Outils & Mce TGBT
Outils & Mce TGBT
Outils & Mce TGBT
THESE
dans le cadre de l’Ecole Doctorale « Electronique, Electrotechnique, Automatique & Traitement du Signal»
par
Kahan N’GUESSAN
le 07 décembre 2007
JURY
Je tiens également à remercier Eric JOUSEAU docteur ingénieur chez Schneider-Electric, pour son
pragmatisme, son altruisme, et le temps incalculable qu’il a consacré à ce travail de thèse. Il a été
un support et un soutien précieux sur tous les plans, du début à la fin de cette thèse.
J’aimerais remercier spécialement deux hommes qui ont eu suffisamment confiance en moi pour
me confier ce travail de thèse : Frédéric DUMAS et Jean-Christophe IANESELLI chez
Schneider-Electric, les initiateurs de cette thèse, sans qui je ne serais là à partager la joie d’une
tâche accomplie. Frédéric DUMAS a su guider mes premiers pas durant cette thèse, me mettant en
contact avec des personnes clés. C’est un responsable altruiste, plein d’idées innovantes, avec qui,
il est plaisant de travailler et qui a beaucoup participé à mon épanouissement durant cette thèse.
Jean-Christophe IANESELLI en tant que responsable du département auquel je fus affecté a
défendu ce projet de thèse et a mis tous les moyens qu’il fallait pour sa réussite. Je leur en suis
infiniment reconnaissant
Je remercie tous les experts de Schneider-Electric avec lesquelles j’ai eu des discussions techniques
très constructives. Ces discussions m’ont permis de réunir un certain nombre de données
nécessaires pour le développement des outils mis en place durant cette thèse. Je citerais parmi ces
experts, Christophe KILINDJIAN, Pascal LEPRETRE et Didier VANDOOREN, ils ont tous
manifesté un intérêt particulier à travailler sur ce sujet de thèse. Milles mercis à Christophe
KILINDJIAN qui a bien voulu mettre à notre disposition le cœur de calcul de son logiciel
EChaufPc®. Je remercie Lehdi KISMOUNE chez Schneider-Electric qui m’a prêté le matériel
pour les essais sur le tableau OKKEN.
Je ne saurais oublier, Florence FRANCOIS ingénieur au G2ELAB que je remercie pour sa grande
disponibilité et son apport notamment sur la prise en main de la technique des réseaux Bayésiens.
C’est quelqu’un de très sympathique.
Une dédicace spéciale à toutes les personnes grâce à qui je me suis pleinement épanoui durant ces 3
années de thèse, Les membres de l’équipe des Services et Projets chez Schneider-Electric avec
Nathalie CADORIN en particulier, mes amis et le personnel du G2ELAB, tous et toutes, pour leur
convivialité.
INTRODUCTION ............................................................................................. 9
I. PROBLEMATIQUE .................................................................................................................................... 15
II. LE TABLEAU ELECTRIQUE BASSE TENSION ET SES CONSTITUANTS ................................................... 15
1. L’ENVELOPPE ........................................................................................................................................... 16
2. LES CLOISONNEMENTS INTERNES ............................................................................................................ 16
3. LA DISTRIBUTION ..................................................................................................................................... 17
4. L’APPAREILLAGE ...................................................................................................................................... 17
5. LES CABLES DE RACCORDEMENTS CLIENTS ............................................................................................. 17
6. EXEMPLE DE TABLEAUX ELECTRIQUES .................................................................................................... 18
III. ETAT DES LIEUX DES CAUSES DE DEFAILLANCES DES TABLEAUX ELECTRIQUES BT ...................... 18
1. LES GRANDES FAMILLES DE CAUSES DE DEFAILLANCES DES TABLEAUX ELECTRIQUES ......................... 19
2. REPARTITION DES GRANDES FAMILLES DE DEFAILLANCES...................................................................... 20
IV. DETECTION ET DIAGNOSTIC DES DEFAUTS DES TABLEAUX ELECTRIQUES PAR LA MESURE DE LA
TEMPERATURE................................................................................................................................................ 21
1. LA SURVEILLANCE THERMIQUE HIER ET AUJOURD’HUI ........................................................................... 21
2. LA SURVEILLANCE THERMIQUE DE DEMAIN ............................................................................................ 22
CONCLUSION ............................................................................................... 24
INTRODUCTION ........................................................................................... 27
CONCLUSION ............................................................................................... 45
INTRODUCTION ........................................................................................... 48
CONCLUSION ............................................................................................... 58
INTRODUCTION : ......................................................................................... 62
CONCLUSION ............................................................................................... 88
INTRODUCTION : ......................................................................................... 92
6 Sommaire
I. TABLEAU OKKEN EN CONDITION REELLE D’UTILISATION............................................................... 119
II. POSITIONNEMENT DES CAPTEURS ...................................................................................................... 120
III. MODELISATION ET DETECTION ........................................................................................................ 121
1. MODELISATION ...................................................................................................................................... 121
2. DETECTION ............................................................................................................................................. 124
IV. DIAGNOSTIC ........................................................................................................................................ 127
V. ETAT DES LIEUX DU SYSTEME GLOBAL .............................................................................................. 129
Aujourd’hui, que ce soit dans l’industrie lourde ou dans le tertiaire, les usagers d’électricité ont de
plus en plus le souci de se garantir une continuité de service, compte tenu des pertes souvent
énormes engendrées par un arrêt de fonctionnement de leur installation.
Dans toute installation électrique, l’énergie provenant du distributeur d’électricité, après la
transformation MT/BT, est acheminée vers les utilisateurs finaux en passant par un ou plusieurs
tableaux électriques (Figure 1).
Le tableau électrique regroupe une grande partie de l’appareillage et des éléments servant à la
répartition et la mesure de l’énergie électrique ainsi qu’à la protection des équipements et de leurs
Maintenance Prédictive
Diagnostic: Monitoring
« Film »
Diagnostic
Performance Ponctuel « Photo »
minimum requise
Maintenance de
routine T
Durée
de vie
Maintenance
Nettoyage et conditionnelle
graissage
10 Introduction
avancée. Dans le deuxième cas, les inspections plus fréquentes (minute, heure, jour) permettent de
détecter un état de dégradation moins avancé. Toutefois la frontière entre ces deux types de
maintenances reste floue.
Schneider-Electric développe des outils aidant aux différents types de maintenances qu’il propose.
Le groupe offre déjà à ses clients la possibilité de suivre leur parc installé à travers des informations
concernant la gestion de la maintenance de routine de leur installation. Ces clients peuvent aussi
accéder à des grandeurs électriques telles que la puissance consommée, le courant, la tension, et le
taux d’harmoniques. Toutes ces informations sont rapatriées sur un serveur et traitées. Les experts
Schneider-Electric les utilisent pour des recommandations dans le but de mener des actions
préventives, qui vont dans le sens de garantir une énergie beaucoup plus fiable, disponible et moins
chère.
Dans cette dynamique, la division Service de Schneider-Electric, dans sa stratégie de
développement des services prédictifs, a initié cette thèse d’aide à la maintenance des tableaux
électriques par le suivi des grandeurs physiques. L’idée est donc de se servir des mesures réalisées,
et éventuellement d’autres grandeurs physiques, pour aider à la maintenance prédictive des tableaux
électriques [1]-[2].
Une enquête impliquant des experts Schneider-Electric nous révèle que la principale cause de
défaillance des tableaux électriques est le « défaut de raccordement » conduisant à un échauffement
local de la connexion et pouvant dégénérer en un amorçage. La plupart des autres causes de
défaillance (surcharges, harmoniques, mauvaise ventilation), conduisent également à une élévation
de la température. Dès lors, la température semble être une grandeur physique qui pourrait aider à
détecter et diagnostiquer un ensemble important des modes de défaillances des tableaux électriques.
Ainsi, le but premier de cette thèse est d’élaborer un outil de détection et de diagnostic des tableaux
électriques, basé principalement sur la mesure de la température, mais également des autres
grandeurs accessibles.
Ce document est le rapport de cette thèse. Il est organisé de la façon suivante :
o Le chapitre 1 situe le contexte général et la problématique de notre étude.
o Le chapitre 2 présente des expériences de compréhension des principaux défauts des
tableaux électriques.
o Le chapitre 3 donne une aide sur l’emplacement des capteurs de température dans le tableau
électrique en se basant sur les résultats des expériences.
12 Introduction
Chapitre1
CONTEXTE DE L’ETUDE
________________________________________________________________________________
14 Chapitre 1 : Contexte de l’étude
CONTEXTE DE L’ETUDE
I. Problématique
Notre étude s’insère dans un contexte général qui est celui de la disponibilité de l’énergie électrique.
En effet ce thème prend de plus en plus d’ampleur dans le domaine industriel et tertiaire du fait des
coûts occasionnés par l’arrêt d’un service ou d’une chaîne de production. A titre indicatif, pour
beaucoup d’installations industrielles le coût horaire d’arrêt est supérieur à 10.000$/h. Jusqu’à ce
jour, pour pallier ce problème, les industriels ont recours à de la maintenance préventive à
intervalles de temps réguliers. Il est vrai que cette pratique permet d’éviter un bon nombre de
défaillances, mais elle reste chère et nécessite souvent des arrêts de l’installation électrique.
Aujourd’hui il est de plus en plus question de la maintenance prédictive basée sur la connaissance
continue de l’état du système [3]. Ceci dans le but de réduire encore plus les coûts liés à la
maintenance, et d’augmenter la disponibilité de l’équipement électrique. Aujourd’hui la venue de
capteurs et de composants électriques communicants rend cette pratique d’autant plus viable.
Nous nous intéressons particulièrement au tableau électrique Basse Tension (BT), point de passage
quasi obligatoire de l’énergie électrique.
Avant de développer notre plan d’action pour aider à sa maintenance prédictive, présentons ce
qu’est un tableau électrique et faisons l’état des lieux des causes de ses défaillances.
Le tableau électrique sert à la distribution de l’énergie électrique depuis le point d’arrivée de cette
énergie jusqu’aux équipements utilisateurs. Il est composé d’une enveloppe et d’un ensemble
d’éléments dont le rôle est d’assurer la répartition de l’énergie, la protection, et le contrôle de
1. L’enveloppe
L’enveloppe d’un tableau électrique assure la protection des personnes contre les chocs électriques.
Elle protège aussi le matériel contre les influences externes (poussières conductrices,
environnement chimique agressif etc.).
Des écrans et des cloisons contribuent à éviter les contacts avec des parties actives (jeu de barres
sous tension par exemple), augmentant ainsi la protection des personnes. Ils assurent la protection
contre le passage de corps étrangers entre les différents compartiments, et permettent de réduire les
risques d’amorçages. Des systèmes de ventilation forcée ou naturelle peuvent être installés dans le
tableau en vue de répondre au problème d’évacuation de chaleur pouvant être engendré par ces
cloisons. La norme IEC-60439.1 définit précisément les degrés de cloisonnement interne à travers
la notion de forme.
Forme1 : Absence totale de cloisonnement
Forme 2 : Séparation entre jeux de barres et unités fonctionnelles
Forme 3 : En plus de la forme 2, séparation de toutes les unités fonctionnelles entre elles.
Forme 4 : En plus des caractéristiques de la forme 3, séparation des bornes pour conducteurs
extérieurs associés à une unité fonctionnelle de celles de toutes les autres unités fonctionnelles et
des jeux de barres.
3. La distribution
4. L’appareillage
Les raccordements se font directement depuis les bornes de l’appareillage de protection ou par
l’intermédiaire de dispositifs de raccordements séparés. Les câbles de raccordements clients (ou
départs clients) assurent l’alimentation en énergie de la charge terminale (moteur par exemple).
Pour répondre au besoin du marché, Schneider-Electric fournit des armoires et tableaux électriques
BT d’architectures et de puissances variées. A titre indicatif, nous pouvons citer,
• L’armoire « Prisma Plus », destinée aux bâtiments du tertiaire, allant jusqu’à 3200A de
courant assigné.
• Le tableau « Okken » destiné aux applications de l’industrie lourde, allant jusqu’à 7300A de
courant assigné.
Ci-dessous nous pouvons voir une armoire « OKKEN » avec les différentes parties repérées.
Jeux de barres
horizontales
Câbles de
raccordements clients
Appareillage
Unités fonctionnelles
Cloisons
Comme tout système électrique, le tableau subit l’influence du milieu extérieur dans lequel il opère.
Il subit aussi l’influence d’autres phénomènes liés à son utilisation proprement dite. Ces influences
Les entretiens réalisés auprès des six experts révèlent que parmi les familles de causes de
défaillances des tableaux, viennent d’abord les défauts de raccordements, puis les surcharges. Sans
qu’il faille attacher une signification statistique à ces chiffres, la part de ces causes dans l’ensemble
des causes de défaillances est respectivement de 34% pour les défauts de raccordements et de 21 %
pour celles dues aux surcharges. Par ailleurs, nous pouvons remarquer que la plupart des causes de
défaillances conduisent à une élévation en température.
Erreur ! Liaison incorrecte.
En effet, les environnements agressifs ou les défauts de raccordements, se traduisent par une
dégradation des contacts électriques. Il s’en suit une augmentation de la résistance de contact qui
entraîne un échauffement local par effet joule au passage du courant. Les défauts de ventilation sont
également susceptibles d’occasionner une élévation de la température ambiante du tableau. Les
surcharges surchauffent les câbles, les jeux de barres et les appareillages.
La température semble donc être une grandeur physique permettant de superviser une part
importante des causes de défaillances.
Les deux pratiques encore largement utilisées jusqu’à ce jour, pour prédire les risques de défaillance
de l’armoire électrique créés par un échauffement excessif, sont :
Nous voulons avoir une surveillance continue du tableau électrique. Elle nous permettra d’analyser
plus efficacement les éventuelles dérives et de planifier des actions de maintenances prédictives le
plus tôt possible. Les outils d’aide à la détection et au diagnostic réalisés devront s’appuyer sur la
chaîne logistique d’acquisition des données via le Web déjà existante à Schneider-Electric (Figure
7). Cette chaîne se compose d’éléments communicants :
• Les « PowerMeters » pour la mesure des courants, des tensions et des taux d’harmoniques.
