F. Aster Barnwell - Kundalini Et Retour Du Christ

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KUNDALINI

et
retour
tlu
CHRIST
KUNDALINI
ET RETOUR DU CHRIST
QUELQUES TITRES CHEZ LE MÊME ÉDITEUR

De mémoire d'Essénien
L'autre visage de Jésus
par Anne et Daniel Meurois-Givaudan
Le voyage à Shambhalla
Un pèlerinage vers Soi
par Anne et Daniel Meurois-Givaudan
Krishnamurti
Les années de l'éveil
par Mary Lutyens
Astrologie
par Johfra
Côté lumière
par Alexandra Piers
Un an parmi
les yogis de l'Inde et du Tibet
par Lily Eversdijk Smulders
L~ science spirituelle du Kriya Yoga
par Goswami Kriyananda
Maison entre terre et ciel
par Jean-Charles Fabre

Le catalogue des Editions Arista est adressé franco


sur simple demande à l'adresse suivante :
Editions AR/STA
24580 Plazac/Rouffignac
téléphone 53 50 79 54
Contact à Paris :
42, rue Monge - 75005 Paris
Téléphone (1) 46 33 33 28
F. Aster Barnwell

KUNDALINI
ET RETOUR DU CHRIST
Traduit de l' Américain
par Maurice Rouch

Préface de Peter Roche de Coppens, Ph. D.

,
EDITIONS ARISTA
A ma mère
Edna Barnwell qui a ensemencé
mon cœur avec bonheur
et à mon père
Robert Barnwell qui a encouragé
ma cun:osité en répondant
à toutes les questions
de ma petite enfance.

Couverture : Johfra

© Original 1984 by F. Aster Barnwell


Llewellyn publications - St Paul, MN 55164-0383 - U.S.A.
© An.sta 1987 pour la traduction française - Tous droits réservés
Titre onginal : The meaning of Christ for our age
SOMMAIRE

PREFACE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
INTRODUCTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21

PREMIERE PARTIE
CHAPITRE I . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
Nécessité d'une réévaluation du rôle de Jésus-Christ
CHAPITRE II . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
Le principe représenté par Jésus-Christ
CHAPITRE III . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
Jésus dans le rôle d'Avatar

DEUXIEME PARTIE
CHAPITRE IV . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
Dessein pour le salut
CHAPITRE V . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
Les racines cachées de la psychologie transforma-
trice du Nouveau Testament
CHAPITRE VI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139
La Kundalini et la psychologie de transformation
de soi
TROISIEME PARTIE
CHAPITRE VII 159
Etablissement des bases nécessaires à la
transformation
CHAPITRE VIII.. .. ...... . ...... ... ..... . .. 167
Les béatitudes conçues comme un système de
valeurs objectives
CHAPITRE IX . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 189
Le devoir d'affiner les émotions
CHAPITRE X . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 203
L'entretien des feux de la transformation par les
exercices spirituels

QUATRIEME PARTIE
CHAPITRE XI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 229
Les étapes initiales de la transformation
CHAPITRE XII . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 253
Les niveaux supérieurs de la transformation

CINQUIEME PARTIE
CHAPITRE XIII . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 275
Le symbolisme de la Kundalini dans les miracles
CHAPITRE XIV . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 293
La destinée future de ceux qui sont sauvés
APPENDICE I . . . . .. ....... ....... ..... .... 313
APPENDICE II . . . . .. ....... ....... ..... .... 317
APPENDICE III . . . .. ....... ....... ..... .... 335
NOTES . . . . . . . . . . .. ....... ....... ..... .... 345
PREFACE

Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, deux


grandes tendances se sont développées dans le monde occi-
dental et l'ont caractérisé : d'un côté la lente désintégra-
tion de notre système de valeurs traditionnelles et la dis-
solution des grandes institutions sociales qui affirmaient
et articulaient ce système de valeurs; de l'autre, le nom-
bre croissant de gens, jeunes et vieux, qui, sentant gran-
dir en eux un vide intérieur ont essayé de le remplir d'une
manière satisfaisante dans une quête spirituelle.
En un sens, le progrès matériel et spirituel - science,
technologie, fortune et enseignement supérieur - ne suf-
fisaient pas à combler les cœurs et les âmes de nombreux
hommes et femmes qui ont pris la route pour «se trou-
ver», pour «résoudre l'énigme du Sphinx» ou le «problème
d'identité», comme on dit aujourd'hui, et pour faire face
aux «questions fondamentales» de l'existence humaine.
C'est ainsi qu'ont été déposées les semences d'une
Renaissance spirituelle différente de toutes celles que
l'Occident avait déjà connues antérieurement; car elle
n'était point fondée sur des traités philosophiques ou théo-
logiques, mais sur le désir intérieur et ardent des indivi-
dus pour connaître la Réalité et en faire l'expérience par
1Ü KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

eux-mêmes. Mais comme !'«Etablissement» et les gran-


des institutions sociales - la famille, l'Église, les univer-
sités - ou la religion établie et la science ne pouvaient
pas fournir ces réponses et remplir ce vide, un grand nom-
bre d'entre eux se mirent à chercher ailleurs. Ils engagè-
rent leur recherche dans de multiples directions différen-
tes : du côté des religions orientales et spécialement du
yoga, (qui contribua dans une large mesure à apporter
maintes vérités sans âge à l'Occident et à réouvrir le véri-
table «Sentier scientifique» d'expérience et d'observation
personnelle directe), des nouvelles psychologies et des
méthodes psychothérapeutiques pour la découverte de soi-
même et pour le développement des facultés humaines,
de la psychosynthèse en particulier ainsi que des ancien-
nes traditions sacrées et Fraternités ésotériques de mysti-
cisme, occultisme et magie, de !'Hermétisme, del' Alchi-
mie et de la Kabbale, aussi bien que de la Théosophie,
de l' Anthroposophie et des Sociétés Rosicruciennes, sans
oublier l'antique sorcellerie, la moderne parapsychologie
ainsi que les innombrables cultes religieux, scientifiques
et indéfinis qui se sont propagés à travers tout l'Occident,
et toute l'Amérique du Nord notamment. Ainsi, le cher-
cheur sincère et sérieux se trouvait placé devant ce que
Alvin Toffler avaitjustement nommé une «Surabondance
de choix» et «diffusion cognitive».
Pendant de longues années, j'ai personnellement été
l'un de ces chercheurs. Dans mon itinéraire spirituel, qui
commença très tôt avec des expériences religieuses et des
aspirations peu communes, je fus attiré par le yoga comme
la première tradition qui me paraissait la plus proche de
mes propres expériences. J'ai fait !'«apprentissage» du
yoga ainsi que des religions et des philosophies orientales
puis, de la science moderne et de la psychologie, suivies
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 11

de plusieurs Ecoles ésotériques et d'Enseignements occul-


tes, avec le vain espoir de les intégrer tous en une majes-
tueuse synthèse organique et fonctionnelle.
En fin de compte, j'aboutis à deux conclusions fonda-
mentales : la première, que toutes les religions, toutes les
races, toutes les sociétés ont toujours eu une source vivante
de Révélation et de guidance spirituelle; la seconde, que
l'objet de ma recherche ne pouvait être trouvé nulle part
sinon au-dedans de moi par un processus organique de crois-
sance - spécifiquement, l'expansion de ma conscience
et le développement de mon niveau d'être.
Ces prises de conscience me conduisirent plus tard à
la conclusion que, à moins de me transformer, et avec
moi ma conscience et ma personnalité, je ne pourrais
jamais trouver le Dieu Suprême ou le Dieu que je cher-
chais. Il me vint aussi à l'esprit que, pour ce processus
de transformation de Soi, il n'y avait pas de chemin de
traverse, pas de technique pour gagner du temps, épar-
gner des efforts ou éviter des souffrances. Il n'est simple-
ment pas possible de prendre tant de leçons, d'assister à
tant d'ateliers, de trouver un ou plusieurs gourous, d'adhé-
rer à telle Eglise ou à telle organisation extérieure et
d'accomplir un certain nombre d'exercices pour obtenir,
de ce fait, cette Paix Profonde et cette Vie plus abondante
qui caractérisent la véritable Illumination.
A partir de ces nouveaux points de vue, j'en vins à for-
muler certaines questions fondamentales : pourquoi faut-il
qu'un Occidental né dans une culture, un pays, une reli-
gion occidentale doive «émigrer vers l'Est» ou aller à la
recherche de religions «ésotériques» ou de systèmes scien-
tifiques - exigeant une somme considérable d'instruc-
tion, de développement intellectuel et, parfois aussi,
d'argent- pour trouver un processus de transformation
12 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

psycho-spirituelle qui soit viable, vivable et efficace? Pour-


quoi ne pourrait-il pas trouver cela dans sa propre Tra-
dition religieuse en «grattant» au-dessous de la surface
de la lettre pour atteindre la Fontaine Vivante de !'Esprit
qui réside toujours à l'arrière de la lettre et au-delà d'elle?
N'avons-nous pas également une Tradition spirituelle
vivante, valide et accessible? Et cette tradition n'existe-
t-elle pas, plus ou moins transparente, dans les grandes
religions du monde, Christianisme compris, de telle
manière qu'un sincère et dévot chrétien pourrait trouver
dans sa propre Tradition et sa propre Eglise, la réponse
à ses besoins et à ses aspirations spirituelles les plus pro-
fonds ? La réponse, consolidée par de longues années de
recherche, de nombreuses expériences personnelles et,
bien sûr, mon intuition, est OUI!
Depuis que je suis arrivé à ces conclusions, j'ai, pen-
dant de nombreuses années maintenant, nourri un rêve
central et secret qui me poussait à explorer et à compren-
dre, à vivre et à incarner puis à écrire, à faire des confé-
rences pour disséminer !'«essence» de la Tradition spiri-
tuelle occidentale. Car l'Occident, aussi bien que l'Orient
est le bénéficiaire d'une Tradition spirituelle très arrc1enne,
pratique et efficace, composée d'une philosophie de la vie
et d'un art de vivre, de principes de base et d'exercices
pratiques propres à la nature humaine et à notre existence
considérées comme un tout, et, de ce fait, incluant et met-
tant en valeur la «dimension spirituelle». En réalité,
l'humanité n'ajamais été laissée sans un noyau d'Ensei-
gnements et de guidances relevant des plus élevés, des plus
profonds et des plus importants aspects de la nature et
de l'existence humaines : toute race, toute nation, toute
période historique y compris la nôtre a toujours eu sa pro-
pre et distincte part de la Révélation et de Maîtres authen-
tiques pour guider et former ceux qui ont senti cette voca-
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 13

tion et qui étaient prêts à assumer cette discipline. Ceux-


ci ont toujours et invariablement dépeint la nature
humaine et la réalité comme une trinité constituée par
le corps, l'âme et l'esprit en interaction. Ils indiquaient
par là que l'Etre véritable est, en fait, bio-psycho-spirituel
de par sa nature et son essence.

Parmi les chercheurs de l'Occident, paradoxalement,


la Tradition spirituelle orientale, enracinée dans les divers
Yogas de l'Inde et les Upayas de la Chine et du Japon, est
généralement bien mieux connue que la Tradition spiri-
tuelle occidentale qui est restée plus «occulte» et «ésoté-
rique» que la précédente. Toutefois, en son centre, la Tra-
dition spirituelle occidentale est en vérité notre «Sainte
Sagesse», le Yoga occidental, la philosophie de la vie et
'art de vivre, les enseignements et les pratiques conçus
pour aider les chercheurs sérieux à subir un processus de
bio-psycho-spirituelle transformation aboutissant à
d'authentiques actualisation et réalisation de soi. Son
essence est, en vérité, très simple : elle est fondée sur
l'amour de Dieu ou adoration, et l'amour de nos frères
humains, ou Service, tels que ceux-ci sont incarnés et pra-
tiqués dans notre vie quotidienne. Ses racines religieuses
atteignent et incluent les religions égyptienne et juive, la
Chrétienté et l'Islam sous leurs formes extérieures et exo-
tériques aussi bien qu'intérieures et ésotériques. Ses raci-
nes philosophiques et métaphysiques comprennent les
Chaldéens, les Egyptiens et les Traditions des Mystères
grecs aussi bien que !'Hermétisme, la Kabbale et !'Alchi-
mie. Aujourd'hui nous pouvons ajouter à ceux-ci les tra-
ditions druidiques et rosicruciennes avec des aspects des
psychothérapies modernes, de la psychologie transperson-
nelle et de la psychosynthèse en même temps qu'une pro-
liférante panoplie d'Ordres et d'Ecoles ésotériques.
14 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

Dans les grandes lignes l'Orient et l'Occident repre-


sentent deux différentes perspectives à propos de la même
chose, et idéalement chacun des deux devrait compléter
l'autre. Mais, et c'est très regrettable, chacun se situe à
une extrémité : une Tradition, dans sa recherche du spi-
rituel a oublié le monde, et l'autre, à la recherche du
monde a oublié l'Esprit. Le but central de la Tradition
Spirituelle Orientale a toujours été la réalisation du Nir-
vana ou de la Libération, tandis que celui de la Tradition
Spirituelle Occidentale a été la réalisation du Salut et de
l'Incarnation. L'Orient, qui plus est, a généralement pri-
vilégié une approche plus «féminine» fondée sur la cul-
ture du lobe droit du cerveau - de méditation et de sen-
sibilité accrue qui favorise les expériences personnelles
directes des niveaux supérieurs de l'être et des états de
conscience.
Par contre, l'Occident a généralement favorisé une
approche plus «masculine» fondée sur le développement
du lobe gauche du cerveau, de rituel et de théurgie, qui,
toutefois, hors des Ordres et des Ecoles ésotériques, a dégé-
néré en un intellectualisme stérile et des gymnastiques
mentales.
Aujourd'hui, l'Orient et l'Occident, le Mâle et la
Femelle, l'Ancien et le Nouveau, les lobes droit et gau-
che du cerveau, !'Exotérique et l'Esotérique, le Mental
et le Cœur sont prêts pour une nouvelle interaction créa-
trice et une synthèse. Les fruits de cette synthèse nous rap-
procheront en effet de la réponse aux véritables questions
fondamentales de notre époque et de nos nécessités vita-
les et urgentes. Car c'est probablement de la synthèse créa-
trice de l'Orient et de l'Occident, del' Ancien et du Nou-
veau, des meilleures intuitions des Traditions sacrées du
passé avec les conclusions les plus valables des modernes
sciences sociales que les hommes et les femmes de bonne
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 15

volonté trouveront la relation juste avec eux-mêmes, avec


les autres, avec l'Esprit et avec la Nature qui sont deux
aspects de la même réalité fondamentale. C'est de cette
réalisation que dépend notre véritable survie sur cette pla-
nète ainsi que notre prochaine étape dans l'évolution ...
Il est certain que cette synthèse sera distincte du syncré-
tisme qui caractérise les efforts des dernières décades. En
effet, pour une véritable synthèse nous devons commen-
cer avec ce que nous avons déjà afin de l'utiliser comme
un point à partir duquel nous pouvons établir des lignes
d'affinité et d'accord avec d'autres Traditions. Avec de
nouvelles intuitions et de nouvelles perspectives, nous
devons entreprendre un réexamen, une redécouverte et
une reformulation des Enseignements essentiels de la Tra-
dition Spirituelle Occidentale. Puisque ces Enseignements
essentiels sont très clairement exprimés dans le Christia-
nisme, nous commençons par là. Mais, là encore, il con-
vient de faire des réserves : nous ne sommes pas intéres-
sés par la coquille institutionnelle que nous connaissons
bien, mais par le Christianisme en tant qu'authentique
aventure vécue, en tant que «Philosophia Perennis» ou
«Sagesse sans âge» dont l'objectif central a toujours été
et sera toujours l'incarnation et la pleine réalisation du
«Grand Oeuvre», Initiation Spirituelle par l'union avec
Dieu, Lequel, dans le Microcosme, n'est rien d'autre que
notre Moi véritable ...

UNE QUETE DU CHRIST


POUR NOTRE EPOQUE
Principe et méthode
A la lecture de l'ouvrage de Barnwell, des souvenirs
me revinrent en mémoire : Je me trouvais il y a quelque
années dans un train qui faisait la liaison entre Milan et
16 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

Florence Assis en face de moi, trois jeunes Français par-


laient avec une certaine animation. La discussion tour-
nait autour de Florence, de ses multiples centres d'inté-
rêt et de ce qu'ils se proposaient de faire pendant leur
séjour. Deux d'entre eux avaient des livres, des cartes,
des gravures de la ville, et raisonnaient sur Florence et
ses différents aspects. Le troisième n'avait en main ni lit-
térature, ni photos et semblait beaucoup plus calme et cen-
tré que les deux autres. Il essayait posément de réconci-
lier leurs positions divergentes et mettait l'accent sur cer-
tains aspects de la ville et de la vie à Florence qu'aucun
des deux n'avait mentionnés; mais hélas, sans grand suc-
cès. Il était évident pour moi qui avais déjà vécu dans cette
ville, que les deux premiers n'y avaient jamais séjourné,
alors que le troisième la connaissait déjà. Toutefois, même
si je n'étais jamais allé à Florence auparavant, j'aurais
pu en déduire aisément que les deux premiers débattaient
de ce qu'ils avaient lu et imaginé et non de ce qu'ils avaient
éprouvé. Le troisième parlait comme quelqu'un «qui
savait de quoi il parlait», avec l'autorité, la pondération
et l'assurance que seule l'expérience personnelle peut con-
férer. Je savais également que la lecture sur un certain
sujet et l'observation de cartes et gravures n'apportaient
pas un élément positif; ces informations ne parvenaient
jamais à définir ce que la chose était en réalité, cette réa-
lité infiniment plus riche et plus complexe qu'aucune des-
cription ne pourrait rendre. Cette expérience me revint
en mémoire avec une poignante vivacité.
Après avoir lu et relu le manuscrit, il me parut évident
qu' Aster Barnwell était un véritable «Compagnon de Pèle-
rinage» et un «Frère de Lumière», que je devais le ren-
contrer et entamer une collaboration avec lui .. .
Rencontrer Barnwell en personne était encore infini-
ment plus passionnant que la lecture de ses livres, car il
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 17

est l'ultime et le meilleur élément de sa quête de sagesse


- le véritable «sceau d'authenticité». Il a l'humilité, la
clarté, l'inspiration et la luminosité d'un enfant et d'un
sage confondus. Lorsqu'on est en sa présence, on est ins-
piré par son esprit, par sa sagesse et par les idéaux aux-
quels il consacre sa vie. Dans un groupe, il parle peu et
reste à l'arrière-plan comme si sa sensibilité et sa modes-
tie le conduisaient dans cette direction. Or, chacun peut
se laisser aller pendant quelques instants, être vraiment
lui-même et «exprimer ce qu'il a dans le cœur et dans
sa pensée», d'une façon beaucoup plus claire et exhaus-
tive que s'il n'avait pas été là. Si ce n'est pas la signature
caractérisque d'une personne spirituellement éveillée, je
ne vois pas ce qui pourrait l'être!
Le mérite fondamental du premier ouvrage de Barn-
well est de présenter un contenu aux multiples facettes
et multidimensionnel, s'élargissant à toutes les perspec-
tives variées d'approche. Personnellement et à ce point
de mon existence, je les résumerai ainsi :
1. Barnwell parle de sa propre expérience ; il ne rapporte
pas ce qu'il a lu ou entendu et n'a pas travaillé par com-
pilation. Il tire sa perspective fondamentale et ses points
de vue de !'«intérieur» et non pas de !'«extérieur».
2. Sa propre expérience spirituelle lui a permis de com-
prendre véritablement la nature du symbolisme sacré qui,
à son tour, lui a permis de décoder le langage des Sages,
lequel, contrairement aux langages de la vie quotidienne
ou de la science, enregistre autant de sens et d'applica-
tions différentes qu'il y a de niveaux de conscience et
d'être, car il opère en qualité de fonction de la conscience
humaine.
3. Par ses commentaires, Barnwell nous présente la signi-
fication actuelle que la Vie et les Enseignements du Christ
18 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

ont pour lui, ainsi que leur application et, ce faisant, il


nous montre la perspective qui relie et réconcilie le Chris-
tianisme avec le yoga de la Kundalini, la dimension exo-
térique avec la dimension ésotérique et la Religion avec
la Science, laquelle réunit maintenant dans un paradigme
la psychologie transpersonnelle, valable à la fois pour les
croyants et les non-croyants. Son interprétation du Chris-
tianisme est donc acceptable à un plus grand nombre de
chercheurs honnêtes et sincères mais rebutés par les pré-
sentations «classiques».
4. L'originalité de l'enseignement de Barnwell repose sur
deux éléments-clés : le Processus et l'Organicité : son livre
est en effet un processus organique de transformation
psycho-spirituelle. Il débute par un récit de ses propres
expériences et de sa recherche initiale de la Vérité. Il décrit
sa confrontation avec tous les systèmes philosophiques,
psychologiques et religieux «afin de les comprendre réel-
lement et de voir ce que chacun d'eux pourrait lui apporter
dans la vie quotidienne», tout cela dans le but de mener
une vie plus consciente, plus créative et mieux remplie.
Dans une deuxième étape de sa quête, il prend con-
science, c'est-à-dire «réalise», que la Vérité, la Réalité
et Dieu ne pouvaient être trouvés et éprouvés qu'à l'inté-
rieur de notre être avant d'être perçus à l'œuvre dans le
monde extérieur. (Ceci nous semble très proche de ce que
saint Augustin nous dit de l'intuition!)
Ses épreuves personnelles, ses crises et «la mort du vieil
homme» le conduisent à «la résurrection de l'Homme
nouveau» qui, après une série d'expériences spirituelles,
est saisi par l'Esprit. C'est alors que les voiles des Ecritu-
res tombent de ses yeux dessillés : il est maintenant capa-
ble de découvrir la «manière de vivre» admirablement
organique et progressive qui lui permettra de mener à bien
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 19

la transformation psycho-spirituelle contenue dans le Nou-


veau Testament telle qu'il nous la dévoile dans son œuvre.
Son parcours personnel et son premier ouvrage représen-
tent ainsi, par eux-mêmes, des archétypes classiques pour
le développement humain et spirituel.
5. Finalement, par son premier ouvrage, Barnwell joue
le rôle prophétique classique en «revivifiant» et «animant»
la lettre des Ecritures grâce à !'Esprit de vie, pour les ren-
dre compréhensibles et applicables d'abord à lui-même;
par là à ses contemporains afin de réconcilier l'extérieur
avec l'intérieur, l'exotérique avec l'ésotérique.
C'est précisément ce qui, depuis un temps immémo-
rial, a été fait par les véritables Prophètes et par les Ini-
tiés : revivifier périodiquement les Ecritures Sacrées pour
les rendre significatives, actuelles, pratiques, efficaces et
vivantes pour les gens de leur peuple et de leur temps.
Il y a, assurément, beaucoup d'autres aspects plus pro-
fonds et plus ésotériques d'une interprétation et d'une
application de la Vie et des Enseignements de Jésus, mais
Barnwell a réussi en captant leur essence à la fois théori-
que et pratique, à commencer à les vivre et à les incarner
à notre époque. Il ouvre de la sorte un chemin pratique
à des millions de «chrétiens inconscients» qui lisent encore
leur Bible, qui sont restés fidèles à une Eglise ou qui l'ont
abandonnée et qui, cependant, ne peuvent pas trouver
la substance qu'ils recherchent et que d'autres systèmes
prétendent leur offrir. La beauté de l'interprétation de
Barnwell, c'est qu'elle est si simple et si directe et cepen-
dant si profonde. Elle peut satisfaire les exigences intel-
lectuelles d'un philosophe qui pourrait considérer une des
thérapies modernes comme sa v01e, mais elle présente
aussi l'approche mystique chaleureuse du cœur et la sim-
plicité qui plairait à un enfant, sans perdre la profondeur
20 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

et la substance que l'ésotérisme pourrait rechercher dans


les «Traditions secrètes» ... et tout ceci dans les Enseigne-
ments traditionnels des diverses Eglises Chrétiennes et
dans la Bible.
Peter Roche de Coppens Ph. D.
INTRODUCTION

1. Le Chemin de Damas
Il y a un certain nombre d'années, à l'âge de vingt-
neuf ans, j'ai eu plusieurs expériences intérieures auxquel-
les je n'étais nullement préparé et pour lesquelles je n'avais
aucune référence. C'est ainsi que, en l'espace de six mois,
ma compréhension de ma religion - le Christianisme -
et celle de cultures que, jusqu'à présent, je n'avais pas
trouvé le temps ni l'intérêt d'étudier, fut radicalement
changée.
Une de ces expériences a beaucoup contribué à élargir
ma perspective religieuse et a servi de point de référence
dans les études que j'ai poursuivies depuis cette époque.
Cette expérience débuta au moment où la sécurité maté-
rielle et émotionnelle que j'avais édifiée commençait à
s'effriter autour de moi. Une rupture d'ordre familial pro-
voqua la perte de ma position sociale, de mes amis, de
mes avoirs et de mon statut professionnel. Incapable de
trouver un autre refuge, je m'attachai au souvenir du
temps où la foi que j'avais longtemps négligée animait
ma vie afin d'y trouver une direction et une stabilité inté-
rieure. Peu de temps après, je pris la décision d'essayer
de retrouver cette foi.
22 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

Ma quête d'une foi était centrée sur la découverte de


la Volonté Divine à mon égard. Il s'agissait de savoir avec
certitude et confiance si j'étais sur le bon chemin
Pendant six mois je décortiquai méthodiquement cha-
que doctrine philosophique et chaque croyance religieuse,
avec une minutie comparable à celle d'un enfant. Tout
était soumis à une question très simple : Est-ce que je peux
en extraire quelque chose? Cela est-il vraiment compré-
hensible pour moi?
L'accent est mis sur «vraiment», parce que j'étais loin
de rechercher une connaissance théorique mais plutôt une
compréhension intuitive.
Durant cette période, j'ai lu et assimilé les livres essen-
tiels de l'analyse transactionnelle, étudié l'astrologie, le
mysticisme et pratiqué la méditation. Le vide en moi com-
mença à se remplir, les questions théologiques et philo-
sophiques que je m'étais posées pendant vingt-neuf ans
étaient résolues l'une après l'autre.
Pendant plusieurs années, antérieurement à cette épo-
que, tout problème théologique et philosophique auquel
je ne pouvais pas trouver de réponse était mentalement
archivé. Dans mes moments de réflexion philosophique,
c'est-à-dire souvent, je me disais que, un jour, je consa-
crerais mon temps à la recherche des réponses. Toutefois
le résultat était toujours le même : «Il vaut mieux remet-
tre ces choses à plus tard» ..Je me référais par là au moment
où je serais dégagé des responsabilités afférentes à ma car-
rière, à la nécessité de gagner ma vie et d'élever une
famille.
Toutefois, le chaos et la subséquente agitation émotion-
nelle qui s'étaient abattus sur moi dans ma vingt-neuvième
année portèrent le «plus tard» au premier plan. Dans la
lutte qui suivit pour m'élever au-dessus des difficultés,
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 23

je pris refuge dans la pensée qu'il y avait dans tout cela


un sens caché dont je n'étais pas conscient. Je comparais
les épreuves que je subissais à celles de J oh dans l'Ancien
Testament. Mais, plus encore, j'étais mis au défi ae Jus-
tifier mon existence en tant qu'être humain. D'une
manière tangible ceci était mon «Jour du Jugement», dans
lequel je devais me défendre en faisant appel à mes res-
sources intérieures.
Lorsque les six mois de travail sur moi-même furent
écoulés, je sentis que j'avais non seulement regagné le ter-
rain perdu mais que je m'étais rapproché de Dieu. Pour
la toute première fois de ma vie je sentis que Dieu
m'aimait et prenait soin de moi en tant que personne.
Je sentis qu'une sorte de pèlerinage se préparait. C'est
ainsi que lorsqu'un ami m'invita à assister à une confé-
rence sur les «guérisons spirituelles» j'acceptai avec joie.
La conférence se tenait à« Virginia Beach», aux Etats-
Unis, sous les auspices de la «Edgard Cayce Foundation»,
connue également sous le nom d'«Association For
Research and Enlightenment». Cette organisation avait
été fondée en vue de préserver et de diffuser l'informa-
tion fournie par quelque mille quatre cents «lectures
psychiques» données par le regretté médium Edgar Cayce.
J'avais lu «There is a river», histoire de la vie d'Edgar
Cayce racontée par Thomas Sugrue. C'est alors que quel-
ques chaînons qui manquaient dans ma quête pour l'intel-
ligence des religions m'ont été fournis.

L'atmosphère à «Virginia Beach» était très amicale et


très ouverte. Il y avait des conférences, des ateliers, des
discussions individuelles à l'heure des repas ainsi que
maints autres contacts personnels, etc. Le tout contribuait
à faire de ce congrès une enrichissante aventure spirituelle.
24 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

En vérité, l'expérience tout entière était si remarqua-


ble que, des années plus tard, je n'hésitais pas à la consi-
dérer comme le plus grand tournant de ma vie.
Au cours de la semaine consacrée à la conférence, tous
mes problèmes personnels dérivèrent loin, très loin de là.
C'était comme si la vie ne comportait ni passé ni avenir :
le temps avait cessé. C'était comme un éternel présent.
Mais c'est l'avant-dernier jour que la conférence attei-
gnit son apogée. L'après-midi de ce jour-là, je m'étais
décidé à faire des progrès dans la méditation déjà prati-
quée selon les instructions proposées par Cayce.
Selon cette méthode le méditant retient une pensée par-
ticulière dans son mental tandis qu'il essaie d'en expul-
ser toutes les autres. Il s'agit de programmer le mental
du méditant avec un principe ou un idéal de son choix.
Le méditant peut, par exemple, s'arrêter sur la significa-
tion de la patience jusqu'à ce que, par le biais d'une intel-
ligence émotionnelle plus approfondie, il parvienne à la
plénitude de l'expression de cette qualité dans sa vie
personnelle.
Dans la pratique de cette forme de méditation le médi-
tant peut aussi utiliser un ordre, appelé «affirmation» dans
les œuvres de Cayce; par exemple, l'une des affirmations
recommandées est : «Arrêtez et sachez que je suis Dieu»
(Psaume 46: 10). Ceci a pour objet d'amener le mental
à un état de réceptivité à l'inspiration divine. Sur bien
des points, une affirmation est l'équivalent du concept
oriental d'un mantra (hindou ou bouddhiste) ; la princi-
pale différence est qu'avec un mantra, l'individu essaie
d'installer une suggestion dans le mental subjectif afin
d'éveiller ses pouvoirs cachés. Grâce à l'affirmation, le
mental conscient affecte le subconscient si bien que ce qui
est conditionné est rendu aussi spontané dans son expres-
sion que quelque chose d ' instinctif.
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 25

Je n'avais jusque-là qu'une faible expérience de la médi-


tation, et les entretiens avec des «experts» en cette matière
me permirent d'apprécier l'extraordinaire distance qui me
séparait de cet état méditatif. Cette nuit-là j'abordai cet
exercice avec 1' espoir habituel.
Alors que, sur le lit de la chambre du motel, je repo-
sais sur mon dos, répétant mentalement mon affirmation,
je dérivai dans un état second. Ma première impression
était que je m'étais endormi puis réveillé.
Comme je faisais le point de cette nouvelle expérience,
je pris conscience de plusieurs sensations particulières :
je me sentis extrêmement lourd comme si j'étais plongé
dans un profond sommeil, cependant que mon mental
maintenait sa vigilance. Tandis que je continuais à explo-
rer ce nouvel état, je pris conscience du battement de mon
cœur puis de ma respiration. Bien que le souffle vint des
profondeurs du corps, il était silencieux. Les expirations
et les inspirations se fondaient l'une dans l'autre, don-
nant la sensation de la rotation d'une roue à aube. Alors
que l'attention était centrée sur la respiration, une autre
chose étrange se manifesta. Le souille s'arrêta puis reprit
à un rythme plus fort. Il était si fort que le sternum se
soulevait rythmiquement à peu près de la même manière
qu'un soufflet de forge.
Aussi subitement que ces sensations m'avaient envahi,
elles laissèrent place à d'autres. D'abord, je sentis un
engourdissement se répandre dans tout le corps à partir
des pieds. Une vague suivit l'autre, chacune laissant le
corps dans un état d'engourdissement de plus en plus pro-
fond. La pensée que j'étais en train de mourir traversa
mon mental. Une histoire que j'avais entendue dans mon
enfance me revint en mémoire : il s'agissait d'une femme
qui, méthodiquement, détaillait la progression du voile
26 KUNDALINI ET RETOUll DU CHRIST

de la mort au fur et à mesure qu'il s'avançait à partir de


ses pieds jusqu'à atteindre sa tête. Mais je n'éprouvais
aucune crainte. Il y avait longtemps que la peur de la mort
et celle de l'inconnu m'avaient abandonné.
Au milieu de ces nouvelles sensations et de ces pensées
éphémères, mon attention fut attirée par un autre phé-
nomène. Cette fois, j'entendis un bruit qui ressemblait
fort à un coup de tonnerre. Je me rendis compte qu'il était
interne parce que je l'avais déjà entendu durant ma médi-
tation. Mais cette fois, il était plus long etje pouvais loca-
liser son origine. Il venait de la région située à la base
de ma colonne vertébrale. Comme mon attention était atti-
rée là, je «vis» une colonne de quelque chose de lumi-
neux - de la «lumière liquide», comme je l'appellerai
- s'élever semblable à l'eau d'un puits artésien et pro-
gresser vers la tête. La perspective était celle d'une per-
sonne qui regarderait d'en haut; et au fur et à mesure
qu'elle s'élevait, c'était comme si j'étais peu à peu absorbé
en elle.
L'aspect le plus remarquable de toute l'expérience rési-
dait dans le fait qu'elle était accompagnée d'un plaisir
intense ou, mieux encore, d'une extase telle que je n'en
avais pas encore connu de semblable. L'orgasme qui peut
accompagner une union sexuelle me semble l'équivalent
terrestre le plus rapproché de cet état.
Quand la colonne de lumière atteignit la base du cer-
veau, elle «explosa» dans un éclair de lumière qui rem-
plit la tête entière. Cette lumière, bien plus brillante que
le soleil, était douce. Elle effaçait toute autre chose si bien
que je devins la lumière et l'expérience de celle-ci au même
instant.
Dès que la lumière s'éteignit, une autre sensation émer-
gea d'une région située profondément dans le lobe fron-
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 27

tal du cerveau, en arrière du point situé entre les deux


sourcils. Cela coulait comme de l'eau, baignant ma tête,
ma face, mon torse, mes bras et mes jambes au fur et à
mesure que cela descendait. Cette sensation tranquillisa
le mental et le corps, me laissant dans un état de paix bien-
heureuse. Instinctivement je connus que c'était la «paix
qui passait tout entendement».
Je compris alors que cette paix que j'étais en train
d'éprouver «passait l'entendement», dans la mesure où
la technique et l'intelligence humaine étaient incapables
de l'obtenir. C'était le don de Dieu et cette paix était si
puissante que des effets biologiques continuèrent à se faire
sentir pendant plusieurs semaines avant de se dissiper.
Le corps avait acquis une vitalité nouvelle et une sensibi-
lité accrue. Ces effets ne se dissipèrent pas d'un coup mais
graduellement, de façon intermittente.
Cette expérience totale entraîna bien d'autres change-
ments, psychologiques pour la plupart. J'accédai beau-
coup plus aisément à l'état de méditation. Il me suffisait
de fermer les yeux pour être transporté sur les ailes de
la Paix et del' Amour. Cela eut aussi une autre consé-
quence : pendant longtemps il me fut impossible de
m'engager dans une activité profane. Mon esprit était
continuellement entraîné vers la contemplation des cho-
ses spirituelles.
Ce n'est qu'à grand-peine que je réussis à maîtriser suf-
fisamment cela pour assumer les responsabilités de la vie
ordinaire.

2. Recherche d'analogies
Ma préoccupation immédiate cette nuit-là était de
replacer ce qui était arrivé à ce moment-là dans un cadre
28 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

plus général. Ma première tentative fut, bien involontai-


rement, comique : «C'est donc ça, la méditation», pensai-
je. Le lendemain matin, comme je croyais que cette expé-
rience devait être commune à tous les méditants, j'en par-
lai à un ami afin de savoir si, lui aussi, avait eu la même
expérience. La réponse fut négative et il ne pouvait pas
non plus m'aider à l'insérer dans un contexte. D'autres
«méditants expérimentés» furent aussi incapables de
m'aider. Quelqu'un me suggéra de modérer cette acti-
vité, j'avais cherché l' «éveil» trop rapidement à son avis.
Puis, je conduisis ma recherche dans la librairie de la
«Cayce Foundation». Je parcourus les index et feuilletai
des livres concernant la méditation et le mysticisme, à la
recherche d'indices. Cette exploration fut vaine. La seule
chose que j'avais lue jusque-là et qui se rapprochait de
mon expérience était celle de l'apôtre Paul, appelé anté-
rieurement Saül de Tarse ainsi qu'il est rapporté dans le
Nouveau Testament, livre des Actes des Apôtres.
Saül, enclin à persécuter les premiers disciples du
Christ, était sur le chemin de Damas pour arrêter les chré-
tiens et les livrer au Conseil des Juifs. Au cours de son
voyage, il fut arrêté par une Présence spirituelle qui
déclara être Jésus-Christ. Lors de cette rencontre, Saül
fut aveuglé par une lumière qui, dit-il, était plus brillante
que le soleil à midi. Il entendit une voix lui reprocher son
rôle de persécuteur des chrétiens et de leur cause. Saül,
aveugle demeura ainsi trois jours durant.
Les récits de cet incident dans les Actes des Apôtres
varient légèrement. Dans un cas (Actes 9:7) il est dit que
ceux qui accompagnaient Saül avaient entendu la voix,
mais rien ne dit qu'ils aient vu une lumière. Dans deux
autres passages (Actes 22:7, 26:13) il est dit qu'ils ont vu
la lumière mais il n'est fait aucune mention de la voix.
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 29

Cette expérience tout entière constitue le tournant déci-


sif de la vie de Saül. Son nom fut changé en celui de Paul,
et de persécuteur des chrétiens qu'il était antérieurement
il devint l'ambassadeur le plus dévoué et le plus efficace
de la nouvelle Eglise qui émergeait dans le monde des
gentils.
En dépit de la comparaison que j'ai faite entre l'expé-
rience que j'ai eue et celle de Paul, j'hésitais un peu à
admettre ici un parallélisme complet pour trois raisons.
Premièrement, j'avais considéré que le monde du N ou-
veau Testament était bien trop éloigné dans le temps et
le contexte pour pousser la comparaison. Deuxièmement,
j'étais persuadé que les expériences de la nature de celles
que Paul, alias Saül, avait éprouvées étaient uniques.
Troisièmement mon respect inné et extraordinaire pour
les nobles personnages bibliques décourageait une telle
comparaison.
Comme je continuais ma recherche, une chose m'appa-
rut clairement : il y avait une explication logique et métho-
dique de ce qui m'était arrivé cette nuit-là. La providence
aidant, mon premier indice surgit de la lecture d'un livre
que quelqu'un m'avait recommandé pour une raison tota-
lement différente. J'y découvris en effet, non seulement
la signification psychologique de ce qui s'était passé, mais
aussi une entière tradition fondée sur la recherche de
l'«illumination» et les bienfaits qu'elle était supposée con-
férer à celui qui en faisait l'expérience.
Selon cette explication, j'étais passé par un éveil de la
Kundalini, d'après la terminologie de la discipline orien-
tale du Yoga. D'autres lectures sur le sujet me le confir-
mèrent. Je découvris aussi que tel était l'objectif de pres-
que toutes les disciplines religieuses orientales : le yoga,
la contemplation, les austérités, la dévotion religieuse dans
30 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

ses multiples formes, la méditation, les rites secrets et les


rituels. Ce qui m'embarrassait, c'était que je n'avais pas
de connaissance préalable de ce phénomène. Je n'avais
pratiqué aucune discipline orientale. Ironiquement, cette
solution à ma recherche antérieure déboucha seulement
sur d'autres questions et d'autres recherches.

3. L'équivalence de la Kundalini dans l'enseigne-


ment chrétien
L'objectif suivant était d'expliquer pourquoi cette
expérience m'était arrivée. Dans mes lectures, il m'appa-
rut que ce n'était pas chose commune, même parmi les
adeptes du yoga et d'autres disciplines orientales leur vie
durant. Or, puisque mon approche de la vie spirituelle
était entièrement chrétienne dans son orientation et que
je ne trouvais pas dans le christianisme d'exemples sus-
ceptibles de me guider, j'en conclus que l'Orient et l'Occi-
dent ne pouvaient être après tout, pas aussi éloignés l'un
de l'autre.
Il m'apparut que les différences entre ces approches
étaient plutôt des questions relevant de point de vue et
de conceptualisation plutôt que quelque chose d'essentiel.
En vérité, elles conduisaient au même but. Il me sembla
que ce que les Orientaux appelaient l' «éveil de la Kunda-
lini» (ou «illumination») était appelé dans la tradition chré-
tienne : «le Second Avènement du Christ». Dans les deux
cas, il s'agit de manifestations psychophysiques; mais les
chrétiens du courant traditionnel soutiendraient le
contraire.
Bien que cette assertion puisse paraître discutable, je
suis persuadé que lorsque l'objectif de ce livre, c'est-à-
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 31

dire la présentation d'une nouvelle interprétation et appré-


ciation du rôle de Jésus-Christ sera atteint, ma cause sera
entendue.
Les conclusions que je tirai d'abord de la comparaison
entre «le Second Avènement du Christ» et la Kundalini
étaient fondées sur un examen critique des aspects psycho-
logiques de ma propre expérience. Je me rendis compte
que la très forte attente du «Second Avènement» qui, peu
à peu, avait grandi en moi, avait probablement déclen-
ché mon expérience de la Kundalini. Bien sûr, je ne
m'attendais pas à voir littéralement le ciel s'ouvrir pour
révéler un Christ physique et des foules d'anges avec des
ailes. Mes conceptualisations religieuses avaient dépassé
ce stade-là.
Je m'étais efforcé de cultiver une attitude de réconci-
liation en moi-même en vue de permettre au Principe que
le Christ représentait de se fixer et de grandir. Après
l'expérience, je sentis que ceci avait été accompli. L'inté-
gration et l'identification que j'éprouvais m'imprégnaient
de telle manière que si le Christ avait dû se manifester
dans la chair et prendre la demeure physique de mon
corps, je n'aurais pas ressenti le besoin de changer quoi
que ce soit dans ma vie. Psychologiquement, le Christ était
véritablement venu pour moi.
Après cette évaluation initiale, je m'appliquai à recher-
cher un «Principe de Connection» qui serait objectif et
qui montrerait l'unité de dessein sous-jacente dans la doc-
trine chrétienne telle qu'elle est esquissée dans le Nou-
veau Testament - particulièrement les Evangiles - et
la pensée orientale. C'était bien beau d'être convaincu,
encore fallait-il le démontrer!
Cette tâche ne fut pas facile au début car il n'y avait
aucune référence explicite à la Kundalini dans la Bible,
32 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

excepté l'expérience de Saül de Tarse. Du côté oriental,


il était aussi difficile d'obtenir la «formule de conversion».
Les débats sur ce sujet dans la littérature se dérobaient
sous le symbolisme. Cependant, après plusieurs années
de recherches extensives et intensives, mes efforts en vue
de situer les approches de la spiritualité en Orient et en
Occident dans le même contexte général furent couron-
nés de succès.
La clé du problème résidait dans la reconnaissance de
la différence principale entre ces approches. En Orient,
l'expérience est devenue l'objectif d'une discipline reli-
gieuse, et elle est même sollicitée directement, tandis que,
dans la foi chrétienne, l'attention est volontairement éloi-
gnée du phénomène de l'expérience elle-même. Nous
avons donc dans le christianisme plusieurs règles concer-
nant l'éveil convenable de cette «Energie», mais tout ceci
n'est vrai que pour la chrétienté dans son état pur ou conçu
comme tel et non telle qu'elle existe aujourd'hui. D'autre
part, de nombreuses manifestations de l'éveil de la Kun-
dalini sont traitées comme des processus religieux plutôt
que psychologiques. On s'y réfère, par exemple, sous le
nom de «dons de l'Esprit» ou «fruits de l'Esprit».
Le «Second Avènement du Christ» était destiné à cons-
tituer le chapitre final de l'épanouissement dans l'œuvre
du chrétien. Cet événement devait l'unir pleinement avec
le Principe ou le Dessein qu'il s'efforçait d'accomplir dans
sa vie chrétienne. Contrairement aux interprétations tra-
ditionnelles du «Second Avènement du Christ», celui-ci
ne devait pas être considéré comme un événement physi-
que localisé mais comme un événement psychologique.
Toutes les références des apôtres racontant cet événement
comme une manifestation physique devraient être consi-
dérées comme symboliques.
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 33

L'atmosphère psychologique du «Second Avènement»


émane très clairement des écrits de Paul et de Jean,
auteurs des épîtres et de l' Apocalypse. Paul dit :
« ... Il apparaîtra à tous ceux qui le cherchent pour
la seconde fois sans péché et pour le salut».
Il est bon de remarquer que l'attente joue ici un rôle.
Qui plus est, d'après ce texte, le «Second Avènement»
est considéré comme une assistance en vue du salut plu-
tôt que la concession du salut.
D'après les écrits deJean on comprend que le «Second
Avènement» ne devait pas être localisé dans une période
particulière de l'histoire du monde. Dans son enseigne-
ment sur l' «Anté-Christ qui doit immédiatement précéder
le Christ dans son avènement», Jean a dit :
« ... tout esprit qui ne proclame pas Jésus-Christ
incarné n'est point de Dieu; c'est l'esprit de
l' An té-Christ, dont vous avez entendu dire qu'il
vient, et il est dès à présent dans le monde» (!Jean 4:3).
Ceci démontre sans aucun doute quel' Anté-Christ était
une réalité à l'époque de Jean et, de surcroît, que le
«retour» du Christ était aussi une réalité à la même
époque.
L' Apocalypse dit aussi : « ... Le voici qui vient sur les
nuées; et tout œil le verra» (Apocalypse 1:7), indiquant
ainsi que les chrétiens ne devaient pas chercher une ren-
contre à l'extérieur d'eux-mêmes mais à l'intérieur. Fina-
lement dans l'Evangile de Matthieu, Jésus dit :
«En vérité, il y en a parmi ceux qui sont ici qui
ne goûteront pas la mort, avant d'avoir vu le Fils
de l'Homme venant dans son royaume» (Mat-
thieu 16:28).
Cela signifie-t-il qu'il y avait des gens qui vivaient au
temps de Jésus - et qui sont encore vivants aujourd'hui
- dans l'attente de sa venue?
34 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

4. La place de la « Kundalini» dans les enseigne-


ments de Jésus
Lorsque je fus convaincu que la chrétienté biblique était
réellement orientée vers une sollicitation de l'expérience
de la Kundalini, je commençai à rechercher dans les Evan-
giles une structure sous-jacente susceptible de le prouver.
De nombreux indices confirmaient qu'il existait un paral-
lèle exact entre la liste des pratiques requises pour éveil-
ler progressivement la Kundalini et un grand nombre d'ins-
tructions données dans les propos de Jésus. En maintes
occasions, au cours de son enseignement, Jésus donnait
réellement les instructions sur la manière dont un indi-
vidu pouvait éveiller cette Energie en lui.
Autre chose devint évident : si tout cela n'était pas
explicite dans le Nouveau Testament la raison en était
que la psychologie mise en œuvre se fondait moins sur
des modèles théoriques que sur des applications pratiques.
Jésus lui-même devait être un symbole vivant de l'active
Kundalini et, qui plus est, il symbolisait le processus lui-
même dans ses aspects dynamiques. L'objectif global con-
sistait à appeler un individu à modeler sa vie sur celle de
Jésus-Christ et, à partir de là, un certain alignement de
ses énergies devait prendre place. Quand un alignement
parfait était obtenu, cet individu devait faire l'expérience
de l'éveil de la Kundalini et du «retour» du Christ.

5. De l 'Eden à Gethsemani
Lorsque les correspondances que j'avais découvertes
entre les systèmes orientaux et ceux de la chrétienté bibli-
que eurent pris une forme plus précise, il devint évident
que le fondement de la pensée biblique remontait à une
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 35

lutte avec le principe qui sous-tend le processus de la Kun-


dalini. A cet égard, l'histoire de la chute de l'homme de
l'état paradisiaque dont il bénéficiait dans le Jardin d'Eden
jusqu'au Plan de Dieu pour sa rédemption - accomplie
à travers la consécration par Jésus-Christ de Lui-même
dans le jardin de Gethsemani - peut être appréciée
comme une explication hautement symbolique du proto-
cole psychologique que l'on doit observer pour atteindre
l'état désigné sous le nom d'«illumination».
La première partie de cette histoire de la chute porte
sur l'infructueuse tentative de l'humanité en vue de maî-
triser la Kundalini et le principe sous-jacent. La seconde
partie, à savoir la consécration par Jésus-Christ de Lui-
même à la cause de l'unification de Dieu et de l'Homme,
représente la voie par laquelle cette Kundalini est finale-
ment maîtrisée.
La relation entre l'histoire de l'Eden et le processus de
la Kundalini est explorée en détail dans le sixième chapi-
tre. Toutefois, certaines des correspondances entre les
principaux symboles dans l'épisode de !'Eden ainsi que
des idées concernant la Kundalini et l' «illumination» seront
examinées ici.
Dans l'histoire de l'Eden, nous avons l' Arbre de Vi6,
!'Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal,Adam et
Eve et le Serpent, maintenant infâme.
Nous allons d'abord considérer le Serpent. Ceci se
réfère au processus de la Kundalini se dégageant de la base,
concept qui rend compte de certaines pratiques orienta-
les utilisées pour éveiller cette force psychique. Dans ces
traditions orientales, la Kundalini est aussi nommée «pou-
voir du Serpent». Probablement parce que les sensations
psychophysiques éprouvées quand cette énergie est acti-
vée sont comparables aux reptations du serpent. Ces con-
36 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

torsions du Serpent fournissent un symbole adéquat de


la manière dont la Kundalini restructure la vie d'une
personne.
Le symbolisme del' Arbre de la Connaissance du Bien
et du Mal se rapporte au «libre arbitre» qui est obtenu
lorsque la «Kundalini», jusqu'alors enfermée, est libérée.
Le «libre arbitre» devient la porte par laquelle l'huma-
nité peut affecter le monde en bien ou en mal. Quand
un individu utilise ses énergies à imposer ses propres des-
seins sur le monde, le résultat en est «la volonté de puis-
sance»; c'est la culture de cette dernière qui est décrite
comme se nourrissant de 1' Arbre de la Connaissance du
Bien et du Mal.
Quant à l' Arbre de Vie, celui-ci représente le Principe
christique. C'est le principe de celui qui vit, non pour lui-
même mais pour !'Universel, pour le bien-être collectif
de ! 'humanité.
Dans les deuxième et troisième chapitres de la Genèse,
Adam et Eve furent chassés du Jardin après avoir mangé
le fruit del' Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal.
Leur bannissement eut lieu parce que Dieu (les Elohim)
avait peur qu'ils goûtent au fruit del' Arbre de Vie et qu'ils
deviennent semblables aux Elohim. Ce terme, les Elohim,
est pluriel et se rapporte aux Etres Célestes glorifiés. Ceci,
en vérité, nous donne la clé de la voie à suivre en vue
d'obtenir l'illumination. En réalité, ce n'est pas tant
l' Arbre de Vie qui était interdit, c'était plutôt qu'il aurait
dû être partagé avec les autres en premier lieu.
Cela signifie que le Principe d'unité ou d'unicité que
l'Arbre de Vie symbolisait devait être observé avant d'uti-
liser le «libre arbitre» d'une manière constructive. La pos-
session du «libre arbitre» avant la reconnaissance de cette
unité dégénère en «volonté de puissance». Etant donné
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 37

que cette dernière et la vie en tant que Principe ne sont


pas compatibles, la personne est incapable de partager
l'état unitif de conscience suggéré par !'<<illumination» tant
que la volonté de puissance est présente.
Les rôles occupés par Adam et Eve sont ceux de deux
aspects de l'esprit humain tels qu'ils sont représentés par
l'intellect et les émotions - les pôles positifs et négatifs
de la conscience. Le Drame de l'Eden nous apprend que
la coalition de l'aspect émotionnel de l'homme avec la
réserve psychique d'énergie emprisonnée que représente
la Kundalini (le pouvoir du Serpent) transforme le «libre
arbitre» en «volonté de puissance». Telle est la véritable
chute de l'homme. Sa rédemption réside dans la restau-
ration de !'Energie psychique dans son usage approprié,
et c'est ce que Jésus-Christ représentait et qu'il a enseigné.
PREMIERE PARTIE

L )insuffisance
du contexte historique
concernant Jésus-Christ

"En vérité, en vérité, Je vous le déclare,


avant qu'Abraham fût, Je Suis.»
Uean 8:58)
CHAPITRE PREMIER

Nécessité d'une réévaluation


du rôle de Jésus-Christ

1. Les avantages d'une approche psychologique


Le résultat direct d'une expérience personnelle telle que
celle décrite dans l'introduction est la prise de conscience
que la modification du cadre de référence peut entraîner
une nouvelle dimension de signification, éloignée des inter-
prétations traditionnelles des idées religieuses. Dans mon
cas, il m'apparut qu'un cadre de référence psychologique
rendrait mieux compte du concept important et des doc-
trines de la chrétienté qu'un cadre théologiquement
orienté.
La raison en est que la plupart de ces idées et concepts
sont exprimés dans un langage symbolique. D'ordinaire,
une fois que la couche extérieure de formalisme est déca-
pée, on trouve dans la plupart des religions, un héritage
commun de symboles qui transmettent les mêmes «mes-
sages» émotionnels à leurs adhérents respectifs. C'est
pourquoi les chances de ceux qui veulent extraire une
signification personnelle des concepts de leur propre reli-
gion sont d'autant plus grandes que les contacts avec les
42 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

religions des autres cultures sont nombreux. C'est dans


ce domaine que la psychologie se révèle plus efficace que
la théologie.
La psychologie explore le niveau des émotions et des
motivations de l'existence ainsi que les voies par lesquel-
les des croyances particulières et des hypothèses affectent
des vies humaines. En tant que tel, l'objet de la psycho-
logie est le processus à la fois souterrain et au-dessus de
la surface de la conscience.
La théologie, par contre, est moins concernée par une
évaluation des croyances soit horizontale soit intercultu-
relle. Elle est plus orientée dans le sens vertical, utilisant
des méthodes sérieuses d'enquête intellectuelle dans l'exa-
men de la validité des croyances religieuses. Son princi-
pal but est de découvrir la véritable Révélation, de con-
naître la Volonté de Dieu. A cause de cette orientation
la théologie se contente de trouver des réponses aux ques-
tions posées par des esprits désireux de clarté mais, ce fai-
sant, elle néglige les raisons qui ont motivé ces questions.
Les similitudes dans les schémas d'explications et dans
l'usage des symboles issus des relations interculturelles
peuvent aussi lui échapper.
C'est l'étude de la figure centrale de la religion chré-
tienne, Jésus-Christ, qui va nous fournir, de la manière
la plus claire, la démonstration de la différence entre les
approches théologiques et psychologiques dans la recher-
che d'une perception spirituelle. Dans la théologie chré-
tienne, Jésus-Christ est considéré comme un phénomène
sans précédent sur l'écran de l'histoire. Ses enseignements
sont compris à un niveau superficiel et sans grand effort
pour voir la réalité psychologique qui correspond à son
enseignement verbal. Bien que quelques tentatives aient
été faites pour trouver des points de comparaison entre
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 43

les enseignements de Jésus-Christ et ceux de l'Ancien Tes-


tament, on n'est pas allé jusqu'à établir un schéma de
comparaison entre ces enseignements et ceux des autres
religions mondiales.
Dans le cadre de référence de la psychologie, des lignes
d'affinités apparaîtront entre Jésus-Christ et des maîtres
tels que «Bouddha, Krishna, Lao-Tseu, et d'autres. On
pourra même en arriver au point de voir en ces grandes
figures religieuses des manifestations extérieures d'une
réalité psychologique intérieure. C'est-à-dire des symbo-
les d'un ordre particulièrement élevé. Cette catégorie spé-
ciale de symboles a été appelée «Archétype» par le fameux
psychanalyste Carl Gustav Jung. Le terme était employé
avec prudence par le Docteur Jung pour représenter «ces
contenus psychiques qui n'ont pas encore été soumis à
une élaboration consciente et qui représentent donc la don-
née immédiate d'une expérience psychique» (1). On se
rendrait compte, en situant Jésus-Christ dans cette caté-
gorie, de la nécessité de tirer des «élaborations conscien-
tes» de ce qu'il devrait signifier pour nous à l'époque où
nous vivons.

2. Le pouvoir de transformation d'un symbole


religieux
Appeler Jésus-Christ, dont nous savons qu'il est une
figure de l'histoire, un symbole, n'est-ce pas suggérer qu'il
représente quelque chose qu'un personnage historique ne
suffirait pas à incarner? Ce dernier, en effet, doit être né
dans une culture et dans une race particulière et à une
époque précise de l'histoire du monde, ce qui a pour effet
de limiter l'universalité de ce qu'il représente.
44 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

Voir Jésus-Christ comme un symbole signifie également


qu'il est impossible de comprendre la personne histori-
que de Jésus avant d'avoir fait la connaissance du Prin-
cipe Divin qu'il a exprimé. Cela signifie également que
le mental de l'homme ne pourrait jamais connaître tout
ce qu'il faut savoir à son sujet sans être progressivement
amené à devenir comme Il était (2). Hors de ceci, tout ce
que nous pensons savoir au sujet de Jésus-Christ n'est
qu'une projection de nous-mêmes sur sa personne. Ceci
n'est pas limité au seulJésus-Christ. C'est une des carac-
téristiques d'un symbole (particulièrement de la catégo-
rie des Archétypes) que de réduire une réalité d'une
dimension supérieure de l'existence à une autre qui
s'ajuste aux circonstances individuelles des gens. Ceci per-
met à cette réalité d'avoir une représentation, bien que
déformée, dans la conscience d'une personne.
Or, le Jésus-Christ de l'Histoire était une représenta-
tion del 'homme accompli; mais à nouveau, cette personne
historique est encore trop transcendante pour la conscience
humaine ordinaire; c'est pourquoi il est encore réduit au
symbole de la croix. La croix, en tant que véritable
symbole religieux, condense l'idée du sacrifice, le prin-
cipe d'une conscience supérieure qui s'abaisse jusqu'à la
conscience inférieure afin de la revitaliser. Pour un grand
nombre de gens, il y a toutefois une barrière émotion-
nelle; le mental ne va pas au-delà de la croix considérée
comme un insigne institutionnel identifiant l'adepte de
la foi chrétienne. Dans ce cas, nous pouvons dire que son
potentiel de revitalisation de la conscience personnelle s'est
émoussé. La croix devient alors un symbole dénué de vie.
Une analogie permettant d'aider à comprendre la mort
d'un symbole peut se trouver dans une anecdote concer-
nant l'introduction du thé en Angleterre. On raconte que
des gens ordinaires qui avaient trouvé ce nouveau pro-
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 45

duit, après l'avoir fait infuser selon les instructions, con-


servèrent les feuilles de thé déjà utilisées et jetèrent le
liquide. Apparemment, ils se demandèrent pourquoi on
faisait si grand cas de cette nouvelle chose appelée thé.
De la même manière, certaines personnes adoptent par-
fois un symbole religieux et révèrent sa forme extérieure
sans que leur conscience ait assimilé la leçon applicable
à la vie que le symbole s'efforce de représenter. Une des
raisons qui a contribué à dévaloriser l'image de Jésus-
Christ en tant que symbole dans l'esprit des individus
apparaît lorsque certains débats entre chrétiens au sujet
des points les plus subtils du dogme leur font manquer
des occasions d'assimiler un concept et de lui donner
expression et réalité dans les affaires quotidiennes de la
vie. Si nous prenons par exemple le concept le plus impor-
tant dans l'enseignement chrétien, celui de« salut», nous
pourrions trouver plusieurs interprétations sur ce qu'est
ce «salut» et sur la manière dont un individu pourrait en
profiter. Nous trouverions des positions dans ce débat qui
s'étendraient à partir de ceux qui considèrent ce «Salut»
simplement comme une partie de leur tradition chrétienne
jusqu'à ceux qui soutiennent que, pour ce faire, il suffit
d'accepter Jésus-Christ comme sauveur, ce qui signifie
que chacun doit consentir verbalement et émotionnelle-
ment à ce «salut» dont nous présumons qu'il nous a été
offert par Jésus-Christ à travers ses souffrances et sa cru-
cifixion. Pour ceux qui voient ce «salut» dans un contexte
plus culturel, il est amplement suffisant qu'une personne
soit née de parents chrétiens, baptisée dans sa petite
enfance, et que, peut être, elle fréquente l'église de temps
à autre. Les intégristes les plus radicaux, quant à eux,
font preuve d'une polarisation encore plus poussée sur des
questions en rapport avec le «Salut», telles que : une per-
sonne qui est «sauvée» une fois l'est-elle définitivement?
46 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

La foi seule est-elle suffisante pour assurer le salut ou bien


faut-il y ajouter les œuvres? etc.
Si cette stagnation était simplement l'affaire privée des
chrétiens convaincus, alors il n'y aurait pas lieu de cher-
cher plus loin. En fait cela entraîne des conséquences qui
affectent chacun de nous. La première, lorsqu'on ne voit
pas le sens caché derrière un symbole religieux d'origine
étrangère, est la dégénérescence du culte en un rituel vide
dans lequel la croyance devient un dogme. Nous décou-
vrons ensuite que les manifestations extérieures de l'hom-
mage telles que le port d'une croix autour du cou et le
respect du symbole sont privées de toute signification et
de toute conviction intérieure. Progressivement, la reli-
gion cesse alors d'être une manière de susciter des expé-
riences personnelles intérieures pour devenir une source
de division et de guerres.
Il y a une autre conséquence plus subtile en nature mais
aussi pernicieuse, c'est l'idolâtrie. Au cours de la dernière
décennie, nous avons pu observer une vague ascendante
de croyants qui voient et présentent Jésus-Christ comme
une potion magique pour tous les problèmes de la vie.
Non seulement ils le considèrent comme la solution aux
problèmes personnels de solitude, de maladie, aux épreu-
ves économiques et financières, mais elle est présentée
comme l'ingrédient secret qui peut faire de chacun un
«gagneur» dans le «jeu» de la vie. Tous les jours, nous
pouvons voir ces personnes qui ont testé ces formules de
succès, apparaître sur l'écran de télévision pour affirmer
que leur foi en Jésus-Christ a été le facteur décisif de leur
succès.
On se souvient alors de la réponse de Jésus aux gens
qui désiraient devenir ses disciples immédiatement après
avoir assisté au miracle de la multiplication des pains. Il
leur dit :
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 47

« ••• vous me cherchez, non parce que vous avez


vu des miracles, mais parce que vous avez mangé
du pain à satiété», Qean 6:26).
Pour faire en sorte qu'un symbole ne meure pas pro-
gressivement en nous, c'est-à-dire pour l'empêcher de per-
dre sa capacité de nous rappeler quelque chose de supé-
rieur et de nous propulser vers lui - et pour l'empêcher
de devenir une idole - nous devons continuellement nous
demander si oui ou non nous savons en extraire toutes
les conclusions possibles. C'est un exercice nécessaire afin
de permettre au symbole vivant de continuer à grandir
en même temps que nous. La relation entre nous et nos
symboles est donc réitérative. Au fur et à mesure que nous
grandissons, nous sommes capables de voir plus avant
dans le symbole, et en retour cela nous aide à grandir
davantage. Pour cette raison, nous pouvons dire que cer-
tains symboles sont doués d'un pouvoir de transforma-
tion. Le défi pour nombre d'entre nous consiste à dépas-
ser la forme extérieure des symboles religieux pour attein-
dre l'essentiel de la réalité que chacun essaie de préserver.

3. Approfondissement du symbolisme religieux


Les symboles et les idées religieuses pourraient être uti-
lisés en vue de déclencher une réaction en chaîne de pri-
ses de conscience intérieures. Nous voyons que les histoi-
res, les personnalités, les observances qui constituent la
forme extérieure d'une religion ne sont pas importantes
dans la perspective à plus long terme du développement
du dessein intérieur, c'est-à-dire de la signification de la
vie humaine. Les différents concepts et les métaphores en
usage dans chaque tradition religieuse n'ont jamais été
destinés à être considérés comme les incarnations exclu-
48 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

sives ou les représentations de la vérité. Les diverses reli-


gions constituaient simplement des tentatives d'adapta-
tions locales d'une vérité éternelle par l'intermédiaire de
la culture particulière dans laquelle cette vérité s'était réa-
lisée. Par conséquent, la manière la plus appropriée de
représenter le but de la vie à une certaine époque et en
un certain lieu, peut ne plus être adéquate en un autre
temps et un autre lieu au sein du spectacle permanent du
développement de l'homme et de sa croissance.

Quand un individu est capable d'aller au-delà de la sur-


face d'un symbole religieux jusqu'à sa plus grande pro-
fondeur, il est récompensé par l'opportunité de faire
l'expérience directe de ce qui réside à l'intérieur, souvent
caché par la structure extérieure du formalisme religieux.
Telle est l'expérience du «Numineux». Le «Numineux»
est défini dans le dictionnaire de Webster comme : « 1.
Surnaturel, mystérieux; 2. Rempli par le sentiment de
la présence de la divinité : saint; 3. Faisant appel aux émo-
tions les plus élevées ou à un sens éthique : spirituel.» En
réalité, le « Numineux» est quelque chose qui échappe à
toute définition. C'est ce qui ne peut être décomposé en
mots mais qui doit être d'abord éprouvé individuellement
pour être compris. Ce que l'on peut faire de mieux pour
expliquer le «Numineux» c'est de considérer la vie de ceux
qui l'ont rencontré. Généralement, ces individus assurent
avoir eu un aperçu de la signification profonde de la vie,
et avoir éprouvé une crainte révérentielle, de la joie, une
faculté de compréhension accrue, et un sentiment d'amour
universel, d'unité, d'accord, d'harmonie, etc. lndépen-
demment de la forme personnelle sous laquelle il peut être
rencontré, le «Numineux» laisse sa marque. L'individu
peut sentir que sa vie entière, du moins jusqu'au moment
de la rencontre, n'était qu'une longue préparation pour
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 49

cet instant précis, et il peut décider de consacrer une plus


grande partie de sa vie à des recherches dans le domaine
spirituel et humanitaire.
Cette rencontre de l'individu avec le «Numineux» sera
immédiatement accompagnée de la faculté de voir une
unité sous-jacente de quête spirituelle dans toutes les plus
grandes religions du monde, avec l'expérience du «Numi-
neux» comme but commun. Ce contact avec la «Numi-
nosité» peut donc abolir pour toujours l'importance accor-
dée auparavant à la forme extérieure.
Aucune religion n'a le monopole du «Numineux» car
la relation entre le «Numineux» et les différentes formes
religieuses rappelle celle qui existe entre le pic de la mon-
tagne et ses flancs. Tout comme on peut atteindre le pic
en escaladant la montagne à partir de ses différents ver-
sants, on peut aussi faire l'expérience du «Numineux»
à partir de différentes perspectives religieuses. En fait, une
rencontre personnelle avec le «Numineux» peut-être hâtée
par une familiarité avec plus d'une grande tradition reli-
gieuse. Cela accroîtra les chances de voir ce qui se trouve
au-delà de la structure formelle c'est-à-dire ce qui, de par
sa nature même, est dépourvu de forme.

