Macroéco1.Cours Et Exercices

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INSTITUT NATIONAL DU TRAVAIL ET DES ETUDES

SOCIALES
UNIVERSITE DE TUNIS

COURS DE MACROECONOMIE

Fathi Jerbi

PLAN DU COURS EN CHAPITRES

1
Avant-propos
Chapitre 1 : LES CONCEPTS DE BASE
1.1. Introduction

1.2. Le pourquoi de l'analyse économique

1.3. L'anatomie de l'économie

1.4. Les procédures de décision d'allocation des ressources

1.5. Les concepts-clés de la macroéconomie

Chapitre 2 : LA COMPTABILITE NATIONALE


2.1. Introduction : la comptabilité nationale

2.2. La méthode de construction : 3 approches

2.3. Produit national - les problèmes de mesure

Chapitre 3 : LA DETERMINATION DU REVENU NATIONAL ET DE SES


FLUCTUATIONS - PRINCIPE DU MULTIPLICATEUR

3.1. Introduction
3.2. Les déterminants du revenu national
a) La consommation, l’épargne et l'investissement

b) Les fonctions de consommation et d'épargne

c) La fonction d'investissement

3.3. Le niveau d'équilibre du revenu national


3.4. Déplacement de l'équilibre ou analyse du multiplicateur
a) L'analyse du multiplicateur

b) L'accélérateur

2
Avant-propos

Prérequis : économie politique, statistique descriptive, éléments


d'analyse mathématique

Le programme de la deuxième année Gestion Economique et Sociale prévoit plus


ou moins 66 heures pour enseigner la macroéconomie.
Ce court laps de temps ne permet, certes pas, une appréhension de la
complexité de cette matière qui est pourtant au cœur des débats cruciaux de la
vie économique.
En effet, la macroéconomie s’intéresse aux questions qui affectent la vie de tous
et déterminent le destin des nations. Ces questions sont celles du niveau de vie,
de la croissance, du chômage, de l’inflation, les exportations et les importations.
Elle se fonde sur la microéconomie tout en s’en distinguant. Elle tâche
d’expliquer pour proposer et prévoir des politiques.

L’enseignement de la macroéconomie présente une triple difficulté.


• C’est le lieu d’affrontements idéologiques;
• Il n’existe pas un mais plusieurs paradigmes macroéconomiques;
• Enfin, son champ n’est pas bien défini : la région, le pays, les économies intégrées…

Ce cours ne peut dès lors être considéré que comme une introduction aux
principaux résultats et problèmes de la macroéconomie. Il a été conçu de façon
à vous donner :

- les définitions des concepts principalement utilisés;


- la méthode de construction de la comptabilité nationale, source très utile de
renseignements statistiques;
- la théorie et les conditions d'équilibre sur les marchés des biens et services et
le marché monétaire;
- le schéma des interactions entre les principales variables macro-
économiques, pour aboutir au modèle de détermination du revenu et de ses

3
fluctuations, modèle essentiellement centré sur le concept keynésien du
multiplicateur et accessible (l'utilisation des mathématiques se trouve ainsi
réduite au strict minimum);
- un aperçu des principaux instruments à partir desquels les politiques
économiques peuvent agir sur les variables économiques.

Ce cours ne permet qu'une esquisse de l'analyse macro-économique, une


compréhension meilleure doive être acquise par des lectures d'ouvrages
relativement spécialisés et par une certaine presse, ceci afin de vous tenir au
courant de l'actualité économique.

Définition de l’économie

L’économie, en tant que discipline, est une branche des sciences sociales qui
étudie l'allocation des ressources rares à des fins alternatives. Autrement dit,
selon Raymond Barre, économiste, « la science économique est la science de
l'administration des ressources rares. Elle étudie les formes que prend le
comportement humain dans l'aménagement de ces ressources ; elle analyse et
explique les modalités selon lesquelles un individu ou une société affecte des
moyens limités à la satisfaction de besoins nombreux et illimités »[réf.
souhaitée].

En réalité, il n'existe pas une seule définition de l'économie, mais plusieurs


définitions. Chaque définition renvoyant à des réalités sous-jacentes différentes.
Karl Polanyi distinguait par exemple deux sens du terme économique : le sens
substantif (l'économie est une science empirique qui étudie des procès
institutionnalisés) et le sens formel (l'économie est une science déductive qui
étudie l'action rationnelle) ; ce dernier sens se rapproche beaucoup de la
conception qu'en avait Ludwig von Mises.

Robbins Burling[1] énumérait quant à lui cinq manières de définir les sciences
économiques :

L'étude des choses que les économistes étudient.

4
L'étude des moyens matériels d'existence de l'homme.
L'étude de la production, de la distribution, et de la consommation des biens et
des services.
L'étude des systèmes d'échange quelle que soit leur structure.
L'étude de l'allocation des moyens rares à des fins alternatives.

Origine de la notion
Économique est un mot grec qui apparaît comme titre de deux traités, l'un de
Xénophon, l'autre d'Aristote, dont l'objet est la connaissance et la formulation
des lois (« nomos ») permettant d'optimiser l'utilisation des biens d'une maison
(« oikos »), considérée comme unité collective de production d'une famille
élargie ou d'un clan. La richesse est considérée du point de vue de l'abondance
des biens produits et de leur utilité, non de l'accumulation de monnaie par l'usure
ou le négoce dont les procédés font l'objet d'une autre discipline qu'Aristote
appelle chrématistique (de khréma-atos) et qu'il considère comme des activités
stériles, voire déshonorantes dans l'Éthique à Nicomaque). L'Économique est
explicitement distingué de la Politique, laquelle fait l'objet d'un autre traité
d'Aristote et vise à établir l'harmonie et la justice entre les différentes classes de
personnes et de familles qui constituent la cité.

Le terme économie ne s'oppose pas à luxe mais à gaspillage: il désigne le


surcroît de richesse provenant de l'optimisation de l'utilisation des ressources
humaines et naturelles employées dans la production, la répartition et le
renouvellement des biens nécessaires à l'existence d'une société ou d'une
personne. Par extension, économie désigne actuellement tout le processus de
production et de répartition de biens et de services d'une région ou d'un pays; on
appelle économie mondiale le système des échanges marchands et financiers
internationaux.

CHAPITRE 1 : LES CONCEPTS DE BASE

1.1. Introduction

5
La macroéconomie traite du comportement économique dans son ensemble.
Elle étudie et analyse les performances d'ensemble de l'économie et traite
particulièrement de la politique économique.

Les aspects essentiels de la vie économique sont abordés par l'analyse du


comportement global des agents économiques (consommateurs, entreprises,
pouvoirs publics,...) et des interactions entre les marchés des biens et services,
du travail et des actifs financiers.

Plutôt que de considérer, comme le fait la micro-économie, des consommateurs


et des producteurs individuels de biens très spécifiques, la macroéconomie
agrège les agents et/ou leur comportement. Elle s'intéresse, par exemple, à
l'ensemble de la consommation des ménages ou au total des investissements de
l'ensemble des entreprises sans spécifier le détail (pain, beurre, ...,
chaudières, ...) de cette consommation ou investissement.

Notons immédiatement qu'il n'y a pas conflit fondamental entre la


microéconomie et la macroéconomie : leur différence résulte plutôt dans
l'emphase et le point de vue selon lequel les phénomènes sont analysés et
étudiés.

1.2. Le pourquoi de l'analyse économique

Avant de définir différents concepts propres à la macroéconomie, il est essentiel


de rappeler que l'analyse économique naît de la nécessité d'opérer des choix.

Ces choix résultent du postulat selon lequel : "les besoins sont illimités alors que
les moyens disponibles pour les satisfaire sont limités".

Trois questions sont traditionnellement posées :

1. Quoi ? : Que faut-il produire et dans quelle proportion ?


Pain ou vêtements ?
Pain et vêtements ?

6
Pain et/ou verger ?
Beurre et/ou canon ?

2. Comment ? : Quels sont les moyens de production à utiliser ?

3. Pour qui ? : faut-il produire pour tous ou pour quelques-uns : c'est le


problème de la répartition des richesses.
La multiplicité des besoins humains et la rareté des ressources disponibles pour
les satisfaire définissent ainsi le problème économique.

Notions de rareté, choix et coût d'opportunité

Virtuellement, toutes les ressources sont rares : les choix doivent être faits par
les différents agents économiques dans un ensemble limité de ressources et en
sachant que la décision d'augmenter la satisfaction d'un besoin entraîne
généralement la diminution de la satisfaction d'un autre besoin.

A cet égard, il faut introduire ici la définition de la notion de "coût d'opportunité".

On peut mesurer le coût d'opportunité d'une action quelconque par la


comparaison avec une autre activité, par exemple : étudier ou travailler,
consommer ou épargner, ...
(Cette définition ne correspond pas à une notion de coût comptable !)

Ainsi, on peut considérer les multiples coûts d'opportunité auxquels doivent faire
face différents agents économiques :

- les ménages : l'allocation de leur revenu implique des choix et dès lors des
coûts : acheter une maison ou louer son logement, consommer de la viande
ou des œufs, ...;

- les entreprises : un élément important du choix est constitué par les


possibilités de production. Une entreprise dispose de ressources qu'elle peut
utiliser pour produire des tracteurs ou des canons. L'ensemble des

7
ressources est réparti entre les productions de ces biens, soit les possibilités
suivantes :

Tableau 1 : Illustration des possibilités de production

──────────────┬────────────────────┬───────────────────┐
│ Possibilités │ Tracteurs (pièces) │ Canons (pièces) │
├──────────────┼────────────────────┼───────────────────┤
│ │ │ │
│ 1 │ 0 │ 5 │
│ 2 │ 2 │ 4 │
│ 3 │ 4 │ 3 │
│ 4 │ 6 │ 2 │
│ 5 │ 8 │ 1 │
│ 6 │ 10 │ 0 │
│ │ │ │
└──────────────┴────────────────────┴───────────────────┘

Ces possibilités sont figurées par des points sur le graphique ci-dessous.

La ligne joignant ces points constitue la frontière des possibilités de


production : on peut rester en deçà (2 pièces de tracteurs et 2 canons, par
exemple), mais on ne peut la dépasser avec les ressources disponibles.

8
canons (pièces)

(En fait et en raison de la loi des rendements décroissants, la frontière des


possibilités n'est pas une droite, mais une courbe concave vers l'origine des
axes.)

- pour le gouvernement : dans le cadre d'un budget donné, le gouvernement


doit choisir entre la réalisation des différents objectifs qu'il s'est assignés :
l'éducation, la défense, la protection sociale...

L'économie dans son ensemble doit faire face aux possibilités de production qui
sont déterminées par ses ressources physiques, ses compétences, son
équipement industriel, sa quantité et qualification du travail, la recherche
technologique et scientifique, l'application de ses recherches...

Ces possibilités sont relativement constantes en courte période, mais en période


plus longue, on peut assister à un déplacement de la droite des possibilités de
production.

1.3. L'anatomie de l'économie

a. Les actes économiques : la consommation et la production

En partant des besoins, on peut définir la consommation comme : tout acte


par lequel des biens sont utilisés pour satisfaire directement des besoins
humains spécifiques.

Il est important de noter ici qu'il y a :

- un certain nombre de biens fournis directement par la nature : l'eau, les


fruits...

9
- une quantité d'autres biens qui ne sont pas directement fournis par la
nature sous la forme adéquate : la chaleur du climat ne suffit pas à nous
maintenir en vie, il faut en "produire", grâce au bois, au charbon, au
pétrole, à l'énergie nucléaire...

La production peut être définie comme : tout acte par lequel les biens sont
utilisés pour être transformés en "produits", c'est-à-dire en d'autres biens.

Il est important de noter ici qu'il y a :

- des produits, le pain par exemple, qui sont le résultat d'une activité de
transformation qu'un producteur (le boulanger) a fait subir à un ensemble
d'autres biens (farine, beurre, oeufs) et son travail;

- des produits qui ne sont pas directement consommables : le pétrin a été


produit aussi au même titre que le pain, mais pas par le boulanger.

b. Les agents économiques

Il faut aussi distinguer les types d'agents face à ces relations :

- les ménages qui ont pour fonction la consommation. Ils s'efforcent


d'obtenir les quantités de biens et de services nécessaires pour leur
satisfaction.

- les entreprises qui ont pour fonction la production de biens et de services.


Elles rassemblent les moyens nécessaires à cette production :

* elles engagent des travailleurs,


* elles se procurent les matières premières, les équipements, les
capitaux financiers.

- les détenteurs de ressources : posent des problèmes particuliers du prêt,


de la mise en location, de la propriété.

10
- les pouvoirs publics qui ont pour fonction de fournir certains services
collectifs, d'améliorer la répartition des revenus entre les ménages et enfin
d'établir des conditions favorables à une expansion économique régulière.

