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Cours-Matriaux L2A 2021

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ESTPO

L2A

Chimie des matériaux

Dr moustapha SAWADOGO
Maître Assistant
Chimie minérale - chimie des matériaux

1
Plan du cours
Chapitre 1 : Préambule – Notions générales

Chapitre 2 : Liaisons atomiques - Cohésion et


propriétés des solides

Chapitre 3 : Céramiques, verres et les liants minéraux

Chapitre 4: Matériaux composites

Chapitre 5: Goudron, Bitume, Asphalte et enrobé

Chapitre 6 : Les solides cristallisés et les défauts


cristallins
Chimie des Matériaux 2
Objectifs du cours
Permettre à l’étudiant de distinguer les différents types de matériaux du
point de vue de: - leur structure et composants
- leurs propriétés physiques, chimiques et mécaniques
- leurs applications

 Il ne s'agit pas, par ce cours:


De rendre les étudiants spécialistes du choix des matériaux ni de leur
fournir une connaissance encyclopédique sur les matériaux.

 Il s'agit pour les étudiants :


- de baser leur raisonnement sur les propriétés des matériaux requises en
fonction de leur nature et des conditions d'utilisation.
- d’analyser un objet pour sa représentation
- d’associer plusieurs matériaux entre eux dans un projet, un concept
Chimie des Matériaux 3
Introduction
• Les matériaux sont en général le facteur limitant des
machines et définissent le niveau de développement de
l’humanité

• âge de pierre, puis de bronze, puis de fer


• maîtrise de l’acier : trains, automobile, …
• maîtrise des semi-conducteurs: informatique
• recherche du programme Apollo : matériaux nouveaux

• Matériau = est un solide utilisé par l’homme pour la


fabrication d’objets
Chimie des Matériaux
4
Introduction
• La science des matériaux est l’étude des relations qui
existent entre la structure et les propriétés générales de ces
matériaux
• La chimie des matériaux est l’étude des relations qui
existent entre la structure et les propriétés chimiques de ces
matériaux
• La structure d’un matériau correspond à la façon dont
s’agencent ses éléments constitutifs

Échelle
subatomique Échelle
Échelle
atomique Échelle
microscopique
macroscopique
2018 - 2019 Chimie des Matériaux
5
Chapitre 1:
Préambule – Notions générales

6
Chimie des Matériaux
1- Généralités
Matériaux

Matériaux Cristallins Matériaux amorphes

Organisation des atomes Les atomes sont ordonnés à


pour former une maille courtes distances
élémentaire. (molécules).

La maille élémentaire se Mais la structure ne


répète dans les 3 directions présente pas d’ordre à
de l’espace. grandes distances.

7
Chimie des Matériaux
Rôle essentiel des matériaux dans la société et les
mutations technologiques
- Propriétés des matériaux utilisés et comportement des matériaux limitant
les performances des machines et des équipements
- Disponibilité, coût, méthodes de synthèse et de fabrication
- Emploi des matériaux conditionné par les méthodes de transformation, leur
facilité de mise en forme et leur compatibilité avec l’environnement

Facteurs à prendre en compte pour l’utilisation des


matériaux dans la réalisation des objets
- Fonctions principales des objets et des structures
- Comportement intrinsèque des matériaux
8
Chimie des Matériaux
- Comportement des matériaux durant leur fabrication et leur transformation
- Comportement des matériaux vis-à-vis de l’environnement
- Prix de revient des diverses solutions envisagées
- Possibilité de recyclage ou d’élimination par incinération avec récupération
d’énergie
- Coût d’extraction des minerais fonction de:

• la situation géographique
• la conjoncture économique
• l’évolution des besoins et des techniques de traitement
• la conjoncture politique et sociale des pays producteurs

9
Chimie des Matériaux
Cycle des matériaux, Recyclage, Ressources

Chimie des Matériaux 10


2- Choix d’un matériau
Le Choix d’un matériau dépend de l'application. Il faut définir
précisément le besoin. Cela fait appel à la notion de fonction :
• cahier des charges fonctionnel (CDCF).
• Méthode APTE : diagramme pieuvre, validation du besoin

A qui rend il service? Sur quoi agit-il?

Pourquoi le besoin existe-t-il ?

Etude Qu'est-ce qui peut le faire évoluer ?

Qu'est-ce qui peut le faire disparaître ?

Dans quel but?


Chimie des Matériaux
11
3- Généralités et exemples
* Tous les ingénieurs utilisent des matériaux.

* La plupart des progrès technologiques ont été obtenus grâce à


l’évolution des matériaux.

* La science des matériaux : étude des relations entre...


- l’organisation de la matière à l’échelle atomique
- la microstructure
- les propriétés des matériaux

* L’utilisation des différents types de matériaux dépend :

des propriétés ; de la disponibilité ; du coût ; de la compatibilité avec


l’environnement et aussi de l’importance des travaux

* Exemple : route, centrale nucléaire 12


Chimie des Matériaux
Généralités et exemples

Propriétés des matériaux

• Matériaux anisotropes
les propriétés sont fonction de la direction
Exemples : bois, roches sédimentaires, fibres de verre

• Matériaux orthotropes
les propriétés sont définies selon trois axes
Exemples : laminés

• Matériaux isotropes
les propriétés sont les mêmes dans toutes les directions
Exemples : acier, béton
13
Chimie des Matériaux
Généralités et exemples
Caractérisation des matériaux

Aspects microscopiques
 Méthodes de caractérisation
- analyse chimique

- microscopie (optique, électronique)

- diffraction des rayons X

 Paramètres microstructuraux

- composition chimique
- arrangement atomique

- morphologie, taille
14
Chimie des Matériaux
Généralités et exemples Caractérisation des matériaux

Aspects macroscopiques

 Paramètres

Mécaniques Physiques Chimiques

- résistance - Résistivité électrique - enthalpie

- déformation - Conductibilité thermique - électronégativité

- coefficient de - perméabilité magnétique - énergie de liaison


poisson
... ...
...

15
Chimie des Matériaux
4- Les classes de matériaux
En fonction de la nature des liaisons et des structures atomiques Il y a
trois classes de matériaux

16
Chimie des Matériaux
Les classes de matériaux

Les semi-conducteurs
Les matériaux
métalliques et alliages Si, Ge, AsGa, InP...
Aciers Les céramiques
alliages d ’Al, de Ti, de Ni,
- céramiques
de Zn, de Zr etc…. - verres
- poteries
- ciments et bétons
- roches...
Les différentes
classes
de matériaux bio-matériaux

Les matériaux
composites Les polymères
- céramique-polymère - naturels
- céramique-métal Nanomatériaux ? - artificiels
- céramique-céramique - synthétiques
fullerènes thermoplastiques
Est-ce vraiment une classe ? nanotubes
élastomères
nanostructures…
17
Chimie des Matériaux
4-1- Les organiques
- d’origine végétale : qui proviennent essentiellement des plantes : bois,
écorce, laine, fibre ; Ce sont des matériaux naturels très utilisés et
biodégradables.
- d’origine pétrolière : les résidus solides de la distillation du pétrole sous
vide c’est-à-dire qui ne distille pas : le bitume ; le coke…
- d’origine animale : corne, cuir,…

- Les plastiques : Ce sont des matériaux synthétiques : Ils n'existent pas


dans la nature. Ils sont créés à partir de matières dérivées du pétrole.
Ce sont de mauvais conducteurs de chaleur et d'électricité : Isolants
Les plastiques se classent en deux grandes catégories :
• les thermoplastiques (qui devient plastique sous l’action de la chaleur)
• les thermodurcissables (qui durcit au dessus d’une certaine T° et qui ne
reprend plus sa consistance première) 18
Chimie des Matériaux
4-2- Les métaux
- Les métaux sont des éléments naturels. On les trouve à partir des
minéraux, parfois à partir du métal natif (pépites d’or). Ce sont de très
bons conducteurs du courant électrique et de chaleur. Ils s’oxydent. Une
fois triés, ils peuvent être facilement recyclés.
Ex : cuivre, aluminium, or, argent, plomb, zinc, …

- Les alliages de métaux : En incorporant à un métal un ou plusieurs


autres métaux, ou des éléments non métalliques, on forme des alliages.
Les métaux les plus courants permettent de distinguer 2 familles : les alliages
ferreux (la fonte) et les alliages non ferreux (le zamack, le laiton, le bronze,...)
Exemple : Acier (fer + carbone) ; Bronze (cuivre + étain) ; Zamack (zinc + alu
+ magnésium); Laiton (cuivre + zinc)
19
Chimie des Matériaux
4-3- Les céramiques et les verres

Ce sont les matériaux les plus anciennement utilisés par


l'homme.
- Les céramiques : sont très dures, très rigides, résistent à la
chaleur, à l'usure et à la corrosion, mais elles sont très fragiles.
Exemple : terre cuite, porcelaine, creuset, carreaux…...
- Le verre : est un mélange de sable, de soude et de calcaire.
Ce mélange est broyé et chauffé à 1500°C. Le verre sert à
fabriquer des bocaux, des bouteilles et autres récipients. Le
verre est collecté, car il peut être réemployé ou recyclé (Son
recyclage est cependant très polluant, comme sa fabrication).
20
Chimie des Matériaux
4-4- Les composites
Un matériau composite est constitué de deux phases essentielles : le renfort
et la matrice.

Les renforts se présentent sous forme de fibres continues ou discontinues. Le


rôle du renfort est d’assurer la fonction de résistance mécanique aux efforts.

Les renforts se présentent sous les formes suivantes : linéique, tissus


surfaciques, multidirectionnels . Le renfort peut être organique ou inorganique

La matrice assure quant à elle la cohésion entre les renforts de manière à


répartir les sollicitations mécaniques. L’arrangement des fibres, leur orientation
permettent de renforcer les propriétés mécaniques de la structure. La matrice
peut être organique ou inorganique

Chimie des Matériaux


21
Chapitre 2 :

Les liaisons atomiques -


cohésion et propriétés des solides

22
2019 - 2020 Chimie des Matériaux
1- Rappels sur la structure électronique des
atomes
Remplissage des couches électroniques quand Z augmente

L’énergie de liaison des électrons dépend de quatre nombres quantiques :

• n, nombre quantique principal : Nombres entiers : 1,2,3


niveau ou couche (K, L, M, N)
(taille de l’orbitale)

• l, nombre quantique angulaire : valeur : de 0 à n-1


sous-niveaux s, p, d, f,... (forme de l’orbitale)

• m, nombre quantique magnétique : valeur : de –l à +l (orientation des


orbitales)
• s, nombre de spin : valeur : ½ ou - ½ (sens de circulation)
Chimie des Matériaux 23
Rappels sur la structure électronique des atomes.

Comparaison des niveaux d’énergie quand Z augmente.

Chimie des Matériaux 24


Rappels sur la structure électronique des atomes.

Conséquences :

 Les éléments de la série de transition ont des électrons périphériques


peu liés.

 Rayons atomiques faibles. Grande conduction thermique et électrique.

 Oxydation facile (la corrosion aussi).

 Pas d’interaction avec les photons (réflecteurs de la lumière).

 Formation d’une liaison de type particulier (métallique) à l’état solide.

 Tendance à la compacité maximale.

 Cristallisation intense, dans des systèmes simples.

 Les métaux sont très nombreux (84% des éléments).


25
Chimie des Matériaux
Rappels sur la structure électronique des atomes.

26
2015 - 2016 Chimie des Matériaux
2- Quelques principes généraux
1- La cohésion des solides dépend avant tout du type des liaisons atomiques.

