RecueildescommunicationsduSminaireDessalementTangermai2009AIGR
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Amicale des Ingénieurs du Génie Rural. Avenue Hassan II. BP 1069. Rabat.
Tél : 212 6 63 04 41 45 Ŕ 212 5 37 69 00 98 Ŕ 212 5 37 69 84 45. Fax : 212 5 37 69 84 44. E-Mail : [email protected]
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Edité et publié par les soins de l’Amicale des Ingénieurs du Génie Rural du Maroc (AIGR), Mai 2009
TABLES DES MATIERES
CHANGEMENTS CLIMATIQUES: CAUSES ET CONSÉQUENCES SUR LE CLIMAT ET LES RESSOURCES EN EAU .....................................................12
Par Mohamed SINAN, Mohamed BOUSSETTA et Aissam EL RHERARI
ETAT DES DÉVELOPPEMENTS EN MATIÈRE DE DESSALEMENT DE L'EAU DE MER PAR PROCÉDÉS MEMBRANAIRES .........................................23
Par Pierre CORSIN
ASPECTS TECHNIQUES, FINANCIERS ET ÉCONOMIQUES DES DIVERS PROCÉDÉS DE DESSALEMENT DES EAUX................................................37
Par José Luis Pérez TALAVERA
EXPLOITATION DE RESSOURCES D'EAU SAUMATRE POUR LA PRODUCTION D'EAU POTABLE : EXEMPLE DE L'INSTALLATION DE WADI
MA’IN, ZARA, ET MUJIB, JORDANIE. ........................................................................................................................................................................................61
Par Véronique BONNELYE
DESSALEMENTDES EAUX : POINT SUR LES RECENTES EVOLUTIONS TECHNIQUES ET LE DEVELOPPEMENT DES APPLICATIONS EN
PRODUCTION D'EAU POTABLE. ...............................................................................................................................................................................................81
Par Véronique BONNELYE
LE DESSALEMENT DE L’EAU DE MER PAR OSMOSE INVERSE : UNE SOLUTION POUR L’ALIMENTATION EN EAU DES VILLES CÔTIÈRES
D’ALGÉRIE ...................................................................................................................................................................................................................................88
Par Derradji ZOUINI
LE DESSALEMENT D’EAU DE MER AU CŒUR DE LA STRATEGIE DU DEVELOPPEMENT DU GROUPE OFFICE CHÉRIFIEN DES PHOSPHATES
(OCP) ...........................................................................................................................................................................................................................................103
Par Ahmed SEGTEN et Hicham FREJ
LE DESSALEMENT DES EAUX : UNE ALTERNATIVE DURABLE, OU BIEN UNE APPROCHE PRAGMATIQUE POUR RESOUDRE CERTAINS
PROBLÈMES DE PÉNURIE D’EAU? ........................................................................................................................................................................................139
Par Abou Bekr Seddik EL GUEDDARI
Edité et publié par les soins de l’Amicale des Ingénieurs du Génie Rural du Maroc (AIGR), Mai 2009
RESSOURCES EN EAU ET UTILISATIONS EN MEDITERRANEE, SITUATION ET PERSPECTIVES
Mohammed BLINDA1
RESUME
Dans les pays du pourtour méditerranéen, les ressources en eau sont limitées et inégalement réparties. Elles sont estimées,
en année moyenne, à 1080 km3/an dont 118 km3, soit 11% du total, proviennent de pays non méditerranéens.
Les pays de la rive Sud ne reçoivent que 10 % du total des précipitations. La population méditerranéenne « pauvre » en eau,
c‟est-à-dire celle des pays dotés de moins de 1000 m3/hab./an de ressources renouvelables s‟élève actuellement à 180
millions d‟habitants et pourrait atteindre 250 millions d‟habitants en 2025. La population en situation de pénurie, c'est-à-dire
disposant de moins de 500 m3/hab./an, pourrait passer dans le même temps de 60 à 80 millions d‟habitants.
Les Objectifs du Millénaire pour le Développement en matière d‟accès à l‟eau potable et à l‟assainissement ne sont pas
encore atteints puisque respectivement vingt millions et quarante sept millions de Méditerranéens n‟ont, aujourd‟hui, pas
accès à ces services, notamment dans les pays au Sud et à l‟Est.
Les demandes en eau ont doublé dans la deuxième moitié du XXème siècle pour atteindre 280 km3/an pour l‟ensemble des
pays riverains. A l‟horizon 2025, la demande en eau pourrait encore s‟accroître de 50 km 3. L‟essentiel de cette croissance
serait le fait des pays du Sud et surtout de la rive Est de la Méditerranée, l‟agriculture restant le principal utilisateur de la
ressource en eau.
Les rendements d‟utilisation des eaux malgré quelques progrès encourageants, sont loin d‟être satisfaisants; pertes, fuites
de transport et gaspillages sont estimés à environ 38 % de la demande totale en eau.
Compte tenu de l'accroissement démographique, des changements climatiques, des mutations économiques et sociales, le
risque de manque d'eau ne peut plus être écarté. La réalité présente est déjà très tendue et implique, de manière absolue,
une gestion plus économe, plus durable et plus équitable de l'eau pour relever les trois défis majeurs auxquels sont
désormais confrontés les pays méditerranéens : gérer durablement des ressources hydriques limitées, assurer l‟accès à
l'eau potable et à l‟assainissement aux populations non encore desservies et habituer les usagers à des comportements
économes en eau.
Les marges de progrès sont, en effet, considérables puisqu‟une meilleure gestion de la demande permettrait d‟économiser
un quart des demandes en eau. Le renforcement de la coopération régionale, dans le cadre de l‟Union pour la Méditerranée
(UpM) et la future Stratégie pour l'eau en Méditerranée, contribueront sans doute à relever ces défis.
Mots-clés : pays méditerranéens, problèmes de l‟eau, ressources et demandes en eau, pénuries, gestion des demandes,
économies d‟eau.
SUMMARY
In the Mediterranean-rim countries, water resources are limited and unevenly distributed, they are estimated, in average
year, as 1080 km3/year, of which 118 km3, that is 11% of the total, originate in non Mediterranean countries.
The countries of the Southern rim receive a mere 10 % of the total rainfall. The water “poor” Mediterranean population, i.e.
that of countries with less than 1000 m3/inhab./year of renewable resources, now counts 180 million inhabitants and is likely
to reach 250 million inhabitants by 2025. The water “scarce” population, i.e. that with less than 500 m 3/inhab./year, is likely to
pass, over the same period, from 60 to 80 million inhabitants.
The Millennium Development Goals (MDGs) in matter of access to drinking water and sanitation have not been achieved yet,
since twenty (20) million and forty seven (47) million Mediterranean people still do not have access to drinking water and to
sanitation, respectively, especially in the Southern and Eastern Mediterranean countries.
During the second half of the 20th century, water demand has increased twofold, reaching some 280 km3 in all riparian
countries. By 2025, water demand may increase by a further 50 km 3, essentially in the Southern and Eastern Mediterranean
countries. Agriculture is expected to remain the main water user in volume.
Water use outputs are-in spite of some encouraging results-far from being satisfactory; conveyance losses, leakages and
wastage are estimated as about 38 % of the total water demand.
In view of demographic growth, climate change, and economic and social changes, the risk of water shortage can no longer
be discarded. The present situation is already quite tense, and it absolutely calls for a more sparing, more sustainable and
more equitable water management in order to address the three major challenges with which the Mediterranean countries
1
Docteur en Géo-environnement, Expert international en gestion quantitative et qualitative de l‟eau, contamination des eaux et des sols et traitement des
eaux usées, chargé de mission eau au Plan Bleu du programme des Nations Unies pour l‟Environnement. E-mail : [email protected]
1.
RESSOURCES EN EAU ET UTILISATIONS EN MEDITERRANEE, SITUATION ET PERSPECTIVES
will henceforth be faced: to sustainably manage the limited water resources, ensure access to drinking water and sanitation
by populations that are not yet serviced, and instil water-saving behaviour among the users.
Indeed, there is considerable room for progress since improved water demand management would make it possible to save
25% of water demand. The Strengthening regional cooperation within the framework of the Union for the Mediterranean
(UfM) and the future Mediterranean Water Strategy, will contribute towards taking up these challenges.
Key words: Mediterranean countries, water issues, water resources and demands, water shortages, water demands
management, water savings.
Introduction
Dans les pays du pourtour méditerranéen, les ressources en eau sont limitées et inégalement réparties. Les pays de la rive
Sud ne reçoivent que 10 % du total des précipitations. Les Objectifs du Millénaire pour le Développement en matière d‟accès
à l‟eau potable et à l‟assainissement ne sont pas encore atteints puisque respectivement vingt millions et quarante sept
millions de Méditerranéens n‟ont, aujourd‟hui, pas accès à ces services, notamment dans les pays au Sud et à l‟Est. Les
rendements d‟utilisation des eaux malgré quelques progrès encourageants, sont loin d‟être satisfaisants; pertes, fuites de
transport et gaspillages sont estimés à environ 38 % de la demande totale en eau.
Compte tenu de l'accroissement démographique, des changements climatiques, des mutations économiques et sociales, la
demande en eau va inévitablement croître et le risque de manque d'eau ne peut plus être écarté. La réalité présente est déjà
très tendue et implique, de manière absolue, une gestion plus économe, plus durable et plus équitable de l'eau pour relever
les trois défis majeurs auxquels sont désormais confrontés les pays méditerranéens : gérer durablement des ressources
hydriques limitées, assurer l‟accès à l'eau potable et à l‟assainissement aux populations non encore desservies et habituer
les usagers à des comportements économes en eau. Nul doute que la future Stratégie pour l'eau en Méditerranée, élaborée
dans le cadre de l‟Union pour la Méditerranée (UpM) contribuera à relever ces défis.
En Méditerranée, les ressources en eau naturelles renouvelables sont estimées, en année moyenne, à 1080 km 3/an dont
118 km3, soit 11% du total, proviennent de pays non méditerranéens.
La population méditerranéenne « pauvre » en eau, c‟est-à-dire celle des pays dotés de moins de 1000 m3/hab./an de
ressources renouvelables s‟élève actuellement à 180 millions d‟habitants et pourrait atteindre 250 millions d‟habitants en
2025. La population en situation de pénurie, c'est-à-dire disposant de moins de 500 m3/hab./an, pourrait passer dans le
même temps de 60 à 80 millions d‟habitants.
L‟examen de la pression des demandes sur les ressources exprimée par l‟indice d‟exploitation des ressources en eau
naturelles renouvelables, met en évidence une géographie très contrastée et parfois inquiétante du « futur en eau ». D‟ores
et déjà, dans certains pays, les prélèvements en eau approchent voire dépassent le niveau limite des ressources
renouvelables. Ces calculs à l‟échelle nationale peuvent cacher d‟importantes disparités à l‟échelle du bassin versant
méditerranéen ou localement, comme en Espagne méditerranéenne (figure 1). Les situations présentes et futures
deviennent encore plus alarmantes lorsque cet indice est calculé par rapport aux ressources exploitables qui ne
représentent que la moitié ou le tiers des ressources en eau naturelles renouvelables.
Face à la croissance démographique et au développement économique, les demandes en eau, c‟est-à-dire la somme des
prélèvements sur les ressources, y compris les pertes lors du transport et de l‟usage et des productions non
2.
RESSOURCES EN EAU ET UTILISATIONS EN MEDITERRANEE, SITUATION ET PERSPECTIVES
conventionnelles comme le dessalement ou la réutilisation des eaux usées, ont doublé depuis 1950 pour atteindre, en 2007,
280 km3/an pour l‟ensemble des pays riverains. L‟agriculture, qui reste le premier consommateur d‟eau, prélève 82 % des
volumes sur les rives Sud et Est du bassin.
Une partie croissante des demandes est satisfaite par une production d‟eau non durable estimée à 16 km3/an, dont 66 %
sont issus de prélèvements d‟eaux fossiles et 34 % de surexploitation de ressources renouvelables.
Aux pressions quantitatives sur les ressources viennent se surajouter les impacts des rejets d‟eaux usées urbaines,
industrielles et agricoles non ou insuffisamment épurées, qui engendrent des teneurs excessives en pesticides ou en nitrates
dans de nombreux aquifères ou affectent directement les cours d‟eau. L‟accès à un système d‟assainissement amélioré
affiche encore un retard significatif notamment au Sud et au Proche-Orient puisque quarante sept millions de
Méditerranéens en sont encore privés (figure 2).
Figure 2 Part de la population n’ayant pas accès à l’eau et à l’assainissement, pays entiers, 2006
Les évolutions de températures et de précipitations décrites par les modèles climatiques entraîneront une aggravation des
ces tendances. Les régions méditerranéennes, qui souffrent déjà d‟un stress hydrique important, aggravé par une
succession d‟années de sécheresse, vont se trouver particulièrement exposées à des réductions de leurs ressources en
eau. Dans certains pays, ce type d‟évolution pourrait déboucher sur des situations de crise aiguë. Au Sud et à l‟Est de la
Méditerranée, compte tenu de la croissance démographique et des conséquences immédiates des modifications du cycle de
l‟eau, on estime qu‟à l‟horizon 2050, environ 290 millions de personnes pourraient se retrouver en situation de pénurie d‟eau
(figure 3).
Figure 3 Evolution des ressources en eau par habitant dans les pays de Sud et de l’Est de la Méditerranée entre
2000 et 2050
3.
RESSOURCES EN EAU ET UTILISATIONS EN MEDITERRANEE, SITUATION ET PERSPECTIVES
Pour répondre aux besoins croissants en eau, les stratégies nationales continuent à privilégier l‟accroissement de l‟offre en
eau (figure 4), à travers la réalisation d‟aménagements hydrauliques de grande ampleur (plus de 1200 grands barrages dans
le seul bassin versant méditerranéen), le développement des transferts interrégionaux et internationaux, l‟exploitation
d‟aquifères non renouvelables ou l‟utilisation de ressources non conventionnelles telle que la réutilisation des eaux usées
épurées (Espagne, Israël, Chypre, Egypte, Tunisie), l‟utilisation des retours d‟eau de drainage agricole (Egypte), le
dessalement d‟eau de mer ou des eaux saumâtres en plein essor à Malte, en Espagne, Algérie et Israël. Ces politiques ont
donc atteint des limites physiques telles que l‟équipement des sites favorables, l‟envasement des barrages, la baisse des
ruissellements ou l‟épuisement de certaines ressources fossiles), économiques (coût du dessalement) et environnementales
comme l‟intrusion d‟eau de mer dans les aquifères côtiers, la dégradation des systèmes aquatiques, la régression des zones
humides.
Cependant, l'abaissement significatif des coûts rend le dessalement de plus en plus compétitif. La capacité installée pourrait
être multipliée par cinq ou six d‟ici 2030 pour atteindre environ 30 millions m 3/j. Le dessalement reste une alternative
d‟adaptation à la sécheresse et au changement climatique pour un approvisionnement en eau potable.
Le Plan Bleu a tenté d‟évaluer l‟ampleur des pertes et des « mauvais usages » de l‟eau dans chaque secteur et d‟estimer, à
partir d‟un jeu d‟hypothèses ambitieuses mais réalisables (réduire de moitié les pertes constatées actuellement), les pertes
récupérables par secteur et par sous-régions du bassin méditerranéen. Le potentiel d‟économies possibles a ainsi été estimé
à près d‟un quart de la demande en eau actuelle, soit 72 km3 sur une demande totale de 280 km3 à l‟échelle de l‟ensemble
des pays méditerranéens.
4.
RESSOURCES EN EAU ET UTILISATIONS EN MEDITERRANEE, SITUATION ET PERSPECTIVES
Ce gisement d‟économie d‟eau serait de l‟ordre de 85 km3/an en 2025, l‟agriculture irriguée représente le plus gros potentiel
d‟économies en volume, avec près de 64 % du potentiel total d‟économies d‟eau identifié en Méditerranée, contre 22 % pour
l‟industrie et 14 % pour l‟approvisionnement en eau potable.
Dans cette perspective optimiste et supposée généralisée à tous les pays, la demande en eau totale pourrait être de 245
km3/an, répartis en 106 km3/an au Nord et 139 km3/an au Sud et au Proche-Orient. Ceci équivaudrait globalement à une
diminution de la demande totale actuelle d‟une quarantaine de km3/an.
Ces estimations globales, fondées sur des expériences concrètes menées dans certains pays (encadré 1), montrent que de
telles inflexions sont possibles.
Encadré 1 : Des politiques économes d’eau en Tunisie, Syrie et au Maroc
Eau d’irrigation
La Tunisie a mis en place une stratégie nationale d'économie d'eau d'irrigation comprenant la création d'associations
d'usagers, une tarification ayant permis un recouvrement progressif des coûts et des instruments financiers ciblés pour
l'équipement des exploitations agricoles en technologies économes en eau et le soutien des revenus des agriculteurs. Cette
politique a permis, depuis 1996, de stabiliser la demande en eau d'irrigation malgré le développement important du secteur
agricole et de sécuriser tant les besoins du secteur touristique, source de devises, que des villes, source de paix sociale.
Source : A. Hamdane, Plan Bleu 2002
En Syrie, l‟adoption de la stratégie nationale de l‟eau permettra de réduire la demande en eau d‟irrigation et la stabiliser par
la conversion des superficies irriguées en mode d‟irrigation plus économes en eau sans qu‟elle soit influencée par la
croissance démographique ni pouvoir freiner le développement du secteur (PIB amélioré).
Source: H Al-Azmeh, Plan Bleu 2008
Eau potable
Au Maroc, l‟augmentation de la demande en eau de l‟agglomération de Rabat-Casablanca a été sensiblement ralentie
depuis quinze ans, et ce, malgré la forte croissance urbaine. Une meilleure gestion de l‟eau (réduction des fuites sur
réseaux, tarification progressive, comptage systématique, forte sensibilisation des usagers) a permis de retarder, voire
d‟annuler, certains investissements lourds (barrages, canaux de transfert) initialement prévus dans le plan directeur de 1980,
tout en répondant aux besoins. Ces investissements, difficiles à financer sans endettement supplémentaire, pourraient se
révéler superflus à terme.
Source : DGH Rabat, Plan Bleu 2002
5.
RESSOURCES EN EAU ET UTILISATIONS EN MEDITERRANEE, SITUATION ET PERSPECTIVES
Références
MARGAT, Jean. BLINDA Mohammed. L‟avenir de l‟eau en Méditerranée. Problèmes et solutions : nouvelle prospective 2025
du Plan Bleu. “International Conference on Water, land and Food Security in Arid and Semi-arid Regions”, Keynotes papers:
47-63 (2005).
PLAN BLEU. “Méditerranée, les perspectives du Plan Bleu sur l‟environnement et le développement”, dirigé par Guillaume
Benoit et Aline Comeau. Ed., de l‟Aube : 71-107, 2005.
BLINDA Mohammed. THIVET Gaëlle. “Faire face aux crises et pénuries d‟eau en Méditerranée”. Les Notes du Plan Bleu, n°
4, 2006.
PLAN BLEU. Gestion de la demande en eau : progrès et politiques. MAP Technical Report Series n° 168, Athènes, 2008.
PLAN BLEU. MARGAT, Jean. L‟eau des Méditerranéens : situation et perspectives. Ed., L‟Harmattan 288 p., 2008.
PLAN BLEU. “Les perspectives du Plan Bleu sur le développement durable en Méditerranée”, 2008
BLINDA Mohammed, THIVET Gaëlle. Ressources et demandes en eau en Méditerranée, situation et perspectives, Edition
John Libbey, Sciences et changements planétaires « Sécheresse », vol. 20, n° 1, pp. 1 Ŕ 8, Janvier Ŕfévrier, mars 2009.
6.
GESTION DES RESSOURCES EN EAU AU MAROC : BILAN ET PERSPECTIVES
Abdeslam ZIYAD2
Résumé
De part sa situation géographique, le Maroc est caractérisé par un climat fortement contrasté avec un régime pluviométrique
dominé par une forte irrégularité dans l‟espace et dans le temps. Le potentiel des ressources en eau naturelles, est évalué à
22 milliards de m3 par an, soit l‟équivalent de 730 m3 /habitant/an. Plus de la moitié de ces ressources sont concentrées
dans les bassins du nord et le Sebou couvrant près de 7% du territoire national.
Dans ce contexte et pour accompagner le développement du pays, le Maroc s‟est engagé depuis longtemps dans la voie de
la maîtrise de ces ressources en eau à travers la réalisation d‟importante infrastructure hydraulique ce qui lui a permis
d‟assurer ses besoins en eau sans difficultés majeures. En effet, le Maroc a réussi à bâtir un modèle efficient de gestion de
l‟eau, propre au pays et cité en exemple à l‟échelle internationale.
Derrière ce succès indéniable la politique de maîtrise et de mobilisation des ressources en eau ; le développement des
compétences techniques et de recherche scientifique appliquée ; une politique de planification à long terme lancée au début
des années 1980 qui permet aux décideurs d‟anticiper la pénurie d‟eau en donnant aux pouvoirs publics une visibilité à long
terme (20 à 30 années) ; et en enfin des avancées importantes dans le domaine réglementaire et institutionnel.
Cette politique a permis de doter le pays d‟importante infrastructure hydraulique constituée de 128 grands barrages totalisant
une capacité de près de 17 Milliards de m3 et de plusieurs milliers de forages et de puits captant les eaux souterraines.
Ces infrastructures ont permis d‟assurer :
Ŕ Le développement de l‟irrigation à grande échelle. La superficie actuellement irriguée avoisine les 1.5 Millions d‟hectares
dont les deux tiers sont équipés par les pouvoirs publics ;
Ŕ L‟approvisionnement en eau potable des populations. La production en eau potable a été multipliée par 5 au cours des
trois dernières décennies pour atteindre plus de 1 milliards de mètre cube en 2007. L‟accès à l‟eau potable est
généralisé en milieu urbain avec un taux de branchement individuel au réseau de 92%, le reste de la population, située
dans les quartiers périphériques en zone semi-urbaine, est desservie par bornes fontaines. En milieu rural, le taux de
desserte a connu au cours des dernières années un développement spectaculaire passant ainsi de 14% en 1994 à plus
de 80% en fin 2008.
Ŕ La satisfaction des besoins en eau industriels et touristiques.
Ŕ La contribution à la protection des biens et des personnes contre les inondations notamment dans plusieurs villes et
plaines agricoles comme le Gharb, le Loukkos, Nekkor et la Vallée de Tafilalt, …… ;
Ŕ La production hydroélectrique. Les usines hydro-électriques réalisées jusqu‟en 2008 totalisent une puissance installée
de 2 700 MW contribuant à la production électrique nationale en année hydrologique normale à hauteur de 10%.
Ŕ Et l'aménagement des bassins versants pour la conservation des sols et la lutte contre l‟érosion hydrique. La superficie
cumulée aménagée est de l'ordre de 550 400 ha.
Toutefois, le secteur de l‟eau reste confronter à des défis liés principalement à la raréfaction des ressources en eau sous
l‟effet des changement climatiques, à la surexploitation des ressources en eau souterraine, à la faiblesse de la valorisation
des ressources en eau mobilisées notamment dans le domaine agricole et à la détérioration de la qualité des ressources en
eau à cause du retard dans l‟assainissement et l‟épuration des eaux usées.
Pour consolider les acquis et relever les défis susmentionnés, une nouvelle impulsion visant le renforcement de la politique
de l‟eau a été amorcée et présentée dans le cadre de la stratégie de l'eau présentée à sa Majesté le 14 avril 2009 à Fes. Les
grandes orientations et contours de cette stratégie portent sur les axes suivants:
Ŕ La gestion de la demande en eau et la valorisation de l‟eau.
Ŕ La gestion et le développement de l‟offre.
Ŕ La préservation et la protection des ressources en eau, du milieu naturel et des zones fragiles.
Ŕ La réduction de la vulnérabilité aux risques naturels liés à l‟eau et l'adaptation aux changements climatiques.
Ŕ La poursuite des réformes règlementaires et institutionnelles.
En ce qui concerne, la gestion et le développement de l‟offre, de nouvelles ressources en eau conventionnelles et non
conventionnelles seront mobilisées, notamment le dessalement de l‟eau de mer et la réutilisation des eaux usées épurées.
En ce qui concerne le dessalement de l‟eau de mer, le Maroc a opté pour cette alternative pour l‟approvisionnement en eau
potable des provinces du sud en raison de leur faible potentiel en ressources en eau conventionnelle. La capacité de
2
Ingénieur en Chef du Génie Rural, Secrétariat d‟Etat chargé de l‟Eau et de l‟Environnement, Maroc. E-mail : [email protected]
7.
GESTION DES RESSOURCES EN EAU AU MAROC : BILAN ET PERSPECTIVES
production actuelle reste cependant marginale et les installations réalisées jusqu‟à aujourd‟hui sont de petite taille. Toutefois
la limitation des ressources en eau dans certaines régions conduit à envisager le recours au dessalement d‟eau de mer.
C‟est ainsi que la stratégie de l'eau prévoit la production d'eau de mer dessalée vers l'horizon 2030 de près de 400 Mm³/an.
Il est prévu de réaliser à moyen terme les usines planifiées à Laayoune et Agadir et à long terme de nouvelles usines à
Tiznit- Sidi Ifni, Chtouka, Essaouira, Safi, El Jadida, Casablanca, Al Hoceima et Saidia.
De part sa situation géographique, le Maroc est caractérisé par un climat à la fois méditerranéen au nord et aride au sud et
au sud-est de l‟Atlas, avec une saison sèche et chaude et une saison froide et humide.
Le régime pluviométrique au Maroc est caractérisé par une forte variabilité spatiale. Les précipitations moyennes annuelles
se répartissent comme suit :
Ŕ Supérieures à 800 mm dans la région la plus arrosée du nord.
Ŕ Entre 400 à 600 mm dans la région du Centre ;
Ŕ Entre 200 et 400 mm dans la région de l‟Oriental et du Souss ;
Ŕ Entre 50 et 200 mm dans les zones sud-atlasiques ;
Ŕ Et moins de 50 mm dans les bassins de Sakia El Hamra et Oued Eddahab.
La pluviométrie en année moyenne est évaluée à 140 milliards de m³ avec une grande variabilité interannuelle. La figure ci-
après présente les normales des cumuls annuels à l‟échelle nationale.
Le potentiel des ressources en eau naturelles, est évalué à 22 milliards de m3 par an, soit l‟équivalent de 730 m3/habitant/an.
8.
GESTION DES RESSOURCES EN EAU AU MAROC : BILAN ET PERSPECTIVES
Les ressources en eau superficielle sur l‟ensemble du territoire sont évaluées en année moyenne à 18 milliards de m³,
variant selon les années de 5 Milliard de m³ à 50 Milliards de m³. Les bassins du nord (Loukkos, Tangérois et Côtiers
méditerranéens) et le Sebou qui couvrent près de 7 % de la superficie du pays disposant de plus de la moitié des ressources
en eau (figure ci-après).
Les eaux souterraines représentent environ 20 % du potentiel en ressources en eau du pays. Sur les 96 nappes
répertoriées, 21 sont des nappes profondes et 75 superficielles. Les plus importants systèmes aquifères couvrent une
superficie totale de près de 80 000 km², soit environ 10 % du territoire.
Pour accompagner le développement du pays, le Maroc s‟est engagé depuis longtemps dans la voie de la maîtrise de ces
ressources en eau à travers la réalisation d‟importante infrastructure hydraulique ce qui lui a permis d‟assurer ses besoins en
eau sans difficultés majeures.
En effet, le Maroc a réussi à bâtir un modèle efficient de gestion de l‟eau, propre au pays et cité en exemple à l‟échelle
internationale.
Derrière ce succès indéniable :
La politique de maîtrise et de mobilisation des ressources en eau conventionnelles.
Le développement des compétences techniques et de recherche scientifique appliquée.
Une politique de planification à long terme lancée au début des années 1980 qui permet aux décideurs d‟anticiper la
pénurie d‟eau en donnant aux pouvoirs publics une visibilité à long terme (20 à 30 années).
Et en enfin des avancées importantes dans le domaine réglementaire et institutionnel.
Cette politique a permis de doter le pays d‟importante infrastructure hydraulique constituée de 128 grands barrages totalisant
une capacité de près de 17 Milliards de m3 et de plusieurs milliers de forages et de puits captant les eaux souterraines.
9.
GESTION DES RESSOURCES EN EAU AU MAROC : BILAN ET PERSPECTIVES
L‟approvisionnement en eau potable des populations. La production en eau potable a été multipliée par 5 au cours des
trois dernières décennies pour atteindre plus de 1 milliards de mètre cube en 2007. L‟accès à l‟eau potable est
généralisé en milieu urbain avec un taux de branchement individuel au réseau de 92%, le reste de la population, située
dans les quartiers périphériques en zone semi-urbaine, est desservie par bornes fontaines. En milieu rural, le taux de
desserte a connu au cours des dernières années un développement spectaculaire passant ainsi de 14% en 1994 à
plus de 80% en fin 2008.
10.
GESTION DES RESSOURCES EN EAU AU MAROC : BILAN ET PERSPECTIVES
La contribution à la protection des biens et des personnes contre les inondations notamment dans plusieurs villes et
plaines agricoles comme le Gharb, le Loukkos, Nekkor et la Vallée de Tafilalt, … ;
La production hydroélectrique. Les usines hydro-électriques réalisées jusqu‟en 2008 totalisent une puissance installée
de 2 700 MW contribuant à la production électrique nationale en année hydrologique normale à hauteur de 10%.
Et l'aménagement des bassins versants pour la conservation des sols et la lutte contre l‟érosion hydrique. La superficie
cumulée aménagée est de l'ordre de 550 400 ha.
Malgré les acquis importants présentés ci-avant, le secteur de l‟eau reste confronter à des défis majeurs liés principalement
à la raréfaction des ressources en eau sous l‟effet des changement climatiques, à la surexploitation des ressources en eau
souterraine, à la faiblesse de la valorisation des ressources en eau mobilisées notamment dans le domaine agricole et à la
détérioration de la qualité des ressources en eau à cause du retard dans l‟assainissement et l‟épuration des eaux usées.
Pour consolider les acquis et relever les défis susmentionnés, une nouvelle impulsion visant le renforcement de la politique
de l‟eau a été amorcée et présentée dans le cadre de la stratégie de l'eau présentée à sa Majesté le 14 avril 2009 à Fès. Les
grandes orientations et contours de cette stratégie portent sur les axes suivants:
La gestion de la demande en eau et la valorisation de l‟eau : Economie d‟eau potable, industrielle et touristique,
économie d‟eau en irrigation
La gestion et le développement de l‟offre : la mobilisation des eaux de surface par la réalisation des barrages,
dessalement de l‟eau de mer et déminéralisation des eaux saumâtres, et la réutilisation des eaux usées épurées.
La préservation et la protection des ressources en eau, du milieu naturel et des zones fragiles : Protection de la qualité
des ressources en eau de surface et souterraine et lutte contre la pollution, et sauvegarde des zones sensibles
La réduction de la vulnérabilité aux risques naturels liés à l‟eau et l'adaptation aux changements climatiques : la lutte
contre les effets de la sécheresse à travers le plan de gestion de sécheresse par bassin hydraulique et l‟amélioration
de la protection des personnes et des biens contre les inondations
La poursuite des réformes règlementaires et institutionnelles.
En ce qui concerne le dessalement de l‟eau de mer, le Maroc a opté pour cette alternative pour l‟approvisionnement en eau
potable des provinces du sud en raison de leur faible potentiel en ressources en eau conventionnelle. La capacité de
production actuelle reste cependant marginale et les installations réalisées jusqu‟à aujourd‟hui sont de petite taille. Toutefois
la limitation des ressources en eau dans certaines régions conduit à envisager le recours au dessalement d‟eau de mer.
C‟est ainsi que la stratégie de l'eau prévoit la production d'eau de mer dessalée vers l'horizon 2030 de près de 400 Mm³/an.
Il est prévu de réaliser à moyen terme les usines planifiées à Laayoune et Agadir et à long terme de nouvelles usines à
Tiznit- Sidi Ifni, Chtouka, Essaouira, Safi, El Jadida, Casablanca, AL Hoceima et Saidia.
11.
CHANGEMENTS CLIMATIQUES: CAUSES ET CONSÉQUENCES AU NIVEAU PLANÉTAIRE, IMPACT SUR LE CLIMAT ET LES RESSOURCES EN EAU
Résumé
La hausse des températures moyennes à la surface du globe est la première conséquence attendue des émissions
massives des gaz à effet de serre dans l‟atmosphère. Les relevés météorologiques confirment les anomalies positives de la
température par rapport aux normales depuis 1861. Depuis 1976, la hausse s'est nettement accélérée, atteignant 0,18°C
par décennie. Les années 90, marquées par une anomalie positive moyenne de 0,38°C dans l'hémisphère Nord et de
0,23°C dans l'hémisphère Sud, représentent la décennie la plus chaude qui ait été observée (OMM, 2005).
La présente communication a pour objet de présenter les résultats d‟études réalisées par les chercheurs du Centre d‟Etudes
et de Recherches sur les Ressources en Eau (CERHYDREAU) de l‟EHTP relatives de l‟impact des changements climatiques
sur les ressources en eau du Maroc.
Les ressources en eau du Maroc sont caractérisées par une forte sensibilité au climat. Sur les 139 milliards de m 3 de
précipitations moyennes annuelles, 80% sont perdues par évapotranspiration. Seules environ 16 % des précipitations
constituent la pluie utile (environ 22 milliards de m3/an) alimentant les cours d‟eaux superficielles et les nappes d‟eau
souterraines. Les ressources en eau mobilisables par des moyens techniques et économiques acceptables sont estimées à
environ 18 milliards de m3/an (soit seulement environ 13 % des précipitations annuelles moyennes), réparties en 14 milliards
de m3/an d‟eau superficielle et 4 milliards de m3/an d‟eau souterraine.
Les travaux de recherche effectués prévoient une augmentation des températures moyennes du Maroc comprises entre 2.2
et 2.6 °C et une baisse moyenne des précipitations comprise entre 9 et 12 % à l‟horizon 2050. Ces changements climatiques
probables se traduiraient par une baisse des ressources en eau du pays variant entre environ 13 et 19 % selon les régions,
avec une baisse moyenne d‟environ 15.8 % (à l‟horizon 2050).
Cette baisse risque d'aggraver le stress hydrique du pays, d'accentuer la baisse des débits des cours d‟eau et des apports
aux barrages, ainsi que l‟approfondissement des niveaux des nappes d‟eau souterraine. Ces baisses auront pour corollaire,
une accentuation de l‟avancée du biseau salé au niveau des nappes côtières, un tarissement d‟un grand nombre de
sources, une salinisation des nappes peu profondes (par l‟augmentation de l‟évaporation de leurs eaux) et des sols, une
augmentation du coût des prélèvements d‟eau dans le puits et forages, etc.
Des mesures d‟adaptation s‟imposent pour atténuer les effets néfastes de ces changements climatiques sur les ressources
en eau et l‟environnement du Maroc.
Introduction
D‟après le GIEC (Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat) « Le climat désigne généralement le
“temps moyen”. Il s‟agit plus précisément d‟une description statistique du temps en termes de moyennes et de variabilité de
grandeurs pertinentes sur des périodes de plusieurs décennies (trois décennies en principe, d‟après la définition de l‟OMM).
Ce sont le plus souvent des variables de surface ; température, précipitations et vent » (GIEC, 1995).
La terre reçoit la majeure partie de son énergie du soleil, une partie est absorbée par la terre et une autre est renvoyée sous
forme de rayonnement infrarouge. Ce dernier est en partie intercepté par les gaz à effet de serre de l'atmosphère terrestre et
le reste est renvoyé vers l'espace.
Ainsi, la vapeur d'eau, le méthane, le dioxyde de carbone, le protoxyde d'azote et l'ozone notamment, qui sont des gaz à
effet de serre (GES) majeurs, contribuent à piéger l'énergie renvoyée, augmentant ainsi la température moyenne de la terre.
En effet, ce sont les gaz à structure polyatomique (constitués d‟au moins trois atomes) qui retiennent le rayonnement
infrarouge, contrairement aux molécules diatomiques (99% de l'atmosphère) qui ont une structure trop simple.
3
Centre d‟Etudes et de Recherches sur les Ressources en Eau (CERHYDREAU). Ecole Hassania des Travaux Publics. Casablanca. Maroc.
Contact : Professeur Mohamed Sinan. GSM : 0 661 400 335. Mail : [email protected]
12.
CHANGEMENTS CLIMATIQUES: CAUSES ET CONSÉQUENCES AU NIVEAU PLANÉTAIRE, IMPACT SUR LE CLIMAT ET LES RESSOURCES EN EAU
- mettre évidence les changements intervenus dans le climat du globe et du Maroc pendant le dernier siècle et leurs
origines ;
- présenter les résultats des les projections climatiques futures au niveau planétaire et à l‟échelle du Maroc et leurs
conséquences probables sur l‟environnement, notamment sur les ressources en eau superficielles et souterraines, niveau
marin, etc.
1.1. Changements observés dans le climat des dernières décennies et quelques conséquences importantes 4
Onze des douze dernières années (1995-2006) figurent parmi les douze années les plus chaudes depuis 1850. La variation
moyenne sur cent ans (1906-2005) est de + 0,74°C [0,56 à 0,92].
Les températures moyennes de l‟hémisphère nord pendant la deuxième moitié du 20ème siècle ont été très probablement
plus élevées qu‟au cours de n‟importe quelle autre période de 50 ans au cours des 500 dernières années et probablement
les plus élevées des 1300 dernières années au moins.
Il est très probable qu'au cours des 50 dernières années, les jours froids, les nuits froides et les gelées sont devenus moins
fréquents sur la plupart des terres émergées et que les jours chauds et les nuits chaudes sont devenus plus fréquents.
Il est probable que les vagues de chaleur sont devenues plus fréquentes sur la plupart des terres émergées, que la
fréquence des événements de fortes précipitations a augmenté sur la plupart des surfaces et que depuis 1975, la fréquence
des valeurs extrêmement élevées du niveau de la mer s‟est accrue partout dans le monde.
Les données des satellites montrent que, depuis 1978, l‟étendue de la banquise (glace) arctique a reculé de 2,7 % par an en
moyenne [2,1 à 3,3], avec une diminution plus marquée en été de 7,4% [5,0 à 9,8] par décennie. D‟après le PNUE
(programme des Nations Unis pour l‟environnement), les glaces de l‟océan arctique ont perdu 40 % de leur volume durant
les quatre dernières décennies.
Les augmentations des températures sont largement répandues sur l'ensemble du globe et sont plus élevées aux latitudes
les plus septentrionales. Les terres émergées se sont réchauffées plus rapidement que les océans (Fig. 1).
Figure 1. Changements observés dans la température, le niveau de la mer et la couverture neigeuse au niveau planétaire
4
Ce paragraphe constitue un résumé du 4ème rapport du GIEC, paru en décembre 2007et un extrait de quelques publications scientifiques.
13.
CHANGEMENTS CLIMATIQUES: CAUSES ET CONSÉQUENCES AU NIVEAU PLANÉTAIRE, IMPACT SUR LE CLIMAT ET LES RESSOURCES EN EAU
Une chercheuse américaine de l‟Université d‟Alaska (Katey Walter) a constaté que les lacs de Sibérie sont cinq fois plus
importants que lors des mesures effectuées en 2006, une accélération de la fonte sans précédent, ce qui laisse présager de
graves conséquences à l‟échelle globale.
Le niveau de la mer a augmenté depuis 1961 à une vitesse moyenne de 1,8 mm/an [1,3 à 2,3] et depuis 1993 de 3,1 mm/an
[2,4 à 3,8], à cause de la dilatation thermique et en raison de la fonte des glaciers, des inlandsis et des calottes glaciaires
polaires.
Les précipitations ont diminué de 1900 à 2005 au Sahel, dans le bassin méditerranéen, en Afrique australe et sur une partie
du sud de l‟Asie et ont augmenté de façon significative dans les parties orientales de l‟Amérique du Nord et du Sud, au nord
de l‟Europe, au nord et au centre de l‟Asie.
Les observations mettent en évidence un accroissement de l‟activité des cyclones tropicaux intenses dans l‟Atlantique nord
depuis 1970.
Depuis la révolution industrielle, les pays développés ont produit des quantités croissantes de gaz à effet de serre en brûlant
des combustibles fossiles tels que le charbon, le pétrole et le gaz naturel pour les besoins de leur développement socio-
économique. Les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) dues aux activités humaines ont augmenté depuis la
période préindustrielle, avec une hausse de 70 % entre 1970 et 2004.
Le dioxyde de carbone (CO2) est le plus important des GES anthropiques. Ses émissions annuelles ont cru d‟environ 80 %
entre 1970 et 2004. Les concentrations atmosphériques de CO2 (379 ppm) et de CH4 (1.774 ppb) en 2005 excèdent
largement la plage des variations naturelles au cours des 650.000 dernières années.
Le New Scientist annonce que 100 milliards de tonnes de carbone pourraient être relâchées du pergélisol lors du prochain
siècle. Si cela se produisait sous forme de méthane, l‟effet serait équivalent à 270 ans d‟émission de CO 2, soit un véritable
emballement du processus climatique.
Malgré les politiques actuelles d‟atténuation du changement climatique les émissions mondiales de GES vont continuer de
croître dans les toutes prochaines décennies.
Les projections du Rapport spécial sur les scénarios d‟émissions (RSSE, 2000) présentent un accroissement des émissions
mondiales de GES de 25-90% (CO2-éq) entre 2000 et 2030 (Fig. 2), avec un maintien de la position dominante des
combustibles fossiles dans le bouquet énergétique mondial jusqu‟en 2030 et au-delà.