4. Résultats bénijz'ques apportés par la réévalua-


tion de Jésus-Christ
Avec ce qui précède à l'arrière-plan, nous pouvons
maintenant nous demander si nous sommes concernés par
une meilleure représentation de Jésus-Christ et dans quelle
mesure. Toutefois, avant de répondre directement à cette
question, il convient de souligner qu'il n'y a rien
d'extraordinaire dans le fait d'essayer d'obtenir une idée
50 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

plus claire de ce qu'un archétype tel que Jésus-Christ


représente. Actuellement, c'est tout le contraire. Pour
qu'une civilisation quelconque s'améliore, elle doit pério-
diquement réviser les affirmations et les croyances qui
façonnent la pensée et la manière de vivre de son peuple.
La manière dont une société primitive peut avancer au
fur et à mesure que son idée de Dieu se transforme est
un bon exemple de ce processus de réévaluation : initia-
lement, cette société peut attribuer les phénomènes atmo-
sphériques tels que la pluie, l'éclair, le tonnerre ou le vent
à des expressions personnelles du dieu qu'elle a concep-
tualisé. Au fur et à mesure que la société avance dans la
connaissance des processus tels que les cycles du temps
et des récoltes, elle accepte plus de responsabilités pour
sa propre survie. Les individus dans cette société devien-
nent capables de planifier, d'améliorer les pratiques agri-
coles, de conserver de la nourriture, de pratiquer la domes-
tication des animaux, ainsi de suite. En effet, la société
primitive redéfinit son concept de Dieu au fur et à mesure
qu'elle progresse. Primitivement, Dieu était un être dont
on ne connaissait pas l'humeur alors que, maintenant,
la société est capable de retirer certaines de ses projec-
tions de cet Etre et d'améliorer sa chance de survie.
Lorsqu'une société quelconque - notamment une
société industrialisée - néglige d'actualiser ses «mythes»
et de progresser dans l'interprétation de ses symboles, il
se produit de sérieux déséquilibres entre sa connaissance
des techniques et le sentiment de sa propre responsabi-
lité. Nous aurons alors une société avec une super-
structure florissante de connaissances scientifiques et de
progrès technologiques reposant sur des fondements phi-
losophiques et moraux caractéristiques d'une structure
sociale figée dans un esprit de clocher. Le progrès impli-
que bien plus qu'un accroissement de la technologie; il
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 51

requiert une vision accrue de la part de ceux qui manient


les techniques offertes par la technologie.
Le premier bienfait spécifique apporté par la réévalua-
tion de la place de Jésus-Christ dans la structure de notre
foi est un monde plus humain et plus sûr. Ceci en raison
du fait que le très grand nombre de gens qui, dans la popu-
lation mondiale, le considèrent comme leur idéal religieux
bénéficiait également de la plus grande avance technique
et de la prospérité économique.
Si la réévaluation améliore la vision mentale des indi-
vidus concernant ce que Jésus-Christ a pleinement reflété
et de ce fait amène un changement dans la conscience de
l'homme occidental, cela doit par la suite amener un chan-
gement dans l'orientation de sa technologie qui passera
d'une tendance destructive à une tendance constructive.
Il serait alors possible de trouver une solution aux
problèmes les plus urgents qui se posent au monde
d'aujourd'hui : la maladie, la faim, l'ignorance, la des-
truction de l'environnement, et les ravages des catastro-
phes naturelles. Les avantages d'une telle disposition appa-
raîtraient bien plus pratiques et plus logiques que l'ordre
antérieur qui aboutit à une destruction certaine.
En dernier lieu, une réévaluation de Jésus-Christ à un
niveau individuel doit conduire à un éveil de ce symbole
dans l'esprit de l'individu et, finalement, à l'expérience
du «Numineux». Une fois que l'individu a établi le con-
tact avec lui, il rejoint ce qui peut être appelé «un cercle
intérieur de l'humanité». Ce n'est ni un club ni une société
secrète. Il rassemble des gens de tous les milieux qui ont
pris conscience du sens véritable de l'humanité et qui con-
tribuent activement à la cause de la vie en tant que prin-
cipe. Ce «cercle intérieur» constitue une réserve d'où peu-
vent émerger de temps à autre des visionnaires, des réfor-
52 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

mateurs sociaux et religieux, des inventeurs, des guéris-


seurs et même des leaders politiques. Chaque individu
éveillé élargit ce cercle et accroît ainsi les possibilités d'une
amélioration générale de la condition humaine à une
échelle mondiale.
CHAPITRE II

Le Principe représenté
par Jésus-Christ

1. Les insuffisances des récits de l 'Evangz"le


concernant la vie de Jésus-Christ
La rareté des faits historiques concernant Jésus-Christ
est déjà pour nous l'indication qu'une compréhension
pleine et entière de Lui doit passer par celle du Principe
qu'il représentait. Même les Evangiles considérés par les
chrétiens comme une biographie qui fait autorité sont très
succincts sur des détails essentiels. Par exemple, ils ne don-
nent aucune information sur une périe de de dix-huit ans
dans la vie de Jésus : nous le voyons à sa naissance, puis
à l'âge d'un an, il apparaît à nouveau, encore mais briè-
vement à l'âge de douze ans, et finalement de trente à
trente-trois ans.
Une autre indication concerne le «problème des Synop-
tiques», c'est-à-dire les récits de sa vie, apparemment
parallèles et qui se trouvent dans les Evangiles de Mat-
thieu, de Marc et de Luc. Ils sont suffisamment d'accord
dans les détails pour nous convaincre de la réalité histo-
rique de Jésus; toutefois, ils diflèrent en ce qui concerne
54 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

la succession des événements et le contexte de certains


enseignements, si bien que l'exactitude de ces documents
pourrait être sujette à caution.
Bien que des explications plausibles aient été données
en réponse au problème des synoptiques, certains doutes
subsistent. Par exemple il a été suggéré que l'Evangile
de Marc a été écrit le premier et qu'il a servi de source
documentaire aux auteurs de «Matthieu» et de «Luc»;
certains érudits considèrent que les rédacteurs de «Mat-
thieu» et de «Marc» ont tiré une information complémen-
taire d'une source non identifiée; qu'ils l'ont appelée «Q»
(de l'allemand «Quelle» qui signifie «Source»). Le pro-
blème des Synoptiques met en lumière des implications
théologiques concernant l' autorité que des individus
appartenant à la Foi chrétienne accordent à la Bible. Les
chrétiens croient que la Bible est l'authentique Parole de
Dieu; toutefois, dans un travail d'ordre profane, ils exi-
geraient un plus grand degré d'exactitude que celui qui
est collectivement offert par les Evangiles. Un travail pro-
fane bénéficierait globalement d'un accueil moins favo-
rable. Sans faire preuve d'irrévérence, on peut se
demander si les inconsistances que l'on trouve dans les
Evangiles ont été examinées par Dieu et si elles avaient
été uniquement conçues comme une documentation his-
torique de la vie de Jésus-Christ.
Quoi qu'il en soit, l'exactitude et la valeur des Evan-
giles ne sont enjeu que lorsque leur valeur première, fon-
damentale, est considérée dans un contexte historique et
biographique. Un contexte psychologique pour Jésus cons-
tituerait une alternative qui permettrait de mieux le cer-
ner. Dans ce cadre, nous verrions que le drame, de la nais-
sance de Jésus, de ses activités et de son enseignement,
de sa mort et de sa résurrection, a une signification plus
profonde dans le contexte plus vaste des besoins psycho-
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 55

logiques du genre humain. Ces besoins vont de la recher-


che de la signification du flux perpétuel de la vie à la
découverte d'un but individuel hors de ce flux.
Le choix du contexte psychologique en opposition à
celui qui est fondé sur les faits, le contexte historique, se
justifie par deux raisons : la première met en cause la
capacité des contemporains de comprendre la personna-
lité de Jésus et donc de relater sa vie avec exactitude et
sans aucun préjugé.
Des écrits concernant les activités de tels personnages
apparaissent souvent après leur mort, lorsqu'une tradi-
tion orale s'est instaurée en vue de leurs actions et de leurs
enseignements. Quant aux «Evangiles Synoptiques», les
dates approximatives de leur composition vont de 65 après
Jésus-Christ pour Marc jusqu'à 85 pour Matthieu et
Luc (1).
Cela signifie que le premier document écrit a été com-
posé environ 35 à 40 ans après le départ physique de Jésus.
Il va sans dire que les seuls documents exacts concernant
de tels personnages ne peuvent être que d'ordre psycho-
logique, c'est-à-dire les Principes sous-jacents dépeints
dans les récits de leurs œuvres et de leurs enseignements.
Les événements historiques mentionnés autour de ces «ins-
tantanés», ou profils psychologiques, restent au second
plan par rapport à l'objectif principal qui a motivé la com-
position de ces documents.
La deuxième raison découle de la première : il a été
suggéré que les vies de personnages tels que Jésus agis-
sent comme un aimant pour attirer «ces filaments de
mythe qui flottent partout dans l'air» (2). Cela signifie
que les récits de telles vies deviennent des canevas sur les-
quels plusieurs thèmes de la mythologie et de la légende
se combinent en un ensemble. Telle est l'opinion que le
56 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

mythologue Joseph Campbell développe dans son livre


«Occidental M ythology ».
Campbell signale que les principaux éléments extraor-
dinaires de la vie de Jésus, tels que sa Naissance virgi-
nale, son Enfance persécutée, sa Mort sacrificielle, et sa
Résurrection, préexistaient sous une forme ou sous une
autre dans les écritures et les mythes de peuples dispersés
sur toute la surface de la Terre et tout au long de l'histoire.
En vérité, élément par élément, nous en trouvons la
confirmation, ce qui ne signifie pas que leur attribution
à Jésus puisse être mise en doute, mais que ceux qui rap-
portaient la vie de Jésus virent en lui l'accomplissement
de la nostalgie psychologique de tous les peuples telle
qu'elle s'exprime dans leurs religions et dans leurs mythes.
Nous allons examiner maintenant sous quelle forme cer-
tains de ces éléments extraordinaires ont été attribués à
d'autres personnages plus grands que nature.
En ce qui concerne la Naissance virginale, Campbell
nous dit que «simplement au niveau de la légende, sans
considérer la possibilité d'un miracle véritable, la Nais-
sance Virginale doit être interprétée comme un motif
mythique venu des Iraniens ou des Grecs et non de la
lignée hébraïque de l'héritage chrétien; et dans les deux
versions du récit de la Nativité (dans «Matthieu» et dans
«Luc») un plus grand nombre de motifs paraissent issus
de cette lignée païenne (3). Campbell fait ensuite un
parallèle entre les incidents entourant la Naissance de
Jésus et la naissance du dieu iranien Mithra, dont on disait
qu'il avait jailli d'un rocher - ce qui, en quelque sorte,
lui conférait une naissance virginale.
D'autres incidents dès l'enfance de Jésus, tels que la
tentative de le tuer perpétrée par Hérode, trouvent aussi
leurs parallèles dans la mythologie. Campbell signale à
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 57

cet effet des corrélations entre les mythes des Hindous,


les mythes des Hébreux et les écrits concernant Jésus :
dans la mythologie hindoue, la vie du dieu Krishna fut
en danger quand, alors qu'il n'était pas encore né, son
futur grand-oncle, le roi tyran Kansa décida de le sup-
primer dès sa naissance. Kansa, comme le roi Hérode chez
Matthieu, avait peur que Krishna ne le supplante. Mais
là, l'histoire prend un tour différent : Kansa tua les sept
premiers enfants nés de la mère de Krishna.
Cependant, miraculeusement, il manqua le huitième,
c'est-à-dire Krishna lui-même.
Dans la légende hébraïque, selon Campbell, le motif
se joue entre Abraham et Nemrod : dans cette légende,
le roi Nemrod, qui était aussi astrologue, apprit qu'un
enfant destiné à naître un certain jour deviendrait le fon-
dateur d'une religion rivale de la sienne. Il ordonna que
tous les enfants mâles nés pendant une certaine période
soient massacrés. Il réussit à faire tuer soixante-dix mille
enfants mâles, mais Abraham survécut à ce massacre
parce que sa mère se cacha dans le désert lorsque son
temps arriva (4).
Cette affirmation de Campbell est renforcée par d'autres
corrélations dans la mythologie grecque en relation avec
le thème de la Naissance virginale. Dans cette famille de
mythes, nous trouvons Pallas Athéna, déesse de la guerre,
à qui l'on attribue une naissance virginale en quelque
sorte : elle jaillit de la tête de Zeus, son père, adulte et
tout armée. Il en est de même pour Héphaïstos (Vulcain
dans la mythologie romaine), le divin forgeron et artisan
mis au monde par Héra sans l'aide de son mari Zeus, en
représailles de l'enfantement d'Athéna par celui-ci
La mort sacrificielle, autre élément extraordinaire de
la vie de jésus, a aussi des antécédents dans les religions
58 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

et mythologies d'autres cultures. Au premier rang de


celles-ci se trouve le Mithraïsme, religion d'origine ira-
nienne, organisée autour de l'adoration du dieu Mithra.
Dans l'adoration mithraïque, le centre d'intérêt était une
scène sacrificielle où un jeune homme tuait un taureau.
Cette scène était représentée sous forme de peinture ou
moulée dans le stuc. Elle montrait le jeune homme en train
d'accomplir cet acte quelque peu à contre-cœur. A sa
droite et à sa gauche on voit une figure masculine (à
laquelle on a donné le nom de «dadophore») portant une
torche. La torche de l'un est tournée vers le bas, indi-
quant ainsi la descente aux Enfers, tandis que la torche
de l'autre, dirigée vers le haut, signifiait l'ascension dans
les domaines célestes. Dans certaines représentations, un
des dadophores porte la tête d'un taureau tandis que
l'autre porte la tête d'un scorpion. Ces représentations
mettent l'accent sur l'aspect fécondant de la mort sacrifi-
cielle : au lieu de sang, c'est du grain qui suinte de la bles-
sure infligée au taureau.
La crucifixion de Jésus dans ses aspects sacrificiels pré-
sente une ressemblance considérable avec le dieu mithraï-
que lequel incidemment est antérieur à Jésus de cinq ou
six siècles. Qui plus est, certains motifs entourant la cru-
cifixion présentent des corrélations avec le Mithraïsme.
Par exemple, les deux voleurs qui étaient crucifiés de cha-
que côté de Jésus rappellent les deux dadophores dans la
scène mithraïque. Comme dans les torches symboliques
des dadophores, un des voleurs va au Paradis (en haut)
et l'autre en Enfer (en bas). Les similitudes entre la cru-
cifixion de Jésus et le Mithraïsme ne s'arrêtent pas là.
Dans le Christianisme, Jésus est considéré comme
«l' Agneau immolé» (Apocalypse 5:6; Actes 8:32), met-
tant ainsi l'acccent sur l'aspect sacrificiel de la crucifixion.
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 59

Par comparaison avec le thème mithraïque, il est pos-


sible de mettre en place une autre pièce du puzzle qui
entoure la scène de la crucifixion. Ceci concerne la décla-
ration attribuée à Jésus sur la croix : «Mon Dieu, Mon
Dieu pourquoi m'as-tu abandonné?» (Matthieu 27: 46,
Marc 15:34). Cette déclaration replaçait la responsabi-
lité du sacrifice non point tant sur Jésus lui-même que
sur le Père. Ici, c'est l'aspect de Jésus comme victime plu-
tôt que comme héros qui est mis en relief.
Finalement, dans la résurrection également, nous trou-
vons un motif de religions et de mythes antérieurs au
Christianisme. Dans la mythologie grecque, la mort et
la résurrection étaient attribuées à Dionysos qui était adoré
et célébré dans la Grèce ancienne avec du vin et des festi-
vités. L'adoration de Dionysos faisait partie des mystè-
res d'Eleusis qui, d'après Ciceron, aidait les hommes à
«Vivre dans la joie et à mourir dans l'espérance» (5).
Il convient que le dernier témoin invoqué pour attes-
ter le parallélisme entre les thèmes de la chrétienté et ceux
des autres religions et mythes del' Antiquité soit un chré-
tien. C'est pourquoi nous faisons appel à saint Augustin,
qui lui déclarait : «Ce qui est appelé la religion chrétienne
existait parmi les Anciens et n'a jamais cessé d'exister
depuis le début de la race humaine jusqu'à l'avènement
du Christ dans la chair, et c'est à cette époque que la vraie
religion qui existait déjà a commencé à être appelée
Christianisme».

2. L )histoire de la vie de jésus et de ses


enseignements en tant que sujet de l)art objectif
Le parallélisme entre les caractéristiques essentielles
de la vie de Jésus-Christ et les thèmes des religions et des
60 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

mythes ne jette pas le discrédit sur sa validité historique;


ce qu'il met en lumière c'est la nécessité de trouver une
structure d'intégration alternative différente de la struc-
ture historique et qui nous permette de mieux apprécier
Jésus et ses enseignements.
Il est évident que des hommes qui écrivent au sujet de
personnages tels que Jésus cherchent à satisfaire le besoin,
inhérent à toutes les cultures humaines, de trouver des
individus sur lesquels certaines caractéristiques peuvent
être projetées. Il s'ensuit que pour les rédacteurs d'ouvra-
ges tels que les Evangiles, l'exactitude historique dans la
description de la vie de Jésus-Christ passe au second plan,
car il s'agissait avant tout de présenter leur sujet de façon
à susciter des réponses mentales et émotionnelles spécifi-
ques de la part de leur lecteur. Cela placerait une littéra-
ture comme celle des Evangiles - avec leur problème
synoptique intact - dans la catégorie des ouvrages appelés
«art objectif».
Le concept d' «art objectif» se rapporte aux ouvrages
qui utilisent des formes d'art - littérature, sculpture,
peinture, musique, etc - en vue de créer ou d'engen-
drer des réactions émotionnelles dans les individus. On
peut en trouver un exemple dans l'une des histoires
d'Esope, le fabuliste grec (6). Il s'agit ici d'un laboureur
qui, au moment de mourir, afin de graver dans l'esprit
de ses trois paresseux de fils les récompenses d'un travail
honnête, les appela pour les informer qu'un trésor était
enterré dans son champ. Les garçons entreprirent aussi-
tôt de creuser le champ tout entier, mais comme ils ne
trouvèrent pas le trésor, il leur vint à l'esprit de semer
du grain dans le champ. Comme le champ avait été entiè-
rement retourné, la récolte qui en résulta fut très abon-
dante. Les jeunes gens purent retirer un bon profit de la
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 61

vente de leur récolte. C'est ainsi qu'ils décidèrent par la


suite de devenir des cultivateurs consciencieux.
L'essentiel de l'histoire réside dans le fait que l'on peut
communiquer un message plus efficacement en faisant
directement appel au centre de la volonté dans une per-
sonne, de la même manière que le cultivateur avec ses
enfants. Il est à remarquer que le cultivateur n'avait pas
menti à ses enfants quand il leur parla du trésor de son
champ. Simplement, sa signification était plus symboli-
que que ses enfants ne l'avaient comprise initialement.
Toutefois, comme le concept d'«art objectif» s'appli-
que spécifiquement à des écrits religieux, il concrétise des
formes d'art qui cachent plus profondément des vérités
mystiques sous une apparence de littéralité. Une autre
caractéristique de l'art objectif est que le sens mystique,
plus profond, de ce qui est présenté, n'est accessible
qu'aux générations futures, en même temps qu'aux per-
sonnes qui sont déjà en possession de la conscience mysti-
que. Il est rare qu'une œuvre d' «art objectif» émérite soit
compréhensible aux contemporains de celui qui l'a créée.
Dans un livre intitulé «The Master of Wisdom » (7),
son auteur, John G. Bennett, a lancé l'idée que l'Evan-
gile de Matthieu entre dans la catégorie d' «art objectif»
ou de «légamonisme»comme G.I. Gurdjieff, son maître
spirituel, l'a nommé. Monsieur Bennett soutient que cha-
cun des quatre Evangiles a été écrit à partir d'un point
de vue sociologique différent, celui de Matthieu étant le
plus mystique. Il a dit :
«Les quatre Evangiles ont été compilés par quatre dif-
férentes écoles de sagesse, chacune étant chargée d'une
tâche différente. C'est ainsi que l'Evangile de Marc
raconte l'histoire des événements tels qu'ils apparaissaient
à un disciple non initié. Ils pouvaient être reconnus et con-
62 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

firmés par des témoins oculaires ou par ceux qui avaient


été en contact avec eux, comme leurs enfants et leurs
petits-enfants. L'Evangile de saint Luc a été écrit en vue
de connecter la chrétienté avec la Tradition de la Grande
Mère par la Vierge Marie. Les chrétiens d'Asie ont vénéré
Marie pendant des siècles à tel point qu'elle a été virtuel-
lement déifiée. L'Evangile de saintJean est une interpré-
tation fondée sur la Tradition gnostique. Il exprime la véri-
table signification sous forme de symboles et, plus
qu'aucun autre, il met l'accent sur la nécessité d'une com-
préhension réciproque empreinte d'amour parmi les dis-
ciples.«Saint Matthieu» est, par excellence, l'Evangile des
«Maîtres de Sagesse». C'est un légominisme soigneuse-
ment construit selon le schème qui raccorde les trois
mondes.
Bien que Monsieur Bennett n'ait pas précisé la nature
de l'information dissimulée dans «Matthieu», son obser-
vation est une contribution importante qui nous aide à
déterminer la meilleure position pour un réexamen de
l'information qui nous est parvenue sur Jésus-Christ. Or,
une lecture superficielle des Evangiles ne suffit pas à nous
donner cette position. Il nous faut un certain cadre de réfé-
rence pour nous permettre de rassembler les éléments
épars de la vie de Jésus trouvés ici, et de les présenter
d'une manière globale.
L'idée que «Matthieu» a été écrit en légominisme et
«selon le schème qui connecte les trois mondes» (8)
exprime l'espoir que, dans cet Evangile, la veine sous-
jacente des vérités universelles qui caractérise ces œuvres
se trouve près de la surface.
Avant d'approfondir davantage les idées de Monsieur
Bennett concernant «Matthieu», il convient d'examiner
certains de ses termes de référence. Par exemple, il dit
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 63

que «Matthieu» a été écrit par les «Maîtres de Sagesse»


et «selon le schème qui raccorde les trois mondes». Le
concept de «Maîtres de Sagesse» est expliqué par ses édi-
teurs dans la préface de son livre (publié après sa mort)
comme s'appliquant à « ... une catégorie particulière
d 'hommes qui détiennent un degré d'intelligence large-
ment supérieur à tout ce que l'on peut atteindre par la
planification, le raisonnement et l'organisation». La des-
cription continue, «cette intelligence est elle-même
dépeinte comme une Sagesse, un ordre supérieur d'action
non limité à l'homme mais qui a créé les merveilles infi-
nies de la vie sur cette planète et même construit l'esprit
humain>> (9). Quant au concept des «trois mondes», ils
sont expliqués comme «le monde des corps physiques, le
monde du mental et le monde de la volonté» (10).
L'idée selon laquelle l'Evangile de Matthieu est impré-
gné d'une connaissance cachée, c'est-à-dire ésotérique,
est confirmée par l'information qui figure dans les der-
niers chapitres de ce livre. Jésus lui-même a indiqué, à
plusieurs reprises, que son enseignement renfermait un
aspect ésotérique. En une semblable occasion, il se référa
à un temps où tel aspect ésotérique se révèlerait lui-même.
Dans son exhortation à ses disciples, il dit : «J'aurais
encore beaucoup de choses à vous dire mais vous ne seriez
pas en état de les porter maintenant. Quand il viendra,
lui, !'Esprit de Vérité, il vous guidera vers la vérité tout
entière. Il ne parlera pas en effet de son propre chef, mais
il dira ce qu'il aura entendu et il vous annoncera l'ave-
nir» Qean 16:12,13).
Selon mon interprétation, cet esprit de vérité représente
l'esprit ou le principe d'éclectisme, c'est-à-dire de
synthèse. Celui qui est «possédé» par ce principe ne limite
pas sa recherche de la connaissance spirituelle à une tra-
64 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

dition religieuse déterminée, mais il l'élargit à plusieurs.


Il n'est pas nécessaire que cette personne appartienne à
une école ou à une tradition ésotérique pour obtenir cette
connaissance, car c'est elle qui se met à sa disposition,
même dans le plus connu de tous les domaines.
C'est donc l'attitude éclectique qui nous fournit le pre-
mier indice concernant le type d'information contenu dans
«Matthieu» et auquel Monsieur Bennett s'est contenté de
faire allusion.
Le premier indice de la veine de connaissance ésotéri-
que dans «Matthieu» apparaît sous la forme de ces aspects
de «Matthieu» que l'on ne trouve pas dans les autres
Evangiles. Nous avons par exemple la visite des trois
«sages venus de l'Orient» (ou Mages selon certaines tra-
ductions de la Bible); les longs développements du ser-
mon sur la Montagne, les nombreuses paraboles concer-
nant le Royaume des Cieux et la succession des miracles.
Nous trouvons aussi dans «Matthieu» une indication que
le rôle spirituel de Jésus devait être interculturel, comme
cela est attesté par les sages de l'Orient munis de leurs
cadeaux d'or, d'encens et de myrrhe.
Il n'est donc pas surprenant que le concept définitif
selon lequel Jésus est décrit, ait l'Orient pour origine.
C'est le concept de l 'Avatar, terme sanskrit qui désigne
!'Emissaire Divin dont la naissance a un seul but, celui
d'exprimer un Principe Divin.
Si nous mettons à part le besoin d'éclectisme et la pers-
pective interculturelle, il est inévitable que notre recher-
che pour donner une description globale de Jésus nous
conduise vers l'Orient où, contrairement à l'Occident, il
existe des termes généraux de référence pour saisir dans
leur ensemble des phénomènes du même type que ceux
qui ont caractérisé la vie de Jésus. Les Orientaux n'ont
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 65

aucune difficulté à conceptualiser qu'une divinité puisse


résider dans un être humain, et ils ont même établi des
règles assimilables à un «contrôle de qualité» pour véri-
fier cela. Dans le Bouddhisme tibétain, par exemple, cer-
tains critères permettent de déterminer qui pourra être
le dernier Bouddha incarné ou Dalaï Lama, comme il est
nommé. Quant au concept lui-même d' Avatar, il a son
origine dans !'Hindouisme où l'on s'attend à la naissance
périodique de tels émissaires divins afin de donner à
l'humanité une compréhension plus claire de son Dharma,
c'est-à-dire de son devoir déterminé par Dieu.
En raison de l'absence d'une structure générale en Occi-
dent pour définir des êtres de l'envergure de Jésus, l'aspect
historique avec ses gauchissements finit par constituer le
seul thème unificateur d'une telle vie. En ce qui concerne
la Divinité de Jésus, par exemple, la théologie chrétienne
la considère comme unique en son genre. Il était «pré-
destiné dès la création du monde» et Il était «le Fils uni-
que du Père» (11), nous dit la Bible. Quelle que soit la
spécificité de ces revendications, le concept d ' Avatar nous
aidera à comprendre plus clairement telle ou telle des
déclarations concernantjésus. Il nous aidera aussi à unir
les aspects insolites de la vie de Jésus en un tout intégré
et à trouver la solution de cette énigme : comment
pouvait-il être «prédestiné dès la création du monde» alors
que, simultanément, il s'exprimait d'une manière person-
nelle en «prenant sur lui les péchés du monde».

3. Les caractéristiques de ! 'Avatar


Les principales caractéristiques de l 'Avatar sont les
suivantes :
66 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

a. Les circonstances extraordinaires de sa nais-


sance, de sa vie et de sa mort sont parfois établies
par des documents.
b. L'être peut annoncer publiquement sa divinité.
c. Il peut offrir un enseignement comprenant tout
ou partie des éléments suivants : 1. rectification
des erreurs humaines dans l'interprétation des
Ecritures; 2. démonstration de la continuité avec
le passé en insistant sur la nécessité pour l 'huma-
nité d'accomplir ses obligations antérieures dans
le domaine religieux ou spirituel; 3. une appro-
che nouvelle à la solution d'un problème humain
de longue date.
d. Son influence s'excerce à contre-courant du flux
de l'histoire, ce qui signifie que l'influence de sa
vie et de ses enseignements prend d'autant plus
de force que le temps s'écoule, contrairement au
cas des individus ordinaires dont l'influence se dis-
sipe avec le temps.
e. Rétrospectivement, les vies de ces êtres révè-
lent des traits caractéristiques des mythes. Les
grandes lignes de leurs vies pourraient représen-
ter la dramatisation d'un «scénario» ou d'un
«rôle» en opposition à une vie dirigée subjective-
ment. En conséquence, on pourrait dire qu'un
Avatar (12) prend un principe de vie et lui donne
une expression dans l'espace-temps.
Dans la liste des caractéristiques qui peuvent être attri-
buées à un Avatar, il en est une, remarquable par son
absence et que les admirateurs de Jésus considèrent géné-
ralement comme un signe de sa Divinité : il s'agit des
miracles qu' il a accomplis. Contrairement à cette notion,
la Divinité de Jésus ou d'aucun autre individu en ce
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 67

domaine n'est prouvée par les miracles qui ont été accom-
plis.Jésus a prévenu ses disciples de ne pas se laisser trom-
per par ceux qui accomplissaient des miracles, mais de
les apprécier en fonction de leur «qualité d'être» telle
qu'elle se dépeint par leurs actions quotidiennes : «En ce
jour-là, bien des gens me diront : Seigneur, Seigneur,
n'est-ce pas en ton nom que nous avons chassé les démons,
en ton nom que nous avons fait bien des miracles? Et
cependant je leur déclarerai : je ne vous ai jamais con-
nus; retirez-vous de moi, ouvriers d'iniquité» (Matthieu
7:22-23).
Il est intéressant de constater que les miracles retien-
nent moins l'attention des adeptes des autres grandes reli-
gions que celle des chrétiens. Dans le Bouddhisme, par
exemple, Bouddha est vénéré non en raison de prouesses
surhumaines mais pour sa sagesse et sa compassion. De
même, un grand nombre de figures hindoues auxquelles
le concept d' Avatar a été attribué, ont été estimées pour
des vertus particulières telles que la sagesse, l'amour, la
volonté, etc. Quant aux miracles accomplis par Jésus, nous
pouvons dire qu'ils n'ont pas été accomplis «pour la gale-
rie» mais dans le but de servir une fonction pédagogique
très importante. Cela est encore plus apparent lorsque
nous comprenons que Jésus, en tant qu' Avatar, repré-
sentait un Principe dans la forme.

4. Le Principe incarné parjésus en tant qu 'Avatar


Même si le concept qui décrit le mieux Jésus est
emprunté à l'Orient, nous n'avons pas besoin de cher-
cher ailleurs que dans la Bible le Principe que Lui, en tant
qu' Avatar, a exprimé. Ce Principe est la Vie avec tous
les autres attributs qui lui sont subordonnés.
68 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

Dans la mesure où le mental de l'homme éprouve une


certaine difficulté à saisir la Vie en tant que Principe, Jésus
et ses apôtres l'ont enseignée en termes d'amour et de ser-
vice - en termes d'unité et de fraternité envers le genre
humain. Cet accent pratique dans les enseignements de
Jésus et de ses apôtres a favorisé à tort l'idée qu'il avait
été l'incarnation du Principe <l'Amour. Ceci a eu pour
conséquence d'exalter la dévotion sentimentale à l'égard
de Jésus au détriment de l'action par ceux qui se décla-
rent ses adeptes.
Jésus a représenté la vie sous la forme de l'amour en
tant qu'action, non de l'amour en tant qu'émotion. Ce
type d'amour est impersonnel. Il atteste l'unité de toute
Vie, dont chaque individu n'est qu'un grain de poussière,
une cellule.
Quand on a compris ce principe de vie, il devient pos-
sible de voir l'importance des doctrines qui ont pris forme
à partir des enseignements de Jésus. Par exemple, les doc-
trines concernant le péché et la repentance, le pardon et
la rémission des péchés, le salut et la résurrection des
morts, font partie d'une psychologie orientée vers l'expan-
sion de la conscience humaine individuelle. Ces doctri-
nes ont été conçues dans le but d'élargir l'ouverture de
l'Etre dans l'individu pour que le principe de vie puisse
s'y écouler plus abondamment et trouver son expression
dans les pensées, les émotions et les activités.
Ceci est accompli par l'éveil, dans la psyché de l'indi-
vidu, du processus de dissolution des blocages, de mobi-
lisation et de remise en circulation de l'énergie (c'est-à-
dire de vivification) et d'intégration de l'individu dans un
dispositif de coopération avec l'Univers extérieur. A tous
les niveaux, la vie en tant que principe opère en rétablis-
sant la fluidité de la circulation au lieu de la fiction.
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 69

Quand nous considérons l'existence de Jésus sous la


forme de l'expression du Principe de Vie, certaines des
caractéristiques qu'il s'est attribuées acquièrent une nou-
velle signification. La déclaration suivante dans l'Evan-
gile de Jean : «Je suis venu afin qu'ils puissent avoir la
vie et cela en plus grande abondance» aean 10: 10) en est
un exemple. Une autre, figure dans le vingt-cinquième
chapitre de Matthieu où sont exposés en termes très
symboliques les récompenses et les châtiments que le Fils
de l'Homme distribuera lors de son avènement. Ce pas-
sage est reproduit ici dans sa totalité. (Matthieu 25:31-46).
Lorsque le Fils de l'Homme viendra dans sa
gloire avec tous les anges, il s'assiera sur le trône
de sa gloire. Toutes les nations seront assemblées
devant lui. Il séparera les uns d'avec les autres,
comme le berger sépare les brebis d'avec les boucs
et il mettra les brebis à sa droite et les boucs à sa
gauche. Alors le roi dira à ceux qui seront à sa
droite : «Venez, vous qui êtes bénis de mon Père;
prenez possession du royaume qui vous a été pré-
paré dès la fondation du monde. Car j'ai eu faim
et vous m'avez donné à manger, j'ai eu soif et vous
m'avez donné à boire; j'étais étranger et vous
m'avez recueilli; j'étais nu et vous m'avez vêtu».
Dans ce discours, Jésus a égalé un acte de considéra-
tion accompli par une personne en faveur d'une autre à
un acte accompli pour lui en personne. Ceci n'a de sens
que dans la mesure où celui qui fait un acte de considéra-
tion met en action le Principe que Jésus représente.
Dans les actes de considération énumérés - nourrir
les affamés, désaltérer ceux qui ont soif, donner un abri
à l'étranger, visiter les malades et les prisonniers - celui
qui agit ainsi contribue à accroître le flux de la Vie dans
70 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

ceux qui sont servis. Chaque fois, en effet, que l'on a


besoin de nourriture, de boisson ou d'encouragement,
c'est la vie elle-même qui est menacée.
On pourrait attribuer une signification plus élevée,
mystique, à la nomination de ces actes spécifiques dans
la mesure où chaque acte contribue à la Vie d'une manière
qui est progressivement plus subtile que la précédente.
La nourriture pourrait se rapporter à l'aide accordée pour
les nécessités physiques de la Vie, la boisson pour la sub-
sistance affective; l'abri, l'acceptation dans la société; le
vêtement, la tolérance idéologique; la visite des malades
et des prisonniers, l'encouragement (13). Chacune de ces
catégories de ministères aide l'individu à décoller dans
des régions particulières de la conscience personnelle.
L'aspect de Jésus comme incarnation de la Vie n'est
pas passé entièrement inaperçu parmi les apôtres. Paul
l'a désigné comme Avatar de la Vie, bien qu'en des ter-
mes différents. Il l'a appelé «le Nouvel Adam» et aussi
«Un esprit dispensateur de vie». Il a dit : «C'est pour-
quoi il est écrit : le premier homme, Adam, devint une
âme vivante. Le dernier Adam est devenu un esprit vivi-
fiant» (1Corinthiens15:45). Paul assignait ainsi àJésus-
Christ le pouvoir de donner la Vie ou de vivifier. Par le
nom d'Esprit, il signifiait aussi que le pouvoir de donner
la vie résidait en lui en tant que Principe.
C'est à dessein qu'Adam, le premier homme mythi-
que, est mentionné. En contrastant le Christ, Esprit qui
donne la Vie, avec Adam qui était une «âme vivante»,
Paul a placé les Principes incarnés dans ces deux êtres aux
extrémités opposées du spectre de la Vie. Adam, l'âme
vivante, représente le principe de la plénitude de la Vie,
l'épanouissement individuel des facultés mentales et
psychiques. Mais, ici, c'est entièrement concentré en lui.
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 71

C'est la Vie repliée sur elle-même comme les circonvolu-


tions du cerveau humain. Le Christ, d'autre part, est la
Vie projetée à l'extérieur. La Vie qui est devenue «trans-
personnelle», la Vie qui a brisé les chaînes de l'indivi-
dualisme. Elle est symbolisée par les barbes rayonnantes
de la couronne d'épine.
Jean, lui aussi, montre Jésus-Christ comme une mani-
festation du Principe de la Vie Divine. En fait, il le con-
sidère comme l'incarnation de l'impulsion créatrice -
la Parole ou le Logos - qui s'est exprimée elle-même sous
la forme de l'Univers des phénomènes.
Nous citons maintenant l'Evangile de Jean :
Au commencement était la Parole, et la Parole
était avec Dieu et la Parole était Dieu.
Elle était au commencement avec Dieu.
Toutes choses ont été faites par Elle, et rien de
ce qui a été fait n'a été fait sans Elle.
En Elle était la vie, et la vie était la lumière des
hommes.
Et la Parole a été faite chair, et elle a habité
parmi nous, pleine de grâce et de vérité, et nous
avons contemplé sa gloire, une gloire comme la
gloire du Fils unique venu du Père 0 ean :
1:1-4,14).
Puisque Jean dit que sans la parole (ou le Logos) rien
de ce qui existe maintenant n'aurait été créé, il se recon-
naît à cette réalité la créativité ainsi que les aspects spon-
tanés du don de Vie. Il voit en Jésus-Christ celui qui
incarne le Principe de la Cause Première, de la Vie en
tant que telle. De même, en considérant la Vie queJésus-
Christ a incarné comme la «lumière» des hommes, il le
présente dans le rôle d'Avatar, !'Avatar de la Vie, rien
de moins.
CHAPITRE III

Jésus
dans le rôle d' Avatar

1. Pluralité des niveaux de compréhension des


enseignements dispensés par un Avatar
Non seulement l' Avatar crée un point de contact entre
l'humanité et un principe divin, mais il laisse un ensei-
gnement qui peut être assimilé par des individus à des
niveaux différents. Au niveau le plus bas d'assimilation
de cet enseignement, il peut être considéré simplement
comme une philosophie de la vie ou, au pire, il peut tota-
lement dérouter ceux qui l'entendent, comme en témoi-
gnent les réactions des foules lorsque Jésus leur a parlé
en paraboles.
A des niveaux d'interprétation et de compréhension
plus élevés, ces enseignements peuvent acquérir le carac-
tère d'une information vitale pour ceux qui sont prépa-
rés à intégrer en eux le principe quel' Avatar a incarné.
Quand un individu est capable d'incorporer en lui - au
mieux de ses capacités - le principe que l' Avatar a
exprimé, il devient psychologiquement réuni à l' Avatar.
En raison du champ de compréhension élargi que per-
met le contact avec les enseignements de l' Avatar, son
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 73

œuvre doit être considérée suivant deux perspectives :


l'aspect extérieur ou exotérique, et l'aspect intérieur ou
ésotérique. L'aspect exotérique de l'œuvre de l' Avatar
concerne la clarification du principe incarné par l' Ava-
tar dans un ensemble d'enseignements oraux. Ceci est
accompli de telle manière que les individus peuvent en
retirer une connaissance conceptuelle. L'aspect ésotéri-
que, d'autre part, va en profondeur, bien au-delà d'un
enseignement moral, car il implique une perception directe
de la part de l'individu - grâce à des révélations person-
nelles et des illuminations - du principe incarné par
l'Avatar.
La partie exotérique ou littérale de l'enseignement de
l' Avatar est la matière dont la théologie est faite, tandis
que la partie ésotérique est la matière de la psychologie
spirituelle ou mysticisme. Avant qu'un individu parvienne
à l'accord avec ses réalisations intérieures, il doit suivre
de son mieux les instructions de 1'Avatar. Ceci du fait que
les règles prescrites par les enseignements littéraux con-
tiennent habituellement des points de déclenchement capa-
bles de précipiter ces éveils intérieurs .
S'il arrive que quelqu'un fasse une erreur de jugement,
refusant de croire à une chose nécessaire à la croissance,
cela peut provoquer des répercussions même dans un ave-
nir éloigné. L'individu se prive lui-même d'expériences
- finalement incorporées à sa conscience personnelle -
lorsqu'il ne se conforme pas aux instructions nécessaires.
En bref, de même que le fait de croire est un acte de
volonté, le refus de croire en est un également. Ainsi, par
son refus de croire, l'individu s'aligne sur le «refus d'agir».
Le stratagème de la parabole aide dans la mesure où
il représente un terrain neutre. Il n'envoie personne dans
une impasse. Si l'on désire et si l'on est prêt à travailler
74 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

sur son être, le chemin à parcourir pour comprendre la


parabole devient clair. Cela explique l'étrange déclara-
tion de Jésus selon laquelle : « ••• On donnera à celui qui
a, et il sera dans l'abondance, mais à celui qui n'a pas
on ôtera même ce qu'il a» (Matthieu 13: 12). Ceci signi-
fie que si quelqu'un aspire à changer, à participer au pro-
cessus d'expansion de la conscience, il trouvera la con-
naissance et les expériences qui feront de ces aspirations
une réalité. Si toutefois quelqu'un est exposé à cette con-
naissance prématurément, c'est-à-dire sans avoir ces aspi-
rations, il aboutira à l'incrédulité et, par conséquent, sa
volonté sera émoussée.
Dans la mesure où Jésus s'est exprimé en paraboles
comme le font souvent les Avatars, un grand nombre
d'individus ne surent pas faire la distinction entre ce qui
est littéral et ce qui est symbolique dans les enseignements
de l 'Avatar. Si l'on prend la peine d'approfondir les ensei-
gnements qui paraissent les plus littéraux, on trouve leurs
aspects ésotériques, alors que si l'on se contente des ins-
tructions de surface, il ne nous reste que les enseignements
exotériques.
Dans le cas de Jésus, la religion qui s'est constituée
autour de ses enseignements est surtout fondée sur ses
aspects exotériques. En conséquence, un grand nombre
de ses instructions concernant les processus psychologi-
ques intérieurs sont traités comme s'ils se rapportaient
à des phénomènes extérieurs à l'individu. Ceci a donné
naissance aux différentes doctrines de la foi chrétienne
ainsi qu'aux diverses confessions qui les adoptent.
Un équilibre très délicat doit être maintenu dans une
approche personnelle des enseignements del' Avatar. On
doit remplir des conditions extérieures en évitant toute-
fois de se laisser aveugler par elles au point de perdre de
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 75

vue les aspects les plus subtils. D'autre part, si quelqu'un,


conscient d'une dimension ésotérique, ignore les exigen-
ces extérieures, des lacunes apparaîtront dans sa connais-
sance, qui se révèleront nuisibles par la suite. Jésus a trans-
mis un avertissement aux individus qui ignorent les ins-
tructions qu'il leur avait communiquées :
«C'est pourquoi, quiconque entend ces paroles
que je dis et les met en pratique, sera semblable
à un homme prudent qui a bâti sa maison sur le
roc.La pluie est tombée, les torrents sont venus,
les vents ont soufflé et se sont jetés contre cette
maison : elle n'est point tombée parce qu'elle était
fondée sur le roc.
Mais quiconque entend ces paroles que je dis, et
ne les met pas en pratique, sera semblable à un
homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable.
La pluie est tombée, les torrents sont venus, les
vents ont soufflé et ont battu cette maison : elle
est tombée et sa ruine a été grande» (Matthieu
7:24-27).
Ces symboles utilisés par Jésus dans cet avertissement
ont une valeur significative par eux-mêmes. En assimi-
lant un individu exposé à ses instructions à celui qui cons-
truit une maison, Jésus suggère que chaque individu
exposé aux enseignements d'un Avatar- qu'il l'accepte
ou non - prend une décision concernant son propre ave-
nir. En tant que symbole, une maison est véritablement
la conscience de l'individu. C'est ce qui, chez chacun
d'entre nous, permet d'établir des liens d'affinité avec
d'autres et avec son environnement. De même que le fait
de se trouver dans sa propre maison donne à quelqu'un
ce sentiment de «chez soi», la conscience donne aussi un
sens de sécurité personnelle à une échelle comparable.
76 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

Lorsque nous construisons une sensation identique de


«chez soi», nous devons le faire à partir d'idées et de con-
cepts éprouvés par nos propres expériences. Ceci consti-
tuera la fondation du roc. Si, au contraire, au lieu d'éprou-
ver les choses, un individu laisse la fantaisie et la spécu-
lation conduire sa vie, la construction sera édifiée sur le
«Sable». La conscience construite par l'expérience qui
vient de l'action nous donnera un sens de certitude qui
nous permettra de supporter les doutes (la pluie), les
assauts du désir (les inondations) et la raillerie des autres
(les vents).
Quand un individu est exposé aux enseignements d'un
Avatar, l'alignement naturel de ses «énergies» est per-
turbé. S'il agit suivant les instructions, elles sont recons-
truites en une conscience plus durable. Toutefois, dans
le cas contraire, ces énergies demeurent troublées dans
un schème dispersé. Telle est la conséquence de l'ensei-
gnement communiqué par un Avatar.
Quand un Avatar présente un enseignement, il trans-
met la conscience de son être à celle de ses auditeurs. Ceci
a lieu sous la forme de Numinosité. Ce concept a déjà fait
l'objet d'une analyse dans le premier chapitre. Cepen-
dant nous pouvons encore préciser cette définition si nous
considérons la Numinosité comme l' «uni té de base» de la
conscience, et dans une relation avec elle analogue à celle
de la molécule par rapport à la matière. Un transfert de
Numinosité d'un être humain à un autre, est le transfert
d'un sens d'émerveillement de regard intérieur. Ce sens
d'émerveillement doit être immédiatement mis en action.
L'individu qui en fait l'expérience doit s'en servir pour
réorganiser sa relation avec le monde qui l'entoure. S'il
ne le fait pas, il s'élève à peine un moment comme les
embruns de l'océan pour retomber ensuite à son niveau
habituel.
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 77

Une fois que l'individu a été stimulé par la transmis-


sion de Numinosité, la même méthode extérieure de com-
munication perd son efficacité. Pour retirer tout le bien-
fait de cette transmission, le récepteur doit utiliser le sens
d'émerveillement comme une énergie pour mettre l'être
tout entier en mouvement. En un sens il faut battre le
fer tant qu'il est chaud, selon le proverbe, ou devenir
insensible.
Afin d'éviter que des individus non préparés à agir selon
ses instructions soient enclins à douter de son message et,
par conséquent, de se faire tort à eux-mêmes, Jésus a
donné son enseignement sous forme de paraboles. Nous
allons maintenant examiner dans quelle mesure la para-
bole a rempli sa fonction qui était de dispenser la Numi-
nosité aux individus.

2. Rôle de la parabole
dans les enseignements de Jésus
Quand ses disciples demandèrent à Jésus pourquoi il
parlait en paraboles aux multitudes tandis qu'il s'adres-
sait à eux en langage clair, il répondit :
Parce qu'il vous a été donné de connaître les
« .• •
mystères du royaume des cieux et que cela ne leur
a pas été donné.
Car on donnera à celui qui a et il sera dans l'abon-
dance, mais à celui qui n'a pas on ôtera même
ce qu'il a.
C'est pourquoi je leur parle en paraboles, parce
qu'en voyant, ils ne voient point et qu'en enten-
dant, ils n'entendent ni ne comprennent.
78 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

Et pour eux s'accomplit cette prophétie d'Isaïe :


Vous entendrez de vos oreilles et vous ne com-
prendrez point; vous regarderez de vos yeux et
vous ne verrez point.
Car le cœur de ce peuple est devenu insensible;
ils ont endurci leurs oreilles et ils ont fermé leurs
yeux, de peur qu'ils ne voient de leurs yeux, qu'ils
n'entendent de leurs oreilles, qu'ils ne compren-
nent de leur cœur, qu'ils ne se convertissent et que
je ne les guérisse.
Mais heureux sont vos yeux parce qu'ils voient
et vos oreilles parce qu'elles entendent» (Matthieu
13: 11-16).
Ici, Jésus présente la parabole comme un moyen de
doser «les mystères du Royaume des Cieux». Ce dosage
se fonde sur le niveau de compréhension de chaque indi-
vidu et sur son empressement à agir conformément à
l'information reçue. «Les mystères» du Royaume des
Cieux se rapportent véritablement au phénomène
d'expansion de la Conscience dans une personne. Puis-
que les disciples avaient déjà montré par leur attachement
et leur dévouement à Lui qu'ils étaient prêts à recevoir
les «Mystères» du Royaume, Jésus leur parla clairement.
Cependant les multitudes avaient fermé leurs oreilles, leurs
yeux et leur cœur à la réception et à la compréhension
de la connaissance.
Cet état d'esprit n'était pas limité aux multitudes de
l'époque de Jésus. Il caractérise l'état de tous ceux qui
ont peur du changement, considéré par la plupart comme
une aventure dans l'inconnu. Quand des individus de ce
genre se trouvent en présence d'une information qu'ils
ne sont pas préparés à utiliser, leur réponse naturelle est
un recul et un refus d'adhérer.
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 79

En s'exprimant en paraboles, Jésus s'assurait que de


tels individus n'auraient pas l'opportunité de douter d'une
chose essentielle à leur élévation. En effet, dans la pers-
pective de l'expansion de la conscience, l'ignorance est
préférable à l'incrédulité.
Lorsque le contact est établi avec l'information essen-
tielle pour l'élévation, c'est l'ignorant qui a le plus de
chances d'être dans l'état d 'esprit convenable pour en tirer
le plus grand profit. L'incrédulité conduit à négliger des
occasions, car celui qui doute, avec ou sans raison, orga-
nise ses «énergies» dans le sens d'un refus de soumission
à la croyance.

3. Christianisme exotérique
opposé au Christianisme ésotérique
Il est difficile de dire, d'après les écrits concernant les
activités des apôtres dans l'Eglise primitive (Actes des
Apôtres), dans quelle mesure ils ont pleinement saisi les
multiples niveaux de compréhension concernantJésus et
sa mission. Bien sûr, leurs allusions à certains Mystères
pouvaient signifier que ces choses ne pouvaient pas être
comprises ou qu'elles ne pouvaient pas être divulguées.
Paul, etJean l'auteur de l'Apocalypse, ont été de remar-
quables exceptions parmi les apôtres. Les idées exprimées
par ces deux hommes prouvent qu'ils étaient tous deux
conscients de la dimension ésotérique. Toutefois, les ensei-
gnements qui ont pris forme dans les Actes des Apôtres
et les lettres apostoliques de Paul présentent le Christia-
nisme en tant que religion plus à la manière d'un contre-
point de la foi juive et des pratiques religieuses des gen-
tils que comme un système en soi. En vérité, ils prêchaient
80 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

Jésus-Christ qui était un élément nouveau pour les reli-


gions de cette époque.
Cet élément excepté, l'Eglise chrétienne primitive pré-
sente l'aspect d'un mouvement qui s'est mis en place en
s'opposant aux traditions de son temps et en niant leur
efficacité. Tout ce qu'elle a affirmé d'elle-même était for-
mulé dans un symbolisme tel qu'il est difficile d'en extraire
une doctrine chrétienne homogène et cohérente. Ceci ne
signifie pas qu'une telle doctrine n'existe pas mais que
son existence est obscurcie par la surcharge de symbolisme
qui l'accompagne.
Comprendre le symbolisme du Nouveau Testament
constitue la première étape pour atteindre la doctrine sous-
jacente. La chrétienté institutionnelle est surtout concer-
née par ces symboles extérieurs qu'elle traduit dans la
structure de sa foi et de ses rituels. Il n'y a rien de mal
à traiter et à formuler les dogmes de la foi en symboles.
Cependant, si nous ne voulons pas tomber dans l'erreur,
nous devons toujours être conscients que «nous voyons
au moyen d'un miroir, d'une manière obscure» (1 Corin-
thiens 13: 12), pour citer Paul. A défaut, les symboles eux-
mêmes recouvriront la réalité sous-jacente qu'ils sont sup-
posés représenter dans la conscience de l'individu.
Nous pouvons attribuer la multiplicité des confessions
religieuses dans le Christianisme à un manque de prise
de conscience par les chrétiens en général de ce courant
ésotérique sous-jacent d ans le Nouveau T estament. Le
résultat en a été une confusion de langues à l'intérieur
de la foi. Lorsque l'aspect ésotérique est perdu, les symbo-
les qui forment les aspects exotériques se prêtent à toutes
sortes d ' interprétations. Ceci n'a rien à voir avec la sin-
cérité de la foi d ' un chacun. Ce sont les besoins intérieurs
et l'intelligence des croyants qui semblent être les plus
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 81

importants dans la détermination de la qualité de l'inter-


prétation.
L'ambiguïté qui s'est attachée à tous ceux qui ont
exposé la doctrine chrétienne ne se limite pas à la période
postérieure àJésus ni à la seule foi chrétienne. Le fait que
les enseignements de l' Avatar ne soient pas immédiate-
ment et entièrement compréhensibles par tout le monde,
même par ceux qui lui sont proches, est en accord avec
la nature et la mission de l' Avatar. Que ce soit par un
développement naturel ou à dessein, l'enseignement inté-
gral de !'Avatar est uniquement offert par degrés. Ceci
crée une situation semblable à celle d'une classe où les
individus doivent étudier et maîtriser le niveau élémen-
taire avant que ne leur soit donné un enseignement plus
avancé. Ces dispositions protègent l'étudiant des lacunes
que pourrait présenter son savoir. Il prévient aussi une
tendance entièrement négative qui conduit les individus
à se croire plus qualifiés qu'ils ne le sont en réalité pour
utiliser des instructions d'un niveau supérieur.
Il existe cependant une différence réelle entre les ensei-
gnements del' Avatar et ceux qui sont donnés dans une
classe. Lorsqu'il s'agit d'un Avatar, le même enseigne-
ment est à la disposition tant du débutant que de l'étu-
diant plus avancé. C'est le degré de compréhension de
l'étudiant avancé qui l'aide à voir des niveaux d'inter-
prétation plus élevés dans ce même enseignement dont,
au début, il ne percevait que le sens littéral et superficiel.
Dans l'Eglise chrétienne la séparation qui existe main-
tenant entre les aspects ésotériques et exotériques était déjà
évidente quand le concept d' «Eglise» a fait surface pour
la première fois dans les enseignements de Jésus. Dans
cet incident qui est rapporté dans «Matthieu», l'ambiguïté
qui est à la racine de cette scission est évidente, si ce n'est
82 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

délibérée. Néanmoins, cet incident a exercé une des


influences les plus fortes sur l'Eglise institutionnelle au
cours de deux millénaires dans la mesure où il a fondé
la clé de voûte d'une doctrine. A l'occasion de la première
mention du terme «Eglise» la question de la Divinité de
Jésus et la nécessité d'une reconnaissance personnelle de
celle-ci est ainsi traitée.
«Jésus étant arrivé dans le territoire de Césarée
de Philippe, demanda à ses disciples :
Qui dit-on que je suis, moi, le Fils de l'Homme?
Ils répondirent : Les uns disent que tu es Jean-
Baptiste; les autres, Elie; les autres, Jérémie, ou
l'un des prophètes.
Et vous, leur dit-il, qui dites-vous que je suis!
Simon Pierre répondit : Tu es le Christ, le Fils
du Dieu vivant.
Jésus reprenant la parole, lui dit : Tu es heureux,
Simon fils de Jonas; car ce ne sont pas la chair
et le sang qui t'ont révélé cela, mais c'est mon Père
qui est dans les Cieux.
Et moi, je te dis que tu es Pierre, et que sur ce
roc je bâtirai mon Eglise, et que les portes du
séjour des morts ne prévaudront point contre elle.
Je te donnerai les clés du Royaume des Cieux :
Ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les
Cieux : Ce que tu délieras sur la terre sera délié
dans les Cieux.
Alors il recommanda aux disciples de ne dire à
personne qu'il était le Christ» (Matthieu
16:13-20).
Un examen exotérique conduirait à considérer, comme
l'a fait la théologie traditionnelle, deux éléments séparés
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 83

dans ce dialogue : la confession de la Divinité de Jésus


par Pierre et l'établissement de la fondation de l'Eglise.
Toutefois, selon un point de vue ésotérique tout ceci appa-
raît comme une partie d'un seul événement et ne consti-
tue qu'un seul élément. Ceci devient évident après exa-
men des significations cachées sous la surface des termes
aux acceptions ambiguës dans ce dialogue.
La première preuve réside dans la nature de la réponse
de Jésus à Pierre après son témoignage :
«Tu es heureux, Simon fils de Jonas; car ce ne
sont pas la chair et le sang qui t'on révélé cela,
mais c'est mon Père qui est dans les Cieux.
Et moi, je te dis que tu es Pierre, et que sur ce
roc je bâtirai mon Eglise, et que les portes du
séjour des morts ne prévaudront point contre elle.
Jésus dit encore à Pierre : Je te donnerai les clés
du Royaume des Cieux : Ce que tu lieras sur la
terre sera lié dans les Cieux, et ce que tu délieras
sur la terre sera délié dans les Cieux.»
Au premier degré il apparaît que Jésus rend un hom-
mage personnel à Pierre et qu'il lui donne littéralement
«les clés du Royaume des Cieux» (quelles qu'elles soient).
Il devient alors évident que le dialogue tout entier prend
un éclairage tout à fait illogique. En premier lieu, Jésus
a attribué la déclaration de Pierre au Père qui est aux
Cieux et non à lui personnellement. Ce qui rend inutile
l'hommage à Pierre. En réalité Jésus disait à Pierre que
cette connaissance ne venait pas du domaine du mental
conscient.Jésus attribuait la connaissance au domaine de
!'«Inconscient collectif» (1) et, par conséquent, il recon-
naît à Pierre le mérite d'un éclair d'une vision intérieure.
L'interprétation exotérique traditionnelle entraîne
d'autres conséquences. On suppose que quandJésus dit
84 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

à Pierre : «Tu es Pierre et sur ce roc je bâtirai mon


Eglise», Il faisait de Pierre le fondement de l'Eglise. Cette
hypothèse est fondée sur le fait que le nom de Pierre signi-
fie aussi roc ce qui donne l'impression que Jésus jouait
aussi sur le mot «roc».
Toutefois, il est improbable que Jésus ait eu cette inten-
tion. S'il avait voulu que Pierre soit le fondement de
l'Eglise il aurait choisi des termes moins ambigus pour
l'exprimer. Qui plus est, il est improbable qu'il se soit
mis à faire un jeu de mots dans un moment aussi solen-
nel que celui-ci. Il est plus probable que ceci soit une ten-
tative délibérée dans ce dialogue pour obscurcir une vérité
ésotérique sous-jacente. Même si l'on écarte pour le
moment l'éventualité que ce dialogue dans «Matthieu»
(ce type de dialogue ne se trouve nulle part ailleurs dans
les Evangiles) relève de cet aspect de l'Evangile qui est
de l'«art objectif», l'interprétation traditionnelle qui lui
est donnée est plus la conséquence du hasard qu'une inten-
tion délibérée.
Cet argument se fonde sur la langue parlée par Jésus,
l'araméen de Palestine. Selon la «New Oxford Bible»
annotée, les remarques de Jésus à Pierre n'auraient pas
indiqué de la même manière un jeu de mot voulu sur le
mot «roc» . Dans cette langue le même mot aurait été
employé pour le nom propre «Pierre» (Cephas en grec)
et le nom commun «roc». Jésus se serait adressé à Pierre
de la manière suivante : «Tu es Kepha et sur cette Kepha
je bâtirai mon Eglise», ceci aurait par conséquent changé
la nature énigmatique de la déclaration en quelque chose
de plus direct bien que non moins ambigu.
La clé pour déterminer ce que Jésus a voulu commu-
niquer réellement réside dans une meilleure compréhen-
sion de ce qu'il voulait exprimer par le terme Eglise. Il
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 85

est généralement admis que lorsque ce terme est utilisé


il se réfère à quelque chose d'institutionnel. Il n'en est
rien. Sa véritable signification est en effet l'antithèse de
quelque chose d'institutionnel. Le mot «Eglise» signifie
«les appelés», c'est à dire ceux qui se sont éveillés du som-
meil d'une existence liée à la matière à une manière de
vivre plus consciente. Le fondement de ce type <l'Eglise
se trouve dans la faculté d'intuition puisque c'est cette
faculté qui nous permet de nous éveiller aux possibilités
d'expansion de notre propre conscience.
L'intuition, le «roc» du Moi véritable est aussi le «roc»
sur lequel l'Eglise de Jésus devait être construite. Il doit
être rappelé que dans la réponse de Jésus à Pierre, Il avait
déjà identifié l'intuition, lorsqu'il attribue sa révélation
au Père (Inconscient collectif) en opposition avec la chair
et le sang (le mental conscient) en tant que source du
regard intérieur de Pierre.
De la même manière, on peut comprendre que c'est
à l'intuition que les «clés du Royaume des Cieux» sont
données en sorte que ce qu'elle lie sur la terre soit lié dans
les Cieux et que ce qu'elle délie sur la terre soit délié dans
les Cieux. Ceci, dans la mesure où, sans intuition, on ne
peut pas acquérir ce qu'il faut pour entrer dans le
Royaume des Cieux. On ne serait pas en effet capable
de participer au processus d'expansion de la conscience
à un niveau conscient, processus qui est le Royaume des
Cieux.
Cette interprétation est renforcée par l'enseignement
que Jésus a donné sur le «péché impardonnable» c'est-à-
dire le «péché de blasphème contre l'Esprit Saint» («Mat-
thieu» 12:22-33). Nous rappellerons que tel est le péché
que Jésus a distingué comme celui qui ne peut être par-
donné ni dans ce monde ni dans le monde à venir. Ce
86 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

«péché» est le manque d'intuition. Il est impardonnable


parce que sans intuition on ne peut commencer le pro-
cessus d'expansion de la conscience. Pour commencer,
il faut accomplir la guérison psychologique, l'intégration
psychologique parce que cette disposition du mental est
nécessaire à la croissance de la conscience personnelle.
Il est également possible de démêler ce que Jésus a voulu
dire par ce «roc» qui devait être le fondement de l'Eglise.
Il s'agit, pour ce faire, de découvrir les significations des
noms des douze apôtres. J'ai montré dans l'appendice I
que les douze apôtres possédaient des caractéristiques qui
les reliaient à un schème cosmologique : les douze signes
du zodiaque. Le nom de chaque apôtre possédait des
caractéristiques qui !'apparentaient à l'un des signes. Ainsi
le nom complet de Pierre, Simon Pierre signifie «roc qui
entend», de «qui entend» pour Simon et «roc» pour
Pierre. Ceci suggère le signe astrologique du Verseau,
dont on assure qu'il représente l'harmonie intérieure ou
l'intuition. De quelque manière qu'on le considère, c'était
à cette qualité archétypale (2) de l'intuition que Jésus se
référait dans ses commentaires.
DEUXIEME PARTIE

Vers le Salut de l'âme

". . . Nous, nous ne sommes pas de ceux qui se retirent


pour se perdre, mais de ceux qui ont la foi pour sauver
leur âme.»
(Hébreux 10:39)
CHAPITRE IV

Dessein pour le Salut :


L'aspect progressif
des enseignements
du Nouveau Testament
sur le Salut

1. Point de départ
L'une des caractéristiques évidentes du dessein du Nou-
veau Testament pour le salut est son aspect progressif.
Il est donc étrange que les adeptes de la foi chrétienne
ignorent cet aspect progressif, chaque confession choisis-
sant, à la place, des conditions requises spécifiques qu'elles
estiment nécessaires pour satisfaire leurs préférences et
leurs objectifs individuels. Si 1' on considère cette diver-
sité, il est encore plus étrange que dans ce large éventail
de croyances et de pratiques, les confessions chrétiennes
trouvent encore un terrain d'entente pour revendiquer le
salut comme l'unique privilège des Chrétiens.
90 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

Il n'est pas question ici de critiquer sévèrement les chré-


tiens, mais de montrer à quel point il est facile de s'enfer-
mer dans un schème de logique circulaire quand on aborde
le sujet du salut. Un incident dans ma propre vie illus-
trera ce système de raisonnement concernant le salut.
Heureusement, je parvins à un déblocage de ma pensée,
ce qui me permit d'incorporer et de traiter plus d'infor-
mations que l'ensemble des croyances religieuses qui
m'étaient dévolues ne m'y autorisait.
L'incident s'est produit il y a environ seize ans, au
moment où, d'après mes souvenirs, je me permis d'effec-
tuer la première révision complète des bases de mes con-
victions religieuses. A cette période de ma vie j'étais mem-
bre d'une Eglise qui déclarait publiquement se consacrer
à la restauration de la Chrétienté selon le Nouveau Tes-
tament. Cette Eglise était si attachée à cette mission décla-
rée que la devise qu'elle avait adoptée concernant la doc-
trine était : «Nous parlons lorsque la Bible parle et nous
nous taisons lorsque la Bible se tait.» Tout problème qui
n'existait pas il y a deux mille ans ne pouvait retenir
l'attention de cette Eglise. La plupart du temps, son atten-
tion était mobilisée par les questions de doctrine : la fré-
quence de la communion, l'introduction de la musique
instrumentale dans le service, la nécessité de l'eau bap-
tismale pour le salut, etc. Les questions sociales étaient
considérées comme hors du sujet.
En ce qui concerne le salut, il était enseigné qu'un indi-
vidu devait faire une confession personnelle de sa foi en
la divinité de Jésus et souscrire à certaines croyances avant
de pouvoir être sauvé. Cette Eglise soutenait que le salut
était obtenu par l'individu qui «croyait en la vérité» et
qui «obéissait à la vérité». Puisque la vérité était définie
en termes de croyance doctrinale, il s'ensuivait que celui
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 91

qui n'avait pas la doctrine véritable ne pouvait pas obéir


à la vérité et ne pouvait donc pas être sauvé. Qui plus
est, puisque l'Eglise en question était la seule à détenir
la bonne doctrine, celui qui était hors de cette Eglise ne
pouvait pas «obéir à la vérité» et par conséquent être
sauvé.
Pour ceux qui soutenaient cette façon de penser, la logi-
que était sans faille. Cependant, la question religieuse fon-
damentale et primordiale n'avait jamais été considérée :
«Comment peut-on réconcilier l'idée d'un Dieu juste avec
un schème où il ne peut y avoir que deux issues - le salut
ou la damnation - à une situation humaine infinie dans
sa variabilité?» Cette question choisit la plus inopportune
des occasions pour pénétrer et dominer le processus de
ma pensée.
Mon assistance à une conférence de première année à
l'université en fournit l'occasion. Il m'est difficile de me
rappeler précisément ce qui déclencha ce moment de
réflexion. Peut-être faut-il l'attribuer au débit monotone
du conférencier qui porta mon esprit à la rêverie et qui
me conduisit à parcourir passivement du regard la salle
de conférences ainsi que les trois cents visages qui s'y trou-
vaient au lieu d'être attentif à ce qui se disait. Quelle qu'en
soit la raison, après m'être déconcentré et avoir pris con-
science de la présence de mes camarades, notant que cha-
cun d'eux aurait pu être moi, ou bien que j'aurais pu être
eux, excepté les accidents du lignage et de la géographie,
la rupture avec mon Eglise, mes croyances religieuses et
mon sentiment de supériorité suffisante se produisit.
Le début de cette rupture avec mes anciennes croyan-
ces fut aussi inopportun : au moment où je promenais
mon regard sur ces trois cents visages, une certaine pen-
sée prit forme dans mon mental : «Si je crois ce que dit
mon Eglise je suis le seul ici à avoir droit au salut. Mais ...
92 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

quel droit ai-je donc à revendiquer le salut pour moi et


non pour ces autres individus». Cette question continua
à me préoccuper, si bien qu'elle aboutit au problème phi-
losophique concernant la justice de Dieu mentionnée plus
haut.
Cette expérience a été citée ici en vue de montrer que,
comme moi-même et le groupe religieux auquel j'appar-
tenais, la plupart des chrétiens revendiquent une chose
appelée «salut» que l'on comprend rarement et à propos
de laquelle on réfléchit encore moins. Dans leur compré-
hension du salut, l'attention est centrée sur le Jésus his-
torique venu sur terre pour sauver les hommes de leur
péché. On explique habituellement que cet acte de
rédemption a été accompli au moment de la crucifixion
de Jésus. Toutefois, pour qu'un individu bénéficie de cet
acte de rédemption et soit libéré de ses péchés il doit croire
en l'héritage divin et exclusif de Jésus (c'est-à-dire qu'il
est l'unique Fils de Dieu) et «l'accepter comme Sauveur».
Cette acceptation est marquée par la soumission de
l'individu à des actes cérémoniels qui peuvent inclure le
baptême, une déclaration publique de foi enjésus-Christ
et l'admission en qualité de membre dans une Eglise. Ce
modèle a subi, à des degrés divers, des modifications parmi
les nombreuses confessions de la foi chrétienne. Dans
quelques-unes d'entre elles le concept de salut est consi-
déré en des termes plus larges tels que : «admission dans
l'Eglise». Un grand nombre de chrétiens sont tellement
assurés de ce salut, que l'expression de la foi peut être
satisfaite dès la petite enfance où la condition requise du
baptême est accomplie par l'aspersion d'eau, et la con-
fession de la foi affirmant que Jésus est l'unique Fils de
Dieu est faite par quelqu'un qui agit pour le compte du
bébé inconscient.
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 93

2. Le salut dans le contexte du processus


En commun avec un grand nombre d'idées trouvées
dans la Bible, il existe un symbolisme derrière le concept
de salut dont la Chrétienté traditionnelle ne semble pas
avoir pris conscience. Il se peut qu'un grand nombre
d'individus qui n'ont pas eu la chance d'avoir leur vie
axée sur une seule pensée - abandonnant les vieilles
croyances et leur suffisance - continuent à considérer
cette «chose» appelée salut comme acquise. Faute de pren-
dre conscience du symbolisme sous-jacent, le salut est pré-
senté comme un état d'existence plutôt que comme un
processus ou un mode de vie.
Dans certaines confessions, l'individu reçoit une récom-
pense pour sa droiture dans la vie ici-bas. Elle est donnée
dans l'au-delà par la «montée au Ciel». Pour d'autres
confessions elle est définie comme un droit dans la vie pré-
sente à des récompenses qui se prolongent dans l'au-delà.
Dans ce dernier cas on n'attend pas la mort pour obtenir
la récompense mais on commence à en recueillir les fruits
dans cette vie. C'est ce dernier point de vue qui est pro-
pagé par la plupart des évangélistes de la télévision. Ils
présentent Jésus-Christ comme la «réponse» à tous les pro-
blèmes de la vie, indiquant ainsi qu'il est le chemin
menant à l'accomplissement des besoins matériels et spi-
rituels de l'individu.
En dépit de ce qui apparaît comme des références bibli-
ques explicites comme «aller au Ciel» ou être «dans le
Royaume des Cieux», il est prouvé que dans l'enseigne-
ment de Jésus et des apôtres le mot salut signifiait bien
autre chose que la récompense d'un état dans l'au-delà.
Ceci est confirmé par un examen du sens primitif du mot
grec qui a été traduit dans les versions anglaises du Nou-
veau Testament par «Saved». Selon l'«Analyctical con-
94 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

cordance to the Bible» de Young, ce mot est Sozo, qui


signifie littéralement «rendre ou garder sain» ou bien
«guérir, préserver». Ceci suggère que les architectes de
la foi chrétienne avaient en tête un mode de vie, un pro-
cessus d'ouverture et de croissance. Il s'ensuit qu'ils s'atta-
chaient davantage à la présentation d'une psychologie qu'à
l'établissement d'une religion institutionnelle.

