Cours Analyse Approfondie

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Département de Mathématiques

Étienne Mann

ANALYSE APPROFONDIE S4:


L2 À DISTANCE
Étienne Mann
LAREMA Bureau I 116, Faculté des Sciences, 2 Boulevard Lavoisier, F-49045 Angers cedex 01,
France.
E-mail : [email protected]

Ce polycopié et les ressources attachées ont été réalisés dans un projet financé par l’université
d’Angers.
ANALYSE APPROFONDIE S4:
L2 À DISTANCE

Étienne Mann
TABLE DES MATIÈRES

Comment rédiger des mathématiques ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7


Principes généraux de rédactions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
Les différents énoncés mathématiques à démontrer. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

I. Injectivité, surjectivité, bijectivité et monotonie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

II. Topologie des réels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17

III. Borne supérieure et inférieure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21

IV. Théorème de Bolzano-Weierstrass . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25

V. Limite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27

VI. Continuité et uniforme continuité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33


VI.1. Continuité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
VI.2. Continuité uniforme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36

VII. Dérivabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39

VIII. Revoir les théorèmes classiques d’analyse avec les quantificateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41


VIII.1. Théorème de Rolle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
VIII.2. Théorème des accroissements finis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42

IX. Théorie de Fourier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45


IX.1. Le Cadre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
IX.2. Coefficients de Fourier et série de Fourier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
6 TABLE DES MATIÈRES

IX.3. Inégalité de Bessel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51


IX.4. Les théorèmes de convergence de Dirichlet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
IX.5. Égalité de Parseval . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
TABLE DES MATIÈRES 7

Dans ce cours d’analyse approfondie, nous allons revoir beaucoup d’énoncés que vous avez déjà vu
mais avec un point de vu rigoureux. La difficulté de ce cours n’est pas les énoncés mais plutôt la ma-
nipulation rigoureuse des quantificateurs (∃, ∀, ...). Ainsi, nous pourrons donner des démonstrations
rigoureuses à tous ces théorèmes.
Pour s’entraîner à comprendre ce cours, il faut donc lire en détail les preuves des énoncés.
Pour lire ce cours, je vous conseille en début de chapitre de regarder la vidéo où je présente le chapitre.
J’explique les idées importantes et intuitives pendant environ 10 minutes. Dans un second temps, il
faudrait lire le cours puis faire les exercices.
CHAPITRE

COMMENT RÉDIGER DES MATHÉMATIQUES ?

Principes généraux de rédactions


Dans ce cours, on va apprendre à rédiger proprement des mathématiques et on va voir qu’il y a des
techniques de rédaction et que si on les applique, beaucoup d’exercices ou preuves deviennent faciles.
Vos professeurs connaissent ces techniques mais elles ne sont jamais explicites. Après que vous ayez
maîtrisé ces techniques, vous pourrez choisir votre propre style mais dans un premier temps, il est
bon de les suivre pas à pas.
Dans ce poly, je vais expliciter ces étapes par des couleurs.
Étape 1: Écrire les hypothèses avec des quantificateurs. Dans ce poly, ça sera écrit en violet.
Étape 2: Écrire la conclusion avec des quantificateurs. Dans ce poly, on soulignera cet énoncé.

Un petit exemple facile et assez intuitif vaut mieux que tous les discours.

Exemple .0.1.
Soit f une fonction non bornée et g une fonction bornée. Montrer que il existe x tel que f (x) >
g(x).

Solution : Étape 1: On écrit les hypothèses

hyp1 : ∀A > 0, ∃x ∈ R, f (x) > A


hyp2 : ∃A > 0, ∀x ∈ R, g(x) < A

Principe de décoration des lettres. Il faut décorer les lettres qui apparaissent pour ne pas les confon-
dre...en l’occurrence ici, c’est le A qui pose problème. Ainsi par exemple, on change A en B. Parfois,
10 COMMENT RÉDIGER DES MATHÉMATIQUES ?

on met des indices aux lettres.

hyp1 : ∀A > 0, ∃x ∈ R, f (x) > A


hyp2 : ∃B > 0, ∀x ∈ R, g(x) < B

Étape 2: Montrons que ∃x ∈ R tel que f (x) > g(x).


Comme il faut trouver un x...on doit commencer par on pose x = .... Par hypothèse 2, on a un
l’existence d’un B tel que pour tout x, on a

(.1) g(x) < B

Comme l’hypothèse 1 est vraie pour tout A, on l’utilise maintenant avec A = B et on obtient

∃x ∈ R, f (x) > A

On en déduit par (.1) que f (x) > A = B > g(x).

Les différents énoncés mathématiques à démontrer.


Montrer A ⇒ B. — On a deux possibilités :
1. Démonstration directe. On suppose A vraie et on démontre que B est vraie.
Rédaction:
On suppose que A est vraie. Montrons que B est vraie.
2. Démonstration par l’absurde. On suppose A vraie et que B est faux et on cherche une contradic-
tion. Rédaction: Il faut absolument marquer on a une contradiction avec ...
3. La démonstration par contraposé, càd NONB ⇒ NONA, est la même chose que par l’absurde
donc en pratique on ne la fait jamais. Par contre la contraposé est parfois utile pour reformuler
une hypothèse.

Montrer A ⇔ B. — On fait par double implication. On le fait jamais(1) par équivalence.


Rédaction:
Montrer que A ⇒ B ...
Montrer que B ⇒ A ...

(1)
Enfin presque jamais
LES DIFFÉRENTS ÉNONCÉS MATHÉMATIQUES À DÉMONTRER. 11

L’égalité ensembliste. — On veut montrer que les ensembles E et F sont égaux. On montre par
double inclusion.
1. E ⊂ F càd soit x ∈ E. Montrer que x ∈ F.
2. F ⊂ E

La récurrence. — Rédaction.
Soit n ∈ A où A ⊂ N. Par exemple A = N, N∗ ou N≥2 . On considère la proposition suivante
P(n) : ”blabla”
Initialisation. On commence par le plus petit entier de l’ensemble A, noté n0 et on montre que P(n0 )
est vraie.
Hérédité : Soit n ∈ A. On suppose P(n) vraie. Montrons que P(n + 1) est vraie. bla bla
CHAPITRE I

INJECTIVITÉ, SURJECTIVITÉ, BIJECTIVITÉ ET


MONOTONIE

Définition I.0.1.
Soient I, J un sous-ensemble de R. Soit f : I → J une fonction.
1. On dit que f est injective si pour tout x, x0 dans I, nous avons
f (x) = f (x0 ) ⇒ x = x0
2. On dit que f est surjective si pour tout y dans J, il existe x ∈ I tel que f (x) = y.
3. On dit que f est bijective si elle est injective et surjective.
4. On dit que g : J → I est la réciproque de f si f ◦ g = id J et g ◦ f = idI .

Exercice I.0.2. — Montrer que f : I → J est bijective si et seulement si pour tout y ∈ J, il existe un
unique x ∈ I tel que f (x) = y.

Solution de l’exercice I.0.2. — Pour montrer cette équivalence, on procède par double implication.
⇒ hypothèse: f est bijective càd injective et surjective.
Montrons que ∀y ∈ J, ∃!x ∈ I, f (x) = y. Soit y ∈ J. Par surjectivité, il existe x ∈ I tel que f (x) = y.
Pour montrer l’unicité de x, on suppose qu’il en existe deux càd soient x, x0 tels que f (x) = f (x0 ) = y
et montrons que x = x0 . L’injectivité de f nous donne exactement que x = x0 .
⇐ hyp ∀y ∈ J, ∃!x ∈ I, f (x) = y.
Montrons que f est injective et surjective. Montrons que f est surjective. Soit y ∈ J. Par hypothèse,
il existe x ∈ I tel que f (x) = y. Donc f est surjective.
Montrons que f est injective. Soit x, x0 ∈ I tel que f (x) = f (x0 ). Montrons que x = x0 . On pose
y = f (x), par hypothèse, il existe un unique x tel que f (x) = y. On en déduit que x = x0 . 
14 CHAPITRE I. INJECTIVITÉ, SURJECTIVITÉ, BIJECTIVITÉ ET MONOTONIE

Proposition I.0.3 (Preuve en exercice).

1. Si f ◦ g est injective alors g est injective.


2. Si f ◦ g est surjective alors f est surjective.
3. Si f admet une fonction réciproque alors elle est unique.
4. Soit f : I → J une fonction. La fonction f est bijective si et seulement si f admet une
fonction réciproque.

Comme la réciproque est unique, on la note f −1 .

Définition I.0.4.
Soit I un intervalle. Soit f : I → R une fonction
1. Une fonction est croissante si
∀x, y ∈ R, x ≤ y ⇒ f (x) ≤ f (y).
2. Une fonction est strictement croissante si
∀x, y ∈ R, x < y ⇒ f (x) < f (y).
3. Une fonction est décroissante si
∀x, y ∈ R, x ≤ y ⇒ f (x) ≥ f (y).
4. Une fonction est strictement décroissante si
∀x, y ∈ R, x < y ⇒ f (x) > f (y).

Proposition I.0.5.
Toute fonction strictement croissante (ou décroissante) I → R réalise un bijection sur son image.

Remarque I.0.6.
La conséquence importante de cette proposition et de la proposition I.0.5 est qu’une fonc-
tion strictement croissante (ou décroissante) admet une réciproque. Dans la suite, nous ver-
rons des fonctions classiques qui admettent des réciproques : l’exponentielle et les fonctions
trigonométriques.
CHAPITRE I. INJECTIVITÉ, SURJECTIVITÉ, BIJECTIVITÉ ET MONOTONIE 15

Preuve de la Proposition I.0.5. — hypothèse: ∀x, y, x > y ⇒ f (x) > f (y).