Capteurs de
température
Courbes
Il ressort de l’analyse des entretiens avec les experts que l’une des principales causes de défaillance
des tableaux est le mauvais raccordement. Il faut noter que certaines des causes mises en évidence
ne pourront pas être traitées dans l’étude que nous voulons mener. Il s’agit des intrusions d’animaux
et de corps étrangers, qui conduisent souvent à un court-circuit, un phénomène instantané
difficilement prévisible par le suivi d’une grandeur physique, encore moins de la température.
Outre le mauvais raccordement qui conduit à un échauffement local des connexions, nous
constatons que la plupart des causes de défaillances se manifestent aussi par un échauffement local
ou global du tableau électrique. Ainsi ce constat justifie l’idée de se servir de la température comme
paramètre principal de suivi de l’état des tableaux électriques.
Le système d’aide à la maintenance préventive par la détection précoce et le diagnostic des défauts
du tableau électrique que nous voulons mettre en place, se basera sur le système d’acquisition de
données déjà existant dans la division des Services de Schneider-Electric. Ce système comprend les
capteurs de température sans fil et les éléments communicants de mesure du courant. Nous
considérons dans notre étude que ces données sont disponibles car rapatriées sur un serveur pour le
traitement. Dans la suite de ce document nous nous concentrerons plutôt sur l’exploitation de ces
données dans le but d’aider à la maintenance prédictive.
La mise en œuvre de cet outil de surveillance thermique implique :
o la compréhension des phénomènes de dégradation (Chapitre 2),
o un bon positionnement des capteurs (Chapitre 3),
o l’analyse des données issues des capteurs pour en dégager des informations utiles à la
détection prédictive et au diagnostic (Chapitres 4 et 5).
Introduction
Nous nous intéressons aux contacts électriques, compte tenu du fait qu’ils représentent, selon notre
enquête, la partie du tableau la plus susceptible d’être à l’origine d’un défaut. Ainsi dans cette
partie, nous présenterons, d’abord, dans un cadre théorique, ce qu’est un contact électrique, avec les
principaux paramètres qui le caractérisent. Ensuite, nous nous attarderons sur une série d’essais
réalisés pour comprendre les phénomènes de dégradation de ces contacts électriques.
Les contacts électriques permettent de lier électriquement deux éléments conducteurs. Ces éléments
peuvent être des jeux de barres, des câbles où des appareillages. Un contact électrique dans sa
forme la plus simple est la mise en contact de deux surfaces métalliques conductrices de courant
électrique.
Lorsqu’on met en contact deux surfaces métalliques, le contact entre ces deux surfaces n’est jamais
parfait. C'est-à-dire que l’interface du contact n’est pas une zone lisse constituée d’un nombre infini
de points, où tous les points en regard se toucheraient. En réalité la surface à l’interface d’un contact
est constituée d’un nombre fini de points de contacts appelés « contacts élémentaires » (Figure 8).
Le nombre et la taille des contacts élémentaires sont fonction de nombreux paramètres dont les plus
significatifs sont :
• la dureté du matériau,
Contacts élémentaires
Les formules pour évaluer les résistances de contact (évoquées dans l’annexe 1), relèvent encore du
domaine théorique. Même si elles ont l’avantage de nous éclairer sur l’influence relative des
différents paramètres physiques intervenant dans le calcul des résistances de contact, elles ne sont
Dans ce paragraphe nous présentons des essais ayant été réalisés pour mettre en évidence les effets
des défauts des contacts électriques.
Quatre types d’essais ont été réalisés, il s’agit de :
• L’essai de desserrage progressif sur les contacts « boulonnés à plat », « boulonnés pincés »,
et « boulonnés sur chant ».
L’expérience consiste à mettre une moitié de barre dans un four (repérée 1 sur la Figure 10) et
l’autre moitié à l’extérieur (repérée 2 sur la Figure 10). Ces deux moitiés de barre sont reliées par un
contact qui sera soit une pince d’embrochage ou un contact boulonné à plat. La suite de
l’expérience consiste donc à imposer une température de l’air dans le four et à mesurer l’écart de
température de part et d’autre du contact. L’expérience a été réalisée successivement avec à
l’extérieur du four une barre longue de 40 cm puis une barre courte de 11 cm. En effet la barre
longue est censée faire plus d’appel de flux de chaleur (Figure 11).
Le phénomène de bouchon thermique est bien mis en évidence sur l’exemple avec une pince
d’embrochage composée d’une seule pince. La température imposée dans le four est de 200°C.
Sur l’image thermographique de la Figure 12, nous remarquons une grande différence de
température entre l’amont et l’aval du contact. En effet, en amont du contact nous avons 101°C
tandis que juste en aval nous n’en avons plus que 58°C, soit environ 40°C d’écart. Cette différence
serait seulement d’environ 10°C dans le cas d’un contact boulonné à plat dans les mêmes conditions
d’essai. Ceci nous permet de bien mettre en évidence l’effet de la résistance thermique. Avec une
pince d’embrochage composée d’une seule pince, le flux thermique a du mal à s’écouler. Il en
résulte une température aval du contact très élevée et une température amont qui est beaucoup plus
basse. Ce bouchon thermique contribue à creuser l’écart entre l’amont et l’aval du contact. D’une
certaine manière ce phénomène rend le capteur de température qui serait placé en aval du contact
aveugle à l’élévation de température anormale qui se passe en amont.
Pour chaque configuration, nous imposons différentes températures dans le four et nous mesurons
les températures de part et d’autre du contact. Deux types de comparaisons peuvent être faites :
10°C
b o ulo nné à p lat
5°C
0°C
0°C 50°C 100°C 150°C 200°C 250°C
La Figure 13 présente plusieurs droites qui représentent la différence de température entre l’amont
et l’aval du contact pour différentes températures imposées dans le four (en abscisse) et dans les
différents cas de figures précités.
Ainsi ces courbes nous permettent de faire plusieurs remarques :
Remarque 1 :
La différence de température de part et d’autre du contact est une fonction linéaire de la température
imposée dans le four. Cette différence de température est moins importante dans le cas du contact
boulonné à plat. Selon les experts, ce contact quand il est serré au couple et bien dimensionné, peut
être considéré comme la référence en terme de résistance thermique de contact vers laquelle les
autres types de contacts devraient tendre.
Remarque 2 :
La différence de température dans le cas d’une barre longue est supérieure à celle avec une barre
courte. En effet avec la barre longue il y a plus d’appel de flux. La résistance thermique a pour unité
°C/W, ce qui signifie que : Plus il passe de flux thermique plus l’écart de température s’agrandit.
Ainsi une résistance thermique de 1°C/W engendrerait une différence de température de 1°C s’il
passe un flux thermique de 1W. Comme avec la barre longue il passe plus de flux, la différence de
température entre l’amont et l’aval du contact est plus élevée.
Cette expérience peut servir à estimer la résistance thermique de contact de sorte à avoir un ordre
de grandeur de cette résistance. La méthode de calcul est basée sur la conservation du flux
thermique de conduction. Elle nous donne une résistance thermique du contact boulonné environ 3
fois moins importante que celle de la pince d’embrochage composée de trois pinces (Cf. Annexe 2).
Conclusion de l’essai
Dans la réalité, l’appareil qui est près d’une connexion impose un flux de chaleur et non une
température comme nous l’avons fait dans cet essai. Toutefois il nous permet de faire des
observations intéressantes. A travers cet essai nous avons pu faire les observations suivantes :
• Le bouchon thermique est bien mis en évidence avec une pince d’embrochage composée
d’une seule pince. Il se caractérise par une différence de température très élevée entre
l’amont et l’aval de la pince (+40°C).
• La différence de température entre l’amont et l’aval d’un contact est une fonction linéaire de
la température imposée dans l’enceinte.
• Le bouchon thermique est d’autant plus mis en évidence que le jeu de barre aval est long ce
qui occasionne plus d’appel de flux de chaleur.
• Le contact boulonné à plat a une résistance thermique faible par rapport à la pince
d’embrochage et peut être considéré comme la référence en terme de résistance thermique,
quand il est bien dimensionné et bien serré au couple.
• Cet essai nous donne une méthode de mesure de la résistance thermique à condition que le
système soit adiabatique ce qui n’est rigoureusement pas le cas dans l’expérience présentée
ci-dessus (Cf. Annexe3).
2.1. Le but
Nous savons que le desserrement d’un contact entraîne une élévation de sa résistance de contact, ce
qui a pour effet un échauffement supplémentaire au passage du courant. L’essai de desserrage
permet de se rendre compte de ce phénomène. Il répond à deux objectifs qui sont :
Remarque1 :
Nous remarquons sur la Figure 15 que l’échauffement est de moins en moins visible quand on
s’éloigne du point chaud. Cela s’explique par les déperditions thermiques. Ainsi au fil des
desserrages, l’échauffement au point 1 qui est à 60 cm du point chaud n’évolue presque pas.
Remarque2 :
Nous nous rendons compte qu’il faut desserrer beaucoup (<1/8ième du couple nominal) pour voir un
échauffement notable au niveau de la connexion (point5 sur la Figure 14).
Résistance de contact
200
(micro-Ohm)
150
100
50
0
n
20
26
14
3
9
ai
m
En ce qui concerne le contact « boulonné à plat », nous obtenons un résultat très proche de celui du
« boulonné pincé ». L’échauffement à 1/4 du couple nominal est de +4 °C pour le pincé et +3°C
pour le boulonné à plat. Le « sur chant » se démarque quelque peu de ces deux contacts par une
grande résistance de contact donc engendre plus d’échauffement. Ainsi l’échauffement à 1/4 du
couple nominal est de 12°C pour le « sur chant ».
Le temps de stabilisation est en moyenne de deux heures pour une consigne autour du courant
nominal. La constante de temps est en moyenne de 43 mn. Elle dépend de plusieurs paramètres dont
les paramètres physiques du matériau du jeu de barre et le courant. En effet elle est inversement
proportionnelle au carré du courant [14]. Cette expérience nous permet surtout de nous rendre
Conclusion de l’essai
Nous pouvons tirer un certain nombre de conclusions à travers les observations faites durant cet
essai :
• Au-delà de 20cm le défaut est difficilement visible. A 20cm du point chaud nous avons en
moyenne 52% d’atténuation de l’échauffement supplémentaire généré.
• D’une manière générale, l’échauffement au point de contact est significatif à partir d’un
couple de serrage très faible (<1/8ième du couple nominal).
3.1. Le but
Dans l’expérience de desserrage progressif, nous nous rendons compte que le desserrage progressif
se traduit par un échauffement supplémentaire mais ne provoque pas immédiatement un
emballement thermique. Dans la littérature nous pouvons lire que le desserrage favorise les micros
déplacements qui accélèrent le processus de vieillissement par oxydation et corrosion des contacts
élémentaires [15]. Pour un contact rigide (serré au couple), il faudrait des dizaines d’années pour
voir une dégradation significative.
Ainsi, cet essai de vieillissement accéléré poursuit deux objectifs :
Le cycle étant décrit comme suit : Le jeu de barre est alimenté en courant pendant 2 heures, le
temps de la stabilisation. Entre deux cycles, le courant est coupé pour laisser refroidir le jeu de barre
jusqu’à sa stabilisation à la température ambiante. Ce refroidissement dure aussi environ deux
heures.
Le contact pincé mis à l’essai a été préalablement desserré à 1/8ième de son couple nominal soit 3,5
Nm, dans le but d’accélérer le vieillissement. L’essai a eu lieu en deux temps :
• Dans un premier temps nous faisons passer un courant de 1800 A (1,2 In). Cette première
phase dure 12 cycles.
• Dans un deuxième temps, nous faisons passer un courant de 2200A (1,5In). Cette phase dure
du cycle 13 au cycle 32.
Nous surveillons la différence de température entre le point 2 et le point 5. Les résultats sont
présentés ci-dessous.
40°C
35°C 1800A 2200A
30°C
deltaT(°C)
25°C
20°C
15°C
10°C
c y 10
c y 12
c y 14
c y 16
c y 18
c y 20
c y 22
c y 25
c y 28
c y 30
32
2
cy e 8
e
e
cl
cl
cl
cl
cl
cl
cl
cl
cl
cl
cl
cl
cl
cl
cl
cy
cy
cy
cy
Conclusion de l’essai
Nous constatons à travers cet essai que :
4. Essai vibratoire
4.1. Le but
Le but de cet essai est d’analyser dans quelle mesure le desserrage d’un contact modifie son mode
vibratoire.
La connexion choisie relie un jeu de barre du tableau à un câble destiné à alimenter une charge
externe. Ce type de connexion est appelé connexion client car il relie généralement l’armoire à
l’application client. L’accéléromètre est placé sur la connexion dont on mesure la vibration (Figure
19). L’armoire est alimentée en courant alternatif de 1200A. L’accéléromètre est fixé sur un ergot
en acier comme le montre la Figure 19. L’essai consiste à faire des desserrages à 1/2, 1/4, 1/8 puis
1/16 du couple nominal qui est de 50 Nm. A chaque desserrage nous enregistrons une séquence de
quelques minutes du signal vibratoire. La fréquence d’échantillonnage est de 250 Hz. Elle a été
choisie pour pouvoir suivre la raie de 100Hz. En effet les vibrations dans l’armoire électrique ont
pour origine les forces de Laplace exercées sur les conducteurs à chaque alternance. Cette force fait
intervenir le produit des courants déphasés et de même fréquence. Ainsi si nous prenons deux jeux
de barres parcourues respectivement par des courants i1 = Cte1 ⋅ sin( wt ) et i2 = Cte2 ⋅ sin( wt + α ) ,
alors la force F de Laplace résultant de l’interaction entre ces deux courants sera de la
forme : F = Cte ⋅ sin(2 wt + α ) . Par conséquent, sachant que le courant pulse à 50Hz, les vibrations
résultantes ont une fréquence double, c’est-à-dire 100Hz.
Analyse temporelle
A la lecture du signal temporel, nous pouvons conclure que l’amplitude du signal vibratoire est
d’autant plus élevée que le couple de serrage est bas. Toutefois, si la différence d’amplitude est très
nette entre le signal associé au « serrage au couple nominal (Cn) » et celui associé au « serrage à
1/8 ième du couple nominal », elle ne l’est pas toujours pour les autres couples de serrages. Ainsi le
passage de Cn/8 à Cn/16 ne se voit pratiquement pas sur l’amplitude des vibrations associées à ces
cas.
