Etude Filiere Volaille Version Finale0313
Etude Filiere Volaille Version Finale0313
Etude Filiere Volaille Version Finale0313
Etude de caractérisation de
la filière avicole en Haïti
Poulets de chair et pondeuses
IICA/ SYFAAH
Henry Chatelain
12
RÉSUMÉ ....................................................................................................... 4
INTRODUCTION............................................................................................ 7
Chapitre 1- PRODUCTION ET COMMERCIALISATION DES POULES-
RELATION AVEC L’ECONOMIE INTERNATIONALE ......................................... 8
La production avicole mondiale .................................................................. 8
Production commercialisée : ........................................................................................ 11
Tableau 4. Evolution de la production et des prix de 2004 à 2012 .............................. 12
Tendance du marché : .................................................................................................. 13
Pays exportateurs et volume : ...................................................................................... 14
POLITIQUE D’APPUI AUX PRINCIPAUX PRODUCTEURS ................................................ 17
Chapitre 2 – PRODUCTION ET COMMERCIALISATION DES POULES-RELATION
AVEC L’ECONOMIE NATIONALE. ................................................................. 19
A. Importance économique de la filière. ................................................................... 19
Contribution de la filière avicole au PIB national ......................................................... 19
Production Primaire ...................................................................................................... 22
Encadrement politique : mesures adoptées ................................................................. 23
Facteurs pouvant affecter la compétitivité : ................................................................ 24
Ensemble d’institutions reliées à la filière : .................................................................. 25
Chapitre 3 - LA STRUCTURE DE LA FILIERE AVICOLE .................................. 26
3.1- Processus de caractérisation des acteurs ...................................................... 26
3.1.1 Identification des activités et acteurs de la filière......................................... 26
3.1.2 Les fournisseurs d’intrants ............................................................................. 26
3.1.3 Les poussins produits en HAITI .............................................................. 28
2
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
3
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
RÉSUMÉ
Ce travail a pour objectif d’identifier les principaux acteurs impliqués dans la filière, de
comprendre leur mode de fonctionnement, d’analyser les relations qui existent entre eux et de
comprendre comment se fait la commercialisation dans un pays complètement ouvert au
commerce extérieur. Tout ceci afin de pouvoir identifier les maillons où il serait opportun
d’injecter du crédit et favoriser le développement de cette filière.
Le chapitre premier est une analyse de l’environnement international et des différents marchés
pour situer la filière dans le marché mondial et évaluer sa compétitivité. Le deuxième chapitre
valorise les apports sociaux de la filière et détermine l’influence du contexte sociopolitique et
institutionnel. Le troisième chapitre identifie les activités et les acteurs qui font partie de la
filière avicole et les relations techniques et socio-économiques qui établissent son
fonctionnement. Le quatrième chapitre détaille le fonctionnement de la filière, circuits de
commercialisation et dynamisme de fonctionnement et régulation. Le cinquième et dernier
chapitre interprète les résultats obtenus à la lumière des chapitres précédents et détermine les
facteurs négatifs qui empêchent le développement de la filière et constituent de véritables
contraintes.
La production mondiale de poulet est en évolution constante et quatre pays produisent à eux
seul 64.56% des poulets élevés dans le monde (USA, Chine, Brésil et Union Européenne). Le taux
de croissance est de 18% en cinq ans et est étroitement lié à l’évolution du prix du maïs et du
soya. Les importations de poulet congelé en Haïti ont subi une augmentation de 70% en cinq
ans et celles des œufs sont aussi en évolution constante. La production nationale de poulet de
chair reste très faible par rapport au taux élevé d’importation qui envahit le marché local.
Le PIB avicole représente 6,43% du PIB agricole et 1,53% du PIB national. Les capacités installées
en élevage de poulet de chair en Haïti ont augmenté après 1994 de près de 80%.
4
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
L’investissement dans la production primaire (les fermes) n’a pas suivi le même rythme de
croissance que de l’industrie placé en amont de la filière.
Les acteurs de la filière sont : les fournisseurs d’intrants, les éleveurs, les distributeurs et les
revendeurs. Trois entreprises produisent des poussins en Haïti et ont la capacité de mettre sur
le marché 558 000 poussins par mois. Quatre entreprises importent des poussins de l’étranger.
Le secteur de la production d’aliments, composé de trois entreprises artisanales et trois
entreprises industrielles, est en pleine expansion. Parmi les éleveurs, cinq entreprises pratiquent
l’élevage de poulet de chair de manière constante depuis plus de 20 ans. Elles ont une capacité
de production de 20,000 à 30,000 poulets chacun. 16% des éleveurs recensés ont une capacité
de production de 5,000 à 10,000 poulets et sont incapables de commercialiser leurs produits.
Quarante vingt-deux pourcent (82%) des éleveurs ont moins de 5,000 poulets et se retrouvent
dans les zones rurales, ils font face à des difficultés liées à la mise en marché.
Haïti Broilers, Ferme des Délices, La petite ferme et FEPA sont les quatre producteurs de
pondeuses qui produisent des poulettes prêtent à pondre.
La commercialisation des poulets de chair se fait grâce à des intermédiaires. Le marché des
poulets de chair est constitué d’une part de la production locale et d’autre part des poulets
congelés importés des USA et de la RD. Cinq acteurs sont impliqués dans l’importation des
poulets congelés.
Le marché des œufs est alimenté par une production locale estimé à 1,2 million d’œufs par mois
et une importation des USA et de la RD estimée à 40 million /mois
Le circuit de distribution du poulet est composé de 2 réseaux : le poulet vivant (10%) et le poulet
congelé (90%).
La logique de l’importateur est d’offrir au consommateur un produit au prix le plus bas que
possible. Le poulet local est un poulet vivant qui demande à être transformé et qui ne se vend
pas à moins de trois cents gourdes. A la base de la production primaire, les coûts sont affectés
par le faible volume de production. L’agrandissement des élevages fait face au problème de
crédit. L’absence de l’industrie de transformation limite l’expansion des fermes. Les coûts de
5
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
production ne sont pas compétitifs conséquence de la politique tarifaire de l’état qui ne protège
pas la filière.
6
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
INTRODUCTION
Le MARNDR, dans un document intitulé « Plan National d’investissement Agricole », publié en
juillet 2010, considère l’agriculture comme l’axe de support à la croissance économique et à la
réduction de la pauvreté (Joanas Gué, juillet 2010). Il prévoit même que dans un futur proche
elle aura un rôle prépondérant à jouer dans le renforcement de la sécurité alimentaire des
populations les plus vulnérables ainsi que dans le redressement économique de la nation.