(Il va de soi que cette classification entre agents ne se confond pas avec un
classement des individus.)

c. Les biens économiques

Une classification des biens peut être dérivée de leur position dans le
processus d'allocation des ressources aux besoins :

- les biens de consommation utilisés par les consommateurs peuvent être :

* des biens de consommation durables dont l'utilisation s'échelonne


dans le temps (habitation, voiture, appareil ménager...),
* des biens de consommation non durables, c'est-à-dire rapidement
détruits par leur utilisateur (vêtements, nourriture...);

- les biens de production utilisés par les producteurs peuvent aussi être
qualifiés de durables ou non : c'est le cas des machines, des matières
premières...

Remarque :
Un même bien peut être qualifié, selon le cas, de bien de consommation ou
de production : la pomme du dessert ou la pomme bien de production pour la
production du cidre.

Du seul point de vue de la production, la classification la plus utilisée pour


l'analyse est celle qui distingue entre "ce qui est produit" et "ce qui sert à
produire". La terminologie anglo-saxonne distingue "l'output" de "l'input".

- Un bien est un output s'il est le résultat d'une production (quels que soient
son état (fini, semi-fini, brut...) et sa destination.

11
- Un bien est un input s'il est utilisé pour en fabriquer d'autres (quels que
soient son état et son origine).

Par définition, un même bien peut être un output pour une entreprise et un
input pour une autre entreprise.

Le critère de la production permet encore de distinguer entre :

- les produits (ou services) dits "finals", c'est-à-dire ceux qui sont
effectivement consommés;
- par opposition aux produits "intermédiaires" qui seront réutilisés comme
inputs dans d'autres productions.

Pour finir, signalons qu'il existe une classification très générale des biens et
services qui permettent la production, celle des facteurs de production.

Les facteurs de production distinguent trois catégories typiques :

- les ressources naturelles;


- le travail et le capital.

1.4. Les procédures de décision d'allocation des ressources

Quelle est la procédure de décision d'allocation des ressources entre les diverses
productions ? Comment est prise la décision d'utiliser x % des ressources à la
production de tracteurs et le reste à la production de canons ?

Deux systèmes extrêmes peuvent être schématisés :

- l'économie de marché;
- l'économie dirigée.

a. L'économie de marché

Schématiquement, différents éléments doivent être retenus :

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- Moteur : initiative individuelle des 3 catégories d'agents économiques
(consommateurs, producteurs et détenteurs de ressources).

- Comment les désirs de chaque catégorie sont-ils rendus compatibles si,


par exemple, les consommateurs désirent des tracteurs tandis que les
producteurs préfèrent produire des canons ? (Il y a alors incompatibilité.)

- L'incompatibilité est résolue par le marché.

Définition du marché : rencontre entre le consommateur et le producteur,


c'est-à-dire rencontre entre la demande du produit et l'offre du produit.

- Les deux parties s'accordent sur le prix et cet accord permet l'échange
(détermination des quantités) : il rend les désirs compatibles (vous verrez
au cours de micro-économie comment cet ajustement se produit).

- Il existe une série de marchés : un pour chaque bien et service, pour


chaque output et pour chaque input (le marché du travail, par exemple).

Cette économie de marché peut se représenter de façon simplifiée, par les


circuits suivants :

Graphique 1 :

Marché des Produits


Prix , Qualité
Demande des
Produits Offre des Produits

Consommateurs Producteurs
Ménages Entreprises
Offre des Facteurs Demande des
13
Facteurs
Marché des Facteurs :
Emploie, Capital
Salaires, Intérêts
Le graphique 1 illustre, en première approximation, les relations entre
producteurs et consommateurs.
La production est possible grâce à la mise en œuvre d'un ensemble de
moyens : travail, machines et ressources naturelles, appelés facteurs de
production. Les machines nécessaires à la production font partie d'un facteur
de production dont nous mesurerons l'importance ultérieurement : le capital.
Le capital est créé par les producteurs et l'accroissement de la production
suppose une augmentation de capital. Cette augmentation s'appelle
l'investissement.

Les facteurs de production perçoivent, en contrepartie de leur participation à


la production, un ensemble de revenus qui permettront l'achat de la
production. Mais la totalité des revenus n'est pas toujours dépensée en biens
de consommation.
La différence revenu - consommation s'appelle épargne.
Sur chaque marché, des accords se produisent qui permettent des échanges.
La contrepartie des produits et des facteurs est la monnaie : donc, en sens
inverse du flux de facteurs et de produits se produit un flux monétaire.
Voyons, maintenant, le cadre institutionnel correspondant à cette économie
de marché. Il est caractérisé par 4 éléments :

- la propriété individuelle des biens et services;


- la liberté d'échanger les biens, les services et les facteurs de production
sur les marchés;
- la liberté du travail;
- la liberté d'entreprise, c'est-à-dire la liberté de produire ce qu'on a envie
de produire.

La combinaison entre ces 4 éléments assure la concurrence entre les


demandeurs et la concurrence entre les offreurs.

14
b. L'économie dirigée (dirigée "complètement")

Il existe dans ce système une autorité qui décide :

- ce que les consommateurs peuvent acquérir;


- ce que les producteurs doivent produire avec les ressources qui leur sont
attribuées;
- l'emploi des ressources, c'est-à-dire l'affectation des ressources entre les
producteurs.

Dans l'économie de marché, nous avons vu que la compatibilité entre les


préférences des consommateurs et des producteurs est assurée grâce aux
prix.
Dans l'économie dirigée, la compatibilité est assurée par les plans.
La planification est un bilan des ressources disponibles d'une part, des
productions (biens et services) souhaitées d'autre part; compte tenu de ces
ressources et productions, elle organise l'utilisation des premières en fonction
des secondes.
Le cadre institutionnel correspondant à l'économie dirigée se caractérise par :

- l'organisation de la production par l'Etat (pouvoirs publics);


- l'échange n'est pas libre;
- une partie des ressources est propriété collective et n'est plus propriété
individuelle comme dans l'économie de marché (la ressource "travail" reste
individuelle).

Graphique 2 : Schéma de l'économie dirigée

Produits

Consommateurs Etat Outputs


D
ec
is
ion

Ménages Entreprises
15
Détenteur
Travail des Inputs
Ressources
D
ec
is
ion

Facteurs

Nous avons toujours :

- les entreprises produisant les outputs en mettant en œuvre les inputs;


- les ménages qui sont consommateurs, mais ne possèdent pas de
ressources, excepté le "travail".

Les marchés disparaissent et sont remplacés par l'autorité qui décide à la


place des marchés et est, en outre, détenteur de ressources qu'elle met à la
disposition des entreprises. Les flux monétaires se présentent comme dans
l'économie de marché.

c. Les deux extrêmes, économie de marché et économie dirigée, ne se trouvent


jamais à l'état pur.

- Dans les pays dits "capitalistes", les caractères de l'économie de marché


l'emportent sur les caractères de l'économie dirigée.
Cependant, des éléments d'économie dirigée y existent : c'est pourquoi,
on parle d'économie mixte. Il y a évolution, surtout dès avant la 2ème
guerre mondiale, vers le dirigisme.

- Dans les pays dits "socialistes : La Chine Populaire par exemple", les
caractères de l'économie dirigée l'emportent sur les caractères de
l'économie de marché.
Il se produit cependant aussi une évolution, de l'économie dirigée vers
l'économie de marché.

1.5. Les concepts-clés de la macroéconomie

16
Nous présentons ici rapidement les différentes notions qui seront discutées au
cours de nos leçons.

a. Le produit national brut (PNB)

Le produit national brut, PNB, est la valeur de tous les biens et services
produits dans l'économie au cours d'une période donnée (année,
trimestre, ...). L'un des premiers buts de la macroéconomie est d'expliquer
l'évolution du produit national brut.
Différents facteurs peuvent intervenir :

1) Le PNB peut varier suivant les prix.


Il faut distinguer :

- le produit national à prix courants (ou produit national en valeur ou encore


produit national nominal), c'est-à-dire celui qui est mesuré aux prix de la
période de production des biens et services; on utilise les prix 1960 pour
l'acier produit en 1960 et les prix 1981 pour l'acier produit en 1981;

- du produit national à prix constants (ou produit national en quantité ou en


volume ou encore produit national réel), c'est-à-dire le produit national
courant divisé par un indice du niveau général des prix, d'où :

PNB réel = PNB nominal


Indice des prix

Le terme réel, ou constant, signifie que l'on mesure le PNB en dinars ayant
un pouvoir d'achat constant. On évalue les productions d'acier de 1960 et de
1981 au seul et même prix, 1975 par exemple, afin d'obtenir ainsi une
estimation des quantités produites en faisant abstraction de la variation des
prix.

17
2) L'évolution des ressources disponibles dans l'économie, c'est-à-dire les
ressources naturelles, le travail et le capital, ainsi que l'évolution de leur
utilisation affectent aussi la croissance du produit national brut.

b. La croissance et le chômage

L'idée selon laquelle la croissance de l'activité économique a


automatiquement un effet rapide favorable sur l'emploi, a été mise en
question par OKUN (1960) qui a établi une règle "empirique", pour les Etats-
Unis, selon laquelle une réduction du chômage de 1 % nécessitait une
augmentation de 3 % de la production (PNB). Ce rapport 3/1 indique
l'amplitude de l'effort à fournir pour restaurer un plein emploi du facteur
travail ainsi que la nécessité impérieuse d'une politique économique
adéquate. Rappelons que l'existence du chômage traduit toujours une
insuffisance de production et que son coût social est tel qu'il est perçu
comme le problème social prioritaire.

c. La demande agrégée

La demande agrégée, ou dépense totale, est la demande totale pour les


biens et services. Elle est une des variables clés de la demande des facteurs
de production.

Faut-il augmenter la demande totale pour réduire le chômage ? Ou faut-il


agir sur les conditions de l'offre ? Ces questions soulèvent plusieurs
problèmes au cœur du débat macro-économique et des politiques
économiques à mettre en œuvre. Nous tenterons de les clarifier au cours des
leçons suivantes.

d. L'inflation

L'inflation est la hausse généralisée et continue du prix moyen des biens et


des services.
La mesure de l'inflation la plus fréquemment utilisée est l'indice des prix à la
consommation (IPC). Celui-ci reflète les changements que subit le prix d'un

18
panier représentatif de biens et de services vendus en Tunisie (aliments,
logement, transports, meubles, vêtements, loisirs et autres biens et services
achetés par les tunisiens).
Le taux d'inflation correspond à l'augmentation en pourcentage que les prix
moyens enregistrent au cours d'une année. Ainsi, si le coût du panier de l'IPC
indice du prix à la consommation atteint 102 dinars aujourd'hui alors qu'il
s'établissait à 100 dinars il y a un an, cela signifie que le taux d'inflation
actuel est de 2 %. Lorsque l'IPC augmente, le pouvoir d'achat du dinar
détenu par le consommateur moyen baisse.

On distingue 4 types d'inflation :


- inflation par les coûts (cost inflation or push inflation),
- inflation par la demande (pull inflation),
- inflation importée (open market),
- inflation anticipée (put or advanced inflation).

Cette définition est peu précise. De quels prix s'agit-il ? Si l'on raisonne en
économie fermée - sans relations économiques extérieures - il y a autant de
prix que de produits et, à la limite, autant de taux d'inflation que de produits.
Dans une économie ouverte aux échanges extérieurs, le plus important n'est
peut-être pas le taux d'inflation intérieur, mais la comparaison de la hausse
interne des prix et de celle des économies étrangères (termes d’échange).
Les taux d'inflation différentiels traduisent alors la compétitivité de
l'économie nationale sur les marchés internationaux.

- Le dilemme chômage-inflation

La courbe de Phillips (économiste anglais) étudie les relations entre d'une


part, le taux d'inflation et d'autre part, le taux de chômage. Elle a joué et
joue toujours un rôle important dans les discussions de politique économique
depuis sa publication en 1958.

Graphique 3 : La courbe de Phillips

Taux d’Inflation

19
Taux de Chômage Frictionnel

Nairu

D'après cette courbe, un chômage élevé ne s'accompagne que d'un faible


ralentissement de l'inflation tandis qu'un faible taux de chômage est corrélé
avec une hausse des prix (des salaires) excessivement rapide. Cette courbe
suggère qu'il y ait un arbitrage entre inflation et chômage.

En fait, aux environs de 1970, la courbe de Phillips semble se déplacer vers


le haut. Le dilemme devenait de plus en plus défavorable : des taux élevés
de chômage sont associés à de hauts taux d'inflation (phénomène appelé
"stagflation").

En stagflation, la production stagne voire régresse, alors que les prix


continuent d'augmenter à un rythme élevé.