Montrons que ∀x, x0 ∈ I, f (x) = f (x0 ) ⇒ x = x0
Soit x, x0 ∈ R. Par l’absurde, supposons que f (x) = f (x0 ) et que x , x0 . On a soit x > x0 ou x0 > x.
Comme f est strictement croissante, on a par l’hypothèse 1, soit f (x) > f (x0 ) ou f (x) < f (x0 ). Ce qui
contredit que f (x) = f (x0 ). 

Exercice I.0.7. — Montrer qu’une fonction strictement monotone est injective.

On a quatre applications très importantes de cette proposition.

La fonction exponentielle est strictement croissante R → R+ . Elle admet une fonction réciproque
qui est le logarithme (Voir Figure 1).

Figure 1. Exponentielle (bleu) et logarithme (rouge)

La fonction cosinus est strictement décroissante sur [0, π] → [−1, 1]. On en déduit une fonction
arccosinus arccos : [−1, 1] → [0, π] (Voir Figure 2).
16 CHAPITRE I. INJECTIVITÉ, SURJECTIVITÉ, BIJECTIVITÉ ET MONOTONIE

Figure 2. arccosinus (bleu) et cosinus (rouge)

La fonction sinus est strictement croissante sur [−π/2, π/2] → [−1, 1]. On en déduit une fonction
arcsinus arcsin : [−1, 1] → [−π/2, π/2] (Voir Figure 3).

Figure 3. arcsinus (bleu) et sinus (rouge)


CHAPITRE I. INJECTIVITÉ, SURJECTIVITÉ, BIJECTIVITÉ ET MONOTONIE 17

La fonction tangente est strictement croissante sur ] − π/2, π/2[→] − ∞, +∞[. On en déduit une
fonction arctangente arctan :] − ∞, +∞[→] − π/2, π/2[. Voir Figure 4.

Figure 4. arctangente (bleu) et tangente (rouge)

Dans ces 4 exemples, nous voyons que les graphes de f et de sa réciproques f −1 sont symétriques par
rapport à la droite y = x. Ceci est un fait général que nous pouvons démontrer en exercice.
Exercice I.0.8. — Soit f une fonction bijective et f −1 sa fonction réciproque. Montrer que les
graphes de f et de f −1 sont symétrique l’un de l’autre par rapport à la droite y = x.
CHAPITRE II

TOPOLOGIE DES RÉELS

Dans ce chapitre nous ne donnerons pas la construction de nombre réel qui est un point délicat. On
s’appuiera sur la notion intuitive que chacun s’est faite.

Définition II.0.1.

1. Un ensemble E de R est dit ouvert, si pour tout élément x de E, il existe ε > 0 tel que
]x + ε, x − ε[⊂ E.
2. Un ensemble E de R est dit fermé, si son complémentaire, c’est-à-dire R \ E est ouvert.
3. Un ensemble E de R est dit borné, s’il existe a, b ∈ R tels que E ⊂ [a, b].

Remarque II.0.2.
– Les intervalles ]a, b[, ] − ∞, a[ ou ]b, +∞[ sont ouverts.
– Les intervalles [a, b], [a, +∞[ et ] − ∞, a] sont fermés et leur réunion finie est aussi fermé.
Les singletons {x} sont aussi fermés.
– Remarquez que R est à la fois ouvert et fermé et donc son complémentaire, l’ensemble vide,
noté ∅, est aussi à la fois ouvert et fermé. Les seuls sous-ensembles de R qui sont à la fois
ouverts et fermés sont R et ∅. On dit que R est “connexe”. Une théorie entière des maths qui
s’appelle la topologie part de là mais ce n’est pas l’objet de ce cours.
– Les ensembles fermés et bornés sont très importants, on les appelle les compacts. Nous les
étudierons plus en détails dans un autre cours (cf cours de topologie).

Les ensembles fermés ont une caractérisation séquentielle c’est-à-dire qu’on peut déterminer si un
ensemble est fermé par des suites. Voici l’énoncé précis.
20 CHAPITRE II. TOPOLOGIE DES RÉELS

Proposition II.0.3.
Un sous-ensemble F de R est fermé si et seulement si toute suite d’éléments de F qui converge a
une limite dans F.

Démonstration. — ⇒ Hypothèse: F est fermé càd R − F est ouvert


Soit (xn ) une suite d’élément de F qui converge vers x. Montrer que x ∈ F.
Par l’absurde, supposons que x < F, càd x est dans l’ouvert R − F. Ainsi par définition, il existe ε tel
que ]x − ε, x + ε[⊂ R − F. Or comme la suite (xn ) converge vers x, pour cet ε, il existe N tel que pour
tout n > N, un ∈]x − ε, x + ε[⊂ R − F. Ceci contredit que tous les éléments de la suite sont dans F.
⇐ Hypothèse: (∀(xn )n∈N , (∀n, xn ∈ F) et xn → x) ⇒ x ∈ F
Montrer que R − F est ouvert.
Par l’absurde supposons que R − F ne soit pas ouvert càd qu’il existe y ∈ R − F tel que pour tout ε,
]y − ε, y + ε[1 R − F. Soit n ∈ N. Prenons ε = 1/n. On a ]y − 1/n, y + 1/n[1 R − F. Ainsi, on peut
trouver xn ∈]y − 1/n, y + 1/n[∩F. On construit alors une suite (xn ) qui converge clairement vers y et
donc par hypothèse ceci implique y ∈ F ce qui contredit y < F. 

Définition II.0.4.
Soit E un sous-ensemble de R.
1. Un point x0 ∈ R est adhérent à E si pour tout ε > 0, l’intervalle ]x0 − ε, x0 + ε[∩E , ∅.
2. Un point x0 ∈ R est un point d’accumulation à E si pour tout ε > 0, l’intervalle ]x0 − ε, x0 +
ε[∩E contient un autre point que x0 .
3. Un point x0 ∈ E est intérieur à E s’il existe ε > 0, tel que ]x0 − ε, x0 + ε[ soit contenu dans
E.

Remarquez qu’on peut écrire ces 3 définitions avec “plus” de quantificateur. Par exemple, pour x0
adhérent à E peut s’écrire

∀ε > 0, ∃x ∈ E, |x − x0 | < ε

Exercice II.0.5. — Ecrire les autres définitions avec “plus” de quantificateur.


CHAPITRE II. TOPOLOGIE DES RÉELS 21

Remarque II.0.6.
– Un point d’accumulation est aussi un point adhérent mais le contraire est faux.
– Le nombre 1 est adhérent et aussi un point d’accumulation de E =]0, 1[.
– Le nombre 1 est adhérent à E = {1} mais ce n’est pas un point d’accumulation.

Exercice II.0.7. — Soit (un )n∈N une suite convergente vers ` ∈ R.


1. Montrer que ` est un point adhérent de E = {un , n ∈ N}.
2. Quelle condition rajouter à (un )n∈N pour que ` soit un point d’accumulation ? Indication : Que
ce passe -t-il si (un ) est une suite constante.

Proposition II.0.8.
Pour que a ∈ R soit un point d’accumulation de E il faut et il suffit que pour tout ouvert I
contenant a, l’ensemble I ∩ E soit infini.

Démonstration. — On procède par double implication.


⇒ hypothèse :∀ε > 0, ∃b ∈]a − ε, a + ε[∩E et b , a.
Montrons que pour tout intervalle I contenant a, I ∩ E contient une infinité de points.
Soit I un intervalle contenant a. Comme a un point d’accumulation, nous appliquons la définition du
point d’accumulation avec ε = 1/n. Ainsi, nous construisons des intervalles ]a − 1/n, a + 1/n[, qu’on
note In , qui contiennent chacun un autre point, noté xn , dans In que x0 . Nous pouvons même supposer
que xn , xm . Comme les intervalles In sont de plus en plus petits, il existe un entier N tel que pour
tout n > N, In ⊂ I.
⇐ hypothèse: pour tout intervalle I contenant a, #I ∩ E = +∞
Montrons que ∀ε > 0, ∃b ∈]a − ε, a + ε[∩E et b , a
Soit ε > 0. L’intervalle J =]a − ε, a + ε[ est ouvert et contient a. Par hypothèse J ∩ E est infini donc
il contient un autre point que a. 

Remarque II.0.9.
Le lecteur attentif aura remarqué que la phrase "Nous pouvons même supposer que xn , xm " dans
la démonstration ci-dessus mérite des explications. Voici l’argument plus précis mais un peu plus
lourd. On construit par récurrence la suite (xn )n∈N d’éléments tous différents dans I. Supposons
qu’on ait construit x0 , . . . , xn dans I tous différents. On choisit N ∈ N tel que |xn − a| > 1/N. En
22 CHAPITRE II. TOPOLOGIE DES RÉELS

prenant ε = 1/N, on obtient IN qui par hypothèse contient un point, noté xn+1 , qui est différent de
x0 , . . . , xn .

Définition II.0.10.

Soit A un sous-ensemble de R. On note A l’ensemble des valeurs d’adhérence de A.

Remarque II.0.11.
1. Soit A un ensemble de R. Peut-on construire un fermé qui le contient et qui est le plus petit.
C’est l’objet de l’exercice II.0.15 qu’on verra en TD.
2. Dans la même idée, on pourrait vouloir définir un ouvert associé à A qui est le plus grand

contenu dans A. Cet ouvert s’appelle l’intérieur de A, on le note A, et il est défini par
l’ensemble des points intérieurs à A. Nous ne développerons pas cette notion dans ce cours.

