Notes Et Memoires 15
Notes Et Memoires 15
Notes Et Memoires 15
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COMPAGNIE FRANÇAISE DES PÉTROLES
NOTES ET MÉMOIRES
N° Etude géologique du jebel Fezzan et de sa bordure paléozoïque (36 p., 3 fig., 1 pl. coul. h.-t.,
1 COLLOMB ( G . R . ) :
mai 1962). Epuisé (out of print).
N° 3 AYMÉ ( J . - M . ) , COUPPEY (C.) et MARQUIS (C.) : Stratigraphie du massif de l'Affolé, Mauritanie (20 p., 3 fig.,
juin 1962). Epuisé (out of print).
N° 4 AYNARD (C.) : Vers une rationalisation de la gravimétrie (20 p., 4 fig., mai 1962). Epuisé (out of print).
N° 5 JACQUÉ (M.) : Reconnaissance géologique du Fezzan oriental (44 p., 16 fig., 1 pl. coul. h.-t., mars 1963).
N° 6 SACAL (V.) : Microfaciès du Paléozoïque saharien (30 p., 100 micro-phot., 4 dépl., décembre 1963).
N° 7 HOSSIN (A.) : Calcul de la porosité utile dans les grès argileux. Calculation of useful porosity in shaly sandstones
(texte bilingue anglais-français; French-English text. 96 p., 31 fig., avril 1964).
N° 8 MASSA (D.), COMBAZ ( A ) et MANDERSCHEID (G.) : Observations sur le Siluro-Dèvonien des confins algéro-
marocains (188 p., 18 fig., 2 pl. coul. h.-t. 9 dépl., août 1965). Epuisé (out of print).
N° 10 MAURIN (A.F.) et RAASCH (G.O.) : Early Frasnian Stratigraphy, Kakwa-Cecilia Lakes, British Columbia, Canada
(80 p., 22 fig., 12 pl. h.-t., décembre 1972). Epuisé (out of print).
Sommaire :
N°13 Géologie de surface. Contribution à diverses méthodes de reconnaissance (92 p., février 1977).
Sommaire :
BUROLLET (P.-F.), M A G N I E R (Ph.) et M A U R I N (A.F.) : Avant-propos (2 p.).
B U R O L L E T (P.-F.) : Morphologie et pédologie d'une plaine couverte de sable : la Jeffara libyenne (20 p., 9 fig., 1 pl. coul. h.-t).
B O U J U (J.-P.) : Etude géologique d'une savane arborescente : le bassin du Cuanza (14 p., 2 fig., 1 pl. h.-t.).
DELAS (C.) : Le rôle du radar à balayage latéral en pays équatorial ( 1 0 p., 5 fig.).
N° 14 MAURIN (A.F.) et RLGUIDEL (M.J.) : Eléments de géomorphologie généralisée (136 p., 50 + XIII fig., 1 pl. h.-t.,
février 1978).
N ° 1 5 ALLEN (G.), LAURIER (D.) et THOUVENIN (J.) : Etude sédimentologique du delta de la Mahakam (156 p.,
89 fig., 2 cartes h.-t., octobre 1979).
des niveaux ferrugineux oolithiques (40 p., 22 fig., 2 pl. coul. h.-t.).
ÉTUDE SÉDIMENTOLOGIQUE
DU DELTA DE LA MAHAKAM
1979
TABLE DES MATIÈRES
ABSTRACT 13
INTRODUCTION 23
PRÉSENTATION 39
ÉTUDE SÉDIMENTOLOGIQUE 65
Plaine deltaïque 65
Delta front 88
Prodelta 108
Environnements latéraux 110
S T R A T I G R A P H I E ET É V O L U T I O N 115
Préambule 139
Le potentiel pétrolier du delta de la Mahakam 139
Méthodologie d'exploration 143
ANNEXES :
Étude des Ostracodes 149
Étude palynologique 152
BIBLIOGRAPHIE 155
REMERCIEMENTS
Les travaux sur place n'ont pu être réalisés qu'avec la collaboration et l'aide permanente des géologues et du
personnel indonésien et expatrié de T O T A L I N D O N É S I E , que nous remercions vivement pour leur coopération
et leur accueil. Ainsi J. G O U A D A I N , J . - M . F O N C K , B. T I X I E R , M . SUJATMIKO, A. SORDI et P. LALOUEL qui ont
participé à ces travaux, dans la boue du delta autant que dans les bureaux de Jakarta et Balikpapan. N o u s
sommes particulièrement reconnaissants à P. G O U D K E T pour la part active qu'il a prise durant la première
campagne de terrain, en 1974.
D'autre part, nous remercions le personnel du Laboratoire C . F . P . de Bordeaux ainsi que les nombreux
chercheurs ou étudiants qui ont travaillé sur les échantillons récoltés dans le delta. N o u s pensons principalement
à M . CASSOUDEBAT, J . - P . PEYPOUQUET, R . C A R A T I N I , C . LOMBARD, E . G O N T I E R et G . DELIBRIAS qui ont réalisé
ou dirigé les études.
Cependant, cet ouvrage n'a pu être réalisé qu'avec l'aide des secrétaires et dessinateurs de T O T A L
I N D O N É S I E à J a k a r t a et Balikpapan, et, dans sa forme finale, que grâce à la compétence et la patience de
N . A R N A U D , I. CASTILLON, J. M O U T H O N et M . C H A N T E C A I L L E qui ont eu la lourde charge de dactylographier le
texte ou de dessiner les planches et cartes. Qu'ils trouvent ici la reconnaissance des auteurs pour leur
participation.
Enfin, c'est grâce à l'examen critique et aux conseils de Ph. L E G R A N D , B. DESBORDES, P. F. BUROLLET et
L. L E R I B A U L T que nous devons la présentation finale de ce numéro et nous les remercions vivement.
AVERTISSEMENT
D a n s cet ouvrage, le lecteur trouvera des termes géologiques et sédimentologiques d'origine anglo-saxonne,
qui ne sont pas traduits en français parce qu'ils nécessiteraient souvent de longues périphrases.
D a n s la plupart des cas, nous nous sommes efforcés d'employer les termes en français ou ceux consacrés par le
langage usuel des géologues.
RÉALISATION DES TRAVAUX
Les principales études ont été réalisées par les personnes et organismes suivants :
TRAVAUX DE TERRAIN
- Phase 1 ( 1 9 7 4 ) : G . P . A L L E N , P . G O U D K E T , D . LAURIER.
- Phase 2 (1975) : G. P. ALLEN, D. LAURIER, M. SUJATMIKO.
- Phase 3 ( 1 9 7 6 ) : G . P. A L L E N , B . TIXIER.
ÉTUDES DE LABORATOIRE
Pétrologie et Minéralogie.
• Minéraux lourds :
E. GONTHIER, Institut de Géologie du Bassin d'Aquitaine, Talence.
• Minéralogie et constituants :
J. THOUVENIN, G. T R U I L H E , F . SOMMER, Laboratoire Exploration (Groupe), Talence.
• Granulométrie :
E. GONTHIER, Institut de Géologie du Bassin d'Aquitaine, Talence.
C. LOMBARD, Laboratoire de Géologie Dynamique, Université de Bordeaux III.
R . PASSEGA, United Stratigraphie Laboratories, Milan.
• Exoscopie :
L. Le RIBAULT, Laboratoire Exploration (Groupe), Talence.
Micropaléontologie
• Ostracodes :
J . - P . PEYPOUQUET, J . M O Y E S , Institut de Géologie du Bassin d'Aquitaine, Talence.
• Foraminifères :
M . OESTERLE, Lemigas, Jakarta.
Ph. DUFAURE, Laboratoire Exploration (Groupe), Talence.
Palynologie
• Sporopollens :
C. CARATINI, C. TISSOT, Centre d'Études de Géographie Tropicale, C.N.R.S., Talence.
Géochimie
• Prélèvements :
• Analyses :
J. L. O U D I N , Laboratoire Exploration (Groupe), Talence.
R . P E L E T , J . ROUCACHE, Institut Français du Pétrole, Rueil-Malmaison.
G. C O W E T , Centre de Sédimentologie Marine, Perpignan.
M. D U R A N D , Institut Français du Pétrole, Rueil.
Radio analyses
• Gamma densimétrie :
Section d'Application des Radio-éléments, C.E.A., Saclay.
• Datation C 1 4 :
G. DELIBRIAS, Laboratoire des faibles radioactivités, Gif-sur-Yvette.
• Faciès radiologiques :
Institut de Géologie du Bassin d'Aquitaine, Talence.
ABSTRACT
INTRODUCTION
Delta systems are presently among the most productive areas for hydrocarbons, and during the past decade,
much research has been devoted to the understanding of their internai stratigraphy and the processes responsible
for the patterns of sediment transport and déposition. In particular, these studies have focused on the geometry,
lithological sequences, environmental criteria, and genetic processes of the sand deposits associated with either
channel or bar sédimentation occurring in alluvial distributaries or the coastal margins of the deltas. A number of
conceptual models have been established to relate the morphological framework of deltas to their internai
structure, and the location of sandy reservoirs. These models which greatly enhance the efficiency of hydrocarbon
exploration and production are, to a great extent, based on the understanding of m o d e m delta systems.
U p to about 15 years ago most subsurface studies attempted to relate fossil deltas to the only model well
known at that time : the Mississippi. However, recent studies ( C O L E M A N and W R I G H T , 1 9 7 5 , G A L L O W A Y , 1 9 7 5 )
have shown the existence of a spectrum of types of delta morphology and sediment patterns. This spectrum is
caused by variations in the relative importance of the basic environmental parameters : tides, waves and river
flow. Among these types, river dominated deltas (Mississippi) and wave dominated deltas (Rhône) are fairly well
understood, as they have been the subject of a number of studies ( L E B L A N C , 1 9 7 5 ) . Tide dominated deltas,
however, have been scarcely studied, and practically nothing is known of the internai structure of these delta
systems, which are probably well represented in the geological record.
This abstract summarizes briefly the results of a comprehensive geological study of the m o d e m M a h a k a m
delta, a mixed, tide and fluvial delta formed in a humid equatorial climate. The study was conducted by Total
Indonésie (Compagnie Française des Pétroles), with the participation of the Centre National pour l'Exploitation
des Océans (Brest, France), and consisted of a number of shallow ( 15 to 50 m) cored borings and a large number of
surface sediment samples as well as current, salinity and suspended sediment measurements. The objective of this
study was to describe the faciès sequences and geometry of the main lithosomes comprising the delta, in
particular the sand accumulations and the lithological sequences formed by the progradation of the delta. Also
this study permitted the comparison of the sediments and environmental setting of the Tertiary sériés of the
M a h a k a m subsurface with the m o d e m delta.
ENVIRONMENTAL SETTING
REGIONAL GEOGRAPHY
The Mahakam delta has formed at the mouth of the M a h a k a m River which is located on the eastern coast of
Kalimantan between 0° 21' and 1° 10' south latitude, and 117° 40' east longitude. This delta, as ail modem marine
deltas, is a recent feature, having developed in the last phase of the Holocene transgression, during the last
5 000 to 7 000 years. Since that time the delta has prograded to a system comprising approximately 1 300 km 2 of
predominantly marshy subaerial delta plain, 1 000 km 2 of delta front and 2 700 km 2 of prodelta accumulations.
Presently it is building seaward over the continental shelf, and forms a fairly thin ( ^ 50 m), but laterally extensive,
progradational system.
The coastline of this part of Kalimantan is oriented NNE-SSW, and borders the Makassar Strait, a 200 km
wide channel separating Sulawesi (Celebes) and Kalimantan. The maximum depths of this strait exceed 1 500 m.
The continental shelf bordering the delta is 40 to 50 km wide, and slopes gently to the shelf break, which occurs at
the 200 m isobath.
The delta forms a very regular fan shaped lobate system with distributaries radiating out from the head of
passes at Sanga-Sanga. Three major distributaries branch out from the head of passes, to the northeast,
southeast, and south. These distributaries further subdivide into a second and third order distributative system,
and at the extremity of the delta plain, the fluvial discharge is fragmented into 9 distributary inlets. The
distributaries are grouped into two distinct systems : one composed of 5 inlets located in the south to southeast
portion of the delta, and the other, comprising of 4 inlets (with probably only 3 being very active) confined to the
northeast extremity.
Between these two distributary systems, in the central part of the delta, exist a sériés of tidal inlets which are
practically unconnected to the fluvial system. This interdistributary zone occupies approximately 30 % of the
delta plain.
The général morphology of the delta can be divided into three radially concentric systems : the delta plain,
delta front, and prodelta.
Delta plain
The delta plain forms the subaerial part of the delta, extending seaward 40 km from the head of passes. It can
be subdivided into a fluvial delta plain, and a tidal delta plain. The fluvial delta plain occupies a zone extending
between 10 and 20 km from the head of passes. It is characterized by relatively high (supratidal) compacted and
well drained ground, covered with hardwood tree végétation. The tidal delta plain covers the largest part of the
delta plain. It is incised by both distributaries and tidal channels. The élévation of this plain is that of mean high
tide, and is thus subjected to periodic tidal inundation during spring tides. The plant cover is comprised of nipah
palm and mangroves.
The delta plain is incised by both fluvial distributaries and tidal channels. These are readily distinguished by
their morphology. The distributaries are generally rectilinear and of constant width, except at the inlets, where
they widen somewhat. The channel thalweg, however, meanders within the channel, and the channel cross
sections exhibit the asymmetric profile characteristic of meandering rivers. This profile shows a steep erosive bank
next to the thalweg, and a gentler « point bar » slope away from the thalweg. Channel depths vary between 5
and 15 m. The inlets exhibit an estuarine morphology, with channel bars, channel islands and tidal flats. As in
most tidal systems, distributaries are not bordered by natural levees.
Tidal channels exhibit widely flaring trumpet shaped inlets, which decrease in width rapidly upstream. These
tidal inlets divide upstream into numerous, intensively meandering tidal channels. The extreme sinuosity of these
channels distinguish them from the distributaries. Also, tidal channels are much deeper, and attain depths of 20 m
or more. Only rarely are these channels connected to the fluvial distributary system.
Delta front
The delta front consists of an intertidal to shallow subtidal platform fringing the delta plain and sloping gently
seaward. The width of this platform varies between 8 - 1 0 km. Its outer limit is marked by a steeply inclined
slope seaward of the 5 m isobath.
The topography of the delta front consists of linear undulations trending perpendicular to the coast, marking
the bars and shoals characteristic of this environment. Distributary channels pursue seaward as channels incised
into the delta front. These channels vary between 3 and 6 m in depth. Off large distributaries, the channels extend
out to the seaward edge of the delta front, culminating in a stream mouth bar, while off smaller distributaries, the
channels culminate in a middle ground bar on the delta front platform. Between distributaries, elongated tidal
ridge type bars accumulate.
The inner, or proximal zone of the delta front is the site of extensive tidal flats which link the delta plain and
the delta front.
Prodelta
The prodelta zone consists of the smooth, steep slope seaward of the edge of the delta front platform, marked
by an abrupt slope break at the 5 m isobath. The prodelta slope is concave upward, and joins the delta front
platform to the continental shelf. The outer limit of the prodelta appears to coincide with the 60-70 m isobath.
Seaward of this depth, the slope gradient is very low, and the shelf topography is very irregular, with prominent
knolls and ridges. This irregular surface probably represents the surface of the pre-Holocene régression blanketed
with thin marine clay deposits.
The width of the prodelta zone is not constant, but shows a pronounced asymmetry, or bulge, off the southern
distributary system. In the north and central part of the delta, the prodelta is 5 to 15 km wide, but to the south, it
attains 30 km. This asymmetry is thought to reflect the more active sediment input of the southern distributary
system, as well as a dominant north-south coastal drift current in the Makassar Strait.
CONTROLLING PROCESSES
Climate
The delta is located in the equatorial climatic zone. Yearly temperatures vary little, generally oscillating
between 26 and 30 °C. Data from the Makassar Strait indicates a mean yearly rainfall of 2.3 m, with a maximum
in January (700 mm) and a minimum in August (10 mm). Winds are generally from the west to the northeast.
River Input.
As far as is known, no studies have been made of either water or sediment inflow from the M a h a k a m River.
Analyses of rainfall data in the drainage basin indicates that the mean river discharge is probably on the order of
1 000-3 000 m 3 /s. Volumetric analysis of the volume of delta indicates that the average sediment input since the
Holocene appears to be équivalent to 8 x 10 6 m 3 per year. This value, however is probably only indicative, and
further studies have to be carried out to evaluate the present sediment influx.
Waves.
The wave energy aflecting the coast is very low, as the fetch and wind velocities in the Makassar Strait are not
sufficient to generate large waves. The yearly médian significant wave heigh is less than 60 centimeters. Wave
directions vary considerably and the delta is subjected to waves from the southeast to north sectors.
Tides.
Tides are semi-diurnal, with a notable diurnal inequality. Tidal amplitudes vary from less than 1 m in neap
tides, to 3 m in extreme spring tides. These high tidal ranges induce strong alternating tidal currents, which confer
a marked tidal and estuarine character to the delta : flaring tidal inlets, extensive tidal flats, absence of alluvial
natural levees.
DELTA PLAIN
Distributaries
Sediment transport and déposition in the distributaries is controlled by the interaction of tidal flow and river
discharge. This interaction creates a pronounced sait wedge which can extend upstream in the channels more
than 20 km from the inlets. This salinity stratification gives rise to a stratification of the non-tidal residual flows,
with a net seaward movement of water in the upper part of the water column, and a net upstream movement of
water near the bottom. This residual flow stratification in the sait wedge creates a turbidity maximum, a zone of
high concentration of suspended sediment, a well known feature in estuarine inlets.
This turbidity maximum creates a trap for suspended sediments, and is responsible for the accumulation of
muddy sediments in the distributary inlets.
Sand transport occurs as bedload in the distributary channels, and causes the formation of megaripples.
These bedforms, which reflect an intensive transport of sand, are particularly well developed in the fluvial delta
plain, where they can attain amplitudes of 2 m.
The distributary channels are floored with sand, which accumulâtes as elongated latéral accretion bars
linked to the latéral channel asymmetry and thalweg meanders. Such bars have been observed in the Mékong
delta by K O L B and D O R N B U S C H ( 1 9 7 5 ) , and are in contrast to the more arcuate point bars of fluvial environments.
The sand is generally clean, well sorted and médium grained, with scattered clay pebbles and lignite and clay
laminations. The bottom contact of these bars in the upper delta plain is sharp, and eroded into inlet or delta front
clays. The total thickness of these sand bars varies between 5 and 10 m.
Latéral channel migration, and subséquent growth of the latéral accretion bars appears to be more active in
the tidal delta plain than in the fluvial delta plain, where the channel appears to be stabilized by the delta plain
végétation. In the tidal delta plain, gently sloping intertidal mud flats cap the summit of the latéral accretion bars.
These mud flats are undergoing accretion, and recent mangrove growths colonize and stabilise these mud-marsh
flats. These zones of mangrove are readily apparent in aerial observation of the delta plain. The shore adjacent to
the thalweg consists of an erosive bank, covered with nipah végétation.
A number of borings were made in a latéral accretion bar system to evaluate the three dimensional geometry
and reservoir characteristics of these sand bodies. The overall geometry is that of a low sinuosity sand body,
elongated parallel to the distributary axis. The bottom contact is concave upward. In the fluvial delta plain, this
contact tends to be erosive, while in the tidal plain it appears to be transitional. This latter effect appears to be due
to the existence of a core of channel bar sands underlying the latéral accretion bar. The upper contact is
horizontal, and gradational into sandy clays, followed by the mud flat clay, and the supratidal marsh coal or
lignite. Sand thicknesses vary rapidly perpendicularly to the channel, attaining maxima of 10 m. Parallel to the
channel, thicknesses are relatively constant. The overall dimensions are : 4-5 km long and 0.5 to 1.5 km wide.
Individual thalweg meanders form local elongated individual depocenters, which coalesce longitudinally as
successive thick pods of sand. The resulting accumulation forms a generally linear « shoestring » type of sand
body.
In the inlets, sand deposits occur in the form of channel bars. These channel bars are elongate to lobate
sandbodies which form between local ebb and flood prédominant channels in the inlets. Such bars are quite
common in estuaries. Borings in these channel bars show that they arecomposed of 4-5 m of organic sands, with
numerous laminations of plant débris, and clay lenses and flasers which reflect the time variable pattern of
sédimentation associated with a tidal environment. The lithological sequence of channel bars consists of a
gradational basai contact with underlying delta front clays and sandy clays, followed by a sequence of sand and
muddy sand, fining upward into tidal flat and marsh muds. In général, it appears that the reservoir potential, and
the sand/shale ratio is not as good in channel bars, owing to the abundant clay laminations, as in the latéral
accretion bars which accumulate further upstream. The inlet channels between the channel bars are the site of
clay and muddy sand déposition. A général character of ail the sediments deposited is the scarcity of fossil
fragments as well as living organisms.
The downstream increasing tidal processes are responsible for the longitudinal gradient in the faciès and
lithology of the distributary sands. As a resuit, the cleanest sands and best reservoir potential is in the latéral
accretion bars of the upper delta plain.
As the delta progrades seaward by the influx of distributary derived sediments, an evolutionary sequence
occurs from an estuarine, mud and channel bar dominated distributary inlet environment. As the main
environments migrate seaward, inlet channel bars can be incised by the distributary channel, and latéral accretion
bar growth can occur on the flank of the channel bars. In such an eventuality, a channel bar can form the core of a
latéral accretion bar.
Tidal channels
These channels serve to drain the water accumulated on the delta plain during the flood tide. The surface
salinity in these channels is much higher than in the distributaries, and the vertical salinity stratification is much
less pronounced. Also, the amount of suspended sediment in the tidal channels in much lower than in the
distributaries. Ail these factors indicate that very little river flow, or sediment is discharged through these
channels, and little sédimentation occurs.
The sediments occurring in these channels are predominantly organic, plant rich clays. Frequently, in the
deeper portion of the channels are found marine clays, indicating that the channels are incised into underlying
delta front deposits. Fossils fragments or living fauna are very scarce except for Ostracods.
DELTA FRONT
The processes responsible for sediment dispersai and transport in the delta front environment are tidal
currents interacting with river flow and waves, and the resulting sedimentological mechanisms operating are a
resuit of the interaction of these two basic phenomena, the distribution of which is controlled mainly by
morphology.
In the channels, on the distributary delta front, sand is transported as discontinuous patches of sand waves
during spring tides and high river flow. During times of low current activity, settling of mud occurs. These
channels are mainly a zone of sediment transit, and little or no net accumulation occurs while the channel is
active.
At the channel extremity, the decrease in current velocity causes the sand transported down the channel to
accumulate as a terminal bar at the channel mouth. During periods of strong tidal currents the inner face of this
bar is scoured and the eroded sand is redeposited on the steeper outside face of the bar. In this manner, the bar
progrades seaward, over the outbuilding prodelta.
A relationship exists between the morphology of these bars and the strength of the fluvial flow of the
distributary ( W R I G H T , 1 9 7 7 ) . In distributaries with high river flow, buoyant hydrodynamic processes
predominate, and a lobate stream mouth bar with adjacent submerged levees accumulâtes at the outer extremity
of the delta front. Off of secondary distributaries, river flow is insufïicient to maintain a single channel across the
entire delta front, and tidal mixing provoques bifurcations of the channel on the delta front, with triangular sandy
middle ground type bars at each bifurcation. Between distributaries, where tidal flow prédominâtes, narrow,
elongate tidal ridge type bars form.
In a zone of the delta front where several distributaries debouch,all 3 types of bars accumulate, and form
complex sheets of stacked individual bars.
The sediments accumulating between the tidal bars and channels form a blanket of muddy sediments
extending from the delta plain to the prodelta. The tidal flats adjacent to the delta plain are composed of massive
dark grey organic clays, with very abundant plant débris, and little or no traces of marine fauna. Seaward, in the
subtidal zone, the sediments are sandier with varying amounts of sand. The plant débris tend to decrease seaward,
and traces of marine shells appear toward the middle part of the delta front platform. The varying ratio between
plant and woody débris and marine fauna, as well as sand content could possibly permit the differentiation
between an inner, or proximal delta front, composed of tidal flat and shallow subtidal plant-rich organic clays,
and an external, or distal delta front, with a more marine character.
A number of borings were made in the delta front région of the main distributary system. These permitted the
establishment of the sedimentary sequences characteristic of this environment, and the stratigraphie relations-
hips between the major lithosomes.
A major channel mouth bar system was studied. The landward extremity of this sandbody is presently
covered with offlaping proximal delta front and tidal flat clays, which have prograded out over the bar. To the
west, the sandbody appears to terminate in a number of thin westward thinning sand tongues, separated by outer
delta front silty and sandy clays. To the east, only one boring was made, and the nature of the eastern extremity of
the sandbody could not be ascertained.
The overall dimensions of this sandbody are shown in a sand isopach map based on the available boring data.
The maximum sedimentary strike and dip dimension are respectively 8 km and 13 km, and the total area of the
sandbody is 35 km 2 . The maximum sand thickness attains approximately 9 m, in the eastern lobe.
The transverse (strike) cross sectional shape consists of a basai concave upward contact, and a more or less
horizontal upper surface. This concave planar shape is due to compaction of the underlying prodelta clays. The
longitudinal (dip) section is planar at the base and slightly convex upward at the top. The général lithological
sequence will consist of a gradational basai contact with underlying prodelta clay, followed by an upward
cleaning sand. In a normal progradational system, the bars will be covered with proximal delta front and tidal flats
clays and eventually by the overiding delta plain organic clays. The upper contact with muddy tidal flat sediments
will be sharp.
Channel a b a n d o n n a n t appears to occur, as shown by the delta front channel to the east of the major inlet.
This channel is presently floored with homogeneous fluid mud, which appears to be the initial phase of a clayey
channel fill.
Only shallow hand auger borings were made in the interdistributary zone of the central part of the delta, and
sediment distribution and sequences are based mainly on surface sediment samples.
Pratically no sand accumulâtes in the interdistributary zones, since the tidal channels are unconnected to the
fluvial distributary system, which is the source of sand sediment. The sediments are predominantly clay and silt,
with abundant plant débris, and shells further offshore in the delta front.
The interdistributary headlands are locally the site of coastal érosion. This érosion creates a large amount of
finely commutated woody débris which accumulâtes downdrift from the zone of érosion together with plant and
wood débris brought from the delta plain. These accumulations create beach accretion ridges of detrital lignite,
attaining thickness of 1-2 m, and extend several kilometers along thecoast. Locally, the accumulations can cause
headland accretion extending up to 1 or 2 km.
The sediments of tidal inlets consist of silty clay with detrital plant fragments and shell débris in the outer part
of the delta front.
The vertical lithological sequences formed in an interdistributary inlet would consist of muddy sediments
with marine fauna increasing upward and seaward as delta subsidence by compaction occurs, and localised
marine transgressional onlap would superpose laminated lignite and clay tidal flat deposits over delta plain
marsh, grading upward into marine delta front clays.
PRODELTA
The prodelta forms the outer edge of the prograding delta, and is the substratum upon which the delta front
and delta plain systems accumulate. The prodelta is a zone of little current or wave activity, and the only
sediments attaining this environment are suspended silt and clay. The sediments accumulating in the prodelta are
highly fluid mud, with no visible sand. These sediments will form massive bedded clays. The high water content of
these clays is responsible for the compaction which occurs as they are overidden by the prograding delta front.
This compaction can cause a thickening of several meters in the delta front bar accumulations.
The borings which were established in the main distributary system and adjacent delta front permitted the
establishment of synthetic géologie cross sections, illustrating the général stratigraphie relationships of the delta.
A strike section through the delta plain indicates that this environment is composed of concave upward
sandbodies of latéral accretion or channel bars, overlying clayey inlet and delta front sediments, and capped with
organic clay and (eventually) coal of the subareal delta plain nipah marsh. The basai contact of these distributary
channel sands tends to be erosive in the upper delta plain, and either erosive or transitional in the lower delta
plain, depending on whether the basai sand is a latéral accretion bar or channel bar. This longitudinal variation in
basai contacts and sequences could give rise to markedly différent vertical log characteristics within the same
sand body. The latéral extent of these sands is not large, on the order of a few kilometers.
The tidal channels form deep incisions into the delta plain, and eut through to the underlying delta front
sediments.
On the delta front the various types of sand bars have a greater latéral (strike) extent than the delta plain
distributary sands. These will form imbricated extensive sheets of laterally thinning sand tongues, in a matrix of
silty clays of the interchannel platform. These sediments overlie the massive prodelta clays. A pronounced
thickening of the sandbodies resulting in a local thickening of the delta front sequence in areas of active
distributaries. This thickening appears to attain 4 to 5 m and is related to the compaction of the prodelta clays.
In the tidal delta plain, direct superposition of distributary and delta front sands can occur by incision of the
delta front by distributary channels. This superposition of the two environmentally différent sand formations
would cause a thickening of the resulting sand bodies (in the case of the m o d e m delta, from a maximum thickness
of 8-10 m, to 16-20 m), as well as a superposition of latéral accretion bar faciès over delta front bar faciès. This
phenomenon could conceivably be a distinguishing feature of the distal delta plain, since on the fluvial delta plain,
subsidence would lower the delta front sands out of reach of the distributary channels.
As the delta builds out, occupation and abandonment of active distributaries will form characteristic
sedimentary sequences. This can occur either by latéral migration of an inlet or channel, or by channel
abandonment (avulsion). Examples of channel abandonment exist in the m o d e m delta. The distributary to the
east of the main distributary (Muara Pemaroeng) is presently waning, as shown by the channel Fil 1 muds presently
accumulating in the western branch of this channel. Another channel appears to be presently abandoned, in the
northern part of the delta (north of Tanjung Bayor). This channel is linked to the main distributary system by
only a narrow 100 m wide channel. Yet, at one time, this distributary supplied enough sand to construct a major
delta front sand bar, which is presently being colonized by abundant marine pelecy pods, and could be the site of a
future reef or biostrome.
