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Poesi 112 0167

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SOURATES ET FRAGMENTS

Présentés par Michel Orcel, traduction par Mohammed Aït Laâmim et Michel Orcel

Belin | « Po&sie »

2005/2 N° 112-113 | pages 167 à 182


ISSN 0152-0032
ISBN 9782701142227
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-poesie-2005-2-page-167.htm
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Le Coran

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Sourates et fragments
présentés par Michel Orcel
traduction par Mohammed Aït Laâmim
et Michel Orcel

On me demande de m’expliquer sur les raisons qui m’ont poussé à entreprendre avec
l’aide d’un ami marocain la traduction de quelques fragments du Coran. Si malaisé qu’il soit
de mettre un peu de raison là où compte avant tout l’affect, je trouve à exposer deux ou trois
mobiles. La traduction représentant une bonne part de mon activité littéraire, on conviendra
sans mal qu’un traducteur peut difficilement échapper à la tentation de traduire, au moins
en partie, le Texte fondateur de la civilisation dans laquelle il vit depuis plusieurs années.
Par ailleurs, m’intéressant au monde arabo-musulman depuis plus de vingt ans et tôt ou tard
déçu par toutes les traductions du Coran que j’ai fréquentées, le temps était venu pour moi,
malgré mon infirmité linguistique, de mettre à l’épreuve mon expérience de traducteur et ma
connaissance de l’islam face au grand Texte.
Bien que la traductologie soit impuissante à faire le traducteur, j’ai, en plusieurs endroits,
reconnu ma dette, non seulement envers les suggestions germinales de W. Benjamin, mais
envers les travaux d’A. Berman et de J.-Ch. Vegliante. Cela étant posé, on m’accordera
d’abord que la traduction est une tentative de faire émerger, non tant des signifiés souter-
rains, qu’une forme originelle – toujours fuyante, sans doute, mais qui reste l’objectif et la
raison d’être du traducteur. On sait du reste que, plus la structure de la langue de départ est
éloignée de celle de la langue d’accueil, plus la question de cette forme signifiante prend
de l’importance.
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Parmi les traductions du Coran de ces cinquante dernières années, on peut distinguer des
versions « vulgarisantes » (qui aplanissent les obstacles et les étrangetés pour introduire le
Texte coranique dans le champ culturel de la langue d’accueil : c’est le cas de la traduction
de Denise Masson1, chez qui l’on entend souvent résonner les textes bibliques et chré-
tiens); des versions « scientifiques », celle de Régis Blachère2 en étant le meilleur exemple
(version « scientifique » au point que le grand arabisant inclut les fameux « versets sata-
niques »), et des traductions que nous diront « modernistes », qui tendent à faire saillir dans
le texte liturgique de l’islam soit de nouvelles structures et formes littéraires (Berque3), soit
des impensés, réels ou prétendus (le « logos » grec dans l’interprétation de Youssef Sediq4),
soit les deux (Chouraqui5).
Puisons chez ce dernier quelques archétypes traductifs qui dévoilent aussitôt les limites
de cette approche. Visant à la fois à faire œuvre poétique et à « sémitiser » le français, André
Chouraqui, n’hésite pas à violenter notre langue, non seulement en évacuant souvent le
verbe « être», inexistant de fait en arabe, mais en introduisant nombre de vocables – créés en
français ou directement décalqués de l’arabe – qui n’ont chez nous aucun écho. C’est ainsi,
entre autres exemples risibles, que le mot Rabbi – « Seigneur » ou « Maître » – devient
« Rabb »... Du coup, par souci de restituer une force originelle à certains termes, le même
traducteur finit par traduire sans honte « Rabbi al-Falaq » (« le Seigneur du point du jour »
ou, selon notre traduction, « du crépuscule du matin ») par « le Rabb de la Fente »!!!...
Même s’il compte à son actif une belle tolérance religieuse (voir sa note liminaire) et, de

1. La Pléiade, Gallimard, Paris, 1967.


2. Maisonneuve et Larose.
3. Ed. Sindbad, Paris, 1990, puis Albin Michel, Paris, 1995.
4. Ed. de l’Aube/Ed. Barzakh, La Tour d’Aigues, 2002.
5. Robert Laffont, Paris, 1990.