Cette politique agricole telle que définie dans le document, décrit les objectifs du MARNDR sur
les 15 prochaines années (2010 – 2025). Le ministère y reconnait une insuffisance de certains
secteurs de production à satisfaire la demande locale. Dans la filière avicole qui nous concerne,
d’après le MARNDR, ce déficit est compensé par l’importation annuelle de 360 millions d’œufs
et de 12,5 millions de poulets, en provenance principalement de la R.D. et des U.S.A.
De nos jours, dans le contexte de la libéralisation des marchés, les systèmes de production agro-
alimentaire des pays en voie de développement ne peuvent plus être analysés de façon isolée
mais plutôt observés dans la mouvance générale de l’économie mondiale.
La notion de compétitivité devient alors un élément déterminant, dans un monde lié par des
accords commerciaux et dont l’évolution de l’économie perméabilise les frontières entre les
nations.
Dans le document de politique agricole du MARNDR, l’aviculture a été choisie parmi les filières
prioritaires. Le présent document entre dans le cadre du projet SYFAAH, système de
financement et d’assurance agricole en Haïti, et présente une étude de caractérisation de la
filière avicole, afin d’identifier les acteurs, de comprendre les relations qui les lient et d’analyser
les différents niveaux pour une meilleure compétitivité.
7
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
o Production et producteurs :
La production mondiale de poulets est en évolution constante, avec des records de 83 millions
de tonnes prévus pour l’année 2012. De 2007 à 2012 la production mondiale est passée de 70
millions de tonnes à 83 millions soit une augmentation de 18% en 5 ans.
Cette production mondiale est dominée par les USA, avec plus de 16 millions de tonnes /an,
environ 20%, suivi de la Chine 13 millions de tonnes, soit 16.6%, du Brésil 12 millions, environ
16% et de l’Union Européenne 11%.
Ces quatre pays, les USA, la Chine, le Brésil et l’Union Européenne produisent à eux seuls,
64.56% des poulets élevés dans le monde.
L’évolution de la production mondiale de poulets vous est présentée dans le tableau 1.
8
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
Source: FAOSTAT
9
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
Tableau 1 – Evolution annuelle de la production mondiale de poulet de chair d'après les principaux pays producteurs
production (1000 tonnes) 2007 2008 2009 2010 2011 2012
Etats Unis 16 226,00 23,12% 16 561,00 22,51% 15 935,00 21,44% 16 563,00 21,13% 16 757,00 20,68% 16 603,00 19,99%
Chine 11 291,00 16,09% 11 840,00 16,09% 12 100,00 16,28% 12 550,00 16,01% 13 200,00 16,29% 13 800,00 16,61%
Brésil 10 305,00 14,69% 11 033,00 14,99% 11 023,00 14,83% 12 312,00 15,70% 12 954,00 15,99% 13 602,00 16,37%
EU-27 8 320,00 11,86% 8 594,00 11,68% 8 756,00 11,78% 9 245,00 11,79% 9 500,00 11,72% 9 630,00 11,59%
Reste du monde 24 030,00 34,24% 25 552,00 34,73% 26 494,00 35,65% 27 727,00 35,37% 28 622,00 35,32% 29 439,00 35,44%
Total 70 172,00 100% 73 580,00 100,00% 74 308,00 100,00% 78 397,00 100,00% 81 033,00 100,00% 83 074,00 100,00%
Source: FAOSTAT
Selon les tableaux 1et 2, le volume de production chez les pays producteurs pour la période de 2007 à 2012 est constant.
Brésil 2 922,00 39,42% 3 242,00 38,33% 2 992,00 36,01% 3 181,00 35,71% 3 300,00 36,05% 3 465,00 36,11%
United States 2 678,00 36,13% 3 157,00 37,32% 3 093,00 37,22% 3 069,00 34,45% 2 966,00 32,40% 3 039,00 31,67%
EU-27 636,00 8,58% 742,00 8,77% 783,00 9,42% 992,00 11,13% 1 100,00 12,02% 1 120,00 11,67%
China 358,00 4,83% 285,00 3,37% 291,00 3,50% 379,00 4,25% 410,00 4,48% 445,00 4,64%
Reste du monde 820,00 11,06% 1 033,00 12,21% 1 150,00 13,84% 1 288,00 14,46% 1 377,00 15,04% 1 527,00 15,91%
Total 7 413,00 100,01% 8 459,00 100,00% 8 309,00 100,00% 8 909,00 100,00% 9 153,00 100,00% 9 596,00 100,00%
Source: FAOSTAT
10
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
D’après le tableau 2, on constate que le Brésil, bien que 3eme producteur mondial, maintient
sur la même période le leadership de l’exportation avec une part de marché variant entre 39%
et 36%.
Les USA, leader mondial dans la production de poulets avec près de 20%, ne sont cependant
que le second pays exportateur, 31% après le Brésil 36%, l’Union Européenne 11% et la Chine
4%. Ces quatre plus gros pays producteurs de poulets occupent 64% du marché mondial.
Production commercialisée :
Le tableau 3 fait état du volume de poulets produit, comparé au volume de poulets exporté par
pays, pour la période de 2007 à 2012.
On voit bien que le Brésil quoique 3ème pays producteur, exporte 26,82% de sa production
ce qui le met en tête de la liste des pays exportateurs, tandis que les Etats –Unis, 2ème pays
exportateur, ne commercialise que 5,45% de sa production.
11
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
12
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
Tendance du marché :
Alors que le prix du poulet oscille aux alentours des 80 cents/lb passant en 2004 de 74,10 à
86,50 cent/lb en 2012, le prix des œufs subit une plus grande fluctuation.
Après une baisse de prix de 2004 à 2006 où il tombe à 65,50 cent/dz, il subit une augmentation
de 2006 à 2008 avec des pics dépassant $1,20/dz pour se stabiliser dans les années suivantes
au-dessus de $1/dz.
13
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
En observant les deux tableaux précédents, il est assez intéressant de comparer l’évolution des
coûts des intrants maïs et soya qui entrent dans la composition de la ration alimentaire des
poulets. De 2000 à 2009, le coût du maïs est passé de $ 73 à $ 146 /tonne soit une
augmentation de 100%. Celui du soya de $167 à $347/tonne soit une hausse de 107%.