The occupation and active progradation of a distributary system would create a rapidly prograding inlet and
delta front complex. Offlap of delta front bars and interbar muds by tidal flats and inlet muds and channel bars
would occur. Once the distributary starts to wane, a generalized fining upward and muddy channel fill sequence
would be deposited.
After abandonment, the inlet would convert to an interdistributary tidal inlet. This phase would be
accompanied by local transgressive reworking and marine onlap of the coast which would resuit in the erosive
superposition of basai detrital lignite and thin, sandy swash bars resulting from the reworking of the tidal bars
over delta plain and inner delta front clays. This sequence would grade vertically into marine clays.
Assuming a général subsidence and a cycle of occupation and abandonment of inlets by distributaries, it is
possible to envisage the vertical progradational stratigraphie sequence formed by such a delta. It is composed of
time transgressive offlap sequences building up and basinward as sediment supply and subsidence continues.
The prodelta would gradually override itself (along with eventual basin slope deposits), and be overridden by
the delta front system.
The delta front system would be made up of a sériés of cycles linked to distributary occupation and
abandonment, followed by interdistributary inlet and delta front sequences. Each cycle would be represented by a
coarsening and thickening upward section, as the distal delta front grades into the distributary mouth bars,
followed by a thinning upward sequence as it is offlapped by the delta plain sequence. Sandbody superposition
would occur as latéral accretion bars channeled on delta front bars.
Abandonment of the distributary would create an interdistributary inlet environment, and form disconti-
nuous erosional surfaces with basai detrital lignite and onlapping marine clays. The distal delta front could be
occupied by biostromal accumulations if the local influx of suspended silt and clay were reduced.
This transgressive sequence could then coarsen upward into another distributary mouth bar and delta plain
bar system if the area were reoccupied by an active distributary. Thus the delta front and the lower tidal delta
plain system would be marked by a sériés of transitional environment and sediments. The upward transition into
the prograding delta plain of the seaward building delta would be transitional, and marked by an upward
increasing ratio of latéral accretion bars to delta front sands. The transition between the tidal delta plain and the
fluvial delta plain would be indicated by an upward decreasing superposition of delta plain and delta front sands,
and an increasing ratio of latéral accretion bar to channel bar deposits.
INTRODUCTION
Parmi les réservoirs pétroliers d'origine détritique clastique, les accumulations sédimentaires liées aux
embouchures des fleuves jouent un rôle primordial. C'est en particulier le cas des deltas qui constituent les
réservoirs de très importants gisements d'hydrocarbures. Il suffit de citer les gisements miocènes et crétacés de la
Gulf Coast et le Tertiaire du delta du Niger, pour se rendre compte de l'importance des séries deltaïques dans
l'exploration des hydrocarbures.
Le fort potentiel en hydrocarbures de ces dépôts a pour origine trois types de conditions favorables présentes
simultanément :
1) Les accumulations sédimentaires qui s'effectuent dans les zones d'embouchures fluviales et sont
caractérisées par l'existence de corps sableux alternant avec des sédiments argileux ; ceci donne lieu à la formation
de réservoirs bien développés et isolés dans les séries sédimentaires.
2) Les apports importants de sels nutritifs par les fleuves qui engendrent dans les zones marines avoisinantes
une très forte productivité biologique.
3) La sédimentation rapide caractéristique de ces zones qui permet un piégeage et une préservation de cette
matière organique dans les sédiments.
En période régressive, ou de stabilité relative du niveau de la mer, les fleuves et en particulier ceux drainant des
bassins importants avec des zones à reliefs marqués, évacuent des quantités considérables de sédiments en mer.
Ces sédiments sont constitués par des argiles et des silts en suspension et par des sables transportés en charriage
sur le fond. Les sables s'accumulent près des embouchures, sous forme de barres, cordons, plages ou dunes, tandis
que les argiles sont déposées soit sur la plaine deltaïque, soit dans des vasières (tidal jlat) et des marais sur le
littoral, ou plus au large, sur le plateau continental.
Outre les processus sédimentologiques, les embouchures fluviales sont le site d'une activité biologique intense
associée aux apports de sels nutritifs et de matière organique. Le point de départ de la production primaire
biologique, la photosynthèse, nécessite à la fois du gaz carbonique et les éléments azotés, phosphatés et silicatés
fournis en grande partie par les apports fluviaux. L'ampleur de ces apports et leur effet de stimulant pour tous les
systèmes biologiques font que les environnements associés aux embouchures fluviales sont parmi les plus
productifs sur le plan biologique de toute la surface terrestre (fig. 1). Dans ces zones estuariennes et deltaïques, la
production de matière organique varie entre 0,3 et 2,5 kg de carbone par an et par m 2 .
PRODUCTION MOYENNE DE MATIERE
Par ailleurs, les deltas des fleuves importants se trouvent souvent dans des régions à forte subsidence. Cette
subsidence a pour effet d'engendrer des accumulations détritiques sur des grandes épaisseurs et par ce fait,
d'augmenter le potentiel pétrolier. Les exemples étudiés de deltas anciens montrent en général des accumulations
de plusieurs milliers de mètres de sédiments argilo-gréseux, déposés pendant des intervalles très brefs à l'échelle
des temps géologiques. Les deltas néogènes (Gulf Coast, Niger) illustrent ce type de conditions où la subsidence et
les apports ont été très actifs pendant un intervalle de temps très court.
GÉNÉRALITÉS SUR LES DELTAS
Selon la définition ancienne (le terme était utilisé pour le delta du Nil par les savants grecs), un delta est l'entité
géomorphologique créée par une rivière dont le cours inférieur bifurque en deux ou plusieurs bras secondaires qui
formeront autant d'embouchures distributaires se jetant, soit en mer, soit d a n s un lac. Le terme « delta » rappelle
la lettre grecque qui figure cette morphologie.
Cette définition regroupe cependant des objets sédimentaires et dynamiques très variés et dont une multitude
de facteurs (régime fluvial, régime marin, marée) contrôle les différents types actuellement caractérisés et de
nombreuses « variantes » souvent mal reconnues. Pour le sédimentologue, le terme delta évoque donc
essentiellement l'ensemble des sédiments associés à une embouchure fluviale.
U n delta est en fait un environnement complexe qui rassemble un certain nombre de caractéristiques
sédimentaires dont aucune prise individuellement n'est spécifique d'un delta. Par exemple, les éléments
constitutifs tels que chenaux, barres, cordons, dunes, marais, etc., peuvent individuellement se trouver en dehors
de tout contexte deltaïque. Un bref aperçu historique des travaux faits sur les deltas modernes permettra de mieux
faire comprendre cette complexité.
Les premières études modernes mentionnant les termes de « delta » et de « sédimentation deltaïque »
semblent attribuables au géologue néerlandais V A N de K A M P ( 1 7 9 3 ) et portaient sur le delta pléistocène de la
Colorado River (Salton basin). A partir de cette date, les études les plus marquantes furent celles de
G I L B E R T ( 1 8 9 0 ) qui le premier étudiait l'aspect géométrique des dépôts deltaïques de la rivière Provo dans le lac de
Bonneville (Utah); et en France les travaux de F A Y O L ( 1 8 9 0 ) , de L A P P A R E N T ( 1 8 9 2 ) et H A U G ( 1 9 1 1 ) qui avaient
étudié et reconnu des environnements deltaïques dans les sédiments anciens. En 1 9 1 2 , BARELL, travaillant sur les
deltas dévoniens de l'État de New-York, a défini de manière très précise certains termes toujours utilisés (bottom
set, foreset et top set beds). Il fut le premier à montrer l'influence des processus dynamiques marins et fluviaux
dans la morphologie et la distribution des dépôts. Par la suite, de nombreuses études apporteront la connaissance
géologique de base des deltas du Rhône, du Nil, de la Fraser River et de la Colorado River principalement.
Cependant, à partir de 1930, le modèle deltàique moderne sera créé grâce à l'étude du delta du Mississippi et de
l'immense plaine côtière de la Louisiane et du Texas. Les auteurs sont très nombreux, citons T R O W B R I D G E ( 1 9 3 0 ) ,
BARTON ( 1 9 3 0 ) , RUSSEL ( 1 9 3 6 ) , M C K E E ( 1 9 3 9 ) qui firent les premières études détaillées. L'étude du delta du
Mississippi prendra toute sa valeur exemplaire après les travaux de FISK ( 1 9 4 4 - 1 9 6 0 ) , W E L D E R ( 1 9 5 9 ) et
S C R U T T O N ( 1 9 6 0 ) . A partir de 1 9 5 5 , d'autres grands deltas sont étudiés : Niger, Nil, Sénégal, Rhône, Mékong,
Burdekin, et les travaux de V A N STRAATEN ( 1 9 6 1 ) , K R U I T ( 1 9 5 5 ) , J. R. L . A L L E N ( 1 9 7 0 ) , mettront en évidence la
grande variété des types de sédimentation deltaïque.
Dans les années récentes, les méthodes de sédimentologie moderne (datation C 1 4 , biostratigraphie) seront
appliquées à l'étude du delta du Mississippi par G O U L D , C O L E M A N , G A G L I A N O , V A N STRAATEN et W R I G H T dont
les travaux permettront de retrouver la paléogéographie et l'histoire sédimentaire de l'appareil deltaïque depuis
l'Holocène.
Une série de publications éditées entre 1965 et 1970 par différents organismes ou sociétés géologiques, montre
l'élargissement des études sédimentologiques modernes à de nombreux deltas, bien que statistiquement le modèle
« mississippien » reste le plus étudié et le plus fréquemment employé pour la comparaison avec les séries
anciennes. T o u s ces travaux indiquent l'importance des facteurs dynamiques externes (tels que climat, régime
fluvial ou marin, etc.) dans la répartition verticale et latérale des corps sédimentaires constituant « l'appareil
deltaïque ».
Dans un premier temps, les deltas n'avaient été caractérisés que par des comparaisons morphologiques de
leurs lignes côtières en relation avec les conditions physiques du bassin récepteur [classification de B E R N A R D
(1965), o u d e VOLKER ( 1 9 6 6 ) ] .
On reconnaissait alors :
— Les deltas de type allongé (elongate) : Mississippi
— les deltas de type lobé (lobate) : Nil
— les deltas de type arqué (cuspate) : Pô.
Par ailleurs COLEMAN et GAGLIANO (1965) proposaient un type de classification en différenciant :
— les deltas fortement constructifs : Mississippi
— les deltas constructifs : Niger
— les deltas destructifs : Rhône
— les deltas fortement destructifs : Sao Francisco River.
C Galloway 1975 ]
MAHAKAM
FLUVIAL
Ces termes désignaient respectivement les processus de constructions sédimentaires (apports fluviaux) et de
remaniements des sédiments (houle et marée).
Un ouvrage synthétique publié en 1975 sous le titre « Deltas » par la Houston Geological Society présente
la mise au point globale la plus complète sur les deltas actuels et anciens. On y trouve notamment une
classification génétique des deltas modernes (GALLOWAY) en 3 types selon la prédominance des processus de
houle, de marée ou des apports fluviaux (fig. 2).
Chacun de ces processus crée des phénomènes sédimentaires caractéristiques qui engendrent une
morphologie typique, selon la prédominance de l'un d'entre eux :
— la prédominance de la dynamique fluviale engendre un delta de type « patte d'oiseau » (bird foot) avec
construction d'un chenal distributaire bordé de levées et accumulation importante de sable à l'embouchure
(stream mouth bars) : delta du Mississippi,
— la prédominance de la marée induit des embouchures évasées de type estuarien avec d'importants « replats
de marée » (t ici al flats) et barres sableuses rectilignes dans l'embouchure (tidal bars) : delta du Gange,
— la prédominance des effets de houle engendre une dérive littorale de part et d'autre de l'embouchure et a
pour effet de créer des cordons littoraux parallèles à la côte (beach accretion ridges) : delta du Rhône.
Le chapitre qui suit présente une synthèse résumée des éléments géologiques constituant la sédimentation
deltaïque, leurs superpositions latérales ou verticales ainsi que l'évolution des voies de recherche ayant abouti à la
connaissance globale des systèmes deltaïques accessibles à ce jour.
L'entité géologique d'un appareil deltaïque peut se préciser selon les différents aspects retenus pour en faire
l'étude. Le plus riche est celui des environnements, c'est-à-dire des aires géographiquement distinctes et
possédant une unité hydrodynamique, écologique et sédimentaire. Selon cette notion, un delta se compose de
(fig. 3) :
— un appareil collecteur composé du bassin versant et de son réseau hydrographique aboutissant au
distributeur principal (cet ensemble est situé « en amont » du delta, mais la transition entre cet environnement à
caractère fluvial et le delta est souvent graduelle) ;
— le delta lui-même composé d'une plaine deltaïque, partie subaérienne souvent divisée en deux zones dans
les deltas à influence de marée : la plaine deltaïque supérieure (alluvial delta plain ou upper delta plain) où l'influence
des facteurs marins n'est que peu sensible, et une plaine deltaïque inférieure (lower delta plain), zone où l'influence
marine est relativement marquée. La plaine deltaïque s'arrête à la limite géographique de la ligne de côte. Cette
plaine deltaïque inférieure est en général en continuité topographique avec la zone d'estran (intertidal zone) où les
sédiments sont soumis à l'influence marine (marée, vagues, houle, courants). La zone marine adjacente à la plaine
deltaïque a reçu divers qualificatifs, on parle souvent de front de delta bien que les termes de delta-front ou delta
front platform soient universellement employés. Cette zone bordière, généralement peu profonde, se prolonge en
mer à des distances variables (0-50 km) selon l'amplitude des facteurs qui en conditionnent l'existence (apports
fluviaux, intensité de l'action marine, subsidence, etc.). Elle se termine généralement par un talus deltaïque, zone
pentée (1-10°) faisant la liaison avec le fond de la mer régional. Ce talus est le plus souvent appelé prodelta bien que
dans la littérature anglo-saxonne le terme de delta-front soit aussi employé.
La confusion possible entre ces termes qui ont été utilisés différemment selon les auteurs a souvent compliqué
la compréhension et la comparaison des deltas modernes et anciens. Malgré tout, cette grande variété de termes
descriptifs est plausible dans la mesure où ils permettent d'illustrer des types de deltas ayant des environnements
bien individualisés. La figure 3 résume les termes et les définitions qui seront employés dans l'étude du delta de la
Mahakam. Ils doivent donc être compris dans leur sens descriptif, et ne pas être systématiquement appliqués à
tout delta avant d'en connaître la nature géologique. Il faut notamment tenir compte de la grande variabilité des
deltas quant à leurs dimensions et leurs caractères sédimentaires.
SCHEMA MORPHOLOGIQUE GENERAL D'UN
zone supratidale
plaine mer
zone intertidale jjasse mer
-fluviale-
zone subtidale
P L A I N E D E L T A Ï Q U E
LIMITE DE LA VEGETATION
HALOPHILE
• E L T A
plateau
continental
Par exemple, dans certains deltas, il sera très difficile de distinguer entre une plaine deltaïque supérieure et
inférieure ou encore entre un delta-front et un prodelta. En effet, les deltas à très forte influence de marée (exemple
le Gange), se marquent par une absence de talus sous-marin au large du delta-front. Néanmoins, la distinction
fondamentale entre la partie terrestre du delta (la plaine deltaïque) et la partie marine (ou lacustre), c'est-à-dire le
delta-front, sera toujours un « repère » géologique important à cerner.
• La recherche sur les deltas anciens, si elle se heurte au problème de la reconnaissance ou de la détermination
précise des environnements, a permis cependant d'aborder l'étude de la sédimentation deltaïque sous des aspects
plus simplifiés, en raisonnant par exemple en termes de géométrie des corps sableux, ou en termes de séquences
sédimentaires. Ainsi les corps sableux ont pu être classés en deux types fondamentaux (fig. 4).
— Les corps sableux « en chenaux » caractérisés par un contact basai net voire érosif, une sédimentation
sableuse assez massive, et un contact supérieur généralement progressif vers des argiles.
- Les corps sableux « en barres » caractérisés par un contact basai progressif et enrichissement du sédiment
en sable vers le haut, sédimentation à alternances argilo-sableuses, et souvent contact supérieur net avec les argiles
coiffant le corps sableux.
COUPE SCHEMATIQUE DE SEQUENCES SABLEUSES
-Flg.4.
Ces notions qui décrivent des schémas caractéristiques aisément reconnaissables en diagraphies électriques
ont été rapidement étendues à des séquences verticales de dépôts deltaïques et celles-ci sont interprétables en
termes de géométrie ou d'environnement. On observe ainsi :
— les séries coarsening-up et thickening-up dans lesquelles on rencontrera des séd'ments de plus en plus
grossiers vers le haut, avec diminution du pourcentage d'argile, épaississement des bancs individuels de grès dans
les alternances argilo-gréseuses. De telles séquences, développées sur 10 à 1 000 m d'épaisseur sont souvent
assimilées à des épisodes de progradation du delta avec subsidence, et donc à des périodes de régression relative :
- les séries fining-up et thinning-up dans lesquelles on rencontrera des sédiments de plus en plus fins en
remontant les séquences ; le pourcentage global d'argile augmentera vers le haut, la fréquence des interlits
argileux également. Ces séquences peuvent elles aussi s'accumuler sur des épaisseurs variables et indiquer une
phase d'abandon du système deltaïque et de transgression marine.
Fréquemment, dans un même système, les séquencesJining-up se développent sur des épaisseurs moindres que
les séquences coarsening-up, car l'apport de sédiments par unité de temps est généralement moindre en période
transgressive.
LE BASSIN PÉTROLIER DE LA MAHAKAM
Les premières découvertes d'huile dans le bassin de Kutei sont antérieures à 1880 et correspondent à des
indices de surface parfois importants (autour de la structure de Sanga Sanga) (fig. 5).
Dès 1897, des forages peu profonds indiquaient la présence d'huile en quantité commerciale sur la structure de
Louise, prolongement sud-ouest du champ actuel de Sanga Sanga. La prospection sur indices superficiels
associés à des structures anticlinales visibles en surface, conduisait rapidement à la découverte d'autres champs.
ceux de Klandasan (à l'emplacement de la ville actuelle de Balikpapan)en 1898, de Semberah en 1906 et Samboja
en 1911. Simultanément, l'extension de la découverte de Louise aboutissait au développement des champs de
Muara et Kutei Lama. Ces découvertes, mises en production allaient permettre à la Société Shell d'étendre son
domaine d'investigations loin de sa contrée d'origine, la zone de Brunei située au N W de l'île de Bornéo.
D'autre part, les découvertes d'huile à Tarakan (1899), Pulau Miang (1900) et Bunyu (1929), toutes trois
situées dans le bassin de Tarakan, au-delà du pointement de la ride de Mangkalihat, montraient le grand intérêt
pétrolier de côte est de Kalimantan (fig. 9 et 10).
Les découvertes à terre aboutissaient ensuite à la mise en production des champs de Kariorang en 1937,
Tanjung en 1939 (situé dans le bassin de Barito) et au développement de la structure de Sanga Sanga qui
produisait 9 500 B O P D (*) en 1922. En 1949, le champ de Sangatta était développé, mais la production de pétrole
du bassin de Kutei allait se stabiliser autour de 15 000 B O P D jusqu'à l'apparition des techniques de forage
offshore.
Il faut remarquer qu'après plusieurs décennies de production, certains de ces champs produisent encore de
l'huile à l'heure actuelle, ainsi Samboja, Sanga Sanga et Semberah (quelques centaines de BOPD).
L'exploration en mer commencée en 1966 par Pertamina et Japex aboutissait, dès 1968, à la découverte du
champ d'Attaka par Union Oil dans des sédiments tertiaires de type deltaïque au large du delta actuel de la
Mahakam (production actuelle supérieure à 100 000 BOPD). Le rythme des découvertes sera rapide, ainsi les
champs de Badak (1971), Melahin (1971), Bekapai (1972), Sepinggan (1973) et Handil (1974) allaient très vite
permettre à la production du bassin de Kutei d'atteindre 350 000 B O P D (fig. 5).
Après plusieurs puits d'exploration sans succès, Total Indonésie, qui avait commencé son exploration en 1971
dans le permis marin Mahakam, allait faire d'importantes découvertes en association avec Japex et Pertamina.
Ainsi, les gisements de Bekapai (production actuelle 50 000 BOPD), de Tanjung Bayor, Panjilatan (extension en
mer de la structure de Badak), de Tambora puis Handil (production actuelle 180 000 BOPD) allaient placer la
filiale de la Compagnie Française de Pétroles en tête des productions pétrolières en mer en Indonésie. Cette zone
du bassin sédimentaire de Kutei reste encore une des plus prospectives en Indonésie et les découvertes récentes
des gisements de Tengah (1975) et Yakin (1976) par Union Oil le prouvent.
Les premiers forages d'exploration entrepris par Union Oil autour de la structure d'Attaka ont indiqué la
présence de sédiments argilo-sableux côtiers alternant souvent avec des bancs de charbons ou de petits intervalles
carbonatés. Ainsi, la formation des Fresh Water Sands reconnue à Attaka, Tanjung Bayor et Bekapai montre-
t-elle une succession de bancs sableux d'épaisseur très variable et extrêmement discontinus latéralement. Les
argiles encaissantes sont d'origine peu profonde et pauvres en faunes marines. A l'inverse, l'absence de sédiments
typiquement fluviatiles et la monotonie de faciès des intervalles détritiques suggèrent la persistance de conditions
« deltaïques », c'est-à-dire, côtières à influence marine modérée avec apports détritiques fluviatiles importants.
Au fur et à mesure de l'exploration, les nombreux puits forés au large du delta ont montré que les sédiments
sous leur aspect « deltaïque » étaient présents sur plus de 3 000 m et qu'ils se répartissaient autour du delta actuel
comme le montre la figure 6. On y remarque que l'aire d'extension de ces sédiments (visualisée ici en courbes de
pourcentage sableux) est légèrement plus grande que celle du delta actuel. Cependant, sur les 2 500 m forés en
moyenne à chaque puits, on observe que le delta tertiaire semblait situé au même emplacement que le delta actuel.
Sans identifier directement la sédimentation actuelle à celle des dépôts miocènes, il apparaît, au seul vu des
colonnes lithologiques des puits, que la sédimentation détritique en milieu marin peu profond a été permanente
Les différents puits forés par Total Indonésie autour du delta de la M a h a k a m (Bekapai, Tanjung Bayor,
Marangkayu, Panjilatan, Tambora puis Handil), permettaient déjà, par la comparaison des séquences
sédimentaires d'esquisser une évolution régionale des conditions « deltaïques » autour de l'appareil distributeur
du fleuve Mahakam. En effet, les réservoirs rencontrés à Bekapai ou Marangkayu sont en général peu épais
malgré des épisodes chenalisants fréquents et sont associés à des calcaires en bancs fins ou récifaux (patch-reefs) et
présentent le plus fréquemment des séquences coarsening upward de type barre. En se rapprochant du delta
actuel, les séries sableuses montrent des phases bien développées (formation des Fresh Water Sands) où d'épais
réservoirs (jusqu'à 40 m) chenalisants viennent entailler des intervalles de barres moins épaisses.
Les argiles organiques et les charbons sont fréquents et permettent de définir des marqueurs sédimentologi-
ques bien caractérisés. Les épisodes sédimentaires élémentaires peuvent être bien reconstitués et corrélés grâce à
ces nombreux bancs de charbon. Il en est de même pour les réservoirs sableux bien caractérisés par leur géométrie
en trois dimensions autant que par leurs séquences sédimentaires.
Ainsi, les études portant sur les séries tertiaires devenant plus précises, il est apparu que le delta actuel pouvait
fournir un exemple « vivant » d'un type de sédimentation deltaïque. L'agencement individuel et l'organisation
d'ensemble des réservoirs sableux pouvaient être observés et interprétés en liaison avec les processus
sédimentaires agissant d'amont en aval du système alluvionnaire, et de ce fait, l'étude du « delta » ancien serait
facilitée.
L'intérêt pétrolier d'une telle étude était donc très important, aussi bien pour la reconnaissance des
environnements sédimentaires des séquences miocènes, que pour la bonne connaissance de la géométrie des
réservoirs sableux qui montrent, comme à Handil par exemple, une grande complexité individuelle.
OBJECTIFS DE L'ÉTUDE ET D É R O U L E M E N T DES TRAVAUX
Objectifs de l'étude.
L'étude d'un bassin sédimentaire actuel consiste avant tout à définir les relations de cause à effet entre les
processus dynamiques, les environnements de sédimentation ainsi que la nature et l'étendue des accumulations
sédimentaires. Tout l'intérêt de telles études tient dans le fait qu'il est possible de saisir ainsi « sur le vif», le
fonctionnement d'un « modèle sédimentaire » et de comprendre les mécanismes régissant les différents types
d'accumulations. Ces modèles de sédimentation actuelle peuvent ensuite être utilisés pour la reconstitution des
milieux de dépôts anciens. Le raisonnement géologique consistant généralement à analyser les ressemblances et
les différences entre les modèles « actuels » et anciens.
Cette méthodologie a été utilisée fructueusement, depuis quelques décennies, pour l'étude des deltas anciens.
Cependant, les seuls deltas modernes bien étudiés étaient le Mississippi et le Niger et l'on essayait
systématiquement de faire correspondre les deltas anciens à ces modèles. Or des travaux récents ont montré
l'existence d'une variété de types de deltas liés aux paramètres environnementaux (houles, marée, apports
fluviaux) décrits dans le chapitre précédent. Parmi ces types de deltas, ceux à dominante de marée ont été très peu
étudiés. Seuls quelques exemples ont été décrits sommairement : Klang River (Malaisie), Irrawaddy (Birmanie),
Fly River (Nouvelle-Guinée, Indonésie). En particulier, à ce jour, la stratigraphie interne et la géométrie des corps
sableux de ce type de delta n'ont fait l'objet d'aucune recherche approfondie.
Le delta de la Mahakam est un exemple où les influences du fleuve et de la marée se combinent. De ce fait, son
étude s'est révélée particulièrement intéressante ; elle avait pour but de reconnaître les mécanismes d'accumula-
tion des sédiments et d'esquisser un « modèle sédimentaire ». Ce modèle devant relier les processus
sédimentologiques et la nature des séquences constituant le delta.
Les objectifs spécifiques qui ont déterminé l'organisation des travaux étaient :
1° l'étude de la répartition spatiale des entités sédimentaires en liaison avec les processus dynamiques,
2° la définition de critères de reconnaissance des entités caractérisant les environnements, et la nature de leurs
contacts latéraux et verticaux,
•3° la description de l'évolution géologique du delta depuis la transgression holocène et la nature des
séquences lithologiques déposées.
L'étude du delta de la Mahakam a été faite à la demande de Total Indonésie. Les travaux géologiques ont été
organisés et réalisés sur le terrain par Total Indonésie et le Centre National pour l'Exploitation des Océans
( C N E X O ; U n i t é Littoral); les analyses furent effectuées en grande partie au laboratoire central de la C.F.P. à
Bordeaux.
Trois missions ont été organisées dans le cadre de l'étude. Elles se sont déroulées en 1974, 1975 et 1976 et
correspondaient à des phases distinctes de l'étude. Les zones d'étude sont représentées sur la figure 7.
•ELTA de la MAHAKAM
Zones d'études
Phase I I 1 1974
P h a s e 11 1975
Sondages j •
1
Phase III • 1976
0 10 20 km
Fig.7
Zone
Les travaux devant se faire avec du matériel léger (pour des raisons de logistique), il fut procédé à des séries
d'échantillonnages de surface, à terre (prélèvements), en rivière ou en mer (dragages) et à des carottages peu
profonds avec un matériel aisément transportable (carottier à percussion ou tubes plastiques enfoncés à la main).
Pour compléter ce travail, des prélèvements d'eau et des profils bathymétriques ont été effectués sur chaque site
choisi et de manière extensive dans tout le delta (fig. 8). L'historique résumé de ces missions est le suivant :
Reconnaissance superficielle générale dans le delta, localisation des grandes unités sédimentaires et sélection
de sites représentatifs en vue d'une étude par sondages et carottages. Des prélèvements d'eau (120 échantillons),
de sédiments (360 échantillons), des observations et mesures sur le terrain ont constitué l'essentiel de la mission
(carte 1).
Après la reconnaissance générale, il s'est avéré nécessaire de détailler la géologie sédimentaire des principaux
environnements et de délimiter l'extension latérale et verticale des corps sableux. Pour ce faire 17 sondages furent
effectués, soit avec une tarière à terre, soit avec un matériel de carottage monté sur une barge légère qui permettait
de se déplacer aussi bien en rivière qu'en mer. L'étude fut essentiellement localisée autour du bras distributaire
d'Handil qui fut étudié d'amont en aval jusqu'au talus du prodelta (fig. 7).
D'autre part, 180 échantillons de surface furent prélevés, ainsi que de nombreux échantillons d'eau et de
plancton. Parallèlement à ces travaux, un échantillonnage de sédiments fut effectué par un géochimiste de
l'Université de Strasbourg (M. D A S T I L L U N G ) en vue de faire une étude géochimique sur les sédiments actuels
(carte 1).
Les résultats de cette mission sont :
• l'établissement d'une carte détaillée des sédiments superficiels du distributaire d'Handil (au 1/25 000);
• l'examen détaillé de la géométrie tridimensionnelle des principaux types de corps sableux ;
• la reconnaissance des évolutions sédimentaires le long d'un chenal distributaire en fonction des processus
dominants ;
• la détermination de l'évolution verticale et latérale des séquences sédimentaires sur toute l'épaisseur du
delta actuel et leur liaison avec la progradation des dépôts deltaïques post-holocènes.
Ces études et leurs conclusions ont fait l'objet d'un rapport d'étude sédimentologique et d'un rapport de
description des carottes.