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temps à autre, quelques réussites poétiques, Chouraqui patauge la plupart du temps dans le
ridicule. Il faut vraiment vouloir faire moderne pour oser traduire par « la désirance d’Al-
lah » le « Halamdu’lillâh », que, d’un bout à l’autre du monde les musulmans ne cessent de
répéter pour dire « Dieu soit loué !» C’est avec plus de justesse étymologique mais autant
d’excès que le même traducteur (mais d’autres lui ont emboîté le pas) attaque la traduction
des deux premiers noms de Dieu : « Ar-Rahmân, Ar-Rahîm » (dans la formule qui ouvre
toutes les sourates à l’exception de la neuvième), car c’est là-dessus que tous les traducteurs
commencent par se casser les dents. Pour « interpréter » ces deux noms, Chouraqui remonte
à la racine R�H M, qui évoque la matrice. L’analyse linguistique est juste, précieuse même
par ce qu’elle colore d’une tendresse maternelle les traductions habituelles de « Clément »
et de « Miséricordieux », et qu’elle peut suggérer que le Dieu de l’islam se trouve pré-
cisément au-delà du rôle d’instance paternelle qui lui est accordé (fût-ce en des termes
différents) par les juifs et les chrétiens. Faut-il pour autant traduire par « le Matriciant, le
Matriciel » ?… On est plus qu’en droit d’en douter, non seulement parce qu’il s’agit là d’un
sabir tout à fait individuel, mais surtout parce qu’aucun Arabe, aucun musulman éduqué à
l’arabe coranique, n’entendra jamais résonner ces signifiés-là ! Toutes proportions gardées,
imaginons simplement un traducteur ourdou, persan ou guatémaltèque qui, pour ne prendre
que deux exemples, croirait bien faire en traduisant les vocables modernes « généreux » ou
« étonner » en les interprétant à partir de leur étymologie...
Traduite en revanche sur la suggestion de certains exégètes, la « Basmallâh », c’est-à-
dire l’invocation du nom de Dieu sous ses deux premiers attributs (« Bismillâh Ar-Rahmân
Ar-Rahîm »), pourrrait être très sérieusement comprise comme établissant une hiérarchie
entre l’humanité entière et les seuls musulmans (ou les seuls monothéistes) : ce qui donne-
rait quelque chose comme : « Miséricordieux pour tous les hommes, / Compatissant pour
les fidèles »...
*
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Notre époque est sinistrement marquée par l’insatiable désir d’un retour aux origines, à
la pureté des origines. Et cette soif infantile et désastreuse n’est pas seulement politique ou
religieuse; dans le champ littéraire, à travers la traduction et spécialement la traduction des
textes saints, se manifeste une croyance similaire, croyance dans la possibilité de rendre
aux mots une transparence perdue, de gommer le poids de l’histoire et l’accumulation des
interprétations traditionnelles.
Sans même parler des entreprises de Meschonnic, La Bible, nouvelle traduction, dite
aussi « Bible des écrivains », récemment parue chez Bayard6, est un bon exemple de cet
enjeu. Et un exemple qui nous intéresse d’autant plus qu’elle est pour l’essentiel une traduc-
tion de l’hébreu ou de textes traduits d’une langue sémitique (grec décalquant l’araméen),
dont la structure est très proche de celle de l’arabe. Qui parle arabe, classique ou dialectal,
passe son temps à faire de la parataxe. Et rien n’est plus « moderne » en poésie que la para-
taxe. Ajoutons le laconisme fulgurant et la polysémie propres à ces vieux et nobles textes.
En traduisant littéralement la Bible ou le Coran, on obtient sans difficultés des phrases
merveilleu­sement incompréhensibles, merveilleusement modernes... On a vu pourtant plus
extraordinaire : dans cette nouvelle traduction de la Bible, réalisant en minuscule le rêve
du Pierre Ménard de Borgès, les nouveaux traducteurs du Qohélet (L’Ecclésiaste) – qui du
reste offrent un texte parfois fort beau dans son dépouillement – ont choisi de ne pas traduire
la fameuse sentence « Vanité des vanités » (« Hével havalim ») !...Un choix dont ils ne
s’expliquent pas vraiment, mais qu’ils illustrent par les vers enserrant cette sentence, les-
quels mettent en valeur la polysémie du syntagme. Pourquoi alors ne pas traduire l’expres-
sion biblique, devenue proverbiale, par deux ou trois vers : par exemple « Buée de buées, /
vanité de vanités»?...

