Peche-Pisciculture-Burkina Faso Mars2010
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Mars 2010
1
SOMMAIRE
RAPPORT PRINCIPAL
Introduction 3
1. Rappel des différentes formes de pisciculture 3
2. Principales réalisations piscicoles et analyse des résultats dans la zone d’étude 5
21. Points communs 5
211. Le point de vue de la DGRH 5
212. Le point de vue de la recherche 6
22. Région du Centre-Est 7
221. Le point de vue des acteurs pratiquant ou intéressés par la pisciculture 7
222. L’expérience des cages flottantes et des enclos 7
2221. Expérience de l’élevage en cages flottantes 7
2222. Expérience de l’élevage en enclos 8
2223. Conclusion générale de l’expérience de la pisciculture en enclos et cage
au Centre-Est 9
223. Le Projet Elevage Piscicole (PEP) 9
224. La pisciculture privée de Koupéla 10
23. Région de l’Est 11
231. Le point de vue des promoteurs individuels en pisciculture 11
232. Les expériences d’élevage de poisson à l’Est 11
2321. Les cages flottantes 11
2322. Les enclos 11
2323. Les étangs 11
233. Conclusion 12
24. Région du Sahel 12
3. Bilan des actions piscicoles menées dans les trois régions 12
4. Propositions d’actions 13
5. Quelle pêche au Burkina ? 15
ANNEXES
C) DONNEES ECONOMIQUES 30
1) Hypothèses techniques et économiques 30
2) Simulation de comptes d’exploitation d’étang et de cage flottante
d’élevage de tilapia au Burkina Faso 31
2
Introduction
Le Burkina Faso présente un déficit croissant en produits d’origine aquatique : les importations, de
l’ordre de 20 000 t (valeur 2008), augmentent de 10% par an tandis que la production halieutique,
estimée à 11 000 t, ne s’accroît que des captures liées à l’édification de nouveaux barrages (environ
200 t/an). Les espoirs de voir s’accroître la productivité des plans d’eau par des pratiques de pêche
amplifiée (notamment par le restockage des retenues) semblent s’effacer devant une nécessaire
gestion des ressources naturelles par la mise en œuvre de mesures de préservation, de valorisation
et de prévention qui, pour la pêche, pourraient se traduire d'abord par un processus de clarification
des droits au niveau local et un éclaircissement des dynamiques de gestion à privilégier.
La pisciculture, quant à elle, dont la production n’a jamais atteint le niveau de 500 t, demeure
l’éternel joker brandi comme « la » solution capable de réduire le déficit en ressources aquatiques
vivantes, n’a toujours pas décollé. Les raisons avancées pour expliquer cette situation sont
nombreuses et, de toute évidence, le Burkina Faso n’est pas le pays d’Afrique sub-saharienne le
mieux placé pour relever le défi de l’aquaculture, et singulièrement les trois régions concernées par
le projet PADAB II. Il y existe néanmoins un potentiel qu’il convient de mettre en valeur par les
différentes techniques disponibles aujourd’hui et largement décrites en annexe de ce rapport.
Pour les systèmes d’élevage semi-intensifs (étangs), dont les paramètres d’élevage sont largement
sécurisés, la mise en œuvre d’exploitations par des opérateurs privés doit être la règle. Pour les
systèmes d’élevage intensifs (cages), une phase expérimentale s’impose : elle doit être empreinte
de rigueur et de continuité et pourrait associer les services de l’état (recherche, agriculture) et des
opérateurs privés.
La première est la plus ancienne et encore aujourd’hui la plus largement utilisée pour la production
aquacole (poissons et crevettes) puisqu’elle représente environ 80% des systèmes d’élevage dans le
monde.
Ce système présente une série d’avantages pour la mise en œuvre d’élevages aquacoles (tableau 1)
parmi lesquels la création d’infrastructures réalisables manuellement ou mécaniquement sans avoir
recours à l’importation de matériaux, la possibilité d’y réaliser des élevages à tous les niveaux
d’intensification en fonction des espèces utilisées et du niveau d’intrants disponibles. L’étang
constitue un milieu productif dans lequel se mettent en place des réseaux trophiques dont le poisson
est l’ultime bénéficiaire. L’étang permet de recycler les déchets divers tels que les effluents
domestiques et d’élevage ainsi que les sous produits agricoles. De ce point de vue il présente une
grande souplesse et une grande rusticité. Ses 2 contraintes majeures sont de nécessiter un
approvisionnement en eau permanent (gravitaire si possible) et des surfaces de production
importantes.
A l’opposé, la seconde s’appuie sur des infrastructures « hors sol » nécessitant, soit des
investissements en matériaux de construction et d’exploitation pour les bassins (béton, tuyauterie,
pompes, etc.) soit en matériaux exigeant pour la plupart le recours aux importations pour les cages
et enclos (filets, grillage métallique ou plastique etc.). Les densités d’élevage sont élevées (avec les
3
Tableau 1. FILIERES EXISTANTES/ATOUTS CONTRAINTES
aliment composé
monoculture
densité d'élevage élevée
Atouts/contraintes
Contraintes : - / Atout : +
Notes
La polyculture consiste à associer une ou plusieurs espèces piscicoles ayant un régime alimentaire
complémentaire de celui de l’espèce principale (celle que l’on élève) afin d’accroître la biomasse produite
dans l’étang et si possible de bénéficier d’effets synergiques entre les différentes espèces piscicoles. En
Afrique subsaharienne, la polyculture associe le tilapia du Nil comme espèce principale avec un
siluriforme (Clarias gariepinus), un Ostéoglossidé (Heterotis niloticus) et un prédateur comme
Hemichromis fasciatus pour éliminer les alevins indésirables. Cette association peut accroître le rendement
piscicole total de plus de 40%.
Etang et infrastructures hors sol (cages, enclos, raceways) : l’étang est une infrastructure d’élevage utilisée
pour la pisciculture de production tandis que les infrastructures pour l’élevage hors sol sont utilisés pour la
pisciculture de transformation. Dans l’étang, les conditions environnementales sont stables et maîtrisables,
ce qui permet une production primaire (plancton) assez importante et variée, qui peut être complétée par
une
Figurealimentation à base de des
1. Schéma sous produits
2 grands agricoles.
typesLa diversité de cette production
de systèmes primaire peut être
de production
valorisée
piscicole par diverses espèces piscicoles, d’où l’intérêt d’élever simultanément (polyculture) ces espèces
dans le même étang pour valoriser au mieux les productions alimentaires. Dans les infrastructures hors sol,
cette possibilité est très faible (voir tableau 1) et la productivité repose exclusivement sur une alimentation
artificielle entièrement exogène.
4
Figure 1. Différentes catégories de pisciculture
Pisciculture de production
Pisciculture de transformation
5
tête » (sic). Selon elle, depuis 1956 on ne fait que tâtonner avec des systèmes d’élevage, des
stations d’alevinage (Bazega, Ziga), des projets dont aucun n’a « permis d’attraper le bon bout pour
développer la pisciculture », y compris pour les opérateurs privés 1 .
Parmi les différents systèmes testés dans le pays figurent les étangs classiques en terre, les étangs
bétonnés, les raceways, la rizipisciculture, les enclos, les cages flottantes avec pour principale
(quasi-unique) espèce d’élevage le tilapia du Nil.
La plus importante unité piscicole du pays est celle de Bagré mise en place dans le cadre d’un
projet de coopération entre le Burkina Faso et Taïwan. La coopération japonaise est également en
train d’initier un projet de développement de la pisciculture au Burkina Faso.
Un nombre élevé d’opérateurs privés commence à s’intéresser à la pisciculture ainsi que nous
avons pu le constater sur le terrain, sans véritable succès jusqu’à présent.
Il n’en reste pas moins que le prix de revient du poisson d’aquaculture demeure supérieur à celui
issu de capture. Cependant, l’augmentation des prix sur le marché du poisson d’eau douce frais
(pas moins de 1250 F CFA/kg) départ producteur permet d’envisager de rentabiliser des
productions piscicoles.
2.1.2 Le point de vue de la recherche
La recherche halieutique et aquacole au Burkina Faso était, jusqu’à un passé très récent, conduite
dans les établissements d’enseignement supérieur (Université de Ouagadougou et de Bobo-
Dioulasso) et dans les Centres de Recherche comme l’INERA/CNRST. Les thématiques abordées
dans ces structures étaient liées au profil des enseignant-chercheurs ou des chercheurs.
L’Université de Ouagadougou et l’INERA étaient plus attachés aux aspects ichtyosanitaires en
conduisant des recherches sur la pathologie parasitaire, tandis qu’à l’Université de Bobo-Dioulasso,
la génétique était le pôle d’intérêt, avec pour finalité l’aquaculture (Dr Toguyéni). Actuellement les
travaux portent sur l’analyse et la caractérisation des différentes souches de tilapia du Nil présentes
au Burkina (3 souches : celle de la Tapoa, celle du Kou et celle de Bagré/Kompienga).
Pour le cas particulier de l’INERA, un seul chercheur (Dr Coulibaly) était intéressé par les aspects
halieutiques et depuis sa nomination au Ministère de l’Agriculture en fin 2008, cette recherche
conduite par cet institut est en « dormance ».
Les tentatives de recherche-développement étaient conduites par les projets sectoriels comme le
VPH et le GPSO dans sa première phase.
Le PEP (Projet Elevage Piscicole) de Bagré a fait l’acquisition d’une souche sélectionnée au Ghana
au sein du Water Research Institute d’Akosombo, issue d’un processus de sélection inspiré de
GIFT 2 . Il a préféré cette option à celle de tester de façon préliminaire les différentes souches
1
Les raisons de l’échec de la pisciculture tiennent à plusieurs causes parmi lesquelles nous
citerons :
- l’absence de volonté politique et la marginalisation du sous secteur des ressources
halieutiques dont la contribution au PIB est très faible ;
- les problèmes climatiques (instabilité pluviométrique) qui ont pour conséquence la non
maîtrise de l’eau, support des bioproductions aquacoles ;
- les problèmes biologiques dû à la non maîtrise des techniques d’élevage, notamment la
prolificité du tilapia (espèce principalement élevée) ;
- les problèmes économiques (manque de rentabilité dans la pratique) ;
- la faiblesse des ressources humaines et des ressources financières indispensables pour
assurer les après-projets.
2
Genetically Improved Farmed Tilapia : il s’agit d’utiliser des souches améliorées de tilapia pour
la pisciculture. Le WFC a mis en place une méthode de sélection familiale pour améliorer les
performances de croissance du tilapia du Nil destiné à l’aquaculture. Cette méthode a inspiré
6
présentes au Burkina Faso. Aucune information précise n’est aujourd’hui disponible sur les
performances de cette souche dite « Akosombo » dans le contexte du Burkina Faso.
Par ailleurs, les pays membres du bassin de la Volta, associés au WorldFish Center (WFC, centre
de recherche international, membre du CGIAR) envisagent d’introduire la souche GIFT dans le
cadre d’un projet financé par l’Espagne. Une réunion à Accra a réuni les directeurs des
pêches/aquaculture des 6 pays membres qui ont donné leur feu vert pour un tel projet. Seuls les
représentants de 2 pays (Togo et Bénin) ont soulevé des questions relatives à l’impact
environnemental d’une telle introduction et ont proposé :
- la mise en place d’un volet du projet consacré à la caractérisation des souches locales de
tilapia du Nil ;
- la mise en place de zones protégées destinées à conserver l’intégrité génétique de ces
souches.
Dans la région du Centre Est, il existe une multitude de plans d’eau valorisables par la pisciculture.
Mais cette dernière est encore à l’état embryonnaire, à l’exception de la ferme du Projet d’Elevage
Piscicole (PEP), fruit de la coopération Taïwanaise avec le Burkina Faso.
2.2.1 Le point de vue des acteurs pratiquant ou intéressés par la pisciculture
Dans la région du Centre Est, les acteurs de la filière poisson sont essentiellement des agri-pêcheurs
pour qui la pêche de capture contribue à l’acquisition des facteurs de production agricoles (engrais,
semences). Ces dernières années, ces acteurs rapportent une chute des volumes de la pêche de
capture. Face à cette chute, la pisciculture est apparue comme une alternative, un élément de
réponse au contexte du moment. L’intérêt manifesté par ces acteurs a déjà conduit certains d’entre
eux à entreprendre un élevage artisanal de poissons dans des collections d’eau (piscine, trous à
poisson) où les poissons introduits (tilapia, silure) reçoivent des restes alimentaires et autres sous-
produits agricoles disponibles sur place (drèche de dolo). Cependant, les acteurs sont conscients
que l’élevage du poisson nécessite un minimum de technicité qu’ils n’ont pas encore acquis et des
moyens financiers pour réaliser des aménagements. Leurs principales attentes portent sur le
renforcement des capacités en techniques d’élevage et sur un soutien matériel.
2.2.2 L’expérience des cages flottantes et des enclos
A l’exception du PEP, deux expériences d’élevage de poisson dans des infrastructures spécifiques
ont été conduites dans la région avec l’encadrement plus ou moins rapproché des services
techniques. Il s’agit d’un élevage en cage flottante et d’un autre en enclos. Ces deux essais ont
connu des succès plutôt mitigés.
