Guide Prevention Cyberviolence WEB 654102
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Introduction 1
Fiche 1 Quels sont les usages du numérique chez les enfants 3
et les adolescents ?
Fiche 2 Cyberviolences et cyberharcèlement, de quoi parlons-nous ? 6
Fiche 3 Quelles sont les conséquences des cyberviolences ? 10
Fiche 4 Les cyberviolences et le droit 13
Fiche 5 Prévenir les cyberviolences et améliorer le climat scolaire 17
Fiche 6 Prévenir les cyberviolences par les apprentissages 20
Fiche 7 Prévenir les cyberviolences par les usages pédagogiques 26
du numérique
fiche 8 Apprendre aux élèves à faire face aux cyberviolences 29
Fiche 9 Prendre en charge les cyberviolences entre élèves 34
Fiche 10 Les cyberviolences contre et entre les adultes 38
Glossaire des cyberviolences en milieu scolaire 43
Liens et crédits 47
Chez les 15-24 ans, les garçons passent plus de temps sur les écrans (4 h
par jour environ) que les filles (3 h 20), mais ce temps demeure inférieur à
celui des personnes de plus de 75 ans (4 h 20 environ)1. Que font les élèves
sur leurs smartphones, leurs tablettes et ordinateurs ? Pourquoi et comment
utilisent-ils ces outils ?
Les applications
Les garçons utilisent Facebook et Twitter davantage que les filles. Facebook
permet le partage d’images, d’informations, de vidéos, etc. sur son « profil »
(que l’on peut configurer comme privé). Un « chat » est également à dispo-
sition, ainsi qu’un service de messagerie. 62,6 % des garçons de 11-14 ans
et 93 % des garçons de 15-18 ans ont un compte Facebook. Twitter est un
réseau permettant l’échange de courts messages à caractère public, de
140 caractères au maximum à ce jour.
Les élèves utilisent ces réseaux pour échanger des contenus, en particulier
des images et vidéos. Ainsi, 45,7 % des élèves de collège et de lycée ont réalisé
des vidéos de moments passés entre amis et 35,9 % en famille5. Les images
sont ensuite mises en ligne, notamment sur Facebook (45,2 %). Seuls 36 %
des élèves qui ont fait des vidéos n’en ont jamais mis en ligne. Les photos
et vidéos sont souvent des mises en scène d’eux-mêmes, de leur quotidien.
Les échanges portent sur la vie dans le groupe de pairs, les relations amou-
reuses, l’actualité.
Ces pratiques font partie du quotidien des élèves. Les réseaux sociaux sur
Internet peuvent être considérés comme des supports narcissiques : parce
qu’ils nécessitent de se créer et d’entretenir un « profil », ils permettent de
se percevoir, de se mettre en scène et ont un caractère fondateur sur le plan
identitaire. Ils ont surtout pour rôle de faire valider son identité par le groupe
de pairs. La popularité sur ces réseaux est très importante pour la plupart
des adolescents : Internet est un aspect de leur vie sociale.
Les conséquences
L’une des problématiques importantes liées à l’usage excessif d’Internet est
le manque de sommeil des adolescents. Ainsi, environ 23 % des 11-14 ans
peuvent rester éveillés ou se réveillent pour aller sur Internet la nuit. Chez
les 15-18 ans, c’est le cas de 41,7 % des filles et 37,7 % des garçons6. Ce sont
tout particulièrement les jeux en ligne (MMORPG : massively multiplayer
online roleplaying game, ou « jeu de rôle en ligne massivement multijoueur »)
qui mobilisent les garçons la nuit : ces jeux rassemblent des joueurs du monde
entier et ne cessent jamais.
Cependant, les risques sur Internet, s’ils sont réels, doivent être relati-
visés au regard des opportunités qu’offre cet outil. Espace d’échange,
d’émancipation, de construction de leur personnalité, Internet permet
aux jeunes d’accéder à l’information, de rester en lien, de s’ouvrir sur
le monde. Les enjeux essentiels consistent à éduquer à un usage des
moyens électroniques de communication et d’Internet qui soit éthique,
responsable, respectueux d’eux-mêmes et des autres. Il s’agit aussi
d’offrir un espace de parole pour les adolescents qui sont amenés à
rencontrer des situations difficiles.