Sur la période de 2004 à 2009 le prix du maïs a crû de 80%, celui du soya de 64.45%, alors que le
prix des œufs a augmenté de 25% et celui du poulet de 4.77% pour la même période. Ceci
traduit le degré d’efficacité de la filière qui arrive à maintenir son niveau de compétitivité et
d’efficacité malgré de telles variations.
1. La colonne « poulet vivant » met en phase trois pays : les USA, la RD et la Jamaïque. En
provenance des USA et de la Jamaïque, les données ne s’appliquent qu’à des poussins
vivants. Tandis que pour la RD l’information concerne à la fois les poussins et les poulets
vivants.
14
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
Tableau 6 – Origine des productions (Poulets et Œufs) exportées vers Haïti de 2006 à 2011
15
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
2. En analysant la colonne des œufs et des poulets vivants on peut constater pour l’année
2008, une réduction drastique des volumes de poulets vivants et d’œufs en provenance de
la RD. Il n’a pas été possible de séparer les poussins des poulets importés.
Par contre, les importations de poussins vivants en provenance des USA ont augmenté,
passant de :
o $ 115.000 en 2006
o $ 58.000 en 2007
o $ 175.000 en2008
o $ 348.000 en 2009
o $ 401.000 en 2010
3. De 2006 à 2011, les importations de poulets congelés sont passées de 18.54 à 62 millions de
dollars soit une augmentation de 70% en 5 ans.
On constatera également qu’en dépit des mesures d’interdiction des produits avicoles
dominicains, l’importation de viande de poulet congelé de la RD est passée de 1% en 2007, à
5% en 2008 année où a été mis en place l’embargo, 9% en 2009 et 11% en 2010, gagnant
ainsi 11% de part de marché sur les poulets en provenance des USA.
4. Concernant les œufs, on constate deux phénomènes différents : d’une part une diminution
en valeur monétaire de la quantité importée et d’autre part une augmentation significative
de la valeur des œufs importés des USA.
16
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
De 2006 à 2010 la valeur des œufs importés passe de 8.86 à 2.51 millions soit une réduction
de 73.25 % en valeur monétaire. Ces valeurs correspondent à l’importation officiellement
déclarée.
En même temps on constate que la part de marché des œufs en provenance des USA passe
de 3% en 2006 à 6% en 2007, à 23% en 2008, à 49% en 2009, et à 18% en 2010.
Le tableau 6 est assez révélateur de la dépendance d’Haïti par rapport à la RD et aux USA
pour son approvisionnement en œufs, poulets vivants et poulets congelés.
Cette politique d’appui se retrouve dans le code d’investissement et d’appui industriel ainsi que
la loi sur les zones franches .Ce sont des politiques favorables à l’investissement étranger. Au
niveau fiscal, les intrants agricoles et de pêche sont exonérés de TCA. De même, la production
agricole locale n’est pas assujettie à la loi sur la TCA.
Le gouvernement s’est engagé dans des accords avec l’UNION EUROPEENNE et les ACP pour les
réductions de tarif à l’export. Au niveau de l’OMC les accords concernant la liste 26 sont à
renégocier et les positions tarifaires à consolider.
En résumé, ce chapitre nous a permis de nous situer géographiquement parmi les pays leaders
de la filière, d’analyser les volumes de produits importés localement en tenant compte de leurs
pays d’origine et de remarquer la pénétration du produit jamaïcain sur le marché haïtien à partir
de l’année 2010. Pour remédier à la faiblesse du niveau de notre production avicole 1.8 millions
de poulets /an et 20.16 millions d’œufs et stimuler le développement de cette filière, il serait
opportun d’accompagner l’accroissement de la production locale d’une augmentation des tarifs
à l’importation, et de maintenir l’embargo contre les produits avicoles dominicains.
17
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
18
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
Les tableaux suivants reflètent l’évolution du PIB agricole en relation avec le PIB national Nous
observons que sur les 10 dernières années de 2001 à 2011 le PIB agricole qui représente 25% du
PIB national, a régressé dans son ensemble de 3% par rapport au PIB national .Cette
décroissance s’est effectuée de manière graduelle reculant de 1% l’an, de 2001 jusqu'à 2004,
passant de 27% à 25% .Il se stabilise de 2004 à 2007 en se maintenant à 25% .Il chute à 23% en
2008 et 2009, pour croître de 2% en 2010, puis perd 1% en 2011.
Le PIB avicole, en référence au tableau 10 pour l’année 2010 serait de 6.43% du PIB agricole,
de 1.53% du PIB national.
19
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
Source:www.brh.net
Propriétaire 746 6
Employé permanent 2238 114
Employé temporaire 1492 30
Total 4476 150
Dépendent
de propriétaire 2984 24
d'employé permanent 8952 456
d'employé temporaire 5968 120
Total 17904 600
Qualification
Qualifié 0.50% 20%
Source : AHPEL (2011)
20
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
Industrialisation de la filière
L’industrialisation de la filière avicole a démarré comme l’indique le tableau précédent dans les
années 80 .On a vu s’implanter dans le pays quatre couvoirs, quatre usines d’aliment, trois
abattoirs. En observant les capacités installées de ces usines, comparées à leur pourcentage
d’utilisation, on se rend compte que l’investissement dans la production primaire, c'est-à-dire
les fermes, n’a pas suivi le même rythme de croissance que celui de l’industrie placée en amont
de la filière.
La réduction du nombre des usines ainsi que la diminution des volumes produits, dans la
décennie 90, sont les conséquences des sanctions économiques imposées par l’embargo
commercial en vigueur de 90 à 94.
21
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
En 1998, l’industrie avicole toute entière fermait ses portes, mise en faillite suite à l’ouverture
des marchés à la libre concurrence et la réduction drastique des tarifs douaniers .L’importation
des produits avicoles congelés se substituait à la production nationale.
La décennie 2000 est marquée par l’obstination des petits fermiers, regroupés en association
AHPEL, à lutter contre les produits importés en se faisant accompagner par le MARNDR dans un
programme de relance de l’aviculture. Egalement, suite à la découverte sur le territoire
Dominicain du virus H5N1 de la grippe aviaire, en 2008, le gouvernement Haïtien invoqua la
raison sanitaire pour interdire l’accès sur son territoire à tout produit avicole en provenance de
la République Dominicaine.