2.2.2.1 Expérience de l’élevage en cages flottantes
Il s’agissait de cages de 1,20 mètre carré pour une profondeur de 2 mètres. La densité de mise en
charge était de 100-200 fingerlings 3 de tilapia/cage. Ces fingerlings sont tout venant, non sexés et
l’institut de recherche ghanéen (Water Research Institute d’Akossombo) qui a également mis en
place un programme de sélection et c’est avec les produits acquis auprès de cet institut, que le PEP
veut également améliorer les performances des tilapias sur sa station.
3
Il s’agit d’un terme anglo-saxon consacré pour désigner un alevin ayant atteint la taille d’un doigt
(finger en anglais) soit environ 7-10 cm et un poids d’environ 20-30 g.
7
pêchés dans le lac de Bagré. L’aliment distribué est de fabrication artisanale à base de divers
ingrédients disponibles sur place. Les difficultés rencontrées dans cette structure et qui n’ont pas
permis de conclure ni de rééditer cet essai sont essentiellement :
- les conditions environnementales (mise en charge pendant la chaleur) ;
- la qualité de la semence piscicole (technique de pêche et conditionnement défectueux) ;
- des actes de vandalisme sur les infrastructures ;
- un arrêt du soutien financier qui était apporté par le Projet d’Appui aux Micro-Entreprises
Rurales (PAMER).
En dépit des considérations techniques et matérielles ci-dessus évoquées, cette expérience
mériterait une réédition en prenant en compte les insuffisances mentionnées.
2.2.2.2 Expérience de l’élevage en enclos
Cet élevage est la propriété d’un groupement d’agri-pêcheurs (21 personnes) soutenu par un élu de
la localité. Les infrastructures d’élevage comprennent deux unités situées sur un affluent du lac de
Bagré, à hauteur de Niaogho. Les caractéristiques techniques de cet essai sont les suivantes :
Deux pêches de contrôle pour la croissance ont révélé une croissance journalière de 1,1g jusqu’au
deuxième mois et de 0,3 g du troisième au cinquième mois.
Données économiques :
Les charges
- Coût de l’aliment industriel : 550 kg X 300 FCFA (prix PEP) = 165.000 FCFA
- Coût des fingerlings : 10017 fingerlings X 15 FCFA = 150.255 FCFA
Les recettes liées à la vente de 691 kg de poisson s’élèvent à 211.625 FCFA et ne couvrent
même pas le coût de l’aliment et industriel et des fingerlings, sachant que d’autres dépenses
(aliment artisanal, amortissement, main d’œuvre) restent à prendre en compte.
Conclusion partielle :
Au plan technique, on peut noter quelques insuffisances qui ne permettent pas une meilleure
capitalisation de l’essai. En effet :
- deux espèces de tilapia à croissance très différente sont utilisées simultanément dans le
même enclos. De même, deux mises en charges ont été effectuées dans chaque enclos à
deux semaines d’intervalle, toutes choses qui ne permet pas le suivi régulier de l’élevage ;
8
- les densités de mise en charge (5 contre 21 fingerlings/m2) ne mettent pas tous les poissons
dans les mêmes conditions de croissance ;
- deux types d’aliments sont utilisés pendant le cycle de l’élevage ; les valeurs de ces deux
aliments sont différentes.
Au plan financier, cet élevage a bénéficié du soutien d’un élu et d’un accompagnement des services
techniques. En dépit de ces soutiens, les charges de ce type d’élevage sont nettement supérieures
aux recettes réalisées. Dans cet essai, le groupement de pêcheurs a reçu d’un élu de la localité, un
aliment industriel de haute performance. Lorsque cet aliment est épuisé, le groupement utilisait
différents sous-produits agricoles bruts dont la valeur n’est pas connue. De ce fait, il s’agissait de
deux types de rations non comparables en termes de valeur alimentaire.
2.2.2.3 Conclusion générale de l’expérience de la pisciculture en enclos et cage au Centre-Est
L’expérience vécue dans la région du Centre-Est, montre toute les difficultés de pouvoir intégrer,
dans le contexte actuel du Burkina Faso, les paysans/agri-pêcheurs, dans le système de production
piscicole à des fins économiques, utilisant les cages ou enclos. Les promoteurs aquacoles n’ont
encore ni la technicité requise, ni la capacité financière nécessaire pour préfinancer l’activité
(infrastructure, alevins, aliments performants). L’utilisation d’alevins tout-venant a montré ses
limites. Il en est de même de la non maîtrise de l’alimentation. Les cages/enclos sont coûteux pour
des promoteurs en majorité paysans organisés ou individuels.
D’une façon générale les aléas liés à l’approvisionnement en qualité et en qualité de l’aliment
composé et des alevins pour des élevages de type hors sol que sont l’élevage en cages et l’élevage
en enclos ne permettent, dans le contexte actuel, ni de garantir un minimum de performances
zootechniques ni, a fortiori, une quelconque rentabilité financière.
2.2.3 Le Projet Elevage Piscicole (PEP)
Il s’agit d’un projet de pisciculture mis en place dans le cadre de la coopération entre le Burkina
Faso et Taïwan (Taïwan est un pays majeur sur le plan mondial dans le domaine de l’aquaculture,
tant en termes de recherche scientifique et de production de systèmes innovants que de production
piscicole ; ce pays a été l’un des pionniers tant dans le domaine de la recherche que de celui de la
production de tilapias).
Les travaux d’infrastructure du projet ont démarré en 2006 et les premiers élevages ont été mis en
place en 2007.
Le projet est situé au sein du périmètre hydro-agricole de Bagré, entouré de casiers rizicoles. Il est
alimenté en eau à partir d’un canal primaire d’irrigation par gravité, tout au long de l’année sans
restriction.
Les infrastructures sont composées de 2 écloseries (l’une « indoor » et l’autre à l’abri d’un hangar)
toutes 2 constituées de bassins en béton, d’étangs d’alevinage et de pré-grossissement. La ferme
comprend en outre des étangs d’embouche (production de poisson marchand), un atelier de
fabrication d’aliment composé (avec presse à granulé et extrudeuse), d’un centre de formation et un
atelier expérimental de transformation du poisson (filetage, fumage etc.).
La superficie totale du site de la ferme est de 15 ha et la superficie en eau est de 5 ha. Les étangs de
service 4 occupent 1 ha et les étangs d’embouche occupent 4 ha. Tous les étangs ont leurs berges
bétonnées sauf les 2 derniers construits (0,6 ha chacun) pour l’embouche.
4
On considère généralement que dans une ferme piscicole constituée d’étangs gérés de façon semi-
intensive :
20 % de l’espace sont consacrés aux activités dites de service (= reproduction en étang (5%)
et prégrossissement (15%) ;
80% de la ferme sont réservé aux étangs de production de poisson marchand.
9
Deux petites stations d’épuration sont implantées en aval avant de rejeter l’eau dans le système
d’irrigation général du périmètre.
La ferme n’a pas encore atteint son régime de croisière et les objectifs de production sont fixés au
niveau suivant :
- alevins : 15 millions d’alevins de 1 g par an
- poisson marchand : 80 tonnes/an soit un rendement d’environ 20t/ha/an
- aliment : 3000 t de granulés extrudés/an
Qu’il s’agisse d’alevins ou d’aliments, le projet est considérablement surdimensionné par rapport
aux besoins de la ferme quand elle tournera en régime de croisière et par rapport à la demande telle
qu’elle s’exprime aujourd’hui. Le projet a été conçu pour répondre à une demande d’envergure
nationale (voire plus, à cet égard le Ghana se déclare intéressé par les alevins et l’aliment).
Actuellement le PEP vend ses alevins à 15 F CFA/unité et son aliment composé extrudé à 300 F
CFA/kg (25% de protéines). Le poisson marchand est quant à lui vendu 1250 F CFA bord étang.
La souche « Akosombo » remplace progressivement la souche locale utilisée par le projet.
Le projet assure des sessions de formation piscicole du niveau de base (agent d’exécution) au
niveau supérieur (ingénieur). Il a jusqu’à présent formé les effectifs suivants :
- niveau de base : 10
- niveau BEPC : 30
- niveau BAC : 6
- niveau ingénieur/3ème cycle : 6
- auxquels il convient d’ajouter 24 agents du ministère en charge de la pisciculture (un
contrat lie le PEP et ce dernier pour la formation des agents régionaux des pêches, en
principe 1 par région et par an).
Un agent du Ministère, point focal filière poisson de Fada N’Gourma, rencontré au cours de la
mission a suivi la formation au PEP. Elle a duré 1 mois avec une dominante constituée par des
exposés en salle (construction d’étang, mise en eau, récolte des larves, alimentation, récolte) ce
qu’il regrette. Il a néanmoins appris à monter des cages flottantes et des enclos.
10
2.3 Région de l’Est
La région de l’Est a été (et demeure encore) la première région a vocation piscicole marquée, avec
les aménagements hydro agricoles de Kompienga, Tapoa, Sirba. A l’instar des autres régions du
pays, la chute drastique des captures de la pêche a touché cette région. Aussi, la pisciculture est
apparue comme une alternative pour lier la production à la forte demande du marché. Dans la
région, on dénombre quatre promoteurs individuels, avec un éventail de toutes les expériences en
pisciculture.
2.3.1 Le point de vue des promoteurs individuels en pisciculture
Dans la région de l’Est les promoteurs privés sont d’anciens mareyeurs ou des pêcheurs pour qui la
pisciculture est une solution possible pour faire face à la chute des débarquements par la pêche de
capture. Une des formes d’accroissement de la production naturelle des plans d’eau est
l’amplification de la pêche. Ainsi, dans les plans d’eau périphériques quelques pêcheurs ont capturé
des fingerlings de Clarias sp. (1633 individus) qu’ils ont relâchés dans la retenue de Fada Ngourma
en vue de leur re-capture ultérieure. Certains ont tenté l’élevage de capitaine, de silures et de
tilapia.
Les promoteurs sont cependant conscients des difficultés présentées par la pratique de la
pisciculture et qu’il conviendrait de résoudre. Il s’agit du vol et de l’acquisition de semences de
qualité. Une des visions partagées par les promoteurs est la subvention de ce sous-secteur
d’activité, notamment l’acquisition des aliments performants ainsi que le transport des alevins
depuis les stations d’alevinage au site de production. La nécessité d’avoir dans chaque région une
station d’alevinage placée sous une gérance privée est aussi préconisée. Enfin, la spécialisation des
acteurs de la pisciculture en maillons d’une filière organisée (producteurs d’alevins, producteurs de
poisson marchand, provendiers) serait un avantage et participerait à la professionnalisation de cette
activité. Ceci reflète aussi bien la pensée du promoteur privé que l’expérience vécue par l’expert
international dans d’autres pays (Niger, Côte d’Ivoire, Cameroun..).
2.3.2 Les expériences d’élevage de poisson à l’Est
La quasi-totalité des infrastructures d’élevage utilisables par la pisciculture sont rencontrées dans la
région.
2.3.2.1 Les cages flottantes
Ce type d’infrastructure d’élevage du poisson a été expérimenté, sans grand succès, à Kompienga
et à Tandjari. L’unité de Tandjari a été confrontée à une compétition avec les crocodiles qui
pullulent dans le plan d’eau, tandis que celle de Kompienga a buté contre la qualité des alevins
(provenant de la capture dans le lac) qui a accusé une forte mortalité et une croissance médiocre
pour les survivants. En outre la conception des cages ne leur a pas permis de résister aux
intempéries (vagues).
2.3.2.2 Les enclos
Cette infrastructure a été rencontrée sur les sites de Zanré et de Tandjari : soit ils ne sont pas
fonctionnels (Tandjari) soit ils n’ont fait l’objet d’aucun suivi de la part des services techniques
d’encadrement de la zone (cas de Zanré, ensemencé depuis 2008).
2.3.2.3 Les étangs
Ils sont rencontrés sur deux sites :
11
ces étangs de bénéficier de l’eau toute l’année, ce qui constitue un facteur limitant à la vocation
initiale (écloserie régionale) de cette infrastructure.
Lantao (Département de Diabo) : deux étangs fonctionnels aménagés dans des casiers rizicoles
d’un périmètre maraîcher de 12 ha. Deux espèces sont élevées : les tilapias et les silures. Elles sont
alimentées par du son de céréales, des drèches de dolo et des abats d’animaux.
Cette unité, ainsi que tout le périmètre, est menacée par l’ensablement et l’utilisation très
importante des pesticides.
2.3.3 Conclusion
Dans la région Est, la volonté de faire la pisciculture est très présente et forte. Cependant, une
réflexion devra être menée pour trouver la forme de pisciculture qu’il conviendrait de promouvoir.
Du fait des contraintes de disponibilité en eau de surface, la région du Sahel n’est généralement pas
comptée parmi les zones à vocation piscicole. Seuls 13 des 32 plans d’eau de la région sont
pérennes et parmi eux la mare de Higa (4000 ha), le lac de barrage de Yakouta (1600 ha), le lac de
barrage de Boukouma (4130 ha). La production piscicole essentiellement due à la pêche de capture
est insignifiante (< à 200 tonnes/an). Cette production est principalement destinée aux marchés
extérieurs à la région. Ces dernières années, avec l’appui du PADAB, la région a tenté avec peu de
succès, l’élevage en enclos sur trois sites (Dani, Gaïk-Gota et Tankougounadié). Les contraintes
biologiques (crocodiles) et climatiques (niveau de l’eau dans les retenues) constituent les
principales raisons de ces résultats très mitigés. Les aménagements hydrauliques visités (Yakouta,
Seytenga et Tankougounadié) n’ont pas de dispositifs de prise d’eau adéquats pouvant permettre
d’envisager l’élevage en étang (qu’il s’agisse d’alevins ou de poisson marchand).