Les différentes projections (résultats des modélisations) effectuées à l‟échelle planétaire à la fin du 21ème siècle ont
montré :
- un réchauffement plus important sur les terres émergées (généralement supérieur à 3°C) et en général pour les latitudes
septentrionales, et moins important pour l‟océan de l‟hémisphère sud (généralement inférieur à 2°C) et sur certaines
parties de l‟Atlantique nord ;
- une hausse très probable de la fréquence des températures élevées, des vagues de chaleur et des précipitations
intenses ;
- des augmentations très probables des précipitations aux hautes latitudes et des diminutions probables dans la plupart des
terres émergées subtropicales, en continuité avec les tendances récentes observées ;
- de nombreuses zones semi-arides (par exemple le bassin méditerranéen, l‟ouest des Etats-Unis, l‟Afrique australe et le
nord-est du Brésil) vont souffrir d‟une diminution des ressources en eau;
- un accroissement probable de l‟intensité des cyclones tropicaux ;
- la contraction de la calotte glaciaire du Groenland continuera à contribuer à la montée du niveau de la mer après 2100.
Les modèles actuels suggèrent une élimination complète potentielle de la calotte glaciaire de Groenland avec pour résultat
une contribution à la montée du niveau de la mer de 7 m environ, si le réchauffement mondial moyen devait se maintenir
pendant des millénaires à des valeurs supérieures de 1,9 à 4,6°C aux valeurs préindustrielles ;
- le réchauffement et la montée du niveau de la mer se poursuivraient pendant des siècles à cause des constantes de
temps associées aux processus climatiques et aux rétroactions, même si les concentrations de GES devaient être
stabilisées.
14.
CHANGEMENTS CLIMATIQUES: CAUSES ET CONSÉQUENCES AU NIVEAU PLANÉTAIRE, IMPACT SUR LE CLIMAT ET LES RESSOURCES EN EAU
Fig. 2 : Scénarios d’émission de GES de 2000 à 2100 (en l’absence de politiques climatiques supplémentaires) et
projections des températures de surface
Panneau de gauche : Emissions mondiales de GES (en CO2-éq) en l’absence de politiques climatiques supplémentaires : six scénarios
marqueurs du RSSE (lignes colorées) et la gamme du 80ème percentile des scénarios récents, publiés depuis le RSSE (post-RSSE)
(zone grisée). Les lignes avec des tirets montrent la gamme complète des scénarios post-RSSE. Les émissions comprennent le CO2, le
CH4, le N2O et les gaz fluorés.
Panneau de droite : les lignes continues représentent la moyenne, sur de nombreux modèles, du réchauffement mondial pour les
scénarios du RSSE A2,A1B et B1, en continuité avec les simulations du 20ème siècle. Ces projections prennent aussi en compte les
émissions de GES à courte durée de vie et les aérosols.
2. Changements climatiques au Maroc et ses conséquences sur le climat et les ressources en eau
Les études sur les changements climatiques au Maroc et ses conséquences sont peu nombreuses et ont commencé il y‟a
environ une dizaine d‟années au maximum. On cite notamment :
- la communication nationale initiale du Maroc, réalisée par le Département de l‟Environnement en 2000, en collaboration
avec l‟Ecole Hassania des Travaux Publics (EHTP). L‟impact des changements climatiques sur les ressources en eau a
été traité par l‟auteur de la présente communication;
- la thèse de Senoussi en 2000, relative à la variabilité climatique et ressources en eau du bassin versant de l‟oued
Ouergha ;
- le Projet de Fin d‟Etudes de MM. Rherrari et Boussetta réalisé en 2006, relatif à l‟impact des changements climatiques sur
les ressources en eau de trois bassins du Maroc. Ce travail a été réalisé au Centre d‟Etudes et de Recherches en
Ressources en Eau (CERHYDREAU) de l‟EHTP et encadré par l‟auteur de la présente communication;
- quelques travaux réalisés par la DMN (M.Mokssit) et la DGH dans le cadre du projet RAB/94/G31.
Dans la présente communication, nous allons synthétiser les principaux résultats obtenus par ces différentes études.
2.1. Principaux résultats de la Communication Nationale initiale du Maroc réalisée en 2001 par le Département de
l’Environnement en collaboration avec l’EHTP
L'étude des projections climatiques pour le Maroc (effectuée sur un maillage de 5 × 5 degrés) corrobore les tendances au
réchauffement et à l'aridité du climat marocain pendant les trente dernières années. L'étude a utilisé le modèle
MAGICC/SCENGEN de l'IPCC. Le scénario d'émission adopté est le IS92a de l'IPCC avec une sensibilité moyenne du
climat.
15.
CHANGEMENTS CLIMATIQUES: CAUSES ET CONSÉQUENCES AU NIVEAU PLANÉTAIRE, IMPACT SUR LE CLIMAT ET LES RESSOURCES EN EAU
Les principaux résultats obtenus (à l‟horizon 2020) sont résumés ci-dessous (Jalil. 2001) :
- les changements des températures présentent une très grande homogénéité et affichent toujours le même ordre de
grandeur s'inscrivant dans la plage allant de 0,6° à 1,1°C en moyenne;
- les changements probables des hauteurs des précipitations présentent au contraire de grandes disparités, tant
qualitativement (sécheresse ou humidité) que quantitativement (amplitude du changement). Cependant la plupart des
modèles privilégient des tendances à la sécheresse avec des plages de taux de réduction (par rapport à la fin du 20ème
siècle) allant de -7% à 0 %, avec une moyenne nationale de -4%;
- le dérèglement du signal saisonnier des précipitations avec probablement des précipitations d‟hiver qui auraient tendance
à être moins persistantes et un nombre moyen de jours pluvieux qui aurait tendance à diminuer ;
- l‟augmentation probable des fréquences et de l‟intensité des sécheresses, avec une tendance à l‟aggravation sur les
régions situées au Sud et à l‟Est du Maroc ;
- l‟augmentation de la fréquence et de l‟intensité des orages frontaux. Les régions les plus touchées s‟étendraient sur
l‟ensemble de la partie Nord du Maroc, à l‟Est de la chaîne atlasique. Les flancs du Moyen et Haut Atlas constituent des
zones particulièrement vulnérables de ce point de vue.
- la diminution des apports en enneigement en corrélation avec la diminution des apports pluviométriques en général et
retrait du manteau neigeux suite à la migration vers des altitudes élevées de l‟isotherme zéro et accélération des fontes
des neiges.
- l‟élévation moyenne du niveau de la mer (par rapport à 1990), due aux effets conjugués de l‟expansion thermique et de la
fonte des calottes polaires, se situerait entre 2,6 et 15,6 cm.
Pour le bassin de l‟oued Ouergha, la simulation à l‟horizon 2020, a été faite à l‟aide d‟un modèle hydrologique global,
utilisant des données journalières des précipitations et des températures (Senoussi, 2000). Le modèle a été calé à partir de
ces données et des débits de l‟oued Ouergha, correspondant à la période 1979-1985. Il a ensuite été validé à l‟aide des
données enregistrées pendant la période 1986-1993.
Pour le deuxième bassin (Tensift), la méthode utilisée est basée sur l‟établissement d‟une régression entre les débits des
écoulements superficiels et les précipitations parvenues à la surface du bassin de l‟oued N‟Fis, affluent central et important
de l‟oued Tensift.
La figures 3 et 4 suivantes montrent clairement les baisses des écoulements de l‟oued N‟Fis pendant les dernières années,
l‟approfondissement des niveaux de la nappe (conséquence de la baisse de sa recharge et de sa surexploitation) et la
baisse de son drainage par des drains artificiels (khettaras).
Fig. 3: Historique des débits de l’oued N’Fis (affluent central de l’oued Tensift)
16.
CHANGEMENTS CLIMATIQUES: CAUSES ET CONSÉQUENCES AU NIVEAU PLANÉTAIRE, IMPACT SUR LE CLIMAT ET LES RESSOURCES EN EAU
La figure 5 suivante montre la droite de régression établie entre les variations des débits des écoulements de l‟oued N‟Fis et
les précipitations tombées dans son bassin versant.
Fig. 5 : Droite de régression entre les variations des débits de l’oued N’Fis et celles des précipitations
Les deux études ci-dessus ont permis d‟évaluer une baisse moyenne des ressources en eau d‟environ 15 % à l‟horizon
2020, par rapport au bilan de la période 1998-2000.
En adoptant cette baisse à l‟ensemble du pays, l‟impact des changements climatiques à l‟horizon 2020 se traduirait par une
baisse des ressources en eau renouvelables de 4.5 milliards de m3/an et de 3 milliards de m3/an pour les ressources
mobilisables (répartis en 2.4 milliards de m3/an de ressources superficielles et 0.6 milliards d‟eau souterraines).
Le capital eau/habitant serait de 682 m3/hab/an à l’horizon 2020 au lieu de 775 m3/hab/an en absence de
changements climatiques.
2.2. Principaux résultats de l’étude de 2006 réalisée au Centre d’Etudes et de Recherches en Ressources en Eau
(CERHYDREAU) de l’EHTP dans le cadre du Projet de Fin d’Etudes de MM. Rherrari et Boussetta.
Cette étude s‟est basée sur les données de trois bassins hydrologiques situés dans des régions hydro-climatiques
différentes. Ce sont les bassins de (Fig. 6) :
Moulouya représenté par le barrage Mohamed V situé au nord-est ;
Sebou, représenté par les données du barrage Idriss 1er situé au centre ;
Ziz Ŕ Rhriss, représenté par le barrage Hassan Adakhil situé au sud-est.
17.
CHANGEMENTS CLIMATIQUES: CAUSES ET CONSÉQUENCES AU NIVEAU PLANÉTAIRE, IMPACT SUR LE CLIMAT ET LES RESSOURCES EN EAU
Un exemple d‟analyses effectuées sur les paramètres hydro-climatiques des bassins étudiés est donné ci-dessous et
concerne le bassin de Ziz-Rhriss. Les figures suivantes (Fig. 7, 8 et 9) montrent clairement la tendance à l‟augmentation des
températures, notamment depuis le début de 1980, ainsi que la baisse significative des précipitations et des débits des
écoulements superficielles dans le bassin.
Sebou
Moulouya
Ziz-Rhriss
1,00
0,50
Différence (°C)
0,00 Année
-0,50
75
76
77
78
79
80
81
82
83
84
85
86
87
88
89
90
91
92
93
94
95
96
97
98
99
00
-1,00
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
20
-1,50
Fig. 7 : Historique des variations de température par rapport à la moyenne des températures
du bassin de Ziz-Rhriss
150
100
Difference (mm)
50
-50
75 77 79 81 83 85 87 89 91 93 95 97 99
19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19
-100
Fig. 8 : Historique des variations des précipitations par rapport à la moyenne des précipitations
annuelles du bassin de Ziz-Rhriss
18.
CHANGEMENTS CLIMATIQUES: CAUSES ET CONSÉQUENCES AU NIVEAU PLANÉTAIRE, IMPACT SUR LE CLIMAT ET LES RESSOURCES EN EAU
300
Difference (Mm3)
200
100
-100
50 53 56 59 62 65 68 71 74 77 80 83 86 89 92 95 98 01
19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 20
-200
Fig. 9. Historique des variations des apports d’eau du barrage Hassan Addakhil
La même méthodologie que celle appliquée dans le bassin du Tensift a été adoptée pour l‟étude de l‟impact des
changements climatiques sur ces trois bassins à l‟horizon 2050.
La figure 10 suivante montre une nette corrélation entre les débits des apports d‟eau au barrage et les précipitations
tombées dans son bassin versant.
Correlaion DQ = f(D P)
300,00
y = 1,1009x + 0,0766
250,00
R2 = 0,5824
200,00
150,00
100,00
D(Q)
50,00
0,00
-100,00 -50,00 0,00 50,00 100,00 150,00
-50,00
-100,00
-150,00
D(P)
Figure 10: Droite de régression entre les variations du débit et celles des précipitations
dans le bassin du barrage Hassan Adakhil
Les principaux résultats des différentes projections effectuées au niveau des trois bassins sont résumés dans les tableaux 1
et 2 ci-dessous.
19.
CHANGEMENTS CLIMATIQUES: CAUSES ET CONSÉQUENCES AU NIVEAU PLANÉTAIRE, IMPACT SUR LE CLIMAT ET LES RESSOURCES EN EAU
Tableau 2 : Impact des changements climatiques sur les ressources en eau des bassins à l’horizon 2050
Ces résultats corroborent ceux obtenus par les travaux réalisés dans le cadre de la Communication Nationale Initiale du
Maroc, qui ont permis de projeter une baisse des ressources en eau du pays d‟environ 15 % à l‟horizon 2020. Malgré cette
différence d‟horizon, les différentes analyses effectuées sembleraient indiquer que la baisse des ressources en eau du pays
serait comprise très probablement entre 15 et 20 % à l‟horizon 2050. Ces baisses devraient ramener le capital eau (à
l’horizon 2050) probablement à des modules d’environ 500 m 3/an/habitant.
2.3. Mesures d’atténuation des impacts négatifs des changements climatiques sur les ressources en eau
Les mesures d‟adaptation et d‟atténuation et d'adaptation aux impacts négatifs des changements climatiques sur les
ressources en eau du Maroc, concernent notamment :
L'envasement des retenues des barrages constitue un problème majeur au Maroc. En effet, la capacité de stockage perdue
par an est évaluée à environ 50 millions de m3 (Jellali. 1999), soit l'équivalent de la capacité d'un barrage moyen par an.
- Réutilisation des eaux usées épurées: Le volume des eaux usées produit atteindra environ 1 milliard de m 3/an à l'horizon
2020 (CSEC. 2001). La restauration de la qualité de ces eaux permettra de dégager des nouvelles ressources (estimées à
500 millions de m3/an à l'horizon 2020) (Jellali. 1999).
- Dessalement de l'eau de mer: Le Maroc compte environ 3500 km de côte. Le dessalement de l'eau de mer (déjà pratiqué
actuellement dans le sud du pays) pourrait constituer une solution définitive au problème d'alimentation en eau potable des
grandes agglomérations (notamment celles situées dans des bassins déficitaires, cas de Souss) du pays situées à
proximité du littoral.
- Utilisation des eaux saumâtres: Les eaux saumâtres (superficielles et souterraines) constituent des ressources non
négligeables, pouvant être déminéralisées pour leur utilisation dans l‟agriculture et pour la satisfaction des besoins en
eau potables et industriels des régions qui les contiennent.
- Economie de l‟Eau potable: Le rendement du réseau de distribution de l‟eau potable est parfois inférieur à 70% dans
certaines villes et centres urbains du pays. Cette situation génère d'importantes pertes d‟eau évaluées en 1998 à environ
185 millions de m3/an, soit environ 37% du volume d'eau potable produit (CSEC, 2001). L'amélioration du rendement des
réseaux de distribution d'AEP à un niveau de 80% permettra de faire une économie d'eau, évaluée à environ 200 millions
de m3/an (CSEC. 2001).
20.
CHANGEMENTS CLIMATIQUES: CAUSES ET CONSÉQUENCES AU NIVEAU PLANÉTAIRE, IMPACT SUR LE CLIMAT ET LES RESSOURCES EN EAU
- Economie de l‟eau agricole: Les pertes d'eau dans le secteur agricole sont évaluées à environ 890 millions de m3/an à la
fin du 20ème siècle et à 1100 millions de m3/an à court terme (CSEC. 2001).
Ces pertes sont dues essentiellement aux modes d'irrigation pratiqués, constitués notamment par le système gravitaire (83
%). La généralisation des techniques économes d‟eau (goutte à goutte) permettra de faire une économie substantielle de
l'eau estimée à environ 1 milliard de m3/an (CSEC. 2001).
Une adaptation des types de culture, aux ressources en eau projetée du pays, devra être également préconisée au niveau
de chaque région du Maroc.
- Economie de l‟eau industrielle: La quantité d‟eau utilisée dans le secteur industriel est évaluée à environ 1 milliard de
m3/an, répartie en 877 millions de m3/an d‟eau de mer et 210 millions de m3/an d‟eau douce (89% de ce volume est rejeté
dans la nature sous forme d'eau usée brute) (CSEC. 2001). La quantité d‟eau douce utilisée représente environ 40% du
volume d‟eau utilisé dans le milieu urbain. Par comparaison aux expériences internationales en matière d‟économie d'eau
dans le secteur industriel, ce taux est considéré comme très élevé et pourra être réduit de façon significative en procédant
au recyclage de l‟eau, à l‟utilisation des eaux saumâtres...
Cette gestion a pour objectif d'optimiser le stockage et l'exploitation des ressources en eau dans un bassin donné. En effet
les eaux des crues (des cours d'eau) et celles déversées par les barrages devront être utilisées pour recharger
(artificiellement) les nappes déficitaires et pour augmenter leurs réserves. Ces dernières serviront à la satisfaction des
besoins en eau dans le bassin pendant les périodes déficitaires (étiage, sécheresse prolongée…).
Cette pratique est déjà utilisée dans certaines régions du Maroc, notamment au niveau des complexes de Charf El Akab
(région de Tanger au Nord) et d'Aoulouz (région d'Agadir au centre).
Les ressources en eau du Maroc, notamment souterraines, sont souvent menacées de pollution par le rejet des eaux brutes
domestiques et industrielles, par l'infiltration (ou le ruissellement) des lixiviats au niveau des décharges brutes et par la
percolation des eaux chargées en nitrates au niveau des périmètres irrigués. La dépollution des aquifères est une opération
très coûteuse parfois même presque impossible (cas de pollution généralisée sous les périmètres irrigués).
La vulnérabilité et la sensibilité de ces ressources en eau devront être caractérisées sous forme cartographique. Ces
documents devront être pris en compte dans tout projet d'aménagement du territoire (choix des sites des zones industrielles,
de décharges domestiques et de produits
toxiques, exploitation de carrières...).
Les différents déchets (domestiques, industrielles, hospitaliers…) devront être enfouis dans des décharges contrôlées ou
incinérées pour éviter que les lexiviats ruissellent (vers les cours d'eau superficielle) et/ou percolent (vers les nappes) et
contaminer les ressources en eau.
Ce renforcement devra concerner notamment l‟application dans les plus délais de la loi sur l'eau (10-95), notamment ses
articles relatifs :
à la protection des ouvrages d'AEP par des périmètres de protection;
au paiement de redevances (par les différents utilisateurs) pour le débit d'eau prélevé et pour la pollution
déversée dans le milieu naturel.
Enfin, pour leur assurer une chance importante de réussite à ces mesures d‟adaptation, elles devront être accompagnées
nécessairement par un vaste programme de :
- renforcement de capacités scientifiques et techniques du Maroc dans le domaine des changements climatiques et
de leurs impacts sur les ressources en eau et l‟environnement de façon générale;
- renforcement de la sensibilisation du grand public et des différents usagers sur la précarité des ressources en eau
et de leur vulnérabilité à la pollution et les inciter à une plus grande économie de cette denrée vitale et hélas non
inépuisable.
21.
CHANGEMENTS CLIMATIQUES: CAUSES ET CONSÉQUENCES AU NIVEAU PLANÉTAIRE, IMPACT SUR LE CLIMAT ET LES RESSOURCES EN EAU
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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22.
ETAT DES DÉVELOPPEMENTS EN MATIÈRE DE DESSALEMENT DE L'EAU DE MER PAR PROCÉDÉS MEMBRANAIRES
Pierre CORSIN5
Résumé
De nombreux laboratoires privés, universitaires et publics, poursuivent des programmes de recherche ayant pour objectifs
l'amélioration des performances des membranes semi-perméables appliquées au dessalement, et en particulier à celui de
l'eau de mer qui représente les débouchés commerciaux les plus importants.
Ces recherches ont pour but de développer des membranes d'osmose inverse:
- peu sensibles au colmatage, et en particulier au bio-fouling ;
- résistantes aux oxydants, pour maintenir l'état de propreté des surfaces membranaires ;
- présentant des perméabilités importantes, afin de réduire les consommations en énergie électrique, tout en
améliorant, ou tout du moins en conservant, leur taux d'élimination des sels dissous ;
- à longue durée de vie, par amélioration de leur résistance au compactage et à la température.
En plus de ces avancées, il est recherché une amélioration de la mise en oeuvre des membranes afin d'augmenter les
surfaces actives, tout en diminuant l'encombrement et le nombre d'éléments à mettre en oeuvre, entraînant des emprises au
sol et des liaisons hydrauliques moindres.
Les considérations précédentes concernent essentiellement les procédés classiques mettant en oeuvre l'osmose inverse.
Par contre de nouvelles technologies de dessalement, faisant également appel à des membranes semiperméables, voient le
jour, à savoir l'osmose directe (Forward Osmosis) et la thermo osmose (Memstill).
Ces deux procédés font appel, en plus de l'énergie électrique, à des énergies thermiques économiques (vapeur perdue,
énergie solaire).
Il est aussi signalé le procédé Demwax, en cours de développement avancé, qui consiste à immerger des modules
d'osmose inverse directement dans la mer, alimentés par la seule pression hydrostatique. Le facteur de conversion adopté
est faible afro de limiter la pression osmotique, et donc la profondeur d'immersion.
Les développements en cours concernent également l'amélioration des rendements des différents composants
électromécaniques et, notamment au niveau des systèmes de récupération de l'énergie des concentrats.
1. INTRODUCTION
Bien que les membranes d‟osmose inverse en film mince, configurées en éléments spiralés, aient atteint des performances
satisfaisantes, de nombreux laboratoires privés, universitaires et publics poursuivent des programmes de recherche en vue
d‟améliorer leur efficacité et de faciliter leur exploitation.
Dans le cadre du dessalement de l‟eau de mer, ces recherches ont pour objectif de développer des membranes semi-
perméables :
- peu sensibles au colmatage, et en particulier au bio-fouling ;
- résistantes aux oxydants afin de maintenir l‟état de propreté de leur surface ;
- présentant une meilleure perméabilité, afin de réduire les coûts d‟investissement et d‟exploitation (réduction de la
consommation en énergie électrique), tout en améliorant, ou tout du moins en conservant, leur taux d‟élimination des
sels dissous ;
- à durée de vie prolongée, par amélioration de leur résistance au compactage et à la température ;
- aisément nettoyables.
5
Ingénieur Conseil en traitement des eaux Ŕ compétences spécifiques en traitements pour la production d‟eau destinée à la consommation humaine, et en
dessalement d‟eau de mer par osmose inverse. FLUID CONSULT EURL. France.E-mail: [email protected]
23.
ETAT DES DÉVELOPPEMENTS EN MATIÈRE DE DESSALEMENT DE L'EAU DE MER PAR PROCÉDÉS MEMBRANAIRES
Ces objectifs sont développés dans la première partie de cet exposé, tandis que sont présentées dans une seconde de
nouvelles technologies de dessalement de l‟eau de mer, faisant également appel à des membranes semi-perméables.
En premier lieu il convient de définir les principaux problèmes rencontrés lors de l‟exploitation des usines de dessalement
d‟eau de mer par osmose inverse. Ils sont principalement de trois ordres :
- colmatage et bio-fouling ;
- résistance chimique ;
- efficacité des nettoyages chimiques.
Ce sont ces constats qui vont orienter en premier lieu la recherche et développement. En parallèle, il est investigué de
nouvelles voies pour améliorer leur productivité.
D‟où l‟importance des prétraitements physico-chimiques de l‟eau d‟alimentation des éléments membranaires pour réduire au
maximum les valeurs des paramètres suivants :
- turbidité ;
- indice de colmatage (Fouling Index) ;
- carbone organique total (COT) ;
- matières biologiques.
Malgré tout il subsistera toujours dans l‟eau d‟alimentation un résiduel de ces paramètres.
Il est à noter que les colloïdes, les matières organiques, les micro-organismes présentent des charges électrostatiques
négatives (potentiel zéta négatif - Pz -). Il en va de même pour les membranes. Les mécanismes du colmatage sont illustrés
par la figure 1. On constate que les matières à caractère colmatant ont tendance à être repoussées, et à être entraînées par
le flux, d‟où l‟importance de sa vitesse tangentielle.
24.
ETAT DES DÉVELOPPEMENTS EN MATIÈRE DE DESSALEMENT DE L'EAU DE MER PAR PROCÉDÉS MEMBRANAIRES
L‟eau d‟alimentation, pour éviter l‟entartrage par précipitation du carbonate de calcium, est acidifiée pour atteindre un pH de
7 environ. L‟acidification entraîne pour les membranes classiques une diminution de leurs charges négatives, et donc une
diminution des forces de répulsion.
Ces constats ont orienté les recherches pour rendre les membranes moins sensibles au colmatage et au bio-fouling.
Il reste à connaître la pérennité de cette couche et son influence sur la pression transmembranaire.
- Dépôt d‟une solution de polymère (polydopamine) sur des membranes classiques, à l‟aide du poste de nettoyage
chimique comme l‟indique la figure 3.
25.
ETAT DES DÉVELOPPEMENTS EN MATIÈRE DE DESSALEMENT DE L'EAU DE MER PAR PROCÉDÉS MEMBRANAIRES
Il reste maintenant à augmenter leur perméabilité (= débit de production par m2 et par bar de pression transmembranaire -
L·m-2·bar-1).
La voie aujourd‟hui privilégiée est l‟introduction de nanoparticules dans la couche sélective des membranes en polyamide
(cf. figure 4).
Figure 4 : Coupe d’une membrane avec une peau sélective contenant des nanoparticules
Les nanoparticules sont des zéolithes poreuses (aluminosilicates) ayant des dimensions légèrement inférieures à l‟épaisseur
de la peau sélective.
L‟augmentation de la perméabilité permet par rapport aux membranes traditionnelles, d‟après les premières
expérimentations, de diminuer la pression d‟alimentation, et donc l‟énergie consommée (gain attendu : -20%) ou
d‟augmenter la production (+70%), et cela pour une même surface membranaire mise en œuvre.
Si on désire conserver la même capacité de production, l‟emprise de l‟étage membranaire peut être diminuée de 40%.
Les nanoparticules permettent également d‟améliorer l‟état de surface et les charges électrostatiques des membranes pour
les rendre moins sensibles au colmatage.
Les membranes chargées en nanoparticules ne modifient en rien les dimensions normalisées des éléments spiralés. Leur
fabrication entraîne un surcoût évalué à 5% par rapport aux membranes traditionnelles.
Il est rappelé que, contrairement aux membranes fibres creuses en tri-acétate de cellulose, les membranes en film mince de
polyamide ne tolèrent pas le chlore, ce qui nécessite de déchlorer l‟eau d‟alimentation ayant subi une préchloration afin de
réduire l‟activité biologique.
Cette déchloration ne permet donc pas de maintenir un environnement biocide dans l‟étage membranaire.
En développant des membranes tolérantes au chlore cet inconvénient peut être éliminé. Ce qui permet de protéger les
membranes contre le bio-fouling.
26.
ETAT DES DÉVELOPPEMENTS EN MATIÈRE DE DESSALEMENT DE L'EAU DE MER PAR PROCÉDÉS MEMBRANAIRES
La résistance aux oxydants est obtenue en modifiant les groupements chimiques des constituants de la couche sélective (cf.
figure 5).
Figure 5 : Groupement chimique de membranes ne résistant pas au chlore (A) et de membranes résistant au chlore (B)
2.4. DEVELOPPEMENT DE METHODES DE NETTOYAGE DES MEMBRANES MINORANT L’USAGE DES PRODUITS CHIMIQUES
L‟utilisation de produits chimiques pour le nettoyage périodique des membranes présente les inconvénients suivants :
- impact sur l‟environnement ;
- mise à l‟arrêt de tout ou partie de l‟étage membranaire pendant une durée assez longue ;
- diminution de la longévité des membranes en cas de nettoyages fréquents ;
- coût d‟investissements importants pour le poste de nettoyage en place et pour les circuits de distribution et de retour
des solutions recyclées ;
- manipulation de produits dangereux.
Sur la base du principe de l‟osmose naturelle qui tend à diluer une solution saline par de l‟eau ayant une salinité moins
élevée, les deux solutions étant séparées par une membrane semi-perméable, il a été expérimenté une méthode de
nettoyage faisant appel à une solution concentrée de chlorure de sodium injectée périodiquement dans le circuit
d‟alimentation. En se déplaçant le front très salin (pression osmotique : 200 bar) va provoquer le passage du perméat vers la
zone d‟alimentation -concentration et provoquer ainsi le décollement des dépôts et leur entraînement dans le flux (figure 6)
Figure 6 : Principe du nettoyage des membranes par injection d’une solution saturée de chlorure de sodium.
27.
ETAT DES DÉVELOPPEMENTS EN MATIÈRE DE DESSALEMENT DE L'EAU DE MER PAR PROCÉDÉS MEMBRANAIRES
Il permet surtout d‟effectuer des nettoyages préventifs permettant d‟éviter le développement des dépôts et d‟espacer les
nettoyages chimiques.
2.5. CONSEQUENCES DES DEVELOPPEMENTS ENVISAGES SUR LES COUTS D’INVESTISSEMENT ET D’EXPLOITATON
Les conséquences sur les coûts d‟investissement et d‟exploitation des développements décrits précédemment sont données
dans le tableau 1 :
Diminution
Amélioration Conséquence
Investissement Exploitation
Résistance au vitesse de colmatage = •
colmatage pression moyenne d‟alimentation = •
énergie électrique = •
fréquence des nettoyages chimiques = •
qualité perméat • •
durée de vie = •
Productivité énergie électrique à flux constant • •
flux à pression constante • •
Résistance aux nettoyage chimique = •
oxydants énergie électrique = •
qualité perméat = •
durée de vie = •
Ce procédé est en cours de développement avancé. Son principe repose sur le phénomène de l‟osmose, qui tend à diluer
une solution saline par de l‟eau ayant une salinité moins élevée, les deux solutions étant séparées par une membrane semi-
perméable. Le procédé consiste ensuite à séparer l‟eau douce produite de la solution saline. Pour cela il est fait appel par
exemple à une solution concentrée à base d‟ammoniac et de CO2, séparable de l‟eau osmosée par chauffage et stripping (cf
figure 7).
28.
ETAT DES DÉVELOPPEMENTS EN MATIÈRE DE DESSALEMENT DE L'EAU DE MER PAR PROCÉDÉS MEMBRANAIRES
Avantages du procédé :
La perméation s‟effectue à basse pression, ce qui permet d‟utiliser des membranes à faible résistance mécanique, donc
plus économiques que celles utilisées pour l‟osmose inverse ;
Faible consommation électrique, de l‟ordre du dixième de celle nécessitée pour l‟osmose inverse ;
Utilisation de chaleur perdue pour recycler la solution concentrée.
Les promoteurs de cette technologie annoncent des réductions par rapport à l‟osmose inverse de l‟ordre de :
- 20 à 35% au niveau des investissements ;
- 60% au niveau des coûts d‟exploitation.
3.2. THERMO-OSMOSE
C‟est un procédé qui fait appel à deux types de membranes, à savoir des membranes perméables à la vapeur d‟eau et
imperméables aux sels d‟une part, et des membranes imperméables à la vapeur d‟eau et aux sels d‟autre part (figure 2.17)
Description du procédé : l‟eau de mer est admise dans un premier compartiment où elle va refroidir la vapeur d‟eau qui va se
condenser sur sa surface aval pour produire l‟eau douce ; l‟eau de mer reçoit ensuite un complément de chaleur pour
permettre son évaporation dans un deuxième compartiment, les deux compartiments étant séparés par un troisième
compartiment rempli de vapeur.
Avantage du procédé :
Ce procédé consiste à plonger directement dans la mer des modules d‟osmose inverse constitués de membranes
composites planes, afin de les alimenter par la seule pression hydrostatique. Pour ce procédé, le taux de conversion est très
faible, de l‟ordre de 2%, ainsi que le flux transmembranaire, en moyenne 3L·h -1·m-2, valeurs à rapprocher des valeurs
moyennes des osmoseurs « terrestres », à savoir respectivement 45% et 15L·h-1·m-2. De ce fait :
29.
ETAT DES DÉVELOPPEMENTS EN MATIÈRE DE DESSALEMENT DE L'EAU DE MER PAR PROCÉDÉS MEMBRANAIRES
- la pression d‟alimentation ne doit être que très légèrement supérieure à la pression osmotique de l‟eau de mer, une
profondeur d‟immersion de 280m environ étant alors suffisante ;
- les prétraitements sont réduits car il n‟y a pas de concentration des sels au voisinage des surfaces membranaires, et
de plus, à une profondeur de l‟ordre de 280m, les micro organismes sont peu présents.
A part les modules, l‟installation comporte un dispositif de mise à l‟atmosphère du compartiment perméat, un groupe
électropompe immergé pour le refoulement du perméat et une conduite de liaison avec la terre.
La consommation électrique est alors inférieure à 1kWh·m-3. Ce procédé dont un prototype de 200m3·j-1 devrait être
opérationnel dans 18 mois, présente les inconvénients suivants :
- Sels dissous totaux assez importants, nécessitant éventuellement une deuxième passe installée à terre, faisant appel
à des membranes basse-pression ;
- Profil du fond marin permettant d‟atteindre rapidement la profondeur désirée, afin de minimiser la longueur de la
tuyauterie de refoulement
CONCLUSION
Les nouvelles technologies, et en particulier celles envisagées au niveau des membranes, doivent asseoir la position
dominante du dessalement de l‟eau de mer par osmose inverse, en tant que technologie fiable et économique. Il est attendu
une réduction du coût de production d‟eau douce de l‟ordre de 20% dans les cinq prochaines années, et de 50% d‟ici à
2020. Ce pronostic doit permettre de rendre abordable le dessalement de l‟eau par osmose inverse à des pays ne
possédant pas aujourd‟hui les ressources financières et techniques pour envisager la construction d‟usines de dessalement
pour combler le déficit de leurs ressources conventionnelles en eau.
30.
BENCHMARKING INTERNATIONAL EN MATIERE DE DESSALEMENT DES EAUX
Résumé
Dans le cadre de l’Étude stratégique sur le dessalement d’eau de mer au Maroc en cours en 2009, les sociétés AYESA et
ADI, en collaboration avec le Secrétariat d‟Etat chargé de l‟Eau et de l‟Environnement, ont comme première mission la
réalisation d‟un benchmarcking international sur le dessalement d‟eau de mer.
Ce travail a pour objet l‟analyse des expériences d‟autres pays en matière de dessalement d‟eau de mer. Les pays à
analyser seront ceux qui ont la capacité installée la plus grande : Arabie Saoudi, les Émirats Arabes Unis, les États Unis,
l‟Espagne, etc. L‟objectif final de l‟étude sera l‟adaptation de ces expériences à la réalité du Maroc.
Les sujets à analyser sur le dessalement peuvent être classés en 4 groupes : aspects technologiques, impacts
environnementaux, coûts d‟investissement et d‟exploitation et modes de gestion sur le plan juridique et financier.
Les aspects technologiques à étudier seront les suivants : la prise d‟eau de mer (prise d‟eau directe ou forages côtiers), le
prétraitement (décantation, flottation, filtres ouverts, filtres fermés, membranes d‟ultrafiltration, etc.), le dessalement
(notamment par osmose inverse ou électrodialyse), le postraitement (chaux ou lits de calcite), le rejet des saumures, les
installations électriques et le système de télégestion.
L‟étude des impacts environnementaux va se focaliser sur les deux aspects les plus critiques : l‟accroissement de la
consommation énergétique et le rejet des saumures sur l‟écosystème marin.
L‟estimation du coût du dessalement à ce jour et dans l‟avenir sera très importante pour connaître la faisabilité de la solution
du dessalement par rapport aux autres solutions d‟augmentation des ressources en eau potable (eaux superficielles, eaux
souterraines, transferts, réutilisation des eaux usées et économie de l‟eau). Le coût total à considérer comprend
l‟investissement, le coût financier, les coûts d‟entretien et d‟exploitation (fixes et variables) et le coût énergétique, qui peut
atteindre plus de 40 % du coût total, malgré que la consommation spécifique soit descendue remarquablement au cours des
dernières années pour atteindre 3 Kwh/m3 d‟eau dessalée.
L‟analyse des modes de gestion dans d‟autres pays sera essentielle pour permettre la transposition au cas marocain, par
rapport à l‟investissement, le financement, l‟exploitation public, privé, en concession, etc.
1. INTRODUCTION
Dans le cadre de l‟Étude stratégique sur le dessalement d‟eau de mer au Maroc en cours en 2009, les sociétés AYESA et
ADI, en collaboration avec le Secrétariat d‟Etat chargé de l‟Eau et de l‟Environnement, ont comme première mission la
réalisation d‟un benchmarking international sur le dessalement d‟eau de mer.
Ce travail a pour objet l‟analyse des expériences d‟autres pays en matière de dessalement d‟eau de mer, l‟objectif final de
l‟étude étant l‟adaptation de ces expériences à la réalité du Maroc.
Les sujets analysés peuvent être classés en 4 groupes : aspects technologiques, impacts environnementaux, coûts
d‟investissement et d‟exploitation et modes de gestion.
2. ASPECTS TECHNOLOGIQUES
Les aspects technologiques sur lesquels il faut se focaliser sont les suivants :
Le captage avec des puits côtiers est plus économique que le captage avec un émissaire sous-marin, mais il est seulement
faisable pour de petits ou moyens débits (environ 50.000 m3/jour de production). De plus, les caractéristiques
hydrogéologiques du terrain doivent permettre l‟extraction de ces débits avec un nombre non excessif de puits.
6
Expert international en dessalement. AYESA. Espagne. E-mail : [email protected]
31.
BENCHMARKING INTERNATIONAL EN MATIERE DE DESSALEMENT DES EAUX
Cela a impliqué que les usines faites en Espagne au cours des 5 dernières années, dont le débit de production est compris
entre 60.000 et 240.000 m3/jour, ont un captage par le biais d‟un émissaire.
Un troisième procédé de captage est la prise directe sur la côte. Dans ce cas, la zone de prise est protégée des impacts des
houles par le biais de brise-lames qui forment un endroit plus calme, comme un port. En Espagne il y en a deux cas, les
deux situés à Las Palmas de Gran Canaria.
Prétraitement :
Sa fonction est de garantir une certaine qualité d‟eau brute qui parvient aux membranes d‟osmose inverse, caractérisée par
un paramètre SDI < 5.
Le prétraitement minimal qu‟on fait est une étape de filtration, soit avec des filtres fermés, soit avec des filtres ouverts.
Généralement c‟est le cas de toutes les usines avec puits côtiers : grâce à la filtration naturelle du terrain, une seule étape
de filtration dans l‟usine suffit pour atteindre la qualité désirée.
Dans le cas du captage avec un émissaire sous-marin, malgré la décantation qui se produit dans le propre tuyau de
captage, une deuxième étape de filtration est souvent nécessaire.
Un troisième cas est constitué par les usines qui ont un captage avec un émissaire dans une zone avec accroissement
potentiel des algues marines ou bien possibilité de rejets d‟hydrocarbures ou d‟eaux polluées. Dans ces deux cas, on a
constaté l‟intérêt d‟ajouter une étape de flottation avant les deux étapes de filtration. En Espagne, il y a deux usines qui
disposent d‟un prétraitement par flottation avant les deux étapes de filtration.
Dans tous les cas, avant l‟entrée de l‟eau aux membranes d‟osmose inverse, se trouvent les filtres à cartouche, qui
constituent la dernière protection des membranes.
L‟utilisation des membranes de micro et ultrafiltration pourrait augmenter dans l‟avenir, lorsque les deux problèmes
principaux, à savoir le prix et le manque d‟expérience au niveau international, seront progressivement corrigés.
Technologie de dessalement :
La technologie de l‟osmose inverse prévaut d‟année en année sur la distillation, dû au surcoût énergétique que cette
technologie implique par rapport à l‟osmose inverse. La distillation est à ce jour seulement liée à l‟extraction de pétrole. Il
s‟agit donc d‟une technologie qui ne continue son implantation que dans les pays arabes : Arabie Saoudite, Emirats Arabes
Unis, Koweït, etc.
Par ailleurs, la capacité d‟eau produite avec des installations de distillation (58%) est encore à ce jour supérieure à celle de
l‟osmose inverse (42%). L‟ensemble des deux donne une capacité installée au niveau mondial de 27 700 000 m3/jour. Mais
l‟évolution est sans doute favorable à l‟osmose inverse. Comme exemple, le nombre d‟usines mises en service durant
2007/2008 : à l‟échelle mondiale, il était de 330 d‟osmose inverse contre 34 de distillation.
En ce qui concerne l‟Espagne et l‟Algérie, dont les expériences peuvent être utiles au Maroc, toutes les usines construites
ou en phase de construction après 2000 se basent sur le procédé d‟osmose inverse.
L‟amélioration technique des membranes au cours du temps permet l‟élimination du bore jusqu‟aux valeurs acceptables d‟1
ppm avec un seul passage. L‟installation d‟un deuxième passage pour réduire ce contenu peut être nécessaire dans le cas
d‟une température élevée de l‟eau de mer ou dans le cas de l‟agriculture, notamment l‟irrigation des citronniers et des
orangers.
En Espagne, seulement 5 usines sur la côte méditerranéenne disposent d‟un deuxième passage, tandis que toutes les
usines sur la côte atlantique (Iles Canaries) n‟ont qu‟un premier passage des membranes.