Nous pourrions considérer l'ensemble des doctrines qui


constituent les thèmes récurrents du Christianisme en ter-
mes plutôt psychologiques que religieux. Il serait alors pos-
sible de mettre en corrélation un grand nombre de ter-
mes qui constituent une doctrine religieuse et théologi-
que avec des états psychologiques qui existent dans l'indi-
vidu. Par exemple, au concept de péché et de transgres-
sion considéré comme l'état naturel de l'humanité, nous
pouvons substituer l'idée de stagnation, d'incrustation,
de cristallisation, de blocage, etc. D'autre part, pour le
concept de salut - l'antidote de l'état de péché et de trans-
gression - nous pouvons parler de «rupture de barriè-
res psychologiques», de dissolution des blocages dans la
psyché, de réactivation et de mobilisation de !'Energie
vitale. Quant au Royaume des Cieux, nous devrions par-
ler d'un certain rythme ou d'irréversibilité du processus
de mobilisation et de réactivation de !'Energie vitale dans
l'individu. La distinction la plus importante lorsque nous
examinons ces concepts psychologiquement plutôt que
théologiquement est que nous pouvons maintenant les voir
comme des processus qui existent dans la conscience de
l'individu. Par ceci nous entendons tout ce qui recondi-
tionne une personne à agir d'une manière particulière :
la série complète des croyances, des idées, le comporte-
ment habituel, les phobies, les attractions, les répulsions.
Cela signifie que le péché et le salut tels qu'ils sont défi-
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 95

nis plus haut existent dans la conscience. On peut pré-


tendre que quand les chrétiens parlent du «nom de Jésus»
et du «Sang du Christ», nécessaires au salut, ces mots
impliquent l'idée d'un «agent d'activation», quelque chose
qui œuvre dans la conscience personnelle pour promou-
voir ou activer le processus de croissance.
La nature implicite de la psychologie trouvée dans le
Nouveau Testament n'amoindrit pas son efficacité. Si
nous examinons les enseignements apostoliques, dans
l'ensemble et en détail, il devient clair que si on se sou-
met aux exigences requises pour le salut on retire tout le
bénéfice de la psychologie «cachée» dans leurs enseigne-
ments. Le concept de salut tel qu'il a été présenté révèle
à un regard plus attentif, l'orientation sous-jacente vers
un processus bien plus qu'un état. Par exemple, le salut
a été présenté comme quelque chose dont Jésus-Christ a
déjà payé le prix, dans un sens historique, et rien de plus
n'est demandé à l'individu si ce n'est la reconnaissance
de ce salut déjà acquis. Outre cette acceptation intérieure
ou, comme témoignage de celle-ci, l'individu devait faire
une déclaration publique de sa foi enjésus Fils de Dieu.
Ceci pouvait être considéré comme l'accomplissement de
la déclaration de Jésus lui-même :
ccC'est pourquoi, quiconque se déclarera publique-
ment pour moi, je me déclarerai moi aussi pour
lui devant mon Père qui est dans les cieux; mais
quiconque me reniera devant les hommes, je le
renierai aussi devant mon Père qui est dans les
cieux». (Matthieu 10:32-33).
Dans l'enseignement de l'Eglise primitive - qui com-
mença déjà à prendre forme dans les Actes - la croyance
dans le «nom» de Jésus est présentée comme le seul moyen
pour obtenir le salut. A ce sujet l'apôtre Pierre utilise la
96 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

circonstance de la guérison d'un paralytique pour faire


la déclaration suivante :
«Chefs du peuple et anciens, puisque nous som-
mes interrogés aujourd'hui sur un bienfait accordé
à un homme malade, afin que nous disions com-
ment il a été guéri, sachez-le tous, et que tout le
peuple d'Israël le sache! C'est par le nom dejésus-
Christ de Nazareth que vous avez crucifié, et que
Dieu a ressuscité des morts, c'est par Lui que cet
homme se présente en pleine santé devant vous.
Jésus est la pierre rejetée par vous qui bâtissez et
qui est devenue la principale de l'angle. Il n'y a
de salut en aucun autre, car il n'y a sous le ciel
aucun autre nom qui ait été donné parmi les hom-
mes, par lequel nous devions être sauvés (Actes
4:9-12).
Paul également fut incité à attester la suprématie du
nom de Jésus dans le plan d'ensemble de Dieu :
«C'est pourquoi aussi Dieu l'a souverainement
élevé et lui a donné le nom qui est au-dessus de
tout nom, afin qu'au nom de Jésus tout genou flé-
chisse dans les Cieux, sur la terre et sous la terre,
et que toute langue confesse que Jésus-Christ est
Seigneur, à la gloire de Dieu le Père.» (Philippiens
2:9-11).
L'individu qui voulait s'assurer le salut au nom de Jésus
devait témoigner sa foi par le baptême dans l'eau, ce qui
se faisait par immersion. Le baptême occupait une place
si importante au centre du plan de salut que son accom-
plissement et l'expression de foi dans l'efficacité du nom
de Jésus pour le salut devinrent inextricablement liés.
Nous voyons cette condition devenir une règle dans le ser-
mon historique de Pierre le jour de la Pentecôte quand
il dit de Jésus :
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 97

«Que toute la maison d'Israël sache donc avec cer-


titude que Dieu a fait Seigneur et Christ ce Jésus
que vous avez crucifié» (Actes 2:36).
«Quand ceux qui l'entendirent furent convaincus
et demandèrent ce qu'ils devraient faire, il leur
répondit : «Repentez-vous, et que chacun de vous
soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour le par-
don de vos péchés et vous en recevrez le don du
Saint-Esprit». (Actes 2:37-38).
Ces conditions : foi dans le nom de Jésus et soumis-
sion à l'eau du baptême sont encore imposées dans l'inci-
dent de la conversion de l'eunuque d'Ethiopie, consigné
dans le huitième chapitre des Actes. Dans ce récit, l'apô-
tre qui évangélisait était Philippe :
« .•. Alors Philippe ouvrant la bouche et commen-
çant par ce passage, lui annonça la bonne nou-
velle de Jésus.
Comme ils continuaient leur chemin, ils rencon-
trèrent de l'eau. Et l'eunuque dit : Voici de l'eau;
qu'est-ce qui empêche que je sois baptisé?
Philippe dit : Si tu crois de tout ton cœur, cela
est possible.
L'eunuque répondit : Je crois que Jésus-Christ est
le Fils de Dieu.
Il fit arrêter le char; Philippe et l'eunuque des-
cendirent tous deux dans l'eau, et Philippe bap-
tisa l'eunuque.» (Actes 8:34-38).
Les bienfaits psychologiques de ces actes de foi peuvent
être pleinement reçus à la seule condition que l'individu
considère son salut comme une opération en progrès et
non comme une transaction définitivement acquise. Bien
que l'individu ait été initialement persuadé que son salut
avait été assuré par Jésus-Christ et qu'il lui avait été offert
98 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

comme une grâce de Dieu, l'individu demeure néanmoins


exposé à un tempo croissant de responsabilités pour son
propre salut. La preuve la plus évidente que ce que Jésus
et les apôtres avaient en tête était l'activation d'un pro-
cessus plutôt que l'accomplissement d'un état fixe, appa-
raît dans les éclaircissements que Paul nous donne sur le
salut.
S'adressant à l'Eglise d'Ephèse, Paul enseigna:
«Vous étiez morts par vos offenses et par vos
péchés dans lesquels vous marchiez autrefois, selon
le train de ce monde, selon le principe de la puis-
sance de l'air, de l'esprit qui agit maintenant dans
les fils de la rébellion. Nous tous aussi, nous étions
de leur nombre, et nous vivions autrefois selon les
convoitises de notre chair, accomplissant les volon-
tés de la chair et de nos pensées, et nous étions
par nature des enfants de colère, comme les autres.
Mais Dieu qui est riche en miséricorde, à cause
du grand amour dont il nous a aimés, nous qui
étions morts par nos offenses, nous a rendus
vivants avec Christ (c'est par la grâce que vous
êtes sauvés); il nous a ressuscités ensemble et nous
a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes, en
Jésus-Christ, afin de montrer dans les siècles à
venir l'infinie richesse de sa grâce par sa bonté
envers nous en Jésus-Christ.
Car c'est par la grâce que vous êtes sauvés, par
le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous,
c'est le don de Dieu. Ce n'est point par les œuvres,
afin que personne ne se glorifie. Car nous som-
mes son ouvrage, ayant été créés en Jésus-Christ
pour de bonnes œuvres que Dieu a préparées
d'avance afin que nous les pratiquions» (Ephésiens
2:1-10).
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 99

Dans ce discours nous trouvons trois conditions pro-


gressives de salut. Premièrement l'individu apprend que
c'est par la grâce de Dieu qu'il est sauvé. Il apprend
ensuite qu'il doit utiliser ce salut à travers sa propre foi :
«car c'est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen
de la foi. «Et cela ne vient pas de vous, c'est le don de
Dieu». Finalement, bien qu'on lui dise que le salut «n'est
point par les œuvres afin que personne ne se glorifie»,
il est instruit plus loin que, en vertu de ce salut, il doit
à son sauveur de vivre pour lui. On lui dit qu'il est «créé
en Jésus-Christ pour de bonnes œuvres que Dieu a pré-
parées d'avance afin que nous les pratiquions». En
d'autres termes, du fait qu'il est sauvé, on attend de l'indi-
vidu qu'il mène un certain mode de vie consacré aux bon-
nes œuvres déjà prescrites par Dieu.
Paul renchérit sur ce thème plus loin dans d'autres dis-
cours, par exemple dans sa première lettre à l'Eglise de
Corinthe, il enseigna :
« ... Car vous avez été rachetés à un grand prix.
Glorifiez donc Dieu dans votre corps et dans votre
esprit qui appartiennent à Dieu» (1 Corinthiens
6:20).
Si nous faisons une comparaison globale entre ces con-
ditions de salut et une situation tirée de la vie contempo-
raine, elle rappelle la pratique d'une institution financière
accordant un prêt à un individu afin de lui permettre de
rembourser plusieurs créanciers. Ceci présente l'avantage
de rembourser en un seul paiement au lieu d'en effectuer
plusieurs.
Dans la section suivante, nous examinerons deux des
premiers actes de foi sans lesquels l'individu ne peut béné-
ficier du salut qui est le sien par la grâce de Dieu. Nous
allons montrer comment ils constituent respectivement la
100 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

clef de voûte et la pierre de touche, condition essentielle


pour qu'un individu puisse s'engager dans le processus
de participation consciente à l'ouverture de sa propre con-
science. Ces actes sont la profession de foi au nom de
Jésus-Christ et la soumission au baptême par l'eau. Nous
considérerons aussi le résultat immédiat de ces expressions
de foi, l'acquisition du «don du Saint Esprit» tel qu'il est
enseigné par les apôtres.

3. Signification primordiale
du nom de jésus-Christ
A propos de cette exigence de la foi en la Divinité de
Jésus envisagée comme une condition préalable pour le
salut, on rencontre l' abîme qui existe entre le sens sous-
jacent d'un symbole religieux et son interprétation super-
ficielle. Quand un chrétien accepte à un niveau littéral,
superficiel, que le nom de la personne historique soit le
seul nom «sous le Ciel» par lequel le salut peut être atteint
par l'homme, il peut en réalité faire obstacle à la cause
du Christ au lieu de la promouvoir. Ceci en vertu de la
limite que cette position impose à l'applicabilité du Chris-
tianisme à travers les temps et les cultures.
En premier lieu, il est impossible à quiconque est
dépourvu de «modèle» de ce qui fait la Divinité d'un être,
de proclamer sérieusement sa foi en la Divinité de qui que
ce soit, particulièrement lorsque quelque deux mille ans
d'histoire le séparent de cette personne.
En second lieu quand on adhère obstinément à une
interprétation littérale selon laquelle le nom de Jésus est
le seul nom par lequel l'homme peut obtenir le salut, on
dénie automatiquement la possibilité de salut aux incal-
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 1Ü1

cul ables millions (ou milliards) de gens qui ont vécu avant
et après Jésus sans en avoir entendu parler. A moins qu'il
y ait une autre explication du «nom de Jésus», le salut
devient quelque chose de réservé à un petit nombre, à
ces rares privilégiés qui sont nés dans une région du monde
où le Christianisme est la religion commune et à une épo-
que dans l'histoire du monde qui suit l'arrivée de Jésus.
Afin de comprendre ce que signifie croire au nom de
Jésus et confesser qu'il est Divin, nous examinerons dans
les Evangiles l'incident de la première expression publi-
que de la filiation divine de Jésus. C'est l'épisode concer-
nant Pierre dans l'Evangile de Matthieu dont il a déjà
été parlé.
Dans cet incident nous voyons Jésus répondre avec un
enthousiasme qui semble de prime abord hors de propos,
dans la mesure où Pierre faisait une confession de foi que
chaque élève d'une école du dimanche fait aisément
aujourd'hui. Si nous considérons aussi que Pierre était
avec Jésus et connaissait de première main sa façon d'être,
la réponse enthousiaste de Jésus à Pierre est encore plus
étonnante. Toutefois, comme nous l'avons déjà vu, Jésus
dit à Pierre que «la chair et le sang» ne lui avaient pas
révélé la connaissance de sa Divinité, signifiant ainsi que
la connaissance était venue des profondeurs primordia-
les de l'intuition de Pierre. C'est en cela que la confes-
sion de Pierre est significative et qu'elle se distingue de
celle qui ne peut y arriver que par ouï-dire.
La confession de Pierre était aussi révolutionnaire dans
la mesure où il reconnaissait en un homme la Divinité.
C'était une situation dans laquelle il ne s'était pas trouvé
antérieurement. Lorsqu'il dit que Jésus était le Christ,
il accomplissait un acte beaucoup plus important que celui
de vénérer Jésus. Il attribuait en effet à la personne his-
102 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

torique de Jésus la conscience du Christ, de «Celui qui


est Oint». En langage ordinaire, Pierre disait : <dei, sous
une forme tangible, physique, est la réalité de Dieu et de l'homme,
surimposée, sans conflit. »
Pareillement, quand les apôtres firent une profession
de foi dans la Divinité de Jésus, point focal de leur pro-
gramme de conversion, ils implantaient en réalité dans
le mental d'un individu la suggestion suivante : Il est pos-
sible pour un être humain de devenir Divin et, qui plus
est, l'individu doit concentrer tous ses efforts en vue
d'atteindre ce but.
Il est douteux que les apôtres aient pu entendre par le
nom de Jésus autre chose qu'une sorte de focalisation
psychologique. Dans le cas contraire, cela aurait abouti
à pousser des individus au parjure. En faisant de la foi
en la Divinité de Jésus la clef du salut, les apôtres prépa-
raient le terrain à une psychologie d'intégration person-
nelle. Ils demandaient à l'individu d'accepter Jésus comme
le Principe de Vie incarné et d'utiliser ses enseignements
comme un canevas pour une réorganisation de sa propre
vie. En se confirmant avec un tel programme, l'individu
s'ouvrirait lui-même émotionnellement au Principe repré-
senté par Jésus, acceptant de ce fait le défi d'une lutte
pour une meilleure réflexion de celui-ci dans son propre
être. Puisqu'il s'agit du principe de vie, une telle accep-
tation de Jésus signifie que l'individu s'efforcera de lais-
ser la Vie s'exprimer elle-même plus abondamment en
lui. Cela signifie une vie personnelle consacrée à l'unité
de l'homme et à l'expansion de la conscience, à la fois
individuellement et collectivement.
Il y avait aussi un autre sens - différent du contexte
du salut personnel - dans lequel le nom de Jésus était
employé et présenté dans le Nouveau Testament. C'était
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 103

comme un mot de passe pour obtenir la faveur divine.


Dans l'Evangile de Jean, par exemple, il est écrit que Jésus
dit à ses disciples que s'ils demandaient au Père quoi que
ce soit, cela leur serait accordé Oean 15:23). Nous voyons
que cette promesse est vérifiée dans beaucoup de mira-
cles associés aux guérisons et aux exorcismes rappelés dans
les Actes. Toutefois, si l'on met de côté cette orientation
pratique, le sens sous-jacent de la nomination de Jésus
est le même que dans le cas du salut personnel. Dans les
deux cas, il ne s'agit pas du terme - nom de Jésus-Christ
- mais du nom - conscience.
Quand on demande au nom d'une autre personne, on
le fait sous l'autorité de cette personne. Par ailleurs,
lorsqu'on demande au nom de la conscience, on le fait
«de la part de» cette personne. La distinction représente
plus qu'une matière de sémantique. Le nom de quelqu'un
ou de quelque chose est vraiment une étiquette ou un
symbole de sa réalité matérielle. Le nom conscience,
d'autre part, reflète une réalité intérieure. La reconnais-
sance de cette distinction apparaît dans les affaires sécu-
lières de l'humanité comme le démontre le slogan publi-
citaire : «La qualité était déjà à l'intérieur quand le nom
a été connu à l'extérieur.» Ceci démontre parfaitement
le sens du nom - conscience de Jésus. Il est relié à l'Esprit
qui caractérise la nature de Jésus-Christ.
Il est donc compréhensible que si on demande au nom
de Jésus, dans le sens de demander de la part de Jésus,
la requête sera accordée. Quand on demande «de la part»
de Jésus-Christ, on demande à l'Esprit qui caractérise le
Principe que Jésus-Christ a représenté. Ce Principe,
comme nous l'avons vu, fait progresser la cause de la vie,
facilite son flux là où il y a blocage, arrête l'entropie.
Quand on demande dans cet esprit, on demande de cana-
liser ce qui est reçu vers un besoin perçu.
104 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

Les Chrétiens qui peuvent exprimer du découragement


et qui perdent leur foi quand leurs prières n'obtiennent
pas une réponse à la mesure de leur espérance, n'ont pas
vu le Principe canalisateur sous-jacent à l'idée de demande
au nom de Jésus. L'apôtre Jacques anticipait un tel malen-
tendu lorsqu'il écrivait au sujet de la prière :
«Vous demandez, et vous ne recevez pas, parce
que vous demandez mal, dans le but de satisfaire
vos passions». Gacques 4:3)
Ceci met en lumière le fait que demander au nom de
Jésus n'est pas demander sous son autorité, mais plutôt
de sa part. Finalement, comme s'il fallait démontrer la
signification profonde dans laquelle le nom de Jésus agis-
sait, une histoire raconte, dans les Actes, comment cer-
tains individus tentèrent d'exploiter ce qu'ils percevaient
comme magique dans le nom de Jésus-Christ. Pour leur
humiliation, ils découvrirent que la seule magie véritable
résidait dans la conscience de l'utilisateur :
« ... Et Dieu faisait des miracles extraordinaires
par les mains de Paul, au point qu'on appliquait
sur les malades des linges ou des mouchoirs qui
avaient touché son corps, et les maladies les quit-
taient, et les esprits malins sortaient.
Quelques exorcistes juifs ambulants essayèrent
d'invoquer sur ceux qui avaient des esprits malins
le nom du Seigneur Jésus, en disant : Je vous con-
jure par Jésus que Paul prêche!
Ceux qui faisaient cela étaient sept fils de Scéva,
juif, l'un des principaux sacrificateurs. L'esprit
malin leur répondit : Je connais Jésus et je sais
qui est Paul; mais vous, qui êtes-vous?
Et l'homme dans lequel l'esprit malin s'élança sur
eux, se rendit maître de deux d'entre eux, et les
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 105

maltraita de telle sorte qu'ils s'enfuirent de cette


maison, nus et blessés.
Cela fut connu de tous les juifs et de tous les Grecs
qui demeuraient à Ephèse, et la crainte s'empara
d'eux tous et le nom du Seigneur Jésus-Christ était
glorifié.» (Actes 19:11-17).

4. La signification psychologique de la nécessité


du Baptême
Si nous considérons la foi dans le nom de Jésus-Christ
comme la condition primordiale pour le salut, alors la pre-
mière épreuve de cette foi consistait à se soumettre au bap-
tême, c'était donc la condition «pierre de touche».
Il faut remarquer toutefois que la pratique du baptême
ne se restreignait pas à l'enseignement de Jésus et de ses
disciples. Il avait été institué par Jean-Baptiste, qui signifie
réellement, «Jean le Baptiseur». Jésus aussi se soumit au
baptême par Jean, saisissant l'occasion pour signaler le
moment où il s'engageait dans sa mission d 'Avatar. Cet
acte par Jésus est une preuve de plus que l'exigence du
baptême n'était pas quelque chose de mystique et d'incon-
naissable mais d'immédiat. Il figurait un signe de ponc-
tuation, un tournant décisif. De la même manière que
Jésus l'utilisa pour séparer sa vie en deux parties, avant
et après sa mission spirituelle, les individus devaient con-
sidérer le baptême comme le point de changement entre
la vie ancienne et la nouvelle.
Le baptême symbolisait la triunité du processus de
mort, d'ensevelissement, et de renaissance. Cet aspect a
été mis en relief par Paul dans son Epître aux Romains :
106 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

«Ignorez-vous que nous tous qui avons été bapti-


sés en Jésus-Christ, c'est en sa mort que nous
avons été baptisés? Nous avons donc été enseve-
lis avec lui par le baptême en sa mort, afin que,
comme Christ est ressuscité des morts pour la
gloire du Père, de même nous aussi nous mar-
chions en nouveauté de vie. En effet, si nous som-
mes devenus une même plante avec Lui par la
conformité à sa mort, nous le serons aussi par la
conformité à sa résurrection, sachant que notre
vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le
corps de péché soit réduit à l'impuissance, pour
que nous ne soyons plus esclaves du péché; car
celui qui est mort libre est du péché. Or, si nous
sommes morts avec Christ, nous croyons que nous
vivrons aussi avec Lui, sachant que Christ ressus-
cité des morts ne meurt plus; la mort n'a plus de
pouvoir sur Lui. Car Il est mort, une fois pour
toutes; Il est revenu à la vie et c'est pour Dieu
qu'il vit.
Ainsi, vous-mêmes, regardez-vous comme morts
au péché, et comme vivants pour Dieu enJésus-
Christ» (Romains 6:3-11).
L'idée exprimée ici est que l'individu dans la cérémo-
nie accepte la pénalité pour le péché qui est la mort, mais
dans ce cas il s'agit d'une mort cérémonielle; c'est une
forme d'initiation à travers le passage de la mort dans un
mode de vie qui est nouveau. Paul se réfère à l'ancien
style de vie lorsqu'il parle du «vieil homme» et, dans un
autre contexte (Galates 3:27), il se réfère au baptême con-
sidéré comme l'acte de «revêtir le Christ». Ce qui signi-
fie que par l'acte du baptême une métamorphose se pro-
duit : le vieil homme avec ses habitudes, ses contraintes,
son ancienne perspective sur la vie entre dans la tombe
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 107

liquide et le nouvel homme en sort avec la conscience du


Christ qui opère en lui. Psychologiquement parlant, le
baptême était un rituel qui impressionnait à la fois le men-
tal conscient et inconscient. Il imprégnait le fonctionne-
ment du mode conscient du mental de la notion d'un point
de départ. Le baptême, par conséquent, satisfait l'exigence
selon laquelle toute entreprise avant de pouvoir réussir
doit avoir une naissance à un certain moment du temps.
Ceci parce qu'il est plus difficile pour un individu de
renoncer à son engagement à l'expansion de sa propre
conscience lorsque cet engagement a existé en tant que
fait historique dans le temps et dans l'espace, et pas uni-
quement comme une idée.
Au niveau de l'inconscient, le baptême a eu un effet
de libération de la culpabilité et il a contribué à la clarifi-
cation du «foyer de la conscience» de telle manière que
le feu des aspirations authentiques peut être allumé. Ceci
a été compris par les apôtres, et Pierre l'a exprimé tout
particulièrement et sans détour. Il a écrit :
«Cette eau était une figure du baptême, qui n'est
pas la purification des souillures du corps, mais
l'engagement d'une bonne conscience envers Dieu
et qui maintenant vous sauve vous aussi par la
résurrection de Jésus-Christ. » (1 Pierre 9: 21)
L'idée exprimée ici, c'est que la valeur du baptême n'est
pas dérivée de la fonction de l'utilité de l'eau mais plutôt
qu'elle était psychologique. De la même manière que deux
individus pour conclure une transaction peuvent sceller
leur accord par une poignée de main comme une démons-
tration de bonne conscience réciproque, le baptême était
un pacte similaire. Il apposait un sceau sur un nouveau
type de relation entre l'individu et Dieu. Il indiquait qu'il
était prêt à s'engager sérieusement dans le processus de
culture de la conscience.
108 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

Quant à son rôle dans l'éradication du sentiment de


culpabilité, le baptême aide l'individu à acquérir une
image positive de lui-même. Le sentiment de culpabilité
a pour origine un malaise éprouvé par l'individu à son
propre sujet. Dans cet état, le travail d'expansion de la
conscience ne peut pas avoir lieu puisque les sentiments
négatifs retiennent l'individu dans les anciennes structu-
res de pensée et de comportement. Cette stagnation est
maintenue par sa propre dynamique : celui qui est dans
un état de culpabilité s'efforce d'équilibrer le grand livre
de sa conscience en générant des sentiments négatifs à son
sujet pour les méfaits passés puis, ces sentiments négatifs
sont inconsciemment acceptés par lui comme le prix à
payer pour ces méfaits. Il n'éprouve donc pas le besoin
de changer sa manière d'être puisqu'il accepte les senti-
ments négatifs comme un échange équitable.
L'autre valeur psychologique du baptême réside dans
sa capacité d'insérer un coin dans le cercle vicieux de
l'indiscrétion - culpabilité - indiscrétion - et, ce fai-
sant, de le briser. Cela est accompli par le pardon des
péchés qui accompagne le baptême. Quand on a profité
de ce pardon des péchés il devient possible de redémar-
rer, on est poussé à justifier ses actions avant d'agir plu-
tôt qu'après l'acte. A travers ce processus on apprend la
prévoyance puisque l'on doit maintenant s'assurer de la
valeur inhérente à une activité ou de ses conséquences
avant d'y prendre part. C'est ainsi que la conscience per-
sonnelle se développe chez l'individu qui assume une plus
grande responsabilité pour ses actions.

5. La guidance de !'Esprit Saint


L'Esprit Saint, ou le Consolateur comme Jésus l'a dési-
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 109

gné, fait partie intégrante du projet pour le salut comme


une réciprocité par Dieu en faveur du converti qui a cru
au nom de Jésus, qui s'est repenti de ses péchés et qui
s'est soumis au baptême de l'eau. Si nous revenons au
sermon historique de Pierre le jour de la Pentecôte, nous
rappellerons que Pierre dit à la foule que si elle se repen-
tait et était baptisée elle recevrait le don du Saint Esprit.
L'Esprit Saint est considéré par les chrétiens comme
l'aspect le plus difficile à comprendre de la Sainte Tri-
nité. C'est, semble-t-il, dû au fait que la majorité des chré-
tiens considèrent qu'ils perçoivent assez clairement les
aspects du Père et du Fils. Toutefois, comme nous l'avons
vu, la compréhension générale de l'aspect du Fils que
Jésus-Christ a représenté peut être très éloignée du véri-
table sens qui est sous-jacent. Il n'est pas surprenant que
des adhérents au Christianisme trouvent que !'Esprit Saint
est difficile à comprendre et à situer dans le schème du
salut.
De même que le rôle du Christ dans le salut peut être
mieux compris lorsque le Christ est considéré comme le
Principe de Vie, et le salut comme un processus d'expan-
sion de la conscience personnelle, le rôle de !'Esprit Saint
doit être compris en des termes similaires. Dans le schème
du salut il représente le Principe réconciliateur de Dieu
dans sa manifestation personnelle contrastant avec le Prin-
cipe du Christ qui représente la Manifestation transper-
sonnelle et mentale. Ceci peut être dégagé des enseigne-
ments de Jésus tels qu'on les trouve dans l'Evangile de
Jean.
QuandJésus préparait ses disciples à son départ il leur
dit que s'il ne s'en allait pas, le Consolateur, c'est-à-dire
!'Esprit Saint ne pourrait pas venir à eux.
110 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

«Et moi, je prierai le Père, et Il vous donnera un


autre Consolateur afin qu'il demeure éternelle-
ment avec vous, !'Esprit de vérité, que le monde
ne peut recevoir, parce qu'il ne Le voit point et
ne Le connaît point; mais vous, vous Le connais-
sez, car Il demeure avec vous, et Il sera en vous ...
Encore un peu de temps, et le monde ne me verra
plus; mais vous, vous me verrez, car je vis et vous
vivrez aussi.» Qean 14: 16-19).
Jésus répéta que sa présence physique bloquerait l'arri-
vée du Consolateur et, qui plus est, il assura les disciples
que le Consolateur ferait plus que compenser la perte
qu'ils subiraient du fait de son départ. Le Consolateur
les enseignerait et les aiderait à se souvenir de tout ce que
lui-même avait enseigné :
«Mais le Consolateur, !'Esprit Saint, que le Père
enverra en mon nom, vous enseignera toutes cho-
ses et vous rappellera tout ce que je vous ai dit»
Qean 14:26).
D'autres discours de Jésus sur le même sujet donnent
l'impression que le Consolateur, ou le Saint-Esprit, sous
la forme d'une personnalité distincte, était une création
spéciale désignée pour amener les disciples (ou les indivi-
dus en général) à déplacer leur regard de l'extérieur vers
l'intérieur. C'était ce regard intérieur qui devait permet-
tre à l'individu de saisir le fil de divinité qui se trouve
dans chaque âme et de le suivre jusqu'à sa source même.
En tant qu'incamation du Principe de Vie, Jésus était un
porteur de la «Lumière» dans le monde, afin de lui incul-
quer la nécessité de réorganiser et de manifester ce Prin-
cipe. Toutefois, en vue d'obtenir de l'individu, accoutumé
à voir la Lumière hors de lui-même, qu'il tourne son
regard vers l'intérieur, la nouvelle personnalité du Saint-
Esprit aurait été «inventée».
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 111

Toute la vie dramatique de Jésus pourrait être consi-


dérée comme une tentative, faite par Dieu, pour attirer
l'attention de l'humanité vers la lumière et puis de la lui
reprendre, de façon que l'individu puisse la chercher et
la trouver à l'intérieur de lui. Puisque l'idée de salut était
de faire en sorte que l'individu coopère consciemment au
processus d'expansion de la conscience (devenant ainsi
un créateur authentique), le schème consistant à attirer
l'attention du genre humain vers la lumière et puis de la
retirer, pouvait être considéré comme un mécanisme par-
fait. Quand on avait vu la Lumière, la vie ne pouvait être
la même par la suite. On aurait été obligé de chercher
une autre source de lumière qui, en vérité, était la même
Lumière, bien que ceci n'ait pas été évident de l'extérieur.
La vie de Jésus-Christ devait donc servir de point de
modulation. C'est pourquoi Jésus a mis l'accent sur le
fait que, aussi longtemps qu'il resterait dans la chair, le
Consolateur ou le Saint-Esprit ne pourrait pas venir aux
disciples :
«Cependant, je vous dis la vérité : il vous est avan-
tageux que je m'en aille, car si je ne m'en vais
pas, le Consolateur ne viendra pas vers vous mais
si je m'en vais, je vous l'enverrai». Qean 16:7).
La méthode utilisée pour introduire le processus de
rédemption du Saint-Esprit dans la conscience des disci-
ples (et de ceux qui devaient venir plus tard) était spécia-
lement choisie pour faire une transition sans à-coup dans
le mental vers une nouvelle manière de considérer le
Divin. Il n'était plus question de chercher Dieu à l'exté-
rieur de soi-même mais à l'intérieur. L'opération tout
entière peut être assimilée à celle d'un opérateur de radar
qui, après avoir surveillé le décollage d'un avion à l'œil
nu, déplace son regard pour surveiller l'action à partir
112 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

de l'écran de son radar. Par un simple déplacement de


regard, un changement de dimension est effectué. Une
tâche sur l'écran devient pratiquement l'appareil. Le
changement de dimension et de méthode d'observation
a pour but d'ajouter aux capacités normales de l'obser-
vateur de radar une extension considérable. Il peut main-
tenant voir l'appareil longtemps après qu'il soit passé au-
delà de la portée de sa vision normale.
De la même manière, Jésus-Christ était allé au-delà de
la portée des «yeux» des disciples alors même qu'il était
encore avec eux dans la chair. Les possibilités des ensei-
gnements personnels étaient certainement épuisés, ils
devaient donc maintenant tourner leurs yeux vers leur pro-
pre «radar» intérieur.
Quant aux travaux psychologiques de !'Esprit Saint lui-
même, ceci est expliqué dans l'exhortation de Jésus selon
laquelle !'Esprit Saint convaincrait le monde de péché,
de justice, et de jugement.
Et quand Il sera venu, Il convaincra le monde en
ce qui concerne le péché, la justice et le jugement :
en ce qui concerne le péché parce qu'ils ne croient
pas en moi; la justice, parce que je vais au Père
et que vous ne me verrez plus; le jugement parce
que le prince de ce monde est jugé. Qean 6:8-11).
L'un des premiers effets ou contacts est la faculté de
conscience. C'est par la conscience que l'on devient
convaincu de péché, qu'un individu s'aperçoit qu'il est
en train de vivre un niveau d'existence au-dessous de celui
que son intelligence et que son expérience lui inspirent.
Puis on prend le contact avec l'intuition. C'est l'intui-
tion qui convainc le monde de jugement. C'est en effet
la faculté qui nous permet d'être responsable, de pren-
dre des décisions correctes et d'agir d'une manière consis-
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 113

tante avec un sens du but à atteindre. Finalement, le con-


tact est pris avec la volonté, et c'est en ce sens que !'Esprit
Saint convainc le monde de Justice. Lajustice est liée à
la «droiture morale'» un état qui nous permet de rester
fidèle à notre idéal.
Finalement, le Saint-Esprit devait donner aux disciples
le don de prophétie «... Il vous montrera les choses à
venir», dit Jésus. L'association du Saint-Esprit avec la
prophétie et avec d'autres miracles avait pour but de per-
mettre aux disciples (et aux chrétiens en général) de se
relier consciemment à l'œuvre miraculeuse de transfor-
mation qui se passait à l'intérieur d'eux-mêmes. Comme
une conscience individuelle est tirée vers l'intérieur à cause
de sa dévotion au Principe du Christ dans sa vie exté-
rieure, certaines manifestations se produisent pour l'assu-
rer que le travail de transformation intérieure progresse
comme prévu. Ces résultats inscrivent intérieurement la
validité objective de l'unité qu'il poursuivait dans la vie
extérieure.
Ces «effets spéciaux» n'avaient pas pour objet de l'alar-
mer, et lui n'avait pas pour objet de les solliciter. Toute
sollicitation l'aurait distrait de l'expression du Principe
du Christ dans sa vie. En attribuant ces expériences à une
personnalité séparée appelée le Saint-Esprit, l'individu
pouvait prendre toutes les précautions voulues et s'effor-
cer d'exprimer avec précision le Principe Vital dans son
existence quotidienne.
CHAPITRE V

Les racines cachées


de la psychologie transformatrice
du Nouveau Testament

1. Les principales composantes de la psychologie


Il y a quatre principales composantes structurales de
la psychologie trouvée dans le Nouveau Testament.
La première concerne un modèle d'homme considéré
en fonction de ses possibilités. Il montre l'homme comme
une entité hétérogène, si l'on envisage la manière dont
le Principe de Vie se représente en lui.
La deuxième composante est une liste d'instructions qui
peuvent amener l'individu à réfléchir sur son état d'être
et à découvrir où il est situé dans l'éventail de ses
possibilités.
La troisième consiste en une série de pratiques conçues
pour aider l'individu à perfectionner les qualités d'expres-
sion du Principe Vital en lui-même et, ce faisant, à se pro-
pulser à un niveau plus élevé d'expression de ses propres
possibilités.
La quatrième composante dévoile un modèle utilisa-
ble de l'objectif de l'effort individuel.
116 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

Les trois premières de ces composantes sont éclipsées


dans le Nouveau Testament par la quatrième dont les élé-
ments sont réalisés dans le drame de la vie de Jésus. C'est
le drame de cette vie qui est considéré par les chrétiens
comme «l'Evangile de Jésus-Christ». On peut montrer
cependant que l'Evangile inclut les quatre composantes
citées plus haut, le drame de la vie de Jésus ayant pour
but de concrétiser quelque chose qui, sans cela, serait resté
éthéré. Dans sa vie nous trouvons la dramatisation de
principes cosmologiques d'une manière que les individus
ordinaires pouvaient comprendre. Il a accompli ceci en
servant les deux rôles d'un catalyseur et de ce que nous
pouvons appeler une lumière lointaine.
En tant que catalyseur, le drame de la vie implante des
«suggestions» dans notre mental concernant ce que nous,
êtres humains, pouvons atteindre. En bref nous sommes
incités à lutter pour une meilleure et plus haute réflexion
concernant ces possibilités. Dans le rôle de «Lumière loin-
taine» le Principe représenté par Jésus se focalise dans
notre mental nous offrant ainsi un standard pratique
d'excellence.

2. La structure conceptuelle
qui unit les composantes
Le type de structure conceptuelle qui rassemble les com-
posantes de cette psychologie admet la possibilité pour
l'homme de devenir divin grâce aux concepts et au plan
nécessaire à l'accomplissement de ce projet. Cette struc-
ture conceptuelle doit avoir, outre sa dimension philoso-
phique, un aspect pratique.
Nous trouvons une telle structure déjà développée dans
les disciplines orientales du yoga. Ces disciplines qui exis-
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 117

tent depuis des milliers d'années aident l'individu à orga-


niser toutes ces énergies - intellectuelles, émotionnelles,
volitives et physiques - en un état d'harmonie avec l'idéal
spirituel qu'il a choisi.
L'idée centrale dans les disciplines diverses du yoga con-
siste à voir l'être humain comme une semence divine en
attente de la coopération consciente de l'individu pour
s'éveiller et s'épanouir. Bien que cette idée paraisse très
différente des enseignements chrétiens traditionnels, elle
a sa contrepartie dans le Nouveau Testament. La diffé-
rence est que cette structure des possibilités divines de
l'homme se trouve à l'arrière-plan dans le Christianisme
alors qu'elle se situe au premier plan de l'approche orien-
tale. En dépit de cette différence nous pouvons trouver
dans le Nouveau Testament la preuve que cette «vision»
particulière a structuré la plupart des enseignements
apostoliques.
Par exemple, un incident est rappelé dans les Actes :
lorsque Paul a fait un sermon à un groupe d 'Athéniens
il a profité de cette opportunité pour introduire dans son
sermon le thème de la nature divine assoupie dans
l'homme et de la possibilité d'obtenir une meilleure
expression de cette nature divine :
Paul, debout au milieu de !'Aréopage dit :
«Hommes athéniens, je vous trouve à tous égards
extrêmement religieux. Car, en parcourant votre
ville et en considérant les objets de votre dévotion,
j'ai même découvert un autel avec cette inscrip-
tion : A un dieu inconnu! Ce que vous révérez
sans le connaître, c'est ce que je vous annonce.
Le Dieu qui a fait le monde et tout ce qui s'y
trouve, étant le Seigneur du ciel et de la terre,
n'habite point dans des temples faits de main
118 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

d'homme ; il n'est point servi par des mains


humaines, comme s'il avait besoin de quoi que
ce soit, lui qui donne à tous la vie, la respiration,
et toutes choses. Il a fait que tous les hommes, sor-
tis d'un seul sang, habitent sur la surface de la
terre, ayant déterminé la durée des temps et les
bornes de leur demeure; il a voulu qu'ils cherchent
le Seigneur et qu 'ils s'efforcent de le trouver en
tâtonnant, bien qu'il ne soit pas loin de chacun
de nous, car en lui nous avons la vie, le mouve-
ment, et l'être. C'est ce qu'ont dit aussi quelques-
uns de vos poètes : De lui nous sommes la race ...
Ainsi donc, étant la race de Dieu, nous ne devons
pas croire que la divinité soit semblable à de l'or,
à de l'argent, ou à de la pierre, sculptés par l'art
et l'industrie de l'homme. Dieu, sans tenir compte
des temps d'ignorance, annonce maintenant à tous
les hommes, en tous lieux, qu'ils ont à se repen-
tir, parce qu'il a fixé un jour où il jugera le monde
selon lajustice, par l'homme qu'il a désigné, ce
dont il a donné à tous une preuve certaine en le
ressuscitant des morts ... » (Actes 17 :22-31 ).
Suivant la thèse exposée par Paul, l'homme, étant de
la race de Dieu, doit rechercher et exprimer son héritage
divin («Il a voulu qu'il cherche le Seigneur et qu'il s'efforce
de le trouver à tâtons, c'est-à-dire l'atteindre»). Ceci n'est
pas une idée de Dieu propagée à partir de la chaire des
Eglises chrétiennes où Dieu est considéré comme un Etre
qui existe loin et séparé de Sa création.
En ce qui concerne Paul, le Dieu qu'il prêche aux Athé-
niens est une partie de la réalité de tout individu, un fait
dont nous ne sommes pas généralement conscients. Paul
développe par la suite sa conception de Dieu dans ses épî-
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 119

tres. Il parle de l'individu qui est un temple dans lequel


Dieu demeure :
«Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de
Dieu et que l'Esprit de Dieu habite en vous.»
(I Corinthiens 3: 16)
Dans des termes quelque peu différtnts il a également
écrit :
«Ne savez-vous pas que votre corps est le temple
du Saint-Esprit qui est en vous, que vous avez reçu
de Dieu, et que vous ne vous appartenez point à
vous-mêmes?» (I Corinthiens 6:19).
On peut aussi se référer à l'Ancien Testament : dans
le premier des dix Commandements, il apparaît que la
Divinité devait être le but de l'humanité. Caché derrière
les termes de ce Commandement qui dit : «tu n'auras pas
d'autre Dieu que moi», se trouve l'idée que l'humanité
ne devait pas laisser quoi que ce soit la séparer du Dieu
véritable. Tout ce qui crée un blocage devient un «dieu»,
en quelque sorte, dans la mesure où il circonscrit les limites
de nos efforts. En éliminant systématiquement les petits
«dieux» que l'humanité est encline à adorer, nous som-
mes automatiquement conduits vers Dieu.
Lorsque, finalement, nous aurons éliminé tous les petits
«dieux», c'est-à-dire tous les blocages qui restreignent nos
efforts, nous serons face à face avec le Dieu Véritable.
C'est peut-être cette pensée qui a poussé Paul à donner
l'exhortation suivante à l'Eglise de Corinthe :
«Nous tous qui, le visage découvert, contemplons
comme dans un miroir la gloire du Seigneur, nous
sommes transformés en la même image, de gloire
en gloire, comme par le Seigneur, l'Esprit». (II
Corinthiens 3: 18).
120 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

La beauté poétique d'un tel langage mise à part, l'uni-


que valeur d'une telle vision réside dans l'usage que nous
en faisons.

3. Le plan détaillé des possibilités de l'homme tel


qu'il sous-tend les enseignements de jésus.
Les enseignements de Jésus rapportés par «Matthieu»
avec une tonalité objective et universelle s'adressent à un
modèle d'homme considéré dans l'éventail complet de ses
possibilités. Dans ce modèle, ces possibilités sont repré-
sentées sous forme d'une structure hiérarchique qui com-
prend sept niveaux. Ces degrés de réalité sont compara-
bles à une échelle à sept barreaux. Chaque barreau de
l'échelle représente un niveau de la conscience person-
nelle qui est peut-être aussi avancé par rapport au précé-
dent que les mammifères peuvent l'être des reptiles, ou
les primates des mammifères en général.
La comparaison n'est pas sans valeur car, dans le cadre
de cette structure hiérarchique, le premier barreau sur
l'échelle de l'être implique des comportements fondamen-
taux de survie et de conduite anti-sociale, si bien qu'un
individu dont la conscience serait arrêtée là, aurait plus
de choses en commun avec les animaux qu'avec la société
humaine.
Au fur et à mesure que nous nous élevons sur l'échelle,
nous constatons des améliorations progressives, si bien
qu'au sommet, au septième niveau, l'individu sera plus
divin, plus semblable au Christ, qu'humain. Il ne serait
pas hors de propos d'appeler Dieu-Homme un tel
individu.
Bien que ce modèle, dans sa forme la plus développée,
soit emprunté aux religions orientales, il est suffisamment
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 121

souple pour s'adapter aux idées des autres religions mon-


diales. Le but commun de ces religions peut être exprimé
ainsi : il s'agit de trouver un fidèle qui élève la qualité
d'expression de la Vie en lui-même, ou suivant le modèle
des sept degrés, de passer d'un barreau de l'échelle de
l'Etre à un autre plus élevé. Les différents termes de réfé-
rence des diverses religions du monde résultent du fait
que les architectes de ces religions ont donné à leurs peu-
ples respectifs une compréhension significative et réalisa-
ble de ce principe sous-jacent. Pour aboutir à ce résultat,
ils ont eu recours à des symboles et à des métaphores. Par
exemple, dans la religion chrétienne, le concept d'expan-
sion de la conscience (progressant de barreau en barreau
sur l'échelle de l'être) devient le «Royaume des Cieux».
Les états et les lieux prennent la place des processus et
des niveaux de Conscience.
Dans le modèle à sept niveaux le corps humain est consi-
déré comme le facteur d'intégration entre tous les niveaux
de Réalité représentés par les barreaux sur l'échelle de
l'être. On considère que le corps, en dépit de sa densité
matérielle, contient et joue le rôle d'un point d'ancrage
pour les corps de niveau plus élevé et plus subtil qui cor-
respondent aux états de conscience des six autres barreaux
sur l'échelle de l'être. En un sens le corps physique,
puisqu'il est assujetti au temps, constitue une voie d'accès
à la manifestation en vue de permettre à ces corps d'un
ordre plus élevé d'intégrer et de coordonner leurs expres-
sions. En conséquence la vie dans le domaine physique
avec toutes ses complexités peut être plus clairement con-
sidérée comme une représentation holographique de ces
niveaux plus élevés.
Selon la littérature traditionnelle de l'Orient, les sept
degrés de l'Etre peuvent être identifiés à sept régions du
122 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

corps physique. En sanskrit, langue dans laquelle ces


conceptualisations ont pris forme à l'origine, les sept sites,
ou régions d'interphase, sont appelés chakras. Littérale-
ment ce terme signifie «roue» mais dans le contexte
d'expansion de la conscience, il est compris comme un
vortex d'énergie. A plusieurs individus aotes de v1s1on
supra-sensible, ces vortex d'énergie ont été observés sous
forme de disques lumineux où tourbillonnaient plusieurs
couleurs et distribués le long de l'axe vertical de la colonne
vertébrale. (1)
Avec la colonne vertébrale comme point de référence
verticale, les sept chakras sont distribués sur sa longueur,
le premier est situé à la base de la colonne, le second dans
la région sacrée, le troisième dans la région lombaire, le
quatrième dans la dorsale, le cinquième dans la cervicale,
le sixième dans une région horizontale dont le centre se
situe entre les sourcils et le septième au sommet de la tête.
Ces chakras ont reçu des noms en sanskrit :
Le premier - Muladhara
Le second - Svadvishthana
Le troisième - Manipura
Le quatrième - Anahata
Le cinquième - Vishuddha
Le sixième - Ajna
Le septième - Sahasrara
Puisque l'idée qui sous-tend le concept de chakras est
que chacun d'eux représente un point d'interphase avec
des niveaux plus élevés, le processus de croissance de la
conscience individuelle peut être exprimé par le terme
d'ouverture de ces chakras. «Ouverture» ne signifie pas
que l'individu pratique quelques exercices au niveau
d'existence représenté par le chakra Cela indique plutôt
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 123

qu'il a réussi à porter sa conscience jusqu'au niveau où


il exprime des principes supérieurs de l'être tels qu'ils sont
représentés par les niveaux supérieurs de l'existence d'une
manière spontanée. En réalité, c'est l'individu qui s'ouvre
à un chakra puisque c'est la conscience ordinaire qui doit
être élevée pour entrer en synchronisation avec un niveau
supérieur de l'existence. Quand une telle synchronisation
est pleinement établie, le point d'interphase entre le physi-
que et le niveau supérieur devient opérationnel.

4. Les chakras considérés comme des niveaux et


des degrés d'intensité dans l'effort de la recherche
Considéré à la lumière de la lutte de l'individu pour
élever sa conscience personnelle à des niveaux d'existence
supérieure, chaque chakra est identifié avec un certain
niveau et un degré d'intensité d'effort dans la vie physi-
que. Suivant le modèle d'être à sept degrés, nous aurons
donc sept niveaux d'efforts pour coïncider avec les sept
chakra. D'après la littérature classique sur ce sujet, le pre-
mier chakras (Muladhara) correspondrait à un niveau
d'effort axé uniquement sur la survie physique. Si la con-
science d'un individu est arrêtée à cet endroit, la masse
de son énergie sera consumée au service des appétits physi-
ques et à la compétition physique directe avec d'autres
afin de préserver les moyens d'assouvir ces appétits. Le
principe dominant, à ce niveau, est la survie des mieux
adaptés.
Au second chakras (Svadvishthana) l'objet des efforts
devient la satisfaction émotionnelle. Celle-ci est recher-
chée surtout dans la poursuite des expériences sexuelles.
Le principe de Vie exprimé ici est celui de la polarisa-
124 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

tion. Pour la conscience arrêtée ici, la satisfaction vient


sous forme d'une navigation entre des paires d'opposés :
entre la sympathie et l'antipathie, l'amour et la haine,
etc., à l'infini. Parce que la Vie dans le domaine physi-
que trouve sa polarisation accomplie dans la division des
sexes, la plupart des manifestations de la conscience du
second chakra sont orientées vers le sujet du sexe. C'est
pour cette raison que le chakra Svadvishthana a été appelé
le Centre du Sexe.
Au troisième chakra (Manipura) l'objectif des efforts des
individus est la position sociale et le prestige qui en
découle. Quand la conscience d'un individu est fixée en
ce point, il jouit d'exercer le pouvoir et de dominer les
autres. Cette personne est fascinée par les jeux et l'intri-
gue et tout ce qui, en général, peut rapporter un béné-
fice. Le principe dominant ici est celui de la vanité; il s'agit
d'«alimenter l'égo». La plupart des actions d'un individu
dont la conscience est arrêtée ici concerne l'avancement
et la protection du sens que l'on a de sa propre impor-
tance. Ce centre est communément appelé le Plexus solaire
ou centre de la volonté de puissance.
L'objet des efforts au quatrième chakra (Anahata) est un
Sens d ' acceptation et d'appartenance. A ce niveau on dit
que la conscience est libérée des «forces inférieures», c'est-
à-dire des forces qui poussent à l'effort individuel et qui
retiennent la progression collective de l'humanité. Lors-
que la conscience atteint ce niveau de développement,
l'individu cherche à agir délibérément en vue d'un objectif
à atteindre plutôt que comme une réponse à des stimuli
externes. Cette personne peut toutefois perdre trop de
temps à chercher l'approbation des autres . Le principe
de Vie exprimée est celui d'insertion ou d'empathie *.
• Empathie : capacité de s' identifier à autrui, de ressentir ce qu' il sent - Robert.
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 125

SAHASRARA

AJNA

VISHUDDHA

ANAHATA

Les plexus ou lotus


Source : La puissance du serpent, par Arthur Avalon (Sir John WoodrufTe)
12• Edition, Ganesh & Co, Madras, Inde.
126 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

Parce que les affaires de la vie sont conduites à un niveau


émotionnel supérieur, lorsque la conscience est élevée à
cet état, le chakraAnahata a été appelé centre du cœur. Ceci
peut être considéré comme une allusion à sa place dans
la région située au centre de la poitrine.
Quand les efforts se concentrent sur le but objectif de
la vie humaine, on peut dire que la conscience est cen-
trée sur le cinquième chakra (Vishuddha). A ce niveau, un
individu veut découvrir les lois de la Nature et les autres
principes cachés de la Vie. Parce que cette étape concerne
la découverte de ce qui est caché, c'est ici que la conscience
d'un individu devient objective. Puisque la parole joue
un rôle important dans la structuration de nos pensées,
lorsque nous nous efforçons d'imposer un ordre mental
à la Nature, le cinquième chakra est aussi appelé centre
de la Parole. Il est également considéré comme le centre
de l'objectivation de la conscience personnelle.
Lorsque l'individu a réussi à élever son niveau d'effort
au point où ses objectifs personnels sont remplacés par
des buts orientés vers l'amélioration de la condition
humaine en général, on peut dire que sa conscience est
centrée au sixième chakra (Ajna). Le principe qui gouverne
l'expression de la Vie est celui de l'Amour impersonnel,
c'est-à-dire de l'Amour comme une manière d'être. C'est
pourquoi ce centre de conscience a été appelé Centre de
Conscience christique.
Plus encore pour celui dont le sixième chakra est
«Ouvert», la satisfaction personnelle de la vie est complè-
tement sublimée, amenant ainsi un Principe d'existence
supérieur à se manifester. D'autres caractéristiques de
l'expression de la conscience à partir de ce centre incluent
le mode de fonctionnement intuitif du mental. Ceci impli-
que la capacité pour l'individu de percevoir directement
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 127

les principes cachés qui gouvernent la Vie dans le monde


matériel et de les exprimer.
Finalement, nous arrivons à la manière d'être la plus
élevée qu'il soit possible d'atteindre dans cette vie terres-
tre. Dans cette étape les efforts deviennent si intenses
qu'aucun objectif à atteindre ne peut-être identifié. L'indi-
vidu devient l'effort en soi. A ce niveau, la conscience
s'ancre dans le septième chakra (Sahasrara). La vie de l'indi-
vidu devient ici un point d'expression entre ce qui est tem-
porel et ce qui est éternel. Parce que l'être est totalement
libéré de contraintes, celui dont la conscience a atteint ce
niveau devient une expression de la Volonté Divine. Cette
personne devient donc un Dieu-Homme puisqu'il ne s'agit
plus d'un être humain qui essaie de s'améliorer mais plutôt
d'un Principe Divin qui essaie d'établir une demeure per-
manente dans un corps terrestre. Cette information sur
les chakras est résumée sur le tableau ci-dessous pour toute
référence ultérieure.

5. La base scientifique des chakras


Bien que les commentateurs du concept des chakras ne
manquent pas de préciser que ces derniers appartiennent
au corps subtil et que, de ce fait, ils ne peuvent faire l'objet
d'un examen anatomique, deux éléments d'observation
scientifique ont aidé à établir la validité du concept. En
premier lieu, bien que le concept de chakra ait devancé
la science occidentale de quelques millénaires, les posi-
tions attribuées aux chakras correspondent aux sept plexus
nerveux qui desservent sept des systèmes les plus impor-
tants de notre corps. En second lieu les caractéristiques
générales des chakras correspondent aux fonctions géné-
rales des sept glandes majeures du système endocrinien.
128 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

En ce qui concerne le lien entre les chakras et les plexus


nerveux l'information suivante est tirée du livre, «Foun-
dations of Tibetan Mysticism», * du Lama Govinda.
En vue de fournir au lecteur instruit dans la physiolo-
gie occidentale une approche plus facile aux enseignements
indiens concernant les centres psychiques, les définitions
suivantes des sept systèmes du corps humain décrites dans
le livre ccHealth and Méditation» par A.-M. Curtis peu-
vent être utiles :
«Si nous énumérons maintenant les différents systèmes
dans leur séquence ascendante de la base de la colonne
vertébrale au cerveau nous obtenons le résultat suivant.
1. Le système de reproduction, représenté par le plexus
sacré du système nerveux cérébro-spinal qui contrôle les
membres inférieurs et les organes extérieurs de
reproduction.
II. Le système négatif de la nutrition, représenté par le
plexus hypogastrique prévertébral du système nerveux
sympathique qui contrôle les organes de l'élimination :
vessie, intestins, conduits urinaires, conduits du liquide
séminal, ainsi que les organes semblables à des glandes,
comme le foie, les reins, la rate et les glandes intestinales.
III. Le système positif de la nutrition représenté par le
plexus prévertébral solaire ou hypogastrique du système
sympathique qui gouverne l'estomac, les intestins, la vési-
cule, la vessie, le canal cholédoque, les conduits urinai-
res, les conduits des liquides séminaux et les organes assi-
milables aux glandes du foie, des reins, de la rate et les
glandes intestinales.
IV. Le système de la circulation du sang représenté par
le plexus du cœur ou grand sympathique qui contrôle le
cœur et les vaisseaux.
• •Fondements de la Mystique tibétaine• - Albin Michel.
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 129

OBJECTIF PRINCIPE
NIVEAU CHAKRA EXPRIMÉ
DES EFFORTS

1 Muladhara Survie physique Survie


des mieux adaptés
II Svadvishthana Satisfaction
émotionnelle Polarisation

III Manipura Position sociale Vanité


et prestige
IV Anahata Acceptation et sens Empathie
d'appartenance

V Vishuddha Découverte des lois Dévoilement du sens


cachées de la nature de la vie
VI Ajna Amélioration de la Amour impersonnel
condition humaine
VII Sahasrara Exprimer la volonté L'effort en soi
Divine

V. Le système respiratoire, représenté par le plexus de


la gorge ou plexus cervicus du système cérébro-spinal qui,
conjointement avec le plexus brachial, contrôle les mem-
bres supérieurs.
VI. Le système nerveux non volitif (sympathique) qui est
représenté à l'intérieur du crâne par la medulla oblon-
gata, continuation élargie de la colonne vertébrale, for-
mant la base du cerveau et contrôlant les organes des sens :
les yeux, les oreilles, le nez, la langue, la peau.
VII. Le système nerveux volitif, représenté par la glande
pituitaire ou hypophyse, petit corps conique dans la pro-
fondeur du tissu central du cerveau principal dont la fonc-
tion psychologique n'a pas encore été découverte. Il con-
vient d'attirer l'attention sur l'étroite relation naturelle
130 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

de l'hypophyse avec les nerfs optiques, pour une compré-


hension à un niveau supérieur du rôle de cet organe en
tant que base sous-développée d'une conscience du sep-
tième ordre». (2).
Nous exammerons maintenant dans les grandes lignes
les fonctions des glandes endocrines et les caractéristiques
des chakras qui leur correspondent. Les sept glandes endo-
crines sont dans cette relation par paires :
1. Les gonades, comprenant les ovaires chez la femme et
les testicules chez l'homme;
2. Les cellules de Leydig dans les testicules de l'homme
et les cellules hilaires chez la femme (ces glandes sont res-
ponsables de la sécrétion d'hormones qui sont à l'origine
de la différenciation secondaire du sexe;
3. Les glandes surrénales ;
4. Le thymus;
5. La glande thyroïde;
6. La glande pinéale;
7. L'hypophyse.
Ces glandes et les chakras se complètent de la manière
suivante :
a. Le chakra Muladhara concerne la survie de l'indi-
vidu sur le plan physique. Les gonades sont aussi
concernées par la survie bien que, dans ce cas, il
s'agisse de celle de l'espèce par la reproduction.
b. Le chakra Svadvishthana est lié à la gratification
émotionnelle qui implique les désirs sexuels et leur
satisfaction. Ce besoin est perpétué par la polari-
sation des sexes et leur attraction mutuelle. Les
cellules de Leydig et les cellules hilaires qui cons-
tituent la contrepartie endocrinienne de ce chakra
contribuent à la polarisation entre les sexes et à
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 131

l'attraction qui s'ensuit. Elles créent une différen-


ciation sexuelle secondaire entre les hommes et les
femmes, la voix, la répartition du système pileux,
des réserves de graisse, la forme du corps, etc.
c. Le chakra Manipura est lié au complexe de pou-
voir dans l'individu et au désir de promotion
sociale. En un sens, ce chakra concerne le «besoin»
de conserver la «souveraineté individuelle». La
fonction des surrénales peut être aussi considérée
sous cet aspect : promouvoir et défendre cette
«souveraineté individuelle». Ceci est accompli par
deux des hormones qu'elles produisent, l'adréna-
line et la noradrénaline (ou épinéphrine et nor-
épinéphrine noms sous lesquels elles sont aussi
connues). Ces hormones préparent l'organisme de
l'être humain ou de l'animal au danger et aux
situations critiques, c'est pourquoi elles ont été
appelées les glandes «de l'attaque ou de la fuite».
Des émotions telles que la colère, l'envie, la jalou-
sie, la peur et le courage résultent de l'impact de
l'adrénaline et de la noradrénaline sur le système.
d. Le chakra Anahata se rapporte au besoin de sécu-
rité manifesté par des actes qui créent des senti-
ments d'empathie et d'insertion. La fonction du
thymus est liée au système immunitaire du corps.
En ce sens que l'immunité aux maladies nous per-
met de survivre dans un environnement qui,
autrement, serait hostile. On peut dire qu'il ali-
mente un esprit d'insertion et d'appartenance.
e. Le chakra Vishuddha se rattache au besoin indi-
viduel de stabiliser le flux perpétuel de l'existence,
de découvrir les principes qui régissent la marche
des choses. La glande thyroïde, par ses effets éten-
132 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

dus sur le métabolisme du corps, régule l'adap-


tabilité d'un individu à l'environnement extérieur.
Cela est accompli principalement par la régula-
tion de la perception des stimuli externes par
l'individu.
f. Le chakra Ajna correspond au besoin ressenti par
l'individu de devenir une incarnation des princi-
pes universels et d'alimenter de ce fait la crois-
sance de la Conscience Collective. On a décou-
vert que la glande pinéale qui est en rapport avec
tout cela est sensible à la lumière et qu'elle sécrète
certaines hormones (endorphines) qui régulent
l'immunité d'un individu à la souffrance. (3) Elle
a aussi un effet répressif sur le développement
sexuel, inversant d'une certaine manière la diffé-
renciation sexuelle qui est suscitée au second
chakra. Les caractéristiques de cette glande sont
ainsi conformes à celles de l'Ajna chakra en tant que
centre de la conscience du Christ.
g. Le chakra Sahasrara est associé au désir de l'indi-
vidu de devenir un point d'expression entre l'éter-
nel et le temporel. L'hypophyse , située dans la
profondeur du lobe limbique est considérée
comme la glande maîtresse du corps. Son rôle
principal est de coordonner le fonctionnement de
toutes les autres glandes du corps. C'est elle qui
régule la croissance physique, et une activité insuf-
fisante à cet égard peut déterminer le nanisme tan-
dis qu'un excès peut être à l'origine du gigantisme.
On peut considérer que cette relation de
l'hypophyse avec la croissance s'étend à l'expan-
sion de l'être tout entier. Ceci implique que l'on
écarte les restrictions sur l'être ce qui, inverse-
ment, peut être considéré comme l'exercice de la
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 133

volonté. L'hypophyse peut alors être appelée avec


raison le siège de la volonté et de l'inspiration. Elle
ajuste notre organisme à des aspirations et à des
objectifs nouveaux à atteindre dans notre vie.
La réalité scientifique ou objective des chakras n'est pas
acceptée par tous ceux qui reconnaissent la validité du
concept pour l'étude de la conscience. Par exemple, dans
le livre «The Psychology of Consciousness», (4) son
auteur Robert E. Ornstein, accepte la valeur du concept
de chakra mais il le considère seulement comme une
métaphore:
«Ces chakras, ou centres dans le corps, peuvent être en
réalité des visualisations constructives ou des métapho-
res qui ont été prises dans un sens un peu trop littéral
par quelques adeptes ... Les considérer comme des cen-
tres physiques, peut être l'exemple d 'une connaissance
intuitive qui n'a pas été maîtrisée par l'intellect. A
l'opposé, une tentative d'identifier les chakras avec des
points physiques de l'anatomie corporelle tels que les glan-
des endocrines ou les ganglions automatiques, peut être
à l'origine d'une très malheureuse confusion entre une
métaphore et un fait physique. Une situation similaire s'est
produite en psychanalyse lorsque certains ont cherché dans
les structures du cerveau le siège du id, de l'égo et du
super-égo». (S)
Puis, le docteur Arnstein cite l'érudit musulman, Idries
Shah, à propos de ces réflexions sur les chakras :
«Sans le yoga, les chakras ou padmas sont conçus comme
des centres physiquement localisés dans le corps, reliés
par d'invisibles nerfs ou canaux. Les yogis ne savent géné-
ralement pas que ces centres sont simplement des points
de concentration, formulation pratique, dont l'activation
fait partie d'une hypothèse de travail». (6)
134 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

A l'opposé de cette opinion se trouve une autre école


de pensée qui, non seulement reconnaît la validité des
chakras, mais les considère comme ayant une base physi-
que bien que «subtile». Pour cette école, qu'on pourrait
appeler «métaphysique», il y a dans l'homme des corps
plus élevés qui coexistent avec le corps physique, et les
chakras font partie de l'un de ces corps plus élevés. Spéci-
fiquement, les chakras sont attribués à ce qui a été appelé
le corps de «l'énergie» ou bien le «Double éthérique» du
corps physique. C'est communément à ce «corps» que cer-
taines pratiques médicales non conventionnelles telles que
l'acupuncture, la guérison spirituelle et les méthodes simi-
laires doivent leur efficacité. Cette opinion sur les chakras
est exprimée par David Tansley dans son livre : «Radio-
niscs and the subtle anatomy of man». Il écrit :
«Un chakra peut être défini comme un point focal pour
la réception et la transmission des énergies. Ces énergies
peuvent avoir pour origine une variété de sources : cer-
taines sont cosmiques, d'autres proviennent de l'incon-
scient collectif d'une nation ou de l'humanité en général
ou bien des mondes physique, émotionnel et mental du
Moi inférieur. Tous font un impact sur l'unité de con-
science humaine que nous appelons homme. Ces éner-
gies l'engageront à l'action et détermineront ses humeurs
et ses dispositions». (7)
Le docteur Tansley poursuit sa description de l'état
caractérisé par un fonctionnement complet de tous les sept
chakras:
«Chez le Maître Jésus, tous les sept grands chakras
étaient parfaitement équilibrés, correctement éveillés et
alimentés par l'énergie, faisant de lui une expression de
l'homme arrivé à la perfection. Ceci est l'exemple et la
promesse qu'il nous a offerte : chacun peut devenir aussi
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 135

parfait que lui et aboutir, dans sa recherche, à l'expres-


sion du Plan Divin. (8)

6. Le modèle du chakra dans ses aspects


dynamiques
Le modèle d'homme à sept niveaux peut être considéré
comme l'aspect statique de l'expression de la conscience
dans l'homme. L'aspect dynamique concerne la manière
d'activer ces centres latents ou aires d'interphase avec des
réalités d'un ordre plus élevé afin de les amener à un fonc-
tionnement harmonieux. Comme une extension du con-
cept de chakra, il y a un autre niveau d'abstraction qui
esquisse la manière dont cet éveil se manifeste.
Ce second niveau d'abstraction commence avec le pos-
tulat d'un réseau de «canaux» qui conduisent «les cou-
rants nerveux» entre les chakras. Ces canaux sont appelés
nadis. Les trois principaux sont : Ida, Sushamna et Pin-
gala. Le canal de Sushumna est considéré comme le centre
de la moëlle épinière tandis que Pingala et Ida serpentent
et s'entrecroisent sur son axe. Les trois nadis commen-
cent au premier chakra et se rencontrent à nouveau dans
les régions des autres chakras. Ils sont différenciés selon
leur conductivité électrique : Pingala est positif, Ida néga-
tif, tandis que Sushumna est neutre.
L'idée qui fonde l'aspect dynamique de ce modèle est
que l'individu possède des potentialités pour l'expansion
de sa conscience personnelle. Cela en raison de la con-
science qui existe en état de polarisation dans chaque indi-
vidu. La polarisation en éléments actif et passif corres-
pond aux idées que la philosophie orientale a sur l'uni-
vers. Par exemple, en Orient l'univers est considéré sous
136 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

deux aspects : un état manifesté (matériel) et non-


manifesté (spirituel) dans lequel la vie telle que nous la
connaissons est une danse perpétuelle de l'Esprit et de la
Matière, du non-manifesté et du manifesté, de la créa-
tion et de la destruction (ou dissolution).
Dans l'homme, l'aspect spirituel (correspondant au
non-manifesté) est appelé pranâ, qui est associé à l'intui-
tion vitale. L'aspect matériel «manifesté» a reçu le nom
de Kundalini shakti. Cette énergie latente est symbolique-
ment décrite sous la forme d'un serpent endormi, lové
trois fois et demi autour du pôle inférieur de l'axe verté-
bral, dans la région du Muladhara chakra.
Pour que le flux de conscience dans l'individu s'écoule
sans entraves ni contraintes la Kundalini shakti doit être
éveillée et libérée de sa demeure dans le Muladhara chakra
et dirigée vers l'autre, le pôle positif de la Conscience au
Sahasarana. Ce processus est décrit dans le livre déjà men-
tionné, «Foundations of tibetan mysticism» :
«La Sushumna est fermée à son extrémité inférieure
tant que les forces créatrices latentes de la Kundalini (ou
«libido>>, comme diraient les psychologues modernes) ne
sont pas éveillées. Dans cet état, la Kundalini, qui est com-
parée à un serpent enroulé (symbole de l'énergie latente)
bloque l'entrée de la Sushumna.
En éveillant les forces en sommeil de la Kundalini qui,
autrement, sont absorbées dans des fonctions sub-
conscientes et uniquement corporelles, et en les dirigeant
vers les centres supérieurs, les énergies ainsi libérées sont
transformées et sublimées jusqu'à leur parfait épanouis-
sement. Alors, la réalisation consciente est obtenue dans
le centre le plus élevé. Tel est le but et le dessein du yoga
de la Kundalini ou Pranayama ainsi que de tous les autres
exercices par lesquels les chakras sont activés et changés
en centres de réalisation consciente.» (9)
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 13 7

7. L'éveil conscient de la Kundalini


Les pratiques prescrites pour l'éveil de la Kundalini par
les différentes traditions incluent diverses observances
morales et spirituelles et un programme de purification
du corps qui comprend habituellement des exercices physi-
ques et de respiration ainsi qu'un régime alimentaire. Ce
processus repose aussi dans une large mesure sur la gui-
dance personnelle d'un maître qui a lui-même fait l'expé-
rience de l'éveil de la Kundalini.
Certes, les différentes écoles dans la tradition de la pen-
sée orientale mettent, à des degrés variés, l'accent sur
diverses disciplines mentales et physiques. Par exemple,
certaines approches peuvent être totalement indifféren-
tes à la Kundalini en tant que phénomène biopsychique;
qui plus est, elles peuvent essayer d'instiller dans l'indi-
vidu des vertus spirituelles. Ils pensent que, en favorisant
l'expression de ces vertus, l'éveil de la Kundalini se pro-
duira de lui-même, naturellement (IO). A l'opposé, une
autre emploiera une série de techniques à cet effet.
L'approche indifférente à la Kundalini comme phéno-
mène - et qui met l'accent sur le besoin éprouvé par
l'individu de vivre un idéal élevé - a été considérée
comme une «Ouverture par le haut» (11). Il est entendu
que le programme de transformation engagé dans cette
approche ouvre l'individu à une inspiration spirituelle et
à une intuition supérieure. Lorsque ces contacts ont été
obtenus, l'individu reçoit à la fois des instructions
conscientes et inconscientes sur l'éveil de la Kundalini. Par-
fois cet éveil peut avoir lieu spontanément, sans interfé-
rence de la part du mental conscient de l'individu.
De nombreux indices manifestent que c'est l'itinéraire
suivi par le Nouveau Testament vers l'éveil de la Kundalini.
138 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

L'autre approche, plus concerné par les techniques tour-


nées spécifiquement vers l'éveil de la Kundalini bien
qu'indifférente à la matière philosophique, est appelée
«Ouverture par le bas» (12). Cette approche a été consi-
dérée comme très dangereuse par de nombreux maîtres
de la Tradition Orientale, pour deux raisons.
La première concerne la Kundalini en tant que proces-
sus psychologique. Il est reconnu par certains maîtres que
le complexe de phénomènes physiologiques qui peuvent
caractériser l'éveil de la Kundalini est en réalité la mani-
festation extérieure d'un processus psychologique intérieur
qui détruit les barrières de la conscience. Ses efforts pour
obtenir un «éveil» pourraient donc conduire aisément à
un déséquilibre de la personnalité, source de problèmes
psychologiques.
La seconde raison est que des individus peuvent être
dupes de leurs illusions. Quand l'attention est centrée sur
les aspects physiologiques de la Kundalini, l'individu per-
drait son temps à la recherche d'un unique levier capa-
ble de produire I'<Œveil». Ceci conduit souvent à une perte
de temps et à un effort mal orienté. L'«Eveil» ne peut
être attiré à l'existence par la technique. Il arrive tout seul,
quand l'individu a démontré qu'il n'a plus besoin d'une
perception ordinaire du monde. Tant que ce besoin
demeure, !'«Eveil» ne peut se manifester quelle que soit
la technique utilisée.
Une compréhension correcte du rôle de la Kundalini
dans la quête de la transformation est si importante que
ce processus constitue un élément-clé dans la pensée bibli-
que. La manière dont ce problème a été traité est présen-
tée dans le chapitre suivant.
CHAPITRE VI

La Kundalini
et la psychologie

de transformation de SOI

1. La nature de la transformation
La place que tient la Kundalini dans la psychologie de
la transformation de soi est difficile à définir en raison de
la complexité de ce dernier processus. Ce que nous appe-
lons transformation de soi implique à la fois des dévelop-
pements subjectifs et objectifs comportant des change-
ments d'ordre psychique et biologique d'un côté, d'ordre
spirituel de l'autre.
Celui qui est impliqué dans ce processus éprouve géné-
ralement de la difficulté, en l'absence d'un long entraî-
nement, à identifier les developpements subjectifs de ceux
qui sont objectifs et vice-versa; ceux qui sont issus de dif-
férences individuelles et ceux qui résultent d'un change-
ment authentique de conscience.
L'individu qui travaille à la transformation héberge en
vérité deux forces opposées dans l'être. La première est
celle du moi historique avec toutes ses habitudes, ses pho-
bies et son étroitesse d'esprit. La seconde force est une
140 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

promesse de quelque chose de permanent, qui en vaut


la peine : c'est la force d'attraction d'un Moi plus grand
et le but de ses efforts est plus éloigné. La transformation
consiste à amener le moi historique à affaiblir sa prise sur
l'être tandis que l'on permet au Moi plus vaste d'accroî-
tre son emprise.
Ceci peut être une proposition délicate puisque toute
information communiquée en vue d'aider la transforma-
tion doit passer d'abord par un mental qui est encore
dominé par le moi inférieur. C'est comme si l'on obte-
nait du moi inférieur, par la faculté du mental, qu'il pré-
side à sa propre mort. En vérité, on peut seulement
s'attendre à voir le mental s'efforcer de saboter le proces-
sus par distorsion ou erreur d'interprétation sur l'infor-
mation reçue. C'est cet aspect subjectif de la transforma-
tion qui crée la plupart des problèmes à l' individu et c'est
aussi cet aspect qui est représenté dans le drame du Jar-
din d'Eden tel qu'il est rapporté dans les deuxième et troi-
sième chapitres de la Genèse.

