Thermique (1) - 10-19
Thermique (1) - 10-19
Thermique (1) - 10-19
Il faut tout d’abord définir un système (S) par ses limites dans l’espace et il faut ensuite établir l’inventaire
des différents flux de chaleur qui influent sur l’état du système et qui peuvent être :
(S)
On applique alors le 1er principe de la thermodynamique pour établir le bilan d’énergie du système (S) :
ϕ e + ϕ g = ϕ s + ϕ st (1.4)
Il faut ensuite établir les expressions des différents flux d’énergie. En reportant ces expressions dans le bilan
d’énergie, on obtient l’équation différentielle dont la résolution permet de connaître l’évolution de la température
en chaque point du système.
1.3.2.1 Conduction
C’est le transfert de chaleur au sein d’un milieu opaque, sans déplacement de matière, sous l’influence d’une
différence de température. La propagation de la chaleur par conduction à l’intérieur d’un corps s’effectue selon
deux mécanismes distincts : une transmission par les vibrations des atomes ou molécules et une transmission par
les électrons libres.
La théorie de la conduction repose sur l’hypothèse de Fourier : la densité de flux est proportionnelle au
gradient de température :
→ →
ϕ = − λ S grad (T ) (1.5)
∂T
Ou sous forme algébrique : ϕ = −λ S (1.6)
∂x
∂T
T1 T1 > T2 T2
ϕ= −λS
∂x
x
Figure 1.3 : Schéma du transfert de chaleur conductif
On trouvera dans le tableau 1.1 les valeurs de la conductivité thermique λ de certains matériaux parmi les
plus courants. Un tableau plus complet est donné en annexe A.1.1.
Tableau 1.1 : Conductivité thermique de certains matériaux
1.3.2.2 Convection
C’est le transfert de chaleur entre un solide et un fluide, l’énergie étant transmise par déplacement du fluide.
Ce mécanisme de transfert est régi par la loi de Newton :
Fluide à T∞ ϕ
(
ϕ = h S Tp − T∞ ) (1.7)
Tp
S
Avec :
ϕ Flux de chaleur transmis par convection (W)
h Coefficient de transfert de chaleur par convection (W m-2 °C-1)
Tp Température de surface du solide (°C)
T∞ Température du fluide loin de la surface du solide (°C)
S Aire de la surface de contact solide/fluide (m2)
Remarque : La valeur du coefficient de transfert de chaleur par convection h est fonction de la nature du fluide,
de sa température, de sa vitesse et des caractéristiques géométriques de la surface de contact
solide/fluide.
1.3.2.3 Rayonnement
C’est un transfert d’énergie électromagnétique entre deux surfaces (même dans le vide). Dans les problèmes
de conduction, on prend en compte le rayonnement entre un solide et le milieu environnant et dans ce cas nous
avons la relation :
Yves Jannot 9
Transferts thermiques
Milieu environnant
ϕ à T∞
Tp (
ϕ = σ ε p S Tp 4 − T∞ 4 ) (1.8)
Lorsqu’un débit massique m & de matière entre dans le système à la température T1 et en ressort à la
température T2, on doit considérer dans le bilan (1.5) un flux de chaleur entrant correspondant :
& c p (T1 − T2 )
ϕe = m
(1.9)
Le stockage d’énergie dans un corps correspond à une augmentation de son énergie interne au cours du temps
d’où (à pression constante et en l’absence de changement d’état) :
∂T
ϕ st = ρ V c (1.10)
∂t
Elle intervient lorsqu’une autre forme d’énergie (chimique, électrique, mécanique, nucléaire) est convertie en
énergie thermique. On peut l’écrire sous la forme :
ϕ g = q& V (1.11)
ϕg
ϕx ϕx+dx
L»e
L
ϕst
0 x x + dx e
Figure 2.1 : Bilan thermique sur un système élémentaire
∂T ∂T
Avec : ϕ x = − λ S et ϕ x + dx = − λ S
∂x x ∂x x + dx
•
ϕ g = q S dx
∂T
ϕ st = ρ c S dx
∂t
En reportant dans le bilan d’énergie et en divisant par dx, nous obtenons :
∂T ∂T
λ S − λ S
∂x x + dx ∂x x • ∂T
+ qS = ρ c S
dx ∂t
∂ ∂T •
∂T
Soit : λS +qS = ρcS
∂x ∂x ∂t
Et dans le cas tridimensionnel, nous obtenons l’équation de la chaleur dans le cas le plus général :
∂ ∂T ∂ ∂T ∂ ∂T • ∂T (2.1)
λx + λ y + λz +q = ρc
∂x ∂x ∂y ∂y ∂z ∂z ∂t
Yves Jannot 11
Transferts thermiques
d) Si de plus λ est constant (écart modéré de température), nous obtenons l’équation de Poisson :
a ∇ 2 T = ∂T
∂t (2.2)
Le rapport a = λ est appelé la diffusivité thermique (m2.s-1) qui caractérise la vitesse de propagation
ρc
d’un flux de chaleur à travers un matériau. On en trouvera des valeurs en annexe A.1.1.