Un autre aspect intéressant à faire ressortir est le changement de la technologie de récupération énergétique des
saumures : les turbines Pelton ont laissé leur espace aux échangeurs de pression. En effet, la plupart des grandes usines
projetées à partir de l‟an 2000 disposent de la technologie des échangeurs de pression. De cette façon, on a augmenté le
rendement de la récupération énergétique d‟une valeur approximée de 88% à 95%.
32.
BENCHMARKING INTERNATIONAL EN MATIERE DE DESSALEMENT DES EAUX
Post traitement
L‟addition de l‟alcalinité et dureté à l‟eau osmosée permet à ce jour deux technologies : d‟une part, les saturateurs de chaux ;
d‟autre part, les lits de calcite.
Les lits de calcite présentent un coût d‟investissement plus grand, mais un coût d‟exploitation plus faible. Dans le cas de
grandes usines (>30.000 m3/j) ils peuvent être compétitifs. Notons tout de même qu‟ils dépendent de l‟existence de carrières
de calcaires à proximité de l‟usine.
En Espagne, deux usines en fonctionnement exploitent déjà les lits de calcite, quatre autres sont en phase de construction.
L‟expérience espagnole et des autres pays dans les prochaines années sera décisive pour l‟évaluation de l‟alternative
optimale au Maroc. Dans tous les cas, une étude d‟alternatives sera nécessaire pour chaque usine, tenant compte des coûts
d‟investissement et des coûts d‟exploitation.
3. IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX
L‟étude des impacts environnementaux d‟une usine de dessalement doit se focaliser notamment sur les deux aspects les
plus critiques : le rejet des saumures sur l‟écosystème marin et l‟accroissement de la consommation énergétique par rapport
aux autres alternatives de ressources en eau potable.
En ce qui concerne l‟impact des saumures, il faut souligner que la salinité des saumures est comprise entre 68 et 90 g/l.
Cette différence de salinité avec l‟eau de mer explique le comportement du rejet hypersalin : la masse d‟eau très dense
forme une couche sur le fond marin et se déplace suivant les lignes de pente maximale. Le degré de stratification est
tellement élevé que la dilution de cette masse d‟eau avec la couche d‟eau supérieure de salinité ambiante est très difficile,
même avec un certain degré d‟exposition hydrodynamique.
Le concentrat contient également les résidus des produits chimiques ayant servi aux prétraitements. Ils entraînent en
particulier une acidification de l‟eau (pH compris entre 6 et 6.5) ce qui a un impact sur la matière biologique, et en particulier
sur les coraux. Si l‟on utilise du métabisulfite de sodium pour la déchloration de l‟eau d‟alimentation ou en tant que traitement
biocide, ce produit a un impact sur le phytoplancton en particulier.
Les effets de ces rejets sur le milieu marin, comme l‟ont démontré de nombreuses études, sont les suivants :
Anoxie au niveau des fonds marins : la colonne d‟eau se trouve divisée en deux : l‟eau de mer constitue la couche
supérieure et la saumure la couche inférieure. Dans des conditions de calme du milieu récepteur, avec un faible
renouvellement des algues, la présence d‟espèces benthoniques, consommatrices d‟oxygène, peut conduire à des
périodes d‟anoxie du fond marin.
Diminution de la lumière : la présence d‟un fluide hypersalin modifie le coefficient de réflexion de la lumière filtrée,
provoquant la formation d‟un brouillard qui rend difficile le passage de la lumière, affectant ainsi la photosynthèse des
espèces marines végétales.
Affection des espèces marines: on a détecté des réductions significatives dans les communautés des échinodermes
(utilisés comme bio indicateurs pour leur sensibilité) près de la zone de rejet.
Affection des fanerogames marines : la mer Méditerranée est la zone du monde où le plus grand nombre d‟études a
été réalisé à ce sujet. On a détecté des effets négatifs sur les fanerogames marines. Notamment, en ce qui concerne
la Posidonia océanique, on a détecté une augmentation de la mortalité des individus, apparition de nécrose sur les
tissus et plus grande chute des feuilles. Les valeurs limites d‟affection sont très variables selon les espèces : la
Posidonia océanique résiste à une augmentation de 1 psu, alors que d‟autres espèces résistent jusqu‟á une
augmentation de plus de 20 psu.
Les moyens à adopter pour mitiger l‟impact du rejet de saumures peuvent être classés en deux groupes : moyens à mettre
en œuvre durant la phase de projet et programmes de vigilance environnementale.
Les moyens en phase de projet peuvent être résumés dans les points suivants :
La réalisation d‟une cartographie sous-marine des habitats écologiques à protéger dans toute la région. Cette
information doit être autant décisive que les contraintes sociales ou économiques, au moment de choisir la parcelle où
on situera l‟usine de dessalement.
La réalisation d‟un modèle numérique de propagation de la salinité aidant au dessin du rejet : le modèle en question
doit être tridimensionnel, son but étant de pouvoir assurer en phase de projet que le déversement n‟affectera pas des
33.
BENCHMARKING INTERNATIONAL EN MATIERE DE DESSALEMENT DES EAUX
zones à intérêt écologique et que la prise d‟eau ne captera pas d‟eau provenant du rejet. Le résultat du modèle sera le
dessin de l‟ouvrage de rejet et la dimension tridimensionnelle de la plume hypersaline. Le modèle en question sera
calibré postérieurement, durant la phase d‟exploitation de l‟usine, à l‟aide de mesures in situ de la salinité.
Le choix adéquat du type de rejet, soit direct sur la côte soit par le biais d‟un émissaire sous-marin : il faut tenir compte
de l‟importance de la vitesse et de l‟angle de sortie du jet ou des diffuseurs d‟eau, de la bathymétrie du fond marin, du
régime des houles et courants marins, etc.
Le rejet simultané de saumures avec les eaux de refroidissement d‟une centrale thermique ou avec l‟effluent d‟une
usine de traitement d‟eaux résiduelles est une solution intéressante à adopter, dans la mesure du possible.
La dilution des saumures avec l‟eau de mer est une solution intéressante dans les nombreux cas où il y a des zones à
protéger et où la production de l‟usine n‟est pas très grande. On a l‟habitude de réaliser des dilutions entre 2:1 et 4:1
(de 2 à 4 volumes d‟eau de mer pour 1 volume de saumure). Le problème principal est le surcoût d‟investissement et
énergétique que cela implique. De plus, dans les zones à forts courants et houle, l‟ouvrage nécessaire pour abriter les
pompes de captage d‟eau de mer peut avoir un coût prohibitif.
La consommation énergétique importante des usines de dessalement est l‟un des principaux inconvénients de cette source
alternative d‟eau potable. Cette consommation est due, d‟une part, au pompage à haute pression (deux tiers du total) et,
d‟autre part, au reste des pompages de l‟usine : pompage d‟eau de mer, lavage des filtres et membranes, pompes vide
cave, ponts roulants, éclairage, etc.), qui constituent l‟autre tiers.
Au cours des dernières années, il y a eu une diminution de la consommation spécifique grâce au remplacement progressif
de la distillation par l‟osmose inverse, ainsi qu‟au système de récupération de l‟énergie des saumures.
Pour répondre à la question de si on est déjà arrivé à la limite de réduction de la consommation spécifique, on peut poser
l‟exercice suivant :
Si on dissout dans 1 m3 d‟eau pure 38 kg de sels, une quantité de chaleur de 0,78 kWh se dégage. Si le procédé était
réversible, cette énergie serait celle qu‟on devrait apporter au système pour séparer à nouveau les sels de l‟eau. Avec un
facteur de 3 entre le procédé réversible et le procédé pratique idéal, on obtient une consommation spécifique de 2,3
kWh/m3. Par conséquent, il ne faut pas espérer de grandes améliorations du point de vue énergétique.
4. COUT DU DESSALEMENT
L‟estimation du coût du dessalement à ce jour et dans l‟avenir est très importante pour connaître la faisabilité de la solution
du dessalement par rapport aux autres solutions d‟augmentation des ressources en eau potable (eaux superficielles, eaux
souterraines, transferts, réutilisation des eaux usées et économie de l‟eau). La décomposition du coût de production par
poste de dépense est montrée sur la graphique suivante :
34.
BENCHMARKING INTERNATIONAL EN MATIERE DE DESSALEMENT DES EAUX
S‟il y a une stabilisation des prix (énergie et matières premières: acier, cuivre, titane…) et si le développement technologique
continue (rejet des membranes, coût des membranes,…), on peut atteindre encore des réductions du coût global du
dessalement d‟eau de mer.
5. MODES DE GESTION
L‟analyse des modes de gestion dans d‟autres pays est essentielle pour permettre la transposition au cas marocain, par
rapport à l‟investissement, le financement, l‟exploitation public, privé, en concession, etc.
Il existe cinq variantes fondamentales dans la phase d‟exploitation des usines de dessalement. La combinaison de celles-ci
donne lieu à un nombre encore plus grand de modalités, que nous ne traiterons pas dans le présent paragraphe :
FINANCEMENT DE
EXPLOITATION PROPRIETÉ
L’INVESTISSEMENT
GESTION
Publique Public Publique
PUBLIQUE
EXPLOITATION A
CHARGE DU Privée Public Publique
CONSTRUCTEUR
Privée; puis,
BOT Privée Privé
Publique
PROMOTION
Privée Privé Privée
PRIVEE
GESTION PUBLIQUE : L‟Administration prend directement en charge l‟exploitation de l‟usine, généralement au travers
d‟organismes ou entreprises publiques ou bien des Municipalités.
CONTRAT D’OPERATION ET MAINTENANCE : L‟Administration titulaire de l‟usine de dessalement licite
l‟exploitation durant une période généralement comprise entre 15 et 20 ans.
EXPLOITATION A CHARGE DE L’ENTREPRISE CONSTRUCTRICE : Cette méthode de gestion repose sur le fait
que le contrat de projet et construction inclut l‟exploitation durant une période prédéterminée. Par conséquent,
l‟entreprise constructrice reçoit le paiement de l‟ouvrage de la part de l‟Administration, mais continue avec les travaux
d‟opération et de maintenance de l‟usine. L‟avantage principal est que le constructeur prend en charge les problèmes
qui surgissent, spécialement au cours des premières années.
BUILD-OPERATE-TRANSFER: Cette modalité est basée sur un schéma de concession, dans lequel l‟investissement
net (une fois déduites les possibles subventions) est récupéré par l‟exploitation de l‟infrastructure sur une durée
déterminée (15-25 ans).
Le nom sous lequel on connaît ce système (Build, Operate & Transfer, BOT) indique que le contrat inclut la
construction, l‟opération et le transfert à l‟Administration des installations. Le propre adjudicataire des travaux s‟occupe
de l‟exploitation durant la période préétablie. Durant cette période, il reçoit les rétributions correspondant à l‟exécution
de l‟ouvrage et aux coûts d‟exploitation.
35.
BENCHMARKING INTERNATIONAL EN MATIERE DE DESSALEMENT DES EAUX
La différence avec la modalité « Exploitation à charge du constructeur » est que dans le BOT le constructeur doit
financer lui-même les travaux : il ne reçoit aucune rétribution tant qu‟il ne commence pas à produire de l‟eau. La
propriété de l‟usine est privée tant qu‟il l‟exploite, même si au terme de la période d‟exploitation, la propriété est
transférée à l‟Administration.
Les modes de gestion qui s‟imposent dans les pays principaux du monde sont: l‟exploitation à charge du constructeur (par
ex., Espagne) et les contrats BOT (par ex., Algérie). Ces deux cas sont basés sur une participation conjointe du secteur
privé et du secteur public, que ce soit dans la phase de construction ou d‟exploitation. Cela nous amène à conclure que la
participation des deux parties de façon coordonnée est fondamentale pour la promotion du dessalement. Sans l‟une des
deux parties il n‟est pas possible d‟entreprendre avec succès un programme ambitieux de dessalement dans un pays.
Il faut également toujours tenir compte du fait que les usines de dessalement sont des installations vivantes, qui sont objet
d‟agrandissements et renouvellements continus. Ça justifie que l‟Administration ne doit en aucun cas perdre le contrôle, ni
du projet, ni de l‟ouvrage ni de l‟exploitation.
36.
ASPECTS TECHNIQUES, FINANCIERS ET ÉCONOMIQUES DES DIVERS PROCÉDÉS DE DESSALEMENT DES EAUX
ASPECTS TECHNIQUES, FINANCIERS ET ÉCONOMIQUES DES DIVERS PROCÉDÉS DE DESSALEMENT DES EAUX
Résumé
La nécessité de dessalement de l‟eau date depuis très longtemps. Au XXe siècle, il est devenu une pratique courante grâce
aux développements énormes qu‟ont connus les technologies de dessalement.
Il y a actuellement 3 techniques disponibles : la Distillation, avec ses diverses variantes, l‟Electrodialyse et l‟Osmose Inverse.
La Distillation est seulement utilisée pou l‟eau de mer, l‟Electrodyalyse pour l‟eau saumâtre et finalement, l‟Osmose Inverse
est utilisée pour toute espèce d‟eaux.
Cette article décrit en détail les caractéristiques techniques de deux systèmes d‟évaporation (la Distillation Flash et la
Distillation à Effet Multiple) et deux systèmes de membranes (l‟Electrodyalyse Réversible et l‟Osmose Inverse).
Finalement, une comparaison est réalisée entre les coûts d‟investissement et de production d‟une usine de distillation DEM
et d‟Osmose Inverse, en finissant avec les avantages el les inconvénients des deux systèmes.
1.- CHRONOLOGIE
On peut dire que la recherche de méthodes pour dessaler les eaux est aussi ancienne que l‟Humanité.
Dans la Bible, on raconte l‟histoire de Moïse recevant les plaintes du peuple qui ne pouvait pas boire d‟eau parce qu‟elle
était amère. Moïse jette une branche à l‟eau et celle-ci devient douce.
De même, les marins grecs de l‟Antiquité, afin de pouvoir faire leurs grands voyages sans avoir à toujours longer les côtes
(pour se fournir en eau douce), essayèrent en vain, durant très longtemps, de dessaler l‟eau de mer par filtration avec des
carafes en céramique, une idée se rapprochant des méthodes actuelles à membranes.
Dans des temps plus récents, la technique de distillation était la seule que l‟on connaissait pour dessaler l‟eau de mer, aussi
bien à bord des navires que sur terre ferme.
Rappelons, par exemple, qu‟au XIXème siècle, au Chili et en Bolivie, il existait un grand nombre de stations de dessalement
par distillation, aussi bien par énergie solaire que thermique.
Bien que le dessalement de l‟eau de mer fût obtenu par distillation (avec des rendements énergétiques très bas), il n‟existait
pas de méthode efficace permettant de dessaler les eaux saumâtres. (L‟échange ionique était une méthode industrielle pour
de petits volumes)
C‟est en 1948 que l‟on réalise un grand saut technologique, en développant une méthode (l‟électrodialyse) qui permet d‟une
part le dessalement d‟eaux saumâtres et qui nous penche, d‟autre part, sur une nouvelle technologie : celle des membranes.
Durant la seconde moitié du XXème siècle, les techniques de distillation se perfectionnent, avec une amélioration leur
rendement énergétique et en construisant des Stations de grande capacité, qui emploient le plus souvent les méthodes dites
de distillation flash, la distillation à effets multiples et la distillation par compression de la vapeur.
C‟est finalement, durant les années 60, qu‟apparaît la technologie des membranes, l‟Osmose Inverse, qui renferme de
nombreux et considérables avantages sur les techniques jusqu‟alors employées et qui fera que le dessalement, qui était
quelque chose d‟exceptionnel, devienne une méthode d‟usage commun, qui va permettre la vie et le développement des
zones arides de la Planète.
7
Ingénieur Industriel Supérieur. Directeur Technique de Sadyt (Groupe Sacyr Vallehermoso). Espagne. E-mail : [email protected]
37.
ASPECTS TECHNIQUES, FINANCIERS ET ÉCONOMIQUES DES DIVERS PROCÉDÉS DE DESSALEMENT DES EAUX
La Compression mécanique de la Vapeur est utilisée seulement dans les installations à faible débit (Typiquement 500, 1000
et 2000 m3/jour de production)
Il n‟y a essentiellement que deux techniques de membranes: l‟électrodialyse (ED) et sa variante, l‟électrodialyse réversible
(EDR) ainsi que l‟osmose inverse (OI) et sa variante la nanofiltration (NF).
4.1. INTRODUCTION
La distillation flash est la production de vapeur par une soudaine réduction de pression dans un liquide chaud se trouvant
initialement aux alentours de sa température d‟ébullition. En réduisant la pression, on réduit la température, ce qui provoque la
réduction de la chaleur sensible dans le liquide et l‟on dispose d‟énergie pour la production d‟une petite quantité de vapeur.
La station est formée d‟une série de chambres de condensation ou sections, dans lesquelles il y a un certain degré de vide
(15-24 sections selon le modèle). L‟eau de mer entre dans l‟unité et avance de section en section. Le transport se fait à travers
des tubes. Étant donné que dans les chambres il y a de l‟eau chaude, l‟eau se trouvant à l‟intérieur des tubes se chauffe peu à
peu, au fur et à mesure qu‟elle passe d‟une section à l‟autre. À la fin du trajet, l‟eau de mer, préchauffée selon ce procédé
arrive à la chaudière principale, qui utilise la vapeur extérieure de la chaudière à vapeur d‟une centrale thermique, pour
augmenter la température de l‟eau jusqu‟à 70-110ºC (selon le type de station).
Une fois que l‟eau a été ainsi chauffée, elle retourne par les mêmes sections en ordre inverse mais à l‟extérieur des tubes.
Etant donné que dans chaque section la pression est légèrement inférieure à celle de saturation de vapeur correspondante
dans chaque chambre, il y a une production de vapeur. La condensation est obtenue dans les mêmes chambres autour des
tubes contenant l‟eau froide, décrits ci-dessus. La condensation est recueillie dans des plateaux spéciaux.
Comme la quantité de vapeur produite à chacune des étapes est faible, nous aurons besoin de grands flux de circulation et
d‟un grand nombre d‟étapes.
38.
ASPECTS TECHNIQUES, FINANCIERS ET ÉCONOMIQUES DES DIVERS PROCÉDÉS DE DESSALEMENT DES EAUX
PRÉTRAITEMENT
- Filtration
Élimination de la matière en suspension au moyen d‟une filtration. Dans une station DF, le type de filtres le plus utilisé est du
type DUPLEX ; on utilise également des filtres à panier avec un diamètre de trous inférieur à 10mm.
- Réglage du pH
Le pH de l‟eau de mer est relativement élevé, ce qui facilite la précipitation des sels peu solubles principalement des
carbonates et des sulfates de calcium. En faisant diminuer le pH par l‟addition d‟un acide, principalement sulfurique, on
peut travailler à de plus grandes concentrations sans risque d‟incrustations.
Dans la plupart des installations, on réalise l‟addition d‟acide sulfurique concentré de façon continue jusqu‟à obtention d‟un
pH dans l‟eau d‟alimentation
- Traitement désincrustant
Pour éviter la précipitation de sels à l‟intérieur des tubes de condensation, on ajoute à l‟eau d‟alimentation un produit
désincrustant à base de polyphosphates.
- Dégazage et désaération
Avant de l‟introduire dans le corps de l‟évaporateur on doit éliminer du courant liquide de circulation les gaz dissous (CO 2,
etc.). Le système d‟élimination préliminaire des gaz consiste en une tour où l‟eau est distribuée par un système d‟aspersion
sur un joint. Une fois saturée d‟air, on fait passer cette eau par une tour où se produit la désaération par la création d‟un
vide avec des éjecteurs de vapeur.
39.
ASPECTS TECHNIQUES, FINANCIERS ET ÉCONOMIQUES DES DIVERS PROCÉDÉS DE DESSALEMENT DES EAUX
ÉVAPORATEUR DF
Le système d‟évaporation se compose d‟un nombre de sections ou étapes. Les plus chaudes sont dénommées de
récupération de la chaleur et les plus froides de rejet de la chaleur.
Les sections de rejet de la chaleur se trouvent à la fin du processus. Ces étapes se refroidissent directement avec de l‟au
de mer. On y élimine la chaleur absorbée dans les étapes précédentes du système.
D‟autre part, les sections de récupération de la chaleur constituent le cœur de la Station et ce sont celles qui reçoivent
l‟eau chauffée au préalable dans la chaudière principale. Au cours de ces étapes, la condensation a lieu également dans
les tubes qui passent dans la partie supérieure des chambres.
Chambres d‟évaporation
Chaque étape consiste en une chambre d‟évaporation sous un banc de tubes de condensation. Dans la chambre, il se
produit un certain degré de vide où a lieu l‟évaporation.
Le vide dans chaque chambre se maintient grâce à une fermeture hydraulique. L‟alimentation est introduite dans l‟étape à
travers un orifice qui sert à rabaisser la pression au-dessous de la valeur de saturation correspondante à la température en
amont de l‟orifice. Cette chute de pression donne lieu au refroidissement du courant d‟eau d‟alimentation et à la production
simultanée d‟une petite quantité de vapeur, le courant liquide se trouvant à une pression inférieure à la pression de
vaporisation correspondante à sa propre température. En d‟autre mots, à chacune des étapes, le liquide rencontre une
pression inférieure à celle de l‟équilibre et donc, une partie du liquide s‟évapore en faisant descendre la température du liquide
jusqu‟à ce qu‟elle corresponde à la température de saturation de l‟étape.
La vapeur produite par cette évaporation instantanée à chaque étape, se condense autour des tubes de condensation par
lesquels circule comme liquide réfrigérant l‟eau salée qui se chauffe au fur et à mesure qu‟elle passe d‟étape en étape.
La vapeur passe par un éliminateur de gouttes ou “demister” avant sa condensation. Le condensé de chaque étape se
récupère et passe à l‟étape suivante, de telle façon que la température du condensé descend progressivement, et cède en
même temps une petite quantité de chaleur à l‟eau dans des étapes de plus en plus froides.
Courant de circulation d‟eau de mer froide à l‟intérieur des tubes du condensateur depuis les étapes froides, ou de rejet
de la chaleur, à l‟étape la plus chaude. Le débit est constant et la température augmente par absorption de l‟énergie
latente de condensation de la vapeur qui se condense à l‟extérieur des tubes.
Courant d‟alimentation d‟eau de mer depuis la chaudière principale jusqu‟à la dernière étape de rejet de chaleur, par
l‟extérieur des tubes, tout au long des différentes sections. Au fur et à mesure qu‟une partie de l‟eau salée se
transforme en vapeur, le débit et la température du courant circulant diminuent.
Courant de condensé est récupéré dans des plateaux et traverse les successives étapes de la première à la dernière. Le
débit augmente à chacune des étapes avec la vapeur condensée à chacune des étapes.
Ces étapes se trouvent à la fin de l‟unité. C‟est par elles qu‟entre l‟eau froide dans les tubes de la partie supérieure des
chambres. Dans ces tubes circule un plus haut débit d‟eau de mer que dans les étapes de récupération postérieure
puisqu‟on y incorpore une certaine quantité d‟eau de mer (80% du débit) qui refroidit la chaleur apportée dans une autre
partie de l‟unité. Le reste (20%) se mélange avec le courant d‟alimentation et entre à nouveau dans la chaîne des étapes
de récupération de chaleur par l‟intérieur des tubes de condensation.
Les chambres des étapes de récupération de chaleur sont identiques à celles de rejet de chaleur.
Les eaux qui y circulent par la partie supérieure dans les tubes de condensation augmentent de température au fur et à
mesure qu‟elles permettent la condensation dans les différentes étapes. Tandis que la partie qui descend des chambres
circule en direction contraire de celle de l‟eau chauffée au préalable dans la chaudière principale et qui, par conséquent,
40.
ASPECTS TECHNIQUES, FINANCIERS ET ÉCONOMIQUES DES DIVERS PROCÉDÉS DE DESSALEMENT DES EAUX
baisse de température à chaque étape. Le flash se produit par le vide correspondant qui existe entre chaque chambre.
CHAUDIÈRE PRINCIPALE
C‟est un échangeur de chaleur entre l‟eau à la sortie du condenseur de la section de récupération de chaleur et la vapeur
provenant d‟une source extérieure. L‟eau absorbe la chaleur cédée par la vapeur extérieure en se condensant et atteint sa
température maximale.
ÉJECTEURS À VIDE
Dans les étapes “flashing”, on obtient le vide au moyen des éjecteurs de vapeur. Pour simplifier le contrôle de sortie de
vapeur, on utilise deux soupapes pour chaque étape situées aux bouts et connectées extérieurement. Au démarrage, on
utilise un éjecteur à amorce. Le niveau de vide à chaque étape est calculé selon la température de l‟eau de circulation et la
perte de pression provoquée par les éléments de « flash ».
Les éjecteurs à vide se composent d‟un venturi qui crée lorsque circule de la vapeur une dépression dans l‟orifice de sortie
de la chambre qui extrait les gaz de son intérieur. Dans les installations industrielles on le place habituellement à chaque 2
ou 3 étapes.
La différence de vide entre étapes se maintient au moyen d‟une fermeture hydraulique dans le circuit d‟eau salée en
évaporation.
5.1. INTRODUCTION
Le processus de distillation à effets multiples est une technologie classique en ingénierie chimique. Son précurseur était un
système à simple effet d‟évaporation et de condensation, utilisé historiquement, par exemple, pour produire de l‟eau potable
dans les navires. Son utilisation dans le dessalement est antérieure au processus DF.
Dans un processus à effets multiples, on utilise un évaporateur à multiples chambres où il y a un certain vide, avec la
particularité essentielle qu‟une partie importante de l‟évaporation se produit par ébullition sur les tubes et seulement une
petite quantité se produit par vide.
La température et le vide de chaque chambre décroît dans le sens du flux de l‟eau, ce qui permet la réduction du point
d‟ébullition de l‟eau de mer d‟alimentation sans avoir à la chauffer après le premier effet. Les dernières unités DEM
construites opèrent à une température maximale de 70ºC, ce qui réduit la possibilité d‟incrustations dans l‟unité, mais
demande une plus grand superficie de transfert de chaleur.
Ce système est constitué par un nombre « n » d‟évaporateurs à tubes verticaux ou horizontaux qui composent les différents
effets, outre une série de préchauffeurs d‟alimentation, l‟un desquels peut être un condenseur final, comme celui que nous
allons décrire ici.
On fait passer l‟eau de mer par le condenseur de rejet de chaleur, en la faisant chauffer par condensation de la vapeur à haute
pression. En sortant de la dernière étape de cette section, l‟eau de mer se divise en deux courants, dont la plus grande (80%)
est déchargée du système comme eau de réfrigération. Le reste (20%) de l‟eau est pompée pour alimenter le suivant groupe
d‟effets. L‟eau non évaporée d‟un groupe d‟effets alimente sous forme de pluie les tubes évaporateurs du suivant groupe
d‟effets. Cette opération se répète successivement jusqu‟à son arrivée aux effets les plus chauds, où l‟eau concentrée
(saumure) est évacuée du système.
Dans chacun des effets a lieu l‟évaporation et la condensation. La vapeur du premier groupe s‟alimente directement de la
vapeur de la centrale thermique. Les groupes suivants sont alimentés par la vapeur produite dans le groupe précédent. La
condensation produite dans chacun des effets constitue le courant d‟eau-produit
La source d‟énergie du système est la vapeur extérieure à la température à laquelle elle entre dans le premier effet où elle se
condense et qui peut être rendu à la chaudière, ou bien être mélangé à l‟eau-produit. L‟eau est pulvérisée sur les tubes où
41.
ASPECTS TECHNIQUES, FINANCIERS ET ÉCONOMIQUES DES DIVERS PROCÉDÉS DE DESSALEMENT DES EAUX
circule la vapeur. C‟est sur ces tubes que se produit l‟évaporation et qui provoque également la condensation de la vapeur à
l‟intérieur des tubes. Par la même occasion, une certaine quantité de vapeur est également produite par l‟effet flash à
l‟intérieur de chaque chambre.
La vapeur qui est générée dans la première chambre est introduite dans le premier préchauffeur d‟alimentation où elle se
condense partiellement et passe ensuite aux tubes de la chambre suivante où elle se condense à l‟intérieur par aspersion
d‟eau, ce qui produit également de la vapeur dans la chambre. Cet effet est accentué par un certain effet de vide.
L‟eau non évaporée dans les chambres alimente le deuxième effet où elle est versée à nouveau sur le faisceau de tubes
qui contiennent la vapeur d‟eau produite au cours de la première étape. La vapeur à l‟intérieur des tubes se condense, se
transformant en eau-produit et ainsi de suite.
La vapeur produite dans le dernier effet est introduite dans le condenseur final où elle se condense et se mélange avec le
produit ou distillat. Dans ce cas, il n‟y a pas d‟effet flash.
Le distillat de chaque effet s‟ajoute aux précédents pour former le total du produit.
Le passage de l‟eau d‟un effet à l‟autre est accompagné d‟évaporation soudaine (flash) par suite de la réduction de la
pression. Ainsi, la fraction d‟eau qui abandonne un effet à la température d‟ébullition correspondante, s‟évapore par flash
quand elle se trouve exposée dans l‟effet suivant à une pression de vapeur inférieure. L‟effet multi-flash s‟obtient en
enchaînant les procédés.
Un autre système d‟évaporation DEM consiste à alimenter directement en eau de mer les effets, sans avoir à en réaliser le
préchauffement. Après avoir joué le rôle de réfrigérant dans le condenseur final, l‟eau de mer alimente les effets les plus
froids. L‟eau non évaporée dans ces froids, alimente le suivant groupe d‟effets chauds et ainsi de suite (Las Palmas Ŕ
Telde).
Les fondements pour la conception d‟un système d‟évaporation DEM reposent sur le débit de circulation nécessaire à
l‟obtention d‟une production déterminée. Le débit d‟apport nécessaire sera déterminé en fonction de la chaleur apportée par la
source extérieure. La relation d‟alimentation sera d‟autant plus faible lorsque le débit sera plus élevé et que l‟évaporateur aura
un plus grand nombre d‟étapes.
Une différence importante avec les systèmes DF, est que le ratio d‟économie (production de vapeur/chaleur utilisé) dans les
DEM dépend en grande mesure du nombre d‟étapes contrairement au cas des DF où il est pratiquement indépendant. En
DEM, l‟économie est liée au nombre d‟effets, et elle est un peu moins importante.
42.
ASPECTS TECHNIQUES, FINANCIERS ET ÉCONOMIQUES DES DIVERS PROCÉDÉS DE DESSALEMENT DES EAUX
PRÉTRAITEMENT.
Filtration
Élimination de la matière en suspension par filtration. Les systèmes de dessalement par évaporation ne sont pas aussi
sensibles à l‟encrassement que les systèmes à membranes et, dans la plupart des installations DEM, il suffit d‟une ou eux
étapes de filtration avec des filtres à panier avec un maillage ou diamètre des trous inférieur à 10 mm. Ou des filtres
granulaires de diamètre nominal inférieur à 5 mm.
Réglage du pH
L‟eau de mer a un pH élevé, autour de 8. À ces valeurs, le risque de précipitation de sels est élevé. Afin d‟éviter la
précipitation des sels peu solubles, principalement des carbonates et des sulfates de calcium, on réalise une acidification de
l‟eau d‟alimentation du système, généralement par addition d‟acide sulfurique concentré.
Traitement anti-incrustations
Le solides en suspension et dissous contenus dans l‟eau de mer peuvent se précipiter dans les tubes des échangeurs. Ces
dépôts peuvent être mous du type boue ou durs de type alcalin ou par précipitation du sulfate de calcium. Les additifs
inhibiteurs sont composés d‟une préparation à base de polyphosphates qui permettent de travailler à des températures
s‟élevant jusqu‟à 90ºC.
Dégazage / décarbonatation
L‟équipement d‟élimination des gaz dissous dans l‟eau d‟alimentation est normalement composé d‟une tour jointée avec une
purge d‟air. L‟eau est alimentée en cascade sur la couche jointée. À la sortie de la tour, on place un condenseur d‟où l‟on
extrait les gaz au moyen d‟un éjecteur de vapeur.
ÉVAPORATEUR DEM
Comme on l‟a déjà indiqué, le système d‟évaporation DEM se compose d‟un nombre d‟effets ; les plus chauds se dénomment
de récupération de chaleur et les plus froids de rejet de chaleur, comme dans les DF.
La section de rejet de la chaleur se refroidit directement avec de l‟eau de mer sur les tubes où se condense la vapeur
produite au cours des étapes précédentes ou de récupération de chaleur.
La vapeur de la source extérieure alimente la première étape de récupération de chaleur, qui est la plus chaude. L‟eau qui est
pulvérisée dans les étapes de récupération de chaleur est à une température supérieure à celle du rejet puisque c‟est là
qu‟elle s‟est chauffée.
La vapeur produite passe par un éliminateur d‟humidité ou « demister ». Une partie de cette vapeur se condense dans un
préchauffeur et cède sa chaleur latente à l‟eau d‟alimentation. La partie non condensée sert comme vapeur de chauffage pour
alimenter l‟effet suivant.
43.
ASPECTS TECHNIQUES, FINANCIERS ET ÉCONOMIQUES DES DIVERS PROCÉDÉS DE DESSALEMENT DES EAUX
La vapeur condensée à l‟intérieur des tubes est récupérée comme courant de produit circulant à travers les différents effets.
La saumure, de plus en plus concentrée, est pompée depuis la partie inférieure de la chambre vers le suivant groupe
d‟effets.
Le processus DEM opère à vide et a donc besoin d‟évacuer continuellement les gaz non condensables qui s‟accumulent
dans les effets d‟évaporation-condensation.
Ces gaz non condensables (GNC) sont évacués de chaque effet vers un collecteur commun qui est relié au condenseur de
l‟unité DEM. Du condenseur de l‟unité, les gaz non condensables sont évacués au moyen d‟un système d‟éjecteurs de
vapeur et de condenseurs à l‟atmosphère.
Le vide à chaque étape est défini par la température de l‟eau de circulation et par la perte de pression. La différence de vide
entre étapes se maintient au moyen d‟une fermeture hydraulique dans le circuit de l‟eau salée qui est en train de s‟évaporer.
L‟évacuation initiale de l‟unité DEM est effectuée par un éjecteur de vapeur qui évacue l‟air de l‟intérieur de toute la station
équilibrant la pression de la station à la pression d‟opération du condenseur de l‟unité. En arrivant à cette pression,
l‟éjecteur initial s‟arrête et le système d‟évacuation des gaz non condensables démarre.
L‟électrodialyse (E.D.) est un procédé de séparation électrochimique dans lequel les ions sont transférés à travers des
membranes d‟une solution moins concentrée vers une autre de plus haute concentration, comme résultat d‟un courant
électrique continu.
Pour comprendre ce procédé plus clairement, il est important de connaître l‟effet d‟un courant continu sur une solution
ionique. Supposez un réservoir rectangulaire, figura 6.1, avec une électrode à chaque bout et rempli d‟une solution de
chlorure de sodium (ClNa).
FIGURE 6.1.
44.
ASPECTS TECHNIQUES, FINANCIERS ET ÉCONOMIQUES DES DIVERS PROCÉDÉS DE DESSALEMENT DES EAUX
Pour contrôler le mouvement des ions dans le réservoir qui contient la solution ionique et les électrodes, on peut placer
plusieurs membranes formant des compartiments étanches (voir figure 6.2.).
FIGURE 6.2.
1. Membrane de transfert anionique: qui permet seulement le passage des ions chargés négativement. Cette membrane est
électriquement conductrice et imperméable à l‟eau sous pression (signalée comme A sur la figure 6.2.)
2. Membrane de transfert cationique: qui permet seulement le passage des ions chargés positivement. Cette membrane est
également électriquement conductrice et imperméable à l‟eau sous pression. (Signalée comme C sur la figure 6.2)
Sur la figure 6.2., on applique aucun potentiel de C.C. et il n‟y donc pas de transfert ionique. La figure 6.3. montre ce qui se
passe lorsqu‟on applique un potentiel de C.C.
45.
ASPECTS TECHNIQUES, FINANCIERS ET ÉCONOMIQUES DES DIVERS PROCÉDÉS DE DESSALEMENT DES EAUX
FIGURE 6.3.
a) Compartiments 1 et 6:
Ces compartiments sont les seuls à contenir les électrodes métalliques.
Dans l‟anode se produisent du chlore gaz et de l‟oxygène, ainsi que les ions H+.
Dans la cathode ou électrode négative, il se produit du gaz hydrogène et des ions OH-.
b) Compartiment 2:
1. Les ions de Cl- passent à travers la membrane anionique (A) vers le compartiment 3.
2. Les ions de sodium (Na+) passent à travers la membrane cationique (C) vers le compartiment 1.
c) Compartiment 3
1. Les ions Na+ ne peuvent pas passer par la membrane anionique et restent dans le compartiment 3.
2. Les ions Cl- ne peuvent pas traverser la membrane cationique et restent dans le compartiment 3.
d) Compartiment 4
1. Les ions Cl- passent à travers la membrane anionique jusqu‟au compartiment 5
2. Les ions Na+ passent à travers la membrane cationique jusqu‟au compartiment 3
e) Compartiment 5
1. Les ions Na+ ne peuvent pas passer à travers la membrane anionique et restent dans le compartiment 5.
2. Les ions Cl- ne peuvent pas passer par la membrane cationique et restent dans le compartiment 5.
L‟effet total montre que les compartiments 2 et 4 se sont vidés d‟ions, tandis que ceux-ci se sont concentrés dans les
compartiments 3 et 5.
Comme le montre la figure 6.3., On a formé des compartiments alternés de solutions concentrées et déminéralisées dans
cette cellule à membranes, lorsqu‟on a appliqué à travers ses électrodes un potentiel de C.C. Lorsqu‟ils se connectent de
façon appropriée, cette unité donnera comme résultat deux flux principaux et séparés ; des eaux déminéralisées et
concentrées, et deux flux moins importants dans les compartiments des électrodes. Dans des applications normales, on unit
plusieurs centaines de ces compartiments déminéralisés et concentrés dans une “pile ou tour de membranes“ pour obtenir le
débit d‟eau recherché. Ces piles à membranes sont le cœur d‟un système de E.D.
46.
ASPECTS TECHNIQUES, FINANCIERS ET ÉCONOMIQUES DES DIVERS PROCÉDÉS DE DESSALEMENT DES EAUX
4) Le processus ne requiert pas d‟énergie de pression. Dans la pratique, il faut fournir au fluide la perte de charge à
travers l‟équipement (Max. 3,5 kg/cm2)
5) Les membranes sont de deux sortes: Cationiques, chargées négativement et anioniques, chargées positivement.
6) La consommation énergétique est directement proportionnelle à la quantité de sels déplacés.
7) Le déplacement maximum de sels par étape est de 40 à 50%.
8) Il ne déplace que les particules ayant une charge électrique.
9) Les pertes en eau sont très basses, variant entre 5 et 20%.
10) L‟utilisation de produits chimiques n‟est généralement pas nécessaire
11) Si des produits chimiques sont nécessaires, on ne les ajoute pas au fluide à dessaler mais au circuit auxiliaire de
saumure ce qi fait que les quantités à utiliser sont toujours très inférieures à celles d‟autres systèmes.
12) Les besoins de prétraitement sont très peu puisque les membranes sont très résistantes aux oxydants et à
l‟encrassement organique, et c‟est pourquoi l‟on obtient de très bons résultats dans le traitement des effluents de
stations d‟eaux résiduelles.
13) Les membranes admettent un niveau continu de chlore libre résiduel de jusqu‟à 0,3 ppm, et des valeurs de pH
entre 1 et 10.
14) La saumure peut travailler avec des indices de Langelier positifs jusqu‟à 1,8 et des niveaux de saturation de
sulfate calcique de 150% sans addition de produits chimiques. Avec de petites additions d‟hexamétaphosphate
dans le circuit auxiliaire de saumure, peuvent atteindre des saturations de jusqu‟à 400%.
15) Le coût de l‟installation est normalement plus élevé et celui de l‟opération est moindre, le coût total dans la
plupart des cas étant plus bas que celui de l‟osmose inverse.
16) Le design des systèmes de E.D.R. permet de nettoyer les membranes de trois façons:
a) Continuellement par changement de polarité.
b) Périodiquement par nettoyage chimique.
c) Occasionnellement, et si nécessaire par démontage et nettoyage manuel des membranes individuellement.
17) La production de chlore gaz comme sous-produit génère une économie extra dans les usages non agricoles.
18) Il est insensible à la quantité de silice se trouvant dans l‟eau brute.
Si l‟on fait tourner sur un bout le réservoir multicompartiments utilisé dans le chapitre précédent (figure 6.2), nous aurons
l‟orientation normale d‟une pile à membranes (figure 6.4)
FIGURE 6.4
47.
ASPECTS TECHNIQUES, FINANCIERS ET ÉCONOMIQUES DES DIVERS PROCÉDÉS DE DESSALEMENT DES EAUX
Après un examen plus attentif, on peut voir dans la pile une succession de membranes anioniques et cationiques. Les
espaces entre les membranes représentent les chemins des flux concentrés et déminéralisé formés para des séparateurs en
plastique, appelés espacements de flux concentré et déminéralisé respectivement. Ces espacements sont faits de
polyéthylène à faible densité et sont disposés dans la pile de telle façon que tous les flux déminéralisés sont en contact entre
eux et que tous les flux de concentrés le sont également entre eux.
FIGURE 6.5
Une pile typique peut avoir entre 300 et 600 couples de cellules.
Un courant d‟eau entre dans la pile et coule en parallèle, seulement par les compartiments de déminéralisation, tandis que
l‟autre courant, entre dans la pile à membranes et coule en parallèle seulement à travers les compartiments de
concentration.