6. Paris, 2001.

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Dernier exemple puisé chez un spécialiste du syriaque et de l’araméen, Christoph Luxen-
berg (il s’agirait là d’un savant se dissimulant sous un pseudonyme par crainte des réactions
– toujours possibles en effet – d’intégristes musulmans). Ledit spécialiste, se fondant sur
l’absence de vocalisation et de signes diacritiques des versions primitives du Coran, « dé-
couvre » que les houris du paradis musulman sont en réalité des « raisins blancs»... L’entre-
prise de Luxenberg (consignée en allemand, langue que j’ignore : je suis donc obligé de me
fier aux comptes rendus qui en ont été donnés) est, non seulement honorable, mais poten-
tiellement riche du point de vue scientifique et religieux. J’observe cependant que, si les
descriptions du Paradis musulman sont allégoriques, comme beaucoup de croyants le pen-
sent, alors la différence entre « houris » et « raisins blancs » n’a vraiment pas d’importance,
car, dans les deux cas, il s’agit de la promesse faite au fidèle qu’il connaîtra au paradis des
plaisirs inconnus et inaccessibles dans ce monde, représentés au moyen de comparaisons
terrestres. Et l’on se demande surtout comment Luxenberg peut, à partir de ses analyses,
interpréter tous les passages où il est répété à loisir que les houris sont vierges, qu’elles sont
pudiques, qu’elles n’ont jamais fait l’amour avec les djinns ou avec les hommes, etc.
Notre tentative de traduction se place à l’opposé de ces expériences et de ces recherches.
Non pas que nous ayons renoncé à donner, dans la mesure du possible, plus de force, plus
de profondeur mémorielle, plus de justesse théologique ou poétique à la traduction du Livre
saint, mais nous avons aussi joué le jeu de l’histoire du texte et de sa réception par la com-
munauté des croyants – jeu que refuse par exemple un Youssef Sediq, sous le prétexte bien
connu que l’établissement de la vulgate coranique est bien postérieur à la mort de Muham-
mad (phénomène qu’il faudrait alors étudier de près, comme l’a fait Blachère dans son
Introduction au Coran7). Les exégèses du Texte saint de l’islam sont innombrables et parfois
fort anciennes (on pense en particulier à celle d’Ibn Abbas, neveu de Muhammad, qu’on ap-
pelait à l’époque « l’Interprète du Coran » ou encore « l’Océan de la connaissance »). Nous
nous en sommes souvent prévalus pour éclairer des passages obscurs ou tenter d’apporter
des significations plus riches et plus neuves à des expressions fondamentales, à l’exemple
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de la traduction des deux premiers noms de Dieu à laquelle nous faisions allusion plus haut.
Reste la question de la forme que nous posions pour introduire cette note. La langue
du Coran peut être définie par des critères externes, d’ordre essentiellement rhétorique :
l’ellipse, le polysyndète, la rime, l’assonance, etc. Mais une traduction du Coran ne saurait
se défendre sans viser à une certaine « clarté «qu’annonce le Texte lui-même, à la beauté
« inimitable » que lui reconnaît le monde musulman et à son caracatère incantatoire. Aussi,
plutôt que d’opter pour une rythmique rompue, parfois rimée mais passablement pesante à
la manière de Berque, ou bien aux ellipses d’articles et aux inversions inutiles et insolites,
qui, ajoutées aux hellénismes et autres coquetteries, rendent presque illisibles les traductions
de Sediq, nous avons tenté, autant que nous en avions les moyens, de donner à ces fragments
en français un rythme et une poéticité qui, sans trop trahir la spécificité de l’arabe coranique,
puissent en français rendre justice à la beauté de l’original en « claire langue arabe».
M. O.

7. Maisonneuve et Larose, Paris, 2002 (réédition).

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19. Marie1

Évoque Marie dans le Livre, quand elle quitta sa famille pour un lieu vers
l’Orient
Et se sépara plus encore en tendant un voile. Nous lui envoyâmes aussitôt
Notre Esprit2, qui prit l’apparence d’un homme accompli.
Elle dit alors : « Je me réfugie sous l’aile du Miséricordieux, si tu te prému-
nis toi-même contre le mal. »
Il lui répondit : « Je ne suis qu’un messager de ton Seigneur, venu te don-
ner un petit garçon plein de sainteté. »
« Comment pourrais-je avoir un petit garçon, dit-elle, alors qu’aucun
homme ne m’a touchée et que je ne suis pas une fille de joie ? »
Il lui répondit : « Il en sera pourtant ainsi, car ton Seigneur a dit : « C’est
chose aisée pour moi. Ce sera un Signe miraculeux pour les hommes et
une grâce que Nous leur ferons. «Et cela fut.
Marie, aussitôt, se trouva enceinte et s’en alla vers un lieu plus lointain.
Les douleurs la prirent contre le tronc d’un palmier, et elle dit : « Hélas !
que ne suis-je morte avant cela ! que ne suis-je ensevelie dans l’oubli !  »
Alors l’enfant l’appela de sous elle : « Ne sois pas triste : ton Seigneur a fait
couler pour toi un ruisseau3;
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Secoue le tronc du palmier sec pour en faire tomber des dattes déjà mûres.
Mange et bois, et sois en paix4. Si tu rencontres quelqu’un, tu lui diras :
– « J’ai fait envers le Miséricordieux le vœu de jeûner : je ne parlerai à
personne de tout le jour. »
Puis elle rapporta l’enfant dans sa communauté, et tous dirent : «  Ô Marie,
tu as commis là un acte abominable !
Sœur d’Aaron ! ton père n’a jamais fait le moindre mal et ta mère n’était
pas une prostituée ! »
Elle désigna l’enfant, et eux répondirent : « Comment pourrions-nous parler
avec un enfant au berceau ? »
Lors Jésus dit : « Je suis un serviteur de Dieu. Il m’a conféré le Livre. Il a
fait de moi un prophète.
Tous mes actes sont bénis, où que je sois. Il m’a recommandé la prière,
l’aumône, tant que je serai vivant,
Et la piété envers ma mère. Dieu n’a pas fait de moi un tyran plein de
misère !