2- Les matériaux se répartissent en céramiques, métaux ou polymères.

3- 84% des éléments purs ont un comportement métallique.

4- Il existe de nombreuses phases à l’état solide, souvent métastables.

5- Beaucoup de matériaux sont polyphasés.

6- 80% des matériaux sont cristallisés, les autres sont amorphes.

7- Les matériaux cristallisés sont presque toujours polycristallins.


8- Le diamètre d’un atome quelconque est voisin de 0,25 nm.

9- On ne voit pas les atomes au microscope mais la microstructure

10- Celle-ci caractérise la nature, la taille et la disposition interne des phases


qui constituent un matériau, ainsi que les défauts qu’il contient.
Chimie des Matériaux 27
3- Les liaisons chimiques

3-1- La liaison covalente.

Les liaisons covalentes (ou homopolaires) s’établissent entre atomes


non ionisés et d’électronégativités semblables. Ces liaisons ne
s’interprètent qu’en mécanique quantique : des électrons
périphériques (électrons de valence) sont mis en commun et forment
une ou plusieurs paires d’électrons liantes.
Les électrons de la paire peuvent provenir de chacun des partenaires
de la liaison (ex. O2, N2, Cl2, CH4, NH3, H2O, ...) ou d’un seul d’entre
eux (liaison dative, ou donneur – accepteur, cette liaison est encore
appelée une liaison « semi-polaire »).
28
Chimie des Matériaux
3- Les liaisons chimiques

3-1- La liaison covalente.

Exemple du chlore : Liaison covalente homopolaire

29
Chimie des Matériaux
Les liaisons chimiques

Exemple du carbone diamant

Liaison covalente homopolaire.

Macromolécule par hybridation sp 3.

4 liaisons équivalentes très fortes.

Exemple du carbone graphite

Hybridation sp2.

3 liaisons fortes à 120°

1 liaison faible p.
30
Chimie des Matériaux
Les liaisons chimiques

3-2- La liaison ionique.


Les liaisons ioniques (ou hétéropolaires) se forment entre ions de signes contraires
(exemple :
Na+ et Cl−). Ces liaisons mettent en jeu la force électrostatique classique.
Dans ce cas, la liaison n’est pas dirigée dans l’espace : elle n’a pas de direction
préférentielle.
Des liaisons ioniques se formeront entre atomes qui donneront facilement des ions
positifs (énergie d’ionisation faible) et négatifs (grande affinité électronique).
Les liaisons purement ioniques n’existent pratiquement que dans les solides formés à
partir des colonnes opposées de la classification périodique, comme les halogénures
alcalins (NaCl) ou alcalino-terreux (CaCl2).

31
Chimie des Matériaux
Les liaisons chimiques

3-2- La liaison ionique.


A l’état solide, les ions occupent une position demandant le minimum d’énergie (et tendant vers
une stabilité maximale). La majorité de ces liaisons se retrouvent dans les cristaux. Dans tous
ces composés, que ce soit à l’état fondu ou en dissolution, il existe toujours une conductibilité
électrique que l’on retrouve même à l’état gazeux.
Dans KCl par exemple, K+ et Cl- sont assimilables à un ensemble de deux charges +q, -q. Le
moment électrique du dipôle ainsi formé est  = q d (q = charge et d = distance entre
les charges)
Exemple :
La molécule LiH possède un moment dipolaire mesuré expérimentalement µex = 5,8
D. Sachant que la longueur de la liaison LiH est d = 0,160nm, calculer le
pourcentage ionique de cette molécule.

32
Chimie des Matériaux
Les liaisons chimiques

3-2- La liaison ionique.

Réponse : Si la molécule était à 100% ionique, on aurait des charges +e et –e sur les atomes
Li et H, à la distance d l’une de l’autre.
Le moment dipolaire serait alors µ100 = q.d = e.d = 1,6.10-19 x 0,160.10-9 = 0,2560.10-28C.m.
1  29
Or 1D = .10 C.m ; donc µ100 = 2,56x.10-29c.m = 7,68D.
3
ex .100 5,8
Le pourcentage ionique de Li H est donc % ionique =  x 100  75,5%
100 7,68

33
Chimie des Matériaux
Les liaisons chimiques

3-2- La liaison ionique.

Exemple de NaCl :

Structure du Néon Structure de l’Argon

34
Chimie des Matériaux
Les liaisons chimiques

3-3- La liaison métallique


La liaison métallique s’établit entre des atomes d’électronégativités faibles
(voisine de 1 dans l’échelle de Pauling) et possédant peu d’électrons sur leur couche
externe, mais elle ne peut se former que s’il y a un nombre suffisamment grand de
tels atomes. C’est pourquoi on ne l’observe guère que dans certains solides ou
liquides. Comme la liaison ionique, ce n’est pas une liaison dirigée.

Définition : Un métal (ou un alliage métallique) est un solide ou un liquide


qu’on décrit bien comme un assemblage (régulier, si c’est un solide) d’ions positifs
baignant dans un nuage (ou une mer) électronique de densité électronique faible et
dont les électrons sont facilement mobiles, d’où la grande conductibilité électrique
des métaux.

35
Chimie des Matériaux
Les liaisons chimiques

3-3- La liaison métallique

Exemple du magnésium:

Rassemblement très dense


d’ions Ag+

Formation d’une orbitale unique :


Mise en commun des électrons
périphériques.

36
Chimie des Matériaux
Les liaisons chimiques

3-4- Les liaisons faibles ou secondaires (attraction dipolaire)

Exemple d’un polyamide linéaire


Exemple de l’eau
(Nylon 6-6)

37
Chimie des Matériaux
Les liaisons chimiques

Comparaison des propriétés selon la nature des liaisons


Liaison Exemple Propriétés
Tf E a r D
Covalente C électrons partagés e e f m/e 0/f

Ionique NaCl électrons attirés m/e e f e 0

Métallique Cu électrons délocalisés m/e m m f e


Liaisons
H2O attraction dipolaire f f e e m
faibles
Propriétés :
e = élevé
Tf = température de fusion
m = moyen
E = module d’élasticité en tension
f = faible
a = coefficient de dilatation linéaire
0 = # nulle
r = résistivité électrique
D = ductilité
38
Chimie des Matériaux
4- Energie de cohésion - Force de liaison

L’énergie de cohésion d’un solide est l’énergie nécessaire pour le


désassembler en ses parties constituantes (ions, atomes, molécules).

L’importance de l’énergie de cohésion réside dans le fait qu’elle représente


l’énergie de l’état fondamental, son signe permet de savoir si le solide est
stable ou non.

Sa généralisation aux températures non nulles, en plus de l’énergie libre


d’Helmoltz, si elle est connue en fonction du volume et de la température,
donnent toutes les informations concernant l’équilibre thermodynamique.

39
Chimie des Matériaux
5- Les propriétés des matériaux
5-1- Les métaux et alliages métalliques
• cohésion par liaisons métalliques
• températures de fusion moyennes
• tous cristallisés dans des systèmes simples
Propriétés physiques
• très bons conducteurs électriques et thermiques
et mécaniques
• rigidité moyenne à élevée
• déformables plastiquement et tenaces
• opaques à la lumière

Propriétés chimiques • sensibles à l’oxydation

• abondance et prix très variables


Caractéristiques • nombreux fabricants
économiques • recyclage possible
• toxicité possible

Mise en œuvre • très nombreux procédés bien connus 40


Chimie des Matériaux
5-2- Les céramiques
• combinaisons métal et élément léger : O, B, C et N.
• solides moléculaires de densité moyenne
• cohésion par liaisons iono-covalentes
• températures de fusion très élevées
Propriétés physiques
• amorphes ou cristallisés
et mécaniques
• grande dureté
• rigidité élevée
• fragiles
• tenue mécanique élevée à chaud

Propriétés chimiques • inertes jusqu’aux hautes températures

• céramiques traditionnelles et céramiques techniques


Caractéristiques • abondance et prix très variables
économiques • nombreux fabricants
• recyclage difficile

• procédés anciens et simples ou très sophistiqués


Mise en œuvre
• assemblage difficile 41
Chimie des Matériaux
5-3- Les polymères organiques
• chaînes carbonées contenant des éléments non-métalliques
• solides moléculaires de faible densité
• cohésion par liaison faible et covalentes
• températures de fusion faibles
Propriétés physiques • isolants thermiques et électriques
et mécaniques • amorphes ou partiellement cristallisés
• dilatation thermique importante
• faible résistance mécanique
• rigidité faible à très faible
• tenue mécanique très sensible à la température

• réactivité chimique très variable, souvent très faible dans


Propriétés chimiques les conditions ambiantes
• sensibles au vieillissement et à la lumière
• abondance liée à la pétrochimie
Caractéristiques • prix très variables
économiques • nombreux fabricants
• recyclage peu efficace ou impossible
• différente suivant les thermoplastiques
Mise en œuvre • ou les thermodurcissables
• procédés faciles très nombreux
Chimie des Matériaux 42
6- Essais mécaniques

• Quand un corps est soumis à l’action de forces


extérieures, il s’établit des contraintes internes

À ces contraintes sont associées des déformations

• Essais normalisés:

Pour étudier le comportement mécanique des matériaux il


faut travailler avec des pièces identiques quelque soit le
matériaux : ce qu’on appelle les éprouvettes (specimens).

43
Chimie des Matériaux
• Distinguer les notions de résistance , de fragilité et de
dureté.
• Un matériau dur est souvent fragile : le verre

• Les modes de déformation sont :


– Elastique : La matière reprend sa forme initiale, la
déformation est réversible

– Plastique : La matière garde une déformation résiduelle


et irréversible.

– Striction : la matière se concentre dans un seul endroit


et il y aura une rupture prochaine.
Chimie des Matériaux 44
• Essai de traction

• Essai de dureté

• Essai de flexion

• Essai de fatigue

• Essai de fluage

45
Chimie des Matériaux
Chapitre 3

Céramiques, verres et les liants minéraux

46
Chimie des Matériaux
Introducion

Tous ces matériaux, dits céramiques, sont des matériaux non


organiques, non métalliques et peuvent englober aussi les
verres qui sont essentiellement des oxydes non cristallisés.
Les matériaux minéraux cimentaires (les ciments) qui occupent
une importante utilisation dans le domaine de construction sont
concernés.
L’art de de la céramique est une technologie très ancienne
(néolithique) mais des progrès technologiques très importants
ont été accomplis depuis le 19è siècle. Ces progrès actuels
portent sur les céramiques spéciales à hautes performances
Chimie des Matériaux
47
1- Céramiques

La racine grecque du mot céramique est « Kéramos » qui signifie « terre à


potier ».
C’est un produit issu de la cuisson d’une terre argileuse qui peut être
émaillée ou vitrifiée en surface pour donner la faïence, de la porcelaine…

Du point de vue scientifique, un matériau céramique est un matériau qui n’est


ni métallique, ni organique.

On distingue deux grandes classes des céramiques ; céramiques


traditionnelles et céramiques techniques.

Chimie des Matériaux


48
Chimie des Matériaux
49
Il existe deux voies pour élaborer des matériaux céramiques :
les produits obtenus par frittage de poudres et les produits
obtenus par fusion.