On doit remarquer que les flux d‟eau coulent entre les membranes et nous à travers elles. Quand les flux d‟eau passent
entre les membranes, les ions sont électriquement transférés à travers les membranes, depuis le courant déminéralisé au
courant concentré sous l‟influence du potentiel de C.C.
48.
ASPECTS TECHNIQUES, FINANCIERS ET ÉCONOMIQUES DES DIVERS PROCÉDÉS DE DESSALEMENT DES EAUX
FIGURE 6.6
L‟eau des compartiments des électrodes ne se mélange pas aux courants de déminéralisé ni de concentré. Après être sorti
de la pile, le flux combiné d‟électrodes est envoyé à un dégazeur.
On montre également dans la figure 6.6. les plaque supérieure et inférieure qui sont en acier, et qui sont utilisées avec des
tirants pour comprimer la pile entière, en scellant ainsi les membranes et les espacements pour procurer des chemins de
concentré et de déminéralisé et éviter les fugues latérales d‟eau dans les piles.
6.5. MEMBRANES
La membrane cationique est, essentiellement, une résine échangeuse d‟ions, fabriquée sous forme de lamelle, avec une
épaisseur d‟environ 0,5 mm. Les propriétés essentielles des membranes cationiques sont :
- Essentiellement imperméables à l‟eau sous pression
- Électriquement conductrices
- Elles transfèrent seulement les cations et rejettent les anions
La membrane anionique est essentiellement une résine échangeuse d‟ions fabriquée sous forme de lamelle, avec une
épaisseur d‟environ 0,5mm. Les trois propriétés essentielles des membranes anioniques sont :
- Essentiellement imperméables à l‟eau sous pression
- Électriquement conductrices
- Elles transfèrent seulement les anions et rejettent les cations.
6.6. ESPACEMENTS
Les espacements sont formés par deux feuilles de polyéthylène à faible densité, avec les orifices que forment les collecteurs
qui s‟alignent avec les collecteurs des membranes. Lorsqu‟une pile à membranes est montée correctement, les orifices des
collecteurs dans les membranes et les espacements, forment des tubes verticaux dans la pile. L‟eau entre dans un
espacement entre deux membranes par les chemins du flux qui sont connectés avec les orifices collecteurs de sortie. Il
existe deux coupures dans les orifices de l‟espacement qui canalisent sélectivement le flux de l‟eau entre les membranes.
pour former deux courants séparés de concentré et de déminéralisé.
49.
ASPECTS TECHNIQUES, FINANCIERS ET ÉCONOMIQUES DES DIVERS PROCÉDÉS DE DESSALEMENT DES EAUX
Les deux types d‟espacements sont montrés sur les figures 6.7 et 6.8.
FIGURE 6.7
La figure 6.7 montre l‟eau entrant dans l‟orifice “A”. L‟eau coule à travers l‟espacement, comme l‟indiquent les flèches, et sort
par l‟orifice „‟C‟‟.
Dans la figure 6.8, on apprécie que l‟eau entre par le collecteur A, rencontre un espace étanche alentour et ne peut donc
s‟écouler par l‟espacement et continue son chemin vers le suivant espacement. Même chose dans le collecteur C.
FIGURE 6.8
On observe également que l‟eau qui entre par le collecteur B, se trouve obligée de se diviser en deux flux, ainsi que
l‟indiquent les flèches et après avoir parcouru l‟espacement, elle sort par le collecteur D.
Supposez que l‟espacement 4.6, est dans un compartiment déminéralisé et que l‟espacement 4.5, dans un compartiment
concentré. Les deux flux entrant, parcourront la pile verticalement, le déminéralisé par le canal B et le concentré par le canal
A. Lorsque le flux de déminéralisé rencontre un espacement disposé comme dans la figure 4.6, il se verra obligé de passer
entre deux membranes dans son chemin de sortie vers le collecteur D, tandis que le flux de concentré, rencontrant un
espace étanche autour de lui ne pourra couler et suivra son chemin vers le suivant espacement. Voyons maintenant ce qui
se passe dans un compartiment de concentré.
Supposons un autre espacement, identique au précédent, mais que nous avons tourné horizontalement de 180º, c'est-à-dire
d‟un demi-tour sur un plan horizontal.
Maintenant nous nous trouvons dans un compartiment de concentré et puisque nous avons tourné l‟espacement, le flux qui
parcourt maintenant le chemin fait dans l‟espacement, est le flux qui entre par le collecteur trapézoïdal D, sortant par le
collecteur rectangulaire B, tandis que le flux qui entre par le collecteur rectangulaire C, ne peut pas couler et poursuit son
chemin vers le suivant espacement.
50.
ASPECTS TECHNIQUES, FINANCIERS ET ÉCONOMIQUES DES DIVERS PROCÉDÉS DE DESSALEMENT DES EAUX
De cette façon. En disposant alternativement les espacements, nous maintiendrons les flux de concentré et de déminéralisé
séparés les uns des autres si à l‟entré et à la sortie avec un seul type d‟espacement, en évitant d‟avoir à fabriquer deux
types différents d‟espacements.
6.7. ÉLECTRODES
Les électrodes métalliques situées aux extrêmes supérieur et inférieur de la pile, sont utilisé pour conduire le courant
continu. Une électrode est normalement en titane recouvert de platine. L‟apparence physique d‟une électrode, par rapport
aux collecteurs, peut varier selon al position de l‟électrode dans la pile.
FIGURE 6.9
La vie d‟une électrode dépend généralement de la composition ionique du flux par électrode et de l‟ampérage transporté par
unité de superficie de l‟électrode. En général, de forts ampérages et de l‟eau avec un contenu élevé de chlorures ou
tendance à l‟incrustation, tendront à raccourcir la vie de l‟électrode.
6.8. MEMBRANES
On utilise deux types de membranes dans les processus de E.D., les membranes de transfert anionique et cationique.
Chaque membrane à l‟apparence physique d‟une lamelle en plastique, elle essentiellement imperméable à l‟eau sous
pression, et elle est renforcée par un tissu de fibre synthétique.
Durant la production de la membrane anionique, les charges positives se fixent sur la membrane matrice. Ces charges
positives fixées proviennent d‟ions ammonium quaternaire qui repoussent les ions positifs et permettent le transfert des ions
négatifs à travers elle.
Durant Le processus de production d‟une membrane cationique des charges négatives se fixent sur toute la membrane. Les
charges négatives fixées sont des groupes de sulfonâtes qui repoussent les ions négatifs et permettent le passage d‟ions
chargés positivement.
51.
ASPECTS TECHNIQUES, FINANCIERS ET ÉCONOMIQUES DES DIVERS PROCÉDÉS DE DESSALEMENT DES EAUX
6.9. ESPACEMENTS
Les espacements forment les chemins des flux de déminéralisé et de concentré à l‟intérieur de la pile. Dans la figure 6.10,
on montre le chemin complet du flux.
Dans la figure, le flux entrant dans l‟espacement par le collecteur A, se divise en deux flux symétriques B et C, qui se
divisent à leur tour en trois ou quatre flux parallèles, qui parcourent leurs chemins dans l‟espacement jusqu‟à atteindre le
collecteur de sortie D
FIGURE 6.10
FIGURE 6.11
La figure 6.11 montre une coupe en section d‟un espacement illustrant le flux autour des barrières croisées.
Ce diagramme montre un espacement entre deux membranes pour former un compartiment de flux. La turbulence créée
dans le flux par les barrières croisées, favorise le mélange, ce qui aide au transfert des ions à la superficie de la membrane
52.
ASPECTS TECHNIQUES, FINANCIERS ET ÉCONOMIQUES DES DIVERS PROCÉDÉS DE DESSALEMENT DES EAUX
FIGURE 6.12
Les systèmes d‟électrodialyse réversible (E.D.R.) sont conçus pour produire de l‟eau déminéralisée sans addition constante
de produits chimiques durant l‟opération normale, ce qui élimine donc le plus grand problème posé par les systèmes
unidirectionnels. Le système E.D.R. utilise l‟inversion de la polarité électrique pour contrôler continuellement les incrustations
et l‟encrassement des membranes.
Dans ce système, la polarité des électrodes est invertie 3 ou 4 fois chaque heure.
Cela invertit la direction du mouvement des ions dans la pile à membranes, contrôlant de cette façon la formation de la
pellicule d‟encrassement et la formation d‟incrustations. Cela est montré dans la figure 6.13, où la polarité des électrodes de
„‟A‟‟ est opposée à „‟B‟‟.
Dans un système courant, l‟inversion a lieu environ toutes les 15 minutes et se vérifie automatiquement.
On peut voir sur la figure 6.13 qu‟après l‟inversion, les flux qui occupaient avant les compartiments déminéralisés,
deviennent des flux concentrés et les flux qui occupaient avant les compartiments de concentré, arrivent maintenant à être
déminéralisés. Donc, dans l‟inversion, les soupapes opérées automatiquement changent les deux flux d‟entrée et de sortie,
de façon que l‟eau d‟alimentation qui entre coule dans les nouveaux compartiments déminéralisés et le flux de concentré
coule dans les nouveaux compartiments de concentré.
53.
ASPECTS TECHNIQUES, FINANCIERS ET ÉCONOMIQUES DES DIVERS PROCÉDÉS DE DESSALEMENT DES EAUX
FIGURE 6.13
À cause de l‟inversion, aucun compartiment de flux de la pile n‟est exposé à de hautes concentrations pour une période de
plus de 15 ou 20 minutes de suite. N‟importe quel
Commencement de formation de sels se dissout rapidement et est chassé à l‟extérieur lorsque le cycle est inversé. La figure
6.14 est un diagramme de flux E.D.R. typique.
FIGURE 6.14
54.
ASPECTS TECHNIQUES, FINANCIERS ET ÉCONOMIQUES DES DIVERS PROCÉDÉS DE DESSALEMENT DES EAUX
- Il casse la couche de polarisation 3 ou 4 fois toutes les heures, évitant ainsi les incrustations et les
polarisations
- Il casse les incrustations récentes et les élimine avant qu‟elles ne puissent s‟étendre et donner lieu à des
problèmes.
- Il réduit l‟encrassement ou des formations semblables sur la superficie des membranes.
- Il élimine l‟exigence d‟une alimentation continue en acides ou autres produits chimiques.
- Il nettoie automatiquement les électrodes avec de l‟acide formé durant l‟étape anodique.
L‟osmose est un phénomène naturel qui a lieu dans toutes les cellules vivante et qui est le fondement de la vie sur la Terre.
Le processus de l‟osmose se vérifie dans les membranes dites osmotiques, telles que les membranes cellulaires, la peau
des fruits, les racines, etc.
Dans ce processus, ces membranes, également dénommées semi-perméables, possèdent la caractéristique de permettre le
passage à travers elles, seulement de l‟eau et non pas des autres substances comme les sels.
Une autre caractéristique est que le passage de l‟eau depuis le côté où la concentration de sels est plus faible, vers le côté
où la concentration est plus haute. Ceci explique pourquoi une plante arrosée avec de l‟eau très salée sèche, car la
concentration de sels dans le terrain est plus grande que celle de la sève de l‟intérieur de la racine. Il se passe que non
seulement il n‟entre pas d‟eau à l‟intérieur de la plante, mais au contraire, celle qui se trouve dans la plante en sort vers le
terrain.
Si nous plaçons une membrane osmotique entre deux colonnes remplies de liquides de différente concentration, nous
verrons que l‟eau commence à passer de la colonne de moindre concentration à celle de plus forte concentration, et donc le
niveau d‟eau descend dans une colonne tandis qu‟il monte dans l‟autre. Après un certain temps, le processus s‟arrête.
La différence de niveau d‟eau entre les deux colonnes est appelée pression osmotique et a une valeur fixe qui dépend de la
différence de concentrations entre les deux fluides. Par exemple, la pression osmotique de l‟eau de mer est de 26 kg/cm 2, ou
ce qui revient au même, la différence de hauteur entre colonnes serait de 260 m.
Donc une membrane osmotique se comporte comme une pompe à pression variable.
Logiquement, le processus de l‟osmose naturel n‟a aucun intérêt industriel, car l‟eau de bonne qualité se mélange à celle de
haute concentration et l‟objectif est d‟extraire l‟eau pure de la solution saline. C‟est pourquoi nous devons invertir le
processus et c‟est ce que l‟on dénomme comme osmose inverse.
Pour y arriver, il faut seulement appliquer une pression sur le fluide concentré, pour compenser la pression osmotique créée
par la membrane.
Si la pression appliquée est plus faible que la pression osmotique, nous freinerons le processus mais nous ne
l‟éviterons pas, lorsque la pression appliquée sera égale à la pression osmotique, le processus se détient et il n‟y a pas de
transfert d‟eau dans aucun sens, mais si nous appliquons une pression plus élevée, nous verrons maintenant que l‟eau
commence à passer en sens contraire, depuis la solution saline vers celle de plus basse concentration.
Nous avons donc déjà un système qui nous permet d‟obtenir de l‟eau douce à partir de l‟eau de mer ou de toute autre
solution concentrée.
Les membranes d‟osmose possèdent un triple comportement, selon les caractéristiques des substances présentes dans le
fluide à traiter.
55.
ASPECTS TECHNIQUES, FINANCIERS ET ÉCONOMIQUES DES DIVERS PROCÉDÉS DE DESSALEMENT DES EAUX
Parmi les particules chargées, elle discerne également les ions des molécules bipolaires.
Pour comprendre la façon d‟opérer d‟une membrane, nous pouvons utiliser l‟exemple des deux soupapes, c‟est-à-dire que le
passage de l‟eau et des sels à travers la membrane se réalise au moyen de deux soupapes indépendantes par l‟une
desquelles passe l‟eau et par l‟autre les sels.
Il faut tenir compte que les membranes ne sont pas parfaites et permettent le passage d‟une petite quantité de sels (0,2%)
La soupape de passage de l‟eau est réglée de façon directe par la pression nette, c‟est-à-dire la différence entre la pression
appliquée et la pression osmotique. Cette pression nette est celle qui produit le travail, puisque de la pression appliquée, on
perd une quantité égale à la pression osmotique, dont l‟énergie est utilisée pour compenser la pression générée par la
membrane en sens contraire.
Donc plus la pression appliquée est élevée, plus on ouvre la soupape et par conséquent, la membrane produit un plus haut
débit.
Afin de produire la plus grande quantité possible d‟eau, on essaie d‟obtenir la plus grande pression nette possible. Ainsi, par
exemple, dans l‟eau de mer ou la pression osmotique est de 26 kg/cm2, on utilise des pressions d‟alimentation entre 60 et 70
kg/cm2, ce qui équivaut à des pressions nettes de 34 et 44 kg/cm2 respectivement.
Cependant, la soupape de passage des sels est réglée par la différence de concentrations des fluides existants d‟un côté et
de l‟autre de la membrane, c‟est-à-dire que plus la salinité de l‟eau à traiter est grande, plus s‟ouvre la soupape et permet
donc le passage d‟une plus grande quantité de sels, en augmentant la concentration de l‟eau produite.
Le fait que les deux soupapes soient réglées par des variables différentes, peut être à l‟origine de six conditions différentes,
qui rendent parfois difficile la compréhension de ce qui se passe et qu‟on tire des conclusions erronées.
Le débit d‟eau produite peut augmenter et en même temps la salinité de l‟eau produit peut augmenter, baisser ou se
maintenir et, inversement, le débit d‟eau produite peut baisser et la salinité du produit peut également augmenter, baisser ou
se maintenir.
7.4.- .- Morphologie
Les membranes osmotiques sont homogènes, non poreuses, de façon que le mécanisme de transport se fait par diffusion.
Les membranes sont composées de trois couches, l‟inférieure étant un tissu de support en polyester d‟environ 120 microns
d‟épaisseur, par-dessus il y a une couche d‟un substrat microporeux de „‟poli sulfone‟‟ d‟environ 40 microns d‟épaisseur et
finalement la couche active, la membrane osmotique, faite de polyamide aromatique ou acétate de cellulose, d‟une
épaisseur de 0,4 microns.
La pression appliquée, le type de fluide à traiter, la température, le pH, la concentration saline de la solution et la
récupération du système.
Le procédé de conception d‟un système à osmose inverse comporte trois pas essentiels :
- Sélection de la membrane
- Définition de la configuration de l‟O.I.et des conditions d‟opération
- Détermination des besoins de prétraitements.
56.
ASPECTS TECHNIQUES, FINANCIERS ET ÉCONOMIQUES DES DIVERS PROCÉDÉS DE DESSALEMENT DES EAUX
- Charge électrique
- Matériel de la couche active
7.8.- Prétraitement
La captation d‟eau au moyen d‟un puits, a besoin généralement d‟un traitement très léger et dans quelque cas d‟aucun, car
le terrain tient le rôle de filtre.
Par contre, la captation en prise ouverte (Mer, fleuve, Barrage) requiert un traitement plus sophistiqué et logiquement une
plus grande quantité d‟équipement.
Il y a trois types de prétraitement, le physique, le chimique et le biologique. Le physique a pour objet l‟élimination des
particules en suspension présente dans l‟eau, jusqu‟à l‟obtention d‟un degré de saleté (S.D.I.) inférieur à 3.
(Le S.D.I., initiales anglaises de Silt Density Index, est une mesure du degré de saleté d‟une eau et consiste en une épreuve
normalisée, où l‟on mesure les temps que met à passer un certain débit d‟eau par une membrane de 0,45 microns de taille
de pore)
La méthode physique employée le plus fréquemment est la filtration, aussi bien sur un lit filtrant qu‟à travers des cartouches
jetables. Dans des cas spéciaux, on a recours à l‟éclaircissement/décantation.
On utilise l‟addition d‟un coagulant afin d‟améliorer l‟efficacité de la filtration. Les produits les plus utilisés sont des sels de
fer.
La méthode chimique poursuit l‟élimination du risque de précipitation des sels qui incrusteraient les membranes.
Les sels les plus communs qui peuvent apparaître comme incrustation sont: Carbonate de calcium, sulfate de calcium,
sulfate de baryum, sulfate de strontium et silice
57.
ASPECTS TECHNIQUES, FINANCIERS ET ÉCONOMIQUES DES DIVERS PROCÉDÉS DE DESSALEMENT DES EAUX
La méthode biologique essaie de minimiser les effets de croissance bactérienne sur les membranes.
Les systèmes employés passent par l‟application d‟oxydants, de biocides et de radiations ultraviolettes
Elle est composée de la pompe à haute pression, le châssis de tubes de membranes et toutes les tuyauteries et soupapes
d‟interconnexion.
En eau de mer, nous avons une ou deux étapes et moins fréquemment deux passages, bien que, dernièrement, le nombre
d‟installation avec un deuxième passage ait tendance à augmenter, à cause des exigences au sujet du contenu en bore du
produit.
En saumâtre, nous avons deux ou trois étapes et il n‟existe pratiquement pas d‟installations avec deux passage.
Quant à la pompe intermédiaire de repressurisation, son usage es quasi général dans les stations d‟eau de mer à deux
étapes, mais rarement utilisée dans les eaux saumâtres.
Dans les Stations d‟eau de mer principalement, où l‟on travaille avec des pressions comprises entre 60 et 90 kg/cm 2, la
récupération de l‟énergie contenue dans le débit de rejet, est obligatoire pour des raisons énergétiques-économiques.
Au début, on utilisait des turbines Francis, avec des rendements très bas, de l‟ordre de 65%, plus tard on a utilisé des
turbines Pelton, avec des efficiences supérieures à 80%.
Récemment, ces dernières sont devenues également obsolètes grâce à l‟apparition sur le marché des systèmes d‟échange
d‟énergie (SIP), qui, outre des rendements supérieurs à 90%, ont, comme caractéristique, besoin d‟une pompe à haute
pression approximativement 50% plus petite que celle d‟une Station conventionnelle, ce qui a signifié d‟importantes
réductions dans la consommation d‟énergie.
7.11.- Post-traitement
Les eaux destinées a la consommation, spécialement celles qui proviennent de l‟eau de mer, ont un haut niveau
d‟agressivité, avec des indices de Langelier arrivant à -5, ce qui provoque l‟apparition d‟ „‟eaux rouges‟‟, par la destruction
des tuyaux métalliques.
Leur correction est donc nécessaire, par l‟addition de produits chimiques qui élèvent le niveau d‟alcalinité et de dureté, afin
d‟atteindre un indice de Langelier autour de 0, conformément à la législation actuelle.
Pour y arriver, la méthode la plus usuelle est l‟addition de chaux et d‟anhydride de carbone, bien que ces derniers temps,
l‟usage de la calcite s‟impose à celui de la chaux, moins chère puisqu‟elle a besoin de la moitié du CO2 pour le même
résultat.
7.12.- Nettoyages
À plus ou moins grande échelle, toutes les membranes subissent un processus d‟encrassement qui limite de plus en plus
son efficience.
Le résultat de l‟encrassement se reflète dans la perte de débit et de qualité, ainsi que dans une augmentation de la quantité
d‟énergie consommée.
Pour ce qui est du quand, il y a beaucoup de règles, mais les plus utilisés sont :
- Lorsque le débit a baissé de 10%
58.
ASPECTS TECHNIQUES, FINANCIERS ET ÉCONOMIQUES DES DIVERS PROCÉDÉS DE DESSALEMENT DES EAUX
Dans tous les cas, c‟est l‟opérateur avec son expérience qui fixera le moment approprié pour l‟effectuer.
Il est recommandable que dans des eaux de bonne qualité, on effectue un nettoyage par an.
Pour des encrassements de matières inorganiques, on utilise un lavage à bas pH à base d‟acide chlorhydrique ou citrique.
Pour des encrassements organiques, on utilise un lavage à pH élevé à base de soude caustique, de détergent et un
séquestrant.
Le débit de lavage a une grande importance; il doit être de 10m3/heure par tube de pression.
Normalement, les lavages acides sont courts, deux ou trois heures son suffisantes, mais les lavages alcalins peuvent durer
24 heures.
L‟équipement de lavage se compose essentiellement d‟un dépôt de solution de lavage, une ou plusieurs pompes et un filtre
à cartouches, travaillant en circuit fermé.
Durant ces dernières années, une série d‟améliorations ont été apportée à pratiquement toutes les phases du processus.
- Prétraitement:
- Usage du concentré pour le contre lavage des filtres.
- Elimination des oxydants et réducteurs.
- Elimination de l‟acide.
- Élimination des anti-incrustants et des dispersants.
- Membranes:
- Augmentation de la superficie.
- Augmentation de la perméabilité.
- Augmentation du rejet total de sels.
- Augmentation du rejet d‟ions spécifiques comme le bore.
- Diminution de l‟encrassement.
- Diminution de la consommation d‟énergie:
- Grâce à des membranes plus perméables.
- Utilisation de système d‟échange d‟énergie
- Design de double étape, dont il existe différentes variantes (avec ou sans pompe intermédiaire, de basse ou de
haute pression)
Le coût d‟Investissement de deux Stations égales sera différent en fonction principalement des caractéristiques de la prise
d‟eau de mer et de l‟émissaire sous-marin de la saumure.
Les Installations d‟Osmose Inverse réalisées par le Gouvernement Espagnol au cours de l‟année dernière, affiche un coût
moyen unitaire d‟investissement de 1.200 €/m3.jour (www.acuamed.com)
Quant à l‟installation DEM de 35.000 m3/jour, achevée aux Îles Canaries en 2005, son coût unitaire a été de 1.450
€/m3.jour, quoique ce chiffre se serve pas de comparaison, puisque cette installation n‟a pas de prise d‟eau de mer ni
d‟émissaire sous-marin de saumure, ce qui aurait évidemment augmenté le coût.
59.
ASPECTS TECHNIQUES, FINANCIERS ET ÉCONOMIQUES DES DIVERS PROCÉDÉS DE DESSALEMENT DES EAUX
Le coût de production de 1 m3 d‟eau dépend principalement du coût de l‟énergie et du personnel, ce qui fait que des
Stations semblables dans des endroits différents auront des coûts différents, en fonction des coûts locaux de ces deux
composantes.
Comme référence, nous exposeront les données réelles de production d‟une Usine de Distillation à Effets Multiples de
35.000 m3/jour et d‟une autre d‟Osmose Inverse de 80.000 m3/jour situées aux Îles Canaries.
Usine d‟ O.I.:
Énergie électrique: 0,294 €/m3
Personnel: 0,097 “
Sous-traitances: 0,054 “
Membranes: 0,020 “
Pièces Détachées : 0,018 “
Produits Chimiques: 0,024 “
Autres: 0,038 “
TOTAL: 0,545 €/m3
Usine de DEM
Combustible: 2,587 €/m3
Personnel: 0,134 “
Maintenance: 0,083 “
Produits Chimiques: 0,033 “
Autres: 0,064 “
SOUS-TOTAL: 2,901 €/m3
Déduction pour vente
D‟énergie Électrique: -0,458 €/m3
TOTAL 2,443 €/m3
Les stations de Distillation ont comme unique avantage, la production d‟une eau presque pure, valable pour usage industriel
mais qui n‟est pas apte à la consommation humaine, que l‟on doit de préférence mélanger avec des eaux saumâtres ou
reminéraliser avec de la calcite ou mieux encore avec de la dolomite.
Elles ont l‟inconvénient d‟un plus grand coût de production et d‟Investissement face à celles d‟Osmose Inverse et elles
doivent nécessairement être installées à côté d‟une Centrale Thermique.
Du point de vue environnemental, outre une plus grande production de CO2, la saumure produit une contamination
thermique dans la mer.
Les Stations d‟Osmose Inverse, par contre, représente un coût d‟investissement et de production plus bas, elles produisent
moins de CO2 et ne produisent pas de contamination thermique.
60.
EXPLOITATION DE RESSOURCES D'EAU SAUMATRE POUR LA PRODUCTION D'EAU POTABLE
Véronique BONNELYE8
Résumé
Afin d'illustrer plus en détail les spécificités de ce traitement, le cas de l'installation de Wadi Ma‟in, Zara, et Mujib est
présenté. Cette installation de production d'eau potable est localisée en Jordanie, proche de la mer morte. L'eau traitée
devant être acheminée jusqu'à Amman située à 40 km. Le débit de l'installation est de près de 130 000 m3/j., et représente
40% de la demande en eau d'Amman.
L'eau brute provient de trois ressources saumâtres, dont la salinité combinée est de l'ordre de 1500 à 2000 mg/L, donc
impropre à la consommation humaine en l'état. Ces trois ressources sont aussi sujettes à des dégradations périodiques de
la qualité de l'eau durant les pluies. Ces ressources en eau sont aussi caractérisées par une forte amplitude de variation de
la température (15 à 45°C) et par une contamination bactérienne notable.
Le traitement de dessalement comprend une passe d'osmose inverse caractérisée par un taux de conversion élevé (85-
90%) sur une eau à forte teneur en silice.
Un post-traitement de reminéralisation permet de rendre à l'eau son équilibre calco-carbonique et de préserver ainsi le
réseau de distribution de la dégradation par corrosion : ce traitement est généralement réalisé par ajout de CO 2 et de chaux
ou de CO2 suivi d'une filtration sur lit de CaCO3.
La filière est complétée par une désinfection finale eau chlore. L'objectif de désinfection de la filière est de 5 log
d'inactivation/d'élimination de virus et de 4 log d'inactivation/d'élimination de Cryptosporidium et Giardia, pour une salinité
finale inférieure à 250 mg/L.
L'installation de traitement de Wadi Ma‟in, Zara, et Mujib constitue l'une des installations de traitement d'eau saumâtre les
plus importantes au monde en terme de capacité de traitement. Outre sa taille, le challenge de cette filière est de s'adapter à
la grande variabilité de la ressource en termes de salinité/température, mais aussi de fiabilité de prétraitement.
Introduction
La recharge naturelle des ressources d'eau souterraines est impactée par la diminution des précipitations dans certaines
régions. Cette diminution de l'alimentation, associée à une exploitation importante de cette ressource d'eau potable
protégée, entraîne une augmentation de la salinité des eaux souterraines, les rendant impropre à la consommation. Dans
d'autres régions, l'accroissement de la demande en eau potable conduit les gestionnaires de l'eau à se tourner vers des
ressources d'eau saumâtre pour la production d'eau potable. Dans les deux cas, des traitements de dessalement peuvent
être mis en œuvre pour la production d'eau potable à partir d'eau saumâtre, si les options de dilution ne sont pas possibles.
Les procédés de dessalement mis en œuvre dans le traitement des eaux saumâtres sont généralement basés sur l'osmose
inverse. Similaire au procédé de dessalement d'eau de mer, l'osmose inverse d'eau saumâtre présente toutefois des
spécificités liées aux caractéristiques de la ressource et au taux de concentration appliqué. La qualité de l'eau à traiter est
liée aux caractéristiques de la ressource : eau de forage, eau de rivière. La concentration en sels étant plus faible que dans
le cas de l'eau de mer, les pressions mises en œuvre, et la consommation d'énergie qui en découle sont bien inférieures:
ceci positionne le traitement des eaux saumâtres comme une solution de choix pour augmenter la ressource en eau douce.
L'étude de cas de l'installation de Wadi Ma'In, Zara et Mujib illustre parfaitement cette problématique. L'installation est située
en Jordanie, pays soumis à un stress hydrique. La figure 1 présente une carte de la Jordanie, ainsi que la localisation de
8
Expert technique spécialisé dans le traitement d'eau potable, le dessalement et la réutilisation des eaux au sein de la Direction Technologie et Innovation
de la Société Degrémont, France. E-mail : [email protected]
61.
EXPLOITATION DE RESSOURCES D'EAU SAUMATRE POUR LA PRODUCTION D'EAU POTABLE
l'usine de production d'eau potable située à l'extrémité nord de la mer morte. L'eau traitée est délivrée à Amman, capitale de
la Jordanie, située à 40 km du site de production.
La ressource en eau alimentant l'installation comprend la rivière Wadi Mujib (pour environ 50%), la rivière Wadi Ma'In Zarqa
(38%) et la source chaude de Zara (12%). La valeur moyenne de salinité de l'ensemble de ces eaux combinées est de 1475
mg/L, pour une valeur maximum de 1980 mg/L. La qualité de l'eau de ces trois ressources est significativement différente, et
les paramètres clés varient au cours du temps, notamment en fonction des épisodes pluvieux.
Au regard du traitement de dessalement, les caractéristiques de la ressource peuvent être résumées comme suit :
- ressources de surface à caractère colmatant élevé (SDI75% > 20),
- présence en concentration importante d'ions pouvant entrainer des risques de précipitation sur les membranes
d'osmose inverse (silice, sulfate, baryum),
- présence de matière organique,
- forte variation de la température.
Ces facteurs techniques, combinés à une nécessité de rechercher un rendement de production élevé (de part la rareté de
l'eau disponible et des besoins d'eau potable), font de l'installation de WMZJ un projet ambitieux pour le dimensionnement
du prétraitement et de l'étape de dessalement.
L'objectif de traitement correspond aux normes d'eau potable jordaniennes (basées sur des données similaires à l'OMS et
au standard Américain USEPA), complété de limites spécifiques en termes de :
- salinité totale : 250 mg/L
- capacité d'abattement de virus : 5 Log
- capacité d'abattement de Giardia et Cryostosporidium : 4 Log
- indice de Langelier de -1 à +1.
Enfin, afin de tenir compte de la localisation du site (bords de la mer morte) et de contraintes locales, des objectifs
spécifiques de réductions des rejets, de fiabilité et de capacité d'extension ont aussi été pris en compte.
La ressource
L'installation de WMZM est alimentée par trois ressources pour une capacité totale de 55millions de m 3/an. Les principales
caractéristiques du mélange d'eau peuvent être résumées comme suit :
- eau saumâtre de salinité moyenne 1.5 g/L
62.
EXPLOITATION DE RESSOURCES D'EAU SAUMATRE POUR LA PRODUCTION D'EAU POTABLE
- faible turbidité pendant une partie du temps (<10 NTU), mais avec des excursions à plus de 40 NTU,
- importantes variations de température (15 à 40°C)
- présence significative de silice, de baryum et de strontium,
- risque de contamination de la rivière Wadi Ma'In Zarqa par des eaux résiduaire provenant d'une localité proche
(Madaba, 80,000 habitants) et d'eau de ruissellement durant les épisodes pluvieux,
Les principaux paramètres caractérisant ces différentes ressources et mélange d'eaux sont résumés dans le tableau 1.
Ces valeurs proviennent du projet initial. Les points les plus notables résident dans la plage de variation de ces différents
paramètres. L'emploi d'un prétraitement extrêmement robuste est apparu nécessaire pour faire face à ces eaux de
caractéristiques changeantes.
Description de l'installation
Les objectifs principaux retenus à la base du dimensionnement du prétraitement sont ceux liés à la désinfection des eaux et
à un objectif de qualité en amont de l'alimentation de l'osmose inverse. Bien que le traitement de dessalement par
membrane soit efficace pour éliminer les sels, et donc les particules et micro-organismes, une approche multi-barrière a été
appliquée. La filière de traitement est présentée dans la figure 2.
Un décanteur à lit de boue pulsé équipé d'une séparation lamellaire (Pulsatube) permet d'assurer la coagulation-floculation-
décantation (Figure 3) : le coagulant utilisé est du sulfate ferrique. Une pré-acidification avec de l'acide sulfurique est réalisée
pour maintenir le pH optimum de coagulation de 6.9-7.2, pH optimum d'élimination de la matière organique, et afin de
maintenir un résiduel de Fer dissous inférieur à 20 µg/L.
63.
EXPLOITATION DE RESSOURCES D'EAU SAUMATRE POUR LA PRODUCTION D'EAU POTABLE
L'étage de filtration est constitué d'un étage de filtres gravitaire bicouche (Figure 4), afin d'assurer la production d'une eau de
faible turbidité en accord avec l'objectif de SDI inférieur à 3. L'eau de maturation (après le lavage des filtres) est recirculée en
tête de l'usine. Une filtration de sécurité sur filtre à cartouches à usage unique est réalisée.
64.
EXPLOITATION DE RESSOURCES D'EAU SAUMATRE POUR LA PRODUCTION D'EAU POTABLE
L'étape d'osmose inverse comprend 9 racks (Figure 5) dimensionnés en 3 étages avec une répartition 66/31/16 des tubes de
pression, chacun équipé de 7 membranes de 8" de diamètre. Le dimensionnement a été optimisé en termes d'hydraulique et
de choix du type de membrane d'osmose inverse pour faciliter la maintenance et réduire la consommation d'énergie
(dimensionnement hybride comprenant des membranes résistantes au colmatage BW30-400FR, et des membranes à faible
pression de fonctionnement LE-400).
La capacité de production maximale de l'installation est assurée avec 8 racks (7 racks pour la capacité moyenne), le 9ième
rack pouvant être arrêté pour les opérations de maintenance.
L'une des particularités de l'installation de WMZM est la grande variabilité de la qualité de la ressource alimentant
l'installation. Cela se traduit au niveau de l'osmose inverse par une optimisation de la production en fonction des paramètres
limitant. En pratique, un analyseur de silice permet d'ajuster le taux de conversion de l'installation et de limiter les pertes en
eau tout en assurant un fonctionnement sécurité au regard des risques de précipitation. Un retardateur de précipitation est
utilisé en permanence, ajusté en fonction de la concentration en silice, de la salinité et de la température.
65.
EXPLOITATION DE RESSOURCES D'EAU SAUMATRE POUR LA PRODUCTION D'EAU POTABLE
Résultats d'exploitation
La première eau produite par l'installation a été acheminée jusqu'à Amman en août 2006, les tests finaux de performances
s'étant déroulés en mai 2007. Depuis cette date, l'installation est exploitée avec succès par les équipes de Degrémont.
La maîtrise de la qualité de l'eau alimentant une osmose inverse est un paramètre clé du fonctionnement des membranes de
dessalement. Grace à son prétraitement robuste, l'installation a pu faire face à des qualités d'eau extrêmement dégradées,
avec des pointes de turbidité ayant dépassées 1000 NTU (Figure 6), le prétraitement permettant de maintenir la valeur de
SDI en dessous de l'objectif de 3 (Figure 7).
450
1011 NTU
400
350
Turbidité eau brute (NTU)
300
250
200
Valeur maximale projet
150
50
0
mars-06 oct.-06 avr.-07 nov.-07 juin-08 déc.-08 juil.-09
6
Démarrage de l'osmose inverse
0
août-06 févr.-07 sept.-07 mars-08 oct.-08 avr.-09 nov.-09
L'osmose inverse fonctionne régulièrement depuis la mise en route. La réalisation de lavages chimiques périodiques, en
accord avec les bonnes pratiques d'exploitation, permet de maintenir les performances des membranes en termes de
consommation d'énergie et de rejet de sels.
66.
EXPLOITATION DE RESSOURCES D'EAU SAUMATRE POUR LA PRODUCTION D'EAU POTABLE
Conclusion
L'installation de Wadi Ma‟in, Zara, et Mujib est une des plus grandes installations de dessalement d'eau saumâtre. Le choix
de la filière de traitement et de dimensionnement de chacune des étapes ont été réalisés afin de répondre aux exigences
strictes du cahier des charges, ainsi qu'aux nombreuses contraintes techniques imposées par le site et par la ressource. On
pourra citer en particulier la variabilité de la ressource, l'importance de minimiser les pertes en eau dans cette région
particulièrement soumise au stress hydrique, et des besoins de flexibilité de cette installation.
L'installation, exploitée par les équipes de Degrémont, fonctionne depuis plus de 2,5 ans, assurant la production d'eau
potable pour une partie de la Ville d'Amman dans des conditions de sécurité sanitaires poussées.
67.
ADOUCISSEMENT PARTIEL D‟UNE EAU DE DURETÉ ÉLEVÉE PAR NANOFILTRATION
Samira GHIZELLAOUI9
Résumé
La nanofiltration, technique membranaire relativement récente est utilisée ici pour l‟adoucissement d‟eaux très dures.
Pour cela, notre étude s‟est basée sur l‟élimination d‟une partie de la dureté temporaire des eaux du Hamma qui alimentent
la ville de Constantine en eau potable.
D‟après les résultats obtenus, il ressort que cette technique membranaire présente un grand intérêt pour l‟élimination de la
dureté temporaire avec des taux de rétention qui dépendent principalement de la pression appliquée et de la vitesse
d‟écoulement tangentiel.
1. Introduction
La nanofiltration est une technologie membranaire de plus en plus utilisée au cours de ces dernières années. Elle fonctionne
sous l‟effet d‟une pression appliquée (5-20 bar). Elle fonctionne également sans ajout de produits chimiques, avec une
consommation d'énergie relativement faible.
Elle a trouvé de nombreuses applications dans divers domaines : le traitement d'eaux souterraines (VAN PAASSEN et al.
(1998), SCHAEP et al. (1998), KHALIK et PRAPTOWIDODO (2000), VAN DE LISDONK et al. (2000), traitement des
effluents d‟eaux usées et celles du secteur industriel (L‟industrie textile, pharmaceutique, chimique……etc) MEHIGUENE et
al. (1999), GARBA et al. (2000).
Dans ce travail nous avons utilisé la nanofiltration pour assurer une faible rétention des ions monovalents (HCO 3-, Cl-) et
une forte rétention des ions divalents (Ca2+, Mg2+, SO42-). Par ailleurs, nous l‟avons appliqué, aux eaux du Hamma pour
éliminer la dureté temporaire. Nos expériences ont été réalisées d‟une part, à faibles pressions (0.5, 1 et 2 bar) et d‟autre
part, sous de fortes pressions (4-16 bar). Dans ce dernier cas, nous avons mélangé 50% d‟eau brute à 50% d‟eau
nanofiltrée.
2. Matériel et méthodes
La Photographie (1) nous montre globalement le pilote de nanofiltration Millipore Proscale alors que le Schéma (1) nous
donne une description détaillée de cet appareil (capacité 12 litres). Il est équipé d‟une pompe volumétrique, d‟un échangeur
de chaleur, de deux vannes pour évacuer les solutions après la filtration ainsi que de deux autres vannes pour régler la
pression transmembranaire mesurée par deux capteurs, l‟un avant et l‟autre après le module de nanofiltration. Ce module
peut accueillir des membranes spirales de diamètre 4.54 cm et de longueur 30.5 cm.
9
Docteur en Chimie Analytique et Traitement des Eaux. Chercheur au Département de Chimie de l‟Université de Constantine. Algérie.
E-mail: [email protected]
68.
ADOUCISSEMENT PARTIEL D‟UNE EAU DE DURETÉ ÉLEVÉE PAR NANOFILTRATION
P 5
D
4 1
2
T
P
Schéma 1: Pilote de nanofiltration
2.1.2. La membrane
2.1.2.1. Nature de la membrane
Il s‟agit d‟une membrane NANOMAX 50 commercialisée par la société MILLIPORE. Elle est de type composite organique ,
chargée négativement et équipée d‟un module spiralé de surface filtrante 0.37 m2 (Figure1). Elle est constituée de trois
couches.
- une couche active d‟épaisseur 0.4 μm ou (0.1-0.5) μm constituée de polymères du type polyamides aromatiques.
- un support microporeux en polysulfone d‟epaisseur 40 μm.
- un support mécanique macroporeux d‟épaisseur 120 μm en polyester.
69.
ADOUCISSEMENT PARTIEL D‟UNE EAU DE DURETÉ ÉLEVÉE PAR NANOFILTRATION
Les expériences ont été réalisées sur 4 litres d‟eau brute du Hamma. Les échantillons de rétentat et de perméat ont été
prélevés pour analyse après 30 et 60 min de filtration.