1. Du verset 16 au verset 35.


2. Gabriel.
3. Le mot peut aussi être compris comme «gloire », qui se réfèrerait alors à Jésus lui-même (« ton Seigneur a fait
jaillir de toi une gloire »).
4. Littéralement : « rafraîchis tes yeux ».

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Le salut est sur moi du jour de ma naissance, le jour de ma mort, et le jour
où je serai ressuscité. »
Voilà le noble Jésus, fils de Marie, Parole de Vérité, au sujet duquel vous
vous disputez.
Dieu ne saurait avoir de descendance. Dieu est au-delà de tout. S’il veut
quelque chose, il lui suffit de dire : « Sois », et elle est.

27. Les fourmis5


[…]
Nous donnâmes une science à David et à Salomon, et ils dirent : « Louange
à Dieu qui nous a préférés parmi tous Ses adorateurs ! »
Salomon hérita de David, et déclara : « Ô vous, les hommes ! Nous avons
été initiés au langage des oiseaux, et nous avons été comblés de tous les
biens. Voilà, pour sûr, un privilège manifeste ! »
Or l’armée de ses serviteurs – les djinns, les hommes et les oiseaux, tous à
ses ordres – fut assemblée pour Salomon.
Et lorsque tous ces gens arrivèrent à la vallée des fourmis, l’une de celles-
ci s’écria : « Ô vous, les fourmis ! Rentrez vite dans vos demeures pour
éviter que Salomon et son armée de serviteurs ne vous écrasent sans
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s’en apercevoir ! »
Salomon ne put s’empêcher de rire en entendant ces mots : « Ô Seigneur,
dit-il, soutiens-moi dans l’action de grâce que je Te rends pour les bien-
faits que Tu m’as accordés, ainsi qu’à mes parents, et pour que j’ac-
complisse l’œuvre salutaire qui T’agrée. Que, grâce à Ta miséricorde, je
puisse compter au nombre de Tes justes adorateurs ! »
Or, après avoir cherché des yeux tous les oiseaux : « Pourquoi ne vois-je
pas la huppe «demanda-t-il. «Se serait-elle absentée ?
Si c’est le cas, je la châtierait lourdement, et même je l’égorgerai, à moins
qu’elle ne me fournisse une justification.»
La huppe aussitôt se posa non loin et lui répondit : « Je possède un savoir
que tu ne possèdes pas; je t’apporte une nouvelle certaine du pays de
Saba.
J’ai trouvé là-bas une femme, qui est la souveraine; elle est comblée de
tout, elle possède un trône majestueux.
Je l’ai trouvée, elle et son peuple, prosternée devant le soleil, ignorant
Dieu. Satan a embelli leurs actions et les a écartés du droit chemin : ce
sont des égarés.

