Rapport Missions de Maintien de La Paix de L Onu
Rapport Missions de Maintien de La Paix de L Onu
Rapport Missions de Maintien de La Paix de L Onu
RAPPORT
Rapporteur
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1. Qu’est-ce qu’une opération de maintien de la paix ?
Les opérations de maintien de la paix de l’ONU aident les pays déchirés par des
conflits à créer les conditions d’un retour à une paix durable.
Les opérations de maintien de la paix se sont avérés être l’un des outils les plus
efficaces dont dispose l’ONU pour aider les pays qui en ont besoin à une lente
transition du conflit à la paix.
Pour appliquer leur mandat, les opérations de maintien de la paix ont des atouts
uniques, entre autres la légitimité de l’action entreprise, le partage du fardeau
supporté et une capacité à déployer et à maintenir sur place des troupes, des
policiers et du personnel civil issus du monde entier.
Les Casques bleus de l’ONU assurent la sécurité et apportent le soutien politique
nécessaire à la consolidation de la paix en aidant les pays à passer l’étape
difficile de la transition vers la paix.
Les opérations de la paix sont guidées par trois principes fondamentaux :
- Le consentement des parties ;
- L’impartialité ;
- Le non recours à la force (sauf en cas de légitime défense ou lorsque leur
mandat le rend indispensable).
Aujourd’hui, les opérations de maintien de la paix sont polyvalentes et
multidimensionnelles. Non seulement elles sont appelées à maintenir la sécurité,
mais aussi à faciliter le processus politique, à protéger les civils, à aider au
désarmement, à la mobilisation et à la réinsertion des anciens combattants, à
soutenir l’organisation d’élections libres, à protéger et à promouvoir les droits de
l’homme et à rétablir la primauté du droit.
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2.1. Les premières années marquées par la guerre froide
Les opérations de maintien de la paix ont débuté durant une période où les
rivalités de la guerre froide entrainaient souvent une paralysie du Conseil de
sécurité. L’objectif des Nations Unies consistait avant tout à maintenir les cessez-
le-feu et à stabiliser les situations sur le terrain en assurant un appui crucial aux
efforts politiques de règlement des conflits par des moyens pacifiques.
Ces missions étaient composées d’observateurs militaires non armés et de
soldats munis d’armes légères dont le rôle consistait essentiellement à surveiller
la situation sur le terrain, à en faire rapport et à rétablir la confiance entre les
parties en présence.
Nous retiendrons la surveillance de la trêve israélo-arabe, l’application du cessez-
le-feu entre l’Inde et le Pakistan en 1951 (UNMOGIP), la crise de Suez en 1956
(FUNU) et celle d’une plus grande envergure lancée en 1960 au Congo (ONUC)
avec plus de 250 victimes parmi les membres du personnel de l’ONU.
Ce rôle crucial en vue de faire progresser la paix et la sécurité es reconnu en
1988, lorsque les forces de maintien de la paix des Nations Unies obtiennent le
prix Nobel de la paix, une période de transition vers une deuxième étape.
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droits de l’homme, des spécialistes des affaires civiles et de la bonne
gouvernance, des travailleurs humanitaires.
De 1989 à 1994, on a observé une forte augmentation du nombre des opérations
profitant d’un nouveau consensus au Conseil de sécurité. Des missions en
Angola, Cambodge, Salvador, Mozambique et Namibie avec pour objectifs :
- De mettre en œuvre des accords de paix complexe ;
- De stabiliser la sécurité ;
- De réorganiser l’armée et la police ;
- D’appuyer l’élection de nouveaux gouvernements ;
- De mettre sur pied des institutions démocratiques.
Le milieu et la fin des années 90’ fait place à une période de réévaluation car les
succès remarqués dans les missions précédentes ont conduit à attendre des
opérations de maintien de la paix de l’ONU plus qu’elles ne pouvaient donner.
Cela s’est ressenti particulièrement au milieu des années 90’, lorsque le Conseil
de sécurité n’a pas pu autoriser des mandats suffisamment robustes, ni
rassembler des ressources adéquates.