Analyse fréquentielle
0.04
1/8 ième du couple nominal
0.035
Serrage à 1/16 du couple nominal
Serrage à 1/4 du couple nominal
0.03
Puissance du signal
0.015
0.01
0.005
0
99 99.5 100 100.5 101
Frequences(Hz)
En règle générale, l’amplitude de la raie 100Hz croît avec la dégradation du contact (desserrage), la
différence est nette entre un contact serré au couple et un contact totalement dégradé (serré à Cn/8)
mais on peut arriver à des contradictions car l’amplitude du Cn/8 est plus élevée que celle du Cn/16
(Figure 20).
Une comparaison en valeur relative (par rapport à leur valeur au couple nominal) de la vibration et
de l’échauffement est donnée à la Figure 21 pour différents couples de serrage. Nous pouvons
constater que pour les petits desserrages jusqu’à 1/8ième du couple de serrage la variation relative de
Conclusion de l’essai
L’essai de mesure de la vibration nous montre que :
Quel que soit le type d’analyse qui est faite (temporelle ou fréquentielle), un contact très dégradé se
distingue nettement d’un contact serré au couple par une amplitude des vibrations (pour l’analyse
temporelle) ou une amplitude de la raie de 100Hz (pour l’analyse fréquentielle) plus élevée.
Cependant nous remarquons que cette différence n’est pas très marquée pour des desserrages
intermédiaires. Nous arrivons même à avoir une amplitude de la raie de 100Hz correspondante au
desserrage au 1/16ième du couple nominal qui est inférieure à celle correspondante au 1/8ième du
couple nominal. Ceci rend difficile l’interprétation du signal vibratoire en tant que moyen de
détecter et surtout d’évaluer le desserrage d’un contact électrique.
Dans ce travail de thèse nous avons travaillé, surtout à la détection du desserrage par la mesure de la
température. Cependant, les résultats de cet essai ouvrent la voie à une possible complémentarité
entre la vibration et l’échauffement, pour la détection et l’évaluation du desserrage. La première
pouvant permettre de détecter les petits desserrages et la seconde les desserrages plus importants.
C’est le même principe que dans la coupure électrique, le courant est utilisé pour la coupure rapide
et la température pour la coupure lente.
Une vision théorique du contact électrique a été présentée dans cette partie. Cette vision met
l’accent sur deux paramètres influents dans l’échauffement du contact et permettant d’expliquer sa
dégradation. Ce sont : la résistance électrique de contact et la résistance thermique de contact.
Les observations faites au cours des expériences montrent bien que le desserrage du contact
électrique conduit à une augmentation de la résistance de contact qui s’échauffe par effet Joule au
passage du courant. Cependant, en général, il faut desserrer le contact à un couple inférieur au
huitième de son couple nominal pour voir un échauffement significatif. Par ailleurs, l’échauffement
résultant reste un phénomène local.
L’essai de vieillissement du « contact boulonné pincé » prouve que le contact vieillit dans le temps.
Il vieillit d’autant plus qu’il subit des surcharges, qui sont à l’origine de fortes vibrations et de
phénomènes de relaxations qui diminuent la force de pression et augmentent ainsi la résistance de
contact [16]. Par ailleurs, la mesure de la vibration comme moyen de détecter un desserrage se
heurte à des difficultés d’interprétations.
Une forte résistance thermique empêche le flux de chaleur de circuler à travers le contact. Ce
phénomène mis en évidence dans l’essai de bouchon thermique entraîne une élévation anormale de
la température en amont du contact.
Il est important de souligner que toutes ces expériences permettent de se rendre compte qu’un
contact électrique défaillant qui est laissé sans intervention ne retrouve pas son état normal. Au
contraire il peut se dégrader encore plus sous certaines conditions de vieillissement accéléré
(surcharges par exemples).
Ainsi, les essais réalisés pour comprendre les phénomènes physiques liés aux dégradations des
contacts électriques nous ont donné un certain nombre de résultats nous permettant d’aborder la
phase de pose des capteurs.
Introduction
Un bon emplacement des capteurs est une condition nécessaire pour espérer une détection précoce
des défaillances du tableau électrique. Avant d’aborder la pose de capteur proprement dite, il nous
semble important de rappeler les conditions d’échanges thermiques dans le tableau électrique.
Du point de vue de la thermique, l’armoire électrique est un système constitué d’un fluide, l’air, et
de plusieurs éléments solides actifs ou inactifs. Les éléments inactifs sont les cloisons, l’enveloppe
et toutes les parties dans lesquelles, normalement il ne circule pas de courant électrique. Les
éléments actifs sont les jeux de barres, les câbles, les disjoncteurs et autres appareils dans lesquels
circule le courant électrique. Ces éléments actifs sont reliés par des connexions qui tout comme ces
derniers sont de véritables sources de chaleur (surtout quand elles se desserrent).
Au passage du courant électrique, la température des éléments actifs s’élève par effet Joule
entraînant ainsi un déséquilibre de l’état thermique. Pour atteindre l’équilibre thermique, toutes les
parties y compris l’air, échangent thermiquement selon les trois phénomènes classiques
d’échanges thermiques que sont : la conduction, la convection, le rayonnement, dont la théorie est
rappelée en annexe (Cf. annexe 4). Tous ces phénomènes d’échanges thermiques se retrouvent au
sein de l’armoire électrique. La Figure 22 nous donne une vision synthétique des constituants du
tableau électrique et des différents échanges thermiques qui se passent entre ces éléments.
Air Ambiant
Air interne
Rayonnement
câbles, Appareils Convection
Jeu de barres
Conduction
La conduction dans le tableau électrique est réalisée au sein des conducteurs, des câbles et des jeux
de barres qui sont aussi des sources d’énergie. Il s’agit donc d’une conduction vive. Au niveau des
appareils, la chaleur créée par effet joule est évacuée par conduction vers les jeux de barres et les
câbles à travers les contacts électriques. Selon les experts, la conduction est le phénomène
d’échange thermique prépondérant au sein de l’armoire électrique. Elle représente 60 à 70% des
échanges thermiques dans le tableau.
L’air interne de l’armoire électrique échange par convection avec les surfaces des constituants
solides de l’armoire électrique que sont les appareils, les conducteurs et les différentes parois
(enveloppes et cloisons). Il faut aussi noter qu’un transport de la chaleur est fait du bas du tableau
vers le haut par les mouvements convectifs de l’air interne. Ainsi il peut arriver que l’air du haut de
l’armoire électrique soit plus chaud de plus de 20°C par rapport à l’air du bas de l’armoire
électrique.
Dans l’armoire électrique, la chaleur est échangée par rayonnement, entre les jeux de barres des
différentes phases, entre les jeux de barres et les différentes parois des cloisons ou de l’enveloppe.
La chaleur apparaissant par effet joule au niveau des appareils est aussi échangée par rayonnement
avec les parois de l’enveloppe et les surfaces des autres appareils les plus proches.
Toutefois au niveau du tableau électrique ce mode d’échange thermique reste moins important que
la conduction et la convection.
Compte tenu des essais et études qui ont fait l’objet des paragraphes précédents, un certain nombre
de résultats et remarques peuvent nous guider dans l’emplacement des capteurs. Ce sont
principalement les suivants :
• La première cause de défaut des tableaux électriques est la dégradation des contacts
électriques, qui se manifeste par un échauffement. Cet échauffement est localisé.
Les appareils sont le siège d’une création de chaleur. La défaillance de leurs connexions peut dans
certains cas rendre difficile l’évacuation de la chaleur et ainsi contribuer à l’échauffement de
l’appareillage. On observe un phénomène de bouchon thermique (Chapitre 2).
Il peut y avoir fusion des isolants, dégradation de l’isolement et même incendie provoqué par un
amorçage. Pour prévenir ce cas, il serait plus judicieux de placer le capteur coté appareillage. Car
comme nous pouvons le constater sur la photo thermique de la Figure 23, de gros écarts peuvent
être observés entre l’amont et l’aval du contact. Cette photo, certes caricaturale (car le défaut a été
amplifié en mettant 1 pince au lieu de trois dans le cas normal) nous montre bien ce qui pourrait se
passer à une échelle plus réduite en cas de défaut au niveau de la pince (Pince installée de travers
par exemple).
Les expertises attestent que c’est dans la zone installateur et plus particulièrement celle des
raccordements clients qu’il y a le plus de problèmes.
En effet les connexions clients sont susceptibles d’être manipulées par l’installateur en cas
d’extension par exemple. C’est la partie la plus susceptible d’être soumise à des modifications, donc
la plus susceptible de voir des défaillances dues aux fautes d’attention ou à la non-expertise de
l’installateur (non respect du couple de serrage par exemple).
En cas de surchauffe de la barre, les isolants risquent de perdre leurs propriétés d’isolation,
entraînant ainsi des défauts sur la tenue des distances d’isolement. En effet si par conception on
isole les jeux de barres, on réduit par la même occasion les distances d’isolement. Ainsi un jeu de
Les connexions des jeux de barres nues loin d’isolants et loin des appareillages contribuent
seulement à l’échauffement global de l’air autour du jeu de barre sans forcement être dangereux de
prime abord. Car, comme nous le disions plus haut, le danger n’est pas tant la température absolue
du jeu de barre mais l’atteinte des températures limites des isolants autour du jeu de barre.
Cependant une élévation globale de la température du tableau peut être source de déclenchements
intempestifs de l’appareillage. Le tableau de décroissance de l’échauffement du point chaud issu de
l’expérience de desserrage progressif sur plusieurs technologies de contacts (chapitre 2) montre que
le point chaud n’a pratiquement plus d’effet à 60 cm plus loin. Les jeux de barres nues peuvent être
considérées comme étant loin de toute partie isolante si les barres ne rencontrent pas d’isolant dans
leur voisinage jusqu’à 60 cm de distance.
Utilisées de plus en plus pour assurer la fonction de « débrochabilité » des unités fonctionnelles,
elles sont susceptibles de se dégrader plus rapidement entrainant ainsi des risques de bouchon
thermique.
Les contacts de type boulonné sont moins sujets au phénomène de bouchon thermique.
Les différents critères cités plus haut nous permettent de créer une matrice de priorités des zones à
instrumenter, en rangeant les différents sous-critères par ordre de criticité. Ainsi chaque point de
contacts électriques à instrumenter pourra être situé dans la matrice en fonction des trois critères
que sont le contexte dans lequel le contact est installé, la technologie du contact, et son
emplacement dans l’armoire électrique.
• Les capteurs devront être placés le plus près possible de la partie à surveiller. Ne pas placer
le capteur à plus de 20cm de l’élément cible (à 20cm il y a environ 52% de déperdition).
• Pour les tableaux fortement compartimentés (> forme 3: les appareils sont séparés entre eux)
il faudrait mesurer l’ambiante de chaque niveau car la convection naturelle est fortement
réduite par les cloisons (Figure 27).
En ce qui concerne le nombre de capteurs, son optimisation est rendue difficile par le fait que
l’échauffement résultant d’un défaut de contact électrique est souvent très localisé, il faut donc aller
au plus près du contact pour espérer voir le défaut.
Le nombre de capteurs dépend évidemment de la structure et de la taille du tableau électrique. Il est
aussi lié au nombre de disjoncteurs et d’unités fonctionnelles du tableau car ce sont des zones à
instrumenter prioritairement. A titre indicatif, un tableau électrique avec un disjoncteur triphasé
d’arrivée et un disjoncteur triphasé de départ peut être instrumenté convenablement avec 15
capteurs. 2 capteurs d’ambiante intérieure près des disjoncteurs, 1 capteur d’ambiante extérieure, 3
capteurs pour chaque entrée et sortie des disjoncteurs. Sachant que le prix de revient du point de
mesure est bien inférieur à 50 euros (hors main d’œuvre) alors le coût de l’instrumentation de ce
tableau est sans comparaison devant les sommes énormes qui sont perdues quand une installation
est mise à l’arrêt. Le coût de l’arrêt étant en grande partie lié à la production perdue et non au
remplacement des matériels électriques défaillants.
Dans ce chapitre, nous nous sommes appuyés sur les expériences effectuées sur les contacts
électriques, et les conditions de transferts thermiques dans le tableau électrique pour présenter une
méthode de hiérarchisation des zones du tableau électrique à instrumenter en priorité. Le caractère
local des échauffements dus aux dégradations des contacts impose de se placer le plus près possible
(<20 cm) du contact à surveiller.
Une fois la pose du capteur effectuée, la prochaine étape est la détection du défaut en utilisant les
données issues des capteurs. Ce sera l’objet du chapitre suivant.
SYSTEME DE DETECTION
________________________________________________________________________________
60
Aide à la maintenance préventive des tableaux électriques basses tensions 61
SYSTEME DE DETECTION
Introduction :
Dans les chapitres précédents, nous avons présenté les analyses qui ont conduit à une stratégie de
positionnement des capteurs de températures. Ceci dans le but d’instrumenter les contacts
électriques critiques pour pouvoir détecter tout échauffement anormal de ces derniers.
Dans le présent chapitre, nous nous intéressons à la mise en œuvre, à partir de ces mesures, du
système de détection proprement dit. Le système proposé est basé sur la connaissance des
températures et des courants circulant dans les différents circuits. Dans les applications basse
tension, les mesures de courants sont faites à l’aide des transformateurs de courant intégrés aux
appareillages communicants de Schneider-Electric. Ces données nous permettront de mettre en
œuvre deux niveaux de détection.
Le niveau 1 : Le premier niveau n’utilise que les données de températures pour donner une
indication sur l’état des contacts électriques. Ce niveau de détection simple à mettre en œuvre se fait
sans modélisation du système. Il génère deux types d’indicateurs (Figure 28) :
L’indicateur de franchissement des seuils de température imposés par la norme.
L’indicateur du taux de vieillissement des contacts électriques.