Cette dernière campagne avait principalement pour objet d'évaluer l'étendue et la continuité latérale des
accumulations sédimentaires déjà étudiées, notamment dans la plaine deltaïque où une série de sondages à la
tarière effectués sur des sites terrestres complétait les prélèvements d'échantillons de surface. Elle a été limitée à
quelques sites peu explorés auparavant, tels que la zone interdistributaire de la région de Tanjung Bayor, le
prodelta et les chenaux de marée (fig. 7).
Au total, 27 sondages à la tarière ont été effectués autour du distributaire d'Handil et dans la plaine deltaïque
située plus au Nord.
Enfin, quelques échantillons ont été prélevés lors de forages plus profonds, effectués pour une étude sismique
dans la zone de Handil. Les résultats de cette campagne ont été intégrés aux descriptions géologiques et aux
schémas évolutifs déjà établis sous forme de coupes représentant l'extension longitudinale et latérale des
principales accumulations sédimentaires.
La figure 8 illustre les techniques et le matériel employés lors de ces campagnes, pour l'échantillonnage des
sédiments. L'exploitation des informations acquises s'est faite à la suite de l'étude des échantillons au Laboratoire
de Bordeaux.
Les analyses faites sur les sédiments de surface et les carottes comprenaient :
• des granulométries globaies et partielles (fractions fines et grossières) ;
• l'étude pétrographique des constituants ;
• la description visuelle des carottes ;
• la détermination des minéraux lourds ;
• la détermination des microfaunes (Ostracodes, Foraminifères) ;
• les teneurs en carbone organique.
Fig. 8. — M é t h o d e s d ' é c h a n t i l l o n n a g e s d a n s le delta de la M a h a k a m .
Le delta de la M a h a k a m est situé sur la côte est de Kalimantan (fig. 9 et 10), partie indonésienne de Bornéo,
entre 0°21' et 1°10' de latitude Sud et entre 117°15' et 117°40' de longitude Est. D'une surface approximative de
5 000 km 2 , il est édifié à l'embouchure de la rivière Mahakam. Comme tous les deltas modernes, il s'est développé
depuis la transgression holocène ; l'épaisseur maximum des dépôts est de l'ordre d'une cinquantaine de mètres et
ceux-ci font suite à d'autres dépôts de type estuarien et deltaïque remontant au moins jusqu'au Miocène moyen.
Cette frange côtière de Bornéo est orientée NNE-SSW. Elle borde le détroit de Makassar, large de 200 km,
profond parfois de 2 000 m, qui sépare le Kalimantan des Célèbes (Sulawesi). Le plateau continental, large de 20 à
60 km, descend progressivement jusqu'à 200 m, puis plonge brusquement à plus de 1 000 m. On constate une
forte asymétrie entre la côte est du Sulawesi, pratiquement dépourvue de plateau continental et celle du
Kalimantan qui fait face. Le plateau se poursuit au Sud par la plate-forme Paternoster, large de plus de 200 km et
d'origine structurale. Au large du delta actuel, la limite du plateau continental dessine une protubérance qui
s'étend sur 50 km, témoin possible de dépôts deltaïques anciens.
Le bassin équatorial de Kutei (environ 75 000 km 2 ), est équivalent à celui de la Seine. Il est drainé par la rivière
Mahakam, limité au Nord par la ride de Mangkalihat, à l'Ouest par le bombement de Kuching et le bouclier de la
Sonde et au Sud par les monts Meratus. Ces massifs montagneux qui culminent entre 1 200 et 2 000 m sont
constitués généralement de roches cristallines, métamorphiques et volcaniques, roches qui sont à l'origine du
matériel clastique s'accumulant dans le delta (fig. 10).
Ainsi délimité, ce bassin a vu se déposer depuis le Tertiaire plus de 8 000 m de sédiments. Il s'agit en majorité
de clastiques sédimentés en milieu continental, deltaïque ou côtier, mais également de calcaires récifaux et
d'argiles franchement marines.
Les sédiments argilo-détritiques côtiers sont accumulés sur plusieurs milliers de mètres dans le bassin de la
M a h a k a m ainsi que le montrent les forages réalisés à la verticale du delta actuel. Sur une épaisseur d'environ
2 500 m de dépôts deltaïques, alternent les épisodes d'avancée et de recul du delta. La plupart de ces épisodes sont
bien caractérisés par la nature et la géométrie des corps sableux. Ils sont d'autre part bien limités
stratigraphiquement par des bancs de charbons isolant de véritables cyclothèmes. L'analyse des séquences de
dépôt montre l'évolution des conditions sédimentaires. Par exemple, d'importants épisodes « continentaux »
marqués par l'abondance du charbon sont suivis par des intervalles où dominent les barres sableuses minces et où
le charbon est quasi-absent, reflétant un environnement plus « estuarien ».
Ainsi à Handil, sous le delta actuel, ces épisodes deltaïques se développent de - 3 000 m à - 1 400 m et sont
suivis par des intervalles à nette influence de marée de - 1 400 m à - 1 000 m. Tous ces niveaux appartiennent
au Miocène moyen et supérieur. Lors de la structuration, une partie importante du Miocène supérieur fut érodée
et les couches du Pliocène et du Pleistocène de type fluviatile et deltaïque reposent en discordance. La partie
supérieure de ces dépôts est, par contre, en continuité sédimentaire avec les horizons holocènes et ce, jusqu'à la
dernière transgression.
Enfin, l'intervalle sédimentaire représenté par le delta moderne débute vers - 50 m par les argiles holocènes.
Un horizon rubéfié rencontré dans certains forages de géotechnique vers - 45 m pourrait représenter la
discordance holocène, sur laquelle sont déposés les sédiments de prodelta, delta-front et plaine deltaïque.
Les sédiments deltaïques actuels ne forment donc qu'une tranche minime dans le bassin de Kutei, mais leur
nature, leur répartition et le « cyclothème » actuel qu'ils représentent, s'intègrent bien dans l'histoire sédimentaire
de ce bassin.
Plusieurs études de synthèse régionale ont été effectuées ces dernières années par les géologues de Total
Indonésie et de Pertamina.
Socle pr4t«rtlolr«
Bassin versant
de I» Mahékam
Delta
de la Mahakam
Bassin
de Barito PLATEFORME
PATER NOSTER
iatasMF
200
ooo
- F i g . 10-
KALIMANTAN et SULAWESI
Cadre Géographique et: Structural
Par sa surface, par l'épaisseur de ses dépôts et leurs faciès, ainsi que par sa structuration, un tel bassin ne
pouvait qu'être favorable à l'accumulation d'hydrocarbures (fig. 10 et 11). C'est ainsi qu'une dizaine de champs
ont été mis en évidence, le premier, Sanga-Sanga dès 1897, le dernier, Handil en 1974 (fig. 5). Ces champs se
trouvent répartis sur les axes hauts, sub-parallèles, d'un vaste anticlinorium, s'étendant sur 200 kilomètres du N E
au S W et large d'une centaine de kilomètres du N W au S E. La production de pétrole, cumulée jusqu'à la fin de
1977 atteignait 80.10 6 t. (Bull. A.A.P.G. Oct. 1978).
DELTA de la MAHAKAM
Image Radar Z 5 10 15 20 k m
-Fig.11-
M O R P H O L O G I E G É N É R A L E DU DELTA
L'ensemble du delta actuel de la M a h a k a m s'étend sur près de 5 000 km 2 et forme un système où l'on peut
facilement individualiser les trois unités d'environnements décrites précédemment (fig. 11 et 12).
— une plaine deltaïque (environ 1 300 km 2 ), constituant la partie émergée du delta ;
— un delta-front (environ 1 000 km 2 ), plate-forme recouverte par la mer et en partie émergée à marée basse ;
— un prodelta (environ 2 700 km 2 ), partie externe de la plate-forme, constituée d'une pente assez raide (0,5°-
10°) limitant vers le large le delta proprement dit.
MORPHOLOGIE GENERALE
DU DELTA D E LA MAHAKAM/
.Fig.12
2 0 km
SANGA SANGA
distributaire
<dis*rîbut<«' e
La plaine deltaïque.
Elle représente la partie aérienne du delta, recouverte par une végétation extrêmement dense. Elle dessine un
éventail très caractéristique, limité en amont par l'apex du delta (Sanga-Sanga), et circonscrit latéralement par
deux distributaires fluviaux, celui de Handil au Sud et celui de Badak au Nord. Sa limite extérieure est marquée
par la ligne de côte nettement dessinée par la limite aval de la végétation. La topographie générale de cette plaine
deltaïque est très plate, la pente moyenne n'est que de 0,1 % et la transition externe avec la plate-forme du delta
front n'est pas marquée par un rebord topographique. La plaine deltaïque est entaillée par de nombreux chenaux,
de deux origines distinctes :
— les chenaux de marée : ils évacuent l'eau de mer qui inonde la plaine deltaïque à marée haute, ils sont très
méandriformes et ne sont généralement pas reliés au système distributaire.
Les caractéristiques sédimentologiques de ces deux types de chenaux sont détaillées plus loin.
A l'intérieur de l'éventail formé par la plaine deltaïque, plusieurs domaines peuvent être définis, en fonction de
la répartition des chenaux distributaires : deux zones distributaires au Nord et au Sud et une zone
interdistributaire au centre du delta, où il n'y a que des chenaux de marée.
Fig. 14. — Vues d e la plaine deltaïque.
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Vue a é r i e n n e d e la plaine d e l t a ï q u e avec un d i s t r i b u t a i r e rectiligne et Vue aérienne à basse altitude de la plaine d e l t a ï q u e tidalc. avec sa
un c h e n a l de m a r é e très m é a n d r i f o r m e . dense végétation de N i p a h N i p a h et des petits c h e n a u x de marée.
— Zones distributaires.
Elles forment deux secteurs distincts qui regroupent la totalité des chenaux distributaires. Le secteur sud, le
plus important, est formé par un système de 5 bras distributaires qui divergent à partir de Sanga-Sanga. Le
second, situé au Nord, comprend 4 bras distributaires. Celui du Sud a été étudié en détail ; on distingue une plaine
deltaïque supérieure et une plaine deltaïque inférieure également recoupées par les chenaux distributaires et
incisées par des chenaux de marée. La topographie de la plaine deltaïque est très régulière, et au contraire des
deltas à prédominance fluviale, e montre pas de bourrelets alluviaux (natwal levees).
Elle s'étend dans la partie amont du delta et occupe environ 25 % de la superficie de la plaine deltaïque. Elle
n'est pas recouverte par la marée haute en conditions normales (sauf quelquefois par an aux plus fortes
marées et en période de crue), et forme une plaine surélevée de 0,5 à 1,5 m par rapport au niveau des pleines mers.
La végétation, très dense, est composée pour 60 % environ d'espèces arborescentes fortes (palétuviers, banyans),
et pour 40 % d'espèces végétales de marécages tropicaux (palmiers, nipah-nipah). Cette plaine supérieure est
formée d'argile compacte à laquelle le sol de végétation tropicale humide se mélange en constituant un ensemble
hétérogène très riche en débris végétaux de toutes tailles et origines.
La transition vers l'aval entre la plaine supérieure et la plaine inférieure est très progressive et se fait sur
plusieurs kilomètres le long du système amont-aval. La caractéristique de cette plaine inférieure est d'être
recouverte périodiquement par la marée, la partie la plus basse étant pratiquement inondée à chaque marée
haute. Les caractères géographiques et écologiques de cette zone reflètent les conditions particulières du milieu.
La plaine est un marais où la végétation prédominante est celle des palmiers nipah-nipah vivant sur un substratum
d'argiles peu compactes, souvent surmontées d'une pellicule de vase organique fixée par les racines végétales.
L'activité biologique d'organismes fouisseurs (crabes) est intense (fig. 14).
On remarque dans la partie la plus aval de la plaine, une végétation de mangrove à palétuviers qui colonise
rapidement les vasières ceinturant la plaine deltaïque. Ces zones de mangrove se distinguent aisément de celles à
palmiers nipah-nipah et permettent de localiser les aires de progradation active. Par la suite, celles-ci sont
progressivement envahies par les palmiers nipah-nipah qui sont l'espèce permanente caractéristique de la basse
plaine deltaïque.
— Chenaux distributaires.
Les chenaux distributaires forment un réseau divergent de rivières d'importance variable. A l'apex du delta, la
rivière Mahakam se scinde en 2 bras principaux, l'un vers l'Est, l'autre vers le Sud. Vers l'aval, tous les 5 à 10 km
environ, les bras se divisent en chenaux secondaires aboutissant à une quinzaine d'embouchures distributaires
dans la basse plaine deltaïque. Ces chenaux sont peu sinueux, de largeur comprise entre 0,2 et 1 km, et de
profondeur variant de 8 à 15 m en amont, et de 3 à 5 m aux embouchures. En plan, ces distributaires ont une
largeur relativement constante d'amont en aval, et s'évasent légèrement près de leurs embouchures.
Comme dans la plupart des chenaux fluviatiles, le thalweg est décentré par rapport à l'axe du chenal. Il est
sinueux et forme à l'intérieur du chenal des méandres de faible amplitude qui permettent l'accumulation de
dépôts sableux dans leurs parties concaves.
Fig. 15. - Vues des e m b o u c h u r e s distributaires de la plaine deltaïque.
Vue aérienne d ' u n e b a r r e de c h e n a l bien d é v e l o p p é e avec un m a r a i s s o m m i t a l Vue aérienne d u n e barre de c h e n a l sableux d a n s l ' e m b o u c h u r e d'un
(Ile de Handil Dua). d i s t r i b u t a i r e ; n o t e r les mégaripples.
Sable p r o p r e à ripples et flasers de d é b r i s ligniteux du s o m m e t d ' u n e b a r r e de Vue à terre de la partie s o m m i t a l e d ' u n e barre d e c h e n a l ; d é b u t de
chenal (lie de H a n d i l Dua). colonisation par un palétuvier.
Vue d ' u n réseau de racines d ' u n palétuvier stabilisant une b a r r e d e chenal et P o u r s u i t e de la colonisation et installation du m a r a i s avec d é p ô t d'argiles,
provoquant le d é p ô t d'argiles.
Dans les embouchures, les chenaux deviennent moins profonds et la dissymétrie transversale remarquée dans
la plaine deltaïque est moins sensible. On y observe des barres sableuses (barres de chenal) développées
longitudinalement (fig. 15).
— Chenaux de marée.
Ils sont très caractéristiques par leur sinuosité importante en amont et leur évasement très prononcé en aval.
Ils forment un réseau régulier de chenaux prenant naissance dans les parties amont de la plaine deltaïque, entre
les chenaux distributaires. Partant d'une largeur métrique, ils s'évasent régulièrement en aval et atteignent parfois
plusieurs kilomètres de largeur à leur embouchure. Ils assurent l'évacuation de l'eau qui envahit la basse plaine
deltaïque à chaque marée. Leur profondeur varie de 2 à 30 m et ils incisent très profondément la plaine deltaïque.
Le thalweg est toujours situé au centre du chenal. Les rives sont en pente très raide, atteignant parfois 30° puisque
l'on observe dans la partie amont de certains d'entre eux une profondeur égale à la largeur. En s'élargissant vers
l'aval, ils deviennent moins profonds et s'ouvrent sur la mer par des embouchures très larges (plusieurs kilomètres
à Muara Bayor), mais peu profondes (3-6 m).
— Zones interdistributaires.
La zone centrale du delta est occupée par une plaine deltaïque interdistributaire. Cette aire couvre environ
25 % de la superficie de la plaine deltaïque. Elle est caractérisée par l'existence d'un réseau dense de chenaux de
marée très méandriformes et parfois anastomosés.
Fig. 16.
VUES AERIENNES D'UN DELTA FRONT DISTRIBUTAIRE
D e l t a - f r o n t interne d ' u n distributaire. N o t e r l ' a c c u m u l a t i o n d ' e a u t u r b i d e à m a r é e h a u t e (gauche), a u - d e s s u s d u tidal flat argileux, visible à
m a r é e basse (à droite).
Vue. à marée basse, sur une b a r r e sableuse d e Barre sableuse au large d ' u n d i s t r i b u t a i r e a b a n d o n n é ; n o t e r
delta-front. N o t e r les m é g a r i p p l e s et les l'effet d e la houle qui a f a ç o n n é u n e série d e b a r r e s de déferle-
d é p ô t s d'argile p r o v e n a n t de l'eau t u r b i d e ments.
piégée entre les rides.
Aux extrémités des avancées de la plaine deltaïque situées entre les chenaux de marée, des cordons de
« plage » soulignent la progression et l'accroissement des caps. Ces cordons sont constitués de débris de bois plus
ou moins amalgamés à une argile noire très organique. Les processus d'accumulation de ces sédiments sont
détaillés plus loin.
Le delta-front.
Au large de la plaine deltaïque s'étend une plate-forme peu profonde limitée vers le large par un talus débutant
au-delà de la ligne bathymétrique — 5 m. Cette plate-forme, le delta-front, forme une bande côtière de largeur
variant de 3 à 10 km, caractérisée par une bathymétrie très irrégulière, car entaillée par les chenaux qui
prolongent ceux débouchant de la plaine deltaïque (fig. 17 et 18).
Le delta-front peut se subdiviser en un delta-front interne, bande côtière peu développée en largeur (0,1-
1,5 km) et découverte à marée basse (tidalflats) ; et un delta-front externe qui forme la majeure partie de la plate-
forme. Sa morphologie est constituée par une alternance de barres et de chenaux perpendiculaires à la côte. Sa
bathymétrie varie de 0 (limite des basses mers) à — 5 m.
Le prodelta.
Le prodelta représente la partie la plus externe du système deltaïque actuel. Il est limité globalement par les
lignes bathymétriques : — 5 m et — 60 m. Morphologiquement, il se présente comme un talus dont la pente
concave est raide entre — 5 m et — 10 m et diminue rapidement vers sa limite avec le plateau continental.
Cependant, le prodelta ne montre pas partout la même extension. La pente moyenne de ce talus est donc variable.
Par exemple, dans la partie nord du delta, comprise entre les embouchures de Badak et de Tanjung Bayor, la
pente moyenne (calculée entre les isobathes, 5 et 60 m) varie de 0,27 % (Tanjung Badak) à 1,8 % (Muara Bayor).
C'est au large de Tanjung Bayor que cette pente est la plus raide puisqu'elle atteint 8,7 % entre les isobathes —
5 m et — 30 m et diminue ensuite entre — 30 m et — 60 m. Vers le système distributaire sud, la pente du prodelta
varie de 0,3 % (Tanjung Pemaroeng) à 0,18 % (Tanjung Pegah).
L'extension du prodelta est beaucoup plus grande au large du système distributaire sud puisqu'il se développe
sur plus de 30 km alors qu'ailleurs il s'étend sur 5 à 10 km. Sa superficie totale atteint environ 2 700 km 2 , soit plus
de la moitié de celle de tout le delta.
La surface du prodelta est régulière et ne montre pas de discontinuités morphologiques de type chenalisant.
Au large du prodelta, le plateau continental est caractérisé par une morphologie très tourmentée, avec une
succession de hauts-fonds culminant parfois à 30 m au-dessus de la bathymétrie moyenne (carte 2).
La sédimentation deltaïque est avant tout régie par l'interaction des facteurs dynamiques qui déterminent les
processus d'érosion, de transport et de sédimentation. Ces facteurs concernent tous les phénomènes qui agissent
sur la turbulence et le mouvement de l'eau dans le delta et dans la zone avoisinante. 11 s'agit : du climat, des
apports fluviaux et de l'énergie marine (houle et courants). A notre connaissance, aucune étude n'avait été
entreprise sur le delta ou sur le bassin versant avant le début de l'exploration par la C.F.P. en 1972. Depuis cette
époque, quelques recherches ponctuelles ont été effectuées sur la climatologie, la houle et les courants marins.
Il semble qu'à ce jour, aucune mesure des apports fluviaux n'ait été faite, qu'il s'agisse du débit liquide ou
solide. Néanmoins, une estimation de l'ampleur de ces apports peut être obtenue en tenant compte de la superficie
du bassin versant, de la pluviosité et de quelques mesures ponctuelles dans la partie amont du delta.
Le climat.
Une synthèse des connaissances météorologiques disponibles a été effectuée par un bureau d'étude (GLENN,
1970). Les résultats décrits dans les paragraphes suivants sont en grande partie tirés de ce travail.
Le delta est situé à moins d'une centaine de kilomètres au Sud de l'Equateur et se trouve donc soumis à un
climat du type équatorial avec peu de variations saisonnières de température et de pluviosité. Néanmoins, cette
zone est sujette à quelques variations dans le régime des vents en fonction de l'évolution saisonnière des zones
météorologiques de l'Océan Indien et du continent asiatique.
- De mars à mai : période de transition pendant laquelle la zone de haute pression sibérienne migre vers le
Nord tandis qu'une zone dépressionnaire se forme sur l'Asie méridionale. Les vents du détroit de Makassar se
mettent au N-NE. Pendant cette saison, la zone anticyclonique de l'Océan Indien induit parfois des vents de l'Est,
du SE et du Sud. Cette période est la plus calme et les vents les plus faibles.
- De juin à septembre : !a mousson de SE s'installe. Elle provient du développement maximum de
l'anticyclone de l'Océan Indien et les vents du secteur sud prédominent. En cette saison, la force des vents atteint
un maximum secondaire (tableau).
- D'octobre à novembre : période de transition avec des vents de secteur variable. La force des vents est de
nouveau très faible.
D'une façon générale, les vitesses des vents sont toujours très faibles (elles dépassent rarement 10 m/s) et la
zone n'est pratiquement pas soumise à des tempêtes.
Près des côtes, l'influence thermique du continent peut induire des vents locaux atteignant parfois la vitesse
des vents régionaux. Ces vents se manifestent généralement par une brise de mer l'après-midi, et une brise de terre
le matin. Ils sont d'autant plus forts que l'insolation est importante.
Les précipitations sont abondantes et atteignent une moyenne annuelle de 2 230 mm par an sur le delta
(mesures à Balikpapan, à 60 km au Sud).Cette valeur est très élevée par rapport aux moyennes constatées dans le
monde ( C O L E M A N et W R I G H T , 1 9 7 5 ) . Elle est peut-être surestimée parce que mesurée en bordure de la côte. La
pluviosité mensuelle varie quelque peu autour d'une moyenne de 186 mm par mois, distinguant deux « saisons »
(fig. 19). L'une de février à juin, avec des pluies abondantes (12 à 15 jours de pluie par mois) et l'autre, de juillet à
décembre, avec une pluviosité légèrement plus réduite (8 à 10 jours de pluie par mois). Néanmoins, ces variations
sont minimes et il est probable que la pluviosité sur la totalité du bassin versant soit relativement constante tout
au cours de l'année.
Comme c'est le cas dans les zones équatoriales
côtières, la température est constante au cours de
PLUVIOSITÉ MOYENNE A BALIKPAPAN _FIG.I9_ l'année. Les températures moyennes enregistrées à
MOYENNE SUR 43 ANS
( GLENN 1970) Balikpapan varient de 25,5° à 26 °C avec des extrêmes
enregistrés de 19,5° et 33 °C.
Moyenne annuelle : 2230 mm L'humidité atmosphérique est toujours très im-
portante et varie en moyenne entre 77 et 91 %.
~ 200 - Moyenne
mensuelle
M M
Aucune étude n'a été effectuée pour mesurer et quantifier les apports d'eau ou de sédiments par la rivière
Mahakam. Néanmoins, en tenant compte de la climatologie et de la superficie du bassin versant, il est possible
d'estimer l'ordre de grandeur de ces apports.
Le débit liquide est directement fonction de la pluviosité et de la taille du bassin versant. En dehors de toute
considération sur l'évapo-transpiration ou la nature géologique du substrat, une corrélation directe existe entre le
débit fluvial moyen et la taille du bassin (fig. 20). Par ailleurs, les rivières coulant en zone humide tropicale auront
naturellement un débit supérieur, à taille de bassin égale, à celles des zones arides. Si l'on replace la superficie de
drainage de la M a h a k a m (75 000 km 2 ) sur le graphique de la figure 20, on voit que le débit moyen doit se situer
entre 1 000 et 1 500 m 3 /s. A titre d'exemple, le débit moyen de la Seine est de 400 m 3 /s, et celui de la Gironde
d'environ 760 m 3 /s, ces deux rivières ayant des bassins versants de taille analogue à celui de la Mahakam.
Il est plus difficile d'évaluer les apports sédimentaires. L'estimation du volume total des apports, accumulés
depuis la fin de la trangression holocène (environ 5 à 7 000 ans B P) (*) indique un apport annuel équivalent à
environ 8 x 106 m 3 de sédiments. Ce chiffre, qui englobe les apports en suspension (silts et argiles) et ceux en
charriage (sable) équivaut à un apport massique d'environ 6,5 millions de tonnes par an, car la densité des
sédiments récents du delta se situe aux alentours de 1,5 g/cm 3 , soit 0,81 tonnes de sédiments secs par m 3 de
sédiments en place. Cependant, cette valeur est peut-être sous-estimée car le calcul n'inclut pas le volume des
sédiments fins qui se dispersent en mer au-delà du système deltaïque. Au vu du débit fluvial, ce chiffre n'est pas
déraisonnable et se compare favorablement à celui de la Gironde qui, pour un bassin versant de taille comparable
(71 000 km 2 ), mais un débit plus faible (760 m 3 /s), fournit en moyenne environ 2 à 3 millions de tonnes de
sédiments par an.
Il est encore plus difficile d'estimer la proportion entre les apports de sable (transport par charriage sur le
fond) et de vases (transport en suspension). Celle-ci est extrêmement importante pour l'exploration pétrolière, car
La relative constance de la pluviométrie (du moins sur la côte) permet de penser que dans la M a h a k a m les
apports fluviaux (eau et sédiment) s'effectuent de façon plus ou moins continue au cours de l'année, alors que dans
les zones tempérées les périodes de crue se distinguent nettement des périodes d'étiage.
Les principaux facteurs qui agissent sur la dynamique sédimentaire sont la houle, la marée et les courants de
dérive, c'est-à-dire les courants du large qui sont liés à la circulation océanique. D'autre part, les caractéristiques
océanographiques des zones côtières avoisinant le delta (température d'eau, salinité, turbidité, pH, etc.) agissent
sur la productivité biologique et les processus chimiques et peuvent donc influencer la sédimentation.
La houle.
La faiblesse des vents ainsi que l'étroitesse du détroit de Makassar, font que la zone du delta est soumise à une
houle extrêmement faible. En effet, la houle est engendrée par l'action du vent soufflant sur la surface de l'eau.
L'étendue de la surface sur laquelle agit le vent est appelée le « fetch ». Ce paramètre est primordial car
l'amplitude, donc l'énergie, de la houle est directement fonction du fetch, de la vitesse du vent, et de la durée
pendant laquelle il souffle. Ces trois paramètres sont toujours faibles au voisinage du delta de la Mahakam. A titre
d'exemple, la houle agissant sur une côte très battue, comme la côte des Landes en France, est le résultat d'un fetch
potentiel de plusieurs milliers de kilomètres. Or le fetch maximum disponible au droit du delta ne dépasse pas,
pour la plupart des secteurs de vent, quelques centaines de kilomètres.
Une estimation de la hauteur et des directions de la houle (à partir des données de vent et du fetch pour la zone
du delta), a été effectuée par G L E N N (1970). Le tableau suivant résume ces résultats, exprimés en hauteur
significative (la hauteur moyenne des 33 % des vagues les plus hautes dans un intervalle de mesures d'une
vingtaine de minutes).
La hauteur significative moyenne annuelle est inférieure à 50 cm, ce qui est très faible, puisque, à titre de
comparaison, cette moyenne est de l'ordre de 2 m dans le golfe de Gascogne. Les houles annuelles les plus fortes
agissant sur le delta en dix ans seront de l'ordre de 4 m. Ces résultats indiquent que le delta est soumis à une
énergie de houle extrêmement faible ; de ce fait, les phénomènes sédimentaires liés à la dérive littorale sont très
réduits.
En ce qui concerne les directions de houle, celles du Nord et du Sud montrent une très légère prédominance
sur les autres secteurs, ceci pour les houles d'amplitude supérieure à 1 m (n'agissant en moyenne que 17 % du
temps).
Direction N N E E SE S S W W N W TOTAL
La marée.
La marée sur la côte est de Bornéo est du type semidiurne, avec une inégalité diurne marquée. Ceci indique
qu'un cycle de marée dure un peu plus de 12 heures et qu'il existe une différence notable entre la hauteur atteinte
par deux pleines mers successives.
Le marnage, ou hauteur de la marée, varie selon les phases lunaires, ainsi que le récapitule le tableau ci-
dessous.
Les mouvements de la marée donnent naissance à des courants qui peuvent atteindre des vitesses supérieures
à 1 m/s dans les embouchures de la plaine deltaïque. Ceux-ci sont bien au-delà du seuil d'érosion des sédiments
rencontrés dans le delta, et, en association avec les courants fluviaux, ils sont le facteur prédominant qui contrôle
la sédimentation. Au large du delta, les courants de marée sont beaucoup plus faibles et ne dépassent pas quelques
dizaines de cm/s, ce qui est insuffisant pour éroder les sédiments de cette zone.
L'effet sédimentologique des courants de marée est donc localisé au delta-front et aux chenaux de la plaine
deltaïque ; au-delà du delta-front leur influence sur les sédiments déposés est négligeable.
Il est intéressant de noter que le marnage augmente dans le détroit de Makassar en s'approchant de sa zone
centrale (fig. 21). Ceci est dû au gonflement de l'onde de marée lorsqu'elle pénètre dans le détroit. C'est le même
phénomène qui provoque une augmentation spectaculaire de la marée dans la Baie du Mont Saint Michel. Cet
effet peut avoir une importance géologique, car des changements de la géographie des mers, provoqués par des
mouvements tectoniques, peuvent modifier localement l'ampleur de la marée et donc le type de sédimentation et
la morphologie côtière.
-Fig.21- A M P L I T U D E D E S M A R É E S DE V I V E S E A U X
DANS L E D É T R O I T DE M A K A S S A R -en mètres-
-Fig.22-COURANTS DE D É R I V E EN S U R F A C E
Ces courants sont trop faibles pour provoquer une mise en mouvement des sédiments du fond du détroit, mais
peuvent agir sur le transport des argiles en suspension issues des embouchures du delta, et les acheminer vers le
Sud.