L’analyse des différents projets, actions, initiatives menés dans les 3 régions du PADAB fait
ressortir les principaux points suivants.
A. Le seul projet qui actuellement est véritablement opérationnel est le PEP de Bagré.
Ses atouts sont :
- de disposer d’un financement et d’assistance technique extérieurs (Taïwan) qui lui permettent
de fonctionner hors du contexte économique réel,
- de disposer d’infrastructures d’élevage (étangs) bien adaptées au contexte local : alimentation
en eau gravitaire à partir du barrage de Bagré.
Par ailleurs ce projet a investi dans 2 secteurs stratégiques pour le développement de la pisciculture
au Burkina et dans un pays africain en général : la production d’intrants à savoir d’alevins (de
qualité ?) et d’aliments composés ainsi que la formation à différents niveaux.
Dans l’état actuel des choses, cette ferme piscicole constitue un outil essentiel (pour ne pas dire
vital) pour un développement de la pisciculture dans les 3 régions couvertes par le PADAB, et
même au-delà.
12
d’un aménagement. Malheureusement, l’approvisionnement gravitaire en eau du périmètre n’est
assuré qu’environ 6 mois par an, du fait du positionnement de la prise d’eau par rapport au niveau
d’eau dans le barrage. Résultat : ces étangs ne peuvent ni ne pourront être valorisés, que ce soit
pour la production d’alevins ou de poisson marchand. Il est difficile de rattraper les erreurs de
positionnement sur les prises d’eau car cela nécessiterait dans certains cas la destruction partielle de
la digue. En outre, la vocation multi-usages (domestique, pastoral, agricole, sylvicole) de ces
retenues est un handicap pour justifier les corrections profitables aux seules activités aquacoles.
Deux étangs privés ont été construits en aval du barrage de Lantao (département de Diabo)
sur l’emplacement de 2 casiers rizicoles, avec alimentation en eau gravitaire. L’empoissonnement a
été fait à partir d’alevins de tilapias et de silures capturés dans le lac et l’alimentation est effectuée
à partir de drèche de « dolo » et des abats d’animaux. Aucun résultat de production n’est disponible
mais cette forme de pisciculture s’apparente plutôt à une pisciculture de « contemplation ». Les
productions piscicoles de ce promoteur ne sont pas commercialisées sur les marchés destinés à la
consommation mais sont utilisées à des présentations sur les différentes foires et manifestations
publiques de la région.
C. Probablement face aux difficultés d’accéder au foncier dans les aménagements hydro agricoles,
des initiatives de pisciculture en cages et en enclos ont été menées, avec le soutien des structures
publiques, dans diverses régions du Burkina Faso, dont celles du PADAB.
Ces initiatives ont connu des fortunes diverses :
- certaines se sont limitées à l’implantation des infrastructures au sein des retenues sans que
les élevages n’aient démarré,
- certaines ont été mises en fonction avec alevins et aliment mais ont connu des incidents qui
n’ont pas permis de les conduire à terme (vols, crocodiles, mortalités massives).
- certaines ont révélé une conception des infrastructures (cages flottantes) inadaptées aux
conditions environnementales (Kompienga)
- certaines enfin, peu nombreuses, ont fait la démonstration de la viabilité technique des
enclos (non des cages pour le moment) à défaut de la rentabilité économique.
4. Propositions d’actions
Sur le plan régional il semble raisonnable de se concentrer sur les régions où la situation hydro-
climatique est la plus favorable à savoir l’Est et le Centre-Est.
L’étang en terre paraît la solution technico-économique la plus favorable car il peut être intégré
dans les aménagements hydro-agricoles, peut être réalisé avec de la force de travail, a une longue
durée de vie et permet la production d’alevins, le stockage de géniteurs et la valorisation des
déchets d’exploitation, d’effluents d’élevage et de sous-produits agricoles bruts.
Par ailleurs c’est le système qui permet les plus faibles coûts de production.
La contrainte majeure est le faible nombre de sites disponibles pour l’implantation de ce type
d’infrastructure.
Un site paraît tout à fait propice à une action pilote de ce système de production : le périmètre de
Zanré (Zanré est une localité situé dans le Département de Diabo, Province du Gourma, dans la
région de l’Est) en cours d’aménagement où il conviendrait dès à présent de réserver une ou
plusieurs parcelles à cette fin. L’opération pilote proposée doit IMPERATIVEMENT être le fait
d’un opérateur privé avec l’appui/conseil des services techniques compétents.
13
Les structures d’élevage « hors sol » telles que les cages et enclos correspondent à des systèmes
d’élevage très contraignants car totalement dépendants à la fois d’un approvisionnement extérieur
en alevins et en aliment composé granulé. En outre, ces infrastructures sont implantées dans des
environnements dont on ne maîtrise pas les caractéristiques hydrologiques. Enfin, les densités de
mise en charge nécessaires à la rentabilité des opérations sont très élevées entraînant des risques
accrus d’apparition de pathologies et de mortalité. Ce système n’en demeure pas moins LE
SYSTEME le mieux adapté aux conditions environnementales prévalant au Burkina Faso,
notamment du fait des difficultés de l’accès au foncier et la faiblesse relative du coût des
investissements.
La réunion de restitution organisée à l’issue de la mission a fait ressortir trois points d’information
et de réflexion à traiter dans le document final. Ils sont fournis dans les annexes ci-jointes et
concernent :
- des fiches techniques relatives à l’élevage de tilapia du Nil en étang et en cages flottantes
(annexes A et B)
- des données économiques relatives aux élevages proposés pour le Burkina Faso (annexe C)
- une réflexion sur des orientations relatives à l’optimisation de la gestion des ressources
halieutiques des barrages burkinabè. Elle a été réalisée par un chercheur de l’IRD (Philippe
Cecchi) spécifiquement pour cette étude PADAB. On verra que la question est complexe et
qu’elle ne se pose pas tant en termes de concurrence vis-à-vis de la pisciculture mais en
termes de complémentarité.
5
Le PEP-Bagré ne bénéficie plus du soutien Taïwanais depuis décembre 2009. Le Ministère de
tutelle a engagé une réflexion sur la possibilité de valoriser les différentes unités (écloserie,
fabrique d’aliment-poisson, centre de formation, étangs de production de poisson marchand). Si le
centre de formation est maintenu cela serait une bonne chose, sinon la formation /renforcement des
capacités des techniciens de terrain pourra être entrepris de concert avec les structures de formation
du Ministère (CAP/Matourkou) ou l’ENEF de Dindéresso.
6
Philippe Cecchi (IRD)
14
250 T, imputables directement à la création permanente de nouveaux réservoirs artificiels. La part
actuelle de l'aquaculture demeure totalement congrue.
Les marchés urbains (≈ 23% de la population), et en premier lieu celui de la capitale (≈ 11%),
constituent de longue date un débouché naturel pour les produits halieutiques des plus grands lacs –
qui ne disposent pas à proximité d'une clientèle suffisamment nombreuse et solvable, et pour un
grand nombre de petits réservoirs qui viennent ponctuellement y écouler la partie la plus
valorisable de leur production. L'économie de la filière, qu'il reste à décrire en détail, est clairement
centrée sur ce marché urbain, exigeant mais porteur : le prix du poisson frais est depuis peu en ville
plus élevé que celui de la viande.
En réponse à l'inflation des importations, et au-delà d'alternatives piscicoles développées par
ailleurs, le seul levier d'intervention "significatif" à l'échelle de ce marché urbain concernerait
l'intensification de l'exploitation des sites les plus grands ou la création de nouveaux plans d'eau.
On attend ainsi de Samandéni une production annuelle de 1 200 T. Bien qu'encadrées, les
performances halieutiques de ces grands sites paraissent toutefois s'essouffler : la diminution en
volume des captures et en taille des poissons pêchés, y sont dénoncées. Sur de tels grands sites,
préserver efficacement la ressource et mieux gérer l'activité apparaissent comme des priorités, a
fortiori dans le contexte des menaces nouvelles que l'intensification agricole et son corollaire
phytosanitaire sont susceptibles de faire peser sur l'état de santé des écosystèmes aquatiques. La
professionnalisation des pêcheurs et la patrimonialisation de la ressource ont jusqu'à présent
toujours été avancées comme des conditionnalités, nulle entreprise ne pouvant prétendre au succès
durable si ces deux conditions n'étaient pas réunies … Cette rigidité est tenue pour responsable de
l'inefficacité des mesures d'accompagnement qui jusqu'à présent ont été proposées et plus ou moins
adoptées. Les pêcheurs semi-professionnels qui œuvrent sur les grandes retenues du pays y sont
sédentarisés pour des raisons d'abord agricoles. C'est en premier lieu sur leur perception de
l'activité, sur leurs attentes et sur leurs capacités de mobilisation que pourrait s'appuyer la définition
de nouveaux schémas directeurs pour ces grands réservoirs. De facto, intégrer les paysans agro-
pêcheurs à l'avenir de l'activité halieutique reviendrait à replacer les plans d'eau dans leur contexte
agricole, c'est-à-dire à prendre en considération leurs bassins versants, les activités qui s'y
développent, et les hommes qui les pratiquent.
La productivité naturelle des petits plans d'eau est considérée comme potentiellement plus élevée
que celle des grands. Mais, bien qu'ils soient les plus nombreux, leur contribution au marché
national donne pourtant l'apparence d'être relativement marginale. L'absence de données de
débarquement fiables jointe à des filières de distribution de proximité interdit en réalité toute
évaluation sérieuse de leur rôle. La seule certitude concerne les populations concernées : plus de 2
ruraux sur 3 vivent à moins de 15 km d'un plan d'eau pérenne, près de la moitié des 7 millions
d'habitants impliquées vivent en réalité à proximité de 2 plans d'eau au moins. L'amélioration des
pêcheries associées aux plans d'eau de moyennes et petites tailles ne peut toutefois s'envisager
selon le même cadre logique que celle des grands plans d'eau. Il y a en premier lieu un changement
important du cadre social à prendre en considération. Sur les petites retenues, le plus souvent
également exploitées à des fins maraîchères, le respect de la perception locale de la ressource
piscicole imposera de s’appuyer d'abord sur les usagers du barrage qui ne sont pratiquement jamais
des pêcheurs professionnels mais des agro-pêcheurs, voire les maraîchers eux-mêmes. Comme
pour les grands lacs, le développement de la pêche apparaît plus réaliste s'il se concentre d'abord
sur la gestion durable des ressources halieutiques déjà disponibles avant de se lancer dans de
nouvelles initiatives pour augmenter la production naturelle des plans d’eau, l'intensification des
rendements par amplification de la pêche (culture based fisheries) pouvant répondre à cet objectif.
Pour les grands comme pour les petits réservoirs, les évolutions attendues ne devraient être
découplées du principe de Gestion Intégrée des Ressources en Eau et de façon plus générale, des
15
processus de décentralisation et de communalisation actuellement à l’œuvre au Burkina Faso et qui
offrent, peut être, un cadre analytique et décisionnel nouveau. La communalisation, et les transferts
de responsabilité qui vont avec, convergent en effet, au niveau local, avec les comités locaux de
l’eau (CLE), plus petite entité de gestion de la GIRE. Malgré le flou qui entoure encore les réelles
attributions des uns et des autres, et, plus grave, les modalités de mises en pratique de façon
opérationnelle des principes énoncés (avec quels moyens ?), cette architecture décisionnelle
nouvelle peut constituer une opportunité, notamment pour ce qui relèverait de la gestion d’une
ressource naturelle exploitée, en l’occurrence la pêche.
Pourquoi une opportunité ?
Dans les deux cas, à l'échelle des mairies comme à l'échelle des Comités Locaux de l'Eau, les
logiques participatives sont censées dominer : elles concerneront en l'occurrence les mêmes
individus et institutions. Les CLE existeront pour revendiquer et préserver à l'échelle de sous
bassins versants, la vocation du réseau hydrographique et des infrastructures qui s'y trouvent.
Préservation, valorisation et prévention en seront les objectifs. Tant la définition de cette vocation,
que la mise en œuvre des trois taches précédemment évoquées, reposeront sur la participation
active des riverains et exploitants, et des institutions publiques comme privées concernées
localement, tous liés contractuellement par un consensus (la vocation) et des devoirs (préserver,
valoriser, prévenir). Pour les Communes, officiellement responsables de la gestion des ressources
naturelles, les CLE représenteront de facto l'interlocuteur privilégié dès lors que la question de la
gestion des ressources en eau sera abordée. Convergence et mutualisme d'intérêts peuvent aider à
favoriser et soutenir localement la responsabilisation et la mobilisation des acteurs concernés, ce
qui, pour la pêche pourrait se traduire d'abord par un processus de clarification des droits au niveau
local et un éclaircissement des dynamiques de gestion à privilégier.