Des missions ont eu lieu dans des situations où le cessez-le-feu n’était pas
effectif et où il n’y avait pas encore de paix à maintenir comme en ex-Yougoslavie
(FORPRONU), le Rwanda (MINUAR) et la Somalie (ONUSOM II). Ces trois
opérations à haute visibilité ont été critiquées lorsque les Casques bleus se sont
trouvés confrontés à des situations dans lesquelles les parties belligérantes ne
respectaient pas les accords de paix ou lorsque les Casques bleus eux-mêmes
ne pouvaient pas compter sur des ressources ou un appui politique suffisant. Ces
différentes situations ont pu compromettre la réputation des opérations de
maintien de la paix.
Ces revers ont amené le Conseil de sécurité à entreprendre un processus de
réflexion pour éviter que se renouvellent de tels échecs.
Le début des années 2000 sont synonymes de nouvelles missions et de
nouveaux défis avec un engagement de l’ONU sur la voie des réformes pour être
capable de gérer plus efficacement ses missions sur le terrain. Ainsi, à partir de
1999, avec notamment l’administration des territoires du Kosovo, elle se voit
confier la réalisation de tâches encore plus complexes. Suivront dans les dix
années post 99’ les mises en place d’importantes opérations complexes de
maintien de la paix dans plusieurs pays d’Afrique : RDC (MONUC et
MONUSCO), Sierra Leone (MINUSIL), Libéria (MINUL), Burundi (ONUB), Côte
d’Ivoire (ONUCI), Soudan, Erythrée/Ethiopie, Tchad, République centrafricaine,
Haïti.
Comme vous le voyez, au cours des années 2000-2010, les opérations de
maintien de la paix de l’ONU ont été plus que jamais appelées à opérer dans des
environnements lointains, incertains et dans des contextes politiques fortement
instables. Les défis auxquels ces opérations étaient confrontés étaient
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particulièrement variés, liés notamment à la nécessité de mener à bien des
missions toujours plus complexes, plus vastes, plus onéreuses, et, de concevoir
des stratégies de transition viables pour répondre aux exigences d’un avenir
incertain.
2.3. Aujourd’hui
Il s’agit du document fondateur de tout le travail des Nations Unies dont l’un des
objectifs principaux est la sauvegarde de la paix et de la sécurité internationales.
Le maintien de la paix est devenu l’un des outils majeurs employés par les
Nations Unies pour parvenir à cette fin.
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La Charte confère au Conseil de sécurité la responsabilité principale du maintien
de la paix et de la sécurité internationale dont la base juridique se trouve dans les
Chapitres VI, VII et VIII de la Charte. Il appartient au Conseil de sécurité de
déterminer quand et où une opération de maintien de la paix de l’ONU doit être
déployée. Ainsi, le Conseil de sécurité réagit au cas par cas aux crises qui
surgissent dans le monde et il a plusieurs options à sa disposition. Lorsqu’il
envisage de créer une nouvelle opération de maintien de la paix, il tient compte
d’un grand nombre de facteurs différents, et notamment la question de savoir :
- S’il a été mis en place un cessez-le-feu et si les parties se sont engagées à
mener à bien un processus de paix devant déboucher sur un règlement
politique ;
- S’il existe un objectif politique clair et si celui-ci peut être reflété dans le
mandat de l’opération ;
- S’il est possible de formuler pour une opération de l’ONU un mandat précis ;
- Si la sûreté et la sécurité du personnel de l’ONU peuvent être
raisonnablement assurées, et en particulier si les principales parties ou
factions peuvent donner des assurances raisonnables à cet égard.
Le Conseil de sécurité établit une opération de maintien de la paix en adoptant
une résolution qui définit le mandat et les effectifs de la mission.
Aux termes de l’article 25 de la Charte des Nations Unies, tous les états membres
de l’ONU s’engagent à accepter et à appliquer les décisions du Conseil de
sécurité.
Le droit international humanitaire est conçu pour protéger ceux qui ne participent
pas ou ne participent plus aux actions hostiles et pour garantir les droits
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fondamentaux des civils, les victimes et les non-combattants dans un conflit
armé. C’est un droit pertinent au maintien de la paix car de nombreuses
opérations sont déployées dans des contextes post-conflits, avec souvent la
présence de populations sinistrées, de prisonniers de guerre et d’autres groupes
vulnérables.