Exercice II.0.12. — Montrer que A ⊂ A.

Proposition II.0.13.

Un point x ∈ A si et seulement s’il existe une suite (xn )n∈N d’éléments de A qui converge vers x.

Démonstration. — A faire en exercice.




Exemple II.0.14.

On va montrer que [0, 1[ = [0, 1]. Montrons que 1 ∈ [0, 1[. Il suffit de considérer la suite
xn = 1 − 1/n. On a xn ∈ [0, 1[ et xn → 1.

Exercice II.0.15. — 1. Montrer que A est le plus petit fermé qui contient A, c’est à dire
A = ∩F|A⊂F F, où Fest fermé
2. En déduire que A est fermé si et seulement si A = A.
CHAPITRE III

BORNE SUPÉRIEURE ET INFÉRIEURE

Définition III.0.1.

1. Soit E un ensemble majoré de R. La borne supérieure de E est un réel noté sup E, telle que
(a) tout élément de E est plus petit que sup E
(b) si M est un autre majorant alors sup E ≤ M
2. Soit E un ensemble minoré de R. La borne inférieure de E est un réel, noté inf E, telle que
(a) tout élément de E est plus grand que inf E
(b) si m est un autre minorant alors inf E ≥ m

Remarque III.0.2.
On dit que la borne supérieure est le plus petit des majorants et que la borne inférieure est le plus
grand des minorants.

Théorème III.0.3 (Admis).


Soit E un ensemble majoré (resp. minoré) de R alors la borne supérieure (resp. inférieure) existe.

Remarque III.0.4.
La démonstration utilise la construction des nombres réels ce qui n’est pas l’objet de ce cours.
24 CHAPITRE III. BORNE SUPÉRIEURE ET INFÉRIEURE

Proposition III.0.5.

1. Soit E un ensemble majoré de R. Un réel M est la borne supérieure si et seulement si M est


un majorant et
∀ε > 0, ∃x ∈ E, x > M − ε
2. Soit E un ensemble minoré de R. Un réel m est la borne inférieure si et seulement si M est
un minorant et
∀ε > 0, ∃x ∈ E, x < m + ε

Démonstration. — Nous allons démontrer le premier énoncé, le second est du même style.
⇒ . hypothèse : M est la borne supérieure càd

(III.1) ∀x ∈ E, x < M
(III.2) ∀M 0 , (∀x ∈ E, x < M 0 ) ⇒ (M 0 > M)

Remarquer que (III.2) peut aussi s’écrire en utilisant la contraposé de l’implication càd

(III.3) ∀M 0 , (M 0 < M) ⇒ (∃x ∈ E, x > M 0 )

Montrer que M est un majorant et que ∀ε > 0, ∃x ∈ E, x > M − ε.


L’hypothèse (III.1) signifie exactement que M est un majorant. Soit ε > 0. En prenant M 0 = M − ε
dans (III.3), on a M 0 = M − ε < M et donc il existe x dans E tel que x > M 0 = M − ε.
⇐ . Les hypothèses sont:

(III.4) ∀x ∈ E, x < M
(III.5) ∀ε > 0, ∃x ∈ E, x > M − ε

Montrer que M est un majorant et que ∀ M,


e (Me < M) ⇒ (∃x ∈ E, x > M)e
Soit M e < M. On pose ε = (M − M)/2
e un réel tel que M e > 0. Par (III.5), il existe x ∈ E tel que

e+M
M
x> M−ε= >M
e
2

CHAPITRE III. BORNE SUPÉRIEURE ET INFÉRIEURE 25

Remarque III.0.6.
Remarquer que la borne inférieure ou supérieure n’est pas forcément dans l’ensemble. Par exem-
ple E = {1/n, n ∈ N∗ }, nous avons inf E = 0 mais 0 < E.

Voici une proposition que vous connaissez mais peut-être sans démonstration.

Proposition III.0.7.

1. Une suite (un )n∈N croissante est majorée converge vers sup{un , n ∈ N}.
2. Une suite (vn )n∈N décroissante est minorée converge vers inf{vn , n ∈ N}.

Démonstration. — Nous n’allons démontrer que le premier point car le second est exactement le
même.
Hypothèse: Soit (un )n∈N croissante et majorée càd
(III.6) ∀n1 , n2 ∈ N, n1 ≥ n2 ⇒ un1 ≥ un2
(III.7) ∃M ∈ R, ∀n ∈ N, un < M
Comme la suite est majorée, alors l’ensemble {un , n ∈ N} est non vide et majoré et donc il admet une
borne supérieure (cf Théorème III.0.3). Notons ` = sup{un , n ∈ N}.
Montrer que un converge `, càd ∀ε > 0, ∃N ∈ N, ∀n, n > N ⇒ |un − `| < ε. Soit ε > 0. Par la Propo-
sition III.0.5, il existe une élément de la suite (un )n∈N plus grand que ` − ε càd il existe N tel que
` ≥ uN ≥ ` − ε. Comme la suite est croissante, nous avons que pour tout n > N, un ≥ uN et donc nous
en déduisons l’encadrement
∀n > N, ` − ε ≤ un ≤ `.
Remarquez que la majoration de droite vient du fait que ` est la borne supérieure et donc un majorant
de la suite. Ce qui implique que |un − `| ≤ ε. 
CHAPITRE IV

THÉORÈME DE BOLZANO-WEIERSTRASS

Théorème IV.0.1 (Théorème de Bolzano-Weierstrass).


De toute suite bornée, on peut extraire un suite convergente.

Démonstration. — Hypothèse: Soit (un )n∈N telle que ∃A > 0, ∀n ∈ N, |un | < A.
Montrer qu’il existe ϕ : N → N strictement croissante telle que la suite (uϕ(n) )n∈N soit convergente
Comme la suite (un )n∈N est bornée, elle est contenu dans un intervalle [a, b]. On va construire une
sous-suite (vn ) de façon récursive.

Étape 1. On coupe l’intervalle I = [a, b] en deux moitiés I− = [a, b−a


2
] et I+ = [ b−a
2
, b]. Un de ces deux
intervalles I+ ou I− contient une infinité d’éléments de la suite, disons I− . On prend v1 le premier
élément de la suite (un ) qui est dans I− .
Étape 2. On applique l’idée précédente à I− .

De cette façon, nous avons construit une suite (vn ) où les termes (vn ) sont tous dans un intervalle de
longueur b−a
2n
, noté [an , bn ]. Les suites (an ) et (bn ) sont adjacentes et converge vers la même limite,
notée `. Nous avons an ≤ vn ≤ bn . En passant à la limite nous avons que vn converge `. 

Corollaire IV.0.2.
Soit A une partie de R non vide. Pour que A soit fermée et bornée, c’est-à-dire A est une réunion
finie d’intervalle du type [a, b], il faut et il suffit que toute suite d’éléments de A admette une
sous-suite convergente dans A.
28 CHAPITRE IV. THÉORÈME DE BOLZANO-WEIERSTRASS

Démonstration. — ⇒ Soit (un ) une suite de A. Cette suite est bornée car A est bornée. Le Théorème
précédent implique qu’il existe une sous-suite convergente.
⇐ On le démontre par l’absurde.
Hyp 1: toute suite d’éléments de A admette une sous-suite convergente dans A.
Hyp 2: A n’est pas fermé ou A n’est pas bornée.

– Si A n’est pas bornée, on peut construire une suite et qui est arbitrairement grande qui n’a
aucune sous-suite convergente. Ce qui contredit l’hypothèse 1.

– Supposons que A ne soit pas fermé. Montrons qu’on obtient une contradiction avec l’hypothèse 1.
C’est-à-dire qu’il faut trouver une suite (xn )n∈N d’éléments de A telle qu’aucune sous-suite ne
soit convergente dans A.
On considère l’adhérence de A, noté A:
A := {a | a soit valeur d’adhérence de A}.
On vérifie que A est fermé si et seulement si A = A (cf Exercice II.0.15). Si A n’est pas fermé
alors il existe x ∈ A \ A. Rappelons la définition de x adhérent à A (cf Définition II.0.4).
Hyp 3: ∀ε > 0, ∃x ∈ A tel que |x − a| < ε
Nous utilisons l’hypothèse 3 avec ε = 1/n et on a qu’il existe un élément, noté xn ∈ A tel que
|xn − x| < 1/n. Comme x < A, on a même que xn , x. Ainsi, on a construit une suite (xn )n∈N
d’élément de A.
Montrons que (xn )n∈N converge vers x c’est-à-dire montrons que ∀ε > 0, ∃N ∈ N, ∀n > N, |xn − x| < ε
Soit ε > 0. Il existe N tel que 1/N < ε. On obtient alors que pour tout n > N, |xn − x| < 1/n par
construction de la suite (xn )n∈N et on a 1/n < 1/N < ε. On en déduit que (xn ) converge vers x.
Remarquez que je viens de démontrer la Proposition II.0.13.
Au final, on a construit une suite (xn )n∈N d’élément de A qui converge vers x qui n’est pas
dans A.
Ce qui contredit l’hypothèse 1 car la suite (xn )n∈N est une suite d’élément de A qui converge
vers x qui n’est pas dans A et toute sous-suite d’une suite convergente est convergente vers la
même limite.

CHAPITRE V

LIMITE

Voici des exemples de définitions des limites.