Les cyberviolences
Les cyberviolences regroupent en particulier :
les propos diffamatoires et discriminatoires ou à visée diffamatoire ou
discriminatoire ;
les propos humiliants, agressifs, injurieux ;
la divulgation d’informations ou d’images personnelles (volées et/ou
modifiées et/ou choquantes) ;
la propagation de rumeurs ;
les intimidations, insultes, moqueries, menaces ;
les incitations à la haine ;
l’usurpation d’identité, le piratage de compte...
Le cybersexisme
Les cyberviolences à caractère sexiste et sexuel se banalisent. D’après une
étude réalisée par l’Observatoire universitaire international éducation et pré-
vention (OUIEP-université Paris-Est) et coordonnée par le Centre Hubertine-
Auclert auprès de 1 200 élèves de collège et lycée en île-de-France en 2016,
les filles sont davantage exposées à des formes spécifiques de cyberviolences,
à caractère sexiste et sexuel (cybersexisme).
Ainsi
4 % des filles (contre 1,3 % des garçons) ont été victimes de
diffusion de photos intimes sans leur accord, par exemple
dans le cadre d’une rupture amoureuse ou amicale.
atherine Blaya, Michaël Fartouk, « Digital uses, victimization and online aggression: a comparative
7 C
study between primary school and lower secondary school students in France », European Journal
on Criminal Policy and Research, 22(2), 2015, p. 285-300.
8 Catherine Blaya, Michaël Fartouk, ibid.
9 Catherine Blaya, Michaël Fartouk, ibid.
10 Depp, Note d’information n°13-26, novembre 2013.
11 Depp, Note d’information n°50, décembre 2015.
On constate, d’une part, que le risque d’être victime de cyberviolence est plus
important chez les jeunes qui subissent des victimations au sein de leur groupe
de pairs et, d’autre part, que les victimes de cyberviolences connaissent le plus
souvent leur agresseur dans le cadre de relations sociales non numériques. Par
exemple, les élèves victimes de harcèlement dans leur établissement scolaire
ont deux fois et demie plus de risque d’être victimes de cyberviolences que les
autres. De plus, la recherche12 constate que les élèves auteurs de cyberviolences
sont souvent les mêmes que ceux qui sont auteurs d’agression dans leur éta-
blissement scolaire, mais également que le risque d’être auteur lorsque l’on
est victime de cyberviolences est plus important.
aye Mishna, Mona Khoury-Kassabri, Tahany Gadalla, Joane Daciuk, « Risk factors for involvement in cyber
12 F
bullying : Victims, bullies and bully-victims », Children and Youth Services Review, 34, 2012, p. 63-70.
Les élèves parlent peu des cyberviolences aux adultes pour de multiples raisons.
Les victimes se sentent souvent honteuses et gênées, notamment dans le cas
de diffusion de photos intimes ou d’attaques sur leur vie privée. Par ailleurs, les
discours et comportements sexistes sont banalisés et intégrés par les élèves, qui
ne se considèrent dès lors pas toujours comme des victimes de cybersexisme,
mais éprouvent au contraire un sentiment de culpabilité voire de fatalisme.
Enfin, les opportunités de discussions avec les adultes sur ces sujets peuvent
être trop fugaces, et les élèves pensent parfois que les adultes ne sauront pas
gérer la situation et pourraient même contribuer à la faire empirer.
atherine Blaya, Les ados dans le cyberespace : prises de risques et cyberviolence, 2013 ;
13 C
« La cyberviolence doit-elle être prise au sérieux par les équipes éducatives ? Exploration du lien
entre la cyberviolence et le climat scolaire », 2015, Les dossiers des sciences de l’éducation, n°33.
Les élèves craignent généralement que leurs difficultés soient minimisées par
les adultes et que la prise en charge soit inadaptée : c’est en travaillant avec eux
et en développant chez les adultes la capacité à intervenir de façon pertinente et
efficace, que l’on peut améliorer la perception par les élèves du climat scolaire
et les relations au sein de l’établissement ou de l’école. Les difficultés liées aux
cyberviolences ne sont souvent pas exprimées et les percevoir exige une attention
et une vigilance spécifiques. La capacité des adultes à gérer les problèmes de
façon efficace doit ainsi faire l’objet d’une attention particulière et d’une forma-
tion approfondie, leur procurant un sentiment de légitimité à intervenir (fiche 9).
14 G
eorges Steffgen, Jan Pfetsch, Andreas König, Norbert Ewen, « Interdire pour prévenir ?