2. Le récit de l 'Eden et les points les plus subtils


de la transformation
Ce qui est spécifiquement dramatisé dans le récit de
l'Eden mais qui est insaisissable par les approches tradi-
tionnelles des interprétations symboliques (t), c'est une
déclaration concernant le devoir de l'homme dans le
monde. Ce devoir est la recherche d'un sens du «moi))
dans lequel, en fin de compte, rien n'est exclu. Les appro-
ches traditionnelles à l'interprétation de ce mythe ont cher-
ché des correspondances univoques entre les choses de la
réalité et les symboles de !'Eden. Ces approches sont addi-
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 141

tives ou déductives en ce sens qu'elles tentent de trouver


une signification composite de l'interprétation séparée de
symboles individuels. L'approche utilisée ici est induc-
tive. Les significations des symboles sont obtenues à par-
tir du sens global dérivé des interactions des symboles dans
le récit. La valeur du récit de l'Eden réside dans le fait
qu'il montre la mission pour transformer le moi comme
une double quête, c'est-à-dire une quête à l'intérieur d'une
quête, comme quelques aspects de l'une peuvent recou-
vrir partiellement l'autre. Ceci est notre premier indice
important dans la détermination du sens de ce mythe.
La première quête de transformation traite de la recher-
che de l'identité ou individualité, tandis que la seconde
s'occupe de définir cette identité selon des termes qui sont
en harmonie avec tout l'univers. Nous pouvons confir-
mer cette interprétation par l'examen des principaux
symboles dans l'épisode de l'Eden ainsi que les résultats
de l'interaction entre certains de ces symboles.
Les symboles caractéristiques ici sont le Jardin d'Eden
lui-même, Adam et Eve, l' Arbre de la Connaissance du
Bien et du Mal, l'Arbre de Vie et le Serpent.
Chacun de ces symboles représente un sous-processus
complet dans la quête de transformation. En tant que tel,
chacun représente aussi un Principe universel et chacun
d'eux affecte le processus de transformation d'une manière
prédéterminée.
En un sens, tout se passe comme si les éléments d'un
jeu d'échecs étaient présents : nous avons ces symboles
qui représentent des Principes dans un état de potentia-
lité. Quand les interactions commencent, le cours de ce
qui suit est déterminé mais pas antérieurement. De la
même manière que l'idée maîtresse dans le jeu d'échecs
est de combiner des séries de mouvements des pièces pour
142 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

favoriser un partenaire, de même l'idée maîtresse dans


la transformation de la conscience est d'avoir un ensem-
ble de Principes agissant les uns sur les autres pour pro-
duire un certain résultat.
Avant d'approfondir la nature de la «double quête» du
processus de transformation tel qu'il est représenté par
l'interaction des symboles dans le Jardin d'Eden, nous
examinerons ces symboles séparément.
a) Le Jardin d'Eden
Quand le mythe de l'Eden sert de modèle au proces-
sus de transformation, le symbole du Jardin d'Eden repré-
sente un état de potentialité considéré comme un état vir-
ginal de conscience qui n'a pas encore été uni avec la
faculté du mental. Il convient de noter que le sens éty-
mologique du mot «Eden» est «délice». Il représente pri-
mordialement la Nature intacte et indifférenciée. Il est
futile d'aspirer à une «conscience de l'Eden» parce que,
comme l'innocence et la primordialité passent, on ne peut
les avoir qu'une seule fois. La véritable question pour le
genre humain - et pour le processus de transformation
- est ce que nous devrions rechercher en échange de
l'innocence qui n'est plus en nous.
b) Adam et Eve
Adam et Eve ne représentent pas un homme et une
femme. Ils représentent les Principes universels que les
hommes et les femmes expriment par leurs caractéris-
tiques.
Adam, dans le drame de l'Eden représente le Principe
de }'Intellect. Le sens étymologique du nom «Adam» est
«sol ferme». Il représente l'intelligence logique, fonction
localisée dans le lobe gauche du cerveau.
Eve, d'autre part, représente la Nature émotionnelle.
Le nom signifie «qui donne la vie». C'est l'aspect émo-
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 143

tionnel qui donne à la vie sa saveur caractéristique. Q..tand


un individu a perdu la capacité d'éprouver, de ressentir,
cette personne a aussi perdu la capacité d'un comporte-
ment sensé et affectueux. Un symptôme commun aux fous
criminels est qu'ils ont perdu la capacité de ressentir. Les
qualités représentées par Eve peuvent être situées dans
le lobe droit du cerveau.
Dans le drame de l'Eden il est significatif que ce soit
Eve que le Serpent ait approchée. Ceci signifie que
l'impulsion vers la subjectivité, vers la réalisation du moi
(que le Serpent représente) est issue de la Nature émo-
tionnelle. Quand Eve a mangé le Fruit de l' Arbre de la
Connaissance du Bien et du Mal, l'ardent désir de l'alié-
nation était né en elle. Il convient de rappeler qu'Adam
n'a jamais été trompé. Il a mangé volontairement par soli-
darité avec sa compagne. Son acte signifiait que l'Intel-
lect était aussi «tombé» comme la Nature émotionnelle.
Le mental humain était né.
c) Le Serpent
Comme nous l'avons déjà dit, le Serpent représente le
processus biopsychique de la Kundalini, et des correspon-
dances avec l~ système oriental ont été établies à l'appui
de cette interprétation. Il est à remarquer que le proces-
sus de la Kundalini est désigné en Orient comme la «Puis-
sance du Serpent» et aussi que l'imagerie utilisée là-bas
pour représenter la Kundalini est un Serpent se déroulant
lui-même à partir de sa demeure, à la base de la colonne,
et montant vers le cerveau. Nous montrerons donc com-
ment l'idée de la Kundalini rend compte de l'interpréta-
tion du Serpent dans le Jardin d'Eden.
En premier lieu, le Serpent d'Eden et celui de la Kun-
dalini ne sont pas assimilés l'un à l'autre par suite de la
même imagerie. L'identification vient du fait que, dans
144 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

les deux cas, le Serpent est utilisé pour représenter une


certaine étape dans le processus de transformation de soi.
Cette étape est la première de la «double quête» mention-
née plus haut. Spécifiquement, le Serpent représente
l'impulsion initiale en vue d'expérimenter et d'exprimer
l'identité et l'individualité. C'est l'impulsion vers la sub-
jectivité, vers l'expression de l'ego.
Dans la quête pour la transformation de l'être, ce sens
du subjectif est éveillé. On veut réaliser le «moi» sans
savoir si le «moi» que l'on veut réaliser et affirmer est
le Moi Véritable. En conséquence, on finit par réorgani-
ser les éléments de sa propre vie sur le même plan. Ce
n'est qu'une excitation superficielle des composantes de
notre existence et non une réorganisation dans le sens pro-
gressif. Ceci est suggéré par l'image que l'on a du ser-
pent en tant que chose physique. Ses contractions mani-
festent cette impulsion en vue de réorganiser la vie sur
le même plan.
L'affinité entre le Serpent de l'Eden et la Kundalini est
évidente lorsque nous considérons l'approche empruntée
par certains maîtres spirituels pour expliquer le rôle de
la Kundalini en transformation. L'étape qu'elle représente
dans ce processus peut être qualifiée de «rupture des bar-
rières». Dans la mesure où les ajustements biopsychiques
représentés par la Kundalini fusionnent dans la deuxième
étape de la transformation, la Kundalini facilite le proces-
sus de réalisation du moi. Toutefois, jusqu'à la fin de la
deuxième étape de transformation, la Kundalini, comme
le serpent de l'Eden, présente une tentation continuelle.
L'individu est tenté de croire que le travail de transfor-
mation est terminé à différents moments de son parcours.
Il est aussi tenté de consommer les bénéfices de cette trans-
formation avant qu'elle soit achevée.
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 145

Le phénomène de la Kundalini tel qu'il se manifeste lui-


même dans la vie d'une personne peut ouvrir nombre de
facultés extra-sensorielles : la clairvoyance (c'est-à-dire la
réception de prémonitions), l'appréhension des pensées
et des humeurs des autres, la transmission de pensée et
une multitude d'autres «dons». Bon nombre d'individus
prennent ceci pour une juste conséquence de la transfor-
mation et se détournent du travail sur eux-mêmes.
Dans toutes les traditions, des maîtres spirituels ont
averti leurs disciples de ne pas se laisser égarer par les
pouvoirs psychiques mais de les reconnaître avec une cer-
taine dose de détachement. Si un individu succombe à
la tentation de «réaliser» les bénéfices du travail de trans-
formation et de pavoiser, la deuxième étape de la quête
en souffrira.
d) L'Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal
Le symbolisme de l' Arbre de la Connaissance du Bien
et du Mal est lié au processus de l'identité individuelle.
Le Fruit de cet Arbre est la «Connaissance du Bien et du
Mal» qui représente le «libre arbitre». Avec cette faculté
de libre arbitre qui est obtenue par le processus de l'iden-
tité individuelle ou individuation, l'homme a le pouvoir
d'affecter la destinée de l'Univers. Il n'est pas du tout sûr
que ceci produise d'harmonieuses interactions, parce que,
selon le récit de l'Eden, Dieu avait dû prendre des dispo-
sitions de protection. Adam et Eve devaient quitter le Jar-
dinde l'Eden parce que Dieu, ou les Elohim, s'étaient
rendu compte qu'ils étaient devenus semblables à eux :
«Voyez, l'homme est devenu comme l'un de
nous ... ».
Ils entrevirent une menace dans le fait qu'Adam et Eve
mangeraient aussi de l'Arbre de Vie et pourraient vivre
éternellement.
146 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

Le sens profond du départ d'Adam et d'Eve du Jardin


d' Eden après avoir mangé de l 'Arbre de la Connaissance
du Bien et du Mal, n'avait rien à voir avec le fait de déso-
béir à Dieu. Il s'agissait plutôt d'une infraction au Pro-
tocole Cosmique, à la manière dont Dieu opère pour
accroître sa Famille, son propre Etre. La nature de la Divi-
nité comprend différents attributs et le libre arbitre est
l'un d'entre eux. Toutefois, pour que ce libre abitre opère
en harmonie avec la Volonté de Dieu, il doit venir après
que toutes les autres facultés ont été acquises.
Ces autres facultés assurent que le libre arbitre ne pose
aucune menace à 1' «Harmonie des Cieux». Ainsi, quand
le libre arbitre est obtenu par des moyens compatibles avec
le protocole cosmique, l'individu a, au préalable, mani-
festé une unité de volonté avec la Volonté Une, car celui
qui désire atteindre l'individuation et être libre, doit se
rendre compte que, finalement, il n'y a qu'un SOI et
qu'une VOLONTE.
Tout sens de !'Identité qui serait obtenu hors de ce Prin-
cipe d'Unité, serait donc faux comme le libre arbitre qui
en découlerait. Ce serait une contrefaçon du libre arbi-
tre, c'est-à-dire, une volonté de puissance. Cette dernière
s'enracine dans la pulsion qui nous conduit à exercer le
pouvoir par complaisance ou par souci de notre propre
plaisir. Un parallèle établi entre le processus de transfor-
mation et la tentation d'Eve par le Serpent grâce au fruit
de l'arbre de la Connaissance du Bien et du Mal, met
en lumière l'interprétation erronée à laquelle le proces-
sus biopsychique de la Kundalini peut donner lieu, à savoir
celle de se considérer comme «accompli», comme «Dieu
Réalisé».
e) L'Arbre de Vie
L 'Arbre de Vie dans le Jardin représente le Principe
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 147

de l'unité de toute Vie. Il représente également le second


aspect de la double quête de transformation. Cette quête
consiste à se vider soi-même dans l'Océan de l'Etre afin
de participer à la Vie Une et à la Volonté Une.
L'Arbre de Vie dans le Jardin d'Eden représente donc
le Principe Christique. C'est le Principe de Rédemption,
d'Absorption dans l'étreinte de la Vie Une. Dans ce
contexte, il est opportun de rappeler l'enseignement de
Paul selon lequel Dieu était en Christ, réconciliant le
monde avec lui-même (II Cor. 5: 19).
Dans le processus de transformation, le bannissement
du Jardin d'Eden se rapporte à la perte de contact qui,
dans sa conscience, sépara l'humanité de Dieu. Cette perte
de contact existe jusqu'à ce que l'on acquière la capacité
de s'engager dans la réalisation du Moi fondée sur le Moi
Un. Lorsqu'on se rend compte que l'identité a été obte-
nue, il faut le prouver en démontrant sa capacité d'agir
au nom de la Vie en tant que Principe. Ceci ne peut être
accompli que si l'on est capable de renoncer à la revendi-
cation personnelle de ses réalisations. Il faut être totale-
ment désintéressé.
Si quelqu'un persistait à penser qu'il a obtenu l'indi-
viduation indépendamment du MOI UN, plusieurs chan-
ces lui seraient données de constater cette impossibilité.
Bien que l'on puisse se sentir séparé au niveau de la cons-
cience, on ne l'est point en réalité puisque, en fin de
compte, il y a seulement le MOI UNIQUE. C'est pour-
quoi l'individu qui persiste à penser que la réalisation est
possible indépendamment du reste de la Vie verra son sens
du moi soumis à l'épreuve afin qu'il puisse voir sans équi-
voque et sans réserve qu'il n'y a qu'UN MOI.
Le dilemme posé par la double nature de la quête de
transformation peut être masqué par d'autres questions
148 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

théologiques et philosophiques. Par exemple, le vieux


débat encore actuel dans le Bouddhisme sur l'existence
de l' Ame (2), ou bien, dans !'Hindouisme, la question
concernant la relation entre l'Atman (Ame) et le Brah-
man (Esprit), sont tous les deux issus du désir d'établir
une perspective permettant d'évaluer le processus de trans-
formation.
On raconte que lorsque ses disciples demandèrent au
Bouddha si l'âme existe, il resta silencieux(3). Cette
absence de réponse motiva maintes spéculations. Peut-
être n'y avait-il aucune manière de répondre à cette ques-
tion sans induire ses disciples en erreur. Peut-être encore
avait-il perçu cette question comme une distraction qui
ne découlait pas de ses enseignements et n'avait aucun
rapport avec ces derniers.
Pour mieux comprendre sa réponse silencieuse, nous
avons besoin d'avoir une idée sur le contexte culturel de
l'Inde, dans le cadre duquel le Bouddha agissait : la réa-
lisation du Moi ou Atman (comme on l'appelle en sans-
krit) suscitait et suscite encore un grand intérêt. Tout doit
être sacrifié à une telle quête, même les responsabilités
à l'égard de sa propre famille. Un homme qui abandonne
sa femme et ses enfants en vue de «réaliser» son Moi aux
pieds d'un gourou, est considéré comme agissant noble-
ment.
Un grand nombre de ceux qui sont engagés dans la
quête du Moi peuvent ne pas se rendre compte qu'en
vérité il y a seulement UN MOI. Ce que nous pouvons
appeler l' Atman ou l' Ame est en vérité le «Substitut du
Moi», un «Moi Provisoire». Le Bouddha a gardé le silence
sur cette question de l'âme parce que s'il avait répondu :
«Oui, l' Ame existe», il aurait reconnu un Moi séparé du
MOI UN ou une vie séparée de la VIE UNE. La néga-
tion de l'existence d'une âme ou d'un Moi aurait pu aussi
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 149

induire d'autres disciples en erreur dans la mesure où il


accordait ainsi une approbation tacite à la stagnation, à
l'inertie et à l'ignorance où l'humanité succombe aisé-
ment. La domination de ces entraves peut requérir l'éta-
blissement d 'un plan de concentration des efforts, le temps
nécessaire au rassemblement des éléments épars de notre
être en vue d'en faire l'instrument efficace de notre
développement.
Considérer le processus de lutte et de développement
dans la perspective de !'Arbre de Vie revient à le consi-
dérer dans sa totalité, à voir la Réalisation Une et glo-
bale comme la seule réalisation qui puisse être perçue sous
la forme de réalisations individuelles. Un œil voit le Micro-
cosme, l'autre, le Macrocosme. Il y a une reconnaissance
constante du dessein en miniature dans le Dessein glo-
bal. Le «chemin» de l' Arbre de Vie est le «chemin» de
l'abandon au Dessein global. L'habileté requise pour être
maître de ce «chemin» est l'objet constant de la philoso-
phie Sufi.(4)

3. Le Dessein à l'intérieur du dessein


Les Sufis traduisent la complexité de la Quête Une en
des termes que l'on peut appliquer à l'individu. Ils voient
le processus complet comme un Dessein global incluant
un dessein à l'intérieur d'un autre dessein. L'histoire d'un
honnête potier d'étain accusé et emprisonné pour un crime
qu'il n'avait pas commis mais qui réussit à obtenir sa libé-
ration, sert à illustrer la manière harmonieuse par laquelle
l'individu et le Grand Dessein réagissent l'un sur l'autre
pour donner à l'homme sa liberté. (5)
Selon le conte, ce potier d 'étain recevait souvent dans
sa prison la visite de sa fidèle épouse qui lui apportait les
150 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

nourritures autorisées. Un jour, elle reçut la permission


de lui apporter un tapis fait à la main afin qu'il puisse dire
ses prières cinq fois par jour selon sa coutume, avec un
peu moins d'inconfort. L'affable potier d'étain convain-
quit bientôt ses geôliers que laisser un potier d'étain accom-
pli perdre son temps en prison sans rien faire était un gas-
pillage inouï de talent. En vue de porter remède à cette
situation, il proposa un plan qu'ils acceptèrent. Selon cet
accord, ils apporteraient à la prison tous les matériaux
nécessaires à la fabrication de pots, de casseroles et d'autres
objets que les geôliers pourraient vendre alors au marché
avec un profit.
Le potier d'étain resta fidèle à sa parole et les geôliers
prospérèrent. Un jour, quand ils ouvrirent la porte de sa
cellule, il n'y était plus, bien que la porte fût encore fer-
mée à clé. Ils en furent abasourdis et incapables d'expli-
quer comment il s'était échappé.
De longues années plus tard, après que l'innocence du
potier d'étain avait été établie, il put, sans danger pour
lui, répondre aux questions concernant son évasion. Il dit :
«Tandis que j'étais en prison, ma fidèle épouse m'apporta
un tapis de prières que j'utilisai sans faute cinq fois par
jour. Un jour, alors que je me prosternais en prière, je
remarquai que, tissé à l'endroit où mon front touchait le
tapis, se trouvait le dessin de l'intérieur d'une serrure.
Il m'apparut que ma femme avait tissé le dessin de laser-
rure de ma cellule dans le tapis. Elle l'avait obtenu du
serrurier qui faisait les clés de la prison. Je profitais alors
de cette situation et vous suggérai de m'obtenir les outils
et le matériel nécessaires à l'exercice de mon métier.
Tandis que je faisais des pots et des casseroles pour
vous, je confectionnai aussi une clé adaptée au dessin de
la serrure de ma cellule. Quand celle-ci fut terminée,
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 151

j'attendis mon heure et, le moment venu, je m'échappai.


Vous voyez, ma fuite a été une question de dessin, et de
dessein à l'intérieur d'un dessein.»
Comme le potier d'étain de ce conte, quiconque abou-
tit dans cette quête de transformation doit se rendre
compte que tous les desseins personnels, particulièrement
s'ils sont liés à la connaissance de l'individuation, ne sont
authentiques et efficaces que dans la mesure où ils sont
conduits dans le contexte de !'Unique Grand Dessein.
Hors de ce Grand Dessein, les desseins de l'individu
deviennent des échecs individuels. Ces desseins individuels
résultent de l'égocentrisme qui, dans le contexte dujar-
din d'Eden, est le Fruit de l'Arbre de la Connaissance
du Bien et du Mal.

4. Le Grand Dessein de Dieu


Une autre leçon liée à la quête de transformation mérite
d'être tirée de l'histoire de l'Eden. Il s'agit de la question
de protocole mentionnée antérieurement. On peut se
demander pourquoi Dieu a laissé la tentation sur le che-
min d'Adam et d'Eve. Selon la théologie chrétienne, il
est évident que Dieu savait d'avance qu'Adam et Eve par-
tageraient le Fruit del' Arbre de la Connaissance du Bien
et du Mal. Après tout, Il avait prédestiné Jésus «depuis
la création du monde» à être la source de la rédemption
de l'homme. En vue de répondre à cette question, nous
devons considérer le Dessein global de Dieu à l'égard de
l'homme.
Dieu veut accroître Sa famille, avoir de la compagnie,
sinon Il n'aurait pas dit : «Faisons l'homme à notre image,
selon notre ressemblance» (Genèse 1: 26). (6) En d'autres
152 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

termes, Dieu veut faire de l'homme une réplique de Lui-


même c'est-à-dire, pour exprimer ceci en termes psycho-
logiques, Dieu veut accroître Son propre Etre.
Le premier acte de cette Volonté d'expansion exige que
Dieu «prenne un risque» qu'il permette à son Essence
de s'écouler à l'extérieur, de propulser Ses vibrations à
travers ce que nous appelons !'Espace. Au fur et à mesure
que ces vibrations avancent elles ralentissent leur mar-
che et finalement la Matière. L'épreuve pour Dieu est
maintenant de Se trouver hors de Lui-même, de Se trou-
ver dans la Matière. Ceci est accompli en animant la
Matière afin de la ramener à sa source, ce qui a pour résul-
tat le processus d'«évolution» dans la Nature. Il ne s'agit
toutefois pas de l'évolution mécaniste de Darwin mais
d'une «évolution» qui constitue un réveil de la Conscience
à l'intérieur de la Matière.
Quand ce réveil atteint une certaine phase critique, cer-
tains affinages doivent être entrepris avant que la réuni-
fication avec Dieu prenne place. A ce moment-là, l'espèce
humaine entre en scène. A travers elle, l'impulsion vers
Dieu doit être affinée avec la coopération de la volonté
qui se trouve à l'intérieur de la Matière. Cette volonté
dans la Matière est la volonté de séparation, la volonté
d'individualisation. La responsabilité de l'espèce humaine
consiste à prendre conscience de la nécessité de se sou-
mettre à la Volonté de Dieu, à abandonner sa volonté
propre.
Bien que la tentation subie par Adam et Eve eût été
prévue par Dieu, elle devait être autorisée. L'Etre de Dieu
grandit quand l'espèce humaine renonce volontairement
à la recherche du moi et à sa volonté propre pour la
Volonté de Dieu. Lorsque cela arrive, ce que Dieu avait
envoyé de Lui-même à l'extérieur sera de retour. Le «Fils
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 153

Prodigue» sera de retour, mais avec une différence qui


réside dans le fait que des parcelles de Dieu ont été pro-
pulsées dans les innombrables facettes d'expression oppo-
sées aux Principes que Dieu représente et qui auraient
survécu, qui auraient triomphé. On peut trouver une
situation qui présente quelques analogies avec celle-ci dans
les familles humaines. Prenez par exemple des parents qui
ont la prévoyance de faire confiance à leurs enfants et qui
leur laissent assez d'initiatives pour que grandissent leur
responsabilité et leur mérite. Ce sont ces parents qui, habi-
tuellement, ont les meilleures relations avec leurs enfants
quand ils sont adultes. Les enfants «retournent» aux
parents sous la forme d'une relation étroite d'amour et
de respect.
Les parents qui, d'autre part, essaient de s'accrocher
à leurs enfants par crainte de les perdre, courent en fin
de compte le plus grand risque de les perdre réellement.
Lorsque les parents souhaitent que leurs valeurs soient
perpétuées chez leurs enfants, ce qu'ils ont de mieux à
faire c'est de leur laisser le champ libre pour une évalua-
tion de ces convictions par eux-mêmes. Si les valeurs sont
solides, les enfants les adopteront sans problème.
Il s'ensuit que c'est l'honneur que les enfants témoi-
gnent de leur plein gré à leurs parents qui les réjouit le
plus. L'amour ainsi exigé n'est jamais réjouissant. Il place
celui qui le reçoit dans la situation de celui qui prend un
otage. Dans les relations de Dieu avec l'humanité seul le
témoignage d'un amour volontaire permet à Dieu de goû-
ter les délices de sa création.

5. L'approche adéquate de la Kundalini


L'individu qui est en quête de transformation ne doit
154 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

pas être concerné à 1'excès par la Kundalini en tant que


phénomène. Au lieu de s'attarder sur cet aspect, il devrait
s'efforcer de trouver la Manière de Vivre et d'exprimer
les Principes Divins qui attestent l'Unité de Vie. Lors-
que l'on persévère dans cette pratique, le phénomène
connu sous le nom de Kundalini peut se manifester pour
aider la conscience à se libérer de formes figées, c'est-à-
dire, dans ce cas, d'une perception matérialiste de la Vie.
La connaissance de la Kundalini est utile afin de nous
préparer à en comprendre le processus, s'il se manifeste.
Certains ont suggéré que des individus qui ont subi le pro-
cessus sans le comprendre ont été victimes de troubles
psychotiques. (7) Le phénomène de la Kundalini se produit
fréquemment à notre époque, comme le prouve l'intérêt
clinique manifeste à son sujet, par les pràticiens de la
médecine et de la psychologie.
Un individu soucieux de progresser dans l'œuvre de
transformation peut faciliter indirectement la Kundalini.
Il convient d'user d'une grande circonspection à l'égard
d'un grand nombre de «professeurs» qui ont construit des
systèmes autour du facteur Kundalini et qui l'ont élevé au
statut de «levier de libération». L'idée propagée à la fois
consciemment et inconsciemment par ces professeurs est
que, à partir du moment où ce levier destiné à éveiller
la Kundalini a été tiré, on est libéré.
Tout est rendu si simple que le but de la vie semble
devoir être limité à la découverte d'un levier, d'une for-
mule. Mais est-il si aisé de trouver le but de la vie comme
s'il s'agissait de trouver une chose plaisamment cachée,
ou tout comme 1'enfant qui irait à la recherche des œufs
de Pâques? Cela serait bien malheureux car lorsque
quelqu'un se préoccupe de tirer le levier de la Kundalini,
il oublie le monde et le chemin de 1'Arbre de Vie. Il oublie
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 155

également qu'il s'agit d'une propriété, projetée sur cette


Kundalini, qui est, en fait, recherchée.
C'est cette propriété qui détruit les barrières de laper-
ception et de l'expérience de !'Unité qu'est la Vie Cher-
cher cette propriété uniquement à travers la Kundalini ce
serait exactement comme dans la fable, l'histoire de celui
qui, alors que son cochon a été accidentellement rôti pen-
dant l'incendie de la grange, en vue de retrouver ce gôut
nouvellement acquis pour le rôti de porc, met le feu à la
grange chaque fois qu'il ressent le désir de savourer ce
mets délicat. En essayant de tirer parti d'une chose appa-
remment sûre, les gens créent plus de difficultés pour eux-
mêmes que le facteur Kundalini n'est capable d'en détruire,
même lorsqu'il est libéré. C'est parce que toute chose faite
pour créer la libération ou l'identité y fait obstacle, à moins
que l'objectif ne soit perçu comme une victoire collective
pour la conscience dans son processus de libération de la
matière.
Gurdjieff est un des maîtres qui a pu prévoir ces pro-
blèmes créés par la quête individuelle pour la Kunda,lini
et ainsi envisager des moyens conceptuels de les contour-
ner tout comme on le ferait d'un obstacle.
Il s'est efforcé de montrer qu'il était dangereux de
décrire la libération comme l'acquisition de quelque chose.
En présentant la Kundalini comme le pouvoir même de
l'imagination, il a ridiculisé la notion de l'existence de
la Kundalini. Il a conseillé à ses étudiants de se concentrer
afin de se défaire des propriétés désagréables inhérentes
à l'homme - et susceptibles d'être une entrave héritée
d'une époque antérieure au développement humain -
au lieu d'attendre cette Kundalini. Il a attribué ces pro-
priétés négatives à !'«organe kundabuffer», un organe
implanté en l'homme à une époque antérieure à son évo-
lution. La seule tâche valable dans le projet humain à la
156 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

conquête de la libération est de se défaire des conséquen-


ces négatives de cet organe : «l'égoïsme, l'amour propre,
la vanité, l'orgueil, la suffisance, la crédulité, la sugges-
tibilité et les autres propriétés anormales et incongrues ... »
La question de savoir si Gurdjieff avait raison de «créer»
!'«organe kundabuffer» ne se pose pas quand on l'envi-
sage au point de vue de son efficacité dans la manière
d'aboutir à la transformation de ses disciples. Son appro-
che a réussi à mettre en place une certaine imagerie dans
le mental de ses étudiants, ce qui a contribué à créer une
atmosphère favorable à une transformation sincère. Ce
climat consistait à promouvoir dans le mental une atti-
tude de dégagement en \rue de faciliter 1'émergence d'une
conscience plus orientée vers l'élimination que vers
l'acquisition. Une conscience apte à éliminer libère l'indi-
vidu d'une recherche du moi et de sa volonté propre, tan-
dis qu'une conscience apte à acquérir renforce les liens
qui nous attachent à la matérialité.
L'approche de Gurdjieff présentait un autre avantage :
en essayant de se débarrasser des propriétés négatives de
l' «organe kundabuffer», un individu fait preuve d'un sens
de l'enracinement. Quand, par ailleurs, on emploie des
techniques pour éveiller la Kundalini, il n'y a aucun moyen
de savoir si l'on est près ou loin du but, ce qui, dans la
plupart des cas, finit par faire de celui qui s'est engagé
dans cette voie, la proie des charlatans. On devient la vic-
time de sa propre imagination puisque nombre d 'expé-
riences psychologiques peuvent être considérées comme
des preuves de l'heureuse issue de sa quête pour la
libération.
TROISIEME PARTIE

Le Sermon sur la Montagne


véritable traité
sur la Transformation

"Quiconque entend ces paroles que Je dis et les met


en pratique, sera semblable à un homme prudent qui
a bâti sa maison sur le roc».
(Matthieu 7: 24)
CHAPITRE VII

Établissement des bases nécessaires


à la Transformation

1. Vue d'ensemble
La majeure partie du Sermon sur la Montagne telle
qu'elle est rapportée dans les cinquième, sixième et sep-
tième chapitres de ccMatthieu», nous montre comment
transformer notre être grâce à un travail systématique.
Ce processus comporte trois phases distinctes, chacune
selon un cheminement nécessaire pour atteindre les
niveaux les plus profonds de l'être.
La première phase du travail concerne le niveau de
l'intellect tel qu'il est exposé dans les Béatitudes, Mat-
thieu chapitre 5, versets 3-20. Ici l'accent est mis sur un
individu qui change son système de valeurs à l'occasion
d'un examen critique de ses propres postulats sur la nature
de la Réalité et le sens de la vie.
La deuxième phase - Matthieu 5: 21-48 - concerne
la manière de nous libérer de nos blocages psychologiques
afin d'arriver à l'origine de l'erreur de direction de l'Ener-
160 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

gie Vitale dans notre être. En un sens, cela implique une


reprogrammation de nos émotions.
La troisième et dernière phase - Matthieu chapitres
6 et 7 - concerne le niveau de la volonté. Elle représente
ces principes qui, une fois incorporés à l'être deviennent
les clés de l'accès à la vie dans sa plénitude. La plupart
des instructions contenues dans les cinquième, sixième et
septième chapitres s'organisent autour de deux systèmes
séparés de connaissance objective qui sont antérieurs au
Christianisme.
En premier lieu nous avons les Béatitudes qui sont struc-
turées selon des normes astrologiques. Chacune de ces
paroles très familières indique en vérité ce que l'individu
devrait s'efforcer de faire pour exprimer les impulsions
quasi impersonnelles qui font partie de sa nature innée.
Les deux autres phases de ce programme de fondation
des bases se structurent autour du concept des sept degrés
de l'être humain tel qu'il est exprimé dans le concept des
chakras.
Il est alors possible de démontrer que, soit par accident
ou à dessein, le programme de Jésus pour le salut de
l'homme a commencé par la reformulation de systèmes
préexistants, ce qui le confirme encore dans son rôle
d 'Avatar : un individu chargé de délivrer un message
universel.
Dans ce chapitre nous allons étudier brièvement l'orien-
tation astrologique des Béatitudes, comme un arrière-plan
pour leur examen exhaustif. Nous ne reviendrons pas sur
le concept de chakra puisqu'il a été traité dans un chapi-
tre antérieur. Mais avant de nous engager dans cette
étude, nous devons comprendre le mode de fonctionne-
ment du mental que les Béatitudes ont pour objet de rec-
tifier. Ce mode de fonctionnement peut être appelé le
mode linéaire.
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 161

2. Les caractéristiques du mode de pensée linéaire


Le système d'enseignement institué par Jésus est la
preuve qu'il savait qu'un programme de transformation
psychologique doit inclure les moyens de traiter le fonc-
tionnement défectueux d'un mode de pensée linéaire. Le
mental est un message et, en tant que tel, il est le point
focal de tout travail axé sur la transformation de l'être.
C'est là que la bataille est, soit gagnée soit perdue.
La clé du succès dans la tentative de transformation con-
siste à obtenir la coopération du mental afin qu'il mette
ses forces positives au service de la volonté et de ses aspi-
rations. Ceci inversera le fonctionnement défectueux du
mental, auquel il est sujet.
Le fonctionnement linéaire contrarie tout effort en vue
d'opérer un changement substantiel car, dans ce cas, le
mental s'organise autour d'un axe donné sans jamais s'en
écarter. La plupart du temps cet axe est temporel; le men-
tal s'organise autour d'une idée du passé, du présent et
de l'avenir. Or, l'organisation autour de l'historicité, et
donc l'adhérence au temps, génère un asservissement à
l'antériorité à la cause et à l'effet.
Le travail de transformation de soi est contrarié par cet
état mental car, alors que la transformation exige de l'indi-
vidu l'abandon de manières d'être et de modes de vie
anciens en faveur de voies mieux accordées à la raison,
le mental linéaire est prisonnier d'une spécification anté-
rieure. Il ne servira pas un idéal éthéré comme des aspi-
rations mais un moi historique. Toute chose lui semble
«aller de soi» et il ne pose aucune des «grandes» ques-
tions concernant le but de la vie, la focalisation d'un objec-
tif sur lequel concentrer ses efforts, etc. Son intérêt est
fixé sur la perpétuation d'un modèle par l'imposition de
162 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

tâches habituelles répétitives à son être. C'est ainsi qu'il


étouffe toutes les facultés innées qui peuvent porter l'indi-
vidu à la créativité.
L'intérêt de la transformation requiert la subjugation
du mental linéaire. Les spécifications antérieures qui dic-
tent ses opérations doivent être brisées et reprogrammées
avec de nouvelles spécifications, de nouveaux objectifs
pour nos efforts. C'est comme si le mental s'autodétrui-
sait en changeant ses allégeances. Il passerait ainsi du ser-
vice du moi historique à celui du Moi supérieur. Un tel
changement est le premier succès réel sur le chemin de
la transformation de soi, car c'est alors seulement que le
mental jouera son propre rôle. Il devient en effet le servi-
teur fidèle, le contremaître capable de traduire les facet-
tes les plus élevées de l'homme, comme ses aspirations,
l'espoir et la foi, en des plans d'actions concrets.
Nous allons maintenant examiner les Béatitudes suc-
cessivement afin d'y découvrir de quelle manière l'indi-
vidu - compte tenu des instructions qu'elles renferment
- pourra réorienter son mental de façon à obtenir de lui
qu'il abandonne son rang de maître, fort médiocre au
demeurant, pour celui de fidèle serviteur.

3. L 'orientati'on astrologique des Béatitudes


Etant donné que les Béatitudes ont été conçues en vue
de fournir des «Valeurs-cibles» que les individus s'effor-
ceraient d'atteindre, il a été nécessaire de faire cette pré-
sentation selon des lignes structurées. Les valeurs choi-
sies pour la présentation des Béatitudes l'ont été dans la
mesure où elles s'adaptent à un schème du mental humain
fonctionnant dans son état naturel. Par exemple, il y a
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 163

nellf Béatitudes du genre «Bienheureux sont» et trois


exhortations qui incluent la partie antérieure de l'exégèse
de Jésus sur le code mosaïque. Ceci constitue douze
«valeurs-cibles» que l'individu est supposé s'efforcer de
s'incorporer en vue de permettre au mental de transcen-
der son mode linéaire de fonctionnement. Ceci, incidem-
ment, est encore mieux illustré par un simple point de
vue astrologique sur l'homme.
L'une des idées fondamentales qui sous-tendent l'astro-
logie est que la nature d'un individu est partiellement
déterminée par le signe astrologique de sa naissance.
C'est-à-dire l'un des douze signes : Bélier, Taureau,
Gémeaux, Cancer, Lion, Vierge, Balance, Scorpion,
Sagittaire, Capricorne, Verseau et Poisson, qui servirent
aux Anciens à partager les cieux. On dit que chacun de
ces signes donne une certaine <<nuance» au caractère d'une
personne et à son projet dans la vie. En d'autres termes,
chaque caractère distinctif d'un signe devient un filtre
mental à travers lequel un individu réagit à la Réalité qu'il
perçoit.
Selon une perspective psychologique, les caractéristi-
ques de ces signes peuvent être appelés Archétypes, c'est-
à-dire des schèmes objectifs qui se reproduisent et s'expri-
ment sous la forme de caractéristiques individuelles et per-
sonnelles. Tandis que l'astrologie conventionnelle et les
astrologues peuvent utiliser plusieurs manières d'interpré-
ter ces «influences», ces dernières sont à peine suggérées
dans les Béatitudes comme des facteurs qui doivent être
transcendés. En d'autres termes, chaque Béatitude encou-
rage l'individu à aller au-delà de toute limitation impo-
sée par les Archétypes astrologiques à condition d'adop-
ter une valeur particulière ou une attitude mentale. Plus
précisément, ce n'est pas l' Archétype lui-même qui pose
164 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

problème, mais la distorsion, par le fonctionnement ordi-


naire du mental, des stimuli qu'il donne à la psyché inté-
rieure de l'individu.
C'est ce mode de fonctionnement du mental que nous
avons décrit antérieurement sous la forme du mental
«linéaire».
Le tableau ci-dessous présente les douze signes astro-
logiques et les influences archétypales qu'ils représentent.
Les résultats de distorsion de ces impulsions par le men-
tal «linéaire» sont également indiqués.

CARACTÉRISTIQUE CARATtRISTIQUE
NOM SOUS SA
DU SIGNE ARCHETYPE
FORME DÉVIÉE
Bélier Qualités de chef Agressivité
Taureau Qualités administratives Thésaurisation
Gémeaux Attention, soin Vanité, Suffisance
Cancer Sensibilité Esprit de clan
Lion Détermination Arrogance
Vierge Circonspection Désorientation
Balance Jurisprudence Hésitation
Scorpion Persévérance Fanatisme
Sagittaire Inspiration Impulsivité
Capricorne Ténacité Ambition
Verseau Créativité Excentricité
Poisson Impartialité Imprécision

Qµand les Béatitudes sont replacées dans ce contexte, les


caractéristiques affirmées dans chacune d'elles sont perçues
comme des messages d'encouragement aux individus dans
leur effort pour refléter ces principes psychologiques archéty-
paux. Les Béatitudes sont plus que ce qu'elles semblent être
de prime abord. Superficiellement, chacune d'elles paraît
offrir une promesse à l'individu à condition qu'il adopte
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 165

une attitude particulière. Toutefois, une analyse plus appro-


fondie révèle que les Béatitudes n'appartiennent pas à la
catégorie des déclarations qui peuvent être «conditionnel-
les» mais plutôt à celles que l'on peut qualifier de «catégo-
riques». Les déclarations conditionnelles concernent les rela-
tions de cause à effet, alors que les déclarations catégori-
ques sont descriptives. Dans le contexte spécifique des Béa-
titudes, elles décrivent des «états d'esprit» qui naturellement
se produisent chez un individu qui vit selon un certain
ensemble de principes.
CHAPITRE VIII

Les Béatitudes
conçues comme un système
de valeurs objectives

1. Le sens des valeurs objectives


Toutes croyances ou affirmations de la Réalité qui for-
tifient le mental et ajoutent à ses pouvoirs de discerne-
ment éthique se classent dans la catégorie des valeurs
objectives. Les valeurs objectives se distinguent des valeurs
subjectives en ce qu'elles sont liées à la compréhension
de principes immuables. Les valeurs subjectives sont habi-
tuellement relatives aux fluctuations de goût personnel
ainsi qu'aux cultures et époques particulières. Les valeurs
objectives sont importantes car elles sont les seuls moyens
par lesquels un individu peut accéder à des réalités (1)
d'un ordre supérieur et, ce faisant, parvenir à une plus
grande prise de conscience.
Dénué de valeurs objectives ou d'un engagement per-
sonnel à des principes d'ordre universel, un individu peut
être réduit à un état d'âme intérieur et subjectif au sujet
d'une chose ou d'une situation spécifique. D'ordinaire,
ces sentiments existent en tant que besoin, ou combinai-
168 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

son de besoins, d'intensités variables. Il en est de même


de l'état émotionnel de l'individu qui change comme ceux-
ci le font et, par conséquent, de l'individu qui subit le
changement. On peut dire que ces besoins existent indé-
pendamment chez un individu, c'est ainsi que ces besoins
ou leur amalgame se perpétuent. Ils surgissent spontané-
ment et dominent le dispositif tout entier (c'est-à-dire
l'attention et l'être physique) de l'individu jusqu'à ce
qu'ils trouvent leur accomplissement. Ainsi l'individu
devient juste un simple tunnel à travers le temps et l'espace
que les besoins peuvent utiliser en vue de leur propre
accomplissement. En adoptant un système de valeurs
objectives, un individu peut neutraliser les moyens par
lesquels ils trouvent leur satisfaction.
Le système des valeurs permet à l'individu, qui éprouve
un besoin, d'examiner les mérites et les conséquences
avant d'engager le reste de son être dans sa satisfaction.
De la sorte, l'individu peut «gagner» un certain degré de
permanence dans son être. L'objectivité prend la place
de la subjectivité quand les sentiments au sujet de senti-
ments universellement applicables se substituent à des sen-
timents au sujet de choses et de situations.

2. Vue d'ensemble
Les Béatitudes sont ici reproduites afin de rendre la tâche
du lecteur plus aisée :
- «Heureux les pauvres en esprit, car le
Royaume des Cieux est à eux!
- Heureux les affligés car ils seront consolés!
- Heureux les débonnaires car ils hériteront la
terre!
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 169

- Heureux ceux qui ont faim et soif de la jus-


tice, car ils seront rassasiés!
- Heureux les miséricordieux car ils obtiendront
miséricorde!
- Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils ver-
ront Dieu!
- Heureux ceux qui procurent la paix, car ils
seront appelés fils de Dieu !
- Heureux ceux qui sont persécutés pour la jus-
tice, car le Royaume des Cieux est à eux!
- Heureux serez-vous lorsqu'on vous outragera,
qu'on vous persécutera et qu'on dira faussement
de vous toute sorte de mal, à cause de Moi.
- Réjouissez-vous et soyez dans l'allégresse parce
que votre récompense sera grande dans les Cieux;
car c'est ainsi qu'on a persécuté les prophètes qui
ont été avant vous.
- Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel perd
sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on? Il ne sert
plus qu'à être jeté dehors, et foulé aux pieds par
les hommes. ·
- Vous êtes la lumière du monde. Une ville située
sur une montagne ne peut être cachée; et on
n'allume pas une lampe pour la mettre sous le
boisseau, mais on la met sur le chandelier, et elle
éclaire tous ceux qui sont dans la maison.
- Que votre lumière luise ainsi devant les hom-
mes, afin qu'ils voient vos bonnes œuvres, et qu'ils
glorifient votre Père qui est dans les Cieux.
- Ne croyez pas que Je sois venu pour abolir la
loi ou les prophètes ; Je suis venu non pour abolir
mais pour accomplir». (Matt.5:3-20).
170 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

En raison du plan utilisé dans la présentation des Béa-


titudes, on aboutit à l'impression erronée que ces décla-
rations représentent des promesses aux individus. Q.tel-
quefois, l'emploi du futur (exemple : «Car ils seront») sem-
ble justifier une telle interprétation. Une autre source
d'erreur est la manière par laquelle les significations sous-
jacentes à certaines idées ont été rendues dans les versions
de la Bible : «King James» ou la «Revised Standard».
Dans ces deux versions, par exemple, le terme «bénis
soient» porte à croire que Jésus promet une bénédiction
divine à ceux qui possèdent un état d'esprit particulier.
Cependant, comme on l'a dit ailleurs, les Béatitudes
représentent réellement l'exposition de lois spirituelles ou
de principes tels qu'ils existent naturellement. En vue de
le prouver, nous examinerons les significations de certains
mots-clés dans chacune des Béatitudes telles qu'elles ont
existé dans l'original grec, langage dans lequel le Nou-
veau Testament a été rédigé. Pour réaliser cette tâche,
on a eu recours à la «Analytical Concordance to the Holv
Bible» de feu le Dr. Young. (2)

3. Heureux les pauvres en esprit


Nous commencerons notre analyse par l'examen du
sens du terme «béni». On le trouve fréquemment en divers
endroits et contextes bibliques. A vrai dire, plusieurs mots
grecs ont été traduits par ce terme. Ceci n'est pas évi-
dent pour celui qui rencontre ce terme et lui donne une
signification conforme à l'usage courant. Par exemple,
le dictionnaire Webster définit «bénir» par «invoquer le
secours divin pour ... », ce qui signifie que lorsqu'une
«bénédiction» est conférée par une personne à une autre,
celle qui a été bénie en retire un bienfait. Cependant, le
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 171

mot grec qui exprime cette idée cc d'invocation de la faveur


divine» est cceulogéo», ce qui signifie «parler bien de ... ».
Le mot cceulogy» en anglais est dérivé de ce terme. Mais
ce n'est point le terme traduit par «bénis» dans les Béati-
tudes. Le terme grec ici est makarios, ce qui traduit un con-
cept entièrement différent de celui qui est exprimé plus
haut. La signification du mot makarios étant «heureux».
Ainsi, l'expression «bénis soient» signifie en vérité «heu-
reux sont les ... », etc. Cette différence est révélatrice, car
elle suggère qu'il n'est pas ici question d'une promesse,
mais que chaque valeur mise en relief est sa propre récom-
pense. Une Béatitude ne devrait pas être considérée
comme l'indication d'un état de choses à venir mais
comme une possibilité actuelle.
Lorsque nous considérons le reste de la première Béa-
titude, la clé de son interprétation concrète réside dans
la compréhension complète des termes «pauvres en
esprit». La signification de ce terme n'a rien à voir avec
l'absence d'esprit, ni avec la faiblesse, ni avec l'appau-
vrissement, ni avec la timidité. Il signifie «absence
d'égoïsme». Il s'agit, dans cette Béatitude, de l'esprit
humain - de l'esprit individuel, de l'esprit personnalisé
de l'individu - non de l'esprit divin qui pénètre tout.
Un autre terme pour «esprit» est «ego».
Etre pauvre en esprit ou en «ego» c'est être patient,
manquer d'impulsivité. Cette interprétation est en accord
avec les caractéristiques archétypales du signe astrologi-
que du Bélier. Dans l'analyse astrologique, les caracté-
ristiques présentées par le Bélier sont également celles attri-
buées au personnage mythique de Mars, le dieu romain
de la guerre. Les caractéristiques principales présentées
par le Bélier sont : l'agressivité, l'impétuosité. Et c'est jus-
tement cela que cette Béatitude décourage par l'exalta-
tion de son contraire, la pauvreté en esprit.
172 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

Le Royaume des Cieux accordé à ceux qui sont «pau-


vre en esprit» ne se rapporte pas au Royaume des Cieux
comme à un lieu ou à un état futur, mais se réfère à une
réalité présente possible. Nous devrions noter que le temps
employé est le présent : «à eux revient le Royaume des
Cieux». Si nous rassemblons ces aperçus, cette Béatitude
se formule : «heureux sont ceux à qui manque l'impulsi-
vité de la volonté, car le Royaume des Cieux est à eux.»
Nous considérerons le Royaume des Cieux de manière
plus approfondie en présentant une analyse des paroles
du Royaume (dans le chapitre 13 de «Matthieu»).

4. Bénù soient ceux qui pleurent


Quant à la seconde Béatitude «Bénis soient ceux qui
pleurent, car ils seront réconfortés», la comparaison révèle
qu'il y a dix-sept mots grecs qui peuvent être traduits par
«pleurent» en anglais. Dans ce cas précis, le mot original
qui a été utilisé est penthéo, ce qui signifie se désoler ou
s'affliger. Dans le cas de désolation ou d'affliction sans
cause spécifique, le mot qui exprime avec le plus de pré-
cision cette idée est «aliénation», comme celui qui <<lan-
guit de retourner chez lui». Ceci est confirmé par l'idée
d'être réconforté, représentée par le mot grec parakaléo,
signifiant «rassembler, exhorter». Il est possible que le sens
d'«aliénation» soit rectifié par discrétion, par réconcilia-
tion.
Cette Béatitude capte les caractéristiques de l'archétype
astrologique du Taureau, avec ses tendances qui le por-
tent à trop acquérir, à trop se satisfaire des biens matériels.
Le message de la Béatitude est «Heureux est celui qui
se sent aliéné dans le bien-être matériel, celui qui n'est
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 173

pas attaché aux possessions terrestres et au confort au point


d'oublier l'objectif réel de la vie». S'il se rend compte que
le succès de la vie ne se mesure pas à la quantité accumu-
lée, ramassée, le sens de l'aliénation dans le monde maté-
riel extérieur est contrebalancé par un sens de réalisation,
dans le monde intérieur, spirituel.

5. Heureux sont les faibles


La troisième Béatitude, «Bénis soient les faibles car ils
hériteront la terre», se démarque d'une certaine manière
des autres. Au lieu de joies célestes ou éthérées, elle sem-
ble faire don de la terre, la réalité même à laquelle les
chrétiens croient nécessaire de renoncer. Pour compren-
dre cette Béatitude, nous devons creuser dans les signifi-
cations cachées des termes «faible», «hériter», «terre»,
pour trouver les significations originales voulues.
Le mot traduit comme <<faible» est le grec praus. Un
sens plus précis de praus est «facile» ou «doux de tempé-
rament». Un individu qui est d'un tempérament doux
n'est pas enclin à la bravade et aux désirs de grandeurs
(tous produits de l'orgueil), mais il est plutôt réfléchi.
Il est logique qu'une telle personne hérite la terre si le
sens du concept original est pris en considération.
Kléronoméo est le terme grec traduit par «hériter». La
signification de ce mot est donnée par le Dr. Young
comme «recevoir par tirage au sort». Cela ne coïncide pas
avec le concept d'héritage prévalant à l'heure actuelle qui,
d'après le dictionnaire Webster, signifie «recevoir d'un
ancêtre à sa mort comme un droit ou un titre transmissi-
ble selon la loi». Une telle idée en grec est exprimée par
un mot différent, nachal. Le concept d'héritage n'est pas
174 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

le meilleur pour rendre la signification de kléronoméo. Un


terme plus approprié serait «découvrir». En appliquant
ces nouvelles expressions à la troisième Béatitude, on
obtient ce qui suit : «Heureux ceux qui sont doux de tem-
pérament car ils réaliseront la terre.»
Avant d'arriver au terme final de cette Béatitude, nous
devons comprendre pourquoi les doux de tempérament
réaliseront la terre. La terre mentionnée ici est la terre
«faite neuve» telle qu'elle est décrite dans l' Apocalypse
21:1.
«Et j'ai vu un nouveau Ciel et une nouvelle Terre
car le premier Ciel et la première Terre avaient
disparu».
La signification est claire : ceux qui sont doux et nobles
par tempérament organiseront la nouvelle terre car les
vaniteux et les violents se disqualifieront d'eux-mêmes.
Finalement, cette Béatitude se réfère à l'effort indivi-
duel pour donner une expression adéquate aux caracté-
ristiques de l'archétype astrologique des Gémeaux. Le
signe des Gémeaux, comme on le dit, est concerné par
les processus mentaux, dont le mauvais usage peut con-
duire à la vanité. Afin de l'éviter, l'individu doit s'effor-
cer d'exprimer la vertu de la douceur de tempérament
comme un correctif.

6. Heureux sont ceux qui ontfaim et soif de justice


La quatrième Béatitude : «Heureux ceux qui ont faim
et soif de justice car ils seront rassasiés» exprime une idée
universelle : celle de la concentration de l'énergie sur
l'objet unique de notre recherche. On prétend que
lorsqu'un individu prend conscience de ce qui manque
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 17 5

dans la vie et qu'il fait l'expérience de cette qualité absente


au maximum, ladite qualité se manifeste.
Les idées originales qui sous-tendent les mots-clés dans
la Béatituae «faim» et «soif», sont plus proches de notre
compréhension actuelle. Le terme «justice» est rendu de
manière plus concise par «justesse» ou «équité». Il doit
sa présence au mot grec dikaïsûne. Notre traduction de cette
Béatitude, quand elle est envisagée comme une déclara-
tion catégorique (plutôt que conditionnelle), donnerait :
heureux sont ceux qui sont affamés et assoiffés de «jus-
tesse», car le temps venu ils en bénéficieront. C'est là
l'expression du principe que l'on nomme le Tantra dans
les systèmes orientaux. Ce principe a été très mal com-
pris en Occident. Interprété correctement, il n'est pas res-
treint à un acte spécifique ou à une classification d' ac-
tes. (3) Il concerne le processus par lequel l'individu
s'efforce de prendre conscience de son dilemme existen-
tiel et spécifique. Les mots «faim» et «soif» sont utilisés
dans ce contexte car ce sont les métaphores idéales pour
représenter le vide éprouvé par l'aspirant au sujet de la
vertu ou de la qualité qu'il essaie d'intégrer, de cette vertu
particulière ou qualité qu'il essaye de s'assimiler.
L'affirmation selon laquelle ce vide sera rempli n'est
pas une promesse. C'est la description d'un processus qui
s'applique également au monde naturel. Ce processus
garantit qu'il n'est permis à aucun vide de persister dans
la nature. Quand il y en a un, la matière (l'air, par exem-
ple) s'engouffre dans le vide pour le remplir. De manière
similaire, quand on met l'accent sur une réalité spirituelle
et que l'on prend conscience des situations dans la vie où
cette réalité implique une différence, quelque chose inter-
vient pour amener cette réalité spirituelle si ardemment
désirée au niveau de la manifestation.
176 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

En termes astrologiques, nous parlons de caractéristi-


ques typiques du signe du Cancer. L 'Archétype concerne
ici les émotions issues de la sensibilité et de l'intimité, de
liens de dépendance dans le sens général du terme. Cette
Béatitude nous convainc que plutôt que d'utiliser cette
impulsion à former des groupes, l'individu doit chercher
un lien plus large avec toute l'humanité, la justice assu-
mant ici le rôle de lien.

7. Heureux sont les miséricordieux


La cinquième Béatitude «Heureux sont les miséricor-
dieux, car ils obtiendront miséricorde» aborde le principe
de réciprocité. L'idée représentée par le concept de misé-
ricorde n'est pas celle de la condescendance mais plutôt
celle de la compassion. La différence est que dans la
condescendance c'est la magnanimitéqui nous pousse à
l'action, tandis qu'avec la compassion, on se situe sur le
plan émotionnel dans la position de celui qui a besoin
d'aide. On éprouve le besoin de l'autre et on cherche à
le combler. Toutes les actions qui suivent sont motivées
par un sens de l'empathie, un sens de la destinée
commune.
Toutefois, la pensée que la compassion manifestée à
l'égard des autres retourne à celui qui la donne n'appa-
raît pas dans une lecture superficielle. La considération
des situations qui peuvent placer un individu dans la posi-
tion de celui qui témoigne de la miséricorde, confirme cette
interprétation.
Il est certain que de pareilles situations surgissent en
raison des différences dans les niveaux de pouvoir per-
sonnel et de privilèges des individus. Aussi, la compas-
sion qui est issue de cette réalisation est la compassion
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 177

née de la prise de conscience que la situation peut aussi


facilement être renversée. Témoigner de la compassion
à celui qui est endetté signifie que l'on comprend la fra-
gilité du succès et du pouvoir et que l'on cherche une com-
pensation à cela. L'autre point important réside dans le
fait que lorsque cette compassion est témoignée d'une per-
sonne à l'égard d'une autre, il n'est pas question de savoir
si celui qui la reçoit la mérite ou non; la question est plu-
tôt de savoir si la situation la justifie et si l'accent porte
davantage sur le principe que sur la personne.
Selon cette Béatitude, si le pardon s'exerce dans le sens
de la compassion ou de la continuité d'être avec les autres,
l'initiateur reçoit la même considération des Forces Divi-
nes. En fait, dans l'exercice de la continuité dans l'être,
on s'ouvre en même temps aux influences spirituelles supé-
rieures. Peut-être est-ce là ce que l'apôtre Pierre avait à
l'esprit lorsqu'il dit « •. .la charité couvrira les multitudes
de péchés». En vérité, quand on est ouvert et réceptif aux
autres, toutes les motivations et les occasions de commettre
le péché sont annihilées de la même manière que des bac-
téries sont détruites lorsqu'elles sont exposées en plein air.
Qu'est-ce que le péché sinon un manque de considéra-
tion pour autrui, ce qui alors se manifeste en plusieurs
actes? Il est par conséquent plausible que celui qui com-
mence à exprimer cette considération spontanément
s'élève au-delà des occasions de péché et attire l'attention
des Forces Supérieures. (4) Quand cela arrive, celui qui
exprime la miséricorde ou la compassion devient le béné-
ficiaire de la miséricorde et de la compassion de ces Forces.
Cette Béatitude exprime les caractéristiques représen-
tées par l'archétype astrologique du Lion. L'astrologie
relie le signe du Lion à l'exercice du pouvoir et de la
volonté et donc à l'autorité. Cette caractéristique dans sa
178 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

forme pure a pour but de donner à l'individu un sens de


détermination et d'engagement. Toutefois, en de nom-
breux cas où un être humain a accès au pouvoir et à l'auto-
rité, il peut donner libre cours à sa satisfaction person-
nelle qui détruit son sens de la compassion. En pratiquant
la miséricorde et la compassion de manière consciente,
un tel individu peut résister aux tentations de glorifica-
tion personnelle.