5. Versets 15 à 44.

173

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Pourquoi ne se prosternent-ils pas devant Dieu, Lui qui fait surgir ce qui
est caché dans la terre et dans les cieux, et qui sait ce que vous cachez
et ce que vous exhibez ? – Dieu !... Il n’est pas de dieu, sinon Lui, le
Seigneur du trône majestueux ! »
Salomon lui dit : « Nous allons voir si tu dis vrai ou si tu comptes au nombre
de ceux qui mentent.
Pars avec cette lettre, et laisse-la tomber chez eux. Puis retire-toi et observe
leur réaction. »
Lors la reine dit : « Ô mon conseil, un noble message vient de m’être lancé.
Il vient de Salomon et dit : « Au nom de Dieu, le Miséricordieux, le Tout-
Compatissant, Ne vous jugez pas supérieurs à moi ! Venez vers moi
faire votre soumission. »
Et la reine ajouta : « Ô mes conseillers, donnez-moi un avis ! Je n’ai jamais
rien décidé sans que vous en soyez témoins. »
Le conseil répondit : « Nous sommes des hommes pleins de force et de
grande dureté. Mais à toi la décision ! Ordonne : que veux-tu faire ? »
Alors la reine : « En vérité, quand les rois entrent dans une ville, ils y portent
la ruine et asservissent les habitants les plus puissants. » (C’est en effet
ce qu’ils font.)
« Quant à moi, je vais leur envoyer un présent et je verrai bien ce que me
rapportent mes ambassadeurs. »
Lorsque l’ambassade arriva devant Salomon, ce dernier leur dit : « Quoi !
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vous m’offrez de l’argent ? Mais ce que Dieu m’a donné est bien supé-
rieur ! C’est vous qui êtes heureux quand on vous fait des présents !
Rentrez chez vous. Nous allons venir avec une armée comme on n’en a
jamais vue de semblable. Nous expulseront, misérables et soumis, les
habitants de cette cité. »
Et il ajouta : « Ô mes conseillers, qui d’entre vous m’apportera le trône de
la reine, avant qu’ils ne se soumettent ? »
Un rebelle d’entre les djinns lui répondit : « Moi, je puis te l’apporter,
avant même que tu ne te sois levé de ton siège. Je suis fort et digne de
confiance. »
Mais celui qui possédait la science du Livre dit : « Moi je te l’apporterai
avant même que tu n’aies cillé. « Et Salomon vit à l’instant le trône
déposé devant lui : « Cela, dit-il, est une grâce de mon Seigneur pour
me mettre à l’épreuve. Ferai-je preuve envers Lui de reconnaissance
ou bien d’ingratitude ? – Qui est reconnaissant, il l’est pour lui-même;
et qui est ingrat, qu’il sache que mon Seigneur se suffit à Soi-même et
qu’Il est riche et généreux.
Il dit alors : « Rendez ce trône méconnaissable à ses yeux. Nous verrons bien
si Dieu le fait reconnaître à la reine ou si elle est au nombre des égarés.»
Et quand la reine arriva, on lui dit : « Ton trône ressemble-t-il à celui-ci ? »
– « ... On dirait bien que c’est le mien», répondit-elle. Et Salomon :

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« Nous avions la science avant elle, car nous étions de Ceux qui se
soumettent. »
Elle, en revanche, adorait d’autres divinités que Dieu : elle était d’un
peuple infidèle.
Et puis on dit à la reine d’entrer dans un palais immense. Elle, croyant
que c’était une mer ondoyante, dénuda ses jambes. Lors Salomon lui
dit : « Ce n’est qu’un palais de cristal poli. » « Ô Seigneur ! dit-elle alors,
j’étais injuste envers moi-même ! Auprès de Salomon, je me soumets à
Dieu, Seigneur des mondes. »

38. Ceux qui sont rangés en ordre6

Par les anges, qui sont rangés en bel ordre !


Par eux qui châtient d’un châtiment !
Par eux qui récitent le Coran !
Votre Dieu, à coup sûr, est unique.
Il est Seigneur des cieux et de la terre, et de ce qui se trouve entre les deux,
le Seigneur des Orients !
Nous avons orné le premier ciel d’un ornement d’étoiles
Pour le garder de tout démon rebelle.
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Ceux-ci ne peuvent point saisir ce que prononce l’Assemblée sublime7; on
les harcèle de tous côtés;
On les repousse (pour eux, la souffrance perpétuelle, cause de mille souf-
frances!),
Et si l’un d’eux, tout de même, saisit au vol quelque chose, aussitôt une
étoile filante vient l’atteindre8 !
[…]
(Abraham) dit : « En vérité, je vais aller vers mon Seigneur : Il me guidera.»
« Ô Seigneur ! donne-moi des enfants qui soient justes ! »
Et aussitôt Nous lui annonçâmes une nouvelle souriante : un enfant plein
de patience.
Or dès qu’il fut capable d’accompagner son père, ce dernier lui dit : « Mon
tendre fils, je me vois en rêve t’égorger : qu’en penses-tu ? »
Son fils lui dit : « Mon père bien-aimé, fais ce que tu as à faire : tu me trou-
veras, Si Dieu le veut, parmi les patients. »
Lors, quand ils se furent soumis, et qu’Abraham eut brusquement jeté
sonfils le front contre la terre, Nous l’appelâmes : « Ô Abraham !

6. On donne ici les versets 1 à 10 et 99 à 109.


7. L’Assemblée des anges.
8. Cf. la sourate «Celui qui vient le soir », n° 86, v. 3, note 15.

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Tu as cru dans ton rêve. Ainsi récompensons-Nous ceux qui agissent bien.
Car, pour sûr, cette épreuve était claire. »
Nous avons racheté son fils au moyen d’une victime miraculeuse9.
Nous perpétuerons son souvenir à jamais.
La paix soit donc sur Abraham !