 Pour les produits obtenus par frittage le schéma de base pour


l’élaboration est le même :
Poudre → prétraitement → mise en forme → séchage →
traitement thermique → produit fini
Après frittage, il peut y avoir formation de phase vitreuse

 Pour les produits obtenus par fusion : verres (massifs et


fibres), vitrocéramiques, électrofondus.
Chimie des Matériaux
50
1-1- Les grandes caractéristiques des céramiques

Les céramiques sont caractérisées par des liaisons fortes, ce

qui se traduit dans la pratique par :

- Une très bonne tenue en température ;

- Une excellente rigidité élastique ;

- Une bonne résistance à la corrosion ;

- Une bonne résistance à l’usure.

Ces matériaux ont de hauts points de fusion, ils sont fragiles

peu ductiles.
Chimie des Matériaux
51
1-2- L’élaboration des céramiques
L’élaboration des produits céramiques comprend six (6) étapes
qui sont :
1. Choix de la matière première (naturelle ou synthétique) ;
2. Broyage et homogénéisation ;
3. Compactage et mise en forme (introduction d’un liant
organique) ;
4. Obtention de la chamotte : élimination du liant (T°< 1000 °C) ;
5. Frittage : cycle thermique pour densifier l’agglomération de la
poudre jusqu’à obtention d’un matériau ayant un minimum de
porosité.
6. Habillage – Métallisation.
Chimie des Matériaux
52
2- Les verres
Le verre est un matériau amorphe, c'est-à-dire non cristallin. De
ce fait, il présente un désordre structural important.
Sa structure microscopique est telle qu'il n'existe aucun ordre à
grande distance dans un verre.
Un solide amorphe (non-cristallin) est un solide où les atomes
sont dispersés sans symétrie apparente. Il n’y a pas de
symétrie de translation.
Un solide cristallin est caractérisé par l’ordre géométrique de la
distribution des atomes dans l’espace, c’est-à-dire que les
atomes sont régulièrement placés et selon un ordre
géométrique bien défini appelé réseau cristallin.
Chimie des Matériaux
53
2-1- Structure du verre
Les verres sont composés de :
- Formateurs de réseau : sont des molécules formant la structure de
base du verre.

Exple: La silice SiO2 (tétraèdre de silice) ou l’anhydride borique B2O3


(pyrex)
- Modificateurs de réseau : sont des oxydes métalliques qui modifient
la structure des verres et leurs propriétés, en s’insérant dans le
réseau vitreux (voir figure rôle des modificateurs)
Exemple: Na2O, K2O, CaO, MgO, BaO
Le rôle des modificateurs est de baisser la température selon le mode
représenté dans la figure. Ce qui permet de pouvoir fabriquer le verre
à température relativement basse. 54
Chimie des Matériaux
Tétraèdre de silice

Chimie des Matériaux


55
2-2- Particularité des verres
Les verres sont des matériaux amorphes ; ils sont des isotropes (selon
toutes les directions, les propriétés sont les mêmes) et fragiles. Les
verres possèdent un domaine de transformation caractérisé par la
transition vitreuse.
La transition vitreuse est l’étape la plus importante dans la fabrication
du verre. Elle est le passage de verre à l’état liquide vers l’état solide
passant par l’état pâteux. Elle est indiquée par sa température de
transition vitreuse Tg.
Lors du refroidissement rapide du verre à la sortie du four, le verre passe
de l’état liquide à l’état plastique (pâteux) ensuite se transforme en solide.
c’est le produit du verre. Si le refroidissement est lent, on aura une
cristallisation du liquide à la température de fusion Tf, le produit sera un
corps cristallin. Chimie des Matériaux
56
Famille des verres

Chimie des Matériaux


57
3- Les liants minéraux
Les liants minéraux sont subdivisés en deux catégories

Chimie des Matériaux


58
3-1- Les ciments
Le ciment est un liant hydraulique obtenu par cuisson à 1450 °C
d’un mélange d’argile et de calcaire, suivi de broyage.
Il se présente sous la forme d’une poudre minérale fine, s’hydratant
en présence d’eau.
Il forme ainsi une pâte qui fait prise et qui durcit progressivement
même sous l’eau. C’est un constituant de base du béton.

Le ciment portland est un mélange de silicates et d’aluminates de


calcium qui résulte de la combinaison de la chaux (CaO) avec la
silice (SiO2), l’alumine (Al2O3) et l’oxyde de fer (Fe2O3).
La chaux nécessaire est apportée par des roches carbonatées.
Des argiles apportent l’alumine, la silice et l’oxyde de fer.
Chimie des Matériaux
59
Le ciment, mélangé à l'eau, forme une pâte qui fait prise et durcit

à la suite de réactions d'hydratations. Le durcissement de la pâte de

ciment est dû à l'hydratation de silicates de calcium (CaO3.SiO2).

Il existe sept (07) grandes catégories de ciments qui diffèrent par leur

constitution minéralogique et par leurs techniques de fabrication.

La fabrication du ciment comporte plusieurs étapes.

Chimie des Matériaux


60
Les différents ciments portland :
Les CPA: CEM I
Les CPA sont les ciments Portland composé de clinker à 95 ou 100%. Ils
sont de teinte grise assez soutenue. Ces ciments sont employés dans les
ouvrages de structure de Génie civil (Ponts, grandes structures élancées) ou
la préfabrication. Ils permettent une résistance au jeune âge qui permet un
décoffrage rapide.

Les CPJ: CEM II


Les CPJ sont des ciments Portland (teneur variable de 65 à 94%) composés
de différentes additions qui sont le plus souvent des fillers calcaires (6 à
35%), mais aussi composés avec du laitier de haut fourneau, des fumées de
silice, de la pouzzolane naturelle, des cendres volantes ou des schistes
calcinés. D'où un ciment de teinte gris clair. Leur emploi est le plus souvent
dans le bâtiment ou pour des traitements de sol.

Les CHF: CEMIII


Les CHF sont composés de ciment portland (de 20 à 64%) additionné de
cendres volantes de hauts fourneaux. Ce sont des ciments à faible chaleur
d'hydratation, très employés dans les bétons enterrés (fondations,
revêtements de tunnel, bétons immergés).
Chimie des Matériaux
61
Les CPZ: CEM IV
Les CPZ sont des ciments pouzzolaniques dont la teneur en clinker varie de
45 à 90%

Les CLC: CEM V


Les CLC sont des ciments composés avec des laitiers, des cendres et des
pouzzolanes.

Les ciments alumineux fondus


Les "Fondus" résultent de la cuisson d'un mélange d'aluminate de calcium
(min 30%), de chaux, d'oxydes de fer et de silice. L'oxyde de fer contribue à
lui donner cette couleur noire caractéristique de ce ciment. C'est un ciment
avec lequel on arrive à obtenir des résistances très élevées au jeune âge.

Les ciments prompts


C’est un ciment prompt pour un scellement ultra rapide. Il est composé de
calcaire argileux (silicates de calcium), d'aluminate de calcium riche en
alumine, et de sulfoaluminate.

Chimie des Matériaux


62
3-1-1- Nomenclature
La nomenclature utilisée dans la chimie du ciment est la suivante :

Chimie des Matériaux


63
3-1-1- Nomenclature
Phases anhydres
La plupart des phases minérales anhydres susceptibles de rentrer dans la
composition des liants hydrauliques communément utilisés sont :

Chimie des Matériaux


64
3-1-1- Nomenclature
Phases hydratées
Exemples de phases minérales produites après hydratation des liants
hydrauliques et rencontrées dans les matériaux cimentaires :

Chimie des Matériaux


65
Conformément à cette nomenclature, les principales phases

minérales du ciment s’écrivent :

3CaO.SiO2 C3S

2CaO.SiO2 C2S

3CaO.Al2O3 C3A

4CaO.Al2O3.Fe2O3 C4AF

Les structures du C3S et du C2S comportent des impuretés.

À cause de cela, les cimentiers les appellent, respectivement,

alite et bélite. 66
Chimie des Matériaux
3-1-2- Constituants mineurs du ciment
Les oxydes mineurs les plus importants dans le ciment sont : MgO,
Na2O, K2O et SO3.
La magnésie (MgO) provient pour l’essentiel de la dolomite qui est souvent
présente avec le calcaire. La dolomite est un carbonate mixte de Ca et Mg :
(Ca, Mg) (CO3)2 soit CaO.MgO.CO2.
La décomposition en CaO et MgO est totale vers 1000°C. La fusion a lieu
vers 2500°C et des substitutions de Mg par Fe ou Mn sont possibles.
Les oxydes alcalins K2O et le Na2O proviennent en général, de l’argile et
des feldspaths alcalins.
L’anhydride sulfurique (SO3) dans le clinker provient des matières, telles
que la pyrite (FeS2), mais aussi du calcaire ou de l’argile et surtout de
combustibles utilisés tels que le charbon, le fioul ou le gaz naturel
(combustible pour la cuisson du clinker).
Chimie des Matériaux
67
3-1-3- Le gypse
Afin de retarder la prise du ciment, on broie avec le clinker, environ 5% de
sulfate de calcium. Ce sulfate de calcium peut se présenter sous forme de
gypse (CaSO4.2H2O), d’hémi hydrate (CaSO4.1/2 H2O) ou de mélange des
deux. Le gypse est souvent associé à de l’anhydrite (CaSO4). Le gypse est
légèrement soluble dans l’eau et dans HCl. Il sert aussi à fabriquer le plâtre.

3-6- Composition moyenne du ciment Portland


Chaux CaO 60 – 70
Silice SiO2 17 – 25
Alumine Al2O3 3–8
Oxyde de fer Fe2O3 1–6
Magnésium MgO 0,1 – 4
Trioxyde de soufre SO3 1 – 3,5
Alcalis Na2O + K2O 0,5 – 1,3
Chimie des Matériaux
68
3-1-4- Mécanisme de prise
Le mécanisme en a été élucidé par Le Châtelier en 1887, en
généralisant des observations du chimiste suisse Marignac
(1817-1894).

Les constituants anhydres, chaux, silice, alumine ont une certaine


solubilité dans l'eau, mais les hydrates qui se forment en solution
sont beaucoup moins solubles que les formes anhydres et
précipitent en cristaux enchevêtrés.
La prise s'accompagne d'un brusque changement de viscosité
avec un caractère localement cyclique : la précipitation de la
solution sursaturée est suivie d'un nouvel épisode de dissolution,
jusqu'à épuisement des constituants initiaux. 69
Chimie des Matériaux
3-1-4- Mécanisme de prise
La prise du ciment n’est pas un séchage de la pâte après ajout de l’eau ; il
s’agit d’un ensemble de réactions chimiques d’hydratation permettant le
passage de la pâte de ciment (ciment additionné d’eau) de l’état liquide
(plastique) à l’état solide (rigidification). Le temps de prise se mesure sur une
pâte de consistance normalisée à l'aide de l'aiguille de Vicat (NF EN 196-3)

Appareil de Vicat
Chimie des Matériaux
70
Le contact du ciment avec l’eau déclenche un mécanisme
d’hydratation complexe qui a été étudié pour la première fois par
Henri Lechatelier (1887). Schématiquement, Lechatelier a décrit
trois étapes relatives à la prise du ciment :
- L’adsorption physique et chimique de l’eau par les grains de
ciment,
- La dissolution ou solvatation, des grains de ciment ou phases
anhydres, en présence d’eau,
- La précipitation des phases hydratées. Pour décrire l’hydratation
du ciment, différents travaux ont été publiés concernant des
phases pures comme l’alite, C3S, la bélite, C2S, l’aluminate
tricalcique, C3 A, ou encore la phase alumino-ferritique, C4 AF

Chimie des Matériaux


71
Hydratation du C3S :

Pour la phase C3S, dés son mélange avec l’eau, des ions
calcium, hydroxydes et silicates passent en solution. La solution
devient alors rapidement sursaturée par rapport aux phases
hydratées, à savoir l’hydroxyde de calcium Ca(OH)2 encore
appelé portlandite, noté CH (fig.), ainsi que des hydrates silico-
calciques, notés CSH (Fig.).