∇2T = 0 (2.3)
∂ 2 T + 1 ∂T + 1 ∂ 2 T + ∂ 2 T + q = 1 ∂T (2.4)
∂r 2 r ∂r r 2 ∂θ 2 ∂z 2 λ a ∂t
Dans le cas d’un problème à symétrie cylindrique où la température ne dépend que de r et de t, l’équation
•
1 ∂ ∂T q 1 ∂T
(2.4) peut s’écrire sous forme simplifiée : r + =
r ∂r ∂r λ a ∂t
1 ∂ (r T ) +
•
2
1 ∂ sin θ ∂T + 1 ∂ 2 T + q = 1 ∂T
(2.5)
r ∂r 2 r sinθ ∂θ
2 ∂θ r sin θ ∂ϕ 2
2 2 λ a ∂t
T1 λ
ϕx ϕx+dx
Section
transversale S
T2
0 x e
x + sur un mur simple
Figure 2.2 : Bilan thermique élémentaire
En effectuant un bilan thermique sur le système (S) constitué par la tranche de mur comprise entre les
abscisses x et x + dx, il vient :
dT dT
ϕ x = ϕ x + dx ⇒ −λ S = −λ S
dx x dx x + dx
dT
D’où = A et T(x) = A x + B
dx
Avec les conditions aux limites : T (x = 0) = T1 et T (x = e) = T2
D’où : T = T1 −
x
(T1 − T2 ) (2.6)
e
Le profil de température est donc linéaire. La densité de flux de chaleur traversant le mur s’en déduit par la
dT
relation : φ = −λ , d’où :
λ (T1 − T2 )
dx
φ= (2.7)
e
(T1 − T2 )
La relation (2.7) peut également se mettre sous la forme : ϕ = , cette relation est analogue à la
e
λS
loi d’Ohm en électricité qui définit l’intensité du courant comme le rapport de la différence de potentiel
électrique sur la résistance électrique. La température apparaît ainsi comme un potentiel thermique et le terme
e
apparaît comme la résistance thermique d’un mur plan d’épaisseur e, de conductivité thermique λ et de
λS
surface latérale S. On se ramène donc au schéma équivalent représenté sur la figure 2.3.
ϕ
T1 T2
e
R=
λS
Figure 2.3 : Schéma électrique équivalent d’un mur simple
Tf1 − Tf2
D’où : ϕ = (2.8)
1 eA eB eC 1
+ + + +
h1 S λA S λB S λC S h2 S
Yves Jannot 13
Transferts thermiques
Tf1
λA λB λC
λA
Fluide 1
T1
T3 ϕ
T2
convection
convection
coefficient h2
coefficient h1
T3
T4
Tf2
eA eB eC
Fluide 2
Figure 2.4 : Schématisation des flux et des températures dans un mur multicouches
On a considéré que les contacts entre les couches de différentes natures étaient parfaits et qu’il n’existait pas
de discontinuité de température aux interfaces. En réalité, compte-tenu de la rugosité des surfaces, une micro-
couche d’air existe entre les creux des surfaces en regard qui contribue à la création d’une résistance thermique
(l’air est un isolant) appelée résistance thermique de contact. La formule précédente s’écrit alors :
Tf1 − Tf2
ϕ =
1 + eA + R + eB + R + eC + 1
AB BC (2.9)
h1 S λ A S λB S λC S h 2 S
Remarques :
- Une résistance thermique ne peut être définie en l’absence de sources que sur un tube de flux.
- Cette résistance thermique de contact est négligée si le mur comporte une paroi isolante ou si les parois
sont jointes par soudure.
C’est le cas le plus couramment rencontré dans la réalité où les parois ne sont pas homogènes. Considérons à
titre d’exemple un mur de largeur L constitué d’agglomérés creux (figure 2.6).