53. L’Étoile

Par l’étoile quand elle disparaît à l’aube !


Non, votre compagnon10 n’est pas un égaré; il ne garde pas pour lui la
vérité.
Il ne parle pas de son propre chef.
Ce n’est qu’une Révélation dévoilée par degrés;
L’Ange puissant et beau, l’Ange fort11 la lui inspire.
Il s’est assis en majesté à l’horizon suprême, cet Ange redoutable,
Puis il s’est rapproché, s’est tenu en suspens
À la distance de deux arcs bandés, ou peut-être moins encore,
Et il a révélé au Serviteur de Dieu ce qu’il devait lui révéler.
Le cœur du Prophète n’a pas mis en doute ce qu’il a vu.
Pourquoi donc douter de ce qu’il voit ?
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En vérité, il a vu descendre l’Ange une autre fois
Près du Jujubier de la Limite
Derrière lequel se trouve le Jardin du Refuge,
Un Jujubier dans lequel pénètrent des choses merveilleuses.
Son regard ne s’est pas détourné,
Mais il n’a pas cherché à pénétrer plus loin.
Il a vu de son Seigneur le plus grand Signe.
Avez-vous donc regardé les déesses Allat, Al ‘Uzza, et Manat, la troisième ?
Vous avez gardé le dieu mâle ?
Et vous lui avez donné des filles ?
Quel partage insensé !
Ce ne sont que purs vocables
Que vos pères et vous-mêmes leur avez donnés;
Dieu n’a fourni nulle preuve de leur puissance.
Tous ces gens-là ne suivent que des conjectures
Et ce qui plaît à leur âme,
Alors que leur Seigneur leur a donné la juste direction.

9. Il s’agit naturellement du bélier, qu’on sacrifie rituellement le jour de l’Aïd-el-Kebir en souvenir du sacrifice
d’Abraham.
10. Le Prophète.
11. Gabriel.

176

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Rien de ce que désire l’homme n’est à sa portée :
La vie d’ici-bas et la vie d’après n’appartiennent qu’à Dieu.
Combien d’anges dans les cieux intercèderont en vain, sinon quand Dieu
l’aura permis pour les âmes qu’il veut voir sauvées ?
Ceux qui ne croient pas à l’autre vie donnent aux anges des noms de
femmes !
Les ignorants ! ils ne suivent qu’un leurre, et l’illusion est impuissante face
à la vérité.
Détourne-toi de l’homme qui oublie Notre souvenir
Et ne désire rien que la vie d’ici-bas.
C’est là toute l’étendue de leur connaissance !
En vérité, ton Seigneur connaît parfaitement celui qui erre et celui qui suit
le droit chemin.
Tous les êtres, inanimés, animaux, ou doués de raisons, tous les êtres ap-
partiennent à Dieu, et Il châtiera ceux qui font le mal et rétribuera par
une récompense magnifique ceux qui font le bien.
Pour ceux qui s’écartent des grands péchés et de la luxure,
Ou ne commettent que des fautes légères,
En vérité, ton Seigneur est large de pardon.
Il vous connaissait parfaitement au moment où il vous a créés de terre, et
il vous connaît quand vous n’êtes que des embryons dans le ventre de
votre mère.
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Ne soyez pas satisfaits de vous-mêmes : Dieu seul connaît ceux qui Le
vénèrent.
As-tu vu celui qui s’est détourné de la Loi : il a peu donné, et aussitôt il a
buté contre un obstacle.
Possède-t-il la science du Secret qui lui permettrait de voir ?
N’a-t-il pas vu les Écritures12 de Moïse et celles d’Abraham, qui fut jadis
parfaitement fidèle ?
Chacun n’est responsable que de sa propre charge de mal.
Il n’y a rien pour l’homme que ce qu’il accomplit;
Ses œuvres, Nous les regarderons,
Et elles recevront en récompense l’ultime récompense.
En vérité, la fin et la limite, c’est ton Seigneur.
C’est Lui qui fait rire et pleurer,
C’est Lui qui fait vivre et mourir.
Il a créé le couple, mâle et femelle,
D’une goutte de sperme éjaculée,
Et il s’est engagé à les ressusciter.
C’est Lui qui rend riche et qui rend pauvre.
Et c’est Lui le Seigneur de Sirius.