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ceux qui sont chargés du rétablissement de la paix. Fondées sur un modèle
essentiellement militaire, d’observation du cessez-le-feu et d’interposition
entre des forces à l’issue d’une guerre entre Etats, les opérations de maintien
de la paix ont intégré au fil des années un ensemble complexe d’éléments
civils, militaires et policiers, oeuvrant ensemble pour jeter les bases d’une paix
durable ;
- L’imposition de la paix : mesures coercitives, y compris l’usage de la force
militaire pour maintenir ou rétablir la paix ;
- La consolidation de la paix : mesures ciblées visant à réduire les risques de
reprise d’un conflit et à jeter les bases d’un développement durable,
notamment à travers le renforcement des capacités nationales en matière de
gestion des conflits à tous les niveaux. Il s’agit d’un processus complexe de
longue durée qui vise les causes structurelles profondes d’un conflit armé par
une approche globale ;
Il n’y a aucune mention du maintien de la paix dans la Charte des Nations Unies.
Ses origines remontent au premier déploiement d’observateurs militaires des
Nations Unies au Moyen Orient en 1948. Pendant la Guerre froide les objectifs du
maintien de la paix des Nations Unies se limitaient a fortiori au maintien des
cessez-le-feu afin que des efforts politiques devant déboucher sur un règlement
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durable du conflit soient entrepris. Plusieurs opérations de maintien de la paix des
Nations Unies déployées de longue date suivent ce modèle « traditionnel ».
Les opérations de maintien de la paix des Nations Unies traditionnelles sont
déployées comme une mesure intérimaire visant à appuyer les efforts de gestion
d’un conflit et à créer un environnement propice à la négociation d’un accord de
paix durable. Les tâches que le Conseil de sécurité confie aux opérations de
maintien de la paix traditionnelles sont essentiellement militaires et peuvent
comprendre les activités suivantes :
- Observer, surveiller et établir des rapports (à travers des positions statiques,
des patrouilles, des survols ou d’autres moyens techniques avec l’accord des
parties);
- Encadrer un cessez-le-feu et apporter un soutien aux mécanismes de
vérification; et
- S’interposer dans une zone tampon et comme mesure de confiance.
En veillant à ce que les cessez-le-feu ou les zones démilitarisées soient
respectées et en vérifiant les violations présumées, les opérations de maintien de
la paix traditionnelles des Nations Unies permettent à chaque partie de se
rassurer que l’autre partie ne cherchera pas à exploiter le cessez-le-feu pour son
propre gain militaire.
Normalement, les opérations de maintien de la paix traditionnelles ne jouent pas
un rôle direct dans les efforts politiques visant à résoudre le conflit. Il appartient à
d’autres acteurs, tels que les partenaires bilatéraux des parties, les organisations
régionales ou les envoyés spéciaux des Nations Unies, de trouver une solution
politique durable permettant à l’opération de maintien de la paix de se retirer. Par
conséquent, certaines opérations de maintien de la paix traditionnelles sont
déployées pendant des décennies avant qu’un accord durable entre les parties
soit conclu.
Avec la fin de la guerre froide, les conflits armés internes constituent la grande
majorité des guerres actuelles. Beaucoup de ces conflits éclatent dans les pays
les plus pauvres où les capacités de l’Etat sont faibles et les belligérants sont
autant motivés par le gain économique que par l’idéologie ou les griefs anciens.
Ce qui est neuf maintenant, c’est que la transformation de l’environnement
stratégique international a favorisé l’émergence d’une nouvelle génération
d’opérations de maintien de la paix « multidimensionnelles ». Ces opérations
emploient un ensemble de capacités militaires, policières et civiles pour appuyer
la mise en œuvre d’un accord de paix compréhensif.
Il arrive parfois aussi que ces opérations soient autorisées à assumer les
fonctions législatives et administratives d’un Etat de façon temporaire afin
d’appuyer le transfert d’autorité d’une entité souveraine à une autre, en attendant
que les questions de souveraineté soient réglées de manière définitive.