Cela peut s'expliquer entre autres par :

- les phénomènes psychosociologiques : dynamique sociale des


comportements et des modes de consommation, diffusion des modes de
consommation des classes plus riches, d'où l'aspiration vers le haut
d'autant plus créatrice d'inflation que la société est plus inégalitaire;
- l'interdépendance, l'intégration poussée des économies : domaines des
échanges, de la division internationale du travail, domaines des changes et
de la parité...

En fait, il n'existe pas une relation aussi simple entre ces deux variables
importantes de politique économique : si une certaine relation existe à court
terme, il semble bien qu'à long terme, le taux de chômage soit indépendant
du taux d'inflation.

20
Néanmoins, on peut dire que l'arbitrage entre ces deux variables est un
élément déterminant du succès potentiel des politiques économiques.
e. Politique économique : stabilisation de l'économie
L'évolution économique n'est pas régulière. Les nations connaissent des
déséquilibres au niveau de l'emploi, des relations extérieures, des prix, de la
production, ... et ceci de façon plus ou moins prononcée pendant des
périodes plus ou moins longues.
La politique économique serait un ensemble d'actions entreprises par les
pouvoirs publics en vue de limiter et de lutter contre les fluctuations et les
déséquilibres afin de promouvoir une croissance régulière. Ainsi que nous le
verrons plus loin, la politique économique tente de réaliser au mieux ces
différents objectifs (croissance, plein emploi, stabilité des prix, équilibre des
relations extérieures) à l'aide d'instruments que l'on peut regrouper sous les
vocables de :
- politique budgétaire,
- politique monétaire,
- politique de revenus et des prix,
- politique de change,
- et enfin de modifications du cadre institutionnel.

CHAPITRE 2 : LA COMPTABILITE NATIONALE

2.1. Introduction : la comptabilité nationale

La comptabilité nationale est une méthode permettant de fournir une mesure


quantitative, exprimée en valeur monétaire, de la totalité de l'activité
économique d'une nation au cours d'une période donnée.

1° Il s'agit d'abord d'une méthode de mesure quantitative. Ce n'est donc pas


une théorie, mais bien un ensemble de règles régissant la collecte et la
présentation de renseignements chiffrés selon un cadre rigoureux.

2° La mesure de cette activité est exprimée en unité monétaire. On ne mesure


pas l'activité des centrales électriques par le nombre de kilowatts-heures,
mais par les valeurs en dinars de ces kilowatts-heures.

21
3° L'estimation porte sur l'activité économique, c'est-à-dire sur l'ensemble des
actes par lesquels des ressources sont soit l'objet de consommation, soit de
production.
Il s'agit donc de comptabiliser les opérations économiques effectuées au
cours d'une année :

- combien de tonnes/dinars de phosphate ont été extraites ?


- combien de constructions nouvelles (en dinars) ont été réalisées
pendant la période étudiée ?

4° En principe, l'estimation devrait porter sur la totalité de l'activité


économique. Mais certaines activités sont difficilement mesurables :
l'autoconsommation, l'activité des ménagères, ... et d'où ne sont pas
comptabilisées.

5° Il ne s'agit pas de calculer la richesse de la nation, comme par exemple


l'ampleur de ses gisements miniers (stocks, pas de dimension temporelle).
Le calcul porte ici sur des flux, c'est-à-dire sur des quantités par unités de
temps (annuelle, trimestrielle).

6° Tous les raisonnements porteront sur des variables ex post. La distinction


entre les concepts ex ante et ex post est fondamentale dans l'analyse macro-
économique.
Très généralement, on peut dire qu'une variable ex post est une variable
observée. Par exemple, le produit national de l'année 1980, publié par les
services de la comptabilité nationale au début de l'année 1982, est
typiquement une variable ex post. Par contre, une variable ex ante
représente les souhaits, les désirs d'un groupe d'agents économiques. Il
peut donc se faire que la valeur prise par une variable ex ante soit très
différente de la valeur ex post de cette même variable parce que les souhaits
des agents n'ont pu être réalisés. Cette distinction sera fondamentale dans
les chapitres suivants.

22
2.2. La méthode de construction : 3 approches

Reprenons le schéma de l'activité économique, en nous concentrant sur l'activité


des entreprises.

Marché des Produits


Prix , Qualité
Demande des
Produits
Consommateurs Producteurs
Ménages Entreprises
Offre des Facteurs Demande des
Facteurs
Marché des Facteurs :
Emploie, Capital
Salaires, Intérêts

Il y a deux manières de mesurer l'activité des entreprises :

- soit calculer leur production pendant la période;


- soit mesurer les ressources qu'il leur a fallu utiliser pendant cette période
pour réaliser ces productions.

Les deux mesures doivent être équivalentes.

Une troisième méthode est aussi utilisée : celle des dépenses. Ici, l'on retient le
point de vue de ceux qui demandent.
Voyons ceci en détail en passant d'une économie la plus simple possible à une
économie de plus en plus complexe.

23
1ère étape

Hypothèses :

1° L'économie n'a aucun contact avec l'extérieur, il n'y a pas d'échanges avec le
"Reste du Monde".

2° Le seul facteur de production étudié est le travail.


Le capital n'est pas encore introduit. La terre est abondante, elle ne pose
pas de problème, on ne l'évalue pas.

3° La production est réalisée par une entité : les entreprises qui ne produisent
que des biens et services de consommation (elles ne produisent pas des
biens intermédiaires, ni biens d'équipement).

4° La consommation est le fait des ménages qui destinent tous leurs revenus à
l'achat de biens et services.

5° L'Etat est absent.

a. Le calcul de la production

C'est l'évaluation de la valeur des flux des biens et services produits pendant
la période étudiée.

Le Produit National = Total des Outputs des Entreprises :

PN = 0

b. Le calcul des revenus

C'est l'évaluation de la valeur des flux des ressources (ici, uniquement le


travail par hypothèse) utilisés par les entreprises pour réaliser leur
production (c'est-à-dire les revenus du travail et les bénéfices distribués par
les entreprises) :

24
RN = RL + B

c. Le calcul des dépenses

C'est l'évaluation des flux du total des dépenses des ménages, c'est-à-dire la
consommation privée, auxquels on doit ajouter ce qui a été produit par les
entreprises et qui n'a pas été acheté : les stocks :

DN = Cp + St

Par définition, on a l'égalité suivante :

PN = DN

puisque tous les biens sont soit consommés, soit stockés.

D'autre part, comme le total des coûts et bénéfices constitue la valeur de la


production, on a aussi :

RN = PN

D'où :

RN = PN = DN

2ème étape

On utilise le même jeu d'hypothèses, sauf l'hypothèse 3 qui se modifie en partie.

Les entreprises ne produisent plus seulement des biens et services de


consommation : certaines produisent des biens intermédiaires, c'est-à-dire des
outputs qui servent d'inputs à d'autres entreprises.

25
Cette modification d'hypothèse introduit un risque de double comptage qui
apparaît dans l'exemple ci-dessous :

- un agriculteur produit du blé et le vend 500 D


- un meunier achète ce blé (produit intermédiaire) et le
transforme en farine qu'il vend 700 D
- un boulanger achète cette farine (produit intermédiaire)
et en fait du pain qu'il vend 1.000 D

L'addition des valeurs de 3 produits : calcul de la production et calcul des


revenus donnent :

500 + 700 + 1.000 = 2.200 D

Le calcul des dépenses donne : calcul de la consommation privée : 1.000 D.

On obtiendrait aussi 1.000 D par l'analyse de la production si les 3 hommes


constituaient une seule entreprise ne vendant que le produit final.

La première addition aboutit à une surévaluation de 1.200 D car le blé a été


compté 3 fois (soit 1.000 D en trop) et le revenu du meunier 2 fois (soit 200 D
en trop).

La procédure utilisée en fait est la suivante : calcul de la valeur ajoutée.

On retient ce que l'entreprise "ajoute", c'est-à-dire :

- les salaires (rémunération du travail),


- les bénéfices.

La valeur ajoutée d'une entité de production est donc un flux résiduel, c'est la
différence entre la valeur de sa production brute et la valeur des biens et
services utilisés dans le cours de la période. La valeur ajoutée représente la
contribution nette du secteur à l'activité économique de la nation.

26
Dans notre exemple, la valeur ajoutée est :

500 pour l'agriculteur (il n'achète rien),


200 pour le meunier (700 moins ses achats),
300 pour le boulanger (1.000 moins ses achats).

Dès lors, les calculs deviennent :

a. Le calcul de la production

PN = Total des Valeurs Ajoutées = 1.000

b. Le calcul des revenus

RN = 1.000

c. Le calcul des dépenses

DN = 1.000

3ème étape

Modification de l'hypothèse 3 : les entreprises produisent non seulement :

- des biens de consommation,


- des biens intermédiaires,
- mais aussi des biens de capital.

Si les biens de capital doivent être produits, cela implique que les
consommateurs ne consomment plus toute la production. Leurs revenus ne sont
plus entièrement dépensés. Il y a donc constitution d'une épargne. Epargne qui
sera utilisée par les entreprises moyennant une rémunération : les intérêts (Rc).

27
L'introduction de la production de biens de capital, c'est-à-dire l'investissement,
introduit deux problèmes dans le calcul des dépenses :

1° Premier problème

DN = Cp + St est < PN = Produits Finals + Biens d'Investissement

La solution adoptée aurait pu être de ne pas tenir compte des biens


d'investissement comme on le fait pour les biens intermédiaires.
Cette solution n'est pas retenue car les biens d'investissement ne
disparaissent pas dans le processus de production comme disparaissent les
biens intermédiaires.

La solution adoptée est de les considérer comme des produits finals.

D'où : PN = Cp + St + I

2° Second problème

L'investissement réalisé par les entreprises est fait :

- soit en remplacement des machines anciennes,


- soit en achat de nouvelles unités.

On distingue donc dans la production l'investissement brut (I) de


l'investissement net (In), la différence étant l'amortissement ou le
remplacement d'anciennes machines :

I = In + Amort

La prise en compte de l'amortissement introduit une nouvelle terminologie :

- le produit national brut : PNB = DN = Cp + St + I


- le produit national net : PNN = DN - A = Cp + St + In

28
4ème étape

Modification de l'hypothèse 5.

L'économie (toujours fermée) possède un Etat (pouvoirs publics).

Le terme "Etat" est entendu au sens large : nous y incluons non seulement
le pouvoir central, mais aussi les pouvoirs subordonnés (les collectivités
locales), les organismes de la Sécurité Sociale.

1° L'Etat achète des produits (biens et services) aux entreprises.


Ces produits sont donc automatiquement comptabilisés dans le calcul des
productions.

Ces produits comprennent :

- des biens d'investissement (Ig), telles des routes ou des écoles;


- des biens et des services de consommation (consommés par l'Etat, qui est
considéré comme "consommateur final" et non comme producteur), tels
des crayons, des chars d'assaut ou des conseils juridiques. Ces achats
(Ag) sont appelés achats courants pour les distinguer des achats de biens
d'investissement.

Dans le calcul des dépenses, la valeur de ces investissements et de cette


consommation intervient au même titre que Cp et I.

Dès lors : PNB = DN = Cp + St + I + Ig + Ag

2° D'autre part, les pouvoirs publics emploient du travail (agents de l'Etat) qu'ils
rémunèrent (Rg).

Ces rémunérations publiques RG ne sont pas des coûts pour les entreprises;
elles ne sont donc pas comptabilisées dans le calcul des revenus basé sur les
comptes d'exploitation des entreprises.
Il faut donc les y ajouter : c'est la valeur ajoutée des pouvoirs publics .

29
D'où : RN = RL + RK + B + RG

3° Cette valeur ajoutée des pouvoirs publics (correspondant au travail des


fonctionnaires) ne sert pas à produire des biens et services vendus sur les
marchés, mais à produire des biens et des services consommés
"collectivement". Elle n'apparaît donc ni dans le calcul des productions (on
l'y ajoute), ni dans le calcul des dépenses (on les ajoute à Ag pour obtenir la
consommation publique CG = AG + RG).

4° Les transferts : les pouvoirs publics donne de l'argent aux ménages


(transferts de l'Etat aux ménages) et aux entreprises (subventions).
Inversement, il reçoit des transferts des ménages et des entreprises
(impôts).

Plus précisément :

- Ils versent aux ménages des pensions, des indemnités de chômage, des
allocations familiales, ... Ces dépenses ne sont pas comptabilisées car
elles ne correspondent pas à des flux de produits.

- Ils prélèvent des impôts directs sur les bénéfices des entreprises.
Ces impôts sont comptabilisés dans les trois optiques car ils constituent un
élément du coût (inclus dans le bénéfice brut) et donc du prix de vente.

- Ils prélèvent des impôts directs sur les revenus des ménages. Ces impôts
sont aussi comptabilisés comme coûts (inclus dans les rémunérations
payées) et sont donc compris dans les prix.