Les hydrates CSH ont les propriétés d’un gel. Une partie des
ions SO42- provenant du gypse utilisé dans le ciment rentre
dans la structure du C-S-H et H et permet d'améliorer sa
résistance.
Chimie des Matériaux
72
Hydratation du C3S :

Le C-S-H n'est pas une phase cristalline mais un gel amorphe


dont la composition chimique varie fortement en fonction de la
composition initiale du ciment et de la quantité d'eau ajoutée pour
l'hydrater. On lui attribue comme formule générale CxSHy où x et
y correspondent respectivement au ratio molaire C/S et H/S
mesuré.
La plupart des études montrant une valeur moyenne pour x et y
proche de 1,5. Ainsi, il est courant de lui attribuer la formule
C3S2H3 pour simplifier le bilan des réactions.

Chimie des Matériaux


73
Chimie des Matériaux
74
Hydratation du C2S :

L’hydratation de phase C2S a été peu étudiée malgré son


impact sur la résistance mécanique finale du ciment.
Les mécanismes et les produits d’hydratation du silicate
dicalcique sont similaires à ceux dérivés de C3S.
En revanche, son hydratation est généralement plus lente et la
de production de portlandite plus faible.
Comme c'est dans le cas du C3S, une partie des ions SO42-
provenant du gypse utilisé dans le ciment rentre dans la
structure du C-S-H et permet d'améliorer sa résistance.

Chimie des Matériaux


75
Hydratation de l’aluminate tricalcique C3A :
L’aluminate tricalcique est une phase extrêmement réactive en présence
d’eau. Le C3A est responsable du phénomène de « prise éclair » qui conduit
à la formation d’aluminates hydratés, sans que la tenue mécanique de
l’ensemble soit satisfaisante.
Afin d’éviter ce phénomène de prise rapide dans un ciment Portland,
l’hydratation du C3A est contrôlée par l’addition d’environ 5% de sulfate de
calcium CaSO4 ,xH2O (0 < x ≤ 2). C3A va réagir avec le gypse pour former
différents intermédiaires relativement stables : le TriSulfoAluminate de
calcium ou ettringite (figure), de formule [Ca3Al(OH)6]2(SO4)3 , 26H2O noté
TSA, et le MonoSulfoAluminate de calcium (figure), de formule
[Ca2Al(OH)6]2(SO4), 15H2O noté MSA. On peut expliquer cela avec les
réactions suivantes :
Chimie des Matériaux
76
Chimie des Matériaux
77
Hydratation des aluminoferrites de calcium C4AF :

La phase ferritique (C4AF) constitue environ 1 à 15% en masse d’un ciment


Portland. Cette phase est en réalité une solution solide dont la composition
répond à la formule C4(A x,F1-x) pour x compris entre 0 et 0,7.
La phase C4AF adopte le même mécanisme d’hydratation que la phase C3A.
Les réactions sont cependant plus lentes.
En présence de gypse, l’hydratation de C4AF est plus efficacement retardée
que celle de C3A. Il y a formation d’intermédiaires analogues à l’ettringite et
au monosulfate. L’hydratation de C4AF se déroule suivant la réaction :

Chimie des Matériaux


78
La réaction d’hydratation du ciment Portland va combiner les réactions
d’hydratation des principaux constituants du clinker.
Les mécanismes sont complexes du fait des interactions qui se produisent
entre les différentes phases au cours du processus d’hydratation.
D’une manière générale, la vitesse de réaction, avec l’eau, des différentes
phases minérales d’un ciment respecte l’ordre suivant : C3A > C3S > C4AF ≈
C2S.
Dans les premiers instants après la gâchée (0-15min), les éléments les plus
solubles (Na2SO4 , K2SO4 , Ca2SO4 , xH2O) sont dissous dans la phase
aqueuse.
Simultanément, les phases les plus réactives (C3A et C3S) libèrent des ions
de calcium, hydroxydes, silicates et aluminates.

Chimie des Matériaux


79
Du fait que les silicates et les aluminates sont fortement solubles en milieu
alcalin, leurs concentrations vont augmenter avec le pH de la solution tout en
restant nettement inferieures à celles des alcalins, du calcium, des
hydroxydes et des sulfates. Suite à cette étape de dissolution des espèces,
la formation des hydrates va être gouvernée par un processus de
germination. Ce dernier peut se produire de manière homogène à partir de la
solution ou de manière hétérogène à l’interface solide-solution. Le temps
nécessaire à l’obtention d’un germe de taille critique va dépendre des
fluctuations locales de concentration des espèces et des vitesses de
précipitation-dissolution des hydrates. Ensuite, la croissance des hydrates
intervient (Fig.) et sa vitesse est gouvernée par les concentrations des
espèces au voisinage des sites réactionnels.

A ce stade de l’hydratation, les principaux hydrates formés sont les


composés CSH et l’ettringite. Chimie des Matériaux
80
Figure : Représentation simplifiée de l’hydratation des grains de ciment

De manière analogue aux phases pures, un ciment possède une période


d’induction pendant laquelle se forme une faible quantité d’hydrates
(ettringite et CSH). Le système présente ensuite une période d’accélération
de l’hydratation provoquée par la précipitation de la portlandite. Les hydrates
formés sont alors : la portlandite, CSH et l’ettringite.

Chimie des Matériaux


81
Lorsque la totalité du gypse est consommée, l’ettringite va se dissoudre pour
libérer des ions sulfates qui vont réagir avec l’excès de C3A et former le
monosulfoaluminate.
Au cours de l’hydratation du ciment, la pâte se rigidifie puis durcit.
Cependant, la prise du ciment n’est pas uniquement liée à la quantité
d’hydrates formés. La structuration et la prise peuvent être caractérisées par
deux processus distincts : la coagulation et la rigidification.
La coagulation correspond a la formation de contacts entre particules par
interactions réversibles. Ce phénomène est principalement déterminé par la
concentration en ions calcium présents en solution interstitielle.
La rigidification des particules coagulées, phénomène irréversible, est
assurée par la formation d’hydrates au niveau de la zone de contact. A ce
stade, la rigidité de la pâte est proportionnelle à la quantité d’hydrates
précipités. 82
Chimie des Matériaux
Chimie des Matériaux
83
3-2- Le Plâtre
Le plâtre est un matériau de construction ignifuge. Il est utilisé sous forme de
pâte constituée d'un mélange de poudre et d'eau, ou préparé sous forme de
plaques.
La matière première est le gypse (sulfate de calcium hydraté (CaSO4(H2O)2)).
Le gypse est broyé puis cuit vers 150°C pour donner du semi-hydraté. C’est
cette poudre semi-hydratée (CaSO4(H2O)1/2) qui réagit rapidement avec l'eau
(H2O) pour donner un matériau relativement dur après séchage, semblable
au minerai de gypse d'origine (le sulfate de calcium dihydraté
(CaSO4(H2O)2)). De nombreux adjuvants peuvent aussi entrer dans la
composition du plâtre.

Par métonymie, le terme « plâtre » désigne en médecine (traumatologie,


orthopédie) une immobilisation d'un membre

Chimie des Matériaux


84
Le plâtre est un matériau totalement et indéfiniment recyclable. Une fois sec,
il retrouve les caractéristiques du gypse (la roche originelle) et peut être
recuit pour être préfabriqué indéfiniment. À condition que les déchets de
plâtre soient correctement triés et ne contiennent pas trop d'additifs.

Exo: Un ciment portland contient 12% de C4AF. Quelle est le pourcentage en


oxyde de fer (Fe2O3) de ce ciment ?
Masses molaires (g/mol) : O : 16 ; Al : 27 ; Ca : 40 ; Fe : 56

Chimie des Matériaux


85
Chapitre 4

Matériaux composites

86
Chimie des Matériaux
Introduction

Un matériau composite est constitué de deux phases


essentielles : le renfort et la matrice, qui sont parfaitement liés
lorsque le matériau est non endommagé.
Les renforts se présentent sous forme de fibres continues ou
discontinues. Le rôle du renfort est d’assurer la fonction de
résistance mécanique aux efforts.
La matrice assure quant à elle la cohésion entre les renforts de
manière à répartir les sollicitations mécaniques.

87
Chimie des Matériaux
L’arrangement des fibres, leur orientation permettent de
renforcer les propriétés mécaniques de la structure. Nous
présentons les différents types de matrices et renforts
classiquement employés dans l’industrie. Les propriétés
mécaniques de l’interface entre fibres et matrice sont très
importantes dans la réalisation d’une structure composite. En
effet, il ne doit y avoir ni glissement ni séparation entre les
différentes phases de la structure pour obtenir de bonnes
caractéristiques mécaniques élastiques.

88
Chimie des Matériaux
I- Les matrices
Dans un grand nombre de cas, la matrice constituant le
matériau composite est une résine polymère.
Les résines polymères existent en grand nombre et chacune
à un domaine particulier d’utilisation.
Dans les applications où une tenue de la structure aux très
hautes températures est requise, des matériaux composites à
matrice métallique, céramique ou carbone sont utilisés.
Dans le cas des matériaux en carbone, des températures de
2 200°C peuvent être atteintes.

89
Chimie des Matériaux
La classification des types de matrices couramment rencontrées
est donnée sur le schéma suivant :

90
Chimie des Matériaux
I-1- Résines thermodurcissables

Les résines thermodurcissables ont des propriétés mécaniques


élevées. Ces résines ne peuvent être mises en forme qu’une
seule fois. Elles sont en solution sous forme de polymère non
réticulé en suspension dans des solvants.

Les résines polyesters insaturées, les résines de condensation


(phénoliques, aminoplastes, furaniques) et les résines époxy
sont des résines thermodurcissables.
Les matériaux les plus performants ont des caractéristiques
mécaniques élevées et une masse volumique faible.
91
Chimie des Matériaux
I-2- Résines thermoplastiques

Les résines thermoplastiques ont des propriétés mécaniques


faibles.
Ces résines sont solides et nécessitent une transformation à
très haute température.
Les polychlorures de vinyle (PVC), les polyéthylènes,
polypropylène, polystyrène, polycarbonate polyamide sont
quelques exemples de ces résines thermoplastiques.
De même que pour les résines thermodurcissables, les
matériaux les plus performants ont des caractéristiques
mécaniques élevées et une masse volumique faible.
92
Chimie des Matériaux
I-3- Additifs

Des produits peuvent être incorporés à la résine pour


renforcer les propriétés mécaniques (charges renforçantes,
ex : charges sphériques creuses 5 à 150μm).
Des charges non renforçantes peuvent être également
utilisées pour diminuer le coût des matrices en résine.
Des additifs, de type colorant ou agent de démoulage sont
largement utilisés lors de la conception des structures
constituées de matériaux composites.

93
Chimie des Matériaux
II- Les renforts

Les renforts assurent les propriétés mécaniques du matériau


composite et un grand nombre de fibres sont disponibles sur le
marché en fonction des coûts de revient recherchés pour la
structure réalisée.
Les renforts constitués de fibres se présentent sous les formes
suivantes : linéique (fils), surfaciques (tissus, mats),
multidirectionnels (tissus complexes, tissage tri directionnel).