Des mesures de courants au large des côtes ont été effectuées dans le cadre de la construction de la plate-forme
de Bekapai, et de l'aménagement du pipe-line de Senipah à Bekapai. Les résultats de ces mesures montrent que la
vitesse des courants tant en surface qu'au fond est toujours faible, de l'ordre de quelques dizaines de cm/s, et
souvent orientée N W ou N E dans la zone du delta (fig. 23). Cette apparente contradiction avec les courants
orientés au Sud du détroit de Makassar peut s'expliquer par le fait qu'en s'approchant de la côte, les courants de
marée deviennent relativement plus importants et donnent naissance lors du flot (marée montante) à un courant
vers les embouchures du delta. D'autre part, il peut se créer un courant de retour dirigé vers le Nord dans cette
zone grâce à l'abri formé par la protubérance du delta. Une telle cellule de circulation giratoire pourrait
provoquer une zone de piégeage efficace pour les suspensions provenant aussi bien des embouchures
méridionales que pour celles acheminées le long du delta par la dérive sud.
Les mers de la zone indonésienne sont parmi les moins salées du globe, et les eaux qui ceinturent l'île de
Bornéo ont généralement une salinité inférieure à 32 °/00. Les mesures effectuées dans le cadre de l'étude du delta
et décrites dans chapitre ultérieur montrent que l'influence des eaux fluviales sur la salinité se fait sentir
relativement loin en mer.
Les variations annuelles de la température de l'eau de mer sont faibles ; elles oscillent entre 26° et 28 °C.
Aucune mesure ne semble avoir été faite sur les autres caractéristiques physico-chimiques (pH, turbidité, Eh,
etc.) des eaux du delta ou de son voisinage.
COMPARAISON AVEC LES AUTRES DELTAS D U M O N D E
Les deltas se rencontrent dans des environnements très variés et des conditions climatiques allant du climat
aride froid au climat équatorial humide. La variété des facteurs géographiques, dynamiques et géologiques qui
contrôlent leur formation a permis l'édification de types de deltas caractéristiques de conditions externes.
Cependant, la diversité des appareils deltaïques est très grande et toute classification doit tenir compte d'une
multitude de facteurs. Le delta de la M a h a k a m , décrit précédemment par ses paramètres géologiques,
morphologiques et « environnementaux », peut être comparé aux deltas actuels qui ont été plus ou moins
complètement étudiés (une vingtaine environ).
Certaines variables permettent d'effectuer une comparaison et même d'ébaucher une classification selon les
paramètres envisagés. Ceux-ci doivent être séparés en deux groupes :
1) les paramètres caractérisant l'environnement sédimentaire et géomorphologique dans lequel le delta se
développe :
— la surface du bassin versant ;
— la pluviosité du bassin versant ;
— l'amplitude de la marée ;
— l'importance de la houle ;
— le débit liquide et solide (apports sédimentaires) du fleuve.
Les principaux deltas modernes du monde ont pu être comparés en fonction de ces paramètres, quantifiés par
C O L E M A N et W R I G H T (1975). Ces mêmes paramètres ont été mesurés ou calculés lors de l'étude du delta de la
M a h a k a m lorsque c'était possible.
Le delta de la M a h a k a m est issu d'un bassin versant peu étendu (75 000 km 2 ), comparativement aux
grands deltas modernes (Mississippi, Nil, Gange, Niger, Indus, Danube, Mékong) qui ont des bassins dix à
trente fois plus étendus. Néanmoins, celui de la M a h a k a m est tout à fait comparable à ceux des systèmes
alluviaux « moyens », tels que l'Ebre ou le Rhône, et qui semblent être la majorité des bassins versants des deltas
du monde (fig. 24).
La pluviosité moyenne du bassin de la Mahakam est très élevée ( ~ 2 000 mm/an) et le place parmi les
premiers de la statistique globale des deltas modernes (fig. 25). Les autres deltas édifiés sous climat tropical sont
évidemment en tête de ce classement (Irrawaddy, Klang, Gange, Amazone, Mékong).
Amplitude de la marée.
La majorité des deltas actuels se développe dans des zones où l'amplitude de la marée est inférieure à 4 m
(micro et mésotidale). Seules l'Ord River (Australie), la Klang River (Malaisie) et l'Amazone connaissent des
amplitudes supérieures. Il s'agit, dans ce cas, de deltas ayant un aspect nettement estuarien. Dans cette statistique,
Fig.24. REPARTITION DES DELTAS MODERNES EN FONCTION
DE LA SUPERFICIE DE
COLEV1.M TT T*IGKR - r-ri)
-TAMG T S i KIANG
-ORINOQUI
m^rw
6
" ORD -Fig. 2 6 . REPARTITION DES DELTAS MODERNES EN FONCTION
DE L'AMPLITUDE MOYENNE DES MAREES.
la M a h a k a m (avec une marée moyenne de 1,5 m et des marées de vives eaux atteignant presque 3 m) se situe dans
des conditions mésotidales comparables à celles du Niger, de l'Orénoque ou du Sénégal (fig. 26).
L'énergie de houle représentée dans la statistique de C O L E -
MAN et W R I G H T pour les grands deltas du monde n'a pu être
calculée pour la Mahakam. En effet, ceci nécessite la mesure des
paramètres de houle (période, amplitude) et du facteur d'atténua-
tion lié au profil bathymétrique. La statistique présentée montre
l'extrême variabilité des conditions d'agitation qui passent de
200 x 107 erg/s pour le delta de la Magdalena (Colombie) à des
valeurs inférieures à 0,2 x 107 erg/s en moyenne pour de grands
deltas tels que le Mississippi, i'Irrawaddy ou l'Amazone.
Un des paramètres essentiels qui contrôlent l'existence et la nature des deltas est le débit solide annuel, c'est-à-
dire la masse brute de sédiments fluviaux apportés chaque année à la mer. Bien que proportionnel au débit
liquide, il varie aussi en fonction de la géographie, du climat et de la géologie des bassins versants, ainsi que le
montre la figure 29 où le débit solide en ( 106 t/an) et le débit liquide moyen des fleuves (en m 3 /s) ont été comparés
On constate que les deltas tropicaux (Mékong, Niger et Mahakam) sont issus de rivières à « efficacité »
sédimentaire plus faible que les deltas tempérés ou arides. Ceci s'explique par le fait, que la végétation très
abondante, fixe le substratum et réduit l'érosion malgré un débit important. A l'inverse, les fleuves coulant sur les
terrains très meubles sous climat semi-aride (Yang Tsé Kiang et Gange) sont très actifs sur le plan des apports
sédimentaires. Il existe peu de deltas dont le débit solide annuel soit connu avec précision. Cependant, on
remarque une répartition régulière des grands deltas du monde. La Mahakam a un débit solide moyen (estimé à
environ 8 x 106 t/an) inférieur par exemple à celui du Rhône ou du Danube qui ont édifié des deltas de superficie
comparable (fig. 30).
(li'apr^, CL
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C O M P A R A I S O N ENTREMLE DEBIT SOLIDE ET
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LE DEBIT LIQUIDE M O Y E N
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MAHAKAM (...iȎ)
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Superficie du delta.
Dans la statistique présentée sur la figure 31 les superficies de la partie émergée et de la partie immergée de
chaque delta ont été additionnées. Il s'agit donc bien de la surface totale des dépôts modernes et pas seulement de
celle du delta au sens géographique du terme (prodelta exclu).
Dans cette comparaison, l'Amazone figure en tête mais la géographie de ce fleuve et de ses embouchures est
assez particulière puisqu'il bifurque à plusieurs centaines de kilomètres de la mer en formant un réseau de fleuves
secondaires indépendants. De ce fait, il reflète un aspect plus estuarien que deltaïque. Parmi les deltas de forme
plus « classique », le Gange ou le Mékong ont édifié des deltas 4 à 5 fois supérieurs à celui du Mississippi, du Niger
ou de l'Irrawady. La Mahakam se classe parmi les petits deltas comme le Danube, l'Ebre, la rivière Klang ou la
rivière Sao Francisco (fig. 31).
On peut comparer, pour chaque delta, la proportion entre la superficie de la plaine deltaïque émergée (delta
plain) et la plaine deltaïque immergée (delta-front). Sur la figure 32, on observe que ce rapport varie de 20 à moins
de 1. Il est en grande partie conditionné par le profil bathymétrique du plateau continental, mais on observe aussi
que la plupart des deltas à forte énergie de houle montrent un rapport élevé ( > 5) alors que ceux où dominent les
processus de marée ont un rapport faible ( < 3). La Mahakam, avec un rapport de 1,3 se place parmi ces derniers.
Selon leur régime fluvial et les conditions externes, les deltas se construisent avec l'apport des sédiments par
plusieurs embouchures actives. Le nombre de ces embouchures actives est très variable dans les grands deltas du
monde (de 1 à 20 environ) ; ainsi le type de construction et de morphologie deltaïque peut-il être différent pour des
rivières à débit solide analogue.
Sur la figure 33 sont représentées les superficies des grands deltas du monde en fonction du nombre de leurs
embouchures distributaires. On observe que ces deltas sont tous construits par 4 à 8 distributaires actifs. D'autre
part les deltas montrent une extrême variabilité de type de construction. La série de courbes superposées à ce
diagramme indique un taux théorique de « construction par embouchure », on voit ainsi que des deltas aussi
différents que le Rhône (4 640 km 2 ), le Pô (13 500 km 2 ), le Niger (19 000 km 2 ) ou la Volga (27 000 km 2 ) sont
construits par des embouchures d'activité analogue (environ 2 000 km 2 /embouchure). Aux extrémités de cette
classification se trouvent les plus grands deltas, tous construits par des embouchures à « activité » supérieure à
8 000 km 2 /embouchure. On observe aussi des deltas à faible potentiel (dont la Mahakam) mais dont le nombre
d'embouchures est généralement supérieur à 10. En comparant les influences dynamiques de la houle et de la
marée (fig. 34), on remarque un groupement des deltas modernes selon leur morphologie dominante.
PLAINE DELTAÏQUE
— Phénomènes hydrodynamiques.
Les principaux phénomènes dynamiques agissant dans la plaine deltaïque, et en particulier dans les chenaux
(distributaires et chenaux de marée), sont régis par le régime des courants, lié à l'interaction de la marée et de
l'écoulement fluvial.
L'onde de marée qui pénètre dans les chenaux relativement étroits provoque des courants de marée parfois
assez violents, surtout en périodes de vives-eaux. Ces courants sont alternés : orientés vers l'amont au flot (marée
montante) et vers l'aval au jusant (marée descendante). Chaque cycle complet de marée (environ 12 h 30 mn) est
composé d'un flot et d'un jusant, de durée égale en mer, mais inégale dans les chenaux. La vitesse de propagation
de l'onde de marée est directement proportionnelle à la profondeur de l'eau ; donc, l'onde de la pleine mer se
propage plus rapidement que l'onde de basse mer. Ceci provoque une asymétrie croissante vers l'amont, de l'onde
de marée, avec une augmentation de la durée du jusant et un racourcissement de celle du flot. Ainsi, la durée du
courant de flot est-elle réduite dans la partie amont des chenaux, tant distributaires que de marée.
L'interaction des apports d'eau douce par le fleuve et des courants de marée donne lieu à un mélange des eaux
douces et des eaux salées marines. Ce mélange s'effectue de façon incomplète dans les embouchures ayant un fort
débit fluvial et un marnage relativement faible. En d'autres termes, plus le rapport entre le débit fluvial et le volume
de la marée est important, moins se feront les mélanges eau douce-eau salée. Dans ce cas, l'eau douce, plus légère,
aura tendance à s'écouler au-dessus de l'eau salée, plus dense, qui forme une couche sur le fond appelée « coin
salé ». Pendant les fortes marées de vives-eaux, les eaux douces et marines seront mieux mélangées que pendant
les faibles marées de mortes eaux où la stratification sera beaucoup plus marquée (fig. 35). Dans les zones à très
fort marnage, cette stratification ne subsiste pas et les mélanges sont plus intenses.
Dans la Mahakam, le débit fluvial est relativement important par rapport au volume d'eau introduit par la
marée et, dans les distributaires, une stratification très notable s'ensuit, avec des eaux relativement douces en
ON
ON
DYNAMIQUE DES EMBOUCHURES FLUVIALES
-Fig.35- M É L A N G E D E S E A U X D O U C E S E T M A R I N E S -Fig. 36-
E N F O N C T I O N DU D É B I T F L U V I A L E T D E L A
MARÉE a
DEBIT FLUVIAL
b
K
2a ni
Q
2 ui
Q SD
D
Z §
0
Embouchure partiellement stratifiée
1z \
ui
S
(5
D
<
point
eau douce | I eau marine
bouchon vaseux
salinité croissante
Des analyses sur des prélèvements d'eau dans le distributaire principal du delta montrent qu'à la pleine mer,
la limite amont des eaux salées au fond peut se situer à 30 km à l'amont de l'embouchure. Au cours de la marée;
l'oscillation amont-aval de cette limite atteint environ 5 km.
L'importance des gradients de salinité réside aussi dans leur influence sur les courants et le mouvement de
l'eau dans les chenaux.
Dans un écoulement de type estuarien ou deltaïque avec un gradient vertical et longitudinal de salinité, donc
de densité, le mouvement des eaux au cours de la marée est soumis à l'action des forces de pression liées à ces
gradients. Ceci se traduit par un mouvement vers l'amont des eaux du fond, et vers l'aval en surface. Dans une
zone soumise à une marée suffisamment importante pour engendrer un courant de flot et de jusant, ce qui est le
cas dans la Mahakam, les mouvements résiduels (obtenus par soustraction du mouvement alternatif de la marée)
sont orientés vers l'amont au fonc et vers l'aval en surface (fig. 36).
Une station de mesures des courants à plusieurs niveaux de la tranche d'eau, pendant toute une marée, a été
effectuée en juillet 1974 dans le distributaire de Handil. Le dépouillement de ces mesures confirme l'existence d'un
mouvement résiduel de l'eau du fond vers l'amont et de l'eau de surface vers l'aval (fig. 37 et 38).
Cette superposition des circulations résiduelles se maintient dans toute la zone de l'intrusion saline. En amont
de cette zone, il n'y a pas de gradients de densité puisqu'il n'y a que de l'eau douce, et donc les écoulements
résiduels sont orientés vers l'aval sur toute la tranche d'eau.
Il existe donc, dans la limite amont des eaux salées, une zone où le mouvement résiduel au fond sera nul, et les
eaux oscilleront au cours de la marée, mais sans mouvement net, soit vers l'amont, soit vers l'aval. Cette zone, bien
connue dans les embouchures (IPPEN, 1966), est appelée le « point nodal » et est souvent une zone d'accumulation
de sédiments (fig. 36).
Aucune mesure de courants n'a été effectuée dans les chenaux de marée, et il n'est donc pas certain que cette
circulation résiduelle existe dans ces chenaux. Néanmoins, au vu des gradients de salinité qui existent aussi dans
ces chenaux, on peut penser que ce schéma de la circulation des eaux est valable pour les chenaux de marée.
Sur la plaine deltaïque, en dehors des chenaux, les courants sont pratiquement nuls, car l'épaisse végétation et
l'irrégularité du sol, perturbé par de nombreux terriers de crabes, freinent les mouvements de l'eau et réduisent
considérablement les courants.
— Processus sédimentaires.
Les apports de sédiments par le fleuve se font selon deux mécanismes de transport distincts : en suspension
pour les sédiments fins (argile et silts), c'est-à-dire au sein de l'écoulement, et en charriage sur le fond pour les
sédiments plus grossiers (sables). Ce second mode de transport engendre les structures sédimentaires qui
caractérisent les différentes intensités de l'écoulement et de l'ampleur du charriage. Les transports en suspension
sont souvent très importants dans les embouchures des fleuves sous influence de marée, car l'alternance de
courants forts et de périodes d'étalé favorise des cycles répétés de décantation et de mise en suspension.
Dans les zones équatoriales, la relative constance de la pluviosité a pour conséquence probable une continuité
dans le temps des apports de sédiments, à l'inverse de ce qui se produit dans les fleuves en climat tempéré où la
quasi-totalité des apports annuels peut s'effectuer en quelques jours ou quelques semaines de crues. Cette
permanence d'apports a pour effet de répartir plus régulièrement les sédiments dans l'ensemble du delta, car un
apport saisonnier peut « favoriser » la sédimentation dans une zone particulière où l'intrusion saline se localise à
un moment donné.
.Fig. 3 7 . PROFILS DE SALINITE DANS LE DISTRIBUTAIRE D'HANDIL
Salinité
^H>30% o
Basse mer _ faible débit fluvial
| | 10 - 20%o
-15
Basse mer - fort débit fluvial 20
-Juillet 1974-
r°
-5
-10 Suspensions
Bit -15
Distributaire d'HANDIL ^ > 1 gramme /litre
1-20
1 1 o,, -,
r° =
[ —îj 0,01-0,1
-5
-10 1 1 <0,0.
-15
1-20
C h e n a l de m a r é e (TANJUNG BAYOR )
Le transit et l'accumulation des sédiments argileux en suspension sont contrôlés par les courants de marée qui
agissent au flot et au jusant. Le mouvement résiduel de l'eau, vers l'aval en surface et vers l'amont au fond,
engendre un transport correspondant des suspensions. Dans la zone où convergent les mouvements de sédiments
de fond (« point nodal »), il s'établit un piège sédimentaire, bien connu dans les estuaires ( A L L E N , 1 9 7 2 ) : c'est le
« bouchon vaseux » (fig. 36, 37 et 38).
Ce piège est une zone à forte concentration d'argiles et de silts en suspension. Des prélèvements dans différents
chenaux ont montré l'existence d'un bouchon vaseux dans les distributaires. Dans celui de Handil, le bouchon
vaseux était centré, lors des mesures, légèrement en amont de l'embouchure. Les teneurs en sédiments en
suspension dans cette zone atteignaient plus de 1 g/1 près du fond. Dans les chenaux de marée, les concentrations
des vases en suspension sont beaucoup plus faibles en raison du manque d'apports directs par les fleuves.
Au cours des cycles bihebdomadaires des marées -fig. 38- FLUX RESIDUEL DES TRANSPORTS EN SUSPENSION
Sur les berges des chenaux, dans la plaine deltaïque, la sédimentation est argileuse. Elle s'effectue par la
décantation des suspensions aux étales de pleine mer, surtout en période de marées de vives eaux, lorsque la quasi-
totalité de la plaine deltaïque est submergée et que les eaux sont les plus chargées en suspensions. De plus, la
végétation joue un rôle important en freinant la turbulence des courants et en fixant les sédiments déposés.
Les sables sont apportés par le fleuve aux distributaires par charriage sur le fond. Dans la partie amont du
delta, c'est-à-dire dans la région de Sanga-Sanga, à la première bifurcation deltaïque du fleuve, ce transport a une
intensité relativement importante, comme en témoigne l'existence de dunes hydrauliques orientées vers l'aval
dans le chenal (fig. 39). L'amplitude de ces dunes atteint 2,5 m, ce qui indique un transport important et
unidirectionnel. Elles produisent des accumulations sableuses avec des litages obliques à grande échelle. Vers
l'aval, dans la basse plaine deltaïque, l'amplitude des dunes diminue, en relation avec la baisse relative de
l'intensité de l'écoulement fluvial par rapport aux mouvements alternatifs de la marée. Elles ne dépassent pas
0,5 m et sont probablement soumises à des mouvements alternatifs de flot et de jusant. La granulométrie des
sédiments décroît également vers l'aval, car l'action du flot maintient les sédiments sableux les plus grossiers à
l'amont.
Dans les distributaires, l'accumulation des sables est liée à la géométrie interne des chenaux. Ceux-ci sont
relativement rectilignes, sans méandres accusés, mais le thalweg (partie la plus profonde du chenal) migre de part
et d'autre du chenal, en dessinant des méandres très allongés (fig. 40 A). Dans chacun de ces méandres, le sable
s'accumule dans la partie convexe, formant une barre de méandre allongée ou latéral accretion bar. Ces barres
sont similaires à celles décrites par K O L B et D O R N B U S C H (1975) dans le delta du Mékong. En coupe elles
ressemblent fortement aux point-bars des méandres fluviaux.
Quant aux chenaux de marées non reliés au fleuve, ils seront à prédominance argileuse, car seuls les sédiments
en suspension pourront les atteindre. Le volume croissant vers l'aval de l'eau qui oscille à chaque marée crée un
évasement des chenaux, d'autant plus important que le débit fluvial est faible par rapport au volume de la marée.
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Dans les embouchures où le flux des marées est important, les courants de flot et de jusant ont souvent tendance à
suivre des cheminements séparés. Ce processus, décrit en détail par OFF (1963) caractérise en effet des zones
soumises à la marée, tels les tidal flats et estuaires. Dans de tels systèmes, le sable tend à s'accumuler en barres
allongées, parallèles au chenal et séparant les écoulements à prédominance de flot et de jusant. Ces barres ou
« channel bars » se différencient nettement des barres latérales qui se développent plus en amont, car celles-ci sont
toujours soudées à une rive. Un schéma simplifié de la répartition des formes sédimentaires dans les distributaires
est présenté sur les figures 40 A et B.
La répartition des sédiments dans la plaine deltaïque reflète les processus dynamiques et sédimentaires
précédemment décrits et peut se résumer ainsi :
— dans les distributaires, les sédiments sont sableux, sauf à leurs extrémités aval, où la plus grande variabilité
des courants, liée à la marée, ainsi que le piégage des matériaux en suspension engendrent des dépôts mixtes de
sables et d'argiles. Sur la plaine deltaïque entre les chenaux, seules des argiles en suspension peuvent s'accumuler
par décantation à marée haute ;
— dans les chenaux de marée, non reliés au réseau des distributaires fluviaux, seules parviennent et se
déposent les argiles en suspension. Les rares accumulations sableuses que l'on y trouve proviennent soit d'un
remaniement sur place (si le chenal a été distributaire à un moment donné), soit d'un apport mineur des
distributaires par le biais des petits chenaux secondaires qui les relient aux chenaux de marée.
-Fig.40B. REPARTITION des SEDIMENTS
— Fig.40 A_ MORPHOLOGIE SCHEMATIQUE des
dans les OISTRIBUTAIRES
ACCUMULATIONS SABLEUSES
Zones rectilignes :
Entaillement profond du thalweg
accumulations épaisses de sable.
•CL- . .
Zones de bifurcation :
Accumulation de sable sur
une barre de chenal.
Une distinction a été faite entre les distributaires, les chenaux de marée et la plaine deltaïque supratidale.
— Les distributaires.
Les sédiments que l'on trouve dans les distributaires sous forme de barres d'accrétion latérale (latéral
accretion bar) allongées sont constitués de sable moyen, propre (la fraction inférieure à 63 JJ. n'atteint pas 1 %),
beige clair, avec des galets disséminés d'argile gris-vert, quelques laminations ligniteuses à pendage globalement
unidirectionnel vers l'aval, et de rares flasers.
• Le grain moyen est assez constant [environ 2,1 <p (235 p.m)] ainsi que le grain maximum (le percentile 5 varie
de 1,25 à 1,45 cp, soit 450 à 370 jim).
• Le grain maximum (représenté par le percentile 5 sur la courbe cumulée) dépasse rarement le double du
grain moyen.
• Le classement est plutôt bon (*) : l'écart type en cp varie de 0,37 à 0,64.
• Le skewness (**) est fortement négatif.
(*) Un sédiment est bien classé pourCT,< 0,50, modérément classé pour 0,50 <CT„< 0,80, mal classé pour cy,, > 0,80.
(**) C'est le skewness (coefficient d'asymétrie de la courbe de distribution) obtenu par la méthode des moments (Folk and Ward,1957)
qui a été utilisé ici :
Sk < - 0,30 très négatif,
- 0,30 < Sk < - 0,10 négatif,
- 0,10 < Sk < + 0 , 1 0 symétrique,
+ 0,10 < Sk < + 0,30 positif,
Sk > + 0,30 très positif.
Le skewness simple [(cp95 + q>5) - (2 <p50)] est lui aussi généralement négatif dans la plaine deltaïque.
• L'examen des courbes cumulatives, sur papier gausso-logarithmique, des sables d'une barre d'accrétion
latérale de la plaine deltaïque fluviale amont, montre l'existence de 3 populations log-normales distinctes (fig. 41 ) :
l'une grossière 5 à 10 % du total, une autre fine 5 % et une intermédiaire. Selon l'interprétation de VISHER ( 1969), la
P16 -
unités en PHI
population grossière (dans le cas présent, celle supérieure à 1,5 (p) représente un transport par roulement sur le
fond. La population moyenne (entre 1,5 et 2,8 (p) représente un transport par saltation tandis que la population
fine (supérieure à 2,8 (p) résulte d'un transport par suspension.
Il est intéressant de noter que vers l'aval, la distinction entre les populations « suspension » et « saltation » a
tendance à s'estomper. Toujours selon VISHER, la vitesse du courant est le principal facteur qui contrôle à la fois la
position et la pente des populations « saltation » et « suspension », c'est-à-dire leur distinction. Quant au
maintien d'une population grossière, il serait en relation avec l'action de la marée plutôt qu'avec celle des autres
courants.
Dans la plaine deltaïque amont, il ne semble pas y avoir de variation granulométrique verticale, mais, on
observe par contre vers le sommet des barres d'accrétion latérale, un enrichissement progressif en niveaux
argileux qui annonce les argiles massives, riches en débris de plantes et de racines, de la plaine deltaïque couverte
de végétation.
• La composition pétrographique est également monotone (la figure 42 qui représente le log pétrographique
du sondage S5 en donne un aperçu) : Quartz 60 à 65 % - fragments de roche 20 à 25 % (il s'agit de petits débris
du sondage
S 5
PLAINE DELTAÏQUE FLUVIALE
de schiste, de chert, de silex, de lave) - feldspath (plagioclase) 3 à 5 % - minéraux lourds 3 à 5 % (surtout des
pyroxènes, de l'amphibole, de l'épidote, de la biotite, de la staurotide, etc.) - enfin 2 % de débris végétaux
ligniteux, et des traces de carbonate ( < 1 %).
• L'examen en cellule (fig. 43) confirme la grande homogénéité des sables : variations granulométriques faibles
et très bon classement. Par contre, on observe sur les grains de quartz, de fréquentes cassures fraîches, couvertes
pour la plupart par un fin « picoté », conférant à l'ensemble une assez forte angulosité et de ce fait un caractère
fluvial marqué.
Dans l'ensemble, il existe un contraste frappant entre la qualité du classement (qui est du type « plage ») et
l'angulosité des grains (qui est plus une caractéristique « fluviatile »). Deux causes peuvent être invoquées :
- très forte énergie de courant en période de vives eaux, empêchant le dépôt des sédiments fins ;
- piégeage en amont des grosses particules.
Ce contraste peut caractériser des dépôts de distributaires soumis à l'action de la marée.
• L'exoscopie effectuée sur les sables des sondages Bl, B9 et B12, situés dans la plaine deltaïque, montre une
prédominance de « quartz deltaïques », c'est-à-dire en train d'acquérir des caractères distinctifs (néogenèses
particulières à la plaine deltaïque), repris par le transport fluviatile (fig. 44).
• L'analyse minéralogique de la fraction argileuse, toujours en très faible quantité, donne la composition
suivante :
Kaolinite : 2 0 % , illite : 30 à 5 0 % , chlorite : 10 à 15 %, le reste étant constitué de montmorillonite. Des
variations par rapport à cette composition moyenne peuvent être dues à la présence de fragments de roche ou à
celle de petits galets argilo-ferrugineux en quantité variable.
• L'examen micropaléontologique a montré :
- l'absence de Foraminifères dans la plaine deltaïque à influence fluviale (fig. 45) ;
- la présence sporadique de faune hyposaline dans la partie supérieure de la plaine deltaïque tidale. Il s'agit
des Foraminifères arénacés à parois simples tels que Haplophragmoides spp., Trochammina spp.} Palmerinella spp.
et autres formes associées ;
-Fig.43-
Exoscopîe de "quartz deltaïque" _ Fig. 44_
DIVERS TYPES D'ÉVOLUTION DE QUARTZ PRÉLEVÉS
A LA LIMITE PLAINE DELTAÏQUE - FRONT DE DELTA -
SONDAGE S 8 (ENTRE 0 ET 1 M)
Photo 1 : L'influence marine se marque par la propreté des surfaces, notamment celles des néogenèses dues à l'immobilisation dans un
delta. Les globules siliceux d'origine fluviatile ou deltaïque ne subsistent plus qu'au fond des dépressions les plus profondes
(flèche).
Photo 2 : Sommet bien poli avec globules siliceux fluviatiles en voie de dissolution (flèches) au fond des traces de choc les plus profondes.
L'histoire du grain est la suivante :
1. Immobilisation dans la plaine deltaïque supérieure.
2. Transport fluviatile de moyenne énergie.
3. Sédimentation dans un milieu aquatique soumis aux influences marines.
Photo 3 : Sur cet autre quartz, l'apparition de figures de dissolution (flèches) exploitant les traces de choc les plus anciennes indique un
séjour dans un milieu franchement marn. Ce grain a vraisemblablement été apporté par les courants de marée dans le delta. En
outre, au fond de grandes traces de choc héritées d'un transport ancien de haute énergie, on distingue encore des vestiges de
néogenèses indiquant une immobilisation dans le delta antérieurement à la reprise marine.
L'histoire du grain est la suivante :
1. Transport aquatique (fluviatile ?) de haute énergie.
2. Immobilisation dans un delta.
3. Reprise marine.
Photo 4 : Néogenèses deltaïques très propres. Sommets polis. Absence de figures de dissolution.
