Ligue Cartienne
Ligue Cartienne
Ligue Cartienne
Le problème, c’est que la chasse est la seule activité à laquelle nous pouvons
toujours nous adonner. Et le Vampire qui se contente de chasser, qui règle son
existence sur le temps qu’il lui reste avant son prochain repas, devient à
une vitesse effrayante un monstre vide et vociférant.
Nous nous trouvons donc des buts en commun. Nous restons soudés... certes
en premier lieu pour simplement survivre, pour nous nourrir, pour trouver
un abri, pour un ersatz d’amour. Et ensuite pour la foi, le pouvoir,
la libération, le défi ou même pour la réforme.
Qu’est-ce qui vous fait supporter la nuit ? Qu’est-ce qui vous la fera
supporter demain ? Et avec quels membres de la Famille vous mettrez vous
en ligue pour que tout cela en vaille la peine ?
32 Vampire : le Requiem
Les Carthiens promettent des bouleversements, et de bien des
manières, ils incarnent le changement qu’ils désirent, modifiant
leurs idéaux quasiment de nuit en nuit. Les Carthiens ne doutent
pas de la nécessité des réformes, mais ils sont prêts à s’interroger
sur la nature desdites réformes. Certaines nuits, cela les pousse à
la division… mais bien souvent, cela fait qu’ils sont bien préparés.
Les Carthiens promettent un vrai changement, mais vers
quoi ? Les anciens Carthiens, aux consciences usées par de longs
Requiems, s’avèrent affreusement dangereux, parce qu’ils ne
reculent pas. Ce sont des monstres pragmatiques, qui se voient
comme faisant partie d’un ensemble plus vaste, et qui offrent des
sacrifices à l’avenir. Ils souffriront et ils feront souffrir pour que
la Loi carthienne devienne la seule loi.
D’où nous venons : En 1779, un apostat de la Lancea et
Sanctum parisienne publia un pamphlet intitulé Contre les vampires
patriarcaux. Comme beaucoup des meilleurs textes de la France
prérévolutionnaire, c’était un document nuancé, subtil et plein
de sens cachés. Derrière l’idée prétendument allégorique que
les aristocrates étaient des monstres buveurs de sang, c’était en
réalité un appel aux armes, poussant les nouveau-nés à briser les
chaînes des anciens.
Ce traité parut sous la signature d’Emmanuel Baptiste Carth,
un pseudonyme. Le véritable nom de l’auteur était apparemment
Éric Giraud. Celui-ci trouva la Mort Ultime sous le couperet d’une
guillotine, par une nuit des années 1790, mais Carth lui survécut,
s’animant d’une vie propre dans une France imprégnée de ferveur
révolutionnaire. À travers toute l’Europe, occidentale et orientale,
des pamphlets signés E.B. Carth apparurent, délivrant aux morts
un message politique déguisé en tract pour les vivants. Des
réformateurs et des mouvements de nouveau-nés existaient déjà,
mais désormais, ils avaient une bannière sous laquelle se regrouper,
une identité partagée. Vers le milieu du XIXe siècle, les Vampires
adhérant aux pamphlétaires s’étaient baptisés les Carthiens.
E.B. Carth publie toujours, surtout sur Internet. Tout le monde
sait que Carth est un personnage fictif, mais c’est justement la
source de son pouvoir. Carth est une idée, et les Carthiens sont
de ceux qui tuent pour une idée. Le pouvoir de l’idée carthienne
a fait naître, dans la seconde moitié du XXe siècle, le phénomène
de la Loi carthienne, par lequel le Sang lui-même sert l’idéologie
des Vampires.
À écouter sa rhétorique d’égalité et de justice, on pourrait
s’imaginer que le Mouvement est la plus bienveillante des ligues.
Mais sa notion de l’égalité ne concerne que les morts. Certains de
ses membres sont capables de faire preuve d’un utilitarisme terrifiant
envers les vivants. Après tout, ils servent une cause plus grande.
Nos pratiques : Toutes les activités des Carthiens sont vouées
à la création d’un nouvel ordre vampire. Les traditions de la
société vampirique ont leur utilité, mais la manière dont elles
sont appliquées par les ligues mieux établies laisse beaucoup
à désirer. Les Carthiens affirment que tous les Vampires sont
égaux, mais dans les faits, certains cadavres sont plus égaux que
d’autres. Personne ne versera une larme rouge pour un chevalier
qui suit son prince sur le bûcher.
Comme les Carthiens emploient des systèmes politiques
adaptés des idéologies modernes des vivants, il leur est tout
naturel de se servir des groupes radicaux humains auxquels ils
34 Vampire : le Requiem