- Ils prélèvent des cotisations de sécurité sociale. Elles sont comptabilisées


du fait de leur inclusion dans les rémunérations.

- Ils prélèvent des impôts indirects sur les ventes. Ces impôts sont un
élément des prix et sont donc comptabilisés dans les optiques de la
production et des dépenses.

30
En revanche, ils ne sont pas un coût de production : il faut donc les
ajouter dans l'optique des revenus pour obtenir le même PNB que par les
deux autres optiques.

- Inversement, les subventions des pouvoirs publics aux entreprises sont un


impôt indirect négatif qui permet de vendre à un prix inférieur au total (RL
+ RK + B + A) des coûts de production : il faut donc les soustraire de
ceux-ci dans l'optique des revenus.

- L'inclusion des impôts indirects nets (II) (déduction faite des


subventions) crée un biais dans la mesure de l'activité économique : leur
accroissement, par exemple, augmente le PNB alors que la production
n'est pas accrue.

Dès lors, on distingue le PNB aux prix du marché (impôts indirects nets
inclus) du PNB au coût des facteurs (impôts indirects nets exclus) :

PNN au prix du marché = PNB aux prix du marché - Amortissements


PNN au coût des facteurs = PNN aux prix du marché + (II – subventions)

5ème étape

L'économie est ouverte : elle exporte une partie de sa production vers le reste du
monde et importe des produits en provenance de celui-ci.

a. Le calcul des productions

Les exportations (X) sont automatiquement comptabilisées au même titre


que les produits vendus aux ménages et à l'Etat : même si les produits
exportés sont des produits intermédiaires, ils ne sont pas utilisés comme tels
dans la production nationale et ne risquent donc pas d'être comptés deux
fois.

En revanche, les importations (M) ne le sont pas puisqu'elles ne sont pas


produites par l'économie considérée.

31
b. Le calcul des dépenses

Dans l'utilisation du produit final des entreprises, se distinguent les


exportations (X) qui, pour le pays, constituent une utilisation finale. Par
conséquent, les entreprises "alimentent" les utilisations finales intérieures
(consommation = Cp et Cg, et investissements = I, Ig et St) et extérieures
(X).

En revanche, Cp, Cg, I, Ig et St sont partiellement "alimentés" par les


importations (M).

Dès lors, dans le calcul des dépenses, on comptabilise la différence X - M car


X fait partie du produit national et M n'en fait pas partie :

PNB = DN = Cp + Cg + I + Ig + St + X - M

En abrégé :

Production = consommation + investissement + exportation - importation

ou :

Production+importation (ressources disponibles) = consommation +


investissement + exportation (ressources utilisées)

c. Le calcul des revenus

Rien n'y est changé.

Par ailleurs, la prise en compte du reste du monde (commerce extérieur)


modifie la condition d'équilibre macro-économique comme suit :

Y+M=C+I+X

32
Offre nationale + Offre étrangère = Demande nationale + demande étrangère

D'où C+I+X=C+S+M

Utilisation des revenus = Affectation des revenus

Cette égalité définit la condition d'équilibre d'une économie ouverte.

I+X=S+M

Pour faire apparaître le solde de la balance commerciale (X-M), on écrit


comme suit :

S-I=X-M

Si I > S : M > X donc la balance commerciale est déficitaire.


Si S > I : X > M donc la balance commerciale est excédentaire; ce qui
signale une insuffisance de la demande nationale par rapport à l'offre
nationale.

Dès lors, pour que l'équilibre soit établi, l'égalité entre l'affectation et
l'utilisation du revenu s'impose :

C+I+X+G=C+S+M+T

d'où l'on extrait :

(I - S) = (T - G) + (M - X)

2.3. Produit national - les problèmes de mesure

Il existe 5 problèmes :

1) Valeur finale, valeur intermédiaire

33
Durant les 3 approches utilisées pour définir la P.N, seule la valeur finale de
la production était mesurée, la valeur des échanges interindustriels se
trouvait exclue.

2) Valeur réelle, valeur nominale

Si l'on cherche le reflet réel de l'activité productrice, les hausses de prix


doivent être supprimées en utilisant les déflateurs.

3) Rôle des amortissements économiques et des amortissements comptables

Pour savoir si l'augmentation de la production nationale n'est pas seulement


due au remplacement du stock de capital existant, il faut se référer au PNN
défini par la différence suivante :

PNB - AMORTISSEMENT = PNN

Ici le PNN ne tient compte que des investissements nets appelés


investissements d'expansion. Sa variation fournit une meilleure mesure de la
croissance réelle.

Prenons le schéma comptable simplifié :

bilan c. d'exploitation

actif passif coût de prod. c.d'affaires

amort.

perte profit profit perte

égalité égalité

34
Une augmentation des amortissements réduit le profit, et par là, la base
fiscale pour le calcul de l'impôt (ISoc).

Les amortissements comptables ne correspondent pas forcément aux


amortissements économiques. Les amortissements qui figurent dans le
compte d'exploitation ne permettent pas de déterminer la dépréciation du
stock de capital installé; cela est dû à la pratique comptable qui consiste à
faire varier le montant des amortissements en fonction de la fiscalité.

4) Le produit national évalué aux prix du marché et aux coûts des facteurs

La distinction s'impose car l'Etat intervient dans la formation des prix qui
s'effectue sur le marché. Par conséquent, il existe une différence entre les
prix et les coûts de production due aux impôts indirects et aux subventions.

Les impôts indirects augmentent les prix pratiqués sur le marché; la valeur
finale du PN se trouve ainsi augmentée.

Les subventions font baisser les prix pratiqués sur le marché et réduisent
ainsi la valeur finale de la production.

L'objectif, ici, est de faire une estimation de la valeur finale du PN qui doit
corriger cette intervention des pouvoirs publics dans la formation des prix.

PNN évalué aux prix du marché


-
IId
+
Subv

= PNN évalué aux coûts des facteurs = RN = VA

Car les coûts des uns sont les rémunérations (revenus) des autres.

35
5) Les critères de résidence et du territoire

Il existe 2 critères de recensement du produit final :

a) critère de territoire (à l'intérieur des frontières politiques d'un Etat) : on


parle, alors, de produit intérieur PI;
b) critère de résidence (débordement de ces frontières) : on parle, alors, de
produit national PN.

Le passage de PI au PN s'effectue comme suit :


PIB
+
Revenus des capitaux placés à l'étranger par les résidents
-
Revenus des capitaux placés à l'intérieur par les non-résidents
SBRF +
Revenus du travail effectué temporairement l'étranger
par les résidents (équipe de montage)
-
Revenus du travail effectué temporairement à l'intérieur
par les non-résidents (frontaliers)

= PNB

La distinction entre le PI et PN introduit donc le solde de la balance des


revenus des facteurs de production (SBRF), élargissant ainsi la condition
d'équilibre.

PNB = C + Iint + (X-M) + SBRF

Les 2 grandeurs (X-M) et SBRF représentent les investissements extérieurs :


Iext

PNB = C + Iint + Iext

36
à l'équilibre (Iint + Iext) = S

PNB = Y = C + S

CHAPITRE 3 : LA DETERMINATION DU REVENU NATIONAL ET DE SES


FLUCTUATIONS - PRINCIPE DU MULTIPLICATEUR

3.1. Introduction

Nul doute qu'une bonne compréhension de la comptabilité nationale est


indispensable pour saisir la réalité qui se cache derrière certains concepts
introduits dans l’analyse macroéconomique. Toutefois, il ne faut pas oublier que
son pouvoir explicatif est nul, car elle synthétise uniquement des faits observés.
Dans ce qui suit, nous essayerons, au contraire, d'expliquer les mécanismes qui
conduisent le produit national à s'établir à un niveau bien déterminé ainsi que
ceux qui sont à l’origine de ses diverses variations.

Quelques remarques préliminaires doivent être faites :

- La distinction entre les variables endogènes et les variables exogènes : une


variable faisant partie d'un système donné et agissant sur ce système
constitue une variable endogène tandis qu'une variable, n'appartenant pas à
un système et agissant de l'extérieur sur ce système, est dite exogène.
Notons cependant que les variables ne sont pas endogènes ou exogènes
d'après leur nature économique, mais bien selon le choix arbitraire fait par
l'économiste.

Au départ, afin de simplifier l'analyse, nous choisirons un faible nombre de


variables endogènes afin d'illustrer la mise en œuvre des mécanismes
généraux.

37
- Toujours par souci de simplification, nous n'étudierons pas le cheminement
dynamique des variables, suite à une modification des variables exogènes,
mais bien le déplacement des équilibres par comparaison entre l'équilibre
ancien avant la modification et le nouvel équilibre suite à ce changement.
Cette méthode d'analyse est appelée "statique comparative".

- Le niveau des prix est supposé fixé et constant 1. La distinction entre variables
nominales et réelles n'est dès lors plus nécessaire : tout indice de prix a en
effet une base conventionnelle qui peut être considérée à un moment donné
comme égale à l'unité.

Ce chapitre étudiera la détermination du niveau de l'output à partir de l'identité


macro-économique fondamentale. Rappelons que cette identité est basée sur
deux égalités, à savoir :

- le PNN est égal à la somme des dépenses;


- le PNN est aussi égal au RNN perçu dans l'économie.

Dès lors, les économistes utilisent indifféremment les termes output et revenu
que nous représenterons ici par le symbole général Y.

Aussi nous étudierons les variables qui déterminent le niveau de l'output et en


particulier, nous porterons l'attention sur les interactions entre le niveau de cet
output et la demande agrégée. De plus, seul le marché des biens et des services
sera traité dans ce chapitre. L'ensemble des biens et services sera analysé
comme un seul bien produit par une seule entreprise et pouvant à la fois être
destiné à la consommation et à l'investissement. L'offre de biens et services est
supposée, par hypothèse, parfaitement élastique (conférez-vous au cours de la
microéconomie) : le marché est dès lors dominé par le niveau de la demande.
Notre analyse sera menée au départ dans une économie hypothétique sans
relations extérieures et sans Etat.

1
Dans la réalité, une telle situation se produit lorsque les facteurs de production disponibles sont sous - utilisés :
toute variation de la demande de biens et services peut être satisfaite par une augmentation de l'offre de biens
sans susciter une hausse du niveau général des prix.

38
Le premier point de ce chapitre traitera de la détermination des variables
étudiées, à savoir : la consommation, l'épargne et l'investissement. Le second
définira le niveau d'équilibre du revenu national et enfin, le troisième traitera du
déplacement de cet équilibre, c'est-à-dire analysera le principe du multiplicateur.

3.2. Les déterminants du revenu national

a) La consommation, l'épargne et l'investissement

L'économie étant une économie monétaire, les choix des agents se font dans une
situation d'incertitude concernant l'avenir. Par exemple, les ménages constituent
une épargne, notamment pour des motifs de «transaction» et de «précaution».
Mais ce sont les entrepreneurs qui jouent le rôle décisif : une de leurs décisions
est particulièrement importante, c'est celle d'investir. Or la décision d'investir va
dépendre de l'évolution de la demande globale et sera subordonnée avant tout
aux prévisions des entrepreneurs sur la demande future. A chaque état des
prévisions correspond un niveau particulier des investissements, donc de la
demande effective.
Ces variables relèvent de décisions séparées. Ce sont principalement les
entreprises qui investissent tandis que la consommation inductrice et l'épargne
nécessaire au financement de ces investissements, sont surtout constituées par
les ménages.

Les motivations de la consommation relèvent aussi de l'analyse du


comportement de ces agents.

La théorie néoclassique

Le principe de la théorie néoclassique est simple : le consommateur cherche à


maximiser sa satisfaction sous contrainte de son pouvoir d'achat. Par
conséquent, on associera à chaque bien une valeur correspondant à l'utilité que
retire le consommateur de son utilisation. Si un consommateur a le choix entre
deux biens, on voit que plusieurs combinaisons de biens peuvent avoir la même
utilité cumulée, c'est-à-dire peut lui procurer la même satisfaction. On appelle

39
courbe d'indifférence la représentation graphique de ces combinaisons. Pour
choisir entre ces différentes combinaisons a priori équivalentes, c'est le revenu
qui entrera en ligne de compte. Le consommateur choisira la combinaison qui
utilise tout son revenu, sans bien sûr le dépasser. Graphiquement, c'est donc
l'intersection entre la droite de revenu et la courbe d'indifférence la plus haute
que l'on peut atteindre avec ce revenu qui constituera l'optimum du
consommateur.