Définition V.0.1.
Soit f :]a, b[→ R. Soit x0 ∈]a, b[.
lim f (x) = ` ⇔ ∀ε > 0, ∃δ > 0, ∀x, (|x − x0 | < δ) ⇒ | f (x) − `| < 
x→x0

lim f (x) = +∞ ⇔ ∀A > 0, ∃δ > 0, ∀x, (|x − x0 | < δ) ⇒ f (x) > A


x→x0

lim f (x) = ` ⇔ ∀ε > 0, ∃δ > 0, ∀x, (x > δ) ⇒ | f (x) − `| < ε


x→+∞

Évidemment, on peut écrire d’autres limites avec les quantificateurs. En voici 6 autres.

Exercice V.0.2. — En TD et sur l’espace moodle, on a l’exercice suivant. Écrire avec des quantifica-
teurs les limites suivantes
lim f (x) = −∞ lim f (x) = +∞
x→x0 x→+∞

lim f (x) = −∞ lim f (x) = x0


x→+∞ x→−∞

lim f (x) = +∞ lim f (x) = −∞


x→−∞ x→−∞

Proposition V.0.3.

1. Quand les limites sont finies, elles sont compatibles aux sommes, différences, aux produits,
aux quotients et aux composées.
30 CHAPITRE V. LIMITE

2. Par passage à la limite les inégalités strictes deviennent larges.


3. Les formes suivantes sont indéterminées
0 ∞
, 0.∞, , ∞−∞
0 ∞
4. Dans les cas suivants, nous avons
0
= 0, ∞.∞ = ∞

Démonstration. — 1. – La somme Par hypothèse nous avons

(V.1) ∀ε1 > 0, ∃δ1 > 0, ∀x, (|x − x0 | < δ1 ) ⇒ | f (x) − `| < 1
(V.2) ∀ε2 > 0, ∃δ2 > 0, ∀x, (|x − x0 | < δ2 ) ⇒ |g(x) − `0 | < 2

Remarquez que je mets des indices aux lettres identiques pour ne pas les mélanger.
Montrons que

∀ε3 > 0, ∃δ3 > 0, ∀x, (|x − x0 | < δ3 ) ⇒ | f (x) + g(x) − ` − `0 | < 3

Soit ε3 > 0. On utilise (V.1) avec ε1 = ε3 /2 et (V.2) avec ε1 = ε3 /2. On obtient δ1 et δ2 .


On pose δ3 = min(δ1 , δ2 ). Ainsi pour tout x tel que |x − x0 | < δ3 , nous avons | f (x) − `| < ε1
et | f (x) − `0 | < ε2 . L’inégalité triangulaire nous montre que

| f (x) + g(x) − ` − `0 | ≤ | f (x) − `| + |g(x) − `0 | < ε3 /2 + ε3 /2 = ε3 .

– Le produit Pour le produit, on utilise la même technique que pour la somme avec ε1 =
ε3 /`0 et ε2 = ε3 /`.

f (x)g(x) − ``0 = ( f (x) − `)(g(x) − `0 ) + `(g(x) − `0 ) + `0 ( f (x) − `)

puis l’inégalité triangulaire. On obtient alors la majoration suivante

| f (x)g(x) − ``0 | < ε23 /`.`0 + 2.ε3

Ce qui finit la démonstration.


– Le quotient Le cas délicat est celui du quotient. Supposons que lim x→x0 f (x) = ` et
lim x→x0 g(x) = `0 , 0. Montrons que lim x→x0 f (x)/g(x) = `/`0 . Evidemment, un quotient
est une multiplication par l’inverse et on est donc tenter d’utiliser le cas du produit. Cepen-
dant, il faut faire attention car il faut se placer sur un intervalle où g(x) , 0 puis utiliser le
cas du produit. Pour cela, on utilise le lemme suivant.
CHAPITRE V. LIMITE 31

Lemme V.0.4.
Soit g une fonction telle que lim x→x0 g(x) = `0 > 0 alors il existe δ tel que pour tout
x ∈]a − δ, a + δ[, on ait g(x) > 0.

Preuve du lemme V.0.4. — Hypothèse

∀ε > 0, ∃δ > 0, ∀x, (|x − x0 | < δ) ⇒ |g(x) − `0 | < 

Montrer que ∃δ, ∀x ∈]a − δ, a + δ[, g(x) > 0 Par définition de la limite sur g, si on prend
ε = `0 /2, il existe δ > 0 tel que pour x tel que |x − x0 | < δ, on a g(x) ∈]`0 /2, 3`0 /2[ et donc
g(x) , 0 sur ]x0 − δ, x0 + δ[. 

Après, on utilise la majoration sur le produit pour conclure.


– La composée. Supposons que lim x→x0 f (x) = ` et lim x→` g(x) = `0 . Montrer que
lim x→x0 g ◦ f (x) = `0 . Ceci se fait simplement, en appliquant les définitions des limites.
2. On pose h(x) = f (x)−g(x). Il faut démontrer que si pour tout x, on a h(x) > 0 alors lim x→x0 h(x) ≥
0. Par l’absurde, supposons que lim x→x0 h(x) = ` < 0. Alors par le lemme V.0.4, nous avons
qu’il existe un intervalle autour de x0 tel que h(x) < 0. Ce qui contredit que pour tout x, h(x) ≥ 0.
3. Les cas d’indétermination viennent de contre exemple. Pour 0/0, il suffit de voir que
lim x→0 x/x2 , lim x→0 x/x.
4. Hypothèse

(V.3) ∀ε1 > 0, ∃δ1 > 0, ∀x, (|x − x0 | < δ1 ) ⇒ | f (x)| < 1
(V.4) ∀A > 0, ∃δ2 > 0, ∀x, (|x − x0 | < δ2 ) ⇒ g(x) > A

Montrons que

∀ε3 > 0, ∃δ3 > 0, ∀x, (|x − x0 | < δ3 ) ⇒ | f (x)/g(x)| < 3

Soit ε3 > 0. On applique (V.3) avec ε1 = ε33 , on en déduit qu’il existe δ1 tel que si |x − x0 | < δ1
alors | f (x)| < ε23 . Pour g, on prend A = 1/ε3 dans (V.4) et nous obtenons l’existence de δ2 tel que
si |x − x0 | < δ2 alors g(x) > 1/ε3 càd 1/g(x) < 1/ε3 . On pose δ3 = min(δ1 , δ2 ), nous obtenons
que pour tout x tel que |x − x0 | < δ3 , nous avons

f (x)/g(x) < ε23 /ε3 = ε3 .


32 CHAPITRE V. LIMITE

La proposition suivante est parfois utile pour démontrer qu’une fonction n’a pas de limite. La preuve
sera faite en exercice car elle est très formatrice

Proposition V.0.5.

Soit f : I → R telle que lim x→x0 f (x) = `. Pour toute suite (xn )n∈N telle que xn → x0 alors
limn→+∞ f (xn ) = `.

Remarque V.0.6.
On peut avoir la même proposition sur toute les formes de limite possible c’est-à-dire x0 , ` ∈
R ∪ {±∞}.

Exemple V.0.7.
Montrer que le sinus n’a pas de limite en +∞.
On le montre par l’absurde. Supposons que lim x→+∞ f (x) = `. Si on considère la suite xn = 2πn
alors on obtient que lim sin(xn ) = 0 donc ` = 0. Pour la suite yn = π2 + 2nπ, on obtient lim sin(yn ) =
1 donc ` = 1. Ceci est une contradiction.

Remarque V.0.8.
Dans la suite, nous aurons besoin d’une petite variante
lim
x→x
f (x) = ` ⇔ ∀ε > 0, ∃δ > 0, ∀x, (|x − x0 | < δ, x , x0 ) ⇒ | f (x) − `| < 
0
x,x0

Théorème V.0.9 (Théorème de la limite monotone).


Soit f une fonction R → R strictement croissante. Alors soit sa limite en +∞ est +∞ soit elle est
finie et c’est sa borne supérieure.
CHAPITRE V. LIMITE 33

Remarque V.0.10.
Remarquer que dans l’énoncé ci-dessus, on ne suppose pas que la fonction soit continue. Cette
énoncé est à mettre en parallèle avec le théorème suivant sur les suites. Toute suite croissante et
majorée est converge vers sa borne supérieure.

Démonstration. — Hyp: ∀x, y (x > y ⇒ f (x) > f (y))


On considère l’ensemble image de f c’est-à-dire l’ensemble E = { f (x) ∈ R, x ∈ R}. On a deux
possibilités
1. Soit E est borné et il faut montrer que lim x→+∞ f (x) = sup E.
2. Soit E n’est pas borné et il faut montrer que lim x→+∞ f (x) = +∞.
Cas 1. Montrons que si E est borné alors lim x→+∞ f (x) = sup E.
Comme l’ensemble E = { f (x), x ∈ R} est borné et donc d’après le Théorème de la borne supérieure (
cf Théorème III.0.3), l’ensemble E a une borne supérieure, notée `.
Montrons que f tend vers ` quand x tend vers +∞. C’est à dire
∀ε > 0, ∃M, ∀x, x > M ⇒ | f (x) − `| < ε
Soit ε > 0, par Proposition III.0.5, il existe y0 ∈ E tel que y0 > ` − ε. Par définition de E, il existe
x0 ∈ R tel que y0 = f (x0 ). On pose M = x0 . Maintenant, par croissance de f , nous avons que pour
tout x > M = x0 , on a f (x) > f (x0 ) = y0 > ` − ε et f (x) ≤ ` car ` est la borne supérieure. Donc
| f (x) − `| < ε, ce qui finit la preuve du cas 1.
Cas 2. Montrons que si E n’est pas borné alors lim x→+∞ f (x) = +∞. C’est-à-dire
∀A > 0, ∃M, ∀x, x > M ⇒ f (x) > A
Soit A > 0. Comme E n’est pas borné il existe x0 tel que f (x0 ) > A. On pose M = x0 . La croissance
stricte de f , immplique que pour tout x > M, nous avons f (x) > f (x0 ) > A. Ainsi, nous avons
démontré que lim x→+∞ f (x) = +∞. 
CHAPITRE VI

CONTINUITÉ ET UNIFORME CONTINUITÉ

VI.1. Continuité
Définition VI.1.1.
Soit f : [a, b] → R. On dit que f est continue en x0 si lim x→x0 f (x) = f (x0 ).
x,x0
On dit que f est continue sur un intervalle si f est continue en tout point de cet intervalle.