La productivité naturelle des petits réservoirs est très variable ; le repeuplement des petits plans
d’eau pour en accroître les rendements paraît toutefois techniquement viable, les densités de
stockage requises pour observer une augmentation significative de la production pouvant être
facilement atteintes dans les petits plans d’eau, contrairement aux réservoirs de grandes tailles. Le
restockage demeure cependant indispensable, et la question clé de l'obtention des alevins un verrou
indiscutable. Du fait que la gestion des pêches amplifiées se réalise la plupart du temps à l'échelle
communautaire, leur succès dépend en grande partie de l'existence de structures institutionnelles
locales appropriées et fonctionnelles : l'accompagnement par des projets "recherche-action en
partenariat" peut y contribuer.
Pourquoi aller dans le sens de la promotion des activités halieutiques ?
Parce que les pressions sont croissantes, et les besoins aussi. La "valeur" de l’eau a changé : ses
usages multiples, simultanément ou successivement ("Use and Reuse") sont de plus en plus
valorisés. L'amélioration des activités halieutiques procède ainsi de l'accroissement de la
productivité de l'eau. La pêche de ce point de vue est une activité relativement peu intrusive, qui,
au quotidien, ne rentre pas en compétition avec les usages directement associés à l’exhaure de l’eau
(irrigation en premier lieu), tandis que l’apport de protéines associé à la commercialisation du
poisson pêché, les sources de diversification d’activités et de revenus associées à l’exploitation de
cette ressource, constituent des facteurs positifs et reconnus. Même si les quantités produites
resteront locales et globalement marginales en regard des tonnages produits par ailleurs et surtout
des importations, elles viennent d’autre part en complément des bénéfices déjà associés à la
présence des petits barrages : stabilisation des nappes phréatiques et accès à l'eau, contrôle des
crues et de l'érosion, potentiels vivriers divers (irrigation et pastoralisme en premier lieu), autant
d'éléments conjugués qui produisent de substantiels retours vers les communautés riveraines et
contribuent à la lutte contre la désertification et l'exode rural.
16
Des dynamiques locales, accompagnées par des projets circonstanciés, à l'échelle de bassins
versants animés par un comité local de l'eau, nantis d'un nombre suffisant de petits barrages pour
que ces infrastructures constituent un patrimoine appropriable par les nouvelles communes rurales,
de sorte à ce qu'elles en fassent des objets d'aménagement du territoire structurant à l'échelle de leur
circonscription… Ce n'est pas qu'un scénario idéal qui est proposé ici : cela peut constituer les
bases d'une approche alternative aux démarches strictement sectorielles et verticales qui jusqu'alors
ont toujours prévalu.
Les pouvoirs décisionnels qui sont aujourd’hui conférés aux communes rurales, tout comme les
pouvoirs organisationnels dont devraient se prévaloir les Agences de Bassin et Comités Locaux de
l’Eau, créent de facto un niveau d’action qui jusqu’à présent n’existait tout simplement pas. Cette
échelle d’intervention, faite de proximité, peut constituer un piédestal performant… elle mérite
probablement d'être soulignée, voire accompagnée, a fortiori dans le contexte d'un pays qui est
passé sans transition du dirigisme étatique à une économie ultra libérale et ouverte à l’agrobusiness.
L'éclatement spatial est-il un obstacle opérationnel : mille barrages – mille projets ?
Peut être pas si les logiques de représentation des espaces et des enjeux se déplacent un peu. Les
petits et touts petits réservoirs se situent toujours sur des cours d'eau temporaires, dont ils
retiennent une partie des écoulements durant la saison des pluies. Ils occupent les têtes de bassin
des réseaux hydrographiques, et participent donc au fonctionnement de ces bassins versants où
généralement d'autres réservoirs éventuellement de plus grande taille sont également implantés.
Plutôt que de considérer ces petits barrages comme des entités individualisées et géographiquement
figées, pourquoi ne pas les considérer dans le cadre plus global de leur bassin ou sous-bassin
versant d'appartenance, et ne pas focaliser les efforts dédiés à l'amélioration des activités
halieutiques à cette même échelle, en ne considérant plus les réservoirs un à un, et
indépendamment les uns des autres, mais plus globalement comme étant autant de points d'action
pour une amélioration attendue à l'échelle du bassin ?
Ceci revient à dire que l'accompagnement des petites pêcheries, dans une perspective de durabilité,
ne peut se faire qu'à la même échelle, et en considérant aussi cette diversité. Les arènes de
négociation existent au niveau des communes et des CLE : c'est là que la Recherche Action en
Partenariat doit aussi s'exprimer.
17
ANNEXES
7
En général, les étangs « de service » ont une superficie de 4 ares environ et ceux de production de poisson marchand
de 10 ares et plus.
18
p.m.i. : poids moyen initial
p.m.f. : poids moyen final
c.j.i. : croissance journalière individuelle
QN : quotient nutritif.
22) Aliments composés
Divers aliments composés à base de sous-produits agricoles disponibles localement ont été
testés dans le but d’accroître les densités de mise en charge et les rendements en fingerlings
et de réduire d’autant les surfaces de service.
Les essais ont été réalisés en étangs de 0,5 ; 3,5 et 4 ares et ont porté sur les aliments
suivants (dans certains cas l’on a mis en œuvre une fumure complémentaire et fait circuler
l’eau en permanence, cela est alors précisé).
Aliment A : 50 % son de riz + 50 % de tourteau de coton. L’aliment est distribué une fois par
jour dans 2 cadres flottants : 3 kg/jour le 1er mois, 5 kg/jour ensuite, en étang de 4 ares. La
densité de mise en charge est de 15 poissons/m² (Lazard, 1980).
19
Ces rations, plus élevées que pour l’aliment E, s’expliquent du fait de l’extrême pauvreté de
l’alimentation naturelle dans les étangs (où aucune fertilisation n’a pu être pratiquée) de la
Station de Sona, au Niger (Projet aquaculture Niger, 1983 et 1985).
Résultats
Les résultats des élevages sont exposés dans le tableau 2.
Il ressort qu’une croissance journalière des alevins de 0,4 g/j (± 10 %), soit une période
d’environ 2 mois pour fabriquer un fingerling, est obtenue :
Avec un aliment dosant 30 % de protéines végétales (sans protéine animale) à une
densité de 15 individus/m² ; le rendement est d’environ 15 t/ha/an et le QN de 2.
Avec un aliment dosant 40 % de protéines (dont 1/3 d’origine animale – une
proportion supérieure de protéines animales n’apparaît pas nécessaire 8 -) à une densité
de 25 poissons/m² ; le rendement est d’environ 30 t/ha/an et le QN légèrement
inférieur à 2.
Des densités de mise en charge supérieures (50 et 60 individus/m²) testées avec le second
type d’aliment conduisent à des rendements supérieurs (40 t/ha/an) mais la croissance
journalière individuelle des poissons est plus faible La durée d’élevage doit donc être
augmentée pour parvenir à des individus de 30 g de poids moyen (d’autant que les élevages à
haute densité ont démarré avec des alevins de petite taille : entre 2 et 3 g).
Les faibles rendements (et croissances individuelles) obtenus avec l’aliment F s’expliquent
pour 2 raisons principales :
Pauvreté biologique de l’eau
Faible poids moyen des alevins en début d’élevage.
8
Il est difficile de conclure sur la supériorité de l’aliment comportant 50 % de protéines d’origine animale
par rapport à celui n’en comportant que 30 %. En effet, les élevages réalisés avec le premier aliment
révèlent des taux de survie supérieurs de 10 % à ceux des élevages réalisés avec le second, les
rendements obtenus se situant dans le même rapport
20
3) PRODUCTION DE POISSON MARCHAND EN ETANG
Equilibre prédateur-proie
De nombreux essais ont été menés afin de déterminer les quantités de prédateur nécessaires
au contrôle de diverses populations d’Oreochromis niloticus.
Les élevages de Tilapia démarrent au stade fingerling (p.m≈30g), c'est-à-dire à un âge (2 à 3
mois) auquel ils sont déjà aptes à la reproduction.
D’une façon pratique, il ressort qu’une population de 1.200 Oreochromis niloticus, non sexée,
en étang de 10 ares est contrôlée par une biomasse d’environ 5 kg d’Hemichromis fasciatus
composée de 70 individus ou par une biomasse d’environ 45 kg de Clarias lazera composée de
260 individus, ou encore par une biomasse de 3 kg de Lates niloticus composée d’une
trentaine d’individus.
Cette même biomasse d’Hemochromis contrôle largement une population de 2.000 à 3.000
Oreochromis niloticus mâles, sexée manuellement, avec environ 5 % d’erreur (de femelles).
Conclusion
Lates niloticus
Excellent prédateur, mais il présente 3 inconvénients majeurs :
Très sensible aux faibles teneurs en oxygène de l’eau des étangs
Mauvaise reproduction en étangs
Ne peut être réutilisé pour 2 élevages successifs (risquerait de consommer les
fingerlings du second élevage, compte tenu de sa taille).
Utilisation déconseillée dans la pratique (sauf approvisionnement facile en Lates dans un
milieu naturel)
Clarias lazera
Omnivore à tendance ichtyophage.
Avantage : participe à la production de façon significative.
Inconvénients :
Prédateur moyen (laisse échapper des alevins) donc biomasse importante de Clarias
nécessaire
Reproduction difficile (au niveau du déclenchement de la ponte et de la survie des
alevins)
Concurrence le Tilapia au niveau de la nourriture disponible.
Hemichromis fasciatus
Excellent prédateur, présentant les caractéristiques suivantes :
Très rustique (résiste bien en milieu peu oxygéné, bon comportement en étang fertilisé
par fumier de porc)
Se reproduit en cours d’élevage associé au Tilapia
Peut être réutilisé pour plusieurs élevages successifs (croissance très lente).
Utilisation vivement recommandée dans l’état actuel des connaisances.
21
32) Production de Oreochromis niloticus de taille marchande
Une fois résolu le problème de contrôle de la prolifération des Tilapias en cours d’élevage, le
rendement final en poisson marchand dépend essentiellement (comme pour la production de
fingerlings) de 2 facteurs :
La densité de mise en charge (et le sexage éventuel)
L’aliment (ou l’engrais) utilisé.
Les principaux aliments testés pour la production de poisson marchand sont les suivants (une
circulation d’eau n’est assurée que pour la fertilisation avec le lisier de porc ; pour les autres
élevages, le débit d’eau admis dans les étangs est simplement destiné à compenser les pertes
par évaporation et infiltration).
Aliment 1 :
Son de riz brut.
L’aliment est distribué dans 2 cadres flottants, 1 fois par jour (étang de 10 ares). Une seule
dose a été appliquée durant tout l’élevage : 10 kg/jour (Lazard, 1980).
Aliment 2 :
75 % son de riz + 25 % tourteau de coton.
L’aliment est distribué dans 2 cadres flottants, 2 fois par jour, en étang de 10 ares. Les doses
journalières d’aliment sont de 5 kg le premier mois, 7 kg le second mois et 9 kg ensuite
jusqu’à la fin de l’élevage soit 8 % de la biomasse en début d’élevage et 1,5 % en fin
d’élevage (Lazard, 1980).
Aliment 3 :
69 % son de riz + 31 % tourteau de coton.
L’aliment est distribué 2 fois par jour, dans 2 cadres flottants en étang de 4 ares. Les doses
journalières varient de 3,6 kg à 6,6 kg pour une densité de 2,25 poissons/m² (CTFT, 1979).
Aliment 4 :
75 % son de riz + 15 % tourteau de coton et 10 % de farine de poisson.
Mêmes conditions d’élevage que pour l’aliment 3. Les doses journalières varient de 3,6 kg à
6,6 kg pour une densité de 2,25 poissons/m² et de 4,2 kg à 8,8 kg pour une densité de 3,25
poissons/m² (CTFT, 1979).
Pour les aliments 3 et 4, les rations sont établies pour des périodes de 20 à 30 jours et sont
calculées en fonction d’objectifs préalablement choisis quant au QN et à la croissance
individuelle moyenne. Elles correspondent à 8 % de la biomasse par jour en début d’élevage
et à 2,5 % de la biomasse en fin d’élevage.
Aliment 5 :
Lisier de porc.
La fertilisation est assurée par le lisier d’une porcherie construite en bordure d’étang, moitié à
terre, moitié sur l’eau. La densité de porcs est de 1/are d’étang. L’élevage des porcs dure 150
jours et conduit ceux-ci de 15-50 kg à 90-110 kg. Les essais sont menés en étang de 4 ares.
Le renouvellement de l’eau de l’étang (via l’abreuvoir de la porcherie) est assuré en
permanence (environ 5 l/s/ha de débit fictif continu).
Deux types d’élevage de Tilapia sont menés :
En 2 cycles avec sexage intermédiaire
En 1 cycle à partir de fingerlings mâles (Morissens, 1979 ; Petel et Hirigoyen, 1980).