94
Chimie des Matériaux
La classification des types de renforts couramment rencontrés
est indiquée sur le schéma suivant :

II-1- Fibres de verre

Les fibres de verre ont un excellent rapport performance–prix qui


les place de loin au premier rang des renforts utilisés
actuellement dans la construction de structures composites.
95
Chimie des Matériaux
II-2- Fibres de carbone

Les fibres de carbone ont de très fortes propriétés


mécaniques et sont élaborées à partir d’un polymère de base,
appelé précurseur.
Actuellement, les fibres précurseurs utilisées sont des fibres
acryliques élaborées à partir du polyacrylinitrique (PAN).
La qualité des fibres de carbone finales dépend fortement
des qualités du précurseur.
Le brai qui est un résidu de raffinerie issu du pétrole ou de la
houille est également utilisé pour produire des fibres de carbone.

96
Chimie des Matériaux
II-3- Fibres céramiques
Les matériaux composites de type céramiques sont souvent
constitués de renforts et de matrice en céramique.
Les fibres sont élaborées par dépôt chimique en phase vapeur
sur un fil support.
Ces fibres sont rencontrées dans des applications où la
température est très élevée entre 500°C et 2 000°C.
Ces matériaux sont utilisés notamment dans les parties
chaudes des moteurs d’avions.
Quelques exemples de fibres céramiques : fibres de Carbure
de Silicium ; fibres de Bore.
97
Chimie des Matériaux
Le choix d’une association entre un renfort et une matrice est
très délicat et ce travail reste du ressort des chimistes. En effet,
l’interface résultant de l’association intime de deux constituants
différents doit avoir de bonnes performances mécaniques.
La codification est la suivante : renfort/matrice.
Les exemples d’association entre renfort et résine couramment
rencontrés dans l’industrie sont les suivants :
– composites à fibre de carbone et matrice époxy
thermodurcissable : carbone/époxy : T300/5208, T300/914

98
Chimie des Matériaux
III- Structures composites stratifiées
Les structures composites stratifiées sont constituées de
couches successives de renforts imprégnés de résines.
Les couches sont également nommées plis.
Les structures stratifiées réalisées à partir de matériaux
composites sont constituées d’empilements de nappes
unidirectionnelles ou bidirectionnelles.
Ces nappes sont formées de renforts en fibres longues liées par
de la résine.
Les pièces structurelles sont réalisées par empilement de
nappes en optimisant les directions des renforts en fonction des
charges qu’elles doivent subir. 99
Chimie des Matériaux
Désignation des structures stratifiées

Les structures stratifiées à base de tissus unidirectionnels sont


constituées d’un grand nombre de couches ou plis.
L’épaisseur de chacune des couches est généralement très
faible, de l’ordre de 0,125 mm pour un matériau carbone époxy
de type Aéronautique par exemple.
Ces structures stratifiées sont constituées de couches
unidirectionnelles avec des fibres orientées de façon différente
d’une couche à l’autre afin d’obtenir les propriétés mécaniques
souhaitées pour la structure finale.

100
Chimie des Matériaux
La désignation des structures stratifiées est délicate, car il faut
préciser les axes de référence.
Un stratifié est codifié de la façon suivante :
– chaque couche est désignée par un nombre indiquant la
valeur en degré de l’angle que fait la direction des fibres avec
l’axe de référence x. Sur les figures (a) et (b), les couches sont
représentées décalées les unes par rapport aux autres. La
structure stratifiée est décrite de bas en haut ;
– les couches sont nommées successivement entre crochets
en allant de la face inférieure à la face supérieure. Les couches
successives sont séparées par le symbole « / » comme
l’exemple de la figure (a) : [−45/45/−45/−45/45/−45] ;
101
Chimie des Matériaux
– les couches successives d’un même matériau et de mêmes
orientations sont désignées par un indice numérique, comme
l’exemple de la figure (b) : [0/452/90/−452/0] ;
– en cas de stratification hybride (différents matériaux dans un
même stratifié), il faut préciser par un indice la nature de la
couche ;
– en cas de structures symétriques, la moitié est codifiée et le
symbole s indique la symétrie : [−45/45/−45/−45/45/−45] devient
[−45/45/−45]s et [0/45/45/90/−45/−45/0] devient
[0/452/90/−452/0].

102
Chimie des Matériaux
Figure - Désignations du stratifié

103
Chimie des Matériaux
IV- Structures composites tissées
multidirectionnelles
Il est possible de créer des pièces en matériaux composites de
type tridimensionnel massives ou des formes de révolution. Des
tissages volumiques de type 2D (deux directions de renfort), 3D–
Evolutif (deux directions de renfort et un piquage dans la
troisième direction),
3D (trois directions de renfort), 4D (quatre directions de renfort),
ou plus sont élaborés dans l’industrie aérospatiale. Il est
également possible de tisser des cylindres ou des cônes afin de
réaliser des réservoirs ou des tuyères.
104
Chimie des Matériaux
Dans ces derniers cas, les fils de renforts s’entrecroisent en
hélice. Quelques exemples de matériaux composites
multidirectionnels sont maintenant présentés.

2D SiC-SiC

Figure 2 - D Sic-Sic : matériau avec deux directions


de renfort 105
Chimie des Matériaux
Exercice
Le béton armé peut être considéré comme un matériau composite, dont la
matrice (le béton) est une céramique ayant un comportement fragile et dont le
renfort est l’acier ayant un comportement ductile. On réalise un pilier en béton
armé de 2m dont le plan (en coupe) est donné ci-contre, les dimensions étant
en cm. Les tiges d’acier, au nombre de dix (10), ont un diamètre de 2 cm.
1.Qu’entendez-vous par comportement ductile et fragile ?
2.Définissez les termes matrice et renfort.
3.Quelle est la fraction volumique Vf (en %) de renfort (acier) dans ce
composite ?
4.On applique une force de compression FC (en kN) pour laquelle il y aura
rupture du pilier. À l’instant de cette rupture, l’acier est-il déformé
plastiquement ? Justifiez votre réponse.

106
Chimie des Matériaux
Chapitre 5

Goudron, Bitume, Asphalte et enrobé

107
Chimie des Matériaux
I- Définitions
Bitume: Issu de la distillation du pétrole, le bitume se définit comme
étant un mélange d’hydrocarbures (hydrocarbures saturés). Ce
matériau de couleur noire existe également à l’état pur, via des
gisements naturels mais en très faibles quantités. Utilisé comme liant
pour la fabrication de nombreux revêtements tels que des routes, des
parkings, ou encore des matériaux et produits d’étanchéité, le bitume
se caractérise principalement par trois propriétés : son imperméabilité
; sa malléabilité ; son fort pouvoir adhésif.
Lorsqu’il est chauffé, le bitume passe de l’état solide à un liquide
visqueux. Il est généralement utilisé entre 150 et 180 °C.

108
Chimie des Matériaux
I- Définitions
Goudron: il est issu du charbon et de la distillation entre 800 et 1
100 °C du bois ou de la houille. Il se présente sous la forme d’un
liquide noir brillant, plus ou moins visqueux et de densité > à 1.
Le goudron pourrait se définir en quelque sorte comme « l’ancien
bitume ». Au début du XXe siècle, il s’agissait d’un liant populaire
utilisé pour les routes et pour les produits d’étanchéité. Mais son
caractère cancérigène ayant été prouvé depuis, il est devenu
synonyme de dangerosité et a peu à peu été remplacé par le bitume.
De nombreuses substances chimiques composent en effet le goudron,
telles que les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) ou les
amines aromatiques. Le bitume et le goudron sont souvent confondus.
109
Chimie des Matériaux
I- Définitions
En résumé, les principales différences entre goudron et bitume sont :
La constitution chimique : le bitume comprend surtout des
hydrocarbures saturés, tandis que le goudron est majoritairement
composé d’hydrocarbures non saturés.
Le caractère cancérigène : le goudron est considéré comme
cancérigène, à l’inverse du bitume. Le goudron a d’ailleurs cessé
d’être utilisé dans les constructions routières depuis le milieu des
années 1980.
L’adhérence : le bitume est plus adhérent et plus stable que le
goudron.
La provenance : le bitume vient du pétrole et le goudron est issu du
charbon.
Bien que les routes construites aujourd’hui ne soient plus
revêtues de goudron, le terme « goudronner » reste utilisé à tort
dans le langage commun
110
Chimie des Matériaux
I- Définitions
Enrobé (ou enrobé bitumineux) : revêtement constitué par 90% de
granulat unis (sables et roches concassées) et 5-10% de liant
hydrocarboné (bitume) additionné.

Asphalte: Mélange noirâtre naturel de calcaire, de silice et de bitume.


Dans le domaine des travaux publics, l’asphalte se compose
effectivement de deux éléments majeurs : le bitume (10 % environ,
toujours en tant que liant) et les granulats fins. Pour le rendre
malléable et pouvoir l’utiliser sur les chantiers, il est chauffé à 200 °C
environ. L’asphalte s’est fortement répandu lors du développement
automobile, car il a permis de diminuer significativement l’usure des
chaussées.
L’asphalte est à différencier des enrobés bitumineux. Ces
derniers sont en effet composés de graviers et de bitume, chauffés à
des températures plus basses que l’asphalte, aux alentours de 160 °C.
Chimie des Matériaux 111
I- Définitions

Asphalte
Enrobé

Chimie des Matériaux 112


II- Toxicité
Tous ces produits présentent le même caractère toxique. La
composition des fumées en hydrocarbures aromatiques
polycycliques (HAP) et autres composés toxiques est fonction
de la quantité de produit utilisé ainsi que de la durée de
l’opération et des températures de mise en œuvre. Des
prélèvements atmosphériques pour déterminer la présence
d’HAP sont facilement réalisables. Les praticiens peuvent être
exposés suite à l’inhalation ou au passage percutané de
substances toxiques ; la voie cutanée prenant compte, outre le
contact direct avec le produit (brûlure), la contamination par les
aérosols lorsqu’ils retombent sur la peau.
113
Chimie des Matériaux
Les bitumes sont un mélange complexe de nombreux
hydrocarbures lourds à l’état solide. Pour être utilisés, ils
doivent donc être amollis par l’ajout de fluidifiants ou par
chauffage ce qui génère des fumées à l’origine d’expositions
professionnelles et de pollution de l’environnement.
Les émissions de fumées dépendent de la température
d’application. Elles sont quasi nulles quand il s’agit d’enduits à
60°C dits «à froid » et des procédés « tièdes » à 110°C.
Elles deviennent plus importantes avec le procédé «
classique» à 160°C ou lors des travaux d’asphalte et
d’étanchéité vers 240°C.
114
Chimie des Matériaux
III- Production
III-1- Distillation du pétrole brut

Le pétrole brut après une opération de dessalage qui permet


l’élimination des sels, de l’eau et des solides en suspension
subit dans la raffinerie, une série de distillations destinées à le
fractionner en un certain nombre de « coupes » correspondant
à l’ensemble des constituants dont les points d’ébullition (P.E)
sont compris entre 2 valeurs déterminées.
Il n’est pas possible en effet d’effectuer en une seule
opération tous les fractionnements nécessaires.