L'histoire du grain est la suivante :
1. Immobilisation dans un delta.
2. Reprise et sédimentation dans un milieu aquatique soumis aux influences marines.
Photo 5 : Vue d'une arête en partie recouverte de globules siliceux d'origine fluviatile.
Photo 6 : Détail du cliché 5. A ce grandissement plus élevé, on constate que ces globules siliceux d'origine fluviatile sont en voie de
dissolution.
L'histoire du grain est la suivante :
1. Transport fluviatile d'énergie moyenne.
2. Sédimentation dans un milieu aquatique soumis aux influences marines.
— l'apparition de faunes tidales et marines marginales (c'est-à-dire les premiers grands Foraminifères
calcaires) dans la partie inférieure de la plaine deltaïque. On peut citer les Foraminifères à test perforé calcaire
comme Pseudoeponides nakazatoensis, Asterorotalea trispinosa et Elphidiwn koeboeense (*) ;
— enfin, la recherche d'Ostracodes s'est révélée infructueuse, hormis la présence de Cyprideis (forme lisse)
typique d'environnements faiblement salés et d'exceptionnelles valves d'Hemicytheridea, roulées, usées,
provenant probablement de la vasière voisine.
L'ensemble de ces caractères se rapporte à une barre d'accrétion latérale de la plaine deltaïque fluviale (partie
supérieure de S5). On retrouve ces caractéristiques dans la plaine deltaïque tidale plus en aval, avec toutefois
quelques nuances :
— une proportion plus forte de laminations et de lentilles argileuses à pendage bidirectionnel ;
— une hétérogénéité lithologique plus grande, due à l'alternance des courants de marée (en particulier,
fréquence plus élevée des flasers);
— une granulométrie légèrement plus faible : diminution de l'ordre de 5 % sur une distance de 5 km ;
— enfin, comme nous l'avons vu, une apparition, puis un enrichissement en débris de coquilles, notamment
des Foraminifères et des Ostracodes conformément à la polarité continent-océan.
Cette évolution des caractères vers l'aval est d'autant plus sensible que l'on approche du front de delta (fig. 42
et 46).
En résumé, le faciès des dépôts de distributaires dans la plaine deltaïque est représenté principalement par du
sable moyen beige clair, bien classé. Ce sable est propre, sauf présence sporadique de galets mous, de laminations
(*) En réalité, le découpage n'est pas aussi rigoureux car tous les intermédiaires existent. En outre, l'absence de coloration lors de la
prise des échantillons ne permet pas de faire la part entre les organismes vivants et les morts qui peuvent être hérités ou transportés.
(Communication verbale de Ph. Dufaure.)
DELTA de la MAHAKAM
-Fig. 45-
A5SOCIATIONS de FORAMINIFERES
jj||| AzoTque
M Hyposaline
| Tidale + marginale
| Marine peu profonde
| Marine franche
0 5km
.«
BEKAPAÏ
ligniteuses ou de Jlasers. Il est azoïque ou presque. L'argilosité croît d'une façon générale d'amont en aval.
Verticalement, elle augmente de bas en haut dans la partie amont du delta, l'inverse étant observé en aval.
Dans la plaine deltaïque supratidale couverte de végétation à nipah-nipah et mangrove, le faciès de dépôt est
une argile massive, bioturbée par des crabes et riche en débris végétaux. Une étude palynologique portant sur 35
échantillons prélevés dans les sondages S6 et SI7 a permis de définir des associations sporo-polliniques
caractéristiques (fig. 47).
Cette étude a montré que depuis l'Holocène, la flore n'a subi aucun changement fondamental. Cette
association est toujours composée de mangrove et de forêt. De ce fait, aucun découpage stratigraphique précis ne
peut être réalisé.
-Fig. 46 _ LDG PETHQGRAPHIQUE
du sondage
S7
PLAINE DELTAÏQUE TIDALE
m gj GRANULOMETRIE
DESCRIPTION CONSTITUANTS ARGILES
imL 0 G g
f P 5
R.X
Grain moyen
a'o io 1 <o
1
i 1
s'o 1
Argile vert_ foncé à
débris de plantes abondant
••••••l^^^llllllll
Sable argileux.
(galets mous)
.-.....•im^l^v
Bioturbation abondante.
•••••• I^^NlIllllllllllllh'
'••••I^W^NiV
LEGENDE
Cependant, certaines variations verticales peuvent être liées à des états de préservation différents des débris
lors de l'enfouissement. Ce sont là des observations de pédologues plutôt que de géochimistes pétroliers.
Dans ces chenaux les sédiments sont constitués principalement d'argile massive gris olive avec d'abondants
débris de plantes et de lignite, et parfois de petites intercalations de sable plus ou moins argileux représentant, soit
des reliquats d'anciens dépôts de distributaires, soit des remaniements des sables du front de delta, soit encore des
captures temporaires de petits distributaires. A l'embouchure des chenaux, les débris coquilliers deviennent
abondants.
La composition pétrographique des niveaux silteux n'est guère différente de celle des sables rencontrés dans
les distributaires, seules les proportions et les tailles des particules changent. Quant aux argiles, elles contiennent
une bonne proportion (parfois plus de 50 %) de quartz de très petite dimension (quelques |im); les minéraux
argileux sont les mêmes que ceux décrits dans les distributaires. Cette composition constante signifie qu'il n'y a
pas de tri mécanique ni de diagenèse sélective.
Aucun Ostracode n'a été observé dans les échantillons de cette zone, bien que l'on y trouve des Foraminifères
arénacés, hyposalins, identiques à ceux décrits précédemment. Dans l'ensemble, le contenu en carbone organique
est assez élevé (en moyenne 6,20 %), même dans la partie amont (moyenne 5 %). Il est plus important que les
teneurs connues dans les sédiments côtiers en milieu tempéré qui dépassent rarement 4 %.
Les corps sableux rencontrés dans la plaine deltaïque sont tous accumulés dans les chenaux distributaires,
mais leur géométrie et leur répartition spatiale varient le long du système amont-aval, c'est-à-dire au fur et à
mesure que l'influence de la marée se fait plus importante. Il convient donc de différencier les environnements de
plaine deltaïque supérieure et de plaine deltaïque inférieure, qui sont caractérisés par des corps sableux montrant
des séquences sédimentaires variables malgré une géométrie d'ensemble très voisine. Il faut souligner que ce sont
là des distinctions « diagnostiques » et que, tout comme les environnements, les corps sableux montrent des
transitions dans leurs aspects géométriques et évolutifs.
Dans la partie supérieure de la plaine deltaïque, les chenaux distributaires sont assez rectilignes et leur
largeur varie de 0,4 à 1 km. Cependant, le thalweg principal du chenal est méandriforme et migre de part et d'autre
des bordures du chenal. Il en résulte la formation de barres sableuses de type latéral accretion bar développées le
long de la partie concave de chaque méandre du thalweg et dont l'extension longitudinale sera commandée par la
sinuosité de celui-ci.
Un corps sableux de ce type a été carotté en continu au forage S5. On y observe une épaisseur de 9 m de sable
moyen massif avec une base érosive très nette (fig. 48). Le sable, peu stratifié, ne montre que quelques laminations
obliques de lignite, des galets mous et des débris végétaux. Le sondage Bl, effectué à terre, près du carottage S5,
permet de compléter la séquence supérieure qui est absente à S5. Partant d'un sable massif à la base, on observe
un enrichissement rapide en argile organique vers le haut, le sédiment passant sur 1,5 m d'épaisseur du sable
moyen massif à l'argile de plaine deltaïque. La superposition des deux sondages montre une épaisseur totale de
9,5 m de sable, valeur assez proche de la profondeur actuelle du thalweg (10,5 m).
Latéralement, en s'éloignant du chenal vers l'intérieur de la plaine deltaïque, les sondages ont permis
d'observer la superposition systématique et continue d'argiles massives de plaine deltaïque sur les faciès de
oc
COUPE SCHÉMATISÉE
LATERALE. _ Fig. 48 -
Sable
LOG
massif
DESCRIPTION
gonoo
' nu
Argile gris-oiive à débris déplantés
et de racines. Lamination
d e lignite
Sable fin argileux avec laminations
et lentilles d'argile
\
\
PLAN DE SITUATION Sable moyen massif vert-olive
Contact
avec quelques laminations
érosif
hgniteuses et des galets mous.
vvïvV
7 *
Sable fin à moyen
alternant avec des argiles gréseuses
à débris de bois
Argile de
Contact érosif
Delta front
Un sondage (B9) effectué à 1 km à l'Est du chenal montre une augmentation d'épaisseur des argiles massives de
la plaine deltaïque qui passent de 1,5 m à 3-4 m. Au-dessous, les sables ne présentent plus l'aspect massif du
sondage S5, mais alternent avec des laminations argileuses riches en débris végétaux. L'épaisseur du sable dans ce
sondage atteint 6 m et il repose sur 1,5 m d'argile grise à lentilles sableuses. Le contact entre ces deux unités est
graduel et se fait sur 1 m environ par enrichissement en laminations sableuses vers le haut (séquence coarsening
upward). Sous l'argile se trouve un sable à laminations argileuses et débris coquilliers qui représente
probablement une barre de delta-front.
Un dernier sondage (B12) effectué dans la plaine deltaïque, à 3 km à l'Est du chenal, a permis de compléter la
répartition latérale des faciès. Au sommet, on y rencontre une section de 6 m d'argile massive de plaine deltaïque,
riche en débris de plantes et de racines, surmontant 3 m d'alternances argilo-sableuses très laminées puis une
argile grise à lentilles sableuses éparses.
En résumé, une coupe passant par ces quatre sondages (fig. 49), montre l'évolution latérale des faciès
distributaire dans la plaine deltaïque supérieure. Le sable massif à contact basai érosif et séquence supérieure
fining upward représente la barre d'accrétion latérale du chenal actuel engendrée par la migration du thalweg. Ce
noyau de sable propre atteint 10 m d'épaisseur et se développe latéralement dans un berceau érosif sur environ
1 km en partant de l'axe du chenal. Plus à l'intérieur de la plaine deltaïque, il est relayé par un intervalle argilo-
sableux laminé qui s'appauvrit en interlits sableux lorsqu'on s'éloigne du distributaire.
L'évolution longitudinale des faciès de ces barres d'accrétion a été observée sur une série de sondages effectués
d'amont en aval le long du chenal distributaire principal. Le sondage B8 situé le plus en amont montre une
épaisseur de 3,5 m de sable à lamina-
tions de lignite, reposant en contact
abrupt sur une argile gris-vert propre.
CARTE ISOPAQUE
-Fig.50- La transition supérieure avec les argiles
d'un SYSTEME SABLEUX et débris végétaux de la plaine deltaï-
dans un DISTRIBUTAIRE que se fait sur 0,5 m. Plus en aval, le
sondage S5, décrit précédemment,
montre un sable propre de 8 m d'épais-
seur, reposant en discordance érosive
• Sondages principaux sur l'argile du thalweg qui est une argile
de delta-front. Plus en aval, au carotta-
j D.5m
ge B3, le sable massif n'est présent que
I I s--"3 sur 3,5 m d'épaisseur, et repose en
contact franc sur de l'argile. Au-dessus,
le contact avec les argiles de plaine
deltaïque se fait en transition sur 3 m
0,5 km d'intercalations argilo-sableuses à dé-
—1
bris végétaux abondants. Des carotta-
ges effectués plus en aval (travaux de
dragage) dans le chenal, montrent des
épaisseurs de sable de 5 à 10 m.
Dans la plaine deltaïque inférieure l'influence de la marée devient de plus en plus importante, et la
sédimentation sableuse reflète la dualité d'actions entre la dynamique fluviale et la dynamique de marée.
Les corps sableux caractéristiques de cet environnement se forment dans la partie élargie des chenaux
distributaires. La morphologie estuarienne s'accompagne de la formation de barres de chenal (fig. 15) présentes
au centre des distributaires et qui ont des caractères géométriques très différents des barres d'accrétion latérale
décrites précédemment.
Plusieurs sondages effectués dans les chenaux distributaires montrent les séquences de faciès de ces barres de
chenal.
Le développement caractéristique d'une barre de chenal a été défini au sondage S8 qui montre, de haut en bas,
un sable fin à moyen, propre sur une épaisseur de 1 m, devenant de plus en plus argileux par apparition de
laminations d'argile grise et d'interlits de débris végétaux. La transition avec les argiles d'embouchure se fait en
2 m. Au-dessous des 2 m d'argiles grises, le sondage S8 a montré la répétition d'une séquence d'épaisseur
identique (fig. 51).
Les barres de chenal se présentent comme des corps sableux coarsening-up avec contact graduel des argiles
d'embouchure passant à un sable propre au sommet. La séquence verticale étudiée représente 6 m d'épaisseur, le
corps sableux lui-même (séquence coarsening up + sable propre) ne faisant que 4 m environ. La morphologie
observée en surface de ces barres de chenal montre qu'à l'origine elles forment des corps sableux très étirés mais
peu étendus. L'allongement moyen observé dans les barres de chenaux distributaires ne dépasse pas le kilomètre
pour des largeurs de l'ordre de la centaine de mètres. Latéralement, ces corps disparaissent par diminution
d'épaisseur des faciès sableux, le faciès interlaminé devenant prédominant. Cette transition se fait à la faveur des
thalwegs bordant de part et d'autre les barres de chenal (chenal actif et/ou chenal abandonné). La présence de
chenaux a donc pour effet de limiter l'extension latérale des barres de chenal prises en tant que corps sableux
élémentaires.
Les principaux caractères que l'on peut dégager de la géométrie de ces barres sont :
— corps sableux à contact basai progressif et contact sommital net avec les argiles de plaine deltaïque ou de
tidal jlat ;
— épaisseur du sable égale ou inférieure à la profondeur du chenal (4-5 m);
— séquence de sable à laminations argileuses avec un faciès de sable propre peu épais uniquement au
sommet ;
— corps sableux de longueur < 2 km et de largeur < 500 m, situés au centre des chenaux (fig. 15).
Les deux types d'accumulations sableuses présentés ci-dessus sont les plus caractéristiques des environne-
ments de la plaine deltaïque. Cependant, la transition progressive des conditions hydrodynamiques entre la
plaine deltaïque supérieure et la plaine deltaïque inférieure se traduit par l'existence de corps sableux de type
mixte, qui doivent être considérés comme le produit d'une évolution sédimentaire continue.
COUPE DAIMS UN SYSTEME DE BARRE DE CHENAL _ Fig. 51 _
S7 c o . 9 ? o
-argile d
de
e pplla
aiin
ne
e
deltaique
barre —
barre - - - <7- de chenal
chenal ''i •
La progradation du système deltaïque a pour effet principal d'amener la superposition actuelle d'environne-
ments qui sont séparés dans l'espace en instantané. Le delta-front actuel vient recouvrir les argiles de prodelta
antérieures et la plaine deltaïque vient recouvrir les dépôts de delta-front. Au niveau même de la plaine deltaïque,
l'avancée récente de delta tend à mettre en superposition les barres d'accrétion latérale sur des barres de chenal,
parfois sans juxtaposition latérale.
Une section N-S (fig. 86) le long du distributaire d'Handil Dua au niveau de l'île de Pulau Kerbau montre la
superposition de ces types de corps sédimentaires grâce à l'étude d'une dizaine de carottes prélevées dans le
chenal. Le sondage S14 montre une épaisseur de 7,5 m de faciès sableux. Les trois mètres supérieurs ont un faciès
de sable propre à laminations de lignite détritique typique des barres d'accrétion latérale de la plaine fluviale
amont (sondage S5, fig. 42). Les 4,5 m inférieurs sont constitués d'alternances argilo-sableuses, riches en galets
d'argile et débris végétaux, faciès plus typique de la plaine deltaïque tidale et des barres de chenal des
embouchures (fig. 51). Enfin, le contact avec les argiles du delta-front sous-jacentes est transitionnel au contraire
du contact érosif observé en amont (sondage S5). Cette séquence se retrouve au carottage SI 3. La position de l'île
de Kerbau, située au milieu du chenal distributaire, là où il s'élargit, ainsi que les séquences observées ci-dessus,
tendent à montrer qu'elle a été formée à partir d'une ancienne barre de chenal. Cette superposition de faciès à
caractère fluvial sur des faciès plus « tidaux » peut s'expliquer par le mécanisme évolutif suivant (fig. 52).
Les distributaires s'élargissant dans la partie inférieure de la plaine deltaïque permettent la formation des
barres de chenal, corps allongés et peu étendus latéralement, bordés de part et d'autre de thalwegs plus ou moins
actifs. Ces barres de chenal s'édifiant jusqu'au niveau intertidal servent de base pour le dépôt ultérieur des
sédiments sableux lorsque, le système migrant vers l'aval, elles se retrouvent en milieu plus fluvial. Une barre
d'accrétion latérale tend alors à se former sur le côté le plus actif du chenal. L'érosion de la barre du chenal par la
-Fig. 52. CYCLE DE DEVELOPPEMENT ET D'ABANDON D'UNE BARRE
DE CHENAL
B Embryon de barre de chenal dans une em- m Développement de la barre avec dépôt de tidal
bouchure. flats et marais au sommet.
Barre de ^r^j
A<gile
chenal / Sable argileux
JfcL —
< _ JL Marais
migration du thalweg, puis le dépôt des sables massifs, réduira considérablement l'épaisseur de faciès « barre de
chenal » sous-jacents. C'est ce qui s'observe dans les sondages effectués plus au Sud le long de l'île Kerbau et dans
les échantillonnages de surface prélevés dans le distributaire d'Handil Dua.
DELTA-FRONT
- Processus hydrodynamiques.
Comme dans les chenaux de la plaine deltaïque, les principaux phénomènes dynamiques régissant la
sédimentation, sont liés à l'interaction de l'écoulement fluvial et de la marée. En fonction de l'importance relative
de chacun de ces paramètres, les phénomènes dynamiques et leur résultante sédimentologique seront différents.
La houle, toujours faible sur le delta, n'intervient que dans la partie externe du delta-front, où son action reste
relativement modérée vis-à-vis de l'action des courants. D'une façon générale, c'est sur le delta-front que les
phénomènes dynamiques, et donc les sédiments, sont les plus diversifiés et les plus complexes. A l'inverse d'autres
deltas, tel le Mississippi qui reflète une action prépondérante d'un facteur dominant (les apports fluviaux), la
Mahakam témoigne d'une action conjuguée de plusieurs mécanismes (apports fluviaux et marée).
De nombreuses études effectuées sur l'hydrodynamique des milieux estuariens et deltaïques (WRIGHT, 1977)
ont montré que la sédimentation dans les embouchures fluviales est contrôlée par le phénomène de « j e t »
hydraulique qui résulte de l'injection et de la dispersion d'un écoulement fluvial dans le réceptacle que constitue la
mer. Lorsqu'il y a peu de différence de salinité (donc de densité) entre l'eau issue de l'embouchure et l'eau côtière,
les forces d'inertie et de turbulence contrôlent la dispersion des eaux du fleuve en mer. Si au contraire la différence
de densité provenant de l'existence d'un gradient de salinité entre les masses d'eau est importante, les forces de
flottaison (buoyancy) contrôlent la dispersion des eaux de l'embouchure en mer.
Chaque mécanisme donnera lieu à une dynamique distincte, qui déterminera un modèle sédimentaire
caractéristique. W R I G H T a résumé succinctement les caractéristiques sédimentologiques associées à chacun de ces
mécanismes (fig. 53). L'examen des différentes embouchures de la M a h a k a m permet de constater qu'en fonction
de l'importance relative de l'écoulement fluvial par rapport à la marée, la dynamique et la géométrie des dépôts
varient systématiquement.
Dans les embouchures de distributaires ayant un débit fluvial important, la morphologie est caractérisée par
des levées sous-marines (subaqueous levees) parallèles au chenal, qui limitent la dispersion latérale de l'écoulement
lequel reste canalisé dans un chenal unique et sans bifurcation. Ce chenal, entaillé dans le delta-front, se termine
en une barre d'embouchure (stream mouth bar) qui se trouve généralement à une distance égale à 4 à 6 fois la
largeur du chenal de l'embouchure. ( W R I G H T , 1 9 7 7 ) . La barre d'embouchure représente le dépôt des sédiments
sableux charriés dans le chenal. Ce dépôt s'effectue dans la partie distale du chenal à la limite externe du delta-
front lorsque la vitesse de l'écoulement chute brutalement. Dans ces conditions, le chenal est généralement
rectiligne.
Barre de bifurcation
Barre de
marée
Au large des distributaires ayant un débit fluvial moins important, la stratification de salinité n'est pas
suffisante pour maintenir le contraste de densité qui permet aux mécanismes de flottaison de dominer la
dispersion des eaux issues du distributaire. Dans ces zones, les processus de frottement domineront. Dans le
schéma théorique, la dispersion latérale importante des eaux du distributaire est induite par la friction de
l'écoulement sur le fond. Elle donne lieu à une sédimentation sableuse dans l'embouchure. Il se crée alors une
barre sableuse triangulaire dite de « bifurcation » (middle ground bar) qui fait diverger le chenal en deux bras
secondaires (fig. 53). Ces divergences de chenal, avec des barres triangulaires à chaque bifurcation, sont
caractéristiques des embouchures où l'écoulement fluvial est freiné par l'action de la marée. C'est le cas au large
du chenal de Handil, où le débit fluvial est insuffisant pour maintenir un chenal unique jusqu'à la partie externe du
delta-front.
Enfin, les petites embouchures distributaires situées entre Muara Pegah et Muara Jawa (fig. 54) n'ont pas un
débit suffisant pour maintenir un chenal incisé dans le delta-front. Elles ont élaboré des petites bifurcations avec
des embryons de barres près de la côte. Les apports de sable par ces petits chenaux sont faibles et ne peuvent
entretenir qu'une série de petites barres sablo-vaseuses dans la partie interne du delta-front ou dans l'embouchure
même des chenaux, ce qui tend à les obstruer.
Dans les embouchures des chenaux de marée non reliés aux distributaires, tels que Muara Bayor, les forces
dominant les processus hydrodynamiques et sédimentaires sont les marées et les courants de marée. Ces
écoulements engendrent une morphologie typiquement estuarienne avec des embouchures très évasées et, plus en
amont, des chenaux extrêmement méandriformes. Dans les embouchures et sur le delta front, les courants de
marée forment un système d'écoulements séparés au flot et au jusant. Le résultat de cette séparation est la
formation de barres allongées et parallèles isolant de part et d'autre, des écoulements à prédominance de flot et de
jusant. Ces barres sont appelées « tidal ridges » par les Anglo-saxons (OFF, 1963).
MORPHOLOGIE OU OELTA FRONT -Fig. 54_
Par ailleurs, on peut supposer l'existence de cycles évolutifs de différents types de barres se succédant dans le
temps, en fonction des caractéristiques hydrodynamiques variables de l'embouchure, lorsqu'un distributaire est
en voie d'abandon et que le débit fluvial décroît. La morphologie, initialement du type barre d'embouchure, se
convertira en chenaux ramifiés et en barres de divergence, et enfin, en barres de marées lorsque le distributaire
sera abandonné. Une telle évolution, associée à une progradation et une subsidence active, peut superposer des
dépôts de barres d'origine distincte.
— Processus sédimentaires.
La sédimentation sur le delta-front est contrôlée par les phénomènes hydrodynamiques précédemment
décrits. Dans les chenaux associés aux distributaires le sable est transporté par charriage en période de forts
débits fluviaux ou de vives-eaux. Malgré un transport important de sable, les chenaux, associés aux distributaires
actifs ne sont que des lieux de transit. Le sable ne s'y accumule pas, car, tôt ou tard, il se sédimente à la terminaison
du chenal en bordure du delta-front. Cette sédimentation s'effectue sur la barre d'embouchure pour les chenaux
importants, et sur les barres de bifurcation pour les chenaux secondaires.
Sur l'extrémité distale de ces barres, la faible houle induit une petite dérive littorale qui remanie les sables et les
rend plus propres que dans la partie plus interne du delta-front. Localement, les courants de marée pourront
former des barres (tidal ridges) parallèles aux chenaux.
L'examen de la surface des différentes barres de la partie interne du delta-front à marée basse (fig. 17 et 18)
montre la diversité des conditions sédimentaires régnant dans ces zones. Les structures sédimentaires varient des
ripple marks aux megaripples, orientés tantôt au flot, tantôt au jusant. Dans les creux, entre les rides, des dépôts
argileux peuvent s'accumuler pendant les étales de marée et former les nombreux lentilles et jlasers d'argile
caractéristiques d'un milieu de tidal flat ( R E I N E C K , 1 9 7 3 ) .
Malgré une morphologie assez diversifiée et complexe, les différents types de barres du delta-front ont des
faciès relativement similaires, constitués de sables fins avec des laminations et Jlasers d'argile, et marqués par
l'activité de la faune marine : débris bioclastiques, terriers, pistes, etc. Les bioturbations sont surtout développées
dans les barres associées aux distributaires les moins actifs.
Dans les cuvettes et chenaux secondaires, entre les barres, la faiblesse des courants aux étales permet la
sédimentation des vases apportées en suspension par les chenaux distributaires, surtout en périodes de forts
débits et de vives eaux. Le survol du delta-front à la pleine mer montre bien les accumulations d'eau turbide dans
les zones avoisinant les embouchures des distributaires (fig. 17). Cette sédimentation argileuse est surtout active
dans la partie interne du delta-front, et sur les tidal flats jouxtant la bordure de la plaine deltaïque où l'énergie des
courants est très faible.
Dans les zones interdistributaires, la sédimentation est à dominante argileuse car le sable ne provient que des
embouchures distributaires, et la faible houle ne permet pas le transit du sable par dérive littorale d'une
embouchure à l'autre. Les argiles qui s'y sédimentent proviennent soit des distributaires (par le biais de quelques
chenaux de marée qui leur sont reliés çà et là) soit par transit en suspension sur la plate-forme du delta-front. La
plus faible turbidité des eaux dans ces zones et leur salinité plus élevée permettent une activité biologique plus
importante que dans les distributaires. Ceci se reflète par la plus grande richesse en débris coquilliers des
sédiments de ces zones interdistributaires.
Les embouchures qui ne sont soumises qu'à l'action de la marée ont une forme très évasée. Les rives de la
partie aval de ces embouchures sont souvent en voie d'érosion sous l'action des courants de marée. Cette érosion
des berges couvertes de végétation fournit une très grande quantité de débris de plantes qui sont évacués vers
l'embouchure. Ces débris s'ajoutent à ceux apportés par les distributaires. Ils s'accumulent sous l'effet du clapot
sur le delta-front, en formant de véritables cordons de plages de lignite détritique (fig. 16).
La figure 55 montre d'une façon schématique la répartition des sédiments sur le delta-front :
— zones à distributaires — barres sableuses de divers types, généralement allongées parallèlement aux
chenaux, avec des sédiments argileux s'accumulant entre les barres ;
— zones interdistributaires — sédimentation à prédominance argileuse ; accumulation de cordons de lignite
détritique sur l'intérieur du delta-front.
Au cours des diverses campagnes sur le delta, plus d'une centaine d'échantillons de sédiments ont été prélevés
dans différentes zones du delta-front et ont permis de dresser des cartes sédimentaires détaillées. Deux types
d'environnement distincts ont été définis sur le delta-front : les zones associées aux débouchés des distributaires
fluviaux et les zones interdistributaires.
Elles se caractérisent par un apport de sables fluviaux provenant des distributaires et qui s'accumulent
dans les divers types de barres décrits précédemment. Ces sables sont fins à moyens, parfois argileux, de couleur
vert olive. Dans la partie distale du delta-front des débris coquilliers, épars dans le sédiment ou en lits, se font plus
nombreux.
La taille des grains est relativement constante dans tout le delta-front (150 à 200 ^m) ; elle est plus faible que
celle des sables des chenaux distributaires de la plaine deltaïque (fig. 56). Les sables sont bien classés et le grain
maximum dépasse à peine le double du grain moyen. L'écart type en unités <p varie entre 0,34 et 0,80 avec une
majorité des valeurs inférieures à 0,60 ce qui indique un bon classement. Le skewness paraît peu significatif
puisque tantôt positif, tantôt négatif.
D'une façon générale, il existe un granoclassement bathymétrique sur les barres, puisque la fraction silteuse et
argileuse ( < 63 (im) est généralement plus faible au sommet des barres qu'à leur base.
LOG PETROGRAPHIQUE
du sondage
S11
B a r r e discale du delta front -Fig. 56-
GRANULOMETRIE ARGILES
DESCRIPTION CONSTITUANTS
Grain R.X
o 20 40 «o 80
Sable fin massif.
.Y.Y.'.Y.Y.Y H •.••••••I^^WiW,
Sable fin et argile avec
lentilles silteuses.
lentilles argileuses.
••••t^^^l1!
•M ••'•••'••• ••tm^M'i 1 , 1 ,
Argile sableuse et sable
argileux vert.dair,
quelques lentilles au • M-Y---I--
niveaux discontinus de
de débris ligniteux.
••••f^^^v, 1 , 1 ,
LEGENDE
11111
l,,,,) l l l i t e - montmor.
Cette gradation se traduit par une séquence verticale caractéristique, consistant en une diminution de
l'argilosité des corps sableux vers le sommet ; elle est très nette dans les sondages effectués à travers les barres du
delta-front du distributaire de Handil (fig. 55). Les barres sont accumulées sur un substratum d'argile, le plus
souvent du prodelta, avec lesquelles elles ont un contact lithologique progressif. Généralement, les sables du delta-
front sont moins « propres » que ceux des chenaux distributaires de la plaine deltaïque alluviale, et dans leur
ensemble, les grains de sable ont une morphoscopie plus arrondie et plus évoluée (fig. 44).
La composition minéralogique est assez proche de celle décrite pour les sables de la plaine deltaïque ; toutefois
les proportions des divers constituants changent, et même à l'intérieur de la barre où elles varient en relation avec
la lithologie décrite ci-dessus. On notera par exemple un peu plus de carbonate (1 à 2 %), mais presque autant de
débris ligniteux (fig. 56).