Exercice VI.1.2 (Exercice assez difficile à mettre en place techniquement.)


Soit f : R → R une fonction.
1. Montrer que f est continue si et seulement si elle vérifie que pour tout ouvert U ⊂ R, f −1 (U) est
ouvert.
2. Montrer que f est continue si et seulement si elle vérifie que pour tout fermé F ⊂ R, f −1 (F) est
fermé.

De la Proposition V.0.3 et de la définition ci-dessus, on en déduit immédiatement la proposition


suivante.

Proposition VI.1.3.
La somme, le produit et la composé de fonction continue est encore continue.

Théorème VI.1.4.
Soit f : D → R. Soit a ∈ D. La fonction f est continue en a si et seulement si pour tout suite
(un )n∈N de points de D qui converge vers a alors la suite ( f (un ))n∈N converge vers f (a).
36 CHAPITRE VI. CONTINUITÉ ET UNIFORME CONTINUITÉ

Démonstration. — ⇒ . Écrivons les hypothèses

(VI.1) ∀ε1 > 0, ∃δ, ∀x |x − a| < δ ⇒ | f (x) − f (a)| < ε1

Montrons que si pour toute suite (un )n∈N qui converge vers a alors
( f (un ))n∈N converge vers f (a) càd l’implication suivante :

(VI.2) [∀(un )n∈N , ∀ε2 > 0, ∃N2 , ∀n, (n > N2 ) ⇒ (|un − a| < ε2 )]
⇒ ∀ε3 > 0, ∃N3 ∈ N, ∀n, (n > N3 ) ⇒ | f (un ) − f (a)| < ε3
 
(VI.3)

Au final, on suppose (VI.1) et (VI.2) et on doit démontrer (VI.3). Soit ε3 > 0. On utilise la continuité
de f avec ε1 = ε3 . Ce qui nous donne l’existence de δ. On utilise (VI.2) avec ε2 = δ pour avoir
l’existence d’un N2 tel que pour tout n > N2 , on ait |un − a| < δ et donc | f (un ) − f (a)| < ε3 par (VI.1).
⇐ . On va démontrer la contraposé.
Supposons que f ne soit pas continue en a, càd

(VI.4) ∃ε > 0, ∀δ > 0, ∃x, |x − a| < δ et | f (x) − f (a)| > ε

Montrons qu’il existe une suite (un )n∈N qui converge vers a et telle que ( f (un ))n∈N ne converge pas vers f (a).
On construit la suite (un ) en prenant δ = 1/n. Il existe un (qui est le x dans la formule (VI.4)) tel que
1
|un − a| < et | f (un ) − f (a)| > ε
n
On conclut que la suite (un ) converge vers a mais que la suite ( f (un )) ne converge pas vers f (a).


Théorème VI.1.5.
Soit I un intervalle fermé et borné (càd un compacte de R). Soit f : I → R une fonction continue.
Alors f (I) est un ensemble fermé borné de R.
En particulier, f admet un maximum et un minimum sur I.

Démonstration. — Soit (yn ) une suite de f (I). Pour chaque n, on choisit xn ∈ I tel que f (xn ) = yn .
On en déduit une suite (xn ) de I. Le Corollaire IV.0.2, on peut trouver une sous-suite de (xn ) qui est
converge vers a dans I. Par continuité de f en a, on en déduit que l’image de cette sous-suite et une
sous-suite de (yn ) qui converge vers f (a). Le corollaire IV.0.2 montre que f (I) est fermé et borné.
En particulier, f (I) a un maximum et un minimum. 
VI.1. CONTINUITÉ 37

Lemme VI.1.6.
Soit D un intervalle et f : [a, b] → R une fonction continue. Alors pour tout réel y entre f (a) et
f (b), il existe c ∈ [a, b] tel que f (c) = y.

Démonstration. — On note E := {x ∈ [a, b] | f (x) ≤ y}. Cet ensemble est non vide car a ∈ E et il est
contenu dans [a, b], il admet donc une borne supérieure, notée c.
Montrons que f (c) ≤ y.
Par définition, il existe une suite (un ) d’éléments de E telle que un ∈ E et un → c. On obtient que pour
tout n ∈ N, on a f (un ) ≤ y. Donc à la limite par continuité de f , nous avons f (c) ≤ y.
Montrons que f (c) ≥ y.
On considère l’ensemble F = {x ∈ [c, b] | f (x) > y}. On a que inf F = sup E = c. Ainsi, on peut
trouver une suite (vn ) telle que vn ∈ F et vn → c. On a alors f (vn ) > y. Ainsi à la limite et par
continuité de f , nous avons f (c) ≥ y 

Théorème VI.1.7 (Théorème des valeurs intermédiares).


Soit I un intervalle et f : I → R une fonction continue. Alors f (I) est un intervalle.

Démonstration. — Soit y1 , y2 ∈ f (I) et soit y ∈ [y1 , y2 ].


Montrer qu’il existe x tel que f (x) = y.
Par définition, il existe x1 et x2 tels que f (xi ) = yi . Ainsi, le lemme précédent implique qu’il existe
x ∈ [x1 , x2 ] tel que f (x) = y. 

Remarque VI.1.8.
Ce théorème se généralisera dans un cours de topologie par l’image d’un connexe est un connexe
par une application continue. Dans R, les connexes sont les intervalles.
38 CHAPITRE VI. CONTINUITÉ ET UNIFORME CONTINUITÉ

VI.2. Continuité uniforme


Définition VI.2.1.
Une fonction f : D → R est dite uniformément continue si
∀ε > 0, ∃α > 0, ∀(x, y) ∈ D2 , (|x − y| < α) ⇒ (| f (x) − f (y)| < ε)

Remarque VI.2.2.
La continuité est une propriété locale par contre l’uniforme continuité est une propriété globale.

Exercice VI.2.3. — 1. f : [0, 1] → R qui envoie x 7→ x2 est uniformément continue.


2. Montrer que g(x) = 1/x n’est pas uniformément continue sur ]0, 1[.

En appliquant les définitions, on obtient directement la proposition suivante

Proposition VI.2.4.
Si f est uniformément continue, alors f est continue.

Nous avons une réciproque à la proposition précédente mais avec une hypothèse supplémentaire.

Théorème VI.2.5 (Théorème de Heine).


Une fonction continue sur un intervalle fermé et borné, noté [a, b], est uniformément continue.

Démonstration. — On va le démontrer par l’absurde.


Hypothèse: on suppose que f n’est pas uniformément continue sur [a, b]. C’est à dire

∃ε > 0, ∀α > 0, ∃x, y ∈ [a, b], (|x − y| < α et | f (x) − f (y)| ≥ ε)

On va construire deux suites (xn ) et (yn ) de la façon suivante. Soit n ∈ N∗ , on prend α = 1/n. Comme
f n’est pas uniformément continue, il existe xn et yn tels que

1
|xn − yn | < et | f (xn ) − f (yn )| ≥ ε
n
VI.2. CONTINUITÉ UNIFORME 39

D’après le théorème de Bolzano-Weierstrass IV.0.1, il existe deux sous-suites (xϕ(n) ) et (yϕ(n) ) conver-
gente dans [a, b] telles que
1
|xϕ(n) − yϕ(n) | < et | f (xϕ(n) ) − f (yϕ(n) )| ≥ ε
n
On en déduit que les sous-suites, (xϕ(n) ) et (yϕ(n) ) convergent vers la même limite, notée ` ∈ [a, b]. Or
f est continue en `, donc le Théorème VI.1.4 implique que
lim f (uϕ(n) ) = lim f (vϕ(n) ) = f (`)
n→+∞ n→+∞

En passant à la limite dans | f (xϕ(n) ) − f (yϕ(n) )| ≥ ε, nous obtenons 0 ≥ ε. Ce qui contredit ε > 0. 
On a une très belle application du théorème de Heine qui est le suivant

Théorème VI.2.6 (Théorème de Weierstrass).


Soit f une fonction continue f : [a, b] → R. Il existe une suite de polynôme (Pn )n∈N qui converge
uniformément vers f .

La démonstration sera faite en devoir.