8. Heureux sont les cœurs purs


«Heureux sont les cœurs purs car ils verront Dieu»,
dit la sixième Béatitude. Si nous y voyons une promesse
ou une déclaration conditionnelle, cela n'est pas clair;
mais sous forme de déclaration catégorique, cela s'expli-
que. En apparence, cela suggère que ceux qui ont un cœur
pur pourront voir Dieu. Cependant, cela ne définit pas
la pureté de cœur, ou ce que signifie voir Dieu.
La pureté du cœur dont il est question ici ne doit pas
être interprétée dans le sens ordinaire, c'est-à-dire être
chaste (le mot grec hagnos) mais plutôt dans le sens d'être
«clair»; c'est un dérivé du grec katharos. Quand il est uti-
lisé conjointement avec le mot «Cœur», cela désigne des
individus dont les émotions sont claires, qui voient clai-
rement les motifs de leurs actions. C'est parce que le cœur
est un symbole de 1' aspect émotionnel, sentimental de la
nature humaine. Il est, pense-t-on, le siège des motiva-
tions, des plaisirs et des déplaisirs. Un cœur limpide
devrait avoir, dans ce cas, non des émotions emmêlées
mais des sentiments appropriés et des objectifs connus.
Le dernier point est important car il implique qu'il faut
assumer ses responsabilités à 1' égard des émanations des
expressions inconscientes. On n'attribue plus alors les évé-
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 179

nements de sa vie aux erreurs, aux accidents ou aux mal-


heurs mais on est capable de pénétrer jusqu'aux causes
cachées, présentes en soi-même.
La dernière partie de cette Béatitude suggère que celui
qui a le cœur clair verra Dieu. Le verbe «voir», employé
intentionnellement ici, ne signifie pas voir avec l'œil physi-
que. Il ne s'agit pas non plus de percevoir ou de com-
prendre, mais de voir pour s'assurer de quelque chose,
pour y prendre garde. Le mot traduit par «voir» est dérivé
du mot grec horao, on trouve d'autres exemples de cette
utilisation dans «Matthieu» 8:4. «Garde-toi (horao) d'en
parler à personne ... » et «Matthieu» 24:6. «Gardez-vous
(horao) d'être troublés». Le mot grec utilisé pour repré-
senter l'acte physique de voir est théoréo comme par exem-
ple dans «Jean» (6: 19) «Ils virent (theoreo)]ésus marchant
sur la mer».
Cela, par conséquent, signifie que ceux qui ont le cœur
clair verront Dieu, car ce qui est impliqué c'est que cette
clarté dans l'aspect émotionnel de l'être doit nous per-
mettre de prendre garde à Dieu. Autrement dit, voir Dieu
dans ce sens dépend entièrement de l'individu. L'impli-
cation est que Dieu est toujours présent et que les émo-
tions en conflit obscurcissent sa Présence à l'individu.
Quand nous reformulons cette Béatitude nous obtenons :
«Heureux sont ceux qui sont clairs dans leur cœur car
ils prendront garde à la présence de Dieu».
Cette Béatitude représente la voie dans laquelle un indi-
vidu doit s'efforcer d'exprimer les caractéristiques archéty-
pales du signe de la Vierge. La Vierge représente l'impul-
sion mentale dans chacun de nous en vue de vérifier les
choses par nous-même, d'en «faire l'expérience».
A moins que cette impulsion à vérifier ne commence
par elle-même, avec ses propres désirs et objectifs, elle
conduit à la désorientation et à la désorganisation.
180 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

9. Heureux sont ceux qui procurent la paix

La septième Béatitude dit «Heureux sont ceux qui pro-


curent la paix car ils seront appelés enfants de Dieu». Cette
béatitude commence un nouveau «sous-cycle» de six. Les
six premières Béatitudes constituent le premier «sous-
cycle» qui traite de l'harmonie intérieure. A partir de la
septième, il s'agit de l'action dans le monde extérieur.
La seule modification à cette Béatitude en ce qui con-
cerne sa signification intentionnelle est l'expression
«enfants de Dieu». Le mot grec traduit par «enfants» est
huios traduit ailleurs par «fils». Etre un enfant de Dieu
va au-delà du genre et se réfère à une étape de maturité
dans la relation de l'individu au Créateur.
L'idée de mettre en équivalence «faire la paix» avec
la filiation avec Dieu peut être attribuée au fait qu'en
aidant à établir la paix parmi les factions en guerre, on
exerce un des premiers attributs de la Divinité, c'est-à-
dire établir l'ordre à partir du chaos. Il faudrait noter que
ce concept de filiation se retrouve de même dans l'expres-
sion Fils de Dieu utilisée par Jésus pour se décrire lui-
même. Ainsi, réellement, celui qui instaure la paix est
revêtu des mêmes caractéristiques que le Christ.
Dans sa relation aux archétypes astrologiques, cette
Béatitude traite des caractéristiques du signe de la Balance.
C'est le septième signe zodiacal qui décrit l'effort de l'indi-
vidu pour en venir aux prises avec les paires de contrai-
res. Le conflit est l'expression psychologique la plus com-
mune de l'influence de la Balance. Pour conquérir ce sens
intérieur du conflit, l'individu doit porter son attention
sur le monde extérieur dans le rôle de celui qui procure
la paix.
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 181

1O. Heureux ceux qui sont persécutés


pour la Justice
Nous avons la huitième Béatitude, «Heureux sont ceux
qui sont persécutés pour la justice, car le Royaume des
Cieux est à eux» qui équivaut à la seconde Béatitude trai-
tant de l'action dans le monde extérieur. Ce qui est pro-
posé ici, ce n'est pas une attitude qui brave la persécu-
tion mais celle qui fait appel au courage face à tout ce
qui s'oppose à une vie consacrée à la cause de la justice.
La justice proposée ici et sur laquelle la persécution agit
afin de faciliter le travail de la transformation du moi n'est
pas une glorification mais un engagement personnel dans
lajustesse (du Grec dikaiosune). Cela se réfère aux indivi-
dus engagés dans la recherche du bien commun, dans le
Chemin de la Vie, car en vérité la poursuite du bien com-
mun est le Chemin de la Vie de la même manière que
la poursuite de la gloire individuelle est le chemin de la
Mort.
Le rôle joué par la persécution dans la transforma-
tion permet à l'individu de vérifier le bien fondé de son
action.
Si nos actions rencontrent toujours l'approbation popu-
laire cela peut signifier que l'on fonde ses actions, non
sur la conviction et la compréhension des principes, mais
sur leur opportunité.
Cette Béatitude expose les problèmes rencontrés dans
l'expression des caractéristiques de l' Archétype astrolo-
gique du Scorpion. Dans les annales de l'astrologie,
l'impulsion attribuée au Scorpion est celle de la persévé-
rance et de la tenacité. Cela devient du fanatisme si cela
ne se manifeste pas dans l'effort d'une «vie droite» dans
la recherche du bien commun.
182 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

11. «Heureux serez-vous lorsqu'on vous outragera,


qu 'on vous persécutera
La neuvième Béatitude dit: «Heureux serez-vous
lorsqu'on vous outragera, qu'on vous persécutera et qu'on
dira faussement de vous toute sorte de mal à cause de moi.
Réjouissez-vous, et soyez dans l'allégresse, parce que votre
récompense sera grande dans les Cieux; car c'est ainsi
qu'on a persécuté les prophètes qui ont été avant vous».
Cette Béatitude s'adresse à ceux qui répondent à cet appel
intérieur afin de partager leur foi et de témoigner dans
la vie extérieure des principes ainsi attribués à Jésus-Christ
et dit que de tels individus partagent la compagnie des
prophètes qui les ont précédés. Par conséquent, ils ne doi-
vent point se décourager mais se réjouir car ils recevront
une compensation pour leur travail.
Cette Béatitude établit un rapport avec les caractéris-
tiques du signe astrologique du Sagittaire. L'impulsion
archétypale attribuée à ce signe concerne la réception et
la diffusion d'une connaissance plus élevée. On dit, en
astrologie, que les caractéristiques de l'impulsion du Sagit-
taire infusent une plus grande sagesse et une recherche
philosophique.

12. Vous êtes le sel de la Terre


«Vous êtes le sel de la Terre. Si le sel perd sa saveur
avec quoi la lui rendra-t-on? Il ne sert plus qu'à être jeté
dehors, et foulé aux pieds par les hommes» dit la dou-
zième Béatitude. Cette Béatitude, en particulier, tout
comme les deux autres qui la suivent ne se conforme pas
au modèle. Jésus exhorte ici les individus qui peuvent
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 183

éprouver des difficultés à communiquer leur compréhen-


sion du but de la vie. L'analogie avec le sel suggère que
les individus, capables de donner un sens à la vie,
devraient également influencer les autres par leur contact.
C'est l'intelligence des significations de la vie intérieure
qui accompagnent les événements de la vie pour les ren-
dre agréables. Ainsi, les individus qui sont en possession
de cette appréciation de la signification de la vie doivent
agir comme une source d'encouragement pour ceux qui
n'ont pas encore atteint le même niveau de développe-
ment. Cependant, si l'individu qui doit être une source
d'encouragement ne peut faire preuve d'un sens de la
direction spirituelle, toute sa connaissance et sa compré-
hension n'apportent rien.
L'enseignement de cette Béatitude concerne les carac-
téristiques del' Archétype du Capricorne. L'impulsion de
cet Archétype donne une orientation pratique à la vie.
Si cette impulsion donne lieu à une interprétation erro-
née, il en résultera une attitude matérialiste dans la vie.
Dans ce cas l'individu devient pareil au sel qui perd tou-
tes ses qualités d'assaisonnement.

13. Vous êtes la lumière du monde


«Vous êtes la lumière du monde. Une ville ne peut être
cachée quand elle est située sur une montagne et on
n'allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau
mais on la met sur le chandelier, et elle brille pour tous
ceux qui sont dans la maison». Cette exhortation se rap-
proche de la précédente. Là, Jésus s'adresse à ceux qui
devraient être les sources de l'illumination en vertu de
leur réalisation intérieure de la Vérité. En réalité, le terme
traduit du Grec comme «lumière», phos, a également été
184 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

utilisé pour décrire la manière dont Jésus apparaît lors


de la Transfiguration et pour décrire l'illumination éprou-
vée par Paul (alias Saül) lors de sa conversion. Ce terme
contient davantage le sens de «radiation» que celui d'une
lumière visible. Ce dernier sens est représenté par un mot
grec entièrement différent.
On doit remarquer qu'il n'y a pas de recommandation
dans cette Béatitude comme c'était le cas dans les précé-
dentes. Cela implique que le fait d'être une lumière, ou
une source d'illumination, est en soi une réalisation. En
termes de symboles utilisés par Jésus dans cette Béatitude
comme dans les précédentes, c'est-à-dire sel ou lumière,
ces symboles représentent différentes étapes d'action dans
le monde au sens large. Le sel agit en donnant sa saveur,
et la lumière en étant conforme à elle-même. Ces deux
modes différents représentés ici ont pour but de faciliter
le progrés spirituel de l'humanité. Le sel représente
l'orientation pratique et la lumière l'incarnation de ces
prmc1pes.
Cette Béatitude concerne l'expression de l'impulsion
attribuée à l'archétype astrologique du Sagittaire. Cette
impulsion trouve son expression individuelle dans la néces-
sité d'amorcer un mouvement, d'en être l'inventeur ou
l'innovateur. Dans ce sens, ceux qui sont du signe du
Sagittaire deviennent des visionnaires et des réformateurs
de la société humaine. Celui qui exprime la place oppo-
sée négative de cette impulsion archétypale est un indi-
vidu tellement absorbé qu'il peut devenir excentrique, et
peut se retrancher du reste de l'humanité au lieu d'être
une source d'inspiration.
«Ne croyez pas que je sois venu détruire ... »
Le message ici complète le cycle entier des douze seg-
ments bien que, du dix-septième au vingtième verset du
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 185

chapitre V, il soit question d'un point de vue radicale-


ment différent de ce qui est présent par les Béatitudes,
à proprement parler. Le texte entier du segment douze
dit :
«Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi
ou les prophètes. Je suis venu non pour abolir,
mais pour accomplir. Car en vérité, je vous le dis,
tant que le ciel et la terre ne passeront point, il
ne disparaîtra pas de la loi un seul iota, ou un seul
trait de lettre, jusqu'à ce que tout soit arrivé. Celui
qui violera donc l'un de ces commandements,
même l'un des plus petits et qui enseignera aux
hommes à faire de même, sera appelé le plus petit
dans le Royaume des Cieux; mais celui qui les
mettra en pratique et les enseignera, celui-là sera
appelé grand dans le Royaume des Cieux».
Dans les autres instructions qui comprennent les onze
premiers segments de ce cycle, Jésus a mis l'accent sur
les valeurs que chaque individu doit s'efforcer de culti-
ver et d'exprimer. Là, il parle de ce qu'il faut attendre
de quelqu'un qui a réussi à maîtriser les onze premières
étapes. Nous avons constaté une progression de valeurs
jusqu'à la neuvième Béatitude. Nous avons eu alors des
injonctions en vue de faire de chacun une source
d'influence et d'inspiration pour autrui. Quand ces éta-
pes sont terminées, une nouvelle question se pose con-
cernant le statut de l'ordre ancien par rapport à ce nou-
vel être. Jésus symbolise le nouvel être et sa révélation
selon laquelle il n'était pas venu pour détruire, mais pour
accomplir la loi, signifiait qu'il n'était pas venu pour
défaire (du Grec Kataluo) mais pour «rendre plein» (du
Grec pleroo). La mission de Jésus n'était pas d'abroger la
loi, mais de l'élargir.
186 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

Dans le contexte de l'astrologie, nous sommes indirec-


tement en rapport avec l'impulsion de l' Archétype du
Poisson. Les caractéristiques du Poisson en tant
qu'Archétype s'expriment dans l'impérieuse nécessité de
valider les expériences, de bâtir les fondations afin de pro-
téger ce qui est considéré être une valeur. La note per-
sonnelle conférée par Jésus à ce dernier segment des ins-
tructions, référence à sa propre personne, l'a été dans un
but précis. Jésus s'identifiait avec l'impulsion de
l' Archétype du Poisson.
Historiquement, l'impulsion du Poisson devait être la
clef de l'histoire du monde pour les deux mille ans à venir.
Il est dit dans les cercles astrologiques que Jésus a inau-
guré l'Ere des Poissons à l'époque de sa mission terrestre.
Ce concept des ères est dérivé du fait que chaque année
la terre régresse très légèrement dans l'espace au terme
d'une révolution entière autour du soleil. Cette régres-
sion est évaluée à cinquante secondes d'un arc seulement,
mais, au terme d'une course de soixante douze années,
cela aboutirait au début de l'année astronomique. (C'est-
à-dire à !'Equinoxe du Printemps ou au premier degré
du Bélier «précédé» d'un degré entier). Au terme d'une
course de 2160 années, la récession atteindrait 30 degrés
de précession c'est-à-dire une Ere. (5) Au temps de Jésus,
l'Ere des Poissons ne faisait que commencer, ce qui signi-
fiait que !'Equinoxe de Printemps était orienté vers le signe
des Poissons. D'aucuns ont avancé l'idée que nous som-
mes sur le seuil de l'Ere du Verseau puisque c'est le signe
qui doit coïncider avec !'Equinoxe de Printemps après la
précession du signe des Poissons.
Replacée dans ce contexte, la déclaration de Jésus au
sujet de sa venue non pour abolir la loi de Moïse mais
pour l'accomplir, nous laisse entendre que la fin d'une
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 187

époque et le commencement d'une autre ne s'appliquent


pas à l'abolition des vieux préceptes et principes donnés
à l'humanité afin de l'aider à accomplir une vie mieux
remplie. C'est pourquoi, après avoir énuméré les Béati-
tudes, il a voulu nous montrer comment une intelligence
élargie de l'ancienne loi mosaïque pouvait être obtenue.
CHAPITRE IX

Le devoir
d'affiner les émotions

1. Sommaire
Dans le second segment des instructions du Sermon sur
la Montagne. Jésus mentionne certains défauts humains :
le crime, l'adultère, le divorce, le fait de jurer, la violence
réciproque (exemple : œil pour œil) et la protection du
statu quo (aimer ses amis et haïr ses ennemis). La liste
des actes ne présente de parallèle avec rien de ce que l'on
trouve dans l'Ancien Testament. Deux de ces thèmes ont
été traités dans les Dix Commandements - le crime et
l'adultère - mais tout le reste dans le cycle des instruc-
tions adopte un tout nouveau cours.
La sélection des défauts et l'ordre selon lequel ils sont
placés sont conformes au concept de la nature à sept degrés
de l'homme, un concept dont il a été déjà démontré qu'il
trouvait son expression dans le système du chakra. C'est
dans la perspective des chakras que Jésus a présenté un
programme permettant aux individus d'atteindre la source
190 KUNDALINI ET RETOUR DU CrlRIST

de leurs défauts extérieurs au sein de leur nature inté-


rieure. Quand la nature s'améliore, les observances exté-
rieures se transforment en un épanchement spontané de
l'être intérieur. Les observances de l'esprit et celles de la
lettre de la Loi deviennent alors synonymes.

2. Le déblocage du flot de ! 'Energie divine


avec le chakra M uladhara
C'est au service du premier chakra, le Muladhara, que
les instructions de «Matthieu» (5:21-26) se conforment.
«Vous avez entendu ce qu'il a été dit aux
anciens : «Tu ne commettras pas de meurtre».
Celui qui commet un meurtre sera passible du
jugement.
Mais moi je vous dis : quiconque se met en
colère contre son frère sera passible du jugement :
Celui qui dira à son frère : Raca! sera justiciable
du Sanhédrin. Celui qui dira : Insensé! sera pa&
sible de la géhenne du feu.
Si donc tu présentes ton offrande à l'autel, et
que là tu te souviennes que ton frère a quelque
chose contre toi, laisse là ton offrande devant
l'autel, et va d'abord te réconcilier avec ton frère,
puis viens présenter ton offrande.
Hâte-toi de t'arranger à l'amiable avec ton
adversaire, pendant que tu es encore en chemin
avec lui, de peur que l'adversaire ne te livre au
juge, le juge à l'agent et que tu ne sois jeté en
prison.
En vérité je te le dis : tu n'en sortiras point que
tu n'aies payé jusqu'au dernier centime».
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 191

Jésus présente la loi contre le crime comme l'aspect le


moins important d'une plus grande loi spirituelle de coo-
pération entre les individus. Une rupture de cette coopé-
ration mène à la colère et à l'inimitié, dont l'expression
ultime est l'acte de crime. Afin d'ôter les semences de la
désunion, l'homme ne doit nourrir aucun ressentiment
à l'égard d'autrui, pas plus qu'il ne doit fournir une occa-
sion à autrui de nourrir le moindre ressentiment à son
égard. Selon les termes du concept de chakra, c'est bien
de l'énergie de la Vie qu'il s'agit telle qu'elle est expri-
mée dans le premier chakra. Ici, le Muladhara qui est le
premier chakra transforme l'impulsion vitale générique
(c'est-à-dire l'impulsion de la vie biologique) en un ins-
tinct de survie. Cet instinct de survie physique, quand
il dépasse les limites, peut aboutir à la loi de la jungle,
«survie des mieux adaptés».
Afin de débloquer l'impulsion vitale du chakra Mula-
dhara, l'individu doit faire l'apprentissage de la coopéra-
tion et de la coexistence. Ce n'est qu'alors qu'il lui sera
possible d'évacuer toute trace de violence, de colère et de
malice.

3. Déblocage du courant de l'Energi·e divi'ne


dans le chakra Swadishthana
Dans son explication concernant le déblocage du cou-
rant vital au niveau du second chakra (Svadishthana)jésus
a donné une nouvelle interprétation de la loi contre
l'adultère.
«Vous avez entendu qu'il a été dit: «Tu ne
commettras pas d'adultère.
Mais moi je vous dis : quiconque regarde une
192 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

femme pour la convoiter a déjà commis l'adultère


avec elle dans son cœur.
Si ton œil droit est pour toi une occasion de
chute, arrache-le et jette-le loin de toi. Car il est
préférable pour toi qu'un seul de tes membres
périsse mais que ton corps tout entier ne soit pas
jeté dans la géhenne.
Si ta main droite est pour toi une occasion de
chute, coupe-la et jette-la loin de toi. Car il est
préférable pour toi qu'un seul de tes membres
périsse, mais que ton corps tout entier ne s'en aille
pas dans la géhenne» (Matthieu 5:27-30).
Jésus présente en premier lieu l'interprétation tradition-
nelle au sujet de l'adultère pour nous donner en deuxième
lieu, une version remise à jour. Sa présentation caracté-
ristique «Mais je vous le dis ... » annonce une remise à jour
de la part d'une autorité supérieure. Parce qu'il repré-
sentait le Principe de Vie, Jésus était à même de réviser
le code mosaïque de la conduite à partir d'une perspec-
tive dynamique plutôt qu' institutionnelle. C'est pourquoi
l'infidélité, selon la perspective du courant dynamique de
la Vie, débute dans le cœur, dans la nature désirante.
C'est précisément parce qu'un individu veut quelque
chose qu'il va se saisir de l'occasion de satisfaire ce désir.
Le fait qu'on ne trouve pas d'occasion ne signifie pas
qu'on est dans une position meilleure par rapport à celui
qui en trouve une et en profite.
La plupart des instructions décrivent la manière dont
un individu peut contrôler la tension de polarité et se ren-
dre compte de l'interprétation erronée et du détournement
de !'Energie divine au second chakra. C'est cette tension
dans l'être qui s'exprime sous forme de désir de gratifi-
cation sexuelle. Les instructions qui sont «Si votre œil droit
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 193

offense autrui, arrachez-le et jetez-le hors de vous» ou «Si


votre main droite vous offense, coupez-la et jetez-la hors
de vous» suggèrent l'utilisation de tous les moyens prati-
ques disponibles pour contrarier les modes de fonction-
nement automatiques qui plongent chacun dans la con-
fusion, celle de l'esprit ou du corps. Cela servira surtout
à l'individu qui ignore encore comment se comporter
envers ses désirs et ses impulsions, lesquels, bien que
«naturels», peuvent s'avérer un empêchement majeur au
progrés spirituel. Le second chakra appelé parfois le Cen-
tre du Sexe ne l'est que dans la mesure où le sexe est la
voie la plus caractéristique de la libération de la tension
créée par la polarité. Ici, la mauvaise direction emprun-
tée par l'énergie de la Vie donne lieu à d'autres manifes-
tations telles que l'orgueil, la sympathie et l'antipathie,
la formation d'attachements et d'aversions, des complexes
de supériorité et d'infériorité; en somme et pour tout résu-
mer, des complexes d'ordre psychologique.

4. Le déblocage du courant
de !'Energie divine au chakra Manipura
Dans les instructions destinées à libérer le courant de
l'énergie de la vie, Jésus traite le problème du divorce dans
le troisième chakra dénommé Manipura.
«Il a été dit : «Que celui qui répudie sa femme
lui donne une lettre de divorce».
Mais moi je vous dis : Quiconque répudie sa
femme, sauf pour cause d'infidélité l'expose à
devenir adultère, et celui qui épouse une femme
répudiée commet un adultère» (Matthieu
5:31-32).
194 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

Ce qui n'apparaît pas de prime abord ici (du moins


jusqu'à ce que l'on soit conscient de la structure inhérente
à ces instructions) c'est que l'enseignement contre le
divorce s'insère parfaitement dans le message véritable
concernant la manière d'arrêter la mauvaise utilisation
de sa volonté, ce qui est le contenu du troisième chakra.
Jésus ne parlait pas du divorce tel qu'il existe au ving-
tième siècle (cela ne veut pas dire qu'il l'aurait pardonné)
mais tel qu'il fonctionnait dans un système social dont la
victime était, et de manière évidente, la femme. Dans la
société juive, à l'époque del' Ancien et du Nouveau Tes-
tament, les statuts concernant le divorce exigeaient qu'un
homme laisse à la femme les documents prouvant qu'elle
était effectivement divorcée de lui. Cela conférait à la
femme une protection minimale contre l'adultère et con-
tre la peine censurant l'adultère. La peine contre l'adul-
tère était la mise à mort à coups de pierres. Il semble évi-
dent que ce qui était institué comme une condition mini-
male de la décision de divorcer a subi par la suite une
distorsion afin d'aboutir à une condition satisfaisante.
L'intention de Jésus était de persuader les individus de
ne pas abuser du pouvoir d'exercer leur autorité sur
l'autre. Cela s'applique au mariage et à toutes les situa-
tions dans lesquelles un individu, masculin ou féminin,
domine l'autre. Sa mise en garde à l'homme qui répudie
sa femme injustement, la prédisposant ainsi à l'adultère,
est aussi une mise en garde générale pour ceux qui défor-
meraient les accords et les lois par convenance personnelle.
Le mauvais usage de l'énergie de la Vie dans le chakra
Manipura prend la forme du culte du moi, de l'exploita-
tion, de l'abus du pouvoir et de l'autorité. Tout autant
que Jésus exige de l'époux qu'il agisse de manière res-
ponsable à l'égard de sa femme, tout individu assumant
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 195

une position d'autorité doit apprendre à agir avec hon-


nêteté et considération pour toutes les parties concernées.
Tout manque à cet égard inhiberait le courant de l'éner-
gie de la Vie dans un complexe de pouvoir.

5. Le déblocage du flot de ! 'Energie divine


dans le chakra A nahata
L'enseignement concourant à la libération du courant
de !'Energie Vitale dans le chakra Anahata prend comme
centre de démonstration la question des prestations de ser-
ment et des jurements (en prenant Dieu à témoin).
«Vous avez encore entendu qu'il a été dit aux
anciens : «Tu ne te parjureras pas, mais tu
t'acquitteras envers le Seigneur de tes serments.
Mais moi je vous dis de ne pas jurer du tout :
ni par le Ciel, parce que c'est le trône de Dieu.
Ni par la Terre, parce que c'est son marche-
pied, ni par Jérusalem, parce que c'est la ville du
grand Roi.
Ne jure pas non plus par ta tête, parce que tu
ne peux rendre blanc ou noir un seul cheveu.
Que votre parole soit oui, oui : non, non; ce
qu'on y ajoute vient du Malin» (Matthieu
5:33-37).
Cet enseignement est en rapport avec le quatrième
chakra ou Anahata car ce centre concerne la formation des
associations et l'entretien d'un sens de l'intimité. Quand
l'expression de la Vie est mise en échec ici, il en résulte
un complexe d'approbation. L'individu investit tout ce
qu'il peut afin de gagner l'approbation de son entourage;
196 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

il va même jusqu'à invoquer Dieu en tant qu'arbitre dans


les transactions humaines les plus insignifiantes. C'est à
l'encontre de telles présomptions qu'il est demandé à
l'individu de ne point jurer.
La raison qui sous-tend toutes ces instructions est que
l'individu doit s'en tenir à sa propre réputation. Sa parole
doit suffire, quels que soient ses engagements. S'il n'est
pas capable de convaincre les autres de sa capacité pour
achever une entreprise, il doit, en toute humilité, en accep-
ter les conséquences. Il vaut mieux endurer le fait d'être
sous estimé plutôt que d'essayer de gagner l'approbation
par le recours aux invocations. L'individu ne doit pas per-
mettre au besoin d'unité et de camaraderie engendré ici
de dégénérer en un besoin impulsif d'approbation ou
d'assentiment, s'il veut que l'énergie vitale s'écoule sans
obstacle à travers le chakra Anahata.

6. Le déblocage du flot de !'Energie vitale


dans le chakra Vishuddha
Cette partie concerne le mauvais usage de l'énergie de
la Vie dans le chakra Vishuddha Ce chakra a pour fonction
de mettre en valeur les principes cachés de la Nature et
de les exprimer en termes pratiques. Toutefois, lorsque
le flux de l'énergie vitale est mal compris, l'individu
devient un esclave des formules et n'est plus capable de
voir que les «lois» naturelles sont subordonnées aux Prin-
cipes spirituels supérieurs. Lorsqu'il s'attaqua à ce pro-
blème, Jésus dit :
«Vous avez entendu qu'il a été dit : « œil pour
œil et dent pour dent».
Mais moi je vous dis de ne pas résister au
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 197

méchant, au contraire si quelqu'un te gifle sur la


joue droite, tend-lui encore l'autre.
Si quelqu'un veut te traîner en justice pour te
prendre ta tunique, laisse-lui ton manteau.
Si quelqu'un te force à faire un mille, fais-en
deux avec lui.
Donne à celui qui te demande et ne te détourne
pas de celui qui veut t'emprunter.» (Matthieu
5:38-42).
Jésus a démontré en termes qui ne laissent peser aucun
équivoque que la prétendue «loi» d'un châtiment aveu-
gle «œil pour œil et dent pour dent» doit être dépassée
par le principe spirituel supérieur de non-résistance. Il ne
s'agit pas simplement ici d'être une victime consentante
ou de permettre aux autres d'abuser de quelqu'un dans
les domaines physiques, légaux, ou émotionnels. Le rai-
sonnement global qui sous-tend cet enseignement est entiè-
rement compréhensible dans le contexte de l'idée orien-
tale du Karma.
Selon les normes de la pensée orientale, tout acte
humain doit engendrer sa propre sanction, bonne ou mau-
vaise. Le Karma est perçu comme une loi inviolable. A
tous égards, il opère comme une machine. Le criminel
sera lui-même assassiné, le voleur aura à endurer des per-
tes matérielles, etc. La formulation de cette loi dans sa
forme simple semble satisfaire la soif de vengeance innée
à l'homme; non seulement cela, l'humanité pense qu'en
rendant le mal pour le mal, on agit comme un instrument
de la Volonté divine.
Le message de Jésus est que l'homme ne doit pas jouer
à Dieu. Quand un individu, prenant la justice entre les
mains, insiste sur la vengeance ou la récompense, il per-
198 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

pétue ce que les Orientaux décrivent comme la «Roue»


du Karma. En premier lieu, celui à qui l'on soutire la
récompense peut ne pas changer sa manière d'être. En
second lieu, celui qui punit n'a aucune garantie que des
actes similaires commis par des individus différents ne se
renouvelleront pas dans l'avenir à ses dépens. Quand la
loi du Karma est satisfaite, donnant-donnant, le monde
demeure essentiellement le même.
La loi spirituelle supérieure que Jésus propose afin de
remplacer la loi du Karma (telle qu'elle est comprise par
les individus) est celle qui arrête, une fois pour toutes,
le cercle vicieux des insultes et des condamnations, des
coups et des blessures. Quand un individu accepte une
blessure sans résistance, il ébranle des forces qui assurent
que l'offenseur en vient à un accommodement. Même si
un acte de violence n'est pas rendu, il ne reste pas impuni.
La conscience et les aspects élevés de l'être de celui qui
est responsable de l'offense créent en même temps une
tension spontanée pour un changement, une tension qui
n'aurait pas été relâchée, si l'offenseur avait rencontré de
la résistance.
En d'autre termes, la non-résistance facilite un chan-
gement très net dans le monde pour le bien. Quand un
individu entreprend volontairement des tâches supérieu-
res à celles qui lui sont demandées, il invoque !'Esprit
vivant du Christ en sa faveur. Puisque le Christ symbo-
lise la Force Vitale, il sera alors permis à l'individu de
devenir un réceptacle plus vaste et finalement un canal
de cette Force.
La mauvaise orientation de l'Energie Vitale au cin-
quième chakra est corrigée quand l'individu est capable
de discerner des lois spirituelles plus élevées et de les situer
au dessus des lois inférieures et à courte vue.
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 199

7. Le déblocage de !'Energie Vitale


au chakra AJna
Lorsque Jésus considère la mauvaise direction prise par
le courant d'Energie Vitale au niveau de l'Ajna chakra, il
dit :
«Vous avez entenau qu'il a été dit : «Tu aime-
ras ton prochain et tu haïras ton ennemi».
Mais moi je vous dis : Aimez vos ennemis et
priez pour ceux qui vous persécutent.
Alors vous serez fils de votre Père qui est dans
les Cieux, car il fait lever son soleil sur les
méchants et sur les bons, et fait pleuvoir sur les
justes et sur les injustes.
En effet, si vous aimez ceux qui vous aiment,
quelle récompense aurez-vous? Les péagers eux-
mêmes n'en font-ils pas autant?
Si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous
d'extraordinaire? Les païens eux-mêmes n'en
font-ils pas autant?» (Matthieu 5:43-47).
L'expression adéquate de !'Energie Vitale revêt ici la
forme de l'Amour objectif, ou de l'Amour en tant que
Principe. Une telle expression de l'Amour ne nécessite
pas d'objet pour se concrétiser. Même quand l'expres-
sion propre de la Vie est contrariée, l'effet en est un com-
plexe narcissique. Au lieu del' Amour en tant que Prin-
cipe, il y a de l'amour propre. L'individu aime ceux qui
l'aiment et hait ceux qui le haïssent. La marque vérita-
ble de l'amour objectif ou impersonnel réside dans le fait
que l'individu est capable de percevoir un processus à par-
tir de son propre centre de conscience. De cette manière
il est alors possible d'aimer même ses ennemis et de cher-
cher la faveur divine pour ceux qui nous maudissent et
200 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

nous insultent. Jésus dit qu'en vivant de la sorte, nous


imitons notre Père qui est aux Cieux qui «fait lever son
soleil sur les méchants et sur les bons et fait pleuvoir sur
les justes et sur les injustes».
En d'autres termes, l'amour objectif ou impersonnel
est la propriété de Dieu, et la meilleure voie de l'homme
pour atteindre Dieu est de lui emprunter quelques unes
de ses caractéristiques.
En Orient, l'expression sans entrave de !'Energie Vitale
dans le chakra Ajna équivaut à l'état «d'illumination». On
dit qu'une personne illuminée a réalisé son véritable Moi
(Atman en Orient). Avec cette réalisation vient le pouvoir
d'éveiller les autres à une plus grande prise de conscience
du but de la vie. En libérant le courant de la vie, nous
nous imprégnons du mental du Christ.

8. Permettre à la Vie d'avoir son expression libérée


au chakra Sahasrara
Quand le courant vital se trouve libéré à travers les six
autres chakras, l'individu devient l'incarnation de la Vie
en tant que Principe. C'est à dire qu'il dépasse tous les
objets et objectifs de ses efforts pour devenir lui-même la
personnification de l'effort en soi. C'est cette expression
sans entraves de la Vie que Jésus encourageait quand il
disait : «Soyez parfaits, comme votre Père est parfait dans
les Cieux» (Matthieu 5:48).
On se réfère souvent au chakra Sahasrara comme à «Un
lotus aux mille pétales», en Orient. C'est en réalité une
figure de style, qui n'a aucune valeur numérique. Dans
les temps anciens, quand ce système a été formulé, mille
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 201

était un chiffre suffisamment grand pour donner l'impres-


sion de plénitude; surtout quand il était associé avec les
pétales d'un lotus. L'image qu'il évoque est celle d'une
fleur qui ne cesse de s'épanouir. C'est une description
appropriée de l'expression de la Vie sans entraves.
Il est clair que Jésus avait la même chose en tête lors
de son appel à la perfection. Plusieurs expressions en Grec
ont été traduites par le terme «perfection» dans le Nou-
veau Testament. Or ces expressions possèdent différen-
tes nuances de signification. Prenez par exemple, le pas-
sage de Timothée II 3: 16-1 7 :
«Toute Ecriture est inspirée de Dieu et utile
. .
pour enseigner, pour convamcre, pour corriger,
pour éduquer dans la justice, afin que l'homme
de Dieu soit parfait et entièrement préparé à toute
œuvre bonne»
Ici, le mot grec traduit par «parfait» est artios, ce qui
signifie «bien ajusté». La nuance particulière de signifi-
cation ici a un rapport avec une «perfection» façonnée
en vue d'un but spécifique.
Le sens particulier par lequel Jésus indique que
l'homme devient parfait est celui d'un processus. Le mot
grec traduit ici est teleios, signifiant (<complet», ou
«achevé». Ici nous avons affaire à une perfection qui sug-
gère l'aboutissement, l'achèvement d'un processus plu-
tôt que celui d'un état. La nuance particulière de signifi-
cation ici se rattache au processus d'extension compara-
ble au tirage des différentes sections d'une lunette
d'approche.
Un autre exemple du terme «parfait» utilisé dans ce
sens se trouve dans «Matthieu» 19:21. Le contexte pré-
sente un homme qui demande àJésus ce qu ' il doit faire
afin d'obtenir la Vie éternelle. Jésus lui répond « .. . Si
202 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

tu veux entrer dans la vie, garde les commandements».


Quand l'homme lui demande de nommer les comman-
dements qu'il doit garder, Jésus énumère les suivants :
«Tu ne commettras pas de meurtre; tu ne com-
mettras pas d'adultère; tu ne déroberas pas; tu
ne diras pas de faux témoignage; honore ton père
et ta mère; et : Tu aimeras ton prochain comme
toi-même» (Matthieu 19:18-19).
A ce point, l'homme répond : «J'ai observé tout cela
depuis mon enfance : que me manque-t-il encore?». La
réponse finale de Jésus fut.
«Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu pos-
sèdes; donne-le aux pauvres, et tu auras un tré-
sor dans les Cieux. Puis viens et suis-moi» (20.21)
Ici encore, nous percevons le sens du processus.
L'homme devait répondre à certaines exigences et lorsqu'il
fut révélé qu'il les avait satisfaites, il en reçut des nouvel-
les. En d'autres termes, la perfection est un devenir. Elle
est décrite comme un processus qui consiste à porter des
fruits continuellement.
L'Orient parle également du processus de la réalisa-
tion de Dieu en relation avec les sept chakras. Bien qu'il
y ait différentes interprétations de ce concept, il rend l'idée
d'être aussi parfait que le Père dans les Cieux moins ardue
qu'il n'y paraît de prime abord. Tout ce que l'individu
doit faire c'est de s'engager dans le processus de laper-
fection étape par étape.
CHAPITRE X

L'entretien des Feux


de la Transformation
par les exercices spirituels

1. Sommaire
Après l'élimination du mauvais usage et de la stagna-
tion de !'Energie Vitale qui vient à nouveau autour de
chaque chakra, l'individu doit prendre des mesures posi-
tives pour s'assurer que la montée du flux est facilitée.
Ceci a été appelé l'ascension de la Kundalini dans la Tra-
dition orientale. Pour les tenants de cette Tradition, c'est
quelque chose que l'on obtient grâce à l'application d'une
technique. Ici, dans les enseignements de Jésus, elle est
considérée comme le produit achevé d'un processus qui
implique l'individu tout entier.
Ce qui est donné dans le Sermon sur la Montagne, c'est
un programme dont le but est d'élever la vie tout entière.
L'individu s'engage dans une manière de vivre, dans un
processus. La manifestation de la Kundalini, ou tout autre
nom qu'on lui donne, devient le fruit de ce processus et
non le fruit de la technique. Une analogie permettra de
mieux le comprendre : un individu qui dépose ses fonds
204 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

dans un compte bancaire. Il s'engage à un plan d'épar-


gne particulier, mais puisque les fonds ainsi engagés rap-
portent de l'intérêt, il peut dépasser le but initial. Tout
comme l'on considère la somme de l'intérêt comme le fruit
d'un processus d'épargne plutôt qu'un but, on doit con-
sidérer le facteur Kundalini comme le fruit d'une manière
de vivre plutôt que son but. (1)
Les instructions contenues dans les chapitres six et sept
de «Matthieu» ont leurs propres mérites et il est inutile
d'être conscient de la structure du projet qui les sous-tend.
Cependant, une telle prise de conscience peut aider les
individus à les percevoir comme des principes objectifs
et par conséquent comme de la psychologie plutôt que
comme l'approche personnelle d'un guide religieux.
Dans ces instructions, Jésus a abordé sept catégories
d'exercices dont trois d'entre elles font, d'après lui, déjà
partie du programme individuel et il donne des conseils
afin de les rendre plus efficaces. Ces exercices sont : a) le
don d'aumônes, b) la prière, c) le jeûne. En considérant
ces conseils nous avons une idée plus claire de la valeur
psychologique de ces exercices. Cette valeur réside dans
l'élévation de la qualité de l'expression de notre vie à un
authentique niveau humain. C'est l'équivalent du mou-
vement de la Kundalini du premier au second et au troi-
sième chakra successivement jusqu'au quatrième.
Les quatre derniers exercices s'ajoutent au programme
individuel, à condition que la fondation nécessaire ait été
établie dans la pratique des trois autres. Le premier concerne
la culture de la confiance. On encourage l'individu à pour-
suivre son travail de transformation avec une confiance iné-
branlable, sans permettre à des intérêts terrestres de le dis-
traire. Le second concerne la pratique de l'humilité. Ici,
l'individu doit apprendre les limites d'une relation, une tâche
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 205

qui est remplie par l'appréciation de l'utilisation correcte de


la connaissance. Il ne doit pas utiliser son savoir pour criti-
quer les autres, pas plus qu'il ne doit faire étalage de son
savoir devant des publics incapables de l'apprécier.
Le troisième exercice de ce groupe concerne la mise en
pratique de la créativité à travers sa propre capacité de
reconnaître et de sansfaire des besoins. L'individu doit
apprendre à devenir un Emissaire divin, il doit appren-
dre à demander sans peur et savoir donner sans rancune.
Finalement, dans le quatrième exercice de cette série,
l'individu doit apprendre et pratiquer le discernement.
Il doit tenir compte de la prudence au dedans et au dehors,
tout en sachant distinguer le mauvais guide du véritable.
Nous allons examiner maintenant ces exercices avec
plus de détails en démontrant que chacun d'entre eux rap-
proche l'individu de son propre héritage divin.

2. L'exercice de partage
L'exercice de partage est ici décrit comme celui du don
des aumônes ou, pour utiliser un concept plus moderne,
celui de donner par charité. Le principe qui sous-tend
l'acte de partage affirme la coopération qui doit préva-
loir entre individus. L'individu ne vit plus au niveau du
premier chakra (Muladhara) où la compétition et la survie
du mieux adapté est de règle. L'individu commence à réa-
liser que la fraternité entre les hommes est un idéal qu'il
faut s'efforcer d'atteindre et il est prêt à partager ses res-
sources pour y parvemr.
En montrant à l'individu comment partager sans osten-
tation Jésus dit :
«Gardez-vous de pratiquer votre justice devant
les hommes, pour en être vus; autrement vous
206 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

n'avez pas de récompense auprès de votre Père


qui est dans les Cieux.
Quand donc tu fais l'aumône, ne sonne pas de
la trompette devant toi comme font les hypocri-
tes dans les synagogues et dans les rues pour être
glorifiés par les hommes. En vérité, je vous le dis,
ils ont reçu leur récompense;
Mais toi, quand tu fais l'aumône, que ta main
gauche ne sache pas ce que fait ta main droite.
Afin que ton aumône se fasse en secret ; et ton
Père qui voit dans le secret te le rendra. » (Mat-
thieu 6:1-4).
Puisque l'idée de partage est considérée comme acquise,
la leçon réelle à tirer est constituée par ce qu 'est un sacri-
fice véritable. Une personne qui se sépare de certaines
de ses ressources pour aider les autres se sacrifie de la seule
manière véritable dans son acte de charité, si elle le fait
réellement pour le bénéfice de celui qu'elle aide sans rien
attendre en retour. Si elle espère un retour, quelque sub-
til que soit sa nature (comme l'éloge ou l'estime) ce n'est
pas un sacrifice. Cela devient un échange, tout comme
une transaction commerciale ordinairè.
C'est pourquoi Jésus dit que celui qui donne de ses biens
afin de recevoir «la gloire des hommes» a déjà sa récom-
pense. Par contre, celui qui «ne permet pas à sa main gau-
che de savoir ce que fait sa main droite» recevra sa récom-
pense du Père. Il semble qu'il y ait ici contradiction, en
ce sens qu'une récompense est une récompense, et, si
quelqu'un attend une rétribution céleste plutôt que ter-
restre, il ne se pénètre pas plus de l'esprit du don que celui
qui investit ses récompenses terrestres au-dessus des
récompenses célestes. Cette contradiction n'est cependant
qu'apparente.
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 207

Pour quelqu'un, «ne pas laisser sa main gauche savoir


ce que fait sa main droite» c'est ne pas associer la cause
et l'effet quand il s'agit de donner par charité. C'est parce
que la main droite est associée avec la cause et la main
gauche avec l'effet. Obtenir une récompense du Père ne
signifie pas que nous recevons une compensation pour les
actes de charité. Cela signifie que l'individu apprend la
leçon que l'action a pour but d'enseigner et ajoute la con-
naissance nouvellement acquise aux composantes de sa
propre conscience. C'est à partir de cette conscience en
expansion que l'individu est finalement récompensé par
le Père.

3. L'exercice d'harmonie
Il est évident, pour Jésus, que la prière est une partie
du travail de transformation d'un individu. Dans ses ins-
tructions sur la manière correcte de prier nous avons une
idée du but véritable de cette activité. C'est un exercice
de mise en harmonie. Il conduit l'individu à se souvenir
de son héritage divin. Pour que cette harmonie devienne
effective, l'individu doit s'assurer qu'il n'y a pas de report
des déséquilibres du premier chakra, particulièrement
l'incapacité de pardonner.
L'harmonie complète exige de l'individu qu'il soit libéré
des sentiments de haine car, pour que l'héritage divin
devienne une réalité, il doit pratiquer un des attributs de
la Divinité, c'est-à-dire le pardon. La validité de l'héri-
tage divin dépend de la validité de l'héritage divin de son
prochain. En vue de faire passer cette leçon Jésus dit :
«Et lorsque vous priez, ne soyez pas comme les
hypocrites qui aiment à prier debout devant les
208 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

synagogues et dans les rues pour être glorifiés par


les hommes. En vérité, je vous le dis, ils ont reçu
leur récompense.
Mais toi quand tu pries, entre dans ta cham-
bre et ferme la porte pour prier ton Père qui est
là dans le lieu secret, et ton Père qui voit dans le
secret te le rendra.
En priant, ne multipliez pas les vaines paroles
comme les païens, car ils s'imaginent qu'à force
de paroles ils seront exaucés.
Ne leur ressemblez pas, car votre Père sait de
quoi vous avez besoin avant que vous le lui
demandiez.
Vous donc, priez ainsi : Notre Père qui est aux
cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne
arrive, que ta volonté soit faite sur la terre comme
au ciel.
Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien
Pardonne-nous nos offenses, comme nous aussi
nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés.
Et ne nous laisse pas entrer en tentation, mais
délivre-nous du Malin.
Si vous pardonnez aux hommes leurs fautes,
votre Père céleste vous pardonnera aussi,
Mais si vous ne pardonnez pas aux hommes,
votre Père ne vous pardonnera pas non plus vos
fautes» (Matt. 6:5-15).
Comme dans l'exercice de faire l'aumône, il est donné
beaucoup d'importance à la prière dans le secret. Cela
met l'accent sur la valeur de la prière en tant qu'exercice
d'harmonie personnelle. Nous voyons cela confirmé dans
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 209

la mise en garde contre les répétitions vaines (c'est-à-dire


l'expression vide de sens).
Nous avons également, dans cet enseignement, le célè-
bre «Notre Père». Bien qu'on ait beaucoup écrit et prê-
ché à ce sujet, nous avons encore quelque chose à appren-
dre de sa structure, en particulier quand nous réalisons
que son but est de faciliter la transformation par le second
chakra. Le second chakra, comme vous vous en souvenez,
polarise l'impulsion de la vie générique si bien que la Vie,
telle qu'on la ressent, apparaît comme une réaction de
termes en opposition : mâle et femelle, bon et mauvais,
moi et non-moi, nous et eux, etc. L'idée de la prière est
d'ensemencer la conscience avec la réalité de l'unité de
toute la création.
La prière commence par l'invocation «Notre Père», dans
le Ciel. Ceci en vue d'enraciner dans notre conscience l'idée
que nous sommes tous enfants de Dieu, tous frères et sœurs
dans une même Famille spirituelle. Il s'ensuit que, si nous
sommes de la même Famille, nous devrions désirer que
le Royaume de Dieu s'établisse sur Terre et que sa loi
régisse les affaires de l'humanité. Vient ensuite une requête,
pareille à celle d'un enfant à son père : que Dieu assure
notre nourriture nécessaire («pain quotidien»). La requête
qui suit : pour que Dieu nous pardonne nos dettes, est faite
de telle manière que s'établit un quiproquo. La question
du pardon est renvoyée à l'individu. Il s'agit de savoir s'il
est capable de pardonner à autrui. S'il le peut, sa propre
capacité de pardon est assurée, s'il ne le peut pas, aucun
pardon ne peut être assuré.
Le problème du pardon est suffisamment important
pour que quelque chose soit dit dans le contexte de la
transformation requise au second chakra. Mais, tout
210 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

d'abord, pour comprendre le pardon, le péché doit être


compns.
Le péché a été défini plus haut comme un blocage, une
stagnation, une incrustation, un recul du courant de la
Vie, etc.; et il a été précisé que le pardon du péché n'est
autre que le processus de dissolution des blocages et de
réabsorption dans le courant de la Vie. Le pardon est,
par conséquent, un processus qui ne peut entrer en
vigueur que si celui qui le cherche accomplit tout ce qui
est nécessaire pour faciliter le flux renouvelé de la Vi~.
L'échec d'un individu à pardonner aux autres signifie que
lui-même ne peut être pardonné par Dieu. Mais cela ne
signifie pas que Dieu nourrit de l'inimitié, qu'il s'offense
personnellement quand un individu pèche. L'échec dans
l'obtention du pardon de Dieu signifie que l'individu se
coupe lui-même du courant effervescent de la vie éternelle
qui coule de Dieu. En vérité, le pardon des autres est la
seule voie pour obtenir le pardon de Dieu, car en accor-
dant le pardon aux autres, chacun s'accorde en effet le
pardon à lui-même.
La dernière ligne de «la Prière du Seigneur» : «Car à
toi appartiennent le Règne, la Puissance et la Gloire ... »
contient également une leçon d'harmonie, c'est à Dieu
que revient le crédit du processus de transformation. Bien
que nous nous soyons servis de notre volonté pour cher-
cher la connaissance et l'appliquer, nous devons recon-
naître que c'est Dieu qui, d'abord, a déclenché en nous
la prise de conscience de la nécessité de nous transformer.
C'est Dieu qui est à l'origine de la force (c'est-à-dire du
pouvoir) qui permet à chacun de grandir. Le résultat final
de la transformation (c'est-à-dire la gloire) retourne vers
Dieu car le seul moyen par lequel il peut être accompli
est de finir là où il a commencé, c'est-à-dire en Dieu.
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 211

4. Exercice de maîtrise de la volonté


(ou la patience)
Cet exercice concerne l'attitude adéquate dans le jeûne.
Dans les instructions de Jésus, cet acte apparaît comme
ayant une signification plus profonde que la démonstra-
tion de la piété. Comme ses instructions de partage (don
d'aumônes) et d'harmonie (prière), l'aspirant spirituel doit
exercer cette activité tel un lien entre lui et Dieu, seul.
Seulement alors, il pourra éprouver ses bienfaits en entier.
Il faudra remarquer également, qu'une fois encore, Jésus
considère comme acquis que le jeûne est une partie des
efforts de l'individu en vue d'une transformation :
«Lorsque vous jeûnez, ne soyez pas comme les
hypocrites qui prennent un air triste; ils rendent
leur visage méconnaissable pour montrer aux
hommes qu'ils jeûnent. En vérité, je vous le dis,
ils ont reçu leur récompense.
Mais toi, quand tu jeûnes, parfume ta tête et
lave ton visage afin de ne pas montrer aux hom-
mes que tu jeûnes, mais à ton Père qui est là dans
le secret, et ton Père qui voit dans le secret te le
rendra». (Matthieu 6: 16-18).
La valeur du jeûne réside dans le fait qu'il rompt la
chaîne de commande dans le mécanisme de stimulus-
réponse de l'individu qui assure qu'à chaque fois qu'un
besoin surgit, des efforts sont faits pour lui donner satis-
faction. Ce retard dans le cycle besoin - satisfaction, con-
tribue à libérer l'individu du pouvoir que les appétits peu-
vent exercer sur lui. Sur ce plan, la volonté de l'individu
est renforcée. Avec cette volonté vient la patience, car
qu'est-ce que la patience sinon la capacité d'attendre?
212 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

Le flux sans entraves de la Force Vitale à travers le troi-


sième chakra marque une étape importante dans la trans-
formation. Lorsque ceci aura été réalisé, l'individu sera
vraiment humain en ce sens qu'il s'inspirera non point
de tout ce qui est négatif autour de lui, mais de Principes
plus élevés tels que la Coopération, le But, l'Amour et
la Sagesse. Les expériences de Jésus après son baptême
par Jean-Baptiste furent une mise en œuvre de ce pro-
cessus de vie qui s'épanche sans entraves à travers les trois
chakras inférieurs. Nous rappelons ces expériences telles
qu'elles sont racontées dans le quatrième chapitre de
«Matthieu». Après le baptême de Jésus, celui-ci jeûna
pendant quarante jours et quarante nuits dans le désert.
A la fin de ce jeûne, il fut «tenté» (c'est-à-dire éprouvé)
par le diable.

Jésus fut exposé à trois tentations ou épreuves par le


diable. La première concerne l'usage de ses pouvoirs pour
satisfaire ses besoins physiques : «Si tu es le Fils de Dieu,
ordonne à cette pierre de devenir du pain», dit le diable.
La seconde concerne l'affirmation de sa propre spécifi-
cité : «Si tu es le fils de Dieu, jette-toi en bas : car il est
écrit : «Il donnera pour toi des ordres à ses anges afin
qu'ils te gardent» et : «Ils te porteront sur les mains, de
peur que ton pied ne heurte une pierre». La troisième
epreuve fut celle de convaincre Jésus de succomber au
complexe de pouvoir. Il nous est dit : «Le diable l'emmena
plus haut, lui montra tous les royaumes du monde et leur
gloire et lui dit : «Je te donnerai toutes ces choses si tu
te prosternes et m'adores».

Chaque fois Jésus réfute l'attaque et triomphe finale-


ment sur le diable. Après que le diable l'eut quitté, il nous
est dit dans le récit : «Les anges vinrent et le servirent».
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 213

Avant de pouvoir prétendre à une relation de fils de


Dieu, on doit triompher des préoccupations du premier,
du second et du troisième chakra. C'est la leçon sous-
jacente des «tentations». Le «diable» à qui Jésus a per-
mis de l'éprouver peut être interprété comme figurant les
doutes personnels, doutes sur soi. En d'autres termes,
nous avons vu la représentation d'une crise d'identité de
nature spirituelle, un processus d'accouchement. La nais-
sance appartient au domaine de l'Humanité véritable,
c'est-à-dire aux fonctions du quatrième chakra. On doit
ici rappeler que tout ceci a commencé avec le jeûne. Cela
facilite le processus de renaissance par la précipitation
d'une crise dans l'existence d'un être. Quand cette crise
cesse, l'individu est capable d'utiliser ses ressources pour
faire progresser sa vie vers le but que Dieu lui a assigné.
A titre de commentaire final sur l'épisode de la tenta-
tion, c'est le premier exemple «d'art objectif». Son but
est de démontrer que, même pour celui qui est sur le seuil
de la réalisation de la Divinité, les doutes personnels peu-
vent exister et qu'ils peuvent être surmontés.

5. Pratique de la conf'iance
Pour diriger la Force Vitale à travers le quatrième
chakra, il convient d'entretenir un sentiment de confiance
dans le processus de la transformation. Cette confiance
comporte deux aspects. Le premier consiste à s'engager
résolument dans le processus. Cette attitude est façonnée
par la concentration sur un seul objectif. Le second aspect
comprend l'acquisition d'une confiance inébranlable dans
le fait que si nous ordonnons nos priorités de telle manière
que les choses de l'esprit prennent le pas sur les choses
214 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

du monde, tout sera pour le mieux. L'extension logique


de cette confiance bannira de l'esprit toutes ces anxiétés
maussades concernant les nécessités pratiques de la vie.
Les instructions que Jésus a données pour l'exercice de
la confiance peuvent être considérées en deux parties. La
première va du dix-neuvième verset au vingt-quatrième :
«Ne vous amassez pas des trésors sur la Terre,
où les mites et la rouille détruisent et où les voleurs
percent et dérobent.
Mais amassez-vous des trésors dans le Ciel où
ni les mites ni la rouille ne détruisent, et où les
voleurs ne percent ni ne dérobent.
Car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur.
L'œil est la lampe du corps. Si donc ton œil est
en bon état, tout ton corps sera illuminé; mais si
ton œil est mauvais, tout ton corps sera dans les
ténèbres. Si la lumière qui est en toi est ténèbres,
combien les ténèbres seront grandes!
Nul ne peut servir deux maîtres. Car il haïra
l'un et aimera l'autre, ou il s'attachera à l'un et
méprisera l'autre. Vous ne pouvez servir Dieu et
Mammon» (Matthieu 6: 19-24). »
Dans ce segment, la concentration sur un seul objectif
est soulignée par la phrase suivante : «Aucun homme ne
peut servir deux maîtres, notamment quand ces maîtres
sont Dieu et Mammon (la richesse). L'idée de polariser
Dieu et l'argent et de les présenter comme des alternati-
ves irréconciliables est fondée sur le principe que là où
sont les trésors de l'homme sera aussi son cœur. Laques-
tion de savoir si quelqu'un peut dépasser la préoccupa-
tion de ce monde physique dépend de l'intérêt qu'il y a
investi. Puisque le type d'existence qui caractérise la vie
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 215

au quatrième chakra est celui de compassion et de la fra-


ternité, son expression ici sera empêchée si l'individu se
satisfait de jouir à son avantage dans le présent état des
choses. Il n'aura aucun intérêt à changer l'ordre existant.
Pour le second segment, nous avons ce qui suit :
«C'est pourquoi je vous dis : Ne vous inquié-
tez pas pour votre vie de ce que vous mangerez
ou de ce que vous boirez, ni pour votre corps de
quoi vous serez vêtus; la vie n'est-elle pas plus que
la nourriture et le corps plus que le vêtement?
Regardez, les oiseaux du ciel : ils ne sèment,
ni ne moissonnent, ni n'amassent dans des gre-
niers; et votre Père céleste les nourrit. Ne valez-
vous pas beaucoup plus qu'eux?
Qui de vous, par ses inquiétudes, peut ajouter
une seule coudée à la durée de sa vie?
Et pourquoi vous inquiéter au sujet du vête-
ment? Observez comment croissent les lis des
champs : ils ne travaillent ni ne filent.
Cependant je vous dis que Salomon, même
dans toute sa gloire, n'a pas été vêtu comme l'un
deux.
Si Dieu revêt ainsi l'herbe des champs qui existe
aujourd'hui et qui demain sera jetée au four, ne
le fera-t-il pas pour vous, gens de peu de foi?
Ne vous inquiétez pas en disant : Que
mangerons-nous? ou : Que boirons-nous? ou :
De quoi serons-nous vêtus?
Car tout cela, ce sont les païens qui le recher-
chent.
Or, notre Père céleste sait que vous en avez
besoin.
216 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

Cherchez premièrement son Royaume et sa


Justice et tout cela vous sera donné par surcroît.
Ne vous inquiétez donc pas du lendemain : car
le lendemain s'inquiètera de lui-même. A chaque
jour suffit sa peine» (Matthieu 7: 1-6).
L'idée dommante du second segment est dérivée du pre-
mier : elle dit que si quelqu'un cherche le Royaume de
Dieu tous ses besoins matériels seront satisfaits. Cela a
posé nombre de problèmes aux gens «d'esprit pratique».
L'une des raisons est que le sens intentionnellement voulu
par Jésus n'a pas été entièrement transmis par les traduc-
tions populaires comme celle de King James. Jésus ne vou-
lait pas dire que l'on doit «ne pas donner de pensée» aux
aspects pratiques de la vie, c'est-à-dire que le processus
de raisonnement ne devait pas être utilisé. Plusieurs mots
grecs ont été traduits par «pensée» et une perte considé-
rable de nuances particulières du sens en a résulté. Le mot
grec adéquat qui convient aux instructions de Jésus est
meri qui signifie «préoccupation anxieuse». Par contraste,
le terme grec qui se réfère à «pensée» comme celui qui
exprime le processus de raisonnement est dialogismos.

6. Pratique de l'humilité
L'introduction de la Force vitale dans le cinquième chalcra
est accomplie par la pratique de l'humilité. Comme dans
la pratique de la confiance dans les précédents chakras, la
pratique de l'humilité est liée à deux règles. La première
est de s'abstenir de critiquer les autres et la seconde est
de ne point disséminer sans discrimination la connaissance
que nous avons acquise. Autrement dit, l'individu ne doit
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 217

prétendre être ni un critique ni un maître. Dans ses ins-


tructions sur la manière dont la Force vitale peut trouver
son chemin à travers le cinquième chakra, Jésus a dit ce
qui suit :
«Ne jugez pas, afin de ne pas être jugés. C'est
du jugement dont vous jugez qu'on vous jugera,
de la mesure dont vous mesurez qu'on vous
mesurera.
Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l' œil de
ton frère et ne remarques-tu pas la poutre qui est
dans ton œil ?
Ou comment dis-tu à ton frère : laisse-moi ôter
la paille de ton œil, alors que dans ton œil il y a
une poutre?
Hypocrite, ôte premièrement la poutre de ton
œil, et alors tu verras à ôter la paille de l'œil de
ton frère.
Ne donnez pas aux cniens ce qui est sacré et
ne jetez pas vos perles devant les pourceaux, de
peur qu'il ne les foulent aux pieds et se retour-
nent pour vous déchirer» (Matthieu 7: 1-6)
On a déjà dit que le chakra Vishuddha concerne la décou-
verte des lois de la Nature. Nous pouvons élargir ici cette
définition pour inclure l'application de ces lois au monde
pratique. C'est l'essence même des relations, la capacité
de percevoir des ressemblances et des différences entre des
phénomènes variés. Le danger d'imposer des systèmes
abstraits ou des lois à des situations concrètes est que des
conclusions prématurées pourraient être déduites d'une
compréhension incomplète de principes abstraits.
Quand il s'agit de l'aspect spirituel des choses, le pro-
blème se multiplie. L'esprit humain ne peut pas toujours
218 l<UNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

saisir les lois spirituelles dans leur intégralité, et les ten-


tatives irréfléchies en vue d'obtenir des conclusions rigou-
reuses et rapides dans un contexte physique pourraient
être malencontreuses. Le raisonnement qui sous-tend les
avertissements de Jésus c'est qu'on ne doit point juger
autrui.
Quand on juge autrui, on néglige le fait qu'on ne peut
le rendre responsable de son niveau de connaissance.
Quand on acquiert une connaissance, elle doit être utili-
sée pour soi-même et non pas pour établir des normes que
les autres doivent observer. Un autre point mérite d'être
mentionné : personne n'est capable d'utiliser toute la con-
naissance acquise tout le temps. Aussi, lorsque quelqu'un
juge (critique) autrui, il attend de cette personne ce qu'il
n'est pas en mesure d'accomplir en lui-même. C'est cela
qui, en vérité, est hypocrite.
L'autre règle qui complète la quête de l'humilité est
l'exercice de la discrétion à l'égard de la connaissance éso-
térique. Jésus avertit qu'il ne faut pas cc donner aux chiens
ce qui est sacré» ni ccjeter les perles devant les porcs». C'est
un principe bien connu dans les milieux ésotériques que
si une information est transmise à une personne avant que
celle-ci ne soit préparée, cela lui fera plus de mal que de
bien. Les leçons de la Vie doivent être apprises et assimi-
lées pas à pas. Lorsqu'une personne ayant une certaine
connaissance la révèle sans discernement à une autre qui
n'est pas encore prête à la recevoir, il s'ensuit une inter-
ruption dans cet éveil progressif.
Une opinion erronée mais assez répandue prétend que
l'imagerie choisie par Jésus pour illustrer sa parabole jet-
terait le discrédit sur ceux qui ne sont pas encore prêts.
En vérité, s'il existe une intention de mépris c'est envers
celui qui essaie de satisfaire son propre ego en étalant son
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 219

savoir : «donner aux chiens ce qui est sacré» et «jeter des


perles devant les porcs» revient à dépeindre celui qui le
fait en ignorant la valeur réelle du savoir qu'il a acquis.
Ce n'est pas la faute des porcs si les perles n'ont aucune
valeur esthétique pour eux, mais c'est certainement la
faute de celui qui les répand d'ignorer cela.

7. La pratique de la créativité
Les enseignements de Jésus qui ont un rapport avec
le sixième chakra concernent l'éveil de la créativité latente
à l'intérieur de l'individu. Il ne s'agit point de la créati-
vité dans le sens des expressions artistiques, mais plutôt
dans le sens du discernement et de la satisfaction des néces-
sités humaines. (Cela peut s'appliquer également aux
nécessités d'autres créatures.) Il s'agit donc d'une créati-
vité qui s'exprime par la transformation de vies «brisées».
Quand on observe les enseignements de Jésus, on peut
voir deux aspects de cette créativité. La première est la
confiance et la seconde le sens de la bonne gestion. Nous
trouvons de ce fait les enseignements suivants qui met-
tent en valeur ces qualités :
«Demandez et l'on vous donnera; cherchez et
vous trouverez; frappez et lon vous ouvrira.
Car quiconque demande reçoit, celui qui cher-
che trouve, et à qui frappe on ouvrira.
Quel homme parmi vous, si son fils lui demande
du pain, lui donnera une pierre?
Ou s'il lui demande un poisson, lui donnera-
t-il un serpent?
Si donc, vous qui êtes mauvais, vous savez don-
ner des bonnes choses à vos enfants, à combien
220 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

plus forte raison votre Père qui est dans les Cieux
en donnera-t-il de bonnes à ceux qui les lui
demandent.
Tout ce que vous voulez que les hommes fas-
sent pour vous, vous aussi faites-le de même pour
eux : c'est la loi et les prophètes» (Matthieu
7:7-12)
A partir de ces instructions il est permis de constater
que l'ingrédient essentiel de la créativité est la foi. En fonc-
tion de l'intensité de la foi d'un individu, son aspiration,
son savoir et son expérience (qui constitue la validation
du savoir) grandiront en lui dans la même proportion.
L'individu réalisera que toutes les barrières dans sa vie
extérieure pourront être surmontées grâce à sa volonté
intérieure, ou à sa conviction intérieure.
Il s'ensuit que si les barrières peuvent être éliminées
par une simple demande à Dieu pour qu'elles soient enle-
vées, elles n'ont existé en premier lieu que pour faire jaillir
cette foi hors de l'individu.
Outre sa foi et sa confiance l'individu doit pratiquer
le service afin de devenir un instrument pour combler les
besoins avec les ressources nécessaires. A partir de l 'expé-
rience acquise en subvenant aux nécessités de sa vie per-
sonnelle, il peut maintenant se mettre à pourvoir aux
nécessités des autres qui l'entourent. La règle énoncée ici :
«Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour
vous, vous aussi faites-le pour eux» est la règle nommée
«Règle d'Or».
La signification de «Tout ce que vous voulez que les
hommes fassent» comprend des situations dans lesquel-
les un individu perçoit un besoin en lui-même qui pour-
rait être satisfait par l'initiative venant de quelqu'un
d'autre. L'autre partie du principe: «faites-le aussi pour
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 221

eux», signifie qu'au lieu d'attendre que quelqu'un d'autre


prenne l'initiative, chacun doit se rendre compte qu'il
n 'est pas unique et que le même besoin existe chez les
autres. La tâche consistera à aider les autres de la même
manière qu'il a souhaité être aidé.

8. La pratique du discernement
Le discernement est une qualité entière, intégrale, qui
met en valeur la transformation de la totalité de l'être.
C'est pourquoi il est associé avec le septième chakra, le
centre identifié avec l'effort lui-même. Dans ses instruc-
tions pour satisfaire les nécessités de la Force Vitale afin
qu'elle circule à travers ce chakra, nous distinguons les dif-
férents aspects requis pour le discernement. Il peut non
seulement nous dire quel genre de vie ou quel précepte
nous devons pratiquer mais il est aussi capable de discer-
ner les conséquences à prévoir si l'action appropriée n'est
pas entreprise. Au sujet du discernement Jésus dit :
«Entrez par la porte étroite. Car large (est la
porte) et spacieux est le chemin qui mène à la per-
dition, et nombreux sont ceux qui s'y engagent.
Mais étroite est la porte et resserré le chemin
qui mènent à la vie, et peu nombreux sont ceux
qui les trouvent.
Gardez-vous des faux prophètes. Ils viennent
à vous déguisés en brebis, mais au-dedans ce sont
des loups ravisseurs.
C'est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez.
Cueille-t-on des raisins sur des épines ou des figues
sur des chardons?
222 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

Ainsi tout bon arbre produit de bons fruits, mais


le mauvais arbre produit de mauvais fruits.
Un bon arbre ne peut porter de mauvais fruits,
ni un mauvais arbre de bons fruits.
Tout arbre qui ne produit pas de bons fruits est
coupé et jeté au feu.
C'est donc à leurs fruns que vous les reconnaî-
trez» (Matthieu7: 13-20).
Comme toute l'imagerie dans le Nouveau Testament,
une voie étroite pour désigner le Chemin de Vie et une
voie large pour celle de la destruction semblent être si adé-
quates qu'on peut être leurré dans le sens erroné. A vrai
dire, on peut tirer profit du rapport entre le Chemin de
Vie et son opposé en termes physiques. Mais pour saisir
la substance de ce qui est enseigné, il faut aller au-delà
des symboles physiques.
Le Chemin de Vie et la voie étroite symbolisent une
vie vécue et fondée sur des principes. Dans une telle vie,
les choix sont déjà faits au fur à mesure que l'individu
rencontre des situations. L'opposé est une vie où les règles
s'élaborent au fur et à mesure qu'on avance en réservant
une place à la manœuvre, au compromis. La destruction
au terme de cette route en est le résultat car une vie ainsi
vécue ne contribue pas à renforcer la conscience
personnelle.
L'avertissement contre les faux prophètes s'applique
également à plusieurs niveaux. Le premier niveau met
en garde contre le fait d'accepter des instructions de
quelqu'un qui est inapte, un charlatan. Le second niveau
concerne les individus qui sont trompeurs, qui veulent atti-
rer des disciples pour des raisons plus personnelles que
spirituelles. Ces individus peuvent ne pas être un problème
pour ceux qui cherchent sincèrement la Vérité parce que
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 223

de tels chercheurs se rendront probablement compte des


actes de simulation de ces individus. Ceux qui cherchent
sincèrement n'ontjamais les mains vides; quand ils cher-
chent un maître ils désirent quelqu'un qui incarne dans
la chair les idéaux qu'ils veulent réaliser en eux-mêmes.
En règle générale, quand les maîtres n'arrivent pas à satis-
faire l'espoir que le disciple sincère avait mis en lui, l'étu-
diant s'en écarte. Le troisième niveau d'interprétation de
l'avertissement contre les faux prophètes s'applique au
discernement de l'intérieur. En tant que tel il ne s'appli-
que pas aux autres mais à soi-même.
Un individu qui s'est engagé consciemment sur la voie
de la transformation peut trouver, si le septième chakra
est affecté, que son influence sur les autres s'accroît. Un
individu peut se trouver lui-même doté du pouvoir d'ani-
mer et de motiver les autres, d'influencer les choix qu'ils
font pour leur vie. Cependant, l'existence d'un tel pou-
voir dans la vie d'un homme n'est pas une preuve suffi-
sante qu'il est prêt à être un maître spirituel. Cette tâche
exige que la vie d'un tel individu soit en ordre. Un maî-
tre véritable est capable de guider les autres sans même
recourir à la parole. L'exemple de sa vie doit fournir l'ins-
piration aux autres. C'est le fruit véritable de l'enseigne-
ment de quiconque, car si la foi lui manque ou la volonté
de croire en ses propres idées, l'enseignement dispenséaux
autres ne sera rien de plus qu'une imposture. Quicon-
que entend l'appel pour enseigner, doit s'efforcer de prou-
ver de l'intérieur ce qu'il demande aux autres d'accepter.