Le sable fin contient 10 à 20 % de petits fragments de roche (schiste, chert, lave, etc.), des grains roulés d'argile
(10 à 15 %), des feldspaths plagioclases altérés (5 à 7 %), des minéraux lourds ( ~ 2 %) toujours les mêmes, de la
pyrite (2 à 3 %), des coquilles brisées (jusqu'à 5 %), entre autres, celles de Foraminifères du genre Ammonia, et des
débris ligniteux (6 à 7 %) surtout dans les niveaux plus fins situés à la base des corps sédimentaires.
L'exoscopie permet de retracer l'histoire de chacune des catégories de grains de sable (jusqu'à 8 stades
d'évolution), c'est-à-dire, les passages successifs de milieux d'énergie différente et d'influence tantôt marine, tantôt
fluviatile. L'environnement de dépôt final est caractérisé comme étant : « marin à énergie moyenne » ou « marin à
basse énergie ».
L'histoire de ces grains est résumée dans les figures 57 et 58 illustrant les principales évolutions qu'ils ont
subies.
La teneur en carbone organique est assez élevée (5 à 7 %), surtout dans la partie interne du delta-front et les
zones d'embouchures. Cette teneur diminue légèrement en s'éloignant vers le prodelta (4 à 6 %).
Des sédiments argileux s'accumulent de part et d'autre des barres sableuses. Ils sont plus hétérogènes que les
sables, puisqu'ils peuvent varier depuis des argiles pures jusqu'à des sables argileux.
Photo 1 : Grain 3 - Néogenèses deltaïques polies sur le sommet (flèche) par le transport aquatique final.
Photo 2 : Grain 3 - Même sur les faces planes, la surface est bien nettoyée par les influences marines.
L'histoire du grain 2 est donc la suivante :
1 : Immobilisation dans un delta.
2 : Reprise marine.
Photo 4 : Grain 4 - Au fond d'une profonde dépression (flèche) subsistent même des lambeaux de néogenèse, mais à ce grandissement, le
grain présente essentiellement des caractères marins.
Photo 5 : Grain 4 - Détail du cliché 4. A plus fort grandissement, apparaissent des globules siliceux fluviatiles en voie de dissolution
(flèches).
Photo 6 : Grain 5 - Grain purement marin, sur lequel les traces de choc les plus anciennes sont exploitées par des figures de dissolution.
EXOSCOPIE DE QUARTZ DU DELTA FRONT .Fig. 57-
- Haut» I moyenne dnerg ie - . Basse énergie- Haute t moyenne énergie. . Basse énergie-
FLEUVE FLEUVE © © • M
s CHENAUX A PLAINE
DELTAÏQUE
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DE DELTA
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1_ Y Y
DELTA FRONT EXTERNE Ech. S8
(O.IOm.)
Haute à moyenne énergie Basse énergie - Haute à moyenne énergie - . Basse énergie.
Ech.S11 Ech.131
(3,6Qm) reie:o.eio;go]
-Fig.58. EXEMPLE
D'EVOLUTION SEDIMEWTOLQGIQUE
DU STOCK SABLEUX
PLAN
DE POSITION
OE 3 ECHANTILLONS
• su
Les sédiments y sont à prédominance argileuse. Quelques rares dépôts de barres sableuses s'y trouvent. Ces
corps sableux paraissent peu épais ( < 1 m) et sont constitués de sables provenant probablement des
distributaires de la plaine deltaïque, comme l'indique l'analyse exoscopique. La figure 74 résume les grandes
lignes de la répartition des sédiments. En bordure de l'estran ils sont généralement argileux, avec un pourcentage
variable en débris végétaux. Sur la partie interne des tidal flats de l'estran, s'accumulent les cordons de lignite
détritique, mentionnés précédemment. Plus vers le large, sur la plate-forme du delta-front, les sédiments sont des
argiles gris-noir, avec des débris coquilliers. Dans les chenaux, les sédiments sont aussi argileux, mais avec une
plus grande proportion de débris coquilliers. Les caractéristiques minéralogiques et géochimiques des argiles
sont identiques à celles des zones distributaires.
L'analyse des quelques sables de ces régions montre qu'ils sont parfois constitués en grande partie de grains
bruns, ovoïdes (jusqu'à 30 % dans certains échantillons prélevés au large de T a n j u n g Bayor) (fig. 59). Ils sont
désignés sous le terme général de « pelloïdes » (fig. 60 et 61).
Il est frappant de constater que les pelloïdes se trouvent principalement dans les zones interdistributaires.
L'étude micropaléontologique des Foraminifères a permis d'établir une zonation caractéristique du delta-
front (fig. 45) p o u r les régions de M u a r a Handil et T a n j u n g Bayor.
Les associations de Foraminifères (*) sont soit du type marin marginal, soit du type marin peu profond. Dans
le premier cas, on peut citer les Foraminifères calcaires tels que Pseudorotalia, Elphidium, et Ammonia. Dans le
(*) Les associations sont fondées sur des groupes de Foraminifères distingués à des niveaux taxinomiques élevés afin d'éliminer toute
influence biostratigraphique.
PELLOIDES FERRUGINEUX DE TANJUNG BAYOR
Photographie microscope optique _ Fig. 6 0 -
X 50
Idem
X 110
PELLOIOES FERRUGINEUX DE TAIMJUIMG BAYOR
Photographie M.E.B. _Fig.61 _
Lobservation en électrons
retrod if fuses met en évidence
le contraste entre le cortex
et les nuclei.
Même échantillon
Carte de répartition du
fer en spectométrie X
second cas, il s'y ajoute de grands Foraminifères comme Operculina spp. Les Miliolidae comme Quinqueloculina
sont présents dans la plupart des échantillons.
— La recherche spécifique d'Ostracodes a montré que le delta-front présente une faune très riche et très
variée répartie en trois types d'associations différentes (*) :
• l'association marine marginale, relativement pauvre en individus, mais à forte diversité spécifique,
caractéristique d'un milieu littoral agité;
• l'association marine peu profonde, très diversifiée en espèces (souvent plus de 30) et extrêmement riche en
individus ;
• l'association marine peu profonde à caractère phytal bien marqué, qui se distingue de la précédente
uniquement par une forte proportion d'espèces vivant en association avec des algues (fig. 63).
Les différences entre la plaine deltaïque et le delta-front se manifestent surtout par les séquences lithologiques
des corps sableux (contacts, enchaînements verticaux). Néanmoins, les faibles mais systématiques différences de
granulométrie et de micropaléontologie peuvent fournir des éléments permettant de mieux étayer la
reconstitution de ces environnements.
Les trois types de barres existent en même temps dans le delta-front des zones distributaires, et leur
superposition rend très complexe l'étude détaillée de la géométrie des corps sableux. De ce fait, un grand nombre
de sondages serait nécessaire pour décrire la géométrie de chaque barre dans une zone distributaire donnée, ce
qui n'a pu être réalisé dans le cadre de cette étude. Néanmoins, la prépondérance des barres du type
« bifurcation » et « tidal » (le débit fluvial de la M a h a k a m est insuffisant pour engendrer des barres d'embouchure
notables) fait que la géométrie et les faciès d'ensemble des corps sableux du delta-front peuvent se résumer à une
séquence caractéristique.
Un total de six sondages a été effectué dans le delta-front du distributaire principal et dans des barres
d'origines différentes. En raison de problèmes matériels, aucun carottage continu n'a pu être réalisé dans le delta-
front interdistributaire (Tanjung Bayor). Les sondages effectués pour le dragage du chenal d'accès à Samarinda et
les prélèvements de surface permettent de compléter latéralement et longitudinalement les séquences observées
dans les carottages.
Ces sondages ont montré :
— dans la partie distale du delta-front, une séquence négative « coarsening upward » avec enrichissement
graduel du sédiment en sable vers le sommet. Le contact basai de cette barre est très progressif avec les
sédiments argileux du prodelta sous-jacents. Les barres, au droit du distributaire principal, montrent jusqu'à 6 m
de sable moyen à fin et riche en débris coquilliers, au-dessus d'une séquence constituée de 3 à 4 m d'alternances
argilo-sableuses à débris végétaux et fragments coquilliers,
— dans la partie interne du delta-front,la séquence verticale montre davantage d'interlits de sable et d'argile
et un plus faible développement des sables propres terminant la séquence (1 à 2 m).
Les sondages effectués dans l'axe longitudinal du dépôt sableux montrent que la barre est essentiellement
constituée par des alternances de sables et d'argile. Les sables propres ne sont développés qu'au sommet des
séquences et essentiellement dans la partie distale où l'action des vagues empêche le dépôt des vases.
L'évolution transversale a pu être observée grâce aux quatre sondages établis sur une radiale E-W dans la
partie distale du delta-front. Ceux-ci montrent sur les six mètres de sable propre de la barre d'embouchure une
évolution latérale donnant lieu à des digitations en niveaux sableux peu épais (1 à 2 m) alternant avec des argiles.
Le sondage SI5 établi sur une barre de bifurcation montre une séquence verticale analogue avec un sable
argileux à débris coquilliers de 6 à 7 m passant vers le sommet à un sable propre de 1 m d'épaisseur. Cette
COUPE LITHOLOGIQUE DAIMS L E OELTA FRONT
-Fig. 64_
Plaine
deltaique • Oelta front
12
16
20
24
SABLE
ARGILE
VV V DEBRIS VEGETAUX
DEBRIS COQUILLERS
séquence n'est donc pas très différente de celles observées dans la barre d'embouchure du chenal de Muara Pegah.
Latéralement, les faciès associés aux barres de bifurcation n'ont pas été carottés ; les échantillons prélevés au fond
des chenaux développés latéralement montrent des fragments coquilliers très grossiers et très abondants (charnel
lag deposits).
D'une façon générale, les séquences verticales des barres de delta-front se caractérisent par :
- un noyau sableux propre développé très inégalement. Celles qui sont associées aux distributaires les plus
actifs ayant les sables propres les plus épais. Ces corps sableux présentent des faciès sableux moins propres et
moins épais que les barres d'accrétion de la plaine deltaïque fluviale;
- des faciès de sables propres localisés au sommet des barres et dans leur partie distale, au contraire du
schéma de la plaine deltaïque fluviale (sable propre à la base) ;
- des faciès argilo-sableux ou à alternances de sables et d'argile qui représentent la plus grande partie des
dépôts ;
- une évolution longitudinale des faciès sableux montrant l'amincissement et la dégradation des qualités
réservoir vers l'amont (fig. 64) ;
- une évolution transversale pouvant être soit graduelle par interdigitation avec les argiles silteuses du delta-
front, vers l'extérieur dé la barre, soit très nette lorsqu'un chenal limite les dépôts sableux.
La géométrie des barres sableuses déposées sur le delta-front distributaire est directement lié aux processus
hydrodynamiques dominants. Leur morphologie instantanée peut se caractériser selon les types décrits
précédemment. Cependant, la géométrie en trois dimensions d'une barre sableuse intègre les différentes étapes de
II7-IS'
son développement et l'accumulation résultante représente une somme d'épisodes de dépôts sableux sous des
régimes hydrodynamiques variables. Ces variations dans le temps déterminent une succession d'événements de
construction et d'érosion.
Ainsi, les barres sableuses ont une géométrie en trois dimensions bien plus complexe que leur morphologie
superficielle ne le montre. Leur géométrie générale est celle de dépôts très étalés et ayant une épaisseur faible par
rapport à leur superficie (en moyenne 2-3 m). Cependant les barres s'accumulant au droit des principaux
distributaires peuvent avoir des épaisseurs de sable de l'ordre de 5-6 m. La succession des phases de dépôt et de
remaniement aboutit à des contours très variables pour chaque barre sableuse individuelle.
Ainsi, la barre du chenal de Muara Pegah (fig. 65) montre une géométrie plane en forme de U et elle se présente
comme un « coin » sableux de 7-8 m d'épaisseur maximale en aval et de 2 à 3 m seulement dans sa partie interne.
Son extension est d'environ 30 k m 2 et elle montre une digitation très nette créée par l'incision du chenal actif. La
barre de bifurcation carottée à SI5 a une extension comparable mais sa géométrie extrapolée des données
disponibles indique un noyau sableux propre peu important et très localisé. Les barres d'origine tidale sont peu
étendues individuellement mais sont très allongées le long de l'axe des courants de marée.
En général, les dépôts sableux du delta-front distributaire se présentent comme des barres distinctes,
nettement délimitées au niveau du corps élémentaire. Cependant, l'évolution des caractères dynamiques (débit
fluvial, courants de marée, houle, courants côtiers) permet la coexistence sur la même plate-forme de différents
types de barres. L'évolution progradante des distributaires ou l'abandon de chenaux peut induire des variations
sédimentaires dans les barres déjà déposées et créer un vaste système de corps sableux interdigités où le sable
représente 40 à 50 % des sédiments en place.
Les réservoirs associés à cette sédimentation seront toujours complexes, formés de successions de faciès de
bonne qualité passant latéralement et verticalement à des zones médiocres.
— Séquences d'évolution.
Lors de l'avancée du système deltaïque, l'ensemble des faciès prograde vers la mer. Au niveau du delta-front,
ceci se traduit par un « empilement » des barres sableuses. En effet, aux effets de la progradation s'ajoute une
accumulation verticale des corps sédimentaires sur le substratum non compacté des vases de prodelta.
Ce phénomène est mis en évidence par les datations effectuées sur les débris organiques. Le double
mouvement de progradation et d'empilement vertical aura pour résultat de créer, lors d'une progradation
importante, un vaste système où de nombreuses barres seront à la fois interdigitées et superposées. Ceci sur des
épaisseurs assez importantes (10-20 m) en regard de la hauteur instantanée du système distributaire sur le delta-
front (actuellement environ 5 m). Un même dépôt sableux peut alors montrer une migration verticale et
progradante avec plusieurs épisodes d'arrêt de sédimentation et créer ainsi une séquence de « travelling offlap »
caractéristique des progradations deltaïques.
Enfin, ces accumulations de barres sableuses pourront être recoupées par les chenaux distributaires, voire
incisées par des chenaux de marée. En effet, la progradation du système amène les chenaux distributaires à
entailler les dépôts du delta-front. En ce sens, la barre située à l'embouchure de Muara Pegah montre l'amorce de
ce phénomène qui peut se prolonger et séparer la barre en deux parties indépendantes qui ne seront connectées au
point de vue réservoir que lorsque le chenal se sera lui-même rempli (phase d'abandon) (fig. 66).
La séquence d'ensemble montrera donc un empilement « désordonné » de nappes sableuses recoupées par
des chenaux allongés remplis de sédiments sableux ou argileux. Ces chenaux pourront faire communiquer
latéralement et verticalement (par érosion de barres sous-jacentes) les barres de delta-front et créer ainsi des
réservoirs sableux très étendus en superficie et en volume mais à géométrie complexe et dont le drainage fluide
sera limité par la qualité des communications entre différents corps sédimentaires. Le terme final de cette
séquence sera les dépôts argileux et les charbons (empilement de la végétation) de la plaine deltaïque supratidale
(fig. 67).
Zone interdistributaire.
La plate-forme de delta-front située au large des embouchures de Tanjung Bayor ne montre que peu de
sédiments sableux, aussi bien en surface que dans la section de 0 à 20 m. Quelques carottages et prélèvements de
surface montrent un développement sableux superficiel au sommet des barres tidales, argileuses, allongées
parallèlement à la direction moyenne des courants de marée (globalement E-W à Tanjung Bayor). La séquence
CON,INU
I I SABLE (BARRE) —
—1 CHARBON
=q — discontinu
—J ARGILES DE DELTA FRONT
verticale observee sur une carotte peu profonde (1 à 2 m) montre un sable silteux et argileux reposant directement
sur l'argile de delta-front, elle-même sableuse et riche en débris végétaux. Ce « sable » est souvent composé en
grande partie des pelloïdes ferrugineux (coated grains) décrits précédemment.
Les sondages profonds (45 m) n'ayant pas rencontré de dépôts sableux significatifs, il ne semble pas que cette
zone ait été précédemment occupée par un système distributaire. Les barres de marée (tidal bars), observées en
surface, représenteraient donc des hauts-fonds argileux séparant les chenaux de marée. La principale
caractéristique du delta-front interdistributaire est l'absence de corps sableux conséquents. Une telle séquence se
présentera sous forme d'argile massive riche en débris végétaux et coquilliers.
Sur le delta-front interne, la sédimentation argileuse s'effectue sur des « tidal flats ». On observe que la partie
interne de ces zones intertidales est souvent occupée par des dépôts de lignite détritique.
Progradation
de la plaine deltaïque Argile Débris végétaux
sur le Delta Front
Argile sableuse Faune marine
Sable
Ils se présentent comme de véritables plages formées par accrétion de cordons de lignite, l'ensemble de
l'accumulation progradant vers le delta-front. La géométrie d'ensemble de ces dépôts est caractérisée par (voir
fig. 68) :
— une séquence verticale de 1 à 2 m de débris lignitiques reposant sur une série à alternances argileuses (lits
d'argile de 2 mm à 1 cm) de plus en plus fréquents vers la base. Cette série argilo-lignitique se développe sur 2 à
3 m et repose sur des argiles du delta-front ;
— une extension latérale des faciès lignitiques sous forme de cordons allongés parallèlement à la ligne de
côte. Ces dépôts occupent une vaste étendue dans la basse plaine deltaïque (plusieurs km 2 à Tanjung Bayor).
Ils sont bordés en amont par les argiles de la plaine deltaïque, et vers l'aval par les vases du tidal flat qui se
trouve au-dessous des cordons de lignite.
La préservation de ces dépôts dans une séquence d'avancée du delta aboutira à la formation de bancs de
lignite et de charbon (par diagénèse) peu épais ( < 1 m) et peu étendus, passant latéralement et d'une façon
progressive à des argiles riches en débris organiques.
Les cordons de lignite sont bien développés sur les avancées de la plaine deltaïque des zones interdistributaires
où l'érosion côtière libère des quantités importantes de débris végétaux qui s'ajoutent aux débris de bois
transportés par le fleuve et les courants de marée.
Conclusion.
La plate-forme du delta-front est le second lieu d'accumulation des corps sableux dans le delta de la
Mahakam. Les dépôts sont essentiellement des barres sableuses de géométrie et d'origine diverses. Il s'agit
d'ensembles peu épais (2 à 8 m), bien développés au large des embouchures des distributaires et formant par
juxtaposition latérale des étendues sableuses de plusieurs dizaines de km 2 . La séquence verticale, à l'opposé de
celle des barres latérales de la plaine deltaïque fluviale est du type coarsening upward, c'est-à-dire, avec
augmentation du sable propre vers le sommet et un contact basai progressif depuis les argiles du prodelta.
Au large des zones interdistributaires, les sédiments sont essentiellement argileux, seules des barres de marée
peu épaisses sont présentes en surface mais ne semblent pas représenter des accumulations de sables importantes,
ni être préservées au cours de l'évolution du système. Les tidal Jlats de ces zones interdistributaires sont, eux,
caractérisés par des cordons de lignite détritique.
PRODELTA
— Processus hydrodynamiques.
Au-delà de la rupture de pente qui sépare le delta-front du prodelta (fonds supérieurs à 5 m), le régime des
courants est très faible. Les mesures effectuées sur la plate-forme de Bekapai, à 5 km au large de l'extrémité de
delta-front, indiquent que les vitesses de courant ne dépassent guère 30 cm/s en surface et 20 cm/s près du fond.
Ces courants résultent de la superposition des courants de marée et de la dérive générale vers le Sud des eaux
du détroit de Makassar.
Bien qu'ils n'aient pas été mesurés, on peut supposer l'existence de faibles courants de retour vers le delta sur le
fond, dans la zone du prodelta. Ce phénomène, associé aux embouchures des principaux distributaires, est lié au
« j e t » des eaux fluviales qui s'étalent vers le large en période de crue, en « flottant » sur les eaux marines plus
denses (fig. 69).
La faible amplitude de la
-Fig. 69- M O U V E M E N T S S C H E M A T I S E S D E L E A U DAIMS L A
houle dans toute cette zone, et
ZOIME D U P R Q D E L T A
les profondeurs relativement
importantes du prodelta
•elta front Prodelta ( > 10 m) font que l'action de
la houle est pratiquement nulle
sur les fonds au-delà de la
Zones interdistributaires rupture de pente du delta-
et distributaires en période front.
de faible débit fluvial.
— Processus sédimentaires.
•elta front Prodelta Les seuls sédiments qui at-
teignent la zone du prodelta
sont les silts et argiles en sus-
Zones distributaires en pension, car les sables trans-
périodes de gros débit fluvial. portés par charriage sont
« piégés » dans les barres mar-
quant la terminaison des che-
naux sur le delta-front. En ef-
fet, la vitesse des courants de
fond est très réduite au-delà
de la rupture de pente ( > 5 m) et ne peut assurer un transport par charriage.
Par contre, les apports d'eau fluviale provenant des distributaires et chargés de sédiments en suspension,
fournissent une quantité variable de vases au prodelta, vases qui se décantent en dehors des chenaux trop
turbulents, soit sur les hauts-fonds du delta-front, soit au large sur le prodelta.
L'analyse et la comparaison des volumes de sédiments accumulés dans le delta-front et la plaine deltaïque
(épaisseur combinée d'environ 15 m) montrent qu'actuellement la majeure partie des argiles se dépose dans le
prodelta.
En période de fort débit fluvial, ces suspensions vont relativement loin en mer, comme en témoigne l'existence
de panaches d'eau turbide qui s'étendent parfois jusqu'à plusieurs dizaines de kilomètres en mer. Ces suspensions
se décantent lentement, tout en étant reprises par les courants de dérive, et les éventuels courants de retour dans la
tranche inférieure de la colonne d'eau. Ces deux phénomènes agissent pour « piéger » les vases dans la partie du
prodelta adjacente aux distributaires majeurs de la zone sud du delta.
La topographie très accidentée des fonds au-delà de l'isobathe - 70 m indique que les accumulations
importantes d'argiles deltaïques, et donc le prodelta, se limitent à cette profondeur.
Par comparaison aux autres deltas du monde, et compte tenu de la pente raide (jusqu'à 5,5°) et de la nature
fluide des vases, la zone interne du prodelta est probablement soumise à des phénomènes de slumping. Cette
hypothèse n'a pu être vérifiée au cours de l'étude.
Seuls quelques échantillons ont été prélevés dans cette partie distale du delta. Lithologiquement il s'agit
toujours de vase brune homogène, assez fluide en surface et plastique une fois consolidée. La séquence verticale du
prodelta a été carottée à l'occasion de sondages de reconnaissance autour du site de Bekapai. Elle se compose
uniquement d'argiles massives, sans litage ni intercalations sableuses (fig. 63).
L'analyse par diffraction X révèle une proportion de quartz (en très fines particules) de l'ordre de 30 à 40 %, la
composition des argiles étant toujours la même que celle décrite dans les autres environnements. La matière
organique est moins abondante (4 à 5 %) que dans les argiles du delta-front (5 à 7 %). Ces vases contiennent les
microfaunes marines déjà énumérées à propos du delta-front auxquelles s'ajoutent des Foraminifères
planctoniques (fig. 45) et deux associations d'Ostracodes. L'une, caractéristique du prodelta supérieur est pauvre
et peu diversifiée (effet de thermocline ?) avec le genre dominant Parakrithe sp. AB, l'autre, caractéristique du
prodelta inférieur est moyennement riche et assez diversifiée, avec en particulier Macrocypris sp. A, Cytherelloidea
cingulata, Cythereloidea sp. B, Monoceratina sp. B et Bairdia cf. boeloenganensis, typiques de la plate-forme
continentale externe (fig. 63).
Séquence de dépôts.
Le prodelta occupe environ 2 700 km 2 ce qui en fait l'environnement le plus étendu. Il se développe entre la
limite externe du delta-front ( - 5 m) et le plateau continental, jusqu'à la profondeur approximative de - 70 m,
soit une épaisseur de dépôt d'environ 65 m. Après compaction, la séquence du prodelta est réduite à une vingtaine
de mètres (sondage S6) et l'ensemble de la série deltaïque ne fait que 35 m. Les dépôts de prodelta représentent
donc à eux seuls 60 % de la séquence deltaïque.
Le prodelta, tel qu'il est actuellement développé dans le delta de la Mahakam ne présente pas d'intérêt
particulier pour la répartition des sédiments sableux. Par progradation du système deltaïque, il formera donc une
nappe argileuse sur laquelle l'ensemble des faciès dépositionnels avanceront et qui sera facilement compactée par
les sédiments distribués sur le delta-front.
E N V I R O N N E M E N T S LATÉRAUX
De part et d'autre de l'appareil deltaïque, la morphologie côtière se présente comme un estran rectiligne,
orienté N-S en bordure d'une basse plaine sédimentaire (fig. 70). La largeur de cette plaine diminue de part et
d'autre du delta, où elle est remplacée par des collines de sédiments sableux d'âge tertiaire. Les phénomènes
sédimentaires dans ces zones latérales sont fonction d'une part, de la houle et des courants côtiers (intensité et
orientation) et d'autre part, de l'afflux de sédiments provenant du delta.
Comme il a été expliqué précédemment la houle et les courants côtiers sont très faibles, au-delà des
embouchures du delta. De ce fait, le transport de sédiments sableux en provenance des distributaires, par dérive
littorale, sera extrêmement réduite ; la grande majorité des sables de la M a h a k a m resteront dans le delta ou ne le
dépasseront que de quelques kilomètres.
Le delta actuel, en ce qui concerne les sables, forme donc un véritable « dépocentre », extrêmement circonscrit
dans l'espace. Au-delà, le sable provient de l'érosion des collines tertiaires qui bordent le littoral.
Les sédiments fins en suspension peuvent se disperser assez loin du delta. En période de crue et de marées de
vives eaux, les eaux fluviales turbides issues des distributaires forment des panaches qui se dispersent loin en mer.
Ces suspensions se décantent au-delà du delta-front et alimentent la zone du prodelta. Une partie d'entre elles
peut aussi être transportée par les courants côtiers, et répartie sur le plateau continental de part et d'autre du
complexe deltaïque.
Dans les environnements littoraux à faible énergie de houle et à marées moyennes, la morphologie est
caractérisée par de multiples barres littorales de faible amplitude, qui s'établissent dans la zone intertidale
parallèlement à la côte. Ces cordons sont engendrés par le déferlement de la houle et forment des barres
asymétriques en coupe, avec la face pentue orientée vers la côte. Elles s'accumulent le long du littoral, de part et
d'autre du delta (fig. 70). Dans la littérature anglo-saxonne, ces barres sont aussi appelées swash bars (barres de
déferlement).
Lorsqu'il y a apport de suspension par les courants de dérive, des sédiments fins peuvent s'accumuler dans les
petites « lagunes » entre les barres, et former éventuellement des tidal Jlats. Par remplissage de ces dépressions, la
côte peut arriver à prograder lentement, en formant une succession de barres sableuses alternant avec des marais
argileux (fig. 70). De telles dispositions de corps sédimentaires parallèles à la côte ne sont pas sans rappeler la
morphologie des plaines de « cheniers » à l'Ouest du delta du Mississippi, malgré des processus de formation
différents. En effet, dans le cas des cheniers, les cordons sableux sont liés à des phases de remaniement et d'érosion
de l'estran pendant une période d'apports réduits de sédiments fins provenant du delta. Cette réduction était la
conséquence d'un changement d'orientation de l'embouchure principale du Mississippi. Ces plaines à
« cheniers » sont surtout développées sur la côte, au Sud du delta, et ont été étudiées sur quelques kilomètres.
Cette asymétrie N-S semble être due au fait que les vases en suspension proviennent surtout des distributaires sud
qui évacuent la plus grande partie des apports fluviaux, et que les courants côtiers, au large du delta, sont
dominants vers le Sud.
Côte au sud du delta; falaise de sables tertiaires; zone intertidale avec de Barres de déferlements et réfraction de la houle.
nombreuses barres de déferlements.
Accrétion de cordons de plage sur la côte au sud du delta Plage de transgression (« washover barrier ») sur une côte en voie d'érosion.
Noter les palmiers érodés au large de la plage.
Contact transgressif de la plage sur les argiles de la plaine deltaïque (voir photo précédente).
Caractère des sédiments et séquence de dépôt.
Aux abords immédiats du delta de la Mahakam, une dissymétrie est notable entre les approches
septentrionale et méridionale.
— Nord du delta.
La lithologie est très variable suivant la position dans le système et la figure 74 donne un aperçu de la
répartition en surface. Seuls les sables francs font l'objet de commentaires.
• Dans le chenal de Badak (à 5 km de l'embouchure), se déposent des sables moyens azoïques (grain moyen
250 pm, grain maximum 700 pm) très mal classés, à grains plutôt anguleux. La proportion de matrice argilo-
silteuse est loin d'être négligeable, de l'ordre de 20 %.
• A l'embouchure, les sables sont beaucoup plus fins (grain moyen ~ 100 pm, grain maximum 300 pm),
mieux classés, plus argileux ( ~ 30 %, soit sous forme de matrice, soit plutôt en grains), et contiennent à la fois de
fins débris végétaux ( ~ 5 %) et des débris de tests. Certains échantillons sont de véritables sables lumachelliques
avec 60 % à 80 % de coquilles et de ce fait, ont un fort pourcentage de carbonate.
• Le long de la côte, on retrouve encore des sables moyens et fins, légèrement argileux avec quelques débris de
coquilles. Latéralement et vers le large, ces sables s'enrichissent en argile, et passent même, à quelques kilomètres
de la côte à des vases très finement silteuses à Foraminifères calcaires, analogues à celles décrites dans le
paragraphe se rapportant au prodelta.
D'une manière générale, le matériel déposé dans cette région septentrionale du delta ne provient pas de la
rivière Mahakam, mais plutôt du remaniement de dépôts plus anciens qui constituent la côte. La preuve en est
donnée par les minéraux lourds composés uniquement d'opaques alors que le reste du delta contient un cortège
plus varié (fig. 79).
