L'intelligence Économique Et Son Exercice
L'intelligence Économique Et Son Exercice
L'intelligence Économique Et Son Exercice
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Wang Qi, 2003, What is Intelligence Work, Conférences "Intelligence économique : recherches
et applications, avril .
indirectement les concurrents. Si l'intelligence économique n’est pas synonyme
d’espionnage industriel, c’est, dans le meilleur des cas, un système de recueil
légitime de l’information, soutenu par un traitement spécifique et orienté en vue
de produire des renseignements. Elle est organisée autour du développement et de
la compétitivité des entreprises, non seulement pour elle-même, mais aussi dans le
cadre d’une réflexion « territoriale » concernant les Technologies de l'information
et la communication (TIC). Au niveau le plus élevé, celui de la sécurité d’un pays,
les entreprises nationales sont en relations étroites avec les impératifs de sécurité
et de défense d’un Etat et de son économie. La force ou la faiblesse des unités de
production nationales constitue facteur de réduction de l’indépendance et de la
force d’une nation. Le gouvernement des Etats-Unis a souvent utilisé le critère de
la défense nationale pour conduire une politique industrielle2. Les grands
entreprises américaines ont bénéficié de contrats de R&D très importants, lesquels
ont souvent permis à celles-ci d’acquérir de nouvelles compétences applicables
aussi au domaine civil, au moins dans le long terme.
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Fontanel, J., Bensahel, L. (2002), in Globalisation économique et sécurité internationale.
Introduction à la géoéconomie. (Edition Jacques Fontanel, Avant-propos de K.Arrow), Côté
Cours, Grenoble, décembre 2002.
3
Documentation Service (2000), Remarks by U.S. Commerce Secretary William Daley, Lisbon,
June 1, Notes on Economic Affairs, U.S. Embassy in France, n° 9, June 7.
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Fontanel, J. (2005), La globalisation en « analyse ». Géoéconomie et stratégie des acteurs,
L’Harmattan, Paris.
favorisée par l’essor d’Internet. En 1991, la CIA a élargi ses mandats de la lutte
contre la drogue et le crime organisé aux pratiques déloyales et aux méthodes
frauduleuses des firmes commerciales, dans le cadre de sa mission de lutte contre
« l’intelligence ennemie ». Il s’agit d’aider le développement économique des
Etats-Unis et l’Etat se propose, dans le cadre de National Export Strategy,
d’identifier et de sécuriser les opportunités d’exportation et d’investissement des
entreprises américaines dans le monde.
L’intelligence économique est un exemple « d’économie mixte ». Le système de
l’Advocacy Policy ou du « War room » du Département de Commerce permet de
soutenir l’action des entreprises nationales par l’apport d’informations ciblées et
d’aide à la gestion des problèmes administratifs. Toute l’information utile pour les
agents économiques américains est alors recueillie. Le renseignement est l’ami
indispensable de l’intelligence économique. Cependant, l’Advocacy Center
ressemble parfois à une machine de propagande pour le commerce américain
plutôt qu’un centre d’observation stratégique du commerce international. En
outre, chaque entreprise crée son propre système, à la recherche de l'information
orientée sur le court terme et dans le domaine étroit de son activité.
Le Japon est considéré comme une référence en matière d'intelligence
économique, car il est le premier à avoir compris l'importance de l'information, à
l'avoir organisée comme instrument de compétitivité et à avoir inscrit la veille
technologique dans la Constitution. L'organisation de la veille stratégique au
Japon repose sur le triptyque "Etat- entreprise- citoyen". Pour les Japonais, la
veille technologique est la première phase de la création et commercialisation de
tout produit. En revanche, les sociétés européennes sont plus enclines à
sauvegarder leurs informations qu’à les chercher à l’extérieur, sauf peut-être dans
le secteur militaire.
L’information a besoin d’une connectivité suffisante pour fournir l’accès à
l’information externe et interne nécessaire aux acteurs économiques, d’une grande
qualité de synthèse d’une information hétérogène, d’organiser une « puissance
cognitive » des entreprises et de l’Etat et de renforcer les axes de sécurité pour
réduire les dangers d’effondrement des réseaux financiers, énergétiques, de
communication et de transport.
L’information est un élément de la chaîne de valeur lorsqu’elle est construite
par des réseaux et partagée, alors que le renseignement relève plus d’un partage
entre initiés. Pour passer du renseignement à l'intelligence économique, un besoin
d’éthique apparaît. Les freins repérés au développement de l'intelligence
économique sont :
- Le manque de communication et de coordination de l'ensemble des sous-
systèmes constituant les tissus nationaux d'intelligence, le cloisonnement
entre collecte, transformation, analyse et utilisation de l'intelligence au
sein des nations et la mauvaise gestion du secret.