Le niveau 2 : Le deuxième niveau de détection utilise la mesure des courants électriques en plus
des températures pour donner une indication sur l’état des contacts électriques. Ce niveau d’analyse
permet d’être beaucoup plus en amont dans la prédiction de la défaillance du contact, en mesurant
l’adéquation entre le courant qui circule et les températures affichées. Cela nécessite une
modélisation du comportement thermique du tableau électrique. Deux types de modèles ont été
testés :
Modèle Physique
Courants
Image thermique du
tableau
Temperatures
ambiantes
∫
Calcul de vitesse
de vieillissement Vieillissement du contact?
Système réel
Dans la suite de ce rapport, nous présentons plus en profondeur la mise en œuvre de ces différents
moyens de détection ainsi que des exemples illustratifs.
Cet indicateur répond au besoin du client (exploitant du tableau électrique) de se référer à la norme
pour qualifier l’état de son équipement. Il s’agit de comparer les valeurs de températures mesurées
sur le système réel, aux seuils jugés critiques par la norme. En effet, tout dépassement des
températures limites serait insupportable par l’utilisateur ou serait nuisible aux isolants qui se
trouvent au contact ou à proximité du point chaud et contribuerait à accélérer la dégradation des
éléments concernés. La norme IEC-60 439.1 donne les limites d’échauffement à ne pas dépasser
En ce qui concerne les bornes pour câbles extérieurs, la norme donne 70°C d’échauffement pour
une température ambiante de 35°C soit 105°C en absolu, correspondant à la limite de température
du PVC (Polychlorure de vinyle) qui est la matière utilisée pour isoler les câbles.
Pour ce qui est de l’échauffement de la tôle de l’enveloppe, la norme indique une valeur de 30°C
sous 35°C soit 65°C en absolu correspondant à la limite pour éviter une brûlure des doigts au
toucher de l’enveloppe.
Les autres valeurs sont données en considérant la limite d’échauffement du matériau isolant
directement en contact avec les composants. Nous retiendrons particulièrement les limites des
bornes de raccordement (70°C) et celles des jeux de barres (105°C) car ils constituent les endroits
où seront principalement posés les capteurs.
La détection de franchissement de seuil, à la limite de la prédiction, permet de ne pas laisser
perdurer un état avancé de dégradation qui pourrait très rapidement dégénérer vers un amorçage.
Cet indicateur, beaucoup plus que le premier, permet de prédire l’état anormal du contact avant une
dégradation très avancée. Il s’agit d’intégrer le vécu du contact électrique à travers sa température.
Il nous indiquera si le contact vieillit normalement ou plutôt de manière accélérée.
Le calcul de l’indicateur de vieillissement est basé sur la notion de facteur de doublement, utilisée
par MONSINGER lors de ses études sur le vieillissement des isolants des transformateurs [17].
Pour comprendre cette notion, considérons un appareil fonctionnant à une température « T » et
ayant une durée de vie probable « d », liée à son fonctionnement à « T ». Le facteur de doublement
correspond alors à la quantité ∆ , telle que si la température de fonctionnement de l’appareil est
augmentée de ∆ , alors sa durée de vie se trouvera divisée par 2. Autrement dit x heures de
La température ambiante du fluide dans lequel le contact baigne (caractérisé par le facteur
de doublement ∆ a ).
La norme IEC-60943 dit qu’un contact étant initialement conçu pour fonctionner avec un
échauffement normal de ∆Tcnorm par rapport à la température ambiante va trouver son
∆ Tc − ∆Tcnorm
∆e
Kc = 2
norm
De même, si la température ambiante passe de la valeur Ta à la valeur Ta , son vieillissement
De manière logique, le facteur K de réduction totale de la durée de vie est donné par le produit des
deux facteurs liés à l’échauffement propre et à la température ambiante. Nous avons donc
K = Ka * Ke
L’algorithme de calcul que nous proposons a été inspiré de celui de la norme IEC-60905 sur le
calcul de vieillissement des transformateurs. A l’aide des formules précédentes, nous pouvons
calculer le facteur de vieillissement horaire. L’intégration du vieillissement horaire sur 24 heures
donne le vieillissement journalier. Le vieillissement courant est obtenu en intégrant ce dernier sur
le nombre de jours écoulés.
Compte tenu des formules précédentes, le facteur de vieillissement horaire est donné par la formule
suivante :
Où :
h
∆Tc : Valeur moyenne de l’échauffement propre du contact sur 1 heure.
norm
∆Tc : Valeur normale de l’échauffement pour la durée de vie garantie.
h
Ta : Valeur moyenne de la température ambiante sur 1 heure.
norm
Ta : Valeur normal de la température ambiante pour la durée de vie garantie.
norm
∆e : Facteur de doublement lié à l’échauffement propre.
norm
∆a : Facteur de doublement lié à la température ambiante.
∑Vh
n =1..24
Vj =
24
Le facteur de vieillissement journalier Vj se calcule chaque jour comme étant la moyenne des
facteurs horaires Vh sur le nombre d’heures considérées (ici 24 heures). Il existe des sites
fonctionnant 8 heures par jour. Le nombre d’heures considéré dans ce cas serait de 8.
Le facteur de vieillissement courant est une moyenne des facteurs de vieillissement journalier sur le
nombre de jours écoulés. Il se calcule donc par la formule suivante :
∑Vj
i =1... J
Vc =
J
J étant le nombre de jours écoulés depuis le début de l’évaluation.
Les conditions normales de fonctionnement d’un contact électrique peuvent être décrites comme
suit: un échauffement propre du contact, inférieur à 70°C dans une ambiante intérieure inférieure à
norm norm
60°C. Nous avons donc Ta = 60° C et ∆Tc = 70°C .
Prenons l’exemple d’un contact mal serré et considérons qu’il vieillit selon une loi exponentielle
dans le temps. En effet, la littérature nous indique que le vieillissement du contact se manifeste par
une élévation de température très lente au départ et qui s’accélère par la suite d’où l’idée de prendre
une description exponentielle du vieillissement. La Figure 29 montre ce que pourrait être
l’évolution de la température de ce contact défaillant sur une période de 10 ans (courbe
exponentielle rouge en trait plein). Sur cette figure nous pouvons aussi voir la température ambiante
intérieure avec des alternances représentant les cycles été/hiver (courbe bleue trait plein). En
additionnant cette dernière à l’échauffement propre, nous obtenons la température propre du contact
qui alterne aussi suivant les mêmes cycles (courbe pointillée bleue).
Température propre
du conta
Echauffement propre
du contact
Température
ambiante annuelle
A l’aide du logiciel MATCAD® [18] nous avons implanté l’algorithme de calcul de vieillissement
(Cf. annexe5) et une simulation sur cet exemple précis. Ci-dessous les résultats de cette simulation
(Figure 30).
Un contact électrique peut se trouver en surchauffe parce qu’il est dégradé, ou parce qu’il y passe
plus de courant que prévu dans son dimensionnement. La méthode de comparaison à un modèle
physique permet de mesurer l’adéquation entre le courant et la température mesurée. Elle s’appuie
sur la modélisation du comportement thermique du tableau électrique sain. Il existe une multitude
de logiciels de modélisation de systèmes électrothermiques. Ces logiciels, plus ou moins
complexes, ont chacun leurs spécificités. Avant de faire notre choix, nous passons en revue les trois
logiciels à notre disposition pour cette étude. Ces logiciels sont parmi les plus utilisés par les
experts thermiques de Schneider-Electric pour le dimensionnement et la conception des
appareillages des tableaux électriques.
Ae = ∑ b * A0
Où :
Ae : Surface effective de refroidissement.
A0 : Surface géométrique des cotés de l’enveloppe du tableau.
b : Facteur de surface dépendant du type d’installation. Ce facteur prend en compte la
dissipation de chaleur des surfaces individuelles A0 en fonction du type d’installation.
∆t 0,5 = k * d * p X
Où :
∆t0,5 : L’échauffement à mis hauteur de l’enveloppe.
k : Constante d’enveloppe dépendant de la taille de la surface effective Ae de
refroidissement pour les enveloppes sans orifices de ventilation et, en outre, de la section
des orifices d’entrée d’air pour les enveloppes avec orifices de ventilation.
d : Facteur d’échauffement dépendant du nombre de séparations horizontales internes du
tableau.
p : Puissance électrique dissipée.
∆t1 = c * ∆t 0,5
Où :
∆t1 : Echauffement de l’air dans la partie supérieure du tableau.
c : Facteur de répartition de température.
• Pas plus de trois séparations horizontales dans l’ensemble ou dans une colonne de
l’enveloppe.
• Pour les enveloppes avec orifices de ventilation, la section des orifices de sortie d’air est
au moins 1.1 fois la section des orifices d’entrée.
La méthode de calcul IEC-890 semble donc être destinée aux tableaux où la convection est le
phénomène le plus important. Si cette méthode peut convenir dans le cas des petits coffrets sans
cloisons internes, elle n’est que difficilement applicable aux grands tableaux de distribution. En
effet ces derniers sont souvent très compartimentés pour des raisons de sécurité des usagers,
limitant ainsi les transferts convectifs.
Conclusion
Notre choix pour la modélisation thermique des tableaux électriques en vue de la détection de
l’échauffement anormal du contact, s’est porté sur EchaufPC pour trois raisons principales :
1. La première raison est que EchaufPC modélise bien la conduction qui est le phénomène
d’échange le plus important dans les tableaux électriques.
2. La deuxième raison est qu’il est moins complexe que les autres logiciels à notre disposition, du
point de vue des paramètres nécessaires à la modélisation.
3. La troisième raison est que ce logiciel possède une base de données de modèles des disjoncteurs
Schneider Electric.
Dans le chapitre suivant, nous décrivons les différentes étapes d’une modélisation à l’aide
d’EchaufPC ainsi qu’un exemple d’application. Par ailleurs, pour les besoins de la détection en
ligne, le Logiciel EchaufPC a dû être modifié. Nous donnons aussi par la suite l’architecture du
nouveau logiciel (EchaufWeb) implanté à partir du noyau de calcul d’EchaufPC.
• Les différents coefficients d’échanges radiatif et convectif des jeux de barre, des câbles et
des surfaces. Le programme peut aussi les calculer. Des coefficients d’ajustement peuvent
alors être utilisés pour ajuster les coefficients calculés.
• La température ambiante des différents compartiments. Elle peut être calculée par le
programme où donnée en entrée. Même si cela impose des points de mesures
supplémentaires, la mise de ce paramètre comme une entrée a le précieux avantage de
rendre le modèle beaucoup plus robuste aux erreurs faites sur les coefficients d’échanges.
L’étape 4 : l’étape 4 est celle de calage du modèle, en jouant sur ses paramètres pour minimiser
l’écart entre températures mesurées et températures calculées par le modèle. Les principaux
paramètres de calage sont :
- les résistances (électriques et thermiques),
- les périmètres et surfaces d’échanges,
- les coefficients multiplicateurs des paramètres d’échanges thermiques.
Comme cela fait beaucoup de paramètres, la stratégie adoptée est de faire varier autant que possible
les paramètres dont nous n’avons pas d’ordre de grandeur (coefficients et périmètres
d’échanges…), et de laisser les paramètres dont on a un ordre de grandeurs (résistances de contact,
dimensions…) le plus proche possible des valeurs de référence.
Le calage est réalisé sur un tableau sain et pour un niveau de courant voisin du courant d’utilisation
car le modèle est d’autant plus valide qu’il est utilisé près des conditions de calage.
L’étape 5 Une fois le modèle « calé » l’étape 5 est l’étape de simulation et d’analyse des résultats.
Les variables de sortie d’EchaufPC sont les températures aux différents nœuds sélectionnés.
EchaufPC donne aussi en sortie le bilan des puissances thermiques échangées pour chaque élément
du modèle. Nous nous intéresserons plus particulièrement aux températures des nœuds.
Dans ce paragraphe, nous modélisons le système sain. Nous comparons par la suite les résultats
donnés par le modèle calé sur le système sain aux données expérimentales obtenues en présence de
défaut pour détecter un échauffement anormal.
Pour chaque phase, le système d’embrochage est constitué de trois pinces comme le montre la
Figure 32. Le défaut consistera à ne mettre que deux pinces au lieu des trois normalement
préconisées.
La Figure 33 est une représentation schématique du montage où l’on peut distinguer les jeux de
barres, les câbles, les points de connexions et l’intérieur du disjoncteur.
A partir de ce schéma nous pouvons faire un autre schéma dit de pré-modèle (Figure 34) qui se
rapproche beaucoup plus du modèle EchaufPC. Dans ce dernier schéma simplifié, les connexions
sont numérotées de 1 à 11. Elles sont liées entre elles par des liaisons, formant ainsi le circuit de
conduction qui est englobé dans des rectangles qui représentent l’enveloppe du disjoncteur et celui
du tableau (Figure 8). Comme dit précédemment, EchaufPC n’ayant pas d’interface graphique, nous
7
8 9
6
4 5 11
2
10
Par la suite, en s’aidant de la Figure 34, les différents éléments du modèle sont créés dans
EchaufPC et leurs caractéristiques physiques (les surfaces d’échange, les dimensions, les résistances
thermiques et électriques…) y sont renseignées. Le courant (630A) circulant dans le montage et
les températures ambiantes (extérieure et intérieure de l’armoire) sont aussi donnés comme
paramètres d’entrée. La Figure 35 donne le profil de température obtenu après la phase de calage.
110°C
100°C
90°C
80°C
70°C
60°C
50°C
3-pinces (expérimental)
40°C 3 pinces modélisation
30°C
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
Points de mesures #
110°C
100°C
90°C
80°C
70°C
60°C
Défaut 2pince
50°C
Normal 3 pince
40°C
30°C
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
points de mesure #
A travers cet exemple nous voyons que la comparaison entre le modèle thermique jugé sain et le
système réel peut être un moyen de détecter une défaillance des contacts électriques très tôt avant
même que ceux-ci n’atteignent les températures d’échauffement limites données par la norme. C’est
l’exemple des points de contacts 3 et 9 qui ont une température inférieure à 80°C alors que la
température limite donnée par la norme est de 105°C.
3. De EchaufPC à EchaufWeb
Le logiciel EchaufPC a été initialement conçu pour des experts du dimensionnement thermique et
de la conception de tableaux électriques.