Ceci est en faveur d'une extension régionale limitée des dépôts grossiers de la M a h a k a m dont le cortège
minéral ne s'étend pas au-delà de 7 à 8 km du delta lui-même. La séquence de dépôt de la bande côtière
prolongeant vers le Nord les embouchures du delta est essentiellement une plage bien développée, formée de
sables grossiers à moyens, déposés en cordons sableux coalescents. L'énergie d'agitation étant assez forte, on
n'observe pas la préservation de sédiments argileux sauf sous le niveau moyen d'agitation de la houle ( < 5 m).
Le corps sableux dans son ensemble sera donc un bon réservoir éventuel, avec pour séquence verticale une
succession de faciès de plage et une extension latérale assez grande.
— Sud du delta.
Dans cette zone les dépôts sont différents. 11 s'agit de sable fin, assez propre, devenant argileux à proximité des
vasières marines (tidal flat) situées entre les barres de déferlement (swash bar).
Sa composition minéralogique est à peu près la même que celle des sables du front de delta tout proche.
Plus au Sud, en s'éloignant de l'influence et des apports du delta, la nature du matériel change : le sable est plus
grossier, riche en débris de test, avec pour minéraux lourds uniquement des zircons. C'est la conséquence de
l'érosion de la côte, phénomène identique à celui observé au Nord du delta. A 12 km au Sud du débouché du
distributaire le plus méridional, il n'y a plus trace d'apport clastique en provenance du delta.
Dans les carottages effectués on observe une succession verticale d'horizons argileux et de sables moyens à
débris coquilliers (0,5 m à 1 m) avec des contacts nets à la base. En surface, on observe des cordons sableux
(quelques dizaines de mètres) déposés parallèlement à la côte, ayant des contacts latéraux directs avec l'argile
encaissante des tidal flats. Ils formeront, s'ils sont préservés, des corps sableux lenticulaires très allongés
d'extension limitée. Malgré une qualité réservoir assez bonne (sable moyen à grossier propre) ils ne peuvent, dans
ce contexte, donner lieu à des dépôts sableux volumétriquement intéressants (fig. 71).
DELTA de la MAHAKAM
Côte Sud
R E L A T I O N S E N T R E LES FACIÈS
Les sables ne s'accumulent que dans les distributaires et sur le delta-front qui leur est associé. Dans les
chapitres précédents, l'évolution longitudinale des facteurs dynamiques et la nature des sédiments sableux
associés aux sous-environnements ont été décrits.
Étant donné le caractère progradant du delta, chaque environnement a tendance à se développer vers l'aval, et
à se superposer aux environnements plus externes. Par exemple, à un endroit donné, un environnement
d'embouchure se convertira peu à peu en un environnement de chenal de distributaire, en fonction de la migration
vers l'aval de l'embouchure. Ensuite, cet environnement de distributaire sera remplacé à son tour par celui du
distributaire fluvial. Ainsi, la migration vers l'aval de l'ensemble du delta, engendre-t-elle une superposition
d'accumulations sédimentaires variées (fig. 52).
Simultanément, il existe une évolution des caractéristiques lithologiques au sein d'un même ensemble. Par
exemple, un corps sableux associé à un distributaire peut former une accumulation longitudinalement continue
tout le long du distributaire, jusqu'à l'embouchure. Mais l'évolution marquée des facteurs dynamiques, tel que le
rapport entre l'effet du débit fluvial et celui de la marée, engendre une séquence longitudinale de faciès.
La figure 72 schématise l'évolution longitudinale des faciès et des caractères lithologiques d'amont en aval
dans un corps sableux de distributaire et de delta-front.
Dans la partie amont de la plaine deltaïque où l'écoulement fluvial prédomine, avec peu de variations dans le
temps du régime de courants, les sables sont propres, homogènes et marqués par l'existence de litages obliques,
unidirectionnels, soulignés par des laminations de lignite (débris de végétaux et de bois) et parfois des galets
d'argile.
Vers l'aval et la basse plaine deltaïque, le jeu des marées devient plus important, et les variations de courants,
liées aux périodes de vives eaux et de mortes eaux, engendrent localement des dépôts d'argile sous forme de flasers
entre les rides de sable. Ceci se reflète dans un faciès plus « tidal », caractérisé par une augmentation de l'argile,
sous forme de flasers et une diminution de l'ampleur et de l'unidirectionalité du litage oblique.
EVOLUTION AMONT. AVAL DES CARACTERES DES
PLAINE DELTAÏQUE
-fluvial* • tidal*
i— contacts —
u\Aéro*H
franc
c—transition
9
Gamma Ray
Ftasers
vvv Laminations lignltiques
Coquilles
Terriers
Qualité du réservoir
bon
moyen
mauvais AMONT AVAL
(embouchures! PHOXIMAL DISTAL
Dans les embouchures, le sable devient encore plus argileux, et des débris de coquilles font leur apparition. Les
structures sédimentaires de courant sont de faible amplitude et marquées par la bidirectionnalité du courant (flot
et jusant).
Les contacts basaux et sommitaux reflètent également cette évolution longitudinale. A l'amont, la base des
sables est érosive, et au sommet ils passent graduellement (sur 2 à 3 m) à des argiles. Plus vers l'aval, le contact
érosif de la base s'estompe et devient progressif. Au sommet, par contre, le contact graduel devient net dans les
barres des embouchures. La succession et l'évolution des faciès et des contacts au sein d'un même corps sableux
pourront fournir un critère de polarité continent-océan et définir les environnements multiples se succédant dans
le même corps sableux (fig. 73).
Gamma
S A B L E
du rapport
ARGILE
propre
argileux
Argile sableuse
Hors de la plaine deltaïque, les corps sableux du delta-front montrent aussi une évolution longitudinale de
l'amont vers l'aval, c'est-à-dire de la partie proche du delta à la zone distale. Dans cette dernière, les sables sont
plus propres car les eaux sont moins chargées en suspensions, et la houle empêche le dépôt d'argile. D'autre part,
le faciès est plus « marin » avec des rides de vagues et des débris coquilliers. Dans la partie proche du delta, les
sables sont plus argileux avec de nombreux flasers et ils sont riches en débris végétaux.
ÉVOLUTION DES CARACTÈRES PRINCIPAUX
L'évolution des principaux caractères des sédiments dans l'ensemble du delta est illustrée à travers l'exemple
du distributaire principal d'Handil D u a et du delta-front qui lui fait suite.
Les caractères examinés successivement, sous forme de cartes ou de coupes schématiques radiales, sont :
— la lithologie,
— la granulométrie,
— le pourcentage de carbonate dans les sables,
— le pourcentage de débris fossiles,
— le pourcentage de débris ligniteux,
— le pourcentage de carbone organique,
— la distribution des minéraux lourds,
— la répartition des Ostracodes,
— l'influence marine sur les grains de quartz.
A part la granulométrie obtenue à partir de 12 sondages, les autres caractères nous sont fournis
essentiellement par les échantillons de surface.
— La lithologie.
De plus, les analyses du laboratoire ont permis de préciser les pourcentages de la fraction fine (silt + argile)
des sables, ce qui fournit un aperçu des réservoirs potentiels.
Les meilleurs réservoirs sont les barres d'accrétion latérale de la plaine deltaïque fluviale constituées
généralement de sable très propre. Ensuite, ce sont les zones distales des barres de delta-front. Les corps sableux
de la plaine tidale et la zone interne du delta-front fourniront les moins bons réservoirs à cause des nombreux
interlits argileux (fig. 72).
— La granulométrie.
La figure 75 qui résume les caractéristiques granulométriques essentielles montre l'existence de gradients
longitudinaux de la taille des grains de sable et de leur classement. Dans la plaine deltaïque fluviale, la moyenne
des sables se situe entre 200 et 300 ^m ; vers l'aval le grain moyen diminue régulièrement, n'atteignant que 150 |im
dans la partie distale du delta-front. Il a été vu qu'il existait en amont 3 distributions log-normales dans un même
stock sableux. En aval, 2 populations seulement se distinguaient aisément (fig. 40). D'après ces courbes
cumulatives on constate que l'intersection entre les segments de droite représentant la population grossière et la
population moyenne, évolue elle aussi de 1,5 (p à l'amont (S5) à 2 cp pour S7 et 2,3 <p en aval (SI 1). Le décalage des
populations granulométriques peut être interprété (VISHER, 1961), comme le résultat d'une diminution de
l'énergie de transport vers l'aval.
EVOLUTION D'AMONT EN AVAL DES PRINCIPAUX - F i g . 75 _
PARAMETRES GRANULOMETRIQUES
Amont
Aval
P L A I N E DELTAÏQUE DELTA FRONT
— fluviale ». .. tidale .
FRACTION <63F,
L'écart type ci(p, toujours faible, a ses valeurs les plus basses en amont de la plaine deltaïque et sur le delta-
front. Le classement observé est donc le meilleur dans ces deux zones. Entre celles-ci, l'action dominante de la
marée se traduit par des sables relativement moins bien classés qu'en amont ou en aval.
Le skewness (calculé par la méthode des moments) est toujours négatif. Il passe de — 0,60 à l'amont de la
plaine deltaïque tidale à — 1,00 sur le front du delta, traduisant une augmentation de la fraction fine vers l'aval.
La relation entre « Mean cubed déviation » (*) et l'écart typeCT(p(FRIEDMAN, 1967) permet de différencier les
sables de la plaine deltaïque alluviale, de la plaine deltaïque tidale ou du delta-front (fig. 76).
Le graphique de la moyenne en fonction de la fraction fine < 63 |j.m (fig. 77) montre aussi une nette
différenciation des environnements. La plaine deltaïque alluviale est constituée de sable très propre. Plus en aval,
les sables, pour des tailles de grain légèrement plus petites, ont des teneurs en silt et argile plus élevées (de 1 à 5 %).
Dans le delta-front proximal, les sables, encore plus fins, ont davantage de particules fines (jusqu'à 10 %). Enfin,
dans le delta-front distal, pour la même teneur en éléments fins, la taille des grains diminue sensiblement.
Une étude granulométrique effectuée sur une quarantaine d'échantillons répartis dans le delta a montré une
augmentation assez régulière du gradient de classement d'amont en aval, confirmant ce qui a été vu
précédemment : le tri des sédiments est meilleur sur le delta-front que dans la plaine deltaïque tidale.
— Le carbonate dans les sables.
Il est toujours en faible quantité, excepté dans quelques sables coquilliers localement observés dans le chenal
de Badak. La figure 78a montre un gradient très net, d'amont en aval, lié à la présence de faune marine (débris
coquilliers). Dans les chenaux de la plaine deltaïque les teneurs en carbonate sont inférieures à 1 % ; à partir des
embouchures elles atteignent quelques pourcents.
- Les débris fossiles (en lame mince).
Les seuls échantillons fossilifères de surface proviennent du delta front, que ce soit au large d'Handil, de
Tanjung Bayor ou de Badak (fig. 786). En profondeur, dans le sondage S7 situé dans la partie aval de la plaine
deltaïque tidale, il faut descendre à 4,60 m pour trouver les premiers Foraminifères (Ammonia) caractéristiques
d'un milieu légèrement dessalé. Un des caractères du delta de la Makakam est donc la pauvreté en fossiles
animaux.
-Fig.77- RELATION ENTPE LA MOYENNE EN PHI
en P H I
Ils sont toujours fréquents dans les argiles, plus rares dans les sables, mais c'est surtout au large de Tanjung
Bayor, sur le delta-front et le prodelta, que l'on en trouve en abondance (fig. 78c).
— Le carbone organique.
Les teneurs sont toujours importantes avec une moyenne de 5,74 % pour l'ensemble des mesures et un
maximum de 8,47 % (voir fig. 78d). Au-delà du delta-front, dans les argiles du prodelta, le carbone organique
semble diminuer. Ceci est probablement en liaison avec la décroissance de la productivité biologique vers le large.
Sous nos latitudes plus tempérées, de telles teneurs sont rarement atteintes : 5 % dans le bassin d'Arcachon,
1,6 % en moyenne dans le Golfe de Gascogne et 3 à 5,5 % dans le canyon de Capbreton. Une étude plus détaillée
de la géochimie organique des sédiments actuels et tertiaires du delta a été publiée par C O M B A Z et de M A T H A R E L
(1976).
D'une façon générale, la teneur en matière organique augmente avec le pourcentage d'argile et de silt.
— Distribution des minéraux lourds (fig. 79).
Le cortège des minéraux lourds est uniforme dans la majeure partie du delta, impliquant que tous les
sédiments ont la même origine : une source de roches cristallines métamorphiques, caractérisée essentiellement
par l'hypersthène et l'amphibole, et une source de roches basaltiques, déterminée principalement par la présence
de basaltine (amphibole brune). Toutefois, l'altération de l'hypersthène croît de l'amont vers l'aval, et cette
altération est nettement perceptible sur la fraction > 200 nm. Enfin les minéraux lourds des environnements
latéraux du delta, essentiellement des opaques et des zircons, reflètent le cortège des roches plus anciennes,
affleurant à proximité.
C'est ainsi que le passage de l'amont vers l'aval du delta est bien marqué. Il y a tout d'abord l'absence de
Foraminifères dans la partie fluviale, ensuite l'apparition des formes hyposalines qui peuvent d'ailleurs s'étendre
jusqu'au delta-front, puis des formes tidales, marginales et enfin sur le delta-front et le prodelta, des formes
marines peu profondes, puis très profondes avec apparition de quelques Foraminifères planctoniques. La
figure 61 résume cette évolution.
Quant aux Ostracodes ils montrent également une distribution qualitative et quantitative des formes en
fonction d'une polarité plaine deltaïque-prodelta, et donc bien entendu, en fonction de la bathymétrie, de la
salinité et de la température. Elle permet d'évaluer l'évolution des environnements (Annexe 1).
En carotte, cette distribution des Ostracodes et un moyen fiable pour retrouver les différentes phases
d'avancée et de recul du delta. A titre d'exemple, les tableaux de répartition et leur interprétation sont fournis pour
les sondages SI3 et S6 (fig. 80).
Un examen exoscopique a été réalisé sur des échantillons sableux répartis le long d'une coupe perpendiculaire
au distributaire principal sud, dans sa partie amont, où la marée est encore sensible. Cette analyse a permis de
mettre en évidence une influence croissante du caractère marin à l'approche du chenal. En outre, on note une
augmentation de ce même caractère marin, du sommet vers la base des corps sableux (fig. 81 et 82).
DELTA DE MAHAKAM
DISTRIBUTION
•ES
MINERAUX LOURDS
- Fig. 79-
Légende:^
S;
REPARTITION DES OSTRACQDES DAIMS DEUX SONDAGES DU DELTA
Fig. 80
évolution simplifiée
C l i t h r o c y t h e r i d e a a t j e h e n s i s KINCMA
L o x o c o n c h a sinensis BRADY
deltaïque
Cytherella cribrosa BRADY
T h a n a t o c o e n o « e , f a u n e pauvre r o u l é e , usée
C y t h e r e l l a leroyi KINCMA
Sondage S 6
Xestoleberis foveolata BRADY
L e g u m i n o c y t h e r e i s ? hodgii (BRADY)
C y t h e r e i s papuensis KINCMA
L ' a n a l y s e d e l a microfaune d'Ostracodes montre une
C y t h e r e i s keuta pangensis KINCMA
C y t h e r e i s v a n d i j k i KINCMA
séquence dont l'évolution a un caractère régressif
-Légende -
A glaiocypris clavata (BRADY)
• 1 6 4 lu du
très net.
T r a c h y l e b e r i s sp 1 IS6 9
Trachyleberis scutigera BRADY
| 10 6 19
l 20 6 49
C y t h e r e l l a s e m i t a l i s KINCMA
P r o p o n t oc y pris sp. 1
C o p y t u s sp. 1
P a r a k r i t h e sp. 1
NUMEROS DES E C H A N T I L L O N S
C y t h e r e l l a leroyi KINCMA
C y t h e r e l l o l d e a c l n g u l a t a (BRADY)
Pro-delta Fotino diversifiée - trèi riche - ensemble
C y t h e r e l l o l d e a a t m a i KINCMA
phytal tr^s développé - Callistocythere,
MuHn franc C ytherelloldea, Cytherella irài nombreux.
C y t h e r e l l o l d e a j a v a n a LE ROY
C l i t h r o c y t h e r i d e a a t j e h e m i i KINCMA
Sondage S13
H e m i k r i t h e o r i e n t a i s VAN DEN BOIB — CONCLUSION
Neomonocer-at Ina columbif orm il KINGMA - Ifgende
N e o c y t h e r e t t a m e l l l i (KINCMA) ' 1 * 4 Indl. L 'analyse de la microfaune montre à la base (niveaux 10 et 9) un envi-
C opytus ip. I
11»! ronnement à caractère dessalé (lagunaire ou estuarien) puis un épisode
MO • i*
C t l l i i t o c y t h e r e »p î I 10 4 4 » franchement marin (niveaux 8 et 7) envahit le secteur, il est suivi par
C y t h e r o j t e r o n ip. J KINGMA
I > so un milieu de vasière à caractère marin (niveaux 6, 5, 3, 2) où la dis-
C y t h e r e i ï h a m a t a KINCMA solution des tests est importante, ce caractère régressif s'accentue
C y t h e r e i ï d a c y l HOWE I. IAW
dans le niveau 1 gui est celui d'une plaine deltaïgue toujours dépour-
Cvthereii roeimanl KINCMA
vue d'Ostracodes.
A g l a l o c y p r i l c l a v a t a (BRADY)
Pa rukrlthe ip. 1
COMPARAISON AVEC S13
X n t o l e h e r i i (oveolata BRADY
X e f l o l e h e r l l Rrunulow KINCMA
. Les niveaux 8 et 7 de S6 sont franchement plus marins (abondance de
Monocenillna i p 1
formes marines phytales) et relativement plus éloignés des apports
Propontocyprii ip. 1
très turbides du delta, que les niveaux correspondants 10 et 9 de S13.
C y t h e r r il Vendengenili K INC MA
E
NUMEROS DES ECHANTILLONS
cienne" était proche de l'actuelle.
PROFONDEURS DES Er.MANTII.LONS V'» I/O
DANS L A C A R O T T E ( «n m»tr» )
i4,io (1,40 i.i
. Fig. 81 - Coupe transversale dans la plaine deltaïque
montrant par exoscopie ,le caractère croissant de l'influence
3.4 m.
Pli 3 et 4 5,7m.
Phi
Ph Set G
PLAN
DE POSITION
P r o f , en m .
o ,8 ^ ^ Dépôts siliceux globuleux d'origine fluviatile en voie de dissolution (début
1=
•s d'influence marine).
0 | 1 Un
10
I I e longue évolution marine ayant effacé toute trace d'épisode deltaïque
3 antérieur éventuel.
(S f-~ •''••• Surface très propre, avec apparition de figures de dissolution (nette influ-
ence marine).
Photo (Échantillon B9-5,7 m) - Quartz deltaïque en place : la surface du grain est en grande partie recouverte de néogenèses et les
arêtes (flèches) très anguleuses ne montrent aucun polissage.
Photo (Échantillon Bl-3.4 m) - La reprise fluviatile se marque par un polissage des arêtes (flèches) et la précipitation de globules
siliceux sur toute la surface du grain.
Photo (Échantillon Bl-5,5 m) - On distingue nettement sur le grain les néogenèses deltaïques (flèches). Mais celles-ci sont absentes
sur les arêtes qui sont bien émoussées.
Photo (Échantillon B 1-5.5 m) - Détail du cliché précédent. La surface propre du grain (comparer avec le cliché n" 2) et les néogenèses
que l'on observe de part et d'autre de l'arête montrent que celui-ci est un quartz deltaïque repris dans un environnement
aquatique sous-saturé en silice (milieu fluvio-marin).
Photo (Échantillon Bl-6 m) — Quartz marin côtier bien évolué et très arrondi.
Photo (Echantillon Bl-6 m) — Détail du cliché précédent. Les figures de dissolution marine sont recouvertes par de petits globules
siliceux. Nous sommes donc ici en présence d'un quartz marin repris en milieu fluviatile.
EXOSCOPIE DE QUARTZ
DU DELTAÏQUE AU MARIN COTIER .Fig 82.
MODÈLE STRATIGRAPHIQUE
Les dépôts sableux de la plaine deltaïque forment des corps allongés suivant les distributaires et se rejoignent
vers la partie amont du delta. Dans la partie aval, à la limite de la plaine deltaïque, les corps sableux se digitent en
plusieurs ramifications (fig. 83). Le réseau de sable sera identique à ceux de certains shoe string sands décrits dans
la littérature. Comme il a été expliqué, ces corps s'accumulent par la coalescence de barres d'accrétion latérale et
vers l'aval peuvent se superposer à des barres de marée s'accumulant dans les embouchures ; les sables des
distributaires peuvent soit s'interdigiter avec les barres de delta-front, soit se superposer à elles. Dans ce dernier
cas, la superposition se fait souvent par un entaillement érosif de la barre du delta-front sous-jacent.
FORMATIONS SEDIMENTAIRES D A N S UN S Y S T E M E
L'étude du delta actuel fait ressortir 3 mécanismes principaux qui déterminent l'évolution du delta dans le
temps. Le premier et jusqu'à présent le plus important, est la progradation du delta vers la mer. Cette
progradation est le mécanisme par lequel le delta s'est construit et elle se manifeste clairement sur les tidalflats en
bordure de la plaine deltaïque, qui sont colonisés très rapidement par la mangrove. Cette progradation, créée en
grande partie par le dépôt de sédiments argileux sur le prodelta et le delta-front, s'est effectuée de façon égale sur
tout le pourtour du delta, même dans la zone interdistributaire de Tanjung Bayor qui n'a probablement jamais
été reliée à un système de distributaires.
Le deuxième mécanisme, la compaction, provoque l'épaississement vers l'amont des séries du delta-front et de
la plaine deltaïque. Ce phénomène paraît s'effectuer rapidement, car les barres sableuses du delta-front distal,
donc relativement jeunes (probablement < 2 000 ans) sont déjà épaissies par rapport à la profondeur maximale
d'accumulation de sable sur la pente du prodelta. Cette compaction est à relier au substrat épais ( ~ 20 à 40 m) de
vase à forte teneur d'eau du prodelta. De telles accumulations, généralement instables, peuvent se déformer, voire
même fluer ( W R I G H T , 1 9 7 8 ) .
Les déformations se manifestent par un fluage des argiles vers le large, en formant des diapirs de boue
( M O R G A N et al., 1 9 6 8 ) , ou des slumps ( W R I G H T , 1 9 7 8 ) . Ces mouvements permettent l'épaississement des barres
sableuses accumulées sur le delta-front, qui dans le Mississippi peut atteindre 150 m. Dans la Mahakam, le
manque d'études bathymétriques détaillées fait qu'il n'est pas possible de mettre en évidence de tels mouvements,
qui doivent probablement se produire au vu de l'extrême fluidité des vases de prodelta ainsi que la pente élevée du
talus. A l'Est de la zone de distributaire de Handil, et par fonds de 30 à 45 m, sur le talus de prodelta, apparaissent
Le troisième mécanisme est le processus d'occupation et d'abandon d'une zone par un distributaire fluvial (fig.
85). L'examen de leur morphologie montre l'existence d'une gamme de distributaires à différents stades
d'évolution allant du distributaire très actif à des distributaires en voie d'abandon, voire presque abandonnés et
pratiquement pas reliés au réseau fluvial. Au large des distributaires en voie d'abandon, les barres sableuses de
delta-front ne sont plus alimentées en sédiment, et l'existence de nombreux débris coquilliers témoigne de
l'intense activité biologique qui s'est installée sur cette zone lorsque les apports de vases et d'eaux turbides se sont
atténués. Ces sédiments coquilliers préfigurent l'installation d'une accumulation de type biotromal sur les
barres fossilisées au large d'un distributaire abandonné.
Dans un delta qui serait relativement « ancien » (comparé au delta actuel qui n'a que 6 ou 7 000 ans), on peut
supposer que des cycles d'occupation et d'abandon par un distributaire pourraient revêtir une importance
géologique et former un cyclothème complet. Bien que dans le delta actuel, il n'ait pas été possible de mettre en
évidence une telle succession (sauf très localement dans un chenal en voie d'abandon et de channelfi.lt) on peut
penser qu'au cours de son évolution géologique une des zones actuellement occupées par un distributaire sera
abandonnée. Ceci sera assez probable lorsque le delta sera construit plus vers le large, en eau profonde. A ce stade,
la plus grande profondeur d'eau augmentera l'épaisseur des argiles fluides de prodelta, créant une compaction
plus rapide. Dans ce cas, les zones interdistributaires seront marquées par des transgressions marines localisées,
car l'apport de sédiments argileux ne sera pas suffisant pour compenser la subsidence accrue. Par ailleurs, au fur et
à mesure que le delta prograde vers le large, la distance représentée par l'arc externe du delta augmentera, ainsi
que le nombre des débouchés des distributaires. Ceci aura pour effet de diminuer les apports fluviaux par unité de
distance et le fleuve ne pourra plus maintenir active la totalité des chenaux fluviaux.
Ce phénomène se traduira par l'abandon d'un certain nombre de distributaires, voire d'un secteur du delta.
Les secteurs abandonnés par les apports fluviaux seront soumis à une transgression localisée liée à la
subsidence, tout comme le delta moderne du Mississippi. De plus, on devrait assister à un ralentissement de la
progradation d'ensemble, ainsi qu'à un épaississement des accumulations sableuses dans les zones distributaires,
car l'augmentation de la subsidence permettra une accumulation verticale plus importante.
Le cycle sédimentaire associé à un tel processus peut être imaginé en superposant une séquence de dépôts
interdistributaires (Tanjung Bajor) sur les dépôts des zones de distributaires (distributaires d'Handil par
exemple). La séquence sédimentaire formée par un tel processus peut être imaginée de la façon suivante : tout
d'abord, l'occupation d'une zone côtière par un distributaire actif engendrerait une embouchure progradante
(fig. 85). Des barres de delta-front et des dépôts argileux de tidal jlat s'accumuleraient rapidement, créant ainsi une
série localement régressive culminant dans des faciès organiques de tourbes et les chenaux de plaine deltaïque.
Ces chenaux de distributaires pourraient alors entailler les dépôts sous-jacents de delta-front, et provoquer la
superposition de corps sableux à caractère chenalisant sur des corps à caractère de barres. Ce processus est
illustré sur la figure 84. La progradation active est actuellement visible au large du système distributaire de
Handil.
Lorque le distributaire commence à être abandonné, les apports fluviaux diminuent et la subsidence agissant,
la région est transgressée par la mer. Dans ce cas, les chenaux abandonnés se comblent, d'abord avec du sable de
plus en plus fin, puis avec de l'argile (clay plug).
Après abandon total, cette région deviendrait une zone interdistributaire ; il se créerait une séquence locale de
transgression marine, accompagnée éventuellement d'une discordance érosive (si la houle est relativement
3 ABANDON EROSION TRANSGRESSIVE INSTALLATION D'UNE ZONE INTERDISTRIBUTAIRE
£
Ï v_ v _ _
V
n
delta front
Argile et argile sableuse
E3
INTERDISTRIBUTAIRE
Argile marine \
tn prodelta
importante) marquée par des niveaux de lignite détritique (cf. Tanjung Bayor). La fin de cette séquence
transgressive serait formée par des argiles peu épaisses avec une faune marine. On peut penser que la subsidence
augmentant au cours du temps, les dépôts des zones distributaires seront épaissis par rapport à ceux des zones
interdistributaires. Cet épaississement pourra se manifester par un enfouissement plus prononcé du contact sous-
jacent (prodelta-delta) dans les zones distributaires, ce qui formerait une concavité localisée (fig. 66) lorsque
l'épisode progradant se terminera par l'abandon d'un distributaire; il se produira une compaction différentielle
entre les séries déposées en zones distributaires (riches en sable incompressible) et les zones interdistributaires où
le sable est absent. Ce phénomène pourra engendrer un draping de part et d'autre des zones sableuses
distributaires.
COUPE A
front
1km SECTION TRANSVERSALE
COUPE B
Plaine deltaique Delta front
Prodelta
Delta front
SECTION LONGITUDINALE
~~~rrnTfrrrTiTnT
[ H — A r g i l e s et sables
Argiles
Six datations au radiocarbone C 1 4 ont été effectuées à différentes profondeurs dans 4 sondages du delta.
Les résultats de ces datations montrent que l'ensemble du delta actuel, comme tous les deltas du monde, est très
jeune, probablement moins de 7 à 8 000 ans, puisque les faciès marins transgressifs holocènes en dessous du
prodelta actuel sont datés de — 9 000 ans.
La figure 84 montre l'emplacement stratigraphique des datations. On observe que le delta s'est rapidement
construit dans les premiers 5 000 ans de son existence, puisque la position de la jonction delta-front-prodelta était
environ à une quinzaine de kilomètres en amont de sa position actuelle. Ensuite, pendant les derniers millénaires,
le taux de progradation s'est notablement ralenti puisqu'il y a 2 000 ans la limite delta-front-prodelta n'était qu'à
5 km de sa position actuelle.
Le ralentissement de la progradation est dû au fait que le delta se construit sur le plateau continental qui
s'approfondit vers le large, et que simultanément, l'étendue de son arc extérieur augmente. Donc, au cours du
temps, p o u r un taux d ' a p p o r t s fluviaux relativement constant depuis quelques milliers d'années, le volume à
combler p o u r faire prograder le delta d'une unité de longueur augmente. Il est donc normal que le taux de
progradation longitudinale décroisse dans- le temps.
_ Fig.87_
Hu c
— H-
/
_o u
-g .2 /
/
c E / /
1» £a / /
S 3 20-
« £
o
/ )/ Taux moyen de progradation : 5,7 m / a n
E a / /
j* -o / /
10-
/ /
/ /
/ /
/ ./
9000 7000 5000 3600 ' 1000 2»
Date estimée du
début du delta
En admettant un développement depuis - 7 000 ans (date à partir de laquelle la transgression holocène s'est
notablement ralentie, et a atteint la cote - 10 m) une analyse du volume théorique du delta permet de calculer
une courbe du taux de progradation. Cette courbe est reproduite sur la figure 87 où elle est comparée avec les taux
de progradation déterminés par la datation au C 1 4 .