22
Tableau 4. Production d’Oreochromis niloticus de taille marchante associé au prédateur Hemichromis fasciatus en étangs (4 et 10 ares) en
Côte d’ Ivoire (Bouaké et Korhogo)
Durée d’élevage (j) 145 240 150 160 130 150 65 80 100 50 150
Densité de mise en charge 1,2 2,2 2,2 3,2 2,2 3,2 3 1,5 3,5 1,3 2
(poissons/m²) (♂ +♀) (♂) (♂) (♂) (♂) (♂) (2/3♂ + 1/3♀) (♂) (♂ + ♀) (♂) (♂)
p.m.i. (g) 30 31 43 38 43 37 30 98 8 82 47
p.m.f (g) 215 270 265 225 287 252 95 188 60 141 270
Survie (%) 92 90 94 93 98 98 70 94 82 100 95
Erreur de sexage (%♀) - 3,6 8,2 2,6 1,0 3,5 - 1,0 - ? ?
c.i.i. (g/j) 1,3 1,0 1,5 1,2 1,9 1,4 1,0 1,1 0,5 1,2 1,5
Rendement (t/ha/an) 5,2 7,1 11,1 2,6 15 16,2 6,0 5,2 5,4 5,8 10,1
QN 7,5 3,5 2,8 2,6 2,0 2,2 - - - - -
23
Tableau 3. Valeur bromatologique des aliments utilisés pour la production d’Oreochromis
niloticus de taille marchande
Aliment (10 % H2O) 1 2 3 4
Teneur en protéines 12 20 23 23
33) Conclusions
En fonction de la densité de mise en charge en fingerlings d’Oreochromis niloticus, de
leur sexage et de l’aliment (ou de la fertilisation) utilisé, les rendements obtenus en
poisson marchand peuvent schématiquement se rattacher aux niveaux suivants :
5 tonnes/ha/an
o Elevage d’Oreochromis niloticus non sexés, à la densité de 1,2 poissons/m²
avec alimentation au son (ou farine) de riz brut : le QN est de 7,5 et la
croissance individuelle de 1,3 g/jour
o Elevage d’Oreochromis niloticus en 2 cycles et sexage à l’issue du premier
cycle (1er cycle : 3 à 3,5 poissons/m², 2ème cycle : 1,3 à 1,5 poisson/m²),
fertilisation avec lisier de porc (élevage associé, 1 porc/are d’étang) ; la
croissance individuelle est de 1,1 à 1,2 g/jour au cours du second cycle.
7 tonnes/ha/an
o Elevage d’Oreochromis niloticus mâles (sexage manuel, 2,2 m²),
alimentation à base d’un mélange de sous-produits végétaux dosant 20 %
de protéines ; le QN est de 3,5 et la croissance individuelle de 1 g/jour.
10 tonnes/ha/an
o Elevage d’Oreochromis niloticus mâles (sexage manuel, 2/m²), fertilisation
avec lisier de porc (élevage associé, 1 porc/are d’étang) ; la croissance
individuelle est de 1,5 g/jour.
11-12,5 tonnes/ha/an
o Elevage d’Oreochromis niloticus mâles (sexage manuel), alimentation à
base d’un mélange de sous-produits végétaux dosant 23 % de protéines :
A la densité de 2,2 poissons/m² ; le rendement est de 11 t/ha/an,
le QN de 2,8 et la croissance individuelle de 1,5 g/jour
A la densité de 3,2 poissons/m² : le rendement est de 12,5 t/ha/an,
le QN de 2,6 et la croissance individuelle de 1,2 g/jour.
15-16 tonnes/ha/an
o Elevage d’Oreochromis niloticus mâles (sexage manuel) ; alimentation
avec un mélange dosant 25 % de protéines (dont 1/5 d’origine animale) :
A la densité de 2,2 poissons/m² : le rendement est de 15 t/ha/an,
le QN de 2 et la croissance individuelle de 1,9 g/jour
A la densité de 3,2 poissons/m² : le rendement est de 16 t/ha/an,
le QN de 2,2 et la croissance individuelle de 1,4 g/jour.
24
individuelle des poissons ; le quotient nutritif ne se trouve que très légèrement affecté
(et pas dans le même sens au cours des 2 séries d’élevage).
Ce sont des considérations d’ordre économique qui doivent, en tout état de cause,
permettre de décider quel type d’élevage mettre en œuvre :
Disponibilité et coût des sous-produits pour l’alimentation des poissons en relation
avec le QN et le rendement (la mise en œuvre de l’élevage associé porc-poisson
devrait être réalisé chaque fois que cela est possible) ;
Prix de revient du fingerlings (le coût lié à l’augmentation de la densité de mise en
charge des fingerlings doit être compensé par l’augmentation de rendement
final) ; Poids moyen du poisson produit assurant le meilleur prix de vente
(déterminant la durée d’élevage).
L’aliment utilisé est un aliment composé ternaire dont la proportion des différents
composants varie en fonction du stade d’élevage (tableau 5). Les aliments sont fabriqués
à partir de sous-produits agricoles disponibles localement et provenant du Niger (sons de
blé et de riz, tourteaux d’arachide) ou de la sous-région (farine de poisson importée du
Sénégal ou de Côte d’Ivoire).
En cage, la contribution du milieu naturel à l’alimentation des poissons en élevage étant
pratiquement nulle, les besoins nutritionnels doivent être entièrement couverts par une
nourriture artificielle exogène.
Des essais visant à améliorer la qualité de l’aliment ont donc été réalisés avec différents
taux d’incorporation de farine de poisson : 5 % et 10 % et d’un CMAV (Aqualim spécial
Tilapia) : 0 %, 2,5 % et 5 %.
Ces adjonctions et/ou augmentations de taux d’incorporation n’ont pas permis de
dégager un effet réellement positif et significatif sur les performances zootechniques des
élevages et donc de justifier le surcoût qu’entraînent de telles supplémentations.
Par ailleurs, une étude comparative de la teneur en acides aminés et vitamines de
l’aliment « grossissement » utilisée au Niger avec les recommandations généralement
retenues pour le Tilapia (Luquet, 1984), montre que les besoins des poissons sont
couverts de façon à peu près satisfaisante.
La technique mise en œuvre au Niger est une méthode d’élevage par classes d’âges
séparées qui comprend trois phases :
La production d’alevins (poids moyen de 0,5 g à 1 g)
La production de fingerlings (poids moyen de 30 g)
La production de poisson marchand (poids moyen de 220 g à 250 g), à partir de
fingerlings monosexes mâles (sexage manuel).
25
21) La production d’alevins
1. principe de la méthode
Moyennant quelques adaptations aux conditions du Niger, la méthode de production
intensive d’alevins adoptée est celle mise au point sur la Station de recherches piscicoles
de Bouaké en Côte d’Ivoire (Cavailles, 1981).
Les étangs de ponte sont mis en charge à raison de 60 mâles (p.m. > 150 g) et 180
femelles (p.m. > 100 g), soit une densité de 68 géniteurs/are.
L'aliment, de type GI, est utilisé deux fois par jour (IO h 00 et 15 Il 30) dans une
mangeoire, à raison de 2,5 % de la biomasse en géniteurs par jour.
Les alevins sont récoltés au fur et à mesure de leur production, par sennage de
l'étang avec un filet à petite maille (6 mm). L'exploitation débute 45 jours après la
mise en charge et se poursuit au rythme régulier d'une récolte tous les 15 jours. Ce
calendrier d'exploitation doit être scrupuleusement respecté et il convient de prélever
à chaque pêche le maximum de la production d'alevins de la quinzaine, de façon à
éviter une dérive de l'homogénéité des lots et la constitution d'une biomasse en
fingerlings qui devient vite un facteur limitant à la production d'alevins (cannibalisme,
concurrence alimentaire).
La durée du cycle est de 120 jours et comprend 6 récoltes; à la vidange les géniteurs
mâles et femelles sont séparés et mis au repos jusqu'à la saison suivante.
2. Résultats
Les résultats d'un cycle de production d'alevins sont exposés dans le tableau 6 et
représentent une moyenne obtenue sur la récolte de 560.000 alevins.
La production d'alevins au Niger n'est possible que de mars à octobre (soit 245 jours
environ par an) lorsque la température de l'eau est supérieure à 24°C confirmant ainsi
les nombreuses observations faites sur ce sujet (Balarin et al., 1979; Chervinski, 1982).
Cette situation ne permet la réalisation, au maximum, que de deux cycles par étang et
par an, soit une production de 124.000 alevins par an.
23) La production de fingerlings
Celle-ci peut être réalisée:
soit en étang de 3,5 ares à partir des alevins issus directement des étangs de ponte
(LAZARD, 1984).
soit en cage de 5 m3 (3,5 de volume en eau) à partir d'alevins pré grossis en étang,
d'un poids moyen supérieur à 4 g pour empêcher leur fuite à travers les mailles de la
poche grillagée.
26
1. principe de la méthode
2. résultats
Les résultats sont exposés dans le tableau 8. Il n'est pas mentionné de résultats relatifs à
la production de fîngerlings en cage pendant la saison froide étant donné le peu de
résistance des jeunes alevins à la chute de la température. De tels cycles d'élevage ne
sont pas envisageables.
9
Rendement calculé sur la base (fictive) de 365 jours d’élevage par an
27
Ces résultats laissent apparaître une nette disparité entre la saison chaude et la saison
froide qui se traduit par une diminution de la croissance de l'ordre de 70 % et une
augmentation du QN. Celui-ci devrait cependant pouvoir être amélioré notablement par
une réduction accrue de la ration alimentaire.
La comparaison des taux de survie obtenus au niveau des cycles saison chaude/saison
froide pour les alevins de 0 à 4 g montre que ceux-ci sont très sensibles aux conditions
d'oxygène dissous parfois limites rencontrées dans les étangs lors de la saison chaude.
La production en cage donne des résultats comparables à ceux obtenus en étang,
excepté au niveau du QN qui est plus élevé. Ceci paraît normal puisque en dehors de
toute considération d'ordre quantitatif, la nourriture naturelle joue un rôle important dans
l'alimentation du Tilapia en étang 10 . Cependant, le taux de suralimentation adopté pour
les élevages en cage pourrait ne pas être justifié dans sa totalité et des essais dans ce
sens seraient nécessaires.
En conclusion, la production annuelle d'un étang est de 22 600 fingerlings ou 127 000
alevins pré grossis, celle d'une cage de 5 m3 est de 6 900 fingerlings.
Celle-ci se fait dans des cages de 20 m3 (dont 16 de volume en eau = volume utile).
1. principe de la méthode
10
La fertiliation organique des étangs a permis d’abaisser le QN de l’aliment de 2,9 à 2,4
28
2. résultats
- Performances zootechniques
Celles-ci sont directement liées aux conditions écologiques rencontrées pendant le
déroulement du cycle d'élevage, donc à la date de mise en charge.
A cet effet, différents cycles ont été réalisés de façon à couvrir le plus possible les
différentes situations susceptibles d'être rencontrées par les élevages.
Les résultats exposés dans le tableau 10 permettent de situer le niveau des
performances zootechniques réalisées en fonction des situations écologiques rencontrées.
Pour la saison froide, il n'est pas possible de réaliser un cycle complet d'élevage et une
situation a été établie en début et en fin de saison à partir d'échantillons représentatifs;
une distinction a été faite entre les poissons d'un poids moyen supérieur et inférieur à
100 g.
Sur l'ensemble de la saison froide, la température moyenne (calculée sur les 119 jours) a
été de 20,2°C avec 62 jours où la température moyenne a été de 17,5°C.
Pour le cycle saison chaude/saison froide, la répartition du nombre de jours d'élevage a
été respectivement de 130 et 72 jours.
Le nombre important des élevages réalisés de même que la répétabilité des résultats
obtenus attestent de la fiabilité de la technique d'élevage d’Oreochromis niloticus en cage
flottante décrite ici.
Des résultats obtenus, il convient de retenir tout particulièrement que l'emploi d'un
aliment peu sophistiqué mais équilibré et de composition constante, en comparaison de
ceux généralement utilisés dans ce type d'élevage «hors-sol », permet d'obtenir des
performances tout à fait acceptables, techniquement et économiquement (cf. bilan
économique des élevages).
La modulation de l'alimentation des poissons en fonction des conditions thermiques du
milieu permet:
de limiter les mortalités à un niveau acceptable malgré les variations brusques de la
température et les faibles valeurs de celle-ci durant une partie de l'élevage,
d’obtenir un QN relativement satisfaisant, et rend possible un étalement de la
production sur l'ensemble de l'année.
La durée du cycle d'élevage varie en fonction de la date de mise en charge des cages,
mais, dans tous les cas, il reste impossible de réaliser plus d'un cycle par an. Dans ces
conditions, il devient préférable d’accorder la priorité au QN sur la croissance, ce qui
présente en outre l'avantage d'être plus sécurisant dans l'optique d'une vulgarisation de
la technique d'élevage en milieu rural.
Enfin, ces résultats peuvent de toute évidence être encore améliorés, notamment au
niveau des QN par la définition d'une table d'alimentation mieux ajustée et adaptée aux
différents stades d'élevage et aux conditions du milieu.