Les effets de l’interdiction d’utiliser le téléphone mobile à l’école pour lutter contre le cyberbullying.
Une expérience au Luxembourg », Revue française d’éducation comparée, 8, octobre 2010.
Les faits mentionnés au premier alinéa sont punis de deux ans d’empri-
sonnement et de 30 000 € d’amende :
1. L
orsqu’ils ont causé une incapacité totale de travail supérieure à huit
jours ;
2. L
orsqu’ils ont été commis sur un mineur de quinze ans ;
3. L
orsqu’ils ont été commis sur une personne dont la particulière vulné-
rabilité, due à son âge, à une maladie, à une infirmité, à une déficience
physique ou psychique ou à un état de grossesse, est apparente ou
connue de leur auteur ;
4. L
orsqu’ils ont été commis par l’utilisation d’un service de communica-
tion au public en ligne.
Les faits mentionnés au premier alinéa sont punis de trois ans d’empri-
sonnement et de 45 000 € d’amende lorsqu’ils sont commis dans deux
des circonstances mentionnées aux 1° à 4° » (art. 222-33-2-2 du Code
pénal).
Stratégies collectives
La mobilisation des équipes et des acteurs de la communauté éducative, celle
des instances, peuvent s’organiser autour d’un diagnostic partagé au sein de
l’établissement ou de l’école ; par exemple à l’aide d’une enquête locale de climat
scolaire, qui prend en compte les phénomènes de cyberviolences échappant
parfois aux adultes. Des temps d’échanges, de sensibilisation ou de formation
collectives sont utiles pour harmoniser les représentations et les manières de
prévenir ou de gérer ces cyberviolences. Les protocoles de prise en charge
et les plans de prévention permettent de formaliser cette action commune.
Apprentissages, pédagogie, relation éducative
Intégrer aux contenus d’apprentissage développés à l’école, au collège ou au
lycée des éléments permettant aux élèves de prévenir les cyberviolences et
d’y faire face de manière responsable est essentiel (fiches 4, 6 et 8) : ce sont
les apprentissages liés à la citoyenneté, à la santé, au droit, aux compétences
psychosociales. Les pratiques pédagogiques, notamment celles qui permettent
aux élèves de développer une approche ouverte et diversifiée du numérique,
jouent également un rôle important (fiche 9).
L’EMI vise à permettre aux élèves « un accès à un usage sûr, légal et éthique
des possibilités de publication et de diffusion » et à les rendre capables de
« se référer aux règles de base du droit d’expression et de publication en
particulier sur les réseaux » (fiche 4).
Le parcours citoyen
Entré en vigueur à la rentrée 2015, il s’inscrit dans le projet global de formation
de l’élève. Il s’adresse à des citoyens en devenir qui prennent progressivement
conscience de leurs droits, de leurs devoirs et de leurs responsabilités. Ce
parcours relève par conséquent d’une action éducative de longue durée qui
vise à construire un jugement moral et civique et à faire acquérir un esprit
critique et une culture de l’engagement.
Ressources utiles
La page « Enseigner avec le numérique », qu’Éduscol consacre à la diffusion
des usages du numérique dans l’enseignement.
Le portail Éduthèque, s’adresse à tous les enseignants du premier et du
second degré et à leurs élèves. Il rassemble des ressources pédagogiques,
avec l’objectif de déployer des services et des contenus numériques de qua-
lité, en lien avec de grands établissements publics à caractère culturel et
scientifique, au service de la communauté éducative. Les élèves et leurs
professeurs bénéficient ainsi d’un accès privilégié à des ressources d’une
grande richesse leur permettant d’apprécier et de comprendre des œuvres
d’art majeures, des phénomènes scientifiques et des enjeux sociétaux expli-
qués par des établissements aussi éminents que la BnF, le Louvre, le CNRS,
le Cnes ou l’IGN.
Les travaux académiques mutualisés (TraAM), à travers lesquels la direction
du numérique pour l’éducation (DNE) met en œuvre sa mission prospective
sur les usages pédagogiques et éducatifs du numérique.
Modalités pédagogiques
Si l’explication des conséquences des cyberviolences par les adultes et l’inci-
tation des élèves à adopter des comportements respectueux est possible, on
gagne cependant à favoriser la construction de compétences psychosociales
et le changement de comportement, en amenant les élèves à se questionner
et à s’engager de manière active : réalisation de textes, de fiches, d’affiches,
de tutoriels, d’articles dans le journal ou le site Internet de l’école ou de l’éta-
blissement, de chroniques audio ou vidéo… Il est aussi possible de proposer
des situations problèmes, des études de cas authentiques ou fictifs, des jeux
de rôles, ou de mettre en place des débats à caractère éthique sur l’attention
aux autres, sur l’empathie, sur le courage… Intégrer des recherches docu-
mentaires à cette pédagogie de projet est intéressant.