L’outil de détection que nous voulons mettre en place est destiné à communiquer via internet pour
la récupération de certains paramètres (courants, températures) et pour l’affichage des résultats de
calculs. Ce n’est pas le cas d’EchaufPC qui n’était pas conçu pour cela. De plus son utilisation est
difficile par le fait qu’il ne possède pas d’interface graphique pour dessiner et visualiser le tableau
dans son ensemble.
Aussi, le logiciel EchaufWeb a été créé durant cette thèse, à partir du noyau de calcul d’EchaufPC.
Ceci, pour d’une part l’adapter au besoin de communication par le web, et d’autre part, pour le
rendre plus accessible et convivial dans son utilisation.
Outre l’encadrement fonctionnel de son développement, notre travail dans la mise en œuvre de ce
logiciel a consisté à :
o Spécifier le cahier des charges en définissant :
- L’interface graphique.
- Les nouvelles fonctionnalités pour simplifier la saisie des paramètres du modèle
par exemple les fonctions « duplication des éléments du modèle » et « annulation
de la duplication »
- Les paramètres indispensables, à la modélisation pour la détection, de façon à
n’en garder que ceux-ci afin d’alléger l’interface graphique.
o Procéder aux tests du logiciel.
Le développement d’EchaufWeb a nécessité 9 mois de travail incluant la spécification et le codage
proprement dit par 4 stagiaires DESS.
EchauWeb
Web
BD Echauf
E/S .exe
Echauf
ZEN
Températures Températures
ambiantes, courants
Client
Pour plus de détail sur le fonctionnement de ce logiciel il est possible de se reporter au rapport du
stage qui a abouti à la création du logiciel [20].
Une application de ce logiciel pour la détection est décrite dans le chapitre 6 de ce document.
Un autre moyen de détection de l’état anormal des contacts électriques est d’utiliser la technique
des réseaux de neurones. Avant de parler de l’application qui en est faite, il semble nécessaire de
faire un rappel théorique sur cet outil mathématique.
Les réseaux de neurones artificiels sont un moyen original de traitement de l’information inspiré du
fonctionnement des neurones biologiques. En effet, dans le système nerveux humain, les neurones
reçoivent l’information sous forme d’impulsions électriques ou influx nerveux. La liaison entre les
neurones biologiques se fait via des dendrites. Les connexions au niveau des dendrites sont appelées
synapses. C’est au passage à travers les synapses que le signal est amplifié ou atténué donnant ainsi
aux neurones la capacité d’influencer plus ou moins leurs voisins.
Une interprétation simple de ce mode de fonctionnement conduit au modèle de perceptron présenté
par Rosenblatt, F (1962)-[21] :
L’intensité des signaux transmis entre neurones est modulée par des coefficients appelés « poids
synaptiques » (Wi).
Le neurone est un automate à seuil. Si l’intensité totale de signal reçu dépasse un certain niveau,
il est propagé sinon il ne l’est pas. Cela est matérialisé par une fonction d’activation.
S2 W2
S
1
W3
S3 p = ∑ Wi ⋅ Si
Wj
0 p
Wn Fonction d’activation
Sn
Ainsi un neurone artificiel réalise une fonction non linéaire paramétrée à valeurs bornées. L’intérêt
des neurones réside dans la capacité à les mettre en réseau pour approximer des fonctions
complexes non linéaires.
s1
y
si
sn
Il existe plusieurs types de réseaux de neurones. Ils peuvent être classés suivant la manière dont les
différents neurones qui les constituent sont connectés entre eux. Dans certains cas, les neurones
peuvent être connectés en couches (Figure 39), les connexions ne pouvant exister qu’entre les
couches successives dans un seul sens (entrée → sortie). Ce type de réseau est appelé perceptrons
L’apprentissage peut être défini comme étant : « …le mécanisme par lequel les paramètres libres
d’un réseau de neurones sont adaptés à travers un processus de stimulation par l’environnement
dans lequel le réseau est intégré». Autrement dit, le processus d’apprentissage consiste à estimer les
paramètres des neurones du réseau afin que celui-ci remplisse au mieux la tache qui lui est assignée
[23].
Pour mieux comprendre, considérons un exemple de tri de mangues et d’oranges (arrivant tous dans
les mêmes paniers). Supposons que nous sommes chargés d’automatiser ce tri. Le poids et la texture
pourraient être deux éléments discriminants, sachant que les mangues ont souvent un poids plus
élevé que les oranges, lesquelles présentent, dans la plupart des cas, une texture plus rugueuse que
les mangues.
Rugosité
Dans notre exemple, considérons que nous connaissons, pour un échantillon de paniers, le poids et
la rugosité de tous les fruits contenus dans le panier (mangue, orange). Nous pouvons visualiser cet
échantillon sur la Figure 40, les oranges étant représentées par des ronds et les mangues par des
croix. Nous pouvons alors tracer la frontière entre « mangue » et « orange ». La fonction décrivant
cette frontière peut être estimée à l’aide d’un réseau de neurones dont les entrées sont la rugosité et
le poids du fruit et la sortie est le type de fruit. Le processus d’apprentissage consiste à adapter les
poids internes du réseau de sorte à ce que, pour l’échantillon disponible, les couples entrées-sortie
du réseau s’approchent au mieux des couples de l’échantillon. Cela revient donc à un problème de
régression. Ce type d’apprentissage est dit supervisé car il est fait à partir d’une série de vecteurs
« entrées, sorties » connus. Il existe un apprentissage non supervisé souvent appliqué aux réseaux
bouclés.
Un fois l’apprentissage fait, nous pouvons utiliser la fonction frontière estimée pour automatiser le
processus de tri des fruits. Les mangues se situent en général sur la partie supérieure et les oranges
sur la partie inférieure. Il suffit donc de localiser la nouvelle entrée par rapport à cette courbe pour
savoir dire si c’est probablement une « mangue » ou une « orange ». Cette capacité à bien classifier
les nouveaux cas qui sont présentés au réseau s’appelle la généralisation.
L’algorithme d’apprentissage que nous avons mis en œuvre est l’algorithme de Levenberg
Marquardt [24] qui est une version améliorée (en terme de temps de calcul) de l’algorithme de retro
propagation du gradient qui comporte deux étapes:
Une première étape de calcul des dérivées de la fonction d’erreur (sortie désirée – sortie
calculée) par rapport aux poids du réseau. La technique utilisée pour le calcul est celle de la
retro propagation [25]-[26].
Dans ce chapitre, nous utilisons la technique des réseaux de neurones pour détecter
automatiquement les contacts défaillants. Le but visé est de partir des mesures de températures et de
courants sur le tableau électrique pour déterminer si le contact est défaillant ou non.
L’approximation de la fonction qui permet cette séparation entre les bons contacts et les mauvais,
passe par une phase d’apprentissage. Pour ce faire nous devons constituer une base de vecteurs
entrées/sorties à l’aide des données enregistrées (courant, température, couple de serrage) lors de
différentes expériences que nous avons effectuées sur les contacts électriques.
3.4. Résultats
Deux cas de figures ont été testés :
Cas1 : la base d’apprentissage ne contenait que des vecteurs liés à la partie transitoire de nos
expériences.
Cas2 : la base d’apprentissage a été constituée à partir d’un tirage aléatoire dans l’ensemble
des vecteurs à notre disposition.
Dans ce chapitre nous avons présenté 4 indicateurs ou méthodes aidant à détecter l’échauffement
anormal du contact ou son niveau de dégradation.
Les deux premiers indicateurs, à savoir « le dépassement des seuils d’échauffement donnés par la
norme » et « le facteur de vieillissement » sont mis en œuvre uniquement à partir des données de
températures. Le premier, correspondant en général à un niveau avancé de dégradation, donne une
alarme lorsque le seuil d’échauffement indiqué par la norme est atteint. Le deuxième permet de
détecter un vieillissement accéléré du contact avant que celui-ci n’atteigne sa fin de vie (garantie 20
ans par Schneider-Electric).
Les deux autres méthodes de détection sont basées sur la mesure de l’adéquation entre le courant et
la température. L’une se fait à partir d’un modèle électrothermique via le logiciel EchaufWeb
développé à partir du noyau de calcul d’EchaufPC. L’autre se fait par la technique des réseaux de
neurones qui permet d’apprendre et de reconnaître les cas de défaillance. Ces deux méthodes ont été
testées sur des données réelles et donnent des résultats qui nous permettent de conclure
positivement sur leurs faisabilités.
Après l’étape de détection, vient logiquement celle du diagnostic, c'est-à-dire l’explication des
causes de la défaillance constatée. Dans la suite de cette étude nous présentons un moyen de réaliser
un diagnostic automatique sur l’ensemble du tableau électrique en utilisant non seulement le résultat
de la détection mais aussi d’autres variables liées à l’environnement de fonctionnement du tableau
électrique.
SYSTEME DE DIAGNOSTIC
90
Aide à la maintenance préventive des tableaux électriques basse tensions 91
SYSTEME DE DIAGNOSTIC
Introduction :
Aujourd’hui, lorsqu’une défaillance apparaît sur un équipement électrique, les experts vont sur site
pour chercher des indications qui pourraient les aider à identifier les causes réelles de la défaillance.
Plus précisément, ayant une idée du type de défaillance, ils cherchent la cause dans une famille de
causes probables et arrivent par un processus d’élimination à trouver la plus vraisemblable. L’un
des inconvénients de cette méthode est son coût, car trouver la cause réelle peut prendre beaucoup
de temps. En plus de cela, la pertinence des conclusions est très liée au degré d’expertise de
l’expert.
Fort de ce constat, dans le cas particulier des tableaux électriques, nous souhaitons mettre en place
un système qui automatise le raisonnement des experts afin de réduire le temps d’expertise. Ce
système doit aussi être capable de capitaliser l’expérience des différents cas de défaillances
rencontrés afin d’affiner les conclusions sur les futurs cas et rendre ces conclusions moins
tributaires de l’expertise initiale.
Le raisonnement probabiliste et inférentiel des experts nous conduit naturellement à l’utilisation des
réseaux Bayésiens afin de pouvoir représenter leur connaissance et automatiser leur raisonnement.
Plusieurs autres techniques de représentation pourraient être utilisées (Arbre de défaillance, logique
floue, système expert, arbre de décision…), mais la préférence donnée aux réseaux Bayésiens tient
plus particulièrement à leur polyvalence. En l’occurrence, on peut se servir du même modèle pour
diagnostiquer (conséquences causes) ou faire des analyses prédictives de risques (causes
conséquences).
Les réseaux Bayésiens sont des graphes permettant à la fois de représenter des relations de
causalités entre différentes variables (nœuds) et de faire des raisonnements probabilistes sur celles-
ci à partir de calculs de probabilités conditionnelles.
Les relations causales sont matérialisées graphiquement par des arcs orientés entre les nœuds.
Comme dans tout graphe causal nous avons une terminologie relative à la « famille ». Si A cause B,
on dira que A est le parent de B ou B le fils de A.
Les relations causales ont par ailleurs un aspect quantitatif qui exprime la force du lien entre les
variables. D’un point de vue probabiliste, si A cause B, il est naturel de considérer « la probabilité
de B sachant A » qu’on note p ( B / A) , comme force du lien entre A et B. Ainsi dans un réseau
Bayésien, à chaque variable V avec P1 K Pn comme parents, est associée une table de probabilités
conditionnelles p(V / P1 , K Pn ) . Pour les variables n’ayant pas de parents et représentées par les
nœuds initiaux, on associe plutôt leurs probabilités a priori.
En résumé, un réseau Bayésien est un graphe dans lequel les nœuds représentent des variables
aléatoires, et les liens des influences (entre variables) quantifiées par les tables de probabilités
associées.
L’utilisation des réseaux Bayésiens, repose sur la propagation de l’information au sein du réseau,
c'est-à-dire les calculs de probabilités a posteriori de certaines variables à partir d’un certain nombre
P( A / B) ⋅ P( B)
P( B / A) =
P( A)
Cette règle, de par sa symétrie, permet de faire un raisonnement dans les deux sens, le calcul de la
probabilité de B sachant A mais aussi de A sachant B. Dans un sens nous cherchons à expliquer une
cause dans l’autre nous quantifions une conséquence.
Aujourd’hui, les algorithmes de calculs développés ne marchent que pour des réseaux ne
comportant pas de circuit en boucle. A la construction du réseau Bayésien, une attention particulière
doit donc être portée à ne pas introduire de boucle dans le réseau.
Les réseaux Bayésiens se servent aussi des propriétés des graphes pour limiter les calculs. Nous
pouvons citer par exemple, la d-séparation, un critère graphique permettant pour tout groupe de
variables de déterminer s’il y a ou non indépendance conditionnelle, simplifiant ainsi les calculs de
probabilités [30].
L’essor des réseaux Bayésiens à fait naître une multitude de logiciels de modélisation parmi
lesquels nous pouvons citer : Bayesia, Hugin, Netica et Genie2. Il existe aussi une toolbox Matlab
(Bayes Net toolbox) [ 31] qui permet de créer des modèles de réseaux Bayésiens.
Dans la suite de cette étude nous présentons un exemple issu de la littérature [32]. Le réseau
Bayésien mis en œuvre dans cet exemple a été modélisé à l’aide du logiciel Génie2.
Ce matin-là, alors que le temps est clair et sec, M. Holmes sort de sa maison. Il s’aperçoit que la
pelouse de son jardin est humide. Il se demande alors s’il a plu pendant la nuit, ou s’il a
simplement oublié de débrancher son arroseur automatique. Il jette alors un coup d’œil à la
pelouse de son voisin, M. Watson, et s’aperçois qu’elle est humide. Il en déduit alors qu’il a
probablement plu, et il décide de partir au travail sans vérifier.
Dans ce texte, monsieur Holmes fait un raisonnement qui peut être décrit à l’aide d’un Réseau
Bayésien.
A=vrai A=faux
J=vrai 1 1 1 0
J=faux 0 0 0 1
L’herbe du jardin de mon voisin Watson est humide (W) si et seulement si il a plu cette nuit.
Ce qui se traduit par le lien PW et la table de probabilité associée.