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Les opérations de maintien de la paix multidimensionnelles des Nations Unies
déployées à la suite d’un conflit interne sont affrontées à un environnement
particulièrement difficile. La capacité de l’État à garantir la sécurité et maintenir
l’ordre public est souvent faible et certaines parties du pays peuvent encore se
trouver en proie à la violence. Les infrastructures de base sont souvent détruites
et une grande partie de la population est déplacée. La société est souvent divisée
selon des lignes ethniques, religieuses ou régionales et des graves violations des
droits de l’homme ont souvent été commises pendant le conflit compliquant
davantage les efforts de réconciliation nationale.
Les opérations de maintien de la paix multidimensionnelles des Nations Unies
s’inscrivent dans le cadre d’un effort plus large visant à aider les pays sortant d’un
conflit à établir une paix durable.
Dans un tel contexte, les fonctions essentielles d’une opération de maintien de la
paix sont les suivantes :
- Créer un milieu sûr et stable tout en cherchant à restaurer la capacité de l’Etat
à maintenir la sécurité dans le respect de l’Etat de droit et des droits de
l’homme;
- Faciliter le processus politique en promouvant le dialogue et la réconciliation
et en appuyant la création d’institutions de gouvernance légitimes et
efficaces ;
- Servir de cadre pour assurer que les Nations Unies et d’autres acteurs
internationaux mènent leurs activités dans le pays de façon cohérente et
coordonnée.
Bien au-delà de la surveillance et du contrôle d’un cessez-le-feu, ces opérations
sont souvent mandatées pour fournir un soutien opérationnel aux forces de
maintien de l’ordre, pour sécuriser les installations gouvernementales
essentielles, les ports et autres infrastructures vitales, pour créer les conditions
sécuritaires nécessaires pour la libre circulation de personnes, des biens et de
l’aide humanitaire et, enfin, pour fournir une assistance en matière de déminage
humanitaire. En comblant le vide sécuritaire et de l’ordre public qui existe souvent
à la suite d’un conflit armé interne, les opérations de maintien de la paix
multidimensionnelles jouent un rôle décisif dans la sécurisation du processus de
paix tout en assurant que les partenaires humanitaires et du développement
puissent mener leurs activités dans un environnement sûr et stable.
La protection des civils passe nécessairement par une action concertée et
coordonnée entre les composantes militaires, civiles et de police d’une opération
de maintien de la paix mais aussi des agences humanitaires et des ONG. Il est
essentiel qu’il y ait une étroite collaboration entre l’opération de maintien de la
paix et ces différents acteurs.
Les opérations de maintien de la paix multidimensionnelles jouent un rôle direct
dans les efforts politiques devant déboucher sur un règlement durable du conflit.
A cet égard, le Conseil de sécurité leur donne souvent le mandat d’offrir leurs
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« bons offices » ou de promouvoir le dialogue politique et la réconciliation
nationale.
Grâce à son influence, une opération de maintien de la paix peut créer et
maintenir un consensus politique autour du processus de paix, promouvoir la
bonne gouvernance et maintenir la pressions sur les parties afin qu’elles mettent
en œuvre les réformes institutionnelles essentielles.
Les opérations de maintien de la paix multidimensionnelles des Nations Unies
aident également à assurer que les acteurs du système des Nations Unies ainsi
que d’autres acteurs internationaux soient guidées par une vision stratégique
commune. La capacité des Nations Unies à organiser une réponse véritablement
globale aux crises complexes constitue un de ses atouts majeurs. A cet égard,
les Nations Unies ont développé le concept de « missions intégrées » afin de
maximiser l’impact global du soutien apporté aux pays sortant d’un conflit. Afin de
réunir ces capacités, les opérations de maintien de la paix multidimensionnelles
des Nations Unies sont dirigées par un Représentant spécial du Secrétaire
général qui détient l’autorité globale sur les activités des Nations Unies et établit
le cadre général qui devrait guider les activités de la mission et l’équipe-pays des
Nations Unies.