Les essais relatifs à l‟influence de la faible pression ont été effectués pour 0.5,1 et 2 bar. La température de l‟eau est
maintenue à 20°C. L‟influence de la température et la vitesse d'écoulement tangentiel a été étudiée sous une pression de 1
bar.
D'autres essais ont été effectués sur 4L d'eau brute du Hamma. Les échantillons de rétentat et de perméat ont été prélevés
pour analyse après 60 minutes de filtration.
Les essais relatifs à l'influence de la forte pression ont été faits entre (4-16) bar, tout en maintenant la température à 20°C.
L'influence de la vitesse d'écoulement tangentiel a été prise en considération sous une pression de 10 bar.
Après chaque expérience, la membrane est lavée avec une solution d‟acide chlorhydrique à pH=2, puis rincée à l‟eau
déminéralisée jusqu‟à l‟obtention d‟une conductivité de l‟ordre de 1μS/cm de l‟eau de rinçage.
2.1.4. Analyses
Le suivi analytique de la concentration des anions (Cl-, SO42-) a été réalisé à l‟aide d‟une chaîne de chromatographie
comprenant une pompe ( WATERS 501) dont le débit est fixé à 1.3 ml/min, un détecteur conductimétrique (WATERS 431) et
une colonne anionique (Shodex I-524A). L‟éluant contient pour un litre 0.207g d‟acide para-hydroxybenzoique, 5 ml de
méthanol et de l‟éthanolamine afin d‟ajuster le pH de cette solution à 8. Les hydrogénocarbonates ont été analysé à l‟aide
d‟un appareil (DOHRMANN- XERTEX DC 80). La concentration des cations (Ca2+, Mg2+, Na+ et K+) a été déterminée par
spectrophotométrie d‟absorption atomique à l‟aide d‟un appareil VARIAN 1275 utilisé en flamme air-acétylène.
Le pH des solutions a été mesuré à l‟aide d‟un pH-mètre TACUSSEL équipé d‟une électrode combinée.
70.
ADOUCISSEMENT PARTIEL D‟UNE EAU DE DURETÉ ÉLEVÉE PAR NANOFILTRATION
Avant chaque expérience, on étalonne le pHmètre à l‟aide de deux solutions tampons encadrant la valeur à mesurer. Pour la
mesure de conductivité, nous avons utilisé un conductimètre de marque RADIOMETER.
3. Résultats et discussion
3.1. Caractéristiques des eaux du Hamma
Les résultats d‟analyse physico-chimiques du Hamma sont portés dans le Tableau (1).
Au vu des résultats d‟analyse, il est à constater que les eaux de Hamma ont une teneur en matière organique modérée
(COT 3.84-7.5 mg/L). Par contre, elles sont fortement minéralisées et présentent une dureté assez importante. Elles sont
essentiellement bicarbonatée calcique.
Tableau 1 : Analyse de l’eau du Hamma.
paramètre L‟eau du Hamma
T°C 31-33
pH 6.95-7.94
CE mS/cm 0.9-1.30
COT mg/L 3.84- 7.5
CO2 mg/L 16.21-37.05
HCO-3 mg/L 320- 432
Cl-mg/L 128-150
SO42- mg/L 120-212
PO43- mg/L 0.006-0.02
NO3- mg/L 3.90-7
NO2- mg/L -
NH4+ mg/L -
TH mg/L CaCO 3 475-600
Ca2+ mg/L 124-131
Mg2+mg/L 30.48-43.2
Na+ mg/L 84-115
K+ mg/L 2.22-13
Avant d‟entamer les expériences, il est important de caractériser la membrane en déterminant sa perméabilité à l‟eau
(solvant pur). La variation du flux du solvant pur en fonction de la pression transmembranaire suit la loi de DARCY.
Jw = Lp x ΔP
Jw: flux du solvant pur
Lp: perméabilité hydraulique de la membrane ; elle a été déduite de la pente de la droite de la Figure (2) et a pour valeur
2.25 10+6 m/S.bar.
40
35
30
25
Jw.10 (m/s)
20
+6
15
10
0
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20
P(bar)
71.
ADOUCISSEMENT PARTIEL D‟UNE EAU DE DURETÉ ÉLEVÉE PAR NANOFILTRATION
Selon PAUGAM (2002), la microscopie électronique à balayage a permis d'observer les propriétés structurales de la
membrane Nanomax 50, telles que l'épaisseur de sa couche active et sa structure asymétrique, qui sont en relation étroite
avec ses propriétés de séparation.
Les photographies ( 2,3 ) représentent une coupe transversale à deux agrandissements distincts (x350) et (x1000) où l'on
confirme les données commerciales relatives aux différentes épaisseurs de couche de la membrane.(Tableau 2).
Surface
Membranaire
Couche active
Couche
microporeuse
Couche
macroporeuse
72.
ADOUCISSEMENT PARTIEL D‟UNE EAU DE DURETÉ ÉLEVÉE PAR NANOFILTRATION
Couche Epaisseur
Couche active 0.1<Cp<0.5µm
Support microporeux 40µm
Support macroporeux 120µm
La photographie (3) présente de plus, une vue de la surface externe de la couche active où l'on confirme la porosité de la
couche active de la membrane.
Les essais relatifs à l'influence de la pression ont été effectués à 0.5, 1 et 2bar. Ces pressions sont utilisées pour
l'adoucissement partiel afin de maintenir des minéraux dans l'eau potable. La température de l'eau est maintenue à 20°C.
Le Tableau (3) résume les valeurs minimales et maximales des paramètres chimiques analysés dans l'eau brute et dans le
perméat respectivement après 60 min de filtration. Les Figures ( 3 ) et ( 4 ) montrent l'effet de la pression sur la rétention des
cations Ca2+, Mg2+, Na+ et k+ et des anions HCO3-, Cl- et SO42-. On constate que la rétention des cations et des anions
augmente avec la pression appliquée. Au vu des résultats obtenus, la rétention des cations divalents (Ca 2+, Mg2+) est
supérieure à celle des cations monovalents (Na+ et K+), d‟où une prédominance de l‟effet de charge. En outre, la rétention
des ions Ca2+ a été trouvée inférieure à celle des ions Mg2+. Cela s'explique par le rayon ionique de Mg2+ qui est de l‟ordre de
0.65A° par rapport au rayon de Ca2+ (0.99 A°) ce qui conduit à une énergie de solvatation de Mg2+ supérieure. Entraînant
ainsi une augmentation de rétention. Ainsi, plus l'ion est solvaté, plus il est retenu.
On observe également sur la Figure (3) que la rétention de Na+ est inférieure à celle de K+ sous l‟effet de concentration et
ce, en se basant sur le mécanisme de Donnan (MAUREL, 1997). Ainsi, plus l‟ion est concentré moins il est retenu.
Concernant les anions, la rétention des sulphates est élevée, mais n'atteint pas 100%. Car leur concentration est
relativement forte.
Les hydrogénocarbonates sont retenus par l'effet stérique vis à vis des chlorures mais on s'attendait à une rétention plus
importante. Etant donné que leur concentration est plus forte par rapport à celle des chlorures, la rétention est donc réduite.
Les chlorures ne sont pas retenus car ces éléments vont compenser l'électroneutralité du système.
73.
ADOUCISSEMENT PARTIEL D‟UNE EAU DE DURETÉ ÉLEVÉE PAR NANOFILTRATION
60
+
Na
+
50 K
2+
Ca
2+
Mg
40
Retention (%)
30
20
10
0
0,4 0,8 1,2 1,6 2,0
P(bar)
140
130 -
Cl
120 HCO3
-
110 SO4
2-
100
90
80
Retention (%)
70
60
50
40
30
20
10
0
P(bar)
74.
ADOUCISSEMENT PARTIEL D‟UNE EAU DE DURETÉ ÉLEVÉE PAR NANOFILTRATION
20
18
16
14
Flux (L / h.m )
2
12
10
2
0,4 0,6 0,8 1,0 1,2 1,4 1,6 1,8 2,0 2,2 2,4
P (bar)
Les essais ont été effectués en maintenant le débit d‟alimentation constant, la température à 20°C et en variant la pression
de 2 à 16 bar.
L‟évolution du flux en fonction de la pression transmembranaire est représentée dans la Figure (6). Il est à noter que lorsque
la pression augmente, un écart est observé entre la droite relative à l‟eau pure et celle correspondant à l‟eau du Hamma.
Cet écart est dû à l‟accumulation des ions sur la membrane à l'origine d'une polarisation de concentration. Ce gradient de
concentration à travers la membrane entraîne une résistance supplémentaire à travers la membrane due à la pression
osmotique. D‟après Paugam (2002) cette observation a été faite par Xu et Spencer (1997) et Boucard (2000).
75.
ADOUCISSEMENT PARTIEL D‟UNE EAU DE DURETÉ ÉLEVÉE PAR NANOFILTRATION
En travaillant avec des sels concentrés, ces auteurs ont noté une forte différence entre la pente de la droite du flux à l‟eau et
celle du flux de perméat dû à la polarisation de concentration.
4 0
3 5
e a u p u re
eau d u H am m a
D é b it (m /s ) 3 0
2 5
2 0
1 5
1 0
0
0 2 4 6 8 1 0 1 2 1 4 1 6 1 8 2 0
P (b a r)
3.9. Influence d'une forte pression transmembranaire sur la rétention des ions
Comme les membranes de nanofiltration sont de plus en plus utilisées pour le traitement de l'eau : (élimination des matières
organiques, sulfates, dureté…..).
Nous avons, dans cette partie, pratiqué un adoucissement sur une partie de l‟eau en exerçant des pressions variant de
(4-16) bar.
La température a été maintenue à 20°C comme précédemment. En fin de traitement, l'eau nanofiltrée est mélangée à l'eau
brute à 50%. Les résultats sont portés dans les Tableaux (4, 5).
Mélange
pH 7.16-8.07
CE µS/cm à 20°C 799-828
Cl- mg/L 105-110
SO4 2- mg/L 66.66-91.20
HCO3- mg/L 342-385
Ca2+ mg/L 89-100
Mg2+ mg/L 23.4-25.0
76.
ADOUCISSEMENT PARTIEL D‟UNE EAU DE DURETÉ ÉLEVÉE PAR NANOFILTRATION
Il est à noter que lors de la nanofiltration de l‟eau du Hamma Figures ( 7, 8, 9 ), la rétention des ions augmente en premier
lieu avec la pression, puis évolue légèrement où elle se stabilise sous la forme d‟un plateau. La même constatation a été
faite par RANATAMSKUL et al. (1998).
L‟augmentation de la rétention peut être expliquée, comme indiqué, par l‟augmentation du flux de solvant (MEHIGUENE
,1999). Puisque le transfert de soluté n‟augmente pas comme le solvant, le soluté se partage dans un volume plus
important. Le perméat est alors moins concentré et le taux de rétention plus important.
Une autre explication peut être donnée : sous l‟effet de la pression il y a accumulation progressive des ions à la surface de la
membrane qui entraîne une polarisation de concentration, c‟est à dire, un gradient de concentration entre la surface
membranaire et la solution d‟alimentation. Cette différence de concentration, induit un flux diffusionnel dans le sens inverse
du flux convectif, entraînant une diminution de transfert des ions au niveau de la membrane, d‟où une rétention plus
importante.
Il est à constater que dans le domaine de faibles pressions, le taux de rétention des chlorures est faible ; il augmente
régulièrement avec l‟augmentation de pression (Figure 10)
Par contre, les sulfates présentent le taux de rétention le plus élevé, indépendamment de la pression transmembranaire
(Figure 11). Ces ions ayant la même charge négative que la membrane vont être repoussés entraînant une accumulation de
charges négatives près de la membrane.
Aux faibles pressions, les co-ions monovalents (Cl-) traversent la membrane plus facilement.
La rétention des hydrogénocarbonates augmente légèrement avec l‟augmentation de pression mais ils sont plus retenus que
les chlorures car c‟est l‟effet stérique qui l‟emporte (Figure 9). En plus, leur concentration étant élevée, leur rétention reste
faible.
5 2
2 +
5 1
C a
5 0
R e te n tio n (% )
4 9
4 8
4 7
4 6
4 5
4 6 8 1 0 1 2 1 4 1 6 1 8
P (b a r)
6 7
6 6 2 +
M g
6 5
6 4
R e te n tio n (% )
6 3
6 2
6 1
6 0
5 9
5 8
5 7
5 6
5 5
4 6 8 1 0 1 2 1 4 1 6 1 8
P (b a r)
77.
ADOUCISSEMENT PARTIEL D‟UNE EAU DE DURETÉ ÉLEVÉE PAR NANOFILTRATION
4 3
4 2 -
H C O 3
4 1
4 0
R e te n tio n (% )
3 9
3 8
3 7
3 6
3 5
3 4
3 3
3 2
3 1
4 6 8 1 0 1 2 1 4 1 6 1 8
P (b a r)
2 0
-
1 9
C l
1 8
R e te n tio n (% )
1 7
1 6
1 5
1 4
1 3
1 2
4 6 8 1 0 1 2 1 4 1 6 1 8
P (b a r)
1 0 0
2 -
S O 4
9 9
(% )
R e te n tio n
9 8
9 7
9 6
4 6 8 1 0 1 2 1 4 1 6 1 8
P (b a r)
78.
ADOUCISSEMENT PARTIEL D‟UNE EAU DE DURETÉ ÉLEVÉE PAR NANOFILTRATION
Nous avons constaté que l‟augmentation de la vitesse a conduit à une légère augmentation du taux de rétention des
divalents (Ca2+, Mg2+, SO42-) et des HCO3- Figures (12-15) à la pression fixe de 10 bar car, à vitesse plus élevée,
l‟entraînement des divalents vers le rétentat est plus important ; l‟influence des forces d‟entraînement vers le perméat est
moins grande et les forces de surface sont dans ce cas plus efficaces. Par contre, plus la vitesse d‟écoulement tangentiel est
faible, plus la quantité des ions à la surface de la membrane est faible.
Dans le cas où les forces d‟entraînement vers le perméat deviennent plus fortes que les forces de surface, il y‟a diminution
de la rétention des ions ( Ca2+, Mg2+, SO42-) et HCO3- .
8 0
7 5 2 +
C a
7 0
6 5
R e te n tio n (% )
6 0
5 5
5 0
4 5
4 0
3 5
3 0
2 0 0 2 2 0 2 4 0 2 6 0 2 8 0 3 0 0 3 2 0 3 4 0 3 6 0
V (l /h )
8 5
2 +
8 0 M g
7 5
R e te n tio n (% )
7 0
6 5
6 0
5 5
5 0
2 0 0 2 2 0 2 4 0 2 6 0 2 8 0 3 0 0 3 2 0 3 4 0 3 6 0
V (l /h )
79.
ADOUCISSEMENT PARTIEL D‟UNE EAU DE DURETÉ ÉLEVÉE PAR NANOFILTRATION
9 8 .6
9 8 .5
2 -
S O 4
9 8 .4
9 8 .3
R e te n tio n (% )
9 8 .2
9 8 .1
9 8 .0
9 7 .9
9 7 .8
9 7 .7
9 7 .6
2 0 0 2 2 0 2 4 0 2 6 0 2 8 0 3 0 0 3 2 0 3 4 0 3 6 0
V (l /h )
Figure 14: Pourcentage de rétention des SO42- en fonction de la vitesse d'écoulement tangentiel
6 0
-
5 5 H C O 3
5 0
R e te n tio n (% )
4 5
4 0
3 5
3 0
2 5
2 0 0 2 2 0 2 4 0 2 6 0 2 8 0 3 0 0 3 2 0 3 4 0 3 6 0
V (l/ h )
Figure 15: Pourcentage de rétention des HCO3- en fonction de la vitesse d'écoulement tangentiel
4. Conclusion
Pour adoucir partiellement les eaux du Hamma, deux techniques ont été adoptées :
Les résultats obtenus montrent qu‟il est possible de produire une eau partiellement adoucie de bonne qualité et qui renferme
les minéraux nécessaires à sa consommation. De plus, on a pu confirmer l'intérêt de la nanofiltration pour l'abattement de la
dureté temporaire.
Les taux de rétention ont atteint 50% pour Ca2+ et 40% pour HCO3- à des pressions relativement fortes et à des taux de
rétention de 34% pour Ca2+ et 30% pour HCO3-à des pressions faibles. Ces taux dépendent principalement de la vitesse
d'écoulement tangentiel. Par contre, pour l'évolution de la rétention en fonction de la pression, on a noté une certaine
évolution au départ et qui se stabilise par la suite sous la forme d'un plateau due au phénomène de la polarisation de
concentration.
80.
DESSALEMENTDES EAUX : POINT SUR LES RECENTES EVOLUTIONS TECHNIQUES ET LE DEVELOPPEMENT DES APPLICATIONS EN PRODUCTION D'EAU POTABLE
DESSALEMENTDES EAUX : POINT SUR LES RECENTES EVOLUTIONS TECHNIQUES ET LE DEVELOPPEMENT DES
APPLICATIONS EN PRODUCTION D'EAU POTABLE.
Véronique BONNELYE10
Résumé
Le rapide développement des applications de dessalement, et le repositionnement des procédés d'osmose inverse par
rapport aux procédés thermiques permettent de dynamiser les innovations technologiques et procédé dans ce domaine.
Les procédés de dessalement évoluent pour faire face à la demande en eau croissante dans certaines parties du monde
soumises au stress hydrique, et dont les ressources sont limitées en qualité et quantité, aboutissant à la mise en place de
solution de traitement sur eau saumâtre et eau de mer. Les évolutions ont pour principal objectif une baisse de la
consommation énergétique et des coûts d'investissement et d'exploitation : évolution des performances des membranes
d'osmoses inverse, pompage, systèmes de récupération d'énergie, matériaux et corrosion,….
Les filières de production doivent s'adapter à la qualité de la ressource en eau, mais aussi à l'évolution de la réglementation
en matière d'eau potable et aux problématiques associées au dessalement (reminéralisation, bore, bromures).
La communication inclura deux études de cas illustrant l'application de ces évolutions en matière de procédé et de
technologie : l'installation de Perth, en Australie, et celle de Barcelone en Espagne.
Introduction
Les installations de dessalement par osmose inverse se sont développées à partir de la fin des années 90, avec des
capacités de production de plusieurs dizaines de m3/j, aboutissant à des débits pouvant atteindre 100 000, 200 000 jusqu'à
500 000m3/j.
Durant ces 15 dernières années, les techniques ont évoluées, de même que les types de contrat.
La présente communication présente le cas de deux installations dimensionnées avec les dernières techniques de
dessalement et de récupération d'énergie.
1- Perth, Australie
1-1- Le contexte
Ces dernières années, l'Australie a été soumise à des sécheresses répétées, impactant l'ensemble du réseau
d'approvisionnement d'eau potable du sud de ce pays Ŕ continent. Dans ce contexte de stress hydrique, la production d'eau
douce à partir d'eau de mer est apparue comme une solution de ressource alternative pouvant intégrer le système
d'alimentation en eau potable déjà existant, fait de pompage d'eaux souterraines et de réservoirs de stockage d'eau de
surface.
10
Expert technique spécialisé dans le traitement d'eau potable, le dessalement et la réutilisation des eaux au sein de la Direction Technologie et Innovation
de la Société Degrémont, France. E-mail : [email protected]
81.
DESSALEMENTDES EAUX : POINT SUR LES RECENTES EVOLUTIONS TECHNIQUES ET LE DEVELOPPEMENT DES APPLICATIONS EN PRODUCTION D'EAU POTABLE
Le projet de dessalement de Perth a débuté en 2005, et a été mené en urgence [1]. L'usine de dessalement est localisée au
sud de Perth, capital et plus grande ville de l'état d'Australie de l'ouest. Avec un climat méditerranéen (850 mm de pluie par
an) et une population de 1.6 millions d'habitants, l'agglomération de Perth est le lieu d'un développement rapide, avec une
prévision de 2.9 millions d'habitant d'ici 2060 [2].
1-2- Le contrat
Le contrat est un projet de DBO (Design Build Operate) développé avec Western Australian Water Corporation sur la base
d'un contrat en alliance public-privé. L'installation a été dimensionnée et construite par une Joint Venture 50-50% Degrémont
& Multiplex avec un contrat d'exploitation de 25 ans assuré par Degrémont Australia.
L'installation PSDP (Perth Seawater Desalination Plant) a une capacité de production de 143.700m3/j (45 millions de m3 par
an), ce qui représente 17% de la demande actuelle d'eau potable de l'agglomération de Perth (IWSS pour Integrated Water
Supply System). PSDP forme une partie clé dans la stratégie du distributeur d'eau, la Water Corporation, organisme
publique assurant gestion et distribution de l'eau potable de l'agglomération.
82.
DESSALEMENTDES EAUX : POINT SUR LES RECENTES EVOLUTIONS TECHNIQUES ET LE DEVELOPPEMENT DES APPLICATIONS EN PRODUCTION D'EAU POTABLE
Figure 2 : Installation PSDP (Perth, Australie) – Filtres bicouches sous pression Mediazur FH
Figure 3 : Installation PSDP (Perth, Australie) – Vue de la salle d'osmose inverse, racks eau de mer.
83.
DESSALEMENTDES EAUX : POINT SUR LES RECENTES EVOLUTIONS TECHNIQUES ET LE DEVELOPPEMENT DES APPLICATIONS EN PRODUCTION D'EAU POTABLE
2- Barcelone (Espagne)
2-1- Le contexte
ATLL (Aigües Ter Llobregat) est une société publique, dépendant du département environnement du gouvernement de
Catalogne. ATLL a en charge l'alimentation en eau potable de plus de 100 municipalités de l'agglomération de Barcelone
(plus de 4.5 millions d'habitants)(Figure 5). L'approvisionnement en eau est principalement assurée par deux installation de
production d'eau potable : Cardedeu et Abrera (respectivement 8 et 4 m3/sec., production à partir des rivières Ter et
Llobregat).
La région de Barcelone fait face depuis plusieurs années à une baisse de sa ressource d'eau disponible pour la production
d'eau potable. Le fleuve Llobregat voit son débit baisser, alors que la salinité et la dureté de son eau augmentent. La salinité
de l'eau de nappe augmente. ATLL a des difficultés à approvisionner en eau l'agglomération et à faire face à l'augmentation
de la demande liée à un développement économique intense.
Plusieurs solutions ont été étudiées, comme de transport d'eau de régions du Nord de l'Espagne, voir de France, le transport
d'eau en barge, et la construction d'une installation de dessalement.
C'est cette dernière solution qui a été retenue, avec pour objectifs :
- une augmentation de la ressource en eau potable,
- garantir l'approvisionnement en eau potable de la population : l'installation, avec une capacité de 60 millions de
m3/j (2.3 m3/sec. au maximum) représentera 15 à 20% de la demande en eau de la région,
- une amélioration de la qualité de l'eau distribuée en termes de salinité et de concentration de matières organiques.
84.
DESSALEMENTDES EAUX : POINT SUR LES RECENTES EVOLUTIONS TECHNIQUES ET LE DEVELOPPEMENT DES APPLICATIONS EN PRODUCTION D'EAU POTABLE
Station de
AquaDAF traitement des ERU
Chimie
Trait. Des
Boues
Mediazur
GH
Bâtiment RO
Mediazur Controle et
FH batiment
administratif
2-2- Le contrat
L'installation a été conçue et construite par une joint venture Degrémont, Aigües de Barcelona et Dragados-Drace, contrat
de construction associé à 2 ans d'exploitation qui seront assurés par Degrémont.
85.
DESSALEMENTDES EAUX : POINT SUR LES RECENTES EVOLUTIONS TECHNIQUES ET LE DEVELOPPEMENT DES APPLICATIONS EN PRODUCTION D'EAU POTABLE
L'installation de dessalement d'eau de mer est située dans la zone industrielle El Prat, à côté de l'aéroport de Barcelone, en
bordure de l'installation d'eau résiduaire de la ville. La prise d'eau est sous influence du port de Barcelone et du fleuve
Llobregat. Pour cette raison, la prise a été positionnée à 2 km en mer, sous sur fond de 25 m. Une étude avait préalablement
comparé cette solution avec des forages directionnels drainant radian de 300 m de long, mais qui avaient donné une qualité
d'eau assez dégradée et aléatoire car plus exposée à l'eau du fleuve.
3- Résumés des points clés de la conception d'une installation de dessalement par osmose inverse
Le procédé de dessalement pas osmose inverse a considérablement amélioré ses performances en matière de
consommation d'énergie et pression de fonctionnement, qualité de perméat.
La définition des points d'entrée est une phase importante de l'optimisation du dimensionnement:
- caractéristiques de la ressource : température minimum et maximum, salinité,
- plage de débit, production annuelle,
- qualité de l'eau traitée : salinité, bore.
A partir de ces données, le dimensionnement de l'osmose inverse peut être optimisé : une ou deux passes, taux de
conversion et choix des membranes.
Le second point clé, clé du design et d'une exploitation optimisée, est le prétraitement, qui doit être conçu en adéquation
avec la qualité de l'eau de mer à traiter :
- turbidité, matières en suspensions, exposition aux vents de sable
- risque de blooms d'algues,
- matières organiques.
La position et le dimensionnement de la prise d'eau impactent de façon significative la qualité de l'eau arrivant à l'usine de
dessalement.
Le prétraitement sélectionné sera plus ou moins complexe, mais devra assurer la production d'une eau compatible avec un
fonctionnement stable de l'osmose inverse.
La répartition des couts de fonctionnement sont principalement dominés par le poste énergie. La figure 8 présente une
répartition des principaux postes consommateur d'énergie sur une usine de ce type.
86.
DESSALEMENTDES EAUX : POINT SUR LES RECENTES EVOLUTIONS TECHNIQUES ET LE DEVELOPPEMENT DES APPLICATIONS EN PRODUCTION D'EAU POTABLE
La figure 9 confirme le poids représenté par le poste énergie sur le coût de l'eau.
Le coût de construction est lui fortement impacté par les postes suivants :
- génie civil, lié à la position de l'installation,
- prise d'eau : suivant le type de côte et la capacité de production de l'installation, prise d'eau par puits côtiers,
forage directionnel, micro-tunnel, tunnel ou simple pose d'un tuyaux en polyéthylène sur le fond marin,
- le prétraitement sera plus ou moins complexe, allant d'une simple filtration sur sable de protection à un traitement
multi-étagé,
- l'étage d'osmose inverse eau de mer est le principale poste de dépense, avec des équipements particuliers,
pompes haute pression, tuyaux haute pression en métallurgie résistante à la corrosion de l'eau de mer,
- une seconde passe partielle ou totale sera nécessaire pour atteindre les objectifs de traitement,
- enfin de traitement de potabilisation sera dimensionné en fonction des objectifs de reminéralisation (et de la
protection associée du réseau de distribution d'eau potable).
Conclusion
Les deux exemples présentés permettre d'avoir une vue globale de l'état de la technologie de dessalement utilisés dans les
projets de production d'eau potable à partir d'eau de mer.
Simple contrat de construction, associé à des contrats d'exploitation cours terme, à des contrats long terme pouvant
dépasser 25 ans, les schémas sont nombreux et doivent être adaptés aux contraintes locales, et optimisés projet par projet.
Bibliographie
1- V. Bonnelye, G. Mercer, L. Daniel, S. Sibma, N. Winsor, G. Crisp, Perth reverse osmosis facility: an environmentally
integrated desalination plant, 2nd IWA- ASPIRE Conference & &Exhibition, Perth, Oct. 2007.
2- Miguel Angel Sanz, Ignacio del Campo, Gerardo Cremer, Veronique Bonnélye, Francisco Beltrán, Tomás Cazurra, Carlos
Miguel, Barcelona: 200,000 m3/day of Potable Water coming from Mediterranean Sea, IDA international congress,
Maspalomas, Canaries island, Sept 2007.
87.
LE DESSALEMENT DE L‟EAU DE MER PAR OSMOSE INVERSE : UNE SOLUTION POUR L‟ALIMENTATION EN EAU DES VILLES CÔTIÈRES D‟ALGÉRIE
LE DESSALEMENT DE L’EAU DE MER PAR OSMOSE INVERSE : UNE SOLUTION POUR L’ALIMENTATION EN EAU
DES VILLES CÔTIÈRES D’ALGÉRIE
Derradji ZOUINI11
Résumé
Le recours au dessalement de l‟eau de mer en Algérie constitue une solution urgente pour satisfaire l‟alimentation en eau de
ces villes côtières surpeuplées. Ces dernières années la consommation en eau toujours croissante, pour pallier à cette
demande en ressources hydriques engendrée par la situation de sécheresse répétée qu‟a connue le pays pendant les dix
dernières années. A cet effet, le choix de réaliser 56 stations de dessalement d‟eau de mer pour alimenter les populations
des villes côtières en eau potable d‟une capacité journalière de 146.000 m3 est une solution judicieuse. Les travaux ont
débuté en juin 2002 par différentes entreprises tel que l‟entreprise nationale Hydro-traitement, l‟entreprise allemande Linde
et la Société des Eaux et de l‟Assainissement d‟Alger.
Plusieurs projets de stations seront réalisés sous forme de “Build Own and opérate”. Qui signifie que sa conception, sa
réalisation et son exploitation sont à la charge de l‟investisseur qui en sera le propriétaire durant la période du contrat.
L‟exemple de la station d‟El-Hamma, d‟une capacité de 200 000 m3/jour. Le groupe avait proposé le prix du m3 le plus bas à
savoir celui de 0,8182 dollar sur la base d‟un prix de l‟électricité de 0,04 dollar le kwh, ce qui est un peu élevé. En tout état
de cause, quel que soit le coût de production du m3 d‟eau dessalée, “le citoyen continuera de payer le même tarif appliqué
actuellement par l‟Algérienne des Eaux (ADE)” assure-t-on (prix soutenu) ?
L‟autre exemple de la station de dessalement de Corso, en bordure de la mer, d‟une capacité 5000 m3/J. La prise ouverte
en pleine mer est utilisée pour alimenter la station. La chaîne de traitement de l‟eau de mer faisant appel à la filtration
membranaire, comporte plusieurs procédés physico-chimiques. Apparemment après deux années de fonctionnement des
problèmes surgissent en matière de qualité de filtration.
Mot clés: Dessalement, Eau de mer, Performance de la station, osmose inverse, coût, Algérie
Introduction
En l‟espace de quarante ans, le dessalement est un mythe devenu réalité. Si les hommes ont toujours pensé dans leur
imaginaire collectif pouvoir utiliser l‟eau de mer pour épancher leur soif, la technologie a permis ce miracle à un coût devenu
aujourd‟hui acceptable. Sans entrer dans la technologie dessalement, deux procédés techniques à la base : la distillation et
la filtration membranaire.
La distillation utilise l‟évaporation, via chauffage thermique, pour séparer l‟eau des impuretés de sels. Son inconvénient
majeur est la formidable énergie que consomme ce procédé. La filtration membranaire utilise, elle, le procédé d‟osmose
inverse pour retenir les sels contenus dans l‟eau. L‟eau salée pénètre ainsi à une extrémité de la membrane sous une
pression de 80 bars, et après passage membranaire, l‟eau ressort débarrassée de 99 % de son sel. La technologie de
l‟osmose inverse, qui constituait 20% des unités de production au début des années 1980, s‟impose aujourd‟hui, devant les
procédés de distillation. Le coût de l‟osmose inverse est devenu inférieur à celui de la distillation en 1995, avec l‟apparition
d‟une nouvelle génération de membranes.
Au cours de la dernière décennie, les coûts de production du dessalement ont été divisés par deux. Selon les zones
d‟implantation, la nature de l‟eau brute et le coût de l‟énergie, le mètre cube produit coûte de 0,5 à 1,1 USD pour l‟osmose
inverse et de 0,65 à 1,8 USD pour la distillation.
Bien qu‟un peu moins de 1 % de l‟eau potable consommée dans le monde soit produite à partir du dessalement, les
perspectives offertes par cette technologie sont donc grandissantes.
Avec plus de 17 000 unités installées sur la planète, qui représentent aujourd‟hui environ 51 millions de m3/jour d‟eau
produite, il est estimé que la production d‟eau dessalée se situera à 109 millions de m3/jour prévue en 2016. En termes de
potentialité de marché, la banque d‟affaires Goldman Sachs parle de 5 milliards de dollars de chiffre d‟affaires annuel, avec
une progression attendue de 10 à 15 % par an [1].
11
Maître de Conférences, Expert, Consultant International (CEE, PNUE, FAO). Université Badji Mokhtar, Annaba, Algérie.
e-mail: [email protected]
88.
LE DESSALEMENT DE L‟EAU DE MER PAR OSMOSE INVERSE : UNE SOLUTION POUR L‟ALIMENTATION EN EAU DES VILLES CÔTIÈRES D‟ALGÉRIE
Le dessalement va ainsi s‟imposer comme une ressource alternative essentielle à la pérennité de grandes zones urbaines
du littoral où le besoin se fait sentir. Pour illustrer son importance désormais stratégique, le dessalement est devenu une
nécessité vitale pour les grands centres urbains algériens du littoral méditerranéen tels que Oran, Alger, Arzew… .
L‟autre stratégie pratiquée dans le grand sud algérien (Sahara, Oasis) pour l‟alimentation des centres oasiens, c‟est le
recours à la déminéralisation des eaux saumâtres (souterraines et superficielles).
Au vu du développement industriel et de la demande de plus en plus croissante, tous les pays auront à faire face au
problème du manque d‟eau et sans hésitation à dire l‟eau est devenue facteur de développement. La mobilisation des eaux
superficielles a été de tous temps, une préoccupation pour l‟homme.
L‟Algérie est un pays semi- aride, voir même aride (200 mm à 400 mm de pluie par an) et les ressources en eau sont faibles,
irrégulières, et localisées dans la bande côtière, l‟apport total des précipitations serait de l‟ordre 100 milliards de mètres
cubes d‟eau par an dont 12,4 milliards de mètres cubes sont mobilisables en tenant compte des sites favorables
techniquement (hydrologie, topographie, géologie).
Les ressources superficielles ont subi durant les deux dernières décennies des effets négatifs de la sécheresse, de la
pollution et de la mauvaise gestion.
La demande en eau douce, croit chaque année de 2 à 3 %, tandis que les ressources naturelles restent invariables. Pour
faire face à cette pénurie d‟eau surtout dans les grands centres urbains où les ressources conventionnelles ne suffisent plus,
les nouvelles techniques de production d‟eau potable ont été mises en place pour satisfaire les besoins de la population
croissante. Une des techniques prometteuses pour l‟Algérie est dessalement de l‟eau de mer pour les villes situées en
bordure de côtes.
Le recours au dessalement pour améliorer l‟offre en eau des grandes villes côtières algériennes sans accès direct à des
ressources supplémentaires en eau douce sera de plus en plus fréquent.
Actuellement le volume dessalé mobilisé est : 111,45 millions de mètre cube par an dont :
- 105,85 Hm3/an sont produits par les grandes stations de dessalement de l‟eau de mer ;
- 5,60 Hm3/an sont produits par les stations monoblocs de dessalement de l‟eau de mer.
Les stations monoblocs au nombre de 21 de dessalement d‟eau de mer pour une capacité globale de 57 500 m3/Jour ont
été réalisées au titre du programme d‟urgence (sécheresses répétées dans l‟ouest et centre du pays). Ce programme
d‟urgence a été réalisé par deux entreprises :
89.
LE DESSALEMENT DE L‟EAU DE MER PAR OSMOSE INVERSE : UNE SOLUTION POUR L‟ALIMENTATION EN EAU DES VILLES CÔTIÈRES D‟ALGÉRIE
Dans le cadre de ce programme de stations monoblocs et suite à la persistance de la sécheresse au niveau de la région
ouest du pays, le recours à la délocalisation des stations monoblocs vers d‟autres localités où le manque d‟eau se fait sentir
(priorité à l‟alimentation en eau potable) le cas par exemple de la station de Skikda 3 (Est) vers Bousfer (Oran, Ouest), un
des avantages de ce type de station.
Les stations à grande capacité sont au nombre de sept, l‟une est fonctionnelle ( en 2007) celle d‟El-Hamma à Alger
produit 200 000 m3/jour (plus grande usine de dessalement d‟Afrique). Elle permettra de couvrir le tiers des besoins en eau
de la capitale Alger. C‟est la société américaine IONICS, spécialiste du dessalement dans le monde qui fournira les
équipements et assurera l‟exploitation et la maintenance de l‟usine pendant 25 ans. Il est à savoir en effet que les unités de
dessalement inscrites au programme du gouvernement sont soumises à appel d‟offre, suivant la formule BOO (acheter,
posséder, exploiter), ce qui permet aux investisseurs étrangers qui s‟associent à l‟AEC jusqu‟à hauteur de 70% de réaliser et
d‟exploiter les usines durant les 25 années que durera la concession accordée par l‟Etat.
L‟autre grand projet de dessalement en réalisation celui d‟Oran (ouest du pays), le projet de Mactaa près de Mers El
Hadjadj, d‟une capacité estimée à 500 000 m3 par jour est considéré comme l‟un des plus grands projets dans le monde.
Installé sur une surface de 18 hectares le projet permettra d‟approvisionner la population de la région oranaise grâce à
l‟interchangeabilité du réseau.
Les autres projets concerneront toujours l‟ouest du pays déficitaire en ressources hydriques :
A Tlemcen ce sont deux projets d‟une capacité respective de 200 000 mètres cubes par jour qui sont prévus à Malakoff et à
Honein, alors que Beni Saf abritera une station de 200 000 mètres cubes et Mostaganem deux projets de dessalement de
l‟eau de mer de 200 000 mètres cubes chacun.
Au démarrage, la technique de dessalement n‟était pas franchement au meilleur de son rendement surtout pour les groupes
non leader dans le domaine.
Le tableau ci-dessous illustre bien la situation du rendement selon les deux entreprises citées.
90.
LE DESSALEMENT DE L‟EAU DE MER PAR OSMOSE INVERSE : UNE SOLUTION POUR L‟ALIMENTATION EN EAU DES VILLES CÔTIÈRES D‟ALGÉRIE
Pour un équilibre de la source de développement (eau), il a été prévu la déminéralisation des eaux saumâtres des Chotts
dans les régions arides du pays et cela au sud et dans la région intermédiaire (les hauts plateaux).
Dans ce cadre plusieurs stations de type monobloc à faible débit de traitement (100 à 200 m3/Jour) ont été réalisées pour
traiter des eaux des chotts à 7 gramme/litre et mises à la disposition des collectivités locales destinées uniquement à
l‟alimentation en eau potable des populations.
A noter aussi que des stations se ce type ont été réalisées par des entreprises pour leur propre utilisation au niveau des
bases de vie telles que celles de Sonatrach.
Un autre programme ambitieux pour ces régions du sud et des plateaux, démarrera en 2009 et compte 12 stations de haut
débit ( 5000 à 34 000 m3/j) traitant des eaux de surface (Chotts) et souterraines judicieusement réparti .
La mobilisation des eaux usées épurées reste très faible voir l‟absence totale. La seule station de traitement se trouve dans
la zone des plateaux destinée à l‟irrigation et produit une capacité de 2 500 m3/jour pour l‟irrigation du périmètre du Bordj de
100 hectares.
Un programme d‟avenir de la réutilisation de ces eaux usées après traitement est prévu au niveau des grands centres
urbains et traitera en 2012 un volume de 648 820 m3/Jour .
La station de dessalement se situe de la région de Corso dans la Willaya de Boumerdés, en bordure de la mer
méditerranéenne, d‟une capacité 5000 m3/J. La prise ouverte en pleine mer est utilisée pour alimenter la station. La chaîne
de traitement de l‟eau de mer faisant appel à la filtration membranaire, comporte plusieurs procédés physico-chimiques tels
que illustré par la figure 1.
Cuve eau
Membrane traitée
Perméat
Pompe Osmose inverse
FeCl3 Déchloration haute
pression
L‟eau de mer aspirée subit tout d‟abord un prétraitement par chloration avec de l‟hypochlorite de sodium, ensuite une
injection de coagulant floculant est effectuée afin d‟agglomérer les particules en suspension sous forme de flocs et permettre
leur décantation dans un décanteur lamellaire. L‟eau décantée passe dans les filtres à sables pour éliminer les particules en
suspension. Le chlore résiduel est éliminé par une déchloration au bisulfite de sodium, ainsi les microfiltres, les pompes à
haute pression et les membranes d‟osmose inverse (OI) s‟en trouvent protégés. Afin d‟éviter la précipitation des sels sur les
surfaces des membranes, une injection d‟acide chlorhydrique est effectuée. L‟eau acidifiée subit une pré-filtration sur
microfiltration à cartouche de 5 µm afin de retenir les particules colloïdales.
L‟eau prétraitée arrive au système d‟osmose inverse pour réduire la salinité de l‟eau. L‟étape finale dans la chaîne de
traitement consiste en une désinfection et une correction du pH.
Les résultats des analyses physico-chimiques et bactériologiques de l‟eau brute (PE1), l‟eau prétraitée (PE2) et l‟eau
osmosée (PE3) pour des échantillons prélevés le 20/04/2006 sont présentées dans le tableau 1
91.
LE DESSALEMENT DE L‟EAU DE MER PAR OSMOSE INVERSE : UNE SOLUTION POUR L‟ALIMENTATION EN EAU DES VILLES CÔTIÈRES D‟ALGÉRIE
Les résultats des analyses physico-chimiques et bactériologiques de l‟eau brute provenant de la mer méditerranéenne de la
région de Corso, montrent une forte salinité de l‟eau brute, sa concentration est estimée à 37000 mg/L, due à la présence
des sels minéraux et une bonne qualité bactériologique. Par ailleurs, la turbidité de l‟eau de mer selon le tableau 1 est faible
avec une valeur égale à 2,56 NTU, notons que ce paramètre physique peut changer au cours du temps.