9. L 'épreuve ultime - Application pratique


Le système entier d'exercices et d'efforts est dépourvu
de sens si l'individu n'essaie pas de les intégrer et de les
224 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

mettre en pratique. A ce titre, un système est seulement


valable dans la mesure où il est appliqué. C'est cette réa-
lité qui motive les paroles d'adieu de Jésus dans le Ser-
mon sur la Montagne :
« Quiconque me dit : Seigneur, Seigneur!
n'entrera pas forcément dans le Royaume des
Cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon
Père qui est dans les Cieux.
Beaucoup me diront en ce jour-là : Seigneur,
Seigneur, n'est-ce pas en ton nom que nous avons
prophétisé? en ton nom que nous avons chassé des
démons? et en ton nom que nous avons fait de
nombreux miracles?
Alors je leur déclarerai : Je ne vous ai jamais
connus, retirez-vous de moi, vous qui commet-
tez l'iniquité.
Ainsi, quiconque entend de moi ces paroles et
les met en pratique sera semblable à un homme
sensé qui a bâti sa maison sur le roc.
La pluie est tombée, les torrents sont venus, les
vents ont soufflé et se sont jetés contre cette mai-
son : elle n'est pas tombée, car elle était fondée
sur le roc.
Mais quiconque entend de moi ces paroles et
ne les met pas en pratique sera semblable à un
homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable.
La pluie est tombée, les torrents sont venus, les
vents ont soufflé et se sont abattus sur cette mai-
son : elle est tombée, et sa ruine a été grande».
(Matthieu 7:21-27).
Le message ici est le suivant : parvenir au Royaume
des Cieux, c'est-à-dire achever la transformation, est une
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 225

affaire de processus et non simplement le fait de la dési-


rer. Une étape cruciale dans ce processus est la fusion de
la Volonté individuelle avec la Volonté divine. On doit
soumettre sa volonté à la Volonté de Dieu et accomplir
ce qui est requis pour la transformation de son être. Le
Royaume des Cieux représente un état de l'être dans
lequel la Volonté divine et la volonté individuelle se sont
confondues de sorte qu'il a semblé tautologique de dire
que seuls ceux qui accomplissent la Volonté du Père entre-
ront dans le Royaume.
Jésus compare ceux qui entendent sa parole et l'accom-
plissent, à un homme sage qui bâtit sa maison sur le
rocher. Dans le chapitre quatre, ces paroles se réfèrent
au rôle de Jésus en tant qu'Avatar. Cela se réfère égale-
ment aux incitations intérieures du Moi Supérieur ou Moi
du Christ dans chaque individu. L'Avatar est d'habitude
une incarnation physique de ce Moi Supérieur et
lorsqu'un individu est exposé à ses enseignements, il n'est
jamais plus le même. L'organisation naturelle de ses éner-
gies est perturbée et l'opportunité s'offre à lui de se recons-
truire sur une fondation plus sûre, sur des Principes qui
sont universels. Quand nous sommes exposés à de tels
enseignements et que nous n'y répondons pas, l'organi-
sation naturelle de nos énergies est perturbée et demeure
dans la confusion.
QUATRIEME PARTIE

La Révélation
du Royaume des Cieux

Ses disciples lui dirent :


«Quand le Royaume viendra-t-i'l ?»
Jésus dit:
«Il ne viendra pas parce qu'il est attendu; ils
ne diront pas : «Regardez ici ou regardez là».
Car le Royaume du Père est répandu sur toute
la terre et les hommes ne le voient point».
(Evangile selon Thomas : Log 113)
CHAPITRE XI

Les étapes initiales


de la Transformation

1. Sommaire
Comme nous l'avons vu précédemment (chapitre qua-
tre) c'est au processus psychologique complexe de trans-
formation dans la conscience de l'homme que Jésus se
réfère sous le nom de ((Royaume des cieux» ou parfois
(<Royaume de Dieu». Le concept de Royaume a été un
sujet controversé depuis l'époque de Jésus. La controverse
s'est centrée sur la question de savoir si le Royaume est
une réalité future ou s'il se réfère à un système politique
ou éthique.
Les malentendus concernant le Royaume sont regret-
tables puisqu'une compréhension convenable est une con-
dition préalable nécessaire en vue d'interpréter le mes-
sage de Jésus et l'objet de sa mission. A cette fin, une série
de paraboles sur le Royaume ont été placées dans le cha-
pitre treize de «Matthieu». Nous y trouvons six parabo-
les, chacune utilisant un symbole différent pour décrire
le Royaume. Chacune de ces paraboles commence par
les mots suivants : «Le Royaume des cieux est comme... »,
230 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

mdiquant ainsi la nécessité de se faire une «image» du


Royaume au niveau sensible plutôt qu'au niveau men-
tal. Les paraboles comparent le Royaume à des proces-
sus qui font appel à l'ivraie, à la graine de moutarde, au
levain, aux trésors cachés que l'on trouve par accident,
à la perle, et au filet de pêcheur. Une autre parabole les
précède afin de préparer le terrain pour leur interpréta-
tion. C'est ainsi que nous avons la parabole du semeur.
Les leçons contenues dans le Sermon sur la Montagne
demandent aux individus de cultiver quelque chose dans
leur être. Les paraboles sur le Royaume font un pas de
plus, en révélant les étapes ou les fruits de cette pratique.
Comme dans la plupart des leçons contenues dans le Ser-
mon sur la Montagne, le développement de la conscience
dans l'homme est replacé dans le contexte du schéma à
sept degrés tel qu'il est représenté par le concept du chakra.
Chaque parabole, y compris celle qui «donne le ton», celle
du semeur, montre ce qui arrive dans la vie de chacun
quand un chakra est entièrement «ouvert» et en fonction-
nement. Les leçons dans les paraboles sont alors un dévoi-
lement progressif de la marche ascendante de la cons-
cience. D'une certaine manière, elles racontent l'histoire
de l'aventure de la conscience elle-même, l'individu
n'étant que le lieu de son expression.

2. La parabole qui donne le ton, celle du semeur


Dans cette parabole, l'entière conceptualisation sous-
jacente au Royaume est révélée. Nous y trouvons non seu-
lement la structure qui rassemble les éclaircissements sur
le Royaume, mais aussi le cadre de référence pour toutes
ces explications.
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 231

«Il disait : Le semeur sortit pour semer.


Comme il semait, des grains tombèrent le long du
chemin : les oiseaux vinrent et les mangèrent.
D'autres tombèrent dans des endroits pierreux
où ils n'avaient pas beaucoup de terre : ils levè-
rent aussitôt, parce que la terre n'était pas
profonde.
Mais quand le soleil se leva, ils furent brûlés
et séchèrent faute de racines.
D'autres tombèrent parmi les épines : les épi-
nes montèrent et les étouffèrent.
D 'autres tombèrent dans la bonne terre : ils
donnèrent un fruit; un grain cent; un autre
soixante; un autre trente.
Que celui qui a des oreilles entende!» (Matthieu
13:3-9).
Cette parabole contient la loi fondamentale de progrès
et d'expansion. Toutefois, c'est une expansion qui ne
s'étend pas sur les cinq mêmes plans, mais s'étage sur
des plans de plus en plus élevés. La nature de sa crois-
sance est plutôt géométrique qu'arithmétique (c'est-à-dire
multiplicative et non additive). Toutefois, puisque cette
parabole a été donnée en dehors de son contexte particu-
lier, les disciples demandèrent àJésus une explication et
il leur fut donné ce qui suit :
«Vous donc, écoutez (ce que signifie) la para-
bole du semeur.
Lorsqu'un homme écoute la parabole du
Royaume et ne la comprend pas, le Malin vient
et enlève ce qui a été semé dans son cœur, c'est
celui qui a reçu la semence le long du chemin.
232 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

Celui qui a reçu la semence dans les endroits


pierreux, c'est celui qui entend la parole et la reçoit
aussitôt avec joie;
Mais il n'a pas de racine en lui-même, il est
l'homme d'un moment, et dès que survient
l'affliction ou la persécution à cause de la parole,
il y trouve une occasion de chute.
Celm qm a reçu la semence parmi les épines,
c'est celui qui entend la parole, mais en qui les
soucis du monde et la séduction des richesses
étouffent cette parole et la rendent infructueuse.
Celui qui a reçu la semence dans la bonne terre,
c'est celui qui entend la parole et la comprend;
il porte du fruit, et un grain en donne cent, un
autre soixante et un autre trente». (Matthieu
13: 18-25).
L'explication de cette parabole du semeur est également
une parabole. Cela signifie que seule une plus grande prise
de conscience peut en permettre l'explication entière. Le
sens de l'explication s'approfondira au fur et à mesure
que la prise de conscience augmentera. Toutefois, l'expli-
cation que jésus a donnée, marque un degré de plus dans
la direction de la clarté. Mais ce n'est certes pas l'expli-
cation finale de la parabole.
La raison en est qu'elle contient bien trop de termes
qui, eux-mêmes, nécessitent une plus grande clarification.
Par exemple, comment est-on supposé interpréter «la
parole du Royaume», «le Malin» et «porte du fruit»? En
essayant d'apporter une explication adéquate à ces ter-
mes, il nous sera possible d'aboutir à l'explication finale
de cette parabole.
Essayons de commencer avec le concept de «parole du
Royaume». On peut le comprendre comme quelque chose
qui a le pouvoir d'allumer à l'intérieur de la poitrine le
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 233

centre de la sensibilité, un certain sens de l'émerveille-


ment, un sens du numineux. Ce numineux est un bref
moment de regard intérieur, une brèche par laquelle
l'individu appréhende au sein de l'être la nature vérita-
ble de la Réalité. On peut le considérer comme le sens
du Sacré. C'est dans ce sens que c'est une «graine» du
Royaume, signifiant qu'il s'agit d'une «partie» représen-
tative du Royaume. La graine représente le pouvoir de
fécondation du Royaume, de la Conscience, pour sa pro-
pre dilatation.
Le semeur symbolise la potentialité toujours présente
pour un individu d'expérimenter le numineux, d'éveiller
à la gloire de l'Etre, la merveille de l'existence. Il ne se
réfère pas à un élément actif ou à une action spécifique
de la part de quiconque. Il ne se réfère ni aux mission-
naires ni à ceux qui prêchent. Le Royaume des Cieux est
un processus de la Conscience se contemplant elle-même
et devenant consciente d'elle-même. L'implication qui en
résulte pour l'être humain est que ce processus (de cons-
cience recevant le savoir d'elle-même) peut faire irrup-
tion dans la prise de conscience de l'homme. Quand cela
a lieu, il y a plusieurs issues possibles.
Aux niveaux les plus denses de l'être - le fonction-
nement le plus insensible de la vie humaine - il n'y a
aucune possibilité pour le sens de l'émerveillement. Tout
est considéré comme acquis. Il n'y a aucune crainte res-
pectueuse de quoi que ce soit. Par conséquent, le contact
n'est pas établi avec la beauté qui est la vie. Ce niveau
d'existence est comparable à deux tunnels s'alignant sur
tout leur parcours sans avoir aucune interconnection.
Dans cette analogie, une graine du Royaume se rappor-
terait à des points le long de ces tunnels, là où le mur qui
les sépare est le plus mince. Il se rapporte à la potentia-
lité d'unir deux réalités sans cela séparées.
234 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

Vues sous cet angle, les graines qui tombent sur le che-
min sont des occasions manquées. La conscience humaine
est juste trop préoccupée par la vie à un niveau de sa mani-
festation et la perception d'autres niveaux lui échappe.
On prend ici la vie comme quelque chose d'entièrement
acquis et le but de la vie, la question : comment trouver
une signification personnelle? ne se pose pas. Le Prin-
cipe Universel qui opère ici est «l'impossibilité pour le
Royaume des Cieux de se développer dans la conscience
d'un individu sans que la personne offre sa coopération
consciente à ce processus».
Dans les termes du système des chakras, c'est une vie
dont les impulsions sont entièrement régies par les préoc-
cupations du premier chakra (Muladhara). Sous l'influence
du premier chakra, nous trouvons le Malin qui dérobe sans
cesse, «la parole», la crainte, le numineux, hors de la vie.
On n'y voit que la difficulté, la nécessité, le labeur, l'aspect
pratique et aussi, la compétition. Quand il n 'y a pas de
crainte respectueuse, il n'y a pas non plus de gratitude
puisque on n'en perçoit pas la nécessité.
Quant aux graines qui sont tombées sur le terrain aride,
c'est un niveau dans lequel quelque brèche du numineux
dans la conscience de l'individu s'est ouverte. Cela peut
arriver par accident. Un individu peut «accidentellement»
arriver à la connaissance de quelque chose dont il ne peut
faire usage. Il en vient à savoir alors qu'il y a quelque
chose de plus dans la vie, qu'il y a« quelque chose là»,
selon le dicton. Mais, parce qu'il n'est pas préparé à uti-
liser ce savoir, il retombe dans un état d'ignorance, un
état où les choses sont considérées comme acquises.
Un exemple de cette situation est la mort d'un proche
de la personne en question. L'individu peut, pendant quel-
que temps, contempler le mystère de la vie et son but,
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 235

mais il peut très vite retomber dans le contentement de


soi. Toutes les fois que le mystère de la vie s'impose à
la conscience dans toute sa profondeur, son fonctionne-
ment normal s'interrompt pour le faire connaître. Mais
à moins que quelqu'un sache comment retenir ce sens de
la profondeur, il se dissipe très vite comme une vapeur.
Afin de saisir ces moments où une opportunité se présente
de développer la conscience, il faut être préparé.
Dans le système des chakras, le terrain pierreux repré-
sente le second c'est-à-dire le chakra Svadvishthana. La con-
science ne peut s'exprimer ici qu'à travers le principe de
polarisation. Cette polarisation fait surgir des complexes
dans la conscience qui constituent «les rochers du sol»
selon la parabole. Ces complexes ou blocs existent dans
la mesure où des expériences, la matière brute de la con-
science individuelle, n'ont pas encore été intégrées au reste
de la vie. L'intégration est contrariée par de multiples
enclaves isolées d'expériences qui ont le pouvoir de domi-
ner et de régir la vie de quelqu'un. Sous de telles condi-
tions, le numineux peut exister un instant mais sa destruc-
tion ultime est assurée.
Quand les graines tombent sur des épines, il y a une
opportunité pour un certain sens d'émerveillement, de
crainte respectueuse ou de révérence qui participe à
l'expression normale du style de vie de la personne. Cela
n'empêche pas l'individu de mener le reste de ses affai-
res indépendamment de cette prétendue conscience. On
peut appeler cette approche du numineux la «méthode côte
à côte» puisque aucun ajustement n'est fait dans le reste
de la vie de chacun pour que ce sens du numi·neux grandisse.
Selon les termes de la parabole, quand les graines crois-
sent, elles sont étouffées par les épines et elles n'arrivent
plus à maturité. Ceci concerne le principe de manque de
236 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

sélectivité, ou de manque d'engagement. C'est le type


d'individu qui n'est pas préparé à échanger ce monde pour
le numineux mais qui, au contraire, souhaite greffer le numi-
neux sur ce monde.
Inutile de le dire, cela ne marche pas puisque le numi-
neux pour rester numineux doit avoir de l'espace pour gran-
dir. A moins que le sens de l'étonnement et de la crainte
révérentielle qui caractérise la graine du Royaume regarde
et ne croisse en activités susceptibles d'assurer une lon-
gévité au sens de l'étonnement, il en résulte un affaiblis-
sement, un épuisement.
La raison de l'échec ici est que l'individu peut sentir
qu'il n'est pas pratique de vivre une vie consacrée à la
présentation de !'Espace sacré à l'intérieur duquel les grai-
nes sont placées. La commodité l'emporte sur le sacrifice
et le numineux est perçu seulement comme une chose à pos-
séder, dont il faut tirer profit.(t) Ceci décrit ce qui arrive
quand la Conscience essaie de s'établir au troisième chakra
Manipura. Selon les termes de la parabole, la «parole» est
étouffée par les épines parce que le numz'neux est subor-
donné à la nature matérielle. Bien qu'un individu dont
la conscience est arrêtée au chakra Manipura soit initiale-
ment poussé à faire place dans son cœur à l'étonnement
et à la crainte révérentielle, le côté possessif de sa nature
l'emporte. Il commence à se demander : «Comment puis-
je en faire un succès commercial? Comment pourrais-je
en tirer un bénéfice financièrement?» En somme, il n'y
a pas d'engagement envers le numineux pour son propre
bien et, en de telles circonstances, le numineux cesse d'être
le numineux.
Finalement, nous rencontrons des graines qui tombent
sur le bon terrain et il en résulte différents niveaux de pro-
ductivité. Nous y trouvons tous les ingrédients qui font
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 23 7

défaut dans les cas précédents. Nous avons la réceptivité,


de sorte qu'il y a reconnaissance des «graines» du
Royaume et des opportunités d'expérimenter le numineux.
Ensuite, il y a une préparation telle que l'individu est capa-
ble de reconnaître une bonne chose quand il la voit. Le
sol, c'est-à-dire l'expérience, à l'intérieur duquel le
Royaume se fixe est riche, il n'y a pas de blocs, c'est-à-
dire pas de complexes dans la psyché. Ensuite, il y a une
sélectivité ou discrimination ou engagement. L'individu
sait que le Royaume se manifestera en fonction de la place
qu'il aura su lui réserver dans son cœur et dans sa vie.
Il crée cette place dans sa nature désirante et dans ses acti-
vités quotidiennes.
Le terrain fertile est symbolique du quatrième chakra
ouAnahata. C'est un bon terrain du fait que ce centre est
le siège de la nature désirante. Quand le numineux s'y
retranche, l'individu peut réellement laisser le numineux
devenir une partie intégrale de l'être. Une telle possibi-
lité n'est pas présente dans les centres inférieurs de
l'expression de la conscience puisque c'est le premier
niveau où la nature désirante peut être chargée. C'est la
marque du niveau où le style de vie peut être ajusté de
manière que la révérence puisse être accueillie, entrete-
nue sur une base permanente.
A partir de là, différents niveaux de production, trente,
soixante et cent fois sont possibles. Ces niveaux sont liés
à des chakras élevés. Le Vishuddha, 1'AJna, et le Sahasrara
respectivement. Le quatrième chakra, l'Anahata est le point
d' <<inflexion» dans l'organisation de la Conscience. C'est
une station relais, marquant la zone entre le lieu où la
numinosité cesse d'être une nouveauté, ou quelque chose
d'intermittent et cette zone dans laquelle elle est considé-
rée comme la matière même de la Vie, ou le «pain» de
238 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

Vie. Après ce niveau on devient un progéniteur, on com-


mence à créer la numinosité dans sa propre vie et dans la
vie des autres. Cette idée est expérimentée par les grai-
nes qui germent et croissent jusqu'à maturité pour por-
ter les fruits, trente, soixante et cent pour un.
Avec une productivité à trente fois, on est capable de
créer ce sens du numineux dans un autre, mais la source
du numineux est expérimentée en dehors de celui qui la
possède. Avec une productivité à soixante fois, on est capa-
ble d'aider autrui à trouver la numinosité à l'intérieur de
soi, tandis qu'avec une productivité à cent fois, on per-
met à l'autre d'accéder à son niveau de telle sorte que
cet individu est capable de recommencer le cycle à
nouveau.
Le principe primordial renfermé dans cette parabole
présente deux faces. D'abord, il s'agit du principe de la
Disponibilité Universelle du Royaume. Le second aspect
est surimposé et c'est le principe du changement des
Efforts Relatifs. Le premier aspect est plutôt direct et est
représenté dans le concept du semeur qui disperse ses grai-
nes au hasard. Le second aspect, plus complexe, exige
qu'on l'examine en détail.
Quand nous considérons que le destin des graines dans
divers environnements représente les différents niveaux
d'expression de la conscience dans l'être humain, nous
constatons que le succès de ce processus dépend du degré
de la participation individuelle. Au premier niveau où
nous trouvons un manque total d'appréciation de la beauté
et de la profondeur de l'existence, nous pouvons dire que
Dieu seul porte le fardeau de la subsistance du monde.
Au second niveau où nous constatons une reconnaissance
partielle de la gloire sans la souffrance, une part minus-
cule du fardeau est prise en charge. Un individu ici peut
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 239

être désireux d'aider, mais son manque de préparation


l'empêche d'agir ainsi de manière significative. En
d'autres termes, il applaudit de l'extérieur de la barrière.
Au troisième niveau, l'effort est plus interne, mais nous
n'y trouvons pas encore un partage total des fardeaux.
Il y a préparation mais il manque l'engagement. On est
préparé à agir, mais en ses propres termes. A partir du
quatrième niveau, nous trouvons une plus grande volonté
de la part de l'individu pour assumer un peu de ce far-
deau. C'est ce que cela signifie pour l'arbre mûr capable
de produire trente fois, soixante fois et cent fois; le pro-
cessus de Conscience venant à se manifester est plus facile
à des niveaux supérieurs, des effets extraordinaires ne sont
point nécessaires. A partir de là, on est capable de voir
le sublime dans le plus ordinaire, d'en découvrir une
opportunité dans tout obstacle.

3. La parabole de l'ivraie
Le Principe des réalités rivales
Après la parabole du semeur, Jésus donne la parabole
de l'ivraie. La substance psychologique de cette parabole
ne peut être libérée entièrement si ce n'est par référence
à la parabole qui donne le ton. C'est, bien sûr, la para-
bole du semeur, une clarification du Principe de la Dis-
ponibilité Universelle et du Changement de l'effort rela-
tif dans la propagation du Royaume. En tant que telle,
la parabole qui donne le ton traite de la potentialité que
chacun porte en soi pour accueillir dans un être l' expres-
sion du Royaume des Cieux. C'est une perspective
d'ensemble du processus complet. Les autres paraboles
240 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

donnent une vue plus détaillée du Royaume aux diffé-


rents niveaux de sa manifestation.
La parabole de l'ivraie qui suit directement la parabole
du semeur traite du premier niveau de la manifestation
du Royaume. Dans son message psychologique, elle est
similaire aux graines qui tombent sur le terrain rocail-
leux dans la parabole du semeur. En réalité, nous som-
mes confrontés avec le même matériel psychologique
puisqu'il s'agit du chakra Svadvishthana et du second niveau
de l'expression de la conscience. Nous prenons la para-
bole dans le vingt-quatrième verset du treizième chapitre.
«Il leur proposa une autre parabole et dit : Le
Royaume des Cieux est semblable à un homme
qui a semé de la bonne semence dans son champ :
Mais pendant que les gens dormaient, son ennemi
vint, sema de l'ivraie au milieu du blé et s'en alla.
Lorsque le blé poussa en herbe et donna du
fruit, l'ivraie parut aussi.
Les serviteurs du maître de la maison vinrent
lui dire : Seigneur, n'as-tu pas semé de la bonne
semence dans ton champ? D 'où vient donc qu'il
y a de l'ivraie?
Il leur répondit : C'est un ennemi qui a fait
cela. Et les serviteurs lui dirent : veux-tu que nous
allions l'enlever?
Non, leur répondit-il, de peur qu'en enlevant
l'ivraie, vous ne déraciniez aussi le blé.
Laissez croître ensemble l'un et l'autre jusqu'à
la moisson, et, à l'époque de la moisson, je dirai
aux moissonneurs : Enlevez d'abord l'ivraie et liez
la en gerbes pour la brûler, mais recueillez le blé
dans mon grenier». (Matthieu 13 : 24-30).
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 241

Jésus attendit et ne donna l'explication à ses disciples


qu'après avoir dit plusieurs paraboles. Toutefois, de même
que l'explication de la parabole du semeur contient des
paraboles à l'intérieur d'une parabole, l'explication four-
nie ici en contient également.
«Alors il laissa les foules et entra dans la mai-
son. Ses disciples s'approchèrent de lui et dirent :
Explique-nous la parabole de l'ivraie du champ.
Il leur répondit : Celui qui sème la bonne
semence, c'est le Fils de l'Homme.
Le champ, c'est le monde; la bonne semence,
ce sont les fils du Royaume; l'ivraie, ce sont les
fils du Malin.
L'ennemi qui l'a semée, c'est le diable ; la mois-
son, c'est la fin du monde; les moissonneurs ce
sont les anges.
Or, comme on enlève l'ivraie pour la jeter au
feu, il en sera de même à la fin du monde.
Le Fils de l'Homme enverra ses anges qui enlè-
veront de son Royaume tous les scandales et ceux
qui commettent l'iniquité,
Et ils les jetteront dans la fournaise de feu, où
il y aura des pleurs et des grincements de dents.
Alors les justes resplendiront comme le soleil
dans le Royaume de leur Père. Que celui qui a
des oreilles entende» (Matthieu 13 : 34-37).
Notre tâche est de nous engager maintenant à la recher-
che d'explications plus profondes à cette parabole que cel-
les qui sont données. Nous l'abordons en la faisant coïn-
cider avec le principe primordial pour trouver des expli-
cations adéquates aux symboles qui y sont utilisés.
242 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

Le principe ici est celui de l'Eternel Paradoxe des Réa-


lités en compétition, du Bien et du Mal, du positif et du
négatif, du noir et du blanc, de la lumière et des ténè-
bres. En d'autres termes, c'est le principe de polarité.
Le premier élément dans l'explication de la parabole
est le concept de la «bonne semence» semée par l'homme.
La définition qui prévaut ici, comme celle de la paraoo1e
du semeur, se réfère à la numinosité à partir de laquelle
la conscience est constituée. Jésus explique que les bons
grains représentent les enfants du Royaume et que
l'homme qui les a plantés est le Fils de l'Homme. Il est
évident que Jésus utilisait un langage symbolique. Si cela
nous échappe, nous créons des implications dérivées de
ses paroles qui contredisent certains de ses autres ensei-
gnements. Par exemple, si nous ignorons le symbolisme
impliqué pour interpréter «les enfants du Royaume» à
un niveau superficiel, la conclusion inacceptable s'impose
selon laquelle des individus sont à priori enfants de Dieu,
tandis que d'autres sont, à priori, enfants du diable. Une
telle explication entraînerait une énorme contradiction en
ce sens que nous considérerions Jésus et sa mission comme
inutiles puisque tout aurait été prédéterminé. Les indivi-
dus auraient leurs destins scellés pour toute l'éternité.
Cependant, dès que nous acceptons le symbolisme dans
l'explication de Jésus, nous constatons qu'«enfants du
Royaume» ne donne pas l'explication finale de la signifi-
cation des bons grains.
De même, les mauvais grains sont à considérer comme
une référence à quelque chose d'autre que des individus
qui appartiennent à une personnalité appelée «le diable».
On a mentionné plus haut qu'un numinosum représente
une «Unité» de conscience, une relation comme celle qui
relie la molécule à la matière. En tant que tel, le numino-
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 243

sum trace des limites au-delà desquelles les mots cessent


d'être un véhicule adéquat à l'expression des contenus de
la psyché. Il n'est pas nécessaire que le numinosum soit
homogène, il peut représenter diverses choses, un éclair
instantané de vision intérieure qui ne peut être expliqué,
un sentiment intense de crainte révérentielle, un senti-
ment de joie, un sens inexprimable de l'unité de toutes
choses, une appréciation de la beauté, etc. C'est ce numi-
nosum qui est un enfant du Royaume. De manière simi-
laire, un enfant du cc diable» est l'opposé de la numinosité,
haine, colère, désespoir, ignorance, convoitise, etc. Cha-
que être humain a en lui à la fois des bons et des mauvais
grains, à la fois des enfants du Royaume et des enfants
du diable. En poursuivant l'explication dans le contexte
de la croissance et de l'expansion de la conscience en
l'homme, le Fils de l'Homme qui a planté les bons grains
représente une Réalité qui est déjà parfaite et qui repose
quelque part dans l'avenir collectif de l'humanité. Cette
réalité germe dans le cœur de l'homme et dans son esprit
avec l'espoir de mettre en mouvement quelque chose et
d'accélérer le processus de rédemption de la réalité
humaine, en elle-même. Le Fils de l'Homme représente
beaucoup plus que le Jésus historique. Il représente un
nouvel ordre de l'humanité dont Jésus a été le prototype.
Par contraste à cette Réalité de l'avenir il y a l'autre
Réalité, celle du passé collectif de l'humanité qui s'accro-
che. Cette Réalité est celle de l'inertie, de la stagnation,
de la peine et de la souffrance, du refoulement, de la peur,
de la méfiance, de l'ignorance et de l'esprit de division.
Ce sont les grains semés par le Malin.
Toutefois, la parabole de l'ivraie contient, outre les mau-
vais grains, une résolution à ce drame des réalités concur-
rentes. Nous constatons d'abord que les bons grains sont
244 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

semés en premier lieu et que l'ivraie n'est semée que par


la suite sur le même terrain. Il nous est dit que l'ivraie
a été semée dans un moment de relâchement, ((tandis que
les hommes dormaient», dit la parabole. Cette phrase
contient la signification profonde que Jésus accorde en
dehors de l'explication symbolique. ((Tandis que les hom-
mes dormaient» ne désigne pas les gardiens qui s'endor-
ment, il se réfère à un manque de vigilance, un manque
de conscience. Il se réfère à des périodes de défaillance dans
la psyché.
Après la semence des bons grains, ou, selon le langage
utilisé dans notre explication, lorsque le numineux a envahi
la conscience et s'est fixé, ce processus attire son opposé,
son ombre. Ce qui signifie, au niveau de l'expression de
la Conscience au chakra Svadvishtana, que ceci ne peut pas
se faire sans la polarisation. On aime ce qu'on estime être
bon, mais seulement dans le contexte d'une condamna-
tion de quelque chose ou de quelqu'un comme mauvais;
on est attiré par le beau et par l'esthétique, mais seule-
ment dans le contexte d'un éloignement et d'une répu-
diation de la laideur; on aime, mais seulement dans le
contexte où l'objet d'affection est possédé et emprisonné,
et ainsi de suite, les contrastes et les couples de contraires
donnant la totalité nécessaire à l'expression des numineux.
Ce qui est l'accomplit ici est semblable à l'action du papil-
lon attiré par la flamme.
On éprouve un réconfort avec la pensée que cela n'a
pas lieu d'être, car cela s'est produit uniquement ((tandis
que les hommes dormaient», quand on est inconscient et
non attentif à la manifestation de la polarité. Il n'est pas
nécessaire à Dieu d'exister seulement comme l'opposé du
mal, ni à la beauté vis-à-vis de la laideur, ni à la morale
vis-à-vis de ce qui est immoral, ni à la joie vis-à-vis du
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 245

chagrin, car ils ont le pouvoir d'exister par eux-mêmes.


Mais les individus ne sont pas toujours attentifs et cha-
que fois que le numineux fait une incursion dans la con-
science, une potentialité est ouverte à l'emprise de son
contraire.
Cette potentialité n'est manifeste que dans la partie de
la nature ainsi exposée au cours de moments d'absence.
On dit que cette partie de la nature appartient au sub-
conscient. (2) Dans ce subconscient on trouve un réser-
voir d'expériences emmagasinées dans leur forme non
assimilée. Le subconscient est une pépinière de complexes,
de traumatismes, de motifs cachés et de choses du même
genre.
La validité de cette explication peut également être
démontrée au niveau social. Parfois quand la vision d'un
monde meilleur est inspirée à une société ou à un groupe,
si cette vision n'est pas comprise et étudiée profondément,
elle peut aboutir à des actions qui sont diamétralement
opposées aux principes qui sous-tendent cette vision. Nous
avons eu des sociétés fondées sur des idéaux religieux
d'amour et de fraternité qui, par la suite, ont eu recours
à la persécution des non-conformistes quelque temps plus
tard. Nous avons eu des sociétés qui ne rejetaient le man-
teau d'un système politique oppressif que pour mettre en
place un système encore plus oppressif et tyrannique. Il
ne s'agit que d'une question de temps pour que les grands
idéaux, religieux ou politiques, qui donnent naissance à
un mouvement de réforme soient dégradés et dévalori-
sés, et cela semble être une loi inviolable. Tout cela est
dû à l'insuffisance de l' Etre qui se manifeste quand
l'expression de la Conscience est arrêtée au second chakra.
La raison d'une telle dualité ne réside pas dans le fait
que le bien ne puisse pas exister indépendamment du mal
246 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

ni non plus que la joie ne puisse pas exister indépendam-


ment du chagrin ou tout autre combinaison dualiste qu'on
puisse examiner. Il n'est possible d'échapper à cette dualité
qu'à une condition : revendiquer pour soi-même la vertu,
la bonté, la connaissance, la droiture, la sagesse et les
autres qualités. On doit considérer que ces vertus exis-
tent sous forme de Principes, comme des états imperson-
nels de l'Etre, de la même manière qu'il existe des per-
sonnalités indépendantes. On doit se rendre compte qu'il
n'est pas possible d'être bon comme un adjectif, mais seu-
lement dans le contexte de l'expression de la bonté. La
même chose s'applique à bien d'autres vertus. C'est le
raisonnement qui explique le rejet par Jésus du titre de
«bon» tel qu'il est rapporté par «Matthieu» dans son dix-
neuvième chapitre :
«Alors un homme s'approche et dit à Jésus :
Maître, que dois-je faire de bon pour avoir la vie
éternelle?
Il lui répondit : Pourquoi m'interroges-tu sur
ce qui est bon? Un seul est bon ; » (Matthieu
19:16-17)
Quand cette leçon est comprise et intégrée à l'Etre, les
mauvais grains ne peuvent plus être semés parce qu'on
ne dort pas mais qu'on reste vigilant. C'est seulement
quand on est aveugle au pouvoir de polarité que le som-
meil s'ensuit.
Si nous retournons à la parabole, il nous est dit que
les serviteurs s'approchèrent du propriétaire et suggérè-
rent qu'il leur soit permis d'arracher l'ivraie et de la
détruire, à quoi il répondit qu'ils ne devraient pas faire
une telle chose parce qu'on courait le danger que le blé
soit touché en essayant d'arracher l'ivraie. Il donna l'ordre
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 24 7

de le laisser pousser jusqu'au temps de la moisson où


l'ivraie sera arrachée et le blé rassemblé dans la grange
La suggestion du serviteur est une réponse typique des
individus quand ils sont confrontés ou aux opposés polaires
de valeurs qu'ils se sont appropriées. «Pourquoi faudrait-il
qu'il y ait tant de malheurs? Pourquoi Dieu permet-il le
mal?», et ainsi de suite. De tels individus ne se rendent
pas compte qu'à leur niveau de conscience présent, ils ne
peuvent expérimenter les choses que par contraste. Si le
mal est enlevé, le bien cessera également d'exister, ou si
le négatif est enlevé, le positif cessera d'être perceptible.
Le mal, dans ce cas, a sa place dans le monde tout autant
que le bien, ne serait-ce qu'en vue de s'assurer que le bien
ne peut être considéré comme acquis.

4. La parabole de la graine de moutarde


Le principe du triomphe sur les limitations
Avec la parabole de la graine de moutarde, nous attei-
gnons le troisième niveau de l'expression de la conscience.
Comme dans la parabole précédente, le message concerne
l'éveil adéquat et l'expression d'un autre centre psychi-
que dans le corps, le chakra Manipura. Il convient de remar-
quer que le Royaume n'est pas comparé à une graine de
moutarde. C'est plutôt le processus entier de la graine de
moutarde en expansion qui fournit le point de
comparaison :
«Il leur proposa une autre parabole, et dit : Le
Royaume des Cieux est semblable à un grain de
moutarde qu'un homme a pris et semé dans son
champ.
248 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

C'est la plus petite de toutes les semences, mais


quand elle a poussé, elle est plus grande que les
plantes potagères et devient un arbre, de sorte que
les oiseaux du ciel viennent habiter dans ses bran-
ches.» (Matthieu 13:31-32)
La parabole dit que le Royaume est semblable au pro-
cessus qui, de la chose insignifiante comme la graine de
moutarde, fait une chose signifiante. Le processus qui
élève la graine de moutarde d'une quasi inexistence per-
sonnelle à un être qui contribue à l'existence d'autrui,
dans ce cas les oiseaux, est représenté ici. Ce processus
est presque semblable à celui auquel Jésus a fait allusion
à un autre moment quand il dit à ses disciples que s'ils
avaient la foi comme un grain de moutarde ils pourraient
soulever des montagnes (Matthieu 17 : 20) Il est égale-
ment possible que si le peuple interprète ces paroles et
la parabole de la graine de moutarde, ils ne saisissent pas
la leçon qu'elle contient. Jésus ne se réfère pas à une petite
parcelle de foi, ni à une portion de foi semblable à la graine
de moutarde, mais à la foi telle que la graine de mou-
tarde l'utilise. Il y a une différence capitale ici car, dans
le dernier sens, c'est la qualité qui est opposée à la
quantité.
La foi, telle qu'elle est exprimée par une graine de mou-
tarde, est un processus de croissance au-delà des facteurs
de limitation, au-delà de l'insignifiance, au-delà de l'oubli
vers des régions d'expansion, de force, de but. La foi, telle
qu'elle est utilisée dans la graine de moutarde est, par con-
séquent, un autre aspect du Royaume. C'est un autre
mécanisme par lequel la numinosité grandit. Comme nous
l'avons vu dans la parabole du semeur, quand cette numi-
nosité s'exprime au troisième chakra, nous arrivons à un
point d'inflexion. A ce point, la focalisation change du
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 249

personnel au transpersonnel, de préoccupations qui con-


cernent soi-même aux préoccupations de groupe, de l'api-
toiement et des complexes d'inferiorité à la compassion
et au service.
On a démontré précédemment que le chakra Manipura
est le centre de la volonté personnelle et de tous les désirs
pour l'étalage du pouvoir. Ce chakra est également en cor-
rélation avec le fonctionnement des glandes surrénales du
système endocrinien. Les surrénales sont connues de la
profession médicale comme les glandes responsables de
la lutte ou de la fuite. Elles concernent probablement les
fonctions polaires d'agression et de peur. Ces réactions
sont des expressions de ce qui est, en réalité, le même état
psychologique. Cet état résulte du besoin d'autoprotec-
tion et de préservation. Une préoccupation d'autoprotec-
tion et de préservation se cristallise en un complexe
d'infériorité. Quand les individus deviennent agressifs et
prennent plaisir à étaler leur pouvoir personnel, ils peu-
vent, en réalité, protéger l'image fragile de leur propre
personne.
La parabole de la graine de moutarde nous explique
que la numinosité doit, pour continuer à croître, passer par
ce point d'inflexion. Elle doit survivre à la mort certaine
qui vient, précédée de son «decrescendo» et amorcer une
nouvelle vie en elle-même. Le secret de la régénération
de soi doit être appris et une telle connaissance ne
s'acquiert jamais en défendant une position fixe. Si le
numineux, tel qu'il s'exprime à ce niveau, est compris de
manière exacte par le mental conscient, la sensibilité qu'il
stimule ne se traduira pas sous forme d'apitoiement sur
soi et de sentiment d'infériorité. Il sera interprété en ter-
mes de conscience de besoins tels qu'ils existent partout,
pas seulement en l'individu. De cette conscience de l'uni-
250 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

versalité des besoins surgit l'urgence d'atteindre et


d'accepter ces besoins. Ceci va à l'encontre de l'impul-
sion initiale qui est de les satisfaire uniquement en soi,
impulsion qui aurait pu culminer en agression. L'impul-
sion, pour combler les besoins, culmine ici en compas-
sion et s'extériorise en service.
La leçon qui doit être retenue de cette parabole est que,
si la graine de moutarde est petite, elle ne doit pas être
associée au sens habituel de la petitesse. Cela n'a rien à
voir avec l'apitoiement sur soi et avec la mesquinerie. La
graine de moutarde a appris à utiliser le peu qu'elle a pour
garantir non seulement sa propre existence mais aussi
l'existence des autres. Elle a appris à accepter des besoins
et là réside le secret de sa survie et de sa croissance.
Le secret de la graine de moutarde peut également
s'exprimer en termes de Loi ou de Principe d'obligation.
C'est la principale Loi de la Vie. Selon cette Loi le pou-
voir personnel doit croître en proportion directe des obli-
gations assumées par quelqu'un. Le corollaire de ce Prin-
cipe est que l'échec à assumer ses obligations limite le
degré de pouvoir que quelqu'un peut obtenir. La graine
de moutarde est un symbole de ce qui advient à celui qui
surmonte une image de soi-même amoindrie, la peur, les
complexes d'infériorité et la susceptibilité qu'ils entrâment.
L'expérience de la vie à partir du chakra Manipura n'est
simplement qu'une voie parmi tant d'autres pour faire
l'expérience de la numinosité. L'expression de la Conscience
au niveau de ce chakra, comme celle de tous les autres pré-
sente en même temps un mode d'expression spontané ou
inconscient et un mode conscient ou créatif. Spontané-
ment ou inconsciemment exprimé, le résultat est suscep-
tibilité, apitoiement sur soi et co"mplexes d'infériorité.
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 251

Mais, lorsqu'ils sont exprimés consciemment ou avec vigi-


lance nous sommes concernés par les autres, par la bonté,
par le service, etc.
Ironiquement, quand un individu fait l'expérience de
la numinosité sans se rendre compte que ceci ne devrait pas
être l'occasion d'un triomphe personnel, il a le sentiment
d'être différent, spécial. Ce n'est qu'à partir du moment
où nous permettrons au numineux de régner en maître dans
notre être, sans le revendiquer personnellement que le
numineux, et par conséquent le Royaume, pourra éviter
le sort d'un «decrescendo».
L'acte qui consiste à donner l'entière liberté d'action
au numineux est accompli quand l'individu est capable de
percevoir, dans toute situation où il se sent offensé, le point
de vue de l'autre. Il apprend alors que le numineux, et par
conséquent le Royaume, est mieux servi lorsque la sensi-
bilité est considérée comme une expérience commune à
tous les humains et non un trait personnel de caractère.
C'est uniquement à ce moment-là que la leçon de la graine
de moutarde peut être assimilée.
CHAPITRE XII

Les niveaux supérieurs


de la Transformation

1. La parabole du levain
Le Principe d 'Intégration
La quatrième parabole dans les séries concernant le
Royaume est en corrélation avec les grains qui sont tom-
bés sur le sol fertile dans la parabole du semeur. Le sol
fertile représente la condition psychologique; d'abord a
lieu une prise de conscience du Royaume, puis l'aspira-
tion au Royaume, et finalement une préparation à un
engagement à son égard.
Le parabole du levain démontre ce qui arrive lorsque
l'élan naturel d'expansion de la numinositérencontre l'effort
conscient de l'individu. Voici cette parabole :
«Le Royaume des Cieux est semblable à du
levain qu'une femme a pris et introduit dans trois
mesures de farine jusqu'à ce que (la pâte) soit toute
levée». (Matthieu 13:33).
Nous voyons dans cette parabole ce qui arrive à la numi-
nosité après qu'on s'est engagé à faciliter son expansion
254 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

en d'autres termes, ce qui se produit lorsque le numineux


a reçu la coopération de la volonté de l'individu.
Le centre psychique décrit par cette parabole est le qua-
trième,c' est-à-dire le chakraAnahata. Lorsque la conscience
s'exprime ici il ne reste presque plus de place à l'erreur
parce que la plupart des occasions de dénaturer le numi-
neux ont été déjà éliminées. La seule erreur que l'on puisse
commettre c'est de ne pas aller assez loin.
Au niveau du chakra Anahata, le numineux a la capacité
de se dilater de lui-même, de toucher les vies des autres
et de s'enflammer également. D'abord cette extension ou
«saut par-dessus le fossé» ne se produit qu'entre des indi-
vidus appartenant à un groupe choisi, entre ceux qui sont
liés par contrat ou par obligation - la famille, les amis,
les épouses, les enfants, les parents, etc. Cette expansion
vient en réponse à une bonne action en faveur de
quelqu'un ou en souvenir d'une bonne action accomplie
par un autre.
Le Royaume est décrit dans cette parabole, comme le
lieu où le processus dynamique de l'expansion de la Con-
science est devenu autonome. Le numineux s'est tellement
bien établi dans la vie de quelqu'un que rien ne peut arrê-
ter son développement. On trouve dans cette parabole plu-
sieurs indices pertinents qui nous instruisent sur le méca-
nisme du Royaume à ce niveau. Ces indices sont tirés de
l'image de l'action du levain dans un plat ou dans la pâte.
Notre première leçon précise que le Royaume agit
initialement au-dessous de la surface et apparemment
contre d'insurmontables difficultés. Lorsque Jésus com-
pare le Royaume à l'action du levain, Il affirme que le
processus dynamique d'expansion du numineux est poten-
tiellement explosif. Cette puissance est libérée quand le
Royaume trouve le milieu adéquat à l'intérieur duquel
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 255

il peut se développer de la même manière que la puis-


sance du levain est libérée lorsque celui-ci a été placé dans
le milieu convenable tel que la pâte. Dans un environne-
ment approprié, le numineux ne regarde pas en arrière,
comme on dit, et sa croissance est irrésistible.
Dans la réalité humaine correspondante nous parlons
des idéaux de l'individu ainsi que des aspirations de la
partie la plus secrète de l'être. Pour nombre d'individus
ces aspirations ne sont pas réalisées faute d'un moyen
d'expression approprié. Or cette parabole nous donne ce
moyen.
Nous pouvons tirer une autre leçon de cette parabole :
l'expression du numineux ou chakraAnahata se fait sans éclat
et sans manifestation particulière. Après nous avoir appris
que la femme avait placé le levain dans les trois mesures
de farine, on nous dit seulement que le tout a levé. Il n'y
a aucune énumération des différentes étapes de l'action
du levain sur le tout. On nous informe seulement que le
processus a lieu. La parabole nous apprend donc que
lorsqu'on a lâché la bride au numineux, lorsqu'on lui a
donné un milieu à l'intérieur duquel il peut se dévelop-
per, les résultats de son action peuvent ne pas être en sur-
face. On ne peut pas faire une encoche quotidienne sur
un bâton afin de mesurer la progression parce qu'on ne
dispose d'aucune information sur le travail intérieur du
numzneux.
Nous pouvons apprendre ici quelque chose sur le déve-
loppement de la conscience d'un individu. Elle se déve-
loppe de l'intérieur vers l'extérieur, du centre de l'être
jusqu'aux régions observables de l'extérieur. Il ne sera
révélé que lorsque son travail aura été accompli et pas
avant. Le message est ici le suivant : quand l'individu s'est
engagé dans la voie de ses idéaux et qu'il a donné à ses
256 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

idéaux un milieu dans lequel ils peuvent s'épanouir -


ce milieu se trouvant être les activités de sa vie - cet indi-
vidu ne doit pas être impatient d'apprécier les résultats.
La preuve que les principes employés dans la vie sont à
l'œuvre arrive en temps voulu.
Un autre enseignement de cette parabole se dégage de
la perfection avec laquelle le numineux prend possession
de l'être tout entier et l'imprègne. Désormais on n'est plus
compartimenté. On n'a plus de croyances gratuites : tou-
tes sont, ou bien mises à l'épreuve, ou déjà expérimen-
tées. On n'exprime pas non plus certains aspects de soi-
même à un intime associé et des aspects différents aux
autres. De la même manière que la distinction disparaît
entre le levain et la farine, elle s'efface entre l'idéal et le
réel, le numineux et le mondain, le conscient et l'incon-
scient. (1)
Le travail qui consiste à intégrer l'inconscient dans le
conscient est un processus inflexible. De la même manière
que l'intégration concernant le levain et la farine opère
une transformation qui implique à la fois le levain et la
farine, l'intégration dans l'être crée une transformation
qui implique à la fois l'idéal et le réel. En vérité, telle est
la pensée qui sous-tend le discours extrait de l'Evangile
de Thomas (2) reproduit ci-dessous. Ici Jésus est censé
avoir dit :
«Quand vous faites l'un à partir de deux et
quand vous faites l'intérieur comme l'extérieur et
l'extérieur comme l'intérieur et le dessus comme
le dessous, et quand du mâle et de la femelle vous
faites un seul de sorte que le mâle ne soit plus mâle
et que la femelle ne soit plus femelle, quand vous
faites des yeux à la place d'un œil, et une main
à la place d'une main et un pied à la place d'un
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 25 7

pied, et une image à la place d'une image, alors


vous entrerez dans le Royaume». (Log. 22, pp.
17-18).
Dans ce discours l'accent est mis sur le travail d'inté-
gration qui apparaît comme une condition nécessaire pour
que le Royaume établisse sa propre demeure permanente
à l'intérieur de la charpente humaine.
Dans la tradition yogique orientale, le chakra Anahata
est l'objet de nombreuses pratiques rituelles. Ceci parce
qu'il est intuitivement compris que le yoga (c'est-à-dire
l'union du conscient et de l'inconscient) est accompli
quand ce centre est ouvert, c'est-à-dire au moment où
l'expression de la conscience atteint ce niveau, cela devient
automatique. Ceci ne signifie pas que l'individu n'a rien
d'autre à faire, mais signifie que le travail de transfor-
mation a atteint un rythme accéléré. Dans les sociétés
humaines c'est l'équivalent d'un enfant qui atteindrait
l'âge de la majorité, indépendamment du nombre
d'années.
Un regard attentif discernerait en outre que le chakra
Anahata ou Centre du Cœur est aussi l'objectif d'une
grande partie de la doctrine chrétienne telle qu'elle est
enseignée par les apôtres. Paul parle de ce centre dans
l'une de ses épîtres :

«De même aussi l'Esprit vient au secours de


notre faiblesse, car nous ne savons pas ce qu'il con-
vient de demander dans nos prières. Mais l'Esprit
lui-même intercède par des soupirs inexprimables;
et celui qui sonde les cœurs connaît quelle est
l'intention de !'Esprit : c'est selon Dieu qu'il inter-
cède en faveur des saints. (Romains 8:26-27).
258 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

En d'autres termes, Paul décrit ce qui a été appelé la


«prière automatique du cœur». Ceci signifie que l'ouver-
ture du Centre du Cœur représente un contact incessant
avec l'Esprit ou avec la Pure Conscience. Si, comme le
dit Paul, c'est l'Esprit Lui-même qui tend vers la perfec-
tion et la souhaite ardemment, le travail de transforma-
tion est devenu véritablement automatique. Paul nous dit
que cet Esprit fait des intercessions conformément à la
Volonté de Dieu. Ceci signifie que ces élans ne sont pas
sporadiques et que ce ne sont pas non plus les soupirs d'un
mental accablé. Ce sont les stimulations systématiques et
structurées de l' Ame, et celles-ci se manifestent en accord
avec la totalité du Plan divin pour l'homme. En d'autres
termes ces élans intérieurs de l'Esprit, cette prière auto-
matique du Cœur, est conduite avec sagesse.
Enfin l'élaboration du Royaume exprimée au Centre
du Cœur est conduite avec conviction. A ce niveau les
vœux et les promesses ne sont pas nécessaires. Une chose
est essentielle : voir très clairement ce que l'on cherche
dans la vie. C'est pourquoi il est inutile de faire des annon-
ces, des proclamations et de prononcer des vœux. Tout
ceci est pour les faibles. Quand le travail impersonnel du
Royaume est en place, il suffit de devenir un témoin fidèle
du courant de changement sous-jacent qui progressive-
ment occupe le terrain et restructure notre vie.

2. La parabole du trésor caché


Le principe de l'établissement de points de contact
Dans cette cinquième parabole, nous voyons que le
Royaume est comparé à une série d'images rassemblées
en une séquence bien déterminée.
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 259

«Le Royaume des Cieux est encore semblable


à un trésor caché dans un champ. L'homme qui
l'a trouvé le cache (de nouveau) et, dans sa joie,
va vendre tout ce qu'il a et achète ce champ»
(Matthieu 13:44).
L'interprétation de cette parabole doit prendre toutes
ces images en considération, à la fois individuellement et
collectivement. La première image que nous trouvons est
celle des trésors cachés dans un champ. C'est une des-
cription adéquate de la nature du cinquième centre psychi-
que, le chakra Vishuddha, car l'expression du numineux se
présente ici sous la forme d'éclair d'inspiration, de
«joyaux» de sagesse.
Le chakra Vishuddha ou centre de la parole, comme il
est parfois nommé, est censé gouverner la capacité de
l'individu à exprimer le contenu de son propre mental.
Il est intimement connecté avec la capacité de l'individu
à former des concepts, à créer de simples formules pour
exprimer des rapports intrinsèquement complexes (par
exemple E = MC2).
Quand ce centre est éveillé, l'individu reconnaît qu'il
est en possession d'un virtuel coffre à trésor. Il est capa-
ble d'obtenir la connaissance des processus cachés à
l'œuvre dans la Nature et de leur donner une expression.
Les individus dont ce centre est ouvert sont les mystiques
et les génies traditionnels.
Cette parabole nous apprend comment un individu peut
amener ces facultés sous le contrôle total du Royaume.
Il nous dit comment nous pouvons soutenir de nos efforts
ce qui vient naturellement en vue d'avancer la cause du
Royaume. Mais avant d'approfondir davantage le sens
de cette parabole, nous devons nous rendre compte que
lorsque nous parlons de !'«ouverture» du centre, nous en
260 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

parlons dans un sens relatif. Un individu dont les capaci-


tés naturelles peuvent inclure certaines fonctions du cin-
quième chakra peut présenter encore des expressions carac-
téristiques des chakras inférieurs. Il faut se rendre compte
que l'objectif du Royaume est activement servi par un
processus d'élévation de l'expression de la conscience à
partir de notre point de départ. Par conséquent, l'indi-
vidu qui élève l'expression de sa conscience personnelle
du second niveau au troisième ou du troisième au qua-
trième, etc., peut être plus en accord avec l'idée du
Royaume que celui qui est naturellement à un niveau plus
élevé et qui ne fait rien pour progresser.
Parmi les aspects les plus dynamiques de cette parabole
nous voyons les images d'un homme qui, ayant trouvé ce
trésor, prend les précautions nécessaires pour le mettre en
sûreté. Il est évident que l'homme a trouvé ce trésor alors
qu'il ne s'y attendait pas et qu'il ne connaissait ni son exis-
tence ni sa place. Toutefois, sa réponse est nette : il s'en
va immédiatement vendre tout ce qu'il a pour acheter le
champ afin de devenir le propriétaire du trésor. Toutes
ces images se rapportent à l'effort conscient pour diriger
les facultés du cinquième centre vers le service du
Royaume, c'est-à-dire du processus du dynamisme de la
Conscience en expansion. Dans la mesure où chacune de
ces images - découverte du trésor, appréciation de sa
valeur et précautions pour le mettre en sûreté - traite d'un
processus psychologique de la vie réelle, nous examinerons
chacune d'elles d'une manière plus approfondie.
L'acte de découverte du trésor était un coup de chance,
c'est-à-dire qu'il était inattendu et accompli très probable-
ment alors que l'individu s'occupait à chercher autre chose.
La nature de cette découverte s'accorde avec la nature du
fonctionnement du cinquième centre. Le coup de chance
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 261

est bien connu des scientifiques; la plupart des découver-


tes scientifiques majeures ont été faites ainsi, la découverte
de la pénicilline en est une preuve. Habituellement, celui
dont le cinquième centre fonctionne reçoit des éclairs d'ins-
piration qui peuvent présenter une solution instantanée à
un problème resté depuis longtemps sans solution. Ceci
est parfois mis sur le compte de l'intuition. L'individu n'a
aucun contrôle sur ce phénomène. Il va et vient comme
il lui plaît, déposant un joyau çà et là.
La conséquence habituelle est que celui qui est si «doué»
peut aussi avoir un problème. L'explication rationnelle
nécessaire pour convaincre ses pairs ainsi que le profane
de la validité de ses découvertes et de ses inspirations peut
lui faire défaut. Ce qu'il faut ici c'est trouver la manière,
pour l'individu qui a découvert «le trésor», de justifier sa
revendication et en prendre possession. Il n'y a pas de
mystère dans ce processus. On raconte que même les indi-
vidus dont les activités se situent en dehors de la loi blan-
chissent les bénéfices de leurs opérations illicites. Ils font
ainsi quelque chose qui s'apparente à ce qui est exigé de
celui qui cherche la maîtrise du cinquième centre.
Dans la parabole, l'homme qui a trouvé le trésor s'en
est allé avec joie vendre toutes ses possessions en vue de
pourvoir à l'achat du champ. La leçon la plus évidente ici
est que l'inventeur du trésor n'a pas choisi la solution la
plus facile qui consistait à extraire le trésor et à l 'empor-
ter. Mais d'une façon ou d'une autre il se rendit compte
que ce n'était pas là une manière correcte de procéder.
Extraire le trésor et l'emporter aurait impliqué un acte de
vol et de violation de propriété. Après tout, le bon sens
devait lui dire que le légitime propriétaire du trésor est celui
qui possède le champ. C'est pourquoi il a éprouvé le besoin
de posséder le champ avant de revendiquer le trésor. Il
262 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

convient de noter que l'inventeur du trésor s'est rendu


compte de sa valeur et n'a pas craint de se séparer de tout
ce qu'il possédait pour légitimer sa revendication.
Au niveau psychologique, la parabole nous enseigne que
1'on ne doit pas se contenter seulement du fonctionnement
sporadique - tantôt oui, tantôt non - de l'intuition. Il
faut plutôt la développer pour en faire une faculté cons-
ciente. Ce serait la manière de légitimer notre rôle en tant
que progéniteur de la numinosité.
Au niveau spirituel, la parabole nous apprend que, en
premier lieu, le Royaume des Cieux est une réalité dans
son propre contexte du fait que lorsque le numineux a com-
mencé à s'exprimer lui-même par le cinquième chakra, nous
devenons l'hôte, dans la plus grande spontanéité, de nom-
breuses expériences surnaturelles et mystiques. Si nous pre-
nions ces expériences comme elles viennent sans chercher
le principe sous-jacent qu'elles expriment, nous dérobe-
rions le champ de son trésor, selon les termes de la para-
bole. Par conséquent, si cette entière parabole peut être
résumée en une pensée, c'est celle-ci : nous ne devrions pas
aller de-ci de-là en colportant nos expén:ences religieuses ou mysti-
ques. Personne d'autre ne sera jamais capable de les partager. Ce
n'est donc pas pour le bénéfice d'un autre que nous voudrions faire
étalage d'expén'ences. De telles expériences sont en effet données afi:n
de nous assurer avec une plus grande certitude des mérites de l'objet
de notre recherche et de nous convaincre en profondeur de notre enga-
gement dans cette quête.
Si nous suivons ce conseil, nous ferons ce que de nom-
breux mystiques devenus hommes de science font comme
une chose qui va de soi : créer un point de contact avec
leurs pairs et avec le profane pour le transfert de la numi-
nosité. Ceci est obtenu lorsque l'expression du Royaume,
du numineux, est rendue aussi naturelle que possible. Ceci
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 263

est accompli par l'exposition des principes qui sous-tendent


l'harmonieux fonctionnement de l'Univers et par la ten-
tative de donner une expression à ces principes dans notre
être. Ce faisant, nous établirons de nouvelles normes à
l'usage des autres.
Un autre aspect du Royaume tel qu'il s'exprime lui-
même ici est celui de sacrifice. L'histoire contée dans cette
parabole nous montre le véritable sens du sacrifice. Après
avoir découvert le trésor, l'homme s'en alla et vendit tout
ce qu'il possédait pour acheter le champ. Lorsqu'il se
sépare de ses biens, notre homme accomplit un acte de
sacrifice qui n'est pas considéré comme une perte. Il se
conduit à la manière de celui qui accomplit un échange.
Il sait reconnaître l'occasion favorable quand elle se pré-
sente et il est résolu à en profiter. C'est de cette manière
que nous devrions recevoir les trésors du Royaume, avec
diligence et sacrifice.
En fin de compte, la leçon de cette parabole ne doit pas
être limitée dans son application aux seuls aspirants à la
mystique. Quand le numineux s'est exprimé dans notre vie,
nous devons nous efforcer de porter la qualité d'expres-
sion du reste de notre vie au niveau où l'expérience devient
«ordinaire» pour cette vie. Ceci signifie que l'effet le plus
important d'une expérience devrait s'observer dans le mode
de vie. C'est-à-dire affecter la vie quotidienne.