Le taux de sédimentation verticale varie de 1,3 à 0,2 cm/an. Ces valeurs sont la « moyenne » géologique des
effets antagonistes de la subsidence et de la sédimentation. Il est intéressant de noter que le taux de sédimentation
diminue régulièrement le long d'une ligne verticale avec un maximum à la base du prodelta et un minimum à la
surface actuelle. La figure 84 m o n t r a n t les lignes iso-temps hypothétiques déduites des datations, indique que le
delta actuel forme une progradation constructive (travelling offlap) liée à l'élévation lente mais continue du niveau
marin et surtout à la subsidence.
La figure 88 schématise les stades de développement du delta fondé sur les datations au C 1 4 . Le delta a pris
naissance lorsque le taux de transgression s'est considérablement ralenti permettant au fleuve de construire un
édifice sédimentaire progradant, donc régressif. Le prodelta à cette époque, était vraisemblablement une série de
barres et d'îles alluviales dans l'embouchure de la rivière. Il n'y avait alors qu'un seul (ou quelques) débouché, et
donc le débit fluvial y était beaucoup plus important que dans les distributaires actuels, où il est divisé en une
dizaine d'embouchures. Il se peut donc que le modèle du delta à cette époque ait été beaucoup plus « fluvial »
-Fig. 88- EVOLUTION MORPHOLOGIQUE
qu'actuellement, avec des barres
du DELTA depuis L'HOLOCENE
d'embouchures distinctes. Au
cours du temps, le nombre des
distributaires a augmenté par bi-
| Pré Holocène furcations successives et un carac-
11-*! Plaine deltaïque
tère plus tidal s'est probablement
[ I Delta Front (barres sableuses)
EEE] Tidal flats installé.
Si la progradation actuelle se
poursuit, le delta construira un
système progradant qui, dans
quelques dizaines de milliers
d'années pourrait atteindre la
bordure du plateau continental.
Ces phénomènes répétés de progradation et de transgression peuvent donner lieu à une séquence
stratigraphique type où se superposeront les faciès de prodelta, de delta-front et de delta plain.
Le cycle lithologique de base est représenté sur la figure 89. Dans le delta actuel, la séquence deltaïque
régressive repose sur les faciès transgressifs holocènes (20 000 ans à environ 5 à 7 000 ans avant le présent). Ces
sédiments sont essentiellement argileux avec une microfaune marine, relativement abondante à la base et
décroissante vers le haut.
A la fin de la phase rapide de cette transgression la progradation deltaïque s'est manifestée par l'accumulation
des argiles massives du prodelta, suivie par les argiles sableuses et les barres du delta-front. Ces barres sont
caractérisées par une séquence typique coarsening-up.
La progradation se poursuivant, l'environnement de la plaine deltaïque s'installe au-dessus du delta-front.
Les chenaux de la plaine deltaïque peuvent alors entailler les barres du delta-front. Ainsi les sables de chenaux
caractérisés par une base érosive vont se superposer aux barres. Ces dépôts de chenal seront à leur tour coiffés par
un niveau de charbon formé par l'épaisse végétation qui couvre la plaine deltaïque.
L'abandon éventuel du distributaire aura pour conséquence l'accumulation d'argiles marines de baies
interdistributaires. La base de ces argiles pourra être marquée par des discordances érosives, avec accumulation
de lignite détritique. Éventuellement, des récifs ou biostromes peuvent s'accumuler, si les eaux sont peu turbides.
Cette séquence transgressée pourra, à son tour, être recouverte par une nouvelle séquence régressive de
progradation si la zone est de nouveau soumise à des apports d'un distributaire.
La figure 89 illustre schématiquement le modèle d'ensemble d'un delta soumis à ces mécanismes de
sédimentation. Dans un contexte subsident, le delta-front et la partie aval de la plaine deltaïque seront marqués
par les séquences locales répétées de progradation et de transgression précédemment décrites, qui formeront une
succession de « cyclothèmes » de 20 à 50 m d'épaisseur.
Charbon
DELTAÏQUE
20- DISTRIBUTAIRE
Sable de
chenal
30-S Sable de
barres et DELTA
PROGRADATION
argiles
FRONT
sableuses
40-
/Ygiles
PRODELTA
passives
"MARINE"
Chenaux sableux
Barres sableuses
PRÉAMBULE
Le delta de la M a h a k a m qui est un type de delta à double influence d'effets de marée et d'apports fluviaux
montre une grande variété d'aires sédimentaires, chacune étant caractérisée par ses processus dynamiques et par
des mécanismes de dépôts distincts. Cette diversité des sédiments s'accompagne d'une variabilité parfois très
grande des caractéristiques géologiques (géométrie des réservoirs, répartition de la matière organique, etc.).
L'objet de ce chapitre est de définir d'une part les meilleurs « prospects » pétroliers de ce type de delta, et
d'autre part de présenter une méthodologie d'exploration qui puisse être appliquée avec profit dans des
environnements anciens où ce type de sédimentation a été mis en évidence.
L'étude géologique du delta actuel de la Mahakam a abouti à une connaissance assez complète des
environnements sédimentaires et de leurs caractères diagnostiques. Le schéma d'évolution récente montre la
succession spatiale des différents types de dépôts dans une séquence de progradation préservant les corps
sédimentaires. Ce type de delta fournit d'excellents prospects, tant par le nombre et la qualité des réservoirs
sableux que par la richesse en potentiel pétrolier des argiles encaissantes, cette dernière étant liée à la production
organique.
La production organique.
La matière organique, générée par les processus biologiques, apporte le carbone qui s'accumule dans les
sédiments argileux à fort taux de sédimentation, et crée les « roches mères ». Elles fourniront du pétrole aux
réservoirs sableux régionaux. Comme toute zone d'estuaire ou d'embouchure fluviale, la Mahakam est une
« usine biologique » qui produit une grande quantité de matière organique. Il semble que la majeure partie de la
matière organique qui s'accumule dans les sédiments soit d'origine essentiellement végétale, (COMBAZ et de
M A T H A R E L , 1976, D U R A N D , 1 9 7 6 , O U D I N , 1975). Les teneurs comparées en acides humiques et fulviques, de même
que les rapports moléculaires entre hydrogène/carbone organique et oxygène/carbone organique indiquent une
origine végétale pour le stock de carbone organique. Les analyses du même type, effectuées sur les argiles des
séries tertiaires de la Mahakam (puits des champs de Handil et de Bekapaï) ont abouti aux mêmes résultats et
concluent à l'origine végétale de la matière organique contenue dans les roches mères et épontes des réservoirs. La
matière organique animale semble relativement moins abondante, du moins dans les zones distributaires où la
macrofaune est relativement pauvre. Quelques traits de filet à plancton effectués dans l'embouchure de Handil
ont récolté du zooplancton, mais aucune estimation quantitative des biomasses n'a pu être effectuée. Les débris
organiques végétaux qui proviennent en grande partie de la plaine deltaïque sont fournis aux sédiments soit par
accumulation « in situ », c'est le cas de la plaine deltaïque, où un tapis végétal de feuilles et racines de nipah et de
mangrove s'accumule ; soit par transport et accumulation de débris végétaux de la plaine deltaïque érodés par les
courants. Ces débris végétaux s'accumulent en majeure partie dans les argiles de delta-front, sous forme de
cordons de lignite détritique ou disséminés dans le sédiment. Des accumulations non négligeables de débris
végétaux se forment ainsi dans les embouchures des distributaires et dans les barres sableuses.
Les zones argileuses de delta-front sont caractérisées par une sédimentation rapide et un faible remaniement
de sédiments, ce qui est favorable à la préservation de la matière organique dans un milieu réducteur. Les mesures
de carbone organique semblent indiquer que le delta-front et la plaine deltaïque « tidale » en contiennent les plus
fortes teneurs (jusqu'à 9 % du sédiment). Plus au large, les argiles de prodelta semblent être moins riches en
matière organique, ceci reflétant un piégeage des apports dans les zones plus proximales du delta.
Dans le delta actuel, on observe que les accumulations du delta-front peuvent atteindre 15 à 18 m d'épaisseur.
Ce schéma est assez optimiste en ce qui concerne l'objectif pétrolier, car ces argiles encaissent et sont souvent
sous-jacentes à de nombreux réservoirs sableux de bonne qualité. La limitation géographique de ces réservoirs et
leur recouvrement par une couche d'argile de plaine deltaïque fait qu'il est peu probable que le pétrole issu d'un tel
type d'environnement migre au-delà de la zone d'accumulation (sans l'existence de failles).
En dehors de la matière organique contenue dans les argiles, une partie importante du stock d'origine sera
préservée sous forme de lignite et de charbon ; il s'agit alors d'un stock résiduel mais qui a fourni du carbone
organique aux sédiments encaissants. Dans le delta actuel, les faciès propices à l'accumulation de végétaux
pouvant aboutir au dépôt de bancs de charbon sont essentiellement la plaine deltaïque (sol végétal) et le delta-
front interne (cordons de lignite détritique).
Dans la plaine deltaïque, l'accumulation sera épisodique et probablement liée à des événements majeurs qui,
arrêtant le développement végétal, limiteront en épaisseur et en proportion les bancs charbonneux (remontées du
niveau marin).
Dans le delta-front interne, le processus accumulateur pourra jouer en permanence et ainsi créer un stock
ligneux constant qui fournira de la matière organique aux argiles encaissantes.
Les réservoirs.
Les réservoirs sableux déposés dans un delta de type M a h a k a m sont de qualité variable, ainsi que nous l'avons
souligné aux chapitres précédents. D'une manière générale, les réservoirs sableux correspondant aux chenaux
distributaires de la plaine deltaïque fluviale seront par leur épaisseur et leurs propres qualités (sables massifs) les
meilleurs réservoirs du delta. Mais leur géométrie plane sera toujours celle de corps étroits et très allongés
(,shoestring sands) perpendiculairement à la ligne du rivage.
Les barres de delta-front fourniront, à l'inverse, des corps sableux moins épais mais plus étalés. Cependant,
leur qualité sera irrégulière en raison de la plus grande abondance des laminations d'argiles. Par coalescence
latérale et superposition, les barres de delta-front pourront donner lieu à des réservoirs de grande étendue, mais à
continuité complexe et parfois aléatoire par rapport aux schémas reconstitués en forage.
Ainsi, le réservoir idéal dans ce type de delta serait un système mettant en communication des chenaux
sableux et un ensemble de barres fournissant un volume réservoir important.
Le long du distributaire d'Handil Dua, des éléments de cette séquence s'observent sur le delta-front interne
(coalescence des barres de marée sur les stream mouth bars) et dans la plaine deltaïque. La poursuite de la
progradation pourra ainsi amener les faciès de barres d'accrétion latérale en continuité complète avec le delta-
front distributaire. L'activité du chenal de Pegah préfigure cette superposition possible (incision de la barre delta -
front par le chenal distributaire).
Ainsi, le site privilégié pour observer ce type de superposition favorable est-il la plaine deltaïque tidale le long
d'un réseau distributaire.
Le delta de la Mahakam montre donc une succession de faciès réservoir et une organisation spatiale des corps
sableux de caractéristique alluviale à influence de marée, différente de celles des autres grands deltas modernes
étudiés (Niger, Mississippi, Nil, Rhône).
A un même épisode de construction de l'appareil deltaïque correspondront des réservoirs individuellement très
différents qui peuvent être mis en communication. Les caractères de ces corps sableux sont résumés sur la
figure 90.
La répartition longitudinale des faciès peut se répéter verticalement si l'appareil deltaïque se construit sur une
plate-forme subsidente. Dans ce cas, l'aire sédimentaire de dépôt et d'extension des sédiments deltaïques
montrera une polarité nette, non seulement à l'échelle régionale, mais aussi à l'échelle locale, les différents types de
sous-environnements reconnus n'ayant pas des qualités équivalentes au point de vue des réservoirs pétroliers.
C A R A C T È R E S R É S U M É S DES C O R P S SABLEUX (Fig. 90)
Barres d'accrétion - Fining-up au sommet - Fining-up Long : 2-5 km S = 1-10 k m 2 - Contact basai érosif — Amincissement du noyau sa-
latérale (amont) - Sable massif et propre de 1à 2m Larg : 0,5-2 km bleux propre vers l'aval
- Sable massif Épaisseur maxi : V = 1-60 - Contact graduel avec argile de
de 2 à 10 m 5-12 m plaine deltaïque
Barres d'accrétion - Fining-up au sommet - Fining-up Long : 0,5-2 km S = 0,1-2 km 2 - Contact basai érosif à graduel — Amincissement du sable vers
latérale (aval) - Sable avec galets mous et lami- de 1 à 3 m Larg : 0,2-1 km l'aval
nae argileuses - Sable : 0,5-5 m Épaisseur : 2-8 m V = 0,2-8 - Contact graduel vers plaine - Coalescence sur barre de chenal
- Base nette à graduelle deltaïque, sable sur sable si barre vers l'aval
de chenal
Barre de chenal - Sable de + en + propre vers le - Sable propre Long : 0,5-3 km S = 0,05-3 km 2 - Contact graduel vers argile de - Amincissement latéral du sable
sommet 0,5-3 m Larg : 0,1-1 km delta-front ou brutal avec sable de propre, augmentation des lamina-
- Base transitionnelle « Coarse- - Base 0,5-3 m Épaisseur maxi : V = 0,05-9 barre d'accréttion latérale tions d'argile
ning up » dans alternances 2-6 m
sable/argile
Barre delta-front - Sable propre au sommet - Sable propre Long : 2-10 km S = 0,1-50 k m 2 - Contact graduel vers argile de - Amincissement du sable propre
- Base coarsening-up 0-5 m Larg : 0,5-5 km delta-front, erosif là où chenal vers l'amont
- Alternances sable/argile — Base 1 -4 m Épaisseur maxi : V = 1,5-200 entaille la barre — Contact net vers l'aval avec ar-
3-8 m gile de delta-front
M É T H O D O L O G I E D'EXPLORATION
Un des objectifs les plus positifs de l'étude des environnements modernes est de fournir des outils de
« réflexion sédimentologique » au géologue et de l'aider à trouver des lignes directrices pour la compréhension
des sédiments anciens. Parmi ces « outils de réflexion » la détermination et l'interprétation des séquences
sédimentaires constituent un apport important.
L'étude du delta de la Mahakam, comme d'autres travaux qui l'ont précédée, montre que les sédiments
s'accumulent en séries ordonnées dont les caractères sédimentologiques reflètent les mécanismes et les
environnements de dépôt.
Le travail d'exploration consiste tout d'abord à mettre en évidence et à interpréter ces séquences avec les
moyens et méthodes disponibles.
Pour le géologue pétrolier abordant un bassin sédimentaire nouveau (ou une portion inconnue d'un bassin
déjà exploré par ailleurs), l'arsenal méthodologique est souvent réduit. Le document de base du géologue
est l'ensemble des enregistrements électriques effectués dans les forages. Ceci est complété par des échantillons
divers (cuttings, clabs) mais les carottes conventionnelles, matériau le plus utile, sont en général rares, voire
absentes.
Le premier stade de l'analyse sédimentologique se fera en général avec les logs électriques habillés en
lithologie pour le ou les puits d'exploration.
L'examen des séquences verticales, appuyé sur une bonne détermination lithologique et pétrophysique des
niveaux rencontrés, est la méthode qui apporte les meilleurs résultats. Cet examen consiste en l'observation à
différentes échelles des successions verticales présentes dans les puits.
Bien entendu, le géologue pétrolier « jongle » avec ces trois échelles en permanence et sa démarche d'étude ne
le rend pas toujours conscient de ces niveaux d'observation.
La synthèse des observations effectuées à ces différentes échelles permet de mettre en lumière l'existence de
successions lithologiques types. Les nombreuses études en milieu actuel ont permis de constater que différents
types de séquences, fondées essentiellement sur la nature des contacts et des enchaînements lithologiques, étaient
généralement indicateurs d'un certain type d'environnement ou de mécanismes de dépôt. A partir des catégories
de séquences, le géologue pourra amorcer une première hypothèse quant au mécanisme de dépôt, puis sur
l'environnement global. Trois exemples de séquences types et le raisonnement d'interprétation qui leur est associé,
sont présentés sur le tableau ci-contre. Dans chaque cas, on s'efforcera, non pas d'aboutir à une détermination
précise des milieux de dépôts, mais de dégager et d'interpréter les mécanismes de sédimentation et de mise en
place des corps sédimentaires.
Lorsque cette première hypothèse sera établie, l'étude détaillée des faciès et structures sédimentaires
(carottes), la pétrologie et la micropaléontologie permettront de faire une approche plus précise de
Type de séquence Mécanisme de dépôt Géométrie sédimentaire
Séquences bien développées (10-50 m) de sables très Événements à caractères de progradation en milieu à \
propres épais, et d'argiles peu épaisses à la base. Contact haute énergie. i
basai graduel et sommital abrupt. Séquences « sand ' Épisodes de plages, offshore bars, flèches et c o r d o n s
thickening-up » dominantes, peu d'hétérogénéités litholo- i littoraux.
giques. Faune marine.
Sédimentation de type littoral océanique à d o m i n a n t e de '
houle.
Séquences d'épaisseur faible (5-20 m) et variable, formées Événements rythmiques de progradations et de chenalisa-
de sables propres ou argileux, peu épais et d'alternances tion en conditions d'énergie moyenne. j
argile/sables bien développées. Contacts basaux variés : B ' Barres tidales, estuariennes, de chenal ou d'embouchure.
graduels et abrupts. Séquences « sand thickening-up » et ; des chenaux de marée ou de distributaires.
« sand thining-up » fréquentes. G r a n d e hétérogénéité li-
thologique; présence de charbons. Faune marine ou Sédimentation de type littoral à effets de marée et/ou de \
saumâtre. débit fluvial.
Séquences d'épaisseur variable (5-50 m) essentiellement Événements de type chenalisant en conditions d'énergie
formées de sables propres à base érosive et argileuse au variable. 1
sommet (contact graduel), charbon a b o n d a n t au sommet.
Les séquences sont en grande majorité « sand thining-up ». *- C h e n a u x fluviatiles, remplis selon des séquences variables.
Faune souvent absente.
Sédimentation de type « continental » à d o m i n a n t e de )
processus fluviaux.
l'environnement sédimentaire et donc de la géométrie prévisible des formations. Parmi les paramètres à étudier,
les plus importants et les plus diagnostiques seront les structures sédimentaires (type de litage, figures diverses,
etc.) et la microfaune (indication de bathymétrie et de salinité). Chacun de ces paramètres doit être étudié dans le
contexte des séquences définies et permettre de caractériser les suites verticales d'événements sédimentaires.
C'est ainsi que pour les environnements à effets de marée (tel le delta de la Mahakam actuel), l'examen des
séquences verticales sur diagraphies et celui de carottes pourront conduire à un choix entre différents types de
milieux sédimentaires :
— sédimentation estuarienne;
— sédimentation en baie fermée ;
— sédimentation côtière à haute influence de marée (macrotidale) ;
— sédimentation en milieu deltaïque.
A ce stade, la comparaison des différentes séquences verticales (échelle semi-détaillée et générale) permet la
reconnaissance d'épisodes élémentaires répétés (cyclothèmes), plus ou moins complets mais ayant pour point
commun systématique la répétition verticale des faciès représentatifs, par exemple (de haut en bas) :
— charbon ou lignite,
— argile silteuse organique,
— séquences répétées de chenaux sableux (base érosive),
— argile silteuse,
— séquences répétées de barres sableuses, (base graduelle),
— alternances argilo-sableuses,
— àrgile massive.
Avec les enregistrements électriques modernes, une telle distinction est facile à réaliser en examinant les
diagraphies sous un aspect « sédimentologique ».
Cette succession verticale rencontrée dans le delta de la M a h a k a m traduit l'évolution dans le temps d'une
zone d'embouchure où des barres sableuses à contacts graduels à la base s'accumulent au large de chenaux à base
érosive. Ce schéma est caractéristique des embouchures à influence de marée.
La répétition de ce type de séquence sur plusieurs centaines de mètres, amène alors à penser à d'abondants
apports, bien localisés dans le bassin sédimentaire, avec des épisodes alternés de progradation (construction de la
séquence-cyclothème) et de non-dépôt (banc de charbon et couches immédiatement supérieures) ou d'érosion
(absence d'une partie supérieure de la séquence) lié à des transgressions localisées. Cette succession d'événements
est alors caractéristique d'un appareil deltaïque et de sa variabilité lorsqu'il est dominé par les processus de marée.
Au stade suivant, il convient de rechercher des critères de polarité amont-aval, en examinant les épisodes
constructifs (cyclothèmes et leur type de successions).
Sans rentrer dans un détail en général inaccessible avec les informations utilisées, on peut schématiser dans
l'exemple de la M a h a k a m une polarité amont-aval de la manière suivante :
Séquences à chenaux abondants, souvent épais. Milieu de plaine deltaïque fluviale. amont
C h a r b o n très fréquent. Peu ou pas de barres.
Séquences à chenaux dominants, érodant des bar- Milieu de plaine deltaïque tidale.
res moyennement développées. C h a r b o n fréquent.
- Argile de marais • Bonne roche mère Séquences « fining up » de corps sa- Réservoirs peu étendus mais possible
supratidai • Bonne couverture bleux épais chenalisants se superposant coalescence de chenaux
ou se recoupant
Fluviale
Plaine
/ — Barres d'accrétion
latérale
• Excellent réservoir Système en « shoe string sands ». Termi-
naisons latérales brutales et « clay
plugs »
deltaïque
\ Tidale
— Argile de marais
intertidal
• Bonne roche mère
• Bonne couverture
Séquences composites « fining up »
surmontant d'autres séquences « coar
Réservoirs très étendus et hétérogènes.
Superposition par coalescence verticale
et latérale des chenaux et des barres.
sening-up » d'épaisseur moyenne à faible
- Barre de chenal • Réservoir médiocre Géométrie et terminaison irrégulières
à moyen
— Argile de tidal flat • Bonne roche mère Séquences « coarsening up » parfois re- Réservoirs étendus et plus épais.
Interne • Bonne couverture coupées par des sables chenalisants peu Communications verticales par des faciès
épais. Empilement d'argiles et de sables argilo-sableux, par superposition de bar-
Delta / — Barres sableuses • Réservoir moyen à bon res ou entaillement de chenaux
front
— Argiles sableuses • Bonne roche mère Contacts latéraux et verticaux graduels
Externe • Couverture moyenne avec les couvertures
à médiocre
Ainsi, il peut être possible au sédimentologue, s'il dispose de plusieurs puits voisins (1-10 km) de déterminer à
chaque épisode reconnu une polarité amont-aval et ainsi d'orienter la recherche vers les zones à meilleur potentiel
réservoir.
D'autre part, la connaissance, même approchée du milieu de dépôt des intervalles successifs, est précieuse
pour l'établissement de corrélations entre les puits, ceci à différents degrés :
Le géologue dispose alors d'une connaissance des corps sédimentaires qui sera très utile aux producteurs et
ingénieurs de réservoir pour saisir les mécanismes de drainage et d'accumulation des fluides.
Enfin, la généralisation d'une telle synthèse sédimentologique devrait être de première utilité pour
l'exploration ultérieure dans un bassin ou un complexe deltaïque a été reconnu. En effet, les séquences prises à
l'échelle géologique d'un tel bassin peuvent être correlées, de puits en puits, et amener à comprendre la variation
régionale, non plus sur une verticale (un ou plusieurs puits proches) mais en paléogéographie et donc en
paléosédimentologie régionale. Ainsi, pour le cas des deltas soumis à la marée doit-on s'attendre à rencontrer des
cycles élémentaires peu épais (en moyenne) à haute variabilité verticale et latérale et à grande hétérogénéité
lithologique et sédimentaire.
L'étude du delta actuel de la Mahakam a permis de caractériser un type de delta •« mixte » à influence de
marée et d'apports fluviaux, d'en comprendre les mécanismes dynamiques et sédimentaires et de déterminer les
séquences sédimentaires représentatives de ces différents milieux. La géométrie des corps sableux, la variabilité
des caractères des sédiments et l'organisation spatiale des dépôts ont aidé à la représentation d'un modèle évolutif
qui peut présumer de la construction et la préservation d'épisodes sédimentaires riches en potentiel pétrolier.
L'abondance des dépôts miocènes du bassin de la Mahakam, la complexité des réservoirs sableux et leur
richesse en hydrocarbures semblent, elles aussi, caractéristiques de ce type de sédimentation.
ANNEXE 1
ASSOCIATIONS F A U N I Q U E S RECONNUES
Les faunes d'Ostraeodes recueillies ont été groupées en six grands types d'associations fauniques avec les
principaux caractères écologiques suivants :
Cette faune peut caractériser la zone de balancement des marées où seules vivent les espèces les plus
résistantes aux conditions très variables de l'environnement.
4) Association marine marginale.
La faune est relativement diversifiée mais pauvre en individus. Elle comprend les représentants de
l'association précédente, et très souvent des individus dont les valves sont très épaisses, ornées :
Tachyleberis,
Neocytheretta,
Cythereis div. sp.,
Carinocythereis.
Les formes juvéniles sont rares. Ce type de faune est souvent caractéristique des milieux de haute énergie,
où les apports détritiques sont importants.
Le caractère dominant est son extrême diversité (souvent plus de 30 espèces) et sa richesse exceptionnelle (plus
de 200 individus sur un plateau de tri). Nous avons reconnu :
Cette association très proche de la précédente, s'en distingue essentiellement par une très forte proportion
d'espèce vivant dans le domaine des algues :
Xestoleberis,
Callistocythere,
Leptocythere,
Propontocypris,
Paradoxostoma,
Krithe type similis,
Hemikrithe orientalis (VAN DEN BOLD, etc.).
ÉTUDE PALYNOLOGIQUE
La flore de Bornéo est l'une des plus riches du monde. Environ 20 000 espèces de Phanérogames, plus de
2 000 espèces de Fougères et plantes apparentées sont actuellement connues.
Les pollens et les spores conservés dans les sédiments offrent une grande variété. Les formés présentées ont été
choisies d'après les critères suivants :
• Morphologie suffisamment caractéristique pour donner lieu à une détermination sûre,
• Représentation notable au sein du sédiment,
• Indicateur écologique.
Fougères : les spores de Fougères n'ont pas été déterminées systématiquement. En effet, un tel travail, difficile
et long, resterait toujours incertain car des formes plus ou moins identiques peuvent être reproduites par des
Fougères différentes. En outre, on connaît encore très mal les spores des Fougères d'Indonésie.
Parmi les spores déterminables, nous avons retenu celle d'Acrostichum aureum (L), la fougère dorée, qui croît
dans la mangrove et constitue donc un indicateur écologique précis.
Toutes les autres spores ont été dénombrées et le rapport entre leur quantité et celle des pollens observés dans
un même échantillon fournit une indication sur le milieu de sédimentation. En effet, les spores sont surtout
transportées par les eau,; alors que les pollens sont dispersés principalement par les airs. Ce sont donc les
sédiments, constamment immergés, et principalement les fonds de chenaux qui sont les plus riches en spores.
Gymnospermes : trois genres peuvent être reconnus : Padoscarpus, Dacrydium et Pinus. Dans la région, ces
trois arbres ne poussent qu'en altitude, donc assez loin du delta de la Mahakam. Les pollens sont facilement
transportés par le vent. Ils sont ici peu représentés, constituant au maximum 3 % du total des pollens observés et
n'ont guère de signification pour les reconstitutions paléofloristiques.
Angiospermes : trois regroupements ont été effectués de manière à distinguer divers types de végétation :
• caractéristique de la mangrove,
• arborescente (arboreal pollen),
• herbacée (non arboreal pollen).
Palmae : Nypa fruticans.
Rhizophoraceae : Type Rhizophora.
La plupart des pollens rangés dans ce type ont une taille comprise entre 15 et 18 microns, des ectoapertures
courtes à extrémités arrondies et peuvent appartenir au genre Bruguiera, autre Rhizophoraceae de mangrove qui
se développe dans les mêmes conditions écologiques.
Tous les végétaux dont les pollens sont signalés ci-dessous se développent dans les marécages de Sarawak et
Brunei. Il est probable qu'ils sont également représentés dans la basse vallée de la Mahakam.
Anacardiaceae : Campnosperma,
Apocynaceae : Alstonia,
Aquifoliaceae : Ilex,
Crypteroniaceae : Type Dactylocladus.
Ce type de pollen est commun à plusieurs autres familles : Melastomataceae, Combretaceae dont le genre
Terminalia est répandu dans la région. Mais la plupart des pollens doivent provenir de Dactylocladus, un arbre
bien représenté dans les zones marécageuses.
Quelques pollens de Dipterocarpaceae, bien que différents de ce type ont été regroupés dans la même rubrique.
Elaeocarpaceae : Elaeocarpus,
Fagaceae :
Icacinaceae : Stemonurus.
Le type S. coriacea (pollen triporé, structure des apertures complexes, 25 ^m environ) est peu fréquent. C'est
surtout le type S. scorpioides (petit pollen triporé, 18 jim) qui a été observé.
Sapindaceae : Pometia,
Sapotaceae :
Les pollens de cette famille sont peu différents de ceux des Meliaceae avec lesquels ils ont pu être confondus.
Anarcardiaceae : Melanorrhea,
Betulaceae : Alnus,
Casuarinaceae : Casuarina,
Bombacaceae,
Loranthaceae,
Moraceae : Ficus,
Palmae : Borassodendron, type Calamus,
Rubiaceae : Canthium.
Cyperaceae,
Euphorbiaceae : type Phyllanthus et type Mallatus,
Graminae,
Pandaraceae : Pandanus.
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LEGENDE
• Carottages
o Echantillons de surface
• Carottages
• Echantillons de surface
a Carottages
a Echantillons de surface
9870 ooo
'"•'O' 540