Les résultats des analyses physico-chimiques présentées au tableau 1, ont permis de constater en premier lieu que le
prétraitement utilisé au niveau de la station de Corso permet de réduire les ions indésirables, par contre il n‟a aucune
influence sur la rétention des sels dissous et les membranes d‟osmose inverse de la station de Corso ne retiennent pas la
totalité des éléments minéraux. En effet, le pourcentage des sels total dissous (TDS) estimé est égal à 84,6%. Ce
pourcentage n‟est pas conforme à celui prévu initialement par le fournisseur, qui estime la rétention des membranes utilisées
à 99,8% [2].
La présence des composées ionique dans l‟eau peut être exprimée en fonction de la conductivité. La courbe de figure 2
montre une stabilité de la conductivité de l‟eau brute et l‟eau prétraitée.
Les valeurs de la conductivité de l‟eau osmosée présentées sur la figue 2, ont été enregistrées après deux ans du
démarrage de la station. Durant toute cette période, la conductivité du perméat a toujours été conforme à la norme. Une
élévation brusque de la conductivité a été relevée (1250 µs/cm) et ce le 16-02-2006. Cette augmentation a nécessité une
procédure immédiate de nettoyage acide et basique ainsi qu‟un lavage à l‟eau osmosée. Ces procédures n‟ont pas permis
de restaurer la conductivité initiale de perméat ce qui a obligé l‟exploitant de mettre à l‟arrêt cette station. Un cas similaire a
été constaté par Roth et al. [3] dans leur étude, une augmentation de la conductivité a été observée après 8 mois de
décolmatage des membranes. Ils ont considéré que cette augmentation est dûe au dysfonctionnement du prétraitement, ce
qui rend inévitable le changement des membranes d‟osmose inverse.
92.
LE DESSALEMENT DE L‟EAU DE MER PAR OSMOSE INVERSE : UNE SOLUTION POUR L‟ALIMENTATION EN EAU DES VILLES CÔTIÈRES D‟ALGÉRIE
57800
57750 Eau brute
57700 Eau prétraitée
57650
57600
Conductivité (µs/cm)
57550
57500
57450
57400
57350
57300
57250
57200
57150
57100
57050
57000
12
16
20
24
28
32
36
40
44
4
8
Temps (Jours)
1300
1200
Eau osmosée
1100
Conductivité (µS/Cm)
1000
900
800
700
600
500
12
16
20
24
28
32
36
40
44
4
Temps (jours)
2-2- Mesure du pH
La Figure 3 montre que le pH de l‟eau brute qui alimente la station est légèrement alcalin c‟est le cas de l‟eau de mer. Sa
valeur est presque constante elle varie entre (7,35-7,8). En comparant le pH de l‟eau brute avec le pH de l‟eau prétraitée, on
remarque une diminution de ce dernier qui est due à l‟injection d‟acide chlorhydrique. Cette diminution atteint le pH
d‟équilibre. Après le passage de l‟eau prétraitée les membranes d‟osmose inverse, un pH acide de l‟eau osmosée allant de
5,55 à 6,0 est constaté.
9,0
Eau brute
8,5 Eau prétraitée
8,0 Eau osmosée
7,5
7,0
6,5
Ph
6,0
5,5
5,0
4,5
4,0
12
16
20
24
28
32
36
40
44
48
4
Temps (jours)
93.
LE DESSALEMENT DE L‟EAU DE MER PAR OSMOSE INVERSE : UNE SOLUTION POUR L‟ALIMENTATION EN EAU DES VILLES CÔTIÈRES D‟ALGÉRIE
Les pertes de charge sont un facteur qui permet de prédire le phénomène de colmatage [4]. Les travaux de Elguera et al.
[5] ont montré que le colmatage des membranes par formation d‟un biofilm et d‟un précipité sur la surface membranaire
conduit à l‟augmentation de la chute de pression dans le système d‟osmose inverse. De ce fait, ils ont conclu que la chute de
pression à travers la membrane doit être constante pour maintenir les performances du système. En ce qui concerne notre
étude, nous avons remarqué que la variation de la chute de pression est quasi constante, allant de 1,55 bar à 1,78 bar
(figure 4). Ceci ne peut constituer une preuve d‟absence du colmatage des membranes. En effet, bien que les analyses
bactériologiques de l‟eau prétraitée démontrent la faible probabilité de formation d‟un biofilm (tableau 1), la possibilité de
l‟existence d‟un colmatage par précipitation ne peut être écartée, même au vu de la stabilité des pertes de charge, car le
personnel de la station intervient régulièrement pour maintenir constantes les pertes de charge manuellement. De ce fait, les
variations des pertes de charge en fonction du temps qui sont enregistrées au niveau de la station de Corso ne permettent
pas de prédire l‟existence du phénomène de colmatage des membranes
1,90
1,85
1,80
chute de presion (P)
1,75
1,70
1,65
1,60
1,55
1,50
08 06
12 06
16 06
20 06
24 06
28 06
01 06
05 06
09 06
13 06
06
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
1-
1-
1-
1-
1-
1-
1-
2-
2-
2-
2-
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
04
temps(jour)
Taux de conversión:
La figure 5 qui représente l‟évolution du taux de conversion en fonction du temps, montre une stabilité du taux de conversion
durant la période allant du 28-12-2005 au 13-01-2006, avec une variation de 38,11% à 40,01%. Ensuite, le taux diminue
jusqu‟à une valeur de 33,45%.
Le lavage et le nettoyage chimique des membranes effectués au niveau de la station, permettent d‟augmenter le taux de
conversion à 37,65%. Après une semaine de nettoyage, le taux diminue jusqu‟à une valeur de 31%. Par la suite, il est
devenu impossible d‟augmenter le taux de conversion malgré le nettoyage chimique
45
40
Taux de conversion(%)
35
30
25
06
06
06
06
06
06
06
06
06
06
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
1-
1-
1-
1-
1-
1-
2-
2-
2-
2-
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
02
07
12
17
22
27
01
06
11
16
Temps(j)
94.
LE DESSALEMENT DE L‟EAU DE MER PAR OSMOSE INVERSE : UNE SOLUTION POUR L‟ALIMENTATION EN EAU DES VILLES CÔTIÈRES D‟ALGÉRIE
Flux du perméat :
Les variations du flux du perméat en fonction du temps sont représentées sur la figure 6 pour une période de 3 mois de
fonctionnement. En effet, la courbe de cette figure illustre une décroissance du flux du perméat au 26-12-2005 à 13-01-2006,
qui correspond au début de l‟augmentation de la conductivité, ce qui s‟explique par le colmatage des membranes. Après le
nettoyage des membranes, le flux du perméat augmente faiblement, puis diminue par la suite jusqu‟à l‟arrêt de la station. De
ce fait on peut conclure que les membranes d‟osmose inverse de la station sont colmatées. Le colmatage des membranes
est attribué aux substances colmatantes non retenues par les filières de prétraitement utilisé et cela suite aux défaillances
détectées à ce niveau.
3,00
2,75
2,50
2,25
2,00
Flux(m /m ,h)
1,75
3 2
1,50
1,25
1,00
0,75
0,50
0,25
0,00
6
6
00
00
00
00
00
00
00
00
00
00
00
00
2
2
1-
2-
1-
1-
1-
1-
1-
1-
2-
2-
2-
2-
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
-0
01
05
09
13
17
21
25
29
02
06
10
14
Temps(j)
L‟augmentation brusque de la conductivité au quelle s‟ajoute la dégradation de la qualité du perméat, démontre l‟altération
des surfaces membranaires. Pour confirmer cette supposition, nous avons caractérisé la surface membranaire. La structure
membranaire défectueuse est caractérisée par l‟analyse microscopique à balayage électronique (MEB) de la couche active
de la surface membranaire. Les résultats ont été confirmés par une analyse complémentaire du dépôt colmatant par la
diffraction X. Une première analyse visuelle de la membrane montre l‟existence d‟un dépôt de couleur rouge sur la totalité de
la surface membranaire, ce qui démontre le colmatage de la surface membranaire.
Le spectre des éléments trouvés, montre que les composés les plus fréquemment rencontrés dans le dépôt colmatant sont
de nature minérale constitués essentiellement de carbonate de calcium (calcite), de carbonate de magnésium (gypse), de la
silice (SiO2) et une faible proportion d‟oxyde de fer.
Les résultats d‟analyse au niveau de la station de Corso donne l‟idée réelle de fonctionnement et résultats attendus, en
terme d‟efficacité de fonctionnement, ces analyses indiquent que le prétraitement n‟est pas adéquat pour protéger les
membranes.
Les membranes d‟osmose inverse sont sujettes de colmatage progressif associé à une altération de la surface active. Ceci
est confirmé d‟une part, par la médiocre qualité de l‟eau osmosée et par la diminution du flux. D‟autre part, l‟analyse au
MEB(microscopie à balayage électronique) montre clairement une dégradation de la membrane et la présence d‟un dépôt
colmatant dont la nature est principalement colloïdal et inorganique.
L'Algérie a vécu plus d'une décennie la sécheresse, les ressources conventionnelles en eau étaient insuffisantes pour
subvenir aux besoins de la population, ce qui a incité les autorités algériennes à chercher d'autres ressources pour garantir
l'alimentation en eau potable de cette population. La solution la plus adaptée et qui ne dépend pas des aléas climatiques,
était le dessalement d'eau de mer. Le dessalement de l'eau de mer en Algérie revêt un caractère stratégique, il remplacera
les ressources naturelles dans la majorité des villes du nord algérien. Un choix pour lequel ont également opté nombreux
pays les pays de la péninsule arabique, la Tunisie, le Maroc et l'Egypte.
95.
LE DESSALEMENT DE L‟EAU DE MER PAR OSMOSE INVERSE : UNE SOLUTION POUR L‟ALIMENTATION EN EAU DES VILLES CÔTIÈRES D‟ALGÉRIE
Pour pallier le manque d'eau potable dans le pays, l'Algérie a décidé de miser sur des usines de dessalement d'eau de mer.
Les autorités comptent monter à 43 stations à l'horizon 2019 pour répondre aux besoins domestiques nationaux. L'Algérie a
choisi le dessalement d'eau de mer pour faire face à la demande domestique d'eau potable dans le pays. Au dix usines de
productions déjà opérationnelles, le pays souhaite en rajouter 33 autres d'ici 2019 et doubler les capacités journalières
actuelles qui s'élèvent à 1, 04 million de m3. Et ce via la société d'investissement Algerian Energy Company (filiale de la
Sonatrach et de la Sonelgaz) et l'Algérienne des eaux.
Conclusion
La solution du dessalement a été mise en œuvre avec succès, depuis quelques années grâce au partenariat étranger, et à
de nombreux petits projets financés sur le budget de l‟Etat. Elle est également une option hautement stratégique qui mettra
fin, à terme, dans la majorité des villes du nord du pays, selon les prévisions du gouvernement, aux difficultés récurrentes
d‟approvisionnement en eau, une denrée de plus en plus rare à cause des aléas climatiques et des longues périodes de
sécheresse. C‟est à l‟ouest du pays où la population souffre d‟un déficit sévère en eau potable, et où les rationnements
peuvent aller jusqu‟à un jour sur cinq que seront installées la plupart des stations de dessalement ce qui permettra à la
population de profiter d‟une eau de même qualité que l‟eau conventionnelle. L‟eau dessalée dont le prix de revient variera
entre 45 et 55 DA (0,5 euro) le mètre cube sera distribuée par l‟ADE (Algérienne des Eaux) à des prix étudiés qui devraient
rester au même niveau que l‟eau conventionnelle.
Références :
[2] Claude Cardot. Les traitements de l‟eau du génie de l‟environnement „„procédés physico chimiques et biologiques‟‟,
Edition ellipses 1999, Paris.
[3] E. Roth, B. Fabre, B. Faller, Study of fouling of reverse osmosis membranes used to produce water for hemodialysis,
Revue des sciences de l‟eau, 3 (1998) 409-427.
[4] Maurel, A. Dessalement de l‟eau de mer Technique de l‟ingénieur J1, J2700(Tome 1)2007-11-22).
[5] A.Munoz Elguera. S.O.Pérez Baez, Development of the most adequate pre-treatment for high capacity seawater
desalination plants with open intake, Desalination 184 (2005) 1153-1163
[7] http://www.frstrategie.org
96.
EXPERIENCE DE L‟ONEP EN MATIERE DE DESSALEMENT D‟EAU
Selma JARIRI12
Résumé
Au Maroc, à l‟instar des pays du pourtour méditerranéen, les ressources en eau sont limitées et inégalement réparties. En
fait, le potentiel hydrique au Maroc est de l‟ordre de 140 milliards m 3 dont une quantité mobilisable de 22 milliards m3 répartie
en eaux superficielles de 17 m3 et 4 m3 d‟eaux souterraines. La dotation actuelle est de 700 m3/habitant/an et atteindra le
seuil de stress hydrique de 500 m /habitant/an en 2020, d‟où la nécessité de dégager de nouvelles ressources en eau.
3
Le recours au dessalement s‟avère donc nécessaire pour l‟alimentation en eau potable des régions côtières du pays comme
c‟est est le cas des Provinces du Sud pour des raisons d‟aridité du climat, de rareté des ressources en eau conventionnelles
particulièrement au sud du Maroc, de pollution des ressources disponibles, de disponibilité de la ressource d‟eau de mer et
de compétitivité du coût du dessalement par rapport à d‟autres moyens d‟alimentation en eau potable.
L‟ONEP a capitalisé, durant plus de 30 ans, une expérience probante dans la réalisation, l‟exploitation et la maintenance des
stations de dessalement, spécialement les unités d‟osmose inverse. La capacité de production est de l‟ordre de 35 000 m3/j
en 2009 alors qu‟elle était de 75 m3/j en 1976.
l‟ONEP a programmé d‟autres projets de dessalement d‟eau, notamment le projet de dessalement d‟eau de mer pour
l‟alimentation en eau potable de la ville d‟Agadir, pour une capacité de production de 200 000 m3/j, dont la 1ère phase
(100 000 m3/j) est en cours de consultation des pour une mise en service prévisionnelle en 2012. A noter que cette station
de dessalement, qui sera la plus grande au niveau du Maroc sera acquise dans le cadre d‟une gestion déléguée, en
s‟inspirant des standards internationaux en matière de réalisation de stations de dessalement.
D‟autres unités de dessalement sont aussi programmées à court terme, notamment la station de dessalement de Tan Tan
pour un débit de 9000 m3/j, et les stations de déminéralisation de Khénifra (30000 m3/j) et Maroc Central (20000 m3/j) à partir
des eaux de l‟Oued Oum Erbia.
En conclusion, le dessalement au Maroc reste une solution parmi d‟autres pour la mobilisation des ressources en eau, dans
un contexte de rareté des ressources conventionnelles et les innovations technologiques des dernières années ont permis
de réduire de manière substantielle les coûts d‟investissement et d‟exploitation. Aussi, l‟ONEP a capitalisé un savoir-faire
indéniable en la matière et intègre la planification des infrastructures de dessalement d‟eau dans le panel des solutions
techniques à même d‟assurer la pérennisation du service de l‟eau potable à l‟échelle du Royaume.
Au Maroc, à l‟instar des pays du pourtour méditerranéen, les ressources en eau sont limitées et inégalement réparties. En
fait, le potentiel hydrique au Maroc est de l‟ordre de 140 milliards m 3 dont une quantité mobilisable de 22 milliards m3 répartie
en eaux superficielles de 17 m3 et 4 m3 d‟eaux souterraines. La dotation actuelle est de 700 m3/habitant/an et atteindra le
seuil de stress hydrique de 500 m3/habitant/an en 2020, d‟où la nécessité de dégager de nouvelles ressources en eau.
Le recours au dessalement s‟avère donc nécessaire pour l‟alimentation en eau potable des régions côtières du Pays comme
c‟est est le cas des Provinces du Sud pour les raisons suivantes :
- Aridité du climat,
- Rareté des ressources en eau conventionnelles particulièrement au sud du Maroc,
- Pollution des ressources disponibles,
- Disponibilité de la ressource d’eau de mer,
- Coût de dessalement compétitif par rapport à d’autres moyens d’alimentation en eau potable
Le dessalement d‟eau a été, jusqu‟à présent, réservé à l‟alimentation en eau potable des Provinces du Sud du Maroc. En
effet, au lendemain de retour de ces Provinces à la mère patrie en 1975, le secteur de l‟eau souffrait d‟une :
12
Ingénieur, Chef de la Division des Nouvelles Technologies de l‟Eau à la Direction Technique et Ingénierie. Office National de l‟Eau potable (ONEP).
Maroc. E-mail : [email protected]
97.
EXPERIENCE DE L‟ONEP EN MATIERE DE DESSALEMENT D‟EAU
- Insuffisance des ressources en eau dégagées pour satisfaire les besoins immédiats,
- Insuffisance des infrastructures en installations d‟eau potable (stations de traitement, adductions, réservoirs et
réseau de distribution).
Il est indéniable que le dessalement d‟eau de mer reste une technologie relativement chère. Toutefois, le coût de
dessalement devient de plus en plus compétitif par rapport à d‟autres alternatives d‟alimentation en eau potable, notamment
le transport par les camions citernes, le transfert d‟eau via de longues adductions interrégionales, etc…
La technologie que l‟ONEP a choisie pour le dessalement de l‟eau de mer est l‟Osmose Inverse (OI) qui présente les
avantages suivants :
Le dessalement d‟eau est un procédé physique qui permet de ramener le taux de salinité d‟eau brute, à des valeurs
conformes aux normes de potabilité d‟eau. Lorsque l‟eau brute provient d‟une nappe d‟eau saumâtre (2g/l<TDS<15g/l), on
parle d‟une déminéralisation, sachant que l‟eau de mer titre une salinité de l‟ordre de 35 g/l.
Les technologies actuelles de dessalement des eaux sont classées en deux catégories, selon le principe appliqué :
Parmi les procédés précités, la distillation et l'osmose inverse sont des technologies dont les performances ont été prouvées
pour le dessalement d'eau de mer. En effet, ces deux procédés sont les plus commercialisés dans le marché mondial du
dessalement. Les autres techniques n'ont pas connu un essor important dans le domaine à cause de problèmes liés
généralement à la consommation d'énergie et/ou à l'importance des investissements qu'ils requièrent.
Quel que soit le procédé envisagé de séparation du sel et de l'eau, toutes les installations de dessalement comportent
quatre étapes :
- une prise d'eau de mer avec une pompe et une filtration grossière,
- un prétraitement avec une filtration plus fine, l'addition de composés biocides et de produits anti-tarte,
- le procédé de dessalement lui-même,
- le post-traitement avec une éventuelle reminéralisation de l'eau produite.
Dans les procédés de distillation, il s'agit de chauffer l'eau de mer pour en vaporiser une partie. La vapeur ainsi produite ne
contient pas de sels, il suffit alors de condenser cette vapeur pour obtenir de l'eau douce liquide. Il s'agit, en fait, d'accélérer
98.
EXPERIENCE DE L‟ONEP EN MATIERE DE DESSALEMENT D‟EAU
le cycle naturel de l'eau. Les procédés de distillation les plus répandus en raison de leurs performances appréciables sont
les suivants :
- La distillation par détentes successives (MSF) : éprouvé pour les grandes capacités (> 30 000 m3/j)
- La distillation à multiples effets (MED) Petites et moyennes
capacités
- La distillation par compression de vapeur (MES/VC)
Quant au procédé d'osmose inverse, il s‟agit d‟un procédé de séparation de l'eau et des sels dissous au moyen de
membranes semi-perméables sous l'action de la pression. Ce procédé fonctionne à température ambiante et n'implique pas
de changement de phase. Les membranes polymères utilisées laissent passer les molécules d'eau et ne laissent pas passer
les particules, les sels dissous, les molécules organiques de 10-7 mm de taille. L'énergie requise par l'osmose inverse est
uniquement celle électrique consommée principalement par les pompes haute pression.
On appelle osmose le transfert de solvant (eau dans la plupart des cas) à travers une membrane semi-perméable sous
l'action d'un gradient de concentration.
Soit un système à deux compartiments séparés par une membrane semi-perméable et contenant deux solutions de
concentrations différentes. Le phénomène d'osmose va se traduire par un écoulement d'eau dirigé de la solution diluée vers
la solution concentrée. Si l'on essaie d'empêcher ce flux d'eau en appliquant une pression sur la solution concentrée, la
quantité d'eau transférée par osmose va diminuer. Il arrivera un moment où la pression appliquée sera telle que le flux d'eau
s'annulera. Si, pour simplifier, nous supposons que la solution diluée est de l'eau pure, cette pression d'équilibre est appelée
pression osmotique.
Les principaux avantages et inconvénients des procédés de dessalement d‟eau sont comme suit :
99.
EXPERIENCE DE L‟ONEP EN MATIERE DE DESSALEMENT D‟EAU
Avantages Inconvénients
- Indépendance à la variation de la qualité d‟eau brute ; - Un taux de conversion bas (inférieur à 35%) ;
- Utilisation pour des grandes capacités de production - Une consommation spécifique d‟énergie
d‟eau ; relativement élevée (8 à 25 Kwh/m3 selon le
Distillation
L‟ONEP a capitalisé, durant plus de 30 ans, une expérience probante dans la réalisation, l‟exploitation et la maintenance des
stations de dessalement, spécialement les unités d‟osmose inverse. La capacité de production est de l‟ordre de 35 000
milles m3/j en 2009 alors qu‟elle était de 75 m3/j en 1976.
Le tableau, ci-après, résume, les réalisations de l‟ONEP en matière de dessalement d‟eau de mer et de déminéralisation
d‟eau saumâtre.
100.
EXPERIENCE DE L‟ONEP EN MATIERE DE DESSALEMENT D‟EAU
La figure, ci-après, reflète les divers ouvrages de production de la station de dessalement de la ville de Laâyoune.
FORAGES COTIERS
DE L’EAU DE MER
SDI
BACS DE MOUILLAGE
RESERVOIR
TRAITEE DE
3 CHLORE
1.500 m
REMINIOERALISATN
OSMOSEURS
STATION DE REJET
En termes de membranes, l‟ONEP a opté pour les membranes spiralées (HYDRANAUTICS, FILMTEC, TORAY,
OSMONICS) car leur prix est en décroissement et leur taux de conversion (50% pour l‟eau de mer) est supérieur à celui des
modules à fibres creuses (DUPONT Ŕinexistant au marché- et TOYOBO) (45% pour l‟eau de mer) et dont le prix est dix fois
plus cher.
En termes de récupération d‟énergie, l‟ONEP opte, auparavant, pour la turbine Pelton qui présente un taux de récupération
d‟énergie compris entre 35% et 40%. Actuellement, l‟ONEP opte pour les échangeurs de pression (DWEER CALDER et
ERI) qui présentent un taux de récupération d‟énergie compris entre 45% et 50%.
Perspectives du dessalement :
L‟ONEP a programmé d‟autres projets de dessalement d‟eau, notamment le projet de dessalement d‟eau de mer pour
l‟alimentation en eau potable de la ville d‟Agadir, pour une capacité de production de 200 000 m3/j, dont la 1ère phase
(100 000 m3/j) est en cours pour une mise en service prévisionnelle en 2012. A noter que cette station de dessalement, qui
101.
EXPERIENCE DE L‟ONEP EN MATIERE DE DESSALEMENT D‟EAU
sera la plus grande au niveau du Maroc sera acquise dans le cadre d‟une gestion déléguée, en s‟inspirant des standards
internationaux en matière de réalisation de stations de dessalement.
D‟autres unités de dessalement sont aussi programmées, notamment la station de dessalement de Tan Tan pour un débit
de 9000 m3/j, et la station de déminéralisation de Khénifra pour un débit de 30000 m3/j.
En conclusion, le dessalement au Maroc reste une solution parmi d‟autres pour la mobilisation des ressources en eau, dans
un contexte de rareté des ressources conventionnelles et les innovations technologiques des dernières années ont permis
de réduire de manière substantielle les coûts d‟investissement et d‟exploitation. Aussi, l‟ONEP a capitalisé un savoir-faire
indéniable en la matière et intègre la planification des infrastructures de dessalement d‟eau dans le panel des solutions
techniques à même d‟assurer la pérennisation du service de l‟eau potable à l‟échelle du Royaume.
102.
LE DESSALEMENT D‟EAU DE MER AU CŒUR DE LA STRATEGIE DU DEVELOPPEMENT DU GROUPE OCP
Résumé
Le Groupe OCP, leader mondial dans le secteur du phosphate, a entrepris un vaste programme de développement de ses
capacités minières et industrielles qui vont porter à terme cette capacité de 23 à 50 Millions de tonnes de phosphate par an.
L‟effort d‟accroissement de la capacité de production s‟accompagne naturellement par l‟augmentation des besoins en eau
qui vont passer de 66 Millions de m3/an actuellement à plus de 158 Millions à terme.
Cette demande en eau est prise en compte de manière responsable dans la stratégie de développement du Groupe OCP.
Pour la sauvegarde des ressources souterraines stratégiques, la croissance de l‟industrie du phosphate se fera à
prélèvement constant en eaux douces, en menant les actions suivantes :
- La réallocation géographique de prélèvements vers l‟amont du bassin oum rabii
- Le dessalement de l‟eau de mer et le traitement des eaux usées pour combler le nouveau besoin
La politique de dessalement est ancienne à l‟OCP. Dès le début des années 70, le besoin en eau des installations de
Laâyoune a été satisfait par le procédé de distillation pour dessaler l‟eau de mer. A partir de 2005, c‟est le procédé
membranaire (osmose inverse) qui a été mis en place car moins énergivore. La station produit actuellement prés de 1,5
million de m3 par an.
De nouveaux projets de dessalement sont prévus pour produire annuellement 100 millions de m3 d‟eau de mer dessalée.
- Un projet de dessalement à Jorf Lasfar qui va produire dans la première phase 45 million de m3/an et à terme 75
Mm3/an
- Un projet à Safi qui va produire 25 Mm3/an,
Le choix de ces deux sites pour le dessalement d‟eau de mer est dicté par :
- La proximité des usines de l‟océan,
- La disponibilité des infrastructures,
- La mise à profit de l‟énergie bon marché produite par ses installations chimiques.
Cette stratégie renforce l‟engagement du Groupe en faveur du programme national de protection des eaux des nappes
phréatiques et des barrages. Ainsi, sera libéré à terme :
- 25 Mm3/an, en provenance du barrage Daurat, consommés par la plate forme de Jorf Lasfar.
- 22 Mm3/an, en provenance de la retenu de Safi, consommée par la plate forme de Safi
- 10 Mm3 de la nappe de Fquih Bensaleh
- 9 Mm3 de la nappe de la Bahira
Le Groupe Office Chérifien des Phosphates (OCP) est spécialisé dans l‟extraction, la valorisation et la commercialisation de
phosphate et de produits dérivés. Chaque année, plus de 23 millions de tonnes de minerais sont extraites du sous-sol
marocain qui recèle les trois-quarts des réserves mondiales.
Principalement utilisé dans la fabrication des engrais, le phosphate provient des sites de Khouribga, Benguérir, Youssoufia
et Boucraâ-Laâyoune. Selon les cas, le minerai subit une ou plusieurs opérations de traitement (criblage, séchage,
calcination, flottation, enrichissement à sec…). Une fois traité, il est exporté tel quel ou bien livré aux industries chimiques du
Groupe, à Jorf Lasfar ou à Safi, pour être transformé en produits dérivés commercialisables : acide phosphorique de base,
acide phosphorique purifié, engrais solides.
Moteur de l‟économie nationale, le Groupe OCP joue pleinement son rôle d‟entreprise citoyenne. Cette volonté se traduit par
la promotion de nombreuses initiatives, notamment en faveur du développement régional et de la création d‟entreprise.
13
Directeur des Infrastructures au Groupe OCP, en charge notamment des projets eau, énergie et transport. E-mail : [email protected]
14
Chargé des Projets de Dessalement et de la Politique des Utilités à la Direction Infrastructures du Groupe OCP. Casablanca, Maroc.
E-mail : [email protected]
103.
LE DESSALEMENT D‟EAU DE MER AU CŒUR DE LA STRATEGIE DU DEVELOPPEMENT DU GROUPE OCP
Le Groupe OCP, leader mondial dans le secteur du phosphate, a entrepris un vaste programme de développement de ses
capacités minières et industrielles qui vont porter à terme cette capacité de 23 à 50Millions de tonnes de phosphate.
III- PERSPECTIVES SUR LA CROISSANCE OCP ET IMPLICATION SUR LES BESOINS EN EAU
L‟accès à l‟eau est une question vitale pour la réalisation de la stratégie industrielle du groupe OCP. L‟effort d‟accroissement
de la capacité de production s‟accompagne naturellement par l‟augmentation des besoins en eau qui vont passer de 66
Millions de m3/an actuellement à plus de 158 Millions à terme.
Consommation annuelle
Ressources
( Mm)
Khouribga 10 Bassin Fquih Bensaleh
Jorf Lasfar 25 Oum Rabii (Barrage Daourat)
Gantour 9 Eau souterraine Gantour
Safi 22 Oum Rabii (Retenue Safi)
Total 66
Cons. Spéc.
Utilisation de l'eau dans les opérations de l’OCP
m³/T de phosph.
Mine • Arrosage des terrains et pistes pour le trafic des engins 0.12
Bénéficiation1 • Lavage/ flottation à l'eau pour enrichir le minerai ~1
• Transport du phosphate par ''slurry pipeline'' (conduite aqueuse)
Transport 0.45
• Deux slurry pipelines (axes Khouribga-Jorf et Benguérir-Safi)
Chimie • Eau nécessaire à la production d'acide phosphorique 6-72
1 Enrichissement des qualités pauvres de roche phosphatée
2 10~13 m3 d'eau par tonne d'acide phosphorique
Les nouveaux besoins annuels en eau pour accompagner le développement du groupe OCP s‟élèvent à 158 Mm3
Les besoins en eau industrielle vont tripler à terme pour permettre la stratégie de croissance.
104.
LE DESSALEMENT D‟EAU DE MER AU CŒUR DE LA STRATEGIE DU DEVELOPPEMENT DU GROUPE OCP
IV- INVESTISSEMENT IMPORTANT DU GROUPE OCP POUR REPONDRE A SES BESOINS EN EAU
L‟eau, ressource clé pour l‟industrie du phosphate, est prise en compte de manière responsable dans la stratégie de
développement du Groupe OCP.
Afin de ne pas augmenter les prélèvements en eaux douces, le Groupe OCP va conduire sa stratégie de croissance à
besoins constants en eaux douces, néanmoins nécessitant une réallocation géographique de ses quotas. Les
investissements de l‟OCP permettent de maintenir un bilan neutre de prelèvements sur le bassin OUM ER RBIA.
Trois types de projets vont être réalisés par l‟OCP pour répondre d‟une part à ces besoins en eau et d‟autre part pour
diminuer la pression sur les ressources hydriques naturelles et notamment, les ressources en eau souterraine.
105.
LE DESSALEMENT D‟EAU DE MER AU CŒUR DE LA STRATEGIE DU DEVELOPPEMENT DU GROUPE OCP
La politique de dessalement est ancienne à l‟OCP. Dès le début des années 70, les besoins en eau des installations de
Laâyoune ont étés obtenus par le procédé de distillation pour dessaler l‟eau de mer. A partir de 2005, c‟est le procédé
membranaire (osmose inverse) qui a été mis en place car moins énergivore. La station produit actuellement prés de 1,5
million de m3/an.
106.
LE DESSALEMENT D‟EAU DE MER AU CŒUR DE LA STRATEGIE DU DEVELOPPEMENT DU GROUPE OCP
A partir des années 70, les besoins en eau des installations de Laâyoune ont étés obtenus par des installations de
dessalement eau de mer. Depuis, les différentes technologies de dessalement ont été testées et mises en service par
l‟OCP.
- De 1973 à 1988 : Production d‟eau dessalée par le procédé Distillation par détentes successives Multi-Stage-
Flash (MSF)
- De 1989 à 2004 : Production d‟eau dessalée par le procédé Distillation par ThermoCompression (TC)
- A partir de 2005 : Production d‟eau dessalée par Osmose Inverse (OI)
107.
LE DESSALEMENT D‟EAU DE MER AU CŒUR DE LA STRATEGIE DU DEVELOPPEMENT DU GROUPE OCP
De nouveaux projets de dessalement sont prévus pour produire annuellement 100 millions de m3 d‟eau de mer dessalée.
- Un projet de dessalement à Jorf Lasfar qui va produire dans la première phase 45 million de m3/an et à terme 75
Mm3/an
- Un projet à Safi qui va produire 25 Mm3/an,
Le choix de ces deux sites pour le dessalement d‟eau de mer est dicté par :
- La proximité des usines de l‟océan,
- La disponibilité des infrastructures,
- La mise à profit de l‟énergie bon marché produite par ses installations chimiques.
Cette stratégie renforce l‟engagement du Groupe en faveur du programme national de protection des eaux brutes des
nappes phréatiques et des barrages. Ainsi, sera libéré à terme :
- 25 Mm3/an, en provenance du barrage Daurat, consommés par la plate forme de Jorf Lasfar.
- 22 Mm3/an, en provenance de la retenu de Safi, consommée par la plate forme de Safi
- 10 Mm3 de la nappe de Fquih Bensaleh
- 9 Mm3 de la nappe de la Bahira
Le projet de dessalement eau de mer de Jorf Lasfar permettra de couvrir les besoins actuels de la plate-forme en eau
douce, 30 millions de m3, et éventuellement ceux de la ville d‟El Jadida estimés à 15 millions de m3. A l‟horizon 2020 la
108.
LE DESSALEMENT D‟EAU DE MER AU CŒUR DE LA STRATEGIE DU DEVELOPPEMENT DU GROUPE OCP
station de dessalement d‟eau de mer produira 75 millions de m3 pour satisfaire les besoins des nouvelles unités intégrées
de production d‟acide phosphorique et des engrais, réservées aux investisseurs directs étrangers.
L‟implantation de la station de dessalement de Jorf Lasfar a été étudiée de manière à tirer profit des installations et
infrastructures existantes de la plateforme à savoir :
- Coût du pompage eau de mer réduit, (uniquement le coût de la quantité produite) ;
- Tarification énergie électrique bon marché (utilisation de l‟excédent énergie électrique de la plate forme) ;
- Coût d‟investissement des infrastructures (poste électrique, routes d‟accès, canal de rejets, réservoir de stockage
d‟eau douce, etc.) ;
V.3.1- TROIS TECHNOLOGIES ONT ÉTÉ comparées POUR LE SITE DE JORF LASFAR
Lors de l‟étude de faisabilité du projet, les trois technologies de dessalements eau de mer ont été étudiées
L‟analyse des différents aspects liés à ces technologies montre que le procédé recommandé est l‟osmose inverse vu ce qui
suit :
- Coût plus bas d‟investissement
- Coût plus bas de cycle de vie
- Consommation minimale d‟énergie
109.
LE DESSALEMENT D‟EAU DE MER AU CŒUR DE LA STRATEGIE DU DEVELOPPEMENT DU GROUPE OCP
VI- CONCLUSION
La politique de dessalement eau de mer renforce l‟engagement du Groupe en faveur du programme national de protection
des ressources en eau souterraines et superficielles ; son programme de développement étant conçu à prélèvement
constant et valorisation des ressources non conventionnelles.
110.
EXPERIENCE TUNISIENNE DANS LE DOMAINE DE DESSALEMENT DES EAUX
Saad SEDDIK15
1- INTRODUCTION
La capacité de production totale des eaux dessalées s‟élève à 117 mille m3/j repartie comme suit :
72000 m3/j sont produits par 5 stations de la Société Nationale d‟Exploitation et de Distribution des Eaux
(SONEDE) dont la plus ancienne celle de l‟Ile de Kerkennah dont la mise en service remonte à 1983. La capacité
de production varie de 3300 m3/j (à Kerkennah) à 34000m3/j (à Gabès).
45000 m3/j sont produits par environ 70 stations de dessalement privés (industriels et touristiques) disséminées
surtout le long de la région côtière.
Le dessalement des eaux est destiné à concurrence de 60% environ pour l‟eau potable, 30% pour l‟usage industriel et 10%
pour l‟usage touristique.
La technologie RO (Reverse Osmose) est utilisée dans 80% des cas, l‟Electrodialyse dans 13% des cas et le dessalement
par voie Thermique dans 9% des cas.
15
Directeur Général du Génie Rural et de l‟Exploitation des Eaux, Ministère de l‟Agriculture et des ressources hydrauliques, Tunisie.
E-mail : [email protected]
111.
EXPERIENCE TUNISIENNE DANS LE DOMAINE DE DESSALEMENT DES EAUX
La capacité de production passera de 117000 m3/j actuellement à 407000 m3/j en 2020 dont 70% par la SONEDE et
30% par le secteur privé.
- Programme Présidentiel d’amélioration de la qualité de l’eau dans le Sud Tunisien : Il concerne la mise en
place de 18 stations de dessalement d‟une capacité totale de 76 000 m3/j pour alimenter 740 mille habitants. Ces
stations seront mises en service entre 2010 et 2012.
- Projet de dessalement d’eau de mer à Jerba d’une capacité de production de 50000 m3/j selon la technologie
d‟osmose inverse et d‟un cout prévisionnel de 61 millions de dinars. Cette station sera construite sous forme de
concession type BTO pour répondre aux besoins en eau de Jerba à l‟horizon 2025. L‟appel d‟offres pour le choix
d‟un concessionnaire est en cours.
- Projet de dessalement d’eau de mer de Zaarat d’une capacité de production de 50000 m3/j selon la
technologie d‟osmose inverse. Cette station sera construite sous forme de concession type BTO pour répondre
aux besoins en eau de Gabès et Médenine à l‟horizon 2025. Cette station sera mise en service en 2012.
- Projet de dessalement de Sfax d’une capacité 150000 m3/j en 3 unités de 50000 m3/j chacune. Cette station
sera construite sous forme de concession pour répondre aux besoins en eau de la ville de Sfax à l‟horizon 2025.
La première tranche de cette station sera mise en service en 2015 et les deux autres respectivement en 2020 et
2025.
- Projet d’amélioration de la qualité des eaux dans les zones de parcours du Sud Tunisien : Il concerne la
mise en place de 45 stations de dessalement à énergie renouvelables sur puits de surface et forage. Le Cout du
projet est de 10 millions de dinars cofinancé par la JICA pour une capacité totale de production de 210 m3/j. La
période de réalisation s‟étalera de 2009 à 2013.
- La mise en place de 60 unités de dessalement par le secteur privé sur une période de 5 ans et d’une
capacité cumulée 40000 m3/j.
112.
FINANCEMENT DES PROJETS DE DESSALEMENT DES EAUX
Résumé
Avec la raréfaction des ressources en eau douce dans plusieurs régions du monde, conséquence inévitable des
changements climatiques, le dessalement des eaux, notamment des eaux marines, prend de plus en plus d‟importance et
devient progressivement une solution prometteuse pour l‟avenir, notamment avec le développement impressionnant des
techniques et des technologies de dessalement.
Les projets de dessalement, malgré les développements enregistrés, restent relativement coûteux nécessitant des
investissements élevés et des charges d‟exploitation et de gestion importantes (énergie, produits, équipements et autres), ce
sont aussi des projets qui exigent un haut niveau de technicité et de gestion. C‟est pourquoi, leur réalisation et leur mise en
œuvre nécessitent un choix judicieux du cadre institutionnel et financier pour garantir leur réussite et surtout leur durabilité.
Si les montages institutionnels et financiers sont multiples et peuvent être classés en trois grandes catégories : montage
public, montage privé et montage de type partenariat public-privé (PPP), ce dernier reste le plus adéquat pour la réalisation
des projets de dessalement puisqu‟ils permettent d‟améliorer les conditions d‟investissement, d‟exploitation et de
maintenance des équipements, ainsi que la compétitivité et la qualité du service rendu aux usagers.
Le PPP lui-même comprend plusieurs types, notamment les concessions, la gestion déléguée de service urbain, les contrats
de service et de gérance, l‟affermage et les BOT. Le choix du type approprié du PPP dépend du contexte politique,
économique, social et culturel de chaque pays, région et zone du projet.
La réussite de PPP dépend de plusieurs conditions dont notamment l‟établissement d‟un contrat définissant le cadre
d‟accueil et les obligations des parties, un partage équitable des risques, un encadrement juridique stable et cohérent et une
structure adéquate de financement.
Introduction
Face à la raréfaction des ressources en eau et à la croissance démographique que connait le monde, la seule ressource
encore disponible et en quantités inépuisables, est constituée par les eaux de mer. L‟exploitation de cette ressource n‟est
possible que par l‟utilisation des techniques de dessalement.
Les pays d‟Afrique du Nord et du Moyen Orient, dont les ressources en eau disponibles ne couvrent que très partiellement
les besoins réels des populations, sont actuellement les plus concernés, et le seront de plus en plus si on croit les prévisions
des changements climatiques, par la nécessité de recourir aux ressources non conventionnelles, notamment le
dessalement.
Les pays du Moyen Orient étaient les premiers à avoir fait recours au dessalement des eaux pour satisfaire la demande
grandissante en eau potable et industrielle. Ces pays possèdent actuellement à eux seuls près de la moitié de l‟ensemble de
stations de dessalement à travers le monde.