Production Primaire
22
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
Les capacités installées en élevage de poulets de chair ont augmenté après 94, suite à la levée
de l’embargo, passant de 500.000 à 900.000 pieds carrés, près de 80%. Cet investissement n’a
jamais pu être rentabilisé, puisque quatre ans plus tard en 98, le secteur avicole était acculé à la
faillite.
Les deux tableaux précédents nous permettent d’apprécier l’impact des bouleversements
politiques que traverse le pays depuis 1986 sur la filière, ainsi que leur répercussion sur
l’investissement.
La politique monétaire est surtout orientée vers le maintien du niveau de la monnaie à travers
l’émission des bons BRH et des bons du trésor. Il n’existe pas réellement de marché boursier
dans le pays. La politique financière se résume à maintenir un cadre macro stable avec une
stabilité dans le taux de change, à maintenir l’inflation aujourd’hui à 6.7%, et la monnaie entre
41 /42 gourdes pour U$ 1. Le marché financier n’est pas très développé et le crédit au secteur
privé n’est pas aussi important qu’il le faille (Daniel Dorsainvil).
Le développement rural est tributaire de ce qui se fait au niveau agricole. Le rôle de l’état se
concentre sur l’accès des populations aux services sociaux de base, action menée par trois
ministères : le MICT, le MARNDR, et les TPTC.
Cependant il est quand même opportun de noter certaines contradictions. Depuis 1994 le tarif
d’importation des œufs était fixé à 5%. Dans le document intitulé “Plan National
d’investissement Agricole” publié en juillet 2010 à la page 12, tableau 3, traitant du projet de loi
portant modification de certain taux et position tarifaire, 2009, on constate que le tarif sur les
œufs passe de 5% à 3.5%
23
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
24
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
25
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
i. les poussins
ii. la nourriture
26
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
27
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
X : Importateurs
Ces trois entreprises ont en total une capacité de production de près de 558.000 poussins /mois.
Quatre vingt quinze pourcent (95%) de cette capacité se trouvent concentrée dans le
département de l’Ouest, et cinq pourcent (5%) dans le Sud-est.
28
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
ii. Parmi les fabricants locaux, seule l’entreprise JAVEC localisée à Christian-Ville produit ses
propres œufs fertiles. En effet, l’entreprise s’est lancée depuis 2011 dans la production de
poussins pour combler un besoin créé par l’embargo de l’État contre les produits avicoles en
provenance de la RD. Elle possède un incubateur de la marque JAMESWAY, d’une capacité
installée de 108.000 poussins/mois et travaille avec la race « HUBBARD » . Le poussin
produit par JAVEC est vendu à 28 gourdes /l’unité. Cette entreprise contrôle le marché du
poussin dans la zone de Gressier et Léogane, sa part de marché pouvant être évaluée à
environ 20%. L’usine produit environ 40.000 poussins par mois et travaille à 37% de sa
capacité installée.
29
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
iii. FACN fait partie de la coopération Taïwanaise en Haïti ; il s’est installé à Jacmel et possède
25 petits incubateurs de 2000 œufs de capacité chacun. Son marché est plutôt régional :
Jacmel et ses environs, et sa production est surtout en appui à de petits élevages. Ils
importent les œufs fertiles des USA et produisent des œufs fertiles de Rhodes Island Red
(1000 femelles et 400 mâles). Ils ne fonctionnent pas de manière régulière et font huit
incubations par an, ne produisant ainsi que 160.000 poussins par an. L’usine travaille à 13%
de sa capacité installée et occupe une part de marché estimée à 5%. Le poussin est
également vendu à 29 gourdes.
Depuis l’an 2008, suite à la découverte du virus H5N1 en République Dominicaine, tous les
poussins importés proviennent d’une entreprise basée en Floride dans la région de Miami
dénommée MORRIS HATCHERY. Le poussin coute U$ 33 cts /l’unité au USA, le transport aérien
U$ 68 cts/livre, représentant à peu près U$ 28 cts /poussin. Comme intrants agricoles, ils sont
exonérés de droit de douane et de TCA. Ils ne paient que les frais de vérification 4%, l’acompte
2%, les taxes pour les collectivités territoriales 1%. Les importateurs revendent les poussins à un
prix variant entre 30 et 32 gourdes.
30
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
o AHPEL (Association Haïtienne pour la Promotion de l’Elevage) est comme son nom l’indique
une association de producteurs impliquée dans la production animale qui jouit d’un accord
de partenariat avec le MARNDR depuis les années 2000, dont l’objectif principal est la
relance de l’aviculture.
AVANTAGES
Deux investissements majeurs sont réalisés en 2011 et 2012 dans le secteur de production de
poussins. Ils répondent à un besoin de résoudre la dépendance des éleveurs en matière
d’approvisionnement en poussins. Les différentes stratégies mises en place par les acteurs
traduisent la compétitivité de la filière : le premier misant sur la qualité (poussin vacciné) le
second jouant sur les prix.
INCONVENIENTS
JAVEC investit dans des capacités pour satisfaire la demande actuelle qui est de 100.000
poussins par mois. HAITI-BROILER entreprend un investissement quatre fois supérieur au
besoin actuel du marché, avec comme objectif stratégique d’atteindre cette capacité dans un
délai de quatre ans.
Les deux opérateurs travaillent en dessous de 30% de leur capacité installée et offrent les
poussins au même prix que les importateurs. Deux ans après le démarrage de leur opération,
95% des poussins sont produits localement, et tous les importateurs ont été convertis en
distributeurs de poussins. Il faudrait que des investissements se réalisent en aval dans les
fermes pour justifier le fonctionnement de deux couvoirs et les rendre rentables.
31
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
o IMBA
o HAITI BROILER
o TI MOULIN
A. IMBA
Filiale de « Les Moulins D’Haïti » et ayant comme actionnaire UNIBANK , « SEA BOARD » et
CONTINENTAL GRAIN ,unique producteur de farine de blé en Haïti, localisée à Laffiteau au Nord
de Port-au-Prince dans le département de l’Ouest, cette usine bénéficie de sa propre facilité
portuaire, d’une capacité de stockage pouvant décharger des bateaux de plus de 5000 tonnes
de grains, et d’une autonomie en énergie. Elle a une capacité de production de 85 tonnes /jour.
Son objectif principal est la commercialisation du son de blé, sous- produit de la farine, vendu
pour la consommation animale. L’IMBA malgré ses énormes capacités de production est très
limité en ressources humaines.
Leur prix de vente est de 50% moins cher que ceux des compétiteurs, 370 gourdes pour un sac
de 55 livres d’aliment pour pondeuse. L’entreprise importe ses matières premières des USA.