Twitter propose également une page permettant de signaler les cas de har-
cèlement, les menaces, la publication d’informations ou de photos privées.
Il est également possible de signaler un problème directement depuis la
publication.
Une page permet aussi, sur Facebook, de signaler les usurpations d’identité,
le harcèlement, la publication de photos sans autorisation, notamment. Là
aussi, signaler les problèmes directement depuis la publication est possible.
www.internet-signalement.gouv.fr
La plateforme d’harmonisation, d’analyse, de recoupement et d’orientation
des signalements (Pharos), qui relève de la police nationale est à la disposition
de toutes et tous, permet de signaler les contenus et comportements illicites
que l’on peut rencontrer sur Internet. Il est possible d’alerter les pouvoirs
publics face à une situation ou un contenu public qui enfreint la loi française.
Avec les auteurs, des démarches de deux ordres sont à mettre en place. Il est
important de faire savoir aux élèves et à leurs parents que les cyberviolences
ne sont pas tolérées et peuvent faire l’objet d’une procédure disciplinaire si
elles ont un retentissement dans la sphère scolaire et d’un dépôt de plainte de
la victime. Mais il faut aussi associer une dimension éducative permettant de
l’amener à changer de comportement. Être auteur de violence peut traduire
un mal-être : une orientation vers un accompagnement psychologique peut
être bénéfique. Il est important de vérifier si l’auteur n’est pas victime aussi,
puisque près de 50 % des auteurs ont le double statut.
Ces réactions culpabilisent les filles, qui sont pourtant victimes de ces situa-
tions, sans responsabiliser les agresseurs. Cela peut les mener à diverses
formes d’isolement et de désarroi. Il est donc nécessaire de réaffirmer que
c’est bien l’usage qui a été fait de ces images qui est inadmissible et répré-
hensible, et non la captation consentie ni leur envoi à des personnes en qui
l’on croyait pouvoir avoir confiance.
En effet, réaliser des selfies, partager des contenus sur les réseaux sociaux,
ce sont des activités quotidienne des filles et des garçons sur Internet. Faire
un selfie intime est une pratique qui existe aujourd’hui dans le cadre de la
découverte de la vie affective et des premières relations amoureuses. Quoi
qu’il en soit, il est important de réaffirmer le droit des filles à disposer de leur
corps comme elles le désirent, si l’envoi de ces photos est librement consenti
et ne résulte pas d’une pression ni d’une extorsion.
Un rappel du droit à destination des auteurs est utile pour les inciter à cesser
leurs cyberviolences. Des actions de médiation peuvent également permettre
d’apaiser des situations. Il faut conserver les éléments de preuve : copies de
courriels, copies d’écrans (réseaux sociaux, forums, blogs, sites…), téléchar-
Bad buzz : Un bad buzz est un phénomène de bouche à oreille négatif qui se
déroule généralement sur Internet. Si, en marketing, certains bad buzz sont
provoqués et orchestrés par ceux qui en sont la cible (de manière à gagner
en notoriété), la réputation de la personne ou du groupe qui le subit peut en
être profondément affectée.
Hoax : Il s’agit d’un canular ou d’une rumeur infondée circulant sur Internet,
notamment par le biais des réseaux sociaux ou du courrier électronique. Cette
rumeur vise à déstabiliser la personne ou le groupe qui en sont l’objet, ou à
induire en erreur, éventuellement à effrayer, ceux qui en prennent connais-
sance et y prêtent foi.
Ressources utiles
L’association e-Enfance propose un lexique d’Internet et des réseaux sociaux.
Sur Éduscol, la première lettre Édu_Num Thématique (mars 2016) est consacrée
à l’infopollution et propose un glossaire dans ce domaine.
Liens :
Le site Non au harcèlement
Le site netecoute.fr
Le site Internet sans crainte
La page Stop-cybersexisme du centre Hubertine-Auclert
Le site Climat scolaire
uide Comportements sexistes et violences sexuelles – Prévenir, repérer,
G
agir
Délégation à la communication
Novembre 2016