La théorie keynésienne

A l'inverse de la théorie néoclassique qui cherche à expliquer le comportement


d'un agent économique (approche micro-économique), Keynes s'intéresse à la
consommation en tant qu'agrégat économique (approche macro-économique).
Son point de vue peut être résumé par la formule suivante: C = a+b.Y où C est
la consommation totale, b est la propension marginale à consommer, c'est-à-dire
la partie du revenu supplémentaire qui sera consommée (l'autre partie étant
épargnée), Y est le revenu national et a est la part de la consommation qui ne
dépend pas du revenu (consommation autonome). La consommation augmente
donc avec le revenu national, mais une partie croissante de la hausse du revenu
national est affectée à l'épargne.

La théorie de Duesenberry

Il remarque que, contrairement à ce que voudrait la formule keynésienne, la


propension moyenne à consommer (consommation/revenu) reste constante sur
longue période, alors que le revenu augmente. Il l'explique par une fonction
ostentatoire de la consommation : ce qui compte, ce n'est pas le niveau de
consommation absolu, mais le niveau de consommation relatif (comparé aux
autres). Conséquence : si les revenus de tout le monde augmentent, chacun
voudra "conserver son rang" en quelque sorte et n'épargnera pas une plus
grande part de son revenu, malgré l'augmentation de ce dernier. Par ailleurs, il
remarque qu'en cas de baisse des revenus, la consommation ne diminue pas ou
peu. Du fait des habitudes de consommation acquises au cours des périodes
précédentes, on commence par puiser dans l'épargne avant d'ajuster sa
consommation. C'est ce qu'on appelle l'effet de cliquet.

40
La théorie de Friedman

L'idée de Friedman est que les ménages ont une idée bien précise de leur revenu
"normal" sur le moyen et le long terme. C'est en fonction de celui-ci, appelé
revenu permanent, qu'ils vont fixer la part de la consommation. Résultat: une
variation de court terme du revenu d'un ménage (provoqué par exemple par une
période de chômage ou à l'inverse, par une prime exceptionnelle) n'influencera
pas forcément le niveau de consommation.

La théorie de Modigliani

L'hypothèse de Modigliani est que la consommation d'un individu est à peu près
constante tout au long de sa vie. Un jeune aura recours à l'emprunt pour l'aider
à faire face aux dépenses en début de vie active. Au fur et à mesure que son
ancienneté dans son travail augmente, son revenu croît et il peut rembourser ses
emprunts et épargner une partie de son revenu, épargne qu'il utilisera pour
maintenir sa consommation au moment de la retraite. Cela permet d'expliquer le
niveau d'épargne dans un pays par sa pyramide des âges.

Les motivations de l'épargne peuvent être étudiées à partir de la


question : qui épargne ? Divers agents épargnent :

- les entreprises afin d'assurer leur investissement (autofinancement);


- l'Etat épargne si ses recettes courantes sont supérieures aux dépenses
courantes;
- enfin, les particuliers épargnent. Leurs motifs sont multiples : sécurité,
assurer des dépenses exceptionnelles (logement, voiture), avenir des enfants,
habitude, épargne forcée. D'un point de vue quantitatif, notons que ce sont
essentiellement les particuliers qui épargnent (voir documentation sur la
comptabilité nationale).

Les motivations de l'investissement relèvent aussi de l'analyse du comportement


de ces agents. L'investissement des entreprises dépend :

41
1° - du maintien de la production, par renouvellement ou remplacement du
capital;
- de l'augmentation de la production, afin de faire face à une augmentation
de la demande. On dit que I = f (Y).

2° La décision est prise en fonction de la rentabilité de l'investissement. Un


projet d'investissement est pris en considération s'il laisse une marge
bénéficiaire ou une rentabilité suffisante à l'entreprise. Ceci est mesuré par
la différence entre la rentabilité de l'investissement et le coût des capitaux
financiers nécessaires pour l'achat du capital physique.

Ainsi, le niveau de l'investissement dépend en réalité de deux variables : le


rendement, d'abord, qui est attendu par l'entrepreneur (efficacité marginale du
capital), et le taux d'intérêt, ensuite, qui se forme sur le marché de la monnaie,
suivant les trois «motifs» de transaction, de précaution et de spéculation. Les
entrepreneurs ne peuvent investir que si l'efficacité marginale du capital est
supérieure au taux d'intérêt (sinon l'investissement ne sera pas rentable).

b) Les fonctions de consommation et d'épargne

Le revenu Y peut être affecté soit à l'achat de biens et de services ( C ), soit à


l'épargne (S ). On va analyser comment cette répartition s'opère entre C et S :

Yd (revenu disponible) = Y - T

T équivaut aux impôts versés à l'Etat et au solde des transferts versés aux
ménages (Relief, subsides).

C et S sont des fonctions croissantes de Yd.

Les propensions nous indiquent la part du revenu qu'un ou plusieurs agents


économiques consacrent à consommer ou à épargner.

Concept statique et concept dynamique :

42
a) Concept statique

* propension moyenne à consommer

PMC = C / Y

Le rapport entre C et Y a comme valeur un nombre compris entre 0 et 1.

* propension moyenne à épargner

PMS = S / Y

La valeur de ce rapport est aussi comprise entre 0 et 1 et forme un complément


à 1 par rapport à la PMC puisque par définition :

Y=C+S

Néanmoins PMC peut être > 1 et PMS < 0 (situation de désépargne)

b) Concept dynamique

Ici, on s'intéressera à la répercussion de la variation de Y et sur son affectation.

* propension marginale à consommer

Pmc = ΔC / ΔY

La valeur de ce rapport est comprise entre 0 et 1.

* propension marginale à épargner

Pms = ΔS / ΔY

* La valeur de ce rapport forme un complément à 1 par rapport à la Pmc


puisque Pmc + Pms = 1

43
* Si Pms = 0, toute augmentation de Y est affectée à l'éparne; alors Pmc = 1.

* Si Pmc = 0, toute augmentation de Y est affectée à l'épargne; alors Pms = 1.

Exemple (1) :

Revenu Consommation Propension Epargne Propension à Propension


Disponible à consommer épargner Marginale à
(4)= consommer épargner
(1) (2) (3)=(2)/(1) (1)-(2) (4)/(1)
5.000 5.110 1.02 -110 -0.02
6.000 6.000 1.- 0 0 0.89 (*)│ 0.11
7.000 6.850 0.98 150 0.02 0.85 0.15
8.000 7.600 0.95 400 0.05 0.75 0.25
9.000 8.240 0.92 760 0.08 0.64 0.36
10.000 8.830 0.88 1.170 0.12 0.59 0.41
11.000 9.360 0.85 1.640 0.15 0.53 0.47
12.000 9.850 0.82 2.150 0.18 0.49 0.51

(*) Obtenu par le rapport consommation /revenu, soit (6.000 - 5.110) / (6.000 -
5.000).

Graphiquement, les courbes de consommation et d'épargne se présentent


comme suit :

44
épargne et consommation
(1.000 u.m)
10
Y=C
9

6
CCg
5 C

2 SSh
S
1

0
revenu disponible
(1.000 u.m)

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
=
Seuil d’épargne

(1) Inspiré de P. Samuelson : "L'Economique", tome 1, A. Colin.

Les points correspondent aux observations du tableau précédent.


Puisque propension à consommer + propension à épargner = 1, la distance
verticale entre la bissectrice (propension à consommer = 1) et la courbe de
consommation est égale à la distance verticale entre la courbe d'épargne et l'axe
des abscisses.
On peut montrer que la consommation agrégée peut être estimée 2 par une
fonction linéaire du revenu (Y).

2
Rappelons encore une fois qu'une appréhension plus complète de la réalité implique que
la fonction de consommation dépende éventuellement d'autres variables (par exemple :
la richesse, les taux des crédits à la consommation…).

45
Soit Cp = a + b Y avec a > 0
0<b<1
On définit a comme de la consommation incompressible.
On définit b comme un coefficient angulaire égal à la Pmc.
On peut montrer que l’épargne agrégée peut être estimée par une fonction
linéaire du revenu (Y). Puisque S = Y - Cp, la fonction d'épargne s'écrit :
S = Y - (a + bY)
S = -a + (1 - b)Y
Donc S = - a + Y(1-b)

c) La fonction d'investissement

Typologie des investissements :

- Investissements autonomes

Ce sont des investissements dont leur variation ne dépend pas des revenus; elle
est déterminée par d'autres variables explicatives, exogènes au modèle
d'équilibre Y = C+I, telles que le taux d'intérêt, la politique des investissements
directs étrangers (IDE).

- Investissements induits ou dérivés

Ce sont des investissements à fonction croissante du revenu national (Y). Dans


ce cas, l'extension du système productif (production) par les investissements est
motivée par un accroissement de la demande globale.
L'augmentation de Y augmente le pouvoir d'achat et stimule la demande globale.
Pour satisfaire cette dernière, de nouveaux investissements sont nécessaires.

Prenons un exemple :

La demande de voitures s'élève à 500/an, en raison de l'augmentation réelle de Y


de 1.000, la demande de voitures augmente fortement. Pour faire face à cette
demande supplémentaire, l'industrie automobile doit investir 800.

46
Ces investissements induits peuvent donc être mis en relation avec cette
variation de Y.

K = 800 / 1.000 = 0,8

K: coefficient marginal de capital, est un rapport entre la variation des


investissements et celle des revenus.

K= I /Y

En réalité, les investissements globaux effectués dans une économie sont à la


fois autonomes et induits. La fonction d'investissements en général est la
somme des 2 investissements.

Itot = autonomes + induits

I = b + KY

- Investissements intérieurs et investissements extérieurs

En économie fermée : Y = C + I

En économie ouverte : Y = C + I + (X-M)

I représente toujours les investissements à l'intérieur du pays.


Tandis que le solde positif de (X-M) peut être interprété comme des
investissements à l'étranger. Un solde négatif équivaut à des investissements
effectués par des étrangers à l'intérieur du pays en question.

Si X - M > 0 ; B>0

Y - C = I + (X - M)

Si X - M < 0 ;B<0

47
Y-C+X-M=I

3.3. Le niveau d'équilibre du revenu national

a) Le problème

Nous venons de voir que la consommation et l'investissement étaient fonction du


revenu : Cp = f (revenu)
I = f (revenu)

Mais le revenu est lui-même dépendant des catégories de dépenses :

PNB = Cp + I + ...

La question qui se pose est dès lors la suivante : étant donné un certain montant
du revenu national, Y, la somme des dépenses qui en découle Cp = f (Y); I = f
(Y) donnera-t-elle lieu à une dépense nationale, DN, supérieure, égale ou
inférieure au revenu de départ ?

Rien n'empêche a priori la réalisation de chacune de ces trois éventualités : il


suffit que les mobiles du comportement de tel ou de tel groupe d'agents se
modifient dans le sens de la hausse ou de la baisse.

Mais que devient alors l'égalité, maintes fois répétée entre dépense et revenu ?

La réponse à cette question fournit la notion fondamentale d'équilibre macro-


économique.
Si la dépense globale que détermine le revenu lui est supérieure, celui-ci tendra
à s'accroître; si elle lui est inférieure, il tend à diminuer; enfin, si la dépense
globale est égale au revenu qui l'a suscitée, le revenu se maintiendra au même
niveau : il sera en équilibre.

b) Explication : analyse de l'égalité entre S et I

48
L'analyse porte sur les souhaits des consommateurs et des investisseurs, c'est-à-
dire sur leur comportement ex-ante.

Ces souhaits sont fonction du revenu; nous supposerons à nouveau que :

1° La fonction de consommation est une fonction linéaire du revenu, soit :

Cp = a + b Y

La représentation graphique de cette fonction et de son complément, S, est


donnée ci-après :
Offre globale= Y
C,I Demande
C+I=Y globale= C+I

S
C=a+bY

S=I
+5 I
S=-a+y(1-b)
S

E Y
-5

Yeq

Comme le montre le graphique, le niveau du produit national est déterminé par


la dépense de consommation.
Comme l’épargne est la différence entre Y et C , la condition d’équilibre Y = C+I
implique forcément que S= I.

49
Le graphique illustre donc ces les deux manières de déterminer le revenu
d’équilibre, l’épargne s’élève à moins 5 lorsque le revenu est nul. Cette
désépargne est égale du paramètre constant (a) de la fonction de
consommation.

Le point E correspond à un équilibre dans la mesure où la droite I définissant le


montant que les entreprises souhaitent investir et continuer à investir coupe la
courbe S définissant le montant que les ménages souhaitent épargner. En
conséquence, chacun des deux groupes ne demandera pas mieux que de
persévérer dans ses agissements. Les entreprises ne verront pas les stocks
s'empiler dans leurs magasins et elles ne les verront pas non plus s'épuiser avec
une rapidité telle qu'elles soient forcées d'accroître leur production. Les revenus
dépensés, la production et l'emploi ne se modifieront donc pas. Ainsi, dans ce
cas, Y ne s'écarte pas de Y et on est en droit de parler d'un "équilibre"
authentique.