32
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
4 HAITI BROILERS
D’une capacité de production de 120 tonnes /jour, l’entreprise développe une stratégie de
proximité en allant à la recherche de ses clients. En plus de ses 57 distributeurs, elle déploie sur
le terrain 22 médecins vétérinaires pour encadrer les éleveurs. Une particularité de cette
entreprise, elle n’offre à ses éleveurs de poulet de chair qu’un seul type d’aliment, une ration
unique du premier jour jusqu'à la vente. Bien que ses prix de vente soient plus élevés que ceux
de son voisin (IMBA), HAITI BROILERS contrôle environ près de 50 % du marché de l’aliment. Ses
matières premières arrivent de Jamaïque et des USA.
5. TI MOULIN
L’entreprise « Ti Moulin », située à Cazeau dans le département de l’Ouest, a travaillé dans les
années 80 sous Licence Purina. Malgré sa capacité de production d’environ 60 tonnes /jour, elle
est quand même limitée par une capacité très faible de stockage de matière première,
comparée aux deux précédentes. Ses matières premières proviennent de la République
Dominicaine.
33
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
o MFT
o JAVEC
o AHPEL
Ces entreprises sont toutes localisées dans le département de l’Ouest, et sont de petites unités
de fabrication équipées de mélangeuses de 10 tonnes /heure. Elles bénéficient du support du
MARNDR à travers un programme de relance de l’aviculture instauré depuis l’an 2000.
L’approvisionnement en intrants (maïs –soya) se fait en RD.
o Vidro-Trading
o M&M
o GERMALOT
a) VIDRO-TRADING importe des USA la marque PMI Inc. (Purina).
b) M&M importe de la république dominicaine du maïs, du soya, ainsi que de la nourriture
complète de la marque AGRIFEED
c) GERMALOT est un éleveur de poulets qui pour réduire ses coûts de production
commercialise ses excédents de maïs et de soya, achetés en RD.
AVANTAGES
La présence d’une multinationale jamaïcaine qui investit dans la production d’aliments et qui
en moins de deux ans a déjà gagné 50 % de part de marché serait un signe avant-coureur d’une
dynamisation de la filière.
34
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
INCONVENIENTS
A la lumière des tableaux (9 & 10) du chapitre précédant concernant les données globales de
l’industrialisation et de la production primaire, on constate un besoin urgent en investissement
du côté des fermes. Aucun investissement et l’utilisation d’une technologie vieille des années
80, caractérise les producteurs.
Seule l’entreprise HAITI BROILERS déploie une stratégie commerciale basée sur des rapports de
proximité avec sa clientèle. Le groupe est présent dans 8 départements géographiques sur 10 à
travers ses 57 représentants et ses 22 médecins vétérinaires.
Le distributeur gagne :
Tous les anciens importateurs d’intrants avicoles sont actuellement distributeurs de produits
HAITI-BROILERS, la compagnie ne pratiquant aucune politique d’exclusivité.
35
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
HAITI BROILERS dans ses relations de proximité avec les producteurs à travers l’ensemble du
territoire en a recensé 746 éleveurs. Les critères d’identification se sont surtout basés sur la
présence du poulailler. De ces 746 éleveurs potentiels 97 % serait impliqués dans l’élevage du
poulet de chair et 3% dans la production des œufs de table. Serait éleveur, tout individu
possédant une infrastructure de base pouvant faire de lui un potentiel client.
Depuis Février 2010, après le séisme, la présence des ONG dans la production avicole n’a cessé
de se manifester. On pourrait citer à titre d’exemple les interventions de :
Nous sommes donc tentés dans le cadre de cette étude, d’établir une nouvelle typologie pour
caractériser les éleveurs à partir du mode d’accès au financement. Ainsi on pourrait classer les
éleveurs en 3 groupes :
36
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
Les 24.1% restant sont constitués principalement d’éleveurs nouveaux ayant des opérations qui
ont moins de 5 ans (tableau 17)
37
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
38
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
Ils ont une capacité de production d’environ 20.000 à 30.000 poulets chacun.
Ils travaillent tous avec leur fond propre par incapacité à mettre en place les conditions
nécessaires pour accéder au crédit bancaire, aussi par crainte des taux d’intérêt jugés trop
élevés. Quatre-vingt- quinze pourcent (95 %) de leur production est écoulée sur le marché de
Port-au-Prince sous forme de poulets vivant.
De plus ce qui caractérise ces éleveurs, ils sont autonomes pour la vente. Ils possèdent leurs
propres camions, leurs caisses, et apportent eux-mêmes leurs poulets au marché.
Si l’on tient compte du recensement effectué par HAITI-BROILERS, ces cinq éleveurs
représentent moins de 1% du total des éleveurs recensés, mais produisent 65% des poulets
commercialisés.
Ce sont toutes des entreprises familiales, limitées en ressources humaines qualifiées, utilisant
comme équipement la technologie des années 80.
A l’exception de BOBARY FERME localisée à Jacmel dans le département du Sud-est, qui s’est
dotée d’un petit abattoir artisanal et qui commercialise le poulet frais dans les supermarchés de
Port-au-Prince, tous les autres éleveurs vendent leurs poulets vivants soit directement, soit à
travers un réseau d’intermédiaires.
39
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
B. Une seconde catégorie d’éleveurs, 125 au total représentant 16% du nombre des éleveurs
recensés a une capacité installée comprise entre 5.000 et 10.000 poulets. Ils se
caractérisent par une utilisation d’équipements inappropriés ou en quantité insuffisante, ils
sont installés en périphérie des grands centres urbains, et sont dépendants des
intermédiaires pour la commercialisation des poulets.
Disposant de ressources humaines non qualifiées, sans source de financement, ils sont livrés à la
merci des intermédiaires qui leur imposent les prix de vente. Cette catégorie d’éleveurs a
généralement un temps de vente plus long, ce qui les empêche de réaliser plus de quatre
rotations par année.
C. Une troisième catégorie d’éleveurs, environ 616, soit 82% ayant moins de 5.000 poulets et
également ayant moins de 5 années dans la pratique de l’élevage. On les retrouve le plus
souvent dans des zones rurales, sont arrivés dans l’élevage grâce à l’intervention de
certaines ONG, utilisent des équipements neufs, reçoivent leur financement à travers les
ONG qui leur fournissent poussins et aliments achetés chez les fournisseurs d’intrants locaux
à travers des appels d’offres.