Le Représentant spécial est appuyé dans cette tâche par un Représentant
spécial du Secrétaire général adjoint qui a aussi les titres de Coordinateur
résident et de Coordinateur humanitaire. Cette fonction qui comporte « trois
chapeaux » sert d’interface principale entre l’opération de maintien de la paix et
l’équipe-pays des Nations Unies, dirige la coordination des efforts humanitaires et
de développement et transmet les préoccupations exprimées par l’équipe-pays
des Nations Unies au Représentant spécial du Secrétaire général.
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6.1. Le consentement des parties
6.2. L’impartialité
Une opération de maintien de la paix doit s’acquitter de son mandat sans faveur
envers ni préjudice à l’égard de l’une ou l’autre des parties. L’impartialité est
essentielle pour préserver le consentement et la coopération et la coopération
des principales parties.
Toutefois, ceci ne signifie pas qu’il doit rester neutre dans l’application du mandat
de la mission.
La nécessité d’être équitable envers toutes les parties ne peut pas justifier
l’inaction face à des comportements clairement nuisibles au processus de paix.
Une opération de maintien de la paix ne peut pas justifier l’inaction face à des
comportements clairement nuisibles au processus de paix. Une opération de
maintien de la paix ne peut pas fermer les yeux sur les actions d’une quelconque
partie qui viole les termes d’un accord de paix.
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6.3. Le non recours à la force sauf en cas de légitime défense ou de défense
du mandat.
Les opérations de maintien de la paix des Nations Unies ne sont pas un outil
d’imposition de la paix. Il est toutefois largement reconnu qu’elles puissent utiliser
la force au niveau tactique, avec l’autorisation du Conseil de sécurité, pour se
défendre ou défendre leur mandat.
Nous rencontrons souvent dans un contexte de telles opérations des milices ou
des bandes criminelles qui essayent de perturber le processus de paix. Plusieurs
opérations ont déjà reçu un mandat « robuste » du Conseil de sécurité les
autorisant à « employer tous les moyens nécessaires » pour prévenir toute
tentative de troubler le processus de paix, pour protéger les civils en cas de
menace imminente.
L’usage proactif de la force pour défendre le mandat a permis à ces opérations
de maintien de la paix d’améliorer la situation sécuritaire et à créer un
environnement propice à la consolidation de la paix dans les pays où elles sont
déployées.
Mais attention, il ne s’agit pas de confondre le maintien de la paix robuste avec
l’imposition de la paix telle qu’elle est définie au Chapitre VII de la Charte des
Nations Unies, bien que sur le terrain il puisse y avoir des similitudes entre les
deux.
Le maintien de la paix robuste implique l’emploi de la force au niveau tactique
avec l’autorisation du Conseil de sécurité et le consentement du pays hôte et/ou
des principales parties au conflit alors que le consentement n’est pas une
exigence pour l’imposition de la paix qui peut impliquer l’emploi de la force armée
au niveau stratégique ou international.
Le recours à la force par une opération de maintien de la paix des Nations Unies
a toujours des implications politiques et peut avoir des conséquences imprévues.
Les décisions concernant l’usage de la force doivent être prises à un niveau
approprié au sein de la mission.
Bien qu’elle n’ait généralement pas de part directe dans les décisions politiques
de créer des opérations de maintien de la paix ou d’y mettre fin, l’Assemblée
générale n’en joue pas moins un rôle clé dans leur financement.
Comme tous les Etats membres de l’Organisation partagent les coûts des
activités de maintien de la paix, l’Assemblée répartit ces dépenses sur la base
d’un barème de quotes-parts spécifiques, en fonction de la richesse économique
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relative des Etats membres. Les membres permanents du Conseil de sécurité
doivent prendre à leur charge une plus large part de ce financement en raison de
la responsabilité spéciale qui leur incombe en matière de maintien de la paix et
de la sécurité internationale.
L’Assemblée générale, par l’entremise de sa Cinquième Commission (Questions
administratives et budgétaires), approuve le budget des opérations de maintien
de la paix et supervise son exécution, notamment pour ce qui est de la façon dont
les différentes opérations sur le terrain sont financées et équipées, sur la base de
demandes de crédit détaillées qui lui sont soumises par le Secrétaire général de
l’ONU.