115
Chimie des Matériaux
Le brut arrive dans une première colonne à distiller, là les
fractions les plus légères sont séparées et envoyées dans une
autre colonne.
La distillation est effectuée à pression atmosphérique (760
mmHg ou 1 atm). On récupère :
Fractions légères
- les gaz liquéfiables : usage domestique
- l’éther de pétrole : solvant
- le naphta : distillat du pétrole intermédiaire entre l’éther et
l’essence
- l’essence : carburant dans les moteurs à combustion interne
116
Chimie des Matériaux
Fractions moyennes
- le kérosène ou pétrole lampant : carburant dans les
moteurs à réaction
- le gasoil : moteurs Diesel et pour le chauffage

Fractions lourdes
Si on continue à chauffer, on peut détériorer des produits
organiques et même la colonne de distillation. On envoie
alors le résidu dans une colonne de distillation sous
pression réduite (25/30 mmHg), ce qui permet de distiller
les produits à température beaucoup plus basse.
On obtient des produits « lourds » :
117
Chimie des Matériaux
- le fioul ou fuel-oil ou mazout : combustible liquide plus ou
moins visqueux, pour chauffage ou pour centrales
électriques.
- Les lubrifiants moyens : huiles de graissage, vaseline.
- Les huiles lourdes présentées sous forme de paraffine (cires,
bougies = isolants électriques).
- Le bitume ou asphalte : c’est le résidu solide de la distillation
sous vide c’est-à-dire qui ne distille pas. En le traitant
(coking), on obtient le coke (carbone) qui est surtout utilisé
dans la métallurgie du fer. Ainsi dit, la cokéfaction ou coking
permet de se débarrasser des produits lourds en les
convertissant en produits légers + du coke. 118
Chimie des Matériaux
Fractions légères

Fractions lourdes

119
Chimie des Matériaux
III-2- Houille : production de goudron

- La houille provient de la fossilisation des végétaux des


temps préhistoriques, sous l’action de bactéries d’une part,
de la température et de la pression du sous-sol d’autre part.
- Sa composition dépend de son origine et de son âge. Elle
est constituée essentiellement de C et comporte des
proportions plus ou moins grandes de produits organiques
(10 à 40%). La houille est classifiée selon sa teneur en
charbon : dans l’ordre décroissant, on a : Anthracite ou
houille dure ; houille bitumeuse ; lignite ; peat.

120
Chimie des Matériaux
La distillation de la houille (A l’abri de l’air, T=500°C-1200°C)
fournit :
1) le gaz de houille constitué de :
H2 (50%), CH4 (30%), CH2= CH2, C02, NH3, etc.
On retire l’éthylène par hydratation en alcool en présence
d’H2SO4 et l’ammoniac en le transformant en sulfate
d’ammonium (engrais).
𝐻+
CH2=CH2 + H2O CH3-CH2-OH

2NH3 + H2SO4  SO4(NH4)2

Le mélange gazeux résiduel est utilisé comme combustible


d’éclairage (gaz de ville)
121
Chimie des Matériaux
2) du benzol : par distillation on fractionne ce mélange d’HC
aromatiques en benzène, en toluène et xylènes

3) du goudron : sa composition dépend de la température de


distillation de la houille ; on en tire de nombreux constituants
(plus de 100) par extractions chimiques, et par des distillations
fractionnées ; on peut citer :
- Des HC benzéniques : benzène, toluène, xylènes,
naphtalène, etc.

122
Chimie des Matériaux
CH3
CH3 CH3 CH3

CH3

CH3
CH3
Toluène

Xylène

OH CH3 CH3
CH3

OH

OH

Phénol OH

Crésols
123
Chimie des Matériaux
- Des phénols : phénol ordinaire, crésols, etc. Ce sont des
constituants acides qui sont extraits par lavage du goudron à la
soude.
- des composés azotés : amines aliphatiques et
hétérocycliques.

4) du coke qui est le résidu : il est formé de C


essentiellement, plus des composés minéraux.
L’usage principal du coke est dans la métallurgie du fer.
Cependant il présente de l’intérêt pour la synthèse organique ;
par exemple :
124
Chimie des Matériaux
Le coke mélangé à la chaux et porté à haute température
conduit au carbure de calcium dont l’hydrolyse donne de
2200°𝐶
l’acétylène : 3C + CaO CaC2 + CO
CaC2 +2H2O  C2H2 + Ca(OH)2
C’est un procédé ancien, peu utilisé actuellement.
La préparation, industrielle de C2H2 est faite à partir du gaz
naturel (CH4) : on le porte à haute température pendant un
temps très bref.
1000°𝐶
2CH4 C2H2 + 3H2
L’acétylène est utilisé pour la soudure (chalumeau).

125
Chimie des Matériaux
La Houille (environ 2 milliards de tonnes/an de consommation)
est la source indispensable du coke métallurgique, mais
comme source de matières premières organiques c’est le
pétrole qui l’emporte.

IV- Pollution liée aux goudrons

Nous avons déjà vu que les goudrons sont obtenus par la


distillation de la houille. Ils renferment de nombreux constituants.

126
Chimie des Matériaux
On peut y extraire principalement des hydrocarbures
benzéniques et des phénols, or ces produits sont toxiques :
- Le benzène donne des maladies du foie notamment par
inhalation de ses vapeurs ; ingéré, il s’élimine difficilement de
l’organisme et affecte la moelle osseuse, entraînant anémie et
leucémie. Les arènes a plusieurs noyaux accolés sont
cancérigènes (on en trouve dans les goudrons que contiennent
les fumées de tabac.)
- Quant au phénol ordinaire, ses solutions aqueuses sont
employées comme désinfectants (antiseptiques). A l’état pur, il
provoque de graves brûlures cutanées et est toxique .

Chimie des Matériaux 127


Ainsi, le goudron nuit à la santé, mais il n’est pas encore interdit
partout en Europe. Par contre, toutes les investigations montrent
que les craintes sur la toxicité des produits bitumeux ne sont
pas fondées, de sorte qu’il y’a de nouveaux champs
d’application du bitume : étanchéité pour déchets, lutte antibruit
(isolation acoustique).

NB : Si un jour vous travaillez avec du goudron,


veillez à porter un masque à gaz et des gants pour
vous protéger.

128
Chimie des Matériaux
exercice

129
Chimie des Matériaux
Chapitre 6

Défauts dans les matériaux

130
Chimie des Matériaux
I- Défauts dans les cristaux

Qu'est ce qu'un défaut?


Dans une structure cristalline idéale, même arrangement autour des atomes,
périodicité non perturbée = pas de défauts
Dans une structure cristalline réelle, toujours des défauts = imperfections,
erreur d'empilement, nature de l'atome différent, localisation des atomes
différente
Les défauts = faible volume en dehors duquel les propriétés de symétrie et
de structure sont celles du cristal idéal.

Type de défaut et nombre dépendent du matériau dépendent de son


environnement, des traitements de déformation auquel il est soumis.

Chimie des Matériaux 131


I-1- Les propriétés des cristaux
Elles sont classées en deux catégories:
1) Les propriétés intrinsèques sont liées à la structure atomique du cristal
et à sa symétrie:
- piézoélectricité
- biréfringence
Ces propriétés sont modifiées par la présence de défauts:
les conductibilités thermique et électrique des métaux, les phénomènes
de croissance cristalline, la susceptibilité magnétique, etc….

2) Les propriétés extrinsèques sont liées à la présence des défauts:


- comportement sous l’effet de contraintes appliquées (prop. méca)
- propriétés de diffusion (propriétés thermiques)
- réactions chimiques entre solides…
132
Chimie des Matériaux
I-2- Les différents types de défauts

1) Les défauts à 0-D


Affectent la structure sur quelques atomes isolés (faible volume, dimensions
de l’ordre des distances interatomiques)

-les défauts ponctuels (lacunes, interstitiels, atomes d’impuretés, etc.)


-les défauts électroniques (électrons, trous positifs...) ou leurs associations

133
Chimie des Matériaux
Les différents types de défauts
2) Les défauts linéaires (1-D)
Deux dimensions sont petites et la troisième grande. Ils s'étendent suivant
une ligne (une seule rangée d'atomes touchée à la fois)
-dislocations coin ou vis

Alliage d’Al

Chimie des Matériaux


134
Les différents types de défauts
3) Les défauts plans (2D)
Affectent un ou plusieurs plans du cristal :
- fautes d’empilement
- joint de grains
- surface de mâcle
- nucléation en surface
Cu fortement déformé

Chimie des Matériaux 135


Les différents types de défauts
- Macles
Ce sont des associations de plusieurs individus de la même espèce, orientés
selon des lois cristallographiques strictes. Il y a en fait croissance de minéraux
dans plusieurs directions différentes.

Chimie des Matériaux 136


Les différents types de défauts

4) Les défauts volumiques (3D)


Ils affectent des agrégats d'atomes :
- contraintes élastiques d’origine externe ou interne
- précipités
- composés à plusieurs phases

Carbure dans acier

137
Chimie des Matériaux
I- 3- La diffusion des défauts
La diffusion ?

C’est un phénomène de transport atomique ou moléculaire activé


thermiquement

Agitation thermique : succession de sauts d’atomes, d’ions ou de


molécules de site en site (des matériaux solides ou liquides)

138
Chimie des Matériaux
I-3-1- Mécanismes de la diffusion
La diffusion lacunaire
Saut d’un atome (ou ion) vers 1 site voisin vacant (liée à la présence de
lacune)

La diffusion interstitielle
Atomes de soluté de la ss d’insertion migrent à travers des canaux de
diffusion constitués de sites interstitiels adjacents

139
Chimie des Matériaux
I-3-2- Déplacement des défauts dans les cristaux
Le mouvement des défauts ponctuels permet le transport des charges dans
les cristaux ioniques.

Cas des lacunes : un atome ou un ion voisin de la surface vient se placer


en surface et laisse un site inoccupé (une lacune) qui se propage ensuite à
l’intérieur du cristal : sous l’action de l’agitation thermique, un atome ou ion
voisin « saute » dans la position restée vacante, laissant à son tour une
lacune, etc…

Cas des interstitiels: deux possibilités


- saut direct d’une position interstitielle à une autre
- saut par remplacement, l’interstitiel vient prendre la place
d’un atome ou ion en position normale qui occupe à son tour une position
interstitielle .
140
Chimie des Matériaux
I-3-3- La diffusion chimique

La diffusion est une marche aléatoire. Saut couplé entre deux


éléments chimiques.

141
Chimie des Matériaux
La diffusion chimique

Saut couplé avec le déplacement d’une « vacance »

La diffusion est une marche aléatoire. Elle tends à homogénéiser


les compositions chimiques.

Remarque : diffusion = franchissement barrière d’énergie


Franchissement favorisée si T h et faible énergie de liaison
I-4- Les défauts ponctuels
I-4-1- Défaut de Schottky (lacune)

Un atome quitte sa position normale pour se mettre ailleurs hors du réseau,


créant de ce fait une lacune.

Les lacunes jouent un rôle important dans la diffusion


en phase solide (déplacement d’atomes).

I-4-2- Défaut anti-Schottky (atome en position interstitielle ) :


localisation d'un atome dans une position non conventionnelle dans le
réseau du cristal parfait. Déplacement des atomes voisins faible mais
mesurable.
La présence d'atome en position interstitielle génère
des distorsions locales qui vont induire une
augmentation de l'énergie du cristal. 143
Chimie des Matériaux
144
I-4-3- Énergie libre de Gibbs

G = est minimum lorsque le cristal est en équilibre avec son environnement


G = H - TS
H = enthalpie ou énergie interne (forces électrostatiques + énergie liée aux
vibrations des liaisons)
S = entropie ou mesure du désordre
T = température en kelvins

La création d'un défaut ponctuel induit une augmentation de l'enthalpie du


cristal H et une variation de l'entropie S
G = H - TS
Pour une faible concentration en défauts à une température donnée, le
terme -S reste le plus important et G reste négatif = le minéral sera plus
stable avec une faible concentration en défauts
145
Chimie des Matériaux
I-4-4- les lacunes et interstitiels dans les cristaux ioniques
Le cristal doit rester neutre après la création d’une lacune or, on induit un
déficit de charges local, donc une lacune ne peut être créée seule dans ce
type de cristal

a) Les défauts de Schottky


Une lacune de cation va être corrélée avec une lacune d'anion, elles ne
sont pas forcément adjacentes. Ces défauts se produisent à partir de la
surface et se propagent dans le cristal.