P=vrai P=faux
W=vrai 1 0
W=faux 0 1
Pour compléter le modèle du réseau Bayésien nous devons définir pour les variables A et P les
probabilités a priori. Supposons que Mr Holmes oublie assez souvent de débrancher son arroseur et
que la région soit relativement pluvieuse. Nous pouvons donc poser : p ( A) = 0.4 et p ( P ) = 0.4 . Le
tableau suivant montre parallèlement les différentes étapes du raisonnement de Mr Holmes et les
résultats qu’on aurait obtenus en raisonnant numériquement à l’aide d’un réseau Bayésien.
L’Etat de la recherche sur les réseaux Bayésiens permet aujourd’hui une construction complète et
automatique du réseau Bayésien associé à un système à partir d’une base de données de cas
décrivant le comportement du système dans différentes situations. Cette base est alors utilisée non
seulement pour établir la structure du réseau en identifiant les dépendances entre les différentes
variables mises en jeux mais aussi pour le remplissage des tables de probabilités par une méthode
d’apprentissage [33]-[34]. La plupart du temps, cette technique nécessite de grandes bases de
données pour espérer avoir des résultats acceptables. Dans notre cas, ne disposant pas d’une telle
base, nous ne pouvions donc utiliser cette technique afin de construire le réseau Bayésien et remplir
les tables de probabilités associées. C’est pourquoi la construction du réseau Bayésien associé au
tableau électrique pour son diagnostic, s’est faite « manuellement » en deux étapes :
L’acquisition de connaissances (issues des experts et des sources documentaires) et la
création du graphe.
Le remplissage des tables de probabilités à l’aide des probabilités subjectives données par
les experts.
La première étape de la mise en œuvre du réseau Bayésien est l’acquisition des connaissances.
Elle passe par une recherche d’information qui s’est faite dans notre cas à travers les documents
techniques complétés par les discussions avec les experts de Schneider-Electric.
Sur la base des informations tirées de la recherche documentaire, nous avons engagé des
discussions avec plusieurs experts. Ces discussions ont permis de recueillir d’autres informations.
Dont les principales informations, au sens de la construction du réseau Bayésien, sont listées dans le
chapitre suivant.
Ce sont les variables représentées par des nœuds sans aucun parent.
Age du tableau : comme on l’a vu précédemment, c’est un facteur significatif de dégradation des
contacts.
Environnement poussiéreux: Les quantités de poussières qu’on trouve dans les tableaux mal
protégés et installés dans des environnements poussiéreux peuvent engendrer la mauvaise
transmission des ondes radio nécessaires pour véhiculer les données des capteurs sans fil. Dans ce
type d’environnement, si le niveau de maintenance est mauvais, cela peut indirectement entraîner
l’accélération de la dégradation des contacts.
Ambiance corrosive : L’ambiance corrosive dans ou à proximité immédiate de sites chimiques ou
pollués, conduit à la corrosion des métaux : argent, aluminium ou cuivre. Elle peut entraîner la
dégradation des contacts électriques en augmentant leur résistance électrique. Une ambiance
corrosive conduit aussi à la dégradation des propriétés des matériaux servant d’isolants.
Niveaux de maintenance : Le maintien de la performance des tableaux électriques passe par une
bonne maintenance. Un mauvais niveau de maintenance contribue d’avantage à la dégradation des
contacts. L’impact de la maintenance est d’autant plus important lorsque nous sommes dans un
environnement agressif (environnement poussiéreux ou corrosif par exemple).
Vibration : Les installations proches de machines vibrantes ou celles dans un environnement marin
(bateau par exemple) sont des cas ou le niveau de vibration peut entraîner non seulement un
déclenchement intempestif des appareils de protection mais aussi contribuer à la dégradation des
contacts électriques par desserrage progressif.
Température externe élevée : Une augmentation de la température extérieure entraîne
automatiquement une augmentation de la température intérieure car la température interne résulte
de la somme de la température extérieure et de l’échauffement des jeux de barres et appareils
internes par effet joule. En général, les tableaux électriques basse tension sont conçus pour opérer
dans une ambiante extérieure qui ne dépasse pas 40°C et où la moyenne de température sur une
période de 24h n’excède pas 35°C [38].
Facteur de diversité : Le facteur de diversité assigné d'un tableau électrique ayant plusieurs circuits
principaux est le rapport de la somme maximale, à n'importe quel instant, des courants présumés
dans tous les circuits principaux considérés, à la somme des courants assignés de tous les circuits
principaux du tableau (Cf. IEC-60439.1). Le constructeur définit donc les valeurs de facteurs de
Variables intermédiaires
Les informations précédentes sur les nœuds initiaux nous ont permis d’identifier les nœuds
intermédiaires, c'est-à-dire ceux avec au moins un nœud parent et un nœud fils.
Dégradation des contacts : La dégradation des contacts conduit à un échauffement créé par
l’augmentation de sa résistance de contact.
Variables terminales
La description des nœuds précédents (nœuds sommets et intermédiaires) nous permet d’identifier
les nœuds terminaux c'est-à-dire ceux sans aucuns nœud fils.
Risque d’amorçage : causé par une réduction de la distance d’isolement.
Déclenchements intempestifs : causés par les vibrations, les surcharges transitoires, les surcharges
permanentes ou une température interne élevée.
Pertes de données radio : causées par un environnement poussiéreux
Echauffement du neutre : causé par un taux élevé d’harmonique de rang 3 (supérieur à 30%).
6 experts ont été questionnés sur les causes possibles de défaillances de l’armoire électrique et 3
parmi eux ont participé à la construction et à la validation du réseau final. La Figure 44 donne la
version finale du graphe ainsi construit.
Après l’étape de construction du graphe, vient celle de remplissage des tables de probabilités
conditionnelles associées aux nœuds du graphe.
Avant le remplissage des tables de probabilités, il est nécessaire de définir les différents états que
chacune des variables peut prendre.
Si nous faisons l’hypothèse que les évènements « Xi cause Y » sont indépendants des
évènements « Xj cause Y » pour tout Xi, Xj parents de Y.
Alors, sous l’hypothèse noisy-or, le calcul des probabilités conditionnelles du nœud Y lorsque
plusieurs des Xi sont présents se traduit par :
p(Y / X ) = 1 − ∏ (1 − p ) i (1)
i / X i ∈X p
Où Xp est l’ensemble des Xi vrais. Ainsi pour un nœud Y avec n parents X1, ….Xn, l’hypothèse
noisy-or conduit à ne spécifier que les n probabilités pi au lieu de 2 n pour remplir complètement la
table de probabilités (le reste des combinaisons étant calculées à l’aide de la formule (1).
Cette formule pourrait s’expliquer en prenant l’exemple d’un OU logique. En effet selon l’algèbre
de BOOLE, si C est causé par A ou par B, cela se traduit par :
C = A+ B
Ou encore,
C = A+ B = A• B
Ainsi en traduisant cette dernière formule dans le domaine des probabilités il vient : Si A et B sont
indépendants,
L’annexe 6 donne la liste complète des tables de probabilités conditionnelles ainsi obtenues. En ce
qui concerne les probabilités a priori des nœuds sommets, elles dépendent de l’environnement de
fonctionnement du tableau électrique. Par exemple pour un tableau installé sur un site près de la
mer, la probabilité a priori de la variable « environnement salin » devrait être plus élevée que s’il
n’y était pas. N’ayant aucune indication à ce stade sur ces variables sommets, elles ont toutes été
initialisées dans un premier temps avec une valeur de 0.5.
Avant l’utilisation proprement dite du réseau Bayésien, il est nécessaire de le tester pour vérifier
qu’il ne donne pas de conclusions aberrantes. C’est l’objet du chapitre suivant.
1. Evaluation
Une méthode pratique d’évaluation d’un réseau Bayésien est de le tester sur des exemples triviaux
ou issus de bases de données de cas réels [40].
Cette méthode consiste à estimer la probabilité de nœuds spécifiques étant données les observations
faites sur certains d’entre eux et de comparer le résultat à celui escompté.
Dans notre étude, la plupart des cas réels de défaillances à notre disposition concernent des cas
d’échauffements anormaux détectés par exemple durant les inspections périodiques par
thermographie infrarouge. Cette difficulté à avoir une base de données de cas très variés,
exploitables pour cette évaluation, s’explique par le fait qu’il n’y avait au préalable pas de politique
d’enregistrement de cas de défaillances en vue d’une telle capitalisation de connaissances pour le
diagnostic.
Chaque fois qu’un échauffement anormal est détecté, les experts essaient de l’expliquer par les
variables décrivant l’environnement ou les conditions de fonctionnement.
Ils utilisent les indications disponibles et ne font pas forcément la mesure de l’état de chacune des
variables apparaissant dans le réseau Bayésien avant de tirer leur conclusion. Ainsi, tous les cas
tests en notre disposition ont des valeurs manquantes. Cependant, cela ne devrait pas poser de
problèmes majeurs dans l’évaluation car les réseaux Bayésiens sont robustes à ce type de problème,
dans la mesure où les probabilités sont propagées seulement en tenant compte des nœuds dont l’état
est connu.
Nous avons donc testé la capacité du réseau Bayésien que nous avons construit à prédire la variable
« échauffement anormal » sur les 14 cas dont nous disposions (Figure 46). De par sa position
centrale dans le réseau, le nœud « échauffement anormal » s’avère intéressant à tester, car il a une
interaction avec un grand nombre d’autres nœuds.
Pour cette évaluation, nous prenons comme probabilités a priori des nœuds sommets la valeur
intermédiaire 0.5, lorsque nous n’avons aucune information sur ces variables.
L’évaluation consiste, pour chaque cas test, à fixer dans le réseau l’ensemble des variables dont
nous connaissons les valeurs (évidence) à l’exception de la variable « échauffement anormal » qui
est à évaluer. Puis à l’aide du réseau Bayésien, nous estimons la probabilité
p(Echauffement local anormal=vrai/évidence) que nous comparons à l’état réel de cette variable.
Les résultats sont présentés à la Figure 47 sur laquelle nous constatons que 12 des 14 cas tests ont
une probabilité p (échauffement anormal=vrai/évidence) ≥ 0.8 alors que la valeur escomptée était
de 1. Ce qui est un résultat positif et très encourageant.
Comme nous pouvons le voir, cette méthode loin d’être exhaustive, permet de manière pratique de
se faire une bonne idée de la capacité du réseau Bayésien à estimer le bon résultat sur des cas
connus. En effet nous comptons sur la capacité du réseau Bayésien à s’adapter par un processus
d’apprentissage (développé dans le chapitre suivant #3), pour améliorer sa précision au fil du temps.
prob(Echauffement local
anormal=yes/ evidence)
1.2
1
0.8
0.6
0.4 Valeurs attendues
0.2 Prédiction par le Réseau Bayésien
ca 0
ca 1
ca 2
ca 3
14
1
2
3
4
5
6
7
8
ca 9
1
1
1
1
s
s
s
s
s
s
s
s
s
ca
ca
ca
ca
ca
ca
ca
ca
ca
s
s
s
s
s
Figure 47 : Résultat du test d’évaluation du réseau Bayésien.
Après la phase de test vient celle d’utilisation. Le chapitre suivant traite d’exemples d’utilisation
pratique des réseaux Bayésiens pour le diagnostic et pour l’analyse prédictive de risque.
Dans cette phase d’utilisation, nous pouvons interroger le réseau Bayésien de deux manières :
Nous constatons que le système est défaillant, nous connaissons les manifestations de cette
défaillance et nous voulons connaître les causes de défaillance. C’est l’analyse pour le
diagnostic.
Nous ne constatons pas une défaillance de notre système, mais nous voulons connaître les
risques de défaillances compte tenu de l’environnement du système et de l’utilisation qui en
est faite. C’est l’analyse prédictive de risque.
Dans les cas d’application qui vont suivre, les variables ont été respectivement numérotés 1, 2 et 3
pour les variables sommets, intermédiaires et terminales.
Causes
probables
DIAGNOSTIC
Stratégie de maintenance
Mesures
complémentaires
Dans le cas où le client exploitant du tableau électrique voudrait connaitre les risques de
défaillances compte tenu de l’environnement et des conditions de fonctionnement, le réseau
Bayésien peut être utilisé à cet effet. Il s’agit d’une descente du réseau, c'est-à-dire que le graphe est
parcouru des causes vers les effets.
L’analyse de risques se fait en définissant :
D’une part les variables cibles, celles dont nous voulons surveiller le risque d’apparition.
Et d’autre part, les variables « d’observation » qui sont utilisées pour décrire
l’environnement et les conditions d’utilisation du système.
Dans notre cas les cibles peuvent être les variables « déclenchement intempestif », « dégradation
des contacts », « risque d’amorçage», « température intérieure élevée », « échauffement du neutre ».
Dans un premier temps, le réseau Bayésien, interrogé avec les conditions de fonctionnement
décrites Figure 50 (partie gauche), avec une ventilation correcte, indique que le risque le plus
probable dans ce cas est « la dégradation de contact ». La forte valeur relative de la probabilité
d’apparition de « dégradation de contact » est liée au fait que pour ce test, les probabilités a priori
de toutes les variables sommets ont été définies égales à 0.5 ce qui est une valeur assez élevée.
Dans un deuxième temps, supposons que le client constate que son système de ventilation ne
fonctionne plus. Nous constatons les variations de probabilités introduites sur les variables cibles
par cette nouvelle évidence Figure 50 (partie droite). Dans ce nouveau cas, le risque le plus
probable devient « température interne élevée » suivi de « déclenchement intempestif ». Pour
éliminer ce risque, le client devrait améliorer l’état de son système de ventilation.
Constatations
chez le client RISQUES
Stratégie de prévention
Mesures
complémentaires
Ainsi à travers cet exemple, nous voyons que le réseau Bayésien peut être utilisé pour une analyse
de risques en vue de définir une stratégie de prévention. Pour affiner les conclusions de cette
analyse, des mesures complémentaires peuvent également être faites. Le principe de l’analyse de
risque est résumé à la Figure 51.
Remarques
110 Chapitre 5 : Système de diagnostic
Que ce soit pour diagnostiquer les causes d’un incident ou pour prévenir un risque, à partir des
observations on impose certaines variables du réseau, qui recalcule les probabilités des variables
non observées en conséquence (règle de Bayes). Certaine fois il est nécessaire de faire des mesures
supplémentaires pour affiner les conclusions. Le choix des variables supplémentaires à mesurer est
guidé par les premières conclusions, par la disponibilité des informations et le coût de la mesure.