Aujourd'hui, il existe dans le monde près de 12.500 unités de dessalement dans 120 pays qui produisent près de 30 millions
de m3 par jours, dont 54 % issus de l'eau de mer et 46 % issues des eaux saumâtres. Sur ces 30 millions, 75% sont
destinés à l'approvisionnement en eau potable de près de 155 millions d'habitants et 25% à l‟usage agricole.
Le coût de l‟énergie était toujours la contrainte principale au dessalement des eaux, les scientifiques se sont forcés de
développer de nouvelles techniques autres que celles utilisées dans les premières stations de dessalement installées dans
les pays du Golf principalement.
16
Ingénieur Principal du Génie Rural, Chef du Service du Financement à l‟Administration du Génie Rural. Ministère de l‟Agriculture et de la Pêche
Maritime. Rabat, Maroc. E-mail : [email protected]
17
Ingénieur Principal du Génie Rural, Chef du Service du Suivi-Evaluation à l‟Administration du Génie Rural. Ministère de l‟Agriculture et de la Pêche
Maritime. Rabat, Maroc. E-mail : [email protected]
113.
FINANCEMENT DES PROJETS DE DESSALEMENT DES EAUX
La technique la plus répandue actuellement se base sur le principe d‟osmose inverse. Cette technique a rendu le
dessalement faisable et beaucoup de pays ont investi dans ce domaine pour contrecarrer la raréfaction des ressources suite
aux changements climatiques et répondre à la demande qui ne cesse d‟accroitre.
Si le développement des techniques et des technologies du dessalement des eaux permettent d‟envisager cette solution
avec un avenir prometteur, son financement nécessite d‟importants investissements pour la réalisation des stations de
dessalement et leur gestion.
Cette communication se propose de présenter les différents montages institutionnels et financiers pour la réalisation de ce
genre de projets. Les solutions les plus importantes concernent le partenariat entre les pouvoirs publics, les opérateurs
privés et les usagers des eaux.
Le dessalement est défini comme un processus d‟élimination du sel, en particulier l‟élimination du chlorure de sodium (NaCl),
pour la rendre douce utilisable soit pour l‟alimentation des populations en eau potable ou en irrigation. Plusieurs techniques
sont utilisées pour le dessalement des eaux saumâtres ou de mer. Dans la littérature ont trouve les techniques suivantes :
Osmose inverse, dite aussi technique membranaire : cette technique se base sur un principe simple (voir figure 1). L'eau de
mer est filtrée sous pression à travers une membrane, les sels et les micro-organismes sont retenus par cette dernière. Ce
procédé nécessite toutefois un traitement de l'eau en amont. Actuellement cette technique est en plein essor et a montré,
depuis plusieurs années, sa fiabilité. La consommation en énergie pour la production d‟un m3 d‟eau est de l'ordre de 4 à 5
kWh/m³.
Distillation ou dessalement thermique : Cette technique nécessite beaucoup d'énergie. Elle permet de produire une eau
très pure. En effet, l'eau de mer est chauffée jusqu'à évaporation. Seules les molécules d'eau s'échappent, laissant en dépôt
les sels et les autres substances. La vapeur d'eau est condensée pour obtenir de l'eau douce. Le coût d‟énergie pour
produire 1 m3 d‟eau pure est estimé à 15 kWh. En appliquant les prix d‟énergie marocaine, le coût serait alors de 15 DH/m3
environ.
Flash multi-étages, ou système flash. Ce système est le plus répandu dans les pays du Moyen Orient. Le taux de sel
résiduel est non négligeable, le coût énergétique est important (≈ 10 kWh/m³).
Distillation par dépression : la température d'évaporation dépend de la pression. C‟est un système très économique avec
une eau très pure (≈ 2 à 3 kWh/m³). Ce Système est utilisé généralement pour de petites unités de production.
Électrolyse : le principe de ce système consiste en l‟application d‟un courant électrique qui fait migrer les ions vers les
électrodes. Il est très rentable pour les faibles concentrations, l'énergie à mettre en jeu dépend de la concentration en sel.
Aujourd'hui les deux premières techniques se partagent le marché mondial. Entre 1990 et 2001, le procédé d'osmose
inverse est passé de 40 à 53% de part de marché. Les recherches sont orientées vers l'osmose inverse dont les prévisions
de part de marché sont de 70% (contre 20% pour le thermique et 10% pour les autres méthodes) d'ici l'horizon 2020.
Dans tous les cas définis ci-dessus, le dessalement produit une saumure caractérisée par un taux de salinité élevée dont il
faut se débarrasser. En fait, pour produire un mètre cube d‟eau dessalée par la technique d‟osmose inverse, il est
114.
FINANCEMENT DES PROJETS DE DESSALEMENT DES EAUX
nécessaire de pomper 2 mètres cubes d‟eau à injecter dans le système. L‟eau refoulée contient un taux élevé de salinité.
Les saumures produites sont rejetées dans la mer directement pour les stations de dessalement située sur les côtes,
cependant pour les stations situées à l‟intérieur des terres, les saumures sont rejetées directement dans le milieu ambiant ce
qui constitue un risque considérable pour l‟environnement et pour la nappe phréatique. Dans les deux cas, ces saumures
constituent un des principaux inconvénients du dessalement en plus des coûts d‟investissement assez élevés.
D‟après les expériences existantes de par le monde, le montage institutionnel et financier pour la construction des
infrastructures de dessalement des eaux, leur gestion et leur exploitation et maintenance peut être de trois grands types :
public (100%), privé (100%) ou partenariat public-privé qui peut prendre plusieurs formes.
L‟importance grandissante qu‟a pris l‟implication des opérateurs privés dans la construction et la gestion des infrastructures
stratégiques et des services dans plusieurs pays, notamment ceux développés et certains en voie de développement, a
permis un développement soutenu du partenariat public-privé qui est devenu une solution privilégiée et très convoitée grâce
à ses nombreux avantages, notamment le soulagement des budgets publics, plus d‟efficacité et de compétitivité,
l‟amélioration substantielle de la qualité des services rendus aux usagers, et la promotion des investissements et de la
croissance économique. Dans ce contexte, les projets de dessalement des eaux, de par leur importance pour les régions où
les ressources en eau sont limitées et le degré élevé de technicité qu‟ils exigent en termes de gestion et de maintenance,
ainsi que les investissements importants qu‟ils nécessitent, affichent une tendance de plus en plus accélérée vers des
montages institutionnels et financiers public-privé pour leur réalisation et leur gestion.
C‟est pratiquement l‟unique mode de financement utilisé dans le passé, les pouvoirs publics assurent le financement, la
construction et la gestion des infrastructures publiques. Tous les risques financiers et techniques sont supportés par les
pouvoirs publics et par conséquent par les collectivités à travers le paiement des impôts soit directement ou indirectement.
Pour les projets de dessalement, ce mode de financement était pratiqué du temps des premiers projets, notamment dans les
pays du Golf et autres pays. Actuellement, ce mode exclusif devient de plus en plus abandonné au profit du partenariat
public-privé. En Espagne par exemple, seulement 16% des projets de dessalement existants ont été réalisés et sont gérés
par les Services publics.
Dans ce genre de montage, le secteur privé apporte les fonds nécessaires pour réaliser le projet, il se charge ensuite de la
gestion et l‟exploitation et la maintenance des équipements. Ce type de montage dans les projets de dessalement est très
peu rencontré, il est pratiqué dans certains cas précis comme la production de l‟eau dessalée pour usage industriel
notamment.
En Espagne par exemple, seule une usine de dessalement sur 57 a été construite et gérée exclusivement par un opérateur
privé.
Le constat de l‟impuissance de l‟Etat à assumer seul le coût d‟infrastructures lourdes est aujourd‟hui universel. Les
contraintes budgétaires et techniques imposent la recherche de financements ailleurs que dans les caisses de l‟Etat et le
recours à des spécialistes de plus en plus pointus hors de l‟Administration.
Mais parallèlement, il parait non raisonnable de remettre entièrement la tâche de construire et de gérer des infrastructures et
des services publics au seul secteur privé. La gestion des services publics doit continuer à relever, ne serait-ce qu‟en partie,
de l‟autorité publique qui est le seul garant de l‟intérêt public et de la stabilité sociale et économique du pays.
Le partenariat public-privé apparaît donc comme la voie médiane entre une gestion d‟Etat, difficile et dépassée, et une
privatisation pure et simple, risquée et porteuse d‟émiettement des responsabilités.
115.
FINANCEMENT DES PROJETS DE DESSALEMENT DES EAUX
Le partenariat public-privé englobe différentes modalités d‟association entre l‟autorité publique et les entreprises privées,
notamment les concessions, la gestion déléguée de services, les contrats de service et de gérance, l’affermage et les
BOT18.
Le partenariat public-privé fonctionne sur des principes simples: deux partenaires, des règles préétablies, un rythme
d’avancement, un contrat à respecter, un équilibre mutuel et en conclusion, la satisfaction des deux parties.
Les projets de dessalement des eaux, vue leur importance sur les plans technologique, technique, d‟investissement et de
gestion, comptent parmi les projets qui s‟adaptent le mieux au partenariat public-privé. Les formes de PPP adoptées dans ce
cadre diffèrent d‟un pays à l‟autre. En Espagne, l‟affermage est le montage qui a été adopté pour 28 projets (près de 50%
des projets de dessalement). Pour l‟Algérie, Israël et l‟Australie par exemples, ce sont plutôt des options de BOT qui ont été
retenues. Dans les pays de Golf, ce type de PPP prend aussi de l‟importance.
La tendance actuelle tend fortement vers des formes de PPP de type BOT pour les projets de dessalement pratiquement
partout dans le monde. C‟est la voie la plus efficace en termes d‟investissement, d‟efficacité de gestion, de qualité de service
et de partage des risques.
Le partenariat public-privé permet d‟assurer des services publics de qualité à un moindre coût pour la société et répondre,
ainsi, à la demande de la population d‟un maillage étroit du territoire en services modernes et adaptés. L‟autorité publique
peut ainsi favoriser la création et la modernisation d‟infrastructures et de services publics sans augmenter la fiscalité ou la
dette publique.
Mais le partenariat public-privé n‟est pas une simple question de financement. Il est aussi un moyen d‟utilisation optimale des
compétences propres aux entreprises privées et englobe la notion de prestation de service. L‟appel à des sociétés privées
permet de bénéficier de technologies modernes respectueuses de l‟environnement.
Le partenariat public-privé permet aussi un partage optimal des risques entre l‟autorité publique et les prestataires privés. Il
favorise une évaluation réaliste des coûts et le respect des délais agréés par les partenaires en début de contrat.
Enfin, il préserve le rôle de décideur, de force d‟impulsion et de contrôle de l‟autorité publique, qui ne perd pas l‟ensemble de
ses prérogatives. A l‟inverse, le partenariat protège les opérations de construction et d‟aménagement des aléas politiques
liés aux changements de majorité ou aux effets d‟annonce électoraux.
- Un contrat définissant le cadre d’accueil et les obligations des parties : Le partenariat public-privé doit reposer sur
des montages appropriés à chaque projet, et non sur des modèles rigides et préétablis. Le contexte juridique et
institutionnel doit être pris en compte dans la définition des rôles de chacun des partenaires. Ceux-ci doivent s‟assurer
préalablement de l‟acceptation politique et sociale du projet.
Le contrat doit permettre d‟intégrer les événements imprévus survenant en cours de réalisation. La régulation peut
reposer sur un organisme tiers indépendant.
- Un partage équitable des risques : La concession et en général toutes les activités économiques et financières
comprennent une prise de risque. Les projets font toujours intervenir plusieurs acteurs et des risques de différentes
origines. Le principe est de ne pas faire reposer tous les risques sur le même acteur, mais au contraire de les répartir
en fonction des compétences de chacun d'eux.
18
BOT : « Build, Operate, Transfer» : Construire, Exploiter, Transférer
116.
FINANCEMENT DES PROJETS DE DESSALEMENT DES EAUX
le risque économique et commercial, lié à la croissance économique et au développement urbain, dont les
variations par rapport aux prévisions engendrent des incertitudes sur l'utilisation du service et les revenus du
concessionnaire ;
le risque financier, lié à l'incertitude sur les taux d'intérêt qui évoluent entre le premier financement et les phases
de refinancement qui interviennent ultérieurement ;
les risques techniques, quand des surcoûts de construction ou d'exploitation apparaissent, soit à cause d'ouvrages
mal adaptés, soit à cause de mauvaises estimations économiques.
Chaque intervenant doit donc mesurer les paramètres techniques ou socio-économiques qui décrivent les risques qu'il
prend pour fournir une réponse adaptée et s'engager en toute connaissance de cause. Ensuite, débute une phase de
négociation juridico-financière sur les termes et clauses du contrat qui, " sur la base d'une étude reconnue par le
concédant et le concessionnaire pressenti ", détermine notamment la fréquentation par les usagers, les modalités de
financement, les éventuels problèmes juridiques ou fiscaux, la sensibilité de la rentabilité financière aux aléas (surcoûts,
fréquentation réelle, taux d'intérêt réels). C'est dans la détermination de ces clauses qu'apparaissent les différences de
financement entre les projets. Elle requiert le soin le plus important.
Un partenariat public-privé réussi repose sur la confiance réciproque des partenaires, ainsi que sur le respect du contrat
dans la durée, tant sur les dépenses initialement prévues que sur les obligations incombant à chacun des acteurs.
La rémunération du concessionnaire doit prendre en compte les risques qu‟il assume, tant dans les phases de
conception que de réalisation et d‟exploitation du projet. La puissance publique doit alors veiller lors de la rédaction des
clauses du contrat à identifier ces risques, évaluer leur impact, et pallier les effets négatifs en intégrant leur possible
survenue. Le contrat doit être un outil évolutif pour répondre à des circonstances nouvelles prévisibles.
- Un encadrement juridique stable et cohérent : L‟autorité publique doit préparer le cadre institutionnel et légal
nécessaire au développement d‟un partenariat public-privé. Ce cadre ne peut répondre à des modèles préétablis. Il doit
correspondre au contexte politique et social du pays. Une loi ad-hoc peut cependant être utile pour fixer les grands
principes juridiques nécessaires à la présence de partenaires privés. Cette loi doit notamment favoriser l‟investissement
par des règles claires et transparentes, associées à un contrôle juridictionnel indépendant et des garanties de non-
spoliation.
- Une structure adéquate de financement : Les financements classiques d‟opérations d‟investissements paraissent
souvent inadaptés aux niveaux des risques, des montants à investir et de la durée de rentabilisation espérée pour la
création de nouvelles infrastructures lourdes ou nombreuses à l‟échelle d‟un territoire. L‟intervention de l‟autorité
publique est toutefois indispensable, justifiée à la fois par l‟intérêt socio-économique des projets et par la nécessaire
impulsion à donner aux partenaires privés.
Une structuration ad-hoc peut utilement rassembler les apporteurs de fonds. Les outils financiers s‟avérant de plus en
plus complexes, une typologie devait être dressée de façon assez large pour couvrir les caractéristiques propres aux
différentes méthodes de financements de projets.
4. Le PPP au Maroc
Le PPP au Maroc a connu un essor très important depuis la dernière décennie, notamment dans les domaines de
concession des services publics d‟eau potable, d‟assainissement liquide et d‟électricité, de gestion des déchets solides et de
la propreté, des transports urbains, etc..
Hormis ces services publics, même le domaine de l‟irrigation a fait l‟objet d‟une expérience récente de gestion déléguée avec
la mise en œuvre d‟un projet PPP type BOT pour la sauvegarde de la zone agrumicole d‟El Guerdane sur 10.000 ha dans la
région de Souss-Massa, qui souffre d‟une pénurie d‟eau alarmante. Cette zone qui connaît une surexploitation de la nappe
phréatique bénéficie grâce à ce projet d‟un complément d‟irrigation à partir des eaux superficielles régularisées par les
barrages Aoulouz-Mokhtar Soussi. En fait, ce projet est une première mondiale dans le domaine de gestion déléguée du
service de l‟eau d‟irrigation d‟un périmètre où les réseaux d‟adduction et de distribution de l‟eau sont collectifs.
Dans le même sens, plusieurs études de structuration de projets PPP ont été lancées pour concéder la gestion du service
de l‟eau d‟irrigation dans les grands périmètres irrigués. Les études relatives aux périmètres du Loukkos, du Tadla, des
Doukkala et du Gharb sont lancées.
L‟expérience du projet d‟El Guerdane a montré que la réussite de la gestion déléguée du service de l‟eau d‟irrigation reste
subordonnée à une contribution publique consistante à l’investissement initial, qui peut atteindre jusqu‟à 50% de
117.
FINANCEMENT DES PROJETS DE DESSALEMENT DES EAUX
l‟investissement, condition sine qua none pour assurer un tarif d‟eau d‟irrigation viable pour les agriculteurs et
économiquement compétitif.
Plus encore, l‟Etat compte lancer un projet d’irrigation à partir de dessalement des eaux de l’océan atlantique pour
l‟irrigation de la zone de production des primeurs sur 10.000 ha dans la plaine des Chtouka dans la région de Souss-Massa,
dont l‟aquifère qui servait à l‟irrigation connaît un rabattement sans précédent de son niveau piézométrique et même une
intrusion inquiétante des eaux marines, et où les eaux de surface sont rares.
Ce projet, dont le volume à dessaler se situerait entre 55 et 80 millions de m3/an, sera réalisé par le biais d‟un partenariat
public-privé BOT, bien évidement avec une contribution financière importante de l‟Etat à la construction des infrastructures
de dessalement et de distribution de l‟eau d‟irrigation en vue de garantir un prix de l‟eau valorisable par la production
agricole dont une grande partie est destinée à l‟export.
Conclusion
Aujourd‟hui, les avantages du dessalement de l‟eau de mer pour la production d‟eau douce pour les différents usages ne
sont plus à démontrer. Cette technique constitue l‟unique solution pour beaucoup de pays et de régions qui souffrent de
manque d‟eau, et pourra même s‟ériger dans l‟avenir, avec la tendance inquiétante des changements climatiques, en
solution salutaire dans plusieurs endroits du monde.
Certes, à l‟image des autres types des grands projets d‟infrastructures, les projets de dessalement peuvent être réalisés
moyennant divers montages institutionnels et financiers, mais tenant compte de l‟importance des investissements qu‟ils
nécessitent, du haut niveau de technicité auquel font appel et de l‟importance des charges d‟exploitation et de maintenance
qu‟ils exigent, ces projets ont beaucoup plus de chance de réussite lorsqu‟ils sont réalisés et gérés dans le cadre de
partenariat public-privé. En effet, l‟implication du secteur privé permet une amélioration de l‟efficacité opérationnelle par la
maitrise des coûts d‟exploitation et de la productivité, l‟amélioration de la qualité du service et l‟amélioration de la
planification et l‟efficacité des investissements.
Malgré l‟importance de la forme BOT, le choix du type de partenariat public-privé pour la réalisation des projets de
dessalement reste tributaire des conditions spécifiques à chaque pays, chaque région et chaque localité en termes de
contraintes politiques, sociales, économiques et même culturelles. C‟est cela d‟ailleurs qui explique la multitude
impressionnante des formes de PPP qu‟on peut trouver à travers le monde.
Références :
Ministère de l‟Agriculture et de la Pêche Maritime. Etude de préfaisabilité d‟un projet d‟irrigation de la plaine des Chtouka à
partir du dessalement des eaux de mer, Administration du Génie Rural, 2009.
Ministère de l‟Agriculture, du Développement Rural et des Pêches Maritimes. Rapport des options stratégiques du projet El
Guerdane, Administration du Génie Rural, 2002.
Mohamed OUHSSAIN. Projet El Guerdane : quel type de partenariat pour l‟aménagement et la gestion des infrastructures
d‟irrigation?, 2001.
118.
ASPECTS JURIDIQUES ET INSTITUTIONNELS DE L‟EAU DESSALÉE
Maria BAHNINI19
INTRODUCTION
Le dessalement d‟eau de mer est un enjeu stratégique pour un grand nombre de pays en état de stress hydrique chronique.
Il représente une ressource alternative qui apporte des réponses aux besoins en eau à court et à long terme.
Les techniques de dessalement d‟eau de mer connaissent depuis le début des années 2000 un regain d‟intérêt et des
applications multiples à l‟échelle de la planète. En 1962 la production totale d‟eau douce provenant d‟installations de
dessalement était de 75.000 m3/jour. Il y a aujourd‟hui dans le monde plus de 7.500 unités de production d‟eau potable et
d‟irrigation à partir de l‟eau de mer. Les capacités moyennes d‟unités modernes sont de 200.000 à 300.000 m3/jour. Cette
exploitation exponentielle de l‟eau de mer a des implications juridiques, environnementales, sociales et stratégiques qui ne
sont pas abordées par les réglementations nationales
Plus la population augmente et plus les besoins en produits agricoles s‟accroissent. L‟agriculture représente aujourd‟hui 70%
de la consommation d‟eau dans le monde, devant l‟industrie (20%) et les besoins domestiques (10%).
Si le dessalement de l‟eau de mer permet à certains pays de faire face aux besoins en eau potable de leur population, en
revanche, le dessalement de l‟eau pour l'agriculture n'est pas encore rentable, et de loin : le prix de l'eau utilisée excède de
beaucoup la valeur des productions agricoles qu'elle rendrait possible. Par exemple la production d'une tonne de blé, valant
environ 100 €, nécessite environ 1 000 m² de terrain arrosés par environ 500 mm de pluie, soit 500 m3 d'eau, dont le coût
n'est pas moins de 250 $ dans le meilleur des cas.
Au Maroc, le dessalement de l‟eau de mer en est encore à des balbutiements et il n‟existe aucune réglementation spécifique
à ce secteur.
La loi n° 10-95 du 20 septembre 1995 pose en principe dans son article 1 : « L‟eau est un bien public et ne peut faire l‟objet
d‟appropriation privée sous réserve des dispositions du chapitre II ci-après »
Historiquement au Maroc, les Dahirs du 1er juillet 1914 sur le domaine public complété par ceux de 1919 et 1925 intègre
toutes les eaux quelle que soit leur forme au domaine public hydraulique.
La loi nouvelle vient refondre l‟ensemble de ces textes épars et les compléter.
- toutes les nappes d‟eau, qu‟elles soient superficielles ou souterraines ; les cours d‟eau de toutes sortes et les
sources de toutes natures ;
- lacs, étangs et sebkhas ainsi que les lagunes, marais salants et marais de toute espèce ne communiquant
pas directement avec la mer.
- puits artésiens, les puits et abreuvoirs à usage public réalisés par l‟Etat ou pour son compte ainsi que leurs
zones de protection délimitées par voie réglementaire.
- canaux de navigation, d‟irrigation ou d‟assainissement affectés à un usage public ainsi que les terrains qui
sont compris dans leurs francs-bords et dont la largeur ne doit pas excéder 25 mètres pour chaque franc Ŕ
bord ;
19
Docteur en droit. Conseiller juridique. E-mail : [email protected]
119.
ASPECTS JURIDIQUES ET INSTITUTIONNELS DE L‟EAU DESSALÉE
- digues, barrages, aqueducs, canalisations, conduites d‟eau et séguias affectés à un usage public en vue de la
défense des terres contre les eaux, de l‟irrigation, de l‟alimentation en eau des centres urbains et
agglomérations rurales ou de l‟utilisation des forces hydrauliques ;
- lit des cours d‟eau permanents et non permanents ainsi que leurs sources, celui des torrents dans lesquels
l‟écoulement des eaux laisse des traces apparentes ;
- berges jusqu‟au niveau atteint par les eaux de crues dont la fréquence est fixée par voie réglementaire pour
chaque cours d‟eau ou section de cours d‟eau
- francs-bords à partir des limites des berges.
Celui-ci est défini par la loi du 1er juillet 1914 article 1 comme étant :
- Le rivage de la mer jusqu‟à la limite des plus hautes marées ainsi qu‟une zone de 6 m mesurée à partir de
cette limite.
- Les rades ports havres et leurs dépendances
- Les phares, fanaux, balises et plus généralement tous les ouvrages destinés à l‟éclairage et au balisage des
côtes
Elle n‟est réglementée par aucun texte. En conséquence, peuvent effectuer des prises sur l‟eau de mer :
- Toutes les personnes physiques ou morales de droit privé ( sociétés, associations d‟usagers, d‟agriculteurs)
- Toutes les personnes publiques qui en ont la compétence juridique.
Il existe au Maroc plusieurs personnes morales de droit public impliquées dans la gestion de l‟eau. Mais seules deux d‟entre
elles ont compétences pour la production de l‟eau dessalée.
II.2.1. Les établissements publics chargés de la gestion de l’eau sans compétence pour la produire
Les établissements publics sont soumis au principe de spécialité et ne peuvent donc pas opérer de missions dont ils n‟ont
pas été spécifiquement chargés.
Pour renforcer le cadre institutionnel existant en matière de gestion de l‟eau, la loi du 16 août 1995 sur l‟eau a créé les
agences de bassin, espaces géographiques adaptés, qui ont pour mission, dans leur secteur territorial, d‟élaborer le plan
directeur d‟aménagement intégré de ressources en eau relevant de leur zone d‟action, de veiller à son application, de
planifier et de gérer les ressources en eau de façon décentralisée.
Leur compétence est confrontée à une double limite : la territorialité d‟une part et par leur objet d‟autre part qui est de
notamment:
- délivrer les autorisations et concessions d‟utilisation du domaine public hydraulique prévu dans le plan directeur
d‟aménagement intégré de ressources en eau relevant de sa zone d‟action,
120.
ASPECTS JURIDIQUES ET INSTITUTIONNELS DE L‟EAU DESSALÉE
- fournir toute aide financière et toute prestation de service, notamment d‟assistance technique aux personnes
publiques et privées qui en font la demande, soit pour prévenir la pollution des ressources en eau, soit en vue d‟un
aménagement ou d‟une utilisation du domaine public hydraulique,
- réaliser toutes les mesures piezométriques et de jaugeage, hydrologiques, hydrogéologiques de planification et de
gestion de l‟eau au plan qualitatif et quantitatif,
- réaliser toutes les mesures de qualité et d‟appliquer les dispositions de la présente loi et des autres lois relatives à
la protection des ressources en eau et à la restauration de leur qualité, en collaboration avec l‟autorité
gouvernementale chargée de l‟environnement,
- proposer et de prendre les mesures adéquates, d‟ordre réglementaire notamment, pour assurer
l‟approvisionnement en eau en cas de pénurie ou pour prévenir les risques d‟inondation,
- gérer et contrôler les ressources en eau mobilisées,
- réaliser les infrastructures nécessaires à la prévention et à la lutte contre les inondations,
- tenir un registre des droits d‟eau reconnus, des concessions et autorisations de prélèvement d‟eau accordées.
- gérer la pénurie d‟eau lorsque celle-ci est déclarée.
Leur loi de création n‟en fait pas des producteurs potentiels d‟eau dessalée. (art 20 de la loi du 16 août 1996)
Dans sa zone d‟action et dans le cadre de sa mission générale de mise en valeur agricole l‟Office est essentiellement chargé
de :
- exploiter les ressources en eau à usage agricole qui lui sont attribuées. Les articles 4 des décrets royaux portant
création des différents offices régionaux de mise en valeur agricole précisent que “ Les ressources en eau
destinées à usage agricole dans les limites de sa zone d‟action sont affectées globalement à l‟office régional par
décret pris sur proposition conjointe des ministres de l‟agriculture et des travaux publics.
- exécuter les infrastructures d‟irrigation
- exploiter les ouvrages publics d‟irrigation situés dans sa zone d‟action.
- gérer le domaine public hydraulique qui lui est affecté sur délégation de pouvoir du ministre de l‟Equipement.
“ L‟office régional peut disposer par délégation du ministre des travaux publics des pouvoirs reconnus à ce dernier
par le dahir du 11 moharrem 1934 (1 août 1925) sur le régime des eaux. (Art 4 précité). Là aussi, les ORMVA
Là aussi, force est de constater que les ORMVA n‟ont pas compétence pour produire de l‟eau dessalée.
II.1.2. Les personnes morales de droit public ayant compétence pour produire de l’eau dessalée
Parmi les personnes publiques qui peuvent procéder au dessalement de l‟eau de mer, il y a le Secrétariat d‟État chargé de
l‟eau et bien entendu l‟office national de l‟eau potable (ONEP).
Le Secrétariat d‟Etat chargé de l‟eau a des compétences très larges. Toutefois, ses missions principales sont :
- la recherche et l'évaluation des ressources en eau ;
- la veille météorologique et l‟information sur l‟évolution du climat ;
- la planification du développement des ressources en eau ;
- la mobilisation et le transfert d‟eau
- la gestion des ressources en eau ;
- la sauvegarde du patrimoine hydraulique (ressources en eau et infrastructure) ;
- la recherche-développement dans les domaines du climat et de l‟eau;
Le Secrétariat d‟État chargé de l‟eau a donc pour mission de satisfaire les besoins en eau de plus en plus croissants des
secteurs usagers à travers la mobilisation des eaux de surface, la recherche d‟eau souterraine et l‟exploitation des
ressources en eau non conventionnelles. À ce titre, il peut donc effectuer des opérations de dessalement d‟eau de mer.
Il doit également assurer l‟accès équilibré au service de l‟eau au profit de l‟ensemble des régions du pays notamment à
travers la réalisation d‟importants ouvrages de transfert d'eau.
121.
ASPECTS JURIDIQUES ET INSTITUTIONNELS DE L‟EAU DESSALÉE
b) L’ONEP
À ce titre, il peut effectivement produire de l‟eau dessalée pour l‟alimentation en eau potable des populations rurales et
urbaines.
L‟ONEP a d‟ailleurs déjà lancé un appel d‟offres pour la réalisation d‟une étude de faisabilité du dessalement d‟eau de mer
pour le renforcement de l‟alimentation en eau potable des villes de Tiznit et Sidi Ifni et des centres et douars avoisinants.
Si la prise d‟eau sur la mer n‟est pas réglementée, en revanche, l‟occupation du domaine public maritime pour l‟installation
des unités de productions de l‟eau dessalée, est elle réglementée par le dahir du 30 novembre 1918 relatif aux occupations
temporaires du domaine public. Elle nécessite, quel se soit le producteur :
- Une autorisation d‟occupation du domaine public à demander auprès du ministère de l‟équipement
- Le paiement d‟une redevance annuelle à l‟Etat
- Le contrôle et la surveillance de l‟occupation.
Tous les producteurs d‟eau dessalée doivent donc demander une autorisation qui peut être accordée pour une durée limitée
et qui fixe la nature, les dimensions et les dispositions des ouvrages à établir et les conditions à observer dans leur
fonctionnement et leur exploitation. L‟autorisation fixe également les délais dans lesquels les ouvrages devront être entrepris
et achevés. L‟occupant ne pouvant les modifier sans autorisation préalable de l‟Administration.
Par ailleurs, l‟Administration a un droit permanent de surveillance et de contrôle sur la parcelle occupée.
L‟eau très salée rejetée en mer lors du processus de dessalement de l‟eau de mer menace les écosystèmes marins.
La production d‟eau dessalée entraîne également un rejet des saumures concentrées (et chaudes dans le cas de la
distillation) en mer ou injectées dans le sol, nécessite l‟emploi de produits chimiques pour nettoyer les membranes et laisse
des traces de métaux lourds échappés des installations. Cette activité n‟est donc pas sans conséquence sur l‟environnement
et implique, avant tout commencement d‟exécution une étude d‟impact environnemental et , dans le cadre de la loi n° 11-03
du 9 juin 2003 relative à la protection et la mise en valeur de l‟environnement, l‟obligation de gérer les résidus (concentrat)
pour améliorer le bilan environnemental.
Aux termes de cette loi, tous projets d‟activités, de travaux, d‟aménagement et d‟ouvrages, entrepris par toutes personne
physique ou morale, privée ou publique, qui en raison de leur nature, de leur dimension et de leur lieu d‟implantation dans
des zones sensibles ou protégées, doivent faire l‟objet d‟une étude d‟impact sur l‟environnement. L‟étude d‟impact a pour
objet d‟évaluer de manière préalable les répercussions éventuelles et les effets directs et indirects du projet sur
l‟environnement, la faune, la flore, le sol le milieu naturel et les équilibres biologiques.
Sans que l‟activité de dessalement d‟eau de mer ne soit expressément mentionnée dans la liste des activités soumises à
étude d‟impact environnemental par la loi précitée, il n‟en demeure pas moins que, l‟eau très salée rejetée en mer lors du
processus de dessalement de l‟eau de mer menace les écosystèmes marins et justifie l‟obligation d‟une étude d‟impact
environnemental qui définit les mesures prises pour supprimer, réduire ou compenser les conséquences dommageables du
projet sur l‟environnement.
Chaque projet donne lieu à une enquête publique et l‟autorisation de tout projet soumis à étude d‟impact environnemental
est soumise à une décision d‟acceptabilité environnementale délivrée par le comité national ou les comités régionaux
d‟études d‟impact sur l‟environnement. L‟administration prend toutes les dispositions pour que les informations et les
conclusions relatives à l‟étude d‟impact sur l‟environnement soient accessibles au public pendant toute la durée de l‟enquête
publique à l‟exception de celles jugées confidentielles.En cas d‟infraction aux dispositions de la loi les sanctions peuvent
122.
ASPECTS JURIDIQUES ET INSTITUTIONNELS DE L‟EAU DESSALÉE
aller jusqu‟à l‟arrêt des travaux, la destruction des constructions et des installations, et l‟interdiction des activités contraires à
la loi.
Le dessalement de l‟eau de mer, par les rejets lors du processus de production d‟eau douce menace, nous l‟avons vu les
écosystèmes marins. Le dessalement est donc polluant.
La loi a pour objectif de protéger l‟environnement contre toutes formes de pollution et de dégradation quelle qu‟en soit
l‟origine et de mettre en place un régime spécifique de responsabilité garantissant la réparation des dommages et
l‟indemnisation des victimes.
Cette loi définit la pollution marine comme étant notamment : » tout déversement ou toute introduction en mer , directement
ou indirectement d‟un produit susceptible d‟endommager les êtres vivants et les végétaux marins… »
Elle interdit tout rejet liquide ou gazeux d'origine quelconque dans le milieu naturel, susceptible de nuire à la santé de
l'homme ou à la qualité de l'environnement en général et qui dépasse les normes et standards en vigueur.
La loi prévoit que les conditions d‟exploitation, de mise en valeur et de développement des ressources du littoral dont fait
partie le dessalement de l‟eau de mer seront fixées par voie réglementaire. Elles ne le sont toujours pas.
La loi impose à tout auteur d'une infraction, ayant eu pour conséquence une dégradation de l'environnement, de remettre en
l'état l'environnement lorsque cette remise en l'état est possible, le tout sans préjudice de l'application des sanctions pénales
prévues par la législation en matière de réparation civile.
L'administration fixe dans chaque cas les objectifs de remise en l'état de l'environnement à atteindre et les dates d'exécution
des opérations de mise en valeur de l'environnement. A l'issue des travaux, elle procède à un examen des lieux et prend une
décision donnant quitus lorsque les travaux accomplis sont conformes à ses prescriptions.
En revanche, aucune législation spécifique concernant la potabilité de l‟eau issue de ces traitements n‟existe.
Tous ces textes restent des textes généraux applicables à toute forme de pollution. Ils ne sont pas particulièrement ajustés à
la pollution entraînée par le dessalement de l‟eau de mer.
La production pour compte propre implique la gestion pour compte propre. Toute personne physique ou morale privée qui
procède au dessalement de l‟eau de mer pour son compte propre, eau industrielle ou eau agricole, gère cette eau comme
elle l‟entend. Elle peut l‟utiliser pour ses besoins propres comme elle peut en céder tout ou partie .Aucune législation et
aucune réglementation autres que celles mentionnées ci-dessus ne leur est applicable.
Le cas est jusqu‟à aujourd‟hui un cas d‟école.
Lorsque l‟eau dessalée doit alimenter les populations citadines ou rurales, sa gestion et le contrôle de sa qualité relève
exclusivement de l‟ONEP quel qu‟en soit le producteur.
La gestion et la distribution des eaux dessalées d‟irrigation relève en principe de la compétence des ORMVA ou des
concessionnaires ou délégataires de gestion auxquels ils auraient confié la gestion des eaux d‟irrigation. L‟eau dessalée
doit être mise à la disposition de l‟ORMVA qui se charge de la distribution auprès des agriculteurs.
CONCLUSION
En conclusion, il n‟existe dans le corpus législatif et réglementaire marocain aucun texte spécifique à la production ou à
l‟utilisation de l‟eau dessalée. Les textes applicables à la production ou à la gestion de l‟eau dessalée sont les textes
généraux relatifs à l‟occupation du domaine public, à la protection de l‟environnement et aux textes de création des
personnes publiques impliquées, à un titre quelconque, dans la gestion de l‟eau.
Il est donc nécessaire de mettre en place une réglementation spécifique portant notamment sur :
123.
ASPECTS JURIDIQUES ET INSTITUTIONNELS DE L‟EAU DESSALÉE
- L‟étude de la légitimité des projets eu égard en terme de besoin d‟eau douce et des usages qui en seraient faits
Ces usages devront être compatibles avec les critères du développement durable urbain, périurbain et agricole
ainsi qu‟avec les objectifs nationaux d‟économie et de répartition équitable des ressources aquatiques.
- Les implantations d‟entreprises exerçant des activités de dessalement d‟eau de mer
- L‟étude d‟impact des prises d‟eau de mer sur l‟environnement marin en particulier sur les œufs, larves, alevins, et
tous les organismes planctoniques constituant la base des chaînes alimentaires marines.
- La gestion des déchets liquides et solides induits par les usines de dessalement et les sources d‟énergie et les
procédés techniques qu‟elles utilisent.
Les modalités de surveillance et de protection vis-à-vis des pollutions involontaires ou volontaires de la ressource en eau
exploitée par l‟usine de dessalement.
124.
IMPACT ENVIRONNEMENTAL DU DESSALEMENT : CONTRAINTES ET AVANCÉES
Résumé
Le développement durable est à la confluence de trois préoccupations, dites "les trois piliers du développement durable".
Le Développement Durable répond à de multiples enjeux, enjeux globaux définis par les accords de Kyoto, déclinés dans le
sixième programme européen et dans la réglementation,… et plus localement région par région, bassin versant par bassin
versant. La complexité réside en l‟intégration de tous ces enjeux. C'est ainsi que d'ici 2020, l'Europe s'est engagée à suivre
la règle de 3 x 20 :
- 20% de réduction de l'émission de gaz à effet de serre,
- 20% d'augmentation de l'efficacité énergétique,
- 20% d'utilisation d'énergie renouvelable.
Dans ce contexte, le dessalement, utilisé comme "ressource alternative" d'eau douce doit être évalué objectivement en
termes d'impacts environnementaux. Le présent article a pour but de faire un point sur les dernières avancées dans ce
domaine : réduction de la consommation énergétique, utilisation d'énergie renouvelable, gestion des sous-produits, maîtrise
des rejets dans le milieu naturel.
Introduction
Nous sommes aujourd‟hui 6 milliards sur Terre et en 2050, c‟est-à-dire demain, nous serons 9 milliards, concentrés à 70 %
dans les villes. La pression sur les ressources planétaires en sera d‟autant plus importante alors que nous observons déjà
des signes de pénurie avec des tensions fortes sur les marchés des matières premières.
L‟intense activité humaine de ces 100 dernières années s‟est appuyée sur l‟énergie fossile, entrainant un changement
climatique qui menace directement notre mode de vie, certains écosystèmes et pire encore certaines populations. Cette
même activité humaine menace gravement les sols qui sont frappés par l‟érosion, la diminution de la teneur en matière
organique ou encore la salinisation.
20
Expert technique Energie, Direction Technique Groupe, Degrémont, France. E-mail : [email protected]
21
Expert technique spécialisé dans le traitement d'eau potable, le dessalement et la réutilisation des eaux au sein de la Direction Technologie et Innovation
de la Société Degrémont, France. E-mail : [email protected]
125.
IMPACT ENVIRONNEMENTAL DU DESSALEMENT : CONTRAINTES ET AVANCÉES
La double croissance économique et démographique de notre planète a pour conséquence une pression importante sur
l‟ensemble des ressources naturelles. Jamais les tensions sur les matières premières n‟ont été aussi fortes. La planète
connaît également des situations localisées de stress hydrique : la demande en eau dépasse la quantité disponible
localement, ou bien les pollutions rendent la ressource inutilisable. [1]
Dans ce contexte difficile, et afin de faire face à des situations locales d'urgence, la production d'eau potable a partir d'eau
de mer présente une solution mise en œuvre depuis plus près de 40 ans. Utilisé hier pour répondre à des problématiques
ponctuelles de zones pratiquement dépourvues de ressources d'eau douce (iles ou zones désertiques), le dessalement est
aujourd'hui mis en œuvre pour l'alimentation de zones urbaines dans des régions dont les ressources naturelles s'épuisent
car soumises à une pression humain et/ou à un stress hydrique marqué (réduction des précipitations, augmentation de
l'évaporation, impact négatif de l'activité humain sur le cycle naturel de l'eau dans un bassin versant).
Avec plus de 2.4 milliards de personnes vivant près d‟une mer, le dessalement de l'eau de mer apparaît comme une
alternative, qui alimente déjà plus de 200 millions d‟habitants. Plus de 1% de la production d‟eau potable mondiale est
produite par dessalement.