Chaque opération de maintien de la paix est donc financée par un compte
spécial, alimenté par des contributions obligatoires. Le montant des contributions
des Etats membres dépend d’un barème spécifique, dérivé du barème du budget
régulier mais présentant une majoration pour les membres permanents du
Conseil de sécurité. Le budget alloué pour la période 2016/2017 s’élevait à 7,3
milliards de dollars. Pour votre bonne information, la France était le 5 ème Etat
contributeur (3ème du Conseil de sécurité) avec une quote-part de 6,29%.
En 2017, les taux effectifs des contributions des Etats donnaient plus ou moins
ceci :
- Chine : 10,25
- USA : 28,47
- Russie : 3,99
- Royaume-Uni : 5,77
- Allemagne : 6,39
- Belgique : 0,88
- Canada : 2,92
- Italie : 3,74
- Japon : 9,68 (Le japon ne fait aucune action de coopération internationale,
tout son budget va à l’ONU)
- Pays-Bas : 1,48
- Suisse : 1,14
- Hongrie : 0,04
- Pologne : 0,25
- Bulgarie : 0,0135
- Roumanie : 0,05
- Arménie : 0,001
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- Cameroun : 0,0002
- Congo : 0,001
- Côte d’Ivoire : 0,001
- Gabon : 0,003
- Maroc : 0,01
- Bénin : 0,0003
- Burkina Faso : 0,0004
- Cambodge : 0,0004
- RDC : 0,0008
- Sénégal : 0,0005
Depuis 2000, le budget des opérations de maintien de la paix a été multiplié par
3,5. Si on observe une augmentation du nombre de missions, c’est surtout la
quantité et la nature des tâches qui leur sont confiées qui ont considérablement
contribué à cette évolution.
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9. Conclusion
Le rôle des casques bleus n’a cessé d’évoluer au regard de la nature des conflits
auxquels les missions de l’ONU ont été confrontées. L’histoire du maintien de la
paix est faite d’innovation et d’adaptation. Alors qu’il y a encore deux décennies,
le métier de casques bleus semblait fort simple, aujourd’hui, le maintien de la paix
évolue sur des terrains beaucoup plus complexes.
Et donc pour faire face à ces défis complexes, le maintien de la paix de l’ONU a
développé une approche multidimensionnelle qui regroupe militaires, policiers et
civils afin d’intervenir dans des domaines aussi variés que la protection des civils,
des droits de l’homme ou la promotion de l’Etat de droit.
Nous retiendrons que le maintien de la paix doit faire face à deux vérités
fondamentales :
1) Le maintien de la paix ne peut pas se substituer à un accord politique. Ses
interventions doivent se fonder sur un cadre politique clair.
Exemple : en RDC, l’Accord cadre pour la paix, la sécurité et le développement
signé par 11 pays est la plateforme indispensable aux efforts de la Mission de
stabilisation de l’ONU (MONUSCO) en vue de mettre un terme au cycle récurrent
de violences
2) Le maintien de la paix a besoin, plus que par le passé, de meilleurs moyens et
d’outils modernes. Nous devons nous assurer de ce que nos opérations
disposent de ressources nécessaires afin de faciliter leurs connaissances de
terrains sensibles et qu’ils puissent être capables de répondre efficacement.
Dans l’est de la RDC, où des groupes armés continuent de terroriser des
millions de civils, nous déployons une brigade d’intervention et des véhicules
aériens, sans pilote, non armés, qui permettront d’observer les mouvements
des groupes armés et de mieux protéger les civils.
Ces nouvelles approches suscitent cependant l’inquiétude de certains qui
estiment que le maintien de la paix de l’ONU serait en train de se transformer en
machine de guerre. Or, rien n’est moins vrai. Le mandat voté par le Conseil de
sécurité est sans équivoque : l’usage de la force par les casques bleus en RDC
est l’exception et non pas la règle pour le maintien de la paix.
Toutefois, les changements qui interviennent dans la nature des conflits imposent
des modifications dans l’approche et les outils de maintien de la paix des Nations
Unies. De plus en plus, les casques bleus opèrent dans des contextes à haut
risque où la paix et la stabilité sont plus difficiles à atteindre. Reste que
l’adaptation aux conflits du 21ème siècle est pour nous une évolution, non pas une
révolution.
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