entreprise B est de 450 M€ et son résultat net est de 15 M€.
L’estimation de la valeur de la société B en tant que cible d’une opération d’acquisition
nc
menée par A est située dans une fourchette entre 180 M€ et 138 M€.
Aiva
147
Partie 2 ■ Montage et mise en œuvre des opérations de fusions et d’acquisitions
7
blissement, les frais de recherche et de développement, les primes de remboursement
2999
des obligations ainsi que les écarts de conversion-actif. Cette approche peut être
utilisée dans le cadre de l’évaluation de la parité d’échange pour une opération de
6715
fusion, dans la mesure où les deux sociétés sont évaluées selon le même principe.
En revanche, il importe de vérifier que les activités des deux sociétés sont compa-
10:1
rables, afin d’éviter une trop grande distorsion relative entre l’estimation comptable
et la valeur économique réelle des deux entreprises. Cette approche trouve très rapi-
35.2
dement ses limites en matière d’évaluation de l’entreprise cible dans le cadre d’une
opération d’acquisition. Même dans une optique de liquidation, l’actif net comptable
43.2
est souvent pénalisé par le principe des coûts historiques qui implique de compta-
biliser un actif à sa valeur d’achat et non à sa valeur de revente. En particulier, on
41.1
La méthode de l’actif net réévalué vise à pallier les limites inhérentes aux principes
comptables de coûts historiques et de prudence. Elle se justifie notamment lorsque
1064
l’entreprise cible possède des actifs hors exploitation qui peuvent générer des plus-
values importantes en tant que telles. La méthode consiste donc à réévaluer les diffé-
ity:21
des risques non provisionnés, des impôts différés et des impôts latents sur les plus
com:
ou moins-values. Cette méthode est utilisée pour l’estimation des parités d’échange
dans les opérations de fusion ou d’acquisition par échange d’actions, ainsi que
pour l’estimation des sociétés cibles dans certains types d’opérations d’acquisition.
rvox.
En effet, lorsque l’acquisition de la cible n’a pas pour objet de capter un potentiel
de création de valeur, mais vise à la captation de ressources spécifiques notamment
la
scho
matérielles, la méthode de l’actif net réévalué peut se révéler tout à fait adaptée.
univ.
148
La phase de préparation ■ Chapitre 5
L’essentiel
Il existe de très nombreuses méthodes d’évaluation, toutes plus ou moins
pertinentes selon les contextes. Pour retenir les méthodes d’évaluation les plus
pertinentes pour un problème donné, il importe de préciser les objectifs
recherchés. En particulier, il est nécessaire de définir si l’on se situe dans une
perspective d’investisseurs « passifs » ou dans celle d’une prise de contrôle qui
impliquera l’évaluation de la prime de contrôle. De plus, la nature de la prise de
contrôle, par achat d’actions ou par échange d’actions, va conditionner certaines
logiques d’évaluation. Dans le cas d’une prise de contrôle par achat d’actions, il
importe d’estimer la valeur absolue de la cible, prime de contrôle incluse. Dans
7
le cas d’une opération par échange d’actions, seules les valeurs relatives de
2999
l’acquéreur et de la cible sont nécessaires dans un premier temps. On peut
ensuite estimer la valeur relative de la prime de contrôle.
6715
10:1
Techniques d’évaluation Contexte d’utilisation et conditions d’application
Cash Flow )
modéliser la remontée de dividendes).
com:
pour l’opération.
– Peu pertinent pour déterminer le prix de l’opération
proprement dite.
la
scho
univ.
149
Chapitre
La phase
61 de négociation
7
2999
6715
10:1
35.2
43.2
sommaire
41.15:
L
1064
ity:21
etc. Elle va aussi avoir des conséquences sur les relations sociales de long terme entre
les acteurs de l’acquéreur et ceux de la société cible. Il convient par conséquent de
com:
bien comprendre les techniques et les enjeux de la négociation, ainsi que de suivre
la logique de la création de valeur qui doit guider les dirigeants tout au long de cette
rvox.
phase. Les points clés, les éléments techniques (juridiques et financiers) et les risques
associés à la phase de négociation sont détaillés dans ce chapitre.
la
scho
univ.
La phase de négociation ■ Chapitre 6
Section
1 Choisir une Tactique de négociation
Nous présentons les principaux choix tactiques de la négociation, sans pour autant
proposer un guide de l’art de la négociation qui sort de l’objet de cet ouvrage.
En particulier, nous abordons le positionnement initial de l’opération de prise
de contrôle, qui peut être hostile ou amicale. Ce point est essentiel et va engendrer de
nombreuses conséquences, tant sur les chances de réussite à court terme de l’opération
que sur les relations à plus long terme entre l’acquéreur et les acteurs de la cible. Il est
à noter que dans le cas d’une opération de fusion, cette dernière ne peut être dans les
faits qu’amicale. En revanche, il est toujours possible de procéder à une acquisition
hostile préalablement à une opération de fusion.
Le choix des procédures de négociation et des modalités concrètes de prise de
contrôle constitue un second aspect de la tactique de négociation. Chaque procédure
7
et chaque modalité impliquent en effet des avantages et inconvénients spécifiques
2999
qui influencent les jeux d’acteurs et les logiques de rapport de force entre acquéreur
et cédant.
6715
10:1
1 Positionner l’opération : amicale ou hostile
La notion de négociation peut apparaître de prime abord comme indissociable d’une 35.2
opération amicale. Les opérations hostiles limitent, voire évitent, la négociation en
43.2
positif ou négatif de l’acquisition sur la destinée future de la cible. Seule une analyse
approfondie des motifs de l’acquéreur peut nous éclairer sur sa volonté de développer
:888
dirigeants (managers) des deux entités concernées par l’opération. Par opposition,
une opération hostile peut être définie comme une opération réalisée contre l’avis des
1064
managers de l’entité acquise. Le rapprochement peut, dans ce cas n’être réalisé qu’à
la condition que l’acquéreur arrive à convaincre les actionnaires de la cible d’apporter
ity:21
leur soutien à l’opération. Plusieurs facteurs doivent être pris en compte pour définir
le positionnement amical ou hostile de l’opération de prise de contrôle.
nc
Dans certains cas, il peut être plus rapide et plus simple de réaliser une opération
de prise de contrôle hostile, en proposant aux actionnaires une forte prime. Il s’agit
la
scho
univ.
151