Chimie des Matériaux


146
b) Les défauts de Frenkel

Un atome (de petite taille par rapport aux atomes du cristal) qui passe en
position interstitielle va induire une lacune corrélée. Ces défauts se
produisent spontanément à l’intérieur du cristal

147
Chimie des Matériaux
I-4-5- Les défauts électroniques
Les centres colorés (liés à des défauts ponctuels)

Modification des propriétés optiques

F-
Ca2+ Ca2+ Ca2+ Ca2+

F- F- F- F- F-
Ca2+ Ca2+ Ca2+ Ca2+

F- F- e- F- F-
Ca2+ Ca2+ Ca2+ Ca2+
F-
Ca2+ Ca2+ Ca2+ Ca2+

F- F- F-
e- F-
Ca2+ Ca2+ Ca2+ Ca2+

F- F- F- F- F-
Ca2+ Ca2+ Ca2+ Ca2+
Coloration jaune verte de NaCl
Coloration violette de la Fluorine
Normalement incolore
148
Chimie des Matériaux
Une lacune d’ion négatif est chargée positivement et attire un e-.
Ce centre se comporte comme un atome d’H et l’e- peut réaliser des
transitions entre un niveau fondamental et un niveau excité.
Si pour réaliser cette transition un photon visible est absorbé, le centre va
permettre la coloration du minéral = centre F dit centre coloré (F= Farbe)

Coloration de l ’olivine par incorporation


Coloration de l ’azurite par d ’impuretés de Fe2+ = Vert
des impuretés de Cu2+ 149
Chimie des Matériaux
II- Nombre de défauts dans un corps simple

1- Détermination de n

Supposons qu’à une température T, on veuille connaître le


nombre de défauts dans le cristal d’un corps simple (par
exemple cristal de Cu). Les grandeurs thermodynamiques
impliquées sont l’enthalpie libre G et l’énergie libre F. l’équilibre
du système est conditionné par les valeurs de G ou F.
Partons d’un cristal idéal et introduisons un défaut de Schottky.

150
Chimie des Matériaux
A /□ → As + □
A et lacune A surface + lacune

On a G = H – TS = U + PV – TS et F = U – TS
Les variations du terme PV étant faibles pour l’état solide,
nous pouvons considérer en approximation, la variation de
l’énergie libre F = U – TS. 151
Chimie des Matériaux
Deux termes interviennent dans l’expression de l’énergie
libre F à savoir l’énergie interne U et l’entropie S. il y’a lieu de
considérer séparément les variations de ces 2 termes en
fonction de la composition.
Supposons, par exemple que, partant d’un cristal idéal, on
introduit un défaut de Schottky :
A /□ → As + □
A et lacune A surface + lacune
(État 1) (État 2)

152
Chimie des Matériaux
Supposons que nous avons n lacunes et N atomes restant dans leur
position normale. Donc le nombre total de positions dans le réseau est (n +
N). L’introduction du défaut implique une variation de l’énergie interne U et
de l’entropie S :
 Si pour une lacune U = w, pour les n lacunes on aura U = nw.
 L’entropie totale du système St contient 2 termes à savoir l’entropie de
configuration Sc et l’entropie de vibration Sv.
** Si la variation de l’entropie de vibration liée à une lacune est Sv, pour
les n lacunes on a une variation nSv.
** Pour déterminer l’entropie de configuration Sc liée à n lacunes, nous
faisons référence à la relation de Boltzmann :
Sc = k lnp, où p désigne la probabilité de trouver les atomes dans leur
position.
153
Chimie des Matériaux
 Etat 1 : p1 = 1 car il est probable de trouver chaque atome
dans sa position normale
 Etat 2 : p2= (N+n) !/(N !n !) (statistique de Fermi-Dirac).
On a donc ∆Sc = Sc2-Sc1 = k ln [(N+n) ! / N !n ! ]
En résumé on a ∆St = nSv + k ln [(N+n) ! / N !n !]
Par suite on a : ∆F =∆U-T ∆S = ∆U – n T ∆Sv – T ∆Sc
Soit : ∆F = n w – n T ∆Sv – k T ln [(N+n) ! / N !n !]

La formule d’approximation de Stirling indique que :


ln N ! = N ln N – N

154
Chimie des Matériaux
En utilisant cette approximation, on a :
𝑁+𝑛 !
𝑙𝑛 = ln 𝑁 + 𝑛 ! − ln 𝑁! − ln 𝑛!
𝑁! 𝑛!

= 𝑁 + 𝑛 ln 𝑁 + 𝑛 − 𝑁 +

155
𝐴 = 𝑁 ln 𝑁 + 𝑛 − 𝑁 ln 𝑁 + 𝑛 𝑙𝑛 𝑁 + 𝑛 − 𝑛 ln 𝑛
𝜕 𝜕 𝑁. 𝜕 𝑁
• 𝑁 ln 𝑁 + 𝑛 = 𝑁 ln 𝑁 + 𝑛 = 𝑁+𝑛 =
𝜕𝑛 𝜕𝑛 𝑁+𝑛 𝜕𝑛 𝑁+𝑛

𝜕
• 𝑁 ln 𝑁 = 0
𝜕𝑛

𝜕 𝜕
* 𝑛 ln 𝑁 + 𝑛 = ln 𝑁 + 𝑛 + 𝑛 𝑥 ln 𝑁 + 𝑛
𝜕𝑛 𝜕𝑛
𝑛
= ln 𝑁 + 𝑛 +
𝑁+𝑛
𝜕 𝜕 1
• 𝑛 ln 𝑛 = ln 𝑛 + 𝑛. ln 𝑛 = ln 𝑛 + 𝑛. = ln 𝑛 + 1
𝜕𝑛 𝜕𝑛 𝑛

𝜕𝐴 𝑁 𝑛
Finalement : = − 0 + ln 𝑁 + 𝑛 + − ln 𝑛 − 1
𝜕𝑛 𝑁+𝑛 𝑁+𝑛
𝑛+𝑁 𝑁+𝑛
= − 1 + ln 𝑁 + 𝑛 − ln 𝑛 = ln
𝑁+𝑛 𝑛
𝜕∆𝐹 𝑁+𝑛
Donc = 0 = 𝑊 − 𝑇 ∆𝑆𝑣 − 𝑘 𝑇 ln
𝜕𝑛 𝑛
𝑛 𝑊 ∆𝑆𝑣 𝑛
0=𝑊 − 𝑇 ∆𝑆𝑣 + 𝑘𝑇 ln soit − + ln = 0.
𝑁+𝑛 𝑘𝑇 𝑘 𝑁+𝑛 156
Chimie des Matériaux
∆𝑆𝑣 𝑊 ∆𝑆𝑣
𝑛 ∆𝑆𝑣 𝑊 𝑛
On a donc : ln = −  = 𝑒 𝑘 − 𝑘𝑇 = 𝑒 𝑘 𝑒 −𝑊/𝑘𝑇
𝑁+𝑛 𝑘 𝑘𝑇 𝑁+𝑛
𝑛
Comme 𝑛 ≪ 𝑁 𝑒𝑡 ∆𝑆𝑣 ≅ 0  = 𝑒 −𝑊/𝑘𝑇
𝑁
On a 𝑛 = 𝑁𝑒 −𝑊/𝑘𝑇

Si la température T augmente, le nombre de lacunes n


augmente. Par contre, si l’énergie w augmente, le nombre de
lacunes n diminue

Conclusion : Le nombre de défauts de Schottky augmente avec


la température T, mais diminue lorsque l’énergie de formation
d’une lacune w augmente.
157
Chimie des Matériaux
Application au cas du cuivre
Cu est un métal qui cristallise dans le système c.f.c. Pour une
mole on a : Wm = N w, avec N = 6,02 1023.
On donne Wm = 23 kcal mole-1. En outre, à 1000°K le rapport
𝑛
= 10−5  6. 1018 lacunes.
𝑁
𝑛 1
À 3000°K le rapport =  2% de N = n = 12.1021 lacunes.
𝑁 50

Le Cu fondu et refroidi contient des défauts. Les corps à l’état


𝑑𝐹
normal ne sont pas dans leur état d’équilibre donné par =0
𝑑𝑛

L’état d’équilibre d’un solide à une température donnée n’est pas


l’état d’équilibre parfait.
158
Chimie des Matériaux
2- Détermination de w
−∆𝐻
𝑛
Partons de la formule =𝑒 𝑅𝑇
𝑁

n = nombre de lacunes
N = nombre d’atomes restants dans leur position normales
H = enthalpie de formation du défaut considéré on se
propose de calculer
H□ pour la formation d’un défaut de Schottky
HΔ pour la formation d’un défaut interstitiel

Chimie des Matériaux 159


2-1- Détermination de H□ (formation d’une lacune)
Pour un élément A se trouvent dans un réseau, on peut écrire
que : A  A+ + e-
En réalité le calcul de H□ revient à calculer plusieurs énergies
dont on fera la somme :
1) A+/   𝐴+𝑉𝑎𝑝 +  on trouve w1 = 370 kcal. mol-1
A+ et lacune A+vapeur

2) de même : e-/   𝑒𝑉𝑎𝑝



w2 Travail de sortie de l’e-
3) (A+ + e-)  Avap wi Potentiel d’ionisation - 170 kcal. mol-1
4) 𝐴+𝑉𝑎𝑝  𝐴+𝑠𝑢𝑟𝑓𝑎𝑐𝑒 ws Enthalpie de sublimation
5) Effet de relaxation autour de la lacune laissée par AS : wr = -170 Kcal. mol -1
Au total H = 30 Kcal. mol-1
160
Chimie des Matériaux
2-2- Détermination de H (formation interstitielle)

Un élément A en surface vient s’introduire dans le réseau.


Cette insertion se fait en plusieurs étapes.

1) As  As vapeur wsub sublimation


2) Les métaux sont constitués de sorte qu’on a des ions autour
desquels « gravitent » des e-, on doit avoir :
AsVap  𝐴+ + 𝑒 − wi potentiel d’ionisation
3) e-Vap  sortie de e- we- 170 Kcal /mol

4) A+ vap  A+ / calcul électrostatique = 100 Kcal / mol


5) Relaxation autour de l’interstice : - 60 Kcal / mol
Au total H = 210 Kcal.mol-1
161
Chimie des Matériaux
Conclusion : H  H
Il est donc plus facile de créer un défaut de Schottky que de
créer un interstitiel, puisque la création d’un défaut interstitiel
est plus endothermique que celle d’une lacune.
A ce propos, nous pouvons comparer n (nombre de défauts) et
n (nombre de défaut anti Schottky), rapportés au même
nombre N d’atomes restant dans leur position.

∆𝐻∆ − ∆𝐻 210−30
𝑛∆ −  𝑛∆ −
=𝑒 𝑅𝑇 Application : =𝑒 2
𝑛 𝑛
 
R # 2.10-3 Kcal. d°-1 mole-1 et RT # 2 Kcal. mole-1 à 1000°K

162
Chimie des Matériaux
𝑛∆
A 1000°K on a donc = 10−39 (1)
𝑛

𝑛
Or n = 6.1018 puisque  = 10−5 (2)
𝑁

Il en résulte que 𝑛∆ ≅ 0
Conclusion : Dans une mole d’atomes à 1000°K, il y a 6.1018
lacunes et 0 interstitiel. Cela explique pourquoi le défaut anti-
Schottky est impossible dans les corps simples (d’un élément).