Le seul point d'équilibre du revenu national se situe en E, à l'intersection des


courbes d'épargne et d'investissement. En tout autre point, l'épargne projetée
par les ménages diffère de l'investissement projeté par les entreprises et cette
divergence amène les entreprises à modifier leurs niveaux de production dans la
mesure nécessaire pour ramener le système à l'intersection d'équilibre.

Avant d'aller plus loin, une mise en garde s'impose. Une position d'équilibre telle
que Y se situe au point où le système tend à se maintenir. Cependant, un point
d'équilibre ne correspond pas nécessairement à une position optimale : rien ne
dit que Y est un revenu assurant le plein emploi des ressources de production. Il
peut très bien correspondre à un niveau de chômage important.
Au cours d'une crise économique, un système peut se trouver durablement
embourbé en une position de chômage massif, le point d'équilibre Y se situant en
pareil cas sur une ligne I très basse.
Personne, évidemment, ne commettrait l'erreur de croire qu'un tel équilibre de
sous-emploi extrême peut, à un point de vue quelconque, être considéré comme
tolérable. Tout au contraire, les pouvoirs publics s'efforceraient, sans aucun
doute, en une telle conjoncture, d'aider le système économique à déplacer ses

50
courbes S et I, en sorte qu'il atteigne un nouveau point d'équilibre correspondant
à un niveau d'emploi désirable.

3.4. Déplacement de l'équilibre ou analyse du multiplicateur

a) L’analyse du multiplicateur

1. Après avoir vu comment l'intersection de l'épargne et de l'investissement


détermine le niveau du revenu national, on doit constater qu'un accroissement
de l'investissement a pour effet de relever ce niveau : un boom des
investissements peut donc faire sortir une nation d'un état de dépression
bénigne ou profonde - la courbe I coupant la courbe S à un niveau d'équilibre
correspondant à un Y plus élevé.

Un accroissement de l'investissement privé cause une expansion du revenu;


un fléchissement de l'investissement cause une contraction du revenu.

Un tel résultat n'a rien de très surprenant car, après tout, la formation de
capital constitue un élément du produit national; or, quand un élément d'un
tout augmente de valeur, on doit naturellement s'attendre à ce que le tout
augmente également de valeur.

Mais, au-delà de ce lieu commun, la théorie de la détermination du revenu


aboutit à une conclusion beaucoup plus remarquable.

En effet, l'analyse du revenu montre qu'un accroissement de l'investissement


peut faire augmenter le revenu national à raison d'un montant multiple et, par
conséquent, supérieur à cet accroissement lui-même.

L'analyse de l'effet amplifié d'une dépense sur le revenu a été qualifiée de


théorie du "multiplicateur", ce terme désignant le coefficient numérique
indiquant l'accroissement de revenu correspondant à chaque accroissement
des dépenses.

51
Quelques exemples vont nous permettre d'illustrer cette terminologie. Si un
investissement additionnel de 10 millions de dinars se traduit par un
accroissement de revenu de l'ordre de 30 millions de dinars, le multiplicateur
est 3. Si l'accroissement de revenu atteignait 40 millions de dinars, le
multiplicateur serait 4.

Définition :

Le multiplicateur est donc le nombre par lequel on doit multiplier la variation


de l'investissement pour dégager la variation résultante du revenu.

On doit encore faire la preuve que le multiplicateur peut être supérieur à 1.


Cependant, il suffit de faire appel au bon sens pour discerner la raison pour
laquelle, quand un particulier mobilise des facteurs de production inemployés
pour construire un garage de 1 millier de dinars, cette initiative doit se
traduire, au-delà et en sus de l'investissement initial, par une expansion
secondaire de la production nationale et du revenu national.

En effet, les producteurs de bois et les charpentiers vont évidemment toucher


un revenu supplémentaire de 1 million de dinars. Mais, ce n'est pas tout. Si la
propension marginale à consommer (PMC) de tous ces producteurs est par
exemple de 2/3, ils vont dépenser 666,67 dinars en nouveaux biens de
consommation.
Du même coup, les producteurs de ces biens vont recevoir un revenu
supplémentaire de 666,67 dinars. Si leur PMC s'établit également à 2/3, ils
vont à leur tour dépenser en supplément 444,44 dinars, soit 2/3 de 666,67
dinars (ou (2/3)2 de 1 millier). Et ainsi de suite, chaque tournée de dépenses
s'élevant aux 2/3 de la tournée précédente.

Ainsi, la dépense initiale d'investissement, soit 1 millier de dinars, déclenche


toute une série en chaîne sans fin de dépenses secondaires de consommation.
Mais, bien que sans fin, cette chaîne va s'amenuisant et l'addition de toutes
les dépenses, initiales et dérivées, donne un montant fini.

52
2. En recourant au calcul de la progression géométrique, on obtient le schéma
suivant :

Soit une augmentation de l'investissement de 100.

Io = 100
Y = 100 ──> si PMC = 2/3 ──> Cp = 66,7
Y = 66,7 Cp = 44,4
Y = 44,4 Cp = 29,6
Y = 29,6 Cp = 19,8
Y = 19,8 Cp = 13,2
Y = 13,2 Cp = 8,8
.
.
.

Effet total sur Y

Y = 100 + 66,7 + 44,4 + 29,6 + ...


Y = 100 + (2/3) 100 + (2/3)2 100 + (2/3)3 100 + ...

L'accroissement total du revenu est dès lors égal à la somme des termes d'une
progression géométrique dont le premier terme est le montant de
l'accroissement d'investissement DIo et la raison la valeur de la propension
marginale à consommer b. Comme b est inférieur à l'unité, nous trouvons la
forme traditionnelle du multiplicateur.

Y = I( 1/(1-b)

Y = 100 ( 1/(1/3) ) = 100 = 300

Le multiplicateur est de 3.

53
3. On peut aussi obtenir ce résultat à partir de la représentation de l'économie
sous forme de système d'équation.

Soit l'approche la plus simple - où le revenu national est déterminé par la


somme de la dépense de consommation et d'investissement.

La consommation est déterminée par le système (elle est endogène),


l'investissement est extérieur au système (il est exogène).

Soit donc :

Y = Cp + I (1)
Cp = 207 + 2/3 Y (2)

où 2/3 = propension marginale à consommer = =b

La condition d'équilibre, après accroissement de l'investissement, devient :

Y = 207 + 2/3 Y + I + I (3)

(On écrit Y afin de le distinguer de celui de l'équation (1) avant augmentation


de Io.)

ou :
Y (1 - 2/3) = 207 + I + I

207 + Io + Io
(1 - 2/3)

Pour calculer la variation, on a :

207 + Io + Io - 207 + Io Io Io


1 - 2/3) (1 - 2/3) (1 - 2/3)

d'où, si on note Y – Y0 = Y, on a :

54
∆ ∆ Io ou encore
(1 - 2/3)

4. La formule du multiplicateur varie suivant le modèle économique considéré.


La réalité est approchée par le modèle le plus élaboré.

On peut ainsi voir comment ce multiplicateur se modifie si on introduit les


impôts directs (T) sur le revenu dans le modèle étudié.

Soit : Y = Cp + Io + G (1)
Yd = Y - T (2)
T = 50 + 1/4 Y (3)
Cp = 207 + 2/3 Yd (4)

Principe ──> remplacer les variables du système par leur expression :

(2) devient Yd = Y - 1/4 Y - 50


(4) devient Cp = 207 + 2/3 (Y - 1/4 Y - 50)
(1) devient Y = 207 + 2/3 (Y - 1/4 Y - 50) + Io + G

Que se passe-t-il s'il y a une modification de Io ?


En appliquant le même principe que celui décrit précédemment, on obtient :

Y = 2 I

Le multiplicateur est plus faible que celui obtenu dans l'analyse précédente.
On parle de "fuite" due à l'impôt.

La formule, dans ce cas, est donnée par :

où t = taux marginal d'imposition.

5. Développement général du multiplicateur à partir de la condition d'équilibre

55
Y=C+I
C = a + PmcY
Y = a + PmcY +I
Y + Y = a + Pmc(Y + Y) + Ia + I
Y + Y = a + PmcY + Pmc Y + Ia + I
Y = a + PmcY + Pmc Y - Y + Ia + I
Y = a + PmcY + Y (Pmc - 1) + Ia + I

On remplace Y par sa valeur, et on simplifie

Y = Pmc Y + I

I = Y ( 1 - Pmc )

* Il est à noter que ces formulations de l'effet multiplicateur sont simplistes,


car on va supposer outre que l'économie est fermée :

- que les prix ne sont pas modifiés pendant l'augmentation de Y (valable


uniquement en cas de sous-emploi des facteurs de production);
- que l'augmentation de l'investissement est durable;
- que les stocks n'existent pas dans l'économie; en effet, le phénomène
de stockage intervient dans le mécanisme d'ajustement:

* Si S > I ; il y a une insuffisance de la demande qui conduit à un


accroissement des stocks;

* Si S < I ; il ya un excédent de demande qui conduit à une réduction des


stocks.

L'équilibre n'est pas automatique, car une hausse des stocks provoque une
diminution de la production, donc une réduction de Y, une baisse des stocks
provoque une augmentation de la production et par conséquent celle de Y.

Le multiplicateur du commerce extérieur

56
Ici, la variation autonome des exportations (X) consécutive à l'augmentation
de la demande extérieure provoque une expansion de Y.

Le modèle se présente comme suit :

Y = C + I + (X-M)

Si X augmente, Y augmente aussi et vice versa. Mais cette augmentation est


moins forte qu'en économie fermée, cela est dû au fait que les importations
(M) s'accroissent aussi à fur et à mesure que Y augmente.

Les importations ne créent pas des emplois; elles constituent une fuite de Y
vers l'étranger.

La propension marginale à importer (Pmi) est un rapport entre la variation des


importations et celle du revenu national.

M = f(Y) ; M = Pmi Y

Pmi = M / Y

Si X = Xa ; une constante

On aura par conséquent :

Y = Pmc Y + X - Pmi Y

Y - Pmc Y + Pmi Y = X

Y ( 1 - Pmc + Pmi ) = X

Sachant que (1 - Pmc) équivaut à Pms, on aura :

57
Ce multiplicateur est plus complexe et son effet est plus réduit sur
l'accroissement du revenu.

b) L'accélérateur

Rappelons que :

- les investissements autonomes (Ia) sont indépendants de Y,


- les investissements induits (Ii) sont une fonction croissante de Y,
- l'augmentation de la production est motivée par l'augmentation de la demande
globale,
- l'augmentation de Y entraîne une augmentation du pouvoir d'achat et stimule
la demande globale, d'où la nécessité de nouveaux investissements.

Dès lors, on écrit :

I = Ia + Ii

Ia = b avec b > 0 et Y = 0

Ii = k Y avec 0<k<1

Ii = k Y et k = Ii /Y ; c'est un coefficient marginal du capital car il tient


compte de sa variation.

* Développement à partir de la condition d'équilibre (Y = C + I)

Y = C + Ia + Ii

Y/ Y = C/Y + Ia/Y + Ii/ Y

1 = Pmc + Ia/ Y + K

Ia/ Y = 1 - Pmc - K

58
1 - Pmc = Pms

Ia/ Y = Pms - k

Dès lors, on remarque que l'introduction des investissements induits présentés


par (k) s'avère donc être un amplificateur (accélérateur) puissant du revenu.

K sera plus si le système productif est très capitalistique (où la technologie est
très développée).

./.

Exercices Macroéconomie 1 SUR LES


CHAPITRES 1,2 ET 3
Chapitre 1 : LES CONCEPTS DE BASE DE LA MACROECONOMIE

Chapitre 2 : LA COMPTABILITE NATIONALE

Chapitre 3 : LA DETERMINATION DU REVENU NATIONAL ET DE SES


FLUCTUATIONS - PRINCIPE DU MULTIPLICATEUR

1. Synthèse chapitre 2 (lecture seule) :

Rappelons brièvement que :


- les grandeurs économiques qui composent la sphère réelle, c'est-à-dire
l'activité de production, sont les suivantes :
Consommation (C)

59
Investissement (I) variations de stock incluses,
Exportation (X)
Importation (M)
Ce qui donne le Produit Intérieur Brut (PIB) que l'on nommera Produit
National (PN),
- et que ces grandeurs répondent à l'égalité :
C + I + X - M = PN

Dans cette étude, la composition de ces grandeurs économiques appelle deux


observations importantes :
1) L’investissement (I) représentant l'outil de production est exclusivement
réservé aux entreprises, tandis que l'investissement des ménages (logements
neufs, par exemple) est repris à la consommation (C). Cette répartition
différente de celle retenue en comptabilité nationale (qui privilégie la notion
de capital/investissement) a pour but d'opposer producteurs et
consommateurs, la durée de vie des biens produits étant secondaire. Elle
n'altère en rien l'égalité ci-dessus.
2) La consommation de l'Etat est une consommation intermédiaire, comme celle
de toute entreprise exerçant une fonction de production, non une
consommation finale comme les comptables nationaux la désignent. Elle
disparaît par compensation comme toute consommation intermédiaire. Il n'y
a de consommation finale que celle des ménages.

