Poesi 112 0167
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Présentés par Michel Orcel, traduction par Mohammed Aït Laâmim et Michel Orcel
Belin | « Po&sie »
12/10/2016 11:19
Le Coran
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Sourates et fragments
présentés par Michel Orcel
traduction par Mohammed Aït Laâmim
et Michel Orcel
On me demande de m’expliquer sur les raisons qui m’ont poussé à entreprendre avec
l’aide d’un ami marocain la traduction de quelques fragments du Coran. Si malaisé qu’il soit
de mettre un peu de raison là où compte avant tout l’affect, je trouve à exposer deux ou trois
mobiles. La traduction représentant une bonne part de mon activité littéraire, on conviendra
sans mal qu’un traducteur peut difficilement échapper à la tentation de traduire, au moins
en partie, le Texte fondateur de la civilisation dans laquelle il vit depuis plusieurs années.
Par ailleurs, m’intéressant au monde arabo-musulman depuis plus de vingt ans et tôt ou tard
déçu par toutes les traductions du Coran que j’ai fréquentées, le temps était venu pour moi,
malgré mon infirmité linguistique, de mettre à l’épreuve mon expérience de traducteur et ma
connaissance de l’islam face au grand Texte.
Bien que la traductologie soit impuissante à faire le traducteur, j’ai, en plusieurs endroits,
reconnu ma dette, non seulement envers les suggestions germinales de W. Benjamin, mais
envers les travaux d’A. Berman et de J.-Ch. Vegliante. Cela étant posé, on m’accordera
d’abord que la traduction est une tentative de faire émerger, non tant des signifiés souter-
rains, qu’une forme originelle – toujours fuyante, sans doute, mais qui reste l’objectif et la
raison d’être du traducteur. On sait du reste que, plus la structure de la langue de départ est
éloignée de celle de la langue d’accueil, plus la question de cette forme signifiante prend
de l’importance.
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6. Paris, 2001.
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Évoque Marie dans le Livre, quand elle quitta sa famille pour un lieu vers
l’Orient
Et se sépara plus encore en tendant un voile. Nous lui envoyâmes aussitôt
Notre Esprit2, qui prit l’apparence d’un homme accompli.
Elle dit alors : « Je me réfugie sous l’aile du Miséricordieux, si tu te prému-
nis toi-même contre le mal. »
Il lui répondit : « Je ne suis qu’un messager de ton Seigneur, venu te don-
ner un petit garçon plein de sainteté. »
« Comment pourrais-je avoir un petit garçon, dit-elle, alors qu’aucun
homme ne m’a touchée et que je ne suis pas une fille de joie ? »
Il lui répondit : « Il en sera pourtant ainsi, car ton Seigneur a dit : « C’est
chose aisée pour moi. Ce sera un Signe miraculeux pour les hommes et
une grâce que Nous leur ferons. «Et cela fut.
Marie, aussitôt, se trouva enceinte et s’en alla vers un lieu plus lointain.
Les douleurs la prirent contre le tronc d’un palmier, et elle dit : « Hélas !
que ne suis-je morte avant cela ! que ne suis-je ensevelie dans l’oubli ! »
Alors l’enfant l’appela de sous elle : « Ne sois pas triste : ton Seigneur a fait
couler pour toi un ruisseau3;
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5. Versets 15 à 44.
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53. L’Étoile
9. Il s’agit naturellement du bélier, qu’on sacrifie rituellement le jour de l’Aïd-el-Kebir en souvenir du sacrifice
d’Abraham.
10. Le Prophète.
11. Gabriel.
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Par l’Aurore !
Par les dix nuits !
Par le pair et l’impair !
Par la nuit qui s’en va !
Ne sont-ce pas là des serments pour qui raisonne et connaît les limites ?
N’as-tu pas vu ce que ton Seigneur fit des ‘Ad
Et d’Iram aux colonnes élevées,
Une cité comme jamais on n’en bâtit de semblable ?
Et des Thamoud qui ont gravé les rocs de la vallée ?
Et de Pharaon, maître des pyramides16 ?
Et de tous ceux qui furent injustes dans le monde et multiplièrent
les mauvaisetés ?
Sur eux ton Seigneur abattit le fouet du châtiment.
Ton Seigneur est sans cesse aux aguets.
Quant à l’homme, lorsque son Seigneur le met à l’épreuve en le comblant
d’honneurs et de bienfaits, il dit : « Mon Seigneur m’honore ! »
Et quand Dieu réduit ses grâces, il dit : « Mon Seigneur me méprise ! »
Eh bien, non ! C’est vous qui êtes avares avec les orphelins,
Vous ne vous incitez pas l’un l’autre à nourrir les pauvres,
Vous dévorez sans scrupules les héritages,
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16. Littéralement : « des pieux » ou des « piquets ». Certains, pensant aux piquets des tentes, comprennent :
« maîtres des tentes »et donc : « maître des armées ». Par contamination des vers précédents, nous avons choisi de
comprendre « maître des piliers »et donc «des pyramides ».
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97. Le Destin20
19. On voit généralement ici une allusion à un épisode de l’enfance du Prophète, lorsque deux anges lui ouvrirent la
poitrine pour purifier son cœur avec de la neige. C’est pourquoi, du reste, nous traduisons ici « poitrine » par « cœur ».
20. Jacques Berque insiste sur l’étymologie du terme « Qadr », où l’on peut entendre « grandeur », « sublimité ». Le
concept de « Leylat-al-Qadr , « Nuit du Destin », recouvrant un événement majeur de la religiosité islamique (il s’agit
de la nuit du 26e au 27e jour du Ramadan), nous suivons ici l’acception qui est reçue dans tout le monde musulman.
21. Il s’agit de l’ange Gabriel.
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112. L’Unicité
22. Les 3e et 4e versets sont en réalité des relatives du premier verset (« Dis : Lui [est] Dieu Un [...], qui n’en-
gendra, etc. »). Nous en faisons des propositions simples pour permettre de restituer mot à mot la triade initiale,
où l’absence structurelle du verbe être dans la langue arabe permet ici d’énoncer la proposition métaphysique sur
laquelle repose tout l’Islam.
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