En supposant le transfert unidirectionnel et en tenant compte des axes de symétrie, on peut se ramener au
calcul du flux à travers l’élément isolé sur la droite de la figure et calculer la résistance thermique R équivalente
d’une portion de mur de largeur L et de hauteur ℓ= ℓ1 + ℓ2 + ℓ3 en utilisant les lois d’association des résistances
en série et en parallèle par la relation :
1
R = R1 + R 2 + + R6 + R7
1 1 1
+ +
R3 R 4 R5
e1 e2 e3
Mur en
aggloméré creux
ℓ1
Milieu 1 ℓ2
Convection Convection
h1 h2
Milieu 2
ℓ3
Avec :
1 e1 e2 e2 e2 e3 1
R1 = ; R2 = ; R3 = ; R4 = ; R5 = ; R6 = ; R7 =
h1 l L λ1 l L λ 2 l1 L λ1 l 2 L λ2 l3 L λ1 l L h2 lL
ce qui peut être schématisé par le schéma électrique équivalent représenté sur la figure 2.7.
R3
R1 R2 R4 R6 R7
R5
ϕ r + dr
ϕr
r
r+dr
Effectuons le bilan thermique du système constitué par la partie de cylindre comprise entre les rayons r et
r + dr :
ϕ r = ϕ r + dr
Yves Jannot 15
Transferts thermiques
dT dT
Avec ϕr = − λ 2 π r L et ϕ r + dr = − λ 2 π (r + dr ) L
dr r dr r + dr
dT dT dT
Soit −λ 2π r L = − λ 2 π (r + dr ) L d’où r =C
dr r dr r + dr dr
Avec les conditions aux limites : T(r1) = T1 et T(r2) = T2
r
ln
D’où : T (r ) − T1 r1
(2.10)
=
T2 − T1 r
ln 2
r1
dT
Et par application de la relation ϕ = − λ L 2π r , on obtient :
dr
2π λ L (T1 − T2 )
ϕ= (2.11)
r
ln 2
r1
r
ln 2
T1 − T2 r
1
Cette relation peut aussi être mise sous la forme : ϕ = avec R = et être représentée
12
R 12 2π λ L
par le schéma électrique équivalent de la figure 2.9.
ϕ
T1 T2
r
ln 2
r
R = 1
12
2π λ L
Figure 2.9 : Schéma électrique équivalent d’un cylindre creux
Fluide 2 Tf2
h2
T3
λB
T2
λA
T1 ϕ
h1 r1 r2 r3
Fluide 1 Tf1
C’est le cas pratique d’un tube recouvert d’une ou plusieurs couches de matériaux différents et où l’on ne
connaît que les températures Tf1 et Tf2 des fluides en contact avec les faces interne et externe du cylindre ; h1 et
h2 sont les coefficients de transfert de chaleur par convection entre les fluides et les faces internes et externes (cf.
figure 2.10)
En régime permanent, le flux de chaleur ϕ se conserve lors de la traversée des différentes couches et s’écrit :
2π λ A L (T1 − T2 ) 2π λ B L (T2 − T3 )
ϕ = h1 2π r1 L (Tf1 − T1 ) = = = h 2 2π r3 L (T3 − Tf2 )
r2 r3
ln ln
r1 r2
Tf1 − Tf2
ϕ=
D’où : r r
ln 2 ln 3
r (2.12)
+ 1 + 2 +
1 r 1
h1 2π r1 L 2π λ A L 2π λ B L h 2 2π r3 L
ce qui peut être représenté par le schéma électrique équivalent de la figure 2.11.
ϕ
Tf1 Tf2
1 r r 1
ln 2 ln 3
h1 2π r1 L r r h 2 2π r2 L
1 2
2π λ A L 2π λ B L
Dans les exemples traités précédemment, le transfert de chaleur entre une surface à température T et le milieu
environnant a été considéré comme purement convectif. Dans le cas où le fluide en contact avec la surface est un
gaz et où la convection est naturelle, le transfert de chaleur par rayonnement avec les parois (à la température
moyenne Tr ) entourant la surface peut devenir du même ordre de grandeur que le transfert de chaleur par
convection avec le gaz (à la température Tf ) au contact de la surface et ne peut plus être négligé. Il
s’écrit d’après la relation (1.9) :
(
ϕ r = σ ε S T 4 − Tr 4 )
que l’on peut mettre sous la forme : ϕ r = h r S (T − Tr )
(
hr étant appelé le coefficient de transfert radiatif : h r = σ ε T 2 + Tr 2 (T + Tr ) )
Les deux transferts, convectif et radiatif, s’effectuent en parallèle et le schéma électrique correspondant est
représenté sur la figure 2.12.
1
hc S ϕc
Tf
ϕ
T ϕ = ϕr + ϕc
ϕr
Tr
1
hr S
Figure 2.12 : Schéma électrique équivalent avec transferts convectif et radiatif simultanés
Yves Jannot 17