3. La parabole de la perle d'un grand prix


Le Principe du processus
de l'incarnation de la Véritable Vie
Dans la sixième parabole sur le Royaume, Jésus a pré-
senté le principe selon lequel un individu devient l'incar-
264 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

nation du niveau supérieur de sa propre compréhension


du but de la Vie.
«Le Royaume du Cieux est encore semblable
à un marchand qui cherche de belles perles. Il a
trouvé une perle de grand prix, et il est allé ven-
dre tout ce qu'il avait, et l'a achetée» (13:45).
Il y a une très grande différence entre cette parabole et
les autres. La différence majeure réside dans le fait que,
dans toutes les autres paraboles, le processus de dévelop-
pement qu'est le Royaume est comparé à un objet ina-
nimé et à tout ce qui l'entourait. Par exemple, dans la para-
bole concernant le second chakra, il s'agit des bonnes et des
mauvaises semences (blé et ivraie); dans celle qui concerne
le troisième chakra, il est question de la graine de moutarde;
dans celle qui se rapporte au quatrième chakra, il est ques-
tion du levain, et dans celle qui est relative au cinquième
chakra, il s'agit d'un trésor. Ici, dans la sixième parabole,
il est question d'un homme activement engagé dans le pro-
cessus de la recherche et de sa réaction lorsqu'il est con-
fronté à l'objet de sa quête.
Dans chacune des autres paraboles, le centre d'intérêt
est l'utilisation d'un principe qui facilite le développement
de la numinosité. Dans celui-ci, toutefois, le processus est
quelque peu inversé. Il ne s'agit plus de l'absorption d'un
principe par un être, mais de placer un être tout entier
dans un principe. Nous en dirons davantage par la suite.
Nous pouvons cependant dire dès maintenant que tandis
que les autres paraboles concernent l'expansion, celle-ci
traite de la concentration.
Les symboles importants dans cette parabole sont le mar-
chand et l'objet de sa recherche, les perles. Voilà des
symboles dont la signification est universelle.
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 265

En plaçant un marchand au centre de convergence de


cette parabole, Jésus abordait le mécanisme de la recher-
che consciente. Par exemple, dans la cinquième parabole
- celle du trésor caché - l'homme qui le trouva tomba
par hasard sur une bonne chose. Nous pouvons dire en
sa faveur qu'il était suffisamment conscient pour recon-
naître sa valeur lorsqu'il le voit. Par contre, en ce qui con-
cerne le marchand, la recherche est devenue consciente,
si bien qu'elle exige toute son attention, sa vigilance. Il
s'agit ici d'un professionnalisme au plus haut degré et de
l'application de ce professionnalisme à la tâche de la
recherche.
La forme du marchand est un symbole adéquat pour
la recherche consciente dans la mesure où un marchand
est expert dans la détermination de la valeur. Il est dans
le commerce d'export-import et il est certainement très au
courant des coutumes et des cultures de nombreux pays.
Sa recherche de «belles perles» embrasse probablement le
monde entier. Sa vision de ce qui a de la valeur n'est pas
limitée par des barrières fabriquées par l'homme que ce
soient les siennes, familiales, tribales, nationales, raciales,
ou idéologiques. Il est, à lui seul, l'épitomé de la largeur
d'esprit et du professionnalisme.
Quant aux «belles perles» que cet homme recherche,
nous pouvons avoir un aperçu de ce qu'elles représentent
dans le processus du Royaume si nous examinons le pro-
cessus biologique qui amène la constitution de perles. La
perle est le produit de l'effort incroyable d'une huître pour
calmer une irritation. Quand un grain de sable envahit
le logement étroit d'une coquille d'huître, cette dernière
applique des couches de lubrifiant tout autour formant ainsi
un tampon de protection. Le résultat est une perle. C'est
la réponse de l'huître à l'irritation.
266 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

Il y a un processus particulier aux être humains qui


donne comme résultat des «perles» d'une variété différente.
C'est le processus qui consiste à tenter de placer toutes les
irritations de notre propre vie en perspective, de dévelop-
per des explications qui contribuent à rendre les difficul-
tés «supportables». Parfois de nombreuses couches de ces
explications forment un système cohérent appelé une phi-
losophie de la vie. Ceux qui l'ont constituée peuvent avoir
une vie confortable en dépit de toutes sortes d'irritations.
Et puisque les difficultés que plusieurs personnes rencon-
trent ne sont pas identiques, leurs expériences variées don-
nent naissance à diverses philosophies qui sont significati-
ves, chacune dans son contexte.
Lorsqu'il cherche de «belles perles», notre marchand,
c'est-à-dire notre Homme Universel, examine plusieurs tra-
ditions culturelles afin de découvrir la philosophie ou le
système d'explications qui s'accorde avec son propre
schème individuel de développement. Il veut utiliser son
système moins pour mettre son passé dans une perspec-
tive que pour structurer ses actions futures. Car, en vérité,
c'est bien l'aspect le plus élevé et le plus important d'un
système philosophique. Il nous permet de nous engager
avec confiance. Quand nous trouvons un système philo-
sophique qui a l'accent de la vérité et que nous engageons
toutes nos actions futures en accord avec lui, nous nous
séparons de tout le reste en faveur de ce système. Selon
les termes de la parabole, le marchand a vendu tous ses
biens pour posséder cette perle de grand prix.
Dans la perspective de I'Ajna ou sixième chakra il dit que,
en vue d'utiliser pleinement les pouvoirs de ce centre pour
la cause du Royaume - la cause de la conscience étant
elle-même en expansion - nous devons apprendre l'enga-
gement. Le chakra Ajna est rattaché à la glande pinéale située
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 267

en profondeur dans le cerveau, en face de l'espace entre


les sourcils. La glande pinéale a été désignée comme le
«troisième œil» dans la mesure où on a considéré qu'elle
jouait un rôle dans l'expression de la clairvoyance et de
manifestations analogues. Quand le Troisième Oeil est
ouvert, l'individu est supposé capable d'entrer en relation
avec les essences des choses directement au lieu de se con-
tenter d'avoir avec elles un contact superficiel. La perle
de grand prix signifie donc que le Troisième Oeil œuvre
en vue de développer l'étape finale dans la compréhension
du Soi car cela permet à l'individu de transcender toutes
les formes symboliques.
Lorsque la compréhension du Soi est obtenue, l'indi-
vidu est capable de formuler l'objectif spécifique de sa vie.
C'est pourquoi le marchand dans la parabole voulait se
séparer de tout ce qu'il possédait pour acquérir cette perle.
En réalité, nous devons ôter toutes les entraves qui nous
empêchent de réaliser entièrement le but de notre vie.
Il est aussi significatif que le prix de la perle ait été rela-
tif à la valeur du marchand. Ceci nous enseigne que lors-
que nous avons trouvé l'objectif de notre vie - la perle
que nous avons cherchée - toute notre vie antérieure
devient un prélude à ce moment. La Vie commence pour
de bon seulement à partir de ce moment.
Nous pouvons maintenant passer à un second niveau
d'interprétation de cette parabole. Ce second niveau est
obtenu quand nous égalons le marchand au numineux lui-
même lorsqu'il cherche à s'exprimer dans une réalité
humaine. On trouve ici une certaine réversibilité qui
n'apparaît nulle part ailleurs. Lorsque la conscience a été
capable de s'exprimer grâce au Troisième Oeil ou 4jna
chakra, il est néanmoins difficile de savoir de quelle direc-
268 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

tion proviennent ces efforts. Vu de l'extérieur, l'individu


lutte pour donner une expression sans défaut à une philo-
sophie de la vie, tandis que, de l'intérieur, un certain Prin-
cipe divin incarné dans la philosophie lutte pour se don-
ner une expression par l'intermédiaire d'une forme
humaine. Il s'agit en effet du processus d'un individu qui
devient un Avatar.
Nous avons déjà vu qu'un Avatar est un être humain
qui donne expression à un Principe divin. Il accomplit ceci
en concentrant tous ses efforts pour donner à ce Principe
son expression totale. Ce faisant, il aide le reste de l'huma-
nité à mieux se concentrer sur ce Principe et à l'installer
dans la conscience individuelle. Nous pouvons aussi con-
sidérer que, dans la mesure où le marchand se contente
d'une perle et non de plusieurs, il se limite lui-même volon-
tairement, si bien que tout ce qu'il exprime dans son être
acquiert la plus grande intensité possible. Tout se passe
comme s'il avait choisi de devenir un étroit rayon de
lumière plutôt qu'un autre plus large. Le rayon étroit a
une capacité d'illumination beaucoup moins grande mais
une très grande intensité, alors que l'autre rayon a une
large illumination, mais une intensité réduite. (3)
La réversibilité trouvée ici nous permet d'assurer que,
avec le même degré d'intentionnalité ou de volonté, le numi-
neux recherche cette Perle parfaite, le Troisième Oeil de
cet individu qui est préparé de manière à pouvoir concen-
trer tous ses efforts là-dessus. Quand cette acquisition est
faite, le numineux et le Royaume «synonymement» peuvent
se limiter à une fonction. Par exemple, l'expression du
numineux dans les chakras inférieurs est accomplie par des
voies que l'on peut appeler «miraculeuses» ou non con-
ventionnelles. Ces modes d'expression sont conçus pour
assister l'individu à s'éveiller à la merveille de !'Etre, à
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 269

l'aventure qu'est la Vie. Tous ces modes d'expression


deviennent néanmoins superflus quand l'individu est suf-
fisamment conscient pour considérer la Vie dans sa mani-
festation ordinaire comme un événement merveilleux et
miraculeux. Cette réalisation devient possible quand le
Troisième Oeil est ouvert au numineux: c'est la perle de
grand prix qu'il recherche. Car, lorsque cette étape de
l'expression de la Conscience a été atteinte, on peut dire
que la Conscience est devenue consciente d'elle-même ou
bien, dans le langage hermétique des alchimistes du Moyen
Age, que le Serpent a avalé sa propre queue.
Finalement, afin de démontrer l'universalité de cette
expérience, nous allons considérer une manière différente
d'exprimer le principe de la réversibilité de la direction
de l'effort dans la lutte. Il est exprimé ici sous la forme
d'un dilemme personnel.
«Un jour, moi Chuang Tzu, j'ai rêvé que j'étais
un papillon, voletant çà et là, à tous égards un
papillon. J'étais seulement conscient d'obéir à ma
fantaisie en tant que papillon, mais j'étais incons-
cient de mon individualité en tant qu'homme.
Tout à coup, je m'éveillais et j'étais là, couché,
moi-même derechef. Maintenant je ne sais plus
si j'étais alors un homme en train de rêver que
j'étais un papillon ou si je suis maintenant un
papillon en train de rêver que je suis un
homme». (4)
Comme Chuang Tzu, la question pour l'individu qui
travaille à maîtriser le Troisième Oeil, la Perle de grand
prix, est de savoir si c'est lui qui essaie d'incarner la Con-
science où si c'est la Conscience qui l'utilise comme un
véhicule pour s'exprimer elle-même.
270 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

4. La parabole du jüet
Le Principe de consolidation et d'assimilation
La parabole finale dans ce cycle de paraboles sur le
Royaume traite de différents symboles reliés par un pro-
cessus sous-jacent. Dans la mesure où cette parabole repré-
sente la manifestation du processus de la conscience en
expansion au septième chakra, ou Sahasrara, nous allons
voir comment cette entreprise, dans son expression indi-
viduelle, est menée à son terme.
«Le Royaume des Cieux est encore semblable
à un filet jeté dans la mer et ramassant des pois-
sons de toute espèce. Quand il est rempli, les
pêcheurs le tirent; et après s'être assis sur le
rivage, ils mettent dans des vases ce qui est bon
et ils jettent ce qui est mauvais. Il en sera de même
à la fin du monde. Les anges viendront séparer
les méchants d'avec les justes, et ils les jetteront
dans la fournaise ardente, où il y aura des pleurs
et des grincements de dents» (Matthieu 3:47-50).
La signification sous-jacente de cette parabole concerne
le processus de jugement et d'assimilation qui prend place
dans la psyché humaine comme une réalité immédiate.
En apparence il s'agit d'un jugement final déterminant
la destinée individuelle. Cette impression vient de l'utili-
sation de termes symboliques tels que «la fin du monde».
D'autres traductions du Nouveau Testament portent «la
fin des temps» ou «la fin de l'âge». Dans le cadre de la
structure du chakra, il s'agit de la conclusion d'un cycle
d'expériences humaines ou d'«incarnations» du point de
vue de l'âme. En Orient où le concept de chakra est lié
à celui de la réincarnation, il est dit que, au moment où
le Sahasrara chakra est ouvert, l'individu est libéré de la
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 271

nécessité de renaître après la vie présente. Cet individu,


une fois libéré, devient un Mukta, comme on le nomme
en sanskrit. Le processus de libération des cycles de vie
et de mort est appelé mukti et celui qui a ce bonheur devient
ainsi une partie de !'Esprit Eternel, c'est-à-dire de Dieu.
Bien qu'il y ait différentes versions du processus de réin-
carnation, le plus élaboré attribue le processus de renais-
sance non au mental humain ou égo, mais à l'âme. (5) Ce
niveau de réalité est connecté à l'individu durant sa vie
terrestre. A la mort de l'organisme biologique, l'âme assi-
mile les expériences de cette vie en elle-même et alors,
en fonction des leçons supplémentaires à assimiler dans
un environnement terrestre, elle est ramenée à la terre
dans un autre corps. On enseigne également que les cir-
constances dans lesquelles l'âme naît sont déterminées par
les leçons dont elle a besoin pour équilibrer les expérien-
ces acquises au cours des incarnations antérieures.
Dans ce contexte doctrinal, nous pouvons trouver des
explications à cette parabole. Le fait que la réincarnation
soit étrangère à tout ce qui est traditionnellement ensei-
gné sous le nom de doctrine chrétienne ne signifie pas
qu'on n'en trouve aucune allusion dans le Nouveau Tes-
tament. De la même manière que nous avons vu que de
nombreux concepts et doctrines orientaux sont jusqu'ici
passés inaperçus dans les enseignements de Jésus, des allu-
sions au principe de la réincarnation (du moins une ver-
sion de celui-ci) peuvent être trouvées ici.
Revenons maintenant à la parabole dont certains
symboles essentiels qui y figurent nous permettront d'élu-
cider la signification. Il s'agit du «filet» qui a été jeté, de
la «mer» dans laquelle il a été jeté et des «poissons» de
toute espèce qui figuraient dans la prise. Les symboles
de la «mer» et du «poisson» sont universels dans leur usage
272 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

et ils relèvent du symbolisme religieux et des mytholo-


gies de diverses cultures. Ils appartiennent donc à la caté-
gorie de symboles que l'on appelle Archétypes et dont nous
avons déjà parlé dans le premier et le septième chapitres.
La «mer» dans laquelle le «filet» a été jeté représente
le processus de la Vie à un niveau qui est entièrement
psychique et collectif, niveau qui se situe au-dessous du
seuil de la conscience individuelle. Cette «mer» représente
ce que Carl Gustav Jung (6) a nommé <<Inconscient col-
lectif». C'est de ce niveau collectif de pulsions psychiques,
d'impulsions, de schémas mentaux et émotionnels, que
l'égo individuel reçoit ses ordres. Une expression est alors
donnée à ces ordres dans la vie terrestre et les activités
quotidiennes de l'individu.
Les «poissons» représentent les identités individuelles,
c'est-à-dire les vies dont l'expérience a été faite au niveau
de l'égo seulement. D'après le concept de la réincarna-
tion, beaucoup de ces identités vont inclure l'âme qui a
engrangé nombre d'expériences. Le «filet» signifie un
agrégat de ces poissons, c'est-à-dire l'âme. Le tri du «pois-
son» représente le processus du jugement que l'âme subit.
Ce processus entraîne la sélection et le rejet d'expérien-
ces de la vie tirées des nombreuses incarnations de l'âme.
Lorsque ce processus est complet, la partie de l'âme qui
est en harmonie avec le Principe de l'Unicité et de l'Unité
de la Vie ne fait plus qu'un avec Dieu. Le reste retourne
à l'inconscient collectif.
Le concept de la «fin» du monde ou du temps ou de
l'âge, représente la fin du temps qui concerne l'âme.
Quand la fin arrive pour l'âme, elle doit s'intégrer au
moyen d'une vie terrestre individuelle et, si nécessaire,
boire la coupe amère du chagrin dans la mesure où elle
apporte des expériences inharmonieuses ou non assimilées.
CINQUIEME PARTIE

La signifiance du Christ
dans la
transformation personnelle

si je vis, ce n'est plus moi qui vis,


« ... et
c'est Christ qui vit en moi... "
(Galates 2:20)
CHAPITRE XIII

Le symbolisme de la Kundalini
dans les miracles de Jésus
tels qu'ils sont rapportés
par Jean et Matthieu

1. Le fonctionnement de la Kundalini
après son éveil
On peut conclure sans risques que si l'individu met en
pratique les instructions contenues dans le Sermon sur la
Montagne et les paraboles sur le Royaume, il pourra libé-
rer l'énergie psychique refoulée de la Kundo.lini. Lorsque
cette force est suffisamment dégagée des restrictions impo-
sées par les schèmes limitatifs de la pensée individuelle,
des sentiments et des actions, elle supprime toutes les bar-
rières qui demeurent encore et commence à jouer dans
notre vie en toute liberté.
Une des principales manifestations qui suit l'éveil de
la Kundalini est son pouvoir de «guérir» et de purifier le
corps, élevant dans ce processus l'entière conscience cor-
porelle. Cet aspect de la Kundalini est exprimé par le
276 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

symbolisme de deux serpents entrelaçant un bâton ou un


autre axe vertical. Des variantes de ce symbolisme peu-
vent se trouver dans les mythes de diverses cultures : dès
2350-2150 av. J.-C. dans Ahkad, vers 2025 av. J.-C. a
Sumer (1) et jusqu'à nos jours sous forme de l'emblème
de la profession médicale en Occident.
Joseph Henderson, qui a retrouvé un certain nombre
de modifications subies par ce symbole, écrit dans sa con-
tribution personnelle à l'ouvrage collectif «Man and his
Symbols» (2) (l'homme et ses symboles) :
« .. .le serpent, tel qu'il est représenté par le
symbole de la thérapie attaché à Esculape, dieu
romain de la médecine, a survécu jusqu'à nous
comme le signe de la profession médicale. Il s'agis-
sait à l'origine d'un serpent vivant dans les arbres
et non venimeux. Enroulé, comme nous le voyons,
autour du bâton du dieu guérisseur, il semble
incarner une sorte de médiation entre la terre et
le ciel. Un symbole encore plus important et très
répandu, de transcendance chtonienne, est le motif
des deux serpents entrelacés. Ce sont les fameux
serpents Naga de l'Inde ancienne, et nous les trou-
vons également en Grèce où ils figurent à l'extré-
mité du bâton appartenant au dieu Hermès ...
A l'origine, en Egypte, Hermès était connu
comme le dieu Thoth, à tête d'ibis. Il était donc
perçu comme le principe transcendant sous forme
d'oiseau. A nouveau, dans la période olympienne
de la mythologie grecque, Hermès recouvra les
attributs de la vie d'un oiseau surajoutés à sa
nature chtonienne en tant que serpent. Son bâton
fut doté d'ailes au-dessus des serpents, devenant
ainsi le caducée ou bâton ailé de Mercure, et le
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 277

L'Eden Le serpent d'airain


de Moïse

Le système des chakras

Le caducée Jésus sur la croix


278 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

dieu lui-même devint l' «homme volant» avec son


chapeau ailé tout comme ses sandales». (3)
L'association du serpent avec la guérison n'est pas res-
treinte à la sphère de la mythologie mais se retrouve éga-
lement dans les religions d'un grand nombre de peuples,
par exemple dans !'Hindouisme, le Jaïnisme, le Boud-
dhisme et le Mithraïsme, pour en citer quelques-unes. On
la rencontre aussi dans l'Ancien Testament où, malgré
un dédain affirmé pour le serpent, considéré comme mal-
faisant (comme il apparaît dans l'épisode de l'Eden), il
resplendit en une circonstance pour conférer la vie au lieu
de la mort. C'est l'incident du serpent d'airain tel qu'il
est rapporté dans le Livre des Nombres.
D'après ce récit, les Israélites étaient dans le désert au
retour d'un combat sur le Mont Hor quand une forte dis-
sension s'éleva parmi eux. On nous dit que, pour cette
raison, «le Seigneur envoya contre le peuple des serpents
brûlants; ils mordirent le peuple, et il mourut beaucoup
de gens en Israël». Le peuple supplia Moïse qui, après
avoir intercédé auprès de Dieu par la prière, reçut de Lui
l'instruction suivante : «Fais-toi un serpent brûlant, et
place-le sur une perche; quiconque aura été mordu et le
regardera, conservera la vie.» Moïse fit ce qui lui avait
été commandé et il en résulta que« ... quiconque avait été
mordu par un serpent et regardait le serpent d'airain, con-
servait la vie». (Nombres 21 :8-9).
Il est significatif que Jésus ait choisi cet incident du ser-
pent d'airain sur une perche comme un symbole qui
annonçait sa propre crucifixion. Jean, dans son Evangile,
raconte ce que Jésus a dit :
«Et comme Moïse éleva le serpent dans le
désert, il faut de même que le Fils de l'Homme
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 279

soit élevé, afin que quiconque croit en Lui ait la


vie éternelle». CTean 3: 14-15).
Ce que Jésus suggérait réellement ici c'est un parallèle
entre sa propre mission et le processus de la Kundalt'ni
éveillée que symbolisait le serpent d'airain en position
verticale.
Cette relation triple d'abord entre le serpent et la Kun-
dalini, ensuite entre la Kundalini et la guérison, enfin entre
Jésus et la Kundalini, nous aide à situer dans une meil-
leure perspective l'aspect de thaumaturge, notamment
celui de guérisseur dans le ministère de Jésus.
Dans la mesure où il représentait la Kundalini éveillée,
il devint automatiquement l'incarnation de la guérison
dans ses aspects physique, émotionnel et spirituel à la fois.
Il est apparent que les auteurs de <<Matthieu» et de «Jean»
le savaient et qu'ils ont fait les plus grands efforts pour
donner le relief nécessaire au symbolisme de la Kundalini
dans les miracles. L'Evangile de Jean mentionne seule-
ment sept miracles choisis pour leur valeur démonstra-
tive. Lorsque nous examinons leurs caractéristiques, nous
nous apercevons que chacun d'eux représente le résultat
d'une activation ou guérison de l'un des chakras. Dans
«Matthieu» il en est de même pour les onze premiers mira-
cles (4-) choisis pour leur valeur exemplaire et qui, d'après
son auteur, ont eu lieu immédiatement après le Sermon
sur la Montagne.
Ce principe qui relie entre eux tous ces miracles
confirme encore cet aspect des Evangiles qui relève du
domaine de l'art plutôt que de celui de l'histoire. Dans
la mesure où les auteurs des Evangiles se proposaient
d'atteindre des objectifs et de dépeindre des principes, les
événements de la vie de Jésus sont abrégés, réarrangés
ou interprétés en vue de communiquer des impressions
280 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

spécifiques. Par exemple, nous trouvons trois différents


«premiers» miracles de Jésus dans les Evangiles. Pour
Jean, c'est le miracle de Cana où Jésus a changé l'eau
en vin. Jean dit de ce miracle :
«Tel fut à Cana, en Galilée, le premier des
miracles que fitJésus. Il manifesta sa gloire et ses
disciples crurent en lui» Qean 2:11).
Pour Matthieu, le premier miracle est la guérison d'un
lépreux qui eut lieu immédiatement après le retour de
Jésus de la montagne où il avait fait son sermon. Pour
Marc et Luc, c'était la guérison d'un homme qui avait
un esprit impur.

2. Le récit des miracles selon Jean


Les sept miracles de Jean sont : a) le changement de
l'eau en vin; b) la guérison à distance du fils d'un officier
du roi; c) la guérison d'un paralytique à la piscine de
Bethesda; d) la multiplication des pains pour les cinq mille
personnes; e) la marche sur les eaux ;f) la guérison d'un
aveugle-né; g) la résurrection de Lazare.
La relation entre les miracles et les chakras devient claire
lorsque nous incluons également la relation entre les chakras
et les glandes endocrines qui peuvent être associées à cha-
cun des chakras. Différents aspects de cette relation ont été
considérés précédemment.
a) Changement de l'eau en vin
Ce miracle décrit dans les dix premiers versets du
second chapitre de «Jean» rapporte comment Jésus a
changé le contenu de six vases d'eau en vin à un moment
critique de pénurie au cours d'un repas de noces à Cana.
Dans la perspective des chakras, ce miracle correspond au
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 281

cha,kra Muladhara et aux glandes de la génération, au


système endocrinal. Ce sont les gonades, les testicules chez
les hommes et les ovaires chez les femmes.
Changer de l'eau en vin symbolise le type de transfor-
mation de l'énergie et d'objectif qui doit accompagner un
changement de conscience personnelle. Dans la littéra-
ture concernant le yoga on assure que la transformation
de l'être ne peut avoir lieu si l'individu ne change pas le
désir orienté vers la perpétuation physique, biologique,
en un désir comparable orienté vers le progrès spirituel.
On dit aussi que les retas (liquides sexuels) doivent être
changés en ojas (forme d'énergie plus élevée). (5)
Ce n'est certainement pas un concept étranger aux
enseignements de Jésus. L'individu qui a pris conscience
de ces choses peut considérer que sa déclaration concer-
nant son statut sexuel et le Royaume des Cieux concer-
nent en fait un seul et même sujet :
« ... car il y a des eunuques qui le sont dès le ven-
tre de leur mère; il y en a qui le sont devenus par
les hommes; et il y en a qui se sont rendus eux-
mêmes eunuques, à cause du Royaume des Cieux.
Que celui qui peut comprendre comprenne» (Mat-
thieu 19-12).
Le fait que ce miracle ait nécessité six vases, suggère
une relation symbolique aux six autres chakras. La Kun-
dalini latente est stimulée et s'élève pour activer et ani-
mer les six autres chakras à partir du Muladhara.
b) Guérison à distance du fils de l'officier.
Dans ce miracle (décrit dans le quatrième chapitre de
«Jean», versets 46 à 54),Jésus écouta la demande de l'offi-
cier du roi et guérit son fils malade à Capharnaüm alors
que Jésus lui-même était à Cana, à dix-huit mille de dis-
282 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

tance. La relation entre le miracle et le chakra Svadvisthana


repose sur les similarités entre les principes sous-jacents
communs. Le trait le plus remarquable de ce miracle est
le fait que Jésus n'ait pas eu besoin de se trouver dans
la proximité immédiate de l'individu malade pour trans-
férer son pouvoir de guérison. En outre, l'acte de guéri-
son était accompli à la demande d'un tiers, ce qui souli-
gnait encore mieux le facteur de séparation.
Le principe sous-jacent du chakra Svadvisthana concerne
aussi une sorte de séparation dans la mesure où il est lié
à la polarisation sexuelle et, par suite, à l'attraction entre
les sexes. Ceci est souligné par l'association de ce chakra
avec les glandes endocrines de la différenciation sexuelle
secondaire, les cellules de Leydig chez l'homme et les cel-
lules hilaires chez la femme.
L'acte de guérison à distance et par l'intercession d'un
intermédiaire a pour but de démontrer que la Kundalini
éveillée donne la maîtrise sur l'espace et les structures de
classe et, par conséquent, sur la polarisation et l'attraction.
c) Guérison d'un paralytique à la piscine de Bethesda.
Ce miracle est rapporté par «Jean» 5: 1-9 et concerne
la guérison d'un paralytique qui ne pouvait pas être plongé
dans la piscine (et donc obtenir sa guérison) du fait qu'il
était incapable de se mouvoir.Jésus le vit et après lui avoir
demandé s'il désirait guérir, le guérit quand il fit une
réponse affirmative. La guérison eut lieu pendant le Sab-
bat et encourut donc la désapprobation des gens, ce
jour-là.
Cette guérison démontre clairement une relation avec
le chakra Manipura et la glande endocrine qui lui est ratta-
chée. Le chakra Manipura est décrit comme le siège de la
volonté. Ceci est renforcé par la fonction des glandes sur-
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 283

rénales qui lui sont aussi rattachées. Ces glandes produi-


sent une des hormones qui a été reconnue comme la prin-
cipale source du pouvoir énergétique chez l'homme.
L'homme qui se trouvait sur le bord de la piscine avait
été infirme pendant trente-huit ans et n'était pas plus
assuré maintenant de profiter de la guérison restée hors
de sa portée pendant toute cette période. Ceci est symbo-
lique des individus qui sont inefficaces et qui sont inca-
pables de rassembler l'énergie nécessaire pour mettre leurs
plans à exécution.
Bien que l'abus de pouvoir soit une forme plus répan-
due du fonctionnement défectueux du chakra Manipura,
l'échec ici pourrait aussi être expliqué par un manque
d'efficacité véritable dans la poursuite de choses qui en
valent la peine.
d) La multiplication des pains
Ce miracle se trouve dans «] ean » 6: 1-14. Il décrit le
moment où Jésus prenant seulement cinq pains et deux
poissons les multiplia au point de nourrir cinq mille per-
sonnes. Douze paniers de morceaux furent ramassés
quand chacune d'elles eut mangé. Le principe qui sous-
tend ce miracle est la provision de nourriture spirituelle
d'une source divine et sa distribution partout où c'est
nécessaire. Cette tâche est accomplie grâce à la compas-
sion. Le chakra Anahata, concerné par ce miracle, se rap-
porte également à la distribution de substances nutriti-
ves et à la compassion. Il est en connexion avec le système
circulatoire du corps qui, à son tour, est responsable de
la distribution des substances nutritives à travers le corps.
La glande endocrine associée au chakra Anahata est le
thymus. Sa fonction concerne l'entretien du système
immunitaire du corps. Il préserve donc l'homogénéité du
284 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

système corporel en tant qu'unité de fonctionnement. Le


thymus est gros pendant l'enfance mais diminue et devient
moins actif pendant l'adolescence. Le «stress» est connu
comme l'un des facteurs qui réduisent sa dimension. La
multiplication des pains dans ce miracle pourrait être
considérée comme l'allègement d'une situation de «Stress»
e) La marche sur les eaux
Dans ce miracle, décrit par «Jean» 6 : 16-21, les disci-
ples faisaient un voyage en barque sur la mer de Galilée,
de Tibériade à Capharnaüm quand Jésus s'approcha
d'eux en marchant sur la mer. Ce miracle semble diffé-
rent des autres en ce sens qu'il ne montre pas une guéri-
son ou une autre bonne action dont quelqu'un bénéficie.
Le principe que ce miracle représente est celui de la maî-
trise sur les «éléments». Il concerne l'aptitude du mental
illuminé à s'éléver au-dessus de la conscience du groupe
(celle du niveau inférieur) symbolisée ici par l'eau. Le
symbole de l'eau est adéquat car il représente les situa-
tions de la vie qui nous engloutiraient si aucun effort
n'était fait pour nous élever au-dessus d'elles.
Le chakra Vishuddha, auquel ce miracle est associé, est
rattaché à la glande thyroïde, située dans la gorge. On
sait que cette glande joue un rôle dans la respiration et
le métabolisme du corps tout entier. Elle a aussi un effet
déterminant sur l'humeur des individus au point qu'elle
a été appelée la glande du Dr J ekyll et de Mr Hyde à cause
des sautes d'humeur que son mauvais fonctionnement
peut provoquer.
La marche sur l'eau symbolise le contrôle total sur
l'humeur, les émotions et toutes choses semblables que
nous obtenons lorsque l'active Kundalini est unie au prin-
cipe de Conscience dans le centre de son objectivation,
le chakra Vishuddha.
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 285

f) Guérison d'un aveugle-né


Ce miracle est décrit dans «] ean » 9 : 1-12. Ici nous
voyons Jésus rendre la vue à un aveugle-né. Le récit de
cet événement comporte certains concepts qui renforcent
l'association entre les miracles et les chakras. Avant la gué-
rison de l'aveugle, ses diciples lui demandèrent si la cécité
de l'homme était le résultat d'un péché commis par lui
ou par ses parents. Jésus réplique qu'il était né aveugle
non à cause des péchés de quiconque «mais afin que les
œuvres de Dieu soient manifestées en lui». Jésus déclara
ensuite qu'il était «la lumière du monde».
Ce miracle représente l'activation du chakra AJna, c'est-
à-dire l'ouverture du Troisième Oeil. Il a été dit précé-
demment que dans les annales de l'ésotérisme, l'ouver-
ture du Troisième Oeil est liée à l'activation de la glande
pinéale qui, d'après la science médicale, est sensible à la
lumière. Les cercles ésotériques soutiennent que c'est cette
activation qui constitue le processus connu sous le nom
d' «illumination».
Quand la conscience est illuminée, l'individu devient
capable de discerner le réel du symbolique, le spirituel
du temporel.
g) La résurrection de Lazare
La résurrection de Lazare est relatée en détail dans
«jean» 11 : 1-46. Elle représente la résurrection qu'un
individu subit dans sa propre conscience quand la Kun-
dalini atteint le chakra Sahasrara. Lorsque ceci se produit,
l'individu devient aveugle au monde mais vivant dans
!'Esprit, c'est-à-dire qu'il reçoit son inspiration et règle
sa conduite à partir d'éléments spirituels et non plus
matériels.
L'éveil du chakra Sahasrara implique aussi que l'individu
a obtenu la maîtrise sur la mort et la peur de mourir. En
286 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

vérité seule une telle personne mérite le qualificatif de


régénéré.

3. Les miracles selon Matthieu


Le rapport des miracles aux chakras s'écarte quelque peu
du cadre rigide de «Jean». Cela ne signifie pas pour autant
que l'association avec les chakras est moins valable. Les
auteurs des Evangiles de Matthieu et de Jean ont seule-
ment choisi des effets différents pour représenter la gué-
rison de chaque chakra. Il y a aussi une différence dans
l'arrière-plan technique, implicite dans l'association du
chakra. Tandis que «Jean» considère sept miracles de haute
signification, «Matthieu» en considère initialement onze.
Les neuf premiers de ceux-ci peuvent être associés aux
sept chakras majeurs plus deux mineurs situés entre le
cinquième et le sixième puis entre le sixième et le sep-
tième. (6)Les deux autres miracles (onze moins neuf) sont
reliés au sixième et au cinquième chakras dans un schéma
descendant.
Dans la structuration de «Matthieu», la Kundalini monte
à travers les septs chakras majeurs et les deux mineurs puis,
après l'éveil du chakra Sahasrara, elle descend à nouveau
jusqu'au centre de la gorge.
Les miracles qui établissent le schéma ci-dessus sont les
suivants :
a) La guérison d'un lépreux; b) la guérison à distance
du serviteur d'un centurion; c) la guérison de la belle-
mère de Pierre; d) la guérison de plusieurs démoniaques;
e) l'apaisement de la tempête ;f) la guérison de deux démo-
niaques; g) la guérison d'un paralytique par le pardon
de ses péchés; h) la guérison d'une femme atteinte
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 287

d'hémorragies; i) la résurrection de la fille d'un chef;J)


la guérison de deux aveugles et; k) la guérison d'un démo-
niaque muet.
a) La guérison d'un lépreux
Les détails de ce miracle se trouvent dans «Matthieu»
8: 14. Ici, Jésus guérit un lépreux en le touchant après que
le lépreux eut demandé àJésus de le rendre pur. Ce mira-
cle se rapporte au chakra Muladhara et peut être comparé
au miracle du changement d'eau en vin chez «Jean».
La différence entre ces deux miracles réside dans les
caractéristiques du chakra Muladhara que chacun a choisi
de réprésenter par son symbolisme. Dans ce miracle,
l'aspect qui est représenté est sa fonction d'ancrer !'Esprit
dans la matière. Nous avons dit précédemment que le
chakra Muladhara est relié à la survie physique et, par con-
séquent, à la satisfaction des besoins physiques. La mala-
die et la destruction du tissu physique, tel que celui qui
est accompli par la lèpre, détruisent la fonction du chakra
Muladhara. Autrement dit, !'Esprit dans l'homme a pour
objet d'outrepasser sa demeure matérielle mais non de
la détruire. Or, on ne peut pas trouver une maladie plus
destructive symboliquement pour le corps physique que
la lèpre. Cette maladie se manifeste comme une dégéné-
rescence du tissu corporel au point que le lépreux est fina-
lement défiguré. La guérison accomplie par Jésus symbo-
lise la restauration du contact entre le corps et !'Esprit.
b) La guérison à distance du serviteur d'un centurion
Ce miracle se trouve dans «Matthieu», 8:5-13. Dans
ce miracle, Jésus est prié par un centurion de guérir son
fidèle serviteur dangereusement atteint de paralysie.
Quand Jésus accepta d'aller guérir le serviteur, le centu-
rion répondit que Jésus n'avait pas besoin d'aller chez
lui car il n'avait qu'à prononcer un mot. Après avoir loué
288 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

le centurion pour sa foi, Jésus guérit le serviteur à partir


de l'endroit où il se trouvait.
Sur plus d'un point, cette guérison est semblable à la
guérison du fils de l'officier chez Jean. Dans les deux
exemples, celui qui intercédait le faisait en faveur de
quelqu'un sous son autorité et, quand la guérison était
accomplie, celui qui était guéri n'était pas présent. Ce
miracle manifeste à nouveau la guérison du chakra Svad-
vishthana grâce à la transcendance de polarité apportée par
la géographie ou par le statut social. La nature de la mala-
die guérie n'est pas non plus dénuée de sens. Le cdnterpre-
ter's di"ctionary of the Bible» (7) dit que le terme «Paisy» est une
corruption, datant du XVJe siècle, du mot français paralysie et
qu'il est devenu le terme populaire pour désigner diver-
ses sortes de paralysies. Cette condition qui peut résulter
d'une détérioration du système nerveux central se carac-
térise par une incapacité de se mouvoir ou d'accomplir
entièrement les fonctions corporelles.
Le Svadvishthana, de par son association avec la fonc-
tion sexuelle, est associé à la capacité d'éprouver des sen-
sations et la guérison de la victime de paralysie symbo-
lise aussi un retour de cette capacité.
c) La guérison de la belle-mère de Pierre
Ce miracle se trouve dans «Matthieu», 8:14-15. On
nous raconte comment Jésus se rendit dans la maison de
Pierre dont il vit la belle-mère couchée et avec de la fiè-
vre. Jésus la guérit et elle se leva pour les servir. Ce miracle
contraste avec la guérison du paralytique dans «Jean».
Dans le cas de la belle-mère de Pierre, la guérison a res-
tauré l'homéostasie au corps à cause de la suractivité (c'est-
à-dire la génération de chaleur). Avec le paralytique il
s'agissait de sous-activité du fait que le corps était inca-
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 289

pable de répondre à sa volonté. Cet état de la belle-mère


de Pierre est lié au chakra Manipura.
d) La guérison de plusieurs démoniaques et d'autres
maladies.
Ce sont vraiment de nombreux miracles, mais la
manière de les présenter suggère qu'ils symbolisent un
seul principe. Dans «Matthieu», 8: 16-17, il est dit qu'on
amena à Jésus plusieurs possédés du démon et qu'il chassa
les mauvais esprits par sa parole et guérit tous ceux qui
étaient malades afin que les paroles d'Isaïe fussent
accomplies :
«Il a pris nos infirmités et il s'est chargé de nos
maladies» (Isaïe 53:4).
Ceci suggère que le récit de ces miracles se rapporte
à la guérison du chakra Anahata, le Centre du Cœur. Ce
dernier était en effet reconnu comme le Centre de la com-
passion et de l'empathie. Dans la liste des miracles de
«Jean», le miracle qui correspond à ce chakra est la multi-
plication des pains, un autre acte relevant d'une empa-
thie spontanée.
e) La tempête apaisée
Dans ce miracle rapporté par «Matthieu», 8:23-27,
Jésus était avec ses disciples dans une barque lorsqu'une
tempête éclata. Dans cet épisode, Jésus dormait et le désar-
roi s'empara de ses disciples. Ils l'éveillèrent et aussitôt
il «menaça» les vents et la mer pour ramener le calme.
Ceci se rapporte au chakra Vishuddha et symbolise la maî-
trise de la conscience éveillée sur les éléments de la vie,
qu'ils soient physiques, émotionnels ou mentaux. Il
symbolise aussi le pouvoir qu'a la conscience de rétablir
l'ordre dans le chaos.
Il est significatif que ce miracle soit, presque en tout
point, comparable au miracle de Jésus marchant sur les
290 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

eaux tel qu'il est rapporté par «Jean». Il s'agit, dans les
deux cas, d'une démonstration de pouvoir sur les expres-
sions physiques de la Nature.
f) La guérison de deux démoniaques
Ce miracle, rapporté dans «Matthieu», 8:28-33,
concerne la guérison de deux hommes qui étaient sous
l'influence de démons. Les démons, chassés par Jésus,
entrèrent dans un troupeau de porcs. Ces caractéristiques
relient ce miracle au cinquième chakra ainsi qu'à celui qui
le précède. Cependant il devrait être en rapport avec l'un
des chakras de moindre importance, situé entre Vishuddha
et l'Ajna. C'est-à-dire le chakra Lalana, selon certaines sour-
ces classiques. (8)
g. La guérison d'un paralytique par le pardon de ses
péchés
Ce miracle rapporté dans «Matthieu», 9:1-9, concerne
la guérison d'un paralytique qu'on lui apporte pour qu'il
le guérisse. En le voyant, Jésus lui dit que ses péchés
étaient pardonnés. Ce miracle signifie que les problèmes
de santé sont liés à l'existence du péché. Ceci contraste
avec la guérison de l'aveugle chez «Jean» car, dans ce cas,
Jésus dit que son handicap n'avait rien à voir avec le
péché, que ce soit le sien ou celui de ses parents. Il est
significatif que les deux miracles, tant celui relaté par
«Jean» que celui décrit par «Matthieu», se rapportent au
chakra Ajna. Chez «Jean», toutefois, la relation entre le
miracle de la restauration de la vue et l'ouverture du Troi-
sième Oeil est plutôt directe. Ici, c'est par allusion.
Le «pardon des péchés» est aussi un symbole pour l'illu-
mination correspondant au chakra Ajna. Celui qui est «illu-
miné» est en effet capable de voir tout ce qu'il a été et
tout ce qu'il a fait par rapport à tout ce qu'il aurait pu
faire pour le bien des autres, qu'ils aient été bons ou
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 291

méchants. On devient donc «pardonné». Il n'y a donc


pas de reports sous forme de culpabilité et de choses ana-
logues. Nos énergies sont alors disponibles pour leur uti-
lisation à des desseins constructifs.
h) La guérison d'une femme atteinte d'hémorragies
Cette guérison est rapportée dans «Matthieu», 9:20-22.
Elle a lieu alors que Jésus était en route pour accomplir
un autre miracle, la résurrection de la jeune femme dans
le coma. Une femme atteinte d'une perte de sang depuis
douze ans toucha le bord de son vêtement. Aucun détail
sur la nature de la «perte de sang» n'est donné dans le
récit. Toutefois, Jésus sentit que quelqu'un l'avait tou-
ché et dès qu'il eut vu la femme, il l'assura que sa foi
l'avait guérie.
Ce miracle se rapporte au chakra situé entre 1'Ajna et
le Sahasrara, le Manas.
i) La résurrection d'une jeune femme dans le coma
Ce miracle décrit dans ccMatthieu», 9:18, 23-26,
concerne la fille d'un chef, malade et en danger de mort.
Le récit dit que les gens qui la soignaient considéraient
qu'elle était morte mais que Jésus leur assura qu'elle
n'était point morte mais seulement «endormie». Qu'elle
ait été vraiment morte ou dans le coma importe peu pour
le principe sous-jacent que ce miracle représente. Ce prin-
cipe était l'éveil de l'individu de l'inconscience à la pleine
conscience. Ce miracle est donc très clairement rattaché
au chakra Sahasrara. Il peut être comparé à la résurrection
deLazare dans la liste de «Jean».
j) La guérison de deux aveugles
Il est précisé dans «Matthieu», 9:27-31, qu'à la suite
du miracle de la résurrection de la fille d'un chef, deux
aveugles s'approchèrent de Jésus et le prièrent de les gué-
292 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

rir. Comme il leur demanda s'ils le croyaient capable de


le faire, ils répondirent affirmativement. Alors, Jésus les
guérit. Le miracle se rapporte également au chakra Ajna.
Lorsque la Kundalini a atteint le chakra Sahasrara et que
l'individu devient spirituellement éveillé (symbolisé par
la résurrection de la fille d'un chef du coma et la résur-
rection de Lazare d'entre les morts), l'énergie s'écoule
vers le bas d'abord par le chakra Ajna puis par le Vishu-
dalla et par l'Anahata. L'ouverture des yeux des deux aveu-
gles se rapporte au Troisième Oeil, symbole de l'Ajna.
k) La guérison d'un démoniaque muet
Ce miracle est raconté dans «Matthieu», 9:32-33, et
se rapporte au Centre de la Parole ou chakra Vishuddha.
Bien que Jésus ait fait bien d'autres miracles, «Jean»
et «Matthieu» y font à peine allusion. Par exemple, «Mat-
thieu» dit :
Jésus parcourait toutes les villes et les villages,
enseignant dans les synagogues prêchant la bonne
nouvelle du Royaume et guérissant toute mala-
die et toute infirmité» (9: 35).
CHAPITRE XIV

La destinée future
de ceux qui sont sauvés

1. Ce que cache le symbolisme du Ciel


Parmi les nombreuses questions qui surgissent lorsque
nous interprétons psychologiquement la vie et les ensei-
gnements de Jésus, se trouve celle de la destinée future
de «ceux qui sont sauvés». Selon les interprétations tra-
ditionnelles du Nouveau Testament les «sauvés» doivent
hériter le Royaume des Cieux qui toujours selon la même
interprétation, est conçu comme un lieu où la joie est
insurpassable et sans fin. Cet héritage est considéré comme
une juste récompense pour la rectitude et les sacrifices de
la vie présente.
Lorsque nous commençons à admettre la démarche pré-
sentée dans ce livre, c'est-à-dire à considérer Jésus-Christ
comme la représentation d'un Principe qui doit être assi-
milé par la conscience de l'individu et à percevoir le
Royaume des Cieux comme le processus de l'expansion
de la Conscience elle-même, il devient nécessaire d'expri-
mer une destinée des «sauvés» dans des termes en accord
294 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

avec cette façon de penser. En vérité, la destinée qui s'har-


monisera avec cette façon de considérer Jésus et ses ensei-
gnements est celle qui tentera de répondre à la question
suivante : comment le processus de l'expansion de la
Conscience se résoudra-t-il lui-même, à la fin?
En vue de conduire correctement cette recherche, nous
devons retourner à notre modèle d'homme à sept degrés
car c'est dans ce cadre que le travail de l'expansion de
la Conscience dans l'individu a été considéré. Ce modèle
présente aussi l'avantage de contribuer à une compréhen-
sion de l'avenir collectif de l'humanité ainsi que la flexi-
bilité nécessaire pour s'adapter aux conceptions tradition-
nelles sur la destinée de l'homme. Il s'ajuste à tous ces
rôles dans la mesure où il fournit des explications au
symbolisme qui sous-entend les révélations du Nouveau
Testament sur le sujet (spécialement celles de Paul).
L'aspect particulier du modèle à sept degrés qui nous
occupe ici est tant soit peu éloigné par l'abstraction de
l'idée des chakras et des degrés de la conscience personnelle.
Dans ce modèle également, chaque chakra au-dessus du
Muladhara (le premier) forme un point d'interphase avec
une Réalité qui s'élève chaque fois davantage au-dessus
de la réalité physique. Avec l'inclusion du premier chakra
qui est en rapport avec le corps physique, l'individu a la
potentialité d'être en harmonie avec sept <<mondes» (1)
imbriqués.
Le premier est le monde physique que l'individu habite
avec son corps physique. Quant aux six «mondes» sui-
vants, ils appartiennent à un ordre plus élevé et ne sont
pas aisément discernables à une conscience humaine ordi-
naire. L'individu est connecté à ces «mondes» par l'inter-
médiaire de «corps» supérieurs dont il peut n'avoir aucune
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 295

perception tangible. En fait, il peut avoir l'expérience de


connexions avec ces corps par des phénomènes tels que
les rêves, les hallucinations, les visions, les intuitions et
les révélations, le voyage astral et toutes choses semblables.
Un exemple explicite figure dans la Bible : il s'agit d'un
incident au cours duquel un individu fit lui-même cette
expérience d'un corps supérieur et du «monde» plus élevé
qu'il habite.
Saint Paul nous parle en effet d'un homme «ravi
jusqu'au troisième ciel». Il est généralement admis qu'il
s'agit de l'apôtre Paul lui-même. Au sujet de cette expé-
rience il a écrit :
«Je connais un homme en Christ qui fut, il y
a quatorze ans, ravi jusqu'au troisième ciel (si ce
fut dans son corps je ne sais, si ce fut hors de son
corps je ne sais, Dieu le sait).
Et je sais que cet homme (si ce fut dans son
corps ou sans son corps je ne sais, Dieu le sait)
fut enlevé dans le paradis et qu'il entendait des
paroles ineffables qu'il n'est pas permis à un
homme d'exprimer» (II Corinthiens 12:2-4).
Le fait que Paul ait mis à ce point l'accent sur cet inci-
dent suggère que, indépendamment de son propre sens
d'humilité, il lui sembla très difficile de trouver les ter-
mes de référence pour le rapporter à une expérience ordi-
naire. Sa révélation concernant cet homme qui «entendit
des paroles ineffables qu'il n'est pas permis à un homme
d'expliquer», ne doit pas être prise dans un sens littéral
comme s'il s'agissait de mots audibles. Ce qu'il suggère,
c'est qu'il n'était pas possible d'exprimer l'intensité du
niveau des consciences auquel cet individu avait été exposé
dans le cadre des mots limités du langage ordinaire. En
d'autres termes, il n'y avait pas de règles, aucun terme
296 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

de référence pour guider quelqu'un dans la traduction de


l'intelligence qui caractérisait un ordre de Réalité si élevé,
en termes pertinents pour ce monde terrestre, ce monde
physique.
C'est pour cela même que des réalités différentes peu-
vent cœxister avec celle qui se trouve à l'intérieur sans
qu'un individu se rende compte que la transformation de
soi par l'expansion de la conscience est une nécessité.
Lorsqu'il met tous ses efforts au service de l'expansion
de sa propre conscience, ce qu'un individu entreprend en
réalité c'est l'établissement de connections plus stables avec
ses «Corps» supérieurs et les «mondes» plus élevés. La soli-
dité de ces connections est habituellement inversement
proportionnelle à la solidité de sa compréhension de la
Réalité gouvernée par les sensations émanant du monde
physique. C'est la raison pour laquelle les austérités et
l'ascèse ont une si grande part dans les observances des
différents groupes religieux. Paul, lui même, a avisé les
chrétiens de ne pas se laisser envahir par les sensations
de la conscience corporelle mais de «mortifier» à la fois
le corps et ses actions :
«Si vous vivez selon la chair vous mourrez ; mais
si par l'Esprit vous faites mourir les actions du
corps, vous vivrez» (Romains 8: 13); et «Faites
donc mourir les membres qui sont sur la terre ... »
(Colossiens 3:5).
Du point de vue scientifique, l'objet de la transforma-
tion de la Conscience dans le cadre du modèle d'homme
à sept degrés est corroboré par les découvertes de physi-
que théorique. C'est le physicien théorique qui a confirmé
ce que soutenaient les mystiques del' Antiquité, à savoir
que ce que nous percevons comme la réalité sur le plan
physique n'est qu'un aspect particulier d'une Réalité plus
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 297

vaste. Nous savons maintenant que notre perception de


la matérialité à travers ses diverses manifestations -
forme, densité, poids - est une conséquence de la nature
limitée de nos sens. Cela n'a pas toujours été le cas. Il
fut un temps où un physicien disait qu'il savait si quel-
que chose existait réellement quand il pouvait lui donner
un coup de pied. (2)
A une autre époque, on pensait que la molécule était
l'élément de base de la matière, puis, plus tard, elle a été
abaissée (ou élevée?) au rang d'atome et finalement à des
«particules» encore plus petites. Nous en sommes main-
tenant arrivés au point où il serait scientifiquement stu-
pide de parler d'une «particule» constituante de la
matière. En effet, la recherche scientifique a confirmé que
la constituante de la matière est mieux traduite par le
terme d'«onde» que par celui de «particule». La recher-
che scientifique a eu pour résultat de nous éloigner tou-
jours davantage de l'autorité de nos sens physiques
jusqu'au point où la matière elle-même, dont nos corps
sont composés, «disparaît» pour n'être rien de plus que
des «Ondes» ou, mieux encore, des «vibrations».
Dans la pensée orientale, la nature illusoire de la réa-
lité telle qu'elle est perçue par les sens est une chose
admise. Ils désignent le nom de physique et ses attributs
sous le nom de maya c'est-à-dire illusion. Ils considèrent
que le devoir spirituel de l'homme est, non pas de s'envo-
ler vers les Cieux, mais d'essayer plutôt de se libérer d'un
état d'existence illusoire. Ils essaient de faciliter ceci par
la discipline du yoga laquelle inclut des pratiques qui visent
à fortifier le corps (hatha yoga) le mental (raja yoga) et
la volonté (karma yoga). (3) On considère que celui qui
accomplit son yoga réalise l'union des aspects supérieurs
de son être au cours de sa vie physique. Un autre aspect
298 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

important du modèle de la conscience à sept degrés, et


qui aide à éclairer la destinée des «sauvés» est l'idée de
réincarnation. Bien qu'il existe plusieurs interprétations
de cette idée, la signification fondamentale est que ce que
nous considérons comme une vie individuelle dans le
monde physique est seulement une des nombreuses ten-
tations que l'âme entreprend pour se parfaire dans les ver-
tus divines. Au fur et à mesure que le processus de per-
fection avance, l'âme devient progressivement capable de
graver la conscience d'une Réalité supérieure dans le men-
tal de l'individu auquel elle est reliée dans l'espace-temps.
Quand le processus de perfection de l'âme atteint un
niveau où les expériences sur cette terre ne lui sont plus
nécessaires, l'illusion d'une existence matérielle perd tout
pouvoir sur l'âme qui devient donc une âme libérée. Cette
âme-là ne sera plus assujettie aux renaissances si ce n'est
comme un acte délibéré de sacrifice dans le but d'aider
à éclairer et à libérer le reste de l'humanité. Selon le con-
cept de chakra, une âme libérée correspond à l'individu
dont la conscience est ancrée dans le septième chakra, c'est-
à-dire le Sahasrara.

L'une des implications de la réincarnation est que la


mort physique de l'individu est uniquement la fin d'un
chapitre d'expériences du point de vue de l'âme. Quand
une vie est terminée, les expériences de cette vie sont éva-
luées et jugées. Ce jugement est porté en fonction du cri-
tère suivant : dans quelle mesure les événements de la vie
ont-ils contribué à rendre l'âme plus consciente de l'unité
du dessein de la Vie sous-jacente en tant que Principe.
A la suite de cette évaluation, une décision doit être prise
concernant les expériences terrestres ultérieures qui peu-
vent être nécessaires pour achever une expérience incom-
plète ou pour contrebalancer des attitudes inadéquates.
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 299

Par contraste avec les attitudes chrétiennes tradition-


nelles, ceux qui pratiquent le yoga n'ont pas besoin de
l'attrait du Ciel pour vivre dans la conscience. Ils recon-
naissent que, de même que les talents et la capacité de
compréhension qui sont mamtenant les leurs sont le pro-
duit accumulé des expériences acquises par l'âme dans
des incarnations précédentes, de même l'effort individuel
dans la vie présente permettra à l'âme de s'exprimer plus
facilement dans une vie future.

2. Arguments doctrinawc tirés


du Nouveau Testament concernant l'orientation
du processus de la destinée de l'homme
Comme le montre une étude sérieuse, tous les éléments
doctrinaux indispensables à l'élaboration de la future des-
tinée de l'homme en accord avec le modèle à sept degrés
sont contenus dans le Nouveau Testament. Il convient
toutefois de tenir compte de la perspective particulière dans
laquelle la destinée de l'homme est considérée. Par exem-
ple, tandis que le modèle à sept degrés auquel l'Orient
se réfère opère à la manière d'un processus, le Nouveau
Testament considère les choses sous l'aspect du temps et
des choses qui sont limitées par le temps. Le Nouveau
Testament s'adresse donc au mental borné par la terre.
Il s'efforce de graver en lui l'aspect éphémère de l'exis-
tence sur le plan matériel et la nécessité de profiter des
occasions favorables qui peuvent être rares et fugitives.
Cette perspective spéciale du Nouveau Testament per-
met de comprendre pourquoi la destinée individuelle est
considérée par rapport à deux points de repères tempo-
300 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

rels : la mort de l'individu et le Second Avènement de


Jésus-Christ. Par contraste avec l'enseignement oriental
de la réincarnation, l'apôtre Paul ne considère pas la des-
tinée comme un processus mais comme quelque chose qui
prend place en deux étapes distinctes : A la mort, le sort
de l'individu est scellé, «mis sous clé», et au Second Avè-
nement du Christ il reçoit sa récompense finale.
Bien que Paul contribue ainsi à faciliter au commun
des mortels l'accès à des processus métaphysiques com-
plexes, la perspective spéciale dans laquelle l'apôtre nous
présente la destinée de l'homme nous crée des problèmes.
En effet il manque à son enseignement sur la mort la
rigueur théorique et la consistance logique d'un système
philosophique. Ce n'est que lorsque ces enseignements
sont comparés au système plus complet du modèle à sept
degrés que les contradictions évidentes se trouvent
compatibles.
En ce qui concerne son enseignement sur la finalité de
la mort, Paul dit :
«Et comme il est réservé aux hommes de mou
rir une seule fois, après quoi vient le jugement... »
(Hébreux 9:27).
Ceci donne l'impression que le sort de l'individu est
scellé à la mort pour toute l'éternité. Ses enseignements
sur le sort des chrétiens qui sont morts renforcent l'idée
que la mort est le moment de la comptabilité finale. Dans
le passage suivant, il donne l'idée que la mort offre au
chrétien l'opportunité de se réunir avec Jésus Christ son
Sauveur.
«Nous sommes toujours pleins de confiance et
nous savons qu'en demeurant dans ce corps nous
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 301

demeurons loin du Seigneur - car nous marchons


par la foi et non par la vue - , nous sommes pleins
de confiance et nous aimons mieux quitter ce corps
et demeurer auprès du Seigneur (II Corinthiens
5:6-8).
Cette idée de la mort envisagée comme le moment de
la récompense est toutefois contredite par Paul lui-même
lorsqu'il essaie de décrire la manière dont la «récompense»
finale du Salut, la résurrection du corps lors du Second
Avènement du Christ, serait orchestrée.
A plusieurs reprises, il se réfère à ces individus qui sont
morts, dans les termes suivants : «endormis» en Christ,
et il met l'accent sur «endormis». Par exemple, dans la
citation qui suit il s'efforce de rassurer ceux qui, dans
l'Eglise de Thessalonique, ont pu être en deuil car les
«morts en Christ» ne perdront point leur récompense.
«Nous ne voulons pas, frères, que vous soyez
dans l'ignorance au sujet de ceux qui dorment,
afin que vous ne vous affligiez pas comme les
autres qui n'ont point d'espérance.
Car si nous croyons que Jésus est mort et qu'il
est ressuscité, croyons aussi que Dieu ramènera
par Jésus et avec lui ceux qui sont endormis.
Voici en effet ce que nous vous déclarons
d'après la parole du Seigneur : nous les vivants,
restés pour l'avènement du Seigneur, nous ne
devancerons pas ceux qui sont endormis.
Car le Seigneur lui-même, à un signal donné,
à la voix d'un archange et au son de la trompette
de Dieu, descendra du ciel, et les morts en Christ
ressusciteront premièrement. Ensuite, nous les
vivants, qui serons restés, nous serons tous ensem-
302 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

ble enlevés avec eux sur des nuées, à la rencontre


du Seigneur dans les airs, et ainsi nous serons tou-
jours avec le Seigneur» (1 Thessaloniciens
4:13-17).
Ces déclarations de Paul concernant le sort des morts
en Christ nous paraissent hautement symboliques lors-
que nous les opposons à l'arrière-plan du modèle à sept
degrés. Par exemple, son idée selon laquelle les «morts
en Christ» sont endormis jusqu'au Second Avènement du
Christ n'est qu'une autre manière de parler du proces-
sus que le modèle de conscience à sept degrés connaît sous
le nom de réincarnation. Ceci n'est pas évident en appa-
rence, si ce n'est après avoir reconnu que par contraste
avec l'Orient où le processus vital est considéré à partir
d'un niveau supérieur de l'Etre, l'enseignement de Paul
voit les choses à partir de l'étroit intervalle de temps limité
par la naissance et la mort de l'individu. Dans la pers-
pective de cet étroit intervalle, des incarnations addition-
nelles del' Ame ne seraient en aucune manière différen-
tes du sommeil puisque dans le cours normal de ce pro-
cessus, aucun souvenir des vies passées ne demeure.
Par ailleurs, un argument doctrinal en faveur de la pré-
sence de la réincarnation dans les enseignements de Paul
peut être trouvé dans le concept de «prédestination» qu'il
a exposé. Cette doctrine que Paul explique dans son épî-
tre aux Romains, formule l'idée que des individus pour-
raient être destinés au Salut parce qu'ils sont «prédesti-
nés» par Dieu. Dans l'extrait suivant de son épître aux
Romains, ce processus est présenté comme un dévelop-
pement en cinq étapes, toutes dues à l'action divine. Il
y est dit que l'individu est : a) préconnu par Dieu, b) pré-
destiné par lui, c) appelé par lui, d) justifié par lui et, e)
glorifié par lui.
Nous savons, du reste, que toutes choses con-
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 303

courent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux


qui sont appelés selon son dessein.
Car ceux qu'il a connus d'avance, il les a aussi
prédestinés à être semblables à l'image de son Fils,
afin que son Fils fut le premier né entre plusieurs
frères.
Et ceux qu'il a prédestinés il les a aussi appe-
lés; il les a aussi justifiés; et ceux qu'il a justifiés,
il les a aussi glorifiés.
Que dirons-nous donc à l'égard de ces choses?
Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous?»
(Romains 8:28-31).
Il est possible que Paul ait introduit cette doctrine parce
que, d'une part, elle avait été confirmée par ses propres
expériences et que, d'autre part, elle lui fournissait l'occa-
sion de traiter le problème de l'inégale distribution des
opportunités parmi les individus, même s'il le fait d'une
manière détournée. Toutefois, il est difficile de dire sans
connaître son intention spécifique s'il était entièrement
conscient du lien que par son étroite affinité avec le con-
cept de réincarnation, la prédestination établit avec le
système oriental. La preuve de l'équivalence de ces deux
concepts n'est guère un sujet de controverse : La réin-
carnation assure que la situation d'un individu dans la
vie présente est déterminée par les expériences antérieu-
res de l'âme. La prédestination soutient que quelques indi-
vidus sont destinés au Salut du fait que, d'avance, ils sont
connus par Dieu. De cette manière Paul rappelait sa posi-
tion principale, à savoir l'étroit intervalle de temps com-
pris entre la vie et la mort de l'individu. La préconnais-
sance de l'individu par Dieu signifie simplement que
l'individu continue seulement un effort antérieur conscient
orienté vers un éveil de la Conscience.
304 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

3. Le Second Avènement du Christ


Le Second Avènement du Christ est devenu pour Paul
ainsi que pour les autres apôtres un «événement» qui ser-
vait de point de référence pour la rédemption finale de
l'individu. La possibilité que cet «événement» ait été uti-
lisé comme une métaphore en vue d'exprimer l'issue finale
de ce travail de transformation au niveau collectif ne peut
être écartée. La distinction entre le Salut personnel et le
Salut collectif n'est pas toujours claire dans les enseigne-
ments chrétiens alors même qu'elle constitue une base
essentielle pour les enseignements du Nouveau Testament.
L'identification du Second Avènement du Christ avec le
Salut au niveau collectif n'exclut pas la position prise dans
l'introduction selon laquelle l'individu pourrait aboutir
à l'union avec le Christ en tant que Principe, faisant ainsi
l'expérience du Second Avènement du Christ dans la con-
science. La différence entre l'expérience personnelle du
Second Avènement et celle dont parlent les apôtres réside
dans le fait qu'ils mentionnaient partiellement une expé-
rience au niveau collectif.
Sous l'aspect du Salut personnel, ceci s'explique par
un changement de conscience personnelle. Ceci est appelé
dans les cercles ésotériques «le Premier Oeuvre» ou
!'«Oeuvre Mineur». Le Salut Collectif, d'autre part, sera
expliqué par un changement dans la nature même de ce
que, présentement, nous reconnaissons comme «la réa-
lité». Un tel changement est «le Grand Oeuvre» de trans-
formation de la Conscience. Quand il se produit il en
résulte une nouvelle «réalité» qui sera aussi tangible que
la présente réalité matérielle. La relation entre le Salut
personnel et le Salut Collectif est une relation de cause
à effet. La transformation personnelle est une précondi-
tion pour accéder à la transformation collective car c'est
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 305

seulement lorsqu'un nombre suffisamment grand d'indi-


vidus réussissent à obtenir la transformation de la Con-
science qu'un changement dans la nature de la «réalité
admise par consensus» se produit
Le processus tout entier peut être comparé à l'action
d'une balançoire. Quand l'équilibre est rompu en faveur
de la conscience et aux dépens de l'inconscience dans le
sens collectif, tout l'ensemble bascule. Telle est l'action
pour laquelle nous dit l'apôtre Paul, cda création tout
entière soupire et souffre les douleurs de l'enfantement»
(Romains 8:22). Comme nous l'avons déjà reconnu, notre
présente réalité matérielle n'est qu'un exemple spécifique
et très restreint parmi toutes les réalités possibles. Pour
nous il est «réel» parce que nous sommes tous impliqués
dans une conspiration qui nous a conduits à renforcer
l'illusion d'une fausse réalité, par une persuasion récipro-
que. Lorsque Paul nous entretient de ce changement de
réalité qui sera le sort des individus transformés, il dit :
«Voici, je vous dis un mystère : nous ne mour-
rons pas tous, mais tous nous serons changés
En un instant, en un clin d'œil, à la dernière
trompette. La trompette sonnera et les morts res-
susciteront incorruptibles et nous, nous serons
changés.
Car il faut que ce corps corruptible revête
l'incorruptibilité et que ce corps mortel revête
l'immortalité.
Lorsque ce corps corruptible aura revêtu
l'incorruptibilité et que ce corps mortel aura revêtu
l'immortalité, alors s'accomplira la parole qui est
écrite : la mort a été engloutie dans la victoire»
(1 Corinthiens 15:51-54).
306 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

Dans un autre discours, Paul considère ce changement


de réalité comme l'«adoption» et la «rédemption» du
corps, ce qui implique le changement de la substance
matérielle elle-même dont nos corps sont composés.
Il dit :
«Aussi la Création attend-elle avec un ardent
désir la révélation des fils de Dieu. Car la Créa-
tion a été soumise à la vanité - non de son gré
mais à cause de celui qui l'y a soumise-, avec
l'espérance qu'elle aussi sera affranchie de la ser-
vitude de la corruption pour avoir part à la liberté
de la gloire des enfants de Dieu.
Or nous savons que, jusqu'à ce jour, la Créa-
tion tout entière soupire et souffre les douleurs de
l'enfantement.
Et ce n'est pas elle seulement, mais nous aussi
qui avons les prémices de l'Esprit, nous aussi nous
soupirons en nous-mêmes en attendant l'adoption,
la rédemption de notre corps» (Romains 8:19-23).
Il est maintenant possible d'expliquer le paradoxe des
nobles personnages bibliques énumérés par Paul - et dont
il a dit que «le monde n'était pas digne» - mourant sans
avoir reçu c<la promesse». Il a placé Abel, Enoch, Noé,
Abraham, Sarah, Isaac, Joseph, Moïse, Rahab (la pros-
tituée), Gédéon, Barak, Samson,Jephthé, David, Samuel
et d'autres qu'il réunit sous le nom de «prophètes» dans
la catégorie de ceux qui étaient morts sans recevoir la pro-
messe. Il dit à leur sujet :
«C'est dans la foi qu'ils sont tous morts, sans
avoir obtenu les choses promises mais ils les ont
vues et saluées de loin, reconnaissant qu'ils étaient
étrangers et voyageurs sur la terre.
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 307

Ceux qui parlent ainsi montrent qu'ils cher-


chent une patrie.
S'ils avaient eu en vue celle d'où ils étaient sor-
tis, ils auraient eu le temps d'y retourner.
Mais maintenant ils en désirent une meilleure,
c'est-à-dire une céleste. C'est pourquoi Dieu n'a
pas honte d'être appelé leur Dieu, car il leur a pré-
paré une cité».
Comme il continue son panégyrique, il ajoute :
«Ceux qui, par la foi, vainquirent des royau-
mes, exercèrent la justice, obtinrent des promes-
ses, fermèrent la gueule des lions, éteignirent la
puissance du feu, échappèrent au tranchant de
l'épée, guérirent de leurs maladies, furent vaillants
à la guerre, mirent en fuite des armées étrangères.
Des femmes recouvrèrent leurs morts par la
résurrection, d'autres furent livrés aux tourments
et n'acceptèrent point de délivrance afin d'obte-
nir une meilleure résurrection.
D'autres subirent les moqueries et le fouet, les
chaînes et la prison; ils furent lapidés, sciés, tor-
turés, ils moururent tués par l'épée, ils allèrent
çà et là vêtus de peaux de brebis et de peaux de
chèvres, dénués de tout, persécutés, maltraités,
- eux dont le monde n'était pas digne- errants
dans les déserts et les montagnes, dans les caver-
nes et les antres de la terre.
Tous ceux-là, à la foi desquels il a été rendu
témoignage n'ont pas obtenu ce qui leur était pro-
mis, Dieu ayant en vue quelque chose de meil-
leur pour nous afin qu'ils ne parvinssent pas sans
nous à la perfection» (Hébreux 11: 13-16, 33-40).
308 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

Ces individus, ayant achevé le Premier Oeuvre, doi-


vent attendre l'issue du Grand Oeuvre. Dans ce dessein,
Jésus-Christ est devenu un prototype, le premier de la
chaîne d'assemblage de ce processus de transmutation
Il lui incombait alors de servir en qualité de capitaine pour
«conduire à la gloire beaucoup de fils» (Hébreux 2: 10).
C'est pourquoi Paul assurait ses fidèles que
« ... si !'Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus
d'entre les morts habite en vous, Celui qui ares-
suscité Christ d'entre les morts rendra aussi la vie
à vos corps mortels par son Esprit qui habite en
vous» (Romains 8: 11 ).