Cette catégorie de petits éleveurs s’est multipliée surtout après le séisme de 2010, par
l’intervention des organismes d’aide internationale et arrivent difficilement à faire trois
rotations par an en raison de difficultés liées à la mise en marché.
40
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
3) ASSAVIS, une association avicole du sud réunie dans la plaine des Cayes, qui reçoit le
support du MARNDR et qui pourrait disposer d’un financement d’USAID/ HI-FIVE
s’ils arrivent à remplir les conditions requises.
1. Le coût élevé du poussin importé des USA et qui rendu en Haïti est cinq fois plus
cher que le poussin de chair. En effet le pintadeau de un jour importé coûte 150
HTG, environ US$ 3.56, contre 33 HTG pour le poussin de chair.
2. Son temps d’élevage est deux fois plus long que celui du poulet. Il prend quatre
mois pour atteindre un poids moyen de 4 livres.
3. Sa disponibilité est saisonnière. Les poussins ne sont pas disponibles toute
l’année.
4. L’éleveur peut à peine faire deux rotations par an.
Il n’existe qu’un seul producteur de pintades qui s’est installé dans le Sud-Est et qui
produit environ 500 pintades deux fois l’an.
La pintade, en raison de son coût de production élevé, est considérée comme un produit
de luxe.
La production de dindonneaux est saisonnière. Ils ne sont pas disponibles toute l’année,
mais le plus souvent en juillet.
Le grand marché de dinde aux USA est la période qui correspond au jour de l’action de
grâce ou « Thanksgiving » le dernier jeudi de Novembre.
En Haïti, un dindonneau acheté en juillet ne pourrait être écoulé que pendant la période
des fêtes, en décembre. Il pèserait alors, 5 mois plus tard, 40 à 45 livres.
Les dindes généralement importées des USA , sont vendues en supermarchés à des
poids variant entre 12 et 25 livres.
41
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
Le facteur limitant la production de dindes en Haïti est le dumping pratiqué par les
importateurs de morceaux de dinde importés des USA.
o HAITI-BROILERS
o La ferme des délices S.A.
o FEPA
o La petite ferme
HAITI -BROILERS occupe un espace de 556.000 pieds carrés installés de ferme et a l’intention
de mettre à la disposition des éleveurs, des poulettes prêtes à pondre, pour combler un
manque qui est en partie responsable du faible niveau de production d’œufs dans le pays.
En effet la production de poulettes requiert un certain savoir faire et une compétence
spéciale. La difficulté des éleveurs à pouvoir produire eux-mêmes ces poulettes, et le faible
niveau de production des firmes spécialisées dans ce secteur ont toujours constitué le
facteur limitant la production des œufs de table. Installée dans le département de l’Ouest,
cette firme qui a démarré cette opération depuis moins d’un an constitue un apport
important dans le futur de la production des œufs.
La ferme des délices S.A. a une capacité installée de 24.000 pondeuses. Etablie dans le
département de l’Ouest depuis 1980, elle commercialise ses œufs sous le label « JAUNE
D’OR ». Elle produit également pour des tiers des poulettes prêtes à pondre.
FEPA a une capacité installée d’environ 25.000 pieds carrés et s’est spécialisée dans la
production de poulettes .Etablie au nord de P-A-P dans le département de l’Ouest, cette
entreprise ne vend pas d’œufs. Elle produit également les poulettes rustiques qui sont
42
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
distribuées aux paysans à travers des programmes d’aide financés par le MARNDR, la FAO
ou l’IICA.
La petite ferme, installée dans le département de l’Ouest, opère depuis 5 ans et se consacre
uniquement à produire sous contrat des poulettes prêtes à pondre. Elle ne produit pas les
œufs et a une capacité installée de 30.000 pieds carrés.
Ils visent le marché niche et on retrouve leurs produits sous différents labels tels : (JAUNE D’OR,
TI COCOTTE, ASSOCIATION SODA, ZE LAKAY, ZE PAYS).Ce sont des firmes qui ont choisi de
maximiser leurs profits en présentant leurs produits uniquement dans les supermarchés où
ceux-ci sont vendus moins chers que les œufs importés des USA. En effet la douzaine d’œufs
locale est à l’étalage à 140 gourdes tandis que celle importée des USA est à 175 gourdes.
Quatre-vingt-quinze pourcent (95%) des poulets produits sont commercialisée sous forme de
poulets vivants à travers un réseau d’intermédiaires .90% des intervenants sous ces appellations
d’intermédiaires sont des femmes. A travers AHPEL, elles sont au courant des calendriers de
production des différents producteurs et assurent la liaison entre producteurs et
consommateurs.
1) Les cinq plus anciennes entreprises possèdent leurs propres véhicules et leurs propres
caisses et acheminent les poulets vers les marchés communaux où ils sont livrés aux
intermédiaires.
2) Dans le cas des élevages de moins de 5.000 poulets ces éleveurs sont à la merci des
intermédiaires pour le transport des poulets vers les marchés. Il n’existe pas de
43
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
Les poulets ne sont pas vendus au poids, mais plutôt à la douzaine. En général une douzaine de
poulet pesant entre 5 et 6 livres est vendue à 2400 gourdes la douzaine. L’intermédiaire réalise
une marge de 500 gourdes /douzaine.
1. Poulet de chair
a. d’une part par une production locale d’environ 120.000 poulets vivants /mois, soit
1.44 millions /an d’une valeur de $ 6.85 millions/an.
b. d’autre part par une importation de morceaux de poulets congelés en provenance
des USA, et de la RD qui est passée de $ 18.545 millions en 2006 à $ 62.020 millions
en 2011.
44
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
2. Les œufs
a. une production locale estimée à environ 50.000 pondeuses produisant environ 1.2
million d’œufs/mois.
b. une importation en provenance de la RD et des USA évaluée à près de 40 millions
/mois
45
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
Le concept de circuit s’entend de la représentation de la route que suit le produit entre deux
pôles bien définis, allant de la production à la consommation, route constituée par une série
d’acteurs et de relations bien spécifiques.
A. Dans le circuit des œufs, il n’y a pas de transformation. Le produit passant de la ferme à
l’intermédiaire, puis au consommateur. En analysant le tableau 16, les œufs proviennent de
trois pôles :
a) ceux produits localement 13.37 %
b) ceux importés de la R.D. 79.85 %
c) ceux importés des USA 6.78%
I. Les œufs locaux sont vendus directement au supermarché (marché niche) qui les offrent au
consommateur à 140 gdes /dz, avec une marge de 30%.