Remarque VI.2.7.
1. Ce théorème est très intéressant car il permet de dire que les fonctions de classe C∞ sont
denses dans les fonctions continues c’est-à-dire
C∞ ([a, b]) = C0 ([a, b]).
Qualitativement, ceci signifie qu’on a “beaucoup” de fonctions C∞ .
2. La démonstration que je vous propose en devoir repose sur des polynômes explicites.
3. On pourrait avoir une autre idée pour démontrer ce théorème en passant par les polynômes
d’interpolation de Lagrange mais ça ne marche par car nous n’avons pas de convergence
uniforme des polynômes d’interpolation...mais ceci est une autre histoire.
CHAPITRE VII

DÉRIVABILITÉ

Définition VII.0.1.
Soit f :]a, b[→ R. Soit x0 ∈]a, b[. On dit que f est dérivable en x0 si la limite
f (x) − f (x0 )
lim
x→x0 x − x0
existe et qu’elle est finie.
On dit que f est dérivable sur ]a, b[ si elle est dérivable en tout point de ]a, b[.

Proposition VII.0.2.
1. La somme, différence, produit, quotient et composée de fonctions dérivables est dérivable.
2. Si f est dérivable alors elle est continue.

Démonstration. — 1. Le premier point vient directement de la Proposition V.0.3.


2. Soit ε > 0. Par définition de la dérivabilité, il existe δ tel que |x − x0 | < δ, nous avons

f (x) − f (x0 ) − ` < ε
x − x0

On multiplie l’inégalité ci-dessus par |x − x0 | et on utilise la majoration |a| − |b| ≤ |a − b|. Nous
en déduisons que

| f (x) − f (x0 )| < (` + ε)|x − x0 | < (` + ε)δ

Quitte à diminuer δ, on peut supposer que (` + ε)δ < ε, ce qui termine la démonstration.

42 CHAPITRE VII. DÉRIVABILITÉ

Exercice VII.0.3. — A l’aide de la formule de la dérivée d’une composée, montrer que


−1 1
arccos0 (x) = √ arcsin0 (x) = √
1 − x2 1 − x2
1
arctan0 (x) =
1 + x2

Proposition VII.0.4.
Soit f : I → R une fonction dérivable croissante (resp. décroissante). Alors f 0 (x) est positive
(resp. négative).

Remarquez que c’est surtout l’autre sens qui nous intéresse. Ceci ferra l’objet d’une autre proposition.
Démonstration. — La croissance implique que le quotient
f (x) − f (x0 )
x − x0
est toujours positif. A la limite, c’est encore vrai. 

Proposition VII.0.5.
Soit f :]a, b[→ R dérivable. Si x0 est un maximum ou minimum local de f alors f 0 (x0 ) = 0.

Démonstration. — Supposons que f admette un maximum local en x0 . Soit J un intervalle contenant


x0 tel que f (x) ≤ f (x0 ). Sut cet intervalle,
– Si x < x0 alors le quotient f (x)− f (x0 )
x−x0
est positif. Ainsi à la limite, nous avons f 0 (x0 ) ≤ 0.
– Si x > x0 alors le quotient f (x)− f (x0 )
x−x0
est négatif. Ainsi à la limite, nous avons f 0 (x0 ) ≥ 0.
Nous en concluons que f 0 (x0 ) = 0. 
CHAPITRE VIII

REVOIR LES THÉORÈMES CLASSIQUES D’ANALYSE


AVEC LES QUANTIFICATEURS

VIII.1. Théorème de Rolle


Le théorème de Rolle est un théorème très important car il nous permet de démontrer par exemple les
formules de Taylor. Il permet également de trouver des candidats à des extrema locaux.

Théorème VIII.1.1 (Théorème de Rolle).


Soit f : [a, b] → R une fonction continue sur [a, b] et dérivable sur ]a, b[ tel que f (a) = f (b). Il
existe un réel c ∈]a, b[ tel que
f 0 (c) = 0.

Démonstration. — Si f est constante, c’est évident. Sinon, d’après le Théorème VI.1.5, on sait que
f admet un minimum global et un maximum global qui sont distincts car f est non constante. Au
moins l’un des deux est distinct de a et b. D’après la Proposition VII.0.5, en un tel point c ∈]a, b[,
nous avons tel f 0 (c) = 0. 

Exercice VIII.1.2. — Soit f : R → R une fonction dérivable. On suppose que lim x→+∞ f (x) =
lim x−∞ f (x) = 0. Montrer qu’il existe c ∈ R tel que f 0 (c) = 0.
44 CHAPITRE VIII. REVOIR LES THÉORÈMES CLASSIQUES D’ANALYSE AVEC LES QUANTIFICATEURS

VIII.2. Théorème des accroissements finis


Théorème VIII.2.1 (Théorème des accroissements finis).
Soit f : [a, b] → R une fonction continue sur [a, b] et dérivable sur ]a, b[. Il existe un réel
c ∈]a, b[ tel que
f (b) − f (a)
= f 0 (c).
b−a

Remarque VIII.2.2.
Dans l’exemple où f représente la vitesse d’une voiture, le membre de gauche représente la vitesse
moyenne et celle de droite la vitesse instantanée en c. Du coup, on peut traduire ce théorème de
la façon suivante : si une voiture fait du 80 km/h de moyenne alors au moins une fois elle a fait
du 80km/h en vitesse instantanée.

Preuve du théorème VIII.2.1. — Il suffit d’appliquer le théorème de Rolle à la fonction

g : [a, b] → R
f (b) − f (a)
x 7→ f (x) − (x − a)
b−a
On vérifie que g(a) = g(b) = f (a). Par Rolle, nous en déduisons qu’il existe c ∈]a, b[ tel que

g0 (c) = 0

Or g0 (x) = f 0 (x) − f (b)− f (a)


b−a
. Nous en déduisons le résultat. 

Corollaire VIII.2.3 (Inégalités des accroissements finis).


Sous les hypothèses du théorème précédent, nous avons les inégalités suivantes
f (b) − f (a)
inf f 0 (x) ≤ ≤ sup f 0 (x)
x∈]a,b[ b−a x∈]a,b[

f (b) − f (a) ≤ sup | f 0 (x)|
b − a x∈]a,b[

Démonstration. — Du TAF, nous en déduisons que


f (b) − f (a)
= f 0 (c).
b−a
VIII.2. THÉORÈME DES ACCROISSEMENTS FINIS 45

Or par définition de la borne inférieure et supérieure, nous avons


inf f 0 (x) ≤ f (0 c) ≤ sup f 0 (x)
x∈]a,b[ x∈]a,b[

De plus, en passant à la valeur absolue, nous obtenons



f (b) − f (a) ≤ sup | f 0 (x)|
b − a x∈]a,b[

Nous avons la réciproque à la Proposition VII.0.4 qui est un résultat que vous connaissez depuis le
lycée et que vous avez utilisé énormément.

Proposition VIII.2.4.
Soit f :]a, b[→ R dérivable.
1. Si f 0 est (resp. strictement) positive alors f est (resp. strictement) croissante
2. Si f 0 est (resp. strictement) négative alors f est (resp. strictement) décroissante

Démonstration. — Par le Théorème VIII.2.1, il existe c ∈]a, b[ tel que


f (b) − f (a)
f 0 (c) =
b−a
0 0
Ainsi, si f est positive alors f (c) ≥ 0, ce qui implique que si a ≤ b alors f (a) ≤ f (b). Les autres
énoncés se déduisent de la même façon. 
CHAPITRE IX

THÉORIE DE FOURIER

La théorie des séries de Fourier est à mettre en parallèle avec les développements limités. Pour
les développements limités, on approxime une fonction en un point x0 par un polynôme. Dans les
séries de Fourier, on approxime une fonction périodique par des fonctions trigonométriques cos(mx)
et sin(mx).

IX.1. Le Cadre
Le cadre naturelle des séries de Fourier est les fonctions à valeur complexe càd f : I → C où I est un
intervalle de R.

IX.1.1. Fonctions périodiques. —

Définition IX.1.1.
Une fonction f : [a, b] → C est dite continue par morceaux sur [a, b] s’il existe une subdivision
a = a0 < a1 < · · · < an = b et des fonctions fi continue sur [ai , ai+1 ] telles que f et fi soit égale
sur [ai , ai+1 ].

Voici quelques exemples de fonction que nous allons considérer.

Définition IX.1.2.
Soit T un nombre réel strictement positif. Une fonction f : R → C est dit T -périodique si pour
tout x, nous avons
f (x + T ) = f (x).
48 CHAPITRE IX. THÉORIE DE FOURIER

Figure 1. Exemple de fonction 2π-périodique continue et dérivable

Figure 2. Exemple de fonction 2π-périodique continue mais non dérivable en certain points

Figure 3. Exemple de fonction 2π-périodique non continue en certain points

Notation IX.1.3. — Dans la suite nous noterons

Cm,T = { f : R → C | T − périodiques et continues par morceaux}

Cet espace est très important car la théorie des séries de Fourier est valable pour des fonctions dans
Cm,T .
IX.1. LE CADRE 49

Par définition, l’intégrale d’une fonction à valeur complexe est


Z b Z b Z b
f (t)dt = <e( f (t))dt + i =m( f (t))dt ∈ C
a a a

Proposition IX.1.4.
Soit f une fonction T périodique. Nous avons
Z b Z b+T
f (t)dt = f (t)dt
a a+T
Z T Z a+T
f (t)dt = f (t)dt
0 a

Démonstration. — Pour la première formule, nous faisons le changement de variable u = t + T .


Pour la deuxième formule, il suffit d’utiliser la relation de Chasles
Z a+T Z 0 Z T Z a+T
= + +
a a 0 T

et la première formule. 