163
Chimie des Matériaux
3- Détermination expérimentale du nombre de lacunes

Partons de la formation d’une lacune :

L : la longueur macroscopique
a : distance d’un plan atomique à l’autre
N : positions atomiques,
n : nombre de lacunes
(N + n) : positions du réseau
L3 et a3 sont les volumes macro et micro
3ΔL/L et 3Δa/a sont les variations relatives

164
Chimie des Matériaux
Soit v le volume occupé par un atome. À la suite de la formation des n
lacunes, le volume total libéré sera nv mais la valeur du volume réel libéré sur
le plan microscopique sera nαv. Pour tenir compte de l’effet de relaxation on
introduit un coefficient α<1.
Nous pouvons donc écrire que :

∆𝑉
macro = Δ L3/ L3 = 3L2 ΔL / L3 = 3ΔL/L
𝑉

= (Δv(lacunes) + Δv(relaxation) ) / Nv
𝑛𝑣 𝑛𝛼𝑣 𝑛𝑣 1+𝛼
= + =
𝑁𝑣 𝑁𝑣 𝑁𝑣

∆𝑉 ∆𝑉 ∆𝑉 ∆𝑙 ∆𝑎
micro = 3Δa/a; donc on a macro - =3 −
𝑉 𝑉 𝑉 micro 𝑙 𝑎

=n/N
165
Chimie des Matériaux
On déduit que (ΔL/L - Δa/a) = n / 3N.
Les variations relatives ΔL/L et Δa/a sont déterminés
expérimentalement par dilatométrie. Les tracés des courbes ΔL/L et
Δa/a en fonction de la température T donne accès au rapport n / N.

L’observation de ces deux


courbes montre que lorsque la
température est faible, il n’y a
pas de lacunes. Cependant
quand la température augmente
on peut à chaque instant faire
une évaluation du nombre de
lacune qui se crée.
166
Chimie des Matériaux
Elément H (Kcal. mol-1)
Al 17
Au 22,1
Cu 23
Ag 25
Pt 30

L’élément Pt est l’élément le moins lacunaire puisque la création de


lacunes demande la plus grande énergie (difficiles de créé une lacune).

167
Chimie des Matériaux
4- Notation des types de défauts : modèle de Kröger et Vink

Soit un composé iono- covalent de type MXn


M ou X présents sur leurs sites normaux : MM, XX
M ou X absents de leurs sites normaux : VM, VX
M ou X présents sur des sites normalement vides (interstitices) : Mi, Xi

Tout défaut ponctuel se note par : 𝑋𝑌𝐶


X est la nature chimique (symbole) avec Y qui définit la position : soit
le nom de l’atome ou l’ion qu’il remplace, soit i pour interstitiel.
C indique la charge relative qui est « ’ » (apostrophe) pour une charge
négative, ou en point « . » pour une charge positive ; « rien » ou « x »
pour une charge relative nulle.
168
Chimie des Matériaux
Exemple : AgCl ≡ (Ag+, Cl-)
𝑥 𝑥
Position normale : Ag+ ≡ 𝐴𝑔𝐴𝑔 ≡ 𝐴𝑔𝐴𝑔 ; Cl- ≡ 𝐶𝑙𝐶𝑙 ≡ 𝐶𝑙𝐶𝑙
Position interstitielle : Ag+ ≡ 𝐴𝑔𝑖⋅ ; Cl- ≡ 𝐶𝑙𝑖′
Lacune en Ag+ et Cl- : Ag+ ≡ 𝑉𝑖′ ; Cl- ≡ 𝑉𝑖⋅
⋅⋅ 2⋅
Ag+ en anti-site 𝐴𝑔𝐶𝑙 ≡ 𝐴𝑔𝐶𝑙

Exercice : quel est le défaut de Schottky le plus


probable dans ZrO2?

Corrigé : Un défaut de Schottky soit une lacune de Zr4+


associée à deux lacunes de O2-
169
Chimie des Matériaux
III- Les impuretés dans les cristaux : Solutions solides
Un cristal n’est jamais totalement pur. Ce sont tous les atomes de natures
différentes qui entrent dans la structure d'un cristal.
On peut aussi doper les cristaux pour modifier les propriétés électriques ou la
couleurs par exemple.

Il faut voir:
- comment la structure peut accommoder l'impureté?
- est ce qu'il y a distorsion de la structure?
-quelle est la nature des liaisons entre l'élément et les atomes du cristal hôte?
- quelle concentration peut entrer dans le cristal?
-le cristal peut il rester neutre?

Une structure cristalline qui contient des impuretés peut former une solution
solide. 170
Chimie des Matériaux
1) Par substitution
l'impureté occupe les mêmes sites que les atomes qu'elle remplace dans le
cristal hôte

On peut réaliser une substitution si:


- la différence de taille entre l'atome impureté et les atomes du cristal hôte
doit être inférieure ou égale à 15%
- leur électronégativité est comparable
- leur valence est la même
- la structure dans laquelle cristallise l'impureté et les atomes hôtes est la
même (pour les métaux essentiellement)

171
Chimie des Matériaux
Exemple: Cas de substitution totale Si-Ge

Taille
RSi = 1,17Å
RGe = 1,22Å Différence 4,1%

Electronégativité
ENSi= 1,90
ENGe = 2,01 Différence 5,5%

Valence Si4+ et Ge4+


Structure cristalline : tous deux adoptent la structure du diamant

172
Chimie des Matériaux
2) En position interstitielle
l'impureté va se loger dans des sites interstitiels, il faut qu'elle soit petite

173
Chimie des Matériaux
Diagrammes à miscibilité complète

174
Chimie des Matériaux
Diagramme à miscibilité partielle

175
Chimie des Matériaux
Les défauts ponctuels sont en général de même type pour un cristal
donné.
Les défauts ponctuels sont responsables des propriétés de transport par
diffusion et accélèrent la diffusion : cinétique des transformations de
phases (ex: précipitation)
Ils dépendent du type de liaison et du rayon ionique des cations par
rapport aux anions.
Les défauts de FRENKEL ne se forment pas si
- Les forces de répulsion sont élevées
- si les tailles des cations et des anions sont proches
Les impuretés concernent toujours un nombre important d’atomes Pb
lorsque l’on veut des composés ultra purs Si Par exemple.

176
Chimie des Matériaux
IV- Défectologie

C’est la science qui étudie les défauts de leur genèse à leur


croissance. Elle prend en compte les défauts microscopiques et
macroscopiques.

1- Classification des défauts

En général, on classe un défaut au moyen de deux


critères :
- Son type : débouchant (D), sous-jacent (SJ) ou profond (P)
- Sa criticité : dimension, position, évolution possible et
détectabilité tout au long de son évolution.
177
Chimie des Matériaux
2- Terminologie des défauts

La terminologie des défauts est importante, car elle désigne le


défaut et donne très souvent une indication sur la genèse. Les
principaux termes couramment employés sont les suivants :
- Fissure : déchirure du métal apparaissant sous l’effet de
contraintes thermiques ou mécaniques.
- Crique : fissure inter granulaire et d’allure tourmentée se
développant dans les joints des cristaux primaires encore mal
consolidés sur lesquels s’exercent des contraintes de traction dues
au retrait.
- Crique centrale : crique apparaissant suivant un axe central de
symétrie d’une pièce de fonderie ou forgeage.
178
Chimie des Matériaux
- Soufflure (cavités gazeuses) : bulle de gaz emprisonnée lors de la
solidification.
- Piqûres : soufflures se trouvant en surface de la pièce.
- Porosité : soufflures en chapelet
- Nid de soufflures : regroupement de soufflures
- Retassure : cavité de forme caverneuse de plus ou moins grande
dimension, profonde ou débouchant, apparaissant à la solidification
par manque de matière dû à un retrait important
- Tapure : fissure rectiligne, profonde et inter granulaire apparaissant
sous l’effet d’une contrainte thermique après solidification ou
traitement.

179
Chimie des Matériaux
- Inclusions solides : composés oxydés inclus dans le métal
- Sulfures : précipités formés à base de soufre en fin de
solidification ou lors d’un chauffage à haute température.
- Oxydes : composés formés à partir d’éléments chimiques
avides d’oxygène.
- Nitrures : composés azotés
- Ségrégations : hétérogénéités métallurgiques apparaissant
lors de la solidification, formant des zones d’impuretés.

180
Chimie des Matériaux
3- Les modes de ruine

Les modes de ruine d'une structure dépendent des sollicitations


mécaniques, thermiques, chimiques qu'elle subit, des défauts qu'elle
contient et des propriétés du matériau.
Ils comprennent :
- Le jambage instabilité résultant d'une diminution d'énergie sous
faible perturbation des conditions aux limites. Au-delà d'un seuil de
compression, une structure allongée fléchit brutalement, cette
configuration devenant énergétiquement plus favorable.
- Les agressions chimiques oxydation et corrosion sous contrainte.
- Les ruptures par endommagement création de nouvelles surfaces
au sein du matériau.
181
Chimie des Matériaux
A l'échelle des atomes, les mécanismes d'endommagement se classent en
trois types génériques :
- Les clivages, rupture de liaisons en traction avec création d'une
fissure, concernent les matériaux cristallisés.
Un mécanisme analogue intervient dans les craquelures des polymères,
dans le béton plus ou moins cristallisé, dans les verres, dans les ruptures
inter granulaires.
- Les glissements, décalage sous cisaillement des liaisons entre les
atomes de deux plans atomiques adjacents sont à l'origine de la
déformation plastique ;
Ils peuvent conduire à une instabilité de la structure, striction ou déchirure
ductile (plastic collapse) lorsque la diminution de section qu'ils induisent ne
peut plus être compensée par l'écrouissage (durcissement) du matériau.

182
Chimie des Matériaux
La déformation plastique provoque aussi l'apparition de petites cavités
internes ; Leur croissance et leur coalescence conduisent à la rupture.
Sous sollicitation cyclique, les glissements n'étant pas parfaitement
réversibles, ils finissent par détériorer la surface des pièces aboutissant aux
ruptures de fatigue.
- Les cavitations par dilution de lacunes : mécanisme très important en
usage nécessitant des températures élevées de fonctionnement ou de fortes
irradiations.
Ces mécanismes de ruine interagissent avec les mécanismes chimiques
(migration de gaz dans les cavités, blocage des glissements par des atomes
de soluté ou des précipités, modification de l'énergie des joints de grains ou
des surfaces par migration d'impuretés, réactions chimiques sur les surfaces
nouvellement créées) et conduisent à l'apparition de fissures à l'échelle
macroscopique.
183
Chimie des Matériaux
V- Contrôle des défauts
La présence des défauts ou la santé des pièces est un
impératif de qualité et de sécurité.

Deux types de contrôle sont possibles :


- Les contrôles non destructifs (ressuage, magnétoscopique,
rayons ionisants, etc.)
- Les contrôles destructifs (macrographie, micrographie, etc.)
Pour les contrôles non destructifs, la qualité de mise en
œuvre est fondamentale pour garantir les résultats. Elle est
assurée par : la mise en place de procédures adaptées, des
matériels vérifiés, du personnel qualifié.
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Chimie des Matériaux

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