12. Littéralement : « feuillets ».

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Il a détruit les anciens ‘Ad et tous les Thamoud13,
Et avant eux le peuple de Noé, peuple injuste et rebelle.
Il a soulevé puis laissé retomber la cité de Loth :
Il l’a comblée de décombres.
De quel bienfait de ton Seigneur peux-tu douter ?
Cet homme est un Avertisseur14, au nombre des anciens Avertisseurs.
Le Jour approchant s’approche,
Mais Dieu seul pourrait dévoiler son secret.
De ces paroles vous doutez avec stupeur ?
Vous en riez avec mépris,
Et vous ne pleurez pas ?
Prosternez-vous devant Dieu. Adorez-le.

86. Celui qui vient le soir

Par le ciel et par celui qui vient le soir !


Mais comment saurais-tu ce qu’est Celui qui vient le soir ?
C’est une étoile qui brille et perce15 !
Près de chaque âme se tient un Protecteur.
Que l’homme considère donc de quoi il fut créé :
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Il fut créé d’une goutte d’eau jaillissante,
Jaillie d’entre les reins de l’homme et le sein de la femme.
Oui, à coup sûr, Dieu peut ressusciter les hommes.
Le Jour où les secrets seront manifestés,
Pour l’homme, alors, plus de secours, de force aucune !
Par le ciel, par le retour des nuages chargés de pluie !
Par la terre qui se craquelle !
Oui, cette parole est vérité,
Elle n’est point chose frivole !
Certes, les infidèles usent de ruses,
Mais je sais Moi aussi l’usage de la ruse...
Laisse-leur donc un sursis, laisse-leur donc un bref délai.

13. Anciens peuples disparus.


14. C’est-à-dire un Prophète.
15. C’est-à-dire - selon de nombreux commentateurs – qui perce les démons.

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89. L’Aurore

Par l’Aurore !
Par les dix nuits !
Par le pair et l’impair !
Par la nuit qui s’en va !
Ne sont-ce pas là des serments pour qui raisonne et connaît les limites ?
N’as-tu pas vu ce que ton Seigneur fit des ‘Ad
Et d’Iram aux colonnes élevées,
Une cité comme jamais on n’en bâtit de semblable ?
Et des Thamoud qui ont gravé les rocs de la vallée ?
Et de Pharaon, maître des pyramides16 ?
Et de tous ceux qui furent injustes dans le monde et multiplièrent
les mauvaisetés ?
Sur eux ton Seigneur abattit le fouet du châtiment.
Ton Seigneur est sans cesse aux aguets.
Quant à l’homme, lorsque son Seigneur le met à l’épreuve en le comblant
d’honneurs et de bienfaits, il dit : « Mon Seigneur m’honore ! »
Et quand Dieu réduit ses grâces, il dit : « Mon Seigneur me méprise ! »
Eh bien, non ! C’est vous qui êtes avares avec les orphelins,
Vous ne vous incitez pas l’un l’autre à nourrir les pauvres,
Vous dévorez sans scrupules les héritages,
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Vous aimez l’argent d’un amour sans limites.
Eh bien, non ! Quand la terre sera réduite en poussière et damée,
Ton Seigneur s’avancera en compagnie de ses Anges en bon ordre,
Ce jour-là l’on amènera la Géhenne, et ce jour-là l’homme se souviendra
– mais à quoi bon ?...
Il dira : « Hélas, malheur sur moi ! j’aurais dû préparer ma vie future ! »
Et, ce jour-là, nul ne sera châtié que de son châtiment;
Nul ne sera enchaîné que de ses propres chaînes.
Âme sereine, ô toi,
Retourne vers ton Seigneur, agréante et agréée,
Entre au nombre de Mes serviteurs,
Entre dans Mon Jardin.

16. Littéralement : « des pieux » ou des « piquets ». Certains, pensant aux piquets des tentes, comprennent :
« maîtres des tentes »et donc : « maître des armées ». Par contamination des vers précédents, nous avons choisi de
comprendre « maître des piliers »et donc «des pyramides ».

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90. La Ville sainte17

Oui, Je le jure par cette Ville !


(Et toi qui es d’ici, tu te trouves sans défense !)
Par un Père et par sa descendance18 !
Ah, pour sûr, Nous avons créé l’homme pour la peine !
Pense-t-il que jamais personne n’aura pouvoir sur lui ?
Il dit : « J’ai gaspillé des monceaux de richesses ! »
Pense-t-il que personne ne l’a vu ?
Ne lui ai-Je pas donné deux yeux,
Une langue et deux lèvres ?
Nous lui avons montré les deux chemins,
Mais il ne s’est pas engagé vers la hauteur !
Et qu’est-ce que le chemin vers la hauteur ?
C’est : affranchir un esclave,
Ou nourrir, en temps de famine,
Un orphelin de tes proches,
Un miséreux couché dans la poussière.
C’est : compter parmi ceux qui ont cru, qui s’encouragent l’un l’autre à la
patience, qui s’encouragent l’un l’autre à la miséricorde.
Ceux-là sont les compagnons de la droite.
Mais ceux qui n’ont pas eu foi dans Nos Signes, ceux-là sont les
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compagnons de la gauche
Et ils sont dans une sphère de feu sans issue !