II. Ceux importés de la R.D., sont destinés à un marché populaire, passent par un grossiste qui
réalise 20% de marge, puis un détaillant qui en fait 15%, et arrivent au consommateur à 69
gdes /dz.
46
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
III. Les œufs sont généralement importés des USA par les supermarchés eux- mêmes, qui les
revendent à 175 gdes /dz, avec une marge de 40%.
B. Le circuit du poulet est composé de deux réseaux de distribution nettement distincts :
a) le poulet vivant 10%
b) le poulet congelé 90%
En analysant les valeurs monétaires des morceaux de poulets congelés importés et les chiffres
de production de fabricants de poussins, on observe que 10% du poulet est produit localement
et 90% est importé.
Le poulet vivant produit localement arrive au consommateur à environ 300 gdes / l’unité.
o le marché populaire
o Le marché niche.
Dans le marché niche, le poulet congelé entier qu’il soit importé ou local, est vendu à 110
gdes/lbs, le commerçant réalisant une marge de 40%.
Les morceaux de poulets sont importés des USA par cinq entreprises qui se partagent le
marché. (Citées plus haut, voir page 44). Ils ont une couverture nationale avec des points de
distribution à travers le territoire qui constituent les grossistes. Ils réalisent une marge de 5%.
Les produits sont stockés en chambre froide.
Autour de ces grossistes gravitent les détaillants qui acheminent les produits au consommateur.
Le détaillant fait 40% de marge.
47
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
En se référant au tableau (17 ?) suivant qui compare les prix du marché populaire à ceux du
marché niche, on réalise que la logique de l’importateur, est d’offrir au consommateur un
produit au prix le plus bas que possible ; il importe donc des morceaux de poulets de bas de
gamme tels (dos, cou, patte, gésier). Le grossiste réalise 5% de marge sur le volume de ses
ventes, tandis que le détaillant qui achète au poids mais revend à la pièce réalise ainsi sur des
volumes plus faibles des marges allant jusqu'à 40%.
Il est donc possible pour les petites bourses d’avoir pour 50 gdes, une des pièces suivantes
achetée au détaillant :
- 1 cuisse
- 3 pilons
- 6 dos
- 4 cous
- 6 pattes
Généralement, le morceau importé est offert prêt à être consommé (RTE) à 75 gdes /cuisse de
poulet, dans les restaurants populaires .
48
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
49
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
Marché de consomation
- En moins de 2 ans, HAITI BROILERS a déjà capté près de 74 % du marché des poussins. Sa
stratégie est basée sur :
1. des relations de proximité avec ses clients grâce à son réseau de 57 distributeurs.
2. son service après vente grâce à ses 22 médecins vétérinaires qui interviennent
gratuitement chez tous les éleveurs.
3. son service de livraison qui apporte ses produits chez le client.
4. la reconversion des importateurs de poussins en distributeurs de ses produits.
5. l’offre d’un poussin déjà vacciné.
6. Ses prix moins chers que ceux des aliments importés
- JAVEC par sa présence à Gressier essaie d’établir une certaine fidélisation des éleveurs de
la région de Léogâne, il capte 12% du marché des poussins. Sa stratégie est basée sur :
o un poussin vendu 1 gourde moins cher que la compétition
o le service de livraison.
50
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
Tableau 19 – Classification des prix des différents types d’aliments : marché local
Type d'aliment Producteurs locaux (cents US/lbs ) Importateur (cents
US/lbs )
IMBA Haïti Broiler Ti Moulin Germalot M&M
Poulet de Starter 0.16 - 0.30 - -
chair Grow 0.14 0.27 0.29 - -
Finisher - - 0.27 - -
Pondeuse Starter - 0.27 - 0.28 0.28
Grow - 0.25 - 0.27 0.27
Finisher - 0.25 - - -
Ponte 1 0.16 0.26 0.27 0.26 0.26
Ponte 2 - - - - -
Haiti Broilers est à 27 cts/lbs pour la nourriture de poulet de chair alors que Ti Moulin est entre
30 et 27 cts/lbs. La nourriture importée est entre 28 cts et 26 cts la livre.
51
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
52
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
En janvier 2008, la RD déclare sur son territoire, la présence du virus H5N1 de l’influenza aviaire.
Le gouvernement Haïtien saisit l’occasion pour appliquer une mesure en accord avec les
règlements de l’OMC : la barrière sanitaire. En effet depuis 2008, tout produit avicole en
provenance de la RD est frappé d’interdit d’entrée en territoire haïtien.
Le maintien de cette mesure jusqu'à date a suscité l’intérêt d’investisseurs tant nationaux
qu’étrangers pour le secteur avicole en Haïti. Depuis 2010, une firme Jamaïcaine investit dans le
pays et satisfait un vide qui existait au niveau de la fourniture des intrants de base pour
l’élevage depuis 1998.
Située géographiquement entre les USA, le plus grand producteur mondial de poulet et
deuxième exportateur, et la république dominicaine, pays le plus efficient de l’industrie avicole
de la région Caraïbe, Haïti n’a de chance d’évoluer que grâce au recours à l’investissement pour
la modernisation et l’agrandissement de ses infrastructures de base, ainsi qu’à
l’accompagnement de l’Etat par des mesures d’incitation à l’investissement et des tarifs par
pallier pour accompagner cette croissance .
53
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
Coût de production/œuf 4,18 HTG 4,1 HTG 3,61 HTG 3,4 HTG
Résultats
Les coûts fixes à prendre en compte par l’éleveur sont les suivants :
54
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
coût d’acquisition, nous pouvons conclure que ce coût sera moindre à mesure
que la capacité de pondeuse installée va augmenter.
55
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
Profit brut/troupeau 2 832,00 HTG 118 250,00 HTG 751 400,00 HTG
Rotations annuelles 6,00 6,00 6,00
Profit brut annuel 16 992,00 HTG 709 500,00 HTG 4 508 400,00 HTG
Estimation mensuelle 1 213,71 HTG 50 678,57 HTG 322 028,57 HTG
Source : Elaboration personnelle
Les coûts fixes à prendre en charge par l’éleveur sont les suivants :
56
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
5. Consommation en eau.
Avec un élevage de 20.000 poules le coût sera de 137.43 gds/poule et la marge passe à
37.57 gds/poule.