Fortement consommatrice d'énergie, générant des rejets liquides, du bruit ou des rejets chauds, le dessalement n'est pas
neutre en termes d'impacts environnementaux. Les procédés se sont toutefois améliorés ces 20 dernières années pour
limiter ces impacts et trouver des solutions durables.
1- Dessalement et énergie
Des solutions de traitement d'eau saumâtre ou d'eau de mer sont de plus en plus souvent mises en œuvre pour faire face à
la demande en eau croissante dans certaines parties du monde, régions soumises au stress hydrique et dont les ressources
en eau sont limitées en qualité et/ou en quantité. Les procédés de dessalement évoluent, évolutions poussées par des
contraintes de coûts et de disponibilité des ressources énergétiques. Leur développement s'est accompagné ces dernières
années d'une évolution des procédés et des équipements afin de réduire de façon drastique la consommation électrique :
évolution des performances des membranes d'osmose inverse, pompage et mise en œuvre de systèmes de récupération
d'énergie.
Il existe principalement deux procédés de dessalement utilisés à l'échelle industrielle pour produire de l'eau douce à partir
d'eau de mer : les procédés thermiques et les procédés membranaires.
Les procédés de distillation consomment une énergie importante (de 8 à 25 kWh/m 3 équivalent électrique), qui se
décompose en énergie thermique nécessaire à la distillation proprement dite, et en énergie électrique afin d'assurer la
fonction de transport (pompage d'eau brute, de concentrat, d'eau de refroidissement, de distillat). Le développement de ces
procédés était généralement rendu possible par leur couplage avec d'autres applications productrices de chaleur, tel que la
production d'électricité à partir d'énergie fossile (gaz, pétrole). Ce couplage nécessite une localisation physique à proximité
des installations produisant vapeur ou eau chaude, traditionnellement alimentées à partir d'énergie fossile (gaz ou fioul). Le
coût de l'énergie doit alors intégrer le coût de l'électricité, généralement faible de part la proximité des installations de
production, et le coût de l'énergie thermique calculé en fonction de la non production de l'énergie électrique qu'elle
représente.
L'énergie nécessaire au procédé d'osmose inverse peut quant à elle se décomposer suivant 4 fonctions :
- vaincre la pression osmotique au niveau de la membrane, cette pression osmotique étant liée à la concentration et
à la nature des sels présents dans l'eau à traiter, mais aussi au taux de conversion appliqué au système, et à
l'hydraulique (limitation de la couche de polarisation au voisinage de la membrane),
- vaincre la résistance de la membrane à l'écoulement de l'eau, définie par la perméabilité de la membrane
d'osmose inverse, et dépendante de la température de l'eau,
- prétraitement, opérations unitaires de clarification et/ou de précipitation,
- transport, pompages d'eau brute, d'eau traitée.
En dehors du refoulement de l'eau traitée sur le réseau de distribution, qui peut représenter une part non négligeable de
l'énergie, les principaux postes de consommation d'énergie d'une installation se concentrent essentiellement dans la partie
haute pression de l'usine (Figure 1).
126.
IMPACT ENVIRONNEMENTAL DU DESSALEMENT : CONTRAINTES ET AVANCÉES
Osmose inverse
eau de mer
(50-80%)
Figure 2 : Répartition de la consommation d'énergie sur une installation de dessalement par osmose inverse
1-3- Focus sur le dessalement par osmose inverse : amélioration des performances
Fin des années 70, les premiers systèmes utilisés étaient basés sur des technologies de pompes inversées ou de turbines
Pelton, systèmes permettant des rendements de récupération d'énergie de l'ordre de 80-85%. Les premiers systèmes
d'échangeur de pression sont apparus dans les années 80, mais n'ont réellement été appliqués sur des installations de
grande capacité de production qu'au début des années 2000. Machines à déplacement positif ou rotative, elles ont des
rendements de récupération plus élevés, de 94 à 97%, permettant de réduire la consommation d'énergie de 0.4 à 0.7
kWh/m3 d'eau dessalée par rapport au système à turbine.
Essentiellement d'origine électrique, l'énergie consommée par le procédé d'osmose inverse permet un couplage avec une
gamme plus large de source d'énergie (énergie éolienne, énergie photovoltaïque,…). Alimentées à partir du réseau
électrique, les usines de dessalement peuvent ainsi être localisées à proximité des ressources en eau brute et des
consommateurs d'eau potable.
127.
IMPACT ENVIRONNEMENTAL DU DESSALEMENT : CONTRAINTES ET AVANCÉES
En parallèle aux travaux de réduction de la consommation énergétique des installations de dessalement, des études se sont
déroulées afin de mieux maîtriser les paramètres liés à l'énergie électrique.
Un ensemble de mesures est mis en œuvre afin de mieux maîtriser les gros consommateurs d'énergie d'une installation de
dessalement par osmose inverse :
- La diminution de la consommation d‟énergie réactive est possible grâce à l‟installation de capacités sur le réseau de
distribution de l‟usine.
- L‟emploi des variateurs de vitesse pour les pompes dont le débit et/ou la pression sont variables permet d‟actionner
les trois leviers en :
Diminuant la consommation d‟énergie grâce à une adaptation optimale de la vitesse au régime de
fonctionnement de la pompe,
Réduisant la consommation de puissance réactive en faisant passer le facteur de puissance de moins de 0,9
à plus de 0,95,
Diminuant les pointes de consommation au démarrage des moteurs grâce à la montée en vitesse progressive
de la pompe.
- Pour les moteurs à fonctionnement fréquent (>4000 heures/an) le rendement minimum des moteurs électriques
utilisés est systématiquement spécifié au fournisseur de l‟ensemble électromécanique, en utilisant par exemple la
prescription pour les moteurs à haut rendement EFF1 pour les moteurs basse tension jusqu‟à 90 kW. L‟utilisation de
moteurs à haut rendement en moyenne et basse tension permet de réduire de 2 à 5% la consommation électrique
des moteurs.
- Enfin, une attention particulière est portée à la maîtrise de la distorsion harmonique à l‟intérieur du réseau électrique
de l‟usine. Ces courants et tensions harmoniques principalement générés par les variateurs de vitesse doivent voir
leur niveau limité par l‟emploi de filtres série sur les variateurs de vitesse ou de filtre passif shunt sur les tableaux
électriques. L‟utilisation de ces filtres limitant la pollution harmonique réduira les pertes Joule supplémentaires et
augmentera le rendement des moteurs. Au-delà des gains énergétiques, l‟installation de ces filtres augmentera la
durée de vie de l‟installation.
Grâce aux dispositifs de mesure et comptage d‟énergie disposés dans l‟usine, la consommation et la puissance des pompes
haute pression et des autres consommateurs est transmise et enregistrée grâce au logiciel AQUACALC® développé par
Degrémont. Le logiciel permet d‟éditer automatiquement et à distance grâce à une interface de type internet explorer® les
principales données énergétiques de l‟usine. Le logiciel établit des ratios d‟intensité énergétique (kWh/m3) et permet d‟éditer
automatiquement des bilans énergétiques d‟exploitation.
Degrémont a réalisé une étude exhaustive des différentes énergies renouvelables pour en vérifier l‟applicabilité dans le
cadre d‟une usine d‟osmose inverse et le potentiel de couverture du bilan énergétique de l‟usine pour chacune d‟entre elles.
Les conclusions sont listées dans le tableau 2.
Des outils d‟aide à la décision ont été réalisés pour l‟utilisation de l‟énergie hydraulique du concentrât, de l‟énergie solaire et
de l‟énergie éolienne. Par exemple, en fonction de la topographie du site et grâce à cet outil, la possibilité d‟installer une
turbine hydraulique pour valoriser l‟énergie électrique lors de la restitution du concentrât au milieu naturel sera étudiée.
128.
IMPACT ENVIRONNEMENTAL DU DESSALEMENT : CONTRAINTES ET AVANCÉES
Tableau 2 : Etude des différentes énergies renouvelables applicable à une installation de dessalement par osmose
inverse
129.
IMPACT ENVIRONNEMENTAL DU DESSALEMENT : CONTRAINTES ET AVANCÉES
La consommation électrique d‟une usine de production d‟eau potable de 140 000 m³/j (cas de l'installation de Perth en
Australie) est de l‟ordre de 560 MWh/j soit 210 GWh/an. Il faudrait, pour produire l‟énergie correspondante une surface de
plusieurs dizaines d‟hectares de panneaux solaires photovoltaïques. L‟alimentation globale d„une station de ce type par
panneaux solaires photovoltaïque se heurte donc aujourd‟hui à des obstacles techniques et financiers.
L‟usine de dessalement si elle est associée à une ferme éolienne n‟augmente ni les émissions de gaz à effet de serre ni la
dépendance vis-à-vis des combustibles fossiles ou fissiles. Dans le cadre de l'installation de dessalement de Perth, le projet
de construction de l‟usine a été associé à la construction d‟un parc de 48 éoliennes représentant une puissance installée de
80MW, plus de 3 fois la demande d'énergie de l'installation de dessalement (figure 3).
La consommation d‟énergie de l'installation de dessalement de Perth représente légèrement plus de 30% de la production
d‟énergie du parc éolien d'Emu Downs. Il est donc possible de compenser la consommation d‟énergie d‟une usine de
dessalement par l‟installation parallèle d‟une centrale éolienne de grande puissance produisant une énergie renouvelable.
Des études sont également menées en partenariat avec les filiales spécialisées en Energies Renouvelables du groupe GDF
SUEZ pour valoriser et exploiter l‟énergie de la mer (énergie houlomotrice, énergie des mers) ou du soleil
(héliothermodynamique).
2- Les Rejets
2-1- Quantité de saumure produite par les installations de dessalement d'eau de mer
Les deux procédés de dessalement d'eau de mer, distillation et séparation par membrane, génèrent tous les deux des
saumures, concentrés des sels présents dans la mer. A titre d'exemple, pour produire par dessalement d'eau de mer les 2 L
de consommation journalière d'eau de d'alimentation, il faut dessaler environ 4 L d'eau de mer, ce qui conduit au rejet de
160 g de sels, environ 20 fois le besoin journalier d'une personne.
Ces sels sont le plus souvent rejetés dans le milieu naturel, et ceci pour plusieurs raisons :
- l'évaporation totale des saumures génèrerait une surconsommation d'énergie,
- la production de sels dépasserait la capacité d'utilisation humaine, entrainant le stockage à haut risque de
lixiviation de millions de tonnes de sels (une installation de 50 000 m 3/j d'eau dessalée produit environ 400 t
de sels par jour),
- le cout des installations d'évaporation rendrait le dessalement inaccessible économiquement.
130.
IMPACT ENVIRONNEMENTAL DU DESSALEMENT : CONTRAINTES ET AVANCÉES
Afin de limiter l'impact environnemental du rejet de ces saumures, des études ont été et sont encore menées sur différents
sites. La solution adoptée aujourd'hui est la mise en place de systèmes de diffuseurs afin de maîtriser la dilution de la
saumure avec l'eau de mer, limitant spatialement la zone impactée.
C'est la solution qui a été adopté sur l'installation de dessalement de Perth. L'installation dispose d'une licence d'exploitation
assujettie à une obligation de performance liée à la gestion de ses rejets en mer. Le système de dilution doit permettre
d'atteindre un taux de dilution de 45 à 50 m autour du point de rejet. Le système de diffusion a été dimensionné avec l'aide
d'une modélisation assistée par ordinateur (CFD). Les résultats ont été validés par une maquette réalisée à l'échelle 1:15
(figure 4).
Après mise en route de l'installation, la performance des diffuseurs a été par la suite validée par l'Université d'Australie de
l'ouest [4], en utilisant des mesures de salinité autour du point de rejet, ainsi qu'un test de diffusion à la rhodamine (Figure 5).
Le taux de dilution mesuré a été de 50 à 120 en fonction du sens du courant.
Figure 5 : Test de validation du modèle de diffusion par traçage hydraulique à la rhodamine des concentrats de
l'installation de Perth [4]
2-3- Etude de la toxicité des rejets salée sur la faune et al flore aquatique
Différents tests de toxicité ont été réalisés sur les principales espèces caractéristiques du point de rejet en mer [6], durant la
période de mise en route de l'installation et après 12 mois de fonctionnement. Le principal objectif était de déterminer le taux
de dilution minimum nécessaire avant d'observer un impact environnemental.
131.
IMPACT ENVIRONNEMENTAL DU DESSALEMENT : CONTRAINTES ET AVANCÉES
Les tests ont été réalisés sur différentes espèces, tests de germination de macro-algues, développement de larves de
moule, développement d'algues unicellulaires, reproduction de copépodes et développement d'alvins.
Ces tests ont abouti à un taux de dilution minimum de 15, avec une protection des espèces de 99% (intervalle de confiance
de 50%), taux de dilution bien en deçà de l'objectif de 45 fixé pour le dimensionnement du système de rejet en mer.
Différentes paramètres, turbidité, pH, température, oxygène dissous et potentiel redox sont analysés en continue dans le
concentrat de l'installation avant rejet en mer.
Le site de rejet est aussi soumis à une contrôle en continue de différents paramètres tel que la conductivité. Enfin,
l'inspection périodique du site (Figure 6) montre que les systèmes de diffuseur eux même ont été colonisés par la vie marine,
et sont aujourd'hui entourés d'une population active de poissons.
Figure 6 : Vie marine autour des systèmes de diffusion du concentrat (Perth, Australie)
Les systèmes de prétraitement de l'eau de mer avant dessalement ont pour but d'éliminer les matières en suspension et le
plancton qui sont susceptibles de colmater les installations de dessalement. Les prétraitements mis en œuvre sont des
techniques de clarification proches de celles employées de façon conventionnelle pour la potabilisation des eaux douces
(coagulation, décantation ou flottation, filtration). Autrefois rejetés en mer, les résidus de ces prétraitements ont impacté la
flore et la faune au point de rejet, impact essentiellement lié à la turbidité des effluents rejetés qui perturbaient la
photosynthèse et donc la production primaire.
Aujourd'hui, les installations sont équipées de traitement des boues de ces prétraitements : épaississement et
déshydratation par centrifugation, comme c'est le cas à Perth (Figure 7).
Figure 7 : Perth – filière de traitement des eaux de lavage des filtres du prétraitement (clarification épaississement
sur Densadeg, déshydratation par centrifugation)
La température représente un impact spécifique des traitements de distillation. Autrefois ignoré, cet impact a été à l'origine
de dégradation de la faune et de la flore au point de rejet des concentrats de ces installations. Aujourd'hui, la température au
point de rejet est généralement réglementée, avec une limite d'augmentation de 2 à 7°C suivant les législations. La
dissipation thermique est là aussi réalisée par dilution avant rejet dans le milieu naturel. Des études hydrauliques sont
132.
IMPACT ENVIRONNEMENTAL DU DESSALEMENT : CONTRAINTES ET AVANCÉES
réalisées afin d'évaluer la dissipation des calories en mer à partir du point de rejet, en utilisant là aussi des outils de
modélisation assistés par ordinateur.
D'autres impacts environnementaux existent. Le bruit, généré principalement par les pompes haute pression et certains
systèmes de récupération d'énergie tels que les turbines. Plusieurs modes de gestion existent tel que le confinement dans
une salle dédiée ou par capotage des équipements.
Les procédés de dessalement ont un impact environnemental significatif, récapitulé dans le tableau 3. Il est à noter que des
efforts importants ont permis de réduire de façon très importante les principaux paramètres :
- la consommation énergétique du dessalement par osmose inverse a été divisée par un facteur 3-4 ces 15
dernières années,
- le couplage à des sources d'énergie renouvelable, comme c'est le cas à Perth, permet de diminuer fortement
la production de gaz à effet de serre associée à ces procédés,
- les études d'impact sur le milieu ont permis de développer et d'appliquer des systèmes de dilution, limitant
fortement l'effet sur la faune et la flore du milieu naturel au environ du rejet, dilution qui a d'ores et déjà
démontré son efficacité.
CONCLUSIONS
Le développement du marché du dessalement, tiré par la demande en eau de plus en plus grande de zones de
développement soumises au stress hydrique ainsi que l'augmentation du cout de l'énergie nécessitent une optimisation de
plus en plus fine de la consommation énergétique des procédés de dessalement. Le développement de nouvelles
technologies de récupération d'énergie, associés à une amélioration continue des caractéristiques des membranes et des
équipements annexes (pompe, inox) ont fait du dessalement par osmose inverse un procédé de choix en matière de
dessalement d'eau de mer.
L'eau de mer demeure une ressource alternative fortement consommatrice d'énergie, qui devra être explorée comme
alternative aux autres ressources, eaux continentales de surface ou souterraines, réutilisation des eaux résiduaires ou dans
un souci de diversification et de sécurisation de l'approvisionnement en eau d'une communauté.
L'évaluation de l'impact environnemental passe par une meilleure gestion des rejets, action sur la faune et la flore des
saumures, diffusion, suivi des populations dans leur environnement, contrôle drastique des rejets, traitement des rejets de
prétraitement.
La maîtrise de la consommation d'énergie, l'emploi de source d'énergies alternatives et le suivi en continue de l'impact des
rejets de concentrat sur l'environnement sont aujourd'hui au cœur des préoccupations des acteurs du monde de l'eau.
L'exemple de Perth en Australie illustre parfaitement ce point, l'approvisionnement énergétique étant assuré sur ce site par
un champ d'éoliennes, des outils modernes de management de l'énergie ayant été développés pour assurer une maitrise de
la consommation d'électricité sur le site de production, et un suivi rigoureux des rejets et de leur impact sur le milieu étant
réalisé.
133.
IMPACT ENVIRONNEMENTAL DU DESSALEMENT : CONTRAINTES ET AVANCÉES
BIBLIOGRAPHIE
1- Charte Suez Environnement, 4 priorités, 12 engagements pour une contribution active au développement durable, sept.
2008.
2- M.A. Sanz, Technologies de dessalement : l'énergie comme moteur du développement, Séminaire international sur le
dessalement des eaux, Tunis, 30 juin 2008,
3- M.A. Sanz, N. Winsor, G. Crisp, V. Bonnélye, Perth Reverse osmosis Project: Potable Water from Sea to Wind,
conference IDA, Las Palomas, Septembre 2007.
4- P. Okely, J.P. Antenucci, J. Imberger, C.L. Marti, “Field investigations into the impact of the Perth Seawater Desalination
Plant discharge on Cockburn Sound”, Centre for Water Research, University of Western Australia, June 2007, WP2150PO
5- D. Luketina, S. Christie, Marine Impact Ŕ Proving the models, AWA De-salting Ŕ Seawater and Brackish Water
Conference, Perth, Sept. 2008.
6- J Woodworth, “Marine Toxicity Tests Ŕ Report prepared for the Water Corporation” Geotechnical Services, December
2007
134.
ASPECTS ENERGETIQUES DU DESSALEMENT PAR OSMOSE INVERSE
Michel MORILLON22
PLAN
I : Evaluation de la consommation
énergétique du dessalement
2 - Influence de la consommation électrique sur les 3 - Influence de la consommation électrique sur les
coûts du dessalement impacts environnementaux du dessalement
Coût moyen de l’eau produite par O.I. sur les grandes usines : entre 0,5 et 1,0 $/m3
Répartition de la consommation électrique du cours du cycle de vie de la filière de
Énergie > 50% du coût d’exploitation dessalement
9% produits chimiques
Traitement d'eau
80%
renouvellement des P ro ductio n de
membranes pro duits chimiques
53%
9% maintenance 2%
P o mpage no urricier
personnel
9%
Co nstructio n de Exhaure de l'eau
14%
l'usine et po table
remplacement des 8%
membranes
Figure 1 : Répartition des coûts d'exploitation moyens sur une usine de 1%
22
Expert en dessalement, société VEOLIA EAU, France.
135.
ASPECTS ENERGETIQUES DU DESSALEMENT PAR OSMOSE INVERSE
4 - Où est consommée l’énergie au sein de la filière de 4 - Où est consommée l’énergie au sein de la filière de
dessalement par O.I. ? (1/2) dessalement par O.I. ? (2/2)
tout en ayant une perméabilité plus élevée, pour une température donnée, donc perméat
une pression de fonctionnement moindre (énergie nécessaire au passage de la Pompe HP
membrane est inférieure), SRE
Pompe booster Eau prétraitée
high permeability membranes ou low energy/high rejection membrane. perméat Eau Pompe SRE
prétraitée booster
Rejet concentrat Rejet
Systèmes Rear/Front: Pompe HP
SRE
concentrat
Pompe booster SRE
Le perméat récupéré dans la première partie du tube de pression (~15%) est de Eau prétraitée
Eau prétraitée
meilleure qualité que celui récupéré dans la dernière partie. Il ne nécessite pas de Pompes HP
136.
ASPECTS ENERGETIQUES DU DESSALEMENT PAR OSMOSE INVERSE
SUR
3 - Les systèmes de récupération d’énergie (2/6) 3 - Les systèmes de récupération d’énergie (3/6)
1818 m3/j
Perméat
1800 m3/j
P= 1 bar
Eau de mer Efficacité du SRE : 95 à 97%
4045 m3/j
P= 1 bar
ERI Concentrat avant SRE
ou DWEER 2245 m3/j,
ou SALTEC P = 63.7 bars
Pompe booster
dP =1.7 bars
2227 m3/j Concentrat
2245 m3/j
P= 1 bar
Turbine Pelton – SUR existing plant Turbocharger – SUR existing plant Echange de
pression
15 - Séminaire Tanger 2009 16 - Séminaire Tanger 2009
Disclaimer: All assessments are referring to technologies and not to equipment brands or suppliers Disclaimer: All assessments are referring to technologies and not to equipment brands or suppliers
3 - Les systèmes de récupération d’énergie (4/6) 3 - Les systèmes de récupération d’énergie (5/6)
DWEER – Ashkelon
137.
ASPECTS ENERGETIQUES DU DESSALEMENT PAR OSMOSE INVERSE
C – Autres solutions
Couplage du dessalement avec la production d’énergie renouvelable III - CONCLUSIONS
Solution adaptée pour les petites capacités de production (<100 m3/h).
Solution la plus couramment utilisée = le couplage avec des panneaux
photovoltaïques.
Energie éolienne (ex : projet sur l’usine de Tan-Tan au Maroc).
CONCLUSION CONCLUSION
De nombreuses solutions existent pour réduire les Réduction à la source des impacts environnementaux associés
consommations d’énergie du dessalement et d’autres solutions au dessalement.
sont en cours de développement (recherche sur les
membranes, hybridation, distillation membranaire …). La démarche proactive développée par Veolia Environnement
afin d’optimiser la consommation électrique du dessalement
Un investissement conduisant à des économies d’énergie est génère donc un double bénéfice, à la fois économique et
facilement rentabilisé. environnemental.
Une économie de 0,2 kWh/m3 d’eau produite, pour une usine de 60 000 m3/j,
représente 4380 MWh/an. Pour un coût de 50 €/MWh, ceci correspond à 4.4 Il convient de l’élargir à l’ensemble des installations de
millions d’euros sur une durée de 20 ans. dessalement actuelles et de continuer à explorer attentivement
Ce montant représente environ 10% de l’investissement usuel pour une usine de les nouvelles possibilités de réduction des consommations
cette taille, soit une économie largement supérieure au coût d’investissement pour électriques.
l’installation des technologies de réduction des consommations d’énergie.
Credits :
F. VINCE VW R&D,
S. DE BATZ - V W, Direction Technique,
S. Chauvin DT SUR OMAN
23 - Séminaire Tanger 2009
Disclaimer: All assessments are referring to technologies and not to equipment brands or suppliers
138.
LE DESSALEMENT DES EAUX : UNE ALTERNATIVE DURABLE, OU BIEN UNE APPROCHE PRAGMATIQUE POUR RESOUDRE CERTAINS PROBLÈMES DE PÉNURIE D‟EAU?
LE DESSALEMENT DES EAUX : UNE ALTERNATIVE DURABLE, OU BIEN UNE APPROCHE PRAGMATIQUE POUR
RESOUDRE CERTAINS PROBLÈMES DE PÉNURIE D’EAU?
Résumé
Dans certaines situations critiques, l‟eau n‟aura plus de prix ou sera au coût du développement durable.
L‟eau n‟aura plus de prix surtout quand il s‟agit des besoins vitaux des personnes. Et, si l‟accès à l‟eau potable est un droit
fondamental en relation directe avec la dignité de la personne, on ne lésinera sur aucun moyen pour assurer ce droit aux
citoyens.
Par ailleurs, quoi de plus fondamental que le droit d‟accès à la nourriture. Eradiquer la faim et la malnutrition ne s‟est-il pas
posé comme le plus grand défi de la société internationale? Et comment réaliser cet objectif sans sécuriser et intensifier les
productions agricoles ? Dans les faits, une question appelle une autre, et donc comment sécuriser et intensifier la production
agricole, sous certaines latitudes, sans recourir à l‟irrigation?
Dans un contexte de raréfaction constante des ressources en eau, sous l‟effet des sécheresses récurrentes, voire des
prémices d‟un changement climatique de plus en plus probable et en tout cas de plus en plus promu par les plus grands
spécialistes, et quand ce même contexte est également marqué par une croissance effrénée d‟une demande en eau
soutenue par la croissance démographique, par le développement agricole, urbain, touristique et industriel et si encore on y
ajoute une demande galopante des besoins alimentaires qui appelle plus de production agricole, plus de qualité, une
diversité plus grande de produits, (les habitudes alimentaires évoluent très rapidement avec le niveau de vie des
populations), et si enfin on considère les dégradations multiples que subissent les ressources en eau sous l‟effet de la
pollution par les effluents solides et liquides jetés sans précaution dans le milieu naturel, on peut aisément imaginer
l‟ampleur des pressions qui s‟exercent sur les ressources en eau conventionnelles où l‟évolution de certaines situations qui,
si elles ne sont pas bien prises en main, conduirait à la porte fermée, voire à la catastrophe.
En tout état de cause, les autorités publiques, les sociétés ou les groupements humains acculés à soutenir le
développement économique et social n‟ont d‟autres alternatives, en l‟absence de ressources conventionnelles « faciles »,
que de recourir à des solutions compatibles avec les exigences d‟un développement durable.
Malheureusement, les alternatives ne sont pas nombreuses et elles s‟imposent dès que la durabilité des ressources
conventionnelles est menacée.
Pour l‟instant, on ne connaît pas d‟autres solutions en dehors des recyclages des eaux usées et du dessalement d‟eau de
mer. Les eaux de mer dessalées de part leur qualité minérale et bactériologique sont d‟un usage plus courant en tant que
ressources pour l‟eau potable et industrielle que pour l‟irrigation.
Le progrès technologiques accomplis dans le domaine du dessalement de l‟eau de mer par osmose inverse notamment, a
permis de réduire considérablement et le coût et les besoins en énergie pour la production d‟eau douce à partir de la mer au
point que dans des situations particulières, il est devenu moins coûteux de dessaler les eaux de mer que de mobiliser une
ressource en eau conventionnelle.
Les ressources en eau de mer dessalées et massivement utilisées dans certaines situations d‟extrême aridité du climat
(Moyen Orient), dans des situations insulaires (Canaries, Chypres,…) où dans des zones côtières où l‟exploitation des
ressources souterraines au delà des possibilités renouvelables a conduit à leur dégradation par intrusion de biseaux salés,
sont considérées en tant que composante structurelle de leurs bilans hydriques.
Devant une telle évolution du contexte climatique et de l‟usage des ressources en eau de mer, est-il encore possible de se
poser des questions sur la durabilité de l‟alternative du dessalement?
La présente communication tentera d‟éclaircir cette question à la lumière de certaines expériences internationales et de
l‟évolution du contexte hydrologique marocain.
23
Directeur de l‟Administration du Génie Rural, Ministère de l‟Agriculture et de la Pêche Maritime, Rabat, Maroc.
E-mail: [email protected]
139.
LE DESSALEMENT DES EAUX : UNE ALTERNATIVE DURABLE, OU BIEN UNE APPROCHE PRAGMATIQUE POUR RESOUDRE CERTAINS PROBLÈMES DE PÉNURIE D‟EAU?
Le dessalement des eaux : une alternative durable ou bien une approche pragmatique pour certain problèmes de pénurie ?
Est-il possible de trouver une réponse définitive et absolue à une telle question, les avis des grands spécialistes étant
tellement divisés a cet égard ?
S‟engager dans un tel exercice peut à priori s‟apparenter à une réelle aventure. Mais, ne faut-il pas tenter au risque d‟attiser
les passions et de provoquer l‟ire tant des partisans que des opposants du dessalement des eaux ?
Devant l‟évolution du contexte climatique, devant la croissance constante de la demande et eu égard à la saturation des
ressources superficielles mobilisables et à l‟exploitation, sans ménagement, des ressources souterraines conduisant à leur
épuisement, la durabilité des solutions alternatives ne doit elle pas se mesurer à l‟effet qu‟elles engendrent par rapport à la
conservation des ressources naturelles conventionnelles.
Avant de s‟attendre sur la solution du dessalement, il ne serait pas superflu de rappeler ici les freins psychologiques à
l‟utilisation des eaux usées recyclées. En effet, malgré l‟important potentiel que les eaux usées recyclées représentent, leur
utilisation demeure difficilement acceptable dans certains contextes culturels même pour l‟irrigation.
L‟eau de mer constitue la ressource d‟eau planétaire la plus importante 97,5%. Il s‟agit d‟un potentiel quasiment inépuisable.
Il convient de noter que 40% de la population mondiale vit à moins de 70 kms d‟une cote maritime, zone considérée en tant
qu‟aire de développement raisonnable du dessalement d‟eau de mer. Si en plus on ajoute à cette concentration humaine et
celle donc de toutes sortes de demandes (eau potable, eau industrielle, eau agricole), le fait qu‟il s‟agit là d‟une zone très
vulnérable où l‟on rencontre les cas les plus fréquents de surexploitation des eaux souterraines et des menaces d‟intrusion
des eaux marines et de contamination des nappes, on est en droit de se demander si le recours au dessalement n‟est pas
une solution durable pour parer aux situations irréversibles de contamination des nappes par les eaux marines. Une telle aire
n‟est-elle pas l‟espace du développement raisonnable du dessalement d‟eau de mer pour satisfaire une demande croissante
tout en préservant les ressources conventionnelles en imposant une exploitation à hauteur de leur potentiel renouvelable
dans une perspective de préservation de l‟équilibre naturel de ces zones.
Le Maroc n‟échappe pas à cette évolution, puisque depuis le début du siècle dernier et sous l‟effet d‟un exode massif, l‟axe
Kénitra-Casablanca-Safi a vu sa population s‟accroitre de façon démesurée. L‟axe Tanger-Ceuta dont la population est en
pleine croissance, drainera avec les attraits des activités industrielles et de services liées au Port Tanger Méditerranée, une
population très importante. Les zones littorales du pays concentrent plus de 60% de la population urbaine, plus de 90% des
unités industrielles et près de 70% des capacités hôtelières homologuées. C‟est également dans ces zones littorales ou se
concentre l‟essentiel de la demande en eau potable et industrielle du pays.
Une analyse récente de l‟évolution de la demande en eau potable et industrielle de la zone littorale Kenitra- Casablanca-
Safi a abouti à la saturation totale des ressources mobilisées toutes origines confondues (superficielles et souterraines) à
l‟horizon 2025 peut être même plus tôt (2023), horizon auquel la solution dite « classique » de transfert d‟eau nord-sud, si les
ressources conventionnelles sont disponibles seront disponibles - sera certainement mise en compétition avec le
dessalement d‟eau de mer.
Sans s‟attarder sur les différents process de dessalement d‟eau de mer, je ne crois pas que l‟on puisse recourir aux
techniques dites thermiques à l‟avenir, sauf situation extrêmement particulière; l‟osmose inverse grâce à l‟évolution des
technologies des membranes, semble aujourd‟hui le plus compétitif tant vis-à-vis des autres techniques du dessalement que
vis-à-vis de certaines solutions classiques de mobilisation de ressources en eau et notamment vis-à-vis du transfert
interbassins. Il y a des situations où la mobilisation des ressources en eau superficielle au moyen des barrages de retenues
peut s‟avérer moins compétitive que la mobilisation de l‟eau par dessalement d‟eau de mer. C‟est le cas de certains barrages
proposés dans le bassin du Souss tels que les barrages Aguera-Oukil sur l‟oued Tamrhart (5,2 DH/m3) Lamdad Aval (6,5
DH/m3) Tamri (6 DH/m3)24
L‟évolution tendancielle de l‟énergie minimale nécessaire au dessalement d‟un mètre cube d‟eau de mer est marquée par
une baisse substantielle puisque elle est passée en 1975 d‟environ 23 kwh/m3 à 3 kwh/m3 en l‟an 2000, les estimations les
24 Coût actualisé du m3 d‟eau au pied du barrage. Extrait du rapport du CSEC 2001 à Agadir
140.
LE DESSALEMENT DES EAUX : UNE ALTERNATIVE DURABLE, OU BIEN UNE APPROCHE PRAGMATIQUE POUR RESOUDRE CERTAINS PROBLÈMES DE PÉNURIE D‟EAU?
plus optimistes pour une installation industrielle serait autour de 2,72 Kwh/m3. En Espagne, pour les installations prévues
dans le sud du pays, les besoins en énergies sont arrêtés à 3-4 Kwh/m3.25
Pour l‟osmose inverse, on estime les pressions nécessaires à la séparation de l‟eau douce de la saumure à 50 bars environ
pour des investissements en équipement de14 DH/m3. Ces chiffres sont à comparer, dans le cas où les possibilités
hydriques de transfert d‟eau interbassins sont possibles, aux investissements nécessaires à la réalisation des ouvrages de
transfert d‟eau et aux besoins en énergie pour le refoulement de l‟eau.
L‟évolution des technologies de l‟osmose inverse et celle des besoins en énergie pour le dessalement par ce moyen sont
plus qu‟encourageantes pour faire du dessalement un moyen de mobilisation de ressources supplémentaires suffisamment
compétitif pour faire face à l‟évolution de la demande en eau.
Le développement de la technologie de l‟osmose inverse a largement contribué, grâce aux coûts très compétitifs des eaux
dessalées par ce procédé, à l‟expansion de la production de l‟eau douce par dessalement de l‟eau de mer.
L‟évolution en baisse du coût du dessalement par osmose inverse résulte de deux phénomènes : i) l‟amélioration des
technologies et du coût de fabrication des membranes qui a diminué de prés de 50% par rapport au coût des premières
générations de membranes, et ii) grâce au développement des systèmes de récupération qui permettent d‟utiliser la haute
pression de la saumure restant après le procédé de l‟osmose inverse qui a une conséquence directe sur la forte diminution
de l‟énergie utilisée.
Les progrès accomplis dans les techniques de dessalement d‟eau de mer se sont traduits dans beaucoup de situations par
une compétitivité avérée par rapport aux sources conventionnelles d‟obtention d‟eau douce.
En fait, dans certaines situations où le renouvellement des ressources est en deçà des volumes exploitées et où le potentiel
est menacé par les intrusions des eaux salées, la complémentation de l‟offre hydrique par dessalement d‟eau de mer peut
s‟avérer d‟un coût dérisoire par rapport à la perte définitive d‟une ressource conventionnelle menacée.
L‟absence ou l‟insuffisance d‟une ressource conventionnelle ou le coût très élevé de la mobilisation d‟une ressource
conventionnelle renouvelable peuvent imposer le dessalement en tant que solution incontournable.
En tout état de cause, force est de constater que la production d‟eau douce par dessalement d‟eau de mer connaît un
développement de plus en plus large et de plus en plus rapide. L‟usage du dessalement d‟eau de mer qui était
exclusivement réservé aux besoins domestiques, industriels et touristiques, ne cesse de s‟étendre à l‟irrigation quand les
productions agricoles justifient une valorisation suffisante.
Le cas de l‟Espagne est très éloquent à cet égard où la production d‟eau douce par dessalement a pratiquement doublée
entre 2000 et 2004. Le gouvernement espagnol prévoit que cette production doublera, encore, au cours de la période 2005 -
2010.26
25 Besoins et procédés pour le dessalement de l‟eau de mer. Frédéric Livet ; 15 novembre 2007.
141.
LE DESSALEMENT DES EAUX : UNE ALTERNATIVE DURABLE, OU BIEN UNE APPROCHE PRAGMATIQUE POUR RESOUDRE CERTAINS PROBLÈMES DE PÉNURIE D‟EAU?
Au Moyen Orient, dans certaines îles de Polynésie et de Caraïbe, comme dans certains pays méditerranéens, en Californie
et en Australie, il y des situations où la vie n‟est plus envisageable sans le dessalement de l‟eau de mer. 70% des
ressources en eau de l‟Arabie Saoudite proviennent de la mer. Les Etats Unies d‟Amérique, la Chine et l‟Inde s‟apprêtent à
entreprendre de grands projets de dessalement d‟eau de mer.
Beaucoup de pays, qui ont toujours privilégiés les voies classiques de mobilisation de ressources en eau en dépit de leur
limitation et leurs coûts prohibitifs, sont contraints de recourir au dessalement d‟eau de mer qui s‟impose comme seule
alternative pour palier des situations de déficit auquel ils se trouvent confrontés. C‟est le cas de beaucoup de pays du
pourtour méditerranéen tel que l‟Espagne, misent sur le dessalement pour faire face à la hausse de la demande en eau et à
la limitation de leur ressources. Au Maroc, le développement de l‟offre future 2,7 Milliards de m3 par an à l‟horizon 2030
intègre les ressources non conventionnelles, dessalement (400 Mm3an) et réutilisation des eaux usées recyclées (300
Mm3/an) en tant que ressources structurelles pour 26%, en supposant que les nouveaux barrages mobiliseraient 1,7 milliard
de m3 par an.
Source : Plan Bleu/Programme Des Nations Unies Pour L’Environnement/ Plan d’Action pour la Méditerranée
DESSALEMENT DE L’EAU DE MER : SOLUTION PRAGMATIQUE POUR FAIRE FACE A LA SITUATION DE PENURIE
Dans les zones littorales ou insulaires, où la limitation des ressources conventionnelles ne permet pas de répondre à une
demande existante ou prévisionnelle et où toute autre alternative du genre classique peut s‟avérer onéreuse et nécessitent
la mise en œuvre d‟infrastructures très lourdes dont la réalisation requiert des délais longs et incompressibles, l‟alternative
du dessalement d‟eau de mer qui se pose comme solution hautement compétitive relève, dans de tels cas, d‟une décision
pragmatique.
Est-il encore besoin de supputations au sujet de la durabilité de l‟alternative du dessalement de l‟eau de mer en tant que
moyen de mobilisation de ressources en eau douce pour faire face à la demande en eau dans le futur ? Le caractère
structurel, même à faible échelle, des ressources en eau douce obtenues sur la mer dont le bilan hydrique de plusieurs pays
du monde peut constituer à lui seul une preuve de durabilité. Le développement à grande échelle de la production d‟eau
douce par dessalement ne laisse aucun doute sur la durabilité de l‟alternative, solution ultime, mais totalement idoine à des
situations certes spécifiques mais de plus en plus fréquentes, solution tantôt de complémentation tantôt essentielle, voire
unique. Elle est dans plusieurs cas salvatrice d‟une menace pesante sur une ressource conventionnelle ou d‟un déficit
irréductible par les moyens classiques.
En contre poids, à tous les arguments énumérés tout au long de cette communication en faveur du dessalement des
arguments à charge du dessalement sur le plan écologique se référent : i) à la contribution des process du dessalement à la
142.
LE DESSALEMENT DES EAUX : UNE ALTERNATIVE DURABLE, OU BIEN UNE APPROCHE PRAGMATIQUE POUR RESOUDRE CERTAINS PROBLÈMES DE PÉNURIE D‟EAU?
production de gaz à effet de serre (CO2) par le recours à des énergies fossiles pour la production de l‟énergie électrique. En
effet, si les besoins descendent en dessous de 4 Kwh/m3, il faut avec les centrales électriques récentes 27 : 8 Kwh de
charbon (1Kg, soient 3 Kg de CO2, 0,13$), 7 Kwh de Gaz naturel (0,7 m3, soient 1,6 Kg de Co2, 0,26$) 8Kwh de pétrole
(0,8 litres, soient 2 Kg CO2, 0,36$), 10 Kwh Nucléaire (4 Kwh, soient 0 Kg de Co2, 0,18$), et ii) à la contribution à la pollution
marine par les rejets en mer de la saumure et des résidus d‟adjuvants chimiques nécessaires au traitement des eaux de
mer.
Le nucléaire constitue la meilleure source d‟énergie pour le dessalement de l‟eau de mer tant pour son coût que par ses
effets nuls en terme de production de gaz à effet de serre. L‟association du nucléaire au dessalement de l‟eau de mer
évoque en moi le souvenir de l‟idée de projet énoncée par Feu Sa Majesté Hassan II, de développer l‟irrigation à base du
dessalement de l‟eau de mer sur une bande côtière de quelque dizaines de Km, tout au long de la côte atlantique
marocaine. On en conclut que celui qui fut l‟instigateur, le maître à penser de la politique des barrages au Maroc n‟avait pas
omis de considérer qu‟à terme, le recours au dessalement de l‟eau de mer est une alternative incontournable, mais pas
seulement, puisque dans l‟expression de son idée transparaissait une connotation de durabilité en rapport avec la dimension
du projet.
27 Besoins et procédés pour le dessalement de l‟eau de mer. Frédéric Livet ; 15 novembre 2007
143.
Edité et publié par les soins de l’Amicale des Ingénieurs du Génie Rural du Maroc (AIGR), Mai 2009