Il s'ensuit que la consommation (C) appartient aux ménages, l'investissement (I)


aux entreprises, et le solde des échanges extérieurs (X - M) au reste du monde.
Le produit national (PN) est la somme des échanges en monnaie nationale
composant l'activité de production du pays. Il constitue le revenu national (RN),
d'où l’égalité :
PN( production nationl) = RN
Il est réparti par les entreprises, qui sont à l'origine de sa création, intégralement
et nécessairement entre les ménages et elles-mêmes. Il en résulte deux
grandeurs économiques, le revenu des ménages et le revenu des entreprises, qui
occupent par leur part relative une place prépondérante dans le processus
macroéconomique où tout se tient. On peut donner comme définition du revenu
des entreprises ce que les analystes financiers appellent l'autofinancement (en

60
anglais le cash-flow), c'est-à-dire la somme des revenus nets non distribués, des
amortissements et des provisions à caractère de réserve. En règle générale, les
entreprises trouvent là les moyens financiers de reconstituer leur outil de
production, c'est l'objet de l'amortissement, et d'assurer leur essor grâce à de
nouveaux investissements, c'est pour partie l'objet des réserves (fonds propres).
Ainsi, la sphère réelle comprend-elle de nouvelles grandeurs économiques :
le Revenu des ménages (RM), le Revenu des entreprises (RE) dont la somme
donne : le Revenu National (RN) ,soit l'égalité:
RM ( revenu ménage) + RE = RN
Sachant que PN = RN, on peut résumer les principales égalités de la sphère
réelle comme suit :
C + I + X - M = PN = RN = RM + RE

Le PIB et le P.N.B, indicateurs du développement économique


Définition des agrégats : P.N.B. et P.I.B.
Les agrégats sont des grandeurs économiques qui résument les résultats de
l'activité économique nationale. Les agrégats permettent d'effectuer des
comparaisons dans le temps ou entre les pays. Le principal agrégat est le produit
intérieur brut (PIB) qui est utilisé pour mesurer la croissance de l'économie.

* Le produit intérieur brut


Le PIB mesure l'ensemble des valeurs ajoutées créées par les unités
économiques résidentes. Comme le PIB est calculé au prix d'échange sur les
marchés alors que les valeurs ajoutées (VA) sont mesurées hors taxes (Tid
(taxation indirécte et droits de douane), on a :
P.I.B. = somme des valeurs ajoutées + Tid + droits de douane – subventions à
l’importation.
Le produit intérieur est dit brut car il inclut l'amortissement économique qui
correspond au remplacement des équipements usés ou détruits. Le produit
intérieur net (PIN) est le PIB sans les amortissements.
On distingue aussi PIB marchand et PIB non marchand c’est à dire les VA brutes
créées par les administrations publiques.
Le PIB est constitué d'un produit intérieur brut marchand, qui comprend les biens et services
échangés, et d'un produit intérieur brut non marchand, dans lequel figurent les services fournis par
les administrations publiques et privées à titre gratuit ou quasi gratuit.

61
* Le produit national brut
Si le PIB mesure la contribution productive des unités résidentes, le PNB mesure
la contribution productive des facteurs de production (L, K) fournis par les
résidents. Par exemple, la valeur ajoutée créée à l'étranger par une entreprise
tunisienne est inclue dans le PNB et non pas le PIB. En revanche, l'activité des
entreprises étrangères en Tunisie est exclue du PNB.
La différence entre le PIB et le PNB, qui est faible pour un pays développé, peut
être très élevée dans un pays en développement où l'activité des entreprises
étrangères est importante comme c’est le cas pour la Tunisie.
P.N.B. = P.I.B. + revenus des facteurs provenant de l’extérieur – revenus des
facteurs versés à l’extérieur.
Il existe deux principaux agrégats pour mesurer la croissance économique : le
PIB et le PNB.
Lorsqu’on cherche à mesurer la richesse créée par l’économie d’un pays, on
prend le plus souvent en compte la production globale réalisée par cette
économie.
Production : la production est l’activité économique socialement organisée
destinée à créer des biens et services s’échangeant habituellement sur un
marché. Ces biens et services sont obtenus à partir de facteurs de production
s’échangeant eux même sur un marché (L et K).
Pourquoi dit-on " s’échangeant habituellement sur un marché " ?
Prise en compte de la P. marchande et de la P. non marchande (concerne les
biens et services qui sont produits par les administrations et qui ne s’échangent
pas sur un marché au moyen d’un prix).
Cependant, la richesse créée par l’économie d’un pays ne correspond pas à la
somme des Productions marchandes et non marchandes de cette économie
puisque cela reviendrait à comptabiliser n fois le montant des consommations
intermédiaires (CI) inhérent à chaque processus productif (le n fois correspond
aux n étapes de la filière du bien).
P = CI + VA.
Mesurer la richesse réalisée par une entreprise consiste donc à retrancher la
valeur des CI du niveau de la Production : on ne prend en compte que la VA. On
fait ensuite la somme de toutes les valeurs ajoutées au niveau de l’économie
nationale pour obtenir l’agrégat.

62
Valeur ajoutée : la V.A d’une unité économique est égale à la P de cette unité
moins les CI. Elle mesure la richesse effectivement créée (véritable richesse) par
cette unité de P.
PIB : c’est le principal agrégat de la comptabilité nationale. Il se définit comme la
valeur des biens et services produits dans une économie nationale pendant une
période donnée (souvent une année). On obtient le PIB en faisant la somme des
VA + la Tid et les droits de douane.
PIB = P marchande + P non marchande.

Problème d’unité de mesure pour le calcul du PIB


Afin d’homogénéiser les différentes P, on calcule le PIB en fonction de la valeur
monétaire de chaque bien (P en Dnt, CI en Dnt et VA en Dnt). En ce qui
concerne la P marchande, c’est le prix de marché qui est pris en compte ; pour la
P non marchande, les biens et services sont évalués à leurs coûts de P (c’est
pourquoi ma production est évaluée à mon salaire – pensez à chaque cours de "
me donner la pièce " - augmenté des charges sociales pour l’employeur.
L’hypothèse implicite qui est faite ici est que le prix de marché et les coûts de P
(pour la P non marchande) sont une mesure pertinente de la valeur des biens et
services produits. Afin d’effacer les variations de prix liés à l’inflation, on effectue
généralement le calcul du PIB en volume qui correspond au PIB exprimé en
grandeur réelle ou encore exprimé en Dnt constants (qui s’oppose au PIB en
valeur, grandeur nominale, Dnt courants).

Quelle différence entre le PIB et le PNB ?


Le critère utilisé pour calculer le PNB est un critère de nationalité : on
comptabilise dans cet agrégat les VA des entreprises dont les capitaux sont
majoritairement d’origine tunisienne, que celles ci résident sur le sol national ou
pas (prise en compte des entreprises tunisiennes implantées à l’étranger).
Dans le PIB en revanche, on prend en compte le seul critère de la résidence : on
comptabilise tout ce qui est produit dans l’espace national sans tenir compte du
critère de nationalité.

Les insuffisances du PIB


Le PIB ne prend en compte qu'une partie de l'économie " non officielle ". La
fraude et l'évasion sont évaluées en tenant compte de taux moyens de fraude

63
par catégories d'entreprise et secteur d'activité estimée à partir des contrôles
fiscaux. Le travail au noir est aussi évalué (à l'aide de méthodes plus
sommaires), de même que l'activité des entreprises dites " absentes " (elles
figurent dans les fichiers administratifs sans aucune donnée comptable). On
remarquera simplement que le problème n'est pas tellement que le PIB soit
incomplet, mais le fait que ce qui lui échappe corresponde à une proportion sans
doute fluctuante du PIB. Si cette part était stable, l'évolution du PIB mesuré
serait un bon indicateur de l'évolution de la production de biens et services. Les
travaux sur les corrections des agrégats, conduits dans une optique
d'approximation du bien être, incitent à rejeter cette hypothèse de stabilité.

L’Indicateur du Développement Humain (IDH)


L’indicateur de développement humain (IDH), nouvel indicateur composite, est
calculé depuis 1990 par le PNUD (Programme des Nations Unis pour le
Développement). L’objectif est de prendre en compte la double dimension du
développement et non plus seulement l'aspect quantitatif cherchant ainsi à
définir des critères socio-économiques permettant de mesurer le progrès d'un
pays sans avoir à se fonder sur le seul PNB et PIB. L'indicateur du
développement humain est une contribution à cette recherche.

Quelles sont les composantes de l'IDH ?


L’IDH est un indicateur composite de trois éléments fondamentaux du
développement humain : longévité, savoir et niveau de vie. La longévité est
mesurée par l'espérance de vie. Le savoir est mesuré par un indice dans lequel
interviennent (pour les deux tiers) le taux d'alphabétisation des adultes et (pour
un tiers) le nombre moyen d'années d'études. Le niveau de vie est mesuré par le
pouvoir d'achat, déterminé par le PIB réel par habitant pondéré par le coût de la
vie (parité de pouvoir d'achat, PPA).
Comment combiner des indicateurs mesurés dans des unités différentes ?
La mesure de référence du PNB est la monnaie. Pour l'IDH, le défi consisterait à
trouver un outil de mesure commun qui rende compte du progrès socio-
économique. L'IDH comporte une valeur maximale et une valeur minimale pour
chaque critère, ce qui permet d'exprimer la position de chaque pays sur ces
échelles par un chiffre compris entre O et 1. Ainsi, le taux minimum
d'alphabétisation des adultes étant de 0 % et le taux maximum de 100 %, un

64
pays dans lequel le taux d'alphabétisation est de 75 % se voit assigner une note
de 0,75 pour la composante du savoir représentée par l'alphabétisation. De
même, pour l'espérance de vie, le minimum est de 25 ans et le maximum de 85
ans. La composante de la longévité dans un pays où l'espérance de vie est de 55
ans s'établira donc à 0,5. Pour les revenus, l'échelle va de 200 à 40 000 dollars
(en PPA). Les revenus dépassant la moyenne mondiale sont ajustés au moyen
d'un taux d'abattement progressif. L'indice global est la moyenne des notes
obtenues pour les trois composantes.

2. Les formules

Calcul du PIB, optique production

PIB = Σ V.A
V.A = Output (p.q) – Consommations intermédiaires (inputs matériels)
PNB = PIB + Rnet (paiement net du revenu aux facteurs de production dus par le
reste du monde)
Calcul du PIB , optique revenus
Y (RN) = PNB

Y = YL +
YK + YK
+L + Bénéfices réservés
T
+ d/e - I.D.P (intérêts de la
dette publique)
Ou

Y = PNB pm - Amort + ( Tid – Subventions)


PNB pm = Y + Amort + ( Tid – Subventions)

Y d = Y - T d/h  + Relief – ( T d/e + Bénéfices Réservés)


Y d = C + Sh

Calcul du PIB, optique dépenses

PNB pm = C + I (FBCF) + G +(X –M)


PNB pm  ; Production nationale brute au prix du marché

65
T d/h  ; (IPP : impôts des personnes physiques)
T d/e  ; (Isoc. : impôts des sociétés)
Y d  ; revenu disponible
S h  ; épargne des ménages
Rnet  ; revenus nets des facteurs ou SBRF (Solde de la Balance des Revenus des
Facteurs)
Amort ; amortissements
Tid ; taxation indirecte : TVA, Droits de Douanes, etc..
Relief ; transferts nets de l’Etat aux ménages ou encore la différence entre les
versements (prestations) des institutions de la sécurité sociale aux ménages et
les cotisations versées par les ménages aux institutions de la sécurité sociale

Le compte courant de l’Etat


Dépenses = Transferts de G aux ménages + Transferts de G aux entreprises +
Transferts de G au reste du monde + IDP
Recettes = Revenu du patrimoine + Impôts (Tid + Td/h + Td/e) + Transferts
des ménages à G + Transferts des entreprises à G + Transferts du reste du
monde à G
Epargne de G = Dépenses - Recettes

3. Exercices d'application

Exercice 1
Soient les données suivantes relatives à une économie donnée.
- Consommation globale = 6418,4
- Epargne nationale = 1538,5
- Transferts extérieurs nets = -2,1
- Importations = 2877,9
- Exportations = 27 98,5
- Amortissements = 94 9,5

1) Calculer le revenu national et le PNB


2) En déduire le PIB

66
3) Déterminer le solde de la balance commerciale. Commenter

Exercice 2
Calculer le PNB et le revenu national (Y) d'après les données suivantes tirées de
la comptabilité nationale (les données sont exprimées en millions).
Revenus de la propriété échéant aux 422
particuliers
Salaires, rémunérations, autres revenus des particuliers 2.097
Consommation privée 1.833
Consommation 647
publique
Investissements bruts 736
Bénéfices réservés 7
Impôts directs des sociétés 90
Exportations 2.292
Importations 2.439
Amortissements 306
Impôts indirects 199
Subventions 52
I.D.P (intérêts de la dette 0
publique)

Exercice 3
D'après les données suivantes tirées de la comptabilité nationale (les données
sont exprimées en millions).

a) Calculer le PNB et le revenu national (Y) pour 2000 et 2001

b) Calculer le PIB au prix du marché pour 2000 et 2001


c) Calculer le PIB au coût des facteurs pour 2000 et 2001

Rubriques/Année 2000 2001


Revenus de la propriété échéant aux 0 0
particuliers
Salaires, rémunérations, autres revenus des 8 095 8 719

67
particuliers
Consommation 10 339 10 934
privée
Consommation 2 928 3 042
publique
Bénéfices réservés 2 133 2 277
Impôts directs des sociétés 1 175 1 290
Exportations biens & 7 774 8 149
services
Importations biens & 7 623 8 107
services
Amortissements 1 942 2 032
Impôts indirects 907 908
Subventions 765 812
I.D.P (intérêts de la dette 0 0
publique)
Variation de stocks par 355 356
produits
FBCF 4 563 4 991

Exercice 4
En fonction des données suivantes (exprimées en milliards), calculer le revenu
national (Y) et le produit national brut aux prix du marché (PNBpm).