4. Le parallèle oriental
La vision que nous offre Paul concernant l'accomplis-
sement de cette transmutation est partagée aussi par le
modèle oriental. Selon le philosophe mystique et érudit
Sri Aurobindo (1872-1950) (4), les saints hommes qui ont
composé les Ecritures indiennes appelées Védas il y a quel-
que six mille ans d'aujourd'hui, ont laissé des références
concernant la destinée future de la matière et de l'homme.
Sri Aurobindo a pu utiliser ces écrits pour corroborer ses
propres découvertes, à savoir que « ... la Matière est une
forme voilée de la Vie», et «la Vie, une forme voilée de
la Conscience». (5) Il a vu cette Vie dans la Matière
comme cette force qui à la fin se dévoilera elle-même pour
faire avancer l'humanité dans une réalisation plus com-
plète de sa destinée éternelle : celle d'un véhicule capa-
ble de porter !'Esprit.
A la manière de Paul qui vit le corps comme une par-
tie intégrante et indispensable dans la destinée de l'huma-
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 309

nité qui est de se prêter à «la révélation des fils de Dieu»


(Romains 8: 19), Shri Aurobindo a déclaré :
«Le corps pourrait devenir un vaisseau révélateur de
la beauté et de la joie suprêmes, répandre la beauté de
la lumière de !'Esprit qui l'emplit, rayonner comme la
lampe reflète et diffuse la clarté de sa flamme, contenir
la béatitude de l'Esprit, la joie du mental qui voit, la joie
de la vie et l'allégresse spirituelle, la joie de la Matière
délivrée et devenue conscience de l'Esprit, et vibrer d'une
invariable extase». (6)
«Ce nouveau corps avec sa conscience accrue
deviendrait la base de «Nouveaux Cieux et d'une
nouvelle terre où la justice habitera» (II Pierre
3: 13)
Les «Nouveaux Cieux» dans la conception de Sri Auro-
bindo ne signifieraient pas des lieux de plaisir et de repos
mais des plans toujours plus élevés de l'Etre vers lesquels
même l'Homme nouveau doit s'efforcer de tendre. De
même, la Terre Nouvelle représenterait un état dans lequel
la Matière obéit aux lois supérieures, dans lequel l'obs-
curité cède la place à la clarté, dans lequel l'ignorance cède
la place à la conscience. Dans cette Terre Nouvelle, même
la Mort sera abolie.
Lorsqu'il explique ce type d 'émergence et la structure
que prendrait la manifestation Nouvelle et Supramentale
de !'Esprit sur la Terre, Sri Aurobindo dit :
«Il se peut qu'une fois commencée, l'entreprise (supra-
mentale) n'avance pas rapidement, il se peut qu'elle
prenne de longs siècles d'effort avant d'arriver à naître
avec quelque permanence. Mais ce n'est pas tout à fait
inévitable; Les changements de ce genre dans la Nature semblent
avoir pour principe une longue et obscure préparation, suivie d'un
310 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

rassemblement rapide et d'imprécipitation des éléments dans une


nouvelle naissance - une conversion brusque, une transformation
quifaitfigure de miracle par sa lumineuse instantanéité. Une fois
le premier changement décisif effectué, il est certain aussi
que l'humanité tout entière ne sera pas capable de s'éle·
ver à ce niveau. Il ne peut manquer de se produire une
division entre ceux qui sont capables de vivre au niveau
spirituel et ceux qui sont simplement capables de vivre
dans la lumière qui descend au niveau mental. Et en des·
sous aussi, il se pourrait qu'il reste une grande masse
influencée d'en haut mais pas encore prête pour la
lumière. Mais ce serait déjà une transformation, un corn·
mencement qui dépasserait de beaucoup tout ce que l'on
a réalisé jusqu'à présent. Cette hiérarchie n'entraînerait
pas, comme dans notre existence vitale actuelle, une domi-
nation égoïste du moins développé par le plus développé;
les aînés de la race, au contraire, guideraient leurs frères
plus jeunes et travailleraient sans cesse à les élever à des
niveaux spirituels plus hauts et vers des horizons plus vas·
tes. Et pour les guides aussi, l'ascension aux premiers
niveaux spirituels ne serait pas la fin de la marche divine,
ce ne serait pas un sommet qui ne laisse plus rien à accom·
plir sur la terre. Il y a d'autres niveaux au sein du monde
supramental, encore plus élevés, ainsi que le savaient les
anciens poètes védiques qui parlaient de la vie spirituelle
comme d'une ascension constante ... ». (7)

Il est étonnant, et c'est le moins qu'on puisse dire, de


trouver une relation si étroite entre deux hommes de
milieux et de formation aussi différents que l'apôtre Paul
et Sri Aurobindo. Par exemple, dans la citation ci-dessus,
Sri Aurobindo voit ce changement comme « ••• une con·
version brusque, une transformation qui fait figure de
miracle par sa lumineuse instantanéité», et Paul le voit
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 311

se passer « ... en un moment, en un clin d'œil, nous serons


changés».
Sri Aurobindo voit aussi la transmutation qui en résulte,
organiser l'humanité en fonction des qualités intérieures
que l'individu a nourries dans sa lutte pour transformer
sa propre conscience : «Il ne peut manquer de se produire
une division entre ceux qui sont capables de vivre au
niveau spirituel et ceux qui sont seulement capables de
vivre dans la lumière qui descend au niveau mental», et
ainsi de suite. Dans le même esprit, Paul déclare :
«Tout ce que vous faites, faites-le de bon cœur,
comme pour le Seigneur et non pour des hommes,
sachant que vous recevrez du Seigneur l'héritage
pour récompense. Servez Christ, le Seigneur. Car
celui qui agit injustement recevra selon son injus-
tice, et il n'y a point d'acception de personnes»
(Colossiens 3:23-25).
Il dit aussi :
«Car il nous faut tous comparaître devant le tri-
bunal de Christ, afin que chacun reçoive selon le
bien ou le mal qu'il aura fait, étant dans son corps
(Il Corinthiens 5: 10).
Oui, la manifestation du «Supramental», selon la ter-
minologie de Sri Aurobindo et la «Résurrection» selon
la tradition du Nouveau Testament s'accompliront selon
une loi inviolable. Comme la parabole des talents (Mat-
thieu 25: 14-30) c'est la qualité intérieure de la conscience
qui déterminera le «Corps» et l'autorité que chacun rece-
vra «chacun dans son travail» ; le seul salut dans lequel
le processus de la transformation de la conscience indivi-
duelle trouvera sa solution, c'est l'opportunité d'obtenir
des réalisations toujours plus élevées afin de devenir un
312 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

véhicule approprié pour la manifestation de l'Esprit Divin


dans l'homme.
La preuve est là que nous devrions chercher le sens du
Christ pour notre époque dans un contexte universel plutôt
que dans des termes de références restreints à l'intérieur
desquels la Chrétienté a habituellement été interprétée.
Le temps est maintenant mûr pour nous de voir en Lui
le Catalyseur, l'organisation travaillant à l'intérieur plu-
tôt que la lumière à distance, le prophète d'un lieu éloi-
gné et d'un temps révolu. C'est seulement lorsque le
regard change sa direction de l'extérieur vers l'intérieur
que nous sommes prêts à partager la réalisation de l' apô-
tre Paul que «nous tous qui, le visage découvert, contem-
plons comme dans un miroir la gloire du Seigneur, nous
sommes transformés en la même image, de gloire en
gloire, comme par le Seigneur, l'Esprit» (Il Corinthiens
3:18).
APPENDICE 1

Le symbolisme astrologique
dans la relation
entre Jésus et ses apôtres
Nous pouvons montrer que le schème de la relation
entre Jésus et ses apôtres incorpore les principes cosmo-
logiques. Ceci prend la forme des douze apôtres repré-
sentant les douze signes du zodiaque avec Jésus qui cons-
titue le point d'intégration de tous ceux-ci. La preuve de
cette connection se trouve dans le sens des noms des apô-
tres. Ces derniers ont des affinités avec les caractéristi-
ques des signes astrologiques.
Une liste des noms des douze premiers apôtres figure
dans le dixième chapitre de «Matthieu», versets 2-4.
«Voici le nom des douze apôtres. Le premier,
Simon, appelé Pierre, et André, son frère; J ac-
ques, fils de Zébédée, et Jean, son frère; Philippe
et Barthélemy ; Thomas et Matthieu le publicain ;
Jacques, fils d 'Alphée, et Lebbaens appelé Thad-
dée ; Simon le Cananéen et Judas Iscariote, celui
qui livra Jésus».
Les sens étymologiques de la plupart des noms sont tirés
des travaux de référence sur la Bible tels que la «Analyti-
cal Concordance to the Holy Bible» du Dr Young, ainsi
314 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

APOTRE SENS DU NOM SIGNE DU ZODIAQUE

Simon ou Pierre Simon signifie cc entendant n Verseau, signe du


et Pierre signifie 11 roche n Porteur d'Eau
Entendre de la roche signifie
intuition
André Signifie 11 viril n, fort Lion, signe du Lion
Jacques et Jean Aucun sens spécifique dans Taureau, signe du Taureau
les noms, mais ils ont été Scorpion, signe de I'Aigle
appelés 11 fils du tonnerre n
par Jésus. Avec Pierre et
André ils ont formé les
11 quatre coins n du zodiaque

Philippe 11 Amateur de chevaux n Sagittaire, signe du Centaure


Barthélemy 11 Labouré, prêt pour les Vierge, signe de la Vierge
semaillesn
Thomas Nom signifiant 11 jumeau n Gémeaux, signe des Gémeaux
Matthieu Nom signifiant 11 joint n Poissons, signe des Poissons
groupés ensemble
Jacques Alphée signifie 11 Chefn Bélier, premier signe du
fils d'Alphée zodiaque et signe du Bélier
Lebba!lus Noms signifiant 11 homme de Cancer signe du Crabe
Thaddaeus cœur n et 11 mamelon du
seinn
Simon Le terme Canaanite ne se Balance, signe de la Balance
le cananéen réfère pas à une origine géo-
graphique selon 1.0.B. mais
au terme araméen désignant
cde zélote, l'enthOUSiaSte Il

Judas !'Iscariote Nom difficile à situer, mais Capricorne,


Judas était connu comme signe de la Chèvre
celui qui tenait la bourse,
l'homme d'affaires
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 315

que «The Interpreter's Dictionary of The Bible». Ces


aperçus sont complétés par des caractéristiques de certains
apôtres telles qu'elles sont rapportées dans les Evangiles.
Le paragraphe suivant comporte une liste des noms des
apôtres et de leurs sens, ainsi que les signes astrologiques
qu'ils représentaient.
Certaines des caractéristiques et des événement entoll-
rant quelques apôtres ont permis de situer leur place dans
le zodiaque. Par exemple, le groupe de Pierre, Jacques
etJean, a toujours accompagné Jésus. Ceci parce qu'ils
représentaient un des trois groupes dans lequel les signes
du zodiaque sont placés. Ce sont les signes fixes du Lion,
du Taureau, du Verseau et du Scorpion. Bien qu'André
appartienne au Lion, il a été supplanté par Jésus lui-même
pour des raisons cérémonielles. Jésus accomplissait son
rôle symbolique de «lion de la tribu de Juda» (Apo-
calypse 5:5) et Fils de Dieu. Le signe du Lion est symbo-
lisé par le lion, et le soleil est «la planète qui le gouverne».
Un autre aspect de cette association est qu'elle nous aide
à comprendre le soin extrême pris par les auteurs des
Evangiles pour énumérer les noms des apôtres dans un
certain ordre. Les noms sont donnés par paires mais le
sens véritable de leur ordre réside dans leur disposition
par groupes de quatre. Ceci est fait pour réfléchir les signes
en fonction de leur «Qualité».
Ainsi les quatre premiers, Pierre, Jacques, Jean et
André représentent les signes zodiacaux de la Qualité Fixe.
Les quatre seconds, Philippe, Barthélemy, Thomas et
Matthieu appartiennent aux signes de la Qualité Muta-
ble. Finalement, le troisième groupe, Jacques, fils
d'Alphée, Lebbaens Thaddée, Simon le Cananéen et
Judas Iscariote, représentent le signe de la Qualité
Cardinale.
APPENDICE II

Atelier de méditation
sur les Béatitudes

1. L 'objectif de la méditation
L'objectif de ces exercices de méditation est moins de
solliciter des expériences spirituelles que d'y gagner la
compréhension et le discernement afin de donner une
expression plus claire dans la vie aux principes spirituels.
Quand ces principes commencent à s'enraciner dans l'être
au point de constituer une partie de notre réalité, des expé-
riences extraordinaires peuvent en résulter de façon à
apporter à la conscience extérieure la confirmation et
l'assurance que les principes sont maintenant en place.
Lorsqu'elle est considérée dans le contexte de l'incar-
nation de principes spirituels, l'ultime pratique de la médi-
tation est la «méditation avec les yeux ouverts», ce qui
signifie que nous possédons la capacité de demeurer, à
tout moment, au centre de notre véritable moi, notre Moi
divin.
318 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

2. Condition préalable à une méditation efjz"cace


Toute méditation, quelle que soit la forme qu'elle
prenne, tire son efficacité du degré de sincérité de celui
qui la pratique. Particulièrement en ce qui concerne les
prières - méditations suggérées ici à propos des Béati-
tudes, la sincérité est une condition préalable et néces-
saire si nous voulons devenir clairs, très clairs sur l'objet
de notre recherche spirituelle.
Les conséquences pratiques de cette sincérité sont : en
premier lieu, que nous comprenions que la grâce de Dieu
puisse se manifester en réponse à notre invitation d'une
manière très différente de celle que nous cherchons ou que
nous attendons, ce qui implique ici une grande souplesse
dans notre attitude spirituelle. Nous ne pouvons rien
imposer à Dieu.
La seconde, conséquence de la sincérité dans la médi-
tation, c'est que nous devons être mentalement préparés
à mourir à notre conception de nous-mêmes telle que nous
pouvons la connaître et à vouloir naître progressivement
au véritable Moi que, pour le moment, nous pouvons
même ne pas comprendre. Il y a donc une incertitude et
un risque lorsque nous abandonnons une réalité qui nous
est connue pour une autre qui est à peine perçue, si tant
est qu'elle le soit.
Les autres aspects de la sincérité qui sont indispensa-
bles pour tirer le meilleur parti de la pratique de la médi-
tation sont les suivants :
a) être préparé à assumer la responsabilité du niveau de
conscience supérieure que l'on recherche;
b) être disposé à observer les autres pour reconnaître et
étudier les qualités qu'ils expriment et auxquelles nous
aspirons.
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 319

c) désirer nous voir tels que les autres nous voient et ne


pas être enclins à nous persuader que nous sommes déjà
en possession de ce que nous devrions rechercher;
d) et, finalement, la volonté de reconnaître ce que nous
sommes, sans porter de jugement et sans éprouver le
besoin de blâmer les autres pour tous les échecs ou insuf-
fisances que nous pouvons observer en nous-mêmes.

3. Technique
a) Cadre
Ces exercices sont pratiqués avec les meilleurs résul-
tats avant le coucher, mais ils peuvent avoir lieu à
n'importe quel moment lorsque vous avez quelques minu-
tes à vous. Personnellement, je préfère le soir dans la
mesure où nos efforts peuvent être complétés par la
matière du rêve tissée autour des principes que nous nous
efforçons d'amener à une expression consciente. L'aspect
suivant du cadre concerne l'endroit et la posture. Il
importe d'être à l'aise et sans distractions. Il convient aussi
de prendre une posture qui garde le dos bien droit et, au
besoin, de le maintenir avec des coussins. Certaines per-
sonnes préfèrent se coucher sur le dos, le corps étalé. Le
problème ici c'est qu'il est facile de s'endormir avant
d'avoir accompli la tâche que nous nous sommes fixés.
b) Concentration
Avant de commencer à vous concentrer sur les valeurs
que vous voudriez incorporer en vous, vous pourriez vous
clarifier davantage par une prière à la Divine Présence.
Celle-ci pourrait prendre l'aspect suivant :
«Ü Dieu d' Amour et de Miséricorde, Père divin, reçois
l'offrande de ma personne et considère la comme digne
320 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

de Ton Saint Nom. Accorde que pendant cet exercice,


je puisse concentrer mon attention sur ces valeurs que je
souhaite ardemment incorporer à l'expression de mon
être. Accorde également que j'arrive à une compréhen-
sion profonde et stable des implications de ce que je recher-
che et à un sens de responsabilité qui accompagne cette
compréhension. Je demande tout ceci afin d'être en
mesure d'exprimer la Vérité complète de mon être, c'est-
à-dire ce que Tu es. Amen.»
Quelle que soit la prière que vous offrirez, elle doit être
brève et articulée de manière audible. Elle doit inclure
plusieurs éléments essentiels :
1) une requête qui spécifie la Réalité avec laquelle vous
voulez communiquer, 2) l'objet précis de la communica-
tion, 3) la prise de conscience que la prière vous engage
à une expression toujours plus profonde de la complète
vérité de votre Moi. Vous énoncerez clairement les mots
de la prière en vous attachant au sens de ce qui est énoncé.
Il va sans dire que le but de la prière n'est pas d'obtenir
que Dieu exauce votre demande, mais plutôt de vous
exposer à la Divine Présence qui est toujours là et dispo-
nible, toujours prête à participer à votre réalité person-
nelle si seulement vous l'y invitez. Vos prière~ sont donc
des évocations dont l'action apporte une harmonie en
vous.

4. L 'exercice de méditation
Les Béatitudes peuvent être considérées comme des
valeurs objectives, c'est-à-dire des équivalents du monde
extérieur (dans l'expression) de principes spirituels ou de
lois. En tant que telles, leur intégration à notre person-
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 321

nalité fournit des points de contact entre notre moi


conscient et le monde spirituel intérieur des principes.
Lorsque vous essayez d'intégrer les principes spirituels
impliqués dans les Béatitudes, vous devez d'abord arri-
ver au niveau de la sensibilité en ce qui concerne leurs
implications dans un cadre pratique et quotidien. Ceci
est vraiment la clé de l'exercice tout entier.
En second lieu, vous essayez de voir quels ajustements
pratiques vous devez faire dans votre vie personnelle afin
d'établir quelque résonance (c'est-à-dire un lien empa-
thique) avec les principes spirituels que vous essayez
d'intégrer. Permettez que je vous en donne un exemple :
Si vous essayez d'intégrer le principe de Paix comme une
partie de votre expression normale, vous devez être attentif
aux opportunités de restaurer l'harmonie à partir du chaos
dans les divers secteurs de votre vie. Au lieu de penser
à la Paix seulement comme l'absence de conflit, vous, en
personne, devez devenir un exemple vivant, une incar-
nation, d'un état de Paix.
L'exercice véritable est donc divisé en trois parties. La
première est l'objectif spécifique que nous espérons réa-
liser sous forme de l'aspect de la personnalité que nous
nous efforçons d'intégrer dans l'être.
Le second aspect est la focalisation. C'est la pensée qui
vous conduira à un état sensible et tangible associé à un
caractère particulier contenu dans la Béatitude. De même
que nous pouvons éprouver une émotion quand une pen-
sée particulière associée à un événement du passé traverse
le mental, nous pouvons aussi, de la même manière,
éprouver un sentiment particulier lorsque nous demeu-
rons sur des pensées et même des scénarios associés à des
vertus spécifiques.
322 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

Le troisième aspect est le renforcement du scénario. Ce


sont les situations pratiques et quotidiennes où vous devrez
ajuster vos réactions et recréer l'état de sentiment com-
patible avec l'aspect que vous essayez d'assimiler. En un
sens, ceci est comme une répétition pour s'assurer que
vous accoutumez les réponses à des situations anciennes
aux nouvelles en déroutant consciemment et délibérément
la réaction hormonale et l'impulsion nerveuse des che-
mms habituellement associés à ces situations. En d'autres
termes, ce que vous tentez là n'est pas seulement un exer-
cice mental mais un changement tangible, matériel, dans
)'être au niveau des habitudes et des instincts.

I. Le premier exercice
«Heureux les pauvres en esprit car le Royaume des
Cieux est à eux.» Rappelez-vous que, dans le chapitre
sept, cette Béatitude était interprétée ainsi : seuls ceux qui
sont dépourvus de l'impulsivité de la volonté de puissance
pourront participer au processus d'expansion de leur
conscience qui est le Royaume de Dieu.
a) Objectif. Apprendre la patience et l'humilité
et les considérer comme une partie de l'expres-
sion normale de votre être.
b) Focalisation : «Le Royaume des Cieux se révè-
lera dans ma vie en proportion de la place que je
lui réserve». Gardez cette pensée dans votre men-
tal à l'exclusion d'aucune autre, autant que pos-
sible jusqu'à ce que les mots soient remplacés par
un certain «état de sensation» qui devient la véri-
table réalité représentée par la pensée.
c) Scénario de renforcement : Considérez si vous
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 323

voulez vivre une vie sans attendre de traitement


spécial, content seulement de partager le sort ordi-
naire d'hommes et de femmes ordinaires.

II. Le second exercice


«Heureux les affiigés car ils seront consolés. » Réinter-
prété, cela signifie que ceux qui se sentent aliénés par cette
trompeuse «réalité» de notre expérience, commenceront
à s'ajuster à la réalité authentique et plus durable, de notre
nature spirituelle.
a) Objectif: Apprendre quels sont vos attache-
ments et voir comment vous pouvez vous réorien-
ter de ce qui est éphémère vers ce qui est éternel.
b) Focalisation : «Puis-je survivre sans mes pos-
sessions, mon statut social, mes relations et tou-
tes les choses qui donnent à ma vie importance
et sécurité?» Continuez à vous poser cette ques-
tion sans juger vos réactions. Essayez de sentir ce
que serait la vie sans ce décor.
c) Renforcement du scénario : Notez mentalement
toutes les choses qui sont importantes pour vous
en vue de les éliminer une par une et imaginez
comment serait la vie sans elles. Considérez que,
en vérité, vous êtes entièrement nu et que tout ce
avec quoi vous vous identifiez n'ajoute rien à votre
être.

III. Le troisième exercice


«Heureux les débonnaires car ils hériteront la Terre.»
Réinterprétée, cette Béatitude signifie que ceux qui ont
324 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

un caractère égal, sans aucune propension à briller, réa-


liseront la Terre dans sa forme véritable, c'est-à-dire
comme un champ d'expérience pour l'âme.
a) Objectif: Etre vigilant et éveillé afin que,
comme un petit enfant vous puissiez voir encore
le prodige et la magie dans les expressions de la
vie autour de vous. C'est ainsi que, finalement,
vous parviendrez à concevoir la réalité de la vérité
de la Terre comme un champ d'expérience pour
l'Ame.
b) Focalisation : «Que serait mon expérience du
monde sans les opinions que j'ai rassemblées sur
tous les sujets?»
c) Scénario de renforcement : Considérez l'impos-
sibilité dans laquelle nous sommes de connaître
quoi que ce soit à l'aide du seul intellect. Ce der-
nier aborde la connaissance par une méthode de
dissection et de catégorisation. En conséquence,
il passe à côté de la connaissance de la Réalité telle
qu'elle est, c'est-à-dire un tout indifférencié.

IV. Le quatrième exercice


«Heureux ceux qui ont faim et soif de justice, car ils
seront rassasiés.» Cette Béatitude nous enseigne que si
l'individu emploie son énergie à se demander clairement
en quoi la justesse peut rendre le monde différent, alors
il ou elle agira pour hâter l'accès de cette réalité à la
manifestation.
a) Objectif: Développer en nous la capacité de
nous mettre en prise afin de dilater notre percep-
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 325

tian du Moi et d'amener nos facultés latentes à


l'expression.
b) Focalisation : «Quelles sont les implications
pratiques des objectifs de ma recherche spirituelle?
Serais-je capable de vivre dans un système où per-
sonne ne tire un avantage déloyal de l'autre?»
c) Renforcement du scénario : Considérez dans
quelle mesure vous êtes sensible aux injustices
autour de vous. Considérez aussi jusqu'à quel
point vous tirez un profit personnel d'un système
socio-économique fondé sur des critères autres que
spirituels.

V. Le cinquième exercice
«Heureux les miséricordieux car ils obtiendront misé-
ricorde.» Selon cette Béatitude, lorsque nous faisons
preuve de compassion nous exerçons la continuité d'être
avec d'autres et, de ce fait, nous faisons connaître notre
être dans le domaine spirituel supérieur ·
a) Objectif: Vous vmr vous-même dans votre
usage de l'autorité et de vos prérogatives comme
les autres vous voient et vous ressentent.
b) Focalisation : «Jusqu'à quel point puis-je attri-
buer à mon mérite personnel mes succès dans la
vie et jusqu'à quel point ai-je bénéficié de la bien-
veillance des autres, visible et invisible?»
c) Renforcement du scénario : Gardant en
mémoire l'expression supérieure de la loi du
Karma, à savoir que toutes les tendances orientées
vers la séparation du moi dans un individu doi-
326 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

vent être ratifiées dans l'être par l'individu qui se


rend compte de la nature auto-destructrice de la
réparation, essayez de penser aux situations de la
vie que vous devriez subir pour éprouver la
manière dont vous avez traité les autres. Y a-t-il
quelque chose que vous changeriez si vous n'aimez
pas ce que vous voyez?

VI. Le sixième exercice


«Heureux ceux qui ont le cœur pur car ils verront
Dieu.» Cela signifie que ceux dont les motifs et les émo-
tions sont limpides pourront prendre conscience de la pré-
sence de Dieu. L'implication est que la présence de Dieu
est toujours là mais qu'elle est obscurcie par des motifs
cachés et des émotions mêlées.
a) Objectif: Développer une sincérité absolue
pour tout ce qui touche à notre recherche spiri-
tuelle. Ceci trouvera son expression par une
recherche assidue des motifs cachés qui détermi-
nent nos actions et par une vigilance continuelle
pour permettre aux vertus que nous avons déjà
choisies comme attributs personnels de pouvoir
s'exprimer.
b) Focalisation : «Qu'arrivera-t-il si je suis tout
à coup confronté à l'objet de ma recherche spiri-
tuelle? Suis-je préparé à réaliser l'objet de ma
recherche?»
c) Scénario de renforcement : Considérez que
vous vivez à l'époque de Jésus-Christ ou de quel-
que autre grand Maître; considérez aussi la con-
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 327

traverse qu'ils ont dû provoquer à leur époque.


Imaginez ensuite que vous êtes en présence de
cette personne et que vous avez apprécié son
authenticité. Sur quel critère fonderiez-vous votre
appréciation? Pour donner à cet exercice une dif-
ficulté supplémentaire, imaginez que vous avez
la responsabilité de faire un rapport sur cette per-
sonne aux autorités civiles.

VII. Le septième exercice


«Heureux ceux qui procurent la paix car ils seront appe-
lés fils de Dieu.» Cette béatitude signifie que le premier
attribut d'un fils de Dieu (homme ou femme) est le pou-
voir d'apporter la réconciliation et l'intégralité dans une
situation de division et de conflit.
a) Objectif: Etre capable par notre propre
manière de vivre de rapprocher la Terre de sa pro-
pre réalité.
b) Focalisation : «Suis-je une incarnation de l'inté-
gralité dans les différents aspects de ma vie per-
sonnelle en y incluant mes relations personnelles?»
c) Renforcement du scénario : Considérez que la
paix est beaucoup plus que l'absence de conflit.
C'est un état qui est tout à fait dynamique et qui
doit être entretenu dans sa propre action dyna-
mique. Devenir un pacificateur au sens propre
signifie que l'on est capable d'injecter le sens dyna-
mique de l'intégralité dans une situation de
conflit au point que les factions en lutte en soient
affectées.
328 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

VIII. Le huitième exercice


«Heureux ceux qui sont persécutés pour lajustice, car
le Royaume des Cieux est à eux.» Cette Béatitude signi-
fie qu'un engagement personnel à un sens du bien com-
mun, à ce qui est juste, ouvre le processus de transfor-
mation à l'intérieur de nous-mêmes, processus auquel on
donne aussi le nom de Royaume des Cieux.
a) Objectif: Générer le courage de vivre nos con-
victions et pouvoir être constants dans la poursuite
de ce qui est juste, même face à l'opposition.
b) Focalisation : «Qu'ai-je à perdre si je me con-
sacre aux causes auxquelles je crois? Quelle cause
refuserai-je d'abandonner même sous la plus
grande contrainte?»
c) Renforcement du scénario : Considérez quel
sera le prix à payer pour vivre conformément à
vos propres convictions. Sans vous juger ou vous
punir, évaluez les bienfaits qui viendront sur la
Terre si les gens animés de convictions sembla-
bles les vivent de la même manière. Mesurez ses
bénéfices en fonction du prix à payer. Imaginez
vos actions sous la formation d'un filet d'eau qui
rejoint d'autres filets d'eau pour former un ruis-
seau. Imaginez que plusieurs de ces ruisseaux se
rejoignent pour former une rivière qui, à son tour,
rejoint d'autres rivières pour former un fleuve.
Imaginez ce fleuve coulant dans 1'océan pour
s'unir à toutes les eaux de la Terre. Réfléchissez
sur ce qui se produirait si quelqu'un, quelque part,
n'avait pas le courage de ses convictions et agis-
sait en dehors du courant principal : le change-
ment dans le monde serait rendu impossible.
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 329

IX. Le neuvième exercice


cc Heureux serez-vous lorsqu'on vous outragera, qu'on
vous persécutera et qu'on dira faussement de vous toute
sorte de mal, à cause de moi. Réjouissez-vous et soyez
dans l'allégresse, parce que votre récompense sera grande
dans les Cieux; car c'est ainsi qu'on a persécuté les pro-
phètes qui ont été avant nous.» Il n'est pas nécessaire de
réinterpréter cette béatitude. C'est une expression
d'encouragement pour ceux qui rencontrent l'opposition
dans l'expression du principe du Christ dans leur vie.
a) Objectif: Etre capable de voir la victoire, même
dans la défaite, car nous sommes consacrés à la
cause du Christ, à la cause de la Vie considérée
comme une force d'unification et de réintégration.
b) Focalisation : «Puis-je éprouver de la compas-
sion pour des gens dont la vision peut ne pas être
aussi clairvoyante que la mienne ou ai-je été trop
prompt à critiquer ceux dont j'ai pu ne pas com-
prendre les visions.»
c) Renforcement du Scénario. Considérer qu'un
grand nombre de personnes se sont inconsidéré-
ment appropriées le rôle de prophète et de vision-
naire. Considérez aussi que le véritable visionnaire
n'accomplit pas son œuvre dans la pompe et le
battage, mais qu'il se consacre calmement à
l'expression de ses convictions. Remarquez aussi
que la principale source du problème pour le
visionnaire est qu'il touche une fibre sensible dans
la société. La qualité de sa façon de vivre met la
barre à un niveau trop élevé pour que les autres
le suivent, c'est pourquoi ils répondent négative-
ment par le silence et lui retirent son mandat.
330 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

X. Le dixième exercice
«Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel perd sa saveur,
avec quoi la lui rendra-t-on? Il ne sert plus qu'à être jeté
dehors et foulé aux pieds par les hommes.» Ceci est une
exhortation à ceux qui peuvent éprouver des difficultés
3. exprimer leur compréhension du dessem de la Vie.
a) Objectif: Mieux refléter votre compréhension
du dessein de votre vie en tant qu'individu.
b) Focalisation : Quelles impressions durables je
laisse aux autres? Est-ce qu'après un premier con-
tact avec moi ils sont mieux focalisés qu'avant?
c) Scénario de renforcement : Considérez que la
Vie peut ne pas vous appeler à faire quelque chose
de spectaculaire tel que la découverte d'une cure
pour le cancer ou un autre événement de la sorte.
Considérez aussi qu'il peut s'agir uniquement de
petites choses additionnées et que vous pouvez
faire d'un jour à l'autre, d'une heure à l'autre,
des choses qui, progressivement, façonneront le
dessein de votre vie. Considérez aussi qu'en façon-
nant le dessein de votre vie, vous affecterez les
autres dans leurs réalisations individuelles.

XI. Le onzième exercice


«Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur
une montagne ne peut être cachée; et on n'allume pas
une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais on la met
sur le chandelier, et elle éclaire tous ceux qui sont dans
la maison.»
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 331

Ceci est un appel afin que vous soyez une source d'illu-
mination pour les autres en vertu de votre réalisation inté-
rieure de la Vérité.
a) Objectif: Devenir une incarnation des princi-
pes de façon à être pour les autres un exemple
vivant de la manière dont des principes univer-
sels se développent dans un décor terrestre.
b) Focalisation : «Quelle est la vérité suprême
dont cette forme, que j'appelle moi-même, n'est
qu'une expression extérieure?»
c) Renforcement du scénario : Considérez qu'être
une lumière pour le monde signifie être une source
d'espoir pour le monde. Cela veut dire que nous
devons retirer notre énergie des modèles de la réa-
lité fondés sur les vieux schèmes de conflit et de
séparation pour l'investir dans l'incarnation de
nouveaux schèmes fondés sur la capacité d'inter-
connexions.

XII. Le douzième exercice


Cet exercice n'est pas fondé sur une Béatitude propre-
ment dite. Il se réfère au besoin de reconnaître que, bien
que chaque âge apporte ses propres «vérités», ce n'est en
fait qu'un autre aspect de l'unique Vérité qui fait surface
puis émerge à nouveau maintes et maintes fois à partir
de différentes perspectives.
a) Objectif: Prendre conscience que nous ne pou-
vons pas lâcher ce qui existe jusqu'à ce que nous
ayons déjà mis en place ce qui le supplantera.
b) Focalisation : «Combien d'efforts est-ce que je
consacre à toucher des gens au niveau de la réa-
332 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

lité dans laquelle ils se trouvent? Suis-je tellement


absorbé par la nouveauté que j'aie pu oublier de
transmettre ce que j'ai découvert aux autres et ceci
en des termes qu'ils peuvent comprendre?»
c) Renforcement du scénario : Considérez que la
plupart du temps un bâtiment en construction a
oesoin d'un echafaudage jusqu'à ce qu'il puisse
tenir debout par lui-même. Non seulement il est
mal commode de garder l'échafaudage en place
après la construction de l'édifice, mais il pourrait
nuire à son esthétique et à sa fonctionnalité. De
même, il pourrait être déraisonnable d'enlever
l'échafaudage avant que l'édifice ne tienne de
lui-même.

5. Un mot d'encouragement
Les exercices de méditation proposés ci-dessus sont
conçus en vue de nous rendre plus sensibles à notre capa-
cité d'interconnexion avec ce qui est à l'intérieur et ce
qui est à l'extérieur. La méditation assise n'est qu'une
façon d'introduire cette réalité plus vaste, celle de notre
interconnexion avec le moi conscient. La nouvelle rela-
tion entre notre être et cette réalité plus vaste doit être
assimilée par l'individu qui exprime cette relation dans
les activités quotidiennes de la vie.
Afin que l'aspirant à la méditation soit bien persuadé
que je ne parle pas d'une manière théorique mais de quel-
que chose de tout à fait pratique, je vais raconter deux
expériences d'une nature répétitive qui peuvent résulter
d'un effort sincère et consciencieux en vue d'incarner les
principes spirituels.
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 333

Il y a plusieurs années, lorsque je commençais les exer-


cices de méditation similaires en nature à ceux qui sont
décrits dans l'appendice, je me surprenais à «changer de
canaux» au fur et à mesure que ma conscience s'intério-
risait. Finalement, de mon état de veille il ne subsistait
plus de sensation, ou très atténuée. Je me trouvais et me
ressentais alors comme en un état de perception pure par
rapport à la caractéristique spirituelle que j'essayais
d'incorporer en moi-même. Chaque expérience de cet
ordre laissait un changement permanent sous forme d 'une
plus grande lucidité sur les conséquences de la manifes-
tation de ce principe particulier dans ma vie quotidienne.
Une autre expérience entraînait la perception de la
lumière. Ceci survenait pendant mes méditations intuiti-
ves. Durant ces exercices, à la place d'une pensée je con-
sidérais un problème philosophique ou théologique dans
ma méditation et j'en explorais tous les aspects au niveau
de la perception. Ces explorations excluaient totalement
les délibérations mentales en tant que telles. Exactement
comme dans le cas précédent, je me trouvais plongé dans
des états de perception de plus en plus profonds, mais,
cette fois cela concernait le problème en question. Lors-
que l'état de perception que j'éprouvais coïncidait avec
la perception qui correspondait à la «réponse» au pro-
blème posé, j'étais «surpris» par un éclat de lumière.
Dans cet éclat de lumière, la solution à mon problème
apparaissait dans sa totalité, non sous forme de mots, mais
comme une compréhension au-delà des paroles. Ma tâche
consistait alors à exprimer cette connaissance sous forme
de mots et de pensées. Parfois, plusieurs jours s'écoulaient
avant que je sois capable d '«apporter» la connaissance
transférée au niveau des concepts ordinaires. Quant à la
lumière, elle était très brillante et bien localisée à l'inté-
334 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

rieur du crâne. Au fur et à mesure que ma pratique de


la méditation progressait, elle devint plus diffuse et moins
brillante. En même temps, l'intervalle entre le moment
où je formulais une question et celui de sa réponse dimi-
nuait. Finalement, ce fut au point que, dès que laques-
tion était formulée, sa solution apparaissait au niveau de
la perception. Maintenant, toutes les questions ont dis-
paru et la seule tâche qui m'incombe est celle de trouver
les mots les plus appropriés à l'expression de ce qui est
senti.
APPENDICE III

La relation entre les séphiroth


de l' Arbre de Vie de la Kabbale
et les sept chakras
1. La Kabbale
Pour des lecteurs peu familiers avec la tradition hébraï-
que mystique, la Kabbale représente un appareil concep-
tuel appelé l' Arbre de Vie (figure 1) et une tradition orale
et écrite complète uniquement conçue dans le but de gui-
der l'accumulation et la focalisation de l'énergie psychi-
que d'un individu vers des expressions conscientes plus
élevées.
Schématiquement, le dispositif del' Arbre de Vie com-
prend dix «Stations» appelées séphiroth ainsi que vingt-deux
connexions spécifiées entre-elles et que l'on appelle che-
mins. Chaque séphirah représente une étape et un mode
de conscience tel qu'il peut être incarné dans l'homme.
Collectivement, ils représentent l'étendue des expressions
possibles dans l'homme à partir de l'expression instinc-
tive jusqu'au domaine du supra-conscient, c'est-à-dire le
domaine de la pure conscience. Pour que l'individu
s'éveille à ses potentialités supérieures, un régime intense
d'études, de méditation, de contemplation et un effort
conscient pour intégrer le matériel de l'inconscient peut
336 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

LEGENDE

Î'> SATURNE
1t JUPITER
fi MARS
t VENUS
J MERCURE
) LUNE
$TERRE

Figure 1.
L'ARBRE DE VIE
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 33 7

être nécessaire. Le matériel de l'inconscient personnel


aussi bien que celui de l'inconscient collectif peut être
concerné. La structure conceptuelle del' Arbre de Vie avec
ses dix séphiroth et ses vingt-deux chemins ainsi que la vaste
tradition qui le sous-tend permet à l'individu d'organi-
ser et d'établir la relation adéquate avec ce matériel qui
émane de différents niveaux de l'inconscient.
Les caractéristiques de l' Arbre de Vie comme moyen
de connecter le domaine intérieur inconscient à l'extérieur
conscient est fortifié par l'attribution de facteurs astrolo-
giques tels que les planètes, les Signes et les Eléments aux
séphiroth et aux chemins respectivement. Etant donné qu'ici
nous sommes uniquement concernés par la relation entre
les séphiroth et les chakras, c'est à cette dernière que nous
restreindrons nos considérations.
Les dix séphiroth et leurs noms, leurs caractéristiques et
les associations planétaires sont présentés ci-dessous sous
forme de tableau. Leur position sur l' Arbre de Vie se
trouve dans la figure 1.
ASSOCIATION
SÉPHIRAH CARACTÉRISTIQUE ASTROLOGIQUE

Kether Couronne Aucune


Chokmah Sagesse Le Zodiaque
Binah Intelligence Saturne
Chesed Miséricorde Jupiter
Geburah Force Mars
Tiphereth Harmonie Soleil
Hod Gloire Mercure
Netzah Victoire Vénus
Yesod Fondation Lune
Mallcuth Royaume Terre
338 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

2. Rapport entre les chakras et les séphiroth


De nombreuses personnes connaissant à la fois l' Arbre
de Vie, le système des chakras et la Kundalini peuvent être
frappées par la ressemblance entre les deux systèmes
mystiques. Etant donné que les deux systèmes poursui-
vent le même objectif, à savoir l'éveil spirituel de l'indi-
vidu, la structure de l'un doit pouvoir être traduite dans
le cadre de l'autre. En dépit de cette convertibilité, les
deux systèmes diflèrent dans leur calibrage, de la même
manière que la température mesurée en fareinheit com-
parée aux centigrades : dans l'une, le point d'ébullition
de l'eau s'élève à 212 degrés et dans l'autre à 100. Cepen-
dant les deux mesures reflètent la même réalité sous-
jacente, comme tous ceux qui ont été échaudés avec de
l'eau bouillante ont pu le vérifier.
Pour convertir les éléments de l' Arbre de Vie à ceux
du système des chakras, il convient de faire une certaine
compression car, à la différence des échelles scientifiques
de mesure, il n'est pas possible d'obtenir une correspon-
dance exacte entre l'une et l'autre. Les dix séphiroth et les
trois piliers autour desquels ils sont organisés font réfé-
rence aux sept chakras et aux trois nadis, ou canaux sub-
tils, qui les connectent. Quant aux vingt-deux chemins
de l'Arbre, on ne trouve pas de structure correspondante
dans le système des chakras.
a) Les piliers del' Arbre de Vie et les nadis du système
des chakras
Les trois piliers de l 'Arbre de Vie (figure 2), le Pilier
de Miséricorde à droite (du lecteur), le Pilier de la Rigueur
à gauche, le Pilier de la Douceur (plus souvent nommé
Pilier de }'Equilibre) au centre, correspondent presque
exactement aux nadis. La différence principale réside dans
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 339

\~!!~r
···p··"'·
~------AJna chakra ------~

-----Vlah uddha Chakra -----~

1__ 1
i1pharet~
Anahata Chakra

<E<'----- l'-"I
Manlpura Chakra -----__;~

lvz.,
Svadlahthana Chakra
'-./

Malkuth

Figure 2.
Relations entre séphiroth et chakras
340 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

le fait que les deux nadis correspondant aux deux piliers


extérieurs de la Kabbale serpentent autour du nadi cen-
tral. Ces deux nadis sinueux, Pingala et Ida sont respecti-
vement positifs et négatifs en polarité électrique, tandis
que celui du centre, Shushumna, est neutre.
b) Les dix séphiroth et les sept chakras
La correspondance entre les séphiroth et les chakras s'effec-
tue en deux temps.
D'abord, les quatre séphiroth sur le Pilier central, c'est-
à-dire Malkuth, Yésod, Tiphéreth et Kether, sont directement
apparentés aux quatre chakras, Muladhara, Svadvishthana,
Anahata et Sahasrara (figure 2). Les caractéristiques de ces
chakras sont très étroitement alignées sur les attributs des
séphiroth respectivement par paires. Par exemple, le
dixième séphirah Malkuth est en rapport avec la Terre. Le
chakra Muladhara caractérise la conscience qui est terres-
tre, principalement concernée par la survie physique. Le
neuvième séphirah Yésod (Fondation) appartient à la sphère
de la Lune, la planète qui symbolise la sexualité par son
influence sur les cycles de reproduction féminins et les
émotions. Le chakra Svadvishthana est connu comme le cen-
tre du sexe et il caractérise la conscience dominée par la
polarité du genre.
Le séphirah Tzphéreth (Harmonie) est symbolisé par le
Soleil suggérant la chaleur et le rayonnement. Dans le
système du chakra, Anahata est considéré comme la demeure
de l' Ame ou Atman. Notre œuvre de transformation
devient autonome quand la conscience est centrée sur le
Centre du Cœur (c'est-à-dire le chakra Anahata). De même
le séphirah Tzphéreth représente un état de l'être qui est en
liaison directe avec les autres séphiroth, ou états de
conscience.
Le séphirah Kether, ou Couronne, est l'état de conscience
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 341

le plus élevé sur l 'Arbre de Vie ; il coïncide avec le chakra


Sahasrara, également appelé chakra de la Couronne* et qui
est reconnu comme l'état le plus élevé de la conscience.
Nous avons ensuite les six séphiroth appartenant par
groupes de trois aux Piliers de la Miséricorde et de la
Rigueur. Ils s'alignent sur les trois chakras qui restent, à
savoir le Manipura, le Vishuddha et l'Ajna. Ceci signifie que
chacun de ces trois chakras est en relation avec une paire
de séphiroth. C'est ainsi que Binah et chokmah sont assignés
au chakra Ajna, Chesed et Geburah au chakra Vishuddha, Hod
et Netzah au chakra Manipura. Cet arrangement souligne
la nécessité d'accomplir le maximum d'efforts pour obtenir
l'équilibre dans l'intégration et l'expérience de qualités
d'être représentées par les séphiroth sur les Piliers de Misé-
ricorde et de Rigueur.
Une confirmation supplémentaire de cette relation nous
est fournie par certaines instructions du Sermon sur la
Montagne concernant l'éveil des chakras. Nous vous rap-
pelons que les instructions étaient en deux parties : la pre-
mière, concernant l'arrêt de l'abus de l'énergie vitale au
niveau de chaque chakra, et la seconde recommandant les
initiatives que l'individu peut prendre en vue de faciliter
le flot de l'émergence à travers le chakra. Ceci cadre éga-
lement avec la coordination des émanations associées avec
des paires de séphiroth. Par exemple, dans le Sermon sur
la Montagne, l'abus de l'énergie du chakraManzpura devait
être arrêté par l'individu qui pratiquait la justice dans tou-
tes les matières affectant une autre personne. L'exemple
que Jésus a donné était celui de l'injustice des arrange-
ments de divorce à l'égard de la femme. Du point de vue
de la Kabbale, cela concerne le séphirah Hod dont l'éma-
• Couronne : en anglais «crown», désigne aussi bien le sommet de
la tête que la couronne.
342 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

nation est symbolisée par la planète Mercure. Pour


1'Astrologie, Mercure régit le mental conscient, les con-
trats, etc. Quant au séphirah Netzah, dont l'émanation est
symbolisée par Vénus, l'instruction correspondante dans
le Sermon sur la Montagne concernait la maîtrise de la
volonté par l'approche correcte du jeûne. Dans son asso-
ciation astrologique, Vénus régit le désir issu de la nature.
Quant aux émanations des séphiroth Geburah et Chesed,
elles se rattachent aux caractéristiques astrologiques de
Mars et de Jupiter. Les instructions concernant le chakra
Vishuddha dans le Sermon sur la Montagne avec lesquel-
les ces séphiroth sont apparentés se rapportaient à l'aban-
don de la vengeance (c'est-à-dire : œil pour œil), de la
propension au jugement téméraire ou à la vanité dans les
domaines de la connaissance spirituelle ou ésotérique. En
vérité, tout ceci s'accorde très bien avec les caractéristi-
ques de Mars et de Jupiter respectivement.Jupiter symbo-
lise le législateur et Mars celui qui fait appliquer la loi
et qui exerce la vengeance.
La combinaison des émanations de Binah, qui repré-
sente l'intelligence, et de Chokmah, qui représente la
sagesse, souligne la nécessité de devenir créateur par suite
de l'acquisition du discernement spirituel. Car, en vérité,
l'intelligence est la faculté de maîtriser ce qui est à la fois
un moyen de protection et d'investigation. Binah repré-
sente la porte qui nous donne accès à la manifestation des
principes spirituels. Chokmah, d'autre part, qui représente
la sagesse, concerne la compréhension de la représenta-
tion symbolique des vérités spirituelles. C'est pourquoi
Chokmah est symbolisée par le zodiaque lui-même. Puis-
que Binah représente la manifestation dans la forme, elle
est symbolisée par Saturne.
Dans le Sermon sur la Montagne, les instructions adres-
sées à l'aspect Binah du chakra Ajna soulignent la nécessité
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 343

d'acquérir la créativité : «Tout ce que vous voulez que


les hommes fassent pour vous, vous aussi, faites-le de
même pour eux ... » L'apprentissage du discernement spi-
rituel devrait alimenter cette créativité. On doit se gar-
der des faux prophètes et apprendre à éprouver la vali-
dité d'un principe ou d'une idée selon ses fruits.
c) La Kabbale et le processus de la Kundalini
Il devrait être maintenant évident pour nous que ce que
la Kabbale représente en fin de compte, c'est une psycho-
logie spirituelle bien qu'à «l'ancienne mode». Intégrées
derrière l'apparence extérieure del' Arbre de Vie et des
séphiroth, se trouvent plusieurs notions - découvertes à
l'origine par intuition - concernant la structure secrète
de l'Univers. C'est en pénétrant conceptuellement la
forme extérieure de ces décors que l'on peut arriver aux
essences plus subtiles, c'est-à-dire aux principes de notre
existence. Une telle pénétration transforme le mental du
chercheur et, à une profondeur particulière, le proces-
sus dans l'individu que nous reconnaissons comme Kun-
dalini est activé.
Il ne faut pas oublier que je décris la Kabbale à partir
d'un point de vue conceptuel et non institutionnel. Il existe
une tradition mystique aux multiples assises, associée à
la Kabbale et qui remonte à la plus haute Antiquité. C'est
pour cette raison que les expériences résultant d'un
apprentissage dans la Kabbale peuvent prendre une forme
compatible avec le contexte de la tradition dans laquelle
l'apprentissage est entrepris. De la même manière, nous
pouvons affirmer sans crainte qu'un individu qui essaie
de déchiffrer conceptuellement la Kabbale tentera simul-
tanément de dénouer différents nœuds émotionnels et
mentaux dans son être. Lorsque ces nœuds sont déliés,
un canal est ouvert pour permettre au flux de !'Energie
344 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

de s'écouler sans obstacle de haut en bas de l'être. Au


moment où le passage du flux de !'Energie est facilité,
l'individu éprouve un approfondissement de la prise de
conscience des subtilités et des interconnexions de la vie.
La conscience de l'individu se développe en conséquence.
NOTES

CHAPITRE 1
1. C.-G. Jung décrit sous le nom d' Archétypes les contenus de
l'inconscient Collectif. Dans le glossaire de l'autobiographie du Dr
Jung, «Souvenirs, Rêves, Réflexions», Archétype est décrit comme
«une forme irreprésentable, inconsciente et préexistante qui semble
faire partie de la structure héréditaire de la psyché et qui, par consé-
quent, peut se manifester spontanément en tout lieu et à tout
moment» (p. 392). Dans «Quatre Archétypes», tiré de ses Oeuvres
Complètes (Vol. 9, Pt 1. Bellingen Series XX), Jung développe le
concept de!' Archétype : «le terme «archétype» ainsi ... désigne seu-
lement ces contenus psychiques qui, faute d'avoir été soumis à des
«élaborations» conscientes demeurent dans le domaine des données
immédiates de l'expérience psychique ... L'archétype est essentielle-
ment un contenu inconscient qui est altéré du fait qu'il devient cons-
cient et qu'il est perçu car il prend sa couleur de la conscience indi-
viduelle dans laquelle il vient à apparaître» (p. 5). «Souvenirs, Rêves,
Réflexions» par C.-G.Jung, Random House, New York 1965, «Four
Archétypes : Mother, Rebirth, Spirit, Trickster» de «Collected
Works» ofC.-G. Jung. Vol. 9, Part 1, Bollingen Series XX, 1969,
Princeton University Press.
2. Parler d'être amené à devenir ce que Jésus-Christ «était» signifie
unir comme lui le Divin à l'humain. L'expression de cette unité n'est
pas nécessairement une répétition de la vie de Jésus puisque dans
chaque individu cette Unité sera exprimée d'une manière unique.
CHAPITRE 2
1. E.-V. Rieu : «The Four Gospels. A new translation from the
greek.» Penguin Books. 1961 pp. XXI-XXII
346 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

2. Extrait de «The Masks ofGod : Occidental Mythology» par Joseph


Campbell. Copyright 1964. Réimpression de Viking Penguin lnc,
Russel et Volkening.
3. Ibid. p. 336.
4. Cette légende rapportée par Campbell dans «Occidental Mytho-
logy», pp. 340-341, a été tirée du livre de Louis Ginzberg, «The
legends of the J ews » (Philadelphia : The J ewish Publication Society
of America 1913, Vol. 1. pp. 186-89).
5. Cette citation est empruntée à «Mythology», de Edith Hamilton :
A Mentor Book, 1942, p. 48.
6. Une version de cette histoire figure dans les «Fables of Aesop»,
traduites par S.A. Handford, 1954, Penguin 1977.
7. John G. Bennett. The Masters ofWidom, Turnstone Press, Ltd;
Welling borough, Northampton hire, England, 1980.
8. Citation tirée de «Masters of Wisdom», p. 74
9. Ibid. p. 18.
10. Ibid. p. 37.
11. Pierre écrit dans sa première épître que le Christ «a été désigné
d'avance, avant la fondation du monde» (1 Pierre 1:20) et, dans
l'Evangile de Jean, il est écrit que «la Parole a été faite chair, et elle
a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité et nous avons con-
templé sa gloire, une gloire comme celle du Fils unique venu du Père»
Qean 1:14).
12. Les caractéristiques mentionnées ici ne sont nullement exhausti-
ves. Par exemple, FrithjofSchuon, dans son livre «Stations OfWis-
dom» dit del' Avatar (ou Avatara, comme il l'appelle):« ... L'Ava-
tara... restaure en l'homme en quelque façon sa qualité primordiale
de manifestation effective et consciente du divin». Schuon fait aussi
des distinctions entre les Avatars : « ... En ce qui concerne l' Avatar,
il est possible de distinguer, en gros, quatre catégories «d'incarna-
tions», deux «mineures», c'est-à-dire une incarnation entière, et une
incarnation partielle dans chacun des deux groupes. Les Avataras
«majeurs» sont les fondateurs de religions ou bien les dispensateurs
suprêmes de la grâce là où la question d'un renouvellement des for-
mes ne peut pas se poser.. "' pp. 89, 82, «Stations of Wisdom» par
Frithjof Schuon, Perennial Books, Ltd, United Kingdom.
13. Il est évident que Jésus assigne un ordre à chacun de ces actes
de charité dans la mesure où il décrit un processus de subtilité. Ces
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 34 7

actes de charité - nourriture, refuge, vêtement, visite - pourraient


se rapporter au service des chakras du premier au quatrième. Les
chakras sont étudiés en détail au chapitre VI.

CHAPITRE 3
1. L'idée d'assimiler le Père qui est aux Cieux à l'«lnconscient Col-
lectif» est une autre manière de dire qu'il y a des domaines et des
sphères de la connaissance qui ne sont pas le produit de l'organisa-
tion mentale et dont nous ne pouvons pas nous attribuer le mérite.
Le terme «Inconscient Collectif» est un de ces termes inventés par
C.-G. Jung pour désigner certaines des forces de la psyché humaine.
Jung distingue deux aspects dans l'inconscient : le «personnel» et
le collectif. A propos du «personnel» il dit : « ... tout ce que je sais
mais à quoi je ne pense pas en ce moment; tout ce dont j'ai été une
fois conscient mais que j'ai maintenant oublié; tout ce que j'ai perçu
par mes sens mais qui n'a pas été enregistré par mon mental cons-
cient; tout ce que, involontairement et sans y attribuer d'importance,
j'éprouve, je peux, je me rappelle, je veux, et je fais; toutes les cho-
ses à venir qui prennent forme en moi et qui, un jour, accèderont
à la conscience; tout ceci est le contenu de l'Insconscient». Ailleurs,
il précise : «Nous devons ajouter à ces choses toutes les répressions,
plus ou moins intentionnelles, de pensées et de sentiments doulou-
reux. C'est la somme de tous ces contenus que j'appelle «l'incons-
cient personnel». Mais, en plus de cela, nous trouvons aussi les qua-
lités inconscientes qui ne sont pas acquises intellectuellement mais
héritées, par exemple les instincts en tant qu'impulsions en vue
d'entreprendre des actions nécessaires sans motivation consciente.
Dans cette strate plus profonde nous trouvons aussi les ... Archéty-
pes... Les instruments et les Archétypes constituent ensemble
I'«Inconscient Collectif». Je l'appelle collectif parce que, contraire-
ment à l'inconscient personnel, il n'est pas composé de contenus indi-
viduels et plus ou moins uniques, mais de ceux qui sont universels
et de fréquence régulière». «Memories, Dreams, Reflections.» p.
401-2.

2. Appeler ce type d'intuition «archétypal» c'est le distinguer du pres-


sentiment, qui est habituellement appelé intuition. Cela signifie ici
que l'intuition est l'acte par lequel on reconnaît un Principe Uni-
versel en action. C'est la reconnaissance de la structure sous les phé-
nomènes extérieurs des activités de la vie.
348 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

CHAPITRE 5
1. Par exemple, C.-W. Leadbeater, dans son livre intitulé «Les cha-
kras», les a décrits comme des« ... dépressions semblables à des sou-
coupes ou des tourbillons au niveau de sa surface (celle du double
éthérique). Il poursuit sa description : «Lorsqu'ils sont peu dévelop-
pés ils apparaissent sous la forme de petits cercles d'environ cinq cen-
timètres de diamètre avec un rayonnement terne chez l'homme ordi-
naire tandis que, une fois éveillés et vivifiés, ils apparaissent comme
des tourbillons éclatants et scintillants, de plus grande taille et qui
ressemblent à des soleils en miniature,» p. 4. «Les chakras» par C.-
W. Leadbeater, The Theosophical Publishing House, Wheaton,
Illinois.
2. La source originale de cette citation est donnée par Lama Govinda
dans le livre «Health and Meditation», p. 2, par Niels Kampmann
Verlag, publié en 1928 à Heidelberg. Elle se trouve à la page 141
de ccFoundations oftibetan Mysticism». Anagarika Govinda, Samud
Weiser, Inc., York Beach, Maine, 1969.
3. La recherche médicale a amplement prouvé à l'aide de documents
le rapport entre la glande pinéale et les altérations d'états de cons-
cience. Dans son livre, «The Romeo Error», Lyall Watson déclare :
«Les nouvelles études du cerveau et de ses hormones nous appren-
nent que cette même glande pinéale sensible à la lumière produit
une substance qui altère profondément la fonction du mental. Elle
produit l'extase. Dans les états de visions, dans les fugues de schi-
zophrénie et parfois quand le mental est affecté par des drogues hal-
lucinogènes, la glande pinéale semble impliquée. Toutes ces condi-
tions présentent le même phénomène : un sens de détachement dans
lequel la conscience est transportée jusqu'à un point situé au-delà
de l'expérience personnelle, là où la division entre moi et non-moi
cesse d'exister et où le monde apparaît sans couture», p. 121. Extrait
de «The Romes Error» par Lyall Watson, Cop. 1974. Un autre aspect
de la glande pinéale est donné par Philips Lansky dans la contribu-
tion qu'il a apportée au livre «Kundalini, Evolution, and Enligh-
tenment». Dans sa contribution intitulée : «Neurochimie et l'Eveil
de la Kundalini», il déclare : «la glande pinéale est abondamment
pourvue d'un dérivé indolique de sérotonine appelé mélanotonine.
La fonction précise de la mélanotonime est inconnue; toutefois, un
ensemble considérable de preuves suggère que la glande pinéale et
la mélanotonine inhibent les gonades tant mâles que femelles des
mammifères. Qui plus est, les hormones sexuelles, testostérone,
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 349

œstrogène et progestérone inhibent à leur tour - comme cela a été


prouvé - la biosynthèse de la mélanotonine. Il semblerait donc rai-
sonnable de penser qu'il existe une sorte de relation entre la glande
pinéale et la fonction sexuelle. Qui plus est, il est bien connu que
la glande pinéale, du moins chez les mammifères inférieurs, contient
des photorécepteurs et peut, de ce fait, être impliquée dans la per-
ception de la lumière», p. 296, « Neurochemistry and the awakening
of Kundalini» par Philip Lansky dans «Kundalini Evolution, and
Enlightenment», éd. par John White et publié par Anchor Bocks
Division of Double day and Co.
4. Robert E . Omstein, «The Psychology Of Consciousness», Peli-
kan Books 1975.
5. Ibid. p. 170-1.
6. Ibid. p. 171. Cette citation est tirée du livre d'ldries Shah, «Les
Soufis» p. 340.
7. David V. Tansley, D.-C., «Radionics and the subtle anatomy of
Man», The C.-W. Daniel Co. Ltd. Essex, England, 1980.
8. Ibid. p . 26.
9. Par exemple, Lee Sannella, M.-D., après avoir conduit des éva-
luations cliniques étendues sur la Kundalini, déclare «Nous voulons
préciser que les méthodes spécifiquement conçues pour hâter l'éveil
de la Kundalini, telles que les exercices yogiques de contrôle du souffie
appelés «pranayama», devraient être considérées comme risquées,
à moins d'être pratiquées sous la guidance d'un maître ou guru plei-
nement réalisé. Les yogis les plus avancés disent que ces techniques
sont principalement pratiquées par ceux qui peuvent avoir entendu
parler des modes spéciaux de respiration yogique, sans toutefois réa-
liser que ces modes surviennent spontanément à travers le processus
de l'éveil naturel de la Kundalini. Une pratique délibérée de ces
méthodes en forçant la Kundalini peut causer une libération préma-
turée et déséquilibrée de forces intérieures titanesques» (p. 64). «Kun-
dalini - Psychosis or Transcendance», par Lee Sannella, M.-D.,
publié par H.-S. Dakin, Company San Francisco,.
11 et 12. Ces concepts, «l'ouverture par le bas"• sont expliqués clai-
rement par Satprem dans sa biographie du yogi mystique et philo-
sophique Sri Aurobindo. Le livre est sous-titré «L'Aventure de la
Conscience». Au sujet des centres psychiques des chakras, il dit :
«Ils peuvent s'ouvrir de deux manières, de bas en haut ou de haut
en bas, suivant que l'on pratique les méthodes yogiques et spirituel-
350 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

les traditionnelles ou le yoga de Sri Aurobindo. A force de concen-


trations, exercices, on peut un jour, nous l'avons dit, sentir une Force
ascendante qui s'éveille à la base de la colonne vertébrale et monter
de niveau en niveau jusqu'au sommet du crâne avec un mouvement
onduleux, tout à fait comme un serpent; à chaque niveau, cette Force
perce (assez violemment) le centre correspondant qui s'ouvre, et en
même temps nous ouvre à toutes les vibrations ou énergies univer-
selles qui correspondent à la fréquence de ce centre particulier. Avec
le yoga de Sri Aurobindo, la Force descendante ouvre très lentement,
doucement, ces mêmes centres, de haut en bas. Souvent, même, les
centres du bas ne s'ouvrent tout à fait que longtemps après. Ce pro-
cessus a son avantage si l'on comprend que chaque centre corres-
pond à un mode de conscience ou d'énergie universel; si, du premier
coup, nous ouvrons les centres du bas, vitaux et subconscients, nous
risquons d'être submergés, non plus par nos petites histoires per-
sonnelles, mais par des torrents de boue universels; nous sommes
automatiquement branchés sur la Confusion et la Boue du monde.
C'est pourquoi, d'ailleurs, les yogas traditionnels exigent absolument
la présence d'un Maître protecteur. Avec la Force descendante, cet
écueil est évité et nous n'affrontons les centres du bas qu'après avoir
déjà solidement établi notre être dans la lumière d'en haut,
supraconsciente ».
CHAPITRE 6
1. En fait il n'y a pas de règles établies concernant l'interprétation
des symboles puisque les symboles ne traitent pas d'équations mais
d'états d'âme. L'examen de leurs interrelations dynamiques nous
en apprend plus sur les symboles que ne le ferait une étude séparée
de chacun d'eux. Le but de l'interprétation des symboles, particu-
lièrement des religieux, est de nous permettre d'être conduits à
«l'endroit» d'origine du symbole. A ce moment-là seulement, on
pourra localiser des interprétations spécifiques concernant les symbo-
les spécifiques dans une histoire.
2. Plusieurs interprétations ont eu cours au sujet de ce à quoi le Boud-
dha a refusé de donner une réponse; s'agissait-il de Dieu ou del'Ame.
Selon Sidney Spencer, dans son livre «Mysticism in World Religion»,
p. 70, la question posée au Bouddha était «Y a-t-il un Moi?».
3. Ibid.
4. Les Soufis sont officieusement considérés comme les rejetons mysti-
ques de la religion islamique. Toutefois, dans le livre «The Sufi Mes-
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 351

sage» sous-titré cc The unity of religions ideals», son auteur, Hazrat


Inayat Khan, déclare: cc Un des mots auxquels le terme .. Sufi» est
apparenté est le grec Sophia qui signifie sagesse; celle qui est une
connaissance acquise à la fois de l'intérieur et de l'extérieur. Le Sou-
fisme n'est donc pas seulement une connaissance intuitive et il n'est
pas non plus une connaissance acquise par la vie extérieure de ce
monde. Le Soufisme en soi n'est ni une religion ni même un culte
avec une doctrine distincte ou définie. On ne peut donner de meil-
leure explication du Soufisme que celle-ci : toute personne qui a une
connaissance de la vie intérieure et extérieure à la fois est un Soufi.
Ainsi, il n'y a jamais eu dans aucune période de l'histoire du monde
un fondateur du Soufisme; cependant le Soufisme a existé de tout
temps.» (p. 252). cc The unity ofreligions ideals», Vol. IX in cc The
Sufi Message ofHazrat Inayat Khan», par Hazrat Inayat Khan (c),
International Headquarters Sufi Movement, Geneva.
5. Cette histoire est tirée du livre d'Idries Shah, ccThinkers of the
East». Il est intitulé cc The Design» et figure à la page 176. Penguin
Books, 1979.
6. Le terme employé ici pour nommer Dieu est Elohim, un terme
pluriel. Ceci est confirmé par la déclaration «Faisons l'homme .....
Ceci devrait contribuer davantage encore à dissiper l'image du« Vieil-
lard dans le Ciel» qui figure, pour beaucoup, la Divinité. La pre-
mière personne du pluriel se rapporte à un état de l'Etre.
7. Lee Sannella, dans le livre «Kundalini - Psychosis or Transcen-
dance», op. cit., fait état de plusieurs cas où des individus ont pré-
senté des symptômes de troubles psychotiques. Gopi Krishna traite
aussi cette question dans son livre ccKundalini - The evolutionary
energy in man» (voir la bibliographie).
8. Ces enseignements sont commentés dans le livre de P.-D. Ous-
pensky, cc ln search of the miraculous», p. 220, publié par Harcourt,
Brace and World, Inc., New York, 1949.
9. G.-I. Gurdjieff, «Récits de Belzebuth à son petit fùs». ccAll and
Everything First Book», Publié par Routledge and Keagan Paul.
London 1976, p. 107.
CHAPITRE 8
1. Je considère que les cc réalités d'un niveau supérieur» habitent le
monde spirituel (non le monde des esprits tel qu'il est compris dans
l'occultisme). Ces «habitants» peuvent contacter l'individu par la
352 KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST

transmission «d'intuitions», d'aperçus dans les principes de l'uni-


vers. Lorsque quelqu'un s'est engagé dans un système de valeurs
extérieures ou objectives (et non dans des règles établies empirique-
ment) il devient possible aux formes de l'Energie Supérieure (les
Anges, si vous voulez) de «prendre contact».
2. Dr Young, Ribert : «Analytical concordance to the Holy Bible»,
Huitième Edition (entièrement révisée), United society for Christian
Literature, Lutterworth Press, London, 1966.
3. Il est communément admis que le tantra traite de l'utilisation de
l'acte sexuel pour obtenir une sorte d'éveil de l'énergie de la Kun-
dalini. Selon le yoga de Sri Aurobindo, tantra est un terme général
concernant un état d'«équanimité» que l'aspirant à la spiritualité doit
pratiquer dans tous les aspects de la vie.
4. Voyez «réalités d'un niveau supérieur» dans la note 1.
5. Le cercle est mesuré en degrés, minutes et secondes : 360 degré&
pour le cercle, 60 minutes pour le degré, 60 secondes pour la minute.
A une cadence de précession s'élevant seulement à 50 secondes par
an (1/72 d'un degré) la Terre mettrait 25.920 ans pour rattraper son
point de départ. Cette période de 25.920 ans est appelée une Grande
Année. Dans l'intervalle, l'orientation du pôle Nord de la Terre aura
parcouru un cercle complet et l'étoile polaire aura changé de place
à plusieurs reprises.
CHAPITRE 10
1. Voir les notes 10 et 11 du chapitre 5.
CHAPITRE 11
1. Un clair exemple de cette attitude apparaît dans l'approche de
certains Occidentaux à des disciplines orientales comme le yoga. Dans
leurs commentaires concernant l'approche erronée de nombreux
Occidentaux à des pratiques telles que le hatha yoga, Swami Prab-
havananda et Christopher Isherwood, dans leur livre «How to know
God» (The Yoga aphorisme of Patanjali) déclarent : «Le hatha a été
conçu pour préparer l'aspirant à des expériences spirituelles en per-
fectionnant le corps; mais il a été condamné par des maîtres spiri-
tuels parce que, en pratique, il tend à concentrer le mental sur le
corps lui-même. En Occident il apparaît sous une forme complète-
ment dégénérée, comme un culte à la beauté physique et à la pro-
longation de la jeunesse. En tant que tel il peut être certainement
efficace mais aussi dangereux. Un abus des exercices de respiration
uniquement pour éprouver l'agréable «ivresse d'oxygène» qu'ils pro-
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 353

<luisent, peut conduire à des hallucinations et, à la limite, à la


démence. Et même, dans le meilleur des cas, un souci excessif de
notre apparence physique et de notre bien-être est manifestement
une distraction qui nous amène à nous détourner par stupide vanité
de notre but véritable." (pp. 47-48). New American Library 1969.
2. Le terme «subconscient" est employé strictement dans le sens de
ce qui est au-dessous du seuil de la conscience, c'est-à-dire au niveau
des habitudes, des contraintes, etc. La distinction doit être faite entre
le subconscient et le supraconscient bien que ces deux niveaux se
situent à l'extérieur de la sphère de la conscience. Quant au supra-
conscient, il se rapporte au niveau des valeurs morales et spirituelles
des idéaux qu'il n'est pas possible de soumettre à une analyse cons-
ciente mais qui ont néanmoins un rôle à jouer dans la direction du
cours de la vie.

CHAPITRE 12
1. Ici, l'inconscient inclut à la fois le sub, et le supraconscient. Dire
qu'il n'y a pas de séparation revient à dire que toutes les actions sont
sous le contrôle de la volonté. Ceci implique que l' individu prend
des responsabilités pour ses propres idéaux spirituels (intègre le supra
conscient) et ne laisse pas les habitudes, les complexes, les trauma-
tismes, les contraintes, etc., diriger sa vie.
2. A. Guillaumount et al. : «The Gospel according to Thomas,,, Har-
per et Row, New York 1959, Log 22, pp. 17-18.
3. Ceci est plus dans la ligne du concept d'un Avatar mineur tel qu'il
a été esquissé par Schuon. Voir note 14, chapitre 2.
4. De «Gospel according to Zen,,, p. 116. A Mentor book, 1970,
éd. par Robert Sohl et Audrey Carr.
5. Un examen exhaustif et satisfaisant du problème de la «réincar-
nation" nous est proposé par Sri Aurobindo dans son livre «The Pro-
bleme of Rebirth». C'est, en fait, une collection d'essais sur le sujet
par Sri Aurobindo; Sri Aurobindo Ashram Trust, 1973.
6. Cette interprétation de la «mer» identifiée avec l' «Inconscient Col-
lectif» est la mienne. L'implication est que l'âme a pour tâche de
rassembler des expériences à partir de cet Inconscient Collectif dans
le but de les affiner par la suite.

CHAPITRE 13
1. Joseph Campbell, «Occidental Mythology», op. cit. pp. 9-13.
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2. Tiré de «Man and his Symbolsn, par Carl G. Jung, et al., cop.
1964, J.-G. Ferguson 1964, pp. 153-155.
3. Voyez 2, au-dessus.
4. Les onze miracles sont distribués entre les neuf chakras avec deux
d'établis et les sept majeurs couverts deux fois.
5. Voyez les «Bases du Yoga» par Sri Aurobindo, Sri Aurobindo
Ashram Trust, Pondicherry, Inde, p. 110.
6. Dans son livre «The Serpent powern, Arthur Avalon (Sir John
Woodroffe) décrit ces deux chakras mineurs : «le plus élevé des six
centres appelés chakras dans le Sushumna est 1'Ajna,.. . près de lui se
trouve le chakra appelé La/ana». Egalement au-dessus du Lalana se
situent le chakra Ajna avec ses deux lobes et le chakra Manas avec
ses six lobes ... •>, pp. 148-149. «The Serpent power», par Arthur Ava-
lon (Sir John Woo droffe), 12eéd., Ganesh and Co, Madras 17, India
(1981).
7. «The interpreter's dictionary of the Bible», Une Encyclopédie illus-
trée en cinq volumes. Abingdon Press, 1962.
8. Voir 6, au-dessus.

CHAPITRE 14
1. Ces six autres «corps» sont appelés, selon un ordre ascendant, corps
Ethérique, Astral, Mental, Causal, ]'Ame, et le Spirituel.
2. Cette anecdote est tirée de la p. 63 de «Astrology of inner space»
par Carl Payne Tobey : «Un physicien du XIXe siècle à qui l'on
demandait comment il savait si quelque chose était réel, répondit
qu'il le savait quand il pouvait lui donner un coup de pied». Publié
par Omem Press, Tuscon, Arizona, 1973.
3. Cette liste n'a pas la prétention d'épuiser toutes les différentes for-
mes de yoga. Les trois qui sont mentionnées sont celles qui sont les
plus «tangibles». Il en est d'autres comme la Bhakti (yoga de la Dévo-
tion), Gyana (yoga de la Concentration) Laya (yoga de la maîtrise
sur la Nature) et nombre d'autres.
4. Sri Aurobindo est caractérisé ici comme un philosophe mystique
pour une raison d'opportunité. Beaucoup ont reconnu en lui un Ava-
tar de la «manifestation supramentalen qui a constitué la base de sa
discipline personnelle de yoga.
KUNDALINI ET RETOUR DU CHRIST 355

5. Sri Aurobindo, p. 3 de «Life Divine», Book I (See Bible).


6. Satprem, p . 311, «Sri Aurobindo, or the adventure ofConscious-
ness», op. cit.
7. Ibid. p. 361.
Achevé d'imprimer en octobre 1987
sur presse CAMERON
dans les ateliers de la S.E. P.C.
à Saint-Amand-Montrond (Cher)
N° d'impression : 1799.
Dépôt légal : octobre 1987.
Imprimé en France
Ce livre, traduit de l'américain, est l'aboutissement d'une
expérience concrète vécue à partir d'une méditation proposée par
Edgar Cayce.
Suite à une prise de conscience, l'auteur, F. A. Barnwell,
analyse l'enseignement du Christ en rapport avec ceux des autres
religions. Il en éclaire les Mystères les uns par l'intermédiaire des
autres et offre au lecteur une voie afin de progresser dans la quête
du Divin.
C'est aussi un habile et incessant aller et retour de l'ésoté-
risme à l' exotérisme, de la vision orientale de l'être à l'occidentale.
L'auteur considère l'individu, avec ses émotions, à son point
de départ dans le monde, lui expose un moyen de les dominer
et de se transformer.
Même si le lecteur échouait dans sa quête, il en sortirait meil-
leur et plus conscient. On peut donc considérer cet ouvrage comme
un livre d'initiation pratique et pragmatique.
Un texte profond et sans doute capital à plus d'un égard.

ISBN 2-904616-18-7 90 FF

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