11
Résultats obtenus après transport de 24,160 poissons sur une distance de 110 km pour
l’alevinage de 12 cages
29
Tableau 10. Moyenne des résultats de production de poisson marchand en cages
flottantes dans le fleuve Niger
Période de cycle S.C. S.C. /S.F. S.F
Degré de réalisation du cycle Complet Complet Incomplet
p.m.<100 g p.m.>100 g
Nombre de cages 5 19 3 19 13
Nombre total de poissons élevés 7.596 31.767 6.592 26.687 22.144
Densité d’élevage (individus/m3) 95 104 137 85 106
Durée d’élevage (j) 143 202 213 117 119
Poids moyen initial (g) 50.0 39.0 34.6 31.0 133.8
Poids moyen final (g) 232.0 219.4 217.3 67.4 182.3
Croissance moyenne individuelle (g/j) 1.27 0.9 0.86 0.31 0.4
Taux de survie (%) 93.0 91.3 91.0 90.2 96.2
Quotient nutritif 2.5 2.8 2.8 2.04 3.05
Rendement*
kg/m3/cycle 16.0 17.1 22.7
kg/cage/cycle 256.0 273.6 363.2
Production*
kg/cage/cycle 328.0 333.3 433.5
C) DONNEES ECONOMIQUES
11) Etangs
Les étangs sont supposés construits mécaniquement selon les règles de l’art au sein d’un
périmètre hydro agricole et les coûts de construction sont évalués à 10 M FCFA/ha. Ils
sont amortis sur 20 ans ce qui n’a pas de réelle signification car correctement construits,
des étangs ont une durée de vie très largement supérieure à cette durée. Aucun frais
financier n’a été pris en compte.
Construits manuellement, le coût de construction de tels étangs serait sensiblement
inférieur, fonction de la rétribution accordée aux intervenants (main d’œuvre salariée,
familiale, niveau de participation du pisciculteur etc.).
Les étangs sont conçus de façon à économiser au maximum l’eau stockée dans la
retenue amont qui sert également pour la riziculture, donc avec un débit admis dans les
étangs correspondant exactement aux pertes par évaporation et infiltration (0,5-2
l/seconde/hectare).
L’itinéraire technique retenu pour cette simulation économique correspond à un élevage
monosexe de tilapia (sexage manuel), à la densité de 2,2/m2 avec un aliment composé
de 75% de son de riz + 25% de tourteau de coton. Le rendement final est de 7,1 t/ha/an
avec un taux de conversion de l’aliment égal à 3,5.
12) Cages
La structure flottante se compose d’un ponton en bois et de bidons de récupération en
plastique de 30, 50 ou 100 litres qui assurent la flottabilité du système. La poche
immergée est réalisée en grillage plastique et son volume est de 20 m3 (16 m3 « utiles »
en eau).
L’itinéraire technique retenu pour cette simulation économique est la suivante : densité
de mise en charge de 135 fingerlings mâles/m3, aliment granulé composé de 45% de
tourteau d’arachide + 50% de son de riz ou de blé + 5% de farine de poisson. Le
rendement final est de 14,3 kg/m3/cycle (un seul cycle par an compte tenu de
30
l’impossibilité d’effectuer de mise en charge durant la saison froide) avec un taux de
conversion de l’aliment de 3,0.
Tableau 1. Coût des intrants utilisés dans l’alimentation des poissons à Bagré
(PEP/Bagré)
ALIMENT DE BASE Prix au Kg (F CFA) Observations
Son de riz 60
Son de maïs 45-50 Meuneries Banfora et Ouaga
Maïs graine 120 Pour extruder à l’usine
Son de blé 72 Meuneries Banfora et Ouaga
Farine de blé 440
Tourteau de coton 110 Fabriqué à Bobo-Dioulasso
Farine de poisson 350 Importée du Sénégal
Soja graine 140 Produit zone de Bagré
Soja torréfié 250 Pour détruire facteurs
antinutritionnels
Tourteau d’arachide 120
Source : PEP Bagré et Centre Avicole de Ouagadougou
Ces comptes d’exploitation théoriques pour le Burkina Faso sont basés sur des résultats
réels obtenus en vraie grandeur en Côte d’Ivoire (étangs) et au Niger (cages). Ils sont
donc tout à fait accessibles théoriquement.
Ce qui est par contre plus sujet à caution et devra donc être affiné dans le cadre d’une
faisabilité de projet, ce sont les coûts unitaires utilisés dans les calculs, en fonction de la
provenance et de la valeur ajoutée aux différentes étapes (alevins, fingerlings, aliment,
granulation, extrusion) des intrants utilisés.
Quoi qu’il en soit, ces comptes d’exploitation font ressortir, dans les deux
systèmes d’élevage, une marge bénéficiaire confortable qui permet largement
d’ « éponger » d’éventuels surcoûts d’exploitation mais, rappelons-le, en
restant dans l’épure des résultats zootechniques escomptés, ce qui est garanti
pour les étangs mais loin de l’être pour les cages.
31
Tableau 2. Compte d’exploitation simulé d’un étang de 10 ares d’élevage de
tilapia du Nil
Rubriques (F CFA) Par étang Par kg de Répartition
de 10 ares poisson des
(F CFA) (F CFA) charges
Charges
Charges fixes 80 000 100 17%
Amortissement étang (20 ans) 50 000
Amortissement petit matériel (3 ans) 30 000
Entretien -
Charges variables 381 780 470 83%
Alevinage : 2 200 x 2 X 365/240 x 15 F 12 100 375
Aliments : 3,5 x 710 x 73 F 13 181 405
Transport (alevins, aliments, poisson
marchand) 100 000
Total charges 461 780 570
Recettes : 810 kg x 1250 F 1 012 500 1 250
3
Tableau 3. Compte d’exploitation simulé d’une cage flottante de 20 m
d’élevage de tilapia du Nil
Rubriques (F CFA) Par étang Par kg de Répartition
de 10 ares poisson des
charges
Charges
Charges fixes 65 000 150 22%
Amortissement cage (5 ans) 40 000
Amortissement petit matériel 15 000
Entretien cage 10 000
Charges variables 237 000 545 78%
Alevinage : 2 200 x 2 X 15 F 66 000
Aliments : 363 x 3 x 102 F 111 100
Transport (alevins, aliments, poisson
marchand) 60 000
Total charges 302 000 695
Recettes : 435 kg x 1250 F 543 750 1250
12
2 200 : nombre de fingerlings mis en charge
2 : le sexage manuel entraîne l’élimination d’environ 50% des effectifs
365/240 : nombre de cycles d’élevage par an
13
3,5 : taux de conversion de l’aliment
710 : biomasse de poisson produit (kg)
73 : coût du kg d’aliment composé
32
Tableau 4. Compte d’exploitation de 1 ha de riz exploité par système gravitaire
et par pompage
RUBRIQUE VALEUR MONETAIRE (F CFA)
Système Gravitaire (type Système de pompage (type
Bagré) Sourou)
1- Recette Totale 531.008,20 656.500
Autoconsommation 128.685 126.500
Paille 13.500 24.000
Riz étuvé 283.097 115.000
Riz transformé 2.777,40 391.000
Riz paddy 102.948 -
2-Consommation 172.675 350.625
Intermédiaire
Fumure organique 20.000 20.000
Engrais NPK 50.000 50.000
Semence améliorée de riz 35.000 35.000
Urée 21.500 21.500
Contrib.fonctionnt.coopérative - 27.500
Emballage 16.500 19.800
Pesée 2.925 3.575
Pépinière 5.000 5.000
Redevance eau 15.000 160.000
Transformation, récolte 6.750 8.250
3- Valeur ajoutée 358.333,20 305.875
Nettoyage du sol 5.000 5.000
Battage-vannage 27.000 33.000
Labour 30.000 30.000
Récolte 15.000 15.000
Repicage 12.000 12.000
Sarclage-désherbage 20.000 20.000
4- Revenu net 249.333,20 190.875
Rendement (kg/ha) 4.500 5.500
Coût total de la production 281.675 465.625
Coût de la production d’un 62,59 84,66
kg
Sources :- Données de production de la campagne agricole 2006-2007 fournies par la DGPER
- Prix observés sur le marché national en 2007 par la SONAGESS
33
D) QUELLE PÊCHE AU BURKINA FASO ?
P. Cecchi (IRD-UMR5119)
[email protected]
Productions et importations
Le Burkina Faso dispose d'un potentiel halieutique inattendu pour un pays sahélien
enclavé. Cela n'a pas toujours été le cas : l'édification en grand nombre de réservoirs de
tailles diverses – et leur exploitation – explique cette situation. De l'ordre de 11 000
tonnes de poissons sont ainsi pêchées annuellement au Burkina Faso (fig. 1), dont plus
de 70 % proviennent de réservoirs artificiels. Cette production augmente en moyenne
d'année en année de 200 à 250 tonnes, à la faveur de la création permanente de
nouveaux plans d'eau dont la majorité fait moins de 100 hectares.
Figure 1
Production halieutique annuelle (en
Tonnes, croix noires, abscisse gauche) et
écarts de production annuels (en %,
ronds blancs, abscisse droite), d'après
FAO 2009. Les moyennes mobiles des
deux séries, calculées avec un pas de
temps de 5 ans, sont représentées.
Les importations en poisson et produits dérivés s'élèvent quant à elles à environ 20 000
tonnes annuellement : la croissance est exponentielle et, entre 2004 et 2007, ce sont de
l'ordre de 2 000 à 2 500 tonnes supplémentaires qui ont été importées chaque année
(fig. 2).
Figure 2
Moyenne mobile (2 périodes) des
importations annuelles de produits
halieutiques (en Tonnes), d'après
Coulibaly & Dabat 2009. Les auteurs
citent comme sources : « DGRH, nov.
2008 ».
34
Ces importations rentrent elles en concurrence directe avec les productions locales ?
Autrement dit, l’accroissement de la production nationale ferait-il baisser
significativement le taux d’augmentation de ces importations ?
En 2006, 22,7 % de la population ont été recensés comme citadins : le Burkina Faso
demeure un pays à très large dominante rurale. Le tissu urbain est fortement polarisé,
d'abord sur la capitale où vivent plus de 53 % des citadins du pays, soit 10,5 % de la
population nationale. La capitale régionale de Bobo Dioulasso en accueille un peu moins
de 18 % tandis que les 30 % restant sont dispersés dans 47 localités aux profils urbains
très contrastés INSD 2009.
Le marché urbain de la capitale constitue de longue date un débouché naturel pour les
productions halieutiques des plus grands lacs – qui ne disposent pas à proximité d'une
clientèle solvable d'un tel effectif - et pour un grand nombre de petits écosystèmes
pérennes ou non qui viennent ponctuellement y écouler la partie la plus valorisable de
leur production (fig. 3). L'économie de la filière – qu'il reste pourtant à décrire dans le
détail – est clairement centrée sur ce marché urbain, exigeant mais porteur : le prix du
poisson frais est depuis peu en ville plus élevé que celui de la viande.
Au delà d'alternatives piscicoles que nous ne commenterons pas, le seul levier
d'intervention "significatif" à l'échelle de ce marché urbain concernerait
l'amélioration/intensification de l'exploitation des sites les plus grands ou la création de
nouveaux plans d'eau. On attend ainsi du futur réservoir de Samandéni, sur le Mouhoun,
une production annuelle de 1 200 tonnes. Hydroélectriques et/ou dédiés à l'irrigation,
stratégiques, les plus grands de ces plans d'eau ne peuvent faire l'objet de forme
d'appropriation ou d'exclusivité de la part des populations riveraines. La pêche y est une
concession pratiquée par deux catégories de pêcheurs. Les pêcheurs professionnels ne
sont rencontrés que sur les plus grands réservoirs (Kompienga, Tapoa, Sourou, Bagré,
etc.) : généralement assez bien équipés (pirogue, nombreux filets, hameçons..), ils
pratiquent la pêche à tout moment, l'utilisation des différents engins se faisant au gré de
l’hydrologie des réservoirs. La majorité des intervenants correspond toutefois à une
catégorie d'acteurs dits semi-professionnels, en général très sensiblement moins bien
équipés : à Bagré, 70% des ménages riverains du plan d'eau diversifient leur activité
agricole par la pêche (Béné & Russell 2007).
Sur les grands réservoirs, l'activité halieutique est déjà encadrée, a minima pour la
perception des taxes et le recensement des débarquements, ce qui n'est pas sans
soulever des questions de gouvernance récurrentes. Ces pêcheries sont basées sur
l'exploitation d'un stock qui se reproduit naturellement. La diminution en volume des
captures et en taille des poissons pêchés y est dénoncée. Ces traits d’évolution ont été
observés en d’autres lieux, et des liens de causalité recherchés, depuis l’équipement des
pêcheurs jusqu’aux changements locaux (l’introduction d’une nouvelle espèce) et globaux
(cf. Victoria Lake et d’autres). Si de mauvaises pratiques peuvent être invoquées (non
respect de la réglementation en premier lieu), d'autres facteurs peuvent aujourd'hui être
incriminés au Burkina Faso : l'intensification agricole et son corolaire phytosanitaire
devraient en particulier faire l'objet d'une attention explicite dans le futur.
L'amélioration du rendement halieutique de ces grands plans d'eau est théoriquement
possible grâce à des pratiques d'introductions/réintroductions destinées à conforter des
stocks menacés, voire à en créer de nouveau. Les retours d'expérience pour ce type de
grands écosystèmes paraissent peu concluants (De Silva & Funge-Smith 2005) :
l'empoissonnement coûte cher, les "retours sur investissement" (généralement financés
par des structures d'Etat) sont peu lisibles, pour un résultat (en termes de promotion de
la filière) qui n'est pas garanti...