93. La Brillance du matin

Par la brillance du matin !


Par la nuit paisible qui s’assombrit !
Ton Seigneur ne t’a pas abandonné; il ne t’a point haï !
Ah, certes, l’autre vie vaut mieux que celle-ci,
Et ton Seigneur t’y prodiguera Ses dons à satiété.
N’est-ce pas orphelin qu’Il t’a trouvé ? Il t’a sitôt donné refuge.
Il t’a trouvé sans lieu, Il t’a guidé.
Il t’a trouvé pauvre, Il t’a comblé.
Ainsi l’orphelin, ne lui fais pas violence !
Le mendiant, ne le repousse pas !
Et les bienfaits de ton Seigneur, ne cesse pas de les louer !
17. Traduit littéralement, le titre de cette sourate serait plutôt «la Cité ». Mais il s’agit de La Mecque, « mère de
toutes les cités », d’où notre choix.
18. Les exégètes hésitent sur l’identification de ce Père : Abraham ou Adam.

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94. L’Ouverture

N’avons-Nous pas élargi ton cœur19,


Et déchargé ton échine du fardeau
Qui la faisait craquer ?
N’avons-Nous pas exalté le souvenir de toi ?
Certes, après les entraves et les soucis s’en vient l’apaisement,
Après les entraves et les soucis s’en vient l’apaisement.
Une fois que tu as prêché, lance-toi dans la lutte intérieure,
Et soupire ardemment vers ton Seigneur.

97. Le Destin20

Nous l’avons fait descendre en la nuit du Destin.


Et que sais-tu de la nuit du Destin ?
Cette nuit du Destin vaut mieux que mille mois;
Les anges et l’Esprit21 descendent en elle avec la permission de leur
Seigneur pour récapituler les choses.
Qu’elle soit donc la Paix jusqu’au lever de l’aube !
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100. Les Cavales

Par les cavales galopantes qui halètent,


Les sabots jaillissant d’étincelles,
Quand à l’attaque au petit jour elle s’apprêtent,
Font voler sous leurs pieds la poussière,
Et pénètrent jusqu’au cœur de la mêlée !
L’homme envers son Seigneur est vraiment un ingrat!
Il est témoin de sa propre ingratitude,
Mais il aime les biens terrestres, il est cupide.
Ne saurait-il donc pas qu’à l’Heure où sera bouleversé ce que renferment
les tombes,
Le fruit des cœurs sera mis au jour ?
Oui, ce Jour-là, le Seigneur saura parfaitement ce qui est au fond d’eux.

19. On voit généralement ici une allusion à un épisode de l’enfance du Prophète, lorsque deux anges lui ouvrirent la
poitrine pour purifier son cœur avec de la neige. C’est pourquoi, du reste, nous traduisons ici « poitrine » par « cœur ».
20. Jacques Berque insiste sur l’étymologie du terme « Qadr », où l’on peut entendre « grandeur », « sublimité ». Le
concept de « Leylat-al-Qadr , « Nuit du Destin », recouvrant un événement majeur de la religiosité islamique (il s’agit
de la nuit du 26e au 27e jour du Ramadan), nous suivons ici l’acception qui est reçue dans tout le monde musulman.
21. Il s’agit de l’ange Gabriel.

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103. Le Cycle du temps

Oui, Je le jure par le Cycle du temps :


Les hommes sont déjà perdus.
À moins qu’il n’aient la foi, qu’ils n’accomplissent les bonnes œuvres, qu’ils
se poussent l’un l’autre à chercher le Bien suprême, qu’ils se poussent
l’un l’autre à la patience.

112. L’Unicité

Dis : Lui, le Dieu, l’Unique,


Le Dieu de complétude –
Il n’engendra ni ne fut engendré,
Il n’eut jamais à lui-même d’égal22.
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22. Les 3e et 4e versets sont en réalité des relatives du premier verset (« Dis : Lui [est] Dieu Un [...], qui n’en-
gendra, etc. »). Nous en faisons des propositions simples pour permettre de restituer mot à mot la triade initiale,
où l’absence structurelle du verbe être dans la langue arabe permet ici d’énoncer la proposition métaphysique sur
laquelle repose tout l’Islam.

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