YL
3.307,2
YK
407,6
YK
+L

238,6
Bénéfices réservés
30.8

68
Td/e
313
I.D.P (intérêts de la dette publique)
160,9
Amort.
259
Tid
374, 3
Subventions
115,7

Exercice 5
Calculer à partir des données suivantes l'IDP et le PIB

PNB 3.500
C 2.500
YL 1.800
YK 200
YK
+L 700
Tid 750
Dividendes 98
Td/e 100
A 350
Bénéfices réservés des entreprises 100
SBRF 250
G 1.200
X-M -300
Y 2.700

Exercice 6
En 2003, la situation des ménages était la suivante (en millions)

- salaires bruts : 3 683


- cotisations sociales : 1 604

69
- prestations sociales et autres revenus de transferts : 1 752
- revenus de la propriété : 7 618
- revenus des non salariés : 597
- impôts directs : 437
- Autres contributions : 39

Le PIB est de 6 987 millions de u.m, la consommation des ménages de 4 208


millions et leur épargne de 362 millions.

1) Calculer le revenu primaire des ménages.


2) Calculer le revenu disponible brut.
3) Quelle est l'importance des revenus de transfert dans le total du revenu
disponible brut ?
4) Calculer C/PIB. Quels sont les déterminants de ce ratio ? Celui-ci est-il plus
élevé dans un PED ou dans pays développé ?
5) Calculer le taux d'épargne des ménages. Ce taux est-il plus élevé dans un
PED ou dans pays développé ?

Exercice 7
Un petit pays qui, compte tenu de son développement économique, vient de se
doter d’un système de Comptabilité Nationale. Vous êtes l’expert chargé de
mettre en œuvre cette comptabilité. Comme cette création est récente, ce pays
compte seulement trois catégories de produits.

Les statistiques suivantes sont fournies :

Opération P1 P2 P3

Total des ressources en 3250 5600 15350


produits

TVA 200 300 700

Droits de douane 50 300 650

FBCF 1000 1500 2200

Exportations 1000 2290 6000

70
Balance commerciale 0 290 - 1000

Pour les branches B1, B2 et B3, on fournit les données suivantes :

Opération B1 B2 B3

Impôts liés à la production 100 100 100

Rémunération des salariés 100 200 300

En ce qui concerne les consommations intermédiaires, on fournit les indications


suivantes :
- la banche B1 utilise 330 de consommations intermédiaires dont 30 de P3 et
200 de P2 ;
- le pays a besoin de 120 unités de P1 au titre des consommations
intermédiaires dont 10 pour la branche B2. Par ailleurs, cette branche utilise
1500 de P2 et 100 de P3.
- la branche B3 utilise 500 de P3 et 10 de P2.

Calculer le PIB selon les trois optiques.

Exercice 8
Dans une économie composée de trois agents A1, le secteur des entreprises, A2,
le secteur des ménages et A3, le secteur des administrations, on fournit les
données suivantes :

Opérations A1 A2 A3

Production 3000 4000 5000

Valeur ajoutée brute 2500 3000 3000

Impôts liés à la production 10 10 10

Rémunération des salariés 200 100 300

Impôts sur le revenu 890

71
Prestations sociales 1500

Épargne brute 2290 600 2110

FBCF 2500 500 1000

Par hypothèse, les prestations sociales sont versées par les administrations aux
ménages.
On suppose que l’économie est ouverte, les exportations s’élèvent à 2000 et les
importations à 1000.

1) Calculer le PNB et le PIB pour toute l’économie.


2) Déterminer le solde de la balance commerciale. Commenter.

72
Synthèse du chapitre 3 et exercices d’applications

C = Consommation des ménages


I = Investissement privé des entreprises
G = dépenses publiques (Etat)
T = taxes (ou impôts)
M = importations
X = exportations
S = épargne des ménages = solde du compte des ménages

Variables exogènes (étymologie = à l’extérieur du système) = variables


indépendantes (par rapport au revenu Y) = variables autonomes
Variables endogènes (étymologie = à l’intérieur du système) = variables
dépendantes

Equation keynésienne de consommation : C = bYd + a


Avec b : propension marginale à consommer, Yd revenu disponible (Yd = Y-T) et
a consommation incompressible ou autonome

2 manières de trouver l’équilibre sur le marché des biens et services :

1- Par le biais des 2 identités comptables : P (Production) = Y (Revenu)


P=C+I
Y=C+S
Donc S = I
2- Par l’équation d’équilibre sur le marché des biens et services : Offre de biens
et services = Demande de biens et services

- économie fermée 2 agents : Y=C+I


- économie fermée 3 agents : Y=C+I+G
- économie ouverte 3 agents : Y+M=C+I+G+X

Partons de l’égalité production = dépense

C = a + by

73
Y = a + by +I + G + X – M
1
Y= ( a+ I+G+ X−M )
1−b
1
ΔY = ( ΔI + ΔG+ ΔX −ΔM )
1−b
Δa=0

A quel mécanisme économique se réfère-t-on pour justifier l’existence de ce


multiplicateur ?

Le schéma suivant permet de comprendre ce mécanisme.

∆I

∆Y 1-b

b ∆S

∆C

Supposons au départ un accroissement des dépenses d’investissements. Cette


dépense génère automatiquement un revenu (∆Y). Cet accroissement de revenu
est affecté en partie à la consommation, en partie à l’épargne. L’accroissement de
consommation qui en résulte représente une nouvelle dépense qui selon le même
principe génère un revenu qui est affecté à la consommation et à l’épargne. Le
processus continue ainsi, une nouvelle dépense engendrant un nouveau revenu
qui induit une nouvelle dépense et ainsi de suite. Comme une partie de chaque
accroissement de revenu est affectée à l’épargne, les montants de ∆Y et de ∆C
deviennent de plus en plus petits et tendent vers zéro. Ce schéma cybernétique
peut être comparé à un système de plomberie. On injecte de l’eau dans le sens
des flèches. Elle circule dans la tuyauterie. Mais à chaque tour, il y a une fuite ∆S
= (1-b) ∆Y. L’eau circule ainsi jusqu’au moment où il ne rentre plus rien dans la
tuyauterie.

74
Le même processus se complique lorsque nous faisons varier les importations
avec le revenu.

M=mY
On obtient alors :

1
ΔY = ( ΔI + ΔG+ΔX )
1−b+m
Δa=0

Dès lors nous n’avons plus seulement une fuite de l’épargne, mais une fuite des
importations.

∆I

(pmi)

∆M
∆Y

pms
pmc

∆C ∆S

Introduisons encore des taxes

C = a + b(Y-T)

On obtient le jeu des équations suivantes :

(1) Y = 1/(1-b+m)* (-b T + G + X)

(2) C = b(Y - T)

(3) M = m Y

75
(4) S = Y – T - C

Formules des multiplicateurs


Le multiplicateur de l’investissement

Y =
1 I
(1 – Pmc)
=

Le multiplicateur se modifie si on introduit les impôts directs (T) sur le revenu.

m =
1
(1 - Pmc)+ (Pmc t)
=

où t = taux marginal d'imposition.

Le multiplicateur du commerce extérieur

Y =
1 X
(Pms + Pmi)
=

Où Pmi = M/Y

L'accélérateur

Y =
1 Ia
(Pms - k)
=

Exercices d'application chapitre 3

Exercice 1
Y passe de 3000 à 3500
C passe de 2400 à 2800
Quelle est la fonction de consommation ?

76
Exercice 2 
C = 4.250
S = 015 Yd
Calculez Yd.

Exercice 3
Supposons que quand le revenu national passe de 3.000 à 4.000, la
consommation privée passe de 2.400 à 3.100. Calculer la propension moyenne à
consommer dans les deux cas, la propension marginale à consommer et la
fonction de consommation. Trouver à quel niveau de revenu national l’épargne
est nulle.

Exercice 4
Supposons que la fonction de consommation C(Y) d'une économie fermée est C
= 60 + 0.75 Yd et que la demande d'investissement est égale à 80.
a) Indiquer le revenu d'équilibre de cette économie.
b) Quel est le seuil d'épargne ?
c) A partir d'une situation d'équilibre initiale, envisagez un accroissement
autonome de l'investissement égal à 30 et déterminez en conséquence
l'accroissement du revenu d'équilibre.
d) Comment évolue la consommation si le revenu double de valeur à long
terme ?

Exercice 5
Considérons une économie dont le revenu national Y est de 15 MD et dont les
propensions moyenne et marginale sont respectivement de 0.86 et 0.65. L'Etat a
jugé insatisfaisant le niveau d'activité de l'économie. Ainsi, il a décidé d'engager
un programme d'équipements nouveaux pour un montant de 3 MD.
1° Décrire, de manière littéraire le processus multiplicateur du revenu national.
2° Evaluer l'augmentation du revenu total suite à l'intervention de l'Etat.
3° Calculer la consommation avant et après l'intervention de l'Etat. Que
conclure ?

Exercice 6

77
Soit C = 100+ 0.8 Yd
Soit I = 35
Que représentent les valeurs 0.8 et 100 ?
En déduire la fonction d'épargne.
Déterminer le niveau de revenu national correspondant à une épargne nulle.
Déterminer le niveau de revenu national d'équilibre.

Exercice 7
Supposez que le fonction de consommation C(Y) d'une économie fermée soit de
C(Y) = 20+ 0.75 Yd et que la demande d'investissement soit I = 300
Indiquez le revenu d'équilibre de cette économie (algébriquement).
A partir d'une situation d'équilibre initiale, envisagez un accroissement autonome
de I = 40 de la demande d'investissement. Indiquez le processus économique
par lequel le revenu d'équilibre augmentera et déterminez son accroissement
(algébriquement).

Exercice 8
Calculez les quatre premières étapes de l’effet multiplicateur pour un
accroissement de 10 milliards de dollars des dépenses d’investissement dans
chacun des cas suivants (l’investissement, comme dans les exercices précédents
est donné; il est exogène et donc il ne dépend pas du revenu) :
a) une économie avec seulement de l’investissement et de la consommation où
la propension marginale à consommer est égale à 0,9;
b) une économie avec un Etat mais sans commerce extérieur, où la propension
marginale à consommer est de 0,9 et le taux d’imposition sur le revenu de
0,3.

Exercice 9
Soit la fonction de consommation suivante : C = 50 + 0,65Y. On vous demande
de :
1) Spécifier les paramètres de cette fonction de consommation.
2) Déduire la fonction d’épargne et définir ses paramètres.
3) Déterminer le niveau de revenu qui annule l’épargne
4) Comment évolue la consommation si le revenu triple de valeur à long terme ?

78
5) Quelle distinction faites-vous entre effet multiplicateur et effet accélérateur de
la variation du revenu ?

Exercice 10
Considérez une économie très simple sans commerce extérieur, sans dépenses et
impôts publics. La consommation autonome est de 300 millions u.m, la
propension marginale à consommer est de 0.8 et l’investissement privé est de
100 millions u.m.
a) Trouver la fonction de consommation agrégée ;
b) Calculer le revenu national d’équilibre ;
c) L’investissement autonome augmente de 100 millions u.m. Calculer le
multiplicateur et l’augmentation du revenu

79

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