35
Sur de tels grands sites, préserver et gérer devraient être les deux mots d'ordre
prioritaires : il faut pour cela mieux connaître (captures, débarquements, écologie des
stocks, etc.), mieux comprendre (quels leviers pour quelle attente), pour mieux
accompagner. Halieutes, socio-économistes et anthropologues des pêcheries
continentales (ouest africaines) s'intéressent de longue date à la question. Mais il semble
qu'un cadre analytique revisité doive être aujourd'hui adopté (Garcia et al 2008), qui
s'appuierait sur des principes de participation, d'intégration, de transparence et surtout
d'adaptabilité, pour émettre des diagnostics et proposer des scenarios alternatifs
d'accompagnement.
La professionnalisation des acteurs et la patrimonialisation de la ressource ont jusqu'à
présent toujours été avancées comme des conditionnalités, nulle entreprise ne pouvant
prétendre au succès durable si ces deux conditions n'étaient pas réunies … Et tout
concourrait à faire croire que l’entité la plus à même de gérer le poisson sur une retenue
est le groupement de pêcheurs les plus professionnels possible, encadré par les services
techniques nationaux ad hoc.
Cette rigidité est tenue pour responsable de l'inefficacité des mesures d'accompagnement
qui jusqu'à présent ont été proposées et plus ou moins adoptées. Les pêcheurs semi-
professionnels qui œuvrent sur les grandes retenues du pays y sont sédentarisés pour
des raisons d'abord agricoles. C'est en premier lieu sur leur perception de l'activité, sur
leurs attentes et sur leurs capacités de mobilisation que pourrait s'appuyer la définition
de nouveaux schémas directeurs pour ces grands réservoirs. De facto, intégrer les
paysans agro-pêcheurs à l'avenir de l'activité halieutique reviendrait à re - placer les
plans d'eau dans leur contexte agricole, c'est-à-dire à prendre en considération leurs
bassins versants, les activités qui s'y développent, et les hommes qui les pratiquent.
Figure 3
Représentation des flux géographiques de produits halieutiques au Burkina Faso. Extrait
de (Coulibaly & Dabat 2009 ; fig. 9, p 35).
36
Cette logique prend particulièrement sens, tandis que le Burkina Faso s'est résolument
engagé dans un principe de Gestion Intégrée des Ressources en Eau (GIRE 2003),
scénario qui passe notamment par la mise en place d'Agences de Bassin devant à terme
concerner les bassins versants de chacun de ces grands plans d'eau (c'est déjà le cas
pour Bagré).
Plus de 2 ruraux sur trois vivent au Burkina Faso à moins de 15 km d'un plan d'eau
pérenne. Près de la moitié (43%) des 7 millions d'habitants concernées vivent en réalité
à proximité d'au moins deux plans d'eau, les touts petits réservoirs (< 5 hectares, boulis
notamment) n'étant pas pris en compte. Cette proximité est un atout d'abord en termes
de distribution : le poisson pêché passe par des filières de
commercialisation/transformation courtes et les marchés locaux sont les premiers
concernés. Cette proximité peut aussi être un atout en termes (i) de patrimonialisation
des ressources (l'eau, ses poissons, …) et (ii) d'accompagnement du développement
d'activités centrées sur leur exploitation (pêche, mais de la même façon maraîchage ou
arboriculture…). Les réservoirs de taille < 100 hectares, soit l'immense majorité, sont
directement concernés (Cecchi et al 2009).
Si la productivité naturelle des petits plans d'eau est considérée comme potentiellement
plus élevée que celle des grands (jusqu'à 300 kg/ha/an), leur contribution au marché
national donne pourtant en première lecture l'apparence d'être relativement marginale
(fig. 4), les productivités per capita associés à la classe des petits plans d'eau
apparaissant particulièrement faibles.
Ces chiffres renvoient en fait l'image d'une ressource très largement distribuée, partagée
par de nombreux riverains par le truchement de nombreux marchés ruraux, ce qui
confine les valeurs per capita à des quantités congrues. Il s'agit évidemment d'un biais
qui rend compte toutefois d'un corpus d'éléments régulièrement dénoncés : l'exploitation
des systèmes de petites tailles n'est que très mal connue ; la sous estimation des
débarquements y est récurremment dénoncée ; leur productivité est plus élevée que les
50 kg/ha/an théoriques utilisés ici pour estimer leur potentiel ; la commercialisation des
produits ne passe pas nécessairement par les marchés (ventes au bord du lac,
37
autoconsommation, etc.) ; la sous estimation des consommations réelles par capita est
plus que vraisemblable. La possibilité pour une grande part de la population rurale
d'avoir accès à plusieurs sites de production et de commercialisation compense dans les
faits cette piètre contribution.
A l'opposé, pour la classe de taille des grands plans d'eau, les potentiels par capita
apparaissent comparativement très élevés, rendant compte en particulier des transferts
de production qu'ils supportent, en direction des villes et de Ouagadougou
principalement, comme précédemment évoqué (voir fig. 3).
Figure 4
Mise à disposition potentielle des
produits halieutiques sur les marchés
ruraux associés aux différentes classes
de plans d'eau.
Des vocations différenciées devraient être attribuées aux différentes classes de plans
d'eau du Burkina Faso, qui engageraient tant leur statut que leurs modalités
d’exploitation et les conditions de leur éventuelle évolution.
Pour les petits plans d'eau, la volonté politico-économique d'accroître le volume de la
production halieutique nationale pour concurrencer les importations ne peut seule
justifier l'accompagnement de leur valorisation piscicole : les productions demeurent
faibles et ponctuelles ; elles ne concernent qu'un marché le plus souvent strictement
local. Il paraît évident que le levier devrait s'exercer sur les pêcheries théoriquement les
plus productives, i.e. celles associées aux grands réservoirs que nous venons d'évoquer,
avec un effort concentré sur 6 sites. Si l'objectif retenu relève en revanche de
l'approvisionnement du "plus grand nombre", ce serait à l'inverse définitivement les
systèmes petits et intermédiaires qui devraient être ciblés, les quantités théoriquement
disponibles par habitant indiquant de plus que la classe des petits plans d'eau (< 100 ha)
devrait être privilégiée, tant pour cette classe ces quantités sont faibles.
L'amélioration des pêcheries associées aux plans d'eau de moyennes et petites tailles ne
peut cependant s'envisager selon le même cadre logique que celle des grands plans
d'eau (Oswald 2003). Il y a en premier lieu un changement important du cadre social à
prendre en considération (natures et intensités des modes d'exploitation du plan d'eau,
nombre d’institutions en présence, proximité d’une agglomération, etc.…). Sur les petites
retenues, le plus souvent déjà plus ou moins intensément mises en valeur par les
cultures maraîchères, le respect de la perception locale de la ressource piscicole imposera
ainsi de s’appuyer d'abord sur les usagers du barrage qui ne sont pratiquement jamais
des pêcheurs professionnels mais des agro-pêcheurs, voire les maraîchers eux-mêmes.
Ces exploitants demeurent prioritairement concernés par leurs champs, même s'il est
reconnu que l'exploitation halieutique occasionnelle joue un rôle très important tant en
terme d'apports nutritionnels pour les populations immédiatement riveraines (Savy et al
2006) que de ressources monétaires pour les exploitants eux-mêmes (Béné & Russell
2007).
Comme observé en Côte d'Ivoire autour des réservoirs du Nord du pays, les pêcheurs qui
exploitent les petites retenues apparaissent le plus souvent comme des acteurs
extérieurs à la dynamique locale qui se crée autour de la ressource poisson et sont peu
38
impliqués dans – mais du reste aussi souvent peu concernés par – la gestion et
l’amplification de la ressource halieutique (Morais et al 2007). Aussi, la diversification des
activités des usagers de l'eau, avec ses contraintes et ses raisons, et les corollaires
attendus en termes d'amélioration du niveau de vie des populations concernées, invite-t-
elle à sortir d'une stricte logique de professionnalisation d'une catégorie d'acteurs, pour
faire d'abord l’effort de construire des solutions à partir de la perception qu’ont les
communautés riveraine de cette ressource, et des usages éventuellement déjà en place.
La notion de groupe local/focal (Marshall & Maes 1995, Oswald 2003) apparaît essentielle
en cela qu'elle permet (i) l'identification des acteurs opérationnels déjà concernés, (ii) la
prise en compte explicite et transparente de leurs propres perceptions et attentes, pour
(iii) définir et clarifier avec eux les modalités d'accompagnement d'une exploitation
halieutique déjà avérée mais susceptibles d'accroître ses performances. Comme pour les
grands lacs, le développement de la pêche apparaît plus réaliste s'il se concentre d'abord
sur la gestion durable des ressources halieutiques déjà disponibles avant de se lancer
dans de nouvelles initiatives pour augmenter la production naturelle des plans d’eau (de
Graaf 2003), l'intensification des rendements par amplification de la pêche (culture based
fisheries) pouvant répondre à cet objectif.
Comme pour les grands plans d'eau, les dynamiques de décentralisation en marche
actuellement au Burkina Faso pourraient constituer une opportunité nouvelle. Comme
pour les grands plans d'eau, la priorité relève probablement d'abord de la définition et de
la sécurisation de modalités de gestion qui soient adaptées et adoptées. Dans le cas des
petites retenues, l'exploitation n'est pas soumise au même régime de taxation de
l'activité par les services nationaux mais relève le plus souvent de dispositions locales
négociées avec les institutions locales en charge de la régulation des accès aux plans
d'eau. La perception de taxes prélevées sur les pêcheurs par des communautés locales
en raison d'une revendication territoriale est de fait une justification courante, relevée
par de nombreux auteurs (Weigel, 1991). Cette maîtrise territoriale a toutefois une
fonction ambiguë vis-à-vis de l'aménagement des pêcheries : elle peut certes permettre
un contrôle de l'accès, mais aussi autoriser l'obtention d'une rente, créant ainsi toutes les
conditions favorables à l'établissement de "marchés de dupe" entre les protagonistes
(Koffi 1992).
Pour les petits barrages, les questions clés qui se posent, qu'elle que soit l'activité
considérée (abreuvement de bétail, cultures irriguées marchandes, pêche) et à partir du
moment où elle est rémunératrice, relèvent d'un même corpus : modalités
d'appropriation des - et d'accès aux - ressources, partage de l'espace, compromis et
arrangements, équité et lisibilité sociale (Fromageot et al 2006). De nombreux
éclaircissements restent ainsi à apporter en premier lieu quant à la propriété de la
ressource, éclaircissements indispensables à la définition de critères et modalités de
gestion adaptés.
Comment adapter une législation à ces contingences certes locales mais unanimement
partagées ?
La communalisation, et les transferts de responsabilités qui vont avec, d'une part, et la
mise en place de la GIRE, d'autre part, articulée selon un découpage hydrologique dont
les plus petites entités de gestion, les CLE (Comités Locaux de l'Eau), convergeront
localement avec les nouvelles unités administratives et décisionnelles décentralisées que
sont les mairies, peuvent peut être offrir des pistes novatrices. Malgré le flou qui entoure
encore sur les réelles attributions des uns et des autres, et, plus grave, les modalités de
mises en pratique de façon opérationnelle des principes énoncés (avec quels moyens ?),
cette architecture décisionnelle nouvelle peut constituer une opportunité notamment pour
ce qui relèverait de la gestion d'une ressource naturelle exploitée, en l'occurrence la
pêche.
Pourquoi une opportunité ?
Parce que dans les deux cas, à l'échelle des mairies comme à l'échelle des Comités
Locaux de l'Eau, les logiques participatives sont censées dominer : elles concerneront en
39
l'occurrence les mêmes individus et institutions. Les CLE existent(ront) pour revendiquer
et préserver à l'échelle de sous bassins versants, la vocation du réseau hydrographique
et des infrastructures qui s'y trouvent. Préservation, valorisation et prévention en seront
les objectifs. Tant la définition de cette vocation, que la mise en œuvre des trois taches
précédemment évoquées, reposeront sur la participation active des riverains et
exploitants, et des institutions publiques comme privées concernées localement, tous liés
contractuellement par un consensus (la vocation) et des devoirs (préserver, valoriser,
prévenir). Pour les Communes, officiellement responsables de la gestion des ressources
naturelles, les CLE représenteront de facto l'interlocuteur privilégié dès lors que la
question de la gestion des ressources en eau sera abordée. Convergence et mutualisme
d'intérêts peuvent aider à favoriser et soutenir localement la responsabilisation et la
mobilisation des acteurs concernés, ce qui, pour la pêche pourrait se traduire d'abord par
un processus de clarification des droits au niveau local et un éclaircissement des
dynamiques de gestion à privilégier.
L'amplification des pêcheries impose en préalable que ces gestions de fond soient
réglées. La mise en place de projets de type "Recherche Action en Partenariat" (Research
Extension Teams) pourrait en cela efficacement accompagner l’émergence et/ou la
consolidation des petites pêcheries (Oswald 2003), comme cela a été fait pour la
pisciculture (Brummett et al 2008, Mikolasek et al 2009). Nous pensons qu'il pourrait
être pertinent que de tels projets se mettent en place à l'échelle de bassins versants
entiers, et non à l'échelle d'individus-réservoirs considérés isolément les uns des autres.