Dans de nombreux cas réels, à la construction d’un réseau Bayésien, il n’existe pas ou très peu de
données. Ainsi, le remplissage des tables de probabilités conditionnelles se fait par les experts du
domaine. Par ailleurs, il n’est pas toujours possible de vérifier la fiabilité de ces informations.
Par exemple, nous rencontrons souvent le cas où l’expert concepteur d’un système tend à surestimer
les capacités du système qu’il a conçu.
Lorsque l’estimation des probabilités conditionnelles est faite par plusieurs experts, il peut aussi
arriver qu’il y ait désaccord entre ces derniers.
Ce sont autant de facteurs susceptibles de biaiser les valeurs de probabilités initialement données
par les experts.
Il est donc capital de construire un système qui adapte automatiquement les paramètres du réseau à
partir des données disponibles au fil du temps, ce qui permet de remplacer à long terme les
probabilités subjectives données par les experts au profit de celles issues du traitement statistique de
l’information issue du retour d’expérience. C’est un problème d’apprentissage des paramètres d’un
réseau de structure fixée.
Enrichissement de
Apprentissage
la BDD
si validation
Inference
Tables de
probabilités DIAGNOSTIC
Dans notre étude, l’outil internet permet de partager une base de données centralisée qui contiendra
tous les cas survenus sur l’ensemble des systèmes en exploitation et dont la cohérence et la logique
auront au préalable été validées par les experts (Figure 52 ).
En ce qui concerne la confiance portée au diagnostic de l’expert, la plupart des logiciels de réseaux
Bayésiens permettent de prendre en compte cet aspect en donnant la possibilité de mettre un poids
plus ou moins important à chaque cas enregistré dans la base de données, selon le degré de certitude
sur le diagnostic posé.
Dans cette partie, nous avons proposé une méthode de diagnostic du tableau électrique qui répond à
deux objectifs :
Le premier objectif est de pouvoir identifier les causes réelles de défaillance pour pouvoir
les éliminer le plus rapidement possible, réduisant ainsi les coûts liés à la maintenance
corrective proprement dite et à l’arrêt de l’équipement.
Le deuxième est de pouvoir prévenir le tableau électrique des risques de défauts avant même
que ceux-ci n’apparaissent, permettant d’éviter des temps d’arrêts imprévus de l’équipement
et d’anticiper des maintenances lorsque nécessaire.
La méthode de diagnostic proposée est basée sur la technique des réseaux Bayésiens qui permet
avec le même modèle de répondre à ces deux objectifs.
A travers l’exemple du réseau Bayésien pour le diagnostic des tableaux électriques, nous montrons
les différentes étapes, de sa construction, qui inclut l’acquisition des informations auprès des
experts, jusqu’à son utilisation.
Ce réseau fait intervenir à la fois des paramètres locaux tels que « échauffement local anormal » et
globaux tels que ceux liés à l’environnement de fonctionnement (ambiance saline, ambiance
poussiéreuse).
En ce qui concerne l’évaluation du réseau Bayésien, le manque d’une grande base de données de
cas tests ne nous a pas permis de faire une évaluation exhaustive. Cependant, les tests qui ont été
faits sur quelques cas réels à notre disposition, ont donné des résultats satisfaisants.
Par ailleurs, la précision des conclusions du réseau Bayésien devrait s’améliorer avec la possibilité
d’adaptation automatique du réseau. Cette adaptation faite par un processus d’apprentissage au fil
des interventions sur les équipements permet de pouvoir remplacer à long terme, les probabilités
subjectives des experts par des probabilités issues d’un traitement statistique des données.
116
Aide à la maintenance préventive des tableaux électriques basses tensions 117
LE SYSTEME COMPLET : EXEMPLE
D’APPLICATION
Introduction
Dans les chapitres précédents, nous avons détaillé les différents éléments du système de détection et
de diagnostic de défaut des armoires électriques.
Le but de ce chapitre est de présenter l’état actuel du système de détection et de diagnostic de défaut
dans sa globalité, sur un exemple concret.
Le tableau OKKEN est une configuration typique de tableau électrique basse tension de forte
puissance. Le tableau de la Figure 53 est composé de deux disjoncteurs :
o Un disjoncteur d’arrivée (Masterpact NW 32), pouvant véhiculer jusqu’à 3200A de courant.
o Un disjoncteur de départ (Masterpact NT 16), pouvant véhiculer jusqu’à 1600A de courant.
Ces deux disjoncteurs triphasés sont reliés par un circuit de jeux de barres en cuivre comme
indiqué sur le schéma de la Figure 54. Ils sont donc obligatoirement traversés par le même courant
car il n’y a aucune dérivation de circuit entre eux. Ainsi, le courant qui peut traverser ce tableau
dans cette configuration est limité au courant maximum du disjoncteur NT c’est à dire 1600A.
Ce tableau a un degré de protection (contre les contacts avec des parties actives, contre la
pénétration de corps étrangers solides et liquides) élevé. D’où un indice de protection fort (IP >3).
C’est un tableau qui avait moins d’une année d’utilisation au moment des tests.
Les températures ambiantes des différents compartiments et celle de l’extérieur doivent également
être mesurées. En effet elles constituent des entrées du modèle thermique pour la détection de
1. Modélisation
Deux techniques de détection de l’échauffement anormal d’un contact électrique ont été présentées
dans le chapitre 4 de ce document à savoir :
o La détection par modélisation mathématique via les réseaux de neurones.
o La détection par modélisation physique via le logiciel EchaufWeb.
o Les paramètres estimés par une mesure approximative (dimension de certains jeux
de barres : exemple jdb0) ou par mesures sur d’autres équipements (résistances électriques
et thermiques). Ils sont utilisés pour le calage ; cependant leur variation se fait dans des
plages connues.
Erreur ! Liaison incorrecte. Erreur ! Liaison incorrecte.
o Les paramètres empiriques, dont on ne connaît normalement pas la valeur. Ils sont
initialisés en utilisant des tables (voir annexe 7) ou des règles de calculs. Leurs valeurs
finales (après calage) peuvent beaucoup différer des valeurs initiales (avant calage). Nous
pouvons citer dans cette catégorie les périmètres d’échanges et les paramètres d’ajustement
des coefficients d’échanges calculés par le programme.
Ces paramètres représentent autant de degré de liberté dans le processus de calage, car ils agissent
différemment sur le profil de températures. En effet, la résistance électrique de contact a un effet
local de translation vertical du profil de température, tandis que les périmètres et coefficients
70°C
65°C
60°C Avant calage
55°C Après calage
50°C
45°C
40°C
35°C
1 2 3 4 5 6 7 8 9
Points # connexions
La Figure 60 est la comparaison des températures calculées et celles mesurées sur la phase 1 du
tableau après stabilisation des températures (après environ 4h 30 d’essai).
Modèle Expérience
105°C Modèle Expérience
95°C
1600A Vérification de la validité du
85°C modèle
75°C
65°C
55°C
1000A-Calage du modèle
45°C
35°C
1 2 3 4 5 6 7 8 9
Points de mesures (thermocouples)
Nous pouvons remarquer que ces températures sont très proches. L’erreur relative moyenne entre le
modèle et l’expérience est de 1%.
2. Détection
Dans ce chapitre, nous utilisons le modèle précédent pour détecter un état d’échauffement anormal.
Pour ce faire, nous créons un défaut de desserrage sur la connexion client repérée 9 sur le schéma
de la Figure 54. Ce contact a subi un desserrage jusqu’à 1/8ième de son couple nominal. Le tableau
est alimenté avec un courant de 1000A.
1000A
65°C
Experience avec contact 9 desserré
60°C
Model sain
55°C
50°C
45°C
40°C
35°C
1 2 3 4 5 6 7 8 9
points mésurés
Orifices de ventilations
obstrués avec de la laine
de verre
Ce défaut se manifeste par une élévation de toutes les températures ambiantes, ce qui entraîne
l’élévation de la température de tous les points de mesures (connexions) qui sont soumis à ces
températures ambiantes. Comme le montre le résultat de la Figure 63, une comparaison entre le
modèle EchaufWeb et les mesures réelles effectuées ne permet pas de détecter le défaut.
Cependant une analyse de l’historique des mesures sans passer par le modèle (comparaison des
valeurs de températures ambiantes pour les mêmes conditions de fonctionnement (même courant))
devrait permettre la détection d’un état anormal. Nous avons fait cette comparaison sans et avec
défaut. Les températures ambiantes internes du tableau sont globalement plus élevées que ce
qu’elles devraient être dans le cas d’une aération normale (Figure 64).
1000A
Dans ce chapitre, nous allons utiliser l’outil de diagnostic et d’analyse de risques à base de réseau
Bayésien pour diagnostiquer les causes des deux états de défaillances précédemment décrits.
Supposons qu’après avoir détecté l’échauffement anormal sur le contact 9 du tableau précédemment
décrit, nous voulions connaitre la cause de cette défaillance. Nous allons utiliser le réseau Bayésien
pour nous aiguiller sur les causes possibles.
Les connaissances sur le tableau sont qu’il a un indice de protection élevé et qu’il a moins d’un an
d’utilisation. L’interrogation du réseau Bayésien, avec comme évidence supplémentaire sur le
tableau électrique : « échauffement anormal », nous donne directement : « mauvais serrage »
comme première cause de défaillance (Figure 65). La vérification du contact supposé en défaut
nous permettra de nous rendre compte de la pertinence du diagnostic. Le processus de diagnostic
s’arrête là pour entreprendre les actions correctives nécessaires, à savoir le resserrage du contact ou
son remplacement.
Cependant la vérification de la température externe c'est-à-dire celle du local dans lequel se trouvait
le tableau au moment de l’essai nous donne 24 °C, ce qui ne peut être qualifié d’élevé car le tableau
OKKEN est prévu pour fonctionner dans une température ambiante extérieure allant jusqu’à 40°C.
L’information « la température extérieure n’est pas élevée » est donc donnée comme une évidence
supplémentaire au réseau Bayésien. Il vient alors le résultat de la Figure 67 indiquant que la cause
la plus probable est la « mauvaise ventilation ».
Nous venons de voir sur un exemple concret ce que donne le système de détection et de diagnostic
de défaut que nous avons mis en place dans ces travaux de thèse. Ce système s’inscrit globalement
dans le schéma de la Figure 68 qui décrit l’enchaînement logique qui existe entre ces différentes
fonctions, résumées par le triplet: {Voir, Comprendre, Agir} [42].
o La fonction « Voir » est réalisée à travers l’acquisition, la transmission (via les capteurs de
températures sans fil, les disjoncteurs communicants de Schneider-Electric, le réseau
internet, les serveurs) et le traitement des données pour la détection.
o la fonction « Comprendre » est réalisée à travers l’outil de diagnostic et d’analyse de risques
utilisant la technique des réseaux Bayésiens.
o Enfin, la fonction « Agir » est réalisée chaque fois que le diagnostic nous permet de
modifier le système à bon escient, de sorte à éliminer le défaut détecté ou même à prévenir
un défaut en agissant en amont sur la conception du tableau électrique.
Serveur
Recommandations
Mesures de
courants @
Tableau électrique
A ce stade, nous pouvons passer ce système en revue, en faire un état des lieux et proposer les
développements possibles pour qu’il soit totalement opérationnel.
Le système de détection.
Le système de détection qui a été présenté est constitué de :
1. La détection de dépassement de seuil de température admissible par la norme.
Ce premier indicateur a été implanté et intégré au logiciel de suivi des grandeurs électriques de
Schneider-Electric. Il est opérationnel.
2. L’analyse de vieillissement.
L’algorithme de calcul de vieillissement a été spécifié, implanté sous Matcad et testé sur un
exemple théorique. Il n’a pas encore fait l’objet d’intégration dans un logiciel de Schneider-Electric.
3. La détection d’échauffement anormal lié à une dégradation de contact électrique.
En ce qui concerne la détection par comparaison à un modèle physique, le logiciel de modélisation
EchaufWeb à été développé et permet aujourd’hui d’effectuer le calcul et l’affichage des
températures du modèle. Il est important de préciser que cet outil ne prend en compte que les
défauts liés aux contacts électriques comme nous avons pu le constater dans le cas test du tableau
OKKEN. Cela se justifie par le fait que c’est la première cause de défaillance. Par ailleurs, la
détection de défauts se manifestant par une élévation globale des températures ambiantes pourrait se
faire en dehors du modèle, par une comparaison des températures mesurées dans les mêmes
Le système de diagnostic.
Comparativement à l’outil de détection de l’échauffement anormal des contacts électriques, celui du
système de diagnostic est beaucoup plus global et permet de diagnostiquer toutes les évidences sur
les variables incluses dans le réseau Bayésien. L’exemple du diagnostic de l’obstruction de la
ventilation met bien cela en évidence.
Par ailleurs, il est capable d’apprendre les paramètres (probabilités du réseau) à partir d’une base de
cas enregistrés et validés.
Il a été complètement implanté dans le logiciel Génie2 et fonctionne correctement.
Ce chapitre a montré sur un tableau électrique OKKEN, configuration typique de tableau basse
tension de forte puissance, les possibilités du système de détection et de diagnostic que nous avons
proposé dans ce travail de thèse.
Ce test en situation réelle nous a permis :
o De nous confronter aux difficultés de mise en œuvre du modèle EchaufWeb et notamment
de l’opération de calage du modèle sur les mesures réelles.
o De mettre en évidence les limites du système, à savoir son incapacité à détecter le défaut
d’obstruction de ventilation en particulier, et en général des défauts se manifestant par une
variation des variables d’entrées du modèle.
o De situer les différents blocs du système dans sa globalité, les passer en revue et donner des
indications sur ce qu’il faut faire pour le rendre complètement opérationnel à court terme.
Au terme de cette thèse, nous avons développé différentes méthodes de détection et de diagnostic
des causes de défaillances des tableaux électriques basse tensions dans le but d’aider à sa
maintenance préventive.