IX.1.2. Produit scalaire sur Cm,T . —

Définition IX.1.5.
Soient f, g ∈ Cm,T . On pose
Z T
1
( f | g) := f (t)g(t)dt ∈ C
T 0

Proposition IX.1.6.
La forme
Cm,T × Cm,T → C
( f, g) 7→ ( f | g)
est une forme hermitienne.
50 CHAPITRE IX. THÉORIE DE FOURIER

Remarque IX.1.7.
Une forme hermitienne est la généralisation d’un produit scalaire dans le cas des nombres com-
plexes. Le soucis est qu’en L2, vous n’avez pas vu la notion de produit scalaire et encore moins
de produit hermitien. Intuitivement, il faut imaginer imaginer un produit scalaire comme celui de
R2 que vous avez vu au collège ou au lycée.

Cette proposition est fondamentale car elle donne l’idée de copier les résultats du produit scalaire
euclidien de Rn au cas de Cm,T . Par exemple, on peut se poser les questions suivantes :
1. Peut-on trouver une base orthonormée ?
2. Soit (ei )i∈I une base orthonormée, a-t-on x = i∈I (x | ei )ei ?
P

Ces deux questions ont des réponses positives mais la principale difficulté, c’est que Cm,T est un
espace vectoriel de dimension infinie...et donc la somme ci-dessus est infinie. Il faudra donc parler de
convergence de série.

Démonstration de la Proposition IX.1.6. — On vérifie sans peine les égalités ci-dessous

( f | g) = (g | f )
(α f + βg | h) = α( f | h) + β(g | h)
( f | αg + βh) = α( f | g) + β( f | h)
(f | f) ≥ 0
(f | f) = 0 ⇒ f = 0

A partir d’une forme hermitienne, on définit la norme associée.

Définition IX.1.8.
Soit f ∈ Cm,T . On pose
Z T
1
|| f || = ( f | f ) =
2
| f (t)|2 dt
T 0
IX.2. COEFFICIENTS DE FOURIER ET SÉRIE DE FOURIER 51

Proposition IX.1.9.

2iπn
1. Les fonctions e T t pour n dans Z forment une famille orthonormée pour le produit scalaire
ci-dessus.
2. Notons
γn (t) := cos(2πnt/T ) pour n ∈ N
σn (t) := sin(2πnt/T ) pour n ∈ N>0
Ces fonctions forment une famille orthogonale. De plus nous avons,
(γ0 | γ0 ) = 1
(γn | γn ) = 1/2 pour n ∈ N>0
(σn | σn ) = 1/2

Remarque IX.1.10.
Remarquer le cas n = 0 qui joue un rôle spécial dans cette proposition. Ceci aura un impact plus
tard dans la définition IX.2.1 et la proposition IX.2.3

Démonstration. — On démontrera ceci en TD. C’est un calcul direct. 

IX.2. Coefficients de Fourier et série de Fourier


Définition IX.2.1.
Soit f : R → C une fonction T périodique et continue par morceaux.
1. Nous posons pour tout n ∈ N,
1 T
Z
−2iπnt
cn ( f ) = f (t)e T dt
T 0
52 CHAPITRE IX. THÉORIE DE FOURIER

RT −2iπnt
2. Nous posons a0 ( f ) = 1
T 0
f (t)e Tdt et b0 ( f ) = 0. Et pour tout n ∈ N>0 ,
2 T
Z !
2πnt
an ( f ) = f (t) cos dt
T 0 T
2 T
Z !
2πnt
bn ( f ) = f (t) sin dt
T 0 T

Remarque IX.2.2.
1. Faites attention aux formulaires de an , le cas n = 0 est spécial.
2. Si l’on utilise les notations du produit scalaire, on a pour n > 0
an ( f ) = 2( f | cos(2πnt/T )), bn ( f ) = 2( f | sin(2πnt/T ))
Le (2) vient du fait que || cos(2πnt/T )||2 = || sin(2πnt/T )||2 = 1/2.
3. Les coefficients (cn ) sont à priori complexe par contre les (an ) et (bn ) sont réels.

Ça peut paraître bizarre d’avoir deux séries de coefficients (cn ) et (an , bn ). En fait ils sont reliés par la
proposition suivante.

Proposition IX.2.3.
Nous avons
1
∀n > 0, cn = (an + i.bn ).
2
Et nous avons aussi pour tout n > 0,
cn + c−n cn − c−n
an = , bn =
2 2i

Remarque IX.2.4.
Attention, la proposition précédente n’est pas vrai pour n = 0 car a0 = c0 par Définition IX.2.1.
IX.3. INÉGALITÉ DE BESSEL 53

Démonstration. — Ceci découle de l’égalité eix = cos(x) + i sin(x) et la seconde égalité vient de

eix + e−ix eix − e−ix


cos(x) = , sin(x) =
2 2i

Définition IX.2.5.
La série de Fourier est définie par
X 2inπt
S(f) = cn ( f )e T
n∈Z
! !
X 2π 2π
= a0 ( f ) + an ( f ) cos nt + bn ( f ) sin nt
n∈N>0
T T

Remarque IX.2.6.
1. La Proposition IX.2.3 implique que les deux formules de la définition sont les mêmes. Re-
marquez que si f est une fonction à valeur réelle alors la deuxième expression est réelle alors
que la première est, à priori, à valeur complexe. Dans ce cas, il n’est pas difficile de voir que
S ( f ) est toujours à valeur réelle càd S ( f ) = S ( f ).
2. Considérons Rn avec son produit scalaire euclidien, noté (x | y). Soit (e1 , . . . , en ) une base
orthonormée. Nous avons alors
X n
x= (x | ei )ei
i=1

En dimension infinie la somme de droite doit être considérer comme une série et l’égalité
ci-dessus n’est pas aussi facile...c’est justement le but de la théorie de comprendre quand
cette égalité se produit. Ainsi la série de Fourier est simplement le membre de droite de
l’égalité ci-dessus.

IX.3. Inégalité de Bessel


Le but de cette section est de démontrer l’inégalité de Bessel. Nous allons utiliser le lemme suivant
54 CHAPITRE IX. THÉORIE DE FOURIER

Lemme IX.3.1.
PN 2inπ
Soit S N ( f ) := n=−N cn ( f )e T t . Nous avons
N
X
||S N ( f )|| =2
|cn |2
n=−N

( f − S N ( f ) | S N ( f )) = 0
|| f ||2 = || f − S N ( f )||2 + ||S N ( f )||2

Remarque IX.3.2.
La troisième égalité correspond au théorème de Pythagore dans le cas euclidien.

Preuve du Lemme IX.3.1. — 1. La première égalité vient de la Proposition IX.1.9, c’est-à-dire que
2inπ
les fonctions en (t) := e T t forment une base othonormée.
2. Comme ( f | en ) = cn , nous avons

N
X
( f | S N ( f )) = ( f | cn en ) par linéarité de l’intégrale
−N
N
X
= cn ( f | en ) car (· | ·) est hermitienne
−N
N
X
= cn cn car ( f | en ) = cn
−N
N
X
= |cn |2
−N

3. Ceci découle de l’égalité précédente. On écrit l’égalité ci-dessous

|| f ||2 = ( f − S N ( f ) + S N ( f ) | f − S N ( f ) + S N ( f ))

Puis en développant et en remarquant que ( f − S N ( f ) | S N ( f )) = 0, on obtient le résultat.



IX.4. LES THÉORÈMES DE CONVERGENCE DE DIRICHLET 55

Théorème IX.3.3 (Inégalité de Bessel).

|cn |2 converge et on a
P
Soit f une fonction T -périodique et continue par morceaux. La série n∈Z

1 T
X Z
2
|cn | ≤ | f (t)|2 dt =: k f k2
n∈Z
T 0

Preuve du Théorème IX.3.3. — De la première et la troisième égalité du Lemme IX.3.1, nous en


déduisons
N
X
||S N ( f )|| =
2
|cn |2 ≤ || f ||2
−N

Et en passant à la limite, nous en déduisons le théorème. 

Une conséquence importante de cet énoncé, est le corollaire suivant

Corollaire IX.3.4 (Riemann-Lebesgue).

Les suites (cn )n∈N , (an )n∈N et (bn )n∈N tendent vers 0.

PN
Démonstration. — De l’inégalité de Bessel, nous en déduisons que la suite n=−N |cn |2 converge.
Ceci implique que le terme général tend vers 0. La Proposition IX.2.3 implique que (an ) et (bn )
tendent vers 0. 

IX.4. Les théorèmes de convergence de Dirichlet


Avant de donner les énoncés des théorèmes de convergence, regardons deux exemples.

Exemple IX.4.1. — On considère une fonction 2π-périodique en forme de scie. Son graphe sur une
période est sur la Figure 4. Si on calcule les premiers 8 termes de sa série de Fourier, nous obtenons
π 4 4 4 4
− cos(x) − cos(3x) − cos(5x) − cos(7x)
2 π 9π 25π 49π
De la figure ci-dessus, on voit que la série de Fourier converge vers la fonction de départ, et on peut
même penser à une convergence uniforme. Si l’on prend 20 termes dans la série, on ne fait plus la
différence entre f et sa série de Fourier. Remarquez que la fonction de départ est C1 par morceaux
et continue.
56 CHAPITRE IX. THÉORIE DE FOURIER

Figure 4. Graphe d’une fonction scie sur une période

Figure 5. En bleu, la fonction de départ, en rouge les 2 premiers termes de la série de Fourier
et en noir les 8 premiers termes de la série de Fourier

Exemple IX.4.2. — On considère une fonction 2π-périodique en forme de créneau. Son graphe sur
une période est donné par la Figure 6. Si on calcule les premiers 50 termes de sa série de Fourier,
IX.4. LES THÉORÈMES DE CONVERGENCE DE DIRICHLET 57

Figure 6. Fonction créneau sur une période

nous obtenons
6 6 2 6 6 2 6
− . sin(98.x) − sin(94.x) − sin(90.x) − sin(86.x) − sin(82.x) − sin(78.x) − sin(74.x)
49π 47π 15π 43π 41π 13π 37π
6 2 6 6 2 6 6
− sin(70.x) − sin(66.x) − sin(62.x) − sin(58.x) − sin(54.x) − sin(50.x) − sin(46.x)
35π 11π 31π 29π 9π 25π 23π
2 6 6 2 6 6 2
− sin(42.x) − sin(38.x) − sin(34.x) − sin(30.x) − sin(26.x) − sin(22.x) − sin(18.x)
7π 19π 17π 5π 13π 11π 3π
6 6 2 6
− sin(14.x) − sin(10.x) − . sin(6.x) − . sin(2.x) + 1/2
7π 5π π π

De la figure ci-dessus, on voit que la série de Fourier converge vers la fonction de départ. Par contre,
on voit que quand on augmente le nombre de terme, il y a une oscillation autour des points de non
continuité (cf la partie verte au début d’un plateau dans la Figure 7). Ceci nous laisse à penser qu’on
n’aura pas une convergence uniforme de la série de Fourier. Ce phénomène s’appelle le phénomène
de Gibbs. Remarquez que la fonction créneau est C1 par morceaux et pas continue.

Une fonction f est C1 par morceaux sur [a, b], s’il existe une subdivision a = a0 < a1 < · · · < an = b
de [a, b] telle que f |]ai ,ai+1 [ est C1 sur ]ai , ai+1 [ est qu’on peut la prolonger en une fonction de classe C1
sur [ai , ai+1 ], c’est-à-dire que les limites à gauche et à droite de f |]ai ,ai+1 [ et de sa dérivée sont finies.

Théorème IX.4.3 (Théorème de Dirichlet càd convergence ponctuelle de la série de Fourier.).

Soit f une fonction T -périodique et de classe C1 par morceaux. Soit t0 ∈ R. La série de Fourier
f (t+ )+ f (t− )
S ( f )(t0 ) converge vers 0 2 0 où f (t0+ ) (resp. f (t0− ) ) est la limite à droite (resp. gauche) de f en
t0 .
58 CHAPITRE IX. THÉORIE DE FOURIER

Figure 7. En bleu, la fonction de départ, en rouge les 5 premiers termes de la série de Fourier
et en vert les 50 premiers termes de la série de Fourier

Remarque IX.4.4.

Dans ce théorème, on peut relacher un peu l’hypothèse C1 par morceaux mais par contre on ne peut
pas simplement mettre continue. Il y a des contre-exemples où des séries de Fourier ne convergent
pas vers la fonction en certains points. Ces exemples sont assez sophistiqués, historiquement, c’est
Féjer (1880-1959) qui les a trouvés.

Démonstration du théorème IX.4.3. — Attention, cette preuve est très technique et elle peut être
sauter dans une première lecture. Je n’ai pas tout détaillé mais j’ai mis les grandes étapes ce qui
vous permettra de reconstituer la preuve en détail.
Quitte à poser g(t) = f (2πt/T ), on peut supposer que f est 2π-périodique. Quitte à translater t → t−t0 ,
on peut supposer que t0 = 0. Posons sN := S N ( f )(0) = −N
PN
cn ( f ). Il faut montrer que la suite

f (0+ ) + f (0− )
uN := sN −
2
IX.4. LES THÉORÈMES DE CONVERGENCE DE DIRICHLET 59

tende vers 0 quand N → +∞. Nous avons


N Z π
X
2πsN = f (t)e−int dt car cn = ( f | eint )
n=−N −π
Z π N
X
= f (t)KN (t) où KN (t) = eint .
−π n=−N

en utilisant les séries géométriques, nous pouvons calculer KN (cf. feuille de TD9) et montrer que
Z π
sin((2N + 1)t/2)
KN (t) = , KN (t) = π.
sin(t/2) 0
Comme KN (t) est une fonction paire, on a
Z π
2πsN = ( f (t) + f (−t))KN (t)dt
0
Finalement, nous en déduisons que
2πuN = 2πsN − π( f (0+ ) + f (0− ))
Z π Z π
+
= ( f (t) + f (−t))KN (t)dt − f (0 ) + f (0 ) − 
KN (t)dt
0 0
Z π
f (t) + f (−t) − f (0+ ) − f (0− )
= sin ((2N + 1)t/2) dt
0 sin(t/2)
Z π
(2N + 1)t
!
(IX.1) = g(t) sin dt
0 2

f (t) + f (−t) − f (0+ ) − f (0− )
g(t) =
sin(t/2)
L’idée intéressante est de voir que (IX.1) est le coefficient de Fourier de la fonction g. Ainsi si la
fonction g est continue par morceaux alors en appliquant le Corollaire IX.3.4 à g, nous en déduisons
par (IX.1) que la suite (uN )N∈N tend vers 0.
Il reste à montrer que g est continue par morceaux partout sauf peut-être en 0. Montrons que g est
continue en 0.
f (t) − f (0+ ) f (−t) − f (0− )
!
t
g(t) = +
t t sin(t/2)
Comme f est C1 par morceaux, le premier terme a une limite finie c’est la dérivée à droite en 0, le
second est la dérivée à gauche de t 7→ f (−t) (c’est-à-dire la dérivée à droite de f ) et le dernier terme
est équivalent à 2 car sin(t/2) ∼0 t/2. Ainsi g est continue en 0.

60 CHAPITRE IX. THÉORIE DE FOURIER

P
Nous rappelons qu’une série de fonction n gn (t) converge normalement sur [a, b] s’il existe une suite
(un )n∈N telle que
1. pour tout n, |gn (t)| ≤ un pour tout t ∈ [a, b].
P
2. La série n≥0 un converge.
Remarquons que la convergence normale implique la convergence uniforme.

Théorème IX.4.5 (Théorème de convergence normale de Dirichlet).

Soit f une fonction T -périodique et de classe C1 par morceaux et continue. La série de Fourier
S ( f ) converge normalement vers f .

Remarque IX.4.6.
1. Remarquons qu’on a rajouté l’hypothèse de continuité pour f . Comme nous l’avions observé
dans les exemples IX.4.1 et IX.4.2, l’hypothèse de continuité est très importante pour la
convergence de la série de Fourier.
2. La convergence normale implique la convergence uniforme.

Avant de démontrer ce théorème, nous allons démontrer le lemme suivant.

Lemme IX.4.7.
Soit f : R → C est continue, T -périodique et de classe C1 par morceaux. Pour tout n ∈ Z, nous
avons cn ( f 0 ) = 2iπn
T n
c ( f ).

Preuve du Lemme IX.4.7. — On intègre par partie et on obtient


1 T
Z
2iπnt
cn ( f ) = f (t)e− T dt
T 0
Z T
−1 h − 2iπnt
iT 1 2iπnt
= f (t)e T + f 0 (t)e− T dt
2iπn 0 2iπn 0
2iπnt T
h i
Comme f est T -périodique, f (t)e− T = 0. Nous en déduisons le résultat. 
0

Preuve du Théorème IX.4.5. — En utilisant le lemme, nous en déduisons


T.|cn ( f 0 )|
|cn ( f )| =
2πn
IX.5. ÉGALITÉ DE PARSEVAL 61

Rappelons l’inégalité de Cauchy-Schwartz, pour deux suites réels (an ) et (bn )


2an bn ≤ a2n + b2n
Ainsi, nous en déduisons
 T 2
|cn ( f )| ≤ |cn ( f )| +0 2
2πn
Comme la série de terme général 1/n converge et que la série de terme générale |cn ( f 0 )|2 converge par
2

l’inégalité de Bessel (cf le Théorème IX.3.3) appliqué à f 0 . Ceci nous donne la convergence normale
de la série de Fourier. 

IX.5. Égalité de Parseval

Théorème IX.5.1 (Egalité de Parseval).

Soit f une fonction T -périodique et continue par morceaux. Nous avons


X
|cn |2 = || f ||2
n∈Z

Démonstration. — Nous allons démontrer ce théorème que dans le cas particulier où f est C1 par
morceaux et continue. La démonstration générale demande plus d’efforts. Le Lemme IX.3.1 implique
que
(IX.2) || f ||2 = ||S N ( f ) − f ||2 + ||S N ( f )||2
Or nous avons ||g|| ≤ ||g||∞ := supt∈R |g(t)|. Or le Théorème IX.4.5 implique que la série de Fourier
converge uniformément c’est-à-dire ||S N ( f ) − f ||∞ tend vers 0. Nous en déduisons que
|| f ||2 − ||S N ( f )||2 = ||S N ( f ) − f ||2 ≤ ||S N ( f ) − f ||2∞ → 0
Ceci implique le théorème. 
Présentation de l’auteur

Je suis actuellement professeur à l’université d’Angers depuis 2015. J’ai fait mes études à l’université
de Strasbourg où j’ai eu l’agrégation de mathématique en 2000 puis j’ai obtenu ma thèse en 2005 sous
la direction de Claude Sabbah. Ma thèse est intitulée Cohomologie quantique des espaces projectifs à
poids. J’ai ensuite fait un post-doctorat à la SISSA à Trieste (Italie). En 2007, j’ai été recruté comme
maître de conférence à l’université de Montpellier.
Mon domaine de recherche est la géométrie algébrique, notamment autour des invariants de Gromov-
Witten et de la symétrie miroir.

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