- Le recrutement limité des sources, un manque de formation et de
sensibilisation des agents nationaux et la faible participation des médias,
- La gestion désordonnée des connaissances et des patrimoines culturels des
nations et l a faible aptitude faible à utiliser et à valoriser l'information
immédiatement disponible dans la courte durée.
La France se caractérise par une méfiance vis-à-vis de l'intelligence
économique que l'on associe souvent à l'espionnage. Confrontés à la compétition
internationale, les grands groupes industriels français développent cependant leurs
propres dispositifs d'intelligence économique. Depuis 2045, il existe aujourd’hui
une Délégation générale de l’intelligence économique (au sein du Ministère de
l’Economie et des Finances) qui fournit au gouvernement et aux entreprises des
analyses et des réflexions prospectives en matière économique, financière,
industrielle et commerciale. Il s’agit de soutenir le gouvernement dans ses choix
stratégiques dans le domaine de l’économie mondiale, d’organiser une veille
concurrentielle, de construire les outils adaptés à la mise à disposition de ces
informations aux entreprises, d’anticiper, les événements, les évolutions ou les
décisions des acteurs internationaux et de proposer des contre-mesures discrètes,
susceptibles de ne pas faire l’objet de contentieux internationaux.
5
Baumard P., 2002 « Les limites d’une économie de la guerre cognitive », in La manipulation de
l’information , Harbulot C., Lucas D., Paris, Editions Lavauzelle.
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La doctrine 3-13 (américaine) stipule qu'un Etat peut avec un système de commandement et de
contrôle centralisé, déconnecter à distance l'infrastructure d'information d'une puissance rivale.
Persuasion Gestion des parties Opérations psychologiques
prenantes de manière visant à masquer la réalité ou
ouverte et consultative favoriser une doctrine par le
leurre
Rentes Mesure d’incitation et de Restrictions de la mobilité de
cognitives récompense aux capitaux l’expertise avec intimidation et
intellectuels critiques et rétention des savoir-faire
gestion de la connaissance critiques
Défense Supériorité des systèmes Désinformation et manipulation
d’interprétation en temps des systèmes d’interprétation
réel permettant de rivaux ; production de
contrecarrer des stratégies connaissances déformées ;
de prolifération et manipulation des modèles
d’influence mentaux
De nombreuses entreprises font l’objet d’attaque par Internet, par des rumeurs
dont elles ont du mal à se défaire ou à se protéger. La désinformation est l'une des
formes sophistiquées de la criminalité. Les campagnes de désinformation ont trois
objectifs : un pourrissement des moyens psychologiques qui entraîne une
paralysie décisionnelle, une perte de réputation et de légitimité et la chute des
soutiens financiers. Dans le domaine militaire, il s’agit d’amener l’adversaire
potentiel sur son propre terrain. C’est ce que recherchent aussi les entreprises.
7
Rouach D., 1999, La veille technologique et l’intelligence économique, PUF, Que sais-je ?
n°3086.
concurrence veille PME américaines
opérationnelle
Réactifs Opportunistes Réagir aux attaques majorité des PME
Budgets très limités françaises
Dormeurs pas d'actions Aveuglement et
spécifiques passivité
En conclusion
Bibliographie
8
Fontanel, J., Ward, M. (2002), A hard look at the costs of peace, World Economics,Vol.3, n.2,
April-June 2002.
9
Fontanel, J., Bensahel, L. (2005), Intelligence économique bet sécurité militaire, Volume XXI,
Fascicule, 2, n° 54, Janvier
Carayon, B. (2003), Intelligence économique, compétitivité et cohésion sociale,
La Documentation française, Paris, Juillet 2003. 176 pages
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Daley, Lisbon, June 1, Notes on Economic Affairs, U.S. Embassy in France, n° 9,
June 7.
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géoéconomie ». (Edition Jacques Fontanel, Avant-propos de K.Arrow), Côté
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Economics,Vol.3, n.2, April-June 2002.
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des acteurs, L’Harmattan, Paris.
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Rapport du Commissariat Général du Plan, La Documentation Française, Paris.
Paturel, R. (en collaboration avec J.L. Levet (1999), Intelligence économique et
stratégie des entreprises. Pour un management de l’intelligence économique,
Revue Intelligence Economique, n°5, Octobre.
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Que sais-je ? n°3086.
Wang Qi, 2003, What is Intelligence Work, Conférences "Intelligence
économique : recherches et applications, avril .