Il faudrait un minimum de 1.500 poules pour permettre à un petit exploitant de réaliser
14.160 gds en 1.1/2 mois d’élevage, ce qui lui permettrait de gagner 7.080 gds /mois,
somme supérieure au salaire minimum officiel.
57
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
Il s’agit ici de déterminer les facteurs qui influencent le niveau de compétitivité entre les
acteurs.
A la base de la production primaire, constituée par celle des poussins et des aliments, les coûts
sont affectés par le faible volume de production. Les usines travaillent en dessous de leur seuil
de rentabilité. Les éleveurs sont mal équipés et utilisent une technologie peu efficiente.
L’agrandissement des élevages fait face au problème du crédit pour financer leur expansion et
leur niveau de technologie. L’absence de l’industrie de transformation, l’abattoir, limite à son
tour l’expansion des fermes.
-La capacité de l’Etat à stimuler ces changements se retrouve dans les objectifs du MARNDR
pour le développement de la filière. Le maintien de la mesure d’embargo sur les produits
dominicains a servi à stimuler l’investissement étranger en Haïti.
58
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
o Haiti Broiler (HB) s’approvisionne en intrants (maïs, soya) de sa maison mère en Jamaïque
au coût des grains sur le marché international. Il utilise le transport maritime et en plus
bénéficie de sa propre facilité portuaire. L’usine possède une capacité installée de 120
tonnes/jour.
o IMBA profite des livraisons de blé pour s’approvisionner en petites quantités de soya des
USA, bénéficiant ainsi du coût de transport maritime. Son prix de vente est le moins élevé
sur le marché.
59
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
o Ti Moulin ainsi que les entreprises artisanales achètent soya et maïs au prix fort en RD par
sacs et les transportent par camion. Le maïs leur revient à $392.85 la tonne et le soya à
$595.23
Le tableau 5 à la page 10 fait référence aux prix des céréales sur les marchés américains et
dominicains pour la période 2000 – 2009
Le faible niveau de production avicole (1.8 millions de poulets de chair et 50 000 pondeuses par
an) et l’absence d’un élevage rationnel de porcs et de vaches laitières font que les usines
d’aliments sont dans un marché de moins de 9 000 tonnes par an. Il y a donc un excédent de
capacité installée à produire de l’aliment par rapport à la production réelle de poulets et des
œufs.
La stratégie des usines est d’inciter de nouveaux entrepreneurs dans la production de poulets et
d’œufs. Les contraintes rencontrées sont le manque de connaissances relatives aux techniques
d’élevage, la difficulté d’accès à la technologie efficace (infrastructure et équipements adéquats)
ainsi que l’absence de financement pouvant permettre cette expansion.
60
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
Le faible volume de production de poussins ne nous permet pas de faire des économies
d’échelle, tant à l’achat des œufs que sur le transport.
61
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
Le poussin dominicain coûte 19.55% plus cher que celui produit aux USA. Le poussin haïtien est
109% plus cher que le poussin américain et 75% plus cher que le poussin dominicain.
Les incubateurs utilisés par les deux entreprises, JAVEC et Haiti Broiler, sont à l’avant garde de la
technologie.
Haiti Broilers utilise Chickmaster, numéro 1 mondial des incubateurs et fabriqué aux USA. JAVEC
utilise la marque Jamesway fabriquée au Canada.
Le point faible de ces deux entreprises est qu’elles ne peuvent pas à elles seules stimuler la
croissance de la production du poulet et des œufs, seule alternative pouvant leur permettre de
baisser leurs coûts.
Le réel problème de la filière est celui des tarifs. L’Etat devrait à l’instar des autres pays de la
région tels Jamaïque, RD, protéger son aviculture, en établissant des tarifs par paliers
proportionnels au développement de la production nationale.
62
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
Conclusion
Cinq pour cent (5%) des produits avicoles consommés sont fabriqués localement, le
reste soit quatre-vingt-quinze pour cent (95%) est importé des USA ou de la RD. Des
investissements importants sont effectués dans la fabrication d’intrants avicoles,
poussins, aliments. Les nouvelles habitudes alimentaires créées par les importateurs de
viande de volaille (présentation de leurs produits sous la forme (RTC) prêt à cuire, ou
(RTE) prêt à être consommé), compliquent davantage la tache de nos petits producteurs
qui en l’absence d’un abattoir ne savent comment écouler leurs poulets vivant.
Il est évident que le dynamisme créé par la compétition entre les fournisseurs de
poussins est freiné par l’incapacité des éleveurs à augmenter leur niveau de production
faute de financement.
Nous avons évalué dans les tableaux 22 et 23 les quantités minimales à produire pour
permettre aux exploitations avicoles d’être rentable. L’aviculture en HAITI pour être
viable a besoin d’être financée au niveau de la production primaire c’est-à-dire les
fermes. L’agrandissement de la taille des exploitations avicoles, la modernisation des
équipements d’élevage, la mise à la disposition des éleveurs d’un fond de roulement
leur permettant de boucler le cycle de production, le crédit à des taux inferieurs à 10%
sont les premiers éléments à prendre en compte comme facteurs qui contribuent à
promouvoir l’aviculture .
En second lieu, l’absence d’un abattoir empêche aux éleveurs de réaliser plus de 5
rotations par année, ce qui a un effet très important sur le prix de revient du poulet.
63
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
Recommandations
La relance du secteur avicole n’est pas uniquement liée à l’investissement .Elle dépend
également en grande partie d’un accompagnement de l’Etat qui devrait le considérer
comme un secteur sensible.
Présentation d’une demande à l’OMC en janvier 2012 pour la mise en œuvre d’ici
janvier 2013 des mesures suivantes :
1. Augmentation du tarif douanier aux mêmes niveaux que ceux des pays de la
CARICOM c'est-à-dire 137%
2. Soumission obligatoire de toute importation, pour approbation, au MARNDR
comme dans tous les Etats de la CARICOM.
3. Exigence doit être faite à toutes les entités étatiques engagées dans la
restauration, notamment les cantines scolaires, les hôpitaux, de
s’approvisionner sur le marché local en produits avicoles à partir de janvier
2015
4. Organisation de la production et la transformation des produits avicoles de
telle sorte que 70% de la production proviennent de petites fermes.
64
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
Bibliographie
1. El Entorno Internacional del Sector Avicola Centroamericano – Danilo Herrera Soto
65
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
66
Etude de caractérisation de la filière avicole en Haïti 2012
67