Des enquêtes impliquant des experts de Schneider-Electric nous ont permis de constater que la
plupart des causes de défaillances des tableaux électriques se manifestent par un échauffement, ce
qui nous a conforté dans l’idée de surveiller le tableau principalement par la mesure de la
température. Ces enquêtes ont aussi révélé que la principale cause de défaillance est « le défaut de
raccordement ». Ainsi nous nous sommes intéressés aux contacts électriques. Différentes
expériences réalisées sur ces derniers ont permis de mettre en évidence l’effet des paramètres tels
que la résistance électrique, la résistance thermique et le courant, sur leur dégradation. Les résultats
de ces expériences ainsi que les considérations sur l’influence des phénomènes d’échange
thermique dans le tableau électrique, ont conduit à une stratégie de positionnement des capteurs de
température basée sur des critères de priorités.
S’étant assurer du bon positionnement des capteurs, condition nécessaire à une bonne détection des
défauts, 4 indicateurs et méthodes aidant à détecter l’échauffement anormal du contact ou son
niveau de dégradation ont été présentés. Ils correspondent à deux niveaux de détection :
o La détection d’un état avancé de dégradation est possible à partir des indicateurs tels que
« le dépassement des seuils d’échauffement donnés par la norme » et « le facteur de
vieillissement » qui sont mis en œuvre uniquement à partir des données de températures.
o La détection d’un état de dégradation moins avancé se fait à l’aide des deux autres
méthodes de détection, basées sur la mesure de l’adéquation entre le courant et la
température, permettent de détecter un état moins avancé de dégradation. Il s’agit de la
méthode par comparaison à un modèle sain modélisé via le logiciel EchaufWeb, et celle à
partir des réseaux de neurones qui permettent d’apprendre et de reconnaître les cas de
défaillances.
________________________________________________________________________________
137
138 Annexe
Annexe 1 : Résistances (Électrique et Thermique) d’un contact.
Le passage du courant à l’interface d’un contact électrique se caractérise par deux phénomènes :
o L’effet tunnel à l’origine de la résistance de film.
o L’effet de striction à l’origine de la résistance de striction.
σ0
R film =
S ef
Où
Sachant que la surface effective de contact est constituée de points élémentaires, si nous faisons
l’hypothèse que nous avons n points de rayon moyen « a » alors la formule précédente devient :
σ0
R film =
n ⋅ π ⋅ a²
ρ
Rcons =
2⋅n⋅a
Où
ρ : Résistivité du matériau
Le transfert thermique à l’interface du contact entre deux parties métalliques est complexe et
s’explique par plusieurs phénomènes dont les plus prépondérants sont :
140 Annexe
En ce qui concerne la conduction par les points de contacts élémentaires, les lignes de flux
thermique subissent un resserrement à l’interface du contact entre les deux parties métalliques. La
courbure de ces lignes de flux thermique due à leur passage préférentiel aux points de contacts
élémentaires, entraîne une augmentation supplémentaire de la résistance thermique [10]-[11]. C’est
le même phénomène que la résistance électrique de constriction relativement aux lignes de courant
électrique. L’existence de la résistance thermique se traduit concrètement par une chute
supplémentaire de température à l’interface des parties métalliques).
Ce phénomène est évoqué dans [44] par son auteur, qui attire l’attention sur le fait que même si
c’est le même phénomène physique qui explique la résistance électrique de constriction et la
résistance thermique de constriction, le ressenti pratique des choses est complètement différent. Et
cela s’explique par le fait qu’il existe « un rapport quasi infini de la conductivité électrique des
conducteurs relativement à celle des isolants, en regard du rapport correspondant en thermique ».
Ainsi dans l’exemple d’un condensateur électrochimique, un copeau métallique venant s’interposer
entre les deux armatures du condensateur suffit pour détruire le condensateur par court-circuit, alors
que la diminution de résistance thermique de constriction dans ce cas, reste quasi indécelable.
Dans certaines situations, la résistance thermique est négligeable. Il n’en demeure pas moins que
dans d’autres cas cette résistance gagne en importance et ne peut pas être toujours négligée.
λ ⋅ S ef λ ⋅Sf
Φ= [T1 − T2 ] + [T1 − T2 ] = Cth ⋅ S ⋅ [T1 − T2 ]
δ δ
1 1
D’où Rth = =
C th 1 S ef Sf
⋅λ + ⋅λf
δ S S
Où
δ : L’épaisseur moyenne de l’interstice
λ f : La conductivité thermique du fluide interstitiel
C th : La conductance thermique
1 1
Si nous négligeons la conduction dans la zone interstitielle, il vient : Rth = =
C th 1 S ef
⋅ λ
δ S
142 Annexe
Annexe 2 : Exemple de Calcul de la résistance thermique.
Rth3
T0 T1
T2 T2
T0 T1
Rth1 Rth2 Rth4
(T1 − T2 )
Soit, Rth3 = Rth1 . − ( Rth2 + Rth4 )
T0 − T1
L
Calcul de Rth1 : Rth1 = = 0.82°C / W
λ *S
Avec L (longueur de la barre)= 65mm, S (section de la barre)= 40*5 mm² et λ(conductivité
thermique du cuivre)=385W/°C.m
D’où les résultats suivants :
Les courbes ci-dessous représentent les profils de températures enregistrées (pour chaque type de
contact) lors de l’essai de desserrage ainsi que les variations de résistances électriques mesurées.
R é s is ta n c e d e Boulonné pincé
c o n ta c t ( µ Ω ) 200
150
100
50
0
2
4
6
8
10
14
18
22
26
ai n
m
ge
Couple de serrage
r ra
Se
Boulonné à plat
R é s is ta n c e d e
c o n ta c t (µ Ω )
250
200
150
100
50
0
1
2
5
10
20
30
40
50
ai n
am
àl
Couple de serrage
Boulonné surchant
200
R ésistance d e
con tact ( µ Ω )
150
100
50
0
à la 1 2 5 10 20 28
main
Couple de serrage
146 Annexe
Annexe 4 : Théorie de transfert thermique
1. Conduction
La conduction thermique est le mode de transfert de chaleur provoqué par une différence de
température entre deux régions d’un même milieu ou entre deux milieux en contact sans
déplacement appréciable de matière.
Il existe deux types de conduction :
• La conduction simple où le corps solide n’est le siège d’aucune création de chaleur, par
exemple la conduction dans un mur.
• La conduction vive où le corps solide est le siège d’une création de chaleur, par exemple la
conduction dans les barres de cuivre parcourues par un courant électrique.
La transmission de chaleur par conduction est régie par la loi de Fourier qui traduit un débit de
chaleur dû à un gradient de température. Son expression unidimensionnelle se réduit à :
(T1 − T2 )
Φ cond = λ ⋅ S ⋅
L
Où
S : Surface d’échange en m²
Φ conv = h ⋅ S (Ts − T∞ )
Où
S : Surface d’échange en m²
T∞ : Température du fluide
constantes.
Dans le cas de la convection forcée le nombre de Nusselt dépend du nombre caractéristique de
Reynolds et du nombre de Prandtl. Nu = K . Reα ⋅ Pr β avec K, α et β des constantes.
Dans la réalité le coefficient d’échange convectif est difficilement calculable de manière analytique.
Il faut donc recourir à des techniques numériques.
3. Rayonnement
148 Annexe
pris classiquement est celui du corps noir. Le corps noir est un modèle théorique correspondant à un
corps qui absorbe toute l’énergie qu’il reçoit sans aucune réflexion.
D’après la loi de Stephan Boltzmann, le flux thermique rayonné par un corps noir est donné par :
Φ = σ ⋅ S ⋅T 4
Les corps réels sont pris comme étant une approximation du corps idéal qu’est le corps noir. Ainsi
pour étendre la formule de rayonnement à ces derniers, on introduit le coefficient d’émissivité ε .
La formule générale devient :
Φ = ε ⋅σ ⋅ S ⋅T 4
Où :
Φ : Flux rayonné par un corps en W
S : Surface d’émission en m²
T : Température des corps en regard
ε : Emissivité
Le coefficient d’émissivité mesure l’écart qu’il y a entre un corps noir et un corps réel en terme
d’émission d’énergie. Il dépend de la nature du matériau et de plusieurs paramètres dont l’état de
surface, la température, la longueur d’onde, la direction d’émission de l’onde etc.
L’échange radiatif entre deux corps est complexe à décrire. On fait communément intervenir un
coefficient sans dimension appelé facteur de forme ( F ) qui dépend de l’émissivité des deux corps
qui échangent et de leur géométrie.
( 4
Φ rad = F1, 2 ⋅ σ ⋅ S1 ⋅ T1 − T2
4
)
Où
S1 , S 2 : Surface d’émission en m²
Pour simplifier les calculs et pour faire l’analogie avec l’échange par convection et par conduction,
on définit un coefficient d’échange radiatif hr , la formule précédente devient :
( 3 2 2
avec hr = F1, 2 ⋅ σ ⋅ T1 + T1 ⋅ T2 + T1 ⋅ T2 + T2
3
)
150 Annexe
Annexe 5 : Algorithme de vieillissement
Cette figure donne une vision schématique de l’algorithme de vieillissement présenté au chapitre 4.
Initialisation...
j=j+1
Pour h variant de 1 à 24
h norm T h −T norm
∆Tc −∆Tc a
+ a
norm
∆c norm
∆a
vh = 2
vj + vh
vj =
24
vc + vj
vc =
j
Afficher
vc
state yes no yes no 8h/24h 24h/24h high small yes no yes no yes no
♦ Réduction d’isolement
Environnement
poussièreux yes no
yes 0.65 0.3
no 0.35 0.7
♦ Dégradation d’isolants
♦ Corrosion de métaux
Ambiance humide yes yes no no
Ambiance corrosive yes no yes no
yes 1 0.05 0.75 0
no 0 0.95 0.25 1
♦ Risques d’amorçage
Reduction
d’isolement yes no
yes 0.9 0.01
no 0.1 0.99
154 Annexe
Annexe 7 : Tables des paramètres dimensionnels EchaufWeb en
fonction de la section des câbles isolés
En générale quand on modélise un conducteur isolé seul sa section est connue. Ce tableau donne
(en fonction de la section du conducteur), les périmètres et les sections d’échanges du conducteur et
de son isolant. Ces valeurs sont utiles pour la modélisation EchaufWeb des câbles isolés
________________________________________________________________________________
[1] Kahan N’guessan, Eric Jouseau , Jean-Pierre ROGNON, Gilles Rostaing , Florence
François “A new approach for local detection of failures and global diagnosis of LV
switchboards.” IEEE International Conference on Power Engineering, Setubal, April
2007.
[3] Sandy Dunn. "Condition Monitoring in the 21st century." Plant Maintenance Resource
Center 20 sept. 2006 available at http://www.plant-maintenance.com/articles
/ConMon21stCentury.shtml.
[6] Albert Livshitz, Bella H. Chudnovsky, Boris Bukengolts, Boris A Chudnovsky. "On-Line
Temperature Monitoring of Power Distribution Equipment." PCIC 2005 Denver, USA:
2005. pp223-231.
[9] Christian Ngô ,HélèneNgô. "Chapitre 4.7 : Effet tunnel." Physique quantique
Introduction Ed. Dunod Paris: 2000. pp 166-171.
[10] Bernard Eyglunent. "Chapitre 3.2 : La question des interfaces." Thermiques Théorie
et pratique à l'usage de l'ingénieur Hermes, 1994.
[14] John Hus. "Reduction of Joint Force by Creep in High Current Joints." IEEE
Transactions on Industry Applications 26.5 (1990), pp 926-934.
[16] Stephan Schoft. "Measurement and calculation of the decreasing joint force in high
current aluminum joints." 22nd Conference on Electrical Contacts Seattle: 2004, pp
511-518.
[18] Mathsoft Engineering and Education, Inc. " Logiciel Matcad 12."
[23] Christopher M. Bishop. "Section 9 Learning and Generalization." Neural Network for
Pattern Recognition Oxford university press, 2005. pp 332-333.
162 Bibliographie
[25] Christopher M. Bishop. "Section 4.8 Error Back-propagation." Neural Network for
Pattern Recognition Oxford university press, 2005, pp 140-160.
[26] Hagan, M.T, and M. Menhaj, “Training feedforward networks with the Marquardt
algorithm,” IEEE Transaction on neural networks, Vol .5 n°6, pp.989-993, 1994.
[27] Claus Skaanning, Finn V. Jensen, Uffe Kjærulff, Paul Pelletier & Lasse Rostrup-
Jensen, “Printing System Diagnosis A Bayesian Network Application” presented at
Ninth International Workshop on Principles of Diagnosis, Massachusetts, USA, 1998,
Available: www.cs.auc.dk/~uk/papers/skaanning:etal:98.doc
[28] FinnV.Jensen. “Bayesian Networks and decision graph: Statistics for engineering and
information” science Springer-Verlag, 2001.
[29] Patrick Naïm, Pierre-henri Wuillemin, Philippe leray, Olivier Pourret, Anna Becker.
"Réseaux Bayésiens." Eyrolles, 2004.
[30] Patrick Naïm, Pierre-henri Wuillemin, Philippe leray, Olivier Pourret, Anna Becker.
"Chapitre 1.1.2 D-séparation (blocage)." Réseaux Bayésiens Eyrolles, 2004.
[32] Patrick Naïm, Pierre-henri Wuillemin, Philippe leray, Olivier Pourret, Anna Becker.
"Chapitre 1.1.1 Circulation de l'information dans un graphe causal." Réseaux
Bayésiens Eyrolles, 2004. pp 4-6.
[39] FinnV.Jensen, “Noisy-0r”, in Bayesian Networks and decision graph, Statistics for
engineering and information science, Springer 2001, sec2.3.2, pp 59-60.
[40] Przytula, K.W. Dash, D. Thompson, D. “Evaluation of Bayesian networks used for
diagnostics”, proc. IEEE Vol.7, Sep 2003. pp: 3177- 3187.
[41] Patrick Naïm, Pierre-henri Wuillemin, Philippe leray, Olivier Pourret, Anna Becker.
"Chapitre 6.1.2 : A partir de données incomplètes" Réseaux Bayésiens Eyrolles,
2004. pp 103-106.
164 Bibliographie