La productivité naturelle des petits réservoirs est très variable. L’alevinage naturel de ces
petits plans d’eau à partir des rivières est de plus en plus aléatoire à cause de la
multiplication des petits barrages dans les mêmes bassins versants voire dans les mêmes
vallées. Le restockage est indispensable, et la question clé de l'obtention des alevins un
verrou indiscutable. Les problèmes lies à l’intensification de l’exploitation halieutique des
petits réservoirs sont relativement bien connus (GTZ 2003) : surexploitation des stocks
naturels liée à l’utilisation de mailles trop fines (défaut de gestion), faiblesse du
recrutement naturel des espèces d’intérêt commercial en raison de la prédation qu’elles
subissent (poissons ichtyophages, grenouilles, crocodiles), problématique de l'alevinage
(origine, qualité, coût). Pourtant, le repeuplement des petits plans d’eau pour en
accroître les rendements paraît techniquement viable, les densités de stockage requises
pour observer une augmentation significative de la production pouvant être facilement
atteintes dans les petits plans d’eau, contrairement aux réservoirs de grandes tailles.
Diverses expériences ont montré que le rendement de l'exploitation halieutique des
petites retenues pouvait être significativement stimulé par des restockages : Baijot et al
(1994), Doray et al (2002), de Graaf (2003), FAO (2009). Du fait que la gestion des
pêches amplifiées se réalise la plupart du temps à l'échelle communautaire, leur succès
dépend en grande partie de l'existence de structures institutionnelles locales appropriées
et fonctionnelles (Lorenzen 2003) : l'accompagnement par des projets "recherche-action
en partenariat" peut contribuer à garantir cet aspect.
Cette forme d'aquaculture extensive reposant sur des systèmes de production largement
dispersés dans les espaces ruraux peut trouver une aire d'application dans toutes les
savanes sèches Ouest Africaines (Brummett et al 2008). Même si les quantités produites
resteront locales et globalement marginales en regard des tonnages produits par ailleurs
et surtout des importations, elles viennent en complément des bénéfices déjà associés à
la présence des petits barrages : stabilisation des nappes phréatiques et accès à l'eau,
contrôle des crues et de l'érosion, potentiels vivriers divers (irrigation et pastoralisme en
premier lieu), autant d'éléments conjugués qui produisent de substantiels retours vers
les communautés riveraines et contribuent à la lutte contre la désertification et l'exode
rural (Andreini et al 2009).
On l'a montré par ailleurs (Cecchi et al 2009), il existe de nombreux "réseaux de
barrages", où le dynamisme local est lié au dynamisme de l’ensemble du réseau
(imitation, partage, stimulation, regroupement, encadrement plus aisé, etc.…). Cette
émulation associée à l'effet de groupe est très nette pour le maraîchage et a justifié
40
l’apparition de vocations régionales (structurées autour des barrages) comme c'est le cas
pour le Nariarlé, sous bassin d'un millier de km2 nanti d'une cinquantaine de réservoirs et
situé à proximité immédiate d’Ouagadougou (GoGeBa 2009). Cet avantage avait été déjà
identifié par Meaden & Kapetski (1991) pour ce qui relevait à l’époque de la définition de
zones potentiellement favorables au développement de la pisciculture : l’effet de groupe
apparaissait structurant, et convergeant en cela avec les observations récentes de
Mikolasek et al (2009) au Cameroun ou de Hanquiez & Oswald (2009) en Guinée.
Des dynamiques locales, accompagnées par des projets circonstanciés, à l'échelle de
bassins versants animés par un comité local de l'eau, nantis d'un nombre suffisant de
petits barrages pour que ces infrastructures constituent un patrimoine appropriable par
les nouvelles communes rurales, de sorte à ce qu'elles en fassent des objets
d'aménagement du territoire structurant à l'échelle de leur circonscription… Ce n'est pas
qu'un scénario idéal qui est proposé ici : cela peut constituer les bases d'une approche
alternative aux démarches strictement sectorielles et verticales qui jusqu'alors ont
toujours prévalu.
Ce contexte peut de surcroit avantageusement favoriser l'implication de nouvelles
initiatives entrepreneuriales (‘middle class farmers’ sensu Neven 2009). La
décentralisation multi-forme qui prend corps au Burkina Faso peut en effet entre-ouvrir
de nouveaux axes de discussion et de partenariat. Jusqu’à récemment, en milieu rural,
les entrepreneurs avaient pour interlocuteurs d’une part l’Etat (Ministères et services
techniques) et, d’autre part, les Autorités traditionnelles (chefferies). Les pouvoirs
décisionnels qui sont aujourd’hui conférés aux communes rurales, tout comme les
pouvoirs organisationnels dont devraient se prévaloir les Agences de Bassin et Comités
Locaux de l’Eau, créent de facto un niveau d’action qui jusqu’à présent n’existait tout
simplement pas. Cette échelle d’intervention, faite de proximité, peut constituer un
piédestal performant… elle mérite probablement d'être soulignée, voire accompagnée, a
fortiori dans le contexte d'un pays qui est passé sans transition du dirigisme étatique à
une économie ultra libérale et ouverte à l’agrobusiness.
Commentaires
Figure 5
Evolution du PIB (prix du marché) entre
1985 et 2001 (milliards de FCFA,
ordonnée droite), et contribution au PIB
national du secteur "Pêche et Forêts"
(%, ordonnée gauche). Deux périodes
sont considérées (avant/après 1993)
comme indiqué par la transition sur l'axe
des abscisses. D'après INSD 2009.
Il ressort de notre analyse que la première des questions à se poser devrait être
"pourquoi et pour qui développer la pêche au Burkina Faso ?". Le rythme d'accroissement
des importations est tel qu'il ne semble pas exister pas aujourd'hui de solution qui
permettrait aux eaux intérieures burkinabè de les concurrencer sérieusement. Le
potentiel halieutique national est toutefois très significatif. Outre les corridors fluviaux, il
repose majoritairement (> 70%) sur l'exploitation de quelques dizaines de réservoirs de
41
grande à très grande taille (> 100 hectares) et sur la production d'une myriade (au
moins 600 pérennes, au moins un millier temporaires) de petits voire très petits
réservoirs largement dispersés dans les espaces ruraux.
On ne connait que peu de choses concernant l'intensité de l'exploitation halieutique de
ces derniers, sinon qu'elle repose presque toujours sur des filières très courtes ouvertes
sur des marchés strictement locaux. Les sous-estimations se superposent (nombre,
débarquement, commercialisation, consommation) et l'importance réelle de cette activité
demeure cryptique.
Les petits barrages offrent clairement une ressource importante, utile et de plus en plus
utilisée par les populations qui en sont immédiatement riveraines. L'amélioration des
micropêcheries (locales et souvent saisonnières) ne peut s'appuyer que sur leurs actuels
exploitants, des agro-pêcheurs cherchant un complément de revenu avec la pêche, en
respectant d'abord leurs propres attentes.
Pêcheries de proximité, elles concernent une population rurale importante (> 7 millions
de personnes), dont près de la moitié vit à proximité (< 15 km) d'au moins deux plans
d'eau. Si les tonnages impliqués ne sont pas en mesure d'éroder la dynamique des
importations, il n'en reste pas moins qu'ils concernent un vaste effectif, très dispersé
dans les espaces ruraux (mais comme le sont aussi les barrages) : toute amélioration
concernera donc un grand nombre. Ce peut être un résultat significatif en termes de lutte
contre la pauvreté et d'amélioration des conditions de vie des populations les plus
vulnérables (Oswald 2003, Savy et al 2006).
L'éclatement spatial est-il un obstacle opérationnel : mille barrages – milles projets ?
Peut être pas si les logiques de représentation des espaces et des enjeux se déplacent un
peu. Les petits et touts petits réservoirs se situent toujours sur des cours d'eau
temporaires, dont ils retiennent une partie des écoulements durant la saison des pluies.
Ils occupent les têtes de bassin des réseaux hydrographiques, et participent donc au
fonctionnement de ces bassins versants où généralement d'autres réservoirs
éventuellement de plus grande taille sont également implantés. Plutôt que de considérer
ces petits barrages comme des entités individualisées et géographiquement figées,
pourquoi ne pas les considérer dans le cadre plus global de leur bassin ou sous bassin
versant d'appartenance, et ne pas focaliser les efforts dédiés à l'amélioration des
activités halieutiques à cette même échelle, en ne considérant plus les réservoirs un à
un, et indépendamment les uns des autres, mais plus globalement comme étant autant
de points d'action pour une amélioration attendue à l'échelle du bassin ?
Pourquoi aller dans le sens de la promotion des activités halieutiques ?
Parce que les pressions sont croissantes, les besoins aussi. La "valeur" de l’eau a
changé : ses usages multiples, simultanément ou successivement ("Use and Reuse") sont
de plus en plus valorisés. L'amélioration des activités halieutiques procède ainsi de
l'accroissement de la productivité de l'eau. La pêche de ce point de vue est une activité
relativement peu intrusive, qui, au quotidien, ne rentre pas en compétition avec les
usages directement associés à l’exhaure de l’eau (irrigation en premier lieu), tandis que
l’apport de protéines associé à la commercialisation du poisson pêché, les sources de
diversification d’activités et de revenus associées à l’exploitation de cette ressource,
constituent des facteurs positifs et reconnus.
Comme pour toutes les autres formes de valorisation économique des réservoirs petits et
grands qui émaillent les espaces burkinabè, la question de fond qui demeure est
purement politique. Nous avons évoqué la décentralisation, la communalisation, les
nouveaux entrepreneurs, la vivacité du marché aussi, pour rappeler que la production
halieutique de ces aménagements hydraulique représente déjà aujourd’hui une richesse,
et défendre l’idée que l’intensification de cette activité peut efficacement (i) contribuer
modestement à la réduction du déficit extérieur, mais surtout (ii) contribuer à produire
de façon dispersée mais polarisée une ressource recherchée à l’échelle de tout le pays.
42
Une condition demeure toutefois : la mise en œuvre d’une politique, forcément nationale,
avec ses déclinaisons spécifiques régionales et locales, qui reposerait sur l’intensification
de l’exploitation halieutique des retenues impose qu’à une question posée à l’échelle
nationale (améliorer la pêche) fasse écho une considération qui se place au même
niveau. En d’autres termes, tant que ne sera pas reconnu aux réservoirs, et surtout aux
plus petits d’entre eux, le statut « d’objets structurants, effectifs et efficaces,
d’aménagement du territoire », la situation risque d’avoir du mal à évoluer…
Cette prise de conscience a longtemps semblé être l’un des leviers les plus lourds à
manipuler pour accompagner et promouvoir l’exploitation équitable et durable de ces
nouveaux centres de production… Le mouvement de décentralisation en marche au
Burkina Faso peut inviter à reconsidérer la question, même si le processus n'en est qu'à
son commencement. L'apparition de nouveaux centres de décisions décentralisés, les
communes, et de nouvelles entités locales de gestion intégrée des ressources en eau, les
comités locaux de l'eau et plus généralement les Agences de Bassins, peut constituer une
opportunité nouvelle pour mobiliser les différentes catégories d'acteurs concernés par la
filière halieutique. L'opportunité repose en premier lieu sur les logiques participatives qui
sont censées prévaloir simultanément, pour la mise en œuvre des plans de gestion des
ressources naturelles communales, et pour l'implémentation des activités liées à la
préservation et à la valorisation de ces mêmes ressources. Pour la pêche : CLE et
communes convergent autour des plans d'eau, pour l'identification des opérateurs et
pour la mise en œuvre des approches participatives requises, dans le contexte de
systèmes multi-usages, où la pêche ne représente souvent qu'un complément aux
activités agricoles vivrières et marchandes qui s'y développent par ailleurs.
L'amplification des pêches est une option techniquement valide mais qui requière que les
contextes institutionnels locaux soient parfaitement définis. Les structures décentralisées
seront d'autant plus opérationnelles que ces institutions locales seront fortes et
reconnues : leur émergence, qu'il faut accompagner, ne peut reposer que sur le
consensus. Dans le cas présent, en effet, qu'il s'agisse de pêche ou de culture irriguée,
l'outil de production principal est et reste le plan d'eau lui-même. Sécuriser des
investissements productifs revient en premier lieu à sécuriser les réservoirs eux-mêmes,
ce qui ne peut se faire sans qu'ils ne soient préalablement et explicitement replacés dans
leur contexte hydrographique : les bassins versants, la diversité de leurs usages et de
leurs opérateurs.
Ceci revient à dire que l'accompagnement des petites pêcheries, dans une perspective de
durabilité, ne peut se faire qu'à la même échelle, et en considérant aussi cette diversité.
Les arènes de négociation existent au niveau des communes et des CLE : c'est là que la
Recherche Action en Partenariat doit aussi s'exprimer.
Les réserves principales sont connues et concernent en fait les "limites" de la
décentralisation ici prônée.
Que se passe-t-il si la fiscalité "ne suit pas", les structures décentralisées n'étant
généralement pas (encore) en mesure de percevoir les impôts, taxes et
redevances, censées alimenter le processus (Wardell & Lund 2006) ?
Les objectifs nationaux d’aménagement et de contrôle de l’espace sont en réalité
rarement en adéquation avec les pratiques, priorités ou attentes locales : la
décentralisation vise ainsi le plus souvent à un contrôle accru du territoire et de
ses ressources par les autorités (Ribot et al 2006)…
Le postulat qui dit que si les 'bons" gestionnaires sont identifiés (communautés
locales, au demeurant), la gestion devrait être améliorée et tendrait à être
durable s'oppose en réalité aux politique imposées et non participatives (Garcia et
al 2008) : ce postulat est il vérifié ? Corollaire : quelles démarches participatives